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Récits des fêtes
La flûte merveilleuse
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Choqué et attristé, le roi décida de retourner à son palais. Alors qu’il entamait son voyage de retour, il entendit des notes de musique. Quelqu’un jouait de la flûte et la mélodie était si douce et si pleine d’inspiration ! Le roi écouta et sentit son esprit s’élever ; son cœur ressentait une joie profonde… Il décida de retrouver qui était ce musicien merveilleux et il découvrit que c’était un jeune berger qui jouait de sa flûte.
La flûte merveilleuse
I
l était une fois un roi qui vivait dans un magnifique palais au centre de sa capitale. Il était entouré d’une foule de serviteurs et de courtisans qui lui témoignaient beaucoup d’honneurs et une grande loyauté.
Un jour, alors qu’il réfléchissait à tous les honneurs que les gens de la cour lui manifestaient, le roi se dit : « Il n’est pas étonnant que mes serviteurs et mes courtisans me respectent et me servent loyalement : ils savent que je suis leur roi et que je m’occupe de leur bien-être. Mais qu’en est-il de tous mes sujets qui habitent loin de mon palais, dans des villes lointaines, dans des villages isolés… ces gens savent-ils que je suis leur roi, que je m’occupe d’eux avec dévouement et que je cherche à leur rendre la vie plus facile ? » Le roi décida d’aller par lui-même constater ce que ses lointains sujets pensaient de lui. Il ôta ses habits royaux, s’habilla comme un citoyen normal et partit. Il alla de ville en village : partout où il se rendait, il demandait aux gens ce qu’ils pensaient de leur roi. D’après les réponses qu’il recevait, il réalisait que peu de gens pensaient même à leur roi. Plus il se rendait loin, moins les gens étaient intéressés à la personnalité de leur roi, moins ils le connaissaient, moins ils en avaient entendu parler. Certains se permettaient même de parler du roi en termes moqueurs !
Remarquant qu’il n’y avait personne alentour, le roi demanda au berger pour qui il jouait si bien de la flûte. - Je joue pour mon roi ! répondit l’enfant. - As-tu déjà vu le roi ? demanda le roi, étonné. - Non ! Jamais ! - Sais-tu qui est le roi, sais-tu ce qu’il fait ? - C’est un berger ! - Pourquoi penses-tu ainsi ? - Parce que je suis un berger, j’aime mes agneaux et je m’occupe d’eux. Je les surveille et les protège des loups ou tout autre prédateur. Je les mène vers les meilleurs pâturages, là où l’herbe est verte et tendre et je les guide vers les sources d’eau fraîche. Mais moi, je ne suis qu’un petit berger alors que le roi est un grand berger, il s’occupe de tous ses sujets et leur procure ce dont ils ont besoin ! Ne convenez-vous pas que c’est effectivement un très grand berger ? Voilà pourquoi je joue cette mélodie en son honneur ! Le roi était à l’évidence très honoré par cette réponse et il déclara au jeune berger : « Je suis ton roi ! A partir de maintenant, tu seras mon meilleur ami. Nous trouverons un autre berger pour s’occuper de ton troupeau et tu vas me suivre au palais. Tu seras mon meilleur ami et nous serons liés pour toujours ! »
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2. Quand le roi et le berger arrivèrent à la porte du palais, le roi ordonna de confectionner des habits royaux pour le jeune homme ; il lui réserva une place d’honneur à la cour, juste à côté du roi lui-même. Quelques jours plus tard, le jeune berger, malheureusement, offensa le roi. Très en colère, le roi lui ordonna de quitter la cour et de ne revenir que trois jours plus tard pour être jugé par un tribunal ! Le berger réalisa alors la gravité de sa conduite, il regretta d’avoir été aussi ingrat envers le roi qui l’avait traité avec tant de bonté. Non seulement il n’avait pas su apprécier l’amitié du roi et tous les cadeaux que celui-ci lui avait offerts mais il avait osé mal se comporter envers lui et l’avait offensé par sa conduite légère. Il admettait que le roi avait toutes les raisons de le punir sévèrement. Le jour du jugement arriva. Le berger avait ôté ses habits de cour : il avait revêtu son habit de berger, celui qu’il avait porté le jour où il avait rencontré le roi la première fois. Il prit soin d’emporter sa flûte. En entrant dans la grande salle, le jeune berger rempli de remords s’avança vers le roi et se jeta à ses pieds : « Oh Grand roi, si bon pour son peuple ! Je ne trouve pas les mots pour défendre ma conduite insensée et criminelle. Comment puis-je expliquer mon comportement, comment puis-je implorer votre clémence ? Le roi a été si bon et si bienveillant envers moi ! Mais si je n’arrive pas à trouver les mots, puis-je au moins jouer de la flûte devant mon roi bien aimé ? » Le roi accorda sa permission en hochant la tête. Le jeune homme sortit sa flûte et joua la mélodie qu’il avait jouée quand le roi l’avait rencontré la première fois. Cette fois-ci, il joua avec encore plus de virtuosité qu’auparavant, avec une grande