Bruxelles Culture décembre 2022

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5 décembre 2022 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com RENCONTRE : FEDERICO ARIU BRUXELLES CULTURE

RENCONTRE : FEDERICO ARIU

Depuis plusieurs mois, le documentaire Expressions mixtes circulesurles réseaux sociaux et aété projeté dansplu sieurs écoles. Qui se cache derrière ce projet et pourquoi ce film aétémisen chantier ? Entretien aveclecinéasteFederico Ariu, l’un de ses deux concepteurs. Rencontre.

D’où vous est venue l’idée de ce documentaire ?

L’idée du documentaire « Expressions Mixtes » m’est venue après avoir pris conscience qu’il n’y avait aucune visibilité des personnes de la communauté LGBTQIA+d’origine étrangère tant à la télévision que sur les réseaux sociaux. J’en ai parlé à mon compagnon qui m’a convaincu de l’importance de leur donner la possibilité de s’exprimer librement sur leurs expériences de vie, leur parcours, leur rapport à la religion, les discriminations qu’ils ont vécu en Belgique ou dans leurs pays d’origine et les liens qui les unissaient à leurs parents au moment de leur coming out.

Pourquoi le titre Expressions Mixtes ?

Parce que ce documentaire donne la parole à une grande mixité de personnes. Il permet d’aborder la richesse de la diversité des vécus et de parler des discriminations qui souvent y sont liées. Ces rejets concernent leur ethnie, leur orientation sexuelle et affective, leur milieu social, leur vie professionnelle, leur identité de genre, leur confession religieuse, … La liste n’est bien entendu pas exhaustive ! Sans honte, chacun raconte son histoire, ses souffrances, ses joies, ses combats et ses espoirs. On découvre à travers ce film des gens extraordinaires qui vivent près de nous et dont nous ignorons complètement le quotidien. Il s’agit d’un premier film. L’accueil qui lui a été réservé nous a encouragés à mettre en route une seconde salve. Pas une suite, mais un prolongement avec d’autres témoignages tous aussi forts, d’autres prises de parole.

Où ce documentaire a t il été tourné ? Durant la crise liée au Covid, nous avons dû rencontrer chaque participant seul à seul, que ce soit chez lui ou à notre domicile, afin de réaliser les entretiens face caméra. Nous avons aussi eu l’occasion de tourner avec deux participants à la Maison Arc en ciel de Bruxelles, qui abrite différentes associations francophones et néerlandophones LGBTQIA+ de la région bruxelloise.

Comment avez vous rencontré les intervenants ? Tout acommencé avec uneannonce diffusée surles réseaux sociaux,suiteàlaquelleplusieurspersonnes se sont manifestées pour participer activement à cette aventure. Ensuite, il a fallu les contacter et leur expliquer les tenants du projet. Nous en connaissions déjà personnellement l’une ou l’autre comme Nordine, originaire d’Algérie. Les participants de cette première édition sont issus des quatre coins du globe. Ainsi, on peut découvrir à l’écran trois Burundais, un Camerounais, un Algérien, un Marocain, un Ivoirien, un Italien, un Colombien, un Arménien et trois Belges. Certains d’entre eux ont été obligés de fuir leur pays à cause de leur orientation sexuelle.

Avez-vous eu des difficultés à les faire témoigner devant une caméra ? Les appréhensions de certains sont vite tombées, car ilsont réalisé qu’il ya un enjeu réel et qu’il importe de prendre la parole pour faire avancer les mentalités. Il s’agit d’une campagne de sensibilisation pour aider le citoyen lambda à comprendre le vécu et les difficultés que vivent encore trop souvent les membres de la communauté LGBTQIA+. L’homophobie fait malheureusement partie des habitudes et il faut la combattre. Quand on est étranger en Belgique, le racisme se greffe en plus sur tous les problèmes qu’on rencontre lorsqu’on est un homme et qu’on aime un homme ou qu’on soit une femme amoureuse d’une femme. Chaque participant s’est senti à l’aise quand la caméra tournait, car chacun connaissait l’impact que cela pourraitavoir surlespersonnes qui allaient les regarder et les écouter. Rien n’a été dicté ou imposé. Nous leur avons fait entièrement confiance de la même façon qu’ils nous ont donné carte blanche. La spontanéité vaut beaucoup mieux que des longs discours fastidieux. Ainsi, chacun raconte vraiment sa propre histoire, son propre vécu et ses souffrances. Bien sûr, comme il s’agit

d’un documentaire, il a fallu opérer des transitions. Le film a donc été scénarisé par thématiques, séquencé : la famille, les autres, la religion, l’art, le boulot, etc. Raphael Kalengayi, mon compagnon d’origine congolaise, a lui même vécu des situations assez difficiles avec sa famille et sa propre communauté lorsqu’ils ont découvert son homosexualité

Que signifie l’acronyme LGBTQIA+ ?

L comme lesbienne. Une femme qui a des relations sexuelles avec une femme.

G comme gay. Un homme qui a des relations sexuelles avec un homme.

B comme bi. Une personne qui a des relations sexuelles avec un homme ou avec une femme.

T comme trans. Une personne née homme ou née femme et qui ne se sent pas appartenir à ce genre.

Q comme queer. Une personne se dit queer quand elle ne se reconnaît pas dans la sexualité hétérosexuelle, ou ne se sent pas appartenir à un genre défini.

I comme intersexe. Les personnes intersexes ne sont nées ni homme ni femme. Il existe plusieurs situations qui peuvent mener à l'intersexuation.

A comme asexuel. Les personnes asexuelles ne ressentent pas le besoin de s'engager dans des relations sexuelles. Elles peuvent avoir des relations amoureuses mais revendiquent le droit à ne pas ressentir d'attirance physique.

+ comme : tous les autres qui ne se retrouveraient pas dans les premières lettres de l’acronyme.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les membres de cette communauté en Belgique ? Peu de gens sont conscients qu’il est très difficile de faire son coming out et/ou de parler de ce que l’on vit en tant que personne LGBTQI+. Si la Belgique est un pays officiellement tolérant sur le sujet et qui a promulgué des lois permettant à chacun de vivre librement dans le cadre de celles ci, la réalité n’est pas toujours aussi facile sur le terrain. Les discriminations passent par des regards moqueurs, le refus à l’embauche, des insultes, le rejet, parfois des agressions physiques. Faire bouger les choses prend du temps. Chez les ressortissants issus d’Afrique, d’Asie ou de l’Est, le poids de la culture est encore plus pesant. On ne parle pas de certains sujets, on n’accepte pas la différence ou on ne veut pas savoir. On est confronté à un tabou, une honte, voire une malédiction pour la famille et les proches.

Y a t il eu des améliorations depuis 1980 ? Heureusement, les mentalités évoluent en Belgique. Au fil du temps, le pays est devenu le deuxième au monde le plus gay friendly, même si une forme de ségrégation perdure. L’homophobie reste encore trop présente dans nos rues. Elle vient en partie d’un patriarcat toxique qui définit la place de l’homme et dicte des règles qu’on refuse d’enfreindre. D’où l’importance de l’éducation et du dialogue, même si certains ne pourront pas entendre le message et qu’ils le rejetteront en se référant à un texte religieux, à la tradition ou à leurs convictions intimes. Du coup, le travail est loin d’être achevé. Il est donc extrêmement important d’aider les victimes à sortir de l’isolement, de leur proposer un espace d’expression, de les amener à se faire aider psychologiquement si nécessaire et/ou à déposer plainte auprès des services de police lorsqu’ils subissent des agressions, car il faut rappeler que ces comportements sont punissables par la loi. Ce projet participe à la réduction des préjugés et des discriminations faites envers les communautés LGBTQIA+.

Au cours des prises de paroles successives, on découvre qu’ailleurs la situation n’est pas enviable. Que se passe t il en Asie, en Afrique, dans les pays de l’Est ?

L'homosexualité, la bisexualité et la transidentité étant réprimés dans un grand nombre de pays, le premier des droits revendiqués par les LGBTQIA+ est celui de pouvoir vivre ouvertement leur genre et leur sexualité et d'être traités de la même façon que les hétérosexuels. L’homosexualité est toujours réprimée par la loi dans soixante neuf pays selon le rapport 2020 de l’Ilga, association internationale

des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexe. Certains pays assimilent les relations entre adultes de même sexe à un crime. D’autres États mentionnent dans leurs textes de loi des actes contre nature, indécents ou immoraux. Les peines encourues peuvent aller d’amendes à la prison, en passant par des thérapies forcées, des coups de fouet, voire la peine de mort. Partout où l’homosexualité peut être punie, lespersonnes homosexuellesousoupçonnées de l’être vivent dansla peur d’être arrêtées et condamnées. Il est intéressant de noter que l'homosexualité est aujourd'hui légale dans seize pays africains. Dernier pays à la décriminaliser : le Botswana. Ailleurs, les peines vont de l'emprisonnement à la peine de mort. Certains états exposent les homosexuels à de lourdes peines d'emprisonnement allant de vingt àtrente ans, voire même à l’incarcération à vieen Tanzanie ou en Ouganda. Ence qui concerne les pays de l’Est tels que laPologne, la Hongrie, la Bulgarie ou bien la Roumanie, la question des LGBT est devenue un cheval de bataille des gouvernements. Dans plusieurs de ces états de l’UE, des alliances anti LGBT se sont créées entre mouvements catholiques et organisations d’Extrême droite.

Lorsqu’on parle de discriminations, de quelles manières se concrétisent-elles le plus souvent en Belgique ?

Il n’est pas rare pour mon compagnon et moi même de nous faire insulter en pleine rue, parce que nous nous tenons la main. Nous subissons régulièrement des remarques homophobes ou des regards désapprobateurs. Comme le disent si bien Andy et Jhaya dans le documentaire, ils sont régulièrement victimes d’agressions homophobeset d’insultes dès qu’ils sortentde chez eux, iels ont décidé d’assumer leur part de féminité et de le vivre au quotidien, que ce soit dans leur manière d’être autant que dans leur façon de s’habiller. Bien que les discriminations homophobes soient punissables par la loi, beaucoup l’ignorent, s’en moquent ou agissent encore en pensant être dans leur bon droit, en niant à d’autres le droit d’exister différemment. En ce qui concerne l’embauche au travail, je vais vous dévoiler en exclusivité ce qu’a vécue l’une de nos participantes de notre deuxième édition. Il s’agit d’une lesbienne d’origine Burundaise qui a été outée par sa cheffe de service (outer signifie que l'on identifie une personne comme étant altersexuelle ou que l'on oblige sortir du placard, à avouer en public son homosexualité alors qu’elle ne le souhaite pas). A partir de ce jour là, sa vie s’est transformée en enfer, quotidiennement raillée par ses collègues ou regardée avec mépris et défiance. Heureusement, elle a pu échapper à cette spirale et a trouvé un équilibre grâce à un autre job ailleurs.

Où ce film a-t-il été projeté ou comment est-il diffusé ? Afin qu’il soit accessible au plus grand nombre après une avant première à la Maison qui Chante d’Ixelles, nous avons décidé de diffuser gratuitement le film directement en ligne sur la plateforme internet www.expressionsmixtes.com. Nous sommes également régulièrement contactés par des écoles et des associations pour venir en parler chez eux et mettre en avant la question de l’identité de genre dans le milieu migrant, débattre avec le public et répondre aux questions dans la possibilité de nos moyens. Cette année, nous avons été invités par la mairie de Toulouse pour présenter notre travail lors de la clôture du Festival des fiertés toulousaine et, en ce moment, nous mettons en place un jumelage avec cette même ville, « Expressions Occitanes », qui devrait voir le jour en 2023.

Retrouvez « Expressions Libres » sur www.expressionsmixtes.com, sur la page facebook : https://www.facebook.com/expressionsmixtes et sur youtube.

Propos recueillis par Daniel Bastié

MANNEKEN PRIX 2022

Décernés depuis 2019, les Manneken Prix récompensent des auteurs et autrices de Bruxelles et visent à faire mieux connaitre la création littéraire dans la capitale. Ces prix sont décernés par un jury qui reste anonyme, fait principalement de lecteurs, de libraires, d’éditeurs et de gens de la presse. Les trophées remis aux récipiendaires ont été réalisés par l’artiste anderlechtoise Mégane Besnard. Les résultats ont été révélés le dimanche 20 novembre dernier à la Maison de la Francité en présence de nombreux participants. Le résultat des éditions précé dentes est consultable sur le site officiel www.manneken prix.be. Voilà le palmarès de l’édition 2022 :

Manneken prix du livre sur Bruxelles : Le netsuke de Thomas Lavachery publié aux éditions Esperluète. Manneken prix de l’auteur bruxellois : Sophie Wouters, dont le premier roman Célestine est paru en 2021 à 180° éditions Manneken prix du livre en bruxellois : Je zwanze donc je suis de Georges Roland Manneken prix du dessinateur bruxellois : Bernard Swysen Manneken prix du critique littéraire bruxellois : Daniel Bastié Manneken prix de l’éditeur bruxellois : Maxime Lamiroy pour les éditions Lamiroy Manneken prix du spectacle bruxellois : Tôa (Comédie de Bruxelles), mis en scène par Daniel Hanssens Manneken prix du libraire bruxellois : Nicolas Davila de Filigranes Corner Manneken prix du public : Alain Magerotte

UN NOUVEAU COMMISSAIRE GÉNÉRAL DE LA FOIRE DU LIVRE

La Foire du Livre sera de retour à Tour&Taxis du 29 mars au 2 avril 2023 avec ses fidèles exposants, sesnouveauxvenuset detrèsnombreuxvisiteurs. Bref, l’événement littérairemajeurenBelgique !Mais pour célébrer comme il se doitces retrouvailles, la Foireaccueille un nouveau commissaire général avec lequel l’équipe de la Foire se réjouit de poursuivre le travail entamé pour préparer la prochaine édition. Le conseil d’administration a de la sorte le plaisir de vous communiquer que Gregory Laurent est le nouveau Commissaire Général de la Foire du Livre de Bruxelles, un homme qui connaît bien l’institution pour avoir été son commissaire durant cinq ans, de 2015 à 2020, année de la dernière Foire du Livre à Tour&Taxis avant le confinement. Durant ces cinq années, Gregory Laurent et le Conseil d’administration ont, de concert, instauré l’accès libre à la Foire, développé un large programme professionnel à dimension nationale et internationale et mis sur pied “Objectif Lire”, un tout nouveau programme de promotion de la lecture. Enfin,en 2020, ils ont mis en œuvre la rémunération des auteurs et des autrices pour les rencontres organisées dans le cadre de cet événement. La Foire du Livre de Bruxelles pourra également compter sur l’expérience acquise par Gregory Laurent comme directeur du Service culturel de l’ULB depuis 2019, au sein duquel il a notamment mis sur pied plusieurs grandes expositions: Musée temporaire du confinement, Witches ou encore Imagine Cultures

LA SAINT NICOLAS, FÊTE DES ENFANTS SAGES

Petits, nous attendions tous cette fête avec la plus vive impatience. Dans les jours qui précédaient le 6 décembre, nous courions aux fenêtres pour voir si le grand saint drapé dans sa cape toute rouge n’avait pas laissé quelques friandises sur l’appui. Et, miracle, nous découvrions une assiette de bonbons avec des guimauves et du massepain. La fête à venir n’en serait que plus prometteuse.

D’où venait donc ce saint qui se glissait, la nuit du 5 au 6 décembre, dans la cheminée pour nous apporter les cadeaux dont nous avions tant rêvé ? Pour le récompenser du voyage, nous laissions, pour l’âne qui l’accompagnait, une carotte, et pour lui une bouteille de bière ou unverre d’alcool. Etpuis, nousallions nous coucher, avec la furieuse envie de ne pas dormir cette nuit là et d’entendre lepas de l’âne près dela cheminée où s’affairait le saint.

Selon la légende…

La légende veut que trois enfants, partis glaner dans les champs, se perdirent sur le chemin du retour. Attirés par la lumière filtrant des fenêtres d’une maison, ils s’approchèrent et frappèrent à la porte. L’homme qui leur ouvrit, boucher de son état, accepta de leur offrir l’hospitalité pour la nuit. Mais sitôt les enfants entrés, il les égorgea puis, à l’aide de son grand couteau, il les découpa en petits morceaux pour finalement les mettre dans son saloir, un grand baquet empli de sel, afin d’en faire du petit salé. Saint Nicolas, chevauchant son âne, en vint à passer par là et il frappa à son tour à la porte du boucher. L’homme, n’osant pas rejeter un évêque, le convia à dîner. Son invité lui demandant du petit salé, le boucher comprit qu’il était découvert et, pris au piège, il lui avoua tout. Le saint homme étendit alors trois doigts au dessus du tonneau du petit salé et il ressuscita les trois enfants.

Saint Nicolas enchaîna le boucher à son âne et le garda auprès de lui pour le punir sa vie durant. Le boucher devint le père Fouettard, un être fourbe dont le rôle est de réprimander les enfants désobéissants et les cancres, fort de son caractère irascible et violent. Toujours vêtu de noir, caché sous une cagoule et portant une épaisse barbe noire, il incarne l’opposé de saint Nicolas qui arbore, lui, une belle barbe blanche, desvêtements colorésd’évêque (une cape mauve et blanche, avec une crosse dorée à l’origine, puis rouge et blanche à l’image du père Noël actuel). On dit que ce changement de couleur provient d’outre Atlantique, quand saint Nicolas devint Santa Claus sous les couleurs de Coca Cola. Il a gardé en fait l’image d’une personne bienveillante pour les enfants. Chez les francophones, saint Nicolas se déplace toujours avec un âne. Il est accompagné du père Fouettard, aussi appelé « Zwarte Piet » chez les Flamands. Certains reprochent au « Piet » sa couleur noire héritée du colonialisme, mais qui lui vient en fait de son passage par la cheminée noircie de suie. Au nord comme au sud, le saint évêque vient déposer dans les souliers des enfants sages, la nuit du 5 au 6 décembre, des cadeaux et des figurines en chocolat, des nicnacs ou des spéculoos à son effigie. Les enfants sont souvent invités à écrire au grand saint pour l’informer des cadeaux qu’ils aimeraient recevoir. Un service de la poste belge répond gratuitement aux lettres qui lui sont envoyées à l’adresse « rue du Paradis, 1, à 0612 Ciel ».

Aux Pays Bas, saint Nicolas est plus populaire que le père Noël. Il arrive d’Espagne en bateau, avec ses Pierrots noirs et son cheval pommelé, quelques semaines avant sa fête. Cette arrivée est diffusée par la télévision néerlandaise. Ce qui compte, c’est que tous les petits Néerlandais sachent

qu’à partir de ce moment là, ils pourront poser le soir une chaussure devant la cheminée pour que saint Nicolas ydépose des petites gâteries la nuit... Les enfants sages du moins, car les enfants désobéissants risquent d’être fouettés et mis dans le sac de saint Nicolas par les Pierrots noirs et, de surcroît, emmenés en Espagne ! Les Pierrots noirs ne sont donc pas des aides anodins de saint Nicolas et ils font peur à de nombreux enfants.

Le 6 décembre marque la fin des festivités, car c’est le jour où le grand saint rentre chez lui en Espagne.

A Myre, en Turquie

Son adresse en fait est à chercher beaucoup plus à l’est en Méditerranée, à Myre sur la côte turque. L'un des évêques du début du IVe siècle, saint Nicolas, est un des saints les plus populaires de toute la chrétienté. Il fut archevêque de Myre, aujourd’hui Demre, à l’époque romaine. Il est fêté dans de nombreux pays chrétiens comme le modèle du saint évêque thaumaturge rempli de sollicitude pour son troupeau d’ouailles. L'habitude qu'il avait de pourvoir anonymement à la dot des jeunes filles pauvres, en introduisant discrètement des cadeaux dans leurs maisons, est à l'origine de la légende du père Noël, ou de la Saint Nicolas pour les enfants, version profane et « laïcisée » de l'histoire du saint évêque.

En Turquie, et particulièrement à Demre, les deux personnages sont confondus et le souvenir de saint Nicolas est maintenu dans la tradition du grand saint drapé de rouge. Son culte, venu du sud de l’Italie au XIIe siècle, se répandit en Lorraine à l’époque des ducs de Bourgogne et, de là, gagna les autres régions d’Europe.

C’est ainsi que le saint est arrivé chez nous et que, chaque année, les enfants l’accueillent à bras ouverts lors de son passage dans nos grands magasins. Venez, venez, saint Nicolas, cette fois, nous vous promettons, le cœur sur la main, d’être les enfants les plus sages du monde.

Michel

LA BÛCHE DE NOËL

Voilà que revient Noël comme chaque année, au cœur de la plus longue nuit de l’hiver. Il faudra une bonne bûche pour chauffer l’âtre. Maman vous l’apportera, toute fourrée de crème au beurre et nappée de moka. Voire arrosée de Grand Marnier. Ou glacée à la vanille, au café ou au chocolat. Miam, miam, on s’en régalera. Peut être même que vos enfants, s’ils lisent ma chronique, vous demanderont d’où elle vient, cette bûche mise à table pour la famille.

Je vouslivre lesecret : ellenousvient duMoyen Ageet servait àchaufferlechâteau. C’était l’une des nombreuses redevances dues par le paysan, qu’on appelait le serf, au seigneur sur les terres duquel il vivait. Le jour de Noël, il devait lui apporter la plus belle des bûches qu’il avait coupées dans la forêt pour que le seigneur et sa famille passent cette nuit là bien au chaud, dans leur sombre donjon ouvert aux quatre vents.

Au milieu de la grande salle conviviale éclairée par d’étroites fenêtres sans carreaux se trouvait un âtre, dont la fumée s’échappait par une lanterne pratiquée dans le toit. C’est autour de cet âtre que se serrait toute la maisonnée du château durant les longues nuits d’hiver. La bûche du paysan était la bienvenue pour y brûler joyeusement. Comme le seigneur avait beaucoup de paysans sur ses terres, il recevait beaucoup de bûches pour se chauffer au coin du feu, cette nuit là et les autres qui suivraient. A Pâques, il recevait aussi des œufs et parfois un agneau qu’on disait pascal.

Corvées et autres banalités

En échange du maigre lopin de terre qu’il cultivait pour lui et les siens, le paysan devait donc fournir biens et services tout au long de l’année. Il abandonnait au seigneur un dixième de sa récolte qu’on appelait la dîme. Il lui devait en outre plusieurs journées de travail gratuit par semaine : défrichage des bois, drainage des marais, creusement des canaux, construction des digues… A ces services ou « corvées », il fallait encore ajouter les « banalités » (d’un vieux mot germanique signifiant devoir) : le paysan était obligé de moudre son grain, de cuire son pain, de brasser sa bière, de presser son raisin au moulin, au four, à la cuve ou au pressoir du seigneur, le tout moyennant une petite redevance qui alimentait les caisses du château. Et le jour où il épousait une jolie paysanne du terroir ou plutôt du domaine , il devait enfin racheter, pour la prendre vierge, le ius primae noctis, le droit du seigneur de passer la première nuit avec la jeune épousée. Toutes ces obligations sont définies dans le droit coutumier du Moyen Age. Sans doute, toutes les redevances n’étaient elles pas exigées partout de la même façon et avec la même rigueur, Dieu merci, mais il n’était pas rare que le manant, pour vivre sur les terres du seigneur, dût lui céder jusqu’aux deux tiers de sa production et de ses revenus. Plus que le contribuable aujourd’hui à l’Etat, ce qui n’est pas peu dire, vous en conviendrez en regardant votre déclaration d’impôts.

Bûche, cougnou et vœu

Le nom de cette bûche était tréfeu ou tréfouet, du latin tres foci, « trois feux », car elle devait brûler au moins trois jours après Noël, sinon davantage. En Normandie, à l’instant où l’on y mettait le feu, les petits enfants allaient prier dans un coin de la pièce afin, leur disait on, que la souche leur fasse des présents. Et tandis qu’ils priaient, on plaçait à chaque bout des paquets d’épices, de dragées et de fruits confits qu’ils découvraient quand ils revenaient près de l’âtre.

En Flandre, lors de la veillée, les mères déposaient sur le chevet du lit de leurs enfants un gâteau de Noël appelé coignole. C’est une pièce de pâtisserie oblongue creusée dans sa partie supérieure et moyenne, destinée à recevoir un petit Jésus en sucre. C’est le cougnou que nous servons à Noël.

La bûche en tant que pâtisserie a commencé à se populariser après la Libération, dans les années 1945 1950. En nous rappelant une coutume d’autrefois, elle nous fait oublier les petits désagréments de la vie d’aujourd’hui, tellelanotedemazout oudegazmontéeen flèche ces derniersmois, et ellemet dubaume sur notre cœur. Une amie croate me racontait qu’il était d’usage dans la région de Split, il n’y a pas si longtemps encore, d’allumer trois bûches la veille de Noël, en formulant un vœu, juste avant de faire cuire la choucroute du soir… Faites donc, vous aussi, un vœu le soir de Noël et régalez vous avec votre famille autour de cette fameuse bûche. Joyeux Noël à tous ! Michel Lequeux

THÉÂTRE : LA REVUE DES GALERIES

Foule sentimentale, soifd’idéal ? Cette Revue 2022 est glorieuse, lisse, belle, montée commeune crème Chantilly alors que la disette de joie et de bonne humeur sévit gravement partout autour de nous. Autant dans les cœurs meurtris de nos artistes, que dans celui du public. « La Revue », le must royal bruxellois s’est toujours voulu moqueur, parodique, léger, rythmé, endiablé, pétillant de traits d’esprit et de gaité communicative. C’est un art de vivre ne lésinant pas sur la zwanze. Bouillant de parodie, de facéties, de jeux de mots et calembours. Scintillant de lumières, de costumes et d’effets grandioses. On y va comme en pèlerinage de rire, pour se saouler de verbe, d’autodérision et de présence scénique. Pour attendre l’esprit en fête, la mise au placard de l’année en cours. Mais comment célébrer dignement une année 2022 si peu fastueuse ? Et le mot est faible. Les artistes y mettent leur cœur, tous lestés d’amour, d’espoir, de joie et de paix. Ils y placent la tendresse humaine et une humilité peu commune. Cette fois, laRevue est entrée en résistance, elle met la pédale douce. Moins de blingbling, moins d’artistes en scène, moins d’exagérations… Tout en réveillant à bout de bras et de jeu scénique nos consciences endormies. Le menu n’a rien de blasphématoire, d’iconoclaste, d’offensif, rien de déplacé ni d’outrecuidant, le tonest juste et mesuré. Et ilplaît. Des demi teintes automnales dans un vent d'empathie, comme si la nostalgie de nos jeunes années artistes et public tenaillait les spectateurs riant sous masque. Un pied de nez gracieux aux systèmes qui nous embrouillent et nous entortillent. La Revue est à applaudir du 7 décembre au 22 janvier 2023 au Théâtre des Galeries. Plus de détails sur le site www.trg.be

Galerie du Roi, 32 à 1000 Bruxelles

Dominique Hélène Lemaire

Depuis deux ans, notre vie tient du vaudeville. Aux Galeries, l’actualité est « Revue » et (in)corrigée, voire incorrigible et cette farce prend les atours d’un cabaret satirique. Avec Alexis Goslain à la barre, un vent frais salutaire souffle sur La Revue. Sans dénaturer ce spectacle qui se veut avant tout festif, drôle et pétillant grâce à une troupe d’artistes généreux et enjoués (emmenés par l’humoriste Bénédicte Philippon), l’équipe parvient à dynamiser l’ensemble en resserrant les enchaînements, en misant sur les chorégraphies et chansons, et en usant de multiples effets lumineux. « La Revue », c’est un équilibre complexe à réaliser, un cocktail dont tous les ingrédients comptent : rythme, efficacité, rire et beauté. Voilà donc, en ces temps moroses, une piqûre de bonne humeur bienvenue.

THÉÂTRE : LE CANARD À L’ORANGE

Voilà un classique de ce qu’on appelle un impérissable de la comédie de boulevard ! Un texte qui a bourlingué et a fait se tordre de rire la moitié de l’Europe. Un incontournable pour passer une excellente soirée et se gausser de nos avatars conjugaux. Rédigé en 1967 par William Douglas Home, cette pièce raconte l’histoire d’une femme et d’un homme qui décident d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Un classique matrimonial ! Ainsi, Liz mariée depuis quinze ans à Hugh (et dont elle connaît les infidélités à répétition) décide de lui annoncer qu’elle part le lendemain avec son amant. Schéma traditionnel et jusqu’ici peu original. Mais, tout s’embranche d’une manière incongrue lorsque le mari décide d’organiser une soirée d’adieux en présence de son concurrent et de regagner le cœur et l’estime de sa chère et tendre. Il va ainsi jusqu’à proposer de prendre tous les torts à sa charge lors de leur inévitable futur divorce. Pour ce faire, il met au pointun stratagème qui consiste à entraîner sa secrétaire au lit afin de se faire surprendre en sa compagnie par la domestique qui pourra de la sorte témoigner de son inconstance. Bon plan, si ce n’est qu’il compte piéger le bellâtre que sa femme a introduit dans leur foyer. Durant ce temps, en cuisine, un canard à l’orange mijote pour le repas à quatre. En quelques manches, on assiste à une partie de scrabble que remportera le plus ingénieux. Tania Garbarski, Laure Godisiabois, Michel Kacenelenbogen et Marina Pangos s’opposent la réplique dans une mise en scène tonique qui refait le jeu de celui qui veut et ne peut pas, du plus malin qui refuse de se faire surprendre et torche ses réparties avec une tonicité qui fait mouche. Plus les moyens mis en œuvre par le mari prêt à être abandonné sont énormes et davantage le rire se presse au portillon. Cette nouvelle mouture proposée par le Théâtre Le Public repose sur un texte qui fonctionne toujours au quart de tour et qui ne s’est pas érodé avec le temps. Mieux, on y reconnaît nos turpitudes, nos lâchetés et tous les mensonges dont noussommes capables lorsquenousnoustrouvonspris au piège denospropres contradictions. Une pièce à voir au moins une fois dans son existence. Les représentations se déroulent au Théâtre Le Public jusqu’au 9 décembre 2022, ainsi que le 31 décembre 2022. Plus de détails sur le site officiel www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64-70 à 1210 Bruxelles

Daniel Bastié

THÉÂTRE : JACQUES

Créé à l’été 2021, en pleine pandémie, en extérieur dans la cour du Public, ce Jacques là a enchanté les foules. Comme un grand courant d’air frais, il est venu mettre de la liberté et de la joie dans nos esprits trop longtemps confinés. Cet hiver, le comédien Nicolas Buysse, le trompettiste de jazz et comédien Greg Houben, accompagnés du pianiste Mat thieu Van, vous entrainent à leur suite dans un parcours guidé par le génie poétique, drôle, tendre, corrosif et contestataire de Jacques Prévert. Ils distillent les mots du grand Jacques dans une promenade surréaliste. En musique, ils nous offrent, le temps d’un moment partagé, le droit fondamental de penser hors des clous et de réenchanter le monde. Un spectacle rêvé par des comédiens/musiciens amoureux d’un Prévert qui nous est restitué tel qu’en lui même : décalé, magnifique, simple, hyperlucide... et si proche de nous. Avec ces gaillards là au service de ce poète là tout un univers s’ouvre, et c’est une bouffée de tendresse et de liberté qui s’offre à nous. Jacques c’est du soleil garanti, au cœur del’hiver. Facétieux et doux, nousferons les Jacques pour un soir. Et ça fera rudement du bien. Une prestation à applaudir au Théâtre Le public jusqu’au 23 décembre 2022. Plus de détails sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64 70 à 1210 Bruxelles

THÉÂTRE : UNE VIE SUR MESURE

Loin d’être idiot, Adrien Lepage est juste… différent. Tout commence le jour où ce gamin se découvre, presque par accident, une passion absolue pour la batterie. Débordant de joie de vivre et d’enthousiasme, illivre alors le récit « live » de saromance extraordinaire. On va le suivre en planserré, accompagné de deux batteries évocatrices de toutes ses rencontres et de son amour pour les rythmes du monde entier. Car il a ça chevillé au corps, Adrien, la musique, toutes les musiques : le blues, le rock, la techno, le jazz et la bossanova. Avec plus de cent représentations au Public à guichets fermés, et comme vous continuez à adorer ça, on reprend ce spectacle atypique, plébiscité par tous les publics pour son humour, sa poésie et son humanisme. Un spectacle sans frontières et sans a priori, à mi chemin entre Forrest Gump et Billy Elliot L’histoire d’un gamin doué, qui, petit à petit et presque malgré lui, va lever le voile sur sa vie. Avec maladresse et espièglerie, il renversera tous les obstacles. Alors, guidés par sa passion, vous entendrez une histoire déroutante, drôle et bouleversante, plus belle qu’une destinée flamboyante : une vie sur mesure. Un spectacle à revoir au Théâtre Le Public jusqu’au 31 décembre 2022. Plus de détails sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64 70 à 1210 Bruxelles

OPÉRA : ON PURGE BÉBÉ

A la base, on se trouve en présence d’un vaudeville rédigé par Georges Feydeau et créé en avril 1910 à Paris. Il est question d'une pièce en un acte composée de dix scènes. Comme tout le théâtre de Feydeau, il y est question de caricaturer les mœurs de son époque, dépeignant sur le mode de la comédie les problèmes de société et la vie en couple avec ses fortunes, ses infortunes et ses relations adultérines. Dans cette pièce, l’auteur évoque également la condition des femmes et présente l’enfant sous la forme de ce qu’on appellera plus tard l’enfant roi. En effet, ce dernier ose tenir tête à ses parents, chose impensable au début du XXe siècle. Bien entendu, La Monnaie ne présente pas cette pièce telle quelle sur les planches, mais propose l’opéra qu’en a tiré notre compatriote Philippe Boesmans, décédé récemment. UnecréationsurunlivretdeRichard Brunel.Pourl’anecdote, lorsqu’il esttombémalade, le compositeur en était à 90% de l’écriture de la partition. A l’hôpital, il a fait appel à Benoît Mernier pour achever son œuvre. Un exercice pas évident à un mois des répétitions, mais indispensable. A partir du travail déjà réalisé, il a fallu se plonger dans l’univers de Boesmans, se mettre à sa place, trouver ce qu’il aurait écrit et se couler dans sa veine. Un travail d’équilibriste puisque dans cette œuvre tout s’enchaîne et on n’y distingue pas les scènes qui s’arrêtent. Philippe avait déposé son crayon au milieu de la neuvième scène sur une triple croche. Malgré ce travail à quatre mains, cet opéra reste fort homogène, pensé d’un seul geste pour basculer dans une querelle de ménage qui ne finit pas. Bien sûr, on y retrouve une certaine fidélité à l’écriture typique de Feydeau. L’opportunité notamment de revivre cette séquence culte au cours de laquelle Follavoine, à la demande de Bébé, cherche dans le dictionnaire où se trouvent les îles Hébrides, mais comme il est inculte, il cherche à la lettre Z. Une création à applaudir du 13 au 22 décembre 2022 à La Monnaie. Plus de détails sur le site www.lamonnaie.be Place

Bruxelles

THÉÂTRE : PERFECT DAY

La vie est composée de cycles. Tu nais l’enfant de tes parents, tu deviens la mère de tes enfants et, après, la mère de tes parents puis l’enfant de tes enfants. Enfin, tu meurs !Marie, soixante quatre ans, est nez pour une grande marque de parfum. À quelques mois de prendre sa pension, sa boîte lui demande de réaliser un dernier parfum qui s'adresse aux femmes de son âge. En même temps, elle s’occupe de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. À travers tout le récit, Marie se regarde vieillir, cartographie son corps qui se ride. Elle a renoncé à la sensualité, se persuadant qu’elle n’a plus l’âge de vivre l’amour. Jusqu’au jour où…Après La Solitude du mam mouth et Quand tu es revenu, Geneviève Damas explore avec finesse et douceur le rapport au désir d’une femme après 60 ans. Il s’agit d’aborder le temps qui passe comme n’étant pas seulement une fatalité douloureuse qui s’inscrit sur la peau et fatigue le corps, mais comme une période de la vie qui ouvre un champ des possibles. Un texte jouissif et jubilatoire écrit sur mesure pour Hélène Theunissen à découvrir au Rideau de Bruxelles du 13 au 23 décembre 2022. Plus de détails sur le site www.lerideau.brussels

Rue Goffart, 7a à 1050 Bruxelles

de La Monnaie à 1000 Andrea Cerasi

THÉÂTRE : LE NOEL DE M. SCROODGE

Fidèle ami des grandes causes humaines, Thierry Debroux a fait de ce court récit souvent abordé dans le secondaire par la lecture en anglais simplifié, une splendide amplification poétique où pointe sans cesse une joyeuse ironie. On peut presque parler d’une comédie musicale qui a mis la salle entière debout, dès la première. Celle ci applaudissait avec frénésie une troupe d’acteurs éblouis, rappelés dix fois, une troupe chargée d’anima, et que l’on aurait bien cru voir sortir tout droit de l’Opéra de quat’sous!

C’est donc l’histoire d’un rebirth sous la neige. « Le Noël de Monsieur Scrooge » met en scène le processus de transformation d’un cœur abominablement sec et coriace, indifférent à autrui, passionné d’argent, en une âme généreuse et enfin repentante et heureuse qui renoue avec la vie. Le pardon, dit on dans les chaumières, est la clé du bonheur d’ici bas ...et de l’au delà, pour ceux que cela intéresse ! Il suffit peut être, comme le dit la chanson de la finale, … d’écouter le vent ! « The answer is in the wind…» Uncertain vent dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va…! Lemendiant dudébut uncraquant personnage vautré au début du spectacle dans le fauteuil de l’écrivain invite les cœurs à se lâcher et garantit que « les contes de fée sont faits pour apprendre que l’on peut vaincre les monstres !» C’est un jeune Garou, au charme éblouissant qui chante à la lune. Dans ce conte de Noël, le ciel est toujours présent : le décor est sous coupole céleste. La ligne du ciel évoque St Paul’s Cathedral ou Big Ben, les infâmes cheminées crachant fumée de charbon quand la misère réussit à se chauffer! Tombe la neige, même s’il y a du smog, façon purée de pois. Mais la déco de la fête tant attendue est là. Les bougies brillent aux fenêtres des maisons bourgeoises et des antiques magasins « so British »: tailor, furniture, bakery, candles… Hélas, le terrible temple du négoce de l’argent, la $crooge Company, àdroite duplateau, rassemble toutce qu’il ya de plus Anti ChristmasSpirit. Vous connaissez sûrement des adeptes ! Le maître des lieux c’est l’Avare, Richard III, Méphisto, and last but not least : Scrooge. Time is money ! Mais voilà le temps aboli… En attendant que ce soit l’argent ? On peut toujours rêver ! Quoi qu’il en soit, la mise en scène est fort habile. Sous forme de doublesdesdifférents âgesdutristesire, elle ravit par sa fraîcheur et sa subtilité. Le temps est aboli… Magie théâtrale ou nuit magique ? L’an 2017 vient jusqu’à narguer un Scrooge totalement abasourdi ! Ou bien est ce nous mêmes, que Dickens vient narguer ? Magie du texte ! Mise en scène illustrative. Des gosses misérables battent le pavé. L’époque est douloureuse, le pain est rare, la maladie fait des ravages. Les cimetières regorgent de morts prématurées. Mais le décor n’en reste pas là ! Dans les cœurs aussi, du plus noir : celui bouclé entre les murs de ses coffres forts …au plus tendre : celui d'une étoile entre deux tresses blondes. Dès sept ans, le désespoir peut certes résonner dans les consciences ! La scénographie acrobatique trace les contours de l’histoire faite d’une série d’apparitions d’esprits chargés de remettre le Drôle dans le droit chemin. Suspense garanti, on croit qu’à chaque étape qu’il a enfin compris… Eh non, c’est raté ! Quelle patience il a, cet « esprit de Noël » qui a tout d’un « Père Noël » y compris les rennes, …particuliers, il faut en convenir, mais très convaincants ! Agrandsrenfortsdechansons degueux, defablesetfantasmes, l’actionprogresseet réchauffelescœurs. Qui oserait grincer à la fin du spectacle, le sourire pincé et le verre à la main « Oui... ! C’est …gentil ! » ? Non ! C’est tout simplement merveilleux, tant l’énergie des créateurs est présente, touchante, palpitante même, tant l’humanité se découvre avec audace, sans craindre les esprits blasés qui n’auront de toutes façons rien compris. Chapeau ! Et puis il y a tous ceux et celles qui, comme Scrooge, auront secoué leur manteau d’indifférence, balancé leurs aprioris dévastateurs, quitté l’ivoire de leur confort et rejoint le cœur ré enchanté, la liesse du renouveau d’humanité et son formidable potentiel. Voilà un anniversaire que le monde se doit de fêter, au risque de mourir … à minuit sonnant ! Mieux vaut naître non ? Une pièce à revoir au Théâtre du Parc du 18 au 31 décembre 2022. Plus de détails sur le site www.thetareduparc.be Rue de la Loi, 3 à 1000 Bruxelles Dominique Hélène Lemaire

THÉÂTRE : LA FERME DES ANIMAUX

Les animaux de la ferme souffrent de la maltraitance du fermier, alors ils décident de se révolter. Mayor leur sert de mentor et, ne faisant qu’un, ils le suivent. Forts de leur nouvelle liberté, ils s’imposent une charte de vivre ensemble. Les règles précisent que personne ne sera supérieur aux autres. Les cochons semblent néanmoins vouloir assurer une suprématie sur le groupe. Comme dans le diocèse des humains, très vite, les règlementations dérapent pour être tordues et les droits des uns sont disqualifiés au profit des autres. A mesure que le temps passe, une nouvelle dictature s’impose. Georges Orwell signe ici un petit livre qui possède l’allure d’un conte pour enfants et qui se transforme assez vite en satire sociale pour dénoncer la tyrannie imposée par d’ex persécutés qui dictent leur férule sur leurs semblables. La charge est féroce et cogne sans aménité. Après une lueur d’espoir, les ténèbres reviennent assombrir le quotidien. Comme dans la société des hommes, il apparaît que la mainmise sur l’appareil politique métamorphose les rapports. Al’époque de la publication de cet opus, de nombreux regards se sont tournés vers le communisme, plaçant dans le viseur le régime soviétique avec ses purges et ses exactions. Plus qu’un simple récit, « La ferme des animaux » se veut une diatribe contre tous les totalitarismes quels qui soient et décrit la mécanique implacable qui pousse de trop nombreux dirigeants à prendre le peuple en otage et à profiter des lois qu’ils ont ratifiées pour mieux les tordre. Il n’est évidemment jamais trop tard pour découvrir ce récit, si la chose n’a pas été entreprise auparavant. Le Théâtre royal du Parc propose de l’applaudir dans une adaptation scénique haute en couleurs dirigée sur les planches par Emmanuelle Lamberts et Thierry Debroux et dont les rôles principaux ont été confiés notamment à Manuel Chemla, Camille Decock, Guillaume Druez, Béatrix Ferauge, Fabian Finkels, Thierry Janssen, Hélène Philippe, David Pion, Guy Pion, Gaspard Rozenwain et Malika Temoura. Les représentations se dérouleront jusqu’au 10 décembre 2022 au Théâtre royal du Parc. Voyez tous les détails sur le site www.theatreduparc.be Rue de la Loi, 3 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié

CONCERT : SHEILA

Voilà 60 ans que Sheila a fait son apparition dans nos vies avec une carrière jalonnée de tubes passant du Yéyé au Disco, de la Pop au Rock, avec pas moins de vingt six albums qui se sont écoulés à plus de quatre vingt millions d’exemplaires. Un concert attendu parses fans desdébuts et qui s’étonnent toujours que le temps soit passé si rapidement. Toujours en forme, elle n’a rien perdu de sa superbe et connaît le métier pour enflammer la salle. Une petite ado aux couettes qui s’est métamorphosée en artiste internationale en se classant à plusieurs reprises dans le Billboard américain. Un concert chorégraphié et magnifié par desjeux delumière, une ambiance qui soulève le public et qui revient sur une série de chansons que nous avons chantonnées un jour ou l’autre. L’opportunité également de présenter son nouvel album studio entre mélancolie et joie, piano et disco, Pop et rock. Un disque que certains considèrent comme étant une autobiographie en musique. Pour se faire un avis en live, soyez au concert le 5 décembre 2022 au Cirque Royal. Plus d’informations sur le site www.cirque royal bruxelles.be Rue de l’Enseignement, 81 à 1000 Bruxelles Paul Huet

CONCERT : HÉLÈNE SEGARA

L'album Karma est né après plus de deux années d'écriture et signe un virage important dansla carrière d'Hélène Ségara. Un disque aux influences multiples, souligné par une ligne mélodique qui permet à l’artiste de mettre en évidence la beauté de sa voix. Elle revient avec une tournée aussi personnelle qu'intense. Les spectateurs découvriront des sons nouveaux, une atmosphère à part, celle d'un tout petit monde : celui d'Hélène. L'amour y est toujours abordé mais d'une manière différente puisque l'artiste y évoque notamment l'urgence d'une prise de conscience collective pour faire bouger les lignes. Le Karma Tour vous promet un voyage au cœur de vous même, un échange profond et fusionnel où les âmes parlent aux âmes et où Hélène Ségara se livrera à son public pour mieux se retrouver sans faux semblants. Une performance attendue au Cirque Royal le 9 décembre 2022. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.cirque royal bruxelles.be Rue de l’Enseignement, 81 à 1000 Bruxelles

CONCERT DE NOËL AVEC AXELLE RED

Axelle Red sera en concert avec sa tournée de Noël : "A Very Special Christmas 2022". Le samedi 17 décembre, elle fera halte au Cirque Royal à Bruxelles, où elle chauffera le cœur du public avec ses classiques de Noël préférés en version soul et saupoudrera son répertoire de paillettes. Même si elle est née en février, Axelle Red est au plus profond d’elle même une enfant émerveillée par la fête de la Nativité et ses traditions. Depuis sa plus tendre enfance, elle adore la magie de ce moment unique du calendrier avec son sapin, ses guirlandes lumineuses, ses décorations, son ambiance et, évidemment, les airs de Noël. Nul ne s’étonnera donc d’apprendre qu’un « spécial Noël » figure déjà depuis longtemps sur sa wishlist. Avec une kyrielle d’artistes américains qu’elle apprécie particulièrement (songeons à Carole King, Phil Spector, The Jackson 5, Stevie Wonder, Johnny Cash, The Carpenters, Otis Redding, Peggy Lee, The Supremes), elle s’est plongée dans son étagère de vinyles et CD et ses souvenirs. Le résultat ? Un programme composé de toute une série de Christmas classics, le plus souvent en version jazzy. Des petites pépites intemporelles que viennent compléter des morceaux de son propre répertoire qui évoquent décembre et la neige attendue. Un voyagedans son pays des merveilles de l’hiver avec des chansons magiques telles que « Santa Claus Is Coming To Town », « Who Took The Merry Out Of Christmas » et « Let It Snow », ou encore « Santa Baby », « Sleigh Ride », « White Christmas » et « Rudolph The Red Nosed Reindeer ». Récemment, elle confiait à un journaliste : J’adore Noël, j’adore cette fête depuis toujours. Tout me plaît ses aspects les plus chics comme les plus kitsch ! Noël évoque pour moi l’amour, la famille, de la musique et même beaucoup de musique. Des souvenirs aussi de ce temps béni de l’enfance et des fêtes de fin d’année auprès de ma famille. Et c’est tout cela que j’ai envie de communiquer lors de ces concerts. J’ai envie d’offrir au public une fête joyeuse à laquelle ils peuvent s’identifier et aussi de l’émotion bien sûr. Retrouvez l’ambiance de fin d’année au Cirque royal de Bruxelles le 17 décembre 2022. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.cirque royal bruxelles.be Rue de l’Enseignement, 81 à 1000 Bruxelles

THÉÂTRE : LE ROI LEAR

Ici, un père maudit sa fille préférée. Ici, un autre veut la mort du fils qu’il devrait aimer tandis que son autre fils complote contre lui et le livre à ses ennemis pour qu’ils lui arrachent les yeux. Georges Lavaudant a choisi Jacques Weber pour ce magnifique rôle. Il est remarquable, autant dans l’ivresse du pouvoir que dans la lucidité du désespoir. Le Roi Lear est la pièce de Shakespeare la plus emblématique de son « théâtre monde » et le rôle que rêvent d’interpréter tous les grands acteurs. Georges Lavaudant orchestre cette rencontre au sommet entre Lear et Jacques Weber qui campe un souverain à la hauteur de sa démesure. C’est une tempête sur une lande déserte. Et au cœur de ce maelstrom, il y a le fou royal : Lear lui même, dépossédé peu à peu de tout, et par sa propre faute, jusqu’à en perdre la raison et au delà. Tout explose, rien ne fait plus sens. Fidélité, Amitié, Amour, Pitié. Monter Lear, ce n’est pas répondre à des questions, mais s’engager dans l’aventure qui consiste à se les poser. C’est essayer de rendre un peu d’éclat à ces questions, et à ces lumières d’humanité, en les rendant sensibles, visibles, incarnées. Jacques Weber en Roi Lear est forcément remarquable. Une pièce à applaudir au Centre culturel d’Uccle les 9 et 10 décembre 2022. Plus de détails sur le site www.ccu.be Rue Rouge, 47 à 1180 Bruxelles

THÉÂTRE : TOÂ

Michel Desnoyer est auteur, comédien et metteur en scène de théâtre à succès. Un soir, il rompt avec Ecaterina après une énième et violente dispute dont ellene veut dévoiler la raison… Michel décide alors de faire de cette rupture son prochain sujet de comédie : il en sera l’interprète principal et la séduisante Françoise jouera le rôle de sa maîtresse. Mais quand le rideau se lève sur la pièce, que les domestiques jouent leur propre rôle et qu’Ecaterina interrompt le spectacle… on ne sait plus très bien où commence la fiction et où s’arrête la réalité ! De Sacha Guitry, on ne retient souvent que les portes et les gifles qui claquent, les trahisons amoureuses, les traîtrises misogynes et les répliques assassines agrémentées de bulles de champagne. Mais ce n’est pas tout… Guitry, c’est surtout une langue, une langue vive et luxuriante, jonchée d’une multitude de signes derrière lesquels apparaît une extrême connaissance du plateau : c’est un acteur qui écrit. Ou bien un auteur qui pratique le plateau et qui manie avec virtuosité les rythmes, les ruptures… Une comédie magistrale à voir ou à revoir du 20 au 31 décembre 2022 au Centre culturel d’Uccle. Plus de détails sur le site www.ccu.be Rue Rouge, 47 à 1180 Bruxelles

CONCERT : DUTRONC & DUTRONC

Jacques et Thomas Dutronc se rejoignent sur scène pour unetournéeunique!Pèreetfilsvousdonnentrendez vous pour une soirée d’échange et de partage placés sous le signe de la complicité. On le sait, Jacques Dutronc est une icone dans la mesure où il a imprimé son nom de manière indélébile dans le monde de la variété en gravant des titres devenus cultes :« Ilest cinq heures, Pariss’éveille », « L’hôtesse de l’air », « L’Arsène », « Fais pas ci, fais pas ça », « J’aime les filles », etc., généralement accompagné par son lyriciste Jacques Lanzmann. Il est également apprécié pour son second degré et son air de ne jamais se prendre au sérieux, jouant le dandy décadent ou celui que rien ne vient troubler. En compagnie de son fils Thomas, virtuose de la guitare manouche, il a décidé de se lancer sur les routes de la francophonie pour une tournée destinée à communier avec le public. Inutile de préciser qu’avec ces deux artistes, l’ambiance est au rendez vous, sans chichis, dans une atmosphère de proximité qui fait un peu café concert malgré d’énormes moyens mis à leur disposition. Bien sûr, des musiciens les accompagnent pour donner du relief à leurs tubes et entraîner les spectateurs de nombreuses années en arrière, afin de réveiller une série de bons moments passés en faisant tourner de vieux 45 tours désuets aujourd’hui. Un répertoire que l’on connaît par cœur et qu’on peut fredonner en leur compagnie, sautant le pas des générations. Si les titres du père sont mis en avant et qu’on ne peut que constater à quel point ils font partie du patrimoine et de la mémoire populaire, ceux du fils ne sont pas à la traîne, lui laissant l’opportunité de se lancer dans des solos pour subjuguer tout un chacun. Le binôme Dutronc Dutronc sera à Forest national le mardi 12 décembre à 20 heures. Ne tardez pas pour vous procurer un ticket. Voir tous lesdétails pratiques sur le site www.forest national.be Avenue Victor Rousseau, 208 à 1190 Bruxelles André Metzinger

CONCERT : ERA

ERA, le groupe mythique des années 2000, est de retour avec un spectacle exceptionnel, véritable voyage musical hors du temps, porté par son créateur Eric Levi et ses quarante chanteurs et musiciens. Vingt deux ans après le triomphe de son premier album, ERA se prépare à vous éblouir à nouveau avec un spectacle familial et féérique qui vous plongera dans l’univers fantasmagorique du groupe qui a vendu plus de dix millions d’albums à travers le monde et qui n’avait à ce jour jamais donné de concert en Europe. A la tête de cette formation, le rocker Eric levi, féru de métal et de punk, qui s’est doucement tourné vers la musique de film pour être vraiment révélé au public avec le triomphe du long métrage « Les visiteurs » et de la chanson « Enae Volare » déployée lors du générique de fin et reprise comme moteur du premier CD d’ERA. Une formule mâtinée de chantslatinset derythmiqueactuelle,jouant lesbrassages d’influences et le saut d’époques. Bien entendu, le succès lui a ouvert les bras pour graver d’autres albums et l’envoyer en tournée. Multi instrumentiste, Eric Levi n’a jamais cherché la facilité et s’est complu dans ce projet, alternant des travaux pour le groupe et des choses beaucoup plus personnelles. Ambiance gothique, tuniques monastiques, jeux de lumières, le visuel importe énormément lorsqu’on se déplace pour découvrir les spectacles sur scène. Le concert bruxellois est planifié pour le 8 décembre 2022 à 20 heures à Forest national. Avis aux amateurs ! Découvrez les détails pratiques sur le site www.forest national.be Avenue Victor Rousseau, 208 à 1190 Bruxelles Julie Plisnier

CONCERT : MOZART & HAYDN

Les chemins de Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart se seraient croisés la première fois lors d’un concert de bienfaisance pour les musiciens en décembre 1783, où des œuvres des deux compositeursétaient auprogramme. Lesdocumentsdel’époquemontrent clairementqu’ilss’admiraient mutuellement, et ils nouèrent rapidement une solide amitié. De Haydn, cette soirée présente deux symphonies issues d’une série de douze qu’il écrivit à l’occasion de deux visites à Londres entre 1791 et 1795. C’est probablement lors de la création de la Symphonie no 102 qu’un lustre tomba du plafond et, par miracle, personne ne fut blessé. Cependant, l’accident fut erronément attribué à la création de la Symphonie no 96, raison pour laquelle elle fut surnommée « Le miracle ». Les deux œuvres sont liées par cette anecdote, mais aussi par leur qualité artistique ultime : les symphonies londoniennes incarnent le point culminant de la production orchestrale de Haydn. C’est en 1777 que Mozart écrivit le Concerto pour piano no 9 en mi bémol majeur, souvent appelé « Jeunehomme », en l’honneur de la talentueuse pianiste Madame Jenové. Le concerto exige de grandes aptitudes : le style galant, avec ses mélodies chantantes et d’autres finesses simples en apparence, révèle la plus petite faiblesse du pianiste, qu’elle soit technique ou d’interprétation.

Ces œuvres seront interprétées par la pianiste Elisabeth Leonskaja accompagnée par le Brussels Philharmonic Orchestra sous la baguette du chef Kazushi Ono. Un événement musical qui se déroulera le samedi 10 décembre à 20 heures 15 à Flagey. Voyez les détails pratiques sur le site www.flagey.be Place Sainte Croix à 1050 Bruxelles

CONCERT : STRAVINSKY & SCRIABINE

Les recettes classiques agrémentée d’un twist, c’est ce que Stravinsky nous propose avec son Concerto pour violon et Scriabine avec sa Deuxième Symphonie. Les deux grands maîtres russes possédaient une maîtrise incomparable de l’art dela compositionéquilibrée, ce qui leur donnait laliberté d’aller chercher la couleur hors du cadre. Alexandre Scriabine se considérait comme un messie qui viendrait transformer le monde avec sa musique. Fasciné par la philosophie et la mystique, il devint un prophète musical, se défaisant des traditions dominantes et créant son propre univers ésotérique. Sa Deuxième Symphonie est une œuvre remarquable, fermement ancrée dans la grande tradition romantique, très émouvante, mais encore exempte de la folie grandiloquente qui envahira ses œuvres ultérieures et pleine d’in ventions ingénieuses. Dans le finale maestoso, il dépeint le triomphe éclatant de l’homme qui surmonte les obstacles et les défaites de l’existence. Frank Peter Zimmermann se pro duira au violon sous la tutelle du chef Kazushi Ono à la tête du Brussles Philharmonic Orchestra. Un concert à applaudir chaleureu sement le samedi 17 décembre 2022 à 20 heures 15 à Flagey. Voyez les détails pratiques sur le site www.flagey.be

Place Sainte Croix à 1050 Bruxelles

CONCERT : BRITTEN & STRAVINSKY

La talentueuse violoncelliste franco belge Camille Thomas est en passe de conquérir le monde, armée de son optimismeinébranlable et de safoi enla force émotionnelle dela musique. Ellebrilleaujourd’hui dans la Symphonie pour violoncelle de Britten, ainsi nommée en raison des aspirations du compositeur à un dialogue subtil et équilibré entre l’orchestre et le violoncelle. Le ballet en quatre actes Petrouchka constitua la deuxième collaboration entre le compositeur Stravinsky et l’imprésario Diaghilev, après le grand succès de L’Oiseau de feu. Dans ce ballet, trois poupées rendues mystérieusement vivantes (Petrouchka lui même, la Ballerine et le Maure) deviennent les protagonistes d’une lutte amoureuse intense qui finira par coûter la vie à Petrouchka. Un concert classique à applaudir à Bozar le 9 décembre 2022 à 20 heures. Voyez le détail complet de cette soirée sur www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

CINÉ CONCERT : LA GRANDE ÉVASION

Le Belgian National Orchestra accompagnera une projection exceptionnelle de La grande évasion, célèbre film de guerre basé sur des faits réels. Durant la Seconde Guerre mondiale, quelque quatre vingts prisonniers ont réussi à s’échapper du stalag Luft III, un camp pour captifs rebelles. Afin de préparer cette évasion, les prisonniers ont creusé pendant des mois un tunnel de cent mètres de long, principalement soutenu par des planches de lits tirées des baraquements. Si La grande évasion a connu un gigantesque succès en 1963dansles cinémas, c’est bien entendu grâce à son castingqui affiche Steve McQueen, Charles Bronson, James Gardner, Richard Attenborough, James Coburn et beaucoup d’autres, mais aussi à la sécheresse de la mise en scène de John Sturges et grâce à la musique d’Elmer Bernstein. Chaque personnage du film possède son propre thème musical soutenu par une partition robuste d’un des meilleurs musiciens ayant collaboré au septième art. On l’a un peu oublié, mais Elmer Bernstein était un spécialiste dans la matière, ayant été sollicité sur les plus grosses productions de l’époque. Parmi celles ci : L’homme aux bras d’or avec Frank Sinatra, Les dix comman dements avec Charlton Heston, Les sept merce naires avec Steve McQueen, de très nombreux westerns avec John Wayne et, plus récemment, Ghostbusters version années 80. Le Belgian National Orchestra jouera la partition d’Elmer Bernstein sousla direction de Dirk Brossé, alors que le longmétrage défilera sur grand écran. Un concert hommage à découvrir le 15 décembre 2022 à 19 heures 30 à Bozar. Plus de rensei gnements sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

THÉÂTRE : MAWDA, ÇA VEUT DIRE TENDRESSE

Ce spectacle tient de l’obstination de la metteuse en scène et actrice Marie Aurore D’Awans, de la cinéaste et journaliste Pauline Beugnies et de la dramaturge Kristin Rogghe. Avec méthode, le trio rassemble les faits, interviewe, suit le fil ténu des procès à Liège et à Mons. Il regarde autour de lui pour mettreenlumièrecequi défaille :l’inégalitédetraitement entrelesprotagonistesetla« déshumanisation des migrants qui se poursuit jusqu’au tribunal ». A trois, Elles distillent du contrechamp en rentrant en conversation avec les parents de Mawda ou en décortiquant les théories médiatiques erronées et dénoncées de « l’enfant bouclier ». Rappelez vous, le 17 mai 2018, Mawda Shamdin Ali, deux ans, se trouve dans une camionnette qui la ramène en Angleterre avec ses parents, son frère et une vingtaine d’autres personnes. Comme le chauffeur refuse d’obtempérer aux injonctions des policiers, une poursuite s’engage. Une balle est tirée pour viser un pneu, mais la balle atteint mortellement la petite Kurde cachée dans l’habitacle du véhicule. Les passeurs et les passagers sont arrêtés. Ce que veulent dire Marie Aurore D’Awans, Pauline Beugnies et Kristin Rogghe, c’est, selon elles, ce que les autres n’ont pas (ou peu) dit. Raconter l’histoire de Mawda, celle de ses parents Prhast et Shamdin, Roméo et Juliette kurdes, qui ont dû fuir le Kurdistan irakien parce qu’ils ne pouvaient pas s’y marier. Raconter l’histoire du grand frère que ce drame a marqué à jamais. Depuis la camionnette blanche, en élevant la parole au dessus du fait divers, elles inscrivent le théâtre documenté dans une totalité plus vaste que la simple reconstitution des faits.

Une création à voir au Théâtre national du 1er au 10 décembre 2022. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.theatrenational.be

Boulevard Emile Jacqmain, 111 115 à 1000 Bruxelles

CIRQUE : DRIVE IN

Pour les plus modernes défenseurs de la théorie des cordes comme pour les plus anciens adeptes de Shiva Nataraja, tout part d’une simple vibration. Et d’une vibration à l’autre, la réalité se crée. Comme lors d’une nuit d’hiver en Allemagne pour ne pas mourir de froid, à l’intérieur d’une vague au Costa Rica pour éviter d’être avalé par l’océan, au Mexique pour ne pas se faire tirer dessus, les dix sept artistes de douze nationalités différentes issus de la même promotion de l’ESAC, l’École Supérieure des Arts du Cirque de Bruxelles vibrent ensemble. Dive in est une histoire de corps, de performance, unmélangedeprocessusdesplussombresauxplusbrillants. Dans les couloirs obscurs et recoins tordus où les rôles se libèrent de tout archétype, seuls et accompagnés, les circassiens jonglent, dansent, voltigent, sautent au sol ou dans les airs et créent leur propre réalité. Des performances à applaudir du 14 au 21 décembre 2022 au Théâtre national. Voyez touteslesinformationspratiquessurlesite www.theatrenational.be Boulevard Emile Jacqmain, 111 115 à 1000 Bruxelles

THEÂTRE : LA NATIVITÉ

Alors que le sapin illumine la Grand Place voisine, que le Marché de Noël prend possession de la Bourse et de ses environs, le Théâtre royal de Toone ne pouvait pas omettre de placer « La Nativité » au menu de ses représentations. Les marionnettes bruxelloises proposent une relecture de la naissance de Jésus. Il ne s’agit évidemment pas d’adapter les évangiles de Luc et de Matthieu de manière fidèle, mais de partir du récit originel et de s’imprégner de l’univers de Michel de Ghelderode qui a rédigé sur le sujet. Avec tout son professionnalisme et son sens de la synthèse, Nicolas Géal est l’âme de son théâtre, issu d’une longue tradition à la tête du même endroit. Sans heurter les croyants, il transpose le récit dans notre capitale et respecte sa chronologie, omettant certains passages pour en accoler d’autres. Qu’importe ! Il s’agit d’un spectacle récréatif, d’une pure distraction qui a pour vocation de raviver la gouaille des Marolles et qui n’a pas peur de placer un mot plus haut que l’autre. L’occasion aussi de permettre à Woltje (marionnette fétiche de l’enseigne !) d’intervenir au détour de l’une ou l’autre saynète et d’asséner des vérités très terre à terre. Le comique tient autant du langage que des anachronismes volontaires que les spectateurs s’amusent à relever. Dans l’ordre, on passe de la visite de l’Ange à la naissance de Jésus dans une crèche, pour aboutir au massacre des premiers nés mâles. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’idée de départ a été de s’inspirer de la littérature de Michel de Ghelderode plutôt que de se référer à la Bible. Homme de lettres un peu oublié aujourd’hui, le célèbre écrivain était essentiellement réputé pour la qualité de son théâtre, ainsi que pour ses contes scabreux qu’il affectionnait beaucoup. Chez lui, l’étrangeté se mêlait le plus souvent au folklore et il puisait son inspiration dans le religieux, les traditions séculairesetsesangoissesmétaphysiques. Onretrouve un peu ce schéma dans la mise en scène du présent spectacle, avec des têtes (de poupées) qui volent lors de la boucherie finale, du mysticisme vite oublié et des références à notre société moderne. Avec des décors qui représentent Bruxelles, on voyage dans le temps et on se délecte des bons mots assénés à tour de bras. « La Nativité » version Toone est au demeurant un spectacle haut en couleur, avec des costumes chamarrés, un zeste d’impertinence qui ne choquera que les pisse froid et un respect des choses apprises au catéchisme. Un récit traditionnel mixé à la sauce locale que l’on découvre ou revoit jusque fin décembre afin de s’assurer un quota de bonne humeur pour l’année qui suivra. Plus d’informations sur www.toone.be

Entrée : Impasse Sainte Pétronille Rue du Marché aux Herbes 66 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié

KIDS WINTER WONDERLAND

À la fin de l’année, tandis que les journées se raccourciront toujours plus, la Maison de la Poste connaîtra une métamorphose magique. Tout débutera par des loupiotes scintillantes qui illumineront les différentes salles. Peu après apparaîtront de merveilleux sapins de Noël soigneusement décorés de boules de Noël de formes et de dimensions diverses, ainsi que de guirlandes qui sembleront interminables. Encore un peu de poudre de fée et ce magnifique édifice situé au cœur de Bruxelles sera prêt pour la toute première édition du Kids Winter Wonderland, le festival hivernal consacré aux enfants. Dès l’accueil, des lutins enthousiastes ouvriront la voie. Au rez de chaussée, un impressionnant parcours de châteaux gonflables de 800 m² proposera plein de sensations et de joie à tous les petits. Juste à côté, le bar d’hiver servira des boissons chaudes et du grignotage avec, notamment, du popcorn, de la barbe à papa et mille et une sortes de bonbons. Afin de rassasier les plus gros estomacs, des foodtrucks juste devant la porte serviront des crêpes sur le pouce, du chocolat chaud et des en cas salés. Prêts pour la suite de cette aventure festive ? Au premier étage, des histoires seront racontées dans la bibliothèque et il y aura du grimage à la demande. Des représentations théâtrales envoûtantes seront interprétées plusieurs fois par jour. Un baby corner veillera aussi à ce que les tout petits puissent s’en donner à cœur joie. Envie d’une mini fête ? Tout le monde se rendra à la discothèque junior, l’endroit idéal pour répéter les dernières chorégraphies à la mode. Encore un soupçon d’énergie ? Les différents ateliers créatifs devraient en venir à bout, puisque nos petits chéris pourront y confectionner une boule de Noël à suspendre dans le sapin à la maison ou programmer leur tout premier jeu vidéo. Avant de rentrer chez soi, la rencontre et le selfie avec le Père Noël seront évidemment indispensables. Un festival hivernal magique pour les enfants qui se déroulera du 24 au 31 décembre 2022 à la Maison de la Poste. Plus de détails sur le site www.tour taxis.com Rue Picard, 7 à 1000 Bruxelles

FESTIVAL : NOËL AU THÉÂTRE

Depuis, quarante, Noël authéâtreest devenuuneinstitution. Auprogrammedecetteversion2022, vingt quatre spectacles dont deux créations inédites pour quarante six représentations dans onze lieux bruxellois. S’il fallait résumer lesvacances d’hiver en quelques mots, onpourrait dire : neige, gros pulls, plaids, chocolats chauds, sapin, marshmallows et moments partagés avec les proches. Pour le théâtre et la danse jeune public, les endroits accueillant ces spectacles deviennent surtout l’occasion de rassembler les familles afin qu’elles vivent ensemble les émotions uniques et si particulières générées par le spectacle vivant. Retour danslepassé. L’idéede ce festival a germé dansl’esprit des artistesqui jouaient d’ordinaire dans les écoles ou qui débarquaient dans des salles de spectacle avec leurs régisseurs, leurs affiches, leur grain de folie et leur imaginaire sanslimite pour inviter les familles à un plongeon au cœur de leur univers artistique. Voilà de quelle manière le Festival Noël au Théâtre est né ! Bien entendu, il a fallu convaincre des patrons de salles, qui y ont vu une opportunité de faire du neuf et de penser les fêtes de fin d’année autrement. Du coup, enfants, parents, grands parents se retrouvent réunis autour d’une même thématique pour un vrai moment riche de partage et d’échanges. Avecle temps, l’idée nes’est jamaisflétri et n’a pas pris de rides. Au contraire, elle a bonifié en fédérant davantage d’adeptes et en convainquant toujours plus de personnes. Pas d’essoufflement et donc pas question de se laisser rattraper par la morosité ambiante ! Cette année, comme chaque année précédente, mais encore davantage pour cette édition anniversaire, le menu a été mitonné aux petits oignons. Cela se passe un peu partout dans la capitale du 26 au 31 décembre 2022. Voyez le programme sur le site www.ctej.be/festival noel au theatre

PLAISIRS D’HIVER

Comme chaque année, Plaisirs d’hiver rassemble de la Bourse à la place sainte Catherine (en passant par la Bourse et place de Brouckère) une foule d’animations féeriques pour une fin d’année enchanteresse: un marché de Noël parmi les plus beaux d’Europe qui rassemble près de deux cents échoppes, un grand sapin installé sur la Grand Place, un spectacle son et lumières, une patinoire, une grande roue, des manèges, des activités culturelles, des lumières magiques, des installations artistiques originales, des projections et des vidéo mapping… Tout cela si les conditions sanitaires permettent à l’agenda d’être respecté jusqu’au bout car, on le sait, la situation Covid est préoccupante à Bru xellescommeailleurs. Il estdoncfortprobablededevoir pratiquer quelques changements, voire quelques suppressions de dernière minute. Mais cela ne nous gâchera pas les fêtes ! Un événement auquel vous pouvez participer avec masque et distanciation de vigueur jusqu’au 2 janvier 2023 pour plusieurs semaines de réjouissances bienvenues. Voyez les détails pragmatiques sur le site www.plaisirsdhiver.be André Metzinger

ET L’EMPEREUR

La Compagnie « Les Cœurs de Bois » tire son nom de l'histoire de Pinocchio. « Mon Petit Cœur de Bois », c'est bien de cette manière que Gepetto appelait le fils qu'il avait fabriqué dans une bûche de bois. C'est donc tout naturellement que Félix Bonjean et Antoine Durer, deux amis passionnés par les marionnettes, ont repris ce nom lorsqu’ils ont créé leur compagnie à la sortie de la guerre 1946. Par la suite, ilsont connudespartenariatsdiversenanimantlagarderied'enfantsdel'Expo58ouencollaborant avec la Metro Goldwin Mayer dansle cadre du lancement du film «Lili ». Depuisles années 60jusqu'en 2015, le Théâtre a vagabondé entre le Chalet Robinson au Bois de la Cambre aux espaces verts de la capitale (parc de Robebeek, parc Josaphat, parc royal, etc.) En 2015, le Théâtre s'est installé à Laeken dans le bâtiment de l'ancien Hôtel de Ville. A deux pas du Palais Royal et de l'Atomium, la salle dispose d'une capacité de quatre vingts places. Hormis les spectacles, on peut également y admirer une partie de la collection de marionnettes qui y est exposée. Certaines d'entre datent de plus de cinquante ans ! Actuellement à l’affiche : « Mademoiselle Chrysanthème Shupan et l’Empereur ». Il s’agit de deux histoires pleines de poésie : Mademoiselle Chrysanthème Il s’agit ici du schéma classique des contes, tel que ceux de Charles Perrault, Cendrillon ou les Fées Magnifiques. La mère a deux filles, l’une désagréable et stupide, l’autre aimable ... Un programme de marionnettes à gaines 100% pour enfants à partir de trois ans qui déroule du 3 décembre 2022 au 15 janvier 2023. Durée de la représentation : quarante minutes. Voyez les horaires sur le site officiel de la compagnie www.lescoeursdebois.be

Rue Hubert Stiernet (entre le 2F et le 4) à 1020 Bruxelles Sam Mas

MARIONNETTES POUR ENFANTS : MADEMOISELLE CHRYSANTHÈME & SHUPAN

CIRQUE BOUGLIONE

Après deux années difficiles liées à la crise du Covid, le cirque Bouglionepeut enfinreprendre ses activités et partagerdes étoilesdans les yeux des spectateurs avec un spectacle égal en qualité aux précédents. Des numéros exceptionnels qui se déroulent dans les airs ou dans la sciure de la piste, emmenés par des artistes venus de partout. Sensible à ce qui se déroule aujourd’hui en Ukraine, Alexandre Bouglione a invité des circassiens issus de la prestigieuse école du cirque de Kiev à se joindre à la tournée actuelle. Né le giron de la tradition, l’homme n’a jamais été passéiste mais respecte la tradition tout en cherchant à dynamiser ses représentations, quitte à se remettre en question. Pour lui, ce qui importe demeure la qualité de ce qui sera découvert par le public jeune et moins jeune, pourvu que les surprises ne soient jamais entravées. Cette année encore, il signe un spectacle 100% humain dans lequel chacun se donne à fond avec des numéros séculaires remis au goût du jour faits pour éblouir, engendrer des éclats de rire ou susciter quelques petits instants de frayeur. Une heure quarante de rêve en compagnie de Marianna aux cordes aériennes, Selena la fameuse antipodiste, le clown Angelo, l’équilibriste Reinaldo, le jongleur Ilja Smyslov, Team Nogeuira et leur globe infernal, Skating Chaves et leurs patins à roulettes, ainsi que beaucoup d’autres spécialistes qui ne demandent qu’à être applaudis jusqu’au 7 décembre 2022 sous le chapiteau dressé sur l’esplanade de l’Atomium. Voyez les heures exactes des représentations sur le www.alexandrebouglione.be

André Metzinger

THÉÂTRE : L’ASCENSEUR

Venez donc découvrir « L’Ascenseur », qui n’a rien à voir avec le film de Dick Maas ! Le Théâtre de la Toison d’Or vous promet que ce spectacle sera mieux qu’un réveillon de Fin d’Année à table à côté de votre belle mère ! L’Ascenseur est une pièce pleine d’humour, ciselée par le regard de feu Marc Moulin, génie de la musique, chroniqueur et champion de l’humour. Avec cette pièce, il nous raconte l’histoire horrifique de deux couples coincés entre deux étages alors qu’ils se préparaient à passer une soirée formidâââââble chez des amis communs. Et comme on s’en doute, la tension va crescendo avec les caractères qui s’exacerbent, les mots qui dérapent et qui, forcément, deviennent de moins en moins agréables et sereins. Cet espace ultra confiné révèle rapidement la monstruosité de ses occupants, leur ego, leurs penchants scabreux et font éclater les non dits pour une franche partie de tir au pigeon. Dès que les écrous se relâchent, chacun y va de sa méchanceté pour cracher toute sa bile et dire des vérités jamais bonnes à entendre lorsqu’on souhaite conserver ses amis. Un vrai jeu de massacre au sens figuré qui prouve à quel point l’être humain peut s’avérer égoïste et d’une rare monstruosité lorsque la situation vole en éclats. Pour servir le texte, une poignée d’artistes s’offre en pâture. L’occasion de voir ou de revoir sur les planches Nathalie Uffner, Aurelio Mergola, Emmanuel Dell’Erba, Nicole Oliver et Ariane Rousseau dans des rôles aussi variés que ceux d’une présentatrice météo qui se croit LA reine du petit écran, un British par procuration, une dinde de première classe et une femme BCBG. Un huis clos qui flingue tous azimuts et qui fera grincer des dents tout en procurant d’immenses fous rires. In fine, voilà laquestionqui sepose : Et moi,dans pareille situation, de quelle manière réagirais je ? Deviendrais je également abominable ? A chacun d’apporter sa réponse en se regardant objectivement dans la plaque de son miroir de salle de bains. « L’ascenseur » est à applaudir du 24 novembre au 31 décembre 2022 au Théâtre de la Toison d’Or. Voyez les renseignements pratiques sur le site www.tto.be Galerie de la Toison d’Or, 396-398 à 1050 Bruxelles André Metzinger

THÉÂTRE : SI J’ÉTAIS MOI

Sven Punti est un homme d’affaires rusé, puissant et dominant, héritier d’une longue lignée de propriétaires, de capitaines d’industrie et de barons de la finance. Dans cette vieille famille, règne un tabou : l’alcool. Tout membre du clan se garde d’être comme l’ancêtre quand il buvait : anarchiste et contestant l’ordre établi, et tous craignent l’hérédité ! Sven Punti débarque à Bruxelles pour recevoir le prix de la Commission Européenne pour son business soi disant écolo… Il y retrouve Emma, sa sœur un temps marginale et Mat, ancien militant, engagé au service de Sven

Matti de Bertolt Brecht, Mathias Simons

et surréalistedignedesonancêtre, dansunenuitoù

et

quelles comédies le « héros » est il prêt à jouer ? Et quand il rencontrera l’autre, l’homme d’affaires venu de Chine maîtrisant comme nul autre les arcanes de la virtualité, Sven Punti jouera t il les bons pions ? Un parcours épique, en forme de fable hallucinée, qui invite à résister à l’idéologie dominante et à se moquer des travers de notre époque à applaudir au Théâtre des Martyrs jusqu’au 10 décembre 2022. Vous trouverez d’autres informations sur le site www.theatre martyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles

DANSE : HISTOIRE DE L’IMPOSTURE

Tout navigue sous de faux pavillons, disait Kafka, et les personnages du spectacle sont les premiers à en témoigner et à ironiser sur la parfaite adaptation à l’artifice des postures sociales, des jeux de rôles, des normes conformistes qui nous façonnent et nous coulent dans des personnalités d’emprunt. Cinq danseurs prennent la pose. En costume, en tailleur, style cadre dynamique et executive woman, en costume Renaissance. Duchic etdutoc.Prêts pourleshooting?Sourires decirconstance, faire semblant d’être heureux, ou corps raides comme l’autorité, comme les apparats de la puissance, corps tordus, diffractés, retouchés à l’envi des magazines de mode…Tout n’est que simulacre, que l’on parade à la cour d’un roi ou sur papier glacé. Les corps peuvent ils supporter ces cadrages qui les coupent d’eux mêmes ? Comment s’échapper de l’imposture ? Comment jaillir hors du semblant, hors du faux, de l’à peu près, et de l’ambigu ? Travaillant sur « ce qui dérape » quand la contrainte se fait emprisonnante, le spectacle montre avec drôlerie comment l’inconscient arrive toujours à déjouer les prescrits de l’ordre social. Une performance à découvrir du 15 au 17 décembre 2022 au Théâtre des Martyrs. Davantage de détails sur le site www.theatre martyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles

par Emma.
S’inspirant de Maître Puntila et son valet plonge Sven Punti l’impitoyable, dans un road trip improbable alcool carnaval mènentlebal. Maisquelsmasques,

THÉÂTRE : A TASTE OF POISON

Chignons hygiéniques et crânes cliniquement rasés, cinq experts se soumettent eux mêmes, sérieusement et sans rire, à une série d’expé rimentations sur les comportements d’au jourd’hui, s’attachant à montrer ce qui sépare la norme de l’inconvenant. Ils adoptent avec une logique pseudo scientifique une succession de conduites qui semblent soulager les tensions : passages à l’acte, jeux de pouvoir, addictions, comportements pervers, abus de glamour, pulsions libérées et tristes passions. Neuf tests rythment le spectacle. Petit à petit un point de vue plus politique mais aussi plus délirant émerge de ces dissonances d’ordre privé. Tout n’est il pas lié, des dérives de l’intime au destin des sociétés ? De la comédie humaine, A taste of poison tire des tableaux où le grotesque et l’étrange offrent un regard grinçant sur les jeux de rôles sociaux. Une lecture fantasmatique de notre univers au rythme de plus en plus débridé, comme pour échapper à nos impasses et illusions. Harold Henning, Sébastien Jacobs, Leslie Mannès ou Eléonore Valère Lachky, Frauke Mariën et Maxence Rey sont à découvrir au Théâtre des Martyrs du 20 au 22 décembre 2022. Plus d’informations sur le site www.theatre martyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles

SPECTACLE : CONTES NUS

Contes nus, c’est un conte sans fard, pour du beurre, entrecoupé de questions, de tentatives de réponses, de petits films qui témoignent du temps qui passe, du vent qui souffle, des vagues qui ne ralentissent pas : en musique, en poème, en mouvement, en vivant.
 C’est une histoire débridée, peut être celle du monde où nous barbotons, en chantant, en aimant, en créant des yeux de cyclones, fuyant les faux semblants ou s’en enveloppant le mieux qu’il peut, se tenant au chaud dans le carnaval des mots. On y parlera des étoiles, des orangs outangs, des trous noirs et des vaches, d’un opticien, de Marguerite et de la boue, de l’illusion de la transparence et des autoroutes pour galaxies. Mais aussi des indiens, des cow boys s’ils avaient été des babas au rhum, des pommes d’arrosoirs qu’il ne faut pas manger, et des histoires qu’on se raconte, du riz, des contenants et des contenus, de la vitesse du monde et de nos cheveux qui ne bougent pas. On y sera aussi en musique, en chantant sous les étoiles avec le petit Poucet, Zatopek, Gisèle, et une ballerine, sous une ombrelle, plantée dans un citron. découvrez ce spectacle mixte en compagnie de Catherine Delaunay (clarinettes, brols, chant, papotes), Louis Evrard (guitares, brols percussifs), Guillaume Roy (violon alto, chant) et. Olivier Thomas (raconteur, chant, grelots). cela se passera au Théâtre des Martyrs du 13 au 23 décembre 2022. Les modalités pratiques pour assister à cette représentation a été mise en ligne sur le site www.theatre martyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles

THÉÂTRE : FLEUR DE CACTUS

En 1964, année de sa sortie, la pièce de Barillet et Grédy a connu un triomphe rarement égalé sur les planches, au point qu’elle est restée à l’affiche durant trois ans avant de connaître une adaptation cinématographique avec Walter Matthau, Ingrid Bergman et Goldie Hawn cinq ans plus tard. Nouveau succès énorme et critiques dithyrambiques des gens de la presse. Alors pourquoi se priver d’un pareil classique pour préparer les fêtes de fin d’année en beauté ?

On le sait, Barillet et Grédy, couple emblématique du théâtre de boulevard, se sont fait les ambassadeurs de l’étude de nos névroses en les analysant sous la loupe du rire. Les héros de leurs comédies sont souvent des gens introvertis, un chouia égocentriques, impulsifs et même pathétiques, avec de la séduction dans la manière de faire virevolter leurs contradictions. Avec « Fleur de cactus », on se trouve en terrain conquis d’avance, sans mauvaises surprises, avec des dialogues affûtés en amont et des scènes éblouissantes qui génèrent quiproquos et retournements de situation comme on les adore. Rien de plus fragile qu’une fleur, dit on… Pourtant, celle ci ne cesse de s’épanouir depuis sa création en France, il y a six décennies par Sophie Desmarets et Jean Poiret. Une version bien oubliée depuis et qui cède la place à des comédiens bien de chez nous dont Stéphanie Moriau, Michel de Warzée, Caroline Lambert, Jonas Claessens, Catherine Claeys et Xavier Percy sous la direction de Victor Scheffer. En compagnie des protagonistes, on le découvre : mentir à sa maîtresse n’est pas toujours une bonne idée. Surtout quand elle décide de rencontrer votre ex femme imaginaire pour mettre les choses au clair. Heureusement Julien a une assistante dentaire dévouée... malheureusement elle est amoureuse de lui et très susceptible ! Une comédie de boulevard tonique à applaudir à la Comédie Claude Volter du 7 au 31 décembre 2022. Plus de détails sur le site www.comedieroyaleclaudevolter.be Avenue des Frères Legrain, 98 à 1150 Bruxelles Paul Huet

THÉÂTRE : LOCO

Ce Spectacle a été nommé au Prix Maeterlinck de la Critique 2022 dans la catégorie « Meilleure réalisation artistique et technique ». Une référence ! Popritchine est un petit fonctionnaire dont la vie s’étire mollement. Il est copiste à la commune et passe son temps à tailler les crayons du bourgmestre. Jusqu’au jour où il croise la fille de son supérieur. Coup de foudre. Naît alors le besoin irrépressible de paraître un autre homme un roi d’Espagne peut être susceptible de conquérir sa citadelle imprenable et ce n'est pas parce qu'il est gentilhomme de la chambre qu'il lui viendra un troisième œil au milieu du front. Son nez n'est pas en or, que je sache, mais tout pareil au mien, au nez de n'importe qui.

« Loco », librement adapté du Journal d’un fou de Gogol, rappelle que cette quête du paraître n’a pas pris une ride. Ce besoin effréné d’exister, de jouer un rôle dans la société quitte à fantasmer sa vie. Pour traduire cette œuvre majeure sur scène, deux comédiennes et une marionnette, sorte d’avatar de corps multiple quiouvre surtousles possibles. Natacha Belova retrouve ici la complicité de Tita Iacobelli avec laquelle elle avait conçu Tchaïka, meilleur seul enscène aux Prix Maeterlinck 2019. Un duo à découvrir au Théâtre de Poche jusqu’au 17 décembre 2022. Trouvez davantage de détails sur le site www.poche.be Chemin du Gymnase, 1a à 1000 Bruxelles

THÉÂTRE : FAITES L’AMOUR AVEC UN BELGE

La pièce est maintenant archi connue et cela reste unrégal de la redécouvrir surles planches. L’occasion de retrouver Michael Dufour sous les praticables en compagnie de Solène Delannoy pour camper un couple qui n’a apparemment rien de singulier si ce n’est qu’il est belge et qu’elle est française. Autres petites différences, elle adore le foot et la bière. Lui se veut plutôt tendre et préfère cocooner. Quant au sexe, ils le pratiquent avec complicité. Servi par une plume qui jongle avec les stéréotypes, Michael Dufour signe une pièce qui pique juste là où il faut, sans aucune méchanceté mais avec une loupe qui agrandit les défauts de chacun pour générer des tranches de rire qui, parfois, versent dans la caricature jamais méchante. Sans autre prétention que celle d’amuser, l’auteur brode une série de saynètes qui se succèdent adroitement pour détourner les gestes du quotidien et en faire des sketches plus ou moins longs qui deviennent à la fois une réflexion sur la cohabitation, la vie amoureuse et les manies afin de chahuter les habitudes et offrir une comédie savoureuse apte à jouer avec les contrastes en osant cette question : ce qui nous sépare nous rapproche t il ? Le ton se veut délibérément à l’exagération, mais la chose importe peu puisque l’humour fait mouche tout en croquant à pleines dents les oppositions culturelles. En un tournemain, tout devient bien vite sujet à des mots qui caracolent ou à des situations rocambolesques : l’animal demaison, les tâches domestiques, l’influence du job de l’un autant que celui de l’autre sur le ménage, la fidélité, la libido, les fantasmes, la bouffe. Bien sûr, il ne faut pas assister à ce spectacle en croyant découvrir du Brecht ou de l’Ionesco. Le ton est ouvertement à l’irrévérence sans tomber dans la grossièreté. Une manière agréable d’achever l’année civile en se marrant littéralement des contorsions physiques de Michael Dufour et du charme de sa partenaire pleine de pétulance et de présence. « Faites l’amour avec un Belge » est à la fois lucide, gouailleur et drôlement sympa. Une occasion de se dégeler les zygomatiques les 29 et 30 décembre 2022 au Centre culturel d’Auderghem. Plus de détails sur le site www.ccauderghem.be Boulevard du souverain, 183 à 1160 Bruxelles André Metzinger

THÉÂTRE : DON QUICHOTTE AVANT LA NUIT

Don Quichotte etSancho seretrouventdans une chambre d’hôpital et occupent leur tempsen s’inventant un monde imaginaire, épique. Une vie pleine d’aventures où les lits deviennent des barques, où les murs blancs se transforment en hautes murailles d’un château renfermant une princesse prise au piège… Sur fond de musique live, ce spectacle va chercher à rendre romanesque, palpitant et même drôle ! leur dernier voyage. Car qui d’autre que « l’incomparable fleur de la chevalerie errante » pour transfigurer les moments ultimes de l’existence en une histoire épique et grandiose, digne de nous être contée ? Une réécriture scénique d’après l’œuvre de Cervantès défendue par Rachid Benbouchta, Fabian Coomans, Isabelle Renzetti et Benoît Verhaert. Une réflexionsurlavieet lesrêvesqu’onchercheàconcrétisermalgrélesavanies. Une pièce à revoir au Théâtre de la Vie du 6 au 17 décembre 2022. Plus d’informations sur le site www.theatredelavie.be Rue Traversière, 45 à 1210 Bruxelles

HUMOUR : RICHARD RUBEN

Après une révolution, une pandémie et une guerre…Richard Ruben fait le point en se demandant ce qui pourrait nous arriver de pire ? La réponse : Rien ! Pris dans une procrastination collective, Richard a décidé de se lâcher et de croquer la scène à pleine dent en se lançant dans un état des lieux de nos vies durant une heure !

Tout y passe. Richard Ruben joue sa peau sans filet devant nous dans un monologuetotalement inédit ethilarant. Alors, au diable letrac, la procrastination, rions aujourd’hui des angoisses que l’on refoule sans cesse à demain ! Richard Ruben n’a plus rien à perdre…et vous tout à gagner ! Alors lâchons nous les 9 et 10 décembre 2022 ! Ce seul en scène est à applaudir au Fou Rire. Voyez tous les détails précis sur le site www.fourire.be Avenue des Grenadiers, 48 à 1050 Ixelles

HUMOUR : TIM DOUCET

Tim Doucet est souvent présenté comme le plus jeune humoriste belge. Il sait que c’est faux puisque chaque jour naissent de jeunes humoristes potentiels. Après tout, tout n’est toujours qu’une question de temps. Trop tôt trop tard, trop tard trop tôt ou trop tôt trop tard…Tim n’en a cure, il se soigne par l’audace et l’aventure scénique, tant par l’écriture qu’il partage volontiers que par le jeu d’acteur qu’il expérimente sous diverses formes. Il est touchant, mordant et de plus en plus drôle. Tim est un touche à tout, un intranquille cérébral, un feu d’artifice créatif qui n’attend pas minuitpour allumer la mèche. Il est à revoir au Fou Rire le 17 décembre 2022. Plus de détails sur le site sur le site www.fourire.be Avenue des Grenadiers, 48 à 1050 Ixelles

THÉÂTRE : FOXES

Quatre comédiens trentenaires se remémorent leur enfance. Ensemble, is imaginent ce qu’aurait pu être leur rencontre, vingt ans plus tôt. Sauvages et complices, ils décident de remonter le temps pour redevenir ces enfants qui, un beau jour, ont déserté le chemin tout tracé de l’existence. Chacun, pour des raisons différentes, a fait un pas de côté, en quittant sa maison, son école, son village… À la recherche d’un refuge dans leur fuite, ils se retrouvent par hasard au même endroit : un vieux dancing abandonné depuis des années. Avec Foxes, la Compagnie Renards / Effet Mer signe un spectacle solaire, fougueux et délicat, illuminé par une confiance intrépide en un pouvoir magique : celui de l’amitié qui, lorsqu’elle est réelle, peut redonner des couleurs à un monde qu’on croyait endormi. Renforcés par leur joie d’être ensemble, les quatre comédiens réinventent une petite communauté humaine, généreuse et sensible, qui renverse l’ordre établi des choses, en laissant fleurir un territoire de rêves et d’illusions Comme une passerelle entre le continent des adultes et celui de la jeunesse, ce spectacle déploie un théâtre à la lisière de deux mondes. Avec humour et mélancolie, il puise dans nos mémoires, pour redonner vie à une enfance frondeuse et aventurière, où tout s’invente et se construit. Ouvert à tous les publics, le Varia se réjouit d’accueillir ce spectacle. Il nous rappelle qu’à tout âge, la magie d’être ensemble nous donne le pouvoir d’agir sur nos destins. A découvrir au Théâtre Varia du 6 au 12 décembre 2022. Plus de détails sur le site www.varia.be Rue du Sceptre, 78 à 1050 Bruxelles

EXPOSITION : CATAPLASME

MAUD GOURDON

Le nouveau corpus d’œuvres présenté dans l’exposition est issu des expé rimentations de Maud Gourdon autour du cataplasme, aussi appelé emplâtre : un remède pâteux à base d’argile, de plantes ou de farines, que l’artiste utilise comme matière sculpturale et ornementale. Relégué aujourd’hui dans la catégorie des remèdesdit de«grand mère»,lecataplas me est, pour l’artiste, lié à la figure maternelle et aux connaissances qui se transmettent traditionnellement de mère en fille : travaux manuels, cuisine, couture, décoration d’intérieur, remède, … Une série de sculptures produites à partir des matériaux du cataplasme sont placées tout autour de l’espace d’exposition. Pour les réaliser, l’artiste a développé un mélange composé d’argile médicinale et de fibres végétales, qui est ensuite placé et compressé dans des moules en bois gravés. Cette pâte argileuse devient alors la matière et le support d’une série de motifs colorés, entre abstraction et figuration, entre bouillie et ornement. Deux sculptures posées au sol complètent cette installation. Elles se composent d’une combinaison de mots et de chiffres insérés dans un motif noir et blanc représentant des mailles de tricot. Placés à l’intérieur de cet ornement, comme encadrés, ces mots acquièrent force et intensité. L’artiste interroge ici avec humour l’aspect poétique, décoratif mais aussi curatif du langage. Une exposition à découvrir à la Centrale jusqu’au19 mars 2023. Plus de détails sur le site www.centrale.brussels Place Sainte Catherine,45 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : NELLEKE CLOOSTERMAN

Pour ce projet, Cloosterman crée des pans de murs qui ont la forme de cartes à jouer. Celles ci semblent avoir été lancées au hasard dans l’espace d’exposition.Le titre Cardshark fait référence aux personnes qui gagnent de l’argent en trichant aux cartes, ainsi qu’aux cartes elles mêmes, présentes dans les tableauxdel’artistecommedessymbolesissusdevanités. Celapourrait suggérerquelescartesexposées ont été lancées par un cardshark (un joueur), faisant écho à ces symboles des vanités qui jouent avec la vie et la mort. Les peintures accrochées aux cartes murs deviennent des fenêtres sur l’univers pictural de Nelleke Cloosterman. Cet univers va s’étendre, une multitude de « fenêtres » s’ajoutant au fur et à mesure, pour former une installation globale rassemblant des récits qui se superposent. En utilisant des thèmeset desmotifsclassiquesdel’histoiredel’art lesplantes, lesanimauxetlesbulles Cloosterman crée un univers qui semble familier, mais qui échappe néanmoins à la logique ou aux lois naturelles. Des paysages de rêve abstraits, un jardin de fleurs associant des végétations de toutes les saisons, ou des oiseaux volant sans ailes dans les airs sont autant de perturbations subtiles d’une réalité à recevoir par le spectateur. Les dégradés que l’on voit fréquemment dans ses tableaux suggèrent une compression du temps, contribuant à l’idée que le tableau n’est pas un instantané mais un paysage continu où les éléments peuplant le tableau racontent une histoire. Une exposition à découvrir à la Centrale jusqu’au19 mars 2023. Plus de détails sur le site www.centrale.brussels

Place Sainte Catherine,45 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ON DISPLAY

Vitrine et vecteur de modernité, l’espace de la vente interpelle les architectes et les designers, depuis les premières boutiques bourgeoises du début du 19e siècle jusqu’au développement du design global, du consumérisme et de l’émergence du retail design au cours du 20e siècle. Laboutiqued’hier et d’aujourd’hui offre un terrain d’expérimentation pour les designers et les architectes : des premières recherches formelles d’Adolf Loos aux réalisations de Marc Newson en passant par la recherche d’une identité globale avec l’enseigne AEG et les mythiques boutiques Olivetti. Interrogeant l’évolution de nos esthétiques et de nos pratiques d’échanges, l’exposition On Display retrace à travers le concept de boutique, l’impact du design dans notre environnement quotidien. Mobiliers, documents d’archives, aménagements intérieurs, étalages ou supports publicitaires, la visite de On display témoigne des multiples expérimentations et des concepts deboutiquesquijalonnentl'histoiredudesignetdel’architecturecommerciale. Àtraverscetterecherche inéditeducommissaireBenjaminStoz, leDesignMuseum Brusselspoursuitsonexplorationdeschamps de la création du design et de ses impacts sur notre société et notre vie quotidienne. Une exposition à découvrir au Musée du design jusqu’au 5 mars 2023. Voyez les informations pratiques sur le site www.designmuseum.brussels

Place de Belgique, 1 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : JOHNNY HALLYDAY

Johnny Hallyday est encore dans tous les esprits et, plus de cinq ans après sa disparition, il fédère un intérêt loin de se faner. C’est Laeticia, sa veuve qui a pris l’initiative de cette exposition qui entamera la tournée des capitales pour rendre hommage à l’idole des jeunes (et de ceux qui l’ont été). Brussels Expo a été choisi pour offrir une aire de près de deux mille mètres afin de célébrer le chanteur le plus populaire de France et de Belgique. L’occasion de se plonger dans son monde depuis la reconstruction de sa chambre d’adolescent jusqu’à son bureau de Marnes la Coquette refait à l’identique. Si les pochettes de disques et les affiches sont de la partie, cet événement n’oublie pas que Johnny a été acteur passant de la comédie au drame, du polar au western, sans oublier maints souvenirs musicaux qui ont marqué plusieurs générations, faisant de nombreuses de ses chansons des standards de la variété. Un voyage immersif grâce à un soin tout particulier apporté à la scénographie et à des effets personnels de l’artiste mis à disposition par sa famille et ses proches. « Johnny Hallyday l’Exposition » propose enfin une plongée dans l’Amérique qu’il aimait et où il résidait une partie de l’année, ainsi qu’à Saint Barth où il repose aujourd’hui. Une visite à effectuer par les fans (mais pas que !) jusqu’au 15 juin 2023 au Palais 12. Plus de détails sur le site www.brussels expo.com Place de Belgique, 1 à 1000 Bruxelles

LES TRIBULATIONS DE LAFAMILLE ZOEGEMEEL À BRUSSELLES

Treene ! C'est samedi ! Cet après midi tu veux qu'on va au Nord ?

1.19

Oué ça c'est une bonne idée, tiens. On va aller au Bomarché voir si je sais pas trouver une paire de slaches pourcet étécar lesmiennesvont êtreunpeutrop chaudes. Maiscematinle melkbaur doit encore passer et j'ai besoin de plattekeis pour manger ce soir avec les radaaize que Line a rapportées de la rue Haute.

Alleï on va encore bien floeite ce soir alors. Meï e gau gelass bée ! Je vois déjà ça d'ici !

Moi j'aime bien ça avec de la Rodenbach, comme avec les crevettes. J'ai acheté un bac pour être sûre.

Potverdekke ça c'est ossi une bonne idée ! C'est pas floeite qu'on va faire, c'est zoeipe ! Vivement ce soir dis !

Et demain tu auras une gueule comme un chêne du bois de la Cambre... je vois ça d'ici ossi, 't sais !

C'est peut être mieux d'aller sucer une jatte de thé au Pré Fleuri, sans doute ? C'est pas le genre de ma maison, ça je te dis tout droit dihors, Treene. Si je dois choisir entre un gros mot de Bête Begger et un verre de Mort Subite, c'est fait en une deux trois.

Ça je pense. Alleï, c'est dit.Après le dîner on va rue Neuve lécher les vitrines. Je mets ma schûu kliet et on est de pist in.

On va en métro, hein ? On prend la deux à Pordal juchque Midi et là on prend la quatre juchque Rogier. C'est quand même plus facile qu'avant, ce métro. Et c'est mieux confortabel que le vieux baurentram du boulevard.Tu te rappelles ?

En hiver quand on allait chez mes parents àAsse avec, je tremblais comme une keek devant le vos là dedans ! J'avais direct ne kaa vast !

Oué et en été il faisait tellement doef, que tu zwietais comme un bœuf. Mennant il ont l'airco dans le métro.

Moi j'aime bien quand il te dit que c'est ta station où tu dois descendre.

Oué mais ça le receveur parfois il disait ça aussi, avant, t'sais ? Je me souviens de Maurice, du 28. Chaque fois qu'on arrivait place Rogier, il criait dans le tram : « Gare du Nord/ Noordstation » C'était comme si il chantait. Et nous on répondait : « Oué mon peï /on sait qu't'es bête. » Juchte net sur le même ton. C'était à l'Expo 58.

Toi tu parles du temps de Mathusalem, dis. Aujourd'hui c'est une gentille voix qui te dit : « Montgomery » une fois en flamand et une fois en français, net comme ton Maurice. Elle te dit ossi les correspondances. C'est ça le progrès, Jeuf.

Oué alleï, tu as quand même toujours raison. Mais Montgomery c'est le nom d'un peï et on traduit pas ça, le nom d'un peï

Ah non, peut être ? Awel la meï du métro elle dit « MontgomÉry » en français et « MontgoMMeRRRy » en flamand. Arra !

Janvermille toi tu sais quamême une fois couper les frites en quatre, toi dis ! Encore un peu et tu vas me dire que pour le tunnel on dira Annie Cordy en français et Léonie Cooreman en flamand sans doute ? Tu zwanzes ou quoi,dis ?

Eh ben moi je trouverais ça bien. Ce serait que juchte. Une Brusselesse echt zinneke comme elle ça mérite qu'on respecte ses deux langues.

Oué alleï bon ! On mange ou quoi ? 'K zien ze vliege, moi.

Et moi j'attends le melkbaur avec son plattekeis.

Tu sais prendre ossi une klouch de pottekeis pour mon dessert ? J'aime bien celui avec de la gueuze dedans comme il fait.

T'es pas la moitié d'un difficile, toi ! T'as pas besoin de rien d'autre ?

Si, si. Ma Treene dans mes bras serrée.

Och erme, dis ! Il a besoin de quelque chose alors il devient poïèèt ! Alors moi je prends un litre de botermelk pour moi et pour mon Karabitche. Il adore ça avec du sirop de canne. Tu devrais voir comme il sait avaler trois verres de suite, comme ça.

À propos, ils viennent avec, les kets, cet après midi ?

Non peut être. Line elle va sûrement avoir besoin d'un top ou d'un string.

Un top ou un string ! Wadesma da na veui eet ! Ils savent plus parler comme on leur a appris, ces gamins ? Nous on appelle ça une chemise ou un caleçon.

C'est des vêtements pour les hommes ça, Jeuf. Les jeunes filles le jour d'aujourd'hui elles portent des tops. Ça montre ton ventre...

Et le string il montre la raie de ton cul, ça je sais aussi, Treene ! Mais je sais pas si c'est nécessaire de montrer ça. Moi quand je vais chez Jules je ferme la porte et je fais ça tout seul.

C'est moderne, qu'est ce que tu veux ?

Je veux juchte que ma fille s'habille convenablement, arra ! Awel voilà le melkbaur. Je vais vite ouvrir.

Tof ! On va pouvoir se mettre à manger. Je débouche déjà une Rodenbach ou quoi ?

Ah non, c'est pour ce soir ça, avec le plattekeis et les radaaize.

Et qu'est ce qu'on boit mennant alors ?

Verse nous deux Mort Subite. Jepaie monhommeici et onva à table. Tu peuxdéjà sortirles tranches de bloempanch du frigo. Et la magrine

Doemeï zaain 'k vet. Une bête tartine avec de la magrine et avec une tranche de bloempanch. En ben tu manges trois tartines, alors hein, Jeuf ! On va pas commencer à manger des mosselen en friet tous les midis. De poen wast nie oep maaïne rug !Si tu ramènes plus à la maison, moi je veux bien. Tu as qu'à demander à ton boes de te donner un dikken oepslag que tu sais manger du bufsteik tous les midis.

LEXIQUE

melkbaur : laitier plattekeis : fromage blanc radaaize : radis floeite : siffler Meï e gau gelass bée : avec un bon verre de bière zoeipe : pinter, écluser schûu kliet : belle robe de pist in : partis Pordal : porte de Hal juchque : jusque baurentram : tram vicinal keek devant le vos : poule devant le renard ne kaa vast : enrhumée doef : chaud, lourd tu zwietais : tu suais Brusselesse echt zinneke : bruxelloise de souche 'K zien ze vliege : j'ai grand faim klouch : rasade pottekeis : fromage de Bruxelles poïèèt : poète botermelk : lait battu Wadesma da na veui eet : qu'est ce que c'est bloempanch : charcuterie bruxelloise magrine : margarine Doemeï zaain 'k vet : ça me fait une belle jambe mosselen en friet : moules et frites De poen wast nie oep maaïne rug : l'argent ne pousse pas sur mon dos boes : patron dikken oepslag : grosse augmentation bufsteik : steak

Georges Roland

EXPOSITION : LYNE, PHILIPPE, MONICA, VA LÉRIE ET LES AUTRES

Comme chaque année, le mois de décembre s’annonce riche en diversité, avec une poignée d’artistes qui se sont fixé rendez vous pour exposer à Espace Art Gallery, un lieu connu pour être un cocon autant qu’un axe de rencontres où le dialogue s’harmonise avec le regard pour des échanges pluriels. Venus de partout, les officiants proposent ici leurs travaux récents et parfois quelques pièces qui le sont moins, unis dans unidéal de communication avec le public qu’ils espèrent chaque fois nombreux.

Alors que le sapin illumine la Grand Place de Bruxelles et que le calendrier de l’Avent ouvre chaque jour une porte pour annoncer la Nativité, les salons d’Espace Art Gallery s’ornementent des peintures de Monica Marguet Schaeffer et de Valérie Imbern, laissant de laplace pour accueillir les sièges faits main de Jeanne Julien, ainsi que les sacs de Theodora que nous connaissons déjà, tout en mettant en évidence les céramiques et les sculptures de Lyne etPhilippe Kermel, venus tous deux de France. Même si l’ensemble des travaux mérite qu’on s’y intéresse, les créations de Lyne Kermel étonnent. Il s’agit de céramiques que l’artiste a réalisées selon la technique séculaire du raku, née dans le Japon millénaire et pleine d’imprévus puisque le hasard s’inscrit danslelentprocessus gestatif. Ens’écartant de la routine, des poncifs et del’académisme, l’artiste impose son propre langage avec l’argile qui reste sa matière de prédilection. Pétrir la terre, la doter lentement d’une allure singulière et la façonner dans la conque de ses paumes peut tenir de la magie afin d’éblouir et attester d’une maîtrise que nul ne viendra discuter. Néanmoins, il fautpréciser que rien ne prédestinait cette plasticienne à entrer sur la pointe des pieds dans l’univers des arts pour, ensuite, y établir sa place autant qu’y assurer sa notoriété. Elle a passé de très (trop ?) nombreuses années dans la fonction publique avant de prendre du recul, changer de direction et s’impliquer complètement ailleurs en suivant sa bonne étoile, en se fiant à son karma, sans se presser et en laissant le temps au temps pour s’accomplir sereinement sans bouder les étapes. Encouragée par Philippe Kermel, avec lequel elle vit, elle sait que, à la maison, tout tourne autour de ce qu’on laissera germer demain et que parler projets artistiques ne poseaucune difficulté. Sans jamais regimber, ce dernier participe également de son côté à l’acte créatif. Formé à l’école technique et après avoir longtemps pratiqué dans le milieu industriel, il connaît les gestes ancestraux, leur puissance et leurs limites. Fer et acier deviennent à ses yeux de la matière première utile à tordre, à assembler et à souder, n’hésitant jamais à faire intervenir ci et là des structures de bois. Se manifestant le plus souvent en couple, Lyne et Philippe ne pouvaient pasimaginer venir enBelgique l’un sans l’autre. Le duo possède évidemment à son actif bon nombre d’expositions ici comme ailleurs. Un événement à découvrir à Espace Art Gallery jusqu’au 31 décembre Plus de détails sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Sam Mas

NOËL, FÊTE DES LUMIÈRES

Ce 25 décembre, nous fêterons Noël avec nos proches. Comme chaque année depuis deux mille ans. Nous fêterons la naissance d’un enfant au cœur de la nuit. Croyants ou non, nous allumerons les bougies autour du sapin de Noël. Renouant ainsi, sans le savoir, avec une tradition antique bien antérieure à la fête que nous appelons la Noël.

Le mot apparaît au début du XIIe siècle, sous la forme nael dans le Voyage de saint Brendan, histoire d’un moine irlandais parti à la recherche du paradis perdu. On le retrouvera plus tard chez Chrétien de Troyes, en 1275, sous sa forme actuelle : Noël. Ce mot provient du latin ecclésiastique natalis (dies), jour de la naissance du Christ, et s’explique par la transformation du premier a de natalis suite à l’évolution de la langue. Par dissimilation régressive nous apprend la linguistique. C’est donc bien l’anniversaire du Christ que nous célébrons le 25 décembre. Pourtant, cette fête fondatrice du christianisme sera ignorée pendant trois siècles des premiers chrétiens soumis aux persécutions romaines. Ils célébraient seulement la mort et la résurrection du Christ, l’observance du dimanche, jour du Seigneur, et la Pâque nouvelle.

Ce n’est qu’au cours du IVe siècle, à partir du règne de Constantin, premier empereur chrétien, que l’on commencera à célébrer la naissance de Jésus : le 6 janvier en Orient, le 25 décembre en Occident. Or, dans les deux cas, c’est une fête païenne célébrant le début de l’année et un changement de clarté, qui est à l’origine de la fête chrétienne.

La fête du solstice de l’hiver L’existence en Orient d’une fête de la lumière est fort ancienne. En 239 av. J. C., le calendrier grec de Canope, dans le delta du Nil, indique la célébration, au solstice d’hiver, d’une fête de « la lumière qui croît avec la naissance du soleil ». Au début de notre ère, sous le règne de Tibère, lorsque Jésus naît, le solstice d’hiver (moment de l’année où le soleil est le plus bas à l’horizon) est célébré à Alexandrie et dans tout le Proche Orient vers le 6 janvier du calendrier julien. A Alexandrie même, les Grecs installés depuis longtemps avaient coutume de célébrer, dans la nuit du 5 au 6 janvier, la naissance du Temps nouveau, l’Aiôn, par une grande procession aux flambeaux dans les rues. Ils chantaient le cantique suivant : « La vierge a enfanté, la lumière augmente, la vierge a enfanté l’Aiôn » dans l’éternité. Les Grecs d’Alexandrie voulaient ainsi fêter le recommencement de l’année, le temps perdu et retrouvé chaque fois au début de l’année. Mais ils ne faisaient eux mêmes qu’helléniser un vieux rituel égyptien, celui d’Isis et d’Osiris qui célébrait la croissance de la lumière et la naissance du Tempsnouveau. On croyaiten Egypte que, le jour dusolstice où la lumière diurne augmente, les eaux du Nil avaient un pouvoir de guérison magique, et que leur source déversait du vin au lieu d’eau. Cette fête portait déjà le nom d’Epiphanie, un mot grec signifiant « manifestation divine » qui restera pour désigner la fête des Rois mages le 5 janvier.

Diwali en Inde

La fête de la lumière est célébrée aujourd’hui encore en Inde. Lakshmî, l’épouse du dieu Vishnu, est fêtée traditionnellement en octobre novembre, à la nouvelle lune : c’est la nuit populaire de Diwali, la nuit des lumières, au cours de laquelle des lampes sont allumées partout sur les

toits des maisons et des temples, sur les rivières et sur la mer. Car Lakshmî est née de la mer, comme l’Aphrodite grecque est née de l’écume, sur une feuille de lotus. Et cette nuit, éclairée par des myriades de lampions allumés en l’honneur de la déesse hindoue, n’est pas sans rappeler l’Epiphanie des Grecs, la nuit aux flambeaux d’Alexandrie.

La fête du Soleil En Occident, la fête de la naissance de Jésus fut fixée le 25 décembre, entre 325 et 354 de notre ère. La fête des martyrs chrétiens, qui figure dans le calendrier romain de 354, atteste que le huitième jour précédant les calendes de janvier, c’est à dire le 25 décembre, on célébrait concurremment à Rome au moins deux fêtes : la naissance de Sol invictus, le Soleil impérial, et celle du Christ, né à Bethléem en Judée. La fête chrétienne dans l’Empire romain d’Occident semble donc s’être superposée au culte du soleil institué par l’empereur Aurélien en 274 et faisant du Soleil le dieu unique du néo paganisme, dans lequel s’incarnait l’empereur divin.

A la même date par ailleurs, les fidèles des mystères de Mithra, un dieu perse importé à Rome et sur les frontières de l’Empire par les légionnaires romains, célébraient eux aussi la naissance de leur dieu, né d’une pierre et genitor luminis, porteur de la nouvelle lumière. Le soir du 24 décembre, les adeptes de Mithra et bien d’autres quiles imitaient allumaient des feux pour aider le soleil du solstice à monter plus haut au dessus de l’horizon. Ils célébraient un rituel à base de pain et de vin, dont l’analogie avec le mystèredelamesseafrappéleschrétienseux mêmes.Onaretrouvédesreliefsromainsmontrant Mithra en train d’égorger le taureau des ténèbres pour faire triompher la lumière sur la nuit. La vie sur la mort. Il est probable que l’empereur Constantin, fondateur du christianisme comme religion d’Etat, ait voulu réaliser une sorte de syncrétisme entre le culte officiel du soleil dans lequel il avait été élevé, le culte de Mithra très répandu parmi les légionnaires et le christianisme qui lui paraissait une religion d’avenir. Il embrassera la foi chrétienne à la fin de sa vie. Il se fera représenter sous la forme triomphante du Soleil (qui fut aussi la représentation du Christ sur un char solaire au IVe siècle) et il instituera comme jour chômé obligatoire le dies solis, le jour du soleil, qui deviendra notre dimanche (dies dominica), jour du Seigneur. C’est sous son règne qu’apparaît la fête chrétienne de Noël, peut être en 336.

Noël aux bougies

En célébrant au solstice d’hiver la naissance de Jésus, les chrétiens intégraient donc des fêtes païennes plus anciennes. Mais et c’est le génie du christianisme dont parle Chateaubriand ils associaient à la « nouvelle lumière » la naissance d’un enfant en chair et en os. La naissance du Sauveur. Comme le dit saint Ambroise, père et docteur de l’Eglise latineau IVe siècle : « C’est à bon droit que le peuple appelle ce saint jour de la naissance du Seigneur le soleil nouveau. Car avec l’apparition du Sauveur se renouvelle non seulement le salut de l’humanité mais aussi la clarté nouvelle du soleil... » Depuis deux mille ans, Noël est ainsi la célébration, chaque année, d’une nouvelle lumière incarnée par un enfant. Lumière d’espoir née au cœur de la nuit la plus longue, la plus profonde, la plus intense de l’année. C’est pourquoi cette nuit continue de fasciner les hommes, croyants ou non, réunis et apaisés autour du sapin de Noël. Car c’est une fête universelle qui plonge ses racines très loin dans le temps Michel Lequeux.

(Photo de Mithra prise par Michel Eloy au Musée des Thermes de Dioclétien à Rome)

EXPOSITION : SPIRIT OF THE NORTH

Envie de vous plonger dans un décor de Noël fabuleux, alors l’exposition « Spirit of the North » a été conçue pour vous comme une invitation à un parcours seul ou en famille. L’occasion de célébrer les fêtes de find’année d’unemanière originale enselaissant embarquer dansunmonde digne desmeilleurs contes de Noël ! Au rendez vous, de grands classiques tels les illuminations, des reproductions de séquences enneigées et un atelier du Père Noël. Pour celles et ceux que l’expérience tente, pourquoi pas passer à la réalité virtuelle dernier cri ou se laisser tenter par la piste de luge intérieure, se frotter aux miroirs magiques et aux murs interactifs. Au demeurant, une manière unique de se réchauffer à l’Esprit de la Nativité et d’oublier les violences qui secouent notre monde. Sansse vouloir impératif, « The spirit of the North » se veut une immersion dans un univers magique, souvent fantasmé, décliné sur le mode récréatif, amenant chacun à laisser ses soucis à l’entrée et à redevenir l’enfant qu’il a été. Une bonne façon de débuter ou de terminer les vacances de d’hiver. A expérimenter jusqu’au 8 janvier 2023 à la Galerie Horta. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.spiritofthenorth.com Rue du Marché Aux Herbes, 116 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : LUMINOPOLIS

Qu’est ce que la lumière ? Comment rythme t elle notre quotidien ? Comment influence t elle la vie ? Résolvez des énigmes et percez des mystères. Tic tac tic tac… le temps presse, le chronomètre s’affole ! Voulez vous sortir vainqueur de l’expo ? À vous de jouer ! La lumière peut être visible ou invisible, de toutes les couleurs ou incolore, ondulatoire ou corpusculaire. Elle permet de voir mais pas seulement. Elle rythme la vie. Elle est une source de vie pour la faune et la flore. Cette exposition entend nous apporter un éclairage sur le lien entre la lumière et le vivant. Elle nousinvite à réfléchir sur l’importance de la lumière dans nos sociétés. Dans cette expo jeu au format totalement inédit, la lumière se révèle sous tous ses aspects (physiques, biologiques, techniques et sociologiques) dans un concept original et captivant, une course contre la montre avec au choix dix, quatorze ou dix huit énigmes à résoudre pour remporter la victoire. Un événement passionnant et palpitant à explorer, muni d’une tablette pour activer les bornes de jeu, obtenir des indices et encoder vos réponses. Un excellent moyen de découvrir par le jeu le vaste thème de la lumière. Des défis à relever jusqu’au 13 août 2023 au MuséedesSciencesnaturellesdeBruxelles. Plus de détails sur le site www.naturalsciences.be Rue Vautier, 29 à 1000 Bruxelles

CONTE DE NOËL : MON BEAU SAPIN ...

A l’orée d’un bois, un petit sapin ne demandait qu’à grandir. Il ne songeait pas à respirer l’air frais du printemps. Il ne regardait pas les enfants qui venaient ramasser les premières framboises et qui disaient de lui, parfois : « Oh, le joli sapin ! » Il ne faisait que soupirer : « Ah, pourquoi ne suis je pas aussi grand que les autres arbres ? Je pourrais étendre mes branches au loin et regarder le monde depuis ma cime. Les oiseaux viendraient se nicher dans mes branches, et lorsque le vent soufflerait, je pourrais moi aussi me balancer au dessusde la forêt... »

Aux environs de la Noël, on coupa de jeunes arbres, et ceux qui étaient les plus beaux conservèrent leur ramure. On les plaça sur un chariot qui les emmena hors du bois. « Où vont ils donc ? demanda notre petit sapin. Nous le savons ! Nous le savons ! pépièrent les oiseaux. Dans la ville, nous avons vu des fenêtres qui étaient éclairées. Et derrière, devine, derrière il y avait des sapins comme toi. Tu ne peuxt’imaginer commeilssont bien décorés. Onles a mis près d’un bon feu et on a pendu à leurs branches des boules de toutes les couleurs et des guirlandes de lumière. » Le crépuscule tombait et le petit sapin, qui commençait à frissonner, n’en croyait pas ses épines qui écoutaient le gazouillis des oiseaux. « Oh, que ne suis je moi aussi bien au chaud près du feu, orné de beaux atours et gâté par les enfants ! se plaignait il. Comme je souhaiterais que cela m’arrive ! Réjouis toi au contraire, jeune sot ! dit un lièvre en se sauvant dans le bois. Tu ne sais pas ce qui t’attend. »

L’année suivante, vers la Noël, le sapin fut abattu. Il ressentit une vive douleur au pied et s’effondra, en pensant que le grand moment était enfin arrivé. Il était bien un peu triste, car il ignorait s’il reverrait un jour les fleurs, les framboises et les oiseaux. Mais il entendit le bûcheron dire : « C’est un beau sapin. J’irai le vendre à la ville. » Et c’est ainsi qu’il se retrouva au coin du feu, dans une pièce où il y avait un fauteuil à bascule, des divans recouverts de soie, des tables garnies de jouets et de grands vases. On planta le sapin dans l’un de ces vases que l’on remplit de sable et que l’on cacha avec une couronne taillée dans son branchage.

Le sapin tressaillit au coup de ciseaux mais il se consola aussitôt, car des enfants se mirent à le décorer en riant. Ils suspendirent à ses branches drues des rubans dorés, des pommes de pin et tout un chapelet de bougies rouges, bleues et blanches. Puis ils dissimulèrent sous lui des cadeaux et, pour couronner le tout, ils posèrent une belle étoile dorée à sa cime. « Ce soir, disaient les enfants, ce sera la fête et on t’allumera. »L’arbre ne setenait plusd’aise. « Qu’ilmetarde, soupirait il,qu’il metarde quecesenfants allument toutes mes bougies ! Jamais je n’aurai été aussi beau. »

Le soir venu, on alluma ses bougies. Quelle fête lorsque les portes du salon s’ouvrirent enfin ! Les enfants se précipitèrent, suivis des grandes personnes qui souriaient. Les plus petits s’arrêtèrent net, muets d’admiration devant le sapin qui hérissait sa belle crinière d’épines et qui brillait de mille feux. Puis ils se mirent à crier et à danser autour de l’arbre, et ils voulurent ouvrir les cadeaux. Dans leur hâte enfantine, ils cassèrent bien quelques branches. « Maisque me font ils donc ? » pensait le sapinmeurtri. Il avait mal à l’écorce comme les hommes peuvent avoir mal à la tête. Bientôt, quand ses bougies eurent brûlé complètement, plus personne ne s’intéressa à lui. Les enfants écoutaient une histoire que leur racontait un vieil homme assis dans le fauteuil à bascule. Le sapin se consola à l’idée que, le lendemain, on le décorerait de nouveau avec des bougies, des jouets et des guirlandes. Mais le lendemain, on le porta au grenier et on le déposa dans un coin sombre. « Qu’est ce que cela veut dire ? » se demanda le sapin. Puis il lui vint une idée : c’était bien sûr l’hiver dans le bois d’où il venait. La terre était dure et recouverte de neige. Les hommes ne pouvaient pas le replanter. Voilà pourquoi il devait attendre patiemment le retour du printemps dans ce coin du grenier. « Mais il fait si sombre et je

me sens si seul ! » pensait il amèrement. « Piep, piep ! fit soudain une petite souris en trottinant près de lui. Comme il fait froid ici, vieux sapin ! D’où viens tu donc ?

Je ne suis pas vieux, répondit le sapin ulcéré. Je viens d’un bois où brille le soleil, où chantent les oiseaux et où les enfants viennent ramasser des framboises... » Puis il raconta la veillée de Noël, lorsqu’on l’avait magnifiquement décoré avec des boules de couleur et des bougies. « Oui, tu as dû être beau, admit la petite souris. Mais dis moi, tu étais doncprès de la salle à manger, là où il y a du fromage et où traînent par terre des miettes de pain. Comment on fait pour sortir d’ici ? » Le sapin ne lui répondit pas, et la souris le quitta pour aller à la recherche de quoi passer l’hiver. Il se retrouva donc seul dans l’obscurité, attendant le retour du printemps dans lequel il plaçait tous ses espoirs. Le printemps revint en effet, et l’on vint nettoyer le grenier. Quelqu’un, prenant bien garde de ne pas le secouer, emmena l’arbre dans le jardin où brillait une belle journée ensoleillée. « Comme c’est bon de revivre ! » soupira le vieux sapin, et il étendit ses maigres branches qui cassèrent comme du verre. A sa cime pelée brillait encore une étoile de papier doré qui scintilla dans les premiers rayons du soleil printanier.

Regardez ce qu’il y a au bout de ce sapin desséché ! cria un des garçons qui l’avaient décoré la veille de Noël. Il attrapa l’étoile et brisa d’un coup sec la cime de l’arbre. « C’est fini, pensa le vieil arbre. Je ne reverrai plus ma chère forêt, niles lièvres, ni les framboises, ni les moineaux. Que n’ai je été heureux quand je le pouvais ! » Dieu a pitié des sapins de Noël : celui ci sentit à peine la scie qui débitait son tronc en petits morceaux auxquels les enfants mettaient joyeusement le feu, en dansant tout autour... Dieu a pitié des sapins, mais les hommes ? Combien en ont ils coupé et combien en couperont ils encore ? Combien seront replantés ? On ne cesse de décimer depuis des décennies nos forêts, poumons de l’humanité. Chaque année, il y a un peu moins d’arbres dans le monde et unpeu plus de déserts. Ils sont faciles à couper, les arbres, beaucoup plus difficiles à repousser. Quelques minutes pour les abattre, une vie entière pour les voir grandir et se déployer. Aurez vous pitié des sapins de Noël, cette année ci ?

On coupe deux millions et demi de sapins chaque année chez nous, et huit cent mille sont exportés en Europe et jusqu’en Asie. L’arbre de Noël sur la Grand Place a été abattu parce qu’il faisait de l’ombre à une façade. Mais qui faisait del’ombre à l’autre dansun mondeoùla nature est sacrifiée sans vergogne pour nous plaire et satisfaire nos intérêts ?

Adapté d’un Conte d’Andersen par Michel Lequeux.

EXPOSITION : PHOTO BRUT

Le programme de cet événement s’articule autour du thème de la photographie brute. Par le biais de photographies, de photomontages et de photocollages, des créateurs et créatrices, généralement autodidactes, dévoilent leurs univers personnels à travers des œuvres produites en dehors des circuits artistiques conventionnels. Ce champ peu exploré dans les recherches sur l’art brut ouvre la voie à des pratiques novatrices dans le domaine de la photographie, contribuant ainsi à renouveler le regard porté sur ce médium. Ce projet questionne ainsi autant le rôle du collectionneur, son impact sur la catégorisation des artistes et la photographie elle même. Cet événement peu classique s’organise dans quatre lieux bruxellois qui se répondent en miroir : le Botanique, La Centrale for Contemporary Art, le musée Art et marges et la Tiny Gallery, localisée non loin de Flagey. Une autre manière d’aborder la photographie et son rapport avec le public. Chaque œuvre se veut une tentative de briser l’image et d’avoir un impact sur le plan esthétique, mais aussi socioculturel, voire politique. Pour ce projet, plusieurs artistes se sont impliqués. Cela se prolonge jusqu’au 19 mars 2023. Plus de détails notamment sur le site officiel www.centrale.brussels

EXPOSITION : THE ART OF BRICK

Après un énorme succès dans plusieurs métropoles, l’exposition « The art of brick » revient à Bruxelles. Elle plonge les visiteurs dans l'univers de Nathan Sawaya, l'artiste le plus créatif et le plus original récompensé par l’Art Awards 2011 de New York, grâce à ses œuvres non traditionnelles et non conventionnellesréalisées àpartir debriquesdeLego afin de créer des sculptures en 3D. L’occasion de découvrir des réalisations merveilleuses, ludiques et amusantes qui se veulent le fruit d’un travail minutieusement acharné et d’une imagination presque sans limites. En fusionnant Pop Art et surréalisme, il réussit à surprendre. Par son savoir faire et une patience à toute épreuve, il a réalisé des pièces qui nous inspirent et qui donnent vie à nos émotions. Bref, un monde plein de joie et de couleurs. Avec plus de cent millions de briques de Lego, il a conçu pas moins de quatre vingts œuvres qui séduisent les enfants autant que les adultes, tout enlesconviantàréfléchirsurlesensdel’art sanss’endommagerlesméninges.Cetévénementrassemble une large variété de sculptures originales, mais aussi desversions réimaginées de certains chefs d'œuvre artistiques les plus célèbres du monde tels que le David de Michel Ange, la Nuit étoilée de Van Gogh et la Joconde de De Vinci. Parmi les curiosités de cette manifestation, les visiteurs pourront observer un squelette de Tyrannosaure Rex de six mètres de long et une collection multimédia très innovante de photos réalisées par le photographe Dean West. Cette exposition a déjà ébloui plus de dix millions de visiteurs à travers le monde ! Alors, pourquoi hésiter ? A ce jour, la date de clôture n’est pas précisée, mais il ne s’agit pas pour autant de traîner. Voyez davantage d’informations sur le site officiel www.theartofthebrickexpo.com

Grand Place, 5 à 1000 Bruxelles

Sam Mas

FANTASTIC BRUSSELS

Voilà tout simplement un voyage à travers le temps, un bond dans le passé grâce à une création qui fait appel à desartistespluridisciplinaires, deshologrammes, deslasers et dela vidéo mapping. Unemanière d’évoquer l’histoire de Bruxelles et de la Belgique à travers une approche narrative originale et en totale immersion à 360° selon une formule déjà expérimentée pour faire découvrir l’univers de Claude Monet, Vincent Van Gogh ou Frida Khalo. D’une durée approximative de quarante minutes, ce parcours bénéficie d’une scénographie évolutive pour aller à la découverte du Bruxelles d’hier et d’aujourd’hui par le truchement d’un découpage soigné et dynamique en compagnie de guides munis de lampes de poche. Pour servir d’écrin à ce trajet initiatique, l’hôtel Métropole cède son espace pour accéder à des découvertes attrayantes. Une entrée en matière qui débute dans la pénombre pour progresser doucement, étape par étape à la manière d’explorateurs bien décidés à suivre la reptation du temps, afin de découvrir des secrets oubliés. Une façon ludique d’entreprendre un cheminement sinueux au cœur des salons aujourd’hui désertés de ce qui a été (avant sa faillite survenue en pleine crise Covid) le plus bel hôtel de Bruxelles. L’ancien palace invite de la sorte les visiteurs à se plonger dans l’exactitude des faits et des contextes qui ontmarqué l’histoire de la ville, passant d’une décennie à l’autre pour revivre ce Bruxelles qui bruxellait chanté par le regretté Jacques Brel et qui survit grâce à la swanze de « Le mariage de mademoiselle Beulemans » et les pièces répertoriées chez Toone, celui de la Belle Époque à nos jours, en passant par les Années Folles et les Golden Sixties ! Une visite qui met en avant notre patrimoine et notre Histoire. Une aventure à vivre à l’Hôtel Métropole jusqu’au 28 février 2023. Plus de détails sur le site www.fantasticbrussels.be

Place de Brouckère, 31 à 1000 Bruxelles

Paul Huet

EXPOSITION : PICASSO & ABSTRACTION

En collaboration avec le Musée national Picasso Paris, les Musées royaux des Beaux Arts de Belgique proposent une exposition majeure consacrée à Pablo Picasso (1881 1973) et ses rapports à l’abstraction en rassemblant près de cent quarante œuvres exceptionnelles. L’op portunité d’aborder les étapes charnières qui ont rythmé les liens entre l’œuvre du peintre et l’histoire de l’art abstrait, des premières expérimentations cubistes de 1907 réalisées en marge des Demoiselles d’Avignon à son œuvre tardive, parfois située aux frontières de la peinture gestuelle. Cette surprenante relation, faite de petites avancées, de retraits et de retours en arrière, est présentée dans le subtil parcours chronologique et thématique de l’exposition, révélant ainsi au fil des décennies le mouvement de balancier que l’artiste opère entre abstraction et figuration. Un autre thème majeur de l’exposition propose un angle intimement lié à la collection duMusée Picasso Paris : celuide l’atelier del’artiste, véritable laboratoire formel del’œuvre. Cette thématique exhume le processus créatif de Picasso à travers diverses séries (dessins et estampes). L’atelier, à la fois lieu de création et de mise en scène de l’œuvre, se transforme fort vite en espace de réalisation de l’imaginaire du peintre, laissant entrevoir l’ambiguïté entre le réel et la fiction. Le spectateur est invité à apprécier d’une part la créativité extraordinaire de l’artiste et sa capacité à sans cesse se réinventer. Il peut, d’autre part, mesurer à travers son œuvre comment les élans vers l’inconnu restent une excellente manière de mieux se connaître et de se libérer des étiquettes qui nous entravent. Un événement qui célèbre dignement les cinquante ans d’un créateur phare du XXe siècle. Cette se déroule aux Musées royaux des Beaux Arts de Belgique du 14 octobre 2022 au 12février 2023. Voyez tous les détails précis sur le site www.fine arts museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : MIRADAS DE MUJERES

Miradas de Mujeres (que l’on traduit par Regards de Femmes) est une exposition qui met en exergue le regard de l’artiste Isabelle de Borchgrave sur Frida Kahlo et met à l’honneur un dialogue entre deux femmes qui ne se sont jamais rencontrées. La première étant née peu de temps avant le décès de la seconde, mais qui partagent l’une et l’autre l’amour du tissu, des motifs et des couleurs. Isabelle de Borchgrave a mis près de trois ans pour réaliser Miradas de Mujeres, un travail titanesque peint à la main, qui a nécessité plus de quatre kilomètres de papier et de carton pour réaliser robes, tapis, meubles, arbres et autres éléments reconstituant l’univers si particulier de Frida Kahlo et de sa maison, la Casa Azul (La maison bleue). Grâce à ce projet, les visiteursdéambulent à travers le salon, l'atelier, la cuisine, le dressing ou le jardin de l’artiste mexicaine pour vivre une expérience unique, en trompe l’œil, du monde de Frida Kahlo. Loin de l’image de souffrance et de douleur liée au handicap de l’icône mexicaine, Isabelle de Borchgrave se concentre ici par la couleur sur la joie de vivre de l’artiste, parvenue dans son rôle de femme, d’artiste et de repère culturel à transcender les épreuves. Un événement qui propose de se plonger dans l’univers joyeux et entièrement fait de papier d’Isabelle de Borchgrave pour se laisser inspirer par la générosité de cette artiste contemporaine dont la pratique créative reste résolument incomparable. A découvrir aux Musées royaux des Beaux Arts de Belgique du 14 octobre 2022 au 12 février 2023. Voyez tous les détails précis sur le site www.fine arts museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : JEAN PIERRE GHYSELS

Conçue en étroite collaboration avec Colette Ghysels, l’épouse de l’artiste avec qui il partage la passion pour les voyages, l’art tribal et les bijoux ethniques, cette sélection rend hommage au regard que Jean Pierre Ghysels accorde à ses proches. Il confiait récemment que son vrai bonheur est quand ma femme entre dans mon atelier, regarde et dit qu’elle aime mon travail. Alors j’y croit et cela me réchauffe intérieurement. A ce moment, il me sem ble que ma sculpture nous reflète. Né à Uccle en 1932, ce créateur a été élève de Zadkine à l’Aca démie de la Grande Chaumière à Paris. Cette exposition propose au public de découvrir une série de sculptures réalisées dans les deux matériaux de prédilection del’artiste :le cuivrebattuet lebronze, œuvres qui, même lorsqu’elles sont de petit format, surprennent par leur monumentalité et leur sensualité. Parmi la sélection de travaux retenus : Angle secret (1973), bronze poli qui a rejoint en 1976 la collection du musée, dont le conservateur en chef était alors Philippe Roberts Jones. Il s’agit également de l’œuvre la plus ancienne de l’ensemble de cuivres battus et de bronzes présentés. Jean Pierre Ghysels vient récemment de fêter ses 90 ans. Des pièces à découvrir du 14 octobre 2022 au 12 février 2023. Voyez tous les détails précis sur le site www.fine arts museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles

INSTALLATION : PRUNE NOURRY

Le grand hall accueille une œuvre monumentale de l’artiste multidisciplinaire de la jeune artiste Prune Nourry, figure montante de la création contemporaine internationale. L’Amazone Érogène (2020), montrée pour la première fois au Bon Marché Rive Gauche Paris en 2021, est une œuvre directement liée à son combat personnel contrele cancer duseinets’inspire delafigure mythologique desamazones. Un arc gigantesque de cinq mètres de haut pointe en direction d’une cible sein de quatre mètres de diamètre, évoquant la métaphore du combat contre la maladie. Au delà de sa vocation cathartique, l’installation réalisée en bois, plumes et laiton, représente aussi la procréation, laciblefaisant officed’ovuleprêt àêtrefécondé par la flèche décochée par l’arc. L’Amazone Érogène met ainsi en exergue la tension qui existe entre douceur, espoir et violence et confère à une expérience personnelle une véritable résonnance universelle. Prune Nourry s’est spécialisée dans la sculpture, mais ne regimbe jamais à explorer d’autres mediums comme la photographie, la vidéo et la performance. Le diagnostic de son cancer et la mastectomie qu’elle a subi à l’âge de trente et un ans lui ont d’ailleurs inspiré le documentaire introspectif Serendipity. Très engagée dans la cause féministe, elle travaille sur des sujets allant de la bioéthique aux droits des femmes et au genre et souligne dans son travail les rapports qui existent entre l’art et la science. Cette artiste a d’ailleurs pour habitude de collaborer avec des anthropologues et des généticiens dans le but de nourrir sa pratique artistique. Formée à la sculpture sur bois à l’École Boulle à Paris, elle vit et travaille entre Paris et Brooklyn, New York depuis 2011. Un arc à découvrir du 14 octobre 2022 au 12 février 2023. Voyez touslesdétailsprécis surlesitewww.fine arts museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : THE WORLD OF BANSKY

« The World of Banksy Brussels » est une exposition qui se déroule dans les locaux uniques d'une ancienne maison de tissus du centre ville. Banksy est sans aucun doute l'artiste de rue le plus célèbre et le plus controversé d'aujourd'hui. L'exposition se propose résolument de faire découvrir son art et son approche atypique à travers la créativité dont il a fait preuve dans les rues du monde entier. Depuis ses débuts, l’artiste fascine et interpelle par ses nombreuses créations aussi belles qu’engagées, mais aussi par son côté mystérieux. Créateur de renommée mondiale, personne ne sait qui se cache derrière ce pseudonyme même si beaucoup cherchent à percer le secret. Une équipe d’artistes internationaux (aussi anonymes que lui !) a été conviée à reproduire les œuvres originales (dont une partie ont disparues) pour les proposer dans un lieu fermé et les scénariser avec mission d’immerger les visiteurs dans la tête d’un homme qui, bombe de peinture à la main, a disséminé ses dessins sur les murs de Londres avant de les essaimer aux quatre coins des plus grandes capitales. Initialement clôturée cet été, l’exposition a été prolongée jusqu’en janvier prochain à La Tentation. Découvrez les modalités pratiques pour les visites sur le site www.theworldofbanksy.be Rue de Laeken, 28 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ROYALS AND TRAINS

Cet événement vous offre une occasion unique de découvrir le lien particulier qui unit la famille royale belge au monde ferroviaire. Des photos exclusives, des objets et documents d’époque provenant de nos collections et de celles du Palais royal ainsi que des talking heads de personnalités du passé, vous feront revivre le faste de ces voyages royaux. Exceptionnellement, cinq voitures royales sont dévoilées dans toute leur splendeur pour la première fois à Train World. De la construction de la première ligne ferroviaire en 1835 à aujourd’hui, la famille royale belge a toujours montré un soutien sans faille au développement des chemins de fer en Belgique et en Europe. Léopold Ier, premier chef d’État au monde à voyager en train, a tout mis en œuvre pour que la Belgique se dote d’un réseau ferroviaire qui contribuera au développement économique de notre pays au XIXe siècle, et au delà. Cette proximité est aujourd’hui tout aussi forte sous le règne du roi Philippe. C'est la raison pour laquelle Train World et la SNCB ont décidé de consacrer une exposition temporaire et de publier un livre de référence destinés à mettre en lumière l'histoire passionnante de notre Monarchie avec letrain. Vouspourrez découvrir, au fil de cette exposition, des documents rares relatifs au premier train de Léopold Ier, des véhicules royaux ayant disparu, des plans de construction, les services à thé ou à souper d'Albert Ier et Léopold III, des objets des membres du personnel des convois royaux ainsi que des éléments de la garde robe de voyage de la reine Astrid. La vie à bord de ces convois est également abordée. Une visite à effectuer à Train World jusqu’au 22 janvier 2023. Voyez toutes les modalités pratiques sur le site www.trainworld.be Place Princesse Élisabeth, 5 à 1030 Bruxelles

EXPOSITION : CHANTAL ACKERMAN SELFPORTRAIT

En prélude à la grande rétrospective qui lui sera dédiée en 2024, Bozar présente à l’automne 2022, une installation rarement montrée de la cinéaste belge Chantal Akerman. Selfportrait/Autobiography: A work in progress (1998) se décline de façon spectaculaire à travers six à huit moniteurs et contient des images de plusieurs de ses films qui ont marqué et jalonné sa carrière : Hôtel Monterey (1972), Jeanne Dielman, 23 quai du commerce à 1080 Bruxelles (1975), Toute une nuit (1982) et D’Est (1993). Des plans simples et rigoureusement choisis où des personnages s’attèlent à des tâches de la vie quotidienne ou sont figés dans l’attente, à l’image des files interminables immobilisées dans les rues de Moscou enneigées. La voix off de l’artiste constitue le fil conducteur de l’installation, restituant à travers des extraits de son livre Une famille à Bruxelles le parcours intime de l’une des plus grandes réalisatrices belges du XXe siècle. A découvrir du 6 octobre au 15 janvier 2023 à Bozar. Voyez les informations complémentaires sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ALEXANDRIE FUTURS ANTÉRIEURS

Cet événement revisite la mégapole antique à l’apogée de son histoire à travers quelque 200 œuvres issues des plus importantes collections muséales européennes. Ouvrant une nouvelle perspective sur Alexandrie, l’exposition met en lumière son organisation urbanistique, politique, religieuse, la vie quotidienne de ses habitants ainsi que le rayonnement scientifique et philosophique de ce haut lieu civilisationnel dans le monde antique entre le IVe siècle avant J. C. et le IVe siècle de notre ère. Une vingtaine d’œuvres d'art contemporaines aug menteront leproposdel’exposition, suscitant des associations critiques et poétiques à travers les différentes sections grâce à une scénographie ambitieuse. De plus, les thèmes abordés seront fréquemment enrichis par des incursions dans d'autres époques byzantine, arabe, moderne offrant une compréhension plus large d'Ale xandrie à travers l'histoire. A découvrir à Bozar jusqu’au 3 janvier 2023. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : DIDIER VERMEIREN

Didier Vermeiren (Bruxelles 1951) vit et travaille à dans sa ville natale et à Paris. Répliques, renversements, dédoublements et inversions sont autant de stratégies artistiques récurrentes dans sa pratique. Ilest un dessculpteurs majeurs en Europe. Intitulée « Double exposition », elle présente une sélection de sculptures et de photographies récentes ou réalisées au cours des quatre dernières décennies. Un visage double de son mode créatif placé sous le mode de l’imagination et qui fait la part belle à la matière. Un événement à découvrir au Wiels du 9 septembre 2022 au 8 janvier 2023. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.wiels.be Avenue Van Volxem, 354 à 1190 Bruxelles

EXPOSITION : DESIGN ET TRANSFORMATION. HISTOIRES DU DESIGN TCHÈ QUE 1990 2020

Dans le cadre de la présidence tchèque de l'UE, l'exposition "Design et transformation. Histoires du design Tchèque 1990 2020" présente la République tchèque comme un lieu où naissent des innovations bénéfiques dans un contexte international et où les traditions locales spécifiques sont également préservées et valorisées. L'exposition explore les projets sélectionnés de treize entreprises à succès qui reflètent les bouleversements de l'histoire tchèque et dont les produits sont connus bien au delà des frontières de la République Tchèque, comme le constructeur automobile international Škoda et le producteur de meubles TON, ainsi que d'autres jeunes entreprises. L'exposition rendra également hommage à des domaines tchèques plus traditionnels, comme la verrerie. Une présentation de l'Académie des arts, de l'architecture et du design de Prague accompagnera l’exposition avec une projection vidéo sur la façade de la Maison de Prague à Bruxelles. A découvrir du 7 septembre 2022 au 8 janvier 2023 au Design Museum. Voyez tous les détails concrets sur le site www.designmuseum.brussel

Place de Belgique, 1 à 1020 Bruxelles

EXPOSITION : TOUTÂNKHAMUN HIS TUMB & HIS TREASURES

L’exposition Toutânkhamun : His tumb & his treasures propose une plongée inédite dans l'Égypte Antique. Avec ses centaines d'objets parfaitement reconstitués, ses décors époustouflants et ses explications passionnantes, il s’agit de l'expo la plus complète au monde pour découvrir la vie du jeune roi. Alors, prêt(e) à voyager dans la légende des pharaons ?

La découverte de son tombeau

Le 4 novembre 1922 à Louxor, après cinq années de fouilles infructueuses dans la Vallée des Rois, l'archéologue britannique Howard Carter a fait une découverte incroyable qui reste à ce jour sans précédent. Éclairé par la lueur d’une bougie, il s’est retrouvé face l’impressionnante tombe dorée du pharaon Toutânkhamon, mort il y a plus de trois mille ans, entouré de tous ses trésors. Un monarque dont on ne connaissait pas grand chose et qui

Le tombeau

Son tombeau recélait un fastueux sarcophage de cent dix kilos doté d’un masque d'or et de plus de deux mille objets en parfait état. Il est à noter qu’il s’agissait d’une des rares tombes à avoir été trouvée dans un état impeccable avec du mobilier dont un splendide trône, plusieurs lits, des bijoux, des statuettes, des cannes, des vases, des éventails, des diadèmes et bien d’autres choses. Le fabuleux trésor retrouvé dans ce tombeau qui n’a pas été visité par les pillards laisse augurer de la magnificence des demeures ultimes offertes aux monarques.

Il y a plus de trois millénaires

Toutânkhamon est monté sur le trône en 1332 av. J. C. à l'âge de neuf ans en tant que l'un des derniers rois de la XVIIIe dynastie. Son père était le roi hérétique Akhénaton. La réalisation la plus importante de son règne a été le rejet des réformes religieuses radicales de son père qui avaient déstabilisé tout le pays. Selon les dernières études, le jeune roi souffrait de graves maladies qui ont précipité son décès à même pas vingtans. Les raisons desa disparition n’ont pas été totalement élucidées, même si les experts s’accordent à affirmer qu’il souffrait de diverses pathologies. Certains parlent même d’un accident de char lancé à toute allure et qui lui aurait été fatal.

Que voit on dans l’exposition ?

Il y a cent ans, le Metropolitan Museum avait envoyé Harry Burton comme photographe des fouilles. Ce dernier était « l'œil et la mémoire de Carter ». Avec son énorme appareil photo et ses plaques négatives encombrantes, il arpentait inlassablement le lieu de la découverte et avait installé son laboratoire et sa chambre noire dans la tombe voisine. Chaque étape des travaux d'excavation a ainsi été documentée en photographies jusque dans les moindres détails. En tout, deux mille huit cents négatifs sur verre grand format ont été tirés et répertorient toutes les découvertes et leur emplacement dans la tombe.

Cette exposition reproduit le plus fidèlement possible ces clichés et les redistribue tels qu’ils sont apparus aux explorateurs. Grâce à la 3D, les visiteurs ressentent ce qu’a vu l’archéologue britannique lors de la découverte de cet inestimable trésor funéraire égyptien. Trois mille mètres carrés accueillent aujourd’hui et durant tout l’été plus de mille objets pour une immersion aussi réaliste que possible pour côtoyer l’une des momies les plus célèbres. Cela se passe à Tour et Taxis jusqu’en décembre 2022 Voyez tous les détails pratiques sur le site www.tutankhamunexpo.com Av. du Port, 86C à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : MAGICALTHEATRES

La Porte de Hal vous ouvre les portes d’un univers rempli d’histoires, des pièces de Shakespeare aux contes des frères Grimm. Vous pourrez découvrir le charme de ces petites œuvres d’art apparues il y a deux siècles, reflétant la grandeur des scènes théâtrales de Londres, Paris ou Vienne. Au cœur de l’exposition, le chat botté en version animée guidera petits et grands. Il vous emmènera dans les salons bourgeois de l’époque pour vous conter l’histoire et le contexte de ce patrimoine exceptionnel. Venez découvrir la diversité et la sophistication des décors d’autrefois mais aussi les versions d’artistes actuels. L'exposition se déroulera au troisième étage du bâtiment féérique du Musée de la Porte de Hal. Ce vestige de la seconde enceinte de Bruxelles dévoiledans une présentation permanente l’époque oùla ville était fortifiée et propose un panorama impressionnant depuis sonchemin de ronde. Les expositions temporaires qui y sont présentées annuellement mettent l'accent sur divers aspects de la vie quotidienne d’hier et d’aujourd’hui, en puisant régulièrement dans les collections d'Ethnologie européenne des Musées royaux d'Art et d'Histoire. Le théâtre en papier, théâtre miniature outhéâtre detable, était, autrefois, une source de plaisir pour petits et grands. Il est, aujourd’hui, un peu tombé dans l’oubli. L’exposition « Magical Theatres » va vous faire revivre ce monde magique du théâtre jouet, ses merveilleux décors colorés et ses petits acteurs de papier. Un événement qui écarte le châssis du rêve pour le concrétiser jusqu’au 4 décembre 2022 et qui est à découvrir à la Porte de Hal. Plus de détails sur le site www.brusselsmuseums.be

Boulevard du Midi, 150 à 1060 Bruxelles

EXPOSITION : UN SIÈCLE EN MOUVEMENT

Marc Sleen a dessiné deux cent dix sept albums de Néron. Autant d’albums d’une même série, voilà tout simplement un record du monde consacré par le Guinness World Records Book ! Sleen a été anobli par le roi, mais son œuvre et sa carrière se sont révélé le reflet précieux d’une époque. Le temps passe et parfois pousse dans les oubliettes ce qui a réjouit toute une génération de gamins. Pour le centième anniversaire de la naissance de cet artiste prolifique, le Centre belge de la Bande Dessinée confronte son travail avec le monde actuel, question de souligner l’évolution de la société, les progrès techniques mais aussi de confronter les images d'hier à celles d’aujourd’hui. Marc Sleen est souvent présenté comme l'un des pères de la bédé flamande avec Bob de Moor, Willy Vandersteen et Jef Nys. Né dans le quotidien de Nieuwe gids, le personnage de Néron est devenu récurrent au rythme de deux strips par jour pendant plus de cinquante cinq ans. Cette exposition est à découvrir jusqu’au 5 mars 2023 au Centre belge de la Bande dessinée. Plus de détails sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : JULES BUYSSENS, ARCHITECTE

PAYSAGISTE

Jules Buyssens est une figure majeure de l’art des jardins et du paysage. Les Bruxellois lui doivent, entre autres, la conception du parc d’Osseghem et la restauration des jardins de l’abbaye de la Cambre, mais son œuvre singulière et variée a dépassé les frontières de la Belgique. L’exposition retrace le parcours de cet homme qui a marqué l’histoire de l’art des jardins mais tente aussi de répondre à des questions contempo raines, telles que la relation entre écologie et architecture du paysage, la vocation et les ambitions de la formation, le rôle des supports visuels dans la création et la diffusion des idées. Après une formation internationale qu’il termine comme chef de bureau dans la célèbre agence d’Édouard André à Paris, Jules Buyssens conçoit près d'un millier de projets en Belgique et dans une dizaine de pays européens (France, Russie, Suisse, Pays Bas, Luxembourg, Monaco, Pologne, Lituanie).

Inspecteur des plantations de la Ville de Bruxelles pendant plus de 30 ans (1904 1937), il fut aussi le responsable des aménagements paysagers de l’Exposition universelle de 1935 au Heysel. Avec la restauration des jardins de l’abbaye de la Cambre à Bruxelles, il est aussi l’un des premiers en Belgique à aborder la dimension patrimoniale de l’architecture du paysage. Enfin, Buyssens est la cheville ouvrière de l’association et de la revue Le Nouveau Jardin Pittoresque (1913 1940) qui défendent de manière systématique et structurée une inspiration reposant directement sur les exemples de la nature sauvage. Il développe cette réflexion ‘pré écologique’ à travers des relations étroites avec le monde des botanistes de l’Université de Bruxelles, notamment Jean Massart. Cette personnalité centrale de la première moitié du XXe siècle n’a pas fait l’objet d’une présentation globale depuis près de 40 ans. L’exposition est l’occasion de combler cette lacune dans l’histoire des jardins belge et internationale, de montrer des documents d’une qualité graphique exceptionnelle en grande partie inédits (photos anciennes, plans, archives écrites, objets), mais aussi de répondre aux questions contemporaines liées à l’architecture du paysage. Une exposition à découvrir au Civa jusqu’au 12 février 2023. Plus d’informations sur le site www.civa.brussels

Rue de l'Ermitage, 55 à 1050 Ixelles

EXPOSITION : SHIN HANGA

L’exposition Shin Hanga présente pas moins de deux cent vingt estampes japonaises provenant de deux collections privées des Pays Bas, ainsi que des croquis, épreuves et estampes provenant de la collection du petit fils de l’éditeur Watanabe. Ces œuvres seront complétées par un choix d’estampes Shin Hanga de la riche collection du Musée Art & Histoire. Le mouvementShin Hanga (littéralement : « nouvelle estampe ») est un mouvement de renouveau de l’estampe traditionnelle (ukiyo e) au début du 20e siècle. L’éditeur Watanabe Shōzaburō (1885 1962), constatant la diminution de la production xylographique due à la concurrence des nouvelles techniques importées telles que la photographie et la lithographie, sera le plus grand promoteur du mouvement. Il rassemblera autour de lui des artistes dont il fit réaliser les dessins selon les techniques traditionnelles de l’impression sur bois. Tout en reprenant les thèmes classiques comme les paysages, les jolies femmes (bijin), les acteurs de kabuki, les fleurs et oiseaux, les estampes Shin Hanga reflètent aussi le Japon qui se modernise et elles séduisent par une nouvelle

esthétique et une qualité de production extrêmement soignée. Les artistes exposés sont Kawase Hasui, Itō Shinsui, Ohara Koson, Kasamatsu Shirō, Komura Settai, … Cette exposition est une suite logique de la grande exposition Ukiyo e qui s’est tenue au Musée en 2016 2017. Elle reprend l’histoire de l’estampetraditionnelleauJapon,làoùl’expositionde2016seterminait. Pourcetteexposition, lemusée collabore avec Chris Uhlenbeck, commissaire invité. L'exposition a été présentée au Museum für Ostasiatische Kunst de Cologne et, dans une version réduite, à la Sieboldhuis de Leyde. Un événement à découvrir au Musée Art & Histoire du 14 octobre 2022 au 15 janvier 2023. Plus de détails sur le site www.artandhistory.museum

Parc du Cinquantenaire à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ARIÉ MANDELBAUM

Souvent exposé en Belgique comme à l’étranger, le travail du peintre Arié Mandelbaum (°1939, Bruxelles) n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une rétrospective. Pour la première fois, productions anciennes et créations récentes sont mises en dialogue, dans un riche parcours présentant une quarantaine d’œuvres s’étalant de 1957 à 2022. Fils d’immigrants juifs polonais, Arié Mandelbaum commence à peindre à l’âge de seize ans. Dès 1960, il présente une première exposition personnelle, avant de remporter cinq ans plus tard le prix de la Fondation belge de la Vocation. À l’expressionisme exacerbé de ses débuts, succède à partir des années 1980 une expression plus retenue, donnant naissance à des œuvres à la fragilité troublante qu’il poursuit jusqu’à aujourd’hui. Les œuvres présentées proviennent des collections du Musée Juif de Belgique, mais aussi d’institutions comme le Musée d’Ixelles, le Musée de la Banque nationale de Belgique ou encore les collections de la Fédération Wallonie Bruxelles. Nombre de collections privées ont également été mobilisées, notamment celles de particuliers ou encore la Belfius Art Collection. L’exposition s’articule en différents chapitres thématiques. On découvre d’abord la manière dont le peintre traite la question de l’intimité et la famille, avant que la politique la contestation de 1968, la guerre du Vietnam ne vienne télescoper ces questionnements intérieurs. Le parcours se poursuit par l’exploration de l’autoportrait et du corps, deux thèmes qui montrent comment le travail d’Arié Mandelbaum se transforme en une réflexion sur la trace, l’absence, l’effacement. La violence politique la torture à Abu Ghraib, l’assassinat de Lumumba fait alors un retour marqué dans son travail. Au cours des deux dernières décennies, celui ci est toujours plus marqué par la mémoire de la Shoah comme un retour du refoulé chez cet enfant caché durant la Seconde Guerre mondiale. Des œuvres à découvrir au Musée juif de Belgique jusqu’au 5 mars 2023. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.mjb jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles

DISQUE : LES CHANT DES PROFONDEURS

Musicien, conteur, peintre, écrivain et poète, Hamsi Boubeker est né le 22 avril 1952, à Bejaia, petite ville portuaire méditerranéenne de Kabylie et vit aujourd’hui dans la petite commune Saint Josse ten Noode. Il grandit pendant la guerre d'Algérie dans une famille de onze enfants et trouve son réconfort dans le chant polyphonique etle multiculturalisme de Bejaia. En 1963, après l'indépendance de l'Algérie vis à vis de la France, il devient choriste au conservatoire de musique de Bejaia. Il étudie les chants populaires kabyles, andalous et arabes avant de se rendre à Alger pour parfaire sa formation. Dans la capitale algérienne, il apprend à jouer de la guitare, rejoint une chorale de jeunes et perfectionne son style de chant romantique et nostalgique. Après avoir terminé ses études et son service militaire obligatoire, il devient l'assistant du célèbre écrivain, anthropologue et linguiste algérien Mouloud Mammeri. Pendant qu'il travaillait pour Mouloud, ils ont voyagé dans tout le pays pour collecter des chansons folkloriques anciennes, dont certaines inspireront plus tard la musique de Hamsi. Il enseigne également le français à Alger jusqu'en 1979, date à laquelle il se rend à Paris pour enregistrer ses premiers singles, "Afus Deg Gfus" et "Listiamar" pour le label Azwaw. Cette année là, il visite également la Belgique pour la première fois et est immédiatement séduit par le charme et l'accueil de ce pays.

En 1980, il s'y installe définitivement et s'installe à Bruxelles. Cinq ans plus tard, il enregistre son premier album Chante Les Berbères de Kabylie et commence à participer à de nombreuses émissions de radio et de télévision nationales. Il contribue ainsi à faire découvrir à la Belgique la musique folklorique de son pays, belle et mélancolique, tout en étant acclamé par la presse locale. Ayant vécu la guerre d'Algérie en direct pendant son enfance, Hamsi s'est engagé dans le mouvement antiraciste à Schaerbeek, un quartier multiculturel de Bruxelles. C'était une époque où les groupes d'extrême droite étaient très actifs en Belgique. Dans ce contexte, il est devenu activiste et a régulièrement participé à des concerts pour protester contre la guerre, les armes nucléaires et le racisme. Selon ses propres termes, "Mes chansons sont des armes qui ne tuent pas mais apportent la vie".Depuis qu'il a commencé sa carrière de peintre à la fin des années 80, l'artiste multidisciplinaire bruxellois Hamsi Boubeker s'est fait connaître dans le monde entier pour ses peintures lumineuses, colorées et chaleureuses. Desœuvresqui évoquentlefolkloreet laculturedesarégionnatale, laKabylie, unerégion côtière montagneuse du nord de l'Algérie, tels qu'il les a vus dans son enfance. Cependant, avant de commencer à exposer ses toiles pleines de vie dans des centres d'art, des galeries et des musées à travers l'Europe et l'Afrique du Nord, le premier amour de Hamsi était la musique folklorique. Entre 1979 et 1988, il a sorti une série de singles et d'albums magnifiques, notamment Le Chant Des Profondeurs, sorti initialement sur disque en 1988. Trois décennies et demie après sa sortie initiale, Frederiksberg Records est heureux de présenter la première réédition officielle du Chant des Profondeurs. Mélange enivrant de musique traditionnelle berbère de la région de Kabylie, de "chansons à boire, de musiqueirlandaise, de musique folklorique bretonne et de jazz", les huit chansons que Hamsi présentesur Le Chant Des Profondeurs puisent profondément danslestraditionskabylesquelesfemmes de sa famille maintiennent vivantes depuis des générations.

" Il était nécessaire de produire cet album, de faire voyager ma musique et les messages des textes pour que les gens découvrent que tous les humains sont semblables ", explique Hamsi. "Les Chant Des Profondeurs est une ode à la liberté, à la paix et à la fraternité".

L’album est disponible sur tousles services de streaming, Spotify, Apple Music etc., ainsi que sur le site de la firme Frederiks Berg records.

NETFLIX : CHEZ MOI

Javier aborde la cinquantaine. Ce "fils de pub" est aujourd'hui jugé démodé et se retrouve au chômage. Il est ainsi contraint de quitter les beaux quartiers et son bel appartement avec sa femme et son fils ado obèse parce qu'il n'a plus les moyens de payer le loyer. Ainsi, tout lui échappe, que ce soit sa réussite sociale, sa vie de couple, sa complicité avec son fils. Le hasard lui fait retrouver un jeu de clés toujours valable. Javier n'aura dès lors plus qu'une obsession : récupérer son bel appartement !

Il va commencer par épier les nouveaux locataires avant de faire irruption dans leur vie. Il saisit alors toutes les opportunités, y compris les moins avouables, pour parvenir à ses fins.

Avec les nuances du pervers narcissique manipulateur, le scénario nous prend de cours à plusieurs reprises, que ce soit en subtilité ou en brutalité.

Voilà un thriller espagnol tortueux pas toujours crédible mais peaufiné, maîtrisé et donc drôlement efficace.

NETFLIX : LE CABINET DES CURIOSITÉS

Le réalisateur Guillermo Del Toro n’a pas son pareil pour susciter l’effroi. En untournemain, il emporte le spectateur dans ses mondes et ne le lâche plus d’une semelle jusqu’au générique de fin. On lui doit quelques pépites du genre, tournées en Europe ou aux States, alternant films commerciaux boostés par les gros studioset desproduitspersonnelsgénéralement beaucoup plus intéressants surle plan desidées. Si on garde toujours en mémoire « Le labyrinthe de Pan », chef d’œuvre sur fond de guerre d’Espagne tourné en 2006, on a tous vu au cinéma ou à la télévision l’oscarisé « La forme de l’eau » (2017), un chef d’œuvre qui rend hommage aux classiques des années 50. Voilà donc l’enfant talentueux de retour avec une série directement conçue pour la petite lucarne et un peu dans l’esprit de « Les contes de la crypte » et autre « Masters of horror », présentée sous la formedehuitrécitsdontlesréalisateursontétésélectionnés par le Maître. L’occasion de frémir chez soi en forçant les verrous de zones étranges qu’il vaudrait mieux ne pas arpenter pour de vrai. Une collection de récits sinistres à l’atmosphère glauque et gothique qui revient à l’essence même de l’épouvante allant du satanisme à la mythologie. Au générique, beaucoup d’excellentes surprises comme la présence de Tim Blake Nelson, Rupert Grint, Kevin Keppy ou encore Ishan Morris. Des épisodes dont on attend énormément et dont la saison II est d’ores et déjà mise sur les roues. Chaque épisode possède sa trame propre et ses personnages, de même qu’un score original qui diffère de l’un à l’autre et faisant appel à des pointures de la musique de film dont le vétéran Christopher Young, Jeff Danna ou Jed Kurzel. Une anthologie menée tambour battant et dont on parlera vraisemblablement longtemps.

Sam Mas

CINÉMA : MES RENDEZ VOUS AVEC LÉO

Comédie sexuelle de Sophie Hyde, avec Emma Thompson et Daryl McCormack, d’après le scénario de Katy Brand. GB Etats Unis 2021, 97 min. Sortie le 30 novembre 2022.

Résumé du film Nancy, enseignante à la retraite, attend quelqu’un dans une chambre d’hôtel. Depuis42 ans, elle attend enfait son premier orgasme : l’escort boy qu’elle a choisi sur un site de rencontre va peut être le lui donner. Veuve, elle a le cœur à l’aise. Mais malgré une coupe de champagne pour mettre l’ambiance, Nancy panique à l’idée de cette première rencontre « sexy » qui pourrait l’aider à réaliser ses fantasmes de femme frigide.

Commentaire Comédie sur le sexe dans un registre peu courant, qui mêle la romance, l’érotisme et l’émotion des sentiments. Good Luck to You, Leo Grande, titre original du film, est signé Sophie Hyde, réalisatrice australienne de CM et de documentaires (The Hunting, 2019). Elle réalise ici sa première comédie sur un sujet sensible qui touche la majorité des femmes : atteindre la jouissance. La jouissance réelle, pas celle qu’elles feignent de ressentir pour satisfaire l’autre qui ne songe qu’à tirer son coup et être repu du désir sexuel.

Cette jouissance, on l’atteint à deux, dans une confiance réciproque partagée par l’étreinte. C’est le dialogue de deux corps qui se touchent, s’invitent, se confondent. L’extase est la délivrance de cette fusion pour la femme qui arrive à l’orgasme. A travers une approche progressive, faite de retenues et d’abandons, de danses avec l’autre et de massages des corps, Nancy et son escort boy vont apprendre, au fil de leurs échanges, à se connaître pour jouir des jeux de l’amour.

Il n’y a dans cette comédie sur le sexe aucun mot vulgaire (à part le mot pipe), aucune scène indécente, aucune allusion obscène : ce qui est sous la ceinture le reste par le jeu de la caméra qui opère dans l’allusif, dans le sous entendu, dans la métaphore. Comme Leo Grande dont le métier prétendu est de travailler sur une plateforme de forage. Et pour forer, il sait y faire, notre travailleur du sexe.

C’est joué tout en finesse par Emma Thompson qui allie sa frigidité d’enseignante sur la défensive avec son fantasme d’en sortir, le tout dans un mélange explosif qui fait sourire son mentor. Elle a connu l’apothéose dans lebiopic Dans l’ombre de Mary, dontelle a partagé l’affiche avec Tom Hanks en2013, et pour lequel elle a obtenu la palme de la meilleure actrice. Récompense qu’elle obtiendra encore pour la suite de sa carrière. A ses côtés, Daryl McCormack, jeune acteur irlandais de séries télévisées (Peaky Blinders, 2019), incarne un travailleur du sexe très sensible à ses patientes : un maître de la ménopause qui sait rendre confiance aux femmes sur le retour.

Le film a été tourné en 2021à Londres et à Norwich. Lascène de nu dans la glace où l’actrice contemple soncorpsest « probablement lascènelaplusdifficilequej’aieeueàjouer », adéclaréEmmaThompson, toujours très réservée. Mais c’est celle qui a suivi son premier orgasme libérateur.

Avis Comédie sensible sur le rapport sexuel pour la femme, jouée avec le réalisme des émotions. Le fantasme de Nancy nous réchauffe le cœur et les sens. L’amour passe d’abord par les mots.

Michel Lequeux

CINÉMA : CALL JANE

Drame de Phyllis Nagy, avec Elizabeth Banks, Sigourney Weaver, Chris Messina, Cory Michael Smith, Kate Mara et Wunni Mosaku. USA 2021, deux heures. Sortie le 30 novembre 2022.

Résumé du film Chicago, 1968. Joy, la femme d’un avocat pénaliste, déjà mère d’une adolescente de 15 ans, se retrouve enceinte dans des circonstances difficiles pour elle. Cette grossesse tardive peut compromettre sa vie. L’hôpital refuse cependant l’avortement thérapeutique au nom de l’enfant qui pourrait naître en bonne santé. L’enfant, pour les médecins, passe avant la mère, dût elleysuccomber. Sansenavertirsonmari,Joys’adresseàungroupedefemmes impliquées dans l’avortement clandestin. Leur numéro d’appel est placardé sur des affiches à la sauvette : Call Jane !

Commentaire Nous sommes cinq ans avant l’arrêt Roe v. Wade qui légalisa l’avortement aux Etats Unis en 1973. Phyllis Nagy, dramaturge américaine dont c’est ici le premier film, s’est inspirée de faits réels pour brosser le portrait de la société à cette époque là. Elle nous montre le parcours difficile des femmes qui refusaient d’assumer leur grossesse. Il est clair que les médecins en profitaient largement, les diplômés comme les autres qui n’avaient pas leur diplôme en poche. Clair aussi que les femmes n’étaient pas logées à la même enseigne : celles qui avaient l’argent pouvaient s’offrir l’avortement, tandis que les autres, notamment les femmes noires, raclaientlesfondsdetiroirpourpayerlemédecin. Ourecouraient auxservicesdes« faiseusesd’anges ».

En 1968, au moment où se passe le film, les femmes au foyer n’avaient pas accès à un compte en banque et Joy, l’héroïne du drame, doit imiter la signature de son mari pour retirer mille dollars, le tarif de l’intervention clandestine.

On suit cette intervention dans le détail clinique, dissimulé sous un drap, tandis que le médecin opère avec ses instruments de chirurgie. On craint pour ces femmes qui vont passer sous les pinces. Tout s’y trouve, y compris le collectif de femmes dénommées les Janes, qui s’affairent dans une maison transformée en cabinet médical d’appoint, sousla surveillance de la plus âgée d’entre elles, incarnée par Sigourney Weaver, démocrate très à gauche qui a participé à toutes les manifestations « pro choice ». Tout y est, oui, sauf que c’est raconté comme dansune série télévisée, en mélangeant l’anecdotique avec le sujet principal, la lutte des femmes pour l’avortement. Pour leur droit de décider de leur corps. On a l’impression que ce droit passe au second plan devant Joy qui s’improvise médecin à son tour. Et qui y va de sesdoigtsdebienfaitrice. Ce dramesocialméritaitunautre engagement plusfort, plusconvaincant que la brouille d’une soirée entre le mari et la femme. Le mari qui finira par rejoindre le clan des Janes pour défendre leurs valeurs.

C’est trop beau pour être juste, et c’est illustré par des exemples trop faciles. Le drame, il est vrai, a été réalisé en 2021, avant que l’arrêt de la Cour suprême nesoit revu en juin 2022 pour laisser à chaque Etat le soin de décider du droit à l’avortement. Les démocrates viennent d’ailleurs de limiter les dégâts. Joy est interprétée par Elizabeth Banks, qui a prêté ses traits à Laura Bush dans le biopic L’improbable président d’Oliver Stone (2008) et qu’on retrouvera plus tard comme Effie Trinket dans Hunger Games (2012) et ses suites. On croit difficilement à la magie de ses doigts ici.

Avis Un sujet fort sur l’avortement, qui aurait mérité d’être traité plus en profondeur Michel Lequeux

CINÉMA : LE OTTO MONTAGNE

Drame de Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch, avec Alessandro Borghi et Luca Marinelli. Italie Belgique France 2022, 147 min. En italien sous titré. Sortie le 14 décembre 2022.

Résumédu film Pietro est ungarçon de la ville. Bruno, lui, est le dernier enfant à vivre dans unvillage oublié du Val d’Aoste, à la frontière de l’Italie et de la Suisse. Tous deux se lient d’amitié dans ce coin perdu des Alpes qui leur tient de royaume l’été, quand ils se rejoignent. Alors que Bruno va rester fidèle à sa montagne, Pietro parcourt le monde, à la recherche des plus hautes cimes. Mais celle de leur cœur va sceller leur amitié pour toujours.

Commentaire Adaptées du roman éponyme de Paolo Cognetti paru en 2016, Les Huit Montagnes sont un hymne à la nature sauvage. Elles chantent le refrain de Jean Ferrat, Que la montagne est belle ! Tout en sourdine derrière les deux enfants qui la gravissent, derrière les deux hommesqui l’escaladeront plus tard, derrière les ânes qui y portent le ciment et les bois pour la construction d’un refuge, la montagne montre son inviolabilité. Elle dévoile ses cimes comme le Cervin, mangeur d’hommesqui mangera l’undesdeuxhéros de l’histoire. L’exergue final de ce drame est dédié à Gabriele « Rambo » Vuillermin, l’ami de l’écrivain, un bon géant à la barbe rousse qui ne faisait qu’un avec ses montagnes et qui a inspiré le récit de ce film.

Le réalisateur flamand Felix Van Groeningen, auteur de mélos sulfureux comme La merdidude des choses (2009) et Alabama Monroe (2013), et sa compagne Charlotte Vandermeersch mettent en scène une amitié indestructible. Une amitié qui se forgera dans les alpages, que les années n’arriveront pas à entamer malgré les brouilles familiales et les ennuis financiers.

Un refuge en ruines, à retaper, va devenir le ciment de cette amitié, à des heures de marche de toute civilisation. A chaque pierre posée, à chaque poutre dressée, les deux amis vont recréer les liens brisés de leurs familles. Chaque été, Pietro retrouvera ce coin perdu du Val d’Aoste avec son ami Bruno, qui l’attire comme un aimant même s’il s’est exilé à l’autreboutdumonde, auNépal,sansparvenir à fonder une famille.

Le film progresse avec Pietro, au pas lent et infatigable du randonneur, dans une splendide image au format carré comme autrefois. Cette image est signée Ruben Impen, caméraman belge qui avait déjà collaboré avec Julia Ducournau pour Grave (2016) et Titane (2021), Palme d’or à Cannes l’an dernier. Le otto montagne a reçu le prix du Jury cannois cette année. Le drame est joué par deux grands acteurs italiens parmi les meilleurs, dont le cascadeur Alessandro Borghi. Seul bémol : la longueur du film, malgré certaines ellipses, que l’on parcourt en spectateur immobile, en se demandant où mènera cette randonnée au bout du monde.

Avis Un drame ample, lyrique et partagé, qui nous entraîne dans la montagne, au pas du marcheur. Michel Lequeux

CINÉMA : LE PARFUM VERT

Comédie policière de Nicolas Pariser, avec Vincent Lacoste, Sandrine Kiberlain, Rüdiger Vogler et Léonie Simaga. France 2022, 100 min. Sortie le 21 décembre 2022.

Résumé du film En pleine représentation, un comédien de la Comédie française s’effondre, victime d’un empoisonnement. Martin, lui aussi comédien et témoin direct de l’assassinat, est soupçonné par la police d’en être l’auteur, et il est pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le crime. Sa fuite lui fait rencontrer Claire, une dessinatrice de BD qui l’invite à prendre avec elle le train de Bruxelles pour remonter la piste de l’organisation.

Commentaire La suite dans une comédie policière cousue de fil blanc, où s’enchaînent les meurtres opérés par une femme à l’imper. Le scénario, selon le réalisateur, s’inspire des BD d’Hergé dans les années 30 et des films d’Hitchcock. Il nous fait découvrir les demeures cossues de Bruxelles. Mais pas que : on découvre en fait l’Europe d’aujourd’hui, de gare engare, ensuivant lesaventuresimprobablesd’uncouplequi ressembleàTintinet aucapitaineHaddock version féminine.

Sauf que... Tintin, c’est Vincent Lacoste dans uncontre rôle où ilessaie de donnerle change et de passer pour le naïf qu’il n’est pas. Il tombe plus d’une fois en syncope après avoir reçu une injection dans une maison de campagne de la banlieue parisienne. Ciel, relevez moi, et poursuivons ! Sandrine Kiberlain, boute en train de l’histoire, l’entraîne dans un périple... en train jusqu’à Budapest, au fil d’aventures loufoques mêlant l’espionnage, l’amour sur le retour et la recherche des indices du crime.

Nicolas Pariser, qui signe à la fois la réalisation et le scénario du Parfum vert, comme dans ses deux autres films, ymet pasmal de cadavres au placard queles enquêteurs découvrent enouvrant et refermant les tiroirs. Ajoutons y les références nombreuses à la judaïté (peut être dues à l’actrice, qui vient de réaliser Une jeune fille qui va bien) et le fait que nos deux tourtereaux enquêtent sur une dangereuse organisation d’extrême droite aux relents bien nazis (le chef est autrichien et parle allemand). Au total donc, un mélange qui va exploser dans un théâtre hongrois (la Hongrie ressue son passé), où se joue l’Illusion comique de Corneille qui donnera le fin mot de l’histoire. On cherche en vain le mot échangé et la substance transmise. Disons le tout net : le scénario, en transposant le passé dans le présent, manque de vraisemblance pour accrocher le spectateur. On se perd dans la seconde partie du récit qui reproduit la scène du début. Et la comédie tourne en rond. Où va t elle nous conduire ? Restent les lieux bien filmés par Sébastien Buchmann : la Comédie française, le Parlement européen de Bruxelles, les étangs d’Ixelles, les riches demeures bourgeoises qui servent de décor, ou les coulisses du théâtre hongrois où la séquence a été tournée. On est néanmoins bousculé d’un lieu à l’autre dans cette aventure de Tintin à la recherche du parfum qui tue. On n’en saura pas plus à la fin de l’histoire, sur une stèle chinoise qui attend ce parfum mystérieux au goût d’anthracite.

Sandrine Kiberlain était plus convaincante dans d’autres rôles (Chronique d’une liaison passagère) et Vincent Lacoste, superbe avec sa moustache dans De nos frères blessés, se laisse ici entraîner dans une comédie ratée qui mélange genres et références.

Avis Une comédie vaguement inspirée des aventures de Tintin en 1930. Difficile d’en suivre le fil qui ne conduit nulle part.

RENCONTRE AVEC ERIC EMMANUEL SCHMITT... ET UN IMMORTEL DE HUIT MILLE ANS !

« Un véritable roman d'aventure, avec une intrigue tragique et biblique. Magistral. » (Le Figaro) « Un syncrétisme de haute volée. » (Libération). L'Histoire de l'humanité racontée sous la forme d'une ambitieuse saga à la fois historique, romanesque et haletante, traversant les siècles, les âges, les bouleversements, « La Traversée des temps » de Eric Emmanuel Schmitt, écrivain et académicien renommé également historien, philosophe, nouvelliste, comédien et réalisateur, se présente telle une somptueuse et intense odyssée, un projet de longue haleine élaboré par notre dramaturge à l'imagination fertile, qui nous balade sans temps mort de la préhistoire à nos jours, ses connaissances et savoirs placés ici entre les mains de personnages forts mais aussi d'une grande sensibilité.

« Un frisson. D'abord un frisson. Insistant, le frisson pèse, file, s'étend, lézarde, se multiplie,... » Né il y a 8000ans au sein d'unvillage lacustre, Noamen est le pilier, le héros, le précieux fil conducteur, qui bientôt rencontre la fascinante Noura. De l'amour dans l'air ? Pur et sincère ? Suspense...

Les titres des premiers tomes de cette traversée semée d'embûches, de drames, d'évolutions et de révolutions, sont : Paradis perdus, La porte du ciel, Soleil sombre. Tout un programme ! « Palpitant, enrichissant, drôle et tendre. On est pressé de lire la suite. » (Ouest France) Mais Noam est il en fait le seul à franchir ainsi les époques ? Suspense...

Dumondeet del'enthousiasme,unintérêtmanifeste, dessourireset riresauxbonsmots, aucunequestion ne restant sans réponse sans qu'il n'en soit trop dévoilé sur l'intrigue, la vibrante librairie Filigranes (Bruxelles, Belgique) a frappé fort en invitant Eric Emmanuel Schmitt en ses murs ce vendredi 11 novembre à l'heure où, à quelques centaines de mètres de là, était célébrée l'Armistice. La fin de cette sinistre guerre qui a décimé tant d'âmes entre 1914 et 1918. Une autre traversée... Frappé fort ? Le défi se révélait de taille (recevoir Schmitt un jour férié dès 10h30 du matin !) mais le succès fut au rendez vous : une file de près de deux heures s'est formée, chacun et chacune avec son « Soleil sombre » à la main, le troisième tome paru récemment (Editions Albin Michel). Schmitt encore et toujours lu de par le monde, aux commandes de l'événement : Marc Filipson, le fondateur de Filigranes très bon dans le rôle de présentateur.

Et si nous présentions la rencontre sous la forme d'un agréable questions réponses ?

Combien de tomes avez-vous prévu pour raconter l'entièreté de cette traversée ? Ils seront au nombre de huit et traverseront toute l'Histoire.

Qui est Noam en fait ? Un personnage immortel, sensible, très fraternel, qui souhaitera un jour devenir mortel.

Le chat, important et même essentiel dans cette mythique Egypte ancienne ? L'Histoire nous l'a prouvé, pas mal de publications en témoignent, il y a également les hiéroglyphes...

En ce qui concerne vos propres croyances et convictions, qu'en est-il exactement ? L'écrivain se reconnaît ouvertement « vrai biblique libre ». (Ainsi soit il !)

Noam un temps gigolo au coeur du troisième tome, est-ce vrai ? C'est exact, les circonstances à découvrir dans l'œuvre...

Et l'amour dans tout ça ? Une belle et merveilleuse histoire traversera la saga. Suspense...

Noam se convertissant en faussaire ? Dans quel but ? À certains points de vue, nécessité oblige...

Combien de temps a pris la gestation de votre projet et quand vous en avez débuté l'écriture, saviez vous déjà comment vous le termineriez ?

Trente ans de préparation, recherches et réflexion, ont été nécessaires et lorsque l'écriture a débuté, notre écrivain savait en effet déjà, ceci dans les grandes lignes, comment se terminerait l'aventure, toute la charpente étant conçue.

Pourquoi avoir choisi ce titre de « Soleil sombre » pour cet épisode ?

L'oxymore : une figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires, ici voulu afin de créer l'étonnement, lasurprise. Chacunsait quel'Egypte ancienne était une terre de contrastes, d'antagonismes, de dualité.

Avez vous déjà reçu des propositions intéressantes d'adaptation télévisée ou cinématographique pour la Traversée des temps ?

Oui, même des USA, mais tant que l'auteur ne sera pas parvenu à quelques encablures du terme, il n'acceptera aucune proposition, c'est un non ferme qu'il a exprimé, plus d'une centaine de paires d'yeux suspendus à ses lèvres, Schmitt toujours aussi à l'aise face à ses lecteurs toujours aussi nombreux

Notons que certaines des questions répertoriées ci dessus ont été posées par le public alors que d'autres l'ont été en privé par votre serviteur chroniqueur, toutes ayant obtenu une réponse claire. Plaisir, plaisir,

Si nous évoquions pour conclure la librairie Filigranes qui l'a invité ? Véritable institution créée en 1984 par Marc Filipson, qui s'est posée cinq ans plus tard avenue des Arts au cœur de Bruxelles, elle atteint à présent une superficie de 2600 m2 totalement dédiée à la littérature, la bédé (et bien davantage) incluse ; s'y côtoient tous les genres ainsi que diverses collections, citons au passage celle des Opuscules publiée par les éditions Lamiroy qui fêteront leur dix ans d'existence en 2023, et n'oublions point de mentionner la présence d'un bel espace dédié aux présentations et séances de dédicaces, un comptoir de petite restauration également de la partie, desserts et autres collations prêts à alimenter l'organisme avant ou après s'être nourri de mots. De quoi se retaper à la fois les neurones et l'estomac 7/7 de l'aube au crépuscule. Filigranes, un véritable paquebot qui tient très bien la route... pardon, la mer, et sans prendre l'eau !

UNE SAISON À L’ONU

Avec la guerre en Ukraine, l’ONU revient régulièrement à la une des médias. Une organisationconsidérée comme désuète par certains et qui a montré ses limites pour d’autres. Karim Lebhour et Aude Massot n’entendent pas revenir sur le bien fondé ou non de cette institution, mais l’approcher de l’intérieur en se parant du véhicule de la narration pour présenter une chronique décalée et édifiante de son modus operandi. Malgré tout ce qui a été écrit ou clamé à son encontre, elle reste l’alternative pour faire entendre sa voix vis à vis de la communauté internationale. Pour prétexte, les auteurs partent d’un discours tenu par le ministre indien des Affaires étrangères auquel il faut plusieurs minutes pour comprendre qu’il est en train de lire à voix haute celui de son homologue portugais. Correspondant de presse au siège de l’ONU pendant quatre longues années, Karim Lebhour connaît parfaitement son fonctionnement et use de ses connaissances pour nous livrer un récit cousu main qui mélange fiction et réalité du terrain dans une sorte de melting pot qui ravira les amateurs de bédés qui jouent avec les codes tout en restant sérieuses. Un lieu où s’ouvrent de grands débats et où se jouent l’avenir de plusieurs nations !

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TAI DAM TRAVERSER LE MÉKONG

Chaque migration cache souvent une tragédie. Marijah vit aujourd’hui en France et ne sait rien de ses origines. Un manque la creuse et elle aimerait savoir d’où elle vient. Encouragée par son compagnon Joël, elle entreprend un voyage pour marcher dans les traces des siens. Un périple qui tient autant de l’initiation que de la thérapie. La voilà dont chez les TaiDam ou Thais noirs, cette ethnied’Asie duSud Ouest coincée entre le Laos, la Thaïlande, le Vietnam et la Chine. Le départ de ses parents tient au mouvement communiste du Pathet Lao qui a pris les rênes du pouvoir au milieu des années 70 après avoir renversé le roi du Laos. Cinq mille personnes ont été forcées de fuir, embarquant pour les Etats Unis, l’Australie ou l’Europe. En allant à la rencontre de sa culture et de sa famille, la jeune femme désire trouver des réponses à ses questionnements, tout en ne renonçant pas à son existence loin de là. Bien entendu, de nombreuses surprises se présentent à elle, loin de la décourager dans sa quête. Joël Alessandra nous propose un récit pour comprendre le déracinement mais également nous raconter une part de l’histoire coloniale qui a remodelé les frontières d’une partie du monde. Basée sur un fait véridique, cette bédé refuse de jouer la carte du pathétisme et se veut volontairement positive. Un récit volontaire pour savoir, découvrir, comprendre et … surtout ne pas oublier ! Ed. Steinkis 154 pages

Andrea Cerasi

S’IL SUFFISAIT QU’ON S’AIME

Cette bédé s’ouvre en juin 2013 lors de la Marche des fiertés à Paris. Daphné et Julie s’y croisent et décident de se revoir, avant de tomber amoureuses. Les cartes sont distribuées. L’action se situe alors que la France émet la possibilitéauxhomosexuelsdesemarier. Unerévolution dans le paysage national, avec toujours des préjugés qui perdurent et des opposants qui font entendre leur voix. Ce roman graphique ne fait pas que raconter une belle histoire d’amour, mais narre un combat jamais gagné face au regard des autres, du mépris et des sarcasmes. Pourtant, DaphnéetJulieGuillot réussissentànousoffrir une belle parenthèse estivale, une histoire qui sort des lieux communément habités et qui joue la carte de l’empathie ou de l’identification. Et si moi ? D’emblée se pose la question de savoir de quelle manière je pourrais réagir confrontée à telle situation. Un récit porté sans mièvrerie et qui n’occulte jamais les problèmes de société. Que vouloir de plus que le bonheur de Daphné et Julie ? On rêve déjà de les voir vieillir ensemble dans la joie sereine et intense.

LA SEPTIÈME FONCTION DU LANGAGE

Le philosophe français Roland Barthès est décédé le 26 mars 1980 à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, renversé par une voiture alors qu’il marchait dans le passage pour piétons. La presse se hâte de relayer l’information et une enquête est ouverte. Jacques Bayard et Simon Herzog, un jeune sémiologue, diligentent l’enquête. Et s’il était question d’un crime ? Si oui, quels en seraient les commanditaires ? Les questions se tournent du côté de ce qui est appelé la septième fonction du langage, capable de convaincre n’importe qui de faire n’importe quoi à n’importe quel instant. Roland Barthès possédait ce talent et se faisait jalouser par de nombreux intellectuels et politiciens de son époque, poussant peut être certains à souhaiter réellement l’éliminer. Xavier Bétaucourt, Olivier Perret et Paul Bona adaptent ici le thriller de Laurent Binet qui met en scène une galerie de personnages historiques allant de Giscard d’Estaing à Michelangelo Antonioni, Jacques Derrida à Michel Foucault, sans oublier toute une panoplie de people d’alors. Très documenté, cet ouvrage dépeint les luttes complexes dans un monde divisé par les idées et le pouvoir, avec un ton parfois proche de la caricature en accumulant détails vrais et supputations, canulars et documents dans un bain souvent très sex, drugs and rock & roll. Ceux qui ont moins de cinquante balais ne peuvent forcément pas avoir connu les eighties !

158 pages

MALÉFICES LES LÉGENDES DU DÉSERT

Gorgona règne sur le peuple des démons. Bien sûr, elle possède cette prérogative d’être écoutée par tous, même si elle ne possède aucun pouvoir. Du coup, du haut de ses quatorze printemps, elle se sent bien différente de ses vassaux et souffre de cette différence. Puis, son papa lui offre un cadeau auquel elle ne s’attendait pas. Un présent bien étrange qui devient le point de départ d’une aventure riche en apprentissages et en rencontres. Elsa Bordier au script et Sanoe à l’illustration nous offrent une bédé riche en rebondissements qui reprend le thème mille fois exploité de l’initiation ou de quelle manière un(e) nul(le) se révèle à soi même pour être adoubé(e) par les autres. Bien entendu, au delà du premier niveau de lecture, on peut y voir un rite transitoire qui permet de passer de l’adolescence à l’âge adulte, del’expérimentation àlamaturité qui galvanise les esprits. Maléfices à gogo, pièges en tous genres, créatures hybrides … rien ne manque pour divertir. Au fil des pages, on se laisse convaincre par la pertinence du récit et on en arrive à se prendre au jeu.

N.E.O- AU PLUS

PROFOND DE LA TERRE

Et hop, ça continue ! Si vous n’avez pas lu les romans de Michel Bussi, voilà une alternative pour ne pas mourir idiot et passer un agréable moment récréatif. Alixe et Zyzo poursuivent leur voyage dans un monde postapocalyptique. Une société qui n’a rien à envier à celle qui n’est plus. Si les ados règnent un peu partout, certains d’entre eux deviennent des tyrans et se permettent tout et n’importe quoi, oubliant les règles qui régissaient le monde d’avant. Toujours à la recherche de réponses pour améliorer leur quotidien, les protagonistes savent qu’il importe de ne pas reproduire les erreurs d’hier. Adapté fidèlement par Stéphane Djet, Marcello de Martino et Maxe L’Hermenier, cette bédé joue la carte de l’efficacité en collant au plus près des chapitres de l’ouvrage original dont elle s’inspire. L’idée consiste ici à amener le jeune public à se familiariser avec la lecture en multipliant les invitations et en brassant une saga digne d’une vraie série US avec de la bagarre, des querelles, de l’amitié et un énorme point d’interrogation qui pousse chacun à aller au delà de ses forces. Bien sûr, ce quatrième volume n’entend pas déflorer une intrigue qui se nourrit d’autres épisodes. A l’aide d’un joli suspense, les épreuves s’amoncellent pour, progressivement, tendre un pont vers la lumière et un épilogue.

Jungle 64 pages

GATSBY LE MAGNIFIQUE

NickCarraway, unjeunehommeaméricainduMiddleWest atteignant la trentaine, se rend à New York pour travailler dans la finance. Par hasard, il trouve à louer une petite bicoque à Long Island, zone résidentielle très huppée et snob de la banlieue. C'est là que vivent Daisy, sa cousine germaine, et Tom Buchanan, son mari, issu de la même promotion que Nick à l'université Yale. Tom, beau et riche, paraît végéter auprès de son épouse, laquelle semble tout autant s'ennuyer ferme avec son mari. Elle passe le plus clair de son temps avec son amie Jordan Baker, joueuse de golf professionnelle. Tom, peu de temps après, demande à Nick de l'accompagner pour lui présenter sa maîtresse, Myrtle Wilson, la femme d'un garagiste sur la route qui relie New York à Long Island. Nick, témoin de l'inconstance de Tom et de l'enlisement du couple qu'il forme avec Daisy, n'aurait guère d'intérêt à fréquenter les Buchanan s'il n'y avait le rapprochement de plus en plus sensible avec la belle Jordan. Celle ci s'étonne qu'il ne connaisse pas Gatsby dont tout le monde parle de la richesse fabuleuse. Ce dernier offre fréquemment des réceptions somptueuses qui accueillent des centaines de convives. Mais qui est Jay Gatsby ? D'où vient il ? Que fait il ? Les rumeurs les plus folles circulent sur son passé et sa fortune, même au sein de sa propre maison. Nick brûle de le rencontrer. Le classique de Francis Scott Fitzgerald est ici adapté en roman graphique par Fred Fordham et illustré par Aya Morton. Une transposition soignée et minutieuse qui retrace les années folles avec faste.

Ed. Philéas 206 pages

Amélie Collard

INITIATION À LA PHILOSOPHIE

Cet ouvrage n’entend pas faire de chacun un philosophe ou un expert en la matière, mais débroussailler ce qui doit l’être afin de remettre cette discipline au centre des intérêts. Il convient donc de raconter, d’expliquer, de commenter. Roger Caratini s’y attèle avec succès et parcourt les grands courants de pensée pour revenir sur l’influence de ceux ci. Partant d’un langage clair et compréhensible pour le plus grand nombre, même si l’exercice relève du funambulisme, cet ouvrage se divise endeux parties. La première s’accorde à présenter la philosophie occidentale classique depuis l’Antiquité au Moyen Âge ainsi que des contemporains tels que Nietzsche, Hegel et Schopenhauer. La seconde partie se concentre sur les problèmes fondamentaux et les concepts généraux soulignant l’importance de l’être, le connaître, l’agir, la morale, l’esthétique, la foi, etc. Cet essai s’adresse à toutes celles et à tous ceux qui ressentent un manque avec la disparition de la culture philosophique classique dans nos programmes scolaires et qui s’interrogent sur le sens des choses, la façon dont nous devons les circonscrire ou, du moins, nous interroger à leur propos. Sans autre prétention que de vulgariser unematière complexe, l’auteur ambitionnenéanmoins de permettre à l’un ou à l’autre de trouver des réponses aux difficultés de notre monde. Platon affirmait : La philosophie est unbeau risque à courir ! » Ed. L’Archipel 720 pages Andrea Cerasi

LE NOIR ET LE BRUN

Alors que nous venons de nous remémorer la Marche sur Rome de Benito Mussolini réalisée voilà tout juste cent ans, cet ouvrage tombe à pic pour nous raconter par le texte et les images la genèse du fascisme des années 20 à son apogée au milieu des années 40. Une large page de l’histoire moderne qui a mis le monde à feu et à sang par le biais d’une idéologie qui continue de générer des admirateurs. Jean Christophe Buisson s’évertue à nous montrer de quelle manière un pareil régime peut germer, de quel terreau il se nourrit et avec quelle facilité le peuple s’engage à l’acclamer. Bien que partant del’Italie etdel’Allemagne, ce livres’accorde à élargir le contexte en parlant d’adhésion mondiale, avec le soutien du Japon d’alors, troisième pilier de l’Axe. Fidèle à sa position, l’auteur englobe tout et ne se contente pas de traiter le seul aspect politique, car le fascisme se veut avant tout une philosophie générale qui phagocyte les arts, la philosophie et les technologies. En résulte un récit enlevé et complet qui revient sur une vingtaine de figures mises en image par des photographies d’époque exhumées des tiroirs, rares pour la plupart, voire inédites. L’occasion surtout de rappeler les risques qu’on encourt lorsqu’on donne les rênes du pouvoir à des élus qui prônent l’écrasement de tout corps social intermédiaire, qui bannissent les syndicats et l’opposition, qui drillent les esprits et qui s’engagent dans la voie du culte de la personnalité pour leur chef quasiment divinisé. Même si Mussolini n’était pas Hitler, Salazar pas Franco, etc. Ils se regardaient en bombant le torse dans le même miroir en martelant des slogans réducteurs qui trouvaient naturellementmaintes assissesdans l’opinion. Cet ouvrage n’a pas d’autre ambition que de restituer factuellement les événements en rapport avec leur chronologie pour comprendre la genèse, l’étoffement puis la chute de dictateurs qui ont entraîné le XXe siècle dans la tourmente.

CHARLES III

Le décès de la reine Elisabeth II a remis forcément le Prince Charles sur le devant de la scène, faisant bientôt de lui Charles III. Philip Kyle brosse ici le portrait d’un homme longtemps resté dans l’ombre de Queen Mom et dont l’actualité est demeurée discrète. Que sait on de lui hormis qu’il a été marié à lady Diana et qu’il avait parallèlement une maîtresse, Camilla Parker qu’il a fini par épouser. Hissé sur le trône à septante trois ans, il aura pour mission de préserver l’unité du clan Windsor, chahuté par différents scandales, et de faire face à de multiples défis (Brexit, guerre en Ukraine, crise gouvernementale, etc.) Il s’agit du premier ouvrage consacré au souverain avec pour objectif de ne pas user de la langue de bois et de répondre à toutes les questions des lecteurs. Comment envisage t il les années à venir ? De quelle manière s’est il préparé à la fonction royale ? Être l’héritier de quelqu’un qui a régné depuis 1952 pose t il des problèmes ? Fils de, époux de et père de,Charlesasanscessedûbatailler pour s’affirmer et promouvoir ses convictions. Onle sait volontaire pour moderniser la fonction à la tête de l’Angleterre, militant lorsqu’il s’agit de défendre la cause environnementale et la jeunesse défavorisée, mais cela suffira t il ? Bien entouré et conseillé par des experts, il y a fort à parier qu’il mènera son rôle avec diligence et restera dans la tradition familiale. Un ouvrage qui brosse avec maestria son style, ses ambitions et ses défis. Avis aux férus de biographie et aux fans de la royauté ! Ed. Perrin 462 pages

LE VOLEUR DE DRAP

Attention !Amateurs de récits jeunesse, voilà untitre qui pourrait vous enthousiasmer ! Il s’agit de l’aventure d’un petit fantôme qui s’est égaré et qui cherche à retrouver les siens. Pas une sinécure dans un univers dont il ne définit pas le périmètre et qui l’effraie paradoxalement autant qu’il le fascine. Ce spectre tout mimi fait immanquablement songer au gentil Casper de la même tribu des revenants. Bien entendu, chemin faisant, il croise des personnages qui n’ont vraiment rien de patibulaire et un, particulièrement, avec lequel naîtra une amitié sincère. Elodie Bouédec brasse en grande forme le thème du souvenir et parle de la mort avec une discrétion louable. Il s’agit avant tout de mettre en avant la disparition d’un proche pour en parler avec aisance, sans dramatiser quoi que ce soit. Entre bédé et narration, le récit se veut naturellement évolutif avec une ambiance singulière mais jamais horrifique. Il s’agit d’un texte illustré de beaux dessins ouatés, magnifiques et traités avec beaucoup de finesse. La fin du récit laisse planer un doute. Le fantôme a t il vraiment existé ou est il le fruit de l’imagination de celui qui s’amuse avec un drap pour jouer à effrayer les autres autant qu’à se faire peur ?

Ed. Grasset Jeunesse 40 pages

MONSIEUR NOURSE ET LA VIE

Voilà une sorte de livre philosophique adapté aux enfants. Pas de la grande philosophie comme on l’étudie dans les écoles, mais des réflexions qui brassent des sujets de tous les jours et qui les analysent avec justesse par le petit trou de la lorgnette. La gourmandise, les trucs inutiles, l’absence, Le secret, le journal intime, le bonheur, la vie douce et bien d’autres thématiques sont passées en revue pour offrir des petites leçons de sagesse qui prouvent ô combien ! qu’il ne faut pas se mettre martel en tête pour vivre heureux ni galvauder les trésors intimes qu’on possède. Par instants, on pense au travail de Philippe Geluck et à son Chat, tant le ton y est similaire avec un personnage fixe qui s’interroge sur son quotidien et sur la vie en général dans les rapports aux autres. Loin d’êtres banals, ces courts échanges en trois cases s’apparentent à des portions de bédés tout en allant assez loin dans la logique. L’occasion de découvrir les mécanismes de la pensée et la façon de la pousser toujours de l’avant avec un humour contagieux et une bonne humeur jamais prise en défaut. Christian Demilly et Alice de Nussy signent ce petit bijou bien plus intéressant qu’il en a l’air. Ah oui, le protagoniste est un ours. En l’occurrence : monsieur Nourse ! Ed. Grasset Jeunesse 32 pages Daniel Bastié

L’INTÉGRALE DU SACRÉ PÈRE NOËL

Que rêver de mieux que l’intégrale des albums culte de Raymond Briggs consacrés au Père Noël ? Deux volumes rassemblés pour la première fois en un seul et qui nous annoncent un 25 décembre festif. Comme à l’accoutumée avec ce dessinateur, peu de textes pour laisser la place aux vignettes qui s’apparentent presque à une bande dessinée. L’objectif consiste ici à distraire et à générer des sourires en mettant en scène un personnage solitaire et un chouia bougon, attaché à ses habitudes et confronté à toutes sortes d’avanies au moment d’assurer sa livraison annuelle de cadeaux. Surtout, il ne faut oublier personne et les surprises s’amoncèlent alors que la nuit rétrécit à mesure que poudroie l’aube. Cheminées trop étroites, sales ou impraticables, voilà son lo ! Puis les habitations ne se ressemblent guère d’une région à l’autre, passant de grands immeubles aux … igloos, phares ou caravanes. De surcroît, la météo n’arrange pas sa mission avec de la pluie ou de la neige qui lui frigorifie les joues, alors qu’il rêve de plages ensoleillées et de rester dans les bras de Morphée plutôt que de parcourir les deux hémisphères pour une tâche qu’aucun autre mortel ne parviendrait à assurer en si peu de temps. Pas une sinécure mais un sacerdoce que lui seul accepte d’endosser, tradition oblige. Le ton est ici à l’humour jamais méchant, au décalage dans un style extrêmement visuel qui fait mouche lorsqu’on garde l’âme de l’enfant qu’on a été autrefois. En somme, un classique qu’on prend plaisir à relire ou à découvrir. Aussi un super cadeau à faire aux enfants qui ne connaissent vraisemblablement pas cet auteur décédé il y a quelques mois.

NOUS, FILLES DE SPARTE

L’Histoire retient généralement le nom des hommes, qu’ils soient guerriers, artistes ou politiciens. L’Antiquité nous a transmis celui d’Agamemmon désigné pour mener la guerre contre la cité de Troie et Ménélas roi de Sparte. Liés par le sang, les frères ont épousé les sœurs Hélène et Klymnestre, mais lorsque la première est enlevée par Pâris, le récit entreprend un bond dans la légende. Claire Heywood ne retrace pas pour la énième fois les combats menés aux portes de la célèbre ville située en Turquie actuelle, mais revient sur la vie de ces deux femmes étroitement unies mais séparées par l’existence, parties tracer leur avenir et procurer des enfants à leur époux. Un tel parcours engendre évidemment un tarif à payer : celui de la liberté et du sacrifice ! Leur vocation consistait également à assurer la fonction de reine soumiseetdoucetoujoursauservice deleursouverain, tenuedansl’ombreet exhibée auxseules grandes occasions. Mais quand la dureté du quotidien les a fait ployer, elles ont su que la rébellion ou la fuite pouvait s’avérer la meilleure issue. Ce roman nous parle de la condition féminine il y a trois mille ans, de la place de chacune dans un mondesoumis aux traditions patriarcales et dans lequel la violence s’exprimait de diverses manières. On se situe ici à des lieues des cours d’histoire poussiéreux. En se basant sur des documents, l’autrice soigne la psychologie des protagonistes et les met en scène en s’immergeant dans leur quotidien, endécrivant leurs réflexes et en élaborant leurs réflexions. Bien sûr, il existe bien peu d’informations les concernant et c’est là que le travail de romancière débute. Générer un livre intelligent, qui ne trahit pas la vérité mais s’engage dans les voies de la supputation en enrobant le vrai d’une part d’imagination, permet de raconter un récit à hauteur d’épaules, en prenant le parti de la confidence et de l’émotion pour créer de l’empathie et de l’intérêt. Inventer n’est pas mentir, mais revient à enrober une trame d’anecdotes manquantes !

Ed. City 432 pages

LES RIVES DE L’ESPOIR

La première guerre mondiale touche à sa fin. Le bruit des obus s’essouffle et laisse derrière lui une odeur de cendres. Helena et ses sœurs se retrouvent sur les berges du lac de Constance et contemplent le Lindenhof, ce grand domaine familial qui a souffert du conflit. Malgré les avanies, elle décide de faire revivre le lieu pour le métamorphoserenluxueuxpalace. Toutefois, ellesaitquelatâchesera ardue. Le lustre d’antan a laissé place à des chambres vides et à un jardin dévoré par la végétation sauvage faute d’entretien. Elle compte sur le soutien de Maxim, noble ayant fuit la Révolution bolchévique. A deux, ils pourront puiser le courage nécessaire pour mener ce projet à terme. Mais le bel étranger n’est peut être pas arrivé ici par hasard ? A mesure que les journées se déplient, elle découvre que des secrets ensevelis refont surface et que les apparences peuvent se montrer bien trompeuses. Un roman mené tambour battant par Maria Nikolai et qui rappelle l’Histoire via le petit bout de la lorgnette en s’accrochant à une famille par le truchement d’une héroïne trop optimiste pour ne pas rencontrer d’écueils. Des instantanés qui la poussent à aller toujours de l’avant et qui croquent des parcelles d’existence entre destin personnel, défis collectifs, émotions sentimentales et description d’une société qui se joue sur les champs de bataille autant que loin du front.

Ed. City 459 pages

LA FEMME AUX DOIGTS D’OR

Victor Dauterives poursuit ses investigations dans la France d’après la Révolution. Un monde qui peine à sortir du chaos et qui doit faire face à de multiples défis : complots, terreur intérieure, guerre avec la Prusse, etc. Des aventures qui se déroulent pour la plupart dans les bas fonds de la capitale, entre aristocrates et révolutionnaires, bandits et justiciers dévolus au nouveau régime ou séditieux. Ce septièmetomenousrenvoieaucœurdel’année1792. L’hiversonne à toutes les portes avec le procès de Louis Capet en train d’accaparer toutes les attentions. Ses supérieurs chargent notre héros d’escorter en Belgique Julie Renard, une célèbre actrice. Mais, à peine quelques heures après leur arrivée, elle est retrouvée morte. Aucune place au doute : il s’agit d’un meurtre. Se trouvant en première ligne, le gendarme voit bien vite tous les soupçons peser sur ses épaules. Commence alors une enquête pour prouver son innocence et mettre les assassins sous les verrous. Entre le genre policier et le roman historique, Jean Christophe Portes jette un pont de suspense, amenant ses protagonistes à évoluer en eaux troubles. Décorseté jusqu’au cou, ce roman s’émancipe à mesure que les chapitres s’égrènent, nous valant de belles pages de bravoure avec de l’action qui caracole, les poumons élargis par un bain bouillonnant d’aventure et de situations qui ne manquent jamais de panache.

Ed. City 347 pages

Daniel Bastié

COQ SUR MER 1933

Le 10 avril 1932, Paul von Hindenburg, représentant la droite germanique modérée, est élu, avec 17 points d’avance, président du Reich. Mais dans l’ombre, Adolf Hitler, son adversaire, dont les hommes liges ont infiltré toutes les classes de la société, et qui dirige une redoutable organisation paramilitaire maîtresse de la rue, ronge son frein. Cette attente sera brève car, dès le 30 janvier 1933, Hindenburg le nomme chancelier de la République de Weimar. L’Allemagne bascule vers sa destinée wagnérienne aux accents du Crépuscule des Dieux. Pour Albert Einstein, demeurant en compagnie de son épouse à Caputh, une agréable localité située au bord d’un lac non loin de Postdam, la coupe est pleine. Il lui faut fuir, accepter l’invitation d’aller enseigner à l’université de Princeton en emportant avec lui le fruit de ses recherches car, pas un instant, il ne veut que celles ci tombent aux mains des nazis pour les aider à déclencher un futur apocalypse nucléaire. C’est en observant une œuvre de James Ensor accrochée aux cimaises de l’Alte National galerie de Berlin que lui vient l’idée de la manière dont il pourra sortir discrètement ses travaux d’Allemagne. Sur le chemin de l’exil, le couple Einstein va s’installer, pour quelques mois, dans la petite station balnéaire du Coq sur Mer. Services secrets belges et allemands entament alors un ballet singulier, syncopé, sur les plages aux alentours de la coquette villa « Savoyarde » occupée par le physicien. Les tirs des pistolets automatiques viennent aussitôt troubler la partition des cris de mouettes sur fond de vagues tranquilles. Fiction et réalité s’entrecroisent dans une bande dessinée léchée comme le sont toutes celles de Baudouin Deville bâtie sur un scénario rigoureux de Rudy Miel, une histoire teintée de nostalgie et de Belgicana. Une œuvre carte postale qui invite à découvrir le Coq et son intemporalité en ces jours de tourisme rapproché. L’album contient également un dossier de 7 pages qui prolonge le plaisir du récit en soulevant quelques pans d’histoire méconnus.

Ed. Anspach 56 pages

Mythic

OSTENDE 1905

Début août 1905, Ostende, reine des plages au temps de sa splendeur, veille de l’arrivée du Roi Léopold II et de la baronne de Vaughan, sa future épouse, alors qu’elle s'appelait encore Blanche Delacroix, Française née àBucarest et soupçonnée des’être livrée au plusvieuxmétierdumonde. AuRoyal Palace, hôtel de luxe, dans une suite discrète, l'émissaire du Shah de Perse prépare, en joyeuse compagnie, le venue de son maître dans la station balnéaire appréciée des souverains et de la haute bourgeoisie belges. Mais patatras ! L’homme est assassiné dans son bain et la mystérieuse jeune femme qui l’accompagnait s’est évaporée dans l’air vespéral. Voilà pour le moins un fait divers déplaisant et c’est à Hendrikus Ansor, un commissaire de police entre deux âges, replet, amateur de bonne chère et de Bordeaux, qu’incombe l'honneur de se coller à la tâche. Un pauvre petit fonctionnaire provincial, père honteux d’un garçon membre du parti ouvrier, et pressé par sa maîtresse Mauricette enceinte d’officialiser leur relation. Obligé de diligenter sous l’œil scrutateur du monarque à barbe blanche, Hendrikus ignore à quel saint sevouer. Unmalheurne venantjamaisseul,Blanche est la ciblede persifleursqui font circuler des dessins licencieux sur celle qu'ils appellent la « pouliche royale". Les suspects sont nombreux et on trouve même parmi ceux ci le peintre des masques : James Ensor. Et pour se mettre en jambe, Hendrikus ne trouve rien de mieux à faire que de déjouer un régicide. Chronique d’une saison à la plage émaillée d'Histoires futiles de Léopold II et autres anecdotes, un polar aux accents de Jean Ray et André Paul Duchâteau, une machinerie aux rouages huilés... Question lancinante : Qui sont les marionnettistes du drame? Malgré un casting cinq étoiles comprenant Léopold II, la Baronne de Vaughan, le Shah de Perse, James Ensor et consort, la vedette du récit est bien notre commissaire Ansoravec un A, unpersonnage semblable àceux que l’on découvre dans l’œuvre populaire de Charles Exbrayat tel un certain commissaire véronais du nom de Roméo Tarchinini. Ed. Anspach - 64 pages Mythic

MICHEL AUDIARD,

LE CAPOT

L'HOMME

À

LA

CAS QUETTE À CARREAUX QUI EN AVAIT SOUS

Des mots d’esprit, un phrasé atypique, la gueule de l’emploi ou encore une galerie incroyable d’acteurs de légende... Reconnaissable parmi ses pairs, et ses contemporains, voilà les caractéristiques ciblées de notre dialoguiste de talent. On pourrait l’affubler de tellement d’autres détails mais n’est ce pas dans les détails que se dissimule levrai génie ? En parlant des mots d’esprit, la littérature, à travers le théâtre et les livres, nous en donne à foison. On peut citer Oscar Wilde, Jules Renard ou le génial Sacha Guitry. Mais concernant l’art qui porte le numéro sept, ce n’est pas vraiment le cas. Heureusement, le Papa du cinéma était là pour donner ses lettres de noblesse au 7ème art (concernant le sobriquetPapa, on en parle dans cet article, vous comprendrez mon allusion). Grâce à mon ami Alain Magerotte, on (re)découvre ici toute la jubilation de cette verve qui traverse le temps à travers des répliques devenues aujourd’hui presque des proverbes ou des mots que l’on glisse entre amis pour « faire bien ». Audiard a marqué cet « Art Majeur » (clin d’œil à Serge

t il pas inspiré de jeunes auteurs tels que Bruno Solo pour Caméra Café et

pour son génial Camelot ? On dit merci, cher Maître (et on s’incline, s’il vous plaît) car la liste est loin d’être terminée. Au théâtre, on a également les fameuses Brèves de comptoir de Jean Marie Gouriotv... Bon, promis, je m’arrête ici ! Avant de vous quitter, une dernière mise en garde : attention, chers lecteurs, au livre que vous tenez dans les mains. Quand un Cador est raconté par un autre Cador, il y a de quoi exploser façon puzzle ! Ed. Lamiroy 36 pages

SOUVENIRS DE JIM MORRISON

En 1966, Alan épouse Anne. Il est anglais, elle est américaine. Il vient de Liverpool, elle a suivi son père militaire haut gradé stationné à Londres. Il s’appelle Graham, elle s’appelle Morrison. Au même moment, le grand frère d’Anne, qui est resté aux États Unis, enregistre un premier album sous le titre « The Doors ». Il s’appelle Jim et, aux dernières nouvelles de sa famille installée à Londres, il terminait des études de cinéma. Il deviendra très vite le célèbre Jim Morrison, à la grande surprise de sa famille et de son nouveau beau frère, Alan. Avec ce recueil de souvenirs, Alan Graham nous offre des points de vue inédits sur le fonctionnement de la famille Morrison et sur le Roi Lézard qu’il fréquente à Los Angeles. Entre scènes de bagarres et de trajets en voiture très arrosés, il nous raconte un autre Jim Morrison, un Jim Morrison intime. Fascinant et d’autant plus touchant. Ed. Lamiroy 250 pages

Gainsbourg). D’ailleurs n’a Alexandre Astier

L’ÂME DU MONDE

C'est comme ces montagnes. Chacune est un sommet qu'on peut gravir. Mais à quoi sert de les comparer ? Chaque sommet est beau et chaque chemin est riche d'enseignements. Chaque sentier est fait d'obstacles à surmonter et laisse découvrir des paysages magnifiques. Ce qui compte, ce n'est pas de gravir cette montagne, ou bien celle ci, ou bien encore celle là, mais de parcourir le chemin. Et de le faire avec attention, avec persévérance, avec le cœur ouvert et l'esprit vigilant..." Né en 1962 à Madagascar, Frédéric Lenoir revêt plusieurs casquettes : journaliste, philosophe et historien des religions, romancier et scénariste de BD, auteur de théâtre et essayiste. Français, docteur de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, une thèse sur le bouddhisme en poche, l'auteur nous transmet ici ses connaissances philosophiques et spirituelles: récit envoûtant, conte initiatique touchant autant le cœur que l'intelligence, truffé de brèves histoires issues de traditions orales circulant parfois depuis des siècles, "L'âme du monde", à sa lecture, nous investit, l'âme du monde, force bienveillante et mystérieuse maintenant l'ordre du monde, l'harmonie de l'univers, invisible à nos yeux d'êtres souvent tournés vers le matériel. C'est ainsi, ne le nions pas ! Appelés de manière fort énigmatique à transmettre un message qui répond aux questions essentielles mais, au départ, ils l'ignorent , sept sages se retrouvent bientôt dans un petit monastère perdu des montagnes tibétaines: Rabbi Schlomo, rabin kabbaliste juif; Ansya, chamane nomade gardienne de troupeaux; Pedro, moine catholique brésilien; Ma Ananda, mystique hindoue sans âge; Maître Kong, vieux maître taoïste chinois; Cheik Youssuf, maître soufi musulman; Gabrielle, philosophe néerlandaise disciple des sages stoïciens et de Spinoza, accompagnée de sa fille Natina, beauté blonde aux yeuxbleus de presque treize ans. Un peu de jeunesse... pourquoi pas ? Soudain surgit la véritable raison de leur présence à Toulanka: leur mission: transmettre les principes fondamentaux de la sagesse en sept points qui résument l'essentiel de celle ci à Natina et Tenzin Pema Rinpoché, jeune lama de douze ans reconnu comme la réincarnation d'un grand maître spirituel. Pressentant l'imminence d'un cataclysme planétaire, les sages délivrent alors leur message en sept jours, parlant chaque jour tour à tour. Expliquons brièvement de quoi il en retourne. Mais ne dévoilons pas tout même si des événements inattendus vont émailler l'enseignement des sages, parfois perturbants, à l'occasion surprenants, Tenzin et Natina se rapprochant, victimes de leurs premiers émois quand survient alors le cataclysme, effrayant, apocalyptique, Tenzin se retrouvant seul, sa mission : consoler les éventuels survivants pour qu'ils s'accomplissent, au bout du voyage, dans une responsabilité et un amour universels. Comme c'est beau mais ...

LETTRES À NOUR

Rachid Benzine est un chercheur, islamologue, politologue et enseignant franco marocain. Romancier et dramaturge. J’ai eu la chance de le rencontrer et d’assister à l’adaptation en pièce de théâtre de « Lettres à Nour », une pièce où l’émotion et le questionnement priment sur le jugement. Ce livre raconte l’histoire d’une jeune fille de 20 ans qui part rejoindre son époux, lieutenant de Daech en Irak. Le père de Nour, musulman pratiquant, n’accepte pas ce départ mais ne souhaite pas rompre les liens avec sa fille qu’il a élevé seul à la mort de sa mère.

Ce père et sa fille vont alors s’écrire durant des mois pour maintenir ce lien solide qui les unit. Nour va raconter à son père, son quotidien, l’horreur de la guerre sur la zone de combat, ses devoirs en qualité d’épouse d’un djihadiste, sa foi, son rôle sur le terrain, sa joie d’être

mère. Puis elle finira par écrire sa déception, ses souffrances, ses peurs, ses doutes, son incompréhension, ses décisions, ses obligations.

Ils échangeront durant des mois sur les écritures du Coran et leurs interprétations.

Ce père de famille à travers son amour, sera toujours présent pour sa fille, aux fils de ses courriers, de ses conseils mais Nour finira, pourtant, par prendre une décision douloureuse et inéluctable.

Ce livre est un message d’espoir pour les générations futures. Une écriture poignante sur l’amour d’un père qui voit sa fille lui échapper malgré l’éducation et l’amour qu’il lui a donné. Je conseille cette lecture à tous les jeunes adolescents qui se posent des questions sur la vie, à tous les parents qui souffrent de culpabilité. L’amour existe, les croyances sont importantes mais seule la vie est sacrée.

Editions Points 94 pages

Elise Jane

L’EASTERN L’HISTOIRE

DES ETATS-UNIS VUE PAR LE CINÉMA AMÉRICAIN

: DE JUAN PONCE DE LEÓN À LA RÉBELLION DU CHEF PONTIAC.

1513 1803 TOME 1

Une année après la sortie des deux volumes intitulés : Le Western, L’Histoire des Etats Unis vue et corrigée par le 7ème Art américain / 1803 1903, Mythic et Patrick Verlinden sortent le tome premier de leur nouvelle étude cinématographique consacrée cette fois au genre Eastern et qui couvre la période de 1513 à 1803, c’est à dire du jour où l’explorateur espagnol Juan Ponce de León plante le genou dans le sable humide d’une plage de Floride jusqu’à la vente de la Louisiane par Napoléon 1er. Force est de constater que la période est moins prisée par les réalisateurs qui se trouvent contraints de présenter des œuvres plus proches de la réalité historique car ils n’ont pas à leur disposition les immensités de l’Ouest propices aux odyssées ni les codes iconiques qui ont fait le succès du Western : les interminables caravanes, les cow boys, les shérifs, les gunfighters, les saloons, les petites villes résumées à deux enfilades de maisons en bois bordant leur Main Street boueuse, le revolver, la winchester, les fils qui chantent et le cheval de fer. Ce qui n’empêche pas de voir nombre de films de cette époque estampillés « westerns » à l’instar de Mohawk (L'attaque du Fort Douglas) ou When the Redskins Rode (La hache de la vengeance).

Ce tome 1 s’intéresse aux premières implantations anglaises calamiteuses, Jamestown ou Ronaoke, à la non histoire d’amour Pocahontas John Smith, s’invite sur le pont du navire de John Drake, corsaire favori de la reine Elizabeth 1ère , à bord du Mayflower, s'offre un fauteuil d’orchestre au procès des sorcières de Salem et survole les guerres opposant France et Angleterre avec comme point d’orgue la chute de la ville de Québec, se referme sur la Rébellion du Chef Pontiac… veille de la Révolution américaine. Au travers des récits, des mythes se fracassent et des réalités moins connues se font jour comme, pour l’exemple, celle que lors de toute nouvelle implantation de colonie, la moitié des migrants mourraient lors de la première année. Non seulement cet ouvrage va vous inciter à voir ou revoir les films ou documentaires qu’il aborde mais vous instiguera peut être à plonger plus profond encore dans cette terrible période pionnière.

Editions Penthaymore 262 pages

Jamie-Lee Smit

LA DERNIÈRE VEUVE

"Sara arpentait sa cabane. Douze pas dans un sens, douze dans l'autre. En s'astreignant à mesurer avec régularité, elle se rendit compte que la pièce n'était pas exactement carrée. Elle s'agenouilla et, alignant une main après l'autre, mesura la longueur... perdit le fil au milieu du décompte et dut recommencer. Puis elle enfouit la tête entre ses mains et s'efforça de ne pas crier car elle devenait folle d'ennui dans cette geôle grise." Une geôle ? Qu'est il arrivé à Sara ? Août 2019, Atlanta, une bombe explose, puis une seconde, des décès et des blessés en nombre, Sara Linton, médecin généraliste, et Will Trent, enquêteur au GBI (Georgia Bureau of Investigation), se précipitent sur les lieux de l'explosion quand subitement, sous le regard stupéfait de Will, Sara se fait enlever par quelques membres du groupuscule paramilitaire auteur de l'attentat, et elle est emmenée dans les Appalaches d'où toute tentative d'évasion semble vaine et où elle découvre avec horreur que ce groupe aux airs de secte prépare un terrifiant projet, la menace sans commune mesure. Will parviendra t il à retrouver Sara vivante et à contrecarrer l'action prévue ? Une action à procurer pas mal de frissons...

Harper Collins Poche de 649 pages, suspense haletant fort bien ficelé, "La dernière veuve" de Karin Slaughter, auteure parmi les plus populaires et les plus plébiscitées au monde qui a une bonne douzaine de romans à son actif, la série "Will Trent" et plusieurs thrillers faisant partie du lot, impressionne par son allant, son rythme soutenu et la psychologie fouillée des personnages qui y évoluent : Sara est une battante mais aussi une âme sensible, Will son compagnon un homme volontaire, déterminé, mais parfois bien téméraire, Amanda et Faith, les supérieures de Will et Sara, des femmes haut placées complexes mais extrêmement lucides. Une galerie digne du Louvre si on y inclut les redoutables mercenaires auxquels ont affaire nos héros, couple bien vite séparé. Les circonstances, mauvais endroit, mauvaismomentpourl'uncommepourl'autre, KarinSlaughter, romancièreoriginairedeGéorgievivant à Atlanta, nous menant en parallèle dans le sillage de Will, les pensées de Amanda et Faith, les pas de Sara. "Si vous ne l'avez jamais lue, c'est le moment de commencer." Michael Connelly, auteur. Ed. Harper Collins 658 pages Thierry-Marie Delaunois

FÊTE DES PÈRES

Le drame des couples séparés avec enfant se trouve à la base de ce roman. Comme de nombreux mariages, celui de Damien et Leslie se rompt. Ils décident de se séparer tout en s’arrangeant pour la garde du petit. Damien se transforme ainsi en papa des week ends, des visites séparées par de grandes zones de vide. Pour combler son manque, il traîne sa solitude entre un boulot qui l’occupe énormément et, de temps en temps, les prestations sexuelles de professionnelles qui ne lui demanderont pas comment il se prénomme ni d’où il sort son argent. Alors que son existence commence à s’enliser dans cette nouvelle routine, il découvre que son ancienne femme n’est pas au rendez vous pour récupérer l’enfant. Alors, sans trop hésiter, il décide de partir avec lui à l’aventure, de profiter pleinement du temps qui lui est accordé. Direction : les îles d’Aran sur les traces de Nicolas Bouvier, écrivain qu’il vénère et qui a chanté la beauté du site. Jean Michel Olivier signe un roman qui dénonce l’injustice subie par ces papas du dimanche, privés de leur fils ou de leur fille, et ressentent une immense frustration de cet état de fait. Qui n’a pas rêvé de suivre les pas de Damien, de tout laisser derrière lui pour se sentir vivre pleinement en compagnie de sa progéniture ? Le récit privilégie les émotions, les gestes tendres et nous fait lentement découvrir la double vie d’un homme aux deux passeports, aux deux domiciles, à la double profession et aux amours compliquées.

Ed. de l’Aire (Safran) 375 pages Sam Mas

PARFOIS L’AMOUR NE SUFFIT PAS

La vie ressemble à une vague qui emporte tout. Isabelle est maman d’un petite Amandine à qui tout semble sourire, une mignonne brunette aux yeux rieurs et au sourire lumineux. Puis, transitant de phases de boulimie à d’autres d’anorexie, le comportement de cette dernière fluctue au point de devenir irritable au moindre prétexte, de faire preuve d’agressivité à l’égard de sa mère qui ne sait plus à quels saints se vouer pour retrouver la complicité d’antan. Médecin de famille, spécialistes et psychiatres sont invités à prononcer un diagnostic. De nombreuses pistes sont avancées, sans qu’aucune ne puisse se révéler être la panacée. A mesure que les mois passent, l’adolescente s’enfonce dans son mal, entre dans des flux de colère terrible et une paranoïa qui paraît ingérable. De consultations en internements débute un chemin de croix qui lamine chaque moment, fait basculerlefoyerdansunenferquasi quotidien. Malgrétout l’amourqu’on ne cesse de lui prodiguer, Amandine met un terme à sesjours à vingt sept ans, un âge oùon a encore tout à faire et énormément à découvrir. Isabelle Machado raconte son combat face à l’incompréhensible, entre révolte et fatalité lorsqu’elle observe la société qui l’entoure et au sein de laquelle personne n’a réussi à poser les gestes idoines. Son livre lui sert biensûrd’exutoireetdemiseengarde, maisseveutunappel pourquesoitmisenplacedespratiques de soin et un accompagnement de qualité financé par la classe politique. Trop de jeunes se suicident parce qu’on n’a pas réussi à les empêcher de poser l’acte fatal, se sont engoncés dans une nuit noire pour ne pas avoir été secourus. L’auteure milite aujourd’hui pour une meilleure prise en charge des troubles psychiques chez les jeunes.

PETITS CRIMES ET GROS DIAMANTS

Si vous raffolez des thrillers cosy, voilà sans doute un nouveau titre bienvenu pour être déposé à votre intention sous le sapin de Noël. Une aventure qui se déroule au cours des Années Folles et qui transpire l’ambiance des night clubs dans lesquels chacun tente d’oublier les horreurs de la guerre en se déhanchant au rythme du charleston. Bart et Ivor, membres d’un groupe de jazz en vogue, profitent de leur succès pour en tirer des petits avantages. Leur quotidien est chamboulé lorsque Lady Hardcastle les engage pour espionner un homme soupçonné de vouloir dérober des diamants. La mission leur paraît à la fois simple et sans danger. Ils n’imaginent cependant pas tout ce qui les attend lorsque la saxophoniste de leur formation meurt en pleine prestation scénique. T.E. Kinsey signe une nouvelle aventure de Lady Hardcastle, héroïne récurrente de ses ouvrages, sans surjouer sa partition et en gardant bien dans son objectif de ne jamais perdre le lecteur en chemin. Les rebondissements tiennent de la partie de flipper, avec des enquêteurs amateurs qui ne connaissent qu’imparfaitement les rouages de leur nouvelle activité et qui se demandent si l’assassin les a à leur tour dans sa ligne de mire. Ne pas quitter le podium les pieds devant demeure leur principal objectif, même s’ils entendent aller au bout de leur enquête. Un roman qu’on lit d’une traite, sans se mettre martel en tête et pour le plaisir.

Ed. City 363 pages Daniel

ATLAS STRATÉGIQUE DE L’HÉGÉMONIE AU

DÉCLIN DE L’OCCIDENT

On le voit chaque jour avec la guerre en Ukraine, l’échiquier mondial est en proie à d’intenses fluc tuations, précisant à quel point certains états se sont retrouvés totalement subordonnés à d’autres, pressés par les enjeux politiques, financiers ou liés à des matières premières comme l’énergie ou la nourriture. Cet atlas fait le point sur les perspectives d’une planète dont les cartessont entraindeseredistribuer. Selonlalunettedes experts, l’Asie semétamorphose lentement en ogre prête à phagocyter les autres continents. Après des siècles d’hégémonie, l’Occident perd de sa superbe. De quelle manière ces changements sont ils en marche ? Pour le saisir, il faut analyser les faits en étant le plus objectif possible, en s’informant, en abandonnant au vestiaire ses a priori, sa partialité et en n’hésitant pas à regarder ailleurs. Avec cet« Atlasstratégique », Gérard Chaliand, RocChaliand et NicolasRageau nous parlent de l’état du monde en nous proposant des cartes qui illustrent l’histoire des basculements, les zones de conflit, les enjeux démographiques, technologiques et énergiques. Enfin, en parlant des guerres possibles à venir et de l’armement qui y sera impliqué. Un regard qui donne froid dans le dos (du moins du côté occidental) !

Ed. Autrement 160 pages

UN BILLET POUR L’ARCHE

Jamais on n’a autant parlé d’écologie et de préservation de la nature. Le réchauffement climatique a réveillé en nous un carillon qui nous invite à la prévoyance autant qu’au respect du monde qui nous entoure. Un exercice pas évident à appliquer dans une société vendue aux dieux du libéralisme et du profit éhonté. Jamais, la planète n’a connu pareil péril avec l’extinction d’une partie de la vie sauvage. En tant que citoyen, nous sommes chaque jour confrontés à des dilemmes et amenés à poser des choix qui détermineront le sort des générations futures, avec à la clé (qui sait ?) le destin des êtres humains. Alors que les efforts peinent à se concrétiser, les experts crient au suicide. Plus de huit millions d’espèces sont compromises un peu partout sur terre. Plus que hier, il importe de ne pas lâcher prise et, contrairement au récit de la Genèse, les animaux ne grimperont pas seuls dans l’arche bâtie par Noé. Le hasard n’entre pas en lice. L’homme possède cette faculté de décider pour toutes les créatures et de les entraîner, ou non, vers la fatalité. Ecologiste engagée, Rebecca Nesbit, nous livre ses réflexions pour que nous prenions le temps de nous interroger et que nous nous réveillions une bonne fois avant d’atteindre un gouffre abyssal dont les effets demeureront irréversibles. Encore récemment, Antonio Guterres, secrétaire général de l’Onu, rappelait que la planète est notre seule demeure et que nous avons le devoir impératif de la préserver. Ed. Autrement 316 pages André Metzinger

RROÛ

Maurice Genevoix est un remarquable observateur de la nature et des animaux, un amoureux aussi. Un chat, à ses yeux, est l'incarnation vivante de la beauté. Cela se sent quand il évoque le jeune Rroû, sa souplesse muette et dangereusement armée, sa grâce inquiétante. Maurice Genevoix regarde si bien son héros qu'il se transforme mystérieusement en chat, il est Rroû ! " Voilà un extrait de la préface rédigée par Anne Wiazemsky, petite fille de François Mauriac et égérie de la Nouvelle Vague avec une série de rôles pour Jean Luc Godard. Edité pour la première fois en 1931, « Rroû » fait partie de ces ouvrages qu’on aime redécouvrir plusieurs décennies plus tard, magnifié par des descriptions d’une élégance qui fait mouche et une narration qui oscille entre conte et roman. Quel parcours que celui de Rroû, ce chat noir épris de liberté et de grands espaces que l’on découvre chaton et qui se distingue par son intrépidité. Assurément, sa vie n’a rien d’une existence de patachon. En grandissant, il découvre les dangers du monde qui l’entoure, un environnement qu’il doit maîtriser pour ne pas s’engager dans un piège. Malgré toutes ses précautions, il se fait enfermer et y laisse … une patte. Avec un talent que personne ne viendra lui contester, Maurice Genevoix décrit la nature avec une rare justesse, nous parle de ce qu'elle représente pour l'animal, avec des instants d'ivresse, également de la souffrance, sans oublier celle de celui qui aime son petit animal domestique, tente de le protéger, prend soin de lui et attend dans l'angoisse lorsqu’il disparaît sans raison apparente, imaginant une bien vilaine fin. Avec ce livre, on éclate les murs du périmètre d’un jardin familial et on enfonce les pas dans l’aventure en se parant de la vraievie. CetterééditionbénéficiedesillustrationsdeGérardDubois, dontletravail aétésaluéàmaintes reprises pour la précision de sontrait etson mimétismequi donne l’impression dese trouver en présence de gravures réalisées il y a un demi siècle.

Ed. La Table Ronde 218 pages Daniel Bastié

DES LUMIÈRES ET DES OMBRES

Décédé en 2005, Henri Alekan s’est révélé un maillon fort du cinéma français. Directeur de la photographie, il a travaillé pour un nombre impressionnant de cinéastes, dont les plus grands : Jean Renoir, Yves Allégret, Jean Cocteau, René Clément, Julien Duvivier, André Cayatte, Jean Delannoy ou encore Marcel Carné. Il laisse des fleurons qui ont enchanté plusieurs générations. Sans lui, « La belle et la bête », « La bataille du rail » et « Juliette ou la clé des songes » ne seraient pas pareils. Il possédait une maîtrise des prises de vue et savait que le réel apportait toujours une étrangeté là où certains cherchaient les trucages oules effets d’optique. Aujourd’hui sort cet ouvrage qui rassemble plus de trois cents clichés qui réveillent en nous une part de patrimoine, avec des instantanés qui nous renvoient dans les salles obscures et nous parlent de la magie du septième art. Un livre qui résume une existence de travail et qui possède le pouvoir d’enchanter toujours. Pour certains lecteurs, il prodigue un effet de madeleine de Proust, prompt à les faire voyager dans le temps. Pour d’autres il tient de la révélation d’un homme de l’ombre dont beaucoup ignorent l’implication dans les longs métrages qu’ils ont adorés. Au fil des pages, une série de visages sortent des limbes des, mais aussi des décors, des prises de vue saisies dans les coulisses. Si le noir et blanc domine, on trouve quelques photographies en couleur. Une étude dans laquelle prime la lumière, avecsesreflets, sescoulées, sesnuancesmultiples. Cettesélectionaide également à comprendre de quelle manière il convient d’opérer pour se mettre au service d’un metteur en scène et de son œuvre. Belle leçon présentée dans un magnifique écrin de papier !

Ed. La Table Ronde 370 pages

Andrea Cerasi

COULEURS DE L’INCENDIE

Le décès du banquier Marcel Péricour suscite une énorme émotion dans le Paris d’avant guerre. Tout le gratin se presse à ses funérailles. Seule héritière, sa filleMadeleine reprend les rênesde l’entreprise veillant tant bien que mal à s’imposer dans un univers très masculin. Malgré son courage et sa ténacité, les avanies s’acharnent au point qu’elle imaginait mal se trouver dans pareille jungle prête à occire quiconque ne joue pas les règles ou se montre trop faible. Sur le plan familial et suite à un accident, son filsPaul se trouve affublé d’un handicap lourd. Pendant ce temps, la menace brune gronde depuis l’Allemagne tiréevers des envies d’hégémonie par Adolf Hitler. Des menaces de guerre se font entendre de l’autre côté de la frontière avant de se concrétiser en agression fulgurante. Le bruit des bottes ennemies martèle les pavés parisiens et chacun doit vivre avec un occupant qui impose sa férule. Pierre Lemaitre signe un roman fort qui déploie des thèmes aussi sérieux que le hasard, la fatalité, la destinée. Avec un art de la narration digne d’Alexandre Dumas, il parvient à nous faire aimer l’Histoire en l’observant par la lorgnette d’une famille amenée à la ruine et soumise à l’appétit des spéculateurs, des mauvais conseillers et des faux amis. Cet ouvrage fait suite à « Au revoir, là haut », tout en permettant de lire cette trame sans connaître la précédente.

L’ÉPOUSE ET LA VEUVE

Sur une petite île australienne, deux femmes sont amenées à confronter leur destin. D’un coté, il y a Abby, férue de taxidermie et qui vit avec Ray son époux et leurs enfants. De l’autre, on trouve Kate, maman d’une gamine, qui débarque pour enquêter sur la disparition de son mari. Fort vite, leurs vies présentent des concomitances dans la mesure où l’affaire que la seconde est venue élucider entretient des liens avec le passé de la première. Des secrets jalousement gardés sont exhumés et remettent tout en question. Les forces de ce roman sont bien sûr le décor d’un endroit où peu souhaitent s’installer, son ambiance étouffante qui en fait un huis clos à ciel ouvert et la personnalitédesprotagonistesquinereculent jamaispouralleraubout de leurs attentes. Christian White aborde également le thème complexe de la filiation, du sacrifice et de la dissimulation. Par un habile procédé narratif, il narre le récit du point de vue de chacune et la manière dont elles sont progressivement amenées à exorciser leurs démons intérieurs. Face à la mer et aux odeurs d’embruns, le lecteur est invité à rassembler les pièces d’un gigantesque puzzle pour résoudre une histoire à la fois banale et entêtante. Une fois de plus, le temps devient synonyme de révélations !

Ed. Le Livre de Poche 350 pages

Paul Huet

SLEEPING BEAUTIES

Le pavé de huit cents pages du roi de l’épouvante est aujourd’hui transposé en roman graphique grâce à la diligence de Rio Yowers, Alison Samipson et Triona Farrell. Un challenge pas toujours aisé lorsqu’il s’agit d’adapter un livre énorme par le nombre de chapitres et le réduire en bédé de moinsde cent trente pages. Toutdébute avec un mal inconnu qui frappe toutes les femmes du globe et les plonge dans un sommeil profond. Les réveiller engendre des réactions d’une gravité exceptionnelle. Dès qu’elles retrouvent leurs esprits, elles se métamorphisent en furies d’une violence extrême. Pourtant, une d’entre elles paraît épargnée par le mel et serait, peut être, la solution pour tenter de trouver un vaccin. Les chercheurs tentent d’en faire un cas clinique. Bénédiction pour certains ou cas douteux pour d’autres. Cosigné avec Owen King, le fiston de Stephen, le récit ébranle l’idée que nous nous faisons encore parfois de la femme faible et soumise. Le suspense va crescendo pour dévoiler ses ressorts funestes. Plus que le danger d’un virus venu dont on ne sait pas trop où ni de quelle façon il a germé, la menace prend particulièrement la forme d’êtres humains qui deviennent prédateurs, toujours prompts à traquer celle ou celui qui ne correspond pas à la norme établie. Fort belle couverture. Bien entendu, la fin du recueil s’achève sur une fin ouverte, annonçant une partie II.

LA VENGEANCE DU PARDON

"Quant à elle... Si elle savait ce qu'elle espérait de lui, elle ignorait toujours ce qu'elle espérait pour elle. Cependant, ça frémissait, le dénouement se profilait dans un futur proche, elle le sentait, il surgirait. Elle finirait bien par élucider pourquoi elle visitait ce pervers depuis des années, pourquoi elle s'infligeait de le côtoyer, de le regarder, de l'écouter..." Sam Louis, ce pervers, dangereux criminel, quinze meurtres accompagnés de viol à son actif, l'assassin de Laure, la fille d'Elise qui a quitté Paris pour s'installer non loin de la prison où il est incarcéré. Que cherche en fait Elise que "l'aversion tenait debout, qui sans la haine pourrirait probablement déjà dans sa tombe ?" Que Sam prenne conscience de l'horreur de ses actes ?

Fiction littéraire regroupant sous forme de nouvelles quatre destinées distinctes toutes parsemées de sentiments parmi les plus les plus violents et les plus secrets, de ceux qui souvent prennent le dessus au détriment de notre part de bonté, de véritable humanité, "La Vengeance du pardon" de Eric Emmanuel Schmitt, écrivain multi récompensé dont on ne dresse plus très souvent la bibliographie tant elle est consistante, même foisonnante, nous présente différents

visages du comportement humain animé par l'envie, la perversion, l'indifférence, le crime, le tout relaté avec ce talent de dramaturge qu'on lui connaît.

Quatre destinées particulières...

"Les sœurs Barbarin" : Lily et Moïsette sont jumelles, tout semble aller pour le mieux entre elles mais c'est soudain la cassure, dès l'âge de quatre ans, et le début d'une rivalité féroce, l'amour de Lily pour sa sœur parvenant difficilement à contrer la haine de l'autre. Comment cela finira t il ? Une nouvelle très réussie, la narration ciselée...

"Mademoiselle Butterfly" : Dix hommes, de hauts responsables tenant les rênes d'une grosse banque, sont tout à coup convoqués et en pleine nuit par leur patron William Golden dont le fils a commis l'irréparable : une malversation financière pouvant les mener à la faillite pure et simple de la société. Que peut on encore sauver lorsque l'honneur et l'argent sont perdus ? Une nouvelle sous haute tension mais l'amour bien présent...

"La Vengeance du pardo: Elise cherche t elle à déstabiliser l'assassin de sa fille Laure, voire davantage, en allant régulièrement le visiter dans sa prison? Elle finit par établir le dialogue mais à quel prix? Une nouvelle quelque peu dérangeante, des entretiens parfois tendus et même houleux au parloir de la prison...

"Dessine moi un avion" : Daphné huit ans, échappée de chez elle, atterrit dans le jardin de Werner von Breslow, 93 ans, un aviateur retraité de la dernière guerre, et munie d'un carnet et d'un crayon, lui demande sans préambule de lui dessiner un avion. Werner s'exécute, la sympathie s'instaurant avec le temps, réciproque, mais Werner a un passé trouble qui soudain le rattrape. Où et comment se place le pardon dans ce récit? Une nouvelle fort(e) en contrastes faisant la part belle à Antoine deSaint Exupéry. Tiens donc...

Le pardon...la vengeance...des sentiments contradictoires ne pouvant en théorie cohabiter, coexister mais la nature humaine est d'unetelle complexité, tromperies et manipulations investissant parfois l'être. Le profit ou le pouvoir à la clé ? Pardonner, est ce envisageable du côté d'Elise après avoir tenu le discours suivant à Sam : "...Me crois tu assez bête pour imaginer que je vais récupérer ma fille ? Vraiment ? Tu présumes que j'ai du goudron dans la cervelle ? "

Il fallait Eric Emmanuel Schmitt, nul autre auteur, pour nous concocter de telles variations symphoniques et psychologiques autour du thème du pardon sous diverses teintes, parfois majeures, parfois mineures : l'envie, les frustrations, la jalousie, la dissimulation, les manipulations, la vengeance...le pardon ? Le pardon clé de tout et sans aucun dommage d'un côté comme de l'autre ? Ah cette insoutenable complexité de l'âme, l'écriture de Schmitt toujours aussi précise, stylée, et d'une fluidité sans pareil. Quant aux dialogues, on reconnaît fort bien à travers ceux ci l'empreinte de l'homme de théâtre. "La Vengeance du pardon" ? Tels les quatre mouvements d'une grande et profonde symphonie épique !

Ed. Le livre de Poche 288 pages Thierry Marie Delaunois

CRÉDIT ILLIMITÉ

Les temps sont durs et Diego Lambert est confronté à l’un des plus grands dilemmes de son existence. Pour la survie de l’entreprise fondée par son père, il doit licencier quinze salariés. A ses yeux, aucune alternative ne se profile. Il s’agit de couper sec ou finir sur la paille. Il se sent sale, amené à tronquer son veston de patron pour endosser celui du pire des salauds. Comment leur dire ? De quelle manière expliquer aveclesmotslesmoinsdurs ?Nicolas Reysigne une comédie de mœurs cruelle qui part du postulat que le boss est seul face aux décisions importantes et qu’il doit les assumer sans prendre la tangente, en regardant chacun les yeux dans les yeux. Le ton est ici au sarcasme, un brin caricatural. L’auteur double son récit d’une critique du capitalisme, avec sesdériveset sonobjectifderentabilité àtoutprix. Cette farce est menée tambourbattant commeunpolar, avec un regard satyrique qui permet d’échapper à l’ennui. Beaucoup de dialogues et peu de descriptions, efficacité oblige !

Ed. Au Diable Vauvert 224 pages Amélie Collard

UN RENOUVEAU AU DELÀ DE LA PAROISSE

Les paroisses se vident ou se sclérosent faute de renouveau, à défaut de participants. Pour amener les fidèles à renouer avec le culte, il importe de se remettre en question et de gagner en pertinence. Le diagnostic n’est guère brillant mais les remèdes existent. Le père James Mallon propose une attitude positive en vue de pallier le problème et de trouver des alternatives qui transformeraient une paroisse médiocre en paroisse dynamique et missionnaire. Rempli de zèle et de passion pour l’Eglise, il ose une série de questions en vue de trouver des solutions adéquates autant pour les membres du clergé que pour les laïcs qui cherchent de nouvelles et de meilleures façons d’apporter leur témoignage et leur pratique religieuse autour d’eux. L’un des objectifs majeurs de sa démarche consiste à armer les prêtres dans leurs diverses tâches organisationnelles pour les aider à passer de la routine à la mission, de conseiller aux évêques de cesser de les déplacer tous les six ou huit ans et d’abandonner certaines anciennes habitudes pour s’ancrer dans le XXIe siècle que tout le monde sait complexe, en proie à un flux d’informations venues de partout, victime d’un athéisme galopant. Enfin, il convient de combattre les démons du défaitisme pour marcher droit devant en gardant la tête haute, déterminé à atteindre la lumière qui éclairera tous ceux qu’on croisera en chemin.

Ed. Artège 377 pages

Sam Mas

POUR LA SANCTIFICATION DU MONDE : L’HÉRITAGE DE VATICAN II

On considère souvent ce concile comme l'événement le plus marquant de l'histoire du catholicisme, symbolisant son ouverture au monde moderne et à la culture contemporaine, prenant en compte les progrès technologiques, l'émancipation des peuples et la sécularisation croissante. Des réponses y ont été cherchées pour correspondre au vécu des gens et unir les croyants, tout en répondant à leurs sollicitations terrestres. George Weigel s’interroge sur l’héritage de cette révolution au sein de l’Eglise. S’il n’hésite pas à nous rappeler les avancées de Vatican II et sa nécessité dans un monde de plus en plus emporté par l’athéisme, il revient sur les racines de la foi et les socles vitaux qui permettent de ne pas s’égarer dans une société livrée à tous les vents. L’occasion également de souligner à quel point il a provoqué un tollé entre conservateurs et ceux avides de s’accrocher à la modernité. Aujourd’hui, beaucoup ont oublié l’importance de cette vague souhaitée par le pontife Jean XXIII et menée tambour battant. Il s’agissait de donner aux générations futures la possibilité d’instaurer une nouvelle ère vitale pour les catholiques, de les impliquer dans l’organisation du culte et de se rapprocher d’eux. Ce livre répond à une série de questions telles que : Qu’est ce que Vatican II ? Le concile était il indispensable ? Quelles en sont les clés de lecture ? Avec quelle lunette doit on lire les textesnés desdébats ? Que reste t ilaujourd’huide lui dansnotre existence d’adeptes de la messe et des sacrements ?

Ed. Artège 427 pages

TREIZE À LA ONZAINE

Il y a eu la série « Famille d’accueil » avec Virginie Lemoine et Christian Charmetant qui a fait les belles soirées de FR3 télévision. Une saga tout public en neuf saisons racontant les bonheurs et les moins grandes joies d’un couple qui a choisi d’ouvrir sa maison à des enfantsposantdegrosoudemoinsgrosproblèmes.Sivousavezsuivi les aventures de Marion et Daniel à latélévisionet que vous attendiez l’épisode suivant avec fébrilité, voilà un livre qui devrait vous séduire. En 2010, Sarah Chauvancy, éducatrice dans un centre spécialisé, prend conscience des lacunes du système et se met en tête de les pallier en trouvant des solutions personnelles. Aidée par son mari Cyril, elle se lance dans une expérience peu commune et se met en tête d’accueillir des jeunes porteurs d’un handicap, confiés par la justice oul’aide sociale. Dela sortenaît « L’Espérance », uneadresse où chacun s’épanouit en grandissant, baigné dans une ambiance de quiétude et de courtoisie. Plutôt que de laisser à une tierce personne le soin de rédiger cet ouvrage, l’auteure a pris le risquede se raconter à travers ce récit, autant pour partager la richesse d’une expérience de vie en commun que pour solliciter d’autres familles à faire preuve d’ouverture en emboîtant ses pas. Un pari pas forcément gagné d’avance comme on le découvre au fil des chapitres, avec des hauts et des bas, une détermination qui ne s’est jamais laminée et la satisfaction de répondre à quelque chose d’extrêmement fort. Une tribu étonnante qui se veut avant tout une famille unie pour applaudir les victoires et se réconforter lorsque naissent des heures d’infortune. Mais jamais il n’est question de baisser les bras ou de procrastiner. Le bonheur reste un fruit qui se mérite et s’obtient avec obstination et courage. Un témoignage qui fera sans doute des émules Ed. Artège 187 pages

ENQUÊTE SUR LES ANGES

Voilà un sujet qui peut prêter à disons … un thème complexe qui opposera les uns et les autres ! Les anges existent ils ou sont ils le fruit de la tradition séculaire, messagers ou protecteurs ? Issus du judaïsme, ils occupent une place importante dans le christianisme et interviennent dans la Bible à de nombreux instants (lors de l’Annonciation, dans les rêves de Joseph, lorsqu’ils s’adressent aux bergers comme aux rois mages lors de la naissance du Christ, quand ils libèrent Pierre de sa geôle, etc.). Enquêter sur les anges revient tout bonnement à croire, à accepter une présence divine sans quoi il serait vain dedisserter plusloin. Puis, lafoi ences créatures célestes correspond à concilier deux univers ; le monde visible et l’invisible. Anne Bernet entend ici rassembler toutes les connaissances concernant ces êtres purement spirituels et formuler un avis qui reflète celui de l’Eglise. Voilà quelques questions auxquelles elle apporte des réponses : Qui est Gabriel ? Qui est Michel ? Les anges sont ils heureux ? De quelles grâces disposent ils ? A quel moment Dieu les a t il créés ? Combien sont ils ? Possèdent ilsun corps ? A quoi les reconnait on ? Y a t il des anges de la mort ? Parue il y a vingt cinq ans, cette enquête ressort aujourd’hui en format de poche. Avis aux amateurs ? Ed. Artège 571 pages

LA VOIE DES HOMMES

Née du mouvement féministe pour lutter contre les inégalités sociales en fonction du sexe, la sociologie du genre s’est d’abord intéressée à l’étude delasituation desadolescentes entant quepublic minoritaire et en quelque sorte rare dans la vie active. Progressivement, l’idée a émergé de complexifier les analyses en y ajoutant la question de la masculinité et de ses modalités d’expression. Comment penser la masculinité aujourd’hui dans une société ouverte à tous vents et à des gens issus de différentes communautés ? Philippe de Maistre aborde ce sujet complexe par la lorgnette de sa foi et vise à remettre l’homme dans son contexte, en laissant derrière lui les clichés qui encombrent son épanouissement dans unesociété demoinsenclineà vivre selonlesrègles patriarcales d’autrefois. Du coup, certains connaissent une crise d’identité faute de repères, condamnés à se remettre sans arrêt en question alors que les ritesd’initiationne sont plusetque leféminisme claironne un peu partout, au point de parfois susciter des craintes ou de mettre mal à l’aise. La masculinité, on ne le répète pas souvent, a toutefois besoin d’être confortée ou encouragée pour s’assurer elle même. La modernité a tourné le dos au système ancestral, livrant plusieurs adolescents à eux mêmes, amenés à errer de crise en crise. Pour réfléchir à ce constat, l’auteur a écrit cet ouvrage, poussé par des réflexions personnelles, desconstatsétablisautourdelui, destémoignagesmaiségalement diligentéparsafonction sacerdotale puisqu’il est prêtre. De chapitre en chapitre, l’attention porte essentiellement sur le petit garçon amené à s’éveiller pour trouver sa place dans le monde, à s’épanouir sans souffrir et à se libérer des carcans bien présents liés à son éducation. Avis aux amateurs !

Á L’OMBRE DE LA CITÉ RIMBAUD

Halimata Fofana nous parle du quotidien dans une banlieue parisienne oubliée par le pouvoir et livrée entre les mains de ses habitants. Des personnes issues des quatre coins de la planète et amenées à cohabiter. Maya grandit dans ce milieu, coincée dans une famille venue du Mali et pétrie de traditions. Un microcosme quipèse sur son éducation etendigue ses libertés. Pas question pour une fille de faire n’importe quoi, de sortirou de déroger aux ordres paternels ! A six ans, elle retourne dans son pays d’origine pour les vacances. En vérité, on a décidé de l’exciser. Une mutilation atroce dont elle ne comprendra l’horreur que plus tard. L’école parvient néanmoins à l’ouvrir à d’autres cultures, à regarder autour d’elle et à se poser des questions. De plus en plus, elle étouffe auprès des siens, se sent attirée vers un ailleurs qu’elle ne définit pas encore avec précision. Elle aspire néanmoins à prendre son essor et à devenir une femme exemplaire. Face au poids des croyances et des rites ancestraux, elle oppose toute sa jeunesse et sa ténacité, refusant de s’engluer dans le destin que sa famille désire la voir suivre, sans pour autant renier ses racines. Ce livre prouve qu’on peut avancer dans la vie et dénoncer des situations insoutenables sans pour autant sombrer dans la haine ni le voyeurisme. Un récit fort qui invite à réfléchir !

Ed. du Rocher 230 pages

FEMMES EMPÊCHÉES

"C'est ainsi que mon père les appelait, ces femmes qui ne peuvent aller au bout de leur maternité pour des raisons qui leur sont propres. Mon père les a bien connues. Longtemps, l'histoire de ma famille a été liée à celle de ses femmes..." Il n'a fallu que peu de temps pour que Yasmine se confie à Ania, comme si elles étaient sœurs. Lorsque les blessures de l'âme se rencontrent, un lien se tisse, spécial, fragments de vie et histoires inavouées se dévoilant avec le temps. Mais qui sont Ania et Yasmine ? Et qu'ont elles réellement en commun ?

Un pittoresque village ardennais, une odeur de bon pain, un Petit Bazar où chocolat, art et poésie se côtoient, une jeune femme, Ania, et sa mère adoptive, tels sont les ingrédients de départ de "Femmes empêchées", le premier roman de Leïla Zerhouni, auteure de nouvelles née dans le Hainaut (Belgique) professeur d'anglais et d'allemand. Un roman touchant, aux allures de conte, qui nous offre une véritable traversée du temps, William Wallace et Marguerite Yourcenar inaugurant en duo le récit par une citation. "On n'est pas libre tant qu'on désire, qu'on veut, qu'on craint, peut être tant qu'on vit". (L'œuvre au Noir, M.Y.).

Ania, c'est le printemps, la sensibilité, l'amour de la littérature, le questionnement permanent, aussi une amitié naissante avec Madame Kéra, libraire fraîchement débarquée au village, qui a repris le Petit Bazar, la quête d'identité, de soi même, au cœur. Comprendre ces femmes "empêchées", est ce possible ? Réellement envisageable ? Nous suivons de saison en saison et avec intérêt Ania, sa mère adoptive, Madame Kéra, d'autres personnages ne tardant pas à se greffer autour d'elles, notamment la belle et allante Yasmine qui vient du sud et Niko, un jeune journaliste impétueux épris de liberté et grand air. Voyage, voyage ...

Une traversée du temps ? L'histoire débute printemps 2018 mais très vite nous glissons en mai 1997 pour reprendre ensuite notre route, par touches successives, vers l'an 2000 et bien au delà, Leïla Zerhouni ayant fort bien construit son récit, le lecteur n'hésitant pas à tourner fébrilement les pages, son écriture rappelant en maintes occasions celle d'un certain Eric Emmanuel Schmitt. Une auteure à suivre assurément. "Dès son réveil, son esprit avait vagabondé sans pouvoir s'atteler à une tâche précise. Elle détestait ces matinées interminables, ces heures creuses et insipides. (...) La marche la remettrait d'aplomb et elle pourrait contempler la nature en chemin."

Comprendre sa mère, le comment, le pourquoi de ses décisions surtout, Ania s'accrochera à sa quête jusqu'au jour où... Mais n'en dévoilons pas davantage sur les sentiers que prenne le récit, son cheminement, mot qui n'est pas sans rappeler R.M. Rilke. Un roman recommandé ! Ed. M.E.O. 122 pages Thierry-Marie Delaunois

LA CHAIR DÉCHIRÉE D’UNE PETITE GRIOTTE NOIRE

Qu’y a t il de pire que le viol ? Les mots ne sont jamais suffisamment forts pour parler du ressenti de la victime et mettre sur la table ce qu’elle éprouvait lorsqu’elle se trouvait entre les mains de son ou de ses bourreaux et de toutes les pensées pesantes après cette violence inouïe. Comme de nombreuses filles et femmes agressées dans leur chair, Marianna ne parvient pas à oublier et peine à se reconstruire. Est il possible de remonter la pente suite à un pareil traumatisme et réapprendre à vivre en faisant confiance aux hommes ? Venue d’Afrique pour ses études, elle n’imaginait pas qu’elle serait laissée pour morte par ceux qui ont abusé de sa jeunesse. Un séjour à l’hôpital pour réparer ses blessures physiques importantes et de nombreux passages entre les mains de psychiatres pour guérir ses séquelles psychologiques graves suffiront ils à la remettre debout ? Il faut le talent de Pascal Vrebos, homme de radio et de télévision, pour parler de ce drame en évitant le voyeurisme morbide. Pour narrer ce fait divers, il a opté, avec l’aval du protagoniste, pour le roman soliloque qui se présente sous la forme d’une mise en abyme mêlant le souvenir de son grand père laissé loin d’ici et le présent bien tangible d’une nouvelle vie sur le continent blanc à des lieues de ses racines et où s’est joué l’indicible. Ed. M.E.O. 65 pages Sylvie Van Laere

JEAN CAPART, CHRONIQUEUR DE L’EGYPTE

Un livre grand public vient de sortir aux éditions Racine. Il est signé par l’historien Jean Michel Bruffaerts qui nous raconte le parcours d’un égyptologue hors normes. En un demi siècle de carrière, Jean Capart, conservateur en chef des collections du musée du Cinquantenaire, a fait rayonner l’égyptologie chez nous et chez nos voisins. Et même jusqu’aux Etats Unis où il fut Advisory Curator de la section égyptienne du Brooklyn Museum de New York. Il fut le fondateur d’une aventure fabuleuse que nous fait revivre l’auteur de la biographie : celle de la Fondation égyptologique Reine Elisabeth, la reine avec qui Jean Capart visita le tombeau du pharaon Toutankhamon en 1923. D’une revue aussi qui devait acquérir une renommée internationale : la Chronique d’Egypte. Aux côtés de la reine belge, il fut en effet un des premiers et des seuls égyptologues à pénétrer dans le tombeau royal avant que celui ci ne soit dépouillé de ses trésors.

Capart dirigea la fondation, à laquelle la reine avait donné son nom, de main de maître de 1923 à 1947, année de sa mort. Elle lui permit de faire de Bruxelles, durant l’entre deux guerres, la capitale internationale de l’égyptologie. Sous son impulsion, les archéologues belges entreprirent des fouilles à El Kab, ancienne capitale religieuse de la Haute Egypte. Fouilles qui se prolongent aujourd’hui encore, et où l’égyptologue mit à jour l’importance de la déesse Nekhbet dans la religion de l’Egypte antique.

Cette biographie, nourrie des photos de l’époque et semée de détails, suit Jean Capart dans un passionnant périple à travers l’égyptologie de la première moitié du 20e siècle. Vous y ferez la connaissance de Gaston Maspero, directeur du musée du Caire, d’Howard Carter, l’explorateur du tombeau de Toutankhamon dans la Vallée des Rois, du baron Edouard Empain, bâtisseur d’Héliopolis, et de bien d’autres personnages qui alimentaient les chroniques de l’époque. Une biographie richement illustrée sur le fondateur de l’égyptologie belge, qui était en fait juriste de formation. Ed. Racine - 256 pages Michel Lequeux

S’ILS N’ÉTAIENT PAS SI FOUS

Ils ne sont pas des superhéros, mais des femmes et des hommes façonnés de chair, avec leurs fêlures et leurs hésitations. Pourtant, ils aiment leur métier et ne rechignent pas face aux efforts. Claire Raphaël nous présente les coulisses du métier de flic en troussant des récits rédigés à hauteur d’épaules, ponctués de détails d’une froideur médicale et qui collent au plus près à l’ADN du terrain. En compagnie de Ludovic Marchand Thierry, nouveau dans la profession, et Alice Yekavian, ingénieure de la police scientifique, c’est toute une faune urbaine qui sedéplie àmesure que les chapitres s’égrènent. La banlieue parisienne paraît ici fort triste, à des lieues du luxe chatoyant pour touristes et de ses nuits branchées. Les gens se croisent sans se connaître, dans une indifférence affolante, avec au milieu d’eux un assassin qui n’hésite pas à appuyer sur la détente. Avec ce troisième roman, l’autrice ne renie pas ses engagements passés et parle de la violence faite aux femmes en frappant du poing sur la table. Le ton est dur, les euphémismes n’existent pas et l’action se trouve au rendez vous pour des rencontres brutales où la folie annihile le raisonnable et la mort toutes les évidences. Avis aux amateurs !

Ed. Rouergue 282 pages

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