BRUXELLES CULTURE 5 avril 2021 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com
RENCONTRE : MARIE-CÉLINE BONDUE
Rencontre : Marie-Céline Bondue Marie-Céline Bondue est une artiste bruxelloise qui travaille la peinture pour poser des atmosphères éclatantes, en jouant avec les nuances de la lumière et en s’emparant des couleurs. Elle offre à voir des toiles abstraites de grand format. Un élan créatif qui la tenaille depuis plusieurs décennies. Rencontre. Où êtes-vous née ? J’ai vu le jour à Bruxelles, où j'ai passé toute une partie de ma jeunesse. En ce sens, je peux affirmer que je suis une vraie Bruxelloise, tant par la parenté que par la culture. Cette ville évoque toujours pour moi de merveilleux souvenirs A quel moment de votre vie, avez-vous résidé en Angleterre et qu’est-ce qui vous a poussée à y suivre des cours de peinture ? A dix-huit ans, j’ai épousé un citoyen britannique et je l’ai suivi en Grande-Bretagne. A Londres, j’ai eu l’occasion de visiter les musées et de m’imprégner de leur contenu. Des collections prestigieuses et d’une richesse incroyable. Je suis restée là-bas douze ans. C’est aussi de l’autre côté de la Manche que m’est venue l’envie de peindre. J’ai d’abord pratiqué l’aquarelle dans un modeste atelier au centre de la South Bank, avant d’exposer mes travaux dans une galerie située rue Lebeau à Bruxelles et qui n’existe plus depuis belle lurette. Je me souviens du vernissage et des mots gentils du public. Un vrai succès ! Puis, j’ai choisi d’aller plus loin dans mon aventure, en essayant la peinture à l’huile, suite à la découverte des œuvres de Mark Rotko, ce grand peintre américain classé parmi les représentants de l'expressionnisme abstrait aux Etats-Unis. De retour en Belgique, vous avez poursuivi votre formation artistique. S’agissait-il d’un besoin ? Pour des raisons professionnelles, nous sommes revenus en Belgique. Je ne voulais surtout pas évacuer tout ce que j’avais mis en place. Je me suis donc inscrite à l'Académie de Wavre durant cinq ans, tout en n’abandonnant pas l’idée de monter mon propre atelier. Il a vu le jour sous les combles de notre maison familiale. Un petit nid où je pouvais m’isoler pour créer et me ressourcer, loin des impératifs de la société. Un lieu de création pure, sans avoir de comptes à rendre à quiconque. C’est là que, progressivement, je me suis mise à arpenter de nouveaux territoires. L’abstraction s’est imposée avec une ténacité qui ne m’a plus jamais lâchée. Contrairement à mes toiles figuratives, dont je n’étais que moyennement satisfaite, je me suis épanouie dans des mondes imaginaires que je pouvais parcourir dans toutes les directions. A l’époque, je pratiquais encore la peinture à l’huile. Quelle définition donneriez-vous de l’abstraction ? Pour moi l'abstraction est un voyage qui refuse de se laisser circonscrire. Toujours selon moi, il n’existe pas meilleure liberté que celle de se débarrasser des formes et des contraintes pour ne conserver que
l’essentiel. Ici, on peut aller jusqu’à jeter les techniques qu’on a apprises. Selon vous, pourquoi l’abstraction a-t-elle tant de succès auprès du public ? Sans référents, les visiteurs peuvent rêver, se balader et imaginer ce qu’ils souhaitent. Une toile abstraite, contrairement à un paysage ou à un portrait, ouvre de grands vantaux qui débouchent sur le rêve ou l’inconscient. Je suis parfois surprise lorsque j’entends ce que les personnes voient dans mes peintures. L'art abstrait permet à l'artiste de percevoir au-delà du tangible, d'extraire l'infini du fini. Il s’agit de l'émancipation de l'esprit, aussi d’une exploration dans des domaines inconnus. Il trouve ses racines dans l'intuition de l'artiste et sa liberté, ainsi que dans le regard des visiteurs. Voilà pourquoi, il est devenu un langage universel et qu’il est apprécié sur tous les continents, avec de nouveaux codes et une grammaire qui lui sont, sans doute, particuliers. Concrètement, de quelle manière procédez-vous ? Je n'ai besoin ni de stimulation d’un rituel quelconque. Bien sûr, la lumière m’est indispensable. Je déteste travailler sous une rampe de néons. Je m’installe devant une toile et je l’attaque en fonction de mon inspiration. Il s’agit d’un travail lent et intérieur, qui se met progressivement en place et qui se renouvelle à chaque fois. Je me nourris de la nature, mais pas uniquement. L’existence porte tellement de choses, qu’on peut y mordre sans arrêt, parce qu’elle est captivante si on prend la peine de s’y attarder. Alors, pour moi, il se passe quelque chose de radical. Les formes se métamorphosent et transitent du concret vers l’abstrait. Elles subissent une refonte en profondeur. Les périmètres se disloquent, le dessin se dilue et le rythme et la couleur les remplacent pour façonner des harmonies. Les gens aiment mes tableaux, parce qu'ils peuvent échafauder des mondes hors du temps, loin des repères. Un jour, j’ai entendu qu’on parlait de mes toiles en les qualifiant d'abstraction lyrique. Une expression qui m’a ravie. Quels matériaux utilisez-vous ? Je travaille principalement avec des spatules de différentes tailles, qui servent à appliquer la couleur. J’emploie fort peu les pinceaux, excepté pour le recouvrement de la toile. J’utilise également des poudres de pigments naturels, avec lesquels je crée ma palette. Aucun acrylique. Vos toiles sont-elles spontanées ou réfléchies ? Il y a toujours quelque chose qui entre dans la genèse de mes tableaux. De la sorte, au cours d'un séjour en Provence, dans le Roussillon, j'ai été ébahie par la beauté de certaines carrières, avec des ocres de toute beauté qui libéraient une variation infinie de reflets chatoyants. Je me suis donc intéressée aux possibilités d’utiliser ces poudres naturelles en atelier et un stage m’a permis de les apprivoiser. Depuis, elles entrent dans chacune de mes compositions. Du coup, je me suis engagée dans la matérialité des pigments, dont les mélanges infinis et la force alimentent mon bonheur de peindre. Vous allez exposer à EAG en avril 2021. Pourquoi cette galerie ?
J'ai eu un excellent contact avec le patron, en venant visiter par hasard sa galerie. Je cherchais à exposer mes toiles dans la capitale et il m’a immédiatement mise en confiance. Une première exposition a eu lieu en mai 2018 et une seconde a été programmée pour novembre 2020. Puis, la crise sanitaire est passée par là, au point de mettre la Belgique, comme le reste du monde, à genoux. Les commerces et les lieux culturels ont dû à nouveau fermer dans le cadre de la deuxième vague de cette pandémie. Mon expo a été annulée par la force des choses et une nouvelle date a été fixée. Je me suis donc trouvée dans un état de désespoir profond. Quelque chose de totalement imprévisible nous tombait sur la tête et personne ne comprenait pourquoi un si minuscule virus avait réussi à battre les technologies et le monde médical sur leur propre terrain. Sur le coup, je me suis sentie paralysée, incapable de peindre, même si je savais qu’une énergie nouvelle allait me pousser à regagner rapidement mon atelier, car je n’ai jamais été de celles à vivre longtemps les bras ballants. Pour vous, une toile est achevée lorsque …. Chaque toile est un enfant. Même s’il y a parfois des accouchements plus douloureux que d’autres, il y a un moment où il faut la laisser vivre en toute autonomie. Disons, qu’une toile est terminée lorsque je suis satisfaite du résultat, que je pense en avoir fait le tour, que je ne peux pas faire mieux, qu’elle respire l’harmonie et que les couleurs se conjuguent avec justesse. Comment avez-vous vécu en tant qu’artiste l’année 2020 ? J'ai vécu 2020 en travaillant beaucoup en vue de mon exposition de fin d’année. C'était une formidable stimulation pour traverser le premier confinement. Par les médias, j’ai naturellement mesuré la gravité de la situation et j’ai compris que tous les artistes n’avaient pas la même chance que moi de pouvoir continuer à exercer. Des drames se sont joués ici et ailleurs. Une période douloureuse pour les gens du spectacle, de l’événementiel et la population en général !
Pourquoi le public doit-il découvrir vos toiles à EAG ? Si certaines de mes œuvres sont visibles sur Internet, rien ne vaut la découverte en présentiel. Les avoir devant soi permet de se familiariser avec les couleurs et la taille des formats. Être artiste consiste avant tout à communiquer et échanger à distance ou par moyens intermédiaires ne remplace jamais le dialogue, la rencontre ni le vivant. Puis, je serai présente dans le cadre du vernissage pour répondre à d’éventuelles questions et expliquer ma démarche avec de nombreux détails. Une exposition à découvrir du 2 au 30 avril 2021. Voyez davantage de détails sur le site www.espaceartgallery.eu Propos recueillis par Daniel Bastié
EXPOSITION : CHOCO LOCO Plongez dans l’univers gourmand du chocolat au cœur de Train World ! Tout comme le chemin de fer, le chocolat belge doit sa renommée internationale aux progrès industriels des 19e et 20e siècles. L’exposition "Choco Loco" vous invite à découvrir ces 2 univers, éloignés et proches à la fois. Cette expo au parfum de cacao vous présente une vingtaine de sculptures originales en chocolat créées spécialement pour l'occasion. Celles-ci ont été imaginées par François Schuiten, auteur de bandes dessinées à succès et scénographe de Train World, et réalisées par les chocolatiers sculpteurs Peter Teerlinck et Bart Steegmans de Sculpture Events. Ces sculptures, qui s'inspirent de l’univers ferroviaire, entrent en résonance avec les authentiques locomotives et le décor éblouissant de Train World. Les deux chocolatiers belges de renom, Pierre Marcolini et Dominique Persoone, dont la collaboration est une première, sont les parrains de cette expo. Ces deux artistes ont imaginé pour l’occasion, une tablette de chocolat inédite appelée L'Étoile du Nord. Cette gourmandise a été préparée avec les meilleures fèves de cacao Criollo, une fève blanche très rare et très recherchée par les chocolatiers. Celles-ci ont été cultivées de manière durable et éco-éthique dans le domaine de Mathieu Brees, un planteur belge installé au Mexique. Cette tablette de chocolat sera exclusivement disponible dans la boutique de Train World. Activités au programme pendant l'expo "Choco Loco" : - Une conférence sur le thème du chocolat équitable - Des séances de dégustation autour du chocolat - Des visites guidées thématiques, données par nos guides expérimentés - Des balades littéraires - Une activité familiale accessible à tous - Des stages "chocolat" pour enfants pendant les congés scolaires L'organisation d'excursions d’une journée, en collaboration avec Concept Chocolate et Choco Story Brussels - Un pop-up store gourmand ! « Choco Loco », une expo qui vous fera fondre et quia été prolongée jusqu’au 18 avril 2021 au Train World. Davantage de détails sur le site www.trainworld.be Place Princesse Elisabeth, 5 à 1030 Bruxelles
EXPOSITION : COMÈS À HUIS-CLOS Comès est l'un des auteurs majeurs de la bande dessinée belge, un maître du noir et blanc et du fantastique. Il s’en est allé en 2013, sans jamais avoir eu les honneurs d'une grande exposition bruxelloise. La Fondation Roi Baudouin tenait à y remédier. L’hommage « Comès à huis clos » a débuté en septembre dernier, en même temps que « Comès d’Ombre et de Silence » au musée BELvue. A la Maison Autrique, redécouvrez l’album EVA du dessinateur, œuvre patrimoniale des Éditions Casterman. Une ode en noir et blanc aux mys-tères de l’âme humaine. Les planches originales et les objets présentés dans l’exposition « Comès à huis clos » proviennent du don effectué par les frère et soeurs de Didier Comès, coll. Fondation Roi Baudouin en dépôt au Musée en Piconrue (Bastogne). Un événement qui se tient à la Maison Autrique jusqu’au 2 mai 2021. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.autrique.be Chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles
RENCONTRE AVEC EVE BONFANTI ET YVES HUNSTAD Après cinq années de tournées et de résidences en dehors de la Belgique, notre impatience était grande de retrouver Eve Bonfanti et Yves Hunstad sur scène et à Bruxelles, avec une nouvelle création prometteuse d’un moment de théâtre aussi grandiose qu’inattendu … Las, il faudra ronger notre frein et attendre encore de longs mois avant de retrouver leur fabrique imaginaire et leur art inégalé de jouer des frontières entre la fiction et la réalité. Covid oblige !
Où en étiez-vous de la création de Détours et autres digressions avant de savoir que vous ne pourriez pas présenter le spectacle ? Yves Hunstad : Le spectacle était quasiment prêt à être joué. Après le premier confinement et en octobre, on avait débuté ce qui représente à nos yeux la phase des répétitions la plus sensible et qui consiste à faire disparaître, si on peut dire les choses ainsi, notre travail de comédien de telle sorte que le jeu devienne invisible aux yeux de celles et de ceux qui nous regardent. Il était prévu encore deux semaines de résidence au Varia, avant d’intégrer le grand plateau pour l’installation des lumières et du son avec Léo. Tout se mettait en place avec, bien sûr, cette appréhension bizarre d’un rendez-vous qui peut-être n’aurait pas lieu… mais bon ! Eve Bonfanti : On pourrait dire qu’on a attendu jusqu’à la dernière minute. Quand on a compris que les chances de se produire allaient être nulles, on a décidé d’arrêter et de ne pas utiliser cette dernière résidence de quinze jours. Pour nous, répéter avec toute l’équipe du théâtre et dans ces conditions n’était pas une perspective très joyeuse. Même au niveau de la production, cela ne devenait plus raisonnable pour notre compagnie. Cela dit, indépendamment de la fermeture des théâtres, la conception même du spectacle posait des problèmes pour s’accorder aux conditions sanitaires, trop strictes pour que notre scénario puisse exister tout naturellement et ce parce que le projet est conçu en trois parties qui chacune crée un lien particulier avec le public. Ça commence d’abord sur le plateau par la projection du film « Le plaisir du désordre » de Christian Rouaud où, sur la toile, on nous voit au quotidien dans notre travail de recherche et de création. Au moment de l’entracte, les gens peuvent boire, manger, discuter… Ensuite, Ils reviennent dans la salle et là on les accueille en chair et en os. Il y a quelque chose de très chaleureux qui se produit à ce moment, quand on se retrouve pour de vrai. Ils ont l’impression, après avoir vu le film et partagé un verre entre eux, de nous connaître de manière intime. Et l ’impression ne s’arrête pas là, puisque la fiction continue et que le scénario prévoit de passer encore un moment ensemble au bar du théâtre. Dans les conditions actuelles, avec le masque, le couvre-feu, la distanciation et une série d’autres impératifs, ce projet ne peut pas se jouer tel quel et devient forcément bancal dès qu’on cherche à couper des scènes ou à prendre des distances … Comme on planche depuis trois ans
sur cette création, il nous était impossible d’imaginer, en si peu de temps, une nouvelle version adaptée aux exigences actuelles. Il était également difficile pour nous d’y réfléchir et de s’en amuser sereinement et joyeusement. Comme tous nos amis du monde culturel, on a été pris dans de moments terribles d’anxiété, des questionnements et de la tristesse, même si on a continué jusqu’à la dernière minute à répéter et à faire comme si on tout allait bien. La création est reportée à la saison prochaine, mais dans le cas où la distanciation serait encore d’actualité, avez-vous commencé à imaginer un plan B ? Eve Bonfanti : Alors là, si des modifications s’imposent, on essaiera de contourner les règles de façon artistique, de les intégrer d’une manière ou d’une autre dans la fiction qui raconte l’histoire de la création d’un spectacle, qui lui-même oscille entre la fiction et la réalité. Ce temps d’attente qui nous est imposé d’ici les représentations de la saison prochaine, on va l’utiliser ! C’est sûr que le projet va continuer à mûrir et à se développer. On va poursuivre les répétitions et les fignoler. Le spectacle va exister en nous sur la durée et ne pas se scléroser. Au lieu d’être proposé au public le 12 février 2021 comme prévu initialement, il commencera plus tard mais sa maturation se poursuivra. Un spectacle est un objet vivant et non un produit emballé, fini, ficelé qu’on glisse sur une étagère pour le ressortir au moment voulu. Même si tout revient à la normale et qu’il ne faut pas y apporter de modifications majeures, il y a sûrement des choses qui changeront. C’est notre façon de vivre le théâtre ! Le terme même de « distanciation » est complètement antinomique de votre travail qui consiste à instaurer une complicité étroite avec le public. Vous êtes-vous questionnés sur la possibilité de devoir changer ce qui fait le cœur de votre travail ? Eve Bonfanti : Humainement c’est un peu difficile de se projeter dans un avenir où la situation serait la même, où il faudrait continuer à vivre avec ces distances et cet enfermement où chacun vit dans une bulle. Je pense qui si ça doit rester comme ça, on va obligatoirement se moduler et trouver des astuces pour contourner cette violence. Mais se projeter déjà là-dedans engendre une vraie anxiété. Yves Hunstad : Pour moi, le théâtre reste un équilibre fragile qui peut s’écrouler à tout moment. Un constat terrible ! Alors, je ne sais même pas si c’est possible, pour nous, de jouer devant un public masqué, vu le rapport qu’on installe avec le public. De pareilles conditions suppriment la complicité subtile et essentielle qui permet de ressentir ce que pensent les spectateurs et de se situer par rapport à leur énergie, si on ne voit pas entièrement leur visage. Je me pose vraiment cette question-là ! Comment s’accorder de façon émotive dans la défiance et avec des règles restrictives ? Même si je sais que, au moment du jeu, on n’a pas forcément le temps de se demander ce qui se passe derrière un masque, derrière deux cents masques, derrière cet écran qui cache celles et ceux qui nous observent. Rien qu’à l’imaginer, cette non-expression me paraît très angoissante ! Si les émotions ne se voient pas d’emblée sur les traits des quelques premiers rangs et des suivants, si on descend dans la salle, on ne peut pas faire œuvre commune, ne pas communier, être totalement offert pour un instant d’instance générosité. Le climat anxiogène est une des pires expériences qui puisse frapper une actrice ou un acteur. Avez-vous, comme d’autres artistes le font, penser à présenter votre projet en streaming, ou en vidéo ? Que pensez-vous de cette nouvelle donnée qui se répand de plus en plus dans les arts vivants ?
Eve Bonfanti : Dans ce projet-ci, les gens nous voient sur grand écran et, après, ils se retrouvent dans la même salle, où il y a eu la projection, avec les protagonistes du film. Il n’est pas envisageable de remplacer cette partie où nous sommes sur scène par une captation. Cette succession d’écrans n’aurait aucun sens. Elle serait tout le contraire du projet qui joue entre le différé et le vivant. Dans l’absolu, nous ne sommes pas partisans de streaming ni même de captation vidéo. Le théâtre relève du vivant. Il participe au contact direct, émotif et charnel. Maintenant, vu la situation exceptionnelle dans laquelle on s’englue, je comprends tout à fait que certains passent par ces médias pour continuer à entretenir un lien avec le public. Même si ce lien est tronqué. En revanche, dans l’absolu, je serais très intéressée par la transposition d’une de nos créations théâtrales en une vraie fiction cinématographique. Je pense à « Du vent … des fantômes ». Mais, cela nécessite du temps et des moyens financiers. Une démarche toutefois passionnante. Dans cette hypothèse, il ne s’agirait pas d’une captation, mais d’une œuvre en soi ! Le contexte a mis en évidence la difficulté des temps de production qui obligent à prévoir des projets très longtemps à l’avance et qui sont pour la plupart peu joués. Il y aussi la crainte qu’entre les reports et les nouvelles créations, il y ait une saturation ou un embouteillage au cours des prochaines saisons. Ressentez-vous ces mêmes craintes ? Eve Bonfanti : Oui, bien sûr ! Mais, de notre côté, on peut s’y retrouver parce que le temps est notre espace de création. Avec Yves, on l’a choisi comme principal allié. On met longtemps à engendrer un projet, on le remanie longtemps et, enfin, on le fait vivre longtemps. Le temps fait partie intégrante de notre démarche Yves Hunstad : Voilà une décision prise en commun, quand on a commencé à travailler à quatre mains. C’est à dire qu’on refuse d’être les otages de conditions de création qui sont trop contraignantes ou trop stressantes même si, évidemment et comme tout le monde, on n’échappe pas au stress des derniers moments avant la création d’un spectacle. Mais on a vraiment choisi notre rythme propre, au détriment parfois des nécessités de production et malgré le danger que ça peut représenter de ne pas tout le temps produire pour demeurer visibles à tout prix. Il nous plait de supposer que le théâtre fonctionne comme une énergie à l’intérieur de nous, au même titre que l’espoir ou quelque chose qui porte à un haut niveau le fait d’aimer et d’avoir envie de vivre avec et pour les autres. Vous êtes un cas rare rendu possible parce que vous travaillez la plupart du temps à deux. Vous n’êtes pas dans la surproduction de spectacles et vous avez constitué un répertoire qui fonctionne en binôme. Normalement, vous allez bientôt jouer en Suisse « La tragédie comique », dont la création date de trente ans ! Vous avez gardé votre éthique à travers le temps et, dans le contexte tourmenté que nous connaissons, votre attitude répond aujourd’hui aux demandes des artistes de s’inscrire dans le long terme. Croyez-vous à une modification des systèmes de création et de programmation pour que les arts vivants sortent renforcés de la crise plutôt qu’amoindris ? Eve Bonfanti : Je pense que les gens qui pratiquent les arts vivants font tout pour que les choses se passent au mieux. Le problème reste les injonctions venues d’en-haut, avec un gouvernement qui possède un avis particulier concernant certains secteurs de la société tels que l’art, la santé et la planète en général. Nos ministres semblent préférer investir dans ce qui assure un profit, plutôt que d’encourager les initiatives qui donnent envie de vivre, qui procurent de l’espoir à l’humanité. Aujourd’hui, notre monde vit une époque cruciale. Il importe de continuer à lutter pour faire reconnaître les arts vivants. L’histoire de notre société vit un tournant, dont les conséquences ne sont pas connues et le péril est réel. La question consiste à savoir si tout ça va continuer de cette manière ou si un changement positif va s’opérer dans un avenir relativement bref. (Vous serez informés de la reprogrammation de ce spectacle, notamment, via le site www.varia.be) Sylvie Somen et Aurélia Noca Photos © France Dubois
EXPOSITION : MASCARADE EN ROUGE ET NOIR Le Musée d'Art Fantastique organise « Mascarade en rouge et noir », exposition collective basée sur les couleurs emblématiques du Brussels International Fantastic Film Festival, bien connu sous l’acronyme Bifff. Pour la circonstance, trente artistes belges et internationaux proposent des travaux issus de leurs mondes imaginaires et fantasmagoriques. L’occasion de se laisser véhiculer tout au long d’un parcours où tableaux singuliers et masques imprimés rivalisent de qualité pour suggérer une plongée dans l’étrange, l’horrible, le morbide ou le poétique, car on le sait « fantastique » rime avant tout avec surprise et intervention de l’indicible dans le quotidien. Un événement qui s’adresse bien sûr aux amateurs et aux passionnés, mais qui ne rebutera pas les curieux. Un événement à découvrir du 3 au 18 avril 2021. Plus de détails sur le site www.fantasticmuseum.be Rue Américaine, 7 à 1060 Bruxelles André Metzinger
WOLUWÉ-SAINT-LAMBERT : UNE HISTOIRE D’EAU(X)... Située à l’est de Bruxelles, la commune, qu’entourent Etterbeek à l’ouest, Schaerbeek, Evere et Zaventem au nord, Kraainem à l’est, et Woluwé-Saint-Pierre au sud, s’étend sur une superficie de 731 hectares. Le 31 décembre 2000, elle comptait pas moins de 46.245 habitants. Elle naquit sur les versants de la vallée que creusa la Woluwe, ruisseau coulant du sud au nord. Ce territoire appartient au plateau brabançon et son relief varie en fait fort peu: entre 38 mètres à l’endroit où la Woluwe pénètre à Zaventem, le point le plus bas, et 94 mètres, le point le plus élevé, à proximité du square Vergote. Le sous-sol? Il relève des ères quaternaire et tertiaire (environ 100 à 70 millions d’années). Jadis, une chaîne d’étangs alimentait la vallée, dont il ne subsiste de nos jours que quelques nappes d’eau (le parc des Sources, le parc Malou) et zones marécageuses (prairies de l’Hof Ter Musschen) situées le long du boulevard de la Woluwe. Woluwé-Saint-Lambert tire son nom de la rivière qui la traverse paresseusement. A l’origine, il s’agissait probablement d’un terme germanisé, “ahwjo”, dans lequel on devine l’aqua (eau) latin, évoquant bien entendu un endroit humide, marécageux. Une interprétation plausible mais non définitive. On écrivait Wolewe, Wilewe, Wolewa, mais au début du XVème siècle s’imposa Woluwe. Le patronyme Saint-Lambert, nous le rencontrons depuis 1187 déjà. Il était le patron de la paroisse la plus ancienne de la commune; cependant la dénomination “officielle” de Woluwé-Saint-Lambert ne se répandit qu’au XIIIème siècle. On souhaitait probablement distinguer de cette manière le hameau de ses voisins Saint-Etienne et Saint-Pierre. Saint-Lambert est mis en évidence sur les armoiries communales: “De sable au chef d’argent chargé de trois oiseaux de sable, becqués et membrés de gueules, rangés, l’écu posé devant et vers la dextre d’un Saint-Lambert tenant de la dextre une crosse épiscopale, tournée à senestre; de la senestre un livre ouvert et écrasant sous ses pieds un guerrier casqué tenant de sa senestre une épée, le tout d’or”. Ces armoiries ont été concédées à la commune suite à un arrêté royal le 10 février 1936. Ce hameau, qui donna naissance à Woluwé-SaintLambert, au moyen-âge, se greffa autour d’une ancienne église romane bâtie sur le versant ouest de la Woluwe, à mi-chemin entre la rivière et la colline du Tomberg. Prochainement nous nous étendrons davantage sur l'Église Saint-Lambert, ceci d’un point de vue culturel et historique, une église précédée d’une vaste esplanade pavée, édifiée sur une hauteur à l’abri des crues fréquentes...de la Woluwe. Une histoire d’eau… Thierry-Marie Delaunois
EXPOSITION : MASCULINITÉS En Belgique, les créateurs de mode masculine comptent parmi les plus influents au monde. Pourtant, aucun musée belge n’avait encore traité le sujet de la mode masculine. À travers Masculinities, la nouvelle exposition du Musée, venez découvrir les codes de la masculinité et son évolution. De la « Grande Renonciation Masculine » de la fin du 18e siècle à la mode non genrée de 2020 en passant par le costumecravate, découvrez les codifications de la masculinité. Tout comme la féminité, qui est son miroir, la masculinité évolue. Au fil des siècles, les hommes ont changé d’apparence. Jusqu’au 18e siècle, le vêtement masculin se parait encore de formes brillantes et raffinées, bien loin des costumes sobres qui se sont imposés par la suite. Depuis les années 1980, l’homme a reconquis une certaine liberté vestimentaire. Mais les tabous sont-ils vraiment tombés ? Laissez-vous guider par cette exposition jusqu’au 13 juin 2021 au Musée de la mode et de la dentelle et découvrez les codes de la masculinité et son évolution. Davantage de détails sur le site www.fashionandlacemuseum.brussels Rue de la Violette, 12 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : ATOMIUM 58 Le 17 avril 1958, la dernière Exposition universelle et internationale organisée par la Belgique est inaugurée sur le site du Heysel à Bruxelles. Evénement riche en couleur, porteur d'un message d'optimisme sans limite et miroir d'une société confiante en son avenir, L’Expo 58 constitue un élément privilégié de notre mémoire collective. L’exposition permanente retrace plus de soixante ans d'histoire de l'ancien pavillon de l'Expo 58 aujourd'hui devenu le symbole international de la Belgique et de Bruxelles. Un second volet est consacré au déclin de l'édifice dans les années nonante, suivi de sa réouverture en 2006 pour aboutir au projet actuel. Depuis le 21 juillet 2020, l'exposition permanente s'est enrichie d'une maquette du site de l’Expo 58 réalisée par Etienne Tollenaere en marque de son soutien à l'Atomium. Derrière cette initiative se cache une très belle histoire, celle d'un passionné de dessin et de modélisme, qui, une fois pensionné, s'est mis à travailler sur la maquette de ce lieu qu'il a visité plus de 40 fois avec sa petite sœur alors qu'il avait 12 ans, en 1958. Sur base des dessins qu'il a réalisés à l'époque et évidemment avec l'appui de nombreuses recherches, Etienne Tollenaere s'est lancé dans une méticuleuse aventure. Il a passé plus de 1.700 heures à réaliser une maquette d'une précision extrême, à l’échelle. Jusqu'au moindre détail, rien ne manque : les pavillons, les couleurs, les visiteurs sont là... même le nombre d'arbres présents en 1958 devant les bâtiments est respecté. Si tout le monde a déjà vu l'Expo 58 en photo, en vidéo, parfois même en couleurs, il s'agit de l'unique représentation 3D du site de l'exposition universelle qui s'est tenue en Belgique en 1958. Un événement à découvrir sur trois niveaux. D'une part dans la sphère de base (niveaux 1 & 2) où, à travers des documents d'archives, des photographies, des vidéos d'époque et de nombreuses maquettes, le visiteur fera une plongée au cœur de cette prestigieuse et inoubliable aventure. Et d'autre part au panorama (niveau 7) où le visiteur aura l'occasion de comparer la vue actuelle avec celle que ses prédécesseurs pouvaient avoir en 1958. Pour les uns, ce sera l'occasion de redécouvrir cet événement enchanteur; pour les autres à qui l'Expo 58 et sa quête de progrès et de bonheur n'évoque rien de familier, de comprendre ce rêve qui fait encore aujourd'hui la magie de l'Atomium. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.atomium.be Place de l’Atomium, 1 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : PHILIPPE BERTHET À l’occasion de la sortie de La Fortune des Winczlav, préquel consacré aux ancêtres du célèbre Largo Winch, une exposition accueille les planches de Philippe Berthet, dessinateur de la nouvelle trilogie scénarisée par Jean Van Hamme. Le lecteur y découvrira l’arrivée en Amérique de l’ancêtre de Nerio Winch après avoir fuit le Monténégro. Une première collaboration entre l’auteur et le dessinateur qu’évoque Philippe Berthet avec ces mots: « Voilà une toute nouvelle manière de procéder. Le scénario était déjà très abouti et cadré, pourtant j’ai pu travailler avec une grande liberté et donner à cette trilogie une image qui me ressemble aussi. » Il s’agit d’un nouveau défi pour l’artiste qui, pour la première fois, dessine le XIXe siècle. Un lourd travail de recherches historiques a été effectué par sa compagne à la vie et au travail, la dessinatrice et coloriste Dominique David, qui a posé son trait net pour les décors d’une Amérique du Nord en plein essor. Philippe Berthet conclut en ces termes : « De ce projet exaltant a découlé une nouvelle dynamique de travail passionnante. » Voilà le pitch de ce nouvel album : 1848, Monténégro. Vanko Winczlav, jeune médecin idéaliste, prend le parti de l'insurrection paysanne contre la tyrannie du prince-évêque. Vendu aux soldats par un paysan, il n'a d'autre choix que de partir. Dans sa fuite, il rencontre Veska, jeune Bulgare réduite en esclavage dans une auberge. Ensemble, ils embarquent pour le Nouveau Monde. Lors de la traversée, Vanko épouse Veska, qui n'a aucun papier d'identité́ . Arrivé sur le continent, il trouve un emploi d'infirmier, ne parvenant pas à faire valoir son diplôme de médecin. Quelque temps plus tard, Veska accouche d'un petit Sandor qu'elle refuse d'élever et le couple se sépare. Vanko, estimé dans l'hôpital privé où il travaille, est séduit par une infirmière, Jenny. Un peu plus tard, la mort en couches d'une patiente envoie Vanko au tribunal pour meurtre et exercice illégal de la médecine. Vanko est alors emprisonné, et ses deux grands fils livrés à eux-mêmes suite au décès de leur mère. Les planches du Tome 1 de cette saga fort attendue sont exposées jusqu’au 24 avril 2021 à la galerie Huberty & Breyne. Plus de détails sur le site www.hubertybreyne.com Place du Châtelain, 33 à 1050 Bruxelles Sam Mas
CONCOURS MUSICAL : IMAGINE Après cinq années d’absence, Imagine (le concours musical international tous styles confondus pour jeunes artistes) est de retour en Belgique ! Il s’agit d’un programme des Jeunesses Musicales Internationales qui s’adresse aux musiciens âgés de treize à vingt-et-un ans et qui se déroule simultanément dans huit pays et sur trois continents. Les participants ont l'opportunité de partager leurs talents avec le monde entier, de recevoir une formation par des professionnels de l’industrie musicale et de rencontrer d’autres jeunes musiciens de milieux, de genres, et de pays différents, tout en nouant des amitiés et des contacts qui pourront peut-être changer leur existence pour toujours ! Les inscriptions aux présélections d'Imagine sont ouvertes jusqu'au 15 mai 2021. Un jury sélectionnera les dix meilleurs candidats pour la finale made in Belgium, en se basant sur les critères suivants : qualité musicale, originalité et performance scénique. Cette finale nationale belge se déroulera (si la situation sanitaire le permet) le samedi 26 juin 2021 au Botanique de Bruxelles et les lauréats auront l'opportunité de participer à la grande finale internationale du 1er au 5 septembre 2021 qui mettra en concurrence des jeunes issus du Brésil, de France, des Pays-Bas, de Norvège, de Pologne, de Suède et du Zimbabwe. Si cette expérience vous intéresse ou intéresse un de vos proches, demandez tous les détails pratiques via l’adresse belgium@imaginemusicexperience.net André Metzinger
EXPOSITION : JUANJO GUARNIDO Connu pour sa remarquable série Blacksad, Juanjo Guarnido est un auteur dont le talent a vite traversé les frontières. Né en Espagne en 1967, il est depuis toujours féru de dessin. Après des études aux Beaux-Arts de Grenade et de nombreuses collaborations dans les fanzines, il travaille pour des séries télé à Madrid puis rejoint l’équipe des studios Walt Disney de Montreuil. Avec Juan Diaz Canales comme scénariste, il crée son premier album « Quelque part entre les ombres » (Dargaud, 2000) et entraîne le lecteur au cœur de l’Amérique des années 50 et des enquêtes du détective privé John Blacksad. Cette série animalière compte à ce jour cinq volumes traduits en plusieurs langues et de nombreux aficionados. Guarnido excelle dans ses dessins à l’aquarelle et la création d’ambiances. Que ce soit dans la noirceur de ruelles sombres ou sous la lumière éclatante de la NouvelleOrléans, le pinceau du maestro fait merveille. Il dessine également Sorcelleries (Dargaud), les aventures d’une fée au pays de sorcières écrites par Teresa Valero. Avec Alain Ayroles au scénario, il se consacre à un nouvel album, Les Indes Fourbes (Delcourt), qui fait revivre le Siècle d’Or espagnol et le Nouveau monde. Des premiers crayonnés aux planches finales, l’exposition permettra de découvrir l’univers fascinant d’un auteur contemporain majeur ! Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 15 mai 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : MIDAM De ses premiers dessins aux œuvres les plus récentes, l’auteur belge Midam cultive l’art du rire et met son talent au service du gag. Les albums de Kid Paddle, connus et traduits dans le monde entier, symbolisent à eux seuls cet univers humoristique devenu un incontournable de la bande dessinée européenne. S’il dessine depuis toujours, Midam entre dans la profession en rejoignant l’équipe de Spirou, pour lequel il crée de nombreux dessins afin d’animer les rubriques du journal. À partir de 1993, il met en scène le personnage de Kid Paddle dont les aventures en mode jeu vidéo connaissent un succès grandissant auprès du public. Dès 2003, l’univers se prolonge avec la série Game Over, présentant les aventures du « Petit Barbare », l’avatar virtuel de Kid. Retraçant plus de vingt ans de création, l’exposition revient sur les grandes étapes de la carrière de Midam et lui donne la parole. A travers « l’itinéraire d’un Kid de Bruxelles », les visiteurs sont conviés à (re)découvrir l’univers d’un auteur créatif, qui ne cesse de réinventer son approche artistique pour nous surprendre et nous faire rire, encore et toujours… Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 28 août 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles
UN KET DE BRUSSELLES : Déjà la trentième chronique du ket, comme le temps passe ! Un jour, il y a quelques années, j'ai vu sur Internet qu'un peï donnait des conférences sur le parler bruxellois. Une fois par mois, il expliquait comment on en est arrivé à causer brusseleir sous toutes ses formes. Car je te l'ai déjà dit, c'est d'un compliqué que tu sais pas savoir. Des tas de gens ont planché làdessus, et pas des zievereirs, hein, des gens qui savaient de quoi et comment on cause. Des slumme (malins), alleï. Au début, plutôt au XIXe siècle (tu crois que je peux encore écrire ça comme ça ou bien je dois m'aligner sur les crabbers qui savent pas lire les cadrans d'horloge en chiffres romains?) au 19e siècle, donc, pour ne pas faire de lanternes rouges sur le bord de la route, tu avais à Brusselles des peïs qui causaient et qui écrivaient en brusseleir ; « Bruxelles commence au ketje et finit au zwanzeur, écrit Georges Garnir, deux êtres dont aucune autre ville n'est capable. Bruxelles a ça dans son histoire naturelle ». Le ton est donné : les termes ketje et zwanzeur dérivent directement du brabançon, langue issue du thiois ancien, et proche du flamand. Les théâtres étaient pleins de ces pièces en dialecte qui faisaient se tordre les pachacroutes de la ville juchés dans le paradis du théâtre Alhambra et rigoler les « mossieu Beulemans » et consorts au parterre. Toute cette littérature est tombée dans l'oubli. Aujourd'hui tu préfères écouter les folles aventures des pompiers de Chicago doublés en français canadien à la télévision, c'est beaucoup plus proche de nous, évidemment. Aujourd'hui encore, des lettrés très sérieux se penchent sur le langage de notre bonne ville : Jean-Pierre Vanden Branden nous propose « Un regard amoureux sur le parler bruxellois » (éditions La boîte à Pandore) tandis que Jean-Jacques De Gheyndt lors de ses conférences, offre une approche scientifique de l'esprit et de la langue : la science et la zwanze. Et c'est justement ce castar que j'ai vu sur Internet, fieu. Alors je suis été à une de ses fameuses conférences et klett ! la mayonnaise a pris et on est devenus copains comme Demosse et Vellens. Lui, il étudie la pratique de la zwanze et moi, j'illustre la zwanze par la pratique, si tu vois ce que je veux dire. Tu vas toujours avoir des zeures (rabat-joie) qui vont clamer leur avis sur les seaux (hygiéniques) sociaux et on leur dit fourt et puis les ceuss qui savent comment on vit à Brusselles, une fourchetée de stoemp dans la main gauche et un verre de Mort Subite dans la droite, la bouche pleine de dents et de rire. C'est pas Johan Verminnen qui va me contredire. Jean-Jacques De Gheyndt est un théoricien, mais aussi un Brusseleir, et ses conférences, données dans le pur esprit de la zwanze, sont parsemées d'anecdotes, de faits historiques, d'analyses scientifiques d'un langage, mais aussi un délassement pur, où l'on se sent – enfin – chez soi, en bonne compagnie. Il en a tiré un essai : « Schieven Architek ! », un écrin d'informations très fouillées sur la langue endogène, mais qui aussi, suscite la bonne humeur à chaque page. L'auteur révèle son intention : « J'ai toujours rêvé d'un livre qui traite du bruxellois à la fois de manière scientifique et humoristique, qui illustre une pédagogie rigoureuse par des exemples hilarants mais historiques. Ce livre n'existe pas. J'ai donc décidé de l'écrire. » Et c'est drôlement réussi, c'est le ket qui te le dit. Rencontrer encore de nos jours des gens soucieux de la vraie évolution de la langue est un plaisir rare. Ce ne sont pas des birbes nostalgiques du bon vieux temps où bompa fumait sa pipe au coin du feu avec un verre de Chassart à portée de main ; ils sont là pour lutter contre la paupérisation, la simplification, le langage SMS, la standardisation à outrance, en un mot, la dégénérescence. Croire que le nivellement par le bas de la culture est une formule d'avenir, c'est choisir l'extinction. Un monde où au lieu d'apprendre à ceux qui ne savent pas, on place le curseur au niveau des plus incultes (Éric Teyssier). Ça ne veut pas dire que je prône l'élitisme, je pose simplement des limites à la bêtise. Par son essai sur la langue endocrine bruxelloise autant que dans ses conférences, Jean-Jacques De Gheyndt réussit à concilier la science et la zwanze d'une manière magistrale. C'est un amoureux de Brusselles qui te le dit. Georges Roland Retrouvez les romans bruxellois de Georges Roland sur www.georges-roland.com
EXPOSITION : FAKE FOR REAL Dans la grisaille de la routine quotidienne, le sensationnel, le spectaculaire et le surnaturel nous permettent d’échapper à l’ordinaire. Mais le jeu de l’imposture n’est amusant que si nous en acceptons les règles. Ceux qui se laissent abuser risquent gros : argent, crédibilité, intégrité... Certains y ont laissé la vie. Aujourd’hui, la désinformation est partout, mais le mal est ancien. L’histoire regorge de faux-semblants de toutes natures. Le Cheval de Troie, modèle mythologique de la supercherie, fait ainsi écho aux problèmes contemporains d’un monde dominé par Internet. Embarquons pour un voyage dans le temps et aventurons-nous au gré des fraudes et falsifications qui ont jalonné l’histoire tout en gardant un œil sur la réalité des choses. La Maison de l’histoire européenne, située dans le parc Léopold, inaugure une nouvelle exposition, « Fake for Real : une histoire du faux et de la contrefaçon ». Elle explorera le monde fascinant des faux, du mensonge et des contrefaçons et entrainera les visiteurs dans un récit allant de l’antiquité à nos jours. Un astucieux dispositif de miroirs à l’entrée et un chemin labyrinthique à travers les différents thèmes de l’exposition donnent immédiatement le ton de la visite - comment trouver ou échapper à la vérité ? Comment jouer avec les illusions ? Les visiteurs sont invités à réfléchir à la manière dont les mensonges sont racontés et dans quel but. Comme l’explique la commissaire d’exposition Joanna Urbanek : « Nous devons être conscients que parfois nous voulons être trompés, pour pouvoir transcender notre quotidien, rêver. Il est humain de croire à certaines contrefaçons. Mais cette inclination peut être exploitée et les conséquences peuvent être considérables. » Répartie sur six thèmes tout au long d’un parcours chronologique, l’exposition présente plus de deux cents objets remarquables venus de toute l’Europe. Emblématique, chacun raconte une histoire édifiante de falsification et de tromperie - des archives effacées des empereurs romains, des biographies manipulées de saints médiévaux, des histoires de voyages qui ne se sont jamais produits - à une fausse armée utilisée par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils incluent également des documents d’une importance cruciale dans notre histoire tels que la donation de Constantin et les lettres utilisées pour accuser Dreyfus. Tous démontrent que les émotions et les croyances personnelles ont une influence sur la façon dont nous voulons comprendre le monde, ou délibérément nous le représenter de manière déformée. La communication sur la pandémie liée au Covid-19 et la désinformation qui l’entoure sont également examinées dans cette exposition. Le terme «désinfodémique» est le rappel opportun que les vérités et les contre-vérités circulent constamment et que la pensée critique et l’action civique sont de précieux gardiens contre la tromperie. La dernière section de l’exposition, intitulée « Une ère de post-vérité? » est un espace interactif fait de jeux et de vidéos où les visiteurs peuvent devenir des vérificateurs de faits, décider de ce qui est publié, ou encore jouer avec une « bulle filtre » innovante qui explore la façon dont les médias sociaux fonctionnent. Comme un voyage à travers les motifs et l’impact des faux mais aussi sur notre façon de nous exposer à eux, cette exposition nous bouscule et met en lumière toute la complexité et les contradictions qui jalonnent notre passé, présent et futur. Heureusement, nous avons des outils à notre disposition: faire preuve d’esprit critique, ne pas se fier à ses premières impressions, être conscient de ses préjugés et évaluer la fiabilité des sources sont autant d’éléments qui peuvent nous aider à distinguer les faits de la fiction et à nous frayer un chemin dans les méandres de la réalité. Une exposition à découvrir jusqu’au 28 octobre 2021 à la Maison de l’Histoire européenne. Plus de détails sur le site www.historia-europa.ep.eu Rue Belliad, 135 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : MABELE ELEKI LOLA ! Pour la première exposition temporaire depuis l’ouverture en décembre 2018, l’AfricaMuseum invite l’artiste kinois Freddy Tsimba à un dialogue avec les collections du musée. La sélection des objets ethnographiques a été réalisée avec la contribution scientifique de Henry Bundjoko, directeur du Musée national de la République démocratique du Congo à Kinshasa. Jean Bofane, écrivain, auteur de Mathématiques congolaises (publié chez Actes Sud) et commissaire d’exposition, propose ici un regard inédit sur l’art de Freddy Tsimba en dévoilant la face spirituelle de son œuvre. En tant que grand forgeron selon la tradition, Freddy Tsimba transforme le métal des conflits en matière première d’une nouvelle narration. Les églises de réveil promettent le paradis. Mais quel paradis évoquent-elles ? Pour Freddy Tsimba et Jean Bofane, il est impérieux de se débarrasser des fausses promesses. La terre est décidément au-dessus de tout. Elle est plus belle que le paradis ! Le titre est né d’une conversation avec l’artiste, optimiste, amoureux infatigable de la vie et de la beauté. Les créations monumentales de Tsimba entrent pour la première fois en dialogue avec les collections du musée. L’artiste rend ainsi hommage au travail du forgeron et du sculpteur classique. Vingt-deux installations de Freddy Tsimba, lors de cette rencontre exceptionnelle, font face à trente pièces du musée dont la plupart n’ont jamais été montrées. Pour ceux qui l’ignorent, Freddy Bienvenu Tsimba est né en 1967 à Kinshasa et a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale. Il travaille le bronze et les métaux de récupération, en parfaite indépendance. Profondément attaché au respect des droits humains, en particulier les droits des plus fragiles, les mères et les enfants, il expose le tragique de la guerre et témoigne des violences à travers le temps. Mais il est aussi le porte-parole de la paix et de la résilience. Il rend de façon sublime hommage aux femmes et à la vie. Freddy Tsimba est aujourd’hui un artiste connu et reconnu à Kinshasa et sur la scène artistique internationale. Il est célèbre pour ses sculptures faites de douilles, de cartouches et aussi pour ses maisons-machettes. L’artiste a participé à plusieurs Biennales de Dakar (2002, 2006 et 2008) et à des expositions collectives comme The Divine Comedy (2014), Kongo am Rhein (Bâle, 2017) et Afriques Capitales (Lille, 2017) sous l’égide de Simon Njami. Il rappelle également la mémoire des Congolais victimes de la colonisation. Une exposition à découvrir jusqu’au 15 août 2021 à l’AfricaMuseum (ancien musée d’Afrique centrale). Plus de détails sur le site www.africamuseum.be Leuvensesteenweg, 13 à 3080 Tervuren
EXPOSITION : BACK TO BRUEGEL Vous pouvez à nouveau profiter du magnifique panorama sur Bruxelles, de la visite de l’exposition « Back to Bruegel » et de l'incroyable architecture du célèbre vestige de la seconde enceinte de la capitale. Un nouveau parcours vous permet de découvrir l’intégralité de la Porte de Hal et de son exposition, de même que des escaliers médiévaux habituellement fermés au public. À ne pas manquer ! Les organisateurs ont prévu des protections individuelles pour les casques de réalité virtuelle, des audioguides désinfectés, et l’accès à des endroits habituellement inaccessibles du bâtiment ! La réouverture du Musée de la Porte de Hal vous offre la possibilité d'une (re)découverte passionnante du Bruxelles médiéval et du XVIe siècle en toute sécurité. Effectuez donc un plongeon surprenant dans une version en réalité virtuelle des peintures mondialement connues d’un des plus grands peintres de notre région. Quatre œuvres du maître prennent vie et vous entraînent, pour un instant, dans la vie quotidienne d’il y a 450 ans. Voyagez au cœur du XVIe siècle, face à d’authentiques trésors du Nouveau Monde, des armes et armures, des instruments de musique et d’autres œuvres des Musées royaux d’Art et d’Histoire, du Rijksmuseum, du Musée de la Ville de Bruxelles, du Coudenberg, etc... Au sommet du bâtiment, profitez aussi du magnifique panorama sur Bruxelles et laissez-vous transporter dans le temps de Bruegel grâce aux longues-vues virtuelles. Une exposition à voir jusqu’au 18 avril 2021 à la Porte de Hal. Plus de détails sur le site www.kmkgmrah.be Boulevard du Midi, 150 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : SUPERSTUDIO MIGRAZIONI Démarrée en 1966, l'aventure de Superstudio a conduit ses membres à s'interroger pendant plus d'une décennie sur les manières d'habiter le monde transformé par les forces capitalistes et les évolutions techniques. C'est ce que l'exposition se propose d'étudier, à travers le prisme des « migrations » (migrazioni). Empruntée au vocabulaire de Superstudio, cette notion sert de clé conceptuelle et poétique pour plonger dans l'architecture du groupe, que ses membres comprenaient comme une activité de production, élaboration et transmission permanente d'idées. L'exposition propose au visiteur un voyage thématique et chronologique à travers ce qui reste d'un des corpus les plus radicaux et les plus originaux de la production architecturale du XXe siècle. Faisant fi des divisions traditionnelles entre les disciplines et des frontières géographiques, les projets de Superstudio ont voyagé dans le monde globalisé qu'ils dépeignaient, de Florence à Tokyo. Les visions critiques et outrancières de Superstudio ont largement circulé et ont été au cœur des dialogues que Superstudio a entretenus avec quelques-uns des protagonistes de la scène architecturale de la seconde moitié du xxe siècle. Parallèlement à l'œuvre du groupe, l'exposition présente le travail de 9999, Archizoom, Hiromi Fujii, Hans Hollein, Arata Isozaki, Rem Koolhaas, Ugo La Pietra, Leonardo Ricci, Aldo Rossi, Leonardo Savioli, Ettore Sottsass Jr, Bernard Tschumi. Superstudio Migrazioni met l'accent sur des œuvres inventives et artistiques (photos-collages, dessins, installations, maquettes et films) ainsi que sur des objets et des meubles relevant davantage du design industriel, révélant ainsi la grande diversité des projets du groupe. L'exposition bénéficie du prêt exceptionnel des œuvres originales de la collection du Centre Pompidou et des archives de Superstudio, dont cer-aines n'ont plus été montrées depuis plus de quinze ans. Un événement à découvrir au Civa du 15 janvier au 16 mai 2021.Voyez plus de détails sur le site officiel : www.civa.brussels Rue de l’Ermitage, 55 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : DINO WORLD Deux fois plus importante que lors de son précédent passage en Belgique en 2013, l’Exposition Dino World est de retour à Bruxelles et permet de vivre un voyage extraordinaire de plus de soixante-cinq millions d’années dans le temps pour partir à la découverte d’un monde où régnaient les créatures les plus extraordinaires que notre planète n’ait jamais connues. Soixante dinosaures animés envahissent le Palais 2 à Brussels Expo. Dans d’impressionnants décors naturels, vous allez pouvoir vous immerger dans un univers fascinant : celui de l’ère mésozoïque, période à laquelle vécurent les plus grands monstres jamais connus sur notre planète. Laissez-vous impressionner par la taille et les rugissements du tricératops, du brachiosaure ou du célèbre Tyrannosaure. Evaluez l’envergure fantastique du Ptéranodon et comparez vos empreintes à celle d’une jeune Diplodocus. Saviez-vous que d’authentiques dinosaures ont également été trouvés en Belgique ? C’est ainsi qu’à la fin du 19e siècle, le squelette d’un iguanodon a été découvert en parfait état à plus de 322 mètres sous terre, dans une mine charbon située à Bernissart. Ce petit bout d’histoire bien de chez nous sera lui aussi raconté au sein de l’exposition Dino World grâce à un partenariat établi avec le Musée des Sciences Naturelles de Belgique. Les dinosaures étaient-ils bipèdes ou quadrupèdes ? Appartenaientils tous à la même espèce ? Comment ont-ils disparu ? Où et comment vivaient-ils ? En découvrant les reproductions des iguanodons au sein de l’exposition Dino World, toutes vos questions trouveront réponse. Il ne vous restera plus qu’à visiter le Musée des Sciences Naturelles de Belgique pour devenir un véritable expert en la matière… Conçue prioritairement pour les enfants, l’Exposition Dino World leur explique le développement de la vie sur terre. A l’aide d’un audioguide et grâce à parcours à la fois interactif et ludique, ils découvriront le mystère de l’apparition et de l’extinction des grands Sauriens sur notre planète. Grâce aux répliques de nombreux fossiles, ils pourront également comprendre comment les scientifiques ont pu trouver et conserver les traces des dinosaures. Une exposition à découvrir jusqu’au 18 avril 2021 à Brussels Expo. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.brussels-expo.com Place de Belgique, 1 à 1020 Bruxelles
LES MRAH VOUS ATTENDENT ! Les musées des Musées Royaux d'Art et d'Histoire ont rouvert leurs portes. Depuis que le gouvernement fédéral a donné son feu vert, ils ont rapidement mis en œuvre des mesures au niveau de la sécurité, de l'hygiène et de la distanciation sociale. On le sait, les mesures pour ouvrir en toute sécurité ne sont pas une mince affaire. Les tickets ne peuvent être achetés qu'à l'avance et en ligne. Les visiteurs doivent se désinfecter les mains à l'entrée et porter un masque buccal. Un parcours adapté anti-corona a été développé pour chaque musée. Cet itinéraire garantit une distance sociale entre les visiteurs et leur montre en même temps les plus beaux endroits et les objets de collection des différents musées. A nouveau, les visiteurs peuvent revisiter les collections, même si les horaires ont été légèrement modifiés à cet effet. Toutes les informations détaillées pour planifier votre visite se trouvent sur les sites internet du Musée Art & Histoire, de la Porte de Hal et des Instruments de Musique. A savoir : www.kmkgmrah.be
EXPOSITION : ROGER RAVEEL Roger Raveel (1921-2013) aurait eu cent ans aujourd’hui. Une occasion idéale pour BOZAR de lui consacrer une grande rétrospective. L’artiste est considéré comme l’un des peintres belges les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle, mais il se distingue radicalement de ses contemporains par un langage visuel tout à fait unique, à mi-chemin entre figuration et abstraction, prenant son propre environnement comme principale source d’inspiration. À travers plusieurs volets thématiques, cette exposition retrace le long parcours artistique d’un créateur hors-normes et l'émergence de sa vision plastique unique. Son style se singularise par un mélange de figuration et d’abstraction, servi par des couleurs vives et vitales, parfois soulignées de contours sombres. Il a aimé représenter le mouvement avec une acuité bienveillante. Pour lui, l’acte de peindre était une nécessité autant que l’air pour respirer. Il a également travaillé comme graphiste. Enfin, il avait besoin de percevoir les choses et les traitait sous un jour différent, à des lieues du regard du commun. L’influence de la physique et des nouveaux développements techniques l’ont doté d’un intérêt croisant pour les choses qui nous entourent. Il a cherché à rendre cette nouvelle vision du monde invisible tangible. L’exposition qui lui est consacrée à Bozar est à découvrir du 18 mars au 21 juillet 2021. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles
FULU-ACT : DU MOUVEMENT, NAÎT LE REGARD Dans sa collaboration avec deux collectifs de performeurs de Kinshasa, Ndaku Ya la vie est Belle et Farata, le photographe Colin Delfosse a choisi de capturer un moment. Un instant suspendu marqué par le regard de chacun des performers sur l’objectif : Eddy Ekete, Precy Numbi, Pape Noir, Falonne Mambu, Nada Thsibwabwa et Junior Lohaka. Comme une prise de conscience regardant la réalité telle qu’elle se présente. Et posant la question du modèle de société dans lequel nous souhaitons vivre pour paradoxalement figer l’instant en l’accrochant dans nos consciences. La posture droite, l’allure des performeurs se fait sculpturale et monumentale. Elle apporte peut-être un début de réponse à une ville comme Bruxelles qui se demande encore comment regarder ses fantômes du passé élevés au rang de héros, proposant ainsi une relecture de la société et l’échange comme les nécessités d’une époque. Et peut-être comme les objets à figer dans les socles de pierre. Une exposition à voir à Bozar jusqu’au 8 avril 2021. Voyez toutes les informations pratiques sur le site officiel www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : CÉCILE MASSART Cécile Massart est une artiste belge qui utilise différents médiums : dessin, gravure, installation, photographie, vidéo, livre d’artiste. En 1994, la question de l’identification des sites de stockage de déchets radioactifs dans le paysage devient son principal sujet de travail. Elle entend sensibiliser les responsables des agences de gestion des déchets à la visibilité de ces lieux. Son objectif est d'inscrire dans le paysage cette strate archéologique unique du XXIe siècle, appelant ainsi la responsabilité de chacun. Quel genre de politique énergétique voulons-nous pour l'avenir ? Quel patrimoine voulons-nous transmettre ? Un événement à découvrir au Botanique jusqu’au 25 avril 2021. Plus de détails sur le site www.bota.be Rue Royale, 236 à 1210 Bruxelles
EXPOSITION : KURT LEWY – TOWARDS ABSTRACTION S’appuyant sur le patrimoine du Musée Juif de Belgique, mais aussi sur des œuvres de la galerie anversoise Callewaert -Vanlangendonck, cette exposition sort de l’ombre une figure incontournable, mais aujourd’hui tombée dans l’oubli, de la peinture belge d’après -guerre. S’y révèle une œuvre qui, saisissant précipité de l’évolution dès l’histoire de l’art au XX e siècle, montre un chemin qui part de la figuration pour aboutir à l’abstraction. Peintre, émailleur et illustrateur, Kurt Lewy (1898 – 1963) est né à Essen (Allemagne), où il enseigne les techniques graphiques à la Folkwang S chule de 1929 à 1933. Dès l’avènement du nazisme, cet artiste juif est destitué de ses fonctions. Deux ans plus tard, il fuit l’Allemagne hitlérienne pour s’installer à Bruxelles. Incarcéré comme sujet ennemi par les autorités belges en mai 1940, Kurt Lewy est interné dans les camps de Saint-Cyprien et de Gurs. En 1942, il parvient à s’évader et revient à Bruxelles, où il se cache durant une vingtaine de mois. En juin 1944, il est a rrêté par les nazis, qui l’internent à Malines jusqu’à la Libération. Après la Seconde Guerre mondiale, Kurt Lewy renonce aux thèmes figuratifs qui guidaient jusqu’alors sa production, marquée à ses débuts par l’expressionnisme allemand. Il se tourne vers l’abstraction, qu’il explorera jusqu’à son décès. Soucieuse d’« éliminer le superflu, l’éphémère, le chaotique », sa recherche géométrique le dégage des angoisses que lui avaient causés le cauchemar de la guerre comme son isolement d’émigré. Une exposition à voir jusqu’au 18 avril 2021 au Musée Juif de Belgique. Vous trouverez tous les détails pratiques sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : ABORIGINAL ART Prolongeant l'interrogation sur la modernité entamée avec BEModern, les MrBAB présenteront une exposition consacrée à la peinture aborigène mise en confrontation avec nos collections. Plongez-vous dans l'univers rituel de l'art aborigène. Depuis Papunya Tula au début des années 1970, les peintres aborigènes ont initié un mouvement artistique qui jouit d'une réputation internationale de plus en plus large. Dialoguant avec le "primitivisme moderne", ces œuvres rendent compte de la modernité de ceux qui furent trop longtemps considérés comme "primitifs". Au-delà des clichés, s'impose une peinture qui fait désormais la part essentielle à l'expression féminine tout en livrant une interrogation critique sur certains du regard ethnographique tel qu'il s'est articulé depuis le XIXe siècle. Un voyage à la découverte de formes rituelles qui ouvrent en même temps une fenêtre sur la spiritualité. Un événement à découvrir jusqu’au 1 er août 2021 aux Musées royaux des Beaux -Arts de Belgique. Plus de détails sur le site www.finearts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles
INSTALLATION : PURIFICATION Pionnier de l’art vidéo, Bill Viola a révolutionné le genre en investissant très tôt le champ des possibilités offert par la technologie numérique. Il a développé ces dernières décennies un style reconnaissable entre tous, marqué par son admiration pour les grands maîtres de la peinture ancienne. Ses installations plongent le spectateur dans un univers contemplatif, imprégné de mysticisme, et dans lequel la figure humaine occupe une place centrale. Purification, une double projection réalisée pour la mise en scène par Peter Sellars de l’opéra de Wagner Tristan et Isolde en 2005, offre une parfaite synthèse de tous ces éléments. Avec des gestes ralentis à l’extrême, un couple se livre à un rituel de purification, qui évoque une renaissance. Ainsi que le décrivait l’artiste : Depuis le début, je n'essaie pas de créer des images en moi, mais de trouver l'origine des choses, des gens, des situations. J'ai donc commencé à écrire ce que j'avais en tête sur un morceau de papier, et là c'est devenu très simple d'avancer. Je me suis plongé de plus en plus profondément dans le livret, et c'est de là que sont venues toutes ces images. Une installation à voir jusqu’au 1er août 2021 aux Musées royaux des Beaux-Arts. Voyez plus de détails sur le site officiel www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : EMBRASSEZ-VOUS ! Situé au cœur des Marolles, le Art et Marges musée, spécialisé dans l’Art Brut contemporain, questionne l’art et ses frontières. Sa collection s’est constituée dès le milieu des années 80 auprès d’artistes autodidactes, d’ateliers pour personnes porteuses d’un handicap mental ou d’ateliers en milieu psychiatrique. Elle se compose aujourd’hui de plus de quatre mille œuvres internationales produites en dehors des sentiers habituels. Ses expositions temporaires, au rythme de deux à trois par an, mêlent artistes de part et d’autre de la marge et questionnent l’art et sa définition. Le Art et marges musée s’engage dans la lignée de l’Art Brut, concept développé à partir de 1945 par le peintre français Jean Dubuffet (1901-1985). La première collection de l’artiste regroupe des œuvres de patients d’hôpitaux psychiatriques et valorise une forme d’authenticité notamment par l’absence d’art dit « culturel ». Elle est aujourd’hui conservée à La Collection de l’Art Brut de Lausanne. Le Art et marges musée ne se limite toutefois pas à ce que Jean Dubuffet a choisi de nommer Art Brut, le concept étant « protégé » par son créateur. A sa fondation en 1984 sous le nom Art en marge, le lieu bruxellois est un Centre de recherche et de diffusion qui s’identifie davantage au terme « outsider art », au départ traduction anglaise d’Art Brut, mais qui englobe au fil du temps plus librement des expressions artistiques marginalisées consciemment ou inconsciemment des sentiers fréquentés de l’art. À partir de 1986, Art en marge dispose d’un lieu d’exposition et fonctionne comme une galerie à but non lucratif. Au fil des expositions, la collection se développe et justifie la reconnaissance muséale du projet. Le Art et marges musée est inauguré en décembre 2009. Son changement de nom marque la volonté d’ouverture du lieu : exposer des œuvres marginalisées du milieu de l’art, qui découlent souvent de la marginalité de leur créateur, mais avec une volonté d’inclusion et de dialogue avec des artistes dit « insiders ». Le musée ne définit pas la marge mais la questionne et ce faisant questionne la définition même de l’art. Emergent facilement au contact de ces œuvres des réflexions comme la suivante, parmi d’autres : Une œuvre qui naît sans intention de créer une œuvre d’art... Peut-elle être considérée en tant que telle ? Les œuvres qui sont exposées sont nées de partages en atelier, autant que de l’intimité la plus totale. Souvent elles entretiennent un lien très proche avec la vie du créateur, souvent elles se produisent de façon spontanée, sans intellectualisation et souvent elles parlent de façon directe aux spectateurs. Jamais, elles ne se soumettent à des règles, même quand elles tentent de s’y conformer. Le Art et marges musée est un espace où la création est une pépite trouvée au cœur de la confidentialité de son lieu d’émergence, un espace où la création est plus que jamais associée à l’idée de liberté. Le Art et marges musée, après plus de 30 ans d’existence (dont 10 en tant que musée) connaît encore une certaine confidentialité, entretenue sans doute par son invisibilité dans le bâtiment qu’il occupe et sa taille restreinte. Cette dernière caractéristique semble toutefois pouvoir être considérée comme une force. Il ne s’agit pas d’un lieu impressionnant, le visiteur est mis à l’aise, le contact avec le personnel du musée se crée très facilement, et le dialogue a toute sa place. Museum Night Fever, Nocturnes des musées bruxellois, Place aux enfants, visites scolaires et familiales, tables rondes, performances, rencontre avec les artistes… Le Art et marges musée est un musée vivant au rythme des activités qui l’anime et accorde une grande importance à satisfaire tous ses publics ! Pour ses 10 ans, le musée propose une programmation et une publication qui offrent de multiples points de vue, mettant en vedette la richesse de sa collection et de son histoire. Le Art et marges musée fête ses dix ans, l’occasion de vous présenter sa collection sous un jour nouveau ! Constituée le long des routes caillouteuses et des sentiers moins fréquentés de l’art, celle-ci regorge de pépites d’art brut et outsider. Le musée a ouvert ses portes à une dizaine d’artistes-complices. Fascinés par des artistes de la collection, ils ont investi les lieux. Ils propagent leurs éblouissements à travers des installations, des performances, des créations sonores, littéraires et culinaires. Braises incandescentes, lumineuses et mystérieuses, chaque point de vue posé sur la collection offre un nouvel éclairage, une porte ouverte à l’embrasement. Le résultat est un gâteau flamboyant à partager et à dévorer sans mesure. Jusqu’au 25 avril 2021, il propose l’exposition : « Embrassez-vous ! ». Voyez davantage de détails sur le site www.artetmarges.be Rue Haute, 314 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : YVONNE DE GRAZIA Yvonne De Grazia est passionnée depuis l’enfance par les beaux-arts. Elle s’est consacrée de longues années à une vie professionnelle chargée dans le domaine du marketing. Mais la pratique des arts plastiques l’a toujours habitée. Née à Sarrebruc (Allemagne), elle vit et travaille aujourd’hui à Bruxelles) L’exposition qui lui est consacrée et baptisée « Danger… it’s what you run away from » véhicule une proposition visuelle qui conjugue passé collectif et mémoire individuelle. Des extraits du livre A life in the Woods de Felix Salten et de son adaptation en dessin animé par Walt Disney (Bambi) sont les éléments essentiels de ce travail. Ceux-ci sont associés à la froideur, l’éclat et la puissance des images de la période d’après-guerre. A partir d’images aléatoires provenant du web (fastweb search), Yvonne De Grazia recolore, dissimule, retrace, copie ou analyse images et couleurs, brouillant ainsi le regard du spectateur pour l’inviter à prendre du recul. L’installation inclut des impressions papier, du design textile, du dessin, de la vidéo et du son et est à découvrir du 25 mars au 6 juin 2021 à la Centrale for Contempory Art. Plus de détails sur le site www.centrale.brussels Place Sainte-Catherine, 44 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION ; FOERSTER - HUMOUR FANTASTIQUE Né en 1954 à Liège, Philippe Foerster effectue ses études à la section bande dessinée de l’Institut SaintLuc à Bruxelles. Il y suit l’enseignement de Claude Renard et y fait, entre autres, la connaissance de Philippe Berthet, Antonio Cossu, François Schuiten et Andreas.Nous sommes alors à la fin des années 70, époque de découvertes de nouvelles voies dans la bande dessinée. Et c’est dans ce contexte que, en 1980, il débarque dans la profession, accueilli par Gotlib chez Fluide Glacial pour lequel il réalisera, pendant plus de vingt ans de nombreux récits en noir et blanc au sein desquels humour noir et fantastique sont étroitement entrelacés. Les titres de ses bandes dessinées sont parlants : L’appel du fossoyeur, Instants damnés ou encore La raison du plus mort. Si son style narratif est marqué par Jean Ray, Michel de Ghelderode, Allan Edgar Poe, Ray Bradbury et Flannery O'Connor, son œuvre graphique s’inscrit dans la lignée de Willy Vandersteen, Jacques Tardi, Will Eisner et Jack Davis. En 1987, Starbuck apparaît dans Spirou dans un style moderne, en-joué et vif pour enfants friands d’aventures étranges et endiablées. En 1988, l’artiste se fait scénariste pour Berthet avec l’album L’œil du chasseur, tout comme en 1995 lorsqu’il réalisera un scénario en commun avec Andréas. En 2005, il retrouve Pinocchio devenu adulte avec la série Gueule de bois et depuis, Philippe Foerster poursuit son œuvre, dont nous soulignerons, parmi d’autres, La Frontière publié en 2010 où il revisite le western, Le confesseur sauvage en 2015 et Un air de gravité en 2019, tous deux parus chez Glénat. Offrant un vaste panorama de quarante ans de son travail avec de nombreuses planches inédites, le Centre culturel du Rouge-Cloître vous invite à découvrir ou redécouvrir le travail de Philippe Foerster jusqu’au 25 avril 2021. Vous trouverez tous les détails pratiques sur le site www.rouge-cloitre.be Rue du Rouge-Cloître, 4 à 1160 Bruxelles
EXPOSITION : ALEP – VOYAGE AU CŒUR DE 5.000 ANS D’HISTOIRE La Fondation Boghossian inaugure une exposition immersive et numérique consacrée à la Alep, la cité millénaire. Depuis 2012, la guerre civile syrienne ravage la ville d’Alep. Bombardements et combats au sol firent payer un lourd tribut à la population civile, mais également au patrimoine. On estime à plusieurs centaines le nombre d’édifices historiques endommagés ou détruits. Aujourd’hui encore il est difficile de répertorier ce qui a été perdu dans ces destructions et ce qui peut être sauvé. Grâce à plusieurs missions de terrain en 2017, les équipes d’Iconem, spécialisées dans la numérisation du patrimoine menacé, sont parvenues à établir des modèles 3D de plusieurs monuments majeurs de la vieille ville d’Alep. Ce travail, en plus de sauvegarder virtuellement ce patrimoine et d’en permettre l’analyse à distance, rend accessible au grand public les vestiges martyrs de l’architecture syrienne. Plongé dans une lente déambulation au sein des modèles 3D des principaux monuments d’Alep, le visiteur est confronté tour à tour à la dureté des dommages infligés au cœur historique de la ville et à la beauté des portions intactes de ces monuments. Une exposition à voir à la Fondation Boghossian jusqu’au 18 avril 2021. Plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles Sam Mas
EXPOSITION : LES MANUSCRITS DES DUCS DE BOURGOGNE Il y a six siècles, Bruxelles appartenait aux souverains les plus riches et les plus puissants d’Europe : les ducs de Bourgogne. Fins politiques et mécènes cultivés, ils se sont constitué un émouvant trésor : une collection de manuscrits tellement unique qu’elle a son propre nom, la Librairie des ducs de Bourgogne. Si tout le monde connait aujourd’hui Jan Van Eyck ou Rogier van der Weyden, les miniaturistes – peintres des livres – n’avaient rien à leur envier. Au point de faire dire à certains que les plus beaux tableaux des Primitifs flamands se trouvent peut-être dans les manuscrits. Ces chefs-d’œuvre, rescapés des outrages du temps et de l’Histoire, la Bibliothèque royale les protège pour vous. Elle ouvre aujourd’hui ses coffres pour en partager les clés et les splendeurs à travers son nouveau musée. Cet endroit unique vous permet de découvrir le passé culturel du Moyen Âge en Europe (1er étage) ; puis de pénétrer dans le Saint des saints (2e étage) et d’y admirer les splendides manuscrits enluminés de la Librairie des ducs. Cette exposition est permanente, même si certains ouvrages seront remplacés par d’autres, afin d’inviter les visiteurs à revenir. En plus de cette découverte unique, cette exposition vous propose une expérience immersive dans la vie culturelle du XVe siècle, la sollicitation de tous vos sens et un voyage dans le temps de manière originale et interactive. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.kbr.be Mont des Arts, 28 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : MEET THE MASTERS – VAN EYCK, BRUEGEL ET RUBENS Voilà un événement qui a pour vocation de marquer durablement les esprits et qui met sous les projecteurs de manière digitale et didactique le travail des peintres Jan Van Eyck, Pieter Bruegel et Pieter Paul Rubens, les trois plus grands représentants de la période flamande. L’objectif est de conjuguer une histoire de près de trois cents ans à une technologie dernier cri, afin de créer une immersion totale dans l’univers des artistes. “Meet the masters” propose donc une reconstruction à l’identique de l’atelier de ces créateurs, ainsi que des moyens qui permettent aux œuvres de s’animer. Cette exposition a été conçue en collaboration avec des experts et des historiens de l’art, afin que les travaux originaux, les techniques et les spécificités de chacun n’aient plus de secrets. Les plasticiens appartenant à des courants différents sont ainsi présentés dans leur contexte le plus fidèle. Jan Van Eyck, Pieter Bruegel et Peter Paul Rubens, sans doute les plus grands peintres flamands de l’Histoire, se voient de la sorte réunis le temps d’une expérience virtuelle et d’une rencontre inédite. S’il est toujours question de voyage, celui-ci s’organise hors de toute chronologie, engageant dans une conversation fantasmée ces trois maîtres nés de siècles différents. L’opportunité de découvrir leurs ateliers respectifs reconstitués dans les moindres détails et d’observer leurs chefs-d ‘œuvres, grâce à la cartographie vidéo et à des projections à 360°. Sans parler d’une captivante pièce radiophonique … En bref, un spectacle son et lumière éblouissant que seule la 3D a pu concrétiser. Si vous avez aimé l’expérience immersive « Beyond Bruegel » et celle intitulée « Monet – the immersive experience », celle-ci est naturellement une invitation à vous déplacer. Une exposition à découvrir jusque fin avril 2021 au palais de la Dynastie. Plus détails sur le site www.meetthemasters.be Mont des Arts, 5 à 1000 Bruxelles André Metzinger
EXPOSITION : BRUNO HELLENBOSCH Bruno Hellenbosch puise à vif dans l’imagier de l’histoire de l’art, intégrant les éléments iconographiques de la peinture de la Renaissance ou des peuples de Papouasie. De l’accointance inattendue des gargouilles et des crevettes, des masques africains et de l’Hydre de Lerne, d’une Annonciation et d’une clé de vie égyptienne, d’un portrait de Basquiat et du logo Facebook, naît le sentiment grisant et vertigineux d’être face à l’histoire de l’humanité toute entière. Inspirée également des grands textes de la littérature depuis Gilgamesh, cette encyclopédie universelle des accomplissement humains dans ce qu’ils ont de dérisoire, de drôle, de génial, est un émerveillement. J’aime penser que cet émerveillement du spectateur contemporain est semblable à celui qui était suscité par les fresques des temples, les détails des frontons d’église, les enluminures des manuscrits… Quand la lecture d’une image ouvre une porte sur quelque chose qui dépasse l’Homme. En parallèle à son activité de peintre, Bruno Hellenbosch a développé ces dernières années un monumental travail de gravure sur bois. Lauréat en 2007 du Prix de la Gravure et de l'Image imprimée à La Louvière, il a depuis continué à creuser des plaques, explorant des formats de plus en plus grands. La matrice gravée, travaillée, encrée, devient alors sculpture et peinture, outil et résultat. Elle porte en elle les marques physiques du geste, de ce qui est supprimé pour mieux laisser apparaître, et nous souhaitons la montrer, l’exposer, avec ses émouvantes et nobles cicatrices. Nous présenterons également des tirages se rapprochant davantage du monotype : rejetons de la matrice remaniés, retravaillés, redessinés. Ses travaux sont exposés jusqu’au 11 avril 2021 à la Galerie DYS. IUL s’agit principalement de bois gravés récents et des tirages uniques. Vous pouvez consulter le site www.galeriedys.com pour obtenir tous les détails complémentaires. Rue de l'Arbre Bénit, 84 à 1050 Ixelles
HOMMAGE À CLAUDE CHABROL À LA CINETEK Claude Chabrol a marqué le cinéma d’une aura incroyable. Issu de la bourgeoisie catholique de province, rien ne le prédestinait au cinéma. Ses parents le voyaient notaire ou commerçant. Attiré par le grand écran, il a fort vite rêvé de se voir aux commandes d’un long métrage et a abandonné ses études scientifiques pour s’initier à la critique et au métier d’attaché de presse. Les Cahiers du Cinéma lui ont permis de rencontrer une série de jeunes passionnés. Ils se nommaient Godard, Truffaut, Rohmer, Rivette et souhaitaient eux aussi chambouler les codes en vigueur en passant à la réalisation pour y injecter toutes leurs idées. Sa femme, Agnès Goute, a hérité en 1952 de sa grand-mère plusieurs millions. Plutôt que de se faire construire une luxueuse résidence, elle a accepté de lui confier ce pactole et de lui permettre de concrétiser « Le beau Serge ». Premier succès. La suite n’a pas eu besoin de se faire attendre longtemps, car le public l’avait adoubé. Les films se sont donc succédé à un rythme de croisière, avec toujours un ancrage social et un ton cynique, souvent proche du reportage. A mesure que les années ont passé, Claude Chabrol a affûté son style et a mis en place une série de recettes ou tics qui ont toujours eu pour objectif de faire mouche. Bien entendu, il a succombé au charme de Stéphane Audran, l’une de ses comédiennes, et l’a épousée en 1964. Une union sacrée qui leur a valu de nombreuses créations communes, dont Les noces rouges, Le boucher, Les biches, Landru, La rupture, Juste avant la nuit, Le scandale, etc. Au début des années 70, il a pris conscience de son importance au firmament du septième art français et, sans jamais prendre la grosse tête, il s’est amusé à jouer de son image, devenant l’acteur de plusieurs rôles à l’écran ou plus exactement, comme Alfred Hitchcock (son modèle), en apparaissant le temps de quelques plans sur la pellicule en forme de clin d’œil. Décédé voilà un peu plus de dix ans, quel bagage nous laisse-t-il ? On parle aujourd’hui de cette petite musique chabrolienne immédiatement identifiable et fondée sur le couple fluidité-cassure, qui lui a permis d’éviter le spectre de la routine par la variété des dispositifs qu’elle met en place. Il avait pour credo de surprendre, de saisir la tangente et d’amener ses récits à s’engager dans des retournements. Naturellement, en vieillissant, il avait perdu une part de sa rage un brin révolutionnaire pour la remplacer par un humour à froid qui faisait le plus souvent mouche. A partir des années 70, il avait découvert le potentiel de la toute jeune Isabelle Huppert et, à plusieurs reprises, l’a sollicitée pour venir travailler avec lui. De leur collaboration sont nés des classiques tels que Madame Bovary, Violette Nozières, Merci pour le chocolat, La cérémonie, Une histoire de femmes, etc. Sa filmographie se déplie en un peu plus de cinquante titres, dont quelquesuns pour la télévision. Les cinéphiles se souviennent enfin de son travail sur la durée avec le compositeur Pierre Jansen, avant de confier le boulot de compositeur à son fils Mathieu, né de son premier mariage. La Cinetek consacre ce mois d’avril à ses meilleures réalisations, oscillant entre drames bourgeois et polars vénéneux. Des affiches à voir ou à revoir. Les films sélectionnés dans le cadre de cette anthologie sont disponibles à la location sur le site www.lacinetek.com au tarif unitaire habituel de 2,99€ en SD et de 3,99€ en HD. Daniel Bastié
RENCONTRE : LAURENT DUMORTIER Laurent Dumortier est le fondateur de la maison d’édition belge Chloe Des Lys, créée en 1999 à Tournai. Il est lui-même poète et novelliste. Il raconte : « A l’époque, en tant qu’auteur, j’avais déjà tenté ma chance dans pas mal de maisons d’édition et mon manuscrit avait été à chaque fois refusé. De fil en aiguille, Colette Nys-Mazure m’a suggéré de prendre contact avec Emile Kesteman, à l’époque Vice-Président de l’Association des Ecrivains Belges de langue française. C’est ce dernier qui m’a conseillé de m’autoéditer pour démarrer. J’ai voulu associer à ce projet les nombreux auteurs débutants qui rencontraient le même problème pour publier leurs écrits et voilà comment est née Chloe Des Lys, une maison made in Belgium avec un comité de lecture composé de professionnels, et une imprimerie située en Belgique. Petit à petit, la maison d’édition a pris de l’ampleur, éditant non seulement les auteurs belges mais également les auteurs de la francophonie (Belgique, France, Suisse ..). Une web-tv est venue s’ajouter aux différents outils de promotion, tout comme une boutique en ligne, un blog, des pages sur les réseaux sociaux … Actuellement, le principal défi est de faire en sorte d’augmenter encore plus la visibilité des auteurs. Depuis plusieurs années, Chloe Des Lys participe à tous salons littéraires belges, en mettant un stand à la disposition de ses auteurs. Concernant ma seconde « casquette », à savoir auteur, je sors un nouveau titre par an, en alternant la poésie et les romans ou nouvelles. Je collabore à différentes revues et j’ai reçu plusieurs prix en poésie. Je suis au four et au moulin, et même aux champs, mais la passion est un moteur qui ne connaît pas de limites. Et la joie des auteurs, à chaque nouvelle parution, me récompense de tous les efforts fournis. Vous êtes auteur ? N’hésitez pas à envoyer votre manuscrit via le site www.chloedeslys.be » Son actualité : -« Réfugiés climatiques » est sorti aux Editions Lamiroy fin 2019. - « Barry by night », mon prochain titre, doit sortir dans les prochaines semaines chez Chloé des Lys (plusieurs textes du recueil ont déjà été publiés dans diverses revues). Retrouvez tous les ouvrages de Laurent Dumortier sur le site officiel http://laurentdumortier.canalblog.com Silvana Minchella
80 ANS POUR LE CAPITAINE HADDOCK ! Les héros de bandes dessinées demeurent éternellement jeunes et n’affichent jamais leurs rides. Pourtant, l’un d’entre eux vient de fêter ses quatre-vingts balais. Le capitaine Archibald Haddock, compagnon de route de Tintin, est apparu en 1941 dans les pages du Soir. Il s’agissait de la publication en feuilleton du futur album « Le crabe aux pinces d’or ». Très vite, les lecteurs se sont entichés du personnage, autant pour son tempérament colérique que pour son indéfectible fidélité lorsqu’il accepte d’offrir son amitié. On l’a su par la suite, il a accompagné Tintin même sur … la lune ! Haut en couleur, il est de ceux qu’on ne peut pas oublier, servi par une flopée d’injures nées de l’imagination d’Hergé : Moule à gaufre, ectoplasme, bachi-bouzouk, etc. Les spécialistes se sont amusés à recenser les jurons dont il abreuvait quiconque tentait de lui entraver la route. Sauf erreur, la nomenclature porte sur deux cent vingt-deux insultes, toutes aussi fleuries les unes que les autres, mais jamais grossières. Quant à son patronyme, il viendrait tout simplement d’un poisson également nommé aiglefin, églefin ou ânon. Certains penchent plutôt pour une déformer de ad hoc qui signifie tombe à propos. Supputation plausible, puisque le sémillant marin ne manque jamais ses rendez-vous pour seconder, voire tirer d’une impasse, son compagnon de voyage. Au fil des aventures, son caractère s’affine, son passé se dévoile et ses phobies se manifestent avec ce qu’elles possèdent de plus tangibles. La Castafiore, cantatrice amoureuse de lui, l’insupporte à outrance, à l’eau il préfère le whisky et aux fripouilles il privilégie les honnêtes gens. Sa descendance est exhumée dans les livres « Le secret de la Licorne » et « Le trésor de Rackham le Rouge ». En fait, il est l’héritier d’un ancêtre baptisé François de Haddock, chevalier sous le règne de Louis XIV. Son langage fleuri et ses coups de tonnerre qui font trembler le ciel jusqu’à Brest lui ont valu une reconnaissance qui a dépassé Tintin lui-même, acclamé en 1996, comme étant le héros de bédé préféré de tous les planches d’Hergé. Sacrée consécration ! Paul Huet
BIENTÔT LE MUGUET … Voici près d’une année, contraintes de trouver des solutions d’urgence face à un virus dont elles avaient d’abord sous-estimé la nuisance - on se souviendra d’une ministre de la santé d’alors qui déclarait au Parlement qu’il s’agissait « d’une grippe d’un type nouveau, mais doux, qui poursuivra son chemin avant de devenir une grippe saisonnière » - et sa capacité à bloquer toute la planète (voir le documentaire d’Alain de Halleux que je ne saurais trop vous conseiller), nos autorités décrétaient la mise à l’arrêt de la vie au prétexte judicieux de vouloir la sauver. Près d’une année et plus de vingt-deux mille décès plus tard, la tragi-comédie de l’impuissance se poursuit, provoquant chagrin, colère, désarroi, solitude, épuisement, paupérisation, dévaluant la parole politique peu avare de cocasseries en tous genres, qui nous invite tantôt à aller faire du kayak, tantôt à pouvoir traverser la maison pour aller au jardin ; nous infantilisant au lieu de nous engager à la bienveillance et à la responsabilité ; érigeant le couac comme art de gouverner ; culpabilisant les jeunes générations, déniant à la culture son essentialité… Près d’une année et plus de vingt-deux mille décès plus tard, la campagne de vaccination tant espérée patine, ajoutant un nouvel épisode à une saison pourtant fertile en tristes rebondissements, et reportant aux calendes grecques le printemps annoncé. Et le bout du tunnel s’échoue sur le seuil des portes des salles toujours fermées, nous contraignant à annuler toutes les représentations programmées en mars et avril. Cent quatre-vingts rendez-vous annulés cette saison, ce n’est pas le plus désespérant, au su de ce que vous et nous encaissons au quotidien, c’est vrai, - mais c’est un bien triste bilan. Prenez soin de vous. Et à bientôt, quoi qu’il en soit. Philippe Sireuil, directeur du Théâtre des Martyrs
CD : LE MONDE INSTRUMENTAL DE MICHEL LEGRAND On pouvait l’appeler Michel Legrand ou le grand Michel, c’était selon ! Hyperdoué, il faisait figure d’ambassadeur de la France aux States. Un compositeur béni par les muses, un chanteur à la voix posée, un orchestrateur à la palette chatoyante, un jazzman acclamé et un chef d’orchestre encensé. Quel panégyrique ! Fils de Raymond Legrand et de Marcelle Der Mikaëlian (sœur de Jacques Hélian), il était un enfant solitaire qui s’ennuyait beaucoup. Pour tuer le temps, il pianotait sur l’instrument abandonné par son géniteur. Il y faisait des gammes et tentait de reproduire ce qui passait à la radio. On l’a envoyé au Conservatoire de Paris, où il s’est épanoui. Prodige, il a dépassé rapidement ses condisciples et a retenu l’attention de ses enseignants. Nadia Boulanger l’a encouragé à persévérer et lui a appris la rigueur et le travail. Lors d’un concert de Dizzie Gillepsie dans la capitale, il a découvert le jazz, une musique qui lui remuait les tripes. Il s’est emballé et a voulu sortir de pareils sons. Son papa l’a appelé au secours pour finaliser la partition de plusieurs longs métrages alimentaires. Un travail de l’ombre. Surtout non-crédité au générique. Qu’importait ! Il se faisait un peu d’argent de poche et se rompait à l’exercice avec une facilité incroyable. Recommandé par son paternel, il a accompagné de nombreux chanteurs et a accepté d’adapter plusieurs chansons. Henri Salvador lui a servi de tremplin vers le succès. En 1954, à la demande de Jacques Canetti, il a orchestré une série de standards parisiens pour la firme Columbia, qui possédait une annexe en France. Le disque « I love Paris » s’est arraché chez les marchands. Le jeune homme, dix-neuf ans au compteur, est passé à la notoriété. Afin de le récompenser, on lui a proposé un album de son choix. Il a voulu enregistrer avec le trompettiste Miles Davis. Cette session est devenue le classique « Legrand Jazz ». La consécration ! Naturellement, le cinéma et les réalisateurs de la NouvelleVague l’ont courtisé. Il a collaboré avec Jean-Luc Godard, a frayé avec Agnès Varda et a entamé une collaboration sur la longueur avec Jacques Démy. Le reste fait partie de la légende ! La firme Frémeaux et Associés propose aujourd’hui une exhumation de son travail réalisé au cours des années 1953-1962, bien avant sa consécration avec « Les parapluies de Cherbourg » et autre « Les demoiselles de Rochefort », un coffret de dix CD qui va d’adaptations de standards à une série de compositions originales qui sont peu ou prou connues. Label Frémeaux et Associés – 234 titres Daniel Bastié
CD : JULIEN CLERC – TERRIEN Avec vingt-cinq albums au compteur, Julien Clerc sort un vingt-sixième qui ne laisse aucun doute sur son talent de compositeur et de chanteur. Un disque dont les textes sont signés par des artisans de la nouvelle génération, dont Jeanne Cherhal et Clara Luciani. Un CD qui évoque des sujets sociétaux et non plus seulement l’amour et les errements de l’âme. Une nouveauté due à la situation actuelle, sa violence et la pandémie. Une galette intitulée « Terrien » pour marquer son ancrage dans une société en crise et les défis qui secouent le monde, dont le devoir consiste à se positionner sur l’écologie lorsqu’on est un artiste et un homme public en vue. A l’âge de 73 ans, il sait également qu’il convient de faire le bilan de toute une existence, de se dépêcher d’attiser les rêves à concrétiser et de faire des chansons populaires qui toucheront peut-être encore dans un demisiècle. Label Play Two – 12 titres Paul Huet
CD : L’INVASIONE Le label espagnol Quartet Records présente la musique de l’obscure partition de Riz Ortolani pour un drame tout aussi obscur réalisé par Yves Allégret. Un film avec Michel Piccoli et Lisa Gastoni, dont l'intrigue se cristallise sur un professeur d'architecture qui invite près d'une dizaine d'étudiants chez lui pour une discussion. La soirée se transforme bientôt en une invasion, car les étudiants refusent de partir et menacent leur hôte, dont même sa femme se retourne contre lui. Alors que la nuit mine leur relation, des leçons importantes sont tirées de tous les côtés. La partition mélodieuse de Riz Ortolani est bâtie sur un thème principal fort, largement associé à l’attaque des élèves : un hymne rock psychédélique avec guitare et saxophone travaillant ensemble pour souligner le style de vie impétueux des fauteurs de troubles adolescents. En revanche, le thème de l’amour semble provenir du monde de l’ancienne génération de cocktails et d’infidélités conjugales. Le score est complété par un certain nombre de paysages sonores expérimentaux dans la veine funky, y compris des collages et une pièce d'orgue. Produit et séquencé par Claudio Fuiano et masterisé par Chris Malone à partir de matrices originales, ce disque comprend un livret de huit pages contenant des notes couvrant à la fois le film et la partition. Il s’agit du premier pressage CD de cette BO. Label Quartet Records – 20 titres
CD : THE GOOD, THE BAD AND THE UGLY Le décès du maestro Ennio Morricone a encouragé les rééditions. Celle-ci nous vient d’Espagne avec un triple CD de la partition emblématique du maestro, qui date de 1966. Un film qui a bouleversé le monde du western et défendu par le trio Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach. Ce collector rassemble ce qui est probablement l’une des plus célèbres partitions du compositeur, avec des motifs inventifs et les orchestrations habiles. Ce score forme une sorte de kaléidoscope de symboles d'appels et de réponses de la nature, de cris d'agonie, de chœurs masculins rugissants, de voix féminines épiques et sans paroles, d'harmonica obsédant, de trompettes spirituelles, de carillons sonores, de guitare Fender surf-rock vivante et de sons imitant les coups de feu. Pour beaucoup, il a été novateur et a inspiré tout ce qui s’est fait ensuite, avant-gardiste mais embrassant la musique traditionnelle pour le cinéma. L'album original de trente-quatre minutes a vu d'innombrables sorties sur LP et CD depuis 1966. Une édition CD étendue de cinquante-cinq minutes est parue en 2001, mais elle était encore loin d'inclure tout le matériel que Morricone avait conçu pour le film. Pour ce collector, tout le matériel découvert a été inclus, dont de nombreux enregistrements alternatifs, minutieusement restaurés par Chris Malone. Impossible de ne pas fort grand. Pour ce faire, le package comprend un livret de vingt-quatre pages richement illustré avec des notes qui proposent une analyse détaillée du long métrage et de la BO, y compris des citations d'une interview exclusive avec Clint Eastwood donnée spécialement pour cette sortie. Cet album est un hommage affectueux à la mémoire et à l'héritage impressionnant de l'un des plus grands génies de l'histoire de la musique de film. Label Quartet Records – 74 titres
L’AVENTURE POSTHUME Retraité de l’enseignement, Gus Rongy a travaillé dans la capitale durant trente-cinq ans. Il a attendu l’heure de la retraite pour se lancer dans l’écriture. Depuis lors, il a écrit une quarantaine de nouvelles, de romans et des chroniques régulières pour un périodique. Musicien amateur, il a également fait partie de diverses formations de jazz dans les années soixante et septante. « L’aventure posthume » est son dernier recueil de nouvelles écrites dans une langue belle et avenante. Extrait : « Indifférente à tout ce qui l'entourait, ma voisine ne levait guère les yeux de sa lecture. J'en profitai pour examiner impunément son reflet dans la vitre, mon regard apparemment perdu dans le défilement de la muraille en béton. C'est ainsi que je pus constater que la lèvre supérieure de la belle inconnue (qui me l'était déjà moins) s'ourlait d'une légère brume perlée de gouttelettes imperceptibles. Ce détail me parut touchant, je ne sais pourquoi. Sans doute parce que ce banal effet de la transpiration, comme un aveu de faiblesse, me la rendait plus accessible. Un début d'altercation entre deux voyageurs éclata soudain dans le couloir. Attiré par le bruit, je tournai la tête. Elle en fit autant et me sourit au passage. Oh ! très légèrement et pendant un bien court instant... Simple convenance de sa part. Une façon de saluer quelqu'un qui ne lui était pas inconnu. Certainement pas de quoi bâtir une histoire. D'ailleurs, à peine avais-je eu le temps de lui rendre la politesse qu'elle ne faisait déjà plus attention à moi. Je me sentis toutefois illuminé de ce sourire et tout empli de suffisance. J'eus alors une réaction aussi ridicule qu'inutile : je dissimulai négligemment ma main gauche dans la poche de ma veste pour soustraire mon alliance à sa vue. La vanité de mon attitude m'apparut aussitôt. Je n'avais rien d'un blanc-bec dragueur de minettes. J'étais un homme mûr, et quand je dis mûr, c'est par euphémisme. Qu'est-ce qui m'arrivait tout à coup ? Pour qui me prenais-je ? Ne m'étais-je jamais regardé dans une glace ? Je m'observais pourtant à loisir chaque matin en me rasant. Mais mon regard, trop attentif à prévenir le moindre dérapage de ma main, ne s'attardait guère à un examen critique. En fait de glace, celle de la voiture me révélait la tragique vérité : deux yeux à l'humeur trouble, enfoncés dans des orbites surmontées de sourcils broussailleux, un nez interminable épaté du bout, d'où s'échappaient quelques poils hirsutes, une bouche sans lèvres, des oreilles en tapettes à mouches. Il fallait me faire une raison : je n'avais pas le look de Casanova. Les trois rides parallèles sur mon front largement dégarni accusaient mon âge. Un âge où la décence commande l'humilité. Et je ne parle pas de ma légère claudication, conséquence d'une chute dans l'escalier quand j'avais douze ans. Il est vrai qu'elle ne se remarquait guère tant que je restais assis... » Editions Ménadès - 224 pages
L’ÎLE OUBLIÉE – LES MANGEURS DE RÊVES Il est de ces lieux étranges où l’on aspire peu à s’arrêter ! Pourtant les contingences sont parfois là pour nous forcer la main et nous obliger à faire escale. Après avoir été victimes d’une tempête d’une rare intensité, Mia, Eve et leurs parents atterrissent dans un endroit ignoré des géographes, une île retirée de toute civilisation et où le temps paraît s’être affranchi des codes en usage ailleurs. Fort vite, ils sont accueillis par des habitants prévenants. Néanmoins, ils observent une série d’anomalies dans la manière dont s’agence le quotidien, dont l’absence totale de tout enfant. Lorsqu’ils décident de reprendre la route, les invités remarquent la disparation de leurs deux filles. Sont-elles aller visiter l’autre versant de ce morceau de terre, la partie interdite, ou ont-elles oublié l’heure ? Puis, il y a des créatures effrayantes qui apparaissent tour à tour. Peter, un allochtone, paraît être l’unique personne capable d’aider la petite famille en perte totale de repères. Le scénariste Xavier Bétaucourt et la dessinatrice Paola Antista signent le premier volet d’une aventure qui sent bon le mystère et qui lorgne du côté des aventures mystérieuses de Jules Verne, avec une succession de secrets dont on tient à découvrir les tenants. Le graphisme est d’une incroyable beauté, avec un trait ciselé et des couleurs agréables, servi par un récit progressif qui fait monter la tension. Ed. Jungle – 56 pages Daniel Bastié
LE RÉSEAU PAPILLON – L’ESPION PARMI NOUS Faut-il encore présenter cette série inaugurée voilà un peu moins de cinq ans et qui revient sur l’une des périodes le plus sombres du XXe siècle, avec la seconde guerre mondiale, l’occupation de la moitié de l’Europe par l’armée allemande, le quotidien broyé par son lot de privations, les exactions commises au nom du führer, la collaboration et la résistance. Tous les Français se sont-ils affalés dans la résignation en attendant que viennent des jours meilleurs ? Certes non ! La preuve avec ce récit qui nous raconte les faits héroïques d’une poignée de jeunes qui refusent la procrastination autant que la résilience. Pour eux, le patriotisme passe par l’action, quitte à en payer un lourd tribut. Dans ce cinquième tome, Edmond, Gaston, Elise, Arnaud et François tentent d’organiser des parachutages d’armes destinées aux réseaux secrets. Très vite, néanmoins, ils subodorent qu’un agent ennemi se soit infiltré au sein de leur organisation. Y aurait-il un espion dans leur entourage ? Ce tome est basé sur un épisode vrai et Andreas Folmer a réellement été envoyé par les autorités de Berlin pour démanteler un noyau de maquisards avec, en guise de succès, l’arrestation de deux cent quarante-quatre personnes déportées dans des camps de concentration ou immédiatement exécutées. Cette saga a déjà été vendue à plus de quarante mille exemplaires et se veut à la fois ludique, pédagogique, historique et efficace. Ed. Jungle – 56 pages Paul Huet
SEIDOU, EN QUÊTE D’ASILE La pandémie a occulté un autre drame tout autant important pour l’humanité : celui des migrants ! Ces femmes et ces hommes amenés à quitter leur terre pour trouver un quotidien meilleur, loin de leur culture, de leurs traditions et de leur famille. Xavier Betaucourt (scénariste) et Virginie Vidal (dessinatrice) racontent l’histoire vraie de Seidou Diallo, âgé de trente-trois ans, garçon instruit et possédant un métier bien rémunéré. Pour lui, tout bascule le lendemain des élections présidentielles de 2020 en Guinée et le début de la répression à l’encontre du peuple Peul, situation que les médias européens ont peu relatée. Pour avoir mené l’opposition, il apprend que le gouvernement a mis sa tête à prix. Il choisit de passer de l’autre côté de la frontière en attendant que les choses se calment mais, très vite, il découvre que son avenir est chamboulé. L’alternative qui se présente est de partir encore plus loin ! S’amorce un périple rempli de dangers et de violence, où l’incertitude se présente sous de nombreux aspects et dans une brutalité humaine devenue banale. La qualité du dessin rend ce récit extrêmement empathique, avec un aspect témoignage qui ne peut jamais laisser indifférent. A mesure que les pages se tournent, on s’identifie à Seidou et on vit ses angoisses, sa peur et en même temps sa détermination car, il le sait, il n’a pas d’autre choix que de réussir. Arrivé en France, d’autres difficultés se succèdent : se procurer des papiers, échapper à la police, trouver un gîte, de la nourriture, etc. Les enchaînements entre les nombreuses étapes vécues par le protagoniste sont abrupts et saccadés comme saisis dans une tempête impétueuse. Toutefois, le soin apporté aux détails comme aux dialogues est bien réel et marque l'ensemble d’une force que personne ne peut nier. Ed. Steinkis – 126 pages Paul Huet
AU NOM DE LA BOMBE On ouvre un dossier peu ou mal connu. Celui des essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie. Des faits dont les autorités ne se sont pas ou prou targuées. Et pour cause ! Albert Drandov (journaliste) et Franckie Alarcon (dessinateur) reviennent sur ce pan de l’histoire européenne sans se voiler la face ni nous dissimuler quoi que ce soit. A l’aide de témoignages d’appelés, d’engagés, de natifs des lieux où se sont déroulé les opérations et de scientifiques engagés pour mener à bien ces expériences, ils nous racontent les motivations et les résultats de pareilles entreprises qui ont conduit à l’explosion de deux cent dix engins en un peu plus de trente ans, mettant à contribution un personnel évalué à environ cent quatre-vingt mille personnes. Le roman graphique « Au nom de la bombe » brise un tabou et revient sur un dossier classé « secret défense ». A l’époque, celles et ceux qui ont participé à cette aventure se disaient fiers de contribuer à la grandeur de la France. Un rapport d'enquête sénatorial a finalement conclu que ces explosions souterraines, aériennes et autres seraient à l'origine de cancers chez des militaires et les populations civiles habitant près des zones où ont eu lieu les déflagrations. En 2010, la France a été finalement obligée de promulguer une loi sur la reconnaissance et l'indemnisation des victimes . Également bon à savoir ! Ed. Steinkis - 104 pages Daniel Bastié
HISTOIRES INSOLITES DE LA CHANSON FRANÇAISE Pour rutiler en compagnie de convives, voilà un ouvrage qui vous servira peut-être d’appoint. L’idée est de revenir sur les anecdotes et petits secrets qui entourent la chanson française. Un petit bijou qui rassemble tout ce qu’il y a d’insolite et qui nous plonge dans les coulisses de la variété de 1900 à nos jours. Une mine d’informations pour mieux appréhender nos tubes préférés et découvrir une série de pépites devenues des classiques au fil du temps. A cela, il s’agit d’un résumé de notre patrimoine musical, avec une vision objective et édifiante du monde des vedettes qui nous ont enchantés. Autant de titres inscrits dans la mémoire collective et que vous avez forcément chantonnés un jour ou dont vous avez entendu parler. Bien entendu, il s’agit d’une liste non exhaustive remise dans son contexte social, historique et même parfois politique. Tristes, militants, souvent gais mais toujours populaires, ces refrains font partie de notre ADN et contribuent à entretenir notre madeleine de Proust. Eric Jean-Jean, animateur et programmateur sur RTL et M6, a eu à cœur de proposer un recueil un peu vintage et de le saupoudrer d’un zeste de nostalgie. L’opportunité surtout de dresser une nomenclature de ses connaissances, de rassembler ses souvenirs et de réviser tout ce qu’il a diffusé sur les ondes. Un sacré travail de défrichage agrémenté de notes personnelles, ainsi que de l’apport de clés d’audition qui permettent d’écouter certains standards d’une oreille légèrement différente. La chanson française appartient à celles et à ceux qui l’écoutent, l’apprécient, la créent et la chantent. On le sait, souvent la vie est plus agréable en chansons ! Ed. City – 364 pages Daniel Bastié
À SŒUR PERDUE Deux sœurs que tout oppose est devenu un thème récurrent en littérature autant qu’au cinéma. Après une jeunesse choyée sous le regard bienveillant de leurs parents, Amélie et Marianne mènent chacune une existence dans leur sphère respective. Amélie s’épanouit à Paris et vit à trois cents à l’heure. Marianne s’ennuie dans une ville de province, entre un mari sans ambitions et des enfants qui grandissent trop vite. Survient un drame qui remet en jeu le fragile équilibre de sa vie. En un fragment de seconde, son quotidien s’effondre. Confrontée à ce qu’elle n’aurait jamais imaginé, elle n’a pas d’alternative que celle de rebondir. Mue par une force coercitive dont elle ignorait la puissance, elle redresse la tête et se découvre nantie d’une capacité à agir bien plus forte que tout ce qu’elle aurait auguré. Elle se lance dès lors dans une course à la vie, en refusant de regarder en arrière, abandonnant ses bagages d’habitudes, ses questionnements et en empoignant à pleines mains le destin qu’elle souhaite radieux. Ce roman inspiré de Marion JollèsGrosjean se singularise par un équilibre délicat. Il y est autant question de bonheur que de moyens pour y accéder, avec des touches de couleurs pastel, des aplats de noir suie, une lumière qui argente les choses au bout du tunnel et une restitution qui rend au récit une précision des mots, avec un ton mélancolique qui décroit à mesure que les chapitres se déroulent et une issue à laquelle aspire l’héroïne. Ce roman charrie émotion intense et pudeur. Ed. City - 285 pages Daniel Bastié
VIVRE SE CONJUGUE AU PRÉSENT Certains lecteurs ont été dubitatifs en lisant « Le retour du jeune Prince », jugeant indécent de s’approprier le personnage né sous la plume d’Antoine de Saint-Exupéry et de le faire vieillir pour l’amener à fréquenter notre monde actuel. Au-delà de la (petite) polémique, la critique a été amenée à saluer la qualité d’écriture d’Alejandro G. Roemmers, qui pratique une philosophie destinée à nous rappeler l’utilité de se débarrasser du superflu pour vivre sereinement et heureux. Cette fois, il nous invite à découvrir le quotidien de Fernando, jeune journaliste qui voit sa carrière décoller grâce à une interview exclusive. Il a le privilège de rencontrer Ron Davies, milliardaire et homme d’affaires domicilié en Patagonie. Loin de l’image féroce qu’on lui attribue, ce dernier accueille le professionnel des médias avec chaleur et, bien vite, le met à l’aise. Il le charge d’une mission : retrouver son fils qui erre quelque part de fête en fête et qui dépense l’argent de la famille sans donner le moindre signe de sa santé. En empruntant une piste sérieuse, Fernando le découvre loin de là. Leur jeune âge leur permet de se comprendre et de partager des idées communes. Difficile de regarder l’avenir dont on ne sait rien. Que signifie rejoindre le bercail ? Le destin frappe malheureusement au moment où personne ne s’y attend. L’auteur livre une leçon de vie : il importe de mordre dans les choses tant qu’on en a la possibilité et tant qu’on est conscient de la félicité de l’instant qui s’articule devant soi, puisque vivre se conjugue forcément au présent ! Ed. City – 252 pages Sylvie Van Laere
LES OMBRES DU LOCH FYNE On est parfois amené à défricher des souvenirs qu’on occultait volontairement ou à exhumer des secrets de famille dont on ignorait l’existence. Aileen en fait la curieuse expérience. A la mort de sa mère, elle hérite d’une belle propriété en Ecosse, dans la région du Loch Fyne. Une aubaine financière. Toutefois, elle décide d’en profiter quelques semaines avant de la mettre en vente. Tout lui paraît radieux. Le lieu est idyllique, serti dans une jolie campagne encore sauvage. Néanmoins fort vite, elle découvre la raison qui a empêché sa mère d’y revenir. Accusé du meurtre de sa fiancée, un homme y a mis fin à ses jours. Trois décennies plus tard, le souvenir de ce drame hante toujours la mémoire des habitants du village qui jouxte la propriété, donnant libre cours aux interprétations diverses. Afin d’y voir clair, la jeune femme décide de se retrousser les manches et d’investiguer, consciente qu’il n’est pas toujours agréable de secouer des pans du passé et qu’ouvrir la boîte de Pandore peut réserver des surprises désagréables. Aurore Barillon propose un thriller familial un brin claustrophobe, avec des apparences qui n’en sont pas, des gens qui taisent ce qu’ils savent, d’autres qui parlent à tort et à travers et un fardeau psychologique lourd à porter. Le manoir bâtit de pierres épaisses livrera-t-il sa vérité ? Voilà l’enjeu de ce roman au féminin, à la fois saga familiale et suspense auquel on adhère sans aucune réticence. Un premier roman fédérateur. Ed. City - 285 pages Sylvie Van Laere
MEURTRE AUX PETITS OIGNONS Le titre renvoie à la locution bien connue « aux petits oignons », qui signifie accommoder ou mitonner finement, afin de rendre parfait. L’expression sort naturellement de nos cuisines ! Quant à l’employer dans un polar, il n’y a pas de quoi s’effarer, puisque tout crime parfait pourrait être mitonné aux petits oignons, avec un soin apporté en amont pour que sa réalisation soit impeccable, sans laisser aucune trace après le crime. Un suicide ébranle le petit village d’Oberwirheim. Le corps d’un homme a été retrouvé dans le Rhin. Il affichait pourtant une jovialité étonnante pour un désespéré. Léopoldine, la postière du coin, décide de mener une enquête parallèle à celle du brigadier-chef Schmitterlin, un peu trop porté sur le schnaps. Lentement, elle se met à ébaucher des hypothèses. Critique gastronomique, le cadavre aurait-il été assassiné après avoir rédigé un article négatif ou pour avoir cocufié des amis de jeunesse ? Sorte de Miss Marple alsacienne, Léopoldine fédère d’emblée l’enthousiasme par sa détermination, son acuité et son sens de la répartie. Puis, le décor change des trottoirs parisiens et de ceux des métropoles. Francis Schull, auteur de ce roman, a été journaliste, notamment aux Dernières Nouvelles d’Alsace et au Journal du Dimanche, ainsi qu’enseignant. Son héroïne apparait déjà dans « Vengeances tardives », un autre livre à découvrir pour accompagner une enquêtrice fûtée, excentrique et drôle ! Une lecture facile et agréable pour ces congés pascals ! Ed. City – 287 pages André Metzinger
APPRENTIS EN POLITIQUE En transitant de François 1er à Robespierre, Dominique Jamet nous propose un vade-mecum de la politique, en analysant ses tenants et ses aboutissants, sans jamais déroger à une analyse pertinente. D’emblée, il apparaît que l’exercice du pouvoir n’a rien d’une sinécure et que son exercice représente un combat permanent, forgé par un besoin d’authenticité et de loyauté, même si on sait que les intérêts personnels, les jugements biaisés et les aléas d’une époque empêchent souvent l’un ou l’autre dirigeant de mener sa mission à terme. Il ressort de cet ouvrage un regard froid qui s’en prend à tout ce qui endigue la gestion d’une nation, avec une prise de pouvoir qu’on peut comparer à l’élection d’une reine du bal, flattée le soir de son triomphe avant de connaître des vicissitudes beaucoup moins agréables. En partant d’exemples précis, l’auteur revient sur le choc qui oppose ambition et réalité. De nombreuses figures de France sont ici exhumées, parvenues aux plus hauts rouages de l’état par hasard, par hérédité, par la violence ou à la faveur de soubresauts. Souvent jeunes ou mal préparés, trop sûrs d’eux-mêmes ou dépassés, ils illustrent à la perfection les erreurs à ne pas commettre lorsque la charge qui pèse sur leurs épaules devient écrasante. En filigrane se pose la question de savoir si administrer s’assimile à un art, devient un métier ou dépend d’un don ? Gouverner, c’est choisir ! Voilà la maxime dont Pierre Mendès avait fait sa devise. Existe-il une école préparatoire ? N’importe qui est-il apte à se lancer dans la fonction ? Devenir guide d’une nation n’a de sens que si on est capable de se hisser au-dessus de toute partialité et de s’ouvrir à de nouveaux horizons. Un livre qui pousse à réfléchir sur hier et aujourd’hui ! Ed. de Borée– 294 pages Paul Huet
LA CONSPIRATION HONGROISE Le roman historique a ceci de singulier qu’il passionne le lecteur par le biais d’événements authentiques qui servent souvent à englober des anecdotes ou des faits non avérés. Certains auteurs, dont Alexandre Dumas, se sont fait un plaisir de détricoter la vérité pour la recomposer en se servant de leurs gammes propres, alliant le vrai au faux, des personnages fictifs à de réels visages qui ont marqué leur siècle. En reprenant une formule similaire, Philippe Grandcoing donne à lire les aventures d’Hippolyte Salvignac ayant pour cadre la France de la Belle Epoque, ses quartiers cossus et son milieu bohême, une période tourbillonnante et riche sur tous les aspects. Cette fois, l’inspecteur Lerouet se trouve confronté à l’énigme d’un inconnu poignardé en pleine rue. Pour mener à terme son enquête, il fait appel au flair de son ami Hippolyte et de sa compagne Léopoldine, artiste peintre à la sensualité contagieuse. A mesure que les indices s’accumulent, ils évoquent la possibilité d’un complot aux ramifications internationales qui vise à faire chavirer la stabilité d’une Europe fragile, dont le souvenir de la guerre de 1870 demeure dans les mémoires. Plutôt que de s’appesantir dans des descriptions assommantes, l’auteur opte pour un style efficace qui pratique des ellipses et se borne aux agissements des protagonistes pour rendre l’action la plus visuelle possible, voire cinématographique. L’affaire les conduit à Vienne, où s’activent le peintre Gustav Klimt et le médecin Sigmund Freud, focalisant les intérêts de tous les médias. Même si l’intrigue demeure le fil conducteur du récit, les moments d’intensité et d’émotion naissent des rencontres et de l’évocation du monde artistique de ce début du XXe siècle, une époque foisonnante qui a servi de balancier entre les habitudes anciennes et le début de la modernité. Il n’en faut pas davantage pour susciter l’adhésion à un thriller qui navigue du côté d’Arsène Lupin, de Rouletabille et autre Rocambole, avec une touche individuelle jamais prise en défaut. Ed. Vents d’Histoire – 304 pages Daniel Bastié
ROSES DE SANG ROSES D’OUESSANT Janine Boissard est un nom inscrit dans la mémoire populaire. A près de 90 ans, elle nous régale avec des romans qui sortent régulièrement au rayon nouveautés, sans jamais perdre le contact avec ses lectrices. Après un polar, elle se lance dans des récits proches du vécu des gens, avec des amitiés qui se nouent, des copains qui se déchirent, des familles qui se retrouvent. Très vite, le cinéma et la télévision s’emparent de sa production et l’adoubent, faisant d’elle une habituée des feuilletons de vingt heures. Elle connaît son heure de gloire avec des séries diffusées dans la petite lucarne telles que « L’esprit de famille », « Belle grand-mère », « Marie-Tempête », « La maison des enfants », « Une famille pas comme les autres », etc. Chaque fois, le succès est au rendez-vous et relance la machine commerciale qui permet à ses livres de s’écouler à travers toute la francophonie sans connaître la crise. Cette fois, elle raconte l’histoire d’Astrid, vingttrois ans, dessinatrice de bédé, qui retrouve son amour de jeunesse sur une île secouée par des vents contraires. Alors que leur bonheur pourrait s’avérer idyllique, une femme compte briser leur liaison. Récemment, j’ai proposé une critique de « Les quatre filles du docteur Moreau ». Celles et ceux qui ont aimé ce roman, aimeront vraisemblablement celui-ci, avec une passion qui s’enflamme, un drame qui sourd du passé et un secret qu’il n’est jamais bon d’exhumer. L’écriture attribue une grande place aux détails et maîtrise à la perfection le tempo pour rendre ce récit extrêmement visuel. Un coup de cœur personnel ! Ed. Fayard – 187 pages Sylvie Van Laere
ASCENSIONS Voilà une autobiographie qui revient sur une success-story : celle de l’auteur ! Peter Brabeck-Letmathe se raconte à la première personne dans ce livre-confession. Après des études d'économie à l'université de Vienne, il incorpore le groupe Nestlé, d'abord comme vendeur de glaces à bord d’un camion, puis en tant que commercial. Sa trajectoire l’amène ensuite à diriger Nestlé en Equateur avant le Venezuela et de rejoindre le siège de Vevey en Suisse pour, enfin, se hisser à la tête de la marque. Passionné par son travail, il rassemble mille anecdotes qui ont émaillé son parcours, conditionnant l’ensemble de son existence pour lui permettre de devenir un expert dans les produits qu’il a toujours défendus, sans oublier son engagement écologique contre le gaspillage de l’eau, la sauvegarde de la planète et une alimentation plus saine. Avec une sincérité sans langue de bois, il narre ses défis, ses doutes, l’insécurité dont il a parfois été victime dans les choix posés, son amour pour les randonnées dans la montagne, la manière de ne pas se laisser dévorer par les incertitudes, le calme dont il convient de se parer pour ne pas perdre ses repères, ses capacités à établir le dialogue, etc. Bien sûr, il a traversé maintes tempêtes, mais a su toujours maintenir le cap, a dû affronter les slogans de groupements altermondialistes et des attaques personnelles sans s’affoler. Depuis l’après-Nestlé (dont il est retraité), il milite fermement pour une terre plus propre, plus responsable. Le secret de sa réussite, il le résume par deux mots : plaisir et travail ! Ed. Favre – 288 pages Daniel Bastié
LA ROBE Une étoffe de tissu sert de fil rouge à ce roman ciselé par Catherine Le Goff, un récit qui traverse les époques et qui passe de main en main au rythme d’épisodes qui alternent les pulsions autant les passions, avec de la jalousie, de l’espoir, de la haine, de l’amour et de l’ambition. Au fil des chapitres qui se succèdent, cette robe de grande qualité influence les comportements, efface les origines sociales et joue de son aura pour accentuer le paraître. Ainsi, une petite domestique peut se faire passer pour une dame du monde en se mirant dans une psyché qui lui renvoie le reflet de celle qu’elle aurait voulu être, loin des contingences de sa condition. Ce n’est pas la première fois qu’un objet devient le témoin privilégié des aventures de celles et de ceux qui s’en emparent (je songe à « Les mémoires d’une culotte » ouvrage lu voilà bien longtemps et attribué à Aymé Dubois Joly) et qui permet de nous immiscer dans les alcôves, les salons cossus, les rotondes et les lieux de spectacles, le tout avec un mélange de réalisme, parfois de candeur mais toujours avec une détermination afin de ne jamais lasser le lecteur. La formule est certes plaisante et renvoie au schéma de « La ronde » d’Arthur Schnitzler, avec des personnages qui se croisent, vivent leur histoire et disparaissent. De la sorte entrent en scène une chevrière aux talents insoupçonnés, un couturier parisien, une intellectuelle juive, un couple de Berlinois mêlé dans une affaire d’espionnage, une chanteuse de jazz, … Autant de protagonistes que le destin rapproche de manière ténue et qui distillent des émotions sincères ou un soupçon de mystère. Ed. Favre – 306 pages André Metzinger
UN VOYAGE NOMMÉ DÉSIR Le destin de trois femmes se trouve bouleversé par la présence d’un soldat italien en permission. L’action se déroule en 1917 dans un village des Alpes. Face à l’incertitude du conflit, elles se prennent à rêver, chacune de son côté. Pourtant, la violence de la guerre les rattrapera en les confrontant à la réalité. Péroline est la plus âgée du trio. Depuis trois ans, elle reste sans nouvelles de son époux, un être rustre et violent. Anne-Céleste panse l’absence de son fiancé, monté au front, en s’engonçant dans la prière et la ferveur religieuse. Quant à Rose, la plus jolie, elle veille sur ses frères et sœurs, orphelins depuis peu. Privé d’hommes, le trio sent monter en lui une chaleur prégnante. Et si le beau Vincenzo était un viatique à la solitude et à la peur, à la faim de caresses et de baisers ? D’un naturel séducteur, il se révèle tour à tour énigmatique, consolateur et d’une incroyable présence. Frédérique-Sophie Braize soigne ses personnages, décrit les caractères à l’aide de moult détails et revient sur une période sombre du XXe siècle, tout en parlant d’un fait divers qui a ébranlé la presse de l’époque : le vol de la Joconde en 1911 par Vincenzo Peruggia (eh oui !). Pour énormément de femmes, il s’agit d’une période de craintes, mais également d’espoir. Avec un vrai sens de la narration, l’autrice déploie une écriture riche et sensible, avec un vocabulaire approprié et une constante recherche de l’expression idoine. Un livre au rythme fluide et qui ne tergiverse jamais. Ed. Presses de la Cité – 474 pages Amélie Collard
LE JARDIN SECRET DE VIOLETTE Lyliane Mosca conte le destin de Violette, mariée à Bertin. Tous deux vivent dans le Morvant. Là, pas de mer, mais des côtes dorées, des vallons verts et des forêts giboyeuses. Un éden ! Pourtant, en 1885, Paris fait office de phare, une capitale qui attire celles et ceux qui aspirent à la réussite sociale, qui cherchent un emploi ou qui briguent de faire fortune. Après la naissance de son premier enfant, le couple décide d’adopter un tournant à son quotidien, en envoyant la maman chez des bourgeois cossus comme nourrice. Un travail bien rémunéré et pas trop désagréable. Les pavés de la ville lumière et l’accueil de ses employeurs dissipent bien vite les appréhensions de la jeune femme. Choyée par les Brissac, elle découvre un confort dont elle ignorait tout, un train de vie qu’elle n’imaginait même pas. Puis, le temps se met à progresser au point de métamorphoser l’opinion qu’elle avait de son existence passée, à mettre en déséquilibre ses certitudes, à l’éloigner de son bagage d’habitudes. Une rencontre la bouleverse au point de ne plus savoir que faire. Rentrer chez son époux serait la sagesse, un devoir, mais … L’autrice signe un roman bouleversant, qui se veut à la fois initiatique et parabolique. Chacun change à mesure qu’il vieillit, progresse dans l’existence, se confronte à certains défis et se renforce grâce à diverses rencontres. Entre l’inquiétude et la joie, Violette se libère des contingences, s’ouvre à l’avenir et s’inspire de ce qu’elle respire. Il s’agit d’un roman atmosphérique qui renvoie à une époque disparue, avec ses codes et ses coutumes. Également un hymne à l’épanouissement et à la liberté ! Ed. Presses de la Cité – 313 pages Amélie Collard
POUR L’HONNEUR DES ROCHAMBELLES Qui étaient les Rochambelles ? Il importe de se plonger dans le passé pour revenir sur l’origine du mot. Durant la seconde guerre mondiale, il s’agissait du nom associé aux conductrices d’ambulances de l’unité Rochambeau, qui faisait partie de la deuxième division blindée du général Leclerc . Un surnom lâché en hommage au comte de Rochambeau, maréchal de France et compagnon de La Fayette. A Trouville, aujourd’hui, Alma, une vétérante, est victime d’un malaise au cours d’une remise de distinctions. Elle formule cette phrase : « Pardonne-moi, Lucie ! ». Sa petite-fille Marion décide d’éclaircir un pan du passé en remontant le temps et en se plongeant dans le quotidien des infirmières qui se sont enrôlées pour libérer la France du joug nazi. S’annonce pour cette dernière une enquête en dents-descie, avec des souvenirs qui se résorbent, des gens qui ne veulent pas parler, feignent ne plus savoir et une chape de plomb qui écrase tout. Un doute s’installe : Alma est-elle vraiment celle que tout le monde connaît ? Puis, est-il toujours bon d’exhumer des faits vieux de plus d’un trois-quarts de siècle ? Peu à peu se profile le vécu de deux femmes, dont celui de la fameuse Lucie, accablée de troubles psychiatriques et qui s’est éprise d’un militaire britannique qui ne lui prêtait pas la moindre attention. L’occasion de revenir sur des faits historiques gravés dans le marbre de la grande Histoire avec les premiers tirs en 1940, Rabat au Maroc et les combats sur le sol normand avant de défiler triomphalement sur les avenues pavoisées de la capitale. Un roman à la mémoire de ces héroïnes de l’ombre que furent les Rochambelles ! Ed. Presses de la Cité – 426 pages Daniel Bastié
ENQUÊTE TROUBLANTE À CONCARNEAU Le commissaire Dupin est de retour dans un polar digne de ses aventures précédentes. Lorsqu’un médecin a été défenestré, tout concourt à croire qu’il s’agit d’un meurtre. Néanmoins, personne ne semble avoir la moindre idée du mobile. Pour l’entourage, il s’agissait d’un homme aimable, de bonne compagnie et aimé de tous. On le sait, les apparences cachent souvent des traits de caractère larvés. Pour démêler cette affaire, le policier imaginé par Jean-Luc Bannalec doit attendre l’arrivée de Nolwen, sa précieuse assistante, et se fier à son flair de truffier. Son instinct lui souffle de chercher du côté des nombreuses activités du défunt, présent dans le monde des tableaux d’art, de la brasserie, de l’immobilier et de la construction navale. Des engagements qui pourraient lui valoir des inimitiés, voire quelques ennemis, dont l’un aurait pu passer à l’acte. Au fil des pages, on retrouve l’ADN de l’auteur, avec son sens précis du détail, ses dialogues secs et un humour qui allège par instants la noirceur de l’enquête. En filigrane plane l’ombre de Georges Simenon et de son roman « Le chien jaune », dont l’action se déployait justement à Concarneau dans le Finistère. Un suspense férocement lié, des personnages typés et du dépaysement qui nous emporte loin des pavés des métropoles. Que souhaiter de plus ? Ed. Presses de la Cité – 339 pages Daniel Bastié
MOI, TAMARA KARSAVINA Voilà la biographie d’une des danseuses étoiles du Ballet impérial russe, réputée pour sa beauté et son talent. Née en 1885 et décédée en 1978, Tamara Karsavina a traversé toute une époque en assistant à ses modifications profondes, Beaucoup de choses ont été racontées à son propos. Ainsi, il a été rapporté que son père lui aurait empêché de danser et que, encouragée par sa mère, elle a transgressé l’interdit pour suivre une formation avec une proche de la famille. En 1894, après un examen rigoureux, elle a été acceptée à l’Empire Ballet Scholl, avant de connaître une ascension fulgurante. Obligée de fuir la Russie durant la révolution, elle a trouvé refuge en Occident. Côté vie privée, elle a été mariée à trois reprises. Aujourd’hui, toujours, son nom reste associé à l’apogée du ballet classique. Rivale de Pavlova, on lui doit la création de chorégraphies audacieuses comme « L’oiseau de feu » ou « Parade ». Muse de nombreux artistes, courtisée par des hommes riches, mais hantée par des démons intimes, elle a partagé ses jours entre diverses capitales, tutoyant les plus grands de son époque ; Picasso, Stravinski, Chanel, Noureev, etc. Enfin, elle a contribué à la mise en place de l’Académie royale de danse. Rédigé sous forme de mémoires, cette biographie romancée scrute le réel et le pare d’un style qui en facilite la lecture. Le ton choisi autorise aisément l’identification et plonge le lecteur dans une époque révolue. C’est dire si une découverte s’impose … Ed. du Rocher – 342 pages Paul Huet
L’AGONIE DES GRANDES PLAINES Il y a une peu de Jack London et de Karl May dans ce roman épique de Robert F. Jones, un livre qui se vautre dans les plaines américaines du XIXe siècle. L’auteur situe son récit peu après la guerre de sécession et au cœur de la grande dépression de l’année 1873. A la mort de ses parents, Jenny Doussmann quitte le Wisconsin et part tenter sa chance auprès de son frère Otto. Dans un monde sauvage, elle découvre le quotidien des trappeurs, les rivalités entre chasseurs et la menace omniprésente des tribus indiennes. Bien vite, le fardeau d’une vie pénible alourdit chacune de ses entreprises et chaque instant vire au cauchemar. Une issue se présente lorsque le Cheyenne Two Shields se joint à eux. « L’agonie des grandes plaines » est un roman crépusculaire qui évoque une société en mutation et en marche vers la modernité, avec une pléthore de repères qui perdent leurs sens, des indigènes qui tirent leurs dernières flèches et des bisons qu’on décime pour leur toison. Ce tableau n’a rien à voir avec ce que Hollywood nous a légué à travers des brouettées de longs métrages chatoyants. On se situe ici à des lieues des scripts défendus par John Wayne et Randolph Scott. Personne n’est épargné dans les descriptions réalistes et brutes. La faune autant que les humains paient un lourd tribut à la transformation d’un continent et la brutalité qui l’accompagne. Ed. du Rocher – 354 pages Paul Huet
ISABELLE DE FRANCE Elle a été surnommée la louve de France et son personnage est apparu dans la saga « Les rois maudits », devenant l’image de la reine méchante et sanguinaire. Qu’en a-t-il réellement été ? Fille de Philippe Le Bel et de de Jeanne I, elle a été mariée à Edouard II, roi d’Angleterre. L’Histoire l’a parée d’une légende qui a été véhiculée bien au-delà du raisonnable, lui prêtant une beauté infinie, une sagacité merveilleuse et un art pour la diplomatique qui dépassait de loin celui des hommes. On sait qu’elle a gouverné au côté de son époux avant de le renverser pour convoler avec son amant. Devenue régente, on lui a reproché sa gestion de la crise écossaise, ses dépenses fastueuses et son tempérament coulé dans l’acier le plus dur. Sophie Brouquet revient sur son destin particulier en empruntant la voie du roman, avec un ton populaire et une justesse dans la véracité des détails. Choses qui suffisent largement pour faire de cet ouvrage une lecture agréable, didactique et finalement assez documentaire dans la mesure où l’on suit le parcours d’une reine de sa naissance à son décès. Maintenant, chacun est libre de tirer le bilan de son règne et d’écouter ou non les rumeurs colportées à son propos. Un livre riche et pimenté par une série d’anecdotes qu’on ne propose pas dans les classes de rhétorique, qui participent au tempo de l’écriture et qui demeurent des atouts indéniables pour rendre ce roman historique palpitant. « Isabelle de France » a reçu le prix de la biographie Historia 2020. Ed. Perrin – 429 pages André Metzinger
CATHERINE II Catherine II a été impératrice de Russie de 1762 à sa mort survenue en 1796. Connue pour son appétit sexuel inlassable, sa vie privée a largement contribué à sa légende, faisant d’elle une sorte d’ogresse à la libido permanente. Chaque homme qui la comblait était récompensé et bénéficiait d’honneurs, de propriétés ou de cadeaux de valeur. Elle a également été un stratège redoutable, visant à rapprocher son pays du reste de l’Europe, jouant le jeu des alliances ou se lançant dans la guerre. Ses idées se sont souvent opposées aux traditions et aux coutumes locales, lui valant quelques déboires. Elle a réalisé le rêve des tsars en annexant les rives septentrionales de la mer Noire et la Crimée sans que l’opinion mondiale n’en ait été offusquée. Francine-Dominique Liechtenhan revient sur ce personnage haut en couleur et nous le raconte à coups d’anecdotes, d’éclats de voix et de détails glanés dans les archives. A côté de la femme d’une intelligence redoutable se dressait également un despote qui refusait toute sédition, qui brisait ses ennemis et qui, paradoxalement, prônait la tolérance en tutoyant les philosophes et les meilleurs écrivains de son époque, faisant de Moscou un phare qu’on regardait avec admiration depuis Paris. Elle entendait sa fonction comme un défi, avec de multiples terrains à défricher. L’auteur réinterprète donc son influence à la lumière de tous les éléments connus et en remettant dans son contexte chacun d’eux. On le sait, la Révolution bolchevique a farouchement veillé à ternir son portrait, vouant aux gémonies tout ce qui touchait de près à l’ancien régime. Ed. Perrin – 479 pages André Metzinger
LAURE MOULIN, RÉSISTANTE ET SŒUR DU HÉROS Laure Moulin a vécu dans l’ombre de son frère, Jean Moulin le grand héros de la résistance, proche du général de Gaulle et revenu en France pour organiser la lutte clandestine. Sans rien avoir à envier à son cadet, Laure a traversé le XXe siècle en luttant pour la liberté. Durant la guerre 14-18, elle a été infirmière bénévole, avant de se lancer dans l’enseignement. La menace nazie la pousse à agir une seconde fois. Elle entre donc dans la résistance et sert de secrétaire à Jean, tout en accomplissant diverses fonctions telles que agent de liaison, décodeuse de messages cryptés, dissimulatrice de documents compromettants, etc. Comme toutes les personnes engagées dans le combat contre le fascisme, elle prend des risques incommensurables, consciente que la liberté n’a pas de prix. Lorsque son frère est arrêté par la Gestapo en 1943, elle décide d’éclaircir par quels moyens les hommes en noir ont pu remonter jusqu’à lui. Son enquête la mène à soupçonner un proche. Sans relâche, elle entend le faire payer. Bien sûr, elle suit de fort près le procès de René Hardy, accusé d’avoir livré son petit frère à l’ennemi. En se servant d’archives nombreuses, Thomas Rabino retrace le destin exceptionnel d’une femme qui n’avait rien d’ordinaire et qui, durant de nombreuses décennies, a veillé à pérenniser le souvenir de celui qui a donné sa vie pour la France sans compter les efforts et sans craindre le danger. Décédée en 1974, ce livre lui rend la place qu’elle mérite au panthéon de l’Histoire, en revenant sur la participation des femmes durant la seconde guerre mondiale et en soulignant leurs sacrifices. Ed. Perrin – 320 pages André Metzinger
HIVER 1814 Concernant Napoléon Bonaparte, tout a été dit ou presque ! Sans rien annoncer de neuf, Michel Bernard revient sur les derniers soubresauts de l’empereur avant sa défaite cinglante. Au faîte de son génie militaire, il a été victime d’un retour de boomerang, avec les avanies du sort qui se sont liguées contre lui. En retraçant ses derniers mois à la tête de ses troupes, l’auteur brosse le portrait d’un homme de plus en plus isolé sur l’échiquier des nations. Une évocation traitée avec la verve d’un roman fidèle à la réalité historique et sachant remettre l’homme et ses proches au centre des événements d’une manière efficace, prenante et élégante. Ce qui, ultérieurement, a été nommé la campagne de France se veut les ultimes salves de l’Aigle pour conserver son trône et éviter l’invasion de la France par les forces coalisées venues de partout. Face à l’ennemi, il n’a pas eu d’autre choix que de mobiliser une grande frange de la population, incorporant dans ses rangs de fort jeunes soldats ainsi que des vétérans. Son abdication scelle un carnage monstrueux. Nous sommes le 6 avril 1814 et Napoléon accepte l’exil sur l’île d’Elbe. En se basant sur une riche documentation, ce livre raconte la fin d’un règne et le début d’un mythe. Il est désormais disponible en format de poche. Ed. Perrin Poche – 268 pages André Metzinger
BAUDELAIRE Le nom seul du poète sert de titre à cet essai. Un patronyme qui reluit tel un gage de qualité, qui réveille maints souvenirs et qui renvoie à nos lectures secrètes, parfois déconseillées par les instances catholiques car, on l’a aujourd’hui oublié, Charles Baudelaire traînait une réputation difficile, coincé entre ses aspirations et l’existence qu’il menait dans la vie quotidienne. Le réduire à son seul spleen serait occulter une large part de son talent. Pourtant, il se sentait incompris, mal dans sa peau, malade dans sa tête, maudissait sa paresse alors qu’il rêvait de fulgurances, d’ordre, de luxe et prônait un travail acharné pour devenir l’égal d’Homère. En opposition à l’esthétique de son époque, il rédigeait des vers qui se détachaient de la morale, les voulait pulsionnels, tissait des liens ténus entre ses critères de beauté et ce qu’il ressentait au fond de son être. Admiré par certains, mais vilipendé par la plupart de ses contemporains, il a dû faire face aux ciseaux de la censure, se démener pour vivre, fulminer contre ses contemporains qui ne percevait pas son génie. Nourri de romantisme, tourné vers le classisme, son œuvre apparaît de nos jours comme une sorte de synthèse entre le Parnasse et le symbolisme, étiquette imparfaite puisque l’homme était unique en son genre, précurseur et authentique, doté d’une plume particulièrement singulière et pétrie de sentiments exaltés. Marie-Christine Natta, agrégée de lettres, nous offre une biographie soignée, revient sur le dandisme de l’auteur, son addiction à la drogue, sa quête perpétuelle d’argent pour régler ses dettes, la puissance de son écriture, la syphilis qui a eu raison de lui et les diverses interprétations véhiculées depuis plus de cent cinquante ans concernant sa personnalité et son œuvre. Il apparaît que son aspect errant ou « bohémianisme » aurait été à la fois une bénédiction et une malédiction dans la mesure où il ne s’est enraciné nulle part et a pu donner libre cours à son expression sans digues aucunes. Ed. Perrin – 1040 pages Daniel Bastié
DICTIONNAIRE DES MAFIAS ET DU CRIME ORGANISÉ Le nom mafia n’est pas unique, mais pluriel. Il fait référence au crime organisé et a largement contribué à établir sa légende par le biais de l’imagerie populaire, aidé en cela par quelques figures notoires du grand banditisme, dont Al Capone, Lucky Luciano et Meyer Lansky ont été les proues. Spécialiste reconnu de ce phénomène, Philippe Di Folco s’est attaché à proposer un dictionnaire ou abécédaire encyclopédique afin de circonscrire les mouvances, les influences et les grands visages qui ont fait la une des journaux. Avec cet ouvrage, il démontre que l’âge d’or n’est plus, même si les mafias pratiquent toujours une dérégulation économique forcée et génèrent une hyper concentration des richesses en pratiquant une série de règles en-dehors de celles forgées par les états. S’il revient naturellement sur les groupes italiens, russes, japonais et colombiens, il présente également les mouvements récents, férus de technologie et nés dans des pays jusqu’alors épargnés par la férule de ces organisations. Au fil des pages, on découvre un milieu qui s’enrichit par le blanchissement de fonds, l’extorsion, le chantage, la menace, l’intimidation et le meurtre ciblé. Un univers ultra-violent qui ne connaît pas de règles hormis les siennes. Pour des raisons évidentes, les mafias agissent dans l’ombre et parviennent généralement à échapper au regard des médias, de l’opinion publique et des nations. Or, à l’ère de l’information de masse, est vraiment dangereux justement ce qui ne se voit pas. L’auteur a élaboré un livre extrêmement complet et précis qui circonscrit les personnalités les plus éminentes, les modus operandi, les événements et les éléments de langage dans l’intention de les vulgariser et de les proposer à la lecture. Au demeurant, voilà un dictionnaire qui perce les secrets des mafias et du crime organisé à travers le monde et les époques ! Ed. Perrin - 432 pages Daniel Bastié
LES AMAZONES DE LA CHANSON Le mouvement MeToo a remodelé le paysage, avec un temps de prise de conscience, une remise en question de certaines (mauvaises) habitudes et le besoin de remettre les aiguilles à l’heure. Bien entendu, et à l’instar de nombreux autres mouvements sociaux, il a eu une incidence sur les arts, les annonces des artistes et leur répertoire, faisant que des chanteuses ont pu défendre un discours féminin sans pour autant devenir féministes. Aujourd’hui, nos représentations culturelles concernant l’homme autant que la femme sont en train de muter. Il est loin le temps où Souchon chantait « pour un jeu de dupes, voir sous les jupes des filles » et où Renaud triomphait en reprenant : « femmes normales, stars ou boudins, femelles en tous genres, je vous aime ». Les exemples de ce type foisonnent dans la variété française, reflets d’une époque et de mœurs devenues inacceptables de nos jours. Une nouvelle génération s’est levée pour redonner à chacune ses droits, la replacer au centre des préoccupations et la parer du choix de sa propre existence. En se livrant à propos de leurs humeurs, de leurs aventures amoureuses ou des limites à ne pas franchir, certaines chanteuses ont accepté de parler de ce qu’elles possèdent de plus intime, sans tabous et de se mettre en scène et en musique tout en défendant leurs textes, qu’il s’agisse d’Angèle, de Clara Luciani, de Jeanne Sandor et, parmi beaucoup d’autres, de Pomme. Bien sûr, on ne les a pas forcément attendues. Juliette Gréco, Vanessa Paradis, Catherine Ringer et Cœur de Pirate se sont revendiquées femmes jusqu’au bout des ongles, délivrant des refrains forts. L’auteur propose ici, en émaillant ses propos d’exemples pointus, une mise en lumière d’artistes qui utilisent leur notoriété et leur art pour se parer d’une liberté décomplexée de guerrière. Adeline Dieudonné préface cet ouvrage avec le ton qui lui est propre : franc et cash ! Ed. Luc Pire – 159 pages Sylvie Van Laere
BALANCE TA GRENADE Safia Kessas est journaliste. Elle est également autrice et réalisatrice. Depuis cinq ans, on la retrouve sur la Première, où ses chroniques sont dégoupillées avec la violence d’une grenade, fauchant l’hypocrisie et les poncifs. Pas étonnant donc de retrouver le titre de ses billets sur la couverture de cet ouvrage qui revient sur le meilleur de ses interventions. Certains diront une sorte de best-of, avec tout ce que cette expression peut contenir de subjectif. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir plusieurs de ses interventions et de réfléchir à la profondeur de celles-ci. L’opportunité également de remettre certaines valeurs en question ou de débattre sur des sujets de société allant du plus important à celui qui occupe une deuxième, voire une troisième position. Il s’agit avant tout d’un regard de femme d’aujourd’hui, moderne et un chouia féministe, car il y a malheureusement toujours un combat à mener contre les inégalités qui frappent une partie de la population, le machisme, la violence, les traditions ancestrales, etc. Autant de freins qui endiguent l’émancipation. Ce livre fait l’éclatante démonstration qu’il y a un besoin urgent de mettre à nu ce qui oppresse et ce qui opprime, servi par les rouages du patriarcat ancestral et larvé. Au fil des textes courts, l’autrice pique là où les mots griffent, sans complaisance, mais de façon à souligner des vérités que certains n’aiment pas entendre. Il s’agit de désamorcer les tensions et de rendre à toutes la liberté à laquelle elles aspirent. Ed. Luc Pire – 150 pages Sylvie Van Laere
BONJOUR VEAUX, VACHES, COCHONS Par définition, une comptine est une chanson inventée propre à l’enfance ou qui rappelle l’âge tendre. D’une écriture simple, elle joue avec la répétition des mots ou des phrases et emprunte une musicalité agréable. Pouvant être pédagogique, elle intervient souvent dans l’apprentissage au niveau des classes de maternelles et chez les plus jeunes en primaires. Poème simplifié et ludique, elle pousse également au jeu et procure de la joie. Olivier Douzou et son illustratrice Frédérique Bertrand se sont appliqués à mettre en page treize comptines de leur crû, en proposant un enchaînement de phrases rythmées et en véhiculant l’idée de mini-récits. Le résultat se veut à la fois simple, séduisant et un chouia surréaliste, avec des textes courts remplis de fraîcheur et des dessins colorés. Dans leur monde se croisent ours, poules, coqs, truites et, bien sûr, veaux, vaches et cochons ! Ce recueil a été conçu pour être lu de façon fractionnée, au gré des envies des tout-petits, pour goûter la saveur du langage, se laisser bercer par le rythme et s’amuser de la répétition de certains mots. Drôle et touchant ! Ed. Rouergue – 36 pages Amélie Collard
LE CONTINENT La résilience est le propre de l’être humain. Après avoir subi un traumatisme, il n’a pas d’alternative que celle de rebondir. Sauf, si le suicide est parfois préféré. Inès est bouleversée par la restructuration de personnel dont elle vient d’être victime. Son patron l’a licenciée de son poste au sein d’une bibliothèque logée dans un centre culturel. Folle de rage, elle s’est vengée en crevant les pneus de la voiture de celui-ci. Hors du monde du travail, elle suit une thérapie et, pour échapper aux miasmes de l’angoisse et se resourcer, elle se refugie sur l’île de son enfance. Pour tenter d’atténuer la rage qui la tenaille, elle sait que les choix ne sont pas multiples. Raphaëlle Riol nous convie à la lecture d’un bouleversant portrait de femme qui, après s’être donné à fond dans son boulot, est mise hors-jeu, éloignée de la sphère qui donnait un sens à son existence. De chapitre en chapitre, on passe de l’hiver au plein été, avec une perspective de nouveautés, de soleil radieux qui trône au milieu du ciel. Peu à peu, la colère fait place à l’apaisement, la violence à la tempérance, les idées sombres transitent vers d’autres impressions qui sourient. D’une certaine manière, on peut parler de renaissance et de récupération des moyens d’action. Inès est décrite sans superlatifs, avec sa fragilité, ses humeurs variables renforcées par un gigantesque sentiment de naufrage et une volonté qui ressuscite lorsque le moral a atteint son fond. Sans jamais juger, l’autrice décrit également des gestes impulsifs et violents qui symbolisent la volonté de faire payer pour quelque chose qu’on refuse d’admettre. En ce sens, tout l’aspect reptilien de la jeune femme ressort de ses tripes et l’assimile à un animal blessé prêt à en découdre chèrement, même s’il sait que l’issue lui sera fatale. Outragée et piétinée, elle comprend qu’il faut avancer en pansant les plaies, en se motivant et en tirant un trait sur le passé. Ed. Le Rouergue – 236 pages Amélie Collard
DES MAUX DE MIDI Aphorismes, citations, jeux de mots à vous en donner le tournis mais quel régal ! Le genre de petit livre a emmené partout avec soi et, que ce soit dans le métro ou confortablement installé sur un banc dans un parc, choisir une page au hasard et se délecter des trouvailles de ce jongleur des mots qu'est Gaëtan Faucer. De l'humour, certes, beaucoup d'humour même mais pas que... car l'auteur se sert aussi de cet humour pour nous pousser à la réflexion. Ne dit-on pas, en effet, qu'il est plus facile de faire passer un message avec le sourire ? Un petit livre indispensable pour tout amateur de bons mots ou de littérature tout simplement. Voici en vrac quelques extraits qui achèveront de vous convaincre de vous procurer ce petit livre pour la somme dérisoire de 4 euros : - La vie n'existe qu'à travers nos expériences. - Essayer, c'est déjà une demi-victoire. - Faire ses courses chez Carrefour est un crime Delhaize majesté. - Le hibou a mis sa hulotte à l'envers. - J'observe la chasse avec des daims. - On reconnaît l'artiste inconnu à son désir de notoriété. - Le pyromane amoureux : La flamme est l'avenir de l'homme. - A force de se planter, on s'enracine ! - La perfection n'est qu'une succession d'erreurs. - Annuellement, la situation immobilière est cadastrophique. Etc. Ed. Lamiroy – 36 pages. Alain Magerotte
RUBINE - SERIAL LOVER Après une absence beaucoup trop longue, François Walthéry, Bruno DiSano et Mythic nous reviennent avec une nouvelle aventure de Rubine. Bien que les sujets traités dans cette série, qui en est à son quatorzième opus, sont souvent très durs tels le kidnapping d’enfants, le trafic d’organes, les tueurs en série ou les mères porteuses, le public est bien celui des sept à septante-sept ans, sans doute à cause du degré de lecture de chacun. Les fillettes y voient une cousine de Barbie, les messieurs, une flamboyante et pétulante inspectrice de Chicago, très sexy, les dames, une femme de tête déterminée contemporaine pouvant tenir tête à n’importe quelle tête de cochon, et les amoureux de Natacha, un membre éloigné de la famille de l’hôtesse des Bardaf Air Lines. Serial Lover, l’aventure de Rubine et de Shirley, son adjointe afro-américaine, qui démarre en Louisiane, le Sud chantant, nous fera voyager, au fil de l’enquête, d’un bout à l’autre des Etats-Unis. La paroisse de Bourbonville s’apprête à fêter avec apparat le mariage d’Eileen Rose, une fille du crû, avec Trevor, un Yankee un peu fade et le Who’s Who local se presse amicalement autour des futurs époux ou autour des grands buffets dressés sous des tentes de réception. Des étoiles dans les yeux, confite dans son bonheur, la future épousée rencontre pour la première fois des membres de la famille de Trévor… Le moment tellement attendu arrive enfin mais Trevor demeure alors introuvable et tous les membres de sa famille ont joué les filles de l’air. Plus inquiétant, lorsque Rubine, engagée par la jeune femme en vue de faire toute la lumière sur cette affaire de disparition, retrouve les invités surprises, ils s’avèrent être des comédiens engagés pour la circonstance et le mystère ne cesse de s’épaissir… Ed. Du Tiroir – 46 pages Abigaël Jennings
UN DERNIER BALLON POUR LA ROUTE Freddie Morvan est las de tout. Pour manger, il accepte des boulots ingrats. Vivote. Pourtant, il avait tout pour réussir. Viré de la police, de l’armée et d’une agence de sécurité, il traîne son ennui jusqu’au jour où il accepte de se lancer sur les traces d’une gamine disparue. Selon certaines rumeurs, elle aurait été embarquée par un groupe de hippies. Avec son pote Didier, la traque commence, longue, surprenante, remplie de rencontres aussi inattendues que bizarroïdes. Le village de son enfance n’a plus rien du souvenir qu’il en gardait. En plusieurs années, le monde a évolué et la mémoire transforme honteusement les instants de félicité. Sur place, il retrouve une faune fanée : des fermiers mélancoliques, des héroïnomanes, des sans-abris, des fillettes qui parlent avec les loups, des barmaids alcooliques, des veuves anarchistes, des chasseurs zoophiles, des médecins décervelés, des charlatans suicidaires, etc. Benjamin Dierstein profite de ce thriller pour régler ses comptes avec la France sarkozienne, parle d’hier comme s’il s’agissait de l’autre siècle, évoque les abandonnés du système, troque la révolte contre un humour vachard et tire tous azimuts. En sacré flingueur, il brocarde tout ce qui ronge les tripes, manie le langage comme un colt de western et traite la province comme s’il se baladait dans les plaines de l’Ouest sauvage, avec des cowboys prêts à dégainés et des Indiens dont on se défie. Puis, il y a cette histoire de vaches mortes. On songe évidemment aux bisons décimés par la folie destructrice des pionniers. Il use des gimmicks populaires, pose un rythme de slameur et use de la métaphore avec un savoir-faire qui fait mouche. Sans avoir l’air d’y toucher, il offre un polar atypique qui se boit avec la facilité d’une canette de bière : cul sec ! Ed. Les Arènes - 416 pages Daniel Bastié
LA FILLE DE NAPOLÉON Si vous avez entendu parler de Delphine Boël, la fille cachée du roi Albert II, sans doute ne saviez-vous pas que Napoléon aurait eu également une enfant tenue dans l’ombre ? Voilà l’hypothèse que renvoie le dernier ouvrage de Bruno Fuligni, historien, haut fonctionnaire et maître de conférences à Paris. Selon lui, la prétendue héritière était Française et s'appelait Charlotte Chapuis. Un bouleversement pour tous ceux qui croyaient tout connaître de l’empereur ! Cela pourrait s’apparenter à un canular, mais l’auteur accumule les éléments troublants à charge en se basant sur des archives jusqu’ici peu ou mal exploitées. Comme tous les puissants de son époque, il n’est donc pas impossible que l’omnipotent Bonaparte ait eu une descendance dont il ignorait l’existence ou qu’il occultait volontairement. La mère de l’enfant l’aurait fréquenté lorsqu’il était sous-lieutenant à Auxerre. Des années plus tard, alors que l’Aigle se trouvait exilé à Sainte-Hélène après la défaite mortifiante sur le champ de bataille de Waterloo, sa fille putative s’est mise à revendiquer son illustre descendance, suscitant à la fois la méfiance et l’admiration. Le ministre de police, Fouché, la fit arrêter, mais elle parvint à s’échapper. Jolie, déterminée, flanquée d’une vraie sagacité, elle a suscité des sympathies politiques et les demandes en mariage se sont mises à affluer. Filiation malheureuse ou imposture magistrale, qu’importe finalement ! L’affaire Chapuis demeure une affaire qui a réellement affolé la Restauration, parce qu’elle remettait sur le devant de la scène le souvenir d’une époque que beaucoup souhaitaient bannir parce que, en un temps sombre et inquiet, elle représentait le passé, la liberté et des souvenirs engloutis dans la cendre des charniers. Ed. Les Arènes -248 pages Paul Huet
L’HOMME-CHEVREUIL Vivre avec la nature. S’adapter à la nature. Devenir la nature. Voilà peu à peu la direction que Geoffrey Delorme a empruntée pour se fondre avec elle et se muer en homme-chevreuil. Tout à débuté lorsqu’il n’avait pas vingt ans. Un âge de tous les possibles et de toutes les transitions. Une période où, dans le bois de Louviers en Normandie, il découvre un chevreuil. Contre toute appréhension, l’animal se laisse apprivoiser et se familiarise avec l’humain. Peu à peu, l’auteur ressent un attrait sincère pour le monde sauvage de son nouvel ami, cherche à en capter les sens et à s’intégrer dans son univers. Alors, en tournant le dos à la civilisation, il pénètre dans l’aire des bois, s’installe sans tente ni matériel de survie et se transforme peu à peu en gibier. Débute pour lui une expérience hors-normes. A la merci des éléments, il entreprend un apprentissage d’une existence dont il ignore énormément de choses. Comme Daguet, le nom dont il a baptisé son compagnon à quatre pattes, il se familiarise avec une autre manière de se nourrir, de dormir et de se protéger. Bien entendu, il profite de cette expérience unique pour photographier son ami sous tous les angle, ainsi que dans toutes les positions imaginables, et dont plusieurs clichés en noir et blanc émaillent l’ouvrage qu’il a rédigé. Une vie d’anachorète qui s’est étalés sur sept années ! Long diront certains ? Certes, mais quelle aventure ! Ed. Les Arènes – 255 pages Paul Huet
LA GRANDE PESTE L’histoire de la grande peste, c’est l’histoire d’un grand vide, le début d’une longue marche des ténèbres vers la lumière et le récit de l’écroulement d’un monde qui refuse de se laisser mourir. Le duo Eric Stalner-Cédric Simon nous plonge au mitan d’un XIVe siècle trouble, alors que la société s’engonce dans un obscurantisme sans nom. Baldus, chevalier hospitalier a survécu à un carnage maritime, mais semble avoir contracté un mal mystérieux qu’il ramène chez lui. Avec un dessin extrêmement soigné, ce roman graphique nous rappelle la fragilité de l’être humain face à une épidémie qui s’abat brutalement sur la société, sans faire de différence entre les classes sociales et nous renvoie inexorablement l’image de la Covid qui paralyse le monde, en agitant des menaces extrêmement sérieuses, emportant dans ses draps les plus faibles et ceux qui n’ont pas pris garde de se protéger. A mesure que la pestilence s’installe, les humains perdent leurs repères et s’adonnent à leurs démons ancestraux, se vautrent dans la violence et oublient leurs principes de savoir-vivre en communauté. Certaines représentations extrêmement violentes peuvent heurter les plus sensibles, avec des gros plans sur des visages tuméfiés et des gerbes d’hémoglobine qui giclent. Cet ouvrage raconte un récit dur, tout en se servant de l’Histoire comme toile de fond, aidant le lecteur en définissant certaines expressions, en analysant certains rites et en agrémentant cet album d’un carnet de croquis. Un divertissement de qualité, mais également une réflexion sur une humanité aux talons d’argile ! Ed. Les Arènes – 128 pages Daniel Bastié
MARCHER DANS LES BOIS Il y a des zones sauvages non loin des villes, des territoires boisés faits pour renouer avec le cœur de la nature et explorer ce qui n’est ni plastique ni béton. Nous faisons partie intégrante de l’écosystème, mais nous avons perdu nos racines avec celui-ci, trop occupés par nos liens professionnels et amicaux, notre train-train qui oblitère le temps que nous devrions consacrer à la curiosité et au désir de connaître cet ailleurs qui nous tend les bras pour nous rouler dans cette liberté offerte sans contrepartie. A une époque où on n’a jamais autant parlé d’écologie, le livre de Peter Wohlleben tombe à point nommé pour reprendre contact avec l’instinct que nous avons perdu et nous réapproprier le plaisir de nous balader dans les bois pour goûter et apprendre ses mille secrets. Richement illustré, cet ouvrage se veut un guide pratique pour découvrir ce qui se cache derrière chaque arbre et s’embarquer pour une histoire formidable qui sent la sève, frémit au contact des écorces et fourmille d’astuces. De la sorte, l’auteur nous explique de quelle manière observer la faune, planter une tente, sortir des sentiers balisés, se protéger des tiques, couper du bois de chauffage, éviter de se mouiller les pieds, imiter le brame du cerf à l’aide d’une feuille de hêtre, fabriquer un chewing-gum en se servant de résine, etc. Toutefois, il ne s’agit pas d’un mode d’emploi, car chacun doit appréhender la nature avec ce qu’il possède de plus intime, en tentant de se confondre avec les éléments qui l’entourent, pour entrer en communion ou, si on préfère, en osmose. Cet ouvrage est découpé en trente chapitres mêlant détails pratiques, informations scientifiques, témoignages et anecdotes. Ed. Les Arènes – 312 pages Daniel Bastié
HÉRITAGE La recherche de ses origines peut s’avérer un combat long et fastidieux. Une quête nécessaire pour savoir qui l’on est et d’où l’on vient. Un cheminement pas forcément de tout repos, lorsqu’on est confronté à l’indifférence des autres. A cinquante-quatre ans, Dani Shapiro, devenue autrice à succès, découvre inopinément par le biais d’un test ADN que ses parents ne sont pas ses géniteurs. Un choc ! Jeune déjà, elle se doutait que quelque chose ne fonctionnait pas dans le récit qu’on lui faisait de son existence. Elle, blonde, ne ressemblait pas aux membres de sa famille, juifs orthodoxes. Elle entame donc une enquête pour remonter le fil du temps et débusquer ses véritables parents. Un parcours semé d’embûches, avec une solide dose de ténacité. Comme ceux qui l’ont élevée sont décédés, il lui est impossible de formuler la moindre question. Alors, vivre avec le poids d’un secret trop longtemps conservé demeure pour elle une option tout pareillement intenable. Devenu obsessionnel, ce nœud réclame d’être défait, même si l’autrice sait qu’ouvrir la Boîte de Pandore peut libérer bien des fantômes désenchantés. Un risque que l’existence pousse parfois à accomplir. Ce récit n’a rien d’un polar, même si le suspense y est permanent, en suivant une pente ascendante. On s’identifie à Dani au point de la plaindre, de souffrir en sa compagnie et d’espérer une issue favorable même si, parfois, on ne découvre pas grand-chose à se mettre sous la dent, voire rien du tout ! « Héritage » apparaît dans le paysage littéraire comme un livre bouleversant, rempli d’empathie et dont l’argument de vente est celuici : « J’ai toujours su que ma famille dissimulait un secret. Ce secret, c’était moi ! » Ed. Les Arènes – 297 pages Daniel Bastié
LES MAÎTRES ENLUMINEURS Depuis Game of the thrones, le genre fantasy a de nouveau le vent en poupe. Il n’est donc pas étonnant de voir une série d’auteurs s’engouffrer avec talent dans cette brèche et de présenter à leur tour des sagas étourdissantes. Avec « Les maîtres enlumineurs », Robert Jackson Bennett livre le premier tome d’une trilogie épique remplie de passion et d’action. La cité de Tevanne bénéficie d’une rare opulence. Celle-ci repose sur la magie appelée également l’enluminure. Le jour où Sancia Grado, une jeune voleuse, dérobe une clé singulière, elle ignore qu’elle chamboule l’ordre établi. Poursuivie par un opposant implacable, elle découvre bien vite que sa vie ne tient plus qu’à un fil et que, pour s’en sortir, elle n’a pas d’alternative que celle de se chercher des alliés sûrs. Les coups de théâtre se succèdent à vive allure, soutenus par un rythme effréné et des situations cocasses. Tout en utilisant les codes de la fantasy, l’auteur n’hésite pas à réaliser quelques pas de côté pour faire œuvre personnelle, avec une héroïne sans peur qui possède la tête bien chevillée sur les épaules et qui connaît les astuces pour se tirer d’un guêpier tout en progressant vers le but qu’elle s’est fixé. Son âge, sa complexité et son passé très violent en font une personne attachante, titulaire d’un don qui lui apparaît telle une malédiction. Quant au décor, il renvoie à une société préindustrielle, avec une organisation extrêmement complexe, des guerres intestines et une démocratie qui n’en possède que l’apparence. Enfin, les sorciers et les magiciens ressemblent à des ingénieurs. Certains y voient une métaphore de la technologie. Au demeurent, l’enluminure permet au fil des chapitres de modifier, de brouiller, de remodeler et de déformer notre réalité. Pour le meilleur ou pour le pire ? Ed. Albin Michel – 633 pages Paul Huet
GNOMON Voilà un thriller qui mélange habilement les genres, avec une plongée en apnée dans un monde futuriste, pourtant pas très éloigné du nôtre. En Angleterre, la monarchie a cédé la place à une oligarchie fédérée autour du Système. Un état mis en place par une aristocratie nouvelle et qui, par le truchement d’un réseau high-tech de caméras, ratisse chaque coin du territoire pour emmagasiner une série d’images et traquer les déviants. Diana Hunter, dissidente notoire, vient d’être arrêtée afin d’être interrogée. Son cerveau est soumis à une analyse profonde mais, au cours de l’opération, une étape échoue et elle meurt de manière mystérieuse. Mandatée pour investiguer, Mielikki Neith, une policière fidèle aux forces mises en place, doit élaborer sa propre stratégie pour ne pas être entravée par des individus aux intérêts incertains. Assez curieusement, elle découvre que trois mémoires émanent de la défunte : celle d’un artiste égyptien, d’un alchimiste et d’un financier grec attaqué par un requin. Sauter les obstacles qui obturent ses avancées et se confronter à des personnages de plus en plus menaçants l’amènent à remettre ses certitudes en question. S’il ne s’agit pas ici de Big Brother, le ton est similaire, avec un monde qui broie les faibles et qui entend tout asservir. Il y est question de liberté et de libre-arbitre menacés, autant que d’aliénation de la pensée et du droit de se mouvoir. L’univers ici dépeint est terrible et fait froid dans le dos. Pour le journal The Guardian, on peut le comparer à « 1984 » de George Orwell, sans qu’il s’agisse d’un copié-collé de ce dernier. Récit machiavélique, « Gnomon » ne laisse aucun répit au lecteur, joue avec ses nerfs et annonce les affres d’une dictature, si nous ne veillons pas à défendre nos droits. Ed. Albin Michel – 489 pages Paul Huet
ILS NOUS BOUFFENT Les écrans sont partout dans notre quotidien, au point de nous décerveler, d’annihiler nos réactions, de phagocyter notre autonomie. Une arme de destruction lente mais massive dont nous nous nourrissons sans appréhender le danger. Les alertes sont nombreuses pour nous inviter à ne pas marchander notre chère liberté et à nous défier de ce veau d’or aux allures tellement séduisantes. N’est-il pas temps de décrocher et de nous libérer de cette emprise ? Comment se réapproprier une vraie hygiène de vie sans se subordonner et comment aider les jeunes à éviter l’addiction au digital ? Les écrans ne sont pas un problème en soi, mais représentent une forme d’aliénation dès qu’on baisse la garde, qu’on se laisse corrompre en oubliant des principes tels que limites et vigilance. Le retour en arrière est d’ailleurs impensable et il ne s’agit nullement d’entrer en guerre contre le numérique. L’auteur présente son guide comme un parcours pour retrouver sa maîtrise du temps et du libre-arbitre. Mêlant réflexion, exercices de réappropriation et témoignages, il entend rétablir un bon dosage entre nos loisirs, notre existence professionnelle, nos contacts amicaux et notre rapport avec les écrans. Bien entendu, cet ouvrage n’entend pas livrer la panacée ni juger quiconque, mais ose des questions rarement émises en les traitant sur le plan sociologique, médical et spirituel. Ed. Artège – 134 pages Amélie Collard
LA SAGESSE DES PÈRES DU DÉSERT La définition du mot apophtegme se veut simple. Il s’agit d’une proposition claire et concise qui résume en très peu de mots une pensée de grande portée en ce qui concerne la voie à suivre pour mener sa vie extérieure ou intérieure. Une telle proposition est ainsi non seulement facile à mémoriser mais aussi digne de mémoire. Le présent recueil regroupe une série de pensées attribuées aux anachorètes et autres moines qui ont vécu dans le désert égyptien au IVe siècle de notre ère. L’originalité a ici été de les proposer sous forme de bande dessinée, avec des saynètes succinctes destinées à mettre en situation chacune d’elles. Loin des grands ouvrages de théologie, ce livre se veut humoristique et piquant, tout en restant une belle leçon pour quiconque cherche à trouver un chemin vrai pour traverser une existence marquée par des hauts et des bas, des illusions et des sentiments beaucoup moins agréables. A travers ces récits, le lecteur peut également se gaver d’une spiritualité facile à saisir et se nourrir de ce qu’elle contient dans le but de s’épanouir et de s’ouvrir à autrui tout en aspirant à la sérénité. Ed. Artège – 128 pages Sam Mas
ÊTRE PRÊT Que signifie être prêt ? La foi est un chemin traversé de zones faites d’espoir, parfois de doutes. Dans tous les cas de défis spirituels, amicaux ou éthiques. Pour aider le croyant à voir clair dans sa vie, Pierre-Hervé Grosjean, curé de paroisse, a établi dix socles jamais contraignants mais aisés pour cheminer tout au long d’une vie cabossée par les errances, les hauts et les bas, la rudesse du quotidien mais également les joies d’être là. Avec cet ouvrage spirituel, simple et incarné, il a cherché à placer des mots sur des situations, à partager son ministère, à éclairer le message du Christ en rappelant sa force et sa générosité. Dans la situation ambiante laminée par la Covid, il nous invite à ne pas baisser les bras et à ne jamais oublier que nous sommes faits pour la joie. Cet ouvrage ne se lit pas forcément d’une traite et chaque méditation autour d’un repère se veut indépendante, de manière à ce qu’on puisse les lire dans l’ordre que l’on souhaite. Le ton se veut accessible et encourageant. Bien entendu, l’auteur n’entend jamais imposer quoi que ce soit, mais suggérer, ouvrir des pistes, prendre doucement par la main, inviter … Il ne s’agit pas de chapitres nés sous la plume d’un grand théologien ni d’un spécialiste de la vie mystique, mais de pages sincères rédigées par un homme qui croit foncièrement en la réincarnation et en l’amour divin. Ed. Artège – 181 pages Sam Mas
MARTHE ROBIN EN VÉRITÉ Qui était vraiment Marthe Robin ? Pierre Vignon, prêtre du diocèse de Valence, a bien connu la principale intéressée (morte en 1981) et revient sur son parcours hors du commun. Enfant souffrante, elle a bien vite trouvé refuge dans la religion et la piété, ouverte aux autres et toujours d’une sérénité admirable. Après un coma profond de plusieurs jours (sans doute dû à une tumeur cérébrale ?), elle vit cloîtrée dans la ferme familiale, ne supporte plus la lumière et éprouve de grosses difficultés à se mouvoir. L’épreuve de la maladie renforce sa foi. Quelques mois plus tard, elle est témoin d’apparitions mariales, toujours en privé. Des phénomènes qu’elle préfère ne pas ébruiter mais qui, rapidement, deviennent l’objet de rumeurs. Une certaine défiance circule également, l’accusant de mensonge et l’incriminant de plagiat. S’appuyant sur une importante documentation, l’auteur tente d’apporter une réponse à ceux qui médisent sans preuves à charge. Pour lui, il est évident qu’on se trouve en présence d’une authentique mystique et non face à une fabulatrice, même si plusieurs médecins allèguent que ses visions seraient le fruit d’un trouble psychique de type hystérique. Puis, que penser des stigmatiques qui l’accablent et qu’elle associe aux tourments infligés au Christ durant sa Passion ? Bien entendu, ces phénomènes sont étudiés par l’Eglise et continuent de faire l'objet d'une enquête, alors que beaucoup s’interrogent toujours sur la personnalité véritable de Marthe Robin et sur la véracité des apparitions. Ed. Artège – 172 pages Sam Mas
SKELETON COAST Skeleton coast est un vaste champ de récifs noyé de brouillard et d’ossements de cétacés. Également un cimetière à ciel ouvert qui accumule les épaves de bateaux. Une région inhospitalière perdue au fin fond de la Namibie, où rares sont les gens qui s’y aventurent. C’est néanmoins là que Richard Grangier a momentanément élu domicile. Désabusé, il n’a plus de nouvelles de sa fille, médecin humanitaire disparue en Afrique noire, loin de tous les radars et dont personne ne semble se souvenir. Que lui est-il arrivé ? Il imagine le pire, car on ne s’envole pas sans laisser de traces ou sans donner signe de vie. Est-elle prisonnière de rebelles ou morte ? Refusant la procrastination, il lutte contre ses appréhensions et décide de remuer chaque parcelle de terre pour retrouver une bribe de son passage. Au cœur d’une forêt moite et hostile, il côtoie une faune peu recommandable faite de militaires de fortune et de trafiquants de tout acabit qui s’accommodent d’une caste opportuniste de politiciens véreux. Laurent Whale, auteur britannique de neuf romans addictifs, nous plonge dans un monde inquiétant qui ne ressemble en rien aux catalogues de voyage qu’on ramasse dans les agences. Sur fond d’écologie et de besoin de véracité, il nous propose un thriller nerveux et 100% glauque, qui ressemble à une série B avec des gueules torves, des parias et des crapules. Une balade qui n’a rien d’une villégiature, mais qui ne manque jamais d’intérêt. Ed. Au Diable Vauvert – 476 pages André Metzinger
REQUIEM À DEUX VOIX La vie à deux n’est pas forcément une sinécure. Preuve en est avec ce roman signé Rebecca Nicais, née à Anderlecht et aujourd’hui retraitée après une carrière menée dans une maison d’édition internationale en tant que rédactrice publicitaire. Elle nous raconte l’histoire d’une passion furieuse, brûlée par la passion et la haine. Celle d’un couple décédé. Celle d’un peintre du dimanche, exigent, poète enflammé, mélomane averti subjugué par la gent féminine et béotien absolu. Celle d’une rescapée de la Shoah qui opte pour la renaissance et la vie, qui exige une revanche sur les avatars de l’existence et la libération des contingences matérielles, qui souhaite fonder une famille, élever des enfants et de ne plus avoir peur de rien. L’originalité de ce récit porte sur la vision de l’autrice qui évoque les sentiments de l’homme autant que ceux de la femme, en partant du prisme de leur sensibilité, en exhumant une série d’impressions personnelles et en les opposant. Forcément, chacun possède sa vision des choses et n’analyse pas les événements avec la même lentille. Tendresse, sensualité, amertume et espoirs insensés se combinent pour faire tourner un carrousel qui progresse à allure variable, qui brasse le chaud et le froid, l’insignifiant et ce qui ne l’est pas. Au fond, chacun met en lumière son interprétation des faits et tient à sa version, qu’elle soit subjective ou non ! Ed. Marcel Dricot – 203 pages Sam Mas