BRUXELLES CULTURE 15 juillet 2019 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com
RENCONTRE : GUS RONGY
RENCONTRE : GUS RONGY Gus Rongy ne manque ni d’atouts ni d’arguments. Musicien amateur dès ses quatorze ans, écrivain polymorphe venu tardivement mais avec d’autant plus de maturité à la littérature, il excelle – et c’est le propre de celui qui a du savoir-faire – dans tous les genres qu’il pratique. Que ce soit la musique par le passé, la nouvelle aujourd’hui, le billet d’humeur, la chronique ou le roman, dans tous les cas prévaut chez lui un humour que l’on pourrait dire parfois caustique mais qui est toujours à propos. Nous l’avons rencontré pour Bruxelles Culture et nous avons pu faire de la sorte un petit tour d’une personnalité dont les écrits méritent sans conteste la qualité d’œuvre. Gus Rongy, vous vivez à Bruxelles depuis très longtemps. Mais vous n’êtes pas un Bruxellois d’origine. Qu’est-ce qui vous a amené à Bruxelles ? Mes parents et moi sommes de Rocourt, un petit village des environs de Liège. Nous sommes venus à Bruxelles en 1948, trois ans après la fin de la guerre. Mon père avait perdu son travail à Liège. Pour garder son emploi de comptable, il avait été obligé de se délocaliser vers l’entreprise mère à Bruxelles. Pendant un an, il a fait le chemin aller-retour de Bruxelles à Liège. Lassé de cette contrainte, il a fini par nous amener à Bruxelles. Expérience difficile ? Très difficile. Pour ma mère surtout, qui, dans son village, avait été habituée à parler avec tous ses voisins. À Bruxelles, rue de l’Athénée, nos voisins étaient flamands. Ça n’accrochait pas. Mais, comme ma mère avait le sens convivial, elle a fini par sortir de sa morosité et de sa solitude. Quant à moi, qui ai fréquenté l’Athénée d’Ixelles, dans la même rue donc, jusqu’à la rhétorique, je me souviens qu’on se moquait de mon accent liégeois, quelque peu traînant et dont j’ai fini par me libérer, par la force des choses. Vous avez vécu longtemps dans la rue de votre école, à Ixelles ? Non, une année seulement. C’était juste en face d’une librairie scolaire affiliée à l’école, qui n’existe plus. L’athénée lui-même, rebaptisé Jean-François Rabelais, n’existe plus comme tel depuis de nombreuses années. Une année, disais-je, le temps que la maison que mon père faisait construire à Woluwé soit prête. Votre arrivée à Bruxelles, vous l’avez vécue, dites-vous, un peu comme les migrants d’aujourd’hui? Oui, je me souviens de mon arrivée dans la gare du Nord. Une terrible impression d’inconnu, l’impression d’être dans un autre monde, énorme et incompréhensible pour le garçon de quatorze ans que j’étais, venant d’endroits tout petits et bien familiers. Bien sûr, rien de comparable avec ces malheureux qui meurent dans la Méditerranée parce qu’ils embarquent sur des rafiots le plus souvent abandonnés par leurs propriétaires. Mais tout de même, il faut s’imaginer les transports en train juste après la guerre, pas très confortables, avec des banquettes en bois pas très accueillantes. Comme une ville que vous ne connaissez pas et qui, dès l’abord des gares, vous paraît austère et hostile. J’ai raconté cette arrivée, ainsi que mes premiers sentiments d’adolescent, dans une nouvelle que j’ai appelée du nom de mon élue d’alors, Lucie. On le voit à travers vos écrits, vous êtes un amoureux du jazz et de la musique en général. Comment s’est fait votre passage à la musique ? Comment je suis venu à la musique, c’est un peu par hasard. J’avais le sens du rythme et je tapotais souvent sur les tables, comme si je tapais sur une batterie. De plus, adolescent, j’écoutais beaucoup de 78 tours de jazz, du genre Nouvelle-Orléans. À la longue, mon père m’a dit, un jour, quand nous étions déjà à Woluwé: “Si tu réussis ton année scolaire, je t’achèterai une batterie”. J’ai réussi mon année et j’ai reçu cette première batterie. Pas une neuve. Je crois que mon père l’avait rachetée à quelqu’un de la famille. Et j’ai donc commencé à m’exercer. Dans la cave, dans le grenier.
Évidemment, jouer seul de la batterie, c’est assez vain. Je devais me trouver des musiciens. Ce que j’ai fait progressivement. Mes compagnons de jeu, un clarinettiste et un guitariste, ont eux-mêmes déniché d’autres musiciens amateurs qui avaient déjà l’habitude de jouer en formation et finalement nous avons constitué un groupe de cinq puis de six musiciens. Parvenus au quintet, nous commencions à déranger les gens du voisinage. Les passants levaient la tête vers le grenier. Il nous fallait trouver une salle pour les répétitions. Avec un piano. Pas loin de chez nous, il y avait un café, Vers l’Avenir, doté justement d’une salle de fête. Nous y avons été admis. Petit à petit, les clients du café ont entendu, puis écouté, puis suivi nos répétitions. Jusqu’à faire salle comble. Des gens arrivaient depuis la ville de Bruxelles. À l’époque, Woluwé, c’était la campagne. Chaque week-end, c’était complet. Et nous continuions de payer le loyer de la salle, alors que le tenancier faisait de très bonnes affaires… Cela a duré ainsi quelque temps, puis nous avons été pressentis par Jean-Jacques Laydu, trompettiste de renom dans la capitale, le groupe s’est séparé et je me suis retrouvé au Club Jazz de la Rose Noire, petite rue des Bouchers, en plein centre de Bruxelles, donc. Le début d’un certain professionnalisme. C’est un peu mon histoire. Et cette belle histoire d’amitié et de musique conjuguées a duré combien de temps ? Grosso modo, de mes vingt ans à mes quarante ans. Nous étions devenus, comme la plupart des musiciens de jazz, un groupe itinérant. Nous allions un peu partout dans Bruxelles et autour de Bruxelles. Je me rappelle qu’on a longtemps joué rue de Stassart, à Ixelles, au Pol’s. On s’appelait très immodestement les Hot Five, comme la formation de Louis Armstrong en 1925, avec Johnny Gelder qui jouait de la clarinette et du saxophone. J’ai également travaillé avec Paul Closset et ses Dixieland Gamblers. Pourquoi avoir cessé cette activité qui, visiblement, était prospère à tout point de vue ? Les circonstances de la vie, sans doute. Les gens se marient, ont des obligations professionnelles et familiales. Pour ma part, sans me désintéresser du jazz, j’en étais resté au jazz des années quarante et cinquante (Louis Armstrong, Count Basie, Duke Ellington). Je n’adhérais pas au jazz moderne, qui prenait le pas sur ce que j’aimais. Et puis, par le fait d’un grand ami et collègue, Jacques André, le directeur de l’Académie de musique d’Auderghem, j’en suis venu à la musique classique. Jacques m’a beaucoup appris et je peux dire que si je ne connais pas tout de la musique classique, j’en connais un bon morceau. Ce qui me suffit. Qu’est devenue votre batterie ? Elle est retournée chez celui qui me l’avait vendue. D’abord sous forme de prêt, ensuite, par oubli… Le musicien était d’abord un enseignant. On dit qu’il y avait dans vos classes un silence où soufflait l’esprit, comme aurait pu l’écrire Maurice Barrès… J’ai enseigné à l’Athénée Charles Janssens pendant près de trentecinq ans. Je suis agrégé de français et je m’occupais presque essentiellement des classes de 3èmegénérale. Un âge difficile pour les élèves, qui commencent à se lasser des études et qui ont les idées ailleurs. N’empêche que ce degré scolaire était très intéressant, on pouvait déjà y aborder les grands auteurs. Comme tout enseignant de ma génération, j’étais amoureux des belles lettres et des encyclopédistes… Mais le silence de Barrès, c’était la vieille école et ce n’était pas toujours le cas…
Comment en êtes-vous venu à l’écriture ? Après la musique ? En 1990, un collègue m’a approché pour une collaboration. Une écriture à quatre mains. Il me disait, selon l’adage populaire, qu’il y a plus d’idées dans deux têtes que dans une. L’idée globale de cette nouvelle était de visualiser Bruxelles dans un futur où se mélangeraient allègrement intrigue policière et science-fiction. Il me demandait de jeter sur papier des pistes d’écriture et qu’ensuite il ferait comme il en avait l’habitude avec d’autres co-auteurs, c’est-àdire qu’il rédigerait la forme finale. Plutôt que de faire comme il le suggérait, je me suis pris au jeu et j’ai écrit Immolation, un récit pratiquement achevé… Vous n’aviez jamais rien “écrit” avant ? Pas une ligne en trente-cinq ans de carrière. Vous étiez un peu comme Socrate, la parole plutôt que l’écriture ? C’est excessif de me comparer à Socrate. La plupart des professeurs de français ne sont pas nécessairement des écrivains. L’idée d’écrire, justement à propos de modestie, ne m’était jamais venue du fait que j’avais beaucoup et peut-être trop d’estime pour les écrivains que j’enseignais. Mes seules tentatives d’écriture, il y en a tout de même eu quelques-unes, se sont limitées à des séries d’ébauches de rédaction proposées aux étudiants. Ils écrivaient, je corrigeais. Et j’engrangeais. Sans le savoir. Après Immolation, beaucoup de nouvelles et deux romans … De 1990 à nos jours, sans doute sur le patron d’Immolation, j’ai écrit une bonne cinquantaine de nouvelles et de chroniques, diffusées pour la plupart dans le périodique de mon école, Le Maillon, et rassemblées dans des recueils que publiait alors le Centre d’Art d’Ixelles. C’est en 1995 que je me suis essayé à un premier roman, La boue du delta… Vous auriez une préférence pour les chroniques et les nouvelles ? Dans le recueil Derrière le rideau (2016), j’ai rassemblé dix-neuf nouvelles qui nous promènent dans des univers quotidiens, que j’ai un peu vécus moi-même. Ces univers quotidiens, que vous connaissez bien, c’est l’occasion d’y faire passer de l’humour, un humour parfois sans pitié accompagné d’un regard critique pour ne pas dire autocritique. Le tortionnaire blessé de son passé ignoble, le maniaque du papier qui réclame la preuve de la preuve, la moralité outrancière qui ne permet plus aux enfants d’être des enfants, le fonctionnaire au scrupule absurde, le rêve artistique placé trop haut, la folie de ceux qui enfantent… J’aime les travers domestiques, bénins ou malins. Entrer dans ces travers, c’est faire comme de l’introspection, c’est regarder derrière le rideau. J’avais fait la même démarche dans un recueil précédent, Oglala, en 2012, du titre d’une de mes nouvelles. Quelle différence faites-vous entre une nouvelle et une chronique ? On pourrait dire que la nouvelle est strictement fictive et que la chronique s’apparente à la critique objective ou non d’un fait réel… Dans les deux cas, l’imagination prend une bonne part du travail et repose sur des faits observés, vécus par vous-même. Comment en êtes-vous arrivé à écrire pour le périodique de votre école ? C’est le préfet de l’école, Francis Bonnet, qui m’a proposé en août 1999 de contribuer à la rédaction du Maillon, la revue trimestrielle du Cercle des Amis de l’école. Au départ, ma participation devait consister en un billet d’humeur, ainsi appelé parce qu’il reflète, par ses opinions forcément subjectives, l’état d’esprit de l’auteur. Comme il ne pouvait être question de politique ou de religion, j’avais
l’intention de monter en épingle quelques faits de société qui m’indignent et j’entendais dénoncer au passage certaines absurdités avec juste ce qu’il fallait d’humour pour ne pas indisposer les lecteurs : on est vite catalogué grincheux ou ringard. Est-ce commode d’écrire sur commande, avec en plus la contrainte du temps ? “L’exercice” s’est révélé plus difficile que prévu. D’abord il fallait trouver à chaque fois un sujet qui intéresse tout le monde, mais surtout il fallait pouvoir l’étoffer et l’étendre sur un minimum de trois ou quatre pages de format A4 pour équilibrer par du rédactionnel la partie informative du périodique. Ainsi, les billets sont devenus dans la plupart des cas des histoires, conçues un peu comme des nouvelles, avec une chute inattendue de préférence. L’humour, chez vous, c’est le résultat d’une fameuse alchimie. On peut pleurer de rire en vous lisant. Vous racontez des circonstances particulièrement drôles avec un sérieux particulièrement féroce … L’humour, c’est comme une architecture. L’humour est graduel et finit par une apothéose irrésistible. Comme un feu d’artifice de la dérision, voire de l’autodérision en cascade. Le mieux, quand on veut rire, de tout ou de rien, est de rire de soi-même à profusion. Ce rire-là est le meilleur garant de la vérité, ce genre de vérité “drolatique” que recherchent les lecteurs en mal de bien-être. Je mets généralement en scène un “je” plein de cocasseries, qui ne craint pas de se montrer du doigt ni de se plonger dans des situations burlesques où il fait bon vivre pourtant. Le rire nous guide alors sur le chemin des vérités intérieures. Le rire est révélateur, l’humour est impitoyable. Le grand fossé, par exemple, comme la plupart de mes nouvelles ou chroniques, a été pour moi l’occasion d’égratigner toutes les certitudes, toutes les idées reçues, toutes les aberrations, l’occasion aussi de montrer au lecteur qu’il est temps de se regarder d’en haut et de se voir à la juste place des tout petits hommes que nous sommes tous. La société doit être passée au crible, sans indulgence, sans complaisance. Dans notre société occidentale plurielle mais toujours bourgeoise, nous évoluons vers une perte de valeurs on ne peut plus critique. Vous pourriez citer quelques-uns de ces travers que vous avez épinglés dans vos nouvelles et chroniques ? Un sexagénaire aux prises avec une jeunesse truffée de piercings et qui l’entraîne à fumer un joint après une désopilante confusion de langage ; la lassitude de Dieu, devenu internaute, à l’égard de sa création ; les épouvantables, les indécrottables belles-familles, qui s’imposent à vous et vous emmèneraient bien faire du nudisme ; les Flamands qui seraient parvenus à leurs fins et qui seraient vraiment thuis dans le Pajotteland et, d’ailleurs, dans toute la Belgique, imposant à nouveau le “Schild en vriend !” des Éperons d’Or ; les grands artistes bourgeois qui rêvent de faire un concert bénévole pour offrir du caviar aux crève-la-faim d’Afrique Centrale et d’ailleurs; la petite fille qui s’en prend, comme dans un film gore, à son dentiste ; les politiciens véreux, dictateurs et salvateurs qui font leur mea culpa et deviennent des anges, au profit d’un psychiatre onéreux qui s’y retrouve ; l’adulation irrationnelle et haïssable pour un Johnny indigne du célèbre panem et circenses à l’antique ; les hantises au goût du jour et la volonté-vindicte de voir partout des pédophiles; l’audacieuse confession de celui qui voudrait bien remettre les pendules à l’heure et rééduquer la jeunesse comme il se doit ; l’histoire de celui qui n’est pas bien dans sa peau parce que, en vérité, il y serait tellement bien si... Et cætera.
Y a-t-il un auteur que vous verriez comme modèle de votre démarche ? Je suis très sensible aux jeux de mots et calembours de Frédéric Dard… Est-ce que l’auteur peut se confondre avec ses sujets ? Bien que je me sois souvent inspiré de faits vécus, je ne voudrais pas que le lecteur prenne pour établi tout ce que je suis censé lui révéler de ma vie privée. Lorsqu’un récit est écrit à la première personne, on a tendance inconsciemment à assimiler le narrateur à l’auteur. Que ceci soit bien clair : je ne suis pas infirme (pourvu que ça dure...), je n’ai jamais consulté de psychiatre (mais il ne faut jurer de rien), mon père n’était pas un homme à femmes (Dieu me pardonne !), je n’ai jamais joué de la contrebasse et, bien entendu, je ne suis pas un pur esprit. En ce qui concerne ce dernier point, on verra le plus tard possible : je ne suis pas pressé. Quoi qu’il en soit, quand mon tour viendra, il est peu probable – et c’est bien dommage – que je vous écrive un billet de l’au-delà. Deux romans : La boue du delta, en 1995, et Les chemins interdits, en 1997. Deux romans conséquents en peu de temps. Que racontent-ils ? La boue du delta est un hommage au jazz. À Louis Armstrong et à d’autres artistes du jazz, connus et inconnus surtout. J’ai longtemps médité ce roman, avec l’aide précieuse de deux de mes collègues, un historien et un professeur de langue. J’ai imprégné cette fiction d’une constante musique, la mienne, celle que j’aimais quand j’étais jeune, et celle de tous les pionniers du jazz, la musique la plus originale du 20ème siècle. L’histoire se passe dans le Sud profond, en 1911. Une jeune étudiante y rencontre un musicien noir du quartier réservé, ce qui signifie pour elle le début de sa perdition. Elle deviendra à la fois criminelle et victime, mais trouvera dans son malheur une ultime raison d’espérer. Parmi les boues immondes que charrie le vieux fleuve, on voit parfois, éphémère et fragile, une fleur solitaire qui meurt en quelques heures, dit Carroll Dickerson. C’est toute l’ambiance du roman… Les chemins interdits, c’est l’histoire d’un jeune garçon victime de la culture bigote, possessive et avaricieuse des oncle et tante qui l’ont recueilli dès ses neuf ans, ses parents étant morts au début de la guerre. Et donc, éducation religieuse stricte, pudibonde et abstinente. Tout ce qu’il faut pour bouleverser le comportement d’un adolescent à qui on a dépeint le sexe comme l’outil des plaisirs malsains. Tout ce qu’il faut pour précipiter plus tard ce même adolescent devenu homme dans les bras d’une femme et donc des pièges du Démon. La vie de Guillaume sera dès lors suspendue à un fil… Est-ce facile de s’adresser à un éditeur de livres et, dans le meilleur des cas, d’en recevoir une réponse, voire un accord ? Pas facile du tout, bien sûr. Chacun qui écrit, s’il tente l’expérience de l’éditeur, le sait à ses dépens. On envoie des manuscrits et, par préférence aujourd’hui, des livres sous forme de mail, et on attend. Parfois, vous recevez, après un délai plus ou moins long (j’ai attendu une réponse – négative – neuf mois) une lettre type, indiquant que le livre n’entre pas dans l’esprit éditorial de la maison. Et si le manuscrit vous a été renvoyé, vous voyez d’office qu’il n’a pas été ouvert et pas lu par conséquent. Indépendamment de la qualité de l’ouvrage proposé, qu’est-ce qui fait qu’un livre finisse un jour au-dessus d’une pile de propositions et qu’il obtienne tout à coup l’aval d’un éditeur professionnel ? Il y a aujourd’hui plus d’écrivains que de lecteurs. Et tous sont plus ou moins compétents. Mais ce n’est pas cela qui motive l’éditeur
pressenti. Le style, l’histoire, l’intérêt, tout cela est bien, mais ce n’est rien auprès du nom. Il faut que vous ayez un nom et que celui-ci ait un impact médiatique. Sans le nom médiatisé, vous n’avez aucune chance, quelle que soit la performance de votre livre. Alors, il reste la solution que beaucoup d’entre nous choisissent, le livre à compte d’auteur, tiré à vingt, cinquante, cent exemplaires, dans des maisons comme Publibook. Le résultat est joli, mais cela ne va pas plus loin. Vous ne vendez rien. Vous n’êtes pas en librairie. Vous n’êtes pas dans le commerce. Mais vous avez le livre bien imprimé, un vrai livre, et vous garnissez vos bibliothèques de vos vingt exemplaires par-ci, vingt par-là, et ainsi de suite, selon les maisons qui pratiquent ce type d’édition à la pièce. Ces éditeurs pour auteurs sans nom savent sur quelle corde jouer, celle de l’égo, de l’orgueil, du plaisir personnel. Et c’est normal. Nous n’écrivons pas pour les tiroirs. Nous désirons tous passer du manuscrit à l’ouvrage fini. Même si c’est pour quelques exemplaires. Comment devenir un auteur médiatique ? Aucune idée, si ce n’est par la politique, les sciences, l’histoire, la télévision, le cinéma, le scandale. C’est aussi une question de mode. Maintenant que l’homosexualité a reçu droit de cité presque partout en Europe et que l’homophobie lui répond gravement, c’est un sujet qui peut marcher, à condition que vous racontiez là votre propre histoire, sur le ton de l’autobiographie confidentielle… Vous êtes un grand adepte du vélo, Gus Rongy. Vous faites vos trente-quarante kilomètres pratiquement chaque jour. Peut-on vous souhaiter, lors d’une de ces promenades sportives, du méditer un troisième roman ? Je ne suis plus actuellement dans l’esprit ni dans l’enthousiasme de l’écriture. J’en reviens à la pensée. Socratique, pourquoi pas. Mais on ne peut jurer de rien. Un regard, une personne, une situation, l’ensemble de ces trois éléments sur la route peut être le flash d’un nouveau texte. C’est toujours ainsi que les choses se sont passées … Propos recueillis par Jean Lhassa
EXPOSITION : CARLOS CRUZ-DIEZ La Patinoire royale accueille la première exposition individuelle de Carlos Cruz-Diez en Belgique depuis plus de cinquante ans. Intitulée « Labyrinthus », elle se veut une invitation à explorer les divers chemins tracés de l’artiste afin d’appréhender la perception de la couleur à l’état pur. Pièce centrale, immersive et monumentale, ce labyrinthe de Transchromie s’inscrit dans la ligne directe des premiers Environnements conçus par Carlos Cruz-Diez en 1965. L’œuvre puise dans son titre Transchromies (littéralement « au travers de la couleur ») un cheminement qui transforme et transfigure la réalité environnante. Le spectateur déambule parmi des plans colorés transparents et découvre les combinaisons de soustraction chromatique minutieusement orchestrées. Une fois n’est pas coutume : ce labyrinthe est un espace ouvert à la lumière ambiante et à la richesse des espaces environnants. Un lieu où l’on peut s’attarder, revenir et redécouvrir un spectacle chatoyant sans cesse renouvelé. Cet événement réunit également un panorama sélectif de Physichromies (Caracas, 1959/2019), Transchromies (Paris, 1965/2019) et Chromointerférences Spatiales (Paris, 1964/2019) qui se définissent comme autant de propositions permettant au public de découvrir la capacité à créer d’un homme au faîte de son talent, servi par ses moyens perceptifs et par une inspiration loin de se tarir. Une rencontre à vivre jusqu’au 27 juillet 2019. Plus de détails sur le site www.prvbgallery.com Rue Veydt, 15 à 1060 Bruxelles
LE COUDENBERG, PALAIS DE CHARLES QUINT Cette année encore, l’Ommegang a défilé depuis l’église du Sablon jusqu’à la Grand-Place, avec son cortège de 1 400 figurants retraçant le parcours de l’hommage rendu à Charles Quint le 2 juin 1549. Ce jour-là, « notre empereur » présentait au magistrat de la ville et aux corporations son fils et successeur, le futur roi Philippe II, ainsi que ses deux sœurs, Marie de Hongrie et Eléonore de France, la veuve de François Ier. Bruxelles se montrait alors sous son meilleur jour en organisant un Ommegang, un tour de la ville plus resplendissant que jamais, avec un cortège parti de Notre-Dame du Sablon et mené, tambour battant, par le Grand Serment des Arbalétriers réunis devant l’église. Vous y étiez peut-être fin juin pour assister à l’Ommegang, avec la foule des Bruxellois amassés dans une ambiance Renaissance du XVIe siècle. Mais savez-vous d’où venait Charles Quint ce jour-là, tandis qu’il se rendait à l’hôtel de Ville où il allait recevoir l’hommage citadin ? L’empereur arrivait de sa résidence située place Royale, qu’on appelait alors le Coudenberg, le « mont froid ». Il venait souvent s’y reposer pour se livrer à son sport favori : la chasse, qu’il pratiquait en forêt de Soignes. Sinon, il vivait à Valladolid en Espagne, avec sa cour. Pénétrons donc dans les souterrains de la place Royale, à plus ou moins dix mètres de profondeur, pour découvrir les vestiges d’un palais séculaire fondé au 12e siècle. On y pénètre depuis le musée de Bellevue situé à côté du Palais Royal, en face du parc de Bruxelles. Mais avant d’y descendre, posons-nous la question : qui était le dernier des Bourguignons ? L’empereur Charles Quint Habsbourg par son père Philippe le Beau, espagnol par sa mère Jeanne la Folle, bourguignon par sa grand-mère Marie de Bourgogne, Charles V, dit Charles Quint, devint à son avènement en 1515 le maître d’un gigantesque empire réparti entre l’Europe et le Nouveau Monde. Il était le souverain le plus puissant de la terre, devant ses concurrents François Ier et Henri VIII. Il était maître de la péninsule Ibérique et des possessions espagnoles d’outremer, de Sardaigne, de Sicile, de Naples, des Pays-Bas, de la Flandre, de la Franche-Comté, de l’Autriche et des possessions allemandes des Habsbourg. Il était ainsi devenu le maître incontesté d’un empire colossal « où le soleil ne se couchait jamais ». Né à Gand en 1500, Charles Quint fut intronisé à Bruxelles en 1515, dans l’Aula Magna de la cour de Philippe le Bon. On y recevait les ambassadeurs et les chevaliers de la Toison d’Or. Et c’est là encore qu’il abdiqua en 1555 en faveur de son fils Philippe II, roi d’Espagne au service de la foi catholique poussée à son comble. Il fut, dit Erasme, son plus mauvais élève dans l’éducation des princes, à cause de l’intransigeance d’esprit dont il pouvait faire preuve contre vents et marées. Ses bons côtés pourtant : il défendit l’Europe contre les Ottomans et sut préserver l’héritage des Bourguignons, qui lui avaient cédé la Bourgogne, la Flandre et les Pays-Bas. Mais il ne put contenir la Réforme religieuse qui se préparait en Europe. On était à la veille d’un bouleversement sur l’échiquier politique et religieux de notre région. C’est sous le règne de son fils Philippe II que les Dix-Sept Provinces Unies se séparèrent en deux parties en 1579 : l’une réunie par le Prince d’Orange, protestant, qui allait fonder les Sept Provinces du nord des Pays-Bas ; l’autre, restée catholique sous la coupe espagnole, c’est-à-dire la Belgique d’aujourd’hui où, selon Charles De Coster, le célèbre Tyl Ulenspiegel mena la révolte contre les abus de Philippe II.
Visite de son palais résidentiel Depuis la colline du Coudenberg, le palais réaménagé de Charles Quint et de son fils se trouvait donc sur l’éperon qui dominait le vallon du Coperbeek, où se profile aujourd’hui la descente du mont des Arts. On en voit la déclivité depuis le sommet occupé par l’église St-Jacques-sur-Coudenberg, rebâtie après l’incendie de 1731 qui fit du « mont froid » un enfer de flammes. Quarante ans plus tard, les ruines et leurs alentours furent en effet rasés pour faire place au quartier de la place Royale que domine l’église, reconstruite à contrechamp. Les vestiges de ce palais forment le site archéologique souterrain du Coudenberg, qui vous attend pour une visite mémorable d’une heure. Avant d’entamer cette visite, soyez attentifs à l’introduction donnée en vidéo à l’entrée : on vous racontera dans le détail l’histoire de ce château que vous allez découvrir. Puis, vous descendrez l’escalier qui vous conduira au cœur des fouilles. Le plan peut être suivi avec l’audioguide gratuit que vous capterez sur votre téléphone portable. Des panneaux explicatifs vous renseigneront. Passé les caves du corps de logis où se trouvaient les appartements princiers et les salles d’audience, vous déboucherez dans la chapelle que Charles Quint fit adjoindre au palais qu’il avait réaménagé. Ses voûtes sont gothiques. Vous êtes sous un des bâtiments actuels de la place Royale, à l’étage inférieur de la chapelle. Ne manquez pas de faire pivoter le périscope qui vous permettra de regarder par le petit bout de la lorgnette toute la place Royale sous laquelle vous vous trouvez. Pour compenser la forte dénivellation du vallon du Coperbeek et mettre l’espace du culte au même niveau que l’Aula Magna, la grande salle d’apparat du palais, la chapelle avait été dotée de deux niveaux de soubassement. On y conservait le fameux trésor de la Toison d’Or, aujourd’hui à Vienne. Vous verrez aussi ce qui reste de l’Aula Magna, la grande salle où fut intronisé l’empereur et où il abdiqua. Entre les deux niveaux descend la rue Isabelle, qui était jadis à ciel ouvert. Elle longeait le palais depuis la place des Bailles (aujourd’hui partiellement la place Royale) pour épouser la forte pente du vallon du Coperbeek et mener l’archiduchesse à la collégiale SS-Michel-et-Gudule, tout en contrebas. En dédommagement pour l’expropriation subie, Isabelle (1566-1633) fit construire la Domus Isabellae, un imposant bâtiment au milieu de la rue portant son nom, pour servir au Grand Serment des Arbalétriers de la ville et à la Cour aussi. Ce tronçon de la rue et tout le quartier qui l’entourait furent détruits au début du XXe siècle pour faire place au Palais des Beaux-Arts, inauguré en 1928 sur les plans de l’architecte Victor Horta. Enfin parvenus dans la cour de l’hôtel d’Hoogstraeten, toujours debout malgré les transformations qui vous seront décrites, vous pourrez admirer, dans ce qui est devenu le musée du Coudenberg, les différentes campagnes de fouilles menées sur le site durant le dernier quart du XX e siècle. Vous y verrez faïences, porcelaines, céramiques, ustensiles divers, lampes à huile, ainsi que les géants qui animent le cortège de l’Ommegang : Goliath, Cheval Bayard et les quatre fils Aymon, les géants Georges et Henri, ou Saint-Georges affrontant le Dragon. Une très belle visite à faire au cours de ces deux mois d'été. Surtout si vous avez vu l’Ommegang. Plus d’informations sur le site du Coudenberg : www.coudenberg.brussels ou en vous branchant sur l’audioguide gratuit https://audioguide.coudenberg.brussels. Entrée place des Palais, 7 à 1000 Bruxelles. Michel Lequeux
EXPOSITION : SARAH LOUNICI Tout le monde connaît le MIM ou Musée des Instruments de Musique, logé à un jet de pierre du Coudenberg et à l’ombre de la statue de Godefroid de Bouillon carré sur un magnifique destrier. En plein cœur de la capitale, dans une architecture complexe, composée d’une partie néo-classique et d’un bâtiment Art nouveau, ce musée pas comme les autres vous a invité à découvrir en septembre dernier les photographies de Sarah Lounici, âgée de dix-huit ans, élève à l’Athénée royal de Ganshoren et résidant à Laeken. Ses travaux avaient été retenus pour être exposés sous le litre « L’architecture du son ». L’occasion d’admirer seize clichés en couleur pris dans l’enceinte du lieu et retravaillés ultérieurement en atelier. L’opportunité surtout d’encourager une jeune femme bien dans sa peau et de se laisser éblouir par son regard sur des instruments qui, tout d’un coup, nous sont apparus sous un angle nouveau. Une manière d’aborder la valeur esthétique de chacun d’eux, en se laissant séduire par les courbes, les angles et les contrastes de lumière. Ses photographies seront exposées à Espace Art Gallery en août 2019 dans l’écrin d’une galerie ouverte non loin de la place de Brouckère et en face du Béguinage. Depuis plus d’une décennie, Jerry Delfosse, patron de l’enseigne, poursuit son travail de dénicheur de talents en allant à la rencontre des créateurs contemporains, belges et étrangers. Voyez plus de détails sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié
ÉVASIONS : LE COIN DES BONNES AFFAIRES ! La culture à prix doux, cela ne se mérite pas ! Il suffit juste de connaître la bonne adresse où se procurer des ouvrages de seconde main, sans trouer le fond de son porte-monnaie et sans nécessairement effectuer des dizaines de kilomètres pour se rendre dans l’un des temples du livre et du disque d’occasion. « Evasions » fait partie des boutiques emblématiques de la rue du Midi, jadis réputée pour ses vitrines à destination des philatélistes, et est situé quasiment en face du Manneken-Pis. Alors que l’enseigne disposait de deux magasins voilà encore une dizaine d’années, elle a aujourd’hui concentré toute son activité dans un immeuble constitué de deux étages et divisé en rayons dont le stock se renouvelle de manière permanente. Le système fonctionne sans faire grand mystère de la politique de la maison. Les clients alimentent eux-mêmes les achats en venant proposer ce qui les encombre, fait office de double emploi ou ne les intéresse plus. Le patron effectue le tri des pièces et propose un prix de cession. Une fois l’ouvrage, le 33 tours ou le DVD acheté, il est mis en vente sans chichis. Evidemment, tout n’est pas vendable et l’équipe du magasin en a pleinement conscience. Même ancien, un roman ou un dictionnaire ne trouvera peut-être pas acquéreur. Il faut aussi que les objets soient en bon état. Des pages déchirées, manquantes ou souillées de taches de sauce font que le patron fasse preuve de vigilance et de sélectivité. A force de passer la plus grosse
partie de la semaine entre ses murs, il connaît les habitudes de la clientèle et sait parfaitement ce qui est commercialisable. Certains titres à la mode ne feront qu’un temps, tandis que plusieurs classiques frisent la saturation. Savoir la valeur et se méfier des vendeurs qui courent les brocantes le week-end pour venir fourguer le lundi leur lot arraché pour quelques sous, ils connaissent ! Ils doivent également se tenir informés des soldes et des déstockages organisés un peu partout, question de ne pas proposer du matériel avec une étiquette supérieure à celle pratiquée ailleurs. Deux qualités importent lorsqu’on se lance dans la bouquinerie. Un : connaître l’univers du livre et du disque, afin de savoir appréhender les attentes du client. Deux : disposer du flair d’un chien renifleur pour reconnaître les vendeurs roublards. En quelques années, « Evasions » est devenu un repère pour tous les amateurs de livres à prix cassés. Véritable caverne d’Ali Baba, la bouquinerie recèle des milliers de trésor qui ne demandent qu’à être exhumés. Avec un soin porté sur l’éclectisme, elle dispose de plusieurs espaces avec, au rez-de-chaussée, une salle bédé, une section cuisine, un lieu consacré aux enfants avec des petits sièges ad hoc et des rayonnages spécifiques pour les amateurs de romans, d’ésotérisme, de religion, de sport, etc. A l’étage, le quidam découvre de vastes présentoirs qui regorgent de films, de disques divers et d’ouvrages consacrés aux arts (cinéma, musique, photographie). Alors que les tarifs sont bien moins chers que dans les librairies traditionnelles, plusieurs titres sont parfois liquidés à 0,5 ou à 1 euro. Question de faire de la place pour les arrivages journaliers. En franchissant la porte du magasin, une réflexion vient directement aux lèvres : Où chercher l’ouvrage de référence ? Evidemment, personne n’est jamais certain de ressortir avec tel ou tel titre de son auteur préféré, puisque le concept veut que les clients achalandent eux-mêmes les rayons avec les objets dont ils se débarrassent. Par contre, en évoluant dans les travées et en parcourant les étagères du regard, il y a fort à parier que chacun ressortira avec un volume dont il n’avait jamais entendu parler, dont il avait oublié l’existence ou qui avait nourri son adolescence. La pratique des prix défiants toute concurrence fait que personne ne se sent lésé. Au demeurant, on investit le lieu après avoir griffonné une liste de courses à effectuer ou en partant de l’hypothèse que l’envie naîtra au contact d’une brochure, en observant des images imprimées sur papier glacé ou en se laissant séduire par un nom d’écrivain ou par la suggestivité d’un titre. La librairie « Evasions » est ouverte du lundi au samedi de 10 à 20 heures et le dimanche de 11 à 20 heures. Les clients amenés à vendre l’une ou l’autre pièce de leur collection sont uniquement invités à se présenter du lundi au samedi de 10 à 14 heures. Une adresse utile pour acheter malin ! Plus d’infos au 02 502 49 56. Rue du Midi, 89 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié
FÊTE NATIONALE Le 21 juillet 2019 dès 10 heures, la Fête nationale belge se célèbrera dans la capitale à travers une multitude d’activités gratuites organisées tant dans le parc royal que devant le palais de justice (place Poelaert), sans oublier l’annuel défilé militaire et le feu d’artifices qui viendra clore la journée. Si le soleil est au rendez-vous, on sait qu’il s’agit d’une des journées qui attire le plus de visiteurs chez nous et active les leviers du tourisme. Bon enfant et récréatif, le programme n’a pas d’autre objectif que de rappeler à quel point il fait bon vivre dans notre petite Belgique et à quel point la convivialité reste primordiale. Devenu une tradition depuis une décennie, le Bal populaire se déroulera la veille (le 20 juillet) dans une ambiance de zwanze et de rigolade dans les Marolles, avec la place du Jeu de Balle (ou vieux marché) transformée en piste de danse pour accueillir des artistes nationaux et un public nombreux qui feront monter des paillettes jusqu’aux étoiles et ce pour une partie de la nuit. Si on a de la chance, ce sera enfin l’occasion de voir en chair et en os les membres de la famille royale et quelques ministres venus saluer le public. Notez bien que, en dehors des lieux de loisirs et de gastronomie, toutes les enseignes (banques, grandes surfaces, administrations) seront fermées. Jour férié oblige ! André Metzinger
LOISIRS : TOUR & TAXIS : SUMMER EDITION Du 27 juillet au 29 septembre 2019, Tour & Taxis vous propose de célébrer l’été en compagnie du meilleur de Bruxelles, avec des pop-up restaurants, des bars exclusifs, des concerts, du sport et des activités pour tous ! La « Summer Edition » a tout prévu pour divertir tout un chacun. Des concerts, des animations et des afterworks ont été planifiés pour le plaisir des yeux et des oreilles. A cela, profitez des pop-up restaurants et goûtez aux spécialités des chefs les plus branchés de la capitale. Découvrez les cocktails exclusifs et uniques de Green Lab et testez votre habileté lors des ateliers de mixologie ! Des stages de cirque, des tournois de basket, des cours de self-défense, des matches de roller soccer mais aussi des terrains de pétanque et des tables de ping-pong seront à votre disposition. Tour & Taxis fait tomber les murs des salles obscures et vous invite à profiter gratuitement de son grand écran en plein air. Installez-vous confortablement et découvrez la programmation inédite du cinéma Galeries ! Enfin, contribuez à préserver la planète et participez aux workshops et ateliers écologiques zéro déchet, mais aussi tech et mobilité douce avec Bruxelles Environnement, Dott, Belgium Wheelers, etc. Cet été, ça bouge ! Voyez tous les détails pratiques sur le site www.tour-taxis-summeredition.com Avenue du Port, 86C à 1000 Bruxelles
PAS DE COSTUME « MICHAEL JACKSON » POUR MANNEKEN-PIS ! Le mardi 25 juin dernier, Manneken-Pis n’a pas réceptionné le costume Michael Jackson, confectionné pour célébrer le dixième anniversaire du décès de la star. Pourtant, la ville de Bruxelles avait accepté à l’automne 2018 l’idée d’un hommage au roi de la pop. Réalisé par une couturière française, la tenue a été essayée sur une réplique de la statue originale, après avoir été validée à l’unanimité par la Collège communal. Depuis, les choses se sont emballées avec la télédiffusion du documentaire « Leaving Neverland » sur Plug-Rtl, étayant de nouvelles rumeurs de pédophilie à l’encontre du plus grand pourvoyeur de tubes de ces quatre dernières décennies. Des faits loin d’être corroborés par la justice. A quelques semaines de l’envoi du Tour de France sur la Grand-Place et afin de ne pas entacher l’événement, les autorités ont jugé prudent d’éviter toute polémique, dont l’écho risquait de dépasser nos frontières. Assurément, il s’agit d’un refus exceptionnel dans les annales de la capitale. Du côté du MJ Backstage, on ne décolère pas, coincé entre incompréhension et sentiment d’iniquité. Résultat : le costume à paillettes façon Billie Jean n’ira pas rejoindre le musée du plus petit ket de Belgique et finira, vraisemblablement, sur un stand de brocante ou dans la vitrine d’un collectionneur. Vrai, pour l’amateur, cette tenue possède maintenant une histoire. Et laquelle ! Daniel Bastié
THEÂTRE : CARMEN Adapter Carmen a nécessité quelques concessions faites au récit original. Si le Théâtre royal de Toone se réfère davantage à l’opéra de Bizet plutôt qu’à la nouvelle de Prosper Mérimée, Nicolas Géal n’oublie jamais que chaque transposition se doit d’être autant fidèle que personnelle. L’idée a été de reprendre la trame initiale et de la saucer d’expressions bruxelloises, autant pour faire rire le public habitué à la swanze de l’enseigne que pour raconter un récit connu par tous. Dans cette parodie, Carmen reste évidemment la figure centrale, fière et bravache, ne reculant devant aucun défi pour obtenir ce qu’elle réclame. Don José, caporal des dragons, succombe à sous son charme sauvage. Incapable de réprimer ses désirs, il renonce à son avenir dans l’armée et aux valeurs qu’il défendait jusqu’alors. Devenu contrebandier, il glisse lentement sur la voie du crime. Sans trahir le travail du compositeur, les marionnettes chantent à tue-tête. Il y a les soldats qui proclament : "Wâle zaan van Meulebeek !" et les contrebandiers qui entament fièrement : "Lup, lup, lup, de garde-ville es doe…" La marionnette Woltje prend les traits de Don José et les péripéties qui le conduisent à devenir contrebandier font l’objet d’une succession de tableaux désopilants. Comment résister au ketje qui chante : "La bloem que tu m’avais jetée" ? Dès lors, la troublante cigarière de Séville ne peut plus rien lui refuser lorsqu’elle lance : "Allei ket,viens ici, je vais te donner une baise qui va te faire biberer (trembler) jusqu’à tondikken tien… (gros orteil) !". Avec un talent qui lui est propre, Nicolas Géal passe allègrement d’une tessiture à l’autre et interprète toutes les voix des personnages qui interviennent sur scène. S’il n’ambitionne pas de concurrencer les ténors de La Monnaie, on devine qu’il se régale de sa prestation sans avoir le dikkenek ni croire qu’il est devenu subitement le Pavarotti des Marolles. Comme toujours, le récit original prend de l’eau dans le gaz. En venant assister à une représentation de marionnettes folkloriques, chacun sait (ou le découvre très tôt) qu’on se situe dans le domaine de la parodie et pas sur les bancs de l’ULB pour décrocher une licence de littérature. L’histoire ressemble à celle qu’on connaît, alors que la forme ne lui est plus totalement fidèle. Les décalages savoureux, les détournements savoureux, les anachronismes, les jeux de mots pratiqués au premier degré et les références multiples à la vie bruxelloise représentent les principaux ressorts qui alimentent la bonne humeur et qui provoquent de grands éclats de rire. On l’ignore peutêtre mais Nicolas Géal (Toone VIII) a été formé au Conservatoire de Bruxelles en étudiant les classiques, avant de suivre les traces de son papa José (Toone VII) et de reprendre les rênes du théâtre familial. Le spectacle « Carmen » est à voir chez Toone jusqu’au 31 août 2019. L’opportunité de découvrir un classique dans une version irrésistible qui sent bon la gueuze et le sachet de frites de chez Zuske. Plus brusseleir que ça, tu meurs une fois ! Davantage de détails sur www.toone.be Rue Marché-aux-herbes 66 (Impasse sainte Pétronille) à 1000 Bruxelles Daniel Bastié
LOISIRS : JULES VERNE ET LE LABYRINTHE FANTASTIQUE Jules Verne a toujours fasciné. Inspirant la littérature, le cinématographe et tout un pendant de la culture populaire, il reste le chantre éternel bien qu’involontaire du rétrofuturisme, et par extension de l’esthétique steampunk. Oracle romanesque qui préfigurera autant les voyages spatiaux que les évidentes dérives du monde moderne et mécanisé, Jules Verne est avant tout un poète de l’impossible, raconteur d’histoires fantastiques trouvant ses racines dans la science balbutiante de son époque. “Jules Verne & le Labyrinthe Fantastique” propose aux visiteurs de découvrir l’univers de l’auteur de Voyage au centre de la terre au travers d’un labyrinthe dont les parois, réinterprétant l’iconographie vernienne, ont été réalisées par des artistes d’exception. Tout en se baladant dans un monde étrange, le visiteur voit sa déambulation agrémentée d’un quizz centré sur la vie et les écrits du romancier. Indices et notices pédagogiques sont disséminés sur l’ensemble du labyrinthe et viennent aider à la résolution de ce questionnaire accessible et familial. Cette œuvre collective propose ainsi au public de découvrir dans la convivialité une notion à la fois artistique et ludique du monde de Jules Verne. Cette animation est également disponible à la location. A découvrir du 15 juillet au 31 août 2019. Plus d’informations sur www.fantastic-museum.be Rue Américaine 7 à 1060 Bruxelles Sam Mas
LOISIRS : MINI-GOLF IMAGINARIUM Installé au Centre d’Art Fantastique, le « mini-golf imaginarium » est un golf miniature de dix-huit trous qui demeure unique en Europe. Le joueur évolue au sein d’un décorum à thématique horrifique, où les serpentins frigorifiques parcourent le plafond des anciennes glacières de Saint-Gilles. Doté d'un décor fantasque réunissant créatures étranges, araignées sortant du green, châteaux hantés et éléments steampunk, ce parcours atypique se veut semé d'embuches dans une ambiance de brouillard digne des vieux films de Roger Corman et diverses projections vidéo agrémentées de sons bizarroïdes. Cette expérience ludique est à découvrir en famille et entre amis du 15 juillet au 31 août 2019. Attention, il importe de réserver au préalable via le lien suivant www.fantastic-museum.be Rue de la glacière, 18 à 1060 Bruxelles Sam Mas
HERGÉ ET LA « RENCONTRE IMAGINAIRE » DE TOM FRANTZEN Tintin fête les dix ans du musée qui lui a été consacré à Louvain-la-Neuve. Ce 22 mai, date de la naissance d’Hergé en 1907 qui coïncide avec l’inauguration du Musée Hergé en 2009, la statue en bronze du père de Tintin a été dévoilée en présence du sculpteur Tom Frantzen. Le sculpteur était accompagné de Fanny Rodwell, la veuve d’Hergé présidente de la Fondation, de son mari Nick Rodwell, administrateur du musée, et d’Anne Eyberg, la directrice. Ce fut l’occasion pour les tintinologues d’admirer cette œuvre dédiée à la mémoire de Georges Remi, dit Hergé, de ses initiales inversée R.G. Juché sur une pile d’albums qui représente toute son œuvre bédéesque, Hergé est en train de dessiner sur sa planche, à la croisée des trois sentiers qui mènent au magnifique musée : la passerelle centrale venant de la cité universitaire, le chemin du parking et la terrasse du Petit Vingtième, le restaurant où vous irez déjeuner après votre visite. La sculpture en bronze domine ainsi l’espace du parc pour les regards. « Quand on arrive de loin, on voit Hergé en train de dessiner, nous explique le sculpteur. Quand on s’approche, il est en train de nous dessiner. Et quand on s’approche d’un peu plus près encore, on a l’impression qu’il sourit en nous dessinant. » Tom Frantzen a voulu réaliser une sculpture interactive en faisant converger les regards des personnages et les nôtres. D’abord celui du chat, très présent dans la vie d’Hergé comme on l’apprend au musée : il vient de sauter sur les épaules de son maître pour voir ce qu’il est en train de faire. A côté de l’artiste assis devant sa planche à dessin, Tintin soulève Milou pour qu’il voie lui aussi le croquis que crayonne l’artiste. « Le déclic de mon inspiration est venu d’un de ses dessins. Hergé avait fait un autoportrait le caricaturant à un moment où il avait trop de travail. Ça lui pesait. Il avait dessiné sur son bureau un petit Tintin qui le menaçait avec une cravache. Hergé était forcé de travailler à ses planches, avec son chat qui s’agrippait à sa nuque. »
Le sculpteur a repris ces éléments pour les transposer dans une composition moins nerveuse et plus sereine. Hergé est ici décontracté et le chat, la queue dressée, le laisse libre de ses mouvements. Tintin soulève Milou et regarde avec lui la planche. Il y a une convergence des regards vers ce que dessine l’auteur de « la ligne claire ». Mais qu’y a-t-il sur le dessin ? « Comme le musée aujourd’hui a dix ans et que Tintin, né en 1929, en a nonante, j’ai dessiné, pour fêter cela, notre héros et ses amis qui s’offrent un vol en ballon vers la célébrité mondiale », sourit le sculpteur.
Un maître de la zwanze bruxelloise en bronze Qui est donc ce sculpteur flamand des rues, à qui l’on doit par exemple le Vaartkapoen, le coquin du canal de la place Sainctelette, le Zinneke-Pis de la rue des Chartreux, la Madame Chapeau de la rue du Midi ou le Brel de l’Envol de la Vieille Halle aux Blés ? Après des études scientifiques en néerlandais, Tom Frantzen, né à Watermael-Boitsfort en 1954, opte pour la sculpture monumentale qu’il apprend à l’Ecole nationale d’architecture de la Cambre, à Ixelles. Il a pour maître Rik Poot qui lui apprend la technique de la cire perdue. Il effectuera un stage chez un fondeur italien avant de construire sa propre fonderie, restée en activité jusqu’en 1990. Le moulage de ses sculptures, le ciselage et la finition sont toujours réalisés dans son atelier à Tervuren. Le style de Frantzen se caractérise par la fantaisie et l’humour. Dans ses œuvres, le surréalisme et la satire forment un tout. Passé, présent et avenir se mélangent. Les humains deviennent des animaux et inversement. Il combine les formes minimalistes en acier Corten, en béton ou en bois, avec des formes organiques en bronze. A Bruxelles, il crée une sorte de « zwanze visuelle » pour que ceux qui ne comprennent pas cette forme d’humour et de langage puissent en profiter quand même. « La zwanze, explique Tom, est un dialecte flamand brabançon entrecoupé de mots français. L’absurde, la dérision et le surréalisme ne sont jamais bien loin, mais ce dialecte est en train de disparaître. Je veux perpétuer cette forme d’humour par la voie de mes sculptures en rue. » Lui-même se définit d’ailleurs comme un « artiste flamand fantastique et contemporain », parfaitement bilingue. Depuis qu’il a réalisé la sculpture de Madame Chapeau au coin de la rue du Midi et de la rue des Moineaux à Bruxelles, le sculpteur est associé à cette zwanze qu’il statufie. Il faut dire qu’Amélie Vanbeneden, alias Madame Chapeau, est le personnage le plus populaire de la pièce de théâtre Bossemans et Coppenolle, créée en 1938 par Paul Van Stalle et Joris d'Hanswyck. Il en va de même pour la sculpture du Zinneke, alias Zinneke-Pis, au 35 rue des Chartreux à Bruxelles. « Elle pourrait également figurer dans la catégorie zwanze bruxelloise en bronze », conclut Tom. Vous pourrez voir son bestiaire fantastique, mené tambour battant par l’Oncle Sam, au Musée Hergé jusqu’au 19 août. Les sculptures animalières en bronze font écho à un monde orwellien bédéesque. Accès gratuit à l’exposition Rencontre imaginaire dans l’atrium du musée. Vous y admirerez aussi la statue d’Hergé, installée à demeure dans le parc de ce musée dont nous vous reparlerons dans l’édition prochaine. Plus d’informations sur le site www.museeherge.com. Rue du Labrador, 26 à 1348 Louvain-la-Neuve Michel Lequeux
RENCONTRE : CONCETTA MASCIULLO, ARTISTE PEINTRE Après avoir suivi un cursus à l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi où elle perfectionne sa technique de la peinture à l’huile, elle développe l’abstraction lyrique ou art informel et trouve son style. Sa technique : peinture à l’huile mais, aussi, travail au couteau et à la spatule souple. Application de la peinture sur la toile en différentes superpositions de couleurs. Processus long et minutieux dû au temps de séchage de chaque couche. Les couches successives apportent une densité et un relief à la flamboyance des couleurs. Le choix d’une composante déterminante par couche procure l’harmonie et l’équilibre des formes. Concetta peint en écoutant de la musique classique qui lui procure un état hypnotique. L’émotion guide la spatule et l’œuvre se révèle comme par magie. Chaque toile est un tourbillon de formes aux couleurs vives qui capturent le regard et proposent des voyages loin de la réalité quotidienne. La plupart des créateurs (peintres, musiciens, danseurs, écrivains...) racontent être dans un état second quand ils exercent leurs talents, comme s’ils devenaient spectateurs d’eux-mêmes pendant qu’une énergie supérieure prenait les commandes. Après plusieurs expositions en Belgique, Concetta Masciullo a vu s’ouvrir les portes de pays proches mais aussi lointains. Le talent et le travail ne passent pas inaperçus. C’est une grande voyageuse et la découverte d’autres cultures l’inspire dans ses créations. On pourrait se demander quand elle trouve le temps de peindre dans son atelier situé dans la région de Charleroi. En collaboration avec la maison Pitsart en Italie, ses peintures se retrouvent sur de magnifiques foulards et sacs. Des galeries ont accueilli ses tableaux en France, en Italie, à Miami, en Suède, en chine, au Brésil, à Dubaï, en Ecosse, en Serbie… Elle a obtenu de nombreux prix et ses œuvres figurent dans des catalogues et annuaires d’art. Plusieurs articles lui ont été consacrés dans la presse. 2015 - Académie Arts &Lettres International - 1er prix d’Art Abstrait – Naples (Italie) 2015 - Expo Concours International Pavillon Chinois - 2ème prix – médaille de bronze – Milan (Italie) 2016 - Concours international d’Art Abstrait – 1er prix – Gargano (Italie) 2017 - Académie des Beaux-Arts Duma - 1er prix – Ecaussinnes (Belgique) 2018 - Concours d’Art International - 3ème prix – Rome (Italie) Prochaines expositions : Russie, Espagne, Corée du Sud. Concetta n’est pas seulement un peintre de grand talent, elle est aussi une femme d’une grande gentillesse, toujours souriante et accueillante. Ne dit-on pas que l’humilité est la qualité des « grands » ? Vous aimeriez la rencontrer et visiter son atelier ? Elle sera ravie de vous accueillir. En attendant, visitez son site sur www.concettamasciullo.com Son rêve ? Posséder un atelier dans une grande ville. Silvana Minchella
UN KET DE BRUSSELLES : LES DIVAS DU DANCING Le jour d’aujourd’hui, tu ne vas plus au dancing, tu te « fais un concert » ou quelque chose comme ça. Je te l’ai déjà dit, nos parents ils allaient juste le samedi soir (car le lendemain c’était congé) vers huit heures et demie ou neuf heures dans un grand café où il y avait un orchestrion (wadesda un stûut pareil ?) c’était une espèce d’orgue avec des instruments sur le devant, mais sans personne pour en jouer. En un mot, ça jouait tout seul, ara ! Ça faisait un bruit terrible et tu voyais les touches du saxophone qui bougeaient, l’accordéon pianotait et la grosse caisse tambourinait. Tout seuls, fieu ! Le peï écoutait : ah c’est un tango, ça je connais. Alors il se levait et il allait devant une fille qu’il avait déjà repérée et il tendait la main. Le plus souvent la fille se levait aussi car elle aimait pas de rester glander au bord de la piste, comme si les hommes ne voulaient pas d’elle. Plus tard, les jeunes ont fait de surprise-parties. Des surboums, et puis des boums. Là, pas de gros machin bruyant, pas de piste de danse sablée, juste les dalles du garage de poepa ou le living. En petit comité, quoi. Le peï écoutait : ah c’est un slow, c’est tout bon ! Alors il se levait, allait chercher une fille et à la fin de la musique il fallait un cric et une pince monseigneur pour les décoller. Aujourd’hui, on va dans une boîte, une discothèque (mais il y a pas de disques rassure-toi) et DJ te raconte sa vie en musique. Enfin, ils disent que c’est de la musique. Ça fait surtout mott ! mott ! mott ! et comme les paroles sont dans un anglais approximatif, mieux vaut y venir avec tes oreillettes où tu as enregistré la Traviata en version originale. Là si tu arrives à 11h du soir, on te regarde comme si tu arrivais de la Lune en trottinette. Pas avant minuit, monsieur. Awel, brû ! ils dorment jamais, ceux-là ? Quand tu as pris quelques heures de mott ! mott ! dans les pavillons, sans prendre un tranquillisant du genre beuh, shit, et autre coquineries, tu es mûr pour le centre psychiatrique le plus proche. Tu sors de là vers 6h du matin avec une gueule pire que de bois, avec tes pupilles qui tournent encore comme des toupies folles, tu as avalé (tabagisme passif) au moins la valeur de quarante-cinq cigarettes et tu te fais le serment de ne plus jamais y mettre les pieds sans l’équipement ad hoc : un masque à gaz et des boules Quiés en quantité suffisante. En 1930, on appelait ça un thé dansant (entre 16h et 19h) et une soirée dansante (entre 20h et 23.30h), le « DJ » de l’époque, qu’on devait appeler « animateur », racontait des flauskes (blagues) en bruxellois et interpellait gentiment les danseurs. On rencontrait une demoiselle, on lui parlait de la pluie et de l’autan, on contait fleurette. Ça prenait du temps mais c’était justement cette attente qui faisait tout le charme de la drague. Là, de nos jours, on embarque illico, on s’adore trois heures, juste le temps de trouver un endroit (chez toi ou chez moi ?) pour réaliser ses passions et bonsoir madame, est-ce que je vous connais ? Potverdekke je savais qu’on est de plus en plus pressés, mais à ce point-là, ça me défrise (et je suis chauve) ! Les grands dancings de la belle époque sont aujourd’hui devenus des concessionnaires d’automobiles ou des marchands de téléphones portables (qui sont aussi devenus intelligents, paraîtil), les DJ font tourner les platines de 33 tours avec les mains (en prévision de blackout de l’électricité, sans doute). Pour paraphraser mon cher Pierre Corneille : Madame si mon visage A quelques traits un peu vieux Je préfère mon âge À vos jeunes prétentieux Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront Je préfère aimer mes roses Que vos jeux de fanfarons Georges Roland (Retrouvez les romans bruxellois de Georges Roland sur www.georges-roland.com Ses deux titres les plus vendus : « LE BROL AUX MAROLLES » et « MANNEKEN PIS NE RIGOLE PLUS » sont maintenant disponibles en format poche, ara !)
THÉÂTRE : L’ÉDUCATION DE RITA Une comédie sur l’émancipation par la culture. Elle est écrite par le dramaturge anglais Willy Russell qui a revu sa copie de 1983, en la mettant au goût du jour. A l’heure où la culture doit se battre pour survivre, où l’Internet remplace les musées, où un tableau ne vaut plus que par le selfie qu’on prend de soi pour se mettre en valeur sur les réseaux sociaux, L’Education de Rita est une bouffée d’oxygène. Un grand bol d’air pur après les miasmes du narcissisme, même si on peut douter de la crédibilité de la pièce. Ce n’est évidemment pas le propos de cette comédie qui nous entraîne dans le feu des réparties entre Rita et son maître à penser. Le sujet est inspiré du Pygmalion de George Bernard Shaw (1913), dans une nouvelle traduction de Catherine Marcangeli. Une jeune coiffeuse qui n’a pas fait d’études veut échapper à sa condition sociale pour faire partie de l‘élite. Pour se changer complètement, quitte à mettre en péril son emploi, sa famille et son mari. Elle veut se remodeler à l’image du professeur d’université qui l’a accueillie pour lui donner des cours du soir. Entre la jeune prolétaire et le professeur alcoolique, poète à ses heures perdues et complètement dans le cirage devant ses étudiants, une relation va se nouer pour bientôt s’inverser. C’est lui qui finira par devenir subjectif et sentimental, tout le contraire de ses cours sur la dissertation, alors que sa jeune élève fera des progrès spectaculaires, dans une ascension sociale et intellectuelle. Elle finira par se retrouver sur les bancs de l’université, tandis qu’il lâche prise et jette sa poésie au feu. Extraordinaire prestation des deux acteurs qui évoluent dans cette comédie comme des poissons dans l’eau. Stéphanie Moriau joue admirablement la coiffeuse qui s’émancipe en s’initiant à la littérature, en y mêlant l’argot et parfois les jeux de jambes accrocheurs, tandis que Michel de Warzée campe un vieux professeur bougon qui a le cœur sur la main et qui se prend d’amitié pour sa jeune élève. D’une amitié qui se muera bientôt en tocade amoureuse. Trois heures drôles et tendres qu’ils nous font passer sans qu’on les voie passer, au fil des saynètes qui ponctuent la pièce. Ils crèvent littéralement la scène dans une dramaturgie de Michel Wright. On les a applaudis à tout rompre à la Comédie Volter qui les produisait, et on fera de même ici au Karreveld qui reprend la pièce les 15, 18 et 21 juillet. Château du Karreveld. Plus de détails sur www.bruxellons.be. Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Michel Lequeux
THÉÂTRE : L’HEUREUX ÉLU La dernière pièce aux deux Molière d’Eric Assous se retrouve cet été au Karreveld. Auteur prolifique et réputé, celui-ci signe avec « L’heureux élu » une nouvelle variation qui met à mal l’amitié et les relations humaines. Après « Les belles-sœurs », « Nos femmes », « Les hommes préfèrent mentir », etc., il nous plonge au cœur d’une soirée au cours de laquelle la jolie Charline présente celui avec lequel elle envisage de se marier. Un homme trop beau, trop riche et trop bien éduqué pour le clan de vieux beaux qui se revendiquent de gauche. Très vite, la belle déchante en se confrontant aux réflexions de ceux sur lesquels elle croyait pouvoir s’appuyer. Eric Assous livre une pépite où le verbe fuse, où les répliques se révèlent d’une vibrante acuité et où les caractères s’emballent. Il nous parle également des liens indéfectibles (ou qui devraient l’être !) qui unissent des connaissances de toujours et qui voient leur sphère perturbée par l’irruption d’un intrus, étranger aux codes et aux modes de fonctionnement du groupe. Que faire ? Taire les ressentis, feindre le silence ou prononcer un avis qui, forcément, risque de heurter ? L’amitié implique-t-elle de clamer haut et fort ce qu’on a sur le cœur, de se livrer sans limites ou, plutôt, de veiller à ménager celles et ceux qu’on apprécie ? Puis, un avis relève-t-il toujours de la pertinence et de l’objectivité ? Enfin, aimer réellement un proche n’impliquet-il pas de respecter ses choix ? Comme on se situe sur le monde des planches, les tempéraments s’exacerbent, les répliques fusent et la situation emprunte une piste savonneuse pour le plus grand bonheur du public venu assister à un jeu de massacre jubilatoire. Ce qui pourrait tourner à la seule joute orale se double d’une véritable épaisseur sociale. Lorsque les masques tombent, chacun se révèle dans toute sa petitesse, avec son esprit étriqué et son égocentrisme. Au lieu de se réjouir du bonheur de Blandine, les copains se renfrognent et adoptent un réflexe grégaire, qui fait la force et pose les limites de la meute. L’occasion de darder quelques poignards bien acérés et d’exhumer d’anciennes rancunes. « L’heureux élu » se situe au niveau d’une comédie bien troussée et non du drame. Durant une heure trente, les spectateurs naviguent en eaux troubles et découvrent jusqu’où chacun est capable de s’enfoncer. Du coup, ils deviennent témoins d’un feu d’artifices de mauvaise foi, d’arguments acidulés et d’échanges qui, fatalement, tournent au pugilat. A mesure que le venin se distille, l’auteur abat ses cartes avec méthode et nous réserve moult retournements de situations. A nouveau, il nous parle de quarantenaires engoncés dans leurs principes, incapables de se projeter en avant et convaincus d’être dans le vrai. Avec humour, il balaie les certitudes et montre chacun sous son vrai visage, au demeurant peu reluisant. Martine Willequet propose une mise en scène pleine de rythme et de couleur et se sert merveilleusement du mimétisme de Christel Pedrinelli, Nicole Oliver, Frédéric Nyssen, David Leclercq et Nicolas Buysse pour décrire les lâchetés ordinaires et l’exubérance de protagonistes qui n’ont de leçons à donner à personne. Un miroir de notre quotidien ? « L’heureux élu » est à voir le 29 juillet et le 1er septembre 2019 à 20 heures 45 au Karreveld. Plus de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Daniel Bastié
THÉÂTRE : UN GRAND AMOUR Déni d’amour et génocide nazi se conjuguent dans cette pièce du Rideau de Bruxelles mise en scène en août au Château du Karreveld. Elle est jouée avec force et talent par Janine Godinas, qui nous entraîne comme une vipère dans sa confession sordide et ambiguë. Frau Stangl vient s’asseoir dans le fauteuil cossu de son salon à São Paulo, au Brésil, et suite à sa rencontre avec une journaliste anglaise venue l’interroger sur son mari mort en prison, elle se lance dans une longue confession qui tient la salle en haleine. Et qui ne la lâchera plus. Son monologue la force peu à peu à répondre à ses propres questions. Savait-elle ce que faisait son mari Franz Stangl durant les années de guerre ? Savait-elle qu’il était le commandant en chef des camps de Sobibor et de Treblinka en Pologne, où furent gazés près de neuf cent mille juifs ? Et si elle le savait, pourquoi n’a-t-elle pas rompu avec lui ? Pourquoi ne lui a-t-elle pas demandé de choisir entre Treblinka et leur couple, entre Treblinka et leurs enfants ? Pourquoi estelle restée sa femme ? La force de ce monologue (et de son actrice Janine Godinas, qui joue comme une vipère dans l’ambiguïté de la confession), c’est de nous laisser dans l’incertitude. Quand on aime, c’est toujours de façon excessive, en laissant le bénéfice du doute à l’autre. En l’acquittant à l’avance du mal qu’il a fait. Pas sûr que le texte de Nicole Malinconi, l’auteur du roman mis en scène, ait été respecté dans son intégralité, avec une question cruciale qui apparaît en préambule, ou avec des syncopes dues peut-être à l’actrice qui se lance à corps perdu dans la confession. Mais la pièce vaut mille fois la peine qu’on s’en approprie le contenu. Qu’on la digère et qu’on y réfléchisse. Cette vieille femme a été la complice passive d’un génocide abominable. Elle s’est rendue coupable des crimes de son mari, qu’elle n’a pas voulu voir. Qu’elle a feint d’ignorer. Qui la mettaient mal à l’aise. Ses silences finiront par la trahir. Ils laissent deviner sa culpabilité qu’elle a avouée à un curé complaisant au début de la guerre. On perçoit ses regrets – mais jusqu’où vont-ils ? – dans la confession qu’elle nous livre. Oui, le temps passant, elle aurait dû s’opposer plus fermement à Franz et lui dire qu’il commettait l’irréparable. Qu’il se transformait en un monstre abject, bouffi par l’alcool qu’il devait prendre pour se voiler la face sur les crimes qu’il perpétrait en tortionnaire dans les camps de la mort. Elle ne l’a pas fait. Elle s’est cantonnée dans les apparences. Dans sa vie de femme bourgeoise attendant chaque soir le retour de son mari pour l’aimer. Pour protéger son foyer et ses enfants. Parfois pour se refuser à lui. Elle s’est ainsi construit une bonne conscience, en attendant que passe la tourmente. C’est ce déni d’amour qui est au cœur de la pièce de Nicole Malinconi et qui nous saisit aux tripes. Les criminels sont-ils capables d’exprimer un regret profond et sincère sur leurs actes ? Ont-ils le sens de la responsabilité ? A voir de toute urgence au Château du Karreveld les 3 et 13 août prochains. Plus de détails sur www.bruxellons.be. Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Michel Lequeux
EXPOSITION : BRUEGEL - THE ORIGINALS A l’occasion du 450e anniversaire de la disparition de Pieter Bruegel l’Ancien, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique honorent le grand maître flamand à travers divers projets. Pieter Bruegel l'Ancien est l'un des peintres les plus célèbres de la Renaissance. Pourtant, seulement une quarantaine de tableaux de sa courte carrière (il mourut en 1569 vers l'âge de quarante ans) ont été conservés, ce qui les rend rares et extrêmement précieux. Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique abritent le deuxième plus grand ensemble de peintures de cet artiste. Au Musée des Maîtres Anciens, vous pourrez admirer plusieurs de ses travaux : La chute des anges rebelles (1562), le Paysage d'hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux (1565), Le dénombrement de Bethléem (1566) et L'adoration des mages. De plus, de nombreuses copies créées par ses fils et d'autres disciples (anonymes) vous permettent d'explorer encore plus en profondeur l'œuvre de ce brillant dessinateur et coloriste. Pour dynamiser cet événement, la Bruegel Box vous emmène au cœur de son œuvre avec trois vidéos – chacune concerne une peinture – qui proposent une immersion par projection HD sur les murs (du sol au plafond). Les peintures concernées sont Les Proverbes, La Prédication de Saint Jean-Baptiste et La chute des anges rebelles. Une exposition à admirer jusqu’au 31 décembre 2019. Plus de détails sur le site www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : WIM DELVOYE Figure majeure de la scène artistique belge, Wim Delvoye est connu pour son humour, son goût de l’expérimentation technologique et sa production riche et variée. L’exposition que lui consacrent les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique est conçue en étroite collaboration avec l’artiste. Elle propose un impressionnant panorama de son travail et met l’accent sur son aspect pluridisciplinaire. Wim Delvoye, observateur attentif de son époque, scrute le futur pour y déceler les tendances à venir, tout en cultivant des liens très marqués avec le passé et ses traditions. Ses œuvres naissent souvent d’une rencontre entre artisanat et techniques de fabrication industrielle les plus sophistiquées. De façon inédite, l’exposition fait dialoguer des chefs-d’œuvre de la collection d’art ancien des MRBAB avec des créations de l’artiste inspirées directement par les lieux. Autre exclusivité : de nouvelles œuvres sont présentées pour la première fois au public. Elles témoignent de son regard attentif aux mutations en cours dans nos sociétés hyper-connectées, où réel et virtuel tendent de plus en plus à se confondre. Pour rappel, ce plasticien contemporain est né à Wervicq (Flandre Occidentale) le 14 janvier 1965 et a effectué ses études au cours des années 80. Aujourd’hui, il vit et travaille à Gand. Très vite, les musées s’intéressent à son travail. Depuis quelques années, il propose des œuvres sculpturales qui combinent les technologies modernes. A l’occasion de cet événement, un ouvrage a été publié et offre à voir l’ensemble des créations présentées jusqu’au 21 juillet 2019. Voyez plus de détails sur le site sur le site www.fine-arts-museum.be
Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles
CYCLE LAUREL ET HARDY Stan Laurel (de son vrai nom Arthur Stanley Jefferson) est né le 16 juin 1890 à Ulverston dans le Lancashire en Angleterre du nord. Sa mère Madge Metclafe et son père Arthur Jefferson étaient comédiens de théâtre. Oliver Norvell Hardy est né le 18 janvier 1892 à Harlem en Georgie aux Etats-Unis. À l'âge de deux ans, ce dernier a perdu son père. Passionné pour le chant lyrique, sa mère n’a jamais cessé de l’encourager. On l’a oublié, mais il a décroché un diplôme de droit pour devenir avocat, métier qu’il n’a jamais exercé. Leur duo s’est formé officiellement à l'occasion du film « The Second Hundred Years » en 1927, même si leur première rencontre à l’écran a eu lieu en 1917 dans « The lucky dog ». Ils ont formé un couple unique dans la sphère du cinéma basé sur un rapport de force et de protection, souvent dans des bagarres ritualisées. Ils ont joué dans de nombreux films burlesques muets et parlants qui ont enchanté les spectateurs d’avant-guerre et qui sont aujourd’hui devenus des classiques. Par sa corpulence, Hardy s’est imposé comme le chef de l'association, l'incarnation du Père et dirigeant toujours les opérations, mais également éternelle victime des maladresses de son co-équipier. Quant à Laurel, il a acquis une place de grand enfant, de naïf rêveur, de curieux ébahi et de chétif. Dans la vraie vie, il s’est pourtant marié à cinq reprises, authentique séducteur. Il a été rapporté qu’il était le gagman, celui qui inventait les sketches, extrêmement doué pour le mime, le décalage et le tempo à imposer à un moyen ou à un long métrage. Dès le milieu des années 40, ils sont amenés à prendre conscience que la mode a changé et, fauchés, ont terminé péniblement leur existence, parce qu’ils n’ont jamais pris soin de préciser qu’ils percevraient u cachet dans le cadre des diffusions de leurs vieux films à la télévision comme dans les cinémas de quartier. En quelques mois d’intervalle, la maladie les a frappés durement. En 1955, Stan Laurel est terrassé par une hémiplégie. En 1956, c'est Oliver Hardy qui est transporté d'urgence à l'hôpital pour une hémorragie cérébrale. Une fin beaucoup moins drôle que les souvenirs qu’ils nous ont laissés. La Cinematek leur consacre jusque fin août 2019 un cycle qui prouve à quel point leur niveau de jeu avait atteint un point d’excellence et représente, au-delà du mythe, une œuvre riche devenue culte. Plus de détails sur le site www.cinematek.be Rue Baron Horta, 9 à 1000 Bruxelles Paul Huet
CYCLE MARCEL PAGNOL Si on connaît encore Marcel Pagnol l’écrivain, son cinéma (longtemps rejeté en France par la critique) est, malgré son immense succès populaire, peu étudié aujourd’hui. Profitons de l’été pour revoir une œuvre dont la richesse n’a d’équivalents que celle de la terre de Provence et de ses habitants qu’elle a si bien filmés. Professeur d’anglais avant de pouvoir se consacrer exclusivement au théâtre grâce au succès de ses pièces, l’auteur sympathise avec le responsable de la Paramount dans l’Hexagone, ce qui lui permet de faire adapter ses pièces par Alexandre Korda et Marc Allégret. Très vite il passe lui-même derrière la caméra, quitte Paris et son centralisme culturel pour retourner à Marseille. Il fonde sa société de production sur le modèle des Artistes Associés. Son indépendance lui permet alors de faire un cinéma très personnel. André Bazin dira de lui qu’il est un des plus grands cinéastes de films parlants, à la démesure comparable à celle de Von Stroheim et de Griffith pour le muet. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas pour lui de faire du théâtre filmé. Le cinéma étant un moyen d’emmener le théâtre à un autre niveau, de se démarquer du théâtre de boulevard et de l’hermétisme des avant-gardes. Pour que le texte prenne toute son ampleur, le plus grand soin est accordé à l’ambiance sur le tournage, au choix des décors naturels, des costumes, de la captation du son direct et de la maîtrise de la lumière avec les meilleurs moyens techniques. Tout ce qui pourrait sembler accessoire, tant la parole prend la place centrale, ne l’est pas, mais est justement ce qui fait écho au texte et à la voix qui le porte, et c’est cette attention accordée aussi à ces matières-là, dans leur simplicité, qui permet peut-être de constater aujourd’hui que le cinéma de Pagnol a, l’air de rien, très bien résisté à l’épreuve du temps. Une miche de pain, une montagne, un arbre, une cruche, un accent, la lourdeur d’un corps, une étoffe, un encadrement de fenêtre… tout résonne avec l’humanité des personnages et la beauté des dialogues. Pagnol fait appel dans ce retour en Provence à son plus grand chantre, Jean Giono, pour les chefs-d’œuvre que sont « Jofroi », « Angèle » ou « Regain ». Oubliez Fernandel en comique facile, allez voir ce dernier film et vous verrez aussi à travers la troupe attachante de Pagnol, Orane Demazis, Josette Day, Blavette, Delmont, l’énorme Raimu bien sûr, des acteurs formidables, qui incarnent des personnages d’une profondeur rare. Si le Pagnol cinéaste est seulement reconnu à sa juste valeur en France à partir de la fin des années 1960 (excepté le soutien de Renoir, dont Pagnol produit « Toni »), c’est déjà très tôt le cas outre-Atlantique, James Whale et Preston Sturges adaptant la trilogie marseillaise ou Orson Welles pour qui « La Fille du puisatier » est un des films préférés. Les Italiens Rossellini et De Sica ont vu en lui l’ancêtre du néo-réalisme. Les thématiques qu’il aborde sont universelles. Un cycle à découvrir à la Cinematek jusqu’au 28 août 2018. Plus de détails sur le site www.cinematek.be Rue Baron Horta, 9 à 1000 Bruxelles
COMÉDIE MUSICALE : MY FAIR LADY A Covent Garden et par un soir pluvieux, une jeune vendeuse de fleurs (Eliza Doolittle) tente d’écouler quelques violettes aux riches bourgeois qui sortent de l’opéra. Un jeune homme se heurte à elle par nonchalance et abime ses fleurs. Elle est néanmoins soulagée quand un vieil homme, M. Pickering, lui achète une fleur. Mais elle s’inquiète parce qu’un autre gentleman prend des notes au sujet de la manière dont elle parle. Il se présente à M. Pickering et parie qu'il peut faire d’Eliza une lady, rien qu’en améliorant sa façon de s’exprimer. L’histoire débute. La pièce de George Bernard Shaw (Pygmalion) a d’abord été jouée dès 1914, avant de devenir un film en 1938 sous la réalisation d’Anthony Asquith et Leslie Howard, puis une comédie musicale à Broadway sous le titre « My Fair Lady » (1956). Naturellement, le cinéma s’est emparé de ce triomphe en chanté avec Rex Harrison et la fascinante Audrey Hepburn. Un succès planétaire qui brosse un portrait assez féroce de la haute société londonienne. Créer « My fair lady » à Bruxelles a été un challenge dont on découvre aujourd’hui le résultat. Pour ce faire, il fallait des comédiens qui sachent à la fois jouer la comédie, danser et chanter. A cela, « My fair lady » ne représente pas un décor mais cinq ou six. Il a donc fallu organiser des changements rapides et permettre, au milieu des accessoires en mouvement, aux comédiens de sortir de scène (éventuellement de faire un changement rapide de costume ou de perruque en coulisses n'ayant pas le temps de retourner jusqu'aux loges, ...). Quant à la partition, elle a été décryptée note par note, afin de définir, en accord avec les options dramaturgiques, son rythme et ses équilibres. Lorsqu’on assiste à une représentation, on n'imagine pas le travail qui a été nécessaire en amont pour qu'un orchestre live et vingt-cinq chanteurs soient à l'unisson dans le cadre d’une représentation en plein air. Un spectacle à découvrir au Karreveld jusqu’au 7 septembre 2019. Plus de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Paul Huet THÉÂTRE : L’EMMERDEUR « L’Emmerdeur », ce classique de Francis Veber revient sur les planches avec Pierre Pigeolet, Daniel Hanssens, Victor Scheffer, Pierre Poucet, Laurence D’Amélio et Michel Hinderyckx. Un bel exemple de comique de situation qui oppose deux hommes qui, jamais, n’auraient dû se rencontrer. Si le rire naît du contraste entre un vendeur dépressif, cocu de surcroît, et un tueur à gages venu éliminer une cible, une part du succès vient des dialogues ciselés par le maître-d’œuvre. On se souvient évidemment de la prestation de Jacques Brel dans le rôle de François Pignon et de Lino Ventura en « monsieur Milan ». Un peu moins de la version cinéma avec Patrick Timsit et Richard Berry. Qu’importe ! Il s’agit ici d’oublier tout ce qu’on a vu précédemment pour se laisser embarquer par une adaptation bien de chez nous et qui n’a pas à rougir avec ce que les Français sont capables de proposer. Si ce ne sera peut-être pas la surprise du récit qui vous poussera à assister à ce spectacle, sachez que le jeu des comédiens vaut mille fois le déplacement. Daniel Hanssens campe ici un emmerdeur incontournable, qui va empoisonner la mission de son voisin de chambre. « L’emmerdeur » (ou comment tenter de se défaire de quelqu’un qui ne pense qu’à se suicider et s’accroche obstinément à vous) est à voir du 7 au 8 août et les 2 et 3 septembre 2019 à 20 heures 45 au Karreveld. Un régal ! Plus de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Daniel Bastié
EXPOSITION : GREGOR HILDEBRANDT La galerie Almine Rech a le plaisir de présenter une exposition de l'artiste berlinois Gregor Hildebrandt. Il s’agit de la troisième exposition personnelle de cet artiste à Bruxelles (et sa huitième avec la galerie) présentant toutes ses nouvelles œuvres, concentrées sur la réinvention de matériaux analogiques audio et visuels tels que des cassettes et des disques vinyles, peintures, sculptures et installations immersives. L’art de Hildebrandt défie toute étiquette, dans la mesure où il oppose des styles artistiques formellement réducteurs tels que le minimalisme et l’expressionnisme abstrait à un riche pastiche de références personnelles et intertextuelles. Construisant librement son propre monde artistique à partir de ce qui l’entoure, ce créateur fusionne et reconfigure magistralement le matériel et l’immatériel, le personnel et le collectif pour inviter chacun à venir danser sur une musique que nous ne pouvons entendre qu’ici. Né en 1974 à Bad Homburg (Allemagne de l'Ouest) l’artiste vit toujours et travaille à Berlin ? Ses travaux sont à découvrir jusqu’au 27 juillet 2019 à la galerie Almine Rech. Plus de détails sur le site www.alminerech.com Rue de l'Abbaye, 20 à 1050 Ixelles
LOISIRS : HELLO SUMMER Après dix-sept ans de bons et loyaux services, Bruxelles-les-Bains ne pourra pas prendre place sur les berges du canal (station Yser), car ces dernières seront en chantier durant tout l’été. Pour remplacer cet événement incontournable de la capitale, l’échevine de la Culture et du Tourisme Delphine Houba a concocté quatre longs week-ends festifs qui, chaque semaine, seront décentralisés. Au menu : projection de films, danse, activités familiales et sport … mais accompagnés de sable fin, de transats et de paillotes. Depuis quelques jours l’agenda a été fixé comme suit : la Cité administrative (du 25 juillet au 4 août), le square Ambiorix (du 8 au 11 août), la place Peter Benoît (du 15 au 18 août) et le square Léopold (du 22 au 25 août). Baptisé « Hello summer », il a pour objectif d’apporter un air de vacances dans la métropole et d’oser du neuf. A tester pour se faire une idée …
MARIONNETTES : LES TROIS MOUSQUETAIRES Maintes fois adapté au cinéma depuis 1921, « Les trois mousquetaires » reste l’un des romans préférés des scénaristes. Du coup, tout le monde connaît l’histoire de d’Artagnan et de ses frères d’armes Athos, Aramis et Porthos, mousquetaires du roi Louis et ennemis jurés des hommes de main du cardinal Richelieu. Lorsque la reine se trouve dans une délicate posture, ils n’hésitent pas à prendre la mer pour l’Angleterre, afin de sauver son honneur. Au hasard de leurs aventures, d’Artagnan d’éprend de la douce Constance Bonacieux, tandis que Porthos doit affronter son ancienne femme Milady. Avec du bruit et de la fureur, le Théâtre royal de Toone a également décidé de se saisir des pages virevoltantes nées voilà plus d’un siècle et demi pour en tirer un script imprégné du terroir bruxellois, avec des jeux de mots cocasses, des couleurs locales et des anachronismes bon enfant. On le sait, on n’assiste pas à un spectacle de marionnettes folkloriques pour tirer la tête et râler tout au long de la représentation. Nicolas Géal, directeur de l’enseigne et voix de tous les personnages, aime faire rire et cisèle les dialogues de manière à rebondir sur un mot, à jouer avec une expression ou pour permettre à Woltje (la mascotte du théâtre et chantre de l’âme bruxelloise !) d’entrer en scène, d’exposer son bon sens naturel et d’aider ses nouveaux amis dans leur mission. Les connaisseurs de l’œuvre d’Alexandre Dumas noteront que jamais il n’est question de ferrets de la reine dans l’ouvrage initial. Qu’importe ! Pour montrer qu’il n’est pas non plus dupe, Nicolas Géal les a remplacés par un collier. Au fond, des ferrets ou un collier à récupérer chez les Buveurs de thé, les compagnons bretteurs ne se posent pas la question et se lancent dans le combat, épées pointées vers l’ennemi. « Les trois mousquetaires » en brusseleir est à découvrir au Karreveld les 27 et 28 juillet 2019. Toutes les modalités pratiques ont été mises en ligne sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles Daniel Bastié
THÉÂTRE : LES TROIS GLORIEUSES Après l’accueil royal réservé à la troupe du Magic Land l’an dernier, l’équipe de Patrick Chaboud revient au Karreveld cet été. L’opportunité de revoir « Les trois Glorieuses » ou ce qui se passe dans une misérable pension de famille qui n’est pas sans évoquer les univers d’Hugo et de Balzac, le tout passé à la moulinette de la parodie. Comme tout le répertoire du Magic Land, il s’agit une nouvelle fois d’un théâtre totalement affranchi de tabous, qui ose et dit tout, sans s’interroger sur le politiquement correct, qui se nourrit d’anachronismes et brasse large. C’est un peu du Mel Brooks tout en demeurant une recette 100% de chez nous, avec des jeux de mots qui ricochent, des enchaînements de gags, de la truculence et des vannes parfois limites. Le tout porté par des dialogues inspirés et le jeu d’une équipe formidable, sans demi-mesure. Véritable carrefour des détresses humaines et des aspirations souvent sans lendemain, le décor voit défiler des résidents que rien ne prédestinait à se rencontrer à cause de leurs différences sociales. Aristocrates désargentés, aventuriers, anciens bagnards ou révolutionnaires s’y côtoient sans pouvoir s’ignorer. Malgré leurs masques ils s’efforcent de cohabiter. Pendant ce temps à l’extérieur, le peuple gronde, les barricades bloquent Paris, les citoyens marchent sur les Tuileries et le Palais Bourbon, tandis que Charles X est contraint d’abdiquer laissant la place à la dernière monarchie. L’histoire retiendra cet épisode sous le nom des « Trois Glorieuses » ou de « Révolution de Juillet ». Une pièce à applaudir au Karreveld les 30 et 31 juillet 2019 à 20 heures 45. Plus de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles
EXPOSITION : AU-DELÀ DE LA GRANDE GUERRE : 1918 – 1928 Après la Première Guerre mondiale, la Belgique (à l’image du reste du monde) subit de profondes mutations. La société est fortement ébranlée mais, en même temps, elle revit. Dans l’exposition « Au-delà de la Grande Guerre : 1918-1928 », le War Heritage Institute explore plusieurs thèmes majeurs tels que l’offensive finale, la libération, la période d’après-guerre, les révolutions géopolitiques, mais aussi la reconstruction économique, le processus de deuil et la mémoire, les changements sociopolitiques et socioculturels. Cette manifestation présente des pièces exceptionnelles provenant des riches collections du WHI, de musées nationaux et internationaux. Les décors et les témoignages des « Années folles », ainsi que des outils interactifs, réservent au visiteur leurs lots de surprises et d’émotions. Un catalogue volumineux accompagne l’exposition afin d’illustrer en profondeur le contexte de cette période mouvementée. Un événement à voir jusqu’au 22 septembre 2019 au Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire. Plus de détails sur le site www.khm-mra.be Parc du Cinquantenaire, 3 à 1000 Bruxelles Sam Mas
EXPOSITION : INTIMATE AUDREY HEPBURN Intimate Audrey est une exposition sur la vie d'Audrey Hepburn, créée par son fils Sean Hepburn Ferrer, pour fêter ses 90 ans dans sa ville natale de Bruxelles. Tous les bénéfices iront à Eurordis-Rare Diseases Europe ainsi qu’aux hôpitaux Brugmann et Bordet de Bruxelles. Composée en grande partie de photographies inédites et de documents et objets lui ayant appartenus, l'exposition s'intéresse exclusivement à la femme et non à l'icône. C'est la femme derrière la légende qui revient dans la ville qui l'a vue naître. Star incontestable d'Hollywood depuis son apparition oscarisée dans "Vacances Romaines", muse du couturier Hubert de Givenchy, vedette du film "Breakfast at Tiffany’s", Audrey Hepburn continue encore aujourd’hui de fasciner. On oublie trop souvent qu’elle est née en Belgique et qu’elle a consacré une grande partie de son existence à parcourir le monde comme ambassadrice de l’Unicef. C'est la femme derrière la légende qui revient dans la ville qui l'a vue naître. L'exposition, qui s'étend sur plus de huit cents mètres carrés, comprend plusieurs centaines de photographies originales et réimprimées, un nombre limité de souvenirs, de robes et d'accessoires, ainsi que ses œuvres inédites. Des dessins de mode et des écrits humanitaires. Une série de vidéos poignantes donne vie à chacun des chapitres de sa vie. A voir jusqu’au 25 août 2019 à l’Espace Vanderborght. Vous pouvez découvrir tous les détails pratiques sur le site http://intimateaudrey.org Rue de l'Ecuyer 50, 1000 Bruxelles
EXPOSITION : MULTIPLE TRANSMISSIONS - ART IN THE AFROPOLITAN AGE Cet événement prend comme point de départ les artistes africains ayant participé au programme de résidences du Wiels entre 2015 et 2019. Aujourd’hui composantes à part entière du paysage artistique mondial, les résidences mettent les créateurs en mouvement de par le monde, tout en les immergeant en un endroit donné pendant une période déterminée. Les plasticiens, et plus particulièrement les plasticies africains, sont devenus les habitants successifs de plusieurs lieux et villes. Principalement développé par le penseur Achille Mbembe, le concept fait référence aux cultures et esthétiques transnationales du XXIe siècle s’identifiant comme africaines. À la fois à l'intérieur et hors du continent, leurs itinérances physiques et mentales ont développé chez eux des géographies radicalement plurielles. Créées entre Kinshasa, Lubumbashi, Johannesburg et Bruxelles, leurs travaux sont ici présentés à côté d’autres pratiques artistiques tout autant imprégnées de ces mouvements globaux. Le mérite de l'Afropolitanisme est de nous forcer à reconnaître la multiplicité des influences et héritages transversaux et globaux qui sont ceux des artistes africains d’aujourd'hui. À une époque où les régimes politiques dans le monde témoignent d’une montée alarmante de la xénophobie, lorsque les frontières se dressent partout et les migrants sont abandonnés à leur sort, l’Afropolitanisme offre un formidable modèle de cohabitation harmonieuse et de métissage, loin du repli sur soi et de la peur de l’autre. Cette exposition est à découvrir au Wiels jusqu’au 18 août 2019. Plus de détails sur le site www.wiels.org Avenue Van Volxem, 354 à 1190 Bruxelles EXPOSITION : MARIO GARCÍA TORRES - ILLUSION BROUGHT ME HERE Voici la première exposition muséale de Mario García Torres en Belgique. À cette occasion, l'artiste mexicain présente sa propre version condensée d'une rétrospective. A savoir, une nouvelle pièce intitulée Silence’s Wearing Thin Here, composée de voix et de bandes sonores de ses œuvres antérieures. L’artiste y dévoile des histoires mineures ou obscures, avec une prédilection pour l'art et la musique d'avant-garde des années 60 et 70. Il recrée des expositions historiques et complète des travaux inachevés tout en floutant les originaux et les reconstitutions, le passé et le présent. Il entre en dialogue avec des personnalités énigmatiques et radicales qui étaient surtout actives avant sa naissance, comme l'artiste bruxellois Marcel Broodthaers ou le compositeur américano-mexicain Conlon Nancarrow. Il y a environ quatre ans, García Torres a cessé de dater ses créations, comprenant des performances et des installations cinématographiques, sculpturales et picturales. Ce faisant, il sape encore plus le récit d'un travail et d'une carrière en tant qu'évolution progressive au fil du temps. Cet événement est à voir au Wiels jusqu’au 18 août 2018. Voyez tous les détails sur le site www.wiels.org Avenue Van Volxem, 354 à 1190 Bruxelles
EXPOSITION : LISIÈRES Nous vivons un temps de lisières. Entre l’animal et l’humain, l’arbre et la rivière, la plume et la peau, le béton et le vert, où trouver notre chemin ? Comment affronter l'avenir quand s’effondrent les milieux fragiles ? Par quels gestes patients, quels récits sauvages, quels surprenants partages ? Réponse avec les artistes de la collection du musée Art et Marges qui déploient leur pique-nique d’œuvres dans la clairière de l’été. Ce "pique-nique d’œuvres" est orchestré par Caroline Lamarche, écrivain, ("Nous sommes à la lisière", Gallimard, Goncourt de la nouvelle 2019), commissaire d'exposition pour l'occasion. De l’art brut, sans calcul, simplement amené à exprimer des émotions, des gestes créatifs, loin de toute école et de tout académisme. De la spontanéité qui témoigne de la vitalité et du besoin de créer dans une métropole où tout va trop vite, où les technologies prennent le dessus, où les défis se multiplient et où les personnalités sont broyées au nom de l’uniformité. Des travaux à découvrir jusqu’au 22 septembre 2019. Plus de détails sur le site www.artetmarges.be Rue Haute, 314 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : THOMAS LEROOY BEHIND THE CURTAIN L’artiste belge Thomas Lerooy (1981) est connu pour ses sculptures et dessins. Avec Behind the Curtain, il présente pour la première fois des peintures à côté de sculptures. Dans son œuvre énigmatique, des réalités différentes semblent se croiser, chacune avec ses propres lois. Le spectateur tombe d’une langue visuelle dans l’autre. À travers différentes superpositions, mort et éternité se rencontrent, ainsi que beauté et laideur, ordre et chaos, show et intimité, drame et humour. Thomas Lerooy a développé un style très personnel : un mélange de réalisme, de thèmes surréalistes et d’influences provenant de la sculpture classique. Il voit ses peintures comme des êtres vivants ; elles ont besoin de temps pour mûrir, tant au niveau de la langue visuelle qu’au niveau du contenu. On n’a pas à les comprendre, mais plutôt à les sentir en s’abandonnant à la douceur de son pinceau. Combinés avec ses sculptures, ses dessins constituent une œuvre complexe, à la fois émouvante et touchante, choquante et inoubliable. Une exposition à découvrir aux Musées royaux des BeauxArts de Belgique (Salle Bernheim) jusqu’au 18 août 2019 du mardi au dimanche. Plus de détails sur le site www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : KIDS MENU. UNE GRANDE HISTOIRE DES PETITS MANGEURS La naissance d’un enfant reste un incroyable miracle de la nature. Mais après ? Dans le monde animal, l’instinct prédomine. L’humanité, quant à elle, s’interroge sans cesse sur la meilleure manière de nourrir ses enfants. De l’allaitement au sein ou au biberon succède le passage délicat vers une alimentation solide. Ces pratiques universelles sont une aventure unique, tant pour les parents que pour l’enfant. Depuis le siècle dernier, l’essor de l’enfant-roi dans notre société influence profondément nos habitudes alimentaires. Mais est-ce vraiment souhaitable ? Laissez-vous surprendre par la grande histoire de nos petits mangeurs ! Une exposition à voir au Musée bruxellois du Moulin et de l’Alimentation jusqu’au 31 août 2019. Plus de détails sur www.moulindevere.be Rue du Moulin à Vent, 21 à 1140 Bruxelles
HELIOPOLIS : LA VILLE DU SOLEIL La Fondation Boghossian met à l’honneur Héliopolis, cité antique et berceau d’une ville nouvelle créée de toutes pièces par l’industriel belge Edouard Empain à l’aube du XXème siècle. Désormais englobée dans la vaste capitale égyptienne, Héliopolis est née d’un rêve, celui qu’inspire depuis la nuit des temps la ville homonyme de l’Egypte ancienne. Près d’une centaine d’antiquités égyptiennes, ouvrages anciens et objets du XXe siècle ont été sélectionnés par les curatrices MarieCécile Bruwier et Florence Doyen. L’exposition invite le visiteur à redécouvrir le rayonnement de la cité antique et l’entreprise fondatrice du célèbre baron, mécène et visionnaire, également père de Louis Empain, qui fît construire la Villa Empain. Docteur en Histoire de l’Art et Archéologie, Marie-Cécile Bruwier a longtemps été la directrice (scientifique puis générale) du Musée royal de Mariemont. Spécialiste en égyptologie, elle est notamment connue pour ses recherches sur le mobilier du Nouvel Empire et les fouilles archéologiques qu’elle a menées à Alexandrie, sous la supervision du Ministère des Antiquités de l’Egypte. En plus de ses nombreux articles, elle a coordonné divers ouvrages scientifiques dont Mémoires d’Orient. Du Hainaut à Héliopolis et Héliopolis, écrit en collaboration avec Anne Van Loo en 2010 et a conçu de multiples expositions. Désormais retraitée, elle reste investie dans les projets respectivement européen et belge Education in Museum Studies et Pyramids & Progress (EOS). Spécialiste de l’Égypte antique, Florence Doyen a fondé en 1987 l’association Egyptologica avec des collègues antiquistes et orientalistes. Autant à l’aise en conférencière qu’en guide de collections permanentes, d’expositions temporaires ou de monuments historiques, elle est, depuis plus de deux décennies, collaboratrice scientifique à l’Université libre de Bruxelles où elle a notamment fait ses études. Quand elle ne participe pas à des fouilles archéologiques en Égypte ou au Soudan, elle poursuit ses recherches sur l’habitat domestique en Égypte ancienne. Ses travaux ont été publiés dansActa Orientalia Belgica,Lettres orientales, British Museum Publication on Egypt and Sudan et Ägypten und Levante. Une exposition à découvrir à la Fondation Boghossian (villa Empain) jusqu’au 18 août 2019. Trouvez plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : SOPHIE WHETTNALL – ETEL ADNAN Née en 1973 à Bruxelles, où elle vit et travaille, l’artiste multidisciplinaire Sophie Whettnall pratique la vidéo, la performance, le dessin et la peinture. Elle a obtenu le Prix de la Jeune Peinture en 1999 et jouit d’une reconnaissance internationale. Depuis les années 1990, son travail propose une réflexion sur les forces qui définissent notre relation au monde qui nous entoure, en les matérialisant et en les documentant. Sophie Whettnall se concentre entre autres sur la lumière. Elle en analyse la présence, les zones de passage et d’absence. D’une esthétique subtile, son œuvre à la fois sensible et puissante repose sur une tension dialectique et une tentative de faire dialoguer des concepts et des perceptions contradictoires : entre douceur et sensualité, yin et yang, féminité et masculinité, etc. Ses élaborations contribuent également en filigrane, de son propre aveu, à une forme de dévoilement autobiographique. Comme de coutume dans les expositions d’artistes bruxellois organisées à la Centrale, Sophie Whettnall a été invitée à choisir une artiste internationale pour exposer à ses côtés. Elle a sélectionné des toiles, dessins, aquarelles et gravures d’Etel Adnan. Au croisement de l’Orient et de l’Occident, l’œuvre de cette dernière, née à Beyrouth en 1925, s’imprègne de la richesse des terres chaudes, du soleil brûlant ou des montagnes escarpées et se pare d’un versant littéraire retranscrit en peinture, puisque la peintre est aussi écrivaine et a également collaboré avec des metteurs en scène pour le théâtre. Un événement à voir jusqu’au 4 août 2019 à La Centrale du mercredi au dimanche de 10 heures 30 à 18 heures. Plus de détails sur le site www.centrale.brussels Place Sainte-Catherine, 44 à 1000 Bruxelles
PORTRAIT DE NOTRE RÉDACTEUR THIERRYMARIE DELAUNOIS “L’écriture de mon sixième roman...je n’avais au départ aucun plan ni aucune véritable structure en tête et comme je bougeais constamment à cette époque-là (printemps - été 2014), je n’avais du coup avec moi qu’un bloc de feuilles et deux stylos ! Imaginez le travail qui a suivi, une fois le manuscrit entièrement rédigé à la main ! Je me souviens avoir débuté un jour l’écriture du premier chapitre sur le coin d’une table dans un Quick Restaurant bruxellois et avoir clôturé mon ouvrage également sur le coin d’une table mais d’une chambre d’hôtel parisien. Une seule scène en tête au départ, ensuite l’histoire s’est construite au fur et à mesure…” Thierry-Marie Delaunois, propos recueillis en novembre 2016, quelques jours après la parution de “Auprès de ma blonde” aux éditions Chloé des Lys. Inspiration, imagination, concentration et persévérance caractérisent le parcours pourtant semé d’embûches de notre auteur, à son actif onze publications. Sept romans de fiction, deux recueils, une pièce de théâtre dense et une nouvelle, une production investie d’une profonde humanité, la complexité des relations humaines au cœur de son œuvre, la fibre littéraire manifeste, son style en témoigne, son amour du dialogue et des répliques vives et spirituelles traversant l’ensemble de ses ouvrages tel une vague déferlant sur la plage à marée haute. Ses publications s’étalent sur une bonne douzaine d’années, sa plume ne jetant que rarement l’ancre. Mais qui est notre écrivain ? Né à Soignies (Belgique), fils d’un père philologue classique (UCL) et d’une mère régente germanique (+), ThierryMarie Delaunois présente un parcours peu ordinaire, sortant des sentiers battus. En effet la diversité de ses fonctions successives pourrait en étonner plus d’un: employé administratif, assistant de laboratoire clinique, rédacteur, assistant en informatique dans une école de promotion sociale, collaborateur au sein d’une société d’assurances, un temps représentant en articles diversifiés, rien ne semblait présager d’une future plume prolixe bien que notre auteur rédigeait déjà par intermittences de courtes réflexions et considérations dans le courrier des lecteurs de divers journaux locaux et nationaux. Avant le début de l’ère du numérique. Auteur, chroniqueur littéraire et événementiel (notamment des Rencontres Littéraires de Bruxelles se déroulant à l’Espace Art Gallery), depuis janvier collaborateur culturel au sein d’un magazine, membre du réseau Arts et Lettres fondé par Robert Paul et membre de l’Association des Ecrivains Belges de langue française (A.E.B.), Thierry-Marie Delaunois consacre actuellement une grande partie de son temps à la mise en valeur de nos Lettres dont il dit: “Véritable expression de notre profondeur et de nos émois face aux dérives et aux travers de notre monde, elles témoignent sans conteste de notre combat au quotidien sur tous les fronts et de notre survie, mission première: enseigner et transmettre!” Ses publications : -"Reflets”, suspense policier, éditions Bénévent, 2007. Deux jeunes femmes aux prises avec un assassin...et la police ! -”Troubles et incertitudes”, drame psychologique, éditions Bénévent, 2008. Arthur finira-t-il par succomber aux charmes de Chloé ? -”Y croire…”, drame romantique, éditions Bénévent, 2011. Un seul regard suffit-il pour tomber amoureux ? -”L’île joyeuse”, suite à “Troubles et incertitudes”, éditions Edilivre, 2013. Que dissimule la jeune Yin? Un souvenir traumatisant ? -”Raconte-moi Mozart…”, drame psychologique, éditions Edilivre, 2013. L’histoire d’une rencontre improbable.
-”Au fil d’Isis”, recueil de nouvelles et de poésie, éditions Edilivre, 2015. Qui est donc Isis de Saint-Cognac ? -“Auprès de ma blonde”, suspense psychologique, éditions Chloé des Lys, 2016. Un parc, un lac, une belle blonde, une tragédie imminente ? -”Les trois épreuves d’Isis”, recueil de nouvelles et de poésie, éditions Edilivre, 2017. L’odyssée tumultueuse d’une femme entre Paris et Bruxelles. -“Sur sa faim !”, pièce tragi-comique en trois actes, éditions Edilivre, 2018. Stéphanie et son mari se prennent la tête. Pour des broutilles ? -“Syncope”, nouvelle, éditions Lamiroy - Collection Opuscule, 2018. Deux sœurs jumelles de huit ans disparaissent subitement...un kidnapping ? -“Connectée”, drame psychologique, Les Associations Bernardiennes, 2019. Après avoir subi un choc sévère, Marie, seize ans, cherche le salut sur la toile. Un septième roman, dernière parution en date de l’auteur qui tente de nous faire prendre conscience ici des dangers liés à une utilisation abusive et inadéquate du numérique, particulièrement des réseaux sociaux. J’ai toujours eu en moi, paraît-il, la fibre littéraire mais le véritable appel ne s’est produit qu’en 2004 à la suite d’un dramatique événement qui m’a sérieusement marqué.” Peut-on lire sur un flyer consacré à l’auteur. Le lecteur qui connaît quelque peu l’œuvre de Thierry-Marie Delaunois ne peut ici qu’approuver : l’écriture est bel et bien l’une des voies qui semble le mieux correspondre à la personnalité de l’écrivain que l’on a qualifié par-ci par-là d’homme de lettres ou de l’être, et grand admirateur des auteurs classiques et de leur style, Thierry-Marie la suit à présent allegro non troppo, écoute et sensibilité au cœur. Peut-on toujours souhaiter bon vent à sa plume ? Robert Paul CONNECTÉE « Pâle, la mine inquiète, les cheveux en broussaille, Marie commençait à s’enfoncer : elle avait déjà oublié la mise en garde de son amie ainsi que le discours pourtant judicieux de Thomas sur les réseaux sociaux et leurs dangers. Debout dans son bus auprès de sa compagne de route, elle ne quittait pas des yeux son smartphone, l’autre l’imitant mais avec plus de détachement. La technologie numérique, un progrès considérable mais non sans incidence. Marie avait déjà eu vent de graves cas de dépendance ayant abouti au suicide mais elle pensait que cela ne pouvait qu’arriver aux autres, pas à sa propre personne ! Il n’y avait aucun danger, elle n’était pas déraisonnable … » « Connectée » un roman à placer entre toutes les mains ? Marie, seize ans, privée de père, hypersensible mais très bonne élève, et son premier smartphone...le bonheur à l’état pur en perspective ? Béatrice, sa mère, généreuse et le cœur à l’ouvrage, une femme fière et digne, tout pour sa fille...pour le meilleur ? Thomas, la belle cinquantaine, professeur de français et de morale, célibataire et seul, mission principale : l’écoute et le soutien...les valeurs à l’honneur ? Un énigmatique personnage vivant reclus, dont on ne sait rien ou presque ... dangereux ou inoffensif ? « Connexion, déconnexion, reconnexion, dérives, choc et drame, c’est au cœur d’une odyssée psychologique évoluant en crescendo que l’auteur nous entraîne… » (quatrième de couverture). Auteur de dix publications, chroniqueur, membre de l’Association des Ecrivains Belges de langue française, Thierry-Marie Delaunois cherche perpétuellement à mettre en valeur les relations humaines dans toutes leurs complexités. Leurs forces et leurs faiblesses. Les thèmes évoqués au cœur de son septième roman ? Le stress post-traumatique, une maladie de ce siècle toujours incurable et l’addiction aux réseaux sociaux. Extrait d’une première critique reçue : « ...foisonnant, entre rires et larmes, bonne humeur et sacrés coups de gueule, un roman qui aurait probablement inspiré Hitchcock par certains aspects… » Ed. Bernardiennes – 416 pages Claude David
PORTRAIT : DE NOTRE RÉDACTRICE SILVANA MINCHELLA Silvana Minchella est née dans un petit village du sud de l’Italie. Enfant unique et sans autre distraction que les éléments de la nature, son imagination l’a nourrie tout en la séparant des gamins de son âge. Elle était, se souvient-elle, une enfant différente des autres. A cinq ans, elle a suivi ses parents qui ont émigré en Belgique, pour venir s’installer à Bruxelles. Inscrite à l’école, elle a découvert l’univers des livres, la joie des bibliothèques et est parvenue à surmonter le choc de l’exil. De la lecture à l’écriture, le pas a été très vite franchi. Des contes pour enfants, des romans, des nouvelles, de l’humour et de la poésie, sa plume s’est essayée à tous les styles. A ce jour, elle a rédigé onze ouvrages, a participé à de nombreux collectifs et rédige chaque mois un billet pour Bruxelles Culture. Un de ses gros succès de librairie reste à ce jour le roman « Angela ». Qui se cache derrière ce prénom ? Une nuit de pleine lune, un bébé aux yeux clairs, le corps et le visage recouverts d'un voile de graisse, vient au monde dans un village où sévissent les superstitions et la sorcellerie. Sa famille tombe à genoux en s'écriant : « Dieu nous a envoyé un ange ! » Mais l'ange est une guerrière ... Silvana anime également un atelier d’écriture.
PORTRAIT DE NOTRE RÉDACTEUR MAURICE CHABOT Né en Vendée, Maurice Chabot a, tout au long de sa vie, cherché l'amour et la vérité. Dans un style direct, parfois poétique, il écrit que tout est possible à celui qui croit en l’existence. Avec une plume qui va à l’essentiel, il aligne une œuvre qui couvre plus de trois-quarts de siècle. Après avoir été moine, il quitte les ordres et s’engage dans le monde séculier, devient professeur de théologie, professeur de théâtre et metteur en scène. Il est le père de la comédienne et chanteuse Bénédicte Chabot (également membre du groupe Les vaches aztèques). Son dernier livre « Les chevauchées d’Alexis » est une autobiographie, dont il a volontairement brouillé certains éléments. Finalement, qu’importe la stricte vérité, puisqu’il entend avant tout parler du bonheur d’être entouré de gens qu’il aime, d’être proche des autres et de chercher le bonheur dans les joies authentiques du quotidien, sans prises de tête et par le prisme du dialogue.
PORTRAIT DE NOTRE RÉDACTEUR MICHEL LEQUEUX Michel Lequeux fait ses premières armes de professeur de français en Algérie, où il peaufine sa connaissance de l’arabe littéraire et de la civilisation musulmane. Il y passe quelques années. Revenu en Belgique, il enseigne le latin, le grec puis le français. Il s’occupe, en parallèle, du cinéma dans la revue Grand Angle où il apprend le métier de critique de film, et il poursuit dans divers autres périodiques comme Belgique n°1, Vlan ou Astuces Forestoises. Il fut aussi pendant vingt ans le rédacteur en chef de Français 2000, la revue de la Société belge des professeurs de français. Sa retraite prise après trente ans de carrière, il s’adonne avec passion aux voyages de découverte en Tunisie, en Egypte, en Inde et dans le Sud-Est asiatique, où il visite la Thaïlande et le Vietnam. Il rédige des récits de voyage sur ces pays qu’il parcourt seul, parfois avec un de ses fils. Il se passionne aussi pour les langues orientales, comme le hindi ou le thaï, qu’il étudie avant de faire chaque voyage. Car en baragouinant ces langues, il se rapproche mieux des gens qui l’accueillent. Il savoure ces rencontres avec les autres. Michel Lequeux écrit pour Bruxelles Culture depuis 2016 en couvrant musées, expositions de peinture, folklore, théâtre et cinéma. Il est devenu ainsi votre Monsieur Cinéma, renouant avec ses premières activités. Il a collaboré par ailleurs à la trilogie sur le Western italien avec Jean Lhassa.
L’HÔTEL COMMUNAL DE SAINTGILLES : UN ÉCRIN À VISITER ! Il y a peu, la commune de Saint-Gilles célébrait ses huit cents ans d’existence et fêtait l’événement en grandes pompes. L’occasion de revenir sur son magnifique hôtel communal, conçu dans des matériaux nobles et en faisant appel aux meilleurs artistes de l’époque. En 1896, l’idée a été avancée de bâtir un prestigieux édifice pour abriter les réunions du collège et les locaux administratifs. Suite à un appel à projet, une vingtaine de propositions ont abouti sur la table de travail de l’échevin Maurice Van Meenen, à la base de l’initiative. Concrètement, il s’agissait de doter l’ancien hameau, passé en moins d’un siècle de cinq mille à plus de soixante mille habitants, d’une maison communale digne d’eux et de répondre aux besoins d’une population croissante, dont l’augmentation démographique correspondait aux grandes avancées d’une industrialisation galopante. Une ancienne sablonnière était l’endroit rêvé. Les plans de l’architecte Albert Dumont, dont les locaux étaient établis non loin de là (au numéro 17 de la rue d’Ecosse) ont été retenus. Il a seulement été demandé de veiller à quelques aménagements particuliers. Autodidacte, ce dernier s’était formé en assistant son beau-frère Auguste Hebbelynck, qui lui avait fait rencontrer Henri Beyaert, spécialisé dans l’architecture de style néoRenaissance flamande. Adoptés par le collège et après quelques adaptations souhaitées par les autorités locales, les travaux ont débuté en juillet 1990 pour s’achever quatre années plus tard. Il a été raconté que la nature du sous-sol a entraîné maintes complications, toutefois fort rapidement circonscrites. Quant aux matériaux, rien ne semblait assez beau pour satisfaire l’envie de doter l’endroit d’un bâtiment luxueux : pierre blanche, granit rose, marbre, etc. L’inauguration s’est déroulée en juillet 1904, avec feu d’artifice, illuminations, concerts, défilé des sociétés locales et parade scolaire. A son tour, le public a eu l’opportunité de découvrir cet écrin flambant neuf durant trois jours. Il lui a cependant été demandé de payer la somme de dix centimes pour le visiter. Le montant récolté a ensuite servi à alimenter la caisse des pauvres de la commune. Considéré comme l’un des fleurons architecturaux de la capitale, l’Hôtel communal de Saint-Gilles s’inspire de la Renaissance française et est bâti sur un plan symétrique. Il enserre une cour d’honneur et se prolonge de deux ailes en arc de cercle. Outre le jeu décoratif dû à l’alternance de plusieurs matériaux, de divers volumes et de multiples détails ornementaux, il a été fort vite décidé de passer commande d’œuvres originales aux sculpteurs les plus en vue. Vingt artistes ont été approchés pour concevoir le décor extérieur, dont Ferdinand Schirren, Eugène Canneel, Paul Dubois, Godefroid de Vreesen Jacques Marin, Alfred Crick, Joseph Baudrenghien, Egide Rombaux, Léon Vogelaar et Jef Lambeaux. Quant à l’intérieur, il permet de retrouver la signature d’Isidore De Rudder, Alfred Cluysenaar, Albert Ciamberlani, Omer Dierickx, Fernand Knopff, Eugène Broerman et énormément d’autres. Véritable musée ouvert du lundi au vendredi, l’Hôtel communal de Saint-Gilles est le reflet d’une période d’opulence, où la vie n’était certes pas facile pour tout le monde, mais au cours de laquelle beaucoup de choses étaient en train de se mettre en marche pour permettre à la capitale d’entrer dans le XXe siècle : celui de la modernité et du « tout est possible », avec de notoires améliorations sur le plan social, économique et sanitaire. Place Maurice Van Meenen à 1060 Bruxelles Daniel Bastié
HISTORIQUE DU MUSEE D’ART FANTASTIQUE DE BRUXELLES La Maison « Bis-Art Bizzare » a vu le jour en 1989 dans le cadre de l'animation « Été-Jeunes ». Michel Dircken et Michel Souren, qui travaillaient alors comme animateurs à la Maison des Jeunes d'Etterbeek, ont reçu un micro budget pour réaliser une animation durant les vacances d’été. Enthousiastes, ils ont décidé de fabriquer quelques objets et un décor fantasmagorique, en laissant vagabonder leur imagination. Après une quinzaine de jours de montage et dix d'exposition, une cinquantaine de personnes ont vu leur travail. Dès lors, ils ont décidé d’offrir de l'ampleur à cet événement, d’obtenir un budget propre, de démarcher la presse écrite, la radio et la télévision, etc. De l’huile de coude, de la sueur, des engueulades et des fous rires, sans oublier la déglutition d’un nombre indéterminé de canettes de bière. En 1996, trois mois de montage ont été nécessaires pour réaliser leurs nouvelles idées avec une exposition qui s’est étalée sur huit semaines. 1997 s’est avérée une année de transition, tant sur le plan logistique que pratique. La plupart des manifestations ont été organisées au Clos des Arts dans les Anciennes Glacières à Saint-Gilles. C’est ce moment que Michel Dircken a choisi pour monter la pression d’un cran. Réfugié au dernier étage de son habitation de la rue Américaine (à deux pas du Musée Horta !), il a transformé les autres niveaux en un espace étonnant. Cet endroit, entièrement dédié à l'art fantastique, offre depuis aux visiteurs un aperçu parfois baroque, souvent pointu et un chouia surréaliste des créations étranges et actuelles. Evidemment, un soin particulier a été apporté aux détails. Depuis, de nombreuses expositions et de multiples événements y ont été organisés, tant pour les enfants que pour les adultes. Pour savoir ce qui s’y déroule, nous ne pouvons que vous inviter à consulter régulièrement le site www.fantastic-museum.be écrivain Rue Américaine, 7 à 1060 Bruxelles Sam Mas
L’ANNIVERSAIRE DE VOTRE ENFANT AU CENTRE D’ART FANTASTIQUE L’anniversaire de votre enfant approche et vous n’avez aucune idée pour lui offrir une surprise dont il se souviendra longtemps. A cela, dix-sept ou vingt-cinq copains d’école doivent débarquer à la maison pour célébrer cette journée importante. Pourquoi ne pas envisager de faire appel aux services de l’équipe du Musée d’Art Fantastique et de faire entrer tous les invités dans un monde où l’étrangeté rime avec fascination, où le rêve se combine à la réalité, où les trolls et bestioles font la cour aux sorcières sorties des contes de fées ? Evidemment, il importe de rassurer les parents. Ici, rien d’effrayant et l’univers du Musée, comme celui du Centre d’Art Fantastique, se veut avant tout récréatif et bon enfant. Pas question d’être à la base de cauchemars. On rit et on s’amuse dans le monde des Sorcières ! Dès leur arrivée à 14 heures, les enfants visitent la collection permanente et essaient de répondre aux questions de la chasse au trésor pour remporter un badge personnalisable. De nombreux jeux géants (puissance 4 / Puzzle et Tic Tac Toe) permettent ensuite aux membres du groupe de s’affronter lors de duels rigolos. Dans le local de la cafétéria, barbe à papa et autres sucreries diaboliques raviront petits et grands gloutons. Pour les monstres qui désirent danser la salsa du démon, un système de sonorisation est disponible (musique à amener sous forme de cd ou clef usb). Clou de l’après-midi (moyennant supplément et réservation) : les enfants peuvent assister au spectacle « Même pas peur ! » d’une durée de 45 minutes dans la salle de spectacle du CAF, un show humoristique en compagnie d’un pro de la scène. Plus d’informations via infomafcaf@gmail.com Rue de la glacière 18 à 1060 Bruxelles Daniel Bastié
CINÉMA : AFTER Impossible de laisser un phénomène de librairie sans adaptation hollywoodienne. Après « Harry Potter » et autre « Twilight », le cinéma s’empare de « After », rédigé sur smartphone par une jeune Texane nommée Anna Todd. Découvert par des millions de lecteurs enthousiastes, le récit se décline bientôt en cinq volumes qui s’arrachent en kiosques. Malgré les thèmes abordés (séduction, manipulation, sexualité), l’émotion ne décolle que rarement. On parle de la jeunesse actuelle et du monde estudiantin sans jamais chercher à révolutionner les codes du genre. Servi par Joséphine Langford et Hern Finnes Tiffin (neveu du comédien Ralph Fiennes), le long métrage se situe au niveau d’un feuilleton télévisé, sans rien transcender. Les acteurs sont charismatiques, la mise en scène efficace et le sujet d’une profonde actualité. Au demeurant : une romance plus soft que sulfureuse pour ados boutonneux en quête de pulsions. Le marketing a présenté cet opus comme étant un « Cinquante nuances de Grey » junior. A chacun de se forger un avis en allant le découvrir dans les salles. Comme il s’agit du chapitre 1, la suite est vraisemblablement déjà mise en chantier ! Paul Huet
CINÉMA : AT ETERNITY’S GATE Après l’exposition « Van Gogh : The immersive experience » à la Bourse de Bruxelles, voilà le dernier film de Julian Schnabel qui revient sur la fin de vie de Vincent Van Gogh. On y suit donc le peintre hollandais incompris par ses pairs, mais en osmose totale avec son art et communiant avec les paysages provençaux. Le long métrage alterne les instants de dépression et les moments de créativité intense. Comme il ne s’agit pas d’un biopic, le metteur en scène écarte l’hypothèse du suicide. Vincent ne se serait pas volontairement tiré une balle dans l’abdomen, mais aurait été victime d’un accident. Willem Dafoe (Jésus dans le controversé « La dernière tentation du Christ ») est bien entendu plus âgé que l’artiste qu’il incarne. Son visage buriné et ses expressions lui confèrent une allure hallucinée. On le sait, Vincent était un homme en souffrance, entièrement connecté à lui-même et qui est parvenu à trouver sa voie en s’engageant dans sa fragilité, ses fêlures et ses colères, tout en modifiant notre manière de contempler la peinture, la faisant entrer avec force dans une nouvelle ère : celle de la modernité ! Un film à découvrir en salle … Paul Huet
HOMMAGE À JEAN-PIERRE MARIELLE Les hommages ne se sont pas succédé et la chose est bien triste ! Jean-Pierre Marielle nous a quittés sur la pointe des pieds, atteint de la maladie d’Alzheimer. Elève du Conservatoire de Paris et intime de Claude Rich, Jean Rochefort, Jean-Paul Belmondo et Pierre Vernier, il a eu du mal à s’extirper des seconds rôles auxquels il a longtemps été abonné, gêné par une voix grave et un physique peu avenant. Les années 70 se sont avérées celles de la révélation et l’ont imposé avec « Les galettes de PontAven », farce grivoise de Joël Séria, avant de multiplier les prestations remarquées « « Un moment d’égarement », « La valise », « Calmos », etc.) Toute une époque ! Dès lors, il est devenu la coqueluche des metteurs en scène, prisé pour son bagout et ses facultés à camper les Dom Juan de bazar, les escrocs minables ou les obsédés sexuels. Alain Corneau lui a offert en 1991 la reconnaissance de toute la profession en l’engageant pour le drame biographique sur la vie de monsieur de SainteColombe (musicien du XVIIe siècle) : « Tous les matins du monde », succès inattendu au box-office et qui a valu au comédien d’être nommé aux Césars. Prix qu’il n’a finalement pas remporté. Sur le plan privé, il a mené depuis plusieurs décennies une relation privilégiée avec l’actrice Agathe Natanson. Amoureux des mots et de la vie, il rendait chaque réplique truculente et jamais vulgaire. Avec lui, c’est tout un cinéma qui s’éteint. Adieu, l’artiste ! Daniel Bastié
CINÉMA : ZOMBI CHILD Drame de Bertrand Bonello, avec Louise Labèque, Wislanda Louimat, Adilé David, Bijou Mackenson et Katiana Milford. France 2019, 103 min. Sortie le 12 juin. Résumé du film – Haïti, 1962. Un homme est ramené d’entre les morts pour être jeté dans une plantation de cannes à sucre où il travaille comme un forçat, en ayant oublié qui il était. Cinquante-cinq ans plus tard, une jeune Haïtienne, accueillie dans un pensionnat de Paris après le tremblement de terre de Port-au-Prince, confie à ses camarades de classe le terrible secret de sa famille pour faire partie de la « sororité » littéraire. Elle est loin d’imaginer que ce secret va bouleverser la vie de sa meilleure amie Fanny, en proie à un chagrin d’amour, et lui faire commettre l’irréparable. Commentaire – Ce secret est celui de son grandpère Clairvius Narcisse, transformé en mortvivant durant dix-huit ans. Soumis aux travaux forcés, dans cet état d’hébétude profonde où l’a plongé un ensorcellement maléfique. C’était déjà le sujet de l’Emprise des Ténèbres de Wes Craven (1983), avec le même personnage zombifié auquel Bertrand Bonello revient dans un drame qui tient plus du documentaire que du film d’épouvante. Le réalisateur français de l’Apollonide et Nocturama signe également le scénario et la musique originale du film. Tourné vite et à petit budget (1,5 million d’euros), présenté à Cannes dans la Quinzaine des réalisateurs, Zombi Child alterne des scènes filmées en Haïti, dans les plantations avec les zombis devenus esclaves, et les scènes à Paris, dans le pensionnat où la jeune Mélissa évoque peu à peu l’histoire de sa famille. Ce montage en parallèle explicite les images du grand-père soumis à l’emprise des croyances de l’au-delà. Cette emprise se prolonge chez la jeune fille, hantée par l’esprit du mal, et chez sa tante, une prêtresse mambo, toutes deux arrivées à Paris après le tremblement de terre qui détruisit Haïti en 2010 et fit cohabiter les vivants et les morts dans une inquiétante proximité (on a dénombré plus de 300 000 cadavres dans les décombres de la ville). Le film mêle les séances privées des lycéennes qui se réunissent la nuit pour le rituel des « sororités » autour des bougies et des masques de la Toussaint, et les rites du vaudou qui plongent les mortsvivants dans un coma profond pour en faire les esclaves de la nuit – cette nuit opaque qui rythme tout le film. L’histoire en devient hybride, un peu gâchée car trop morcelée, trop discontinue, même si les deux parties finiront par se rejoindre. Mais ça manque de transition à cause du montage. La dernière scène nous montre à l’œuvre les esprits du mal qui se déchaînent. « En rapprochant deux choses, on en produit une troisième qu’on ne connaît pas », explique le réalisateur. Il en reste un goût d’inachevé : la jeune Fanny échappera-t-elle au démon qui s’est emparé de son corps et l’a laissée inanimée à côté de la tante mambo qui l’avait envoûtée ? Quelques lignes en post-générique nous apprennent que le grand-père de Mélissa, une fois guéri de la possession, a pu regagner la ville des années plus tard et qu’il a recommencé sa vie auprès de sa femme. Mille zombis (mot créole ne supportant pas le e des morts-vivants américains) disparaissent ainsi dans la nature, chaque année, en errant comme des âmes en peine. Louise Labèque et Wislanda Louimat sont de jeunes débutantes, envoûtées par leur rôle qu’elles tentent de nous faire partager. Avis – Plus un documentaire qu’un film d’épouvante façon Wes Craven, qui savait y faire. A rallonge, avec un côté ethnographique, voire didactique, qui plaira aux amateurs du vaudou et laissera les autres insatisfaits. Michel Lequeux
CINÉMA : PACHAMAMA Film d’animation de Juan Antin, avec les voix d’Andrea Santamaria, India Coenen, Saïd Amadis et Marie-Christine Darah. Musique de Pierre Hamon. France 2019, 72 min. Sortie le 12 juin. Résumé du film – Tepulpaï et Naïra, deux petits Indiens de la Cordillère des Andes, partent à la recherche de la Huaca, une statuette protectrice de leur village qui a été confisquée par les Incas. Leur quête dans les montagnes les mènera jusqu’à Cuzco, la capitale du Grand Inca, fils du Soleil, que menace l’arrivée des conquistadors assoiffés d’or. Commentaire – Moyen métrage d’animation destiné aux jeunes enfants et à leurs parents, qui s’amuseront avec ces images leur révélant la civilisation amérindienne. Pachamama est le second film de Juan Antin, réalisateur argentin féru de physique et d’informatique, qui a choisi la voie de l’animation pour faire partager sa passion : l’écologie en faveur de notre planète. Son film est une fable avec deux jeunes enfants qui affrontent la conquête des Incas, puis celle des Espagnols, pour sauver la Pachamama, la terre-mère nourricière à qui il faut rendre ce qu’elle a donné, dans un cycle d’échange de dons permanent. Le réalisateur avait envie de raconter aux enfants que ce cycle de l’échange fut rompu par les conquistadors espagnols, qui n’étaient pas les héros encensés par l’Histoire mais des voleurs d’or et de terre. Son attachement à l’écologie est inscrit dans la culture des peuples amérindiens pour lesquels tout l’univers est tissé comme une immense toile d’araignée. Si on touche à un fil, toute la toile bouge et l’araignée centrale, correspondant à la Pachamama, doit colmater la brèche. C’est donc un film chamanique fait pour guérir les nombreuses blessures de l’Histoire. L’idée était aussi de montrer une conquête se juxtaposer à une autre, celle des Incas qui avaient d’abord conquis l’Argentine avant d’être écrasés par les Espagnols avec « leur peau de métal et leurs bâtons de feu ». Tout cela est dans le film, rythmé par nos deux petits Indiens en route vers Cuzco, au Pérou, pour récupérer le totem et ramener ainsi l’équilibre dans leur village grâce au chamane qui a pris l’apparence d’un condor. Mais on voit que la nature peut se venger du mal qu’on lui fait, avec le volcan qui se réveille et le feu qui jaillit et ravage les champs. Les visages des deux petits héros ont les yeux plats, en amande, comme les chamanes dessinés sur les poteries anciennes qui ont inspiré le film. De très jolies images où dominent le rose et le violet pour donner ce ton crépusculaire qui annonce la fin d’une civilisation. Emploi des couleurs chaudes dans le décor du village, alors que les couleurs de Cuzco sont beaucoup plus froides. La musique andine, créée par Pierre Hamon, y ajoute la magie du vent et les cris des oiseaux sortis des vases siffleurs qu’on a retrouvés. Ce sont des récipients en céramique qui contiennent de l’eau, et quand on les incline, l’eau pousse l’air d’un bulbe à l’autre en produisant un sifflement caractéristique qui vous rappellera la musique des Andes, assortie des fameuses flûtes. Avis – Courez voir Pachamama avec vos petits à partir de 6 ans. Ils ne le regretteront pas, et vous non plus. Beauté des images et de la morale qui s’en dégage. Michel Lequeux
TIGNASSE ÉTOILE “Egon Schiele. Je titube. Comment as-tu pu aller jusque-là, à la frontière, non, pas de frontière dans ce qu’on appelle l’âme humaine avec son cirque et sa tragédie. Tu me fracasses. Non, tu me lances un défi démentiel ! Transfigurée. J’irai jusqu’au bout moi aussi, bête Jacinthe brune, mais avec un noyau de feu. Et rien ne fera obstacle.” Quel est ce défi ? Qu’est-ce qui motive ainsi notre Jacinthe aux yeux brun fleur fanée ? Roman d’une grande originalité d’une auteure vivant passionnément l’écriture et aimant s’aventurer dans tous les genres littéraires, “Tignasse étoile” de Evelyne Wilwerth nous invite à suivre une gamine de huit ans dans sa quête de vérité et la genèse de sa vie d’artiste, délires, révoltes et humour en chemin, s’alliant pour le meilleur; entourent sa tignasse étoile Clarisse, sa mère “étrangère” à la vie de ministre, Fabrice, son père “merveilleux à 75%” et professeur de français, également Jotrand, son singulier ami et camarade de classe. Les branches d’une étoile, avec Opaline et Pascal, dont elle serait le cœur. Mais un inquiétant secret plane au-dessus d’elle, un infernal nuage qui n’arrête pas de la surplomber et de la plomber, la gênant considérablement dans son développement mais cela n’empêche finalement pas notre héroïne de chercher la vérité, se chercher, se planter, réussir, vivre ! Nous plongeons, captivés, dans sa vie jusqu’à son 25ème anniversaire et cet instant où elle jaillira. “On va au contraire se hausser et prendre son envol. Comme la naissance du monde. Genèse. Matrice. Ma matrice.” Le parcours de Jacinthe, qui déteste en fait son prénom, nous est conté par une Evelyne Wilwerth joliment inspirée, le drôle et le plus sérieux se côtoyant, les scènes, contrastées, se succédant, parfois intenses, parfois plus légères, carnets, dessins et croquis évoluant mais il y a finalement un manque ! Un véritable manque ! De quel ordre ? Vraie boule de feu, Jacinthe tente de se construire, soutenue par la jeune et belle Opaline et Pascal, son oncle galeriste ! Ceux-ci lui permettent d’aller plus loin, “encore plus loin, au plus profond, pour jaillir, après, jusqu’à la cime.” “Tignasse étoile”, pure roman-biogra-fille ? Loin de là ! Une oeuvre au ton assuré, narration et dialogues pétillant, proche du théâtre, la passion de Evelyne Wilwerth qui aime également éveiller la créativité des autres au sein d’ateliers d’écriture ou lors de ses rencontres. Du Wilwerth dans la vibrante personnalité de Jacinthe ? Assurément ! “Tignasse étoile”, le roman d’un cheminement pas piqué des vers ! Editions M.E.O. - 164 pages Thierry-Marie Delaunois
SIMENON, LE BONHEUR À LA ROCHELLE De 1927 à 1940, Georges Simenon vit à La Richardière (Marsilly). Durant cette période, il créé le personnage de Jules Maigret, tout en voyageant un peu partout dans le monde (dont l’Afrique) et en poursuivant à un rythme effréné la rédaction de ses romans. Assoiffé de vie, impatient comme un mouvement perpétuel et séducteur impénitent, il commence à se faire un nom et l’argent se multiplie grâce aux droits d’auteur. Pour Michel Carly, spécialiste de son œuvre, La Rochelle correspond à sa première période de maturité. Sur le clavier de la machine à écrire surgissent des destinées que l’écrivain force avec talent, allant au plus profond de la nature humaine, s’amusant à disséquer les strates de la société pour accéder à chaque étage de la pyramide sociale. Autant que les livres qui se sont accumulés durant cette période d’avant-guerre, le biographe nous parle de l’artiste avec toutes ses contradictions, ses bonheurs, ses désarrois, ses instants de terrible abattement mais, également, ses secrets. Il semble régi par un principe : celui de la mobilité. Pourquoi faut-il impérativement s’engoncer dans un système, alors que l’existence présente mille félicités et que la tentation se situe à chaque coin de rue ? Faut-il s’abimer dans le couple ? Avec Régine, son épouse, il vient de traverser une zone de turbulences. Désormais, il sera fidèle à l’infidélité conjugale, prêt à sauter sur chaque opportunité. Depuis, on lui a prêté des centaines de liaisons (dont Joséphine Baker), des femmes qu’il a sincèrement aimées ou qu’il a considérées comme de simples objets sexuels. La Rochelle correspond aussi à un cycle intense d’écriture, à son engagement en faveur des réfugiés belges lorsque les Allemands envahissent la Belgique en 1939. De ces années, on retient enfin quelques chefs-d’œuvre tels que « Le testament Donadieu », « Le fou de Bergerac », « Les inconnus dans la maison », « La veuve Couderc », et, parmi beaucoup d’autres, « La maison du juge » Ed. Omnibus – 236 pages Daniel Bastié
BOUGAINVILLE, L’HISTOIRE SECRÈTE Louis-Antoine de Bougainville, né en 1729 à Paris et décédé en 1811 dans la ville qui l’a vu naître, fait partie des grands navigateurs et explorateurs du XVIIIe siècle. On lui doit le premier tour du monde mené par un officier français. On a oublié que les bougainvilliers (fleurs découvertes au Brésil) ont été baptisés de son nom, afin de lui rendre hommage et ce par le botaniste Philibert Commerson qui l’accompagnait en mission. A la tête d’un navire, il a entrepris la première expédition scientifique de son temps. On se doute que son existence n’a pas été un long fleuve tranquille. Lorsqu’un conflit a éclaté au Canada avec les forces britanniques, il s’est porté volontaire pour défendre la couronne de France. Lorsque Louis XV a abandonné la colonie, il s’est fait un devoir d’offrir aux habitants une nouvelle terre et a brigué les Malouines. Mal lui en a pris, car les Espagnols comptaient y établir un comptoir. Mécène, aventurier, horticulteur, ethnologue, marin et soldat, sa vie peur être appréhendée sous de multiples aspects. Aujourd’hui, encore, l’homme demeure partiellement un mystère malgré les journaux, lettres, carnets de bord et récits divers qu’il a légués. Dominique Lebrun revient sur ce personnage digne des meilleurs films hollywoodiens et nous parle de ses préoccupations, de son enthousiasme, de sa curiosité et de son souci permanent de liberté. A travers une documentation d’époque, il raconte une épopée formidable qui sent l’exotisme, la poudre des canons et l’odeur des embruns. Une biographie qui ose abandonner le style docte de certains historiens pour se concentrer sur une vie extraordinaire, qui continue d’apporter du rêve à sa seule évocation. Ed. Omnibus – 576 pages Paul Huet
LA BOÎTE NOIRE Au japon, le viol demeure un sujet tabou. Personne n’en parle et porter plainte revient à se suicider socialement. Pourtant, Shiori Ito brave le regard de ses proches et dénonce celui qui a osé la malmener. A visage découvert, elle raconte son histoire. Celle qui l’a mise en présence de monsieur Yamagushi, directeur d’une grande chaîne de télévision et ami du Premier ministre. Après une soirée au restaurant pour parler boulot, elle perd connaissance et se réveille dans une chambre d’hôtel en train d’être violée par son supérieur hiérarchique. Au poste de police, elle est déboutée et les médias préfèrent ne rien entendre. Plutôt que de courber l’échine, elle enfonce les portes et maintient sa version. Journaliste, l’auteure narre chaque étape de son combat. Les intimidations dont elle a été victime, le mystérieux coup de téléphone du chef de la brigade criminelle proche du pouvoir et l’annulation de l’arrestation du suspect. Finalement, la justice prononce un non-lieu. « La boîte noire » dénonce les violences sexuelles subies par les femmes au Japon, ainsi que l’impunité dont les hommes font l’objet. La presse internationale s’est émue de son témoignage et lui a consacré plusieurs articles. La BBC s’est même fendue d’un documentaire diffusé en 2018. Un livre choc ! Ed. Picquier – 240 pages Amélie Collard
TEMPÊTE ROUGE Dès la moitié du XXe siècle, la Chine s’empare du Tibet et la place sous sa férule. Le peuple est humilié et la communauté internationale se tait. A la fin des années 50, une communauté de pasteurs nomades se révolte contre la mainmise étrangère. La réplique ne tarde pas. La population est décimée, les terres confisquées et les survivants envoyés dans des camps de travail. Violences quotidiennes, famine et iniquités rythment vingt années épouvantables. Que s’est-il vraiment passé en Ando ? Les rares rescapés (aujourd’hui extrêmement âgés) témoignent avant de disparaître les uns après les autres, tandis que les historiens chinois occultent cette partie de l’Histoire. Dondrup Tsering revient sur cette période tragique et raconte l’inénarrable sous forme romanesque. Peut-être parce que la Chine interdit actuellement toute enquête sur les faits relatés ? Sans doute également parce que cette technique littéraire atténue les coups de la censure et qu’elle va au cœur des lecteurs ? Néanmoins, on le sait, même adaptée légèrement, la tragédie demeure écrite dans le sang des hommes et transmet son pouvoir d’évocation pour ne pas oublier autant que pour faire en sorte que de pareilles exactions ne se reproduisent jamais. Ed. Picquier – 184 pages André Metzinger
NEIGE ROUGE L’intolérance religieuse se trouve au cœur de ce récit troublant. Alors que le roi catholique espagnol Philippe II accède au trône, il réitère ses menaces contre les princes protestants. La résistance s’organise, prête à en découdre avec le pouvoir central. Dans ce contexte particulier et en Hollande, la belle Lideweij Feelinck fait appel à un médecin renommé pour prendre soin de la santé de son père. Très vite, le docteur Andries Griffion succombe à son charme et lui déclare un amour aussi vif que sincère. Leur passion éclate au grand jour. Toutefois, le jeune homme adhère à la Réforme et cela pose d’évidents problèmes à la famille de la demoiselle. Poussée à s’interroger sur l’opportunité ou non de poursuivre cette relation sentimentale, cette dernière remet entièrement en cause les fondements de sa foi. Simone van der Vlugt revient sur un pan de notre histoire, tandis que crépitent les bûchers de l’Inquisition et que les bourreaux s’apprêtent à soumettre les récalcitrants à la torture. Avec une écriture pleine de sensibilité et un soin porté aux détails, elle dresse le portrait d’une jeune femme téméraire et appelée à s’épanouir dans ce qu’elle possède de plus intime, en suivant ses convictions plutôt que de s’accrocher aux dogmes autant qu’à la tradition. Déchirée entre les siens et l’amour qui s’est présenté à elle, elle n’a pas d’alternative que celle de suivre son cœur. Affirmer ses désirs devient un challenge de tous les jours, alors que la menace rôde partout. Un roman feuilletonnesque de bon aloi qui maintient le tempo jusqu’au dernier chapitre ! Ed. Philippe Rey – 510 pages Daniel Bastié
LA LIBRAIRIE DES CŒURS BRISÉS Dans une bourgade perdue au milieu de nulle part, Hannah Babel, une Hongroise juive rescapée des camps de la mort, débarque sans crier gare. Nous sommes en Australie et la seconde guerre mondiale vient d’étouffer ses derniers cris de douleur. Sorte d’OVNI pour les gens du coin, elle leur apprend que les siens ont péri à Auschwitz et que, malgré les horreurs qu’elle a traversées, elle doit continuer à vivre. Son intention consiste à ouvrir une librairie. Du jamais vu dans la région ! Pour ce faire, elle peut compter sur l’aide de Tom Hope, paysan généreux qui élève des moutons et s’occupe d’un verger. Seul avec un enfant qui n’est pas le sien, ses jours ont également été traversés par maintes turbulences. Abandonnés à une solitude qui les lamine, tous deux se rapprochent l’un de l’autre sur la pointe des pieds. Quel avenir possèdent-ils en commun ? Robert Hillman nous parle de résilience et du droit au bonheur. Avec poésie et tendresse, il nous raconte l’attirance unissant deux écorchés, qui aspirent à revivre pour exulter et qui savent que les ornières se creusent tout au long du chemin qu’est le passage de chaque être humain sur terre. La capacité de l’auteur à sublimer les petits riens fait de cet ouvrage une réussite totale, qui traite autant d’amour que de rédemption. « La librairie des cœurs brisés » est certainement le livre à lire pour se réconcilier avec le monde. Un récit qui prend au cœur, sans formules vaines. Ed. Philippe Rey – 334 pages Sylvie Van Laere
LE PIÉTON DE FLORENCE Dominique Fernandez est membre de l’Académie française. On lui doit une soixantaine d’ouvrages, tous genres confondus, passant du roman à la nouvelle. Avec « Le piéton de Florence », il nous parle de la magnificence d’une cité qui, jadis, a été le centre des arts, avec des génies évoluant dans tous les domaines. Sous les Médicis sont nés les plus insignes d’entre eux : architectes, dessinateurs, peintres, sculpteurs, compositeurs, etc. Si on compare cette ville à d’autres, on est immédiatement convaincu qu’elle demeure la plus belle, fière de son passé triomphant et d’une élégance toujours présente dans les bâtiments qui abritent des chef-d ’œuvres de notre civilisation. Il convient toutefois de ne pas se fourvoyer, car l’auteur ne propose pas un guide destiné à concurrencer l’office local du tourisme. Pas de plan de ville ni de nomenclature ! Le lecteur est invité à suivre le rythme d’une marche forcément ralentie pour ne rien perdre de la beauté des sites traversé et des impasses lumineuses, évoquer la gastronomie et les musées pour, enfin, s’enthousiasmer avec nostalgie d’une époque révolue au sein de laquelle tout semblait bien mieux qu’aujourd’hui. Reflet du regard de l’écrivain, sa plume s’enflamme et multiplie les références, bondit et rebondit. Au croissement d’une statue ou d’une plaque murale, on célèbre le nom de Michel-Ange, Dante, Machiavel, Bronzino, Cellini et une kyrielle d’autres. L’opportunité d’évoquer leur gloire et ce qui leur a permis d’inscrire leur patronyme dans le marbre de l’Histoire. Successivement, on passe d’une époque à l’autre, mettant en opposition la capitale de la Toscane d’hier à celle d’aujourd’hui. Une promenade forcément instructive, jamais scolaire et qui génère des ravissements ! Ed. Philippe Rey - 200 pages Daniel Bastié
CE QUE JE PENSE Daniel Soumillion est ingénieur civil et licencié en histoire médiévale. Ni romancier ni écrivain, il a choisi l’âge de la retraite pour s’exprimer et évoquer ses expériences. Jamais, il n’a cru à une vérité unique. Il préfère parler d’idées à soumettre, faites de nuances et de facteurs épars. Dans le souci de faciliter la compréhension, il a évité l’académisme au profit d’un exposé le plus clair possible, afin d’émettre des avis, passant de la culture à la politique, des technologies à l’économie, etc. Bien entendu, il raconte son parcours depuis sa naissance à Bruxelles en 1937, ses études, son entrée dans la vie professionnelle. Sans avoir à prouver quoi que ce soit, il s’efforce de demeurer objectif, de respecter les faits et d’éviter la polémique. La sagesse tient dans l’art de dialoguer et forcer des portes n’engendre que de l’opposition, sans jamais rien bâtir. L’époque n’est pas à tricher ni à souhaiter démontrer, mais bien de dire avec honnêteté ce que la vie lui a appris. Les citations d’auteurs sont référenciées au minimum sans recourir à l’appareillage critique traditionnel. Ce recueil se définit davantage comme le fruit de la pensée d’un homme de bien, âgé de quatre fois vingt ans et qui regarde dans le rétroviseur pour parler d’une voix posée (mais ferme) aux nouvelles générations. 180° Editions – 260 pages Daniel Bastié
C’ÉTAIT POUR DE FAUX Dans la cour de récréation, les petites choses prennent parfois une ampleur insoupçonnable. Ainsi lorsque Bruno le crocodile tire sur le capuchon de Sophie la girafe, tout s’emballe. Même s’il affirme que c’était pour jouer … pour du faux. Partout, on se met à parler de cela. En classe, en rue, à la maison. Même à la télévision ! Au point de solliciter les spécialistes de tous bords. On élabore des statistiques, on dresse des tableaux, on oppose les versions. Au final et à force de palabres, personne ne parvient à se mettre d’accord. Alors, il arrive ce que chacun redoutait. Les uns se mettent à s’opposer aux autres, à monter sur leurs grands chevaux, prêts à en découdre. Chacun trouve une bonne raison d’accuser un tiers. Puis, sans mot d’ordre précis, une bagarre générale éclate. Conscient de la situation, Bruno confesse avoir tiré sur la capuche pour de vrai. Du coup, tout devient clair, les hostilités cessent et une immense fête est organisée pour célébrer la concorde retrouvée. Et pendant que tout le monde oublie la rixe de la veille, Sophie murmure à l’oreille de Bruno : « Tu sais, lorsque je t’ai dit que tu n’étais plus mon copain. Eh bien, c’était pour du faux ! » Voilà une belle histoire imaginée et illustrée par Maxime Derouen qui parle de l’univers des petits, d’une sphère où chaque chose peut parfois prendre une dimension incontrôlable et où les sentiments s’exacerbent au point d’oublier l’essentiel que sont l’amitié et le vivre ensemble. Ed. Grasset Jeunesse – 32 pages Daniel Bastié
LES VACANCES DE MON AMIE CARLA Carla est une petite chienne et son quotidien consiste à attendre sa jeune maîtresse. Aujourd’hui que débutent les vacances, elle sait qu’elle va profiter de la présence de celle qu’elle aime le plus au monde. Que faire ? Se promener, jouer, voyager, faire la folle ? L’occasion d’effectuer le tour du monde en s’imaginant vivre des aventures palpitantes, aller voir la famille, se baigner, nouer des relations, écrire des missives, édifier une cabane au pied d’un vieil arbre dans le jardin de grand-père. Les saisons passent avec un rituel plus ou moins semblable. Pourtant, malgré plusieurs semaines de détente et de félicité, le retour en classe reste un moment précieux. Celui durant lequel on retrouve les copains et les copines pour reprendre le rythme scolaire. Stépahen Kiehl a imaginé un récit simple, à la fois poétique et sensible qui décrit les congés d’une gamine et de son plus fidèle animal. Plutôt que de privilégier les phrases interminables, il s’exprime par des dessins à la fois simples et colorés. Plus qu’un récit continu, il s’agit de tranches de vie nourries de spontanéité. En cadeau à la fin du volume, quatre cartes à découper et qui pourront être expédiées aux amis restés au pays. Ed. Grasset Jeunesse – 64 pages Daniel Bastié
COUP DE CŒUR Patrick Delperdange est né à Charleroi, mais travaille à Bruxelles. Réputé pour ses scripts dans le domaine de la bédé, il est également un romancier acclamé pour ses ouvrages jeunesse. « Coup de cœur » reprend une formule qu’il adore. En l’occurrence : parler de l’univers des ados, avec toute sa complexité et ses élans fédérateurs. Cette fois, il met en scène Kristina, quatorze ans, qui tombe follement amoureuse du ténébreux Paolo. Plus moyen de les séparer ! D’autant plus que la jeune fille a décidé d’aider de toutes ses forces le garçon, puisqu’elle sait qu’il souffre d’une maladie cardiaque. Avec une écriture fluide, l’auteur parle des émois passionnés à l’âge de tous les possibles, sans fioritures et en allant directement à l’essentiel, porté par un style vif et des dialogues spontanés. Au fil des chapitres, le lecteur découvre que la réalité n’est pas toujours celle qu’on croit. Si Paolo mentait sur son état ? Et s’il était en train de jouer avec les sentiments ou s’inventait un rôle pour attirer l’attention ? On pense ici aux romans de Frank Andriat (période « La mer à boire », « Rue Josaphat », etc.) et qui se veulent une description sensible de la sphère des pré-adultes, avec tout ce qui bouscule les protagonistes et qui les charrie dans leurs certitudes. Grandir revient le plus souvent à franchir des étapes et à se dépasser. On se met à songer à sa propre jeunesse. Ah, nostalgie ! Ed. Mijade – 284 pages Daniel Bastié
HACKERS 2 Le piratage informatique est un fléau. Casser des codes, percer les secrets des sites, forcer des portes qu’on ne doit pas franchir. Tout semble extrêmement facile pour Alex, un ado à qui tout paraît réussir. Bien sûr, pour rendre le récit passionnant, il faut entraîner le lecteur là où il ne s’attend pas. Suite à maintes démarches, le garçon a réussi à entrer en contact avec son père (mystérieusement disparu) et qui lui confie collaborer à un projet consistant à élaborer un certain type de codage pour ADNChaos, un groupe de pirates informatiques. Néanmoins, que souhaitent-ils faire du fruit de son travail ? Prêt à tout pour sauver son géniteur, Alex décide de s’introduire dans le système pour découvrir ce qui se trame. Ce roman plonge le lecteur dans les sphères du monde informatique et, très vite, embraie pour un suspense sans temps morts. Evidemment, chacun est amené à jeter un regard sur les dangers du système, à peser le pour et le contre et à découvrir (s’il l’ignorait !) qu’un hacker est un petit génie capable de se faufiler partout. Sorte d’Arsène Lupin moderne particulièrement mal intentionné. Ed. Mijade – 236 pages Daniel Bastié
HITLER ET LA MER Les révélations se succèdent et ne finissent pas d’étonner le lecteur lambda, même si énormément de choses ont déjà été écrites sur Adolf Hitler, le plus grand génocidaire du XXe siècle. FrançoisEmmanuel Brézet a choisi d’analyser les rapports que le père du nazisme entretenait avec la mer, un élément qu’il redoutait parce que non-maîtrisé. Aux combats navals, il privilégiait les affrontements terrestres et aériens. Lorsque la guerre a éclaté en 1939, la marine militaire allemande était loin d’avoir atteint son quota de bâtiments. Qu’importait ! Le leader de la nation promettait une victoire rapide et croyait que l’Angleterre demeurerait neutre. En 1943, lorsque l’amiral Karl Donitz a insisté pour encourager la fabrication de nouveaux sous-marins, il était déjà trop tard. En fait, le führer possédait une conception très personnelle de la Deutsche Taschenbruck der kriggenflotten et elle se résumait simplement à l’idée qu’elle devait être mieux bâtie que la flotte adverse. A cela, s’ajoutait le constat qu’elle avait moyennement servi lors de la Grande Guerre. Bien sûr, après l’humiliant Traité de Versailles, il incombait de redonner au pays un honneur qu’on lui avait confisqué et de construire des vaisseaux capables de rivaliser avec ceux qui chercheraient à leur entraver la route. Dans son esprit, les efforts devaient être focalisés sur les escadrons aériens et les chars d’assaut, alors que la population attendait des triomphes maritimes … qui se sont toujours fait attendre ! Avec une plume particulièrement bien documentée, l’auteur dessine l’histoire d’un rendez-vous manqué. Celle d’un leader et de sa flotte ! Ed. Perrin -358 pages André Metzinger
BONAPARTE André Castelot, historien notoire, est décédé depuis près de quinze ans. Chose qui n’empêche pas de republier certains de ses manuscrits attendus avec impatience par de nombreux lecteurs. Avec Alain Decaux, il a été l’un des grands vulgarisateurs de l’Histoire, capable de faire revivre de manière très vivante certains passages peu ou mal connus. Edité en 1967, « Bonaparte » reste à ce jour une référence, richement documenté et qui retrace le parcours exceptionnel d’un petit caporal devenu empereur de France. De l’enfance corse au sacre, en passant par la conquête d’Egypte et l’Italie, ce livre nous entraîne au galop dans les sillons du passé. Un destin formidable dont il a fallu choisir certains épisodes. Ici, il n’est pas question d’analyser l’épopée russe, Waterloo, l’exil, etc. Le récit s’achève dans le chœur de Notre-Dame, alors que Napoléon tourne volontairement le dos au Pape et pose calmement la couronne sur sa propre tête, afin d’afficher son indépendance totale par rapport à l’Eglise. Les chapitres rassemblent des images foisonnantes, qui racontent de quelle manière un homme (assez ordinaire à la base) s’est frayé une voie pour accéder aux plus hautes marches du pouvoir. On demeure admiratif, même si on sait que le désir de conquêtes a engendré bien des malheurs en Europe, avec des champs de bataille qui se terminaient en charniers. Ed. Perrin – 542 pages Daniel Bastié
ABÉLARD, HÉLOÏSE ET BERNARD La société médiévale du XIIe siècle est secouée de remous et de violence. Là comme ailleurs, les sentiments s’expriment avec force. L’histoire vraie d’Héloïse et Abélard sous le règne du roi Louis VI se résume à celle d’une passion charnelle qui se transforme en un lien indéfectible empreint de spiritualité, malgré les épreuves traversées. Héloïse, née en 1100, est élevée et instruite à l’abbaye d’Argenteuil, monastère réservé aux femmes, puis à la cathédrale Notre Dame de Paris où son oncle est chanoine. Jeune nonne pertinente, sa vivacité d’esprit et sa beauté sont troublées par la présence d’un nouveau professeur, Pierre Abélard, philosophe, intellectuel surdoué, dialecticien et, de surcroît, séduisant. Admiré par tous, ce dernier entreprend de rationaliser la foi et d’en dissiper les mystères par la dialectique. Son objectif part de l’idée qu’il importe de comprendre pour mieux croire. De son côté, le futur saint Bernard, pratique un ascétisme rigide, hostile à la libre interprétation, et encourage chacun à la rigueur et à la probité. Son autorité morale pèse sur certains dévots. Lorsque la liaison d’Héloïse et Abélard éclate au grand jour, le scandale est énorme. Le maître et l’élève s’aiment envers et contre tous. La passion les consume. Afin de punir le fautif, des sbires sont chargés de l’émasculer. Tous deux finissent respectivement dans un couvent, séparés l’un de l’autre, mais continuent de s’écrire. Cette passion n’a évidemment pas d’âge et, un peu comme le récit de « Roméo et Juliette », est devenue universelle. Dans leur tragédie, les deux amants puisent la source intarissable de leur relation bien au-delà du charnel. Georges Minois restitue ici la puissance dramatique de cette passion et insiste sur le poids des dogmes, de l’obscurantisme et l’ombre inquiétante qui planait sur la société, visant à étouffer toute velléité d’indépendance intellectuelle au profit d’une religion intangible et scellée par le clergé dans un socle d’acier. Autant que sexuelle, la relation d’Héloïse et Abélard se voulait chargée de réflexion et de philosophie, appelée à atteindre une apogée pour le bonheur de chacun des deux partenaires. Raison et religion peuvent-elles faire bon ménage ? Ed. Perrin – 432 pages Daniel Bastié
IL FAUT SAUVER LE MONDE LIBRE La démocratie n’est jamais à l’abri de revivre une dictature, doit faire face aux populismes et est constamment soumise à moult menaces venant de l’intérieur autant que d’ailleurs. Si notre système périclite, ce sera forcément un peu (beaucoup ?) de notre faute. Afin d’éviter le pire scénario, il importe de ne jamais baisser la garde, de se tenir en posture de vigie et d’être prêt à défendre nos libertés. Pour cela, il faut réapprendre les vertus, relancer la solidarité au centre de la société, éviter les clivages, refonder le pacte commun et revisiter les identités. Au fil des siècles, nous nous sommes assoupis dans une sphère de paix et de prospérité, sans prêter attention au fait que les victoires (parfois acquises au prix du sang !) ne possèdent rien d’intangibles. La séparation des pouvoirs, la protection des personnes, le droit à la propriété privée, le libre-arbitre, la sécurité juridique, l’accès aux soins et le vote démocratique ont balisé notre quotidien et demeurent les moteurs autant que les garants de notre développement. Avec la crise qui gonfle d’un vent mauvais la voile des nationalismes, on accuse nos dirigeants de laxisme et on prête l’oreille aux rumeurs, au désespoir et au laisser-aller. Nous agissons comme si nous avions oublié les leçons du passé, ce que nous devons à nos ancêtres qui ont lutté pour obtenir l’égalité entre citoyens et refuser les privilèges aux seuls nantis. En prenant du recul, nous percevons notre chance immense de vivre dans un monde qui a su s’appuyer sur ces matrices essentielles, afin de permettre à chacun de s’épanouir. Le drame revient à avouer que ces socles ne nous ont jamais trahis. A contrario, à force de perdre notre vigilance et par égoïsme, nous les avons honteusement piétinés. Un des grands défis du XXIe siècle revient à nous les réapproprier. Mathieu Laine lance un cri. Au lecteur de l’entendre ! Ed. Plon – 312 pages Daniel Bastié
AIMER NAMUR Capitale de la Wallonie, Namur est un hâve de paix bien connu des touristes pour sa citadelle, son beffroi et son centre historique. La visiter revient à s’attacher à sa richesse patrimoniale, à ses nombreux musées, à son folklore unique et à une existence tranquille rythmée par la Meuse et la Sambre. Ville deux fois millénaire, il est impossible de ne pas succomber au charme de ses ruelles chaussées de gros pavés et uniquement piétonnes, à la modernité qui jouxte l’authentique. Pour une escapade réussie, « Aimer Namur » se veut un guide parfait, rédigé pour les curieux autant que pour les amateurs de bonnes enseignes. Deux cents adresses à partager ont été recensées, passant de la gastronomie aux loisirs, de la culture aux boutiques de vêtements, etc. Chaque lieu est identifié par le truchement d’une photographie couleur représentative, illustré d’un commentaire succinct et un renvoi est automatiquement prévu vers le site Internet de chacun d’eux. On le sait, le Namurois est épicurien et aime les bonnes choses. Ce volume aisé à glisser dans une poche peut fort vite se révéler le sésame pour un week-end réussi ou une excursion d’un jour. Juliette Grégoire, journaliste freelance et Nanumoise de souche, a arpenté tous les recoins de la cité pour en extraire the best of the best. Un livre qui vous aidera à tout simplement à vivre des émotions inoubliables ! Ed. Mardaga – 225 pages Daniel Bastié
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS – COMMENT LES CERNER POUR S’EN PROTÉGER ? Que dire des perturbateurs endocriniens ? Insaisissables et multiples avec un effet dévastateur sur la santé, mieux vaut s’en prémunir. L'expression « perturbateur endocrinien » ou PE désigne toute molécule ou agent chimique composé ayant des propriétés hormono-mimétiques et décrit comme cause d'anomalies physiologiques et, notamment, reproductives. Pour aider le lecteur à circonscrire ces produits chimiques délétères, ce livre n’entend pas offrir de solutions toutes faites. Au contraire, il propose une construction progressive par la réflexion à travers des questions et objectifs envisagés. Sans connaissances médicales particulières, chacun est amené à partager son savoir pour adopter de bons réflexes. Parmi les ouvrages récents sur le sujet, plusieurs sont l’œuvre de praticiens insignes, mais souvent doctes pour le lecteur lambda. Ici, il s’agit plutôt d’une démarche interactive. Même inexpérimentées, les personnes disposant de certaines notions (souvent ignorées ou sous-estimées) font preuve de bon sens et de sagacité. Afin de tirer le meilleur parti de cette lecture, chaque chapitre propose une question et diverses propositions, invitant à effectuer des choix successifs pour, ensuite, accéder aux commentaires. Un passeur d’information se veut d’abord quelqu’un qui interpelle. La société a aujourd’hui, davantage que hier, besoin de relais pour relever ensemble les défis posés par les susdits perturbateurs endocriniens. Voilà un livre utile pour cerner le problème et se protéger ! Ed. Mardaga – 176 pages André Metzinger
LA CAVERNE VIDE Dans un futur proche, l’Europe s’est disloquée et de nombreux pays ont sombré dans le totalitarisme. Dans les Balkans, un parti nationaliste majoritaire a instauré un contrôle sectaire et envoie les indésirables dans des zones de rééducation ou les fait purement disparaître. Plusieurs familles se retrouvent confrontées à des évaporés. Dans ce contexte particulier, un journaliste américain débarque pour enquêter sur le frère de son ancienne femme qui n’a plus réintégré son domicile. Il fait également connaissance avec Maja, dont la fille a été placée dans un foyer, parce que la mère n’a pas respecté les règles en vigueur. Pour retrouver son ex-beau-frère et l’enfant, il ne voit pas d’autre alternative que celle de rejoindre la Résistance, rassemblant tous les déçus du système. Avec « La caverne vide », Dimara Trankova propose un roman qui nous met en garde contre un monde hyper médiatisé et sur les populismes qui émergent ici et ailleurs. Avec une parfaite maîtrise de l’écriture, l’auteure aligne des instants de gravité sans s’imposer de limites et enflamme son récit en parlant de liberté, de libre-arbitre et de valeurs qui sont en train de s’étioler un peu partout face aux crises récurrentes. Le contexte est hostile et baigne dans un climat d’inquiétude constant. Servi par un angle de vue original (qui rappelle un peu George Orwell), l’ensemble vibre d’un humanisme et d’une force morale en tous points admirables. Une bonne idée de départ, un protagoniste attachant et des idées à défendre. Bref, de l’anticipation intelligente ! Ed. Intervalles – 534 pages Daniel Bastié
SEX DOLL Le marché du sexe se porte extrêmement bien et se met à l’ère 2.O. Après les prostituées en vitrine, voilà les poupées de silicone destinées à assouvir les pulsions d’une clientèle à la libido extrêmement active dans un monde qui se dépersonnalise et où les relations se font et se défont via une tablette ou un smartphone. Un jeune indépendant ambitieux décide de promouvoir les susdites poupées en ouvrant une enseigne au cœur de Paris. Il n’imaginait pas à quel point son initiative engendre des réactions diverses. Au même moment, une série de meurtres frappe la capitale. Trois femmes sont retrouvées étripées, des parties de leur anatomie trafiquées pour en faire des êtres parfaits. Chargée de mettre un terme à ce massacre, le commissaire Edwige Marion se doute qu’elle aura du fil à retordre. Assez vite, elle s’engage sur une piste, en appréhendant ce qu’elle va découvrir au bout du tunnel. Première femme divisionnaire de l’histoire de la police française, Danielle Thiery s’est reconvertie dans l’écriture de polars et, depuis quelques années, est devenue une figure incontournable du genre. Une fois de plus, elle plonge le lecteur dans un monde mal connu (celui de la nuit et des malfrats) et en dévoile les coins et les recoins les plus sordides. De désillusions en mauvaises rencontres, elle se veut une observatrice lucide de notre société et dépeint les carnages provoqués par la course à l’argent, l’éthique qui s’étiole et l’absurdité de notre système. Sorte de Don Quichotte moderne, l’héroïne se lance dans une croisade contre la barbarie. Sans jamais être féministe, ce roman place une femme (ordinaire) dans des situations violentes et compliquées et entend jouer la carte de l’efficacité plutôt que de se vautrer dans des revendications sociétales. Une enquête qui ménage moult rebondissements ! Ed. Flammarion – 406 pages Daniel Bastié
GUIDE DE LA FLORE DES ALPES Les paysages grandioses et les fleurs de montagne à la beauté incomparable composent un tableau souvent enchanteur qui pousse le citadin à rêver et à s’offrir une randonnée durant les vacances. Norbert Griebl propose un guide complet et richement documenté de la flore qu’on trouve dans les Alpes. Un livre raisonné qui va à l’essentiel en évitant les termes techniques et qui joue à fond la carte de la vulgarisation, sans tomber dans les poncifs ni le résumé facile. Ce guide a été conçu pour un usage pratique et logique, aisé à glisser dans une poche ou le sac à dos et qui, grâce à un bandeau de couleur, permet de voyager de page en page avec chaque fois moult détails sur l’espèce qu’on peut croiser. A chaque fois, les caractéristiques sont exposées, ainsi que les principaux biotopes. Mille quatre cents plantes sont ici recensées, agrémentées de près de mille photographies pour les identifier aisément. A cela, presque autant de cartes les positionnent sur le terrain, tout en soulignant leur nombre et leur fréquence. L’Allemagne, l’Autriche, La France, l’Italie, le Liechtenstein, la Suisse, la Slovénie et Monaco sont ici traversés, passant de la basse à la haute montagne alpine et transalpine. Les passionnés de nature et de massifs rocheux ne manqueront pas de se procurer cet ouvrage simple, pas trop onéreux, et en feront l’ami de leurs longues escapades pédestres à la recherche de dépaysement et de souvenirs inoxydables. Ed. Delachaut –Nestlé – 462 pages Daniel Bastié
DANS LES COULISSES DE CHANEL Entreprise française de haute couture, ainsi que de prêt-à-porter, accessoires, parfums et divers produits de luxe, Chanel demeure un des fleurons dont l’Hexagone peut se targuer, créée en 1910 par Gabrielle Chanel et aujourd’hui contrôlée par un holding implanté aux Pays-Bas. Laetitia Cénac, journaliste au service culturel de Madame Figaro, et Jean-Philippe Delhomme, peintre et illustrateur, se sont baladés dans les coulisses de la célèbre institution et en ont ramené des impressions traduites en commentaires rédigés librement ou tracés d’un coup d’encre ou à l’aquarelle. L’opportunité surtout de parler de l’historique de la Maison, de rappeler à quel point elle a constamment cherché l’excellence pour faire rayonner son nom autant que celui du pays dans lequel elle est implantée. C’est aussi le récit d’une collection qui s’offre au regard des années qui se succèdent, le moment figé d’un défilé de mode et une immersion dans les ateliers où se fabriquent les vêtements qui parent les plus beaux top-models. Dessinateurs, coloristes, brodeurs, couturiers … chaque étape est scrupuleusement passée en revue, sans oublier feu Karl Lagerfeld qui a imprimé son génie à de nombreuses saisons vestimentaires, inventant la mode d’un été et apportant du rêve un peu partout dans les deux hémisphères. Au fil des pages, on le voit au travail, entouré de collaborateurs proches et de petites mains qui s’affairent pour concrétiser ses croquis. Chanel reste principalement un phare pour les concepteurs du monde entier, un repère où qualité se conjugue avec esthétique, originalité avec désir. « Dans les coulisses de Chanel » s’apparente à une visite sur la pointe des pieds d’un des hauts lieux de la couture contemporaine, célèbre pour sa petite robe noire de 1926, mais également pour sa modernité et son savoir-faire jalousé un peu partout. Un must ! Ed. de La Martinière - 240 pages Daniel Bastié
LA JEUNE MONTAGNES
FILLE
QUI
DÉPLAÇAIT
LES
La guerre engendre des douleurs insondables. Nous sommes à Samoëns en 1958, dans les Alpes françaises. Joseph Lapraz tient le bistrot du village et voue une haine sans failles aux Boches, qui lui ont enlevé son grand-père, parti au front et disparu dans le feu de la mitraille. Venu de Forêt-Noire, un clerc de notaire débarque au hameau avec pour instruction de remettre à Louise, la fille du patron, un carnet précieux et plusieurs missives de l’absent. Elle apprend également que ce dernier pourrait toujours être en vie et, par amour filial, décide de le retrouver. Entre écriture romanesque et description d’une période particulière de notre passé, Patrick Breuzé revient sur les affres des combats qui ont opposé les grandes nations, sur le mystère qui a entouré le décès de nombreux soldats, sur la résilience et la beauté d’une région sauvage, pas encore sollicitée par le tourisme massif. Avec un immense talent de plume, l’auteur secoue les silences, ébranle les certitudes, fait ravaler les rancœurs et apporte une voix aux anonymes, tout en démontrant que l’existence se poursuit quoi qu’il advienne. Il narre également une quête chargée d’espoir et d’indépendance, du droit à obtenir des réponses et, enfin, dresse le portrait d’un homme ordinaire qui, au moment d’affronter l’ennemi, a baissé le canon de son fusil, a pris peur et en a éprouvé une honte indicible. De la littérature à hauteur d’épaules, sans esbroufe et qui va à l’essentiel : un bon récit, des émotions et des protagonistes forts ! Ed. Presses de la Cité – 348 pages Daniel Bastié
MICHAEL JACKSON : 40 ANS DE RÈGNE DU ROI DE LA POP Considéré comme étant l’un des plus grands artistes du XXe siècle, Michael Jackon a néanmoins vu sa carrière assombrie par divers scandales anciens et récents (son addiction à la chirurgie esthétique, sa consommation de drogue, ses relations ambiguës avec de jeunes enfants, son décès brutal). Toutefois, il convient de ne pas occulter son réel génie, son professionnalisme à l’épreuve du temps et un son unique dans la sphère de la variété. Dix ans après sa disparition, il continue de vendre des millions de disques et est devenu une référence incontestée de la culture populaire. Nonobstant, derrière ses grandes réalisations se cache une part de travail trop peu dévoilée. Fabrice Bellengier s’est efforcé de passer en revue toute son œuvre, depuis ses débuts au sein des Jackson Five à « This is it » et de suivre une chronologie précise, album par album, titre par titre. En se basant sur de nombreuses interviews, de multiples articles parus dans la presse et des sources personnelles, l’auteur parcourt plusieurs décennies de création et tente d’expliquer en quoi l’héritage du chanteur continue de fasciner au-delà de la légende. Au regard de son impressionnante production discographique et de sa longévité sur le devant de la scène, ce dernier a été l’homme de tous les records avec sept cent cinquante millions d’albums vendus dans les deux hémisphères, dont soixante-sept rien que pour « Thriller ». Du jamais vu ! Mais loin des chiffres, il reste un homme hors du commun, confirmant la possibilité de voir le rêve américain se concrétiser par le travail et le talent. Idolâtré autant que raillé, Michael Jackson ne laissait personne indifférent. Ce livre parle des quarante années de règne indétrônable. Une star ! Ed. Mareuil – 388 pages Daniel Bastié
UN NOUVEL HORIZON SOCIAL Les récentes élections ont relayé le ras-le-bol d’une grande part de la population et, en place de la marée verte annoncée un peu partout en Europe, le populisme a ostensiblement conquis le terrain. Pourquoi les politiques font-ils la sourde oreille aux revendications des gilets jaunes qui se sentent délaissés par le pouvoir, abandonnés par les dirigeants de la nation ? Mouvement spontané né en novembre 2018, il appelle des réponses, mais ne voit pas grand-chose venir. Mutisme total des élus en Belgique. Débat national en France aux effets très modérés. L’idée a donc été d’inviter vingtquatre auteurs à imaginer une nouvelle, une tribune ou un poème consacré aux membres de ce collectif. Parce qu’il n’y a pas de récupération et que les slogans portent essentiellement sur davantage de justice sociale, il engendre une aura de sympathie. Dans des formes très diverses et avec une plume personnelle, Arno Bertina, Laurent Binet, Bernard Champaz, Jérôme Leroy, Denis Robert et beaucoup d’autres ont accepté de relever le défi et de rédiger à chaud des textes inédits pour témoigner de leur solidarité, s’insurger contre un monde à deux vitesses ou s’enthousiasmer. Le résultat se situe à la hauteur du défi : une écriture qui présente de grands écarts d’une signature à l’autre, disparate et chargée de sincérité. Ed. Au Diable Vauvert – 237 pages André Metzinger
JE NE FERAI UNE BONNE ÉPOUSE POUR PERSONNE Evelyn Francis McHale s’est suicidée en se jetant du quatre-vingt-sixième étage de l’Empire State Building le 1er mai 1947. Les médias qui ont relaté la mort de cette jeune femme de vingt-trois ans n’ont apporté aucun éclaircissement sur les raisons qui l’ont poussée à commettre l’irréparable. Pourquoi et à quel instant quelqu’un décide-t-il de mettre fin à ses jours ? Nadia Busato revient sur ce fait divers en fouillant le passé de cette héroïne tragique, en reconstituant partiellement ses motivations et sa jeunesse et en comblant les vides par une imagination fébrile. Très vite, il ressort que jamais elle n’a subi violences ni brimades. Simplement, elle se sentait mal dans sa peau, dans son corps, et ne se voyait pas épouser un charmant jeune homme qui lui faisait la cour et se félicitait de la demander en mariage. Barry Rhodes, le fiancé en question, était un ancien combattant et avait été étudiant au Lafayette College d’Easton en Pennsylvanie. Selon les témoignages de tous, il représentait un excellent parti. L’auteure parle ici d’une époque et d’un monde qui n’existent plus, avec ses traditions et un rythme particulier. Le récit (terrible) se déroule selon un schéma imparable, donnant la parole aux proches de la suicidée, faisant de ce roman une polyphonie d’une extrême précision et chargée d’empathie. A côté de la douleur, il y a surtout l’incompréhension. Et si la vérité était ailleurs ? Evelyn croyait faire une mauvaise épouse et refusait l’engagement matrimonial. Aux chaînes conjugales, aurait-elle choisi la liberté ? Celle de mourir plutôt que de subir un système au sein duquel les femmes sont enclavées ! Ed. Quai Voltaire – 264 pages Amélie Collard
LE TOUR DE FRANCE Le cent sixième Tour de France est parti de Bruxelles en hommage à la première victoire sur cette épreuve d’Eddy Merckx, surnommé le cannibale par les médias et coureur depuis inégalé. Christian Laborde, chroniqueur, essayiste et romancier, a décidé de revenir sur le parcours de cette rencontre sportive incontournable. A la traditionnelle chronologie, il a préféré un abécédaire à la fois efficace et pragmatique. Question de mettre en exergue des noms, des lieux et des dates car, pour lui, le Tour de France reste une aventure incomparable, avec des rebondissements, des joies, des déceptions et du suspense. Il se veut également un formidable narrateur, capable de décrire des paysages somptueux, de parler de l’effort, du sentiment d’appartenance à une équipe et de la manière de se remettre d’une chute. Il traduit également l’atmosphère particulière qui existait tout au long des routes où transitaient les sportifs : Yvette Horner avec son accordéon, les calicots de fortune, les caravanes publicitaires, les guinguettes improvisées, les gens de la presse qui se bousculaient et les arrivées triomphales. Grâce à un style flamboyant, il ressuscite la légende et l’inscrit dans le présent. A une période où les gens voyageaient peu, regarder le Tour de France à la télévision équivalait à 100% de dépaysement ! Ed. du Rocher – 378 pages Amélie Collard
ENQUÊTES AUX JARDINS : LES EMPOISONNEURS Emma et Lucas sont adolescents et familiers du jardin des Plantes de Nantes. Lorsqu’un richissime homme d’affaires décide de lancer une plateforme en ligne sur la botanique, tous deux sont aux anges. Au même moment, Jean-Marie James Ecolloyd, une vieille connaissance, disparaît mystérieusement. Souhaitant en savoir davantage, les deux jeunes gens décident de démêler les nœuds d’une intrigue qu’ils devinent cornélienne. Danger, chaussetrappes, coups de théâtre et coups de tonnerre se succèdent. Mené à deux cents à l’heure, ce roman (signé Guillaume Le Cornec et Romain Veilletet) se laisse dévorer d’une traite. L’intrigue est menée au cordeau. L’occasion de découvrir certains lieux peu ou mal connus des Bruxellois et de se laisser emporter par un récit jeunesse qui joue la carte de l’efficacité. Si la psychologie des personnages est un peu délaissée, le soin est cristallisé sur le tempo. Tout va vite. Comme dans un jeu vidéo. Avec des descriptions sans fioritures et des dialogues qui font mouche. Emma et Lucas ne sont pas des superhéros, seulement des gosses de la génération 2.1., qui mordent dans la vie et qui ne comptent pas s’en laisser compter … même s’ils font face à un complot international ! Ed. du Rocher 196 pages Sylvie Van Laere
CLEPSYDRE SUR SEINE Heurteauville, village fiché non loin de l’abbaye de Jumièges, est le lieu qu’ont choisi le père et la bellemère d’Erwan, ado de treize ans, pour déménager. Une horreur ! Le patelin ne figure pas dans les guides touristiques et semble perdu au milieu de nulle part. Pourtant, sur place, il se rend à l’évidence que ses craintes de morosité n’ont rien de tangibles. Un curieux manège semble avoir été organisé, avec un ballet de gens richissimes et des scientifiques de tout acabit. Il est même prétendu qu’une brèche temporelle aurait été ouverte, permettant de transiter dans le passé. Intrigué, le garçon décide de faufiler son nez là où il ne devrait pas. Mal lui en prend. Entre science-fiction, thriller, roman d’aventure et livre jeunesse, « Clepsydre sur Seine » bascule la porte de l’insondable et nous vaut de bons moments d’action, qui permettent au protagoniste d’éprouver ses limites. Chemin faisant, il s’associe à Alicia, également intriguée par la chape de mystère qui plombe la région. Bertrand Puard est l’auteur d’une œuvre prolifique (plus de cinquante livres publiés !) et maîtrise à la perfection la mécanique du récit. Surprenant, drôle, chargé d’adrénaline et passionnant, son dernier ouvrage s’adresse aux adolescents en attente de suspense et amoureux de récits qui s’écartent des standards. Ed. du Rocher – 256 pages Sylvie Val Laere
CERRO RICO Dans un monde où tout va à l’argent, les multinationales sont reines. Un journaliste indépendant, Dupin, découvre que l’une d’elles vient d’acquérir le monopole sur la plus importante réserve de lithium de la planète et décide d’en informer ses lecteurs. Mal lui en prend, car les responsables de la susdite entreprise délèguent un liquidateur pour le mettre hors d’état de nuire. Seule Justine, qui appartenait autrefois au commando de tueurs, pourrait contrer le sniper. Or, elle mène aujourd’hui une existence paisible dans un village retiré et exerce le métier d’institutrice. Accepterait-elle de reprendre ses anciennes fonctions et de sauver l’homme menacé ? Thierry Berlanda joue avec les nerfs et peaufine un scénario retors. Techno-thriller implacable, « Cerro Rico » jongle avec nos peurs et, une fois lâché, fonce vers un épilogue auquel on ne s’attend pas. On frisonne naturellement, en s’efforçant de se convaincre que de pareilles choses ne pourraient pas se produire chez nous, puis on dépose le livre pour se répéter que notre société n’est pas celle des Bisounours. Avec les affaires de corruption qui se multiplient au sommet de la machine étatique, les arnaques qui prolifèrent et le sentiment d’hyperpuissance des magnats de l’industrie et des cadors de la politique, on se surprend à espérer que l’auteur ne se base pas sur des faits avérés. Un livre qui fait froid dans le dos ! Ed. du Rocher – 476 pages Sylvie Van Laere
TOUT À LA COMMENT ?
VAPEUR
DOUCE :
POURQUOI
ET
La cuisine à la vapeur n’est pas une mode, mais une méthode de cuisson excellente pour la santé, puisqu’elle ne nécessite aucune matière grasse et conserve le goût naturel des aliments. Une manière de se mitonner d’excellents petits plats et qu’on omet souvent. Peut-être parce qu'elle nous fait penser aux régimes et qu'elle ne semble pas vraiment gustative. Quelle erreur grossière ! En plus d'être hyper-simple et accessible aux débutants, elle se veut rapide et saine. Reste à posséder des recettes idoines. Voilà chose faite avec l’ouvrage de Christine Bouguet-Joyeux et Bernadette Jastrebski. Sans jamais se compliquer la vie, il dévoile les bases à connaître avant de se lancer et joue la carte de la gourmandise avec une série d’entrées, de plats et de desserts destinés à faire saliver toute la famille. Assorti de conseils simplifiés, il n’a pas pour but de mettre en place des habitudes. Plutôt de prouver qu’une nourriture idoine reste à la portée de chacun, sans pour autant passer par la filière du bio et sans avoir à casser la tirelire des enfants. Quant au bonheur, on le retrouve dans la mise en page soignée, la couleur des photographies et l’envie de partager des saveurs et des parfums. Un livre à feuilleter pour se créer des envies ! Ed. du Rocher – 176 pages Amélie Collard
SCIENCE ET QUÊTE DE SENS Rechercher Dieu à travers les sciences, voilà l’objectif de cet ouvrage rédigé sous la direction de Jean Staune, chercheur indépendant et fondateur de l'Université interdisciplinaire de Paris. Il soutient que l'évolution n'est pas uniquement darwinienne (due au hasard et à l’évolution), mais s’inscrit dans un vaste plan qui nous dépasse. En reprenant la célèbre formule de Galilée, il répète que la religion ne nous raconte pas comment on va au ciel. Plutôt comment va le ciel. De la rhétorique certes ! Toutefois, cette explication en vaut d’autres. En s’appuyant sur les recherches d’astronomes et de physiciens de tous bords, il assure que l’univers ne relève pas d’événements désordonnés. Loin de souhaiter semer le trouble, il cherche à prouver que les concomitances entre foi et raison sont bien avérées. A cet effet, il développe une théorie propre qui tend à étayer chacune de ses affirmations. Mieux, il prétend ouvrir des dossiers jusqu’ici tenus secrets et fruits du travail d’éminents chercheurs. Toujours selon lui, le contenu de ces rapports devrait avoir pour conséquence de modifier perceptiblement notre vision du cosmos et revoir complètement les notions enseignées jusqu’alors. Si les auteurs expriment des positions diverses, tous s’accordent à situer l’homme comme un élément du noyau sidéral, habité par une intelligence propre. Ed. Artège – 433 pages Sam Mas
LE CHEMIN DE NAZARETH Village du nord d’Israël, Nazareth était à l’époque romaine une bourgade isolée de tout et figée dans un relief rocailleux. La Bible aime à se demander : Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ? Pourtant, c’est ici que débute le Nouveau Testament avec un Messie attendu pour sauver l’humanité, prêt à s’offrir en sacrifice et refusant toute violence. Le chemin de Nazareth invite le lecteur à aller là où a commencé une histoire extraordinaire qui a changé le profil de notre civilisation et qui a influencé le monde occidental dans sa manière d’aborder le spirituel et le divin. Jean-Claude Boulanger invite le lecteur à retrouver le goût du merveilleux et le sens du miraculeux en Galilée, où Dieu s’est fait homme pour aller à notre rencontre, sans calcul, simplement par amour et proposer une alliance universelle avec les peuples de toutes les nations. Le XXIe ressent, sans doute davantage que les autres, le manque de foi de son humanité malade de trop d’autosuffisance, avec pour corollaire un individualisme effréné et une absence de repères, des doutes qui s’exacerbent et un véritable désespoir qui plane sur beaucoup de citoyens. Prendre la peine de renouer des liens avec les autres, poser des temps de parole et de partage, revenir à l’essentiel du message christique : voilà la solution prônée par l’auteur ! Rien de complexe, si ce n’est que d’éteindre son Smartphone, son ordinateur ou sa télévision et d’écouter ce qui nous entoure. Le chemin de Nazareth transite par une spiritualité quotidienne en s’inspirant de la confiance et de l’accueil de Marie et du consentement silencieux de Joseph. La sainte famille demeure un socle précieux pour le fidèle, sans lequel rien n’aurait été possible. Un ouvrage à méditer ! Ed. Artège Poche – 384 pages Sam Mas
THÉRÈSE NEUMANN : MYSTIQUE ET STIGMATISÉE Thérèse Neumann est née le 8 avril 1898 en Bavière dans une famille de paysans pauvres. Adolescente, elle a commencé à économiser en travaillant pour se constituer un trousseau afin d’entrer au couvent. Assez vite, elle a affirmé être sujette à des visions. Victime d’un accident, son corps a subi moult maux (cécité, paralysie, gangrène, problèmes vasculaires, pneumonie, etc.). Ses guérissons successives ont laissé entendre qu’il s’agissait de miracles. Du coup, les pèlerins autant que les curieux se sont mis à affluer, plaçant la religieuse au centre de toutes les attentions. Les phénomènes inexplicables dont elle a été l'objet l'ont obligée à répondre à des demandes d'entretiens, à un volumineux courrier et à des visites. Sa vie durant, elle a prôné le retour à une vie humble, à se tourner vers la « petite enfance » et à rechercher le bonheur du paradis originel. Sans dresser une hagiographie, Joachim Bouflet revient sur son parcours passionnant et nous parle d’une femme dont la procédure de béatification a été ouverte en 2005. Abondamment illustré, son ouvrage allie précision historique et profondeur spirituelle. Avec beaucoup de talent, il nous invite à découvrir le mystère de cette vie loin des normes, traversée par l’Esprit saint. Ed. Artège Poche – 406 pages Sam Mas
LE BEAU PROJET DE DIEU POUR L’AMOUR HUMAIN Une faim est là, inextinguible, au creux de la vie, au creux de la mort, au creux du monde et de son histoire ! Pour quoi vivre et aimer ? Cet appel vibrant peut trouver une réponse dans la foi, même si les incroyants nient l’existence d’un démiurge ou d’une entité supraterrestre. L’anxiété règne de plus en plus, relayée par une société qui cherche des repères dans l’argent, la réussite sociale et le bien-être matériel. Où en est-on aujourd’hui avec le religieux ? Plutôt que de dresser une nomenclature des dogmes ou un ouvrage de catéchisme, Marie-Gabrielle Ménager et Esther Pivet ont préféré mettre à plat leur savoir pour présenter une synthèse accessible de leur enseignement, accompagnée d’exemples concrets, de conseils pragmatiques et d’images pour aider à se diriger dans le dédale du quotidien. Loin de la rhétorique des grands savants, elles parlent du corps (membre du Christ) dans ce qu’il possède de plus merveilleux et de complexe. Sans tabous, elles abordent la sexualité avec ses conséquences. Elles rappellent que Dieu a créé l’homme et la femme par amour et pour l’amour. Bien entendu, au XXIe siècle, il importe également de parler d’homosexualité et de transsexualité. Même s’il s‘agit d’un thème difficile à aborder pour le clergé, elles le cernent sans jugement et sans condamner qui que ce soit. Selon elles, l’ouverture à l’autre permet de cheminer vers la vérité et l’épanouissement, sans calcul et gratuitement. Avec ces pages, scindées en chapitres courts, elles espèrent convaincre le lecteur des bienfaits d’une vie terrestre ouverte vers l’extérieur et qui prend le contre-pied de l’égocentrisme prôné ici et ailleurs. Ed. Artège – 96 pages Sam Mas
LOIN DU VACARME Le Maroc sert de cadre à ce roman engagé de Mohamed Berrada. A travers quatre personnages, il explore la société et s’interroge sur ce qu’elle est en train de devenir depuis qu’elle a acquis son indépendance. L’occasion d’explorer l’histoire d’un pays à mi-chemin entre modernité et tradition. Comme dans ses précédents ouvrages, l'auteur mêle fiction et actualité, mémoire et oubli, combats et chimères. Le rapport à l’autre est naturellement primordial. A travers des récits francs et intimes, il exprime l‘évolution des mœurs et des idéaux, parle des chemins empruntés par chacun pour s’adapter aux mutations inévitables et évoque la politique de ce dernier demi-siècle. Le narrateur est ici un avocat conservateur. « Loin du vacarme » a été traduit de l’arabe en français par Mathilde Chèvre et Mohamed Khounche. Ils nous livrent ici une autre approche du Maghreb, remplie de contrastes, de sensualité et de défis, loin des images d’Epinal. Les existences s’enchaînent et s’emboitent. Mohamed Berrada a toujours raconté qu’il souhaite intégrer les techniques de narration du monde arabe dans les codes du roman français. A chacun de se forger un avis … Ed. Actes Sud – 256 pages André Metzinger