Bruxelles culture février 2020

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BRUXELLES CULTURE 5 février 2020 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com

RENCONTRE : DAVID JOLLY


RENCONTRE : DAVID JOLLY Après un parcours atypique, cela fait maintenant dix ans que David Jolly expose un peu partout en Belgique. Il s’est également affiché sur les murs de la capitale, dans divers magazines, des fanzines et a participé à plusieurs clips musicaux et spots promotionnels. Avec des codes empruntés au mysticisme, au steampunk et au flowerpower, il développe un univers qui flirte tour à tour avec l’humour, l’étrange ou l’horreur. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’il dévoile régulièrement ses travaux récents au Musée d’Art fantastique de Bruxelles. Rencontre. Quelle est votre formation ? L'école de la vie et les occasions qui se présentent, mais j'ai validé mes compétences en décrochant un master en arts plastiques, visuels et de l'espace à l'ERG, établissement mieux connu sous le nom Institut Saint-Luc, ainsi qu'en suivant une formation en infographie bien pratique. Êtes-vous né avec un crayon dans la paume ? Pour me taquiner, mon frère disait que je n'avais pas vraiment de talent, mais plutôt un énorme entraînement. La chose est en partie vraie ! A la maison et en un rien de temps, je noircissais les rames de papier que ma maman ramenait du boulot et cela devenait toute une histoire pour mettre la main sur un stylo que je n'avais pas vidé. Il fallait tout conserver sous bonne garde et hors de ma portée, si on espérait s'en servir un jour. Alors oui, on peut sans doute dire que je suis né avec un crayon et des centaines de stylos dans la paume. Que représente pour vous l’acte de dessiner ? C'est d'abord une nécessité personnelle et une possibilité d'expression mais, surtout, un moyen d'extraction ou de conversion du réel. Dessiner revient à montrer ce qui est intrinsèquement inscrit en moi même si, toujours, on part de soi pour finir avec l'autre. A partir de quel instant considérez-vous une œuvre achevée ? A l’instar de la cuisine, une réalisation n'a pas forcément besoin d'être complexe pour être appréciée. Il faut surtout bien gérer chaque ingrédient et chercher le dosage ad hoc avant de servir le plat. Ni trop chaud ni trop froid. Ni trop salé ni pas assez ! Lorsque l'équilibre et la force sont atteints, il faut avoir l'intelligence et le courage de décider que le travail est terminé, sous peine de le gâcher avec des éléments perturbateurs. Quelles techniques utilisez-vous ? Je verse surtout dans le dessin, qu'il soit au marqueur, au feutre, au crayon, au pinceau ou avec d'autres instruments plus inattendus comme un râteau, un manche de pinceau brisé, des plumes ou des seringues. Chaque chose peut me servir et je n’ai aucune réserve. J'expérimente autant que possible. Je tâte également la sculpture avec de la terre, du papier mâché, du béton ou des jouets brisés, la gravure sur lino ou métal, le collage, etc. Toute matière peut entrer dans mon travail, qu’il s’agisse du bois, de chiffons, de bouts d’acier ou de morceaux de brique. Avez-vous besoin d’une mise en condition ? Même si, très souvent, je me mets au travail de manière impulsive et non réfléchie, certaines de mes réalisations ont été


mûries pour attendre le moment de leur éclosion. Il en va un peu de même dans ma vie quotidienne. Disons que j'aime avoir à boire et à manger sous la main. Il en va de même lorsque je créée. De la sorte, je prépare ma table avec tout ce qui va être nécessaire pour ne manquer de rien et me trouver dans la meilleure situation possible. Une fois le premier trait lancé, l’action est enclenchée et je m'arrête lorsque l'épuisement m'y contraint. Si quelque chose n’était plus à refaire, laquelle serait-ce ? Une chose est sûre, il vaut mieux avancer que répéter sans cesse le même geste et risquer d’enclencher une boucle d'insatisfactions. Chaque tentative apporte son lot de nouveautés, d'améliorations, de réflexions et d’idées nouvelles. Par exemple, il m'est arrivé de recommencer une trentaine de fois les premières pages d'une de mes bandes dessinées avant de poursuivre le travail. Y a-t-il certains artistes que vous appréciez particulièrement ? Il y a tellement d'artistes à aimer que j’ai l'impression d'être forcément discriminatoire dans ma réponse. Je peux cependant citer l'incontournable Vincent Van Gogh, dont l’œuvre résonne en moi par son coté psychédélique et ses audaces, Gustav Klimt pour l'incroyable beauté et le romantisme de ses compositions, Egon Schiele pour l'aspect manichéen de ses travaux et tout l'univers cyberpunk, dans lequel j'ai baigné pendant ma jeunesse. Percevez-vous une évolution dans votre manière de dessiner ? Bien sûr, chaque œuvre fait évoluer le trait et la démarche artistique. L’artiste en ressort toujours enrichi et, normalement, s’améliore. Pour ma part, j’ai clairement senti une progression. Concrètement, je peux affirmer que j’ai mûri et c’est tant mieux ! Avez-vous une anecdote à partager avec nos lecteurs ? Il y en a une qui me tient particulièrement à cœur, parce qu'il a fallu de l’audace et une bonne dose de culot pour la réaliser. Lors d'un Parcours d'artistes de Saint-Gilles, deux amis et moi avons profité de l’occasion pour réaliser, en totale illégalité, des collages géants dans les rues du quartier. Si vous étiez ministre de la culture, quelle mesure poseriez-vous pour aider les artistes ? Peut-être revaloriser le fait qu'un artiste est toujours actif, même en-dehors de la stricte réalisation de ses œuvres. Pour être sincère, je ne me sens pas du tout qualifié pour répondre à cette question parce que, je dois bien le reconnaître, je mène ma vie d'artiste comme elle se présente, sans me taper la tête contre les murs et sans regarder ce que les autres éprouvent, subissent ou atteignent comme objectif. C’est sans doute un bien gros défaut, mais je l’assume sans honte. Par quoi vous laissez-vous inspirer ? L’inspiration naît de tout et n'importe quoi. Vraiment tout et n'importe quoi ! L'important est de ne pas perdre sa vigilance et de s’endormir. La curiosité doit rester en éveil permanent. Dans quels coins de la capitale pourrait-on vous croiser ? Je n'ai pas d'habitudes précises. Cependant, je flâne souvent dans les rues de Saint-Gilles, une commune dans laquelle je me suis fixé lorsque j’ai débarqué dans la capitale et qui a pris une place bien douillette dans mon cœur. Je passe également une partie de mon temps dans une enseigne située au 123 rue royale, un chouette endroit qui assume une bonne politique culturelle, avec beaucoup d’événements qui s’adressent aux artistes et à toute personne


désireuse de passer un agréable moment. Un vrai repère pour les amateurs ! Quels sont vos projets ? Faire éditer quelques bandes dessinées que j'ai réalisées ces derniers temps et multiplier les expositions collectives ou personnelles Retrouvez David Jolly sur le site www.djollyjumper.jimdo.com Propos recueillis par Daniel Bastié

HUMOUR : SOIS BELGE ET TAIS-TOI ! Voilà un spectacle qui fait du bien ! Pour la vingt-deuxième année consécutive, « Sois Belge et Taistoi ! » révèle le potentiel comique d’un pays souvent surréaliste. Le résultat est parfois absurde, souvent piquant mais toujours drôle et pertinent. Plus qu’une tradition, c’est un spectacle total et bourré de talents : imitations, sketches, parodie, chansons… Sur scène, les comédiens savent tout faire (ou presque) avec énergie et générosité. Ils se moquent, font rire et réfléchir (mais pas trop). Ils tapent tous azimuts et ne ratent personne. Alors ne les ratez pas non plus ! Après les élections du 26 mai 2019, il y a eu suffisamment de matière pour des auteurs à la plume experte en jeux de mots et de situations pour chatouiller l’actualité avec beaucoup d’humour (à croire que les responsables politiques le font exprès !). Le climat, le Brexit, la mobilité, les élections, les négociations, le communautaire, des sujets de société, la vie de tous les jours et la Belgique sont un fond quasi inépuisable pour des chansonniers qui adorent piquer là où ça chatouille, sans méchanceté mais avec une acuité sans censure. Au bout de deux décennies de shows endiablés et renouvelés incessamment, on sait que la morosité est invitée à demeurer au vestiaire. Un festival de séquences drôles, impertinentes et justes écrites sur le fil par le duo (père et fils) André et Baudouin Remy et à applaudir les 17, 18 et 20 février 2020 au Centre culturel d’Auderghem. Plus de détails sur le site www.ccauderghem.be Boulevard du souverain, 183 à 1160 Bruxelles


EXPOSITION : MÉMOIRES – « ABSRACT » ET « LUMIÈRES » Serge Tenèze vient de la figuration. Puis, fin 2017, une métamorphose s’est opérée, tant psychologique qu’esthétique. Pourquoi reproduire le réel alors que la photographie le permet avec une aisance remarquable ? L’occasion de déposer le pinceau et de se remettre complètement en question, sans renier une quinzaine d’années de pratique qui traduisent des états d’âme aussi bien qu’elles reflètent une époque. Aller de l’avant, abandonner le trait, progresser en songeant à dégraisser l’ensemble et en ne retenant que le mouvement, le rythme et la couleur : voilà le challenge ! Bien sûr, simplification ne signifie jamais facilité. Chaque approche nouvelle implique de ne pas se renier et de ressentir les sensations et les passages, sans omettre le rôle prépondérant de la lumière qui veloute, qui chatoie et qui fluctue. Les trente-cinq toiles accrochées aux cimaises parlent sans nécessiter l’intervention d’un interprète, en aparté avec le visiteur, soufflent une expression, suggèrent une atmosphère, opposent des idées. La mémoire de notre temps se veut également celle d’un monde qui s’active toujours davantage, en proie au vertige de la technologie et à la vitesse que chacun tutoie au quotidien. Peindre ces instants fugaces revient à les associer à certains parfums, à l’une ou à l’autre musique captée à la radio ou capturée sur le Net, à une senteur qui séduit l’odorat. Enfin, aux rencontres futiles ou non qui émaillent les enjambées d’une existence. Malheureusement, la mémoire humaine engourdit le plus souvent ces instants précieux pour n’en retenir que de vagues souvenirs. Dans sa série, Abstract - Lumières noires et Lumières de verre, Serge Tenèze s’immerge complètement dans cette perception et cherche à figer les émotions floues qui meurent si on n’y prend pas garde. Plutôt que d’encourager le défaitisme, il privilégie les moments solaires et transpose (par le truchement des pigments de couleur) tout ce qui agrémente les semaines qui se succèdent sans faiblir. Tout participe à cette perception qui devient matière, brillance ou matité, linéarité ou relief, huile ou cire, toile légère, panneau de bois dur et rigide ou verre, alchimie entre les différents supports, agrégats des noirs d’os ou de fer malaxés aux huiles cuites ou brutes, aux essences entêtantes d’aspic, de térébenthine ou de cire. Un constat s’impose. En tournant le dos à l’académisme et à tout ce qu’il a mis en chantier jusqu’alors, l’artiste s’invite à une sincère redécouverte, à contrebalancer le pour et le contre de chaque action. Surtout à créer de nouveaux outils et à en chercher ailleurs, qu’il s’agit de grattoirs, de lames tranchantes, de brosses, de plexi tordu, de racloirs, etc. Cette manifestation picturale est à découvrir dans les trois premières salles du rez-de-chaussée d’Espace Art Gallery du 6 au 29 février 2020 et du mercredi au samedi de 11 heures 30 à 18 heures 30. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


THÉÂTRE : LA PUTAIN RESPECTUEUSE La pièce de Jean-Paul Sartre s’inspire de l’affaire des Scottsboro boys : neuf hommes noirs (comme on disait à l’époque !) âgés de douze à vingt ans, accusés du viol de deux femmes blanches sur base de preuves falsifiées, et dont huit ont été condamnés à mort. L’auteur donne peu la parole aux prévenus et se focalise sur les manigances orchestrées par un sénateur véreux et Fred, un citoyen blanc dont le cousin a tiré sur un des suspects. Tous deux cherchent à arracher un faux témoignage à Lizzie, prostituée qui refuse de se compromettre en jurant ce qui n’est pas. Malgré les pressions, elle maintient le cap qu’elle s’est assigné, consciente de se mettre en porte-à-faux par rapport à ceux de sa communauté. Comme toujours dans son théâtre, l’auteur explore l’âme humaine et la révèle sans fard, prouvant que chacun évolue en suivant sa conscience, en s’érigeant contre l’avis général et en proclamant sa vérité, sans craindre que l’opprobre public puisse s’abatte sur ses épaules. En rédigeant ce texte au début des années 50, il était parfaitement serein, maître de son écriture et certain de susciter le débat. Lizzie apparaît comme une femme humiliée, contrainte de vendre ses charmes en journée, et qui, contre toute attente, rejette farouchement l’idée de monnayer son libre-arbitre. Malheureusement, l’actualité nous montre encore trop souvent que le racisme prime ici ou ailleurs, que les a priori ont la vie dure et que le monde ressemble à une lave brûlante qui charrie tout dans une tourmente incontrôlable. Au-delà des propos extrêmement violents, Sartre dresse un remarquable portrait de femme qui force la réflexion. Les apparences ne sont pas forcément ce qu’inspire un jugement superficiel. Véritable coup de poing, cette pièce reste surtout l’occasion d’assister à une joute dans laquelle le plus fort n’est pas nécessairement celui auquel on songe. Le réalisateur Jean-Marie Piemme lui donne une identité et une pensée contemporaine, attestant de son intemporalité. Dans l’Amérique d’hier, l’homme de couleur était toujours coupable. De récents faits tragiques attestent que les mentalités n’ont pas évolué et que les suspects des fifties pourraient être le migrant du XXIe siècle. Priscilla Adade, Michel Charpentier, Mary Diaby, Samuel du Fontbaré, Thierry Hellin, Aurélien Labruyère, Robin Lescot et Berdine Nusselder sont à applaudir jusqu’au 15 février 2020 au Théâtre des Martyrs. Plus de détails sur le site www.theatre-martyrs.be Place des martyrs, 22 à 1000 Bruxelles

THÉÂTRE : SOISSONS DANS L’AISNE Henri Liebman, dit Riton Liebman, est né à Bruxelles en 1964. Fils d’un professeur d’Université (ULB), il débute fort jeune sa carrière au cinéma en donnant la réplique à Carole Laure, Gérard Depardieu et Patrick Dewaere dans « Préparez vos mouchoirs » (1978). Saisi par le virus de la comédie, il multiplie les apparitions pour le grand comme le petit écran. Dès 2000, il passe à la réalisation et se met à écrire. Les pièces comme les films se succèdent à un rythme effréné. Avec « Soissons dans l’Aisne » (son dernier texte), il revient en force sur les planches pour livrer une galerie de portraits de curistes, camés récidivistes, toxicos en tous genres, alcooliques, mais aussi Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Ces gueules cassées nous renvoient l’image de notre société autant que celle de l’auteur lui-même. Un type pas si ordinaire, un poil à la marge, un singulier antihéros du quotidien. Un gars qui nous fait rire et qu’on est bien forcé d’aimer, car il touche chacun dans son intimité. Au demeurant, ce spectacle déjanté raconte le récit d’un mec en manque et de ses cinquantesix jours d’abstinence totale de tous produits susceptibles de modifier le comportement. On s’amuse énormément, tout en apprenant à nous regarder dans la psyché déformante de nos addictions. Un événement à applaudir du 4 au 22 février 2020 à 20 heures 30 au Théâtre de Poche. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.poche.be Chemin du Gymnase, 1A à 1000 Bruxelles


THÉÂTRE : SUR LA ROUTE DE MADISON Tout le monde se souvient du film magnifique avec Meryl Streep et Clint Eastwood, rempli de sensibilité, alors que le comédien nous avait habitués à des longs métrages musclés. Didier Caron et Dominique Deschamps se sont rompus au jeu de l’adaptation et proposent une version qui ne trahit en rien le long métrage découvert en salle ou à la télévision. Bouleversant au point d’atteindre l’élégance, « Sur la route de Madison » se révèle une pépite qui parle d’amour fusionnel et néanmoins impossible, car bridé par les conventions. En filigrane, il pose la question des responsabilités à prendre ou non. Comment abandonner le quotidien pour se laisser emporter par ses désirs, être soulevé par un bonheur incertain et dont personne ne sait combien de temps il durera. On sait que l’amour rend aveugle. En quatre jours, un photographe itinérant rémunéré par le National Geographic une mère au foyer, momentanément seule, vivent une liaison extrême. Pour magnifier ce double portrait de quadragénaires blessés, il a fallu énormément de pudeur pour ne jamais salir les émotions et rendre palpable les non-dits. Autant que le récit, l’ambiance demeure primordiale, avec un climat qui évite le mélo. En filigrane, se posent les questions de la fidélité, du changement d’axe à saisir dans le cours d’une vie et la prise de risque nécessaire lorsqu’on souhaite repartir à zéro. Bien entendu, chaque spectateur peut s’identifier aux protagonistes. Que faire lorsqu’on est saisi par un coup de chaud ? Divorcer ? Abandonner ses enfants ? Taire ce qui agite les sens ? Le Théâtre royal des Galeries déplie le tapis rouge avec ce texte remarquable, qui bouscule les habitudes et qui parle de petites choses anodines pour sublimer la passion. Qui peut expliquer l’amour ? A ce jour, il n’existe aucune formule mathématique pour le circonscrire. Sait-on vraiment pourquoi on s’éprend de quelqu’un et ce qui stimule les sentiments ? Pour beaucoup, il demeure un mystère, hors de toute compréhension et régi par une attirance mutuelle entre deux êtres (parfois aux antipodes l’un de l’autre !). On s’émeut face aux dialogues imaginés par Robert James Waller. Sur scène, Natacha Amal (excopine du commissaire Moulin dans la petite lucarne et ancienne Femme de Loi dans la série éponyme) est étonnante de naturel, surprise d’une rencontre dont elle ne sait pas encore qu’elle marquera le restant de ses jours. Un élan passionnel qu’elle tiendra secret et qu’elle rangera dans le placard de ses souvenirs. A sa mort, ses enfants découvriront, étonnés, ce qu’elle a vécu alors qu’ils étaient partis avec leur père participer à la Foire de l’Illinois. Entre choc et incrédulité, ils n’ont pas d’autre choix que d’accuser le coup, remettant évidemment en question le bonheur supposé du couple formé par leurs parents. Sur les planches, Steve Driesen et Angelo dello Spedale Catalano donnent la réplique à la comédienne sous la direction de Toussaint Colombani. Les représentations ont lieu du 5 février au 1er mars 2020 au Théâtre royal des Galeries. Plus de détails sur le site www.trg.be Galerie du Roi, 32 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


DIXIÈME CÉRÉMONIE DES MAGRITTE BELGES Le grand cube de verre du Square au mont des Arts à Bruxelles vient de refermer ses portes, samedi 1er février, sur la 10e cérémonie des Magritte du Cinéma. La cérémonie était présidée par Pascal Duquenne, le héros du Huitième jour qui nous a émus dans le film de Jaco Van Dormael en 1996, et qui est resté une figure emblématique du 7e Art belge. La soirée fut animée par Kody, grand maître de cérémonie qui succède aux prouesses d’Alex Vizorek. Humoriste, comédien et chroniqueur radio, c’est un habitué des planches qui touche à tous les médias, notamment au Web avec la série Lost in Traplanta primée à La Rochelle et à Berlin. On le verra prochainement dans Lucky, une comédie désopilante d’Olivier Van Hoofdstadt qui sort en salle le 26 février. Quant à l’affiche de la cérémonie, elle est signée Spencer, un peintre du street art qui utilise le pochoir pour raconter des histoires. C’est la métaphore cinématographique de l’œil qui a inspiré son dessin. Il a utilisé la silhouette du trophée des Magritte en guise de reflet dans l’iris du spectateur. De la spectatrice, devrait-on dire, car il a pris en photo l’œil de son amie pour l’agrandir à la proportion voulue. Après plusieurs essais sur différents supports, c’est finalement sur un mur délabré, dont la texture l’inspirait, qu’il a peint la version définitive à l’aérosol. Ça devrait donner des idées aux tagueurs de nos rues. Les lauréats A l’heure où nous rédigeons ces lignes, il n’est pas possible encore de vous révéler quelles vedettes et quels films ont été récompensés par 850 professionnels du cinéma. Si vous avez suivi la retransmission en direct des Magritte belges sur la Deux (RTBF), vous corrigerez sans peine le pronostic suivant. Parmi les nominés, ayant donc droit à toute notre attention, Nuestras madres de César Diaz pourrait remporter le prix du meilleur film, à moins que ce ne soit Seule à mon mariage de Marta Bergman ou Le jeune Ahmed des frères Dardenne. Duelles, thriller avec Veerle Baetens et Anne Coesens, concourt au prix de la meilleure réalisation ou du meilleur montage. Patrick avec Kevin Janssens est bien placé aussi pour recevoir le prix du meilleur film flamand en langue française. Ou Binti encore de Frederike Migom. Enfin, pour la meilleure coproduction, Tel Aviv on Fire, joyeuse comédie israélo-belge, le disputera aux frères Dardenne (Les frères Sisters ou Sorry, We Missed You). Ces trois films sont également présentés dans la section du meilleur scénario original. Vous pourrez voir ou revoir tous ces films dans la tournée cinématographique qui sera organisée en février-mars à Bruxelles et en Wallonie. Vous les retrouverez aussi en feuilletant les numéros de Bruxelles Culture qui ont précédé. Une labellisation des Magritte du Cinéma sera désormais visible sous la forme d’un pré-générique avant la projection des films belges promis aux Magritte de l’année suivante. La cérémonie s’est achevée sur le sourire voluptueux de Monica Bellucci, la plus francophone et la plus francophile des actrices italiennes, qui a reçu le Magritte d’Honneur. Son regard ténébreux, profond, transperçant, continue d’irradier la salle et l’écran, après sa présence éblouissante aux côtés de Daniel Craig, le célèbre espion britannique de 007 Spectre de Sam Mendès. On ne dirait pas que la madone italienne soit au cœur de la cinquantaine, qui lui va à ravir. Elle succède à Raoul Servais, Sandrine Bonnaire, André Dussollier, Vincent Lindon, Pierre Richard, Emir Kusturica, Costa-Gavras, Nathalie Baye et André Delvaux. Aux meilleures figures du cinéma francophone donc. Projection des films primés du 11 février au 18 mars dans plusieurs salles de Bruxelles et d’une quinzaine de ville en Wallonie. Michel Lequeux


OPÉRA : LE NOZZE DI FIGARO La Monnaie fait le pari de représenter les trois opéras de Wolfgang Amadeus Mozart et du librettiste Lorenzo Da Ponte sous forme de trilogie. Avec la mise en scène de ClaracDelœuil et sous la direction musicale d’Antonello Manacorda, ces classiques seront interprétés comme trois parties d’une même histoire présentant une multitude de personnageset d’actions concomitantes. Pour débuter en fanfare ce festival, « Le nozze di Figaro » propose un feu d’artifices défendu par des artistes tels que Simona Saturova, Sophia Burgos, Robert Gleadow, Ginger Costa-Jackson, Rinat Shakam, Alexander Roslavets, Yves Saelen, Caterina Di Tonno et Riccardo Novaro. Les noces de Susanna et Figaro, respectivement employés par la comtesse et le comte Almaviva, deviennent l’enjeu d’une journée particulière. Ce dernier est prêt à tout pour séduire la jeune fiancée et la posséder avant qu’elle ne se marie, mais ses plans sont contrecarrés par Figaro et par l’adolescent Cherubino qui virevolte autour des deux femmes. Finalement, ce sont elles qui démêlent ce nœud d’intrigues et échafaudent une savante contestation de la domination masculine. Librement adapté de Beaumarchais, cet opera buffa a été créé le 1er mai 1786 au Burgtheter de Vienne. L'œuvre connut un succès croissant. Après la première représentation, huit autres furent données et ce jusqu'à la fin de la même année. Néanmoins, la reconnaissance ne fut pas unanime, car une partie de la noblesse ne comprit pas l’œuvre ou la délaissa, même si le livret atténua la charge corrosive contre les privilèges de certains dénoncés dans le texte original. Voilà un classique à applaudir à La Monnaie du 18 février au 21 mars 2020. Plus de détails sur le site www.lamonnaie.be Place de la Monnaie à 1000 Bruxelles

OPÉRA : COSI FAN TUTTE La Monnaie fait le pari de représenter les trois opéras de Wolfgang Amadeus Mozart et du librettiste Lorenzo Da Ponte sous forme de trilogie. Avec la mise en scène de Clarac-Delœuil et sous la direction musicale d’Antonello Manacorda, ces classiques seront interprétés comme trois parties d’une même histoire présentant une multitude de personnages
et d’actions concomitantes. Pour poursuivre en fanfare ce festival, « Cosi fan Tutte » est défendu sur les planches par Ginger Cota-Jackson, Urii Samoilov, Juan Francesco, Rinat Shaham et Riccardo Novaro. Les femmes seraient par nature infidèles et les hommes naïfs : c’est ce que cherche à prouver Don Alfonso à Guglielmo et Ferrando, respectivement amoureux de Fiordiligi et de Dorabella. Ainsi, Don Alfonso met en place un stratagème : les deux amis font mine de s’absenter, puis réapparaissent sous une autre identité, afin de séduire leurs partenaires. Dans ce jeu, tant la fidélité conjugale que les identités prétendument stables sont remises en question. À la suite du succès de « Les Noces de Figaro », Mozart s’est pris au jeu et a misé sur la comédie napolitaine pour puiser son inspiration. L’empereur Joseph II, qui appréciait le compositeur, l’a invité à écrire sur le livret de Lorenzo Da Ponte, qui s’était basé sur une anecdote réelle qui avait amusé toute l’Europe. A Trieste, deux officiers avaient échangé leur épouse pour les tester. Il a été raconté que, pris au jeu, Mozart aurait noirci les portées en à peine cinq semaines, livrant un travail prêt à être monté sur scène. La première a eu lieu le 26 janvier 1790, suscitant un réel engouement. La suite est connue. « Cosi Fan Tutte » est devenu un standard et a été repris un peu partout dans le monde, prouvant qu’il s’agissait du travail d’un surdoué. Cet opéra est à applaudir à La Monnaie du 20 février au 26 mars 2020. Voyez davantage de détails sur le site www.lamonnaie.be Place de la Monnaie à 1000 Bruxelles


OPÉRA : DON GIOVANNI A Séville, en Espagne. Séducteur blasphémateur, Don Giovanni avance masqué pour séduire Donna Anna, par ailleurs fiancée à Don Ottavio. Anna le repousse et reçoit la protection du Commandeur, son père. Au cours d’un duel nocturne, Don Giovanni blesse à mort le vieil homme, avant de s’en aller, sans le moindre remords, vers d’autres proies, toujours flanqué de son valet Leporello, complice récalcitrant de ses audaces. Donna Elvira et Zerlina seront les autres victimes criantes du libertin. Après avoir perpétuellement glissé entre les mailles des filets (et s’en être délecté avec concupiscence), Don Giovanni ira brûler dans les flammes de l’enfer, entrainé par le spectre du Commandeur venu venger sa fille et rétablir l’ordre des choses. Derrière ses hardiesses et sa quête effrénée des femmes, ce sont Dieu, les hommes et l’ordre du monde que Don Giovanni raille et défie. C’est en cela que sa chute sera inéluctable et son châtiment foudroyant. L’opéra de Mozart (un drame joyeux) chante tout cela avec une force irrépressible. Le livret habilement troussé de Lorenzo da Ponte reprend le mythe de Tirso de Molina (dont Molière a également fait son Dom Juan), mais la musique de Mozart, dès l’ouverture, nimbe l’ensemble d’une dimension qui dépasse de très loin l’anecdote pour se parer du mythe. Les amateurs l’affirment : Don Giovanni est le summum du génie mozartien, une sorte de faîte où les hauts et les bas de la nature humaine se jouxtent de manière intime, où flirtent le tragique et le grotesque, le sublime et le dérisoire, les élans spirituels et les plaisirs de la chair. Bien qu’elle vienne au tout début de l’œuvre, l’ouverture de cet opéra annonce la fin tragique du protagoniste, libertin intrépide et effronté. Lors de sa première, elle a surpris les spectateurs, qui s’attendaient à un divertissement, or l’opéra débute comme une messe des morts ! Pour le philosophe Kierkegaard, le héros de l’opéra de Mozart est plus qu’un personnage : il est un résumé de l’homme tout entier, de son courage et de sa lâcheté, de sa grandeur et de ses vices. Bref, un personnage intemporel. Sous la baguette du chef Antonello Manacorda, l’orchestre de la Monnaie, ses chœurs et les ch anteurs Bjorn Burger, Simona Saturova, Lenneke Ruiten, Robert Gleadow, Juan Francesco Gatell, Sophia Burgos, Urii Sa moilovil et Alexander Roslavets vous feront vivre un moment de forte émotion. Un opéra à applaudir du 22 février au 28 mars 2020 à La Monnaie. Plus de détails sur le site officiel www.lamonnaie.be Place de La Monnaie à 1000 Bruxelles

OPÉRA : MONIUSZKO À PARIS Un compositeur reçoit la chance de sa vie : présenter un nouvel dans la capitale ! Mais il n’a que quatre semaines pour l’achever et, sous le coup de la terrible pression, il se perd dans son intrigue. « Moniuszko à Paris » se veut un mélodrame joyeux librement inspiré de faits réels. Il s’agit d’un opéra-comique en partie inspiré par la vie du compositeur Stanisław Moniuszko (le père de l’opéra polonais) mais aussi par le belcanto et l’histoire de Don Quichotte. Le jeune compositeur Andrzej Kwieciński (né en 1984) s’appuie sur le langage de l’avant-garde moderniste pour développer un nouveau style de belcanto, tandis que le librettiste Krystian Lada investit l’esprit de l’artiste en crise pour qui la distinction entre réalité et fiction se fait toujours plus floue. Le metteur en scène français Marc Lainé crée à ces fins un espace mental dans lequel le compositeur Moniuszko finit par se confondre avec Don Quichotte, le protagoniste de son propre opéra. Une œuvre à découvrir à La Monnaie les 28 et 29 février 2020. Plus de détails sur le site www.lamonnaie.be Place de la Monnaie à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : BEAUTIFUL LACE & CARINE GILSON À travers cette exposition, la créatrice bruxelloise dévoile ce qui l’inspire : du jardin d’Eden aux kimonos japonisants, en passant par l’Art nouveau ou les œuvres de peintres célèbres. Elle raconte ses rencontres et ses collaborations avec des artisans de haut vol. Elle décrit le processus de création de ses pièces luxueuses et sophistiquées. En filigrane, les codes de sa maison se dessinent. Car, comme pour toutes les maisons de couture, un ADN unique définit chaque pièce qui sort de son imagination. Beautiful Lace & Carine Gilson propose une rencontre étonnante entre deux temps forts de la dentelle : durant deux siècles, la guipure bruxelloise a eu le gratin international à ses pieds. Depuis trente ans, Carine Gilson crée chez nous, dans notre belle capitale, de la lingerie de couture mêlant soie et dentelle. Un échantillonnage de son travail est à découvrir jusqu’au 19 avril 2020 au Musée de la Mode et de la Dentelle. Trouvez tous les détails pratiques et sur le site officiel de l’organisateur www.fashionandlacemuseum.brussels Rue de la violette, 12 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION: SUPER-HEROES NEVER DIE / COMICS AND JEWISH MEMORIES De quelle manière naissent les super-héros ? À travers plus de deux cent œuvres originales, cette exposition raconte comment la bande dessinée américaine s’entremêle, depuis ses débuts et jusqu’à aujourd’hui, aux tumultes de l’Histoire. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, une génération de dessinateurs juifs américains, soucieux de s’intégrer au point qu’ils ont dissimulé leurs patronymes aux consonances étrangères, ont donné naissance aux plus célèbres super-héros : Batman, Superman, Captain America et, parmi plusieurs autres, Spiderman. Près d’un siècle plus tard, les super-héros restent des figures centrales de notre culture contemporaine et passent avec brio le cap du grand écran. Si les causes qu’ils défendent ont changé, les questions d’identité et d’intégration, déjà abordées dans les années 1930, s’y lisent encore, parce qu’une société en crise a toujours besoin de personnages hors-normes auxquels s’identifier. Cette exposition a vu le jour grâce à un partenariat avec le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris et le Joods Historisch Museum d’Amsterdam. Un évènement à découvrir jusqu’au 26 avril 2020 au Musée juif de Belgique. Plus de détails sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles


THÉÂTRE : LES ATRIDES Dans la mythologie grecque, les Atrides sont les descendants d’Atrée, roi de Mycène et père d’Agamemnon et de Ménélas. Il est raconté que cette famille a été marquée par le sceau de la violence, multipliant les meurtres et imaginant les barbaries les plus lâches pour obtenir le pouvoir. Rien ne lui a été épargné : infanticides, incestes, parricides, viols, cocufiages, etc., faisant presque passer les Borgia pour des enfants de chœur. Au départ, il s’agissait néanmoins d’une famille comme les autres, appelée au bonheur, sans qu’une folie déraisonnable ne s’abatte sur elle et entraîne chacun de ses membres dans un labyrinthe de tourments. Comme souvent, guerroyer ne sert à rien, sinon à répandre inutilement le sang et décupler la haine. On le sait, en pareille situation, personne ne sort victorieux. Le Théâtre royal du Parc s’empare du récit d’Eschyle, écrit au cinquième siècle avant notre ère pour parler d’ambition, de désir de filiation, d’exactions et oser une réflexion sur la démence qui atteint certains monarques. Alors que la crise est portée à un paroxysme, aucun discours ne peut ramener les hommes à un juste raisonnement. Ici, chacun cherche à accroître son pouvoir sans s’accorder aux autres, en sombrant dans l’isolement le plus strict, en se voilant la face et en perdant ce qui lui reste de lucidité. Les règles sociales et religieuses ne remplissent plus leur fonction et ne servent qu’à rendre spectaculaires des vies abîmées. La reconstruction est un chantier qui peine à être entrepris et seul un cataclysme pourrait secouer les âmes. Le metteur en scène Georges Lini adapte les codes de la tragédie antique et rend contemporain un chef-d’œuvre étudié dans les universités. Après « Un conte d’hiver », « Tailleur pour dames » et « MacBeth » (sa dernière réalisation pour le Théâtre royal du Parc), il renoue avec le visuel, en se servant de nombreux effets spéciaux pour rendre ostensible un drame fort en rebondissements, puissante évocation des tempéraments et parabole d’existences foudroyées. Avec un souci d’actualisation, il pose un regard décalé qui nous permet de la faire résonner au présent un texte vieux de presque vingt-cinq siècles, de lui faire perdre son statut de classique pour en renouveler la perception, faire surgir des réponses neuves et imprévisibles aux résonances contemporaines afin de provoquer une nouvelle ouverture des sens auprès des spectateurs. Au demeurant, un théâtre qu’il dynamise pour le transformer en véritable performance pour les acteurs, obligés de se mouvoir sans cesse et poussés à décupler leurs efforts. Deux heures de prestation, à néanmoins déconseiller aux jeunes de moins de quatorze ans. Violence oblige. La pièce « Les Atrides » est à applaudir jusqu’au 15 février 2020. Plus de détails sur le site officielwww.theatreduparc.be Rue de la Loi, 3 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


THÉÂTRE : LES ÉMOTIFS ANONYMES Le spectacle commence et les spectateurs suivent de près le fil de l’histoire qui se déroule, pas à pas. C’est le récit d’une passion amoureuse qui s’articule entre deux personnes. Elles éprouvent ce sentiment toujours désarmant qu’est la timidité. L’une se prénomme Angélique. L’autre, JeanRené. Angélique est une chocolatière d’exception. De son côté, Jean-René est le boss d’une fabrique de chocolat. N’étaient-ils pas faits pour se rencontrer ? Le chocolat, doux aphrodisiaque, devient l’occasion tentante de se rapprocher et celle aussi d’être le dénominateur commun de deux êtres distincts, trop isolés dans un monde qui va trop vite. Le dialogue péniblement amorcé, il était écrit que tous deux seraient confrontés à une épreuve de taille : annihiler l’effacement lorsqu’on se trouve confronté aux autres ou à la personne dont on pourrait s’éprendre. Du coup, chacun de leur rendez-vous se métamorphose en une lutte pour se vaincre soimême et exprimer la sincérité d’une passion naissante. Leurs prises de parole, quand ils sont ensemble, devient un combat pour se dévoiler leur amour. Avec ce spectacle théâtral de qualité, Arthur Jugnot signe une mise en scène qui tient en haleine les spectateurs du début jusqu’à la fin. Quant au jeu des acteurs, il ne cesse de captiver l’attention. Pour le dire en usant d’une formule, « Les Émotifs anonymes » est un vrai régal tant pour les yeux que pour la sensibilité. Une pièce avec Nicolas Buysse, Charlie Dupont, Tania Garbarski, Aylin Yay à voir au théâtre Le Public jusqu’au 22 février 2020. Plus des détails sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64-70 à 1210 Bruxelles Saïd Kalonga

THÉÂTRE : LES TRICHEUSES

Nous sommes au XIXème siècle, un temps pas si lointain dont est issu le nôtre. Dans un quartier peu sûr, infesté de voyous, une mère sentant le vent tourner empoigne sa gamine, et d’un coup de couteau lui coupe la tignasse. Casquette et pantalons : « À partir de maintenant, tu t’appelleras Jean ! ». Voilà la mère en taule et la fille à la rue. Toute seule. Mais, protégée par son apparence, elle ira sonner aux portes. Jean se fera domestique. L’habit ne fait pas le moine, dit-on, mais l’apparence souvent crée la fonction. Or, par une nuit fatale, une puce maudite va s’introduire sous le tissu patiemment cousu, et déchirer l’habit… laissant apparaitre la vérité toute nue. « Les tricheuses » conte une histoire vraie ou qui aurait pu l’être. Une histoire de subterfuge pour échapper à la violence. Une histoire d’identités falsifiées pour cause de survie, de paix ou de liberté. Dans ce spectacle, très librement inspiré d’une nouvelle de George Moore, toute une troupe d’acteurs enfile les costumes d’époque, se fond dans les peaux et livre une histoire comique et tragique de puce, de charbon, de double fond … et de sororité. Alors, bienvenue à l’hôtel ! Frederik Haùgness, Jeanne Kacenelenbogen, Patricia Ide, Magali Pinglaut et Chloé Struvay excellent sous la direction de Michel Kacenelenbogen. A découvrir avec bonheur jusqu’au 22 février 2020. Plus de détails sur le site officiel www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64-70 à 1210 Bruxelles Sam Mas


THÉÂTRE : LE CERCLE DE WHITECHAPEL Arthur Conan Doyle, George Bernard Shaw, un directeur de théâtre et une femme médecin s’impliquent pour mettre un terme aux agissements de Jack l’éventreur, un des premiers serial-killers de l’histoire contemporaine. Un véritable boucher qui a mis en émoi l’Empire britannique et qui a commis des meurtres sadiques, a priori sans mobile, s’en prenant exclusivement à des prostituées en voie de clochardisation. Malgré la diligence de Scotland Yard, son profil demeure extrêmement flou. Le placer sous les verrous rassurerait tout le monde. Alors, quatre cerveaux de l’époque s’activent pour débloquer les choses. « Le cercle de Whitechapel » fait monter la tension crescendo, mêle le vrai et le faux et associe des personnages historiques qui n’ont jamais planché sur cette épineuse énigme. Aujourd’hui, on ignore toujours qui était réellement le fameux tueur en série et les supputations continuent d’aller bon train, pointant du doigt l’un ou l’autre suspect. Tout ce qu’on sait est que, au bout de trois semaines de crimes répétés, il a cessé toute manifestation. Arrêté pour d’autres motifs, décédé ou parti sévir à l’étranger ? Bien entendu, Julien Lefebvre ose une théorie personnelle, qui sert ici d’épilogue. Dans les rôles principaux, Stéphanie Bassibey, Pierre-Arnaud Juin, Ludovic Laroche, Nicolas Saint-Georges et Jérôme Paquatte jouent à la perfection et rendent crédibles une atmosphère so british. Voilà un thriller familial à découvrir du 11 au 15 février 2020 à 20 heures 30 au Centre culturel d’Auderghem. Plus de détails sur le site www.ccauderghem.be Boulevard du Souverain, 183 à 1160 Bruxelles

GUILLERMO GUIZ : AU SUIVANT ! De son vrai nom Guy André Daniel Michel Verstraeten, Guillermo Guiz a fait ses armes à la radio avant de monter sur les planches. Gendre idéal, il use de son physique pour donner vie à des personnages attachants et drôles et se raconter sur le ton de la confidence. Privilégiant les bons mots, il est devenu en quelques mois le roi de la vanne. Jamais méchants, ses sketches mettent en scène des situations ordinaires et règlent les petits problèmes du quotidien grâce à des pirouettes et une dose salutaire de bonne humeur. Avec une maîtrise de l’espace scénique, il fait montre d’une aisance remarquable, soigne chacune de ses interventions et musèle les grincheux. Le temps de la représentation, il véhicule une bonne humeur fédératrice, sans temps morts et offre une heure trente de talent, soutenu par un tempo de métronome. La mise en scène épurée souligne son grand talent. Ni esbroufe ni effets spéciaux. Le monologue ciselé est très vite devenu sa signature. Plutôt que de se fier à des tiers, il rédige seul et se fie à sa seule inspiration. En ce sens « Au suivant ! » est un one-man-show personnel, qui flingue tous azimuts et se révèle d’une rare efficacité. Une performance à découvrir au Théâtre de la Toison d’Or du 23 janvier au 29 février 2020. Plus de détails sur le site www.ttotheatre.com Galeries de la Toison d’Or, 396-398 à 1050 Bruxelles Daniel Bastié


EXPOSITION : UNE ARTISTE BELGO-POLONAISE À CARTE DE VISITE 2020 Alicja Polechońska, peintre, dessinatrice et aquarelliste exposera quelquesunes de ses toiles à l’expo Carte de Visite - ARTopenKUNST, qui se tiendra les samedi 8 et dimanche 9 février 2020 à Bruxelles, dans les anciens magasins Vanderborght. Le vernissage aura lieu le vendredi 7 février de 18h00 à 22h00. Pour la 7ème édition de cette exposition collective et multidisciplinaire organisée à l’initiative de la ville de Bruxelles, cette artiste a choisi le thème de l’immigration, de la mixité et du métissage culturel. Alicja Polechońska, belge et bruxelloise d’origine polonaise, née à Szczecinek (Pologne), n’en est pas à ses débuts. Elle avait obtenu en 1979 une mention dans un concours de dessins d’enfants intitulé Notre patrie et notre enfance est peinte en belles couleurs, créé à l’occasion du 25ème anniversaire de la Pologne. Cette distinction avait pesé sur sa décision de faire ultérieurement des études au Lycée des beaux-arts plastiques de Koszalin (Pologne) et par la suite à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, ainsi qu’à l’école des Arts d’Ixelles. Elle est également diplômée en slavistique (agrégation et licence en philologie polonaise et classique à l’université de Poznan) et formatrice en langues. Depuis 2003, elle a participé à une quarantaine d’expositions collectives et individuelles, essentiellement à Bruxelles. Elle a obtenu une mention pour son tableau intitulé Chemin d’Emmaüs dans le cadre du « Prix d’Art Chrétien » (Palmarès 2014 Bruxelles), fondé en 1970 par René Pouillard. Ses thèmes préférés sont les motifs bibliques, l’immigration, le métissage culturel, l’éducation et les motifs ludiques ou architecturaux. Son inspiration principale vient de l’observation de son entourage et des personnages divers rencontrés dans l’exercice de ses activités. Elle a également travaillé comme formatrice et animatrice socio-culturelle dans le cadre d’ateliers créatifs. Dans ses œuvres, qui oscillent entre figuration et abstraction, elle a su créer une atmosphère chaleureuse et riche en couleurs où prédomine l’aspect humain et social. C’est par la couleur et le dynamisme dans la composition picturale qu’elle exprime ses émotions et qu’elle transmet la profondeur de son intuition. Rue de l’Ecuyer, 50 à 1000 Bruxelles Martin Falco

FESTIVAL ANIMA Le Festival Anima représente un marathon de dix jours entièrement consacrés au cinéma d’animation avec des films inédits adaptés pour chaque tranche d'âge, des tout petits aux plus grands. A côté de la sélection de trois cents films d’animation, le festival propose des ateliers d'initiation au cinéma d'animation pour les enfants, des rencontres avec les réalisateurs, une exposition interactive, des concerts, des conférences pour les professionnels, des installations ludiques autour de l'animation et des crêpes pour tous ! En ouverture, les spectateurs découvriront le long métrage L’Extraordinaire Voyage de Marona. Un beau film poétique et touchant, sixième d’Anca Damian (après Le Voyage de monsieur Crulic et La Montagne magique) et vrai conte de fées moderne sur les petites et grandes choses de la vie. Le récit propose de suivre une petite chienne bâtarde qui a connu plusieurs foyers. Aujourd'hui frappée par un accident, elle se remémore ses aventures et les moments heureux partagés avec ses anciens maîtres. En regardant le monde à travers les yeux d’un animal de compagnie, on reçoit une vraie leçon de bonheur qui nous fait prendre conscience de la préciosité de chaque instant et de l’importance de ne pas passer à côté des moments simples. Un script servi par un graphisme époustouflant et une trame narrative fluide. Cet événement est à suivre du 21 février au 1er mars 2020 à Bozar et à Flagey. Plus de détails sur le site www.animafestival.be Sam Mas


FESTIVAL : PAROLES DE FEMMES Ce festival célèbre les femmes artistes. À travers une programmation pluridisciplinaire, les actrices, les autrices, les réalisatrices, les photographes et les metteuses en scène participantes abordent des thématiques telles que la discrimination sur le lieu de travail, l’identité, le métissage ou les tentatives de rapprochement à la culture originelle, le courage de pratiquer un métier dans un contexte professionnel difficile, les héritages culturels, la migration, etc. Chaque histoire contée met en lumière des femmes d’exception aux trajectoires et destins singuliers. La réflexion et le débat seront ouverts aux spectateurs présents à la fin de chaque présentation. Car le statut de la femme dans la société doit être dénoncé et expliqué, l’Espace Magh valorise l’engagement des productions féminines artistiques et milite pour l’égalité entre sexes. Une exposition permet de découvrir les travaux de Lynn S.K. Après des études de cinéma, cette dernière choisit la photographie afin d’élaborer une recherche en images autour de la sororité, la mémoire enfouie et l’entre-deux géographique, directement issue de son histoire personnelle, ancrée entre la France et l’Algérie. Son travail autour de l’identité féminine et de l’adolescence l’amène à collaborer régulièrement avec des auteures telles que Virginie Despentes, pour le film Bye-Bye Blondie, ou Lola Lafon pour différents romans et albums, notamment Une vie de voleuse. Depuis plusieurs années, elle participe à des expositions personnelles ou collectives en France et à l’international : Biennale des Photographes du Monde Arabe Contemporain à Paris, les Rencontres de la Jeune Photographie Internationale à Niort, Musée National du Bardo à Alger, etc. Elle collabore également à des publications pour la presse ou des maisons d’éditions (Qantara - IMA, Actes Sud, Eurozine et quelques autres). Ce focus pas comme les autres s’achève le 28 févier 2020 et propose une kyrielle d’événements à découvrir pour oser la réflexion et militer pour davantage de parité. Voyez tous les détails pratiques et la programmation sur le site www.espacemagh.be Rue du Poinçon, 17 à 1000 Bruxelles

FESTIVAL : HEROES AND HEROINES Pour sa quatrième édition, l’Afropolitan Festival invite des artistes et le public à célébrer leurs héroïnes et héros. Les musiciens Fela Kuti et Miriam Makeba ont marqué et continuent d’inspirer des générations d’artistes et d’activistes de tous âges et de tous horizons. Tout comme l’auteure Toni Morrison, disparue en 2019, qui a révolutionné le roman américain. Afropolitan rend hommage à ces artistes et à bien d'autres à travers des concerts, des films, des rencontres, des performances et des défilés de mode. Au programme, le concert exclusif du groupe légendaire congolais Zaiko Langa Langa Langa, qui fête ses cinquante ans. La jeune génération célèbre aussi ses héroïnes et héros lors des soirées slam & rap proposées par Prezy, Joy Slam et Inua Ellams.Le cinéma, la mode et la danse seront également au cœur de l’événement. Côté films, à noter une série de documentaires musicaux « Screen The Beat » et une projection de courts métrages de jeunes réalisateurs afro-descendants installés aux Pays-Bas. Côté mode, le pop-up sera à nouveau assuré par New African Wave et deux défilés célèbreront de grandes figures afropolitaines. En danse, Bintou Dembele, figure du hip-hop en France et chorégraphe du récent ballet krump « Les Indes Galantes » sur la musique de Rameau, ainsi que le danseur New Yorkais Cal Hunt proposeront une performance issue de cette chorégraphie et reviendront sur l’aventure artistique et humaine de cette création pour l’Opera Bastille à Paris. Enfin, n’oublions pas les débats, les Meet & Greet avec les artistes, les workshops et la nouvelle plateforme de networking des festivals afropolitains et les événements partenaires hors les murs... Trois jours pleins d’intensité donc, qui allient arts, fête et réflexion, à l’image des nouvelles scènes Afropolitaines. Cela se passera à Bozar du vendredi 28 février au dimanche 1er mars 2020. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : KEITH HARING BOZAR présente une grande rétrospective de l’artiste américain légendaire, Keith Haring. Ami et compagnon d’art à la fois d’Andy Warhol et de Jean-Michel Basquiat, Keith Haring a manifesté une présence unique dans le New York des années 1980, jouant un rôle clé dans la contre-culture et créant un style immédiatement reconnaissable. Surtout célèbre pour ses motifs iconiques (chiens aboyeurs, bébés rampants et soucoupes volantes), Haring cherchait à faire œuvre d’art public qu’il diffusait à travers son Pop Shop, les médias ou, encore, dans les métros et les espaces urbains collectifs. Puisant ses influences dans l’expressionnisme abstrait, le pop art, la calligraphie japonaise ou les travaux des grapheurs new-yorkais, son style singulier, en apparence spontané, était tout autant traversé par les énergies de son époque, du voyage dans l’espace au hip-hop et aux jeux vidéo. Une œuvre puissante, qui n’a rien perdu de son actualité à redécouvrir jusqu’au 19 avril 2020. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

FESTIVAL : MOUSSEM CITIES Avec le festival pluridisciplinaire Moussem Cities, Moussem et ses partenaires bruxellois se focalisent, comme chaque année, sur une métropole de la region MENA. Des villes avec une histoire riche et culturellement diverse, mais surtout des villes qui jouent un rôle vital dans les sociétés contemporaines, grâce à leur dynamique artistique. Moussem Cities est une plate-forme pour des artistes, touchant à des thematiques universelles, levant la voile sur le contexte artistique local et alimentant un échange avec Bruxelles. Après les éditions autour de Tunis, Beyrouth, Casablanca et Damas, nous vous invitons à découvrir Alger. Fondée au 4ème siècle av. J.-C., comme comptoir phénicien en pays amazigh, elle est occupée consécutivement par les Romains, les Vandales, les Byzantins et les Arabes, les Turques et les français. Alger est une ville portuaire et carrefour historique à l’intersection du monde arabo- amazigh, européen et africain, et aussi le centre politique et économique, jouant un rôle important dans la vie culturelle algérienne et maghrébine. Alger devient après l’indépendance de l’Algérie en 1962 la capitale de toutes les utopies postcoloniales. Elle devient ainsi la Mecque des révolutionnaires du monde dans les années 70, une ville phare du mouvement des non-alignés pendant la guerre froide, et accueille le 1er Festival panafricain en 1969. La capitale algérienne est aujourd’hui une des plus grandes métropoles au Maghreb. C’est la ville des jeunes, du désespoir et de l’espoir. Plus d’un tiers de la population a moins de 20 ans et c’est cette jeune génération qui a surpris le monde récemment, en sortant massivement dans les rues de la capitale pour réclamer des réformes politiques et sociales et donner un nouveau souffle aux printemps arabes. La richesse historique et le brassage culturel d’Alger est bien remarquable dans ses expressions artistiques. Alger est la ville où l’ancienne médina, la Kasbah, côtoie remarquablement des immeubles haussmanniens édifiés par la puissance coloniale française. Alger est aussi la ville qui a donné naissance au genre musical le plus populaire de toute l’Algérie : le chaâbi ou la musique populaire algérienne. Malgré la mainmise de l’Etat sur la vie culturelle pendant des décennies, nous assistons de nos jours à l’émergence d’une scène indépendante dans différentes disciplines artistiques.

Un méga événement à voir à Bozar jusqu’au 28 février 2020. Trouvez tous les détails pratiques sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : CLAUDE MONET – L’EXPÉRIENCE IMMERSIVE Comme pour l’exposition consacrée il y a peu à Vincent Van Gogh et qui s’est tenue à la Bourse de Bruxelles, Claude Monet – L’expérience immersive utilise les nouvelles technologies du digital pour animer les toiles de Claude Monet et vous intégrer à son univers. Ainsi des projections de plus de trois cents œuvres de l’artiste défilent à 360° et vous garantissent une aventure unique. Vous commencerez la visite par une introduction à Claude Monet, avec une explication de sa technique et de ses influences, ainsi qu’un survol de son existence. Ensuite, vous serez embarqués dans la salle immersive où défilent de manière animée, créative et surprenante les toiles de l’artiste. Un éveil des sens grâce aux coups de pinceaux virtuels et à la musique originale du compositeur belge Michelino Bisceglia. Vous assisterez à un spectacle son et lumière époustouflant ! Petit bonus avec l’Atelier Giverny, qui n’est autre que l’atelier de Monet. Vous y quitterez l’art digital pour contempler de nombreuses reproductions de l’artiste. En fin de parcours, retour à l’art digital avec une expérience VR (réalité virtuelle). Ce sera l’occasion de vous glisser dans la peau de Monet, grâce à des lunettes spéciales. Cette rencontre unique de dix minutes vous emmènera dans son atelier à Giverny mais aussi à Londres, aux Pays-Bas et en Norvège. Claude Monet – L’expérience immersive s’adresse à tout public, aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Il s’agit d’un moment exceptionnel pour une découverte à deux, une activité de groupe, une sortie familiale ou une visite solo. Une surprise attend les âmes artistiques. Au demeurant, un événement sensitif à découvrir sans tergiverser jusqu’au 19 avril 2020. Ne manquez pas cette odyssée exceptionnelle et voyez toutes les informations pratiques sur le site www.expo-monet.be Rue du marché-aux-herbes, 116 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ANTARCTICA Explorez l’Antarctique comme si vous y étiez ! L’exposition Antarctica vous emmène en expédition en Terre Adélie, aux abords de la base française Dumont d’Urville. Vous êtes prêt ? Entrez dans le vestiaire où se préparent les plongeurs, avant de glisser avec les phoques et les manchots dans l’eau glacée de l’océan Austral. Puis rejoignez-les dans les profondeurs grouillantes d’espèces étranges et magnifiques. De retour à la surface, vous voilà au beau milieu de la banquise, à quelques mètres à peine d’une colonie de manchots empereurs. Asseyez-vous et écoutez leurs appels, observez comment ils s’occupent de leurs jeunes, regardez-les se tenir au chaud en se serrant les uns contre les autres … Il y a tant à voir dans ce paysage à 360 ° ! Antarctica se veut une exposition immersive au cœur de ce continent exclusivement accessible aux scientifiques. De superbes films projetés sur de grands écrans – dont une projection finale à 360 ° – et des infographies sur le mode de vie des animaux vous font découvrir la fascinante biodiversité terrestre et sous-marine du pôle Sud. Luc Jacquet, le réalisateur oscarisé pour son film documentaire La Marche de l'empereur, présente dans cette exposition deux mondes contrastés : un désert de glace inhospitalier où vivent à peine quelques espèces animales (des oiseaux et mammifères marins) et un monde sous-marin qui regorge de vie avec plus de neuf mille espèces de poissons, mollusques, crustacés, coraux, etc. Ses images impressionnantes et souvent uniques vous feront réaliser combien l'Antarctique est beau, mais également fragile ! Une exposition à découvrir jusqu’au 30 août 2020 au Musée des Sciences naturelles. Trouvez tous les détails pratiques sur le site www.naturalsciences.be Rue Vautier, 29 à 1000 Bruxelles Sam Mas


LES RENDEZ-VOUS AU CARPE DIEM Jeanne Marie Darke, dit Chantyne, est une passionnée et, comme tous les gens passionnés, elle aime partager ses passions. Celles-ci sont multiples. Forte de ses expériences diverses dans l'événementiel et participante depuis 2003 aux "cafés philos", Chantyne a compris l'intérêt d'un créneau complémentaire qu'elle a mis sur pied en novembre 2015 dans les salles du restaurant Carpe Diem (à un saut de puce de la station de métro Mérode), mais aussi itinérante ailleurs dans Bruxelles. Passons en revue ses rencontres culturelles qu'elle dirige avec maestria où la décontraction et la bonne humeur sont de mise. "Rencontres & progrès/Réflexions sur la psychologie" (dont vous pouvez également consulter la page Facebook sur le Net) ont lieu le premier et le troisième dimanche du mois. Les réjouissances débutent tantôt à 18H, tantôt à 1 heures. Les participants viennent avec différents thèmes à débattre. Le thème du jour sera choisi après un vote à main levée. Il relève soit de la philosophie, soit de la psychologie, soit encore de l'histoire. Tous les modérateurs sont diplômés dans le domaine et jouent le rôle d'animateur/modérateur. Lorsqu'il est question de philosophie, par exemple, pas question de tomber dans un hermétisme de mauvais aloi. Un peu à l'instar de l'émission "Ce n'est pas sorcier"... on "vulgarise" le verbe, toutefois avec justesse pour donner accès au tout public. Un public nombreux répond présent. L'assistance moyenne oscille autour d'une trentaine de personnes. Le pic de 40 est parfois atteint nécessitant ainsi l'apport de chaises supplémentaires ! Et puis, toujours guidée par son désir de partage et son appétence jamais rassasiée pour la culture sous toutes ses formes, Chantyne a étendu ces rencontres aux mercredis. Attention, le mercredi, les réjouissances débutent à 19 heures ! Il y a le rendez-vous mensuel que nous donne Gaëtan Faucer. Gaëtan Faucer, un autre passionné, est dramaturge et plusieurs de ses pièces ont déjà été jouées au théâtre. Très éclectique, sous le label "Gaëtan Faucer raconte...", l'homme nous tient en haleine en nous parlant de Casanova, de Michel Audiard, de Franz Kafka, de Marilyn Monroe, de Joséphine Baker, ou encore de Victor Hugo ou d'Antoine de Saint-Exupéry... Des séances interactives puisque le public est invité à participer en posant des questions ou en apportant sa pierre à l'édifice. En ce qui concerne les autres mercredis (19 heures), il y a une alternance entre Alain Hosdey et Françoise Vandeville. Ex responsable des Ressources Humaines et ex Directeur Scientifique chez Ichec, Alain Hosdey est licencié en psychologie et auteur de nombreux ouvrages. Lors de ces soirées, il est question de psychologie sociale. Quant à Françoise Vandeville, c'est plutôt l'aspect didactique qui est mis en valeur par cette licenciée en philologie germanique/anglaise, agrégée CAPAES à l'ULB, licence spéciale en documentation, 40 ans dans l'enseignement secondaire supérieur...) Alors, n'hésitez pas... si votre emploi du temps vous le permet, faites un saut jusqu'au Carpe Diem où, après un bon repas (le rapport qualité prix est excellent), prenez l'escalier qui vous mènera à l'étage où Chantyne sera ravie de vous accueillir pour vous faire découvrir une ambiance conviviale autour d'un sujet ou d'un thème traité avec passion par des acteurs dont la simplicité n'est pas la moindre des qualités... Voyez tous les détails pratiques sur le site www.le-carpediem.be Avenue de Tervueren, 13 à 1040 Bruxelles Alain Magerotte


THÉÂTRE : TON JOLI ROUGE-GORGE Fini le temps du bleu pour les garçons, du rose pour les filles avec ces quatre adolescents perdus dans la forêt et à la recherche de leur identité. Celle-ci passe-t-elle par le sexe qui leur est imposé, par les vêtements qu’ils échangent, par leurs prénoms réduits à des diminutifs portant à la confusion ? Par les mots tronqués qu’ils prononcent, ils mélangent les genres. Ils se trompent aussi d’années, car ces quatre ados accompagnés de leur robot sont des quadragénaires qui tiennent un discours juvénile, fait de bribes et de morceaux, souvent confus d’ailleurs. C’est le sujet de Ton joli rouge-gorge, pièce de théâtre présentée en janvier au Grand Varia à Bruxelles, qui sera rejouée au Théâtre de Namur en février. Une métaphore Le sujet de cette pièce écrite par Ludovic Barth et Mathylde Demarez, fondateurs de la Clinic Orgasm Society, se fonde sur une métaphore. On retrouve le passereau des bois et des jardins, à la collerette orangée, dans le masque porté par un des personnages à la fin de la pièce. Il est agressé à coups de pelle par un de nos boy-scouts qui s’acharne sur lui en le rendant responsable de l’épidémie qui les frappe tous. S’ils vomissent tripes et boyaux sur la scène, c’est à cause de cet oiseau de malheur qui leur a refilé une sacrée gastro-entérite. A tout bout de champ, l’infection les fait dégobiller sur la scène. La bave verte s’amoncelle sur les planches que la bande d’ados tente de recouvrir avec de la sciure de bois. Mais le rouge-gorge, c’est aussi de la lingerie féminine qui rappelle la femme usant d’artifices féminins pour séduire. Elle est présente parmi eux, cette femme, avec deux filles (Gwen Berrou et Mathylde Demarez également en scène) qui font mine d’être des fillettes asexuées, mais qui exhibent leurs seins prometteurs et leurs fesses aguicheuses. Ce serait si bon d’y toucher à l’ombre du feuillage, juste pour voir, pour sentir, et c’est ce que fait l’un des garçons sous le regard étonné des autres. Repoussé, il en devient aussitôt brutal, et sa voix grêle d’ado devient la voix grave d’un homme violent, frustré dans ses désirs, qui se met à injurier « la sale pute » qui ne cherchait que ça. On voit comment le sexe sur lequel s’interrogent les jeunes remet chacun à sa place, en lui faisant découvrir sa nature profonde qui ne demandait qu’à paraître. La frustration sexuelle libère les instincts, faisant de l’homme un mâle excité par la femme qui devient sa chose. Sa proie prête à la copulation. Le cerf se met à bramer dans les bois (d’où le prénom Brame attribué au robot qui les accompagne). Le rouge-gorge, ce pourrait aussi être le vit, la bitte, le popol. Rester neutre Toute la pièce joue sur le genre des mots, masculinisés à outrance par l’instinct sexuel. Peut-on s’en passer et rester dans la zone grise, neutre, où évoluent d’abord nos quatre jeunes exclus de la société par l’épidémie qui les a fait fuir ? Peut-on rester neutre en échangeant les habits (jupes pour les garçons, pantalons et seins nus pour les filles) ? En mêlant les pulsions du désir sous une tente commune où ils dorment avant de passer à l’acte. En jouant au docteur avec l’autre qu’ils examinent de près : filles et garçons vont découvrir leurs parties intimes sous la jupe où ils se faufilent à tour de rôle.


La pièce ne répond à aucune de ces questions. Elle nous laisse dans l’expectative. Mais elle pose le problème du genre et du sexe à travers un langage inclusif où il et elle deviennent « iel » avec des personnages ambigus qui sont à la recherche de leur identité. Le français, lui, a perdu son genre neutre, sujet du Rouge-Gorge. Disons-le franchement : Ton joli rouge-gorge n’est pas facile. Ce conte philosophique « tragico-rétrofuturiste » déconcertera d’abord le spectateur habitué aux catégories cartésiennes du masculin et du féminin, pas à ce « et/ou » qui heurte notre sens logique. Celui du spectateur commun. Mais si nous faisons l’effort de réfléchir, le conte nous invite à découvrir notre nature profonde, altérée par l’âge, le langage, les conventions sociales et le pli des habitudes. Car chacun a une part de l’autre inscrite dans ses gènes, petite ou grande. Avec le temps, cette part grandit ou diminue. C’est l’histoire de nos penchants sexuels. Attention à bien suivre cette heure et demie de spectacle, car l’improvisation en fait partie et si on perd le fil du discours en train de se faire, on est vite largué. Avec Yoann Blanc, l’inspecteur de La Trêve, dans le rôle d’un de ces adolescents perturbés. Au Théâtre de Namur du 18 au 22 février prochain. Michel Lequeux

EXPOSITION : THE WORLD OF BRUEGEL IN BLACK AND WHITE

Il y a près de 450 ans, au XVIe siècle, la Flandre était le centre de la production et du commerce des estampes. Bruegel et son éditeur, Hiëronymus Cock, y jouaient un rôle clé. Leur savoir-faire exceptionnel et leur esprit d'entreprise sont au cœur de l’événement qui se tient actuellement à Bruxelles. Avant de lancer une première édition sur le marché et de pouvoir la diffuser de par le monde, l'estampe avait déjà parcouru un long chemin. Apprenez, grâce à cette exposition, le déroulement du processus du dessin à l'estampe. Bien sûr, tout le monde connaît Bruegel en tant que peintre de renommée internationale, mais peu savent que, de son temps, il était surtout connu grâce à ses estampes. La Bibliothèque royale de Belgique conserve une collection complète et sans équivalent connu. L'exposition « Le monde de Bruegel en noir et blanc » vous entraîne dans l’univers imaginaire de ce maître flamand et est à découvrir jusqu’au 16 février 2020. Un magnifique catalogue a été publié pour l’occasion, apportant un regard innovant sur le travail graphique de cet immense génie. De récentes études ont permis d’apporter à chaque estampe un éclairage moderne, avec moult anecdotes. En parcourant les salles, les visiteurs se familiarisent avec des eaux fortes, des gravures, des épisodes bibliques, des scènes paysannes et des images humoristiques. Si cette manifestation culturelle vous intéresse, vous trouverez tous les détails pratiques sur le site www.kbr.be Boulevard de l'Empereur, 4 à 1000 Bruxelles Paul Huet


EXPOSITION : CROSSROADS On le sait, la fin de l’Empire Romain a plongé l’Europe dans une période de déclin. C'est du moins la version classique que l'on entend lorsque l'on parle du Haut Moyen Âge, cette époque située entre 300 et 1000 après J.C., également surnommée « Âge sombre ». Peuples en migration, nouvelles structures politiques, changements climatiques, conflits religieux, ... Cette période a néanmoins plus de points communs avec notre monde moderne qu’il n’y paraît. Un temps d’échanges et de contacts grâce aux voyages, au commerce, à la diplomatie et aux guerres. L'exposition « Crossroads » vous invite à reconsidérer vos certitudes et à voyager à plus de mille ans du XXIe siècle pour aller à la rencontre des Avars, des Francs, des Mérovingiens, des Byzantins, des Égyptiens et des Vikings par le truchement d’objets qui illustrent à merveille un savoir-faire et des techniques artisanales qui, toutes, témoignent d’un haut degré de civilisation. Bijoux mérovingiens, manuscrits en parchemin écrits en runes, monnaies en or des empereurs byzantins, textiles coptes aux motifs et aux couleurs étonnantes se tutoient pour proposer un fascinant dialogue qui rappelle à quel point tout changement peut devenir vecteur de nouveauté et de transformation. Loin des livres scolaires poussiéreux qui se complaisaient à parler de barbarie, la fin de l’héritage antique n’a jamais été synonyme de chaos ni d’apocalypse. Au contraire, la population a dû s’adapter à une dynamique qui a encouragé les influences réciproques entre nations pour voir naître de nouvelles identités culturelles. Le Musée du Cinquantenaire propose de réveiller l’archéologue qui sommeille en chaque visiteur jusqu’au 29 mars 2020. Plus de détails sur www.artandhistory.museum Parc du Cinquantenaire à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : PAUL DELVAUX, L’HOMME QUI AIMAIT LES TRAINS Paul Delvaux (1897-1994) a développé une œuvre magistrale qui s’inspire du monde ferroviaire. A l’occasion des 25 ans de son décès, Train World vous propose de plonger dans son univers à la fois poétique et mystérieux. Magnifiquement intégrés dans la scénographie de Train World, les tableaux du maître surréaliste entrent en écho avec l'atmosphère singulière du musée. Le temps d’une exposition, nous vous invitons à vivre cette résonnance magique et à découvrir l’œuvre de ce passionné de trains et de gares. Le parcours présente l’évolution du peintre : il débute par les premiers dessins des années 1920, se poursuit avec les aquarelles des années 1930 et continue par la découverte des pièces monumentales des années 1950-1970. Au travers d'objets personnels de l’artiste, on découvre sa passion pour l'univers ferroviaire. Une exposition magistrale et unique Une cinquantaine d'œuvres sont exposées. Les pièces présentées proviennent du Musée Paul Delvaux (Saint-Idesbald) et de collections privées. Elles n’en sortent que très rarement ! On peut ainsi admirer une vingtaine de grands tableaux dont La gare forestière (1960) - une de ses œuvres phares - ainsi des toiles mettant en scène des femmes dans un paysage ferroviaire : L’âge de fer (1951), Le voyage légendaire (1974) ou encore Le Tunnel (1978). A côté des toiles, aquarelles et dessins, vous pouvez également découvrir des maquettes de trains faites sur mesure à la demande de l’artiste et visionner un film inédit. Si la fascination du peintre pour le rail reste un mystère, cette exposition vous promet un voyage empreint de rêverie et d’une certaine nostalgie … Un événement à découvrir jusqu’au 15 mars 2020 au Musée du Train. Plus d’informations sur www.trainworld.be Gare de Schaerbeek Place Princesse Elisabeth, 5 à1030 Bruxelles


SPECTACLE : POURAMA POURAMA Le Théâtre Les Tanneurs accueille le spectacle qui a révélé l'artiste franco-iranien Gurshad Shaheman. Depuis sa création en 2015, Pourama Pourama a conquis le cœur de nombreux spectateurs. Le spectacle, salué par la presse, livre une histoire intime bouleversante. Cet objet hybride, à la croisée du théâtre, de l'installation sonore et de la performance, raconte trois périodes de la vie de Gurshad Shaheman. La configuration scénique, dans trois espaces différents, permet une intimité et une proximité toute particulière. Un petit bijou à ne surtout pas manquer ! Sachez également que Gurshad Shaheman (qui est artiste associé au Théâtre Les Tanneurs depuis juillet 2019) créera chez nous, du 21 au 30 avril 2020, le spectacle Silent disco où il mettra en scène des jeunes qui ont vécu une rupture avec leur famille. Un spectacle à applaudir du 12 au 15 février 2020. Plus de détails sur le site www.lestanneurs.be Rue des tanneurs, 75-77 à 1000 Bruxelles

SPECTACLE : DÉSOSSE-MOI (SI TU L’OSES) Au commencement, le corps. Le corps comme accès à soi-même ; le corps lesté par ce qu'il a traversé durant des siècles de conventions, de contraintes, d'évolutions ; le corps féminin et les tabous qui s'y rattachent ; l'enveloppe-corps qui nous façonne ou qui nous limite. La compagnie Les Plaisirs Chiffonnés poursuit son travail autour de la représentation corporelle, de la féminité et de tout ce qui touche à l'a-mour. Désosse-moi (si tu l'oses !) rend poreuses les frontières entre le théâtre, la musique et la danse. Les interprètes passent librement d'une discipline à l'autre, se métamorphosent au fil d'une parole poétique. Dans cet univers onirique, décalé et fantasmatique, Adam et Ève côtoient des féminités multiples, nos fantômes du passé et les manifestations d'amour qui émaillent notre vie. Une création à découvrir du 11 au 21 février 2020 au Théâtre de la Vie. Plus de détails sur le site www.theatredelavie.be Rue Traversière, 45 à 1210 Bruxelles

FESTIVAL : BRIGHT BRUSSELS Le Bright Brussels est un festival des lumières disséminé un peu partout dans la capitale, avec un parcours fascinant qui fait la part belle aux illuminations. Il se compose d’une quinzaine d’installations artistiques, interactives, voire récréatives. Cette balade entraîne les amateurs du cœur historique du haut de la ville en passant par la place Poelaert, les Marolles, le Sablon, le Quartier Royal et la Porte de Hal. Une occasion de découvrir des quartiers connus sous le feu de mille projecteurs. Le Bright Brussels se veut 100% gratuit et est ouvert à tous les publics du 13 au 16 février 2020 de 18 heures 30 à 23 heures. Voyez davantage de détails sur le site complet de l’organisateur www.bright.brussels.be Sam Mas


UN KET DE BRUSSELLES (Une fable selon monsieur Jean Anouilh) Comme c’est mon anniversaire ce mois-ci (je dis ça pour que tu m’envoies un cadeau, merci), je vais te dire une petite fable que j’ai trouvée dans le recueil de monsieur Anouilh, qui était surtout un grand … comment tu dis ça ? dramaturge ? ouille-ouille, dramaturge ! wadesda ? (qu’estce donc ? dirait-il). Un peï qui écrit des pièces de théâtre ? Eh bien il a aussi écrit des fables, ara. Je te lis Lune dent(r)elle (de Brusselles). Och erme, fieu, arrête une fois de zwanzer, de zieverer (bredouiller) comme ça et lis, potverdekke ! Les crotjes et le fox : une fable d’après Le couple et le petit chien (Fables, Jean Anouilh), revu par Georges Roland. Deux crotjes qui ont un bountje Pour ne pas jouer schampavie Ont toujours envie D’acheter un houndje Ça est naturel et au fond. Ils savent même pas Quand ils sautent le pas Pourquoi ils le font. C’est mieux qu’un bouquet de phlox Ou de jugemeen à ta mokke, Quand tu tires de ton plastron un petit fox Qui jappe comme un phoque. Elle rigole elle est contente Car quand tu seras parti sur ton bureau Elle aura un copain pour tromper l’attente. Une fille ça est vite au bout de son rouleau Si elle n’a pas un pagadder pour jouer avec dans son berceau. Un jour les deux crotjes se disputent Et parlent de se séparer. — Tu ne prendras pas Diane, espèce de brute, Moi, je lui donne des beises et à manger Tous les matins. — Et moi tous les soirs, Je la promène pour qu’elle fasse Gentiment sa crotte sur le trottoir ! Ils s’engueulent si longtemps que de guerre lasse Le fox est kalle avant qu’ils aient fini. Tu vois comment vont les amours des humains : À quoi ça sert de s’engueuler comme du poisson pourri, De s’aimer et puis d’en venir aux mains ? Les amours comme les matches de boxe Ça ne dure jamais plus longtemps que la vie d’un fox. LEXIQUE à l'usage des enfants de l'Acacadémie crotjes : amoureux du style « Peynet » fox (ou stroethond) : chien des rues avoir un bountje : aimer, kiffer (comme on dit parmi les chébrans) jouer schampavie : partir, se séparer houndje (hondje) : petit chien


jugemeen : lilas mokke : petite amie (amante aurait dit Jean de La Fontaine) pagadder : bébé, enfant kalle : mort On peut visionner le clip sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=vH-b8S7Qq9M&feature=youtu.be Georges Roland (Retrouvez les romans bruxellois et le clip de la fable dite par Georges Roland sur www.georgesroland.com)

EXPOSITION : ZONES

Pour sa 26e exposition, Home Frit' Home accueille une bourlingueuse : Irène de Groot, artiste plasticienne pluridisciplinaire. Avec "ZONES", cette artiste nous immerge dans sa pratique singulière du photomontage. Car cette diplômée de l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles (peinture et dessin, avec grande distinction) y détourne numériquement d'authentiques peintures des années 50-60, souvent qualifiées de "croûtes" et vouées à la déliquescence, en leur greffant, après les avoir sauvées de l'oubli et sublimées, les détails de quelques-unes de ses photographies récentes, capturées au gré de ses errances aux alentours de Bruxelles et au-delà en Belgique. Irène de Groot ? Long, long, le chemin... autant que ses cheveux le sont ! Une aventure. La découverte, sans cesse. La créatrice semble animée par le mouvement perpétuel. Après avoir "vécu" le monde sur plusieurs continents, elle poursuit son marathon artistique en région bruxelloise. Aujourd'hui, Irène de Groot y approfondit sa maîtrise de l'art de fixer un lieu et un instant. A travers la photographie et le travail sur l'image, empruntant tantôt aux techniques ancestrales, tantôt aux derniers développements numériques, elle privilégie donc une immobilité toute relative, puisqu'elle nous livre des visuels où la poésie exprime avec vivacité ses préoccupations. Une exposition à découvrir jusqu’au 2 mai 2020 à la galerie Home Frit’Home. Vous trouverez tous les détails pratiques sur le site www.homefrithome.be Rue des Alliés, 242 à 1190 Bruxelles


RENCONTRE : ALAIN MAGEROTTE, NOUVELLISTE L’homme au chapeau a un style reconnaissable facilement, on se dit « c’est du Magerotte ». Membre de l'Association des Ecrivains Belges (A.E.B.), Alain Magerotte est bruxellois et nouvelliste. Edité dans diverses maisons d'édition (Chloé des Lys, L'Harmattan, Publibook, Edilivre, Lamiroy, ...), il est également membre de l'ASBL "Associations Bernardiennes" un groupe d'auteurs indépendants assurant individuellement la gestion des droits et le financement de leurs titres, sous un label éditorial commun. Alain gère également une page Facebook « Secrets de Polichinelle » où il est question de littérature et des arts associés. C’est à l’adolescence qu’Alain Magerotte s’est éveillé à la littérature fantastique. Ses maîtres se nomment Edgar Allan Poe, Thomas Owen, Jean Ray ou Claude Seignolle. Mais ce n'est que beaucoup plus tard qu'il décide de se lancer dans ce genre littéraire. Si l’imaginaire fantastique a longtemps produit des vampires, des monstres, des maisons hantées aux bruits inquiétants… chez Magerotte, pas d’êtres effrayants ni de bruits alarmants, sauf dans les Nouvelles parodiques. Le fantastique prend sa source dans le psychisme même des protagonistes, leurs phantasmes, leurs désirs refoulés. Son inspiration ? Il la trouve dans la vie de tous les jours au hasard des rencontres ou des événements. Un exemple entre mille : c'est en voyant un vieil homme traverser la rue sous une pluie diluvienne qu'est née sa Nouvelle "Le vieil homme et la pluie". Les Nouvelles d'Alain Magerotte sont aussi piquetées d’humour noir et de dérision. Une écriture vive, ludique, le choix du mot juste, la syntaxe parfaite, la peinture précise des personnages, voilà comment on peut définir le style d’Alain Magerotte qui aime cultiver les paradoxes puisque cet éternel optimiste, cet incurable bon vivant, aime aussi les ambiances sombres et arpenter les chemins sinueux par temps de brume épaisse... Vous trouverez ses livres sur Amazon. L’opuscule « La fin du voyage » édité par Lamiroy est présent dans les rayons de Tropismes, Filigranes et Mot Passant, à Bruxelles. Les projets d'Alain Magerotte pour 2020 sont nombreux : - Sortie d'un recueil de Nouvelles écrit avec sa sœur Martine. Ce n'est pas un livre à 4 mains ! Chacun a écrit 4 Nouvelles. Titre du recueil « Semblances ». - Parution d'une seconde Nouvelle dans la collection Opuscule aux Editions Lamiroy. Son titre : « La folle du logis ». - Collaboration avec un(e) des cinq lauréat(e)s du concours de Nouvelles Fantastiques dont il est un des membres du jury, organisé par la confédération parascolaire dans le but d'une édition dans un recueil collectif. - Terminer "Un exorcisme à Berchem Sainte-Agathe" (roman fantastique déjanté). - Terminer "Enquête à Mitchellville" (roman mi-biographique, mi-fiction pour les Editions Camion Blanc). - Sous réserve (dépend de la disponibilité du dessinateur pris pour l'instant par des comix américains) : reprise d'une collaboration devant déboucher sur l'adaptation de plusieurs Nouvelles en B.D. - Bien sûr : écriture de Nouvelles fantastiques et policières. Envie de rencontrer l’homme au chapeau ? Il sera présent aux salons : - La nuit des opuscules à la foire du Livre de Bruxelles le vendredi 6 mars de 18h à 22h. - Mort de Rire à l’ancienne église de Berchem St Agathe le 1er juin de 10h à 18h. - Tournai-La-Page et Mons’Livre en novembre. Si vous désirez en savoir plus, contactez Alain à l’adresse : alain_magerotte@hotmail.com Silvana Minchella


EXPOSITION : JEUNESSE REBELLE - GRANDIR EN EUROPE DEPUIS 1945 En Europe et au cours des 70 dernières années, d’un groupe qui subissait l’histoire, les jeunes sont devenus un groupe qui a façonné celle-ci. L’exposition porte un regard sur quatre générations d’adolescents devenus adultes à des moments cruciaux du parcours européen : la fin des années 40, les années 60, les années 80 et les années 2000. Elle s'arrête sur les expériences clés de la jeunesse : l’éducation et l’emploi, la formation d’une identité et la rencontre de l’amour. Ces expériences sont inévitablement rythmées par la politique, la société, la culture et l’économie du moment. Être jeune dans un monde riche et libre est une expérience très différente de celle vécue par une jeunesse marquée par la pauvreté ou l’oppression. Un peu partout, les jeunes choisissent de rompre avec les valeurs de leurs parents et se voient comme une génération différente. Ils forgent leur propre culture avec leurs propres valeurs, des valeurs pour lesquelles les jeunes sont prêts à se battre ou même à mourir. L’occasion de revenir sur les rêves des visiteurs, de les plonger dans une machine à remonter le temps et de rappeler qu’hier n’était pas forcément mieux qu’aujourd’hui. Un événement à découvrir jusqu’au 29 février 2020 à la Maison de l’Histoire européenne. Plus de détails sur https://historiaeuropa.ep.eu/fr Rue Belliard, 135 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : BACK TO BRUEGEL La mythique Porte de Hal, vestige de l'enceinte médiévale de Bruxelles, s'ouvre sur l'univers du peintre Bruegel et invite à un plongeon surprenant dans une version en réalité virtuelle de ses peintures mondialement connues. Quatre œuvres prennent vie et vous entraînent dans la vie quotidienne d’il y a 450 ans. Voyagez au cœur du XVIe siècle face à d’authentiques trésors du Nouveau Monde, des armes et des armures, des instruments de musique et d’autres joyaux extraits des Musées royaux d’Art et d’Histoire. Complétez votre découverte par le toucher, l’odorat ou la manipulation. Au sommet du bâtiment, profitez également du magnifique panorama sur la capitale et laissez-vous transporter dans le passé grâce aux longues-vues virtuelles. Pour agrémenter le parcours, un audioguide gratuit est disponible en six langues : français, néerlandais, anglais, allemand, espagnol et russe. Enfin, après la visite, les enfants peuvent profiter de la plaine de jeux située à cent mètres de là. Un événement à découvrir en famille jusqu’au 18 octobre 2020. Plus de détails sur le site www.kmkg-mrah.be Boulevard du Midi, 150 à 1060 Bruxelles


EXPOSITION : EMMANUEL LEPAGE Loin de l’image de l’auteur isolé dans son atelier, Emmanuel Lepage, né le 29 septembre 1966 à Saint-Brieuc en Bretagne, incarne l’artiste avide de voyages, de rencontres, de découvertes et de partages. Il emmène ses lecteurs en Amérique du Sud via « Terre sans mal » et « Muchacho », puis se met au reportage graphique après avoir découvert l’Antarctique. De là naissent, entre autres, « Voyages aux îles de la Désolation », « Un Printemps à Tchernobyl » et « La lune est blanche ». Son goût pour l’évasion et sa curiosité pour le monde et les gens donnent forme à une œuvre colorée d’une grande finesse et chargée de sensibilité, synonyme d’exaltation, d’intensité et d’humanité. Sa palette somptueuse et ses récits nous emmènent dans un univers fascinant, qui invite à voir le monde autrement. Champion de la bédé moderne qui ne renie jamais son héritage né au fil de lectures diverses et dans la passion, il propose le plus souvent des livres engagés, qui parlent de notre siècle et qui invitent à la réflexion. L’exposition qui lui est consacrée au centre belge de la Bande dessinée s’achève le 8 mars 2020. Plus de détails sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles

COUPES DANS LES SUBSIDES CULTURELS FLAMANDS Le Gouvernement flamand a annoncé récemment vouloir « maximiser la valeur sociétale, personnelle et économique de la Culture » en réduisant drastiquement les subsides aux institutions culturelles flamandes. Les subsides de fonctionnements seront rabotés, mais ce sont essentiellement les subventions aux projets qui seront visées et réduites de 60% ! Le secteur culturel flamand est bien évidemment inquiet et a réagi vivement. Ces coupes budgétaires s’ajoutant aux économies imposées au secteur depuis plusieurs années auront pour conséquence la suppression de certains spectacles dès la saison prochaine. La culture est un moteur de développement de la société, au niveau culturel évidemment, mais aussi humain et économique. En Communauté française, la ministre s’est engagée à ne pas rogner sur le budget dédié à la culture. Affaire à suivre ! L’information nous a été transmise par Isabelle Emmery, députée bruxelloise et présidente du Centre culturel Escale du Nord. Sam Mas


EXPOSITION : NICOLAS DE CRECY Nicolas de Crécy est né en 1966 à Lyon. Après des études en Arts Appliqués et aux Beaux-Arts, il publie en 1991 son premier ouvrage de bédé « Foligatto » (scénario de Alexios Tjoyas), qui a été couronné par divers prix. Paraît ensuite « Le Bibendum céleste », album expérimental et graphiquement novateur qui est le premier d’une série de trois tomes. Il entreprend ensuite sur des textes de Sylvain Chomet « Léon la came » en 1997, prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 1998. Depuis « Foligatto » jusqu’à « La République du catch », ouvrage paru en 2015 simultanément au Japon et en France (Shueisha Publishing et Casterman), Nicolas de Crécy explore des pistes diverses développées autour d’une narration et d’un graphisme singuliers : l’illustration jeunesse (« Le Roi de la piste », « La Nuit du grand méchant loup »), les carnets de voyage, des textes personnels illustrés (« New York sur Loire », « Des gens bizarres », « Cafés moulus »), des illustrations pour la presse (Libération, The New Yorker, etc.), tout en continuant dazns le neuvième art avec une passion jamais démentie, notamment en sortant « Super Monsieur Fruit », « Prosopopus », « Salvatore » aux éditions Dupuis ou « Journal d’un fantôme, l’autobio-graphie d’un dessin » (chez Futuropolis). Pensionnaire en résidence d’artiste à la Villa Kujoyama (Kyoto, Japon) en 2008, il s’est ensuite rendu régulièrement en Asie afin d’y développer des projets, parmi lesquels « Carnets de Kyôto » ou « Esthétiques du quotidien au Japon », ainsi que des collaborations avec des artistes japonais (en 2014, il publie un Artbook avec Tayio Matsumoto). En 2019, Nicolas de Crécy a écrit et illustré un roman « Les Amours d’un fantôme en temps de guerre » paru chez Albin Michel et récompensé par le prix Vendredi 2019. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions ainsi que de multiples traductions en Europe, aux États-Unis et au Japon. La Huberty & Breyne Gallery propose jusqu’au 7 mars 2020 un échantillonnage de ses travaux. Plus de détails sur le site www.hubertybreyne.com Place du châtelain, 33 à 1050 Bruxelles

EXPOSITION : MYLÈNE BESSON Mylène Besson fait partie de ces créateurs atypiques et précieux, dont nous ferions une erreur de nous passer de leur talent. Lorsqu’il s’agit d’évoquer son travail, elle préfère parler sans intermédiaire : « Je suis née en 1961 à Chambéry, où je vis et travaille. Enfant, je rêvais d’être comédienne puis adolescente, ce sont les Beaux-arts qui m’apparurent désigner la vie qui m’aspirait. Mais je n’avais aucun don pour le dessin et ne savais pas que cela s’apprenait. C’est donc plus tard, grâce à des rencontres, dont mon compagnon le peintre Pierre Leloup, et une formation professionnelle que je me suis retrouvée progressivement dans une vie artistique. Au sein du collectif des artistes savoyards avec la Compagnie du1000 pattes, le théâtre de la Glèbe et la Galerie du Larith se sont développés plusieurs projets en danse, en théâtre et, bien sûr, en arts plastiques. Avec Pierre, décédé en 2010, nous avons rencontré plusieurs écrivains et poètes dont Michel Butor, Bernard Noël, Pierre Bourgeade et Fernando Arrabal avec lesquels je collabore. J’expose en France mais aussi à l’étranger dans le cadre de missions culturelles « dialogue création », (Bulgarie, Sénégal, Congo, Albanie) et j’ai participé à deux résidences au Maroc, autour et avec Michel Butor. Ma première exposition personnelle date de 1989. Je travaille sur de grands formats, car j’aime me sentir à l’intérieur de la peinture. Comme support, j’encolle un papier d’emballage sur une toile libre. Je dessine et peins contre le mur et sur le sol. J’utilise divers matériaux. Je commence en faisant naître un ou plusieurs corps, grandeur nature avec un fusain. Parfois cela suffit, sinon j’apporte de la couleur. Je cherche des vibrations en superposant, griffant, frottant, essuyant … Mais, avant d’être de la matière assemblée sur un support, une peinture ou un dessin représente la vie. Peindre et dessiner revient surtout à agir, donc à transformer ! » Ses travaux sont exposés à la Maison de la Francité jusqu’au 6 mars 2020. Plus de détails sur le site www.maisondelafrancite.be Rue Joseph II, 18 à 1000 Bruxelles


TOONE : LES TROIS MOUSQUETAIRES Après une chevauchée dans le cadre du Festival Bruxellons au Karreveld durant l’été, « Les trois mousquetaires » reviennent chez Toone avec cette fameuse histoire de d’Artagnan et de ses frères d’armes Athos, Aramis et Porthos, mousquetaires du roi Louis et ennemis jurés des hommes de main du cardinal Richelieu. Lorsque la reine se trouve dans une indélicate posture, ils n’hésitent pas à prendre la mer pour l’Angleterre, afin de sauver son honneur. Au hasard de leurs aventures, d’Artagnan d’éprend de la douce Constance Bonacieux, tandis que Porthos doit affronter son ancienne femme Milady. Avec des bruits d’éperons et de la fureur, le Théâtre royal de Toone a également décidé de se saisir des pages virevoltantes nées voilà plus d’un siècle et demi pour en tirer un script imprégné du terroir bruxellois, avec des jeux de mots cocasses, des couleurs locales et des anachronismes bon enfant. On le sait, on n’assiste pas à un spectacle de marionnettes folkloriques pour tirer la tête et râler tout au long de la représentation. Nicolas Géal, directeur de l’enseigne et voix de tous les personnages, aime faire rire et cisèle les dialogues de manière à rebondir sur un mot, à jouer avec une expression ou pour permettre à Woltje (la mascotte du théâtre et chantre de l’âme bruxelloise !) d’entrer en scène, d’exposer son bon sens naturel et d’aider ses nouveaux amis dans leur mission. Les connaisseurs de l’œuvre d’Alexandre Dumas noteront que jamais il n’est question de ferrets de la reine dans l’ouvrage initial. Qu’importe ! Pour montrer qu’il n’est pas non plus dupe, Nicolas Géal les a remplacés par un collier. Au fond, des ferrets ou un collier à récupérer chez les buveurs de thé, les compagnons bretteurs ne se posent pas la question et se lancent dans le combat, épées pointées vers l’ennemi. « Les trois mousquetaires » en brusseleir est à applaudir chez Toone jusqu’au 28 février 2020. Voyez davantage de détails sur le site www.toone.be Rue Marché-aux-herbes 66 (Impasse sainte Pétronille) à 1000 Bruxelles Daniel Bastié

THÉÂTRE : CARNAGE Les raisons sont plurielles qui amènent des jeunes à vivre en rupture avec les normes sociales dominantes. A la fois héritiers et contestataires d’un monde établi, certains d’entre eux se retrouvent dans un isolement parfois extrême. La société les qualifie de paumés, de réfractaires, de marginaux, de drogués ou de révoltés Sur scène, six individus aux personnalités multiples errent dans le vide d’une zone périurbaine. Ils ressemblent à des chiens errant dans la nuit et le froid, abandonnés et frustrés, autant pétris de désillusions que débordants de rêves, de vie, de désirs et de rage. Leur état de tension proche de l’explosion, leur fébrilité et leur agitation sont les signes d’un ralliement à quelques-uns ou à l’isolement le plus complet. Ils sont là, réunis à la fois par un même besoin de montrer leurs crocs au monde ou de crier leur désir d’exister. Ils semblent avoir trouvé un lieu d’exutoire, un endroit où survivre loin de tout jugement, mais aussi un refuge d’où percent des rayons de lumière. Une halte pour partager des moments de beauté, d’amour et d’amitié. Hélène Beutin et Clément Goethals saisissent ces destins fracassés et ces élans d’existence dans des instantanés plein de fureur. De facto, « Carnage » se transforme en chronique d’un univers souterrain où s’agitent les enfants du vacarme, tiraillés dans l’hostilité du monde entre le meilleur et le pire, avec un irrépressible besoin de s’autodétruire tout en ravageant chaque chose sur son passage. Une gifle à applaudir au Théâtre Varia du 11 au 22 février 2020. Plus de détails sur le site www.varia.be Rue du sceptre, 78 à 1040 Bruxelles


THÉÂTRE : L’ENTRÉE DU CHRIST À BRUXELLES Seul sur scène, Eric De Staercke réussit l’exploit de convoquer sa belgitude tous azimuts. Avec sanonchalance et son aplomb terre à terre, il est le parfait résultat d’une Belgique surréaliste, improbable assemblage qui tient encore par on ne sait quel miracle. Le Christ est revenu ! Et comme l’avait imaginé James Ensor, il a choisi Bruxelles pour son grand retour. Le 21 juillet qui plus est ! Tandis que l’église se prépare à rendre des comptes, le pays accueille la nouvelle avec allégresse ; le Manneken Pis se pare d’une couronne d’épines, les chauffards changent de ton, les quartiers fleurissent. C’est l’effervescence au sein des différents gouvernements réunis à Val Duchesse. Car la venue du Christ n’est pas sans créer des problèmes linguistiques : qui accueillera le Sauveur et dans quelle langue ? Georges Lini a adapté cette délicieuse farce caustique et en a fait un monologue interprété avec brio par un show man talentueux. Evitant la simple pochade rigolote sur notre pays, ce spectacle se veut une fable philosophique qui parle de l’être humain et de son égoïsme. Eric De Staercke déballe avec une féroce autodérision un flot de personnages et d’images représentant une nation égarée en quête d’un berger pour changer la petitesse de son existence. A applaudir au Centre culturel d’Uccle le vendredi 14 février 2020 à 20 heures 15. Plus de détails sur www.ccu.be Rue Rouge, 47 à 1180 Bruxelles

THÉÂTRE : DE VOUS Á MOI ! Pendant deux saisons de tournées et une longue série au Théâtre des Bouffes Parisiens, Michel Drucker nous a enchantés avec « Seul avec vous »., son premier spectacle. Il y a révélé son incroyable talent de conteur, son humour sensible et délicat, son goût pour les anecdotes pleines de saveur, son amour infini pour le métier d’animateur et tous ceux qui y consacrent leur vie. Il lui reste tant de choses étonnantes, émouvantes et, bien sûr, délicieusement drôles à nous dire qu’un deuxième spectacle s’est imposé à lui. Quelle est la vraie vie d’un homme de télévision ? Qu’est-ce qui a le plus changé dans son existence au cours de trois générations de pratique devant les caméras ? Que signifie être une vedette adulée et un présentateur devenu une icône ? Comment l’univers de la variété a-t-il évolué par rapport aux eighties ? Quelle relation un homme de télévision entretient-il avec les téléspectateurs ? Que sont devenus les artistes éloignés des podiums ? Une performance en aparté à découvrir au Centre culturel d’Uccle le jeudi 20 février 2020 à 20 heures 15. Plus de détails sur www.ccu.be Rue Rouge, 47 à 1180 Bruxelles Michel Drucker est un animateur audiovisuel et producteur de télévision français né le 12 septembre 1942 à Vire (dans le Calvados). Il est un des visages emblématiques du paysage cathodique depuis plus de cinquante ans sur France 2, notamment. On le retrouve depuis 1998 chaque dimanche après-midi aux commandes de l’émission « Vivement Dimanche ». Il est l’une des personnalités préférées de nos voisins hexagonaux. (Source : Wikipedia)


EXPOSITION : DANY De Colombe Tiredaile, l’exquise compagne d'Olivier Rameau, aux jolies gazelles de la série Arlequin, en passant par les fougueuses Guerrières de Troy, Dany est le prince des héroïnes sexy ! Dès lors, quoi de plus normal qu’il inaugure, en 1990, la blague coquine, mais jamais vulgaire ! Le succès de ces histoires courtes et de ces gags en une page, dessinés avec sensualité, est fulgurant. Album après album (Ça vous intéresse ? On va plus loin ? …), Dany touche un lectorat de plus en plus large composé d’hommes, mais aussi de femmes. La preuve qu’amour peut rimer avec humour. Les blagues coquines alternent les manœuvres de séduction où des femmes - option « silhouette de rêve » - se jouent des hommes, le plus souvent éconduits, ridiculisés ou dominés par le beau sexe. A l’occasion de la parution de Ça vous intéresse ? L’intégrale (496 pages - Editions Joker-Kennes), la galerie Champaka a le privilège de présenter une sélection d’illustrations, de planches originales et d’acryliques sur toile de Dany, le maître incontesté de la blague coquine ! Si cette exposition vous intéresse, ne traînez pas, car elle s’achève le 8 février 2020. Plus de détails sur le site www.galeriechampaka.com Rue Ernest Allard, 27 à 1000 Bruxelles

CYCLE : LA NOUVELLE VAGUE En 1959, la France accueille sur ses écrans un groupe de jeunes cinéastes issus de la critique. Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Claude Chabrol, François Truffaut, Louis Malle et quelques autres ont chacun à leur manière construit une approche cinématographique différente de ce qui se faisait jusqu’alors. Ne se définissant ni par son appartenance à un genre, ni par une esthétique particulière, la Nouvelle Vague a marqué l’Histoire du cinéma par ses méthodes d’écriture et de réalisation ayant pour conviction de créer avec le 7° art un langage révolutionnaire et ce sur des bases de productions différentes des coûteux et paralysants systèmes des Studios, refusant de laisser la seule place aux comédiens et poussant sur le fronton des cinémas une série de créateurs de leur âge, qu’ils soient acteurs, techniciens ou musiciens. Le terme Nouvelle vague apparaît sous la plume de Françoise Giroud dans une enquête sociologique sur les phénomènes de génération en 1957 et est repris par Pierre Billard dans la revue Cinéma 58, avant de devenir une étiquette. Le long métrage « Le beau Serge » tourné par Claude Chabrol est considéré comme le premier de ce mouvement. A cela, l’histoire de la Nouvelle Vague est étroitement liée à Les cahiers du cinéma, dont une partie des chroniqueurs est passée derrière la caméra pour fournir l’exemple à suivre. Ces derniers se caractérisent également par leur assiduité à la Médiathèque et par leur véhémence (voire une certaine mauvaise foi) vis-à-vis de réalisateurs tels que Christian-Jaque, Claude Autant-Lara, etc. La Cinematek de Bruxelles et Flagey proposent de revoir quelques fleurons de cette période, dont « Les cousins », « Tirez sur le pianiste », « Ophélia » et bien d’autres. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.cinematek.be Rue Baron Horta, 5 à 1000 Bruxelles


MOVING PORTRAITS Moni Wespi est une chorégraphe, directrice artistique et styliste suisse basée à Bruxelles. Dans sa pratique chorégraphique, elle crée des images à travers des choix scénographiques radicaux et combinés à ses recherches sur les mouvements. 2007-2014, elle fait une tournée internationale avec sa compagnie Loutop. En 2010, elle reçoit le prix Grant de Zürich pour son travail sur ce même spectacle. En 2011, elle rejoint le collectif Asphalt Piloten, une cellule artistique ouverte d'artistes débridés de différents horizons artistiques et géographiques. En 2014, elle se déplace à Bruxelles afin de poursuivre sa carrière artistique et ses collaborations internationales. Le projet Moving Portrait prend naissance. Moni Wespi travaille à partir d'une approche multidisciplinaire, élabore des concepts visuels pour les interprètes, les musiciens, les créateurs de mode et participe à la création et à la définition de leur langage/identité visuelle, développant des costumes/scénographies et soutenant des vidéos, des photographies et des projets scéniques. Moving Portraits (portraits en mouvement) sont des œuvres vidéo intimes qui jouent sur la fine ligne entre l’immobilité et le micro-mouvement. Un art lent. À partager comme une expérience visuelle silencieuse avec le spectateur, qui prend le temps de regarder. Derrière un portrait en mouvement se cache un processus de création interactif multidisciplinaire incluant des œuvres chorégraphiques, visuelles et multimédias. L'artiste met en scène les protagonistes dans une peinture où elle personnalise les éléments de décors et les costumes, qui mêlent symbolisme abstrait et concret, d'une autre réalité possible, traduisant les sensations dans l'exploration de l'espace et du temps. Ce projet s'inspire des identités des populations/codes visuels sociaux rencontrés dans notre société occidentale. Le projet veut donner de l'importance à la spontanéité, aux révélations inattendues et à l'interaction, poussé par la curiosité et un esprit ludique pour les transformations. Le processus de création veut provoquer un changement de perception, un décodage en révélant un second masque caché, une nouvelle identité que l'on pourrait aussi représenter, une direction que l'on pourrait suivre. Un événement à découvrir au Zinnema le mardi 11 février 2020 à 10 et à 17 heures. Plus de détails sur www.zinnema.be Rue de Veeweyde, 24-25 Victor Ntacorigira

CINÉ-VACANCES : MIRAÏ, MA PETITE SŒUR Kun est un petit garçon à l'enfance heureuse jusqu'à l'arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui cristallise l'attention de ses parents, il se replie sur lui-même. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre magique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantasmagorique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son arrière-grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente ! A travers ces aventures, il affronte sa propre histoire. Ce film japonais d’animation dû au réalisateur Mamoru Hosoda nous parle d’enfance, de jeunesse, de rancune, de place perdue d’enfant unique, de quête identitaire et de sagesse car, on le sait, pour avancer dans l’existence, il faut parvenir à museler ses démons intimes et trouver la joie de vivre dans chaque chose qui nous appartient. Dans un certain sens, « Miraï, ma petite sœur » se veut une fable poétique, avec des éléments fantastiques, une parabole sur la nécessité de grandir et de s’ouvrir aux autres. Le graphisme est soigné et le récit emprunte diverses tangentes, qui vont du rire aux larmes. Comme le protagoniste n’a que quatre ans, on sait qu’il aura tout le temps de croître en bonté et en tolérance. Ce film d’animation est à revoir les 25 et 26 février 2020 à 20 heures à l’Antenne de Scheut. Plus de détails sur le site www.escalesdunord.bruxelles Avenue de Scheut, 147 à 1070 Bruxelles Sam Mas


CINÉMA : LES TRADUCTEURS Thriller de Régis Roinsard, avec Lambert Wilson, Olga Kurylenko, Riccardo Scamarcio, Sidse Babett Knudsen, Eduardo Noriega, Alex Lawther et Patrick Bauchau. France 2019, 105 min. Sortie le 5 février. Résumé du film – Neuf traducteurs sont réunis dans un château pour traduire le dernier tome d’un best-seller mondialement connu. Pour éviter toute fuite, ils n’ont aucun contact avec l’extérieur. Cependant, au milieu de leur isolement, les dix premières pages du récit sont dévoilées sur Internet. Alors qu’ils se demandent d’où peut provenir la fuite, un hacker exige une énorme rançon pour ne pas divulguer le reste du roman sur la toile. Commentaire – Sept ans après Populaire, son premier long métrage, Régis Roinsard, réalisateur français de clips et de spots publicitaires, revient au cinéma avec ce thriller époustouflant qui nous tient rivés à l’écran. Qui est donc le hacker ? C’est un article sur la traduction du livre de Dan Brown, Inferno, qui a donné l’idée au réalisateur. « Ce qui m’a interpellé avec les douze traducteurs consignés dans un bunker en Italie pour traduire le dernier roman de l’auteur, c’est qu’un produit culturel nécessite qu’on le protège comme une pierre précieuse. Et si le livre était volé, piraté malgré toutes les précautions prises ? Et si on demandait une rançon pour ne pas le publier sur le Net ? » Le réalisateur tenait là son sujet dans un film où il mélange le thriller façon Agatha Christie, l’arnaque et la vengeance qui en découle. « J’aime bien l’idée de changer de genre dans le même film, mais à la condition de jouer avec les codes. » C’est-à-dire de bien s’en servir. Ses plans rapides, passant d’un visage à l’autre, nous entraînent au cœur du suspense, dans une chambre close bien gardée pour que les traducteurs y restent confinés avec leur éditeur. Comme dans une classe avec le prof surveillant l’examen. L’éditeur est interprété par Lambert Wilson dans un rôle à contre-emploi. Ce n’est pas l’acteur qu’on a l’habitude de voir ainsi transformé en garde-chiourme. Revenu lui aussi au premier plan avec le César du meilleur acteur décerné pour Des hommes et des dieux en 2010, comédien et chanteur en parallèle, il interprétera prochainement De Gaulle dans le film de Gabriel Le Bomin. Fou de rage, il persécute ici les traducteurs, s’acharnant sur eux comme sur du bétail avec les matons qu’il a engagés. Qui parmi eux est la taupe ? Je vous le laisse deviner. L’anticipation au début du film sert d’indice. Dans l’équipe de traducteurs, on retrouve Olga Kurylenko, la Bond Girl de Quantum of Solace qu’on a revue récemment dans le thriller fantastique The Room de Christian Volckman. Il y a aussi et surtout le jeune acteur britannique Alex Lawther, salué à plusieurs reprises par la critique pour sa prestation dans la série cynique The End of the Fucking World. Et enfin plane l’ombre mystérieuse de l’écrivain à succès campé par Patrick Bauchau, lui-même fils d’écrivain, qui connaît donc le prix du succès littéraire. Avis – Un huis clos angoissant digne d’Agatha Christie. La révélation de l’énigme vous laissera pantois. On en redemande dans un cinéma français qui est en pleine mutation. Michel Lequeux


CINÉMA : OFFICIAL SECRETS Film d’espionnage de Gavin Hood, avec Keira Knightley, Matt Smith, Adam Bakri, Matthew Goode et Ralph Fiennes. Etats-Unis 2019, 112 min. Sortie le 5 février. Résumé du film – Katharine Gun travaille pour les services secrets britanniques. Douée pour les langues, elle est attachée au service des traductions. Peu avant que n’éclate la seconde intervention contre l’Irak, en février 2003, elle surprend un document attestant le mensonge américain pour justifier cette guerre devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Après avoir hésité, elle transmet anonymement l’information auprès de la presse anglaise qui la révèle, impliquant ainsi Tony Blair et George W. Bush qui sont les va-t-en-guerre de cette intervention. Son service étant aussitôt mis sur la sellette, elle se dénonce et est traduite devant les tribunaux. Commentaire – Ce film d’espionnage est tiré d’une histoire vraie racontée dans le roman de Marcia et Thomas Mitchell, L’espion qui a essayé d’arrêter la guerre. Cette employée du GCHQ, service de Renseignement électronique au Royaume Uni en cheville avec la NSA, avait révélé une note secrète faisant état de l’espionnage des Etats-Unis à l’endroit de certains diplomates des Nations unies. On voit comment cette tentative a été démasquée par Katharine Gun, comment elle l’a divulguée auprès de la presse anglaise et comment les journaux ont réagi sous la plume de quelques journalistes soucieux de la vérité. Comment aussi elle a été traînée devant les tribunaux anglais. Tout cela est détaillé en profondeur dans le film qui suit cette jeune employée confrontée à la raison d’Etat et à sa hiérarchie qui lui impose le silence sur ce qu’elle a découvert dans l’exercice de sa profession. Elle se sent d’autant plus mal à l’aise face à ses juges, qu’elle a épousé un réfugié kurde et que l’Etat fait pression sur elle en menaçant son mari d’une expulsion définitive. On plonge ici dans les arcanes du pouvoir agissant sur les subordonnés. Katharine Gun est interprétée par Keira Knightley, l’héroïne de Pirates des Caraïbes, d’Anna Karenine de Joe Wright (2012) et de Colette qu’elle a incarnée en 2018. L’actrice anglaise joue son rôle avec détermination, en y mettant la foi d’une Antigone confrontée à la justice d’Etat. Quant au réalisateur Gavin Hood, il revient à sa formation initiale, le droit dont il fut diplômé en Afrique du Sud, sa terre natale. Après Mon nom est Tsotsi qui lui a ouvert les portes d’Hollywood en 2005, il s’est révélé avec Harrison Ford dans La Stratégie Ender, film de SF (2013), et dan Eye in the Sky, film d’espionnage avec Helen Mirren (2015). Confirmation de son talent avec ce second film d’espionnage dont il signe aussi le scénario, dans un montage nerveux qui alterne le récit avec des éléments empruntés à l’actualité des personnages (Powell, Bush et Tony Blair). Des images rapides, qui vont et viennent pour faire se chevaucher l’intervention en Irak et le mensonge qui l’a initiée. Avis – Compte rendu fort détaillé de tout ce qui s’est passé en Angleterre à la veille de la seconde guerre en Irak. On plonge dans les méandres de l’histoire contemporaine. Michel Lequeux


CINÉMA : FILLES DE JOIE Drame de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, avec Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne, Sergi Lopez et Nicolas Cazale. Belgique 2019, 90 min. Sortie le 12 février. Résumé du film – Axelle, Dominique et Conso partagent un secret. Chaque matin, elles se retrouvent sur le parking de la cité pour prendre la route. De l’autre côté de la frontière, en Belgique, elles deviennent Athéna, Héra et Circé dans une villa close où elles exercent leurs charmes. Filles de joie, chacune ayant son lot de misères, elles se battent pour que leur famille respective garde sa dignité dans la cité. Mais quand la vie de l’une d’elles est menacée, elles vont s’unir pour affronter l’adversité. Commentaire – Après son rôle dans Roubaix, une lumière, grand classique du polar d’Arnaud Desplechin, Sara Forestier, l’une de ces trois femmes, revient à Roubaix pour un nouveau drame social. Filles de joie nous raconte l’histoire de trois « steaks hachés » qui, chaque jour, vont vendre leurs charmes de l’autre côté de la frontière. Ce sont des transfrontalières du sexe. C’est cru, vulgaire par certains aspects, mais à travers cette vulgarité, on sent tout le travail des deux réalisateurs pour peindre les cités telles qu’elles sont dans le nord de la France. Les jeunes en révolte contre leur manque d’avenir, la loi du plus fort pour s’imposer, la prostitution pour survivre. La plus âgée de ces trois femmes, incarnée par Noémie Lvovsky, joue la maquerelle. Elle fixe le prix des passes et enseigne à ses amies comment feindre les cris de jouissance pour satisfaire les clients. Chez elle, dans son modeste appartement, c’est une bonne mère de famille qui porte la culotte, assure l’aisance de ses deux enfants (dont une fille en pleine crise d’adolescence) et de son mari sans emploi. Mais que faire quand on a son âge dans la cité, sinon la maquerelle, métier qu’elle cache à tout le monde, même aux siens. Même chose pour Axelle qui a vingt ans de moins qu’elle et qui est la mère de trois jeunes enfants, dont l’aîné qui se bagarre à l’école. Elle assure leur subsistance et celle de sa propre mère qui loge chez eux. Mais elle doit aussi affronter les menaces de son ex, « le flingueur », un homme violent qui l’a rouée de coups et qu’elle retrouve à tout bout de champ au coin de la cité. Elle aussi se prostitue secrètement pour survivre, jusqu’à ce que son ex découvre toute l’histoire : qui va-t-on croire pour la garde des enfants, le monstre ou la pute ? Quant à Conso, la Noire qui se dandine sous les sifflements de la racaille, elle voudrait bien faire autre chose dans la vie, mais au bureau d’emploi on ne lui propose que le travail de technicienne de surface malgré ses diplômes. Sa propre mère l’a été pendant toute sa vie et Conso ne veut pas gâcher cette vie. Ces trois femmes ont chacune leurs raisons pour s’évader de l’autre côté de la frontière. Les gros plans répétés sur leurs visages mettent leur âme à nu. Elles en rient parfois elles-mêmes lorsqu’elles sont entre elles et que les clients leur laissent la paix. Jusqu’à ce que survienne le drame, car il en faut un pour faire rebondir cette fresque de la banlieue. Ce drame social, aux traits réalistes accentués, est mis en scène par Frédéric Fonteyne, réalisateur belge qui tourne peu mais bien (Tango libre, 2012), et par Anne Paulicevich, actrice et scénariste belge. Le film a été présenté en avant-première à la cérémonie des Magritte 2020. Avis – On plonge au cœur de la prostitution dans ce drame social, alimenté par une pointe de polar pour relever la sauce. Une production belge qui fait honneur à nos réalisations. Michel Lequeux


CINÉMA : DARK WATERS Drame de Todd Haynes avec Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins, Bill Camp, Victor Garber et Bill Pullman. EtatsUnis 2019, 126 min. Sortie le 26 février. Résumé du film – En 2016, Robert Bilott, avocat spécialisé dans l’environnement, révèle la pollution de l’eau en VirginieOccidentale, suite aux déchets chimiques de l’entreprise DuPont. Animaux et habitants sont en proie à l’intoxication due au carbone qu’on retrouve à l’état décuplé, notamment dans les poêles téflon. Mis en danger par cette révélation, l’avocat va devoir affronter la puissante société de produits chimiques, pourvoyeuse d’emplois dans la région. Commentaire – Ce drame écologique, fondé sur la défense de l’environnement, s’inspire d’un fait réel consigné dans le mémoire de Robert Bilott paru récemment, en 2019 : Exposure. L’avocat y détaille toute l’affaire opposant les plaignants de Parkersburg, en Virginie-Occidentale, et la société de produits chimiques DuPont, également détentrice du téflon, matière plastique fluorée. Le film qui en est tiré met en vedette Mark Ruffalo dans le rôle de l’avocat défendant un fermier qui a perdu tout son bétail frappé de tumeurs malignes. L’acteur, connu pour ses rôles dans les films Marvel (The Avengers), est lui-même impliqué dans l’affaire des sociétés gazières qui alimentent les terrains de sa famille à Callicoon, dans l’état de New York. C’est le premier visage célèbre de « l’anti-fracturation » du gaz naturel issu du schiste, avec plus de 180 artistes (dont Lady Gaga, Robert De Niro et Susan Sarandon) qui dénoncent les effets cancérigènes de nombreux produits chimiques. Mark Ruffalo est également coproducteur du film. C’est dire si Dark Waters est bien argumenté et bien servi contre la société DuPont, dans un procès qui est toujours en cours. Actualité du propos donc. Mais un film n’est pas un rapport circonstancié des faits, qu’on suit ici pas à pas dans un récit trop long, avec trop de chapitres tracés en noir. S’il avait fait l’économie de la dernière demi-heure, le film eût fait une excellente démonstration. Tel quel, il semble mélanger plusieurs éléments, allant de l’empoisonnement de l’eau à l’incrimination des ustensiles téflon, en passant par la vache folle et l’accident cérébral survenu à l’avocat. Trop d’éléments donc. Disons-le simplement : c’est beaucoup trop pour faire un film dense, qui emprunte aussi au documentaire de la réalisatrice Stéphanie Soechtig, Le diable que nous connaissons (2018), sur le rôle suspect du téflon dans la santé publique. La scène que l’on retiendra est celle où Bill Pullman, représentant le bureau des avocats, interpelle le président de la société DuPont sur ce qu’il est advenu des « récepteurs » du carbone C8 qui a contaminé mortellement des foies, des reins, des vessies, des testicules, des cerveaux. Ces récepteurs sont des hommes, des femmes, des bébés et des animaux. C’est donc toute la société qui est visée par l’industrie chimique. Outre Mark Ruffalo qui joue son rôle à la perfection, en y allant par touches successives, on notera la présence d’Anne Hathaway qui vient de recevoir son étoile, en mai 2019, sur le boulevard d’Hollywood à Los Angeles. Avis  Drame trop long mais éclairant sur les effets cancérigènes des produits chimiques au service du bien-être social, mais aussi et surtout des entreprises qui en retirent un bénéfice immense, se comptant en milliards de dollars (ou d’euros, à peu de choses près). Ces entreprises entendent bien gagner la partie. Michel Lequeux


CINÉMA : NOURA RÊVE Drame social de Hinde Boujemaa, avec Hend Sabri, Lotfi Abdelli et Hakim Boumsaoudi. Tunisie-Belgique-France 2019, 92 min. Sortie le 29 janvier. Résumé du film – Cinq jours, c’est le temps qu’il reste avant que le divorce ne soit prononcé entre Noura et son mari Jamel, un détenu récidiviste qui est en prison depuis cinq ans. Noura rêve en effet de reconstruire sa vie avec Lassad, un collègue devenu son amant. Mais Jamel vient d’être libéré par une grâce présidentielle, et la loi punit sévèrement l’adultère en Tunisie. Noura va devoir choisir entre ses enfants, son mari, son amant et son travail dans une buanderie, en défiant la justice. Commentaire – Ce qui domine dans ce drame social, c’est le mensonge d’une femme partagée entre un mari qu’elle n’aime plus et l’amant qu’elle a pris pour se consoler. C’est le mal-être de cette femme confrontée à une société où l’adultère est sévèrement réprimé pour sauvegarder l’intégrité des familles. Que faire pour contourner la loi, sinon mentir à tout bout de champ sur ses sentiments qui finissent par ne plus être ce qu’ils sont. Qui en deviennent une caricature d’eux-mêmes face à soi et aux autres. C’est ce que vit Noura dans son for intérieur. Elle est poussée à la lâcheté, à la compromission, pas seulement par son mari qui l’incite à piéger l’amant, mais par la société hyper machiste où l’homme détient tout le pouvoir : celui du mari ou de l’amant. Noura est forcée de se comporter en « belle salope » face aux deux hommes, son amant finissant par la traiter de pute et la renvoyant à ses rêves. La loi n’y est pas étrangère : elle conforte le mari dans son bon droit en le couvrant au commissariat de police (les anciennes geôles de Ben Ali), où Jamel doit se justifier d’avoir « corrigé » l’amant en le sodomisant avec une bande de truands. Et c’est Lassad qui sera finalement accusé. La loi de la prison se retrouve dans la rue avec une police corrompue, achetée par tous les trafiquants. Le film dénonce cette loi et la condition de la femme en Tunisie, où elle est toujours soumise au désir du mâle qui ne songe qu’à venger son honneur, malgré la constitution censée protéger la femme. C’est une réalisatrice belgo-tunisienne qui signe ce film dur à voir, tourné à Tunis dans le quartier populaire de Djebel Jelloud. Hinde Boujamaa a remporté le Tanit d’Or lors des journées cinématographiques de Carthage à la sortie de Noura rêve. Son actrice Hend Sabri, une star adulée des films égyptiens, est aussi mannequin pour la marque L’Oréal au Moyen Orient. Elle a dû renoncer au maquillage, aux paillettes et à son style glamour pour jouer le rôle d’une femme de la rue, qui lui a valu le Prix de l’interprétation féminine à Carthage cette année. La photo est signée Martin Rit, qui s’est inspiré du clair-obscur de la peinture flamande (c’est un film belge en partie) pour ce drame social. Avis – Un regard dur, sans concession, porté par une réalisatrice belgo-tunisienne sur la condition de la femme en Tunisie. On est loin des promesses faites aux Tunisiennes depuis Bourguiba. Le Printemps arabe n’y a rien changé. Michel Lequeux


CINÉMA : HONEYMOON Comédie dramatique d’Henri Van Lierde, avec Sarah Espour, Lennert Vandenbroeck, Pierre Lekeux, Joel Gosset, David Notebaert et Xavier Doyen. Belgique 2019, 1 h 03. Sortie à Flagey, Studio 5, en janvier-février. Résumé du film – Un couple de voyageurs tombe en panne dans le désert et y installe son camp dans un creux de dune. Lui, c’est Bob ; elle, Louise. Alors qu’ils attendent de l’aide, des visiteurs se présentent tour à tour devant leur tente. Un Noir qui cherche du travail, un ingénieur des ponts et chaussées attiré par les charmes de Louise, un militaire qui voudrait y toucher, un médecin des Tropiques qui y touche et un prêtre qui met le couple en garde contre les dénonciations abusives... Comment le couple va-t-il résister à tous ces harceleurs qui tentent de voler leur voiture, de séduire Louise ou de lui voler ses bijoux ? Commentaire – Cette histoire décalée, en noir et blanc puis en couleurs, nous entraîne loin des sentiers battus, à la recherche du paradis perdu. Situé à Ost-Dune-Erg au Tchad oriental, ce paradis a tout de nos dunes blondes, avec leurs vallons et leurs oyats, renforçant ainsi le décalage surréaliste propre au film. Elles nous rappellent que l’esthétique de ce low budget film est de faire le plus avec le moins, en tirant parti d’un manque de moyens financiers et matériels pour trouver des solutions et susciter l’intérêt. Pas étonnant donc que les petits avions de l’aéroport de Coxyde tout proche sillonnent le ciel et, surtout, s’y fassent entendre… Henri Van Lierde, le réalisateur d’Honeymoon, les intègre facilement dans l’histoire. Une histoire qui n’est pas une satire de la religion mais où celle-ci, avec ses pratiques, occupe un rôle majeur et semble guider l’inspiration du cinéaste, qui tient d’ailleurs le rôle de l’ermite dans cette comédie. On lui doit une autre fable elle aussi surréaliste, Dans les oubliettes, présentée en juin 2018 à La Clarencière, un petit théâtre proche de Flagey. L’histoire du paradis perdu est ainsi revisitée dans une autre dimension, plus métaphysique, plus loufoque diront certains, qui intègre tous les pans du mythe judéo-chrétien : le partage des biens (y compris la femme), la communauté des fidèles, la messe et ses rituels, le célibat du prêtre mortifié dans sa chair, ou encore le colonialisme qui s’est inspiré de l’Eglise pour arriver à ses fins. On perçoit ce colonialisme dans la relation du couple avec Pancrace, chargé tantôt de balayer le désert, tantôt de partir à la recherche de la souche de la Connaissance pour venir la planter devant la tente où Louise « accueille » les visiteurs venus goûter à ses charmes. Pancrace formera finalement le couple originel avec une jeune femme noire. C’est une invitation à découvrir les archétypes de notre civilisation dans une trame décalée et surréaliste. Sarah Espour a un joli corps qu’elle met savamment en valeur (et en formes) pour incarner la jeune femme qui tend la pomme à son compagnon, incarné lui par Lennert Vandenbroeck, un acteur flamand qui campe le colon belge perdu dans le désert, l’accent en prime. La fin regorge en rebondissements qui font d’Honeymoon un film original et singulier, ouvert à bien des interprétations. Avis – Dans le genre extravagant, une parabole déjantée sur le paradis perdu qui nimbe la création du monde, avec un petit détour par le colonialisme. A voir à Flagey, Studio 5, les 13 et 14 février à 17 heures 30 et le 16 février à 20 heures. Michel Lequeux


CD : VOYAGER Max Richter est le nouveau prodige de la musique contemporaine post-minimaliste. Né en 1966, ce compositeur britannique d’origine allemande a suivi un cursus classique, avant d’embrayer pour un style qui est devenu sa marque de fabrique, avec une orchestration jamais appuyée, des mélodies égrenées sur la nacre du clavier de son piano et des disques qui se sont succédé dans les bacs des marchands en flirtant parfois avec l’électronique. A côté de ses œuvres personnelles, il s’est fait l’interprète d’Arvo Pärt, Philip Glass et Brian Eno. Naturellement, le cinéma n’a pas été insensible à sa personnalité et l’a invité à se pencher sur plusieurs longs métrages, passant alternativement du film d’auteur à la production hollywoodienne. Pour lui, les affiches se sont multipliées, avec toujours une renommée en expansion, touchant désormais un public de plus en plus large. Après le succès mondial de « Ad astra », le dernier bébé du cinéaste James Gray défendu sur la toile par Brad Pitt, l’heure semblait venue de proposer une sorte de compression ou de best of de sa production. Le résultat tient en un double album servi dans une pochette sombre cartonnée, enrichie d’un livret détaillé. L’occasion donc d’écouter une sélection (certes subjective !) mais qui a le mérite d’exister. Naturellement, les fans possèdent déjà tout ce matériel, mais peuvent ici prendre la peine de l’écouter dans une distribution différente. Quant aux néophytes et aux curieux, voilà pour eux l’opportunité de découvrir un musicien ultra-doué et de se balader dans ses partitions d’une façon un peu aléatoire mais jubilatoire, avec des extraits de « The blue notebooks », « The four seasons », « Before », « Full Colour », « Miss Sloane », « My brilliant Friend », « Taboo », « Hostiles », etc. Deux titres en bonus : « Dream solo » et « Path solo » ! Deutsche Grammophon - 43 titres Daniel Bastié

NOSTRA REQUIEM Fresque ou chronique ? On le découvre en cours de lecture. Dans une ferme, longue bâtisse à étage, un père aime narrer à ses deux fils des récits incroyables. Puis, le sort s’acharne sur la famille. Une tempête d’une rare intensité force les garçons à abandonner leurs chevaux qui s’embourbent. Très vite, un poulain perd la vie. Catastrophe ! Lorsque le cadet se rend auprès de l’intendant militaire chargé des achats, il ne donne plus signe de vie. Inquiétude. Dès lors, son binôme part à sa recherche et découvre ce qu’il n’osait pas imaginer. Brubeck a fait la noce, a trainé dans les bars et a fini la nuit dans une maison close. Puis, par une transition que personne n’explique, il s’est retrouvé sous les drapeaux, engagé dans une guerre dont il ignore tout. Pourtant, il devient le fer de lance du régiment duquel il porte le drapeau. Grâce à ses dons de narrateur, il pousse les hommes à ne pas baisser les bras et à conserver le moral. Ludovic Roubaudi marche sur les pas de Voltaire et nous propose une variation contemporaine qui renvoie un peu à « Candide » de son aîné, avec une écriture stylée, de belles envolées lyriques et un regard rempli d’acuité sur le monde. Il s’agit d’une parabole qui parle de l’homme dans ce qu’il possède de plus profond et qui jamais ne perd de sa vivacité. Ed. Serge Safran – 188 pages Daniel Bastié


LA BELLE-MÈRE COMBUSTIBLE (ET AUTRES RÉCITS) La nature humaine, voilà le sujet des nouvelles qui composent « La belle-mère combustible », le dernier recueil de notre rédacteur en chef Daniel Bastié. Les petites lâchetés, la mauvaise foi, les erreurs de parcours et les errances ... mais aussi le charme de l’existence fait l’intérêt de cette douzaine de récits saupoudrés d’humour et de cocasserie. A mesure que les textes se succèdent, chacun découvre que les situations, a priori banales, pourraient être des tranches de vie authentiques et que les protagonistes pourraient être des amis, des voisins et, pourquoi pas, moi ? En somme, ils nous ressemblent ! Il s’agit aussi d’histoires sans digressions et où le sujet est rapidement exposé. Il y a surtout la qualité de l’écriture, ciselée de bout en bout, décortiquée par un prof qui maîtrise la grammaire et la syntaxe, où se dessinent des anti-héros embourbés dans des situations banales qui dérivent vers l’inattendu. Ici, jamais de descriptions inutiles, mais toujours une chute surprenante. Pourquoi se procurer « La belle-mère combustible » ? Pour le plaisir de lire, bien sûr, mais également pour un ton original qui permet d’évoquer les dilemmes, les hésitations et les coups de cœur vécus au quotidien et dont on ne parle pas (ou si peu). Ed. Ménadès – 116 pages Jean Lhassa

SOLEIL DE MON AFRIQUE Saïd Kalonga est professeur de français et cela se sent dans la manière dont il écrit, se référant aux classiques de la littérature et usant de métaphores faites pour emporter le lecteur au-delà de la simple anecdote : les occupants s’entraînent dans les flammes de la véhémence, le vent s’apaisa tel un bandit des grands chemins, les souvenirs s’abattent sur le roc de la mémoire, etc. Jamais, il n’entend présenter des histoires vécues, mais des récits qui se veulent autant des paraboles que des intrusions dans l’Afrique telle qu’il l’imagine ou qu’il a traversée durant ses périples. De par ses origines métissées (un papa congolais et une maman marocaine), il n’a pas su résister à brasser les deux cultures et à suggérer une invitation au voyage loin des clichés touristiques pour se plonger dans la réalité de peuples confrontés à leur présent, marqués par le passé et en quête d’avenir. Ce n’est pas pour rien qu’il y parle d’exode et de l’Europe vue comme un phare, symbole d’espoirs. Naturellement, la réalité est tout autre, avec un cortège de déconvenues et une misère qui colle à la peau. Néanmoins, il serait vain de voir ici une enquête sociologique ou une étude anthropologique. L’auteur réinvente le continent africain et le déploie par la force de sa plume, poétise certains instants du quotidien, chante la vie ou met en scène la violence qui bondit alors que personne ne la quémande. Plutôt que de parler de contes (puisqu’ils ne se réfèrent en rien à la tradition !), il use du terme « songes », un peu comme des rêves qui surgissent de la mémoire, qui prennent lentement forme et s’imposent de manière récurrente. « Soleil de mon Afrique » se veut un hymne à la beauté d’une terre qui se singularise par un savant mélange d’ethnies, de langues, de cultures, de religions, de manières de concevoir l’art et qui est aujourd’hui reconnue pour avoir été le berceau de l’humanité. Un livre qu’on lit sans tenir compte de la distribution des textes et qu’on prend plaisir à découvrir. Ed. Edilivre – 82 pages Daniel Bastié


LA VIE DEVANT NOUS Chaque livre de Frank Andriat équivaut à une perle de fraîcheur. Ancien prof à Schaerbeek, il connaît à la perfection l’univers des adolescents et s’inspire de leur quotidien lorsqu’il s’agit de les observer par le prisme de l’écriture. Chose qui nous vaut des romans au ton souvent vrai, parfois proche du documentaire, avec des dialogues ciselés à hauteur d’épaules. Cette fois, il nous parle d’une bande de copains qui se prénomment Gabin, Mike, Jade, Alice, Liam, etc. Comme ceux de leur génération, ils suivent une scolarité imposée autant pour préparer leur avenir que pour répondre aux attentes de leurs parents, entre désirs, insouciance et besoin de vivre pleinement une jeunesse sans tabous. Dans leur esprit, la semaine démarre le samedi soir baignée d’une fièvre qui autorise toutes les latitudes. Sans rien voir venir, un drame se profile. A six heures du matin, un dimanche qui aurait dû être ordinaire, leur existence bascule. Face à la tragédie, ils sont confrontés à prendre position. Tous coupables, responsables, effondrés. Le ton est oral, avec des termes et un vocabulaire puisés dans les cours de récréation. Comme souvent chez l’auteur, il s’agit d’une chronique aigre-douce qui parle d’un temps, qui ne chamboule pas les acquis mais qui prévaut par une justesse qui permet de s’identifier aux protagonistes en collant à certaines attitudes, en retrouvant l’une ou l’autre expression usitée. Ce micro-roman s’adresse aux jeunes âgés de quatorze ans et plus, même si les parents prendront plaisir à le lire pour (qui sait ?) en discuter avec leurs rejetons. Ed. Mijade – 148 pages Daniel Bastié

MEURTRE A LA BIBLIOTHÈQUE On l’a oublié, mais Frank Andriat a débuté son métier d’écrivain dans le polar et la science-fiction, secondé par le scénariste Mythic, avant d’embrayer pour des récits basés sur l’adolescence et des romans traditionnels. « Meurtre à la bibliothèque » réveille-t-il chez lui le souvenir d’une époque antérieure ? Pas vraiment, car malgré un suspense qui croît, il écrit à nouveau pour les jeunes. Alors que tout avait été mitonné aux petits oignons, la soirée modèle en compagnie d’un écrivain célèbre tourne au vinaigre. Un cadavre est retrouvé dans la bibliothèque. Le flair de Damien, commissaire à la retraite, ne fait qu’un tour. Ses investigations le conduisent à poser un choix éthique qui porte sur une solution morale ou sur une qui ne l’est pas. Sans avoir l’air d’y toucher, Frank Andriat le suit pas à pas, sans hausser le ton et en parant à l’essentiel. Chez lui, l’efficacité se met toujours au service de la narration. Habitué des livres jeunesse, il pratique une narration fluide, sans démonstrations stylistiques, conscient qu’un livre doit demeurer accessible au plus grand nombre. L’originalité de ce récit tient dans son épilogue. Au lecteur d’effectuer le tri entre deux conclusions et deux maximes. Un. Les chauves sont souvent de bon conseil. J’aurais dû l’écouter ! Deux. Une journée qui débute par un mensonge ne peut pas se terminer glorieusement. Ed. Mijade – 184 pages Daniel Bastié


SOUBRESAUTS Le Scalde fait partie de ces petites maisons d’édition indépendantes qui se permettent d’assurer leur pérennité en se basant sur des coups de cœur, des envies de partage et la recherche de talents en devenir. Même si elle met avant tout à l’honneur les écrivains belges, il lui arrive de pratiquer la tangente et d’ouvrir une partie de son catalogue aux plasticiens. « Soubresauts » se veut à la fois une présentation et un hommage à Valérie Vanden Bulcke, peintre et dessinatrice formée à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles et créatrice passionnée. L’Afrique de son enfance a inspiré ses premières créations, avant de l’orienter progressivement vers un dessin qui a dégraissé les formes pour ne retenir que la finesse du trait, sans jamais imposer d’émotions mais en suggérant ce qui doit l’être. Il suffit de feuilleter le présent ouvrage pour se rendre à l’évidence qu’il s’agit de croquis à la mine ou à l’encre qui, toujours, mettent en relief l’anatomie humaine, esquissée ou détaillée dans toute sa fragilité ou, au contraire, parfaitement scellée à la terre. Enlacements de pleins et de vides, conjonction de noir et de blanc, il pourrait être question d’esquisses. Néanmoins, rien ne manque. Tout est présent : équilibre, esthétique des formes, respiration, énergie, geste assuré et mesuré. Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, il ne s’agit pas d’une biographie ni d’une analyse de son œuvre. Plutôt d’une balade qui nous entraîne au milieu d’un univers qui témoigne de son besoin permanent d’expression, de ne jamais laisser son regard s’égarer et de capter les courbes et les contours pour les personnifier en quelques mouvements du poignet. D’une certaine manière, on peut affirmer qu’elle travaille le modèle vivant en s’écartant de tout classicisme, qu’elle scrute la spontanéité et qu’elle sonde l’âme pour la transcender sans censure, avec la volonté d’engager le dialogue et de métamorphoser les mots en graphisme vigoureux. Ce recueil s’émaille également de réflexions retranscrites à l’ordinateur ou rédigées à la main, aussi légères que des escapades bénéfiques, saisies au quart-de-tour ou comme si elles venaient d’être exhumées d’un cahier intime. Une promenade qui tient ses promesses ! Ed. Le Scalde – 226 pages Daniel Bastié

L’IMPASSE DU PRINTEMPS La vie a parfois l’allure d’un cul-de-sac. Une terre sur laquelle se font et se défont des rencontres. Un lieu où les hommes et les femmes se rencontrent pour vivre une fusion intense. Amoureuse, Amicale. Fusionnelle. Spirituelle. Passagère. Olivier est prêtre, fidèle à son sacerdoce. Un être timide qui adore marcher, lorsqu’il ne communie pas avec ses paroissiens. Elle est du genre à ne pas s’en laisser compter. Forte dans chacune de ses décisions, poussée par quelque chose que l’homme de religion peine à saisir. Tout simplement, elle se fait appeler l’Ange, même si elle abhorre dieu et les rites. Au fond d’elle-même, elle se défie de la tendresse. Alors que rien ne les prédisposait à dialoguer, ces deux personnes uniques se croisent et ne se lâchent plus. Parler d’amour serait un grand mot inconvenant. Disons qu’il s’agit ici d’un malentendu qui lentement se prolonge à force de maladresses, mêlant passé et présent. Aussi un récit de pieds, puisqu’il est long le chemin qui conduit au but que chacun veut atteindre. Purple Seven est une autrice de vingt-sept printemps, avec plein d’idées qui lui secouent les méninges. Elle croit à la nécessité de rêver et travaille aujourd’hui dans le secteur associatif. Ed. Dricot – 148 pages Sylvie van Laere


LA CONSOLATION DE L’ANGE « Je pense que seule la raison est universelle. Les croyances et les religions sont toujours liées aux cultures qui les ont produites, mais aussi aux affects, aux désirs des individus et des groupes humains qui les partagent. Je n’y adhère pas, mais je constate que certains de ces désirs et de ces aspirations rejoignent les valeurs humanistes auxquelles je souscris, comme la justice, la tolérance ou le respect d’autrui, tandis que d’autres en sont aux antipodes… » Blanche, malgré ses quatre-vingt-douze ans, a manifestement toujours toute sa tête. Toute sa lucidité. Mais qui estelle et qui est donc son jeune interlocuteur ? Celui-ci lui a demandé ce en quoi elle croit alors qu’ils parlaient tous deux de fondamentalisme… D’un côté nous avons Hugo, vingt ans, réanimé à la suite d’une tentative de suicide, jeune pessimiste souffrant d’un mal-être profond, n’attendant déjà plus rien de la vie après avoir lamentablement échoué une troisième fois au concours d’entrée en médecine ; de l’autre nous avons Blanche, une dame très âgée au seuil de la mort, qui mesure le prix de chaque instant. Une optimiste forcenée qui a pourtant vécu bien des épreuves au cours de son existence. Hugo et Blanche, une rencontre plus qu’improbable ? Que pourrait-il en surgir de bon ? Roman écrit dans la veine initiatique de « L’Oracle della luna » ou de « L’âme du monde », œuvre profonde et riches en réflexions, conseils de vie et vérités, “La Consolation de l’ange” de Frédéric Lenoir, qui est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, des fictions, des essais et des documents, nous offre en parallèle le récit d’une saisissante expérience vécue par Blanche alors qu’elle n’avait que dixsept ans, expérience qui a transformé sa vie, et le dialogue nourri de Blanche et Hugo, que près de trois générations séparent, autour de grandes questions avec leurs tenants et aboutissants, sur la vie, la mort, Dieu, le destin, la liberté, le bonheur, l’amour, et encore bien d’autres thèmes évoqués par l’un ou par l’autre, Victor Hugo n’étant point en reste par le truchement de sa poésie, de ses Contemplations notamment, le dialogue prenant le chemin du parcours initiatique à partir du moment où Blanche se met à lui relater l’éprouvante expérience qu’elle a vécue en janvier 1945, quelques mois avant la fin de la seconde guerre. Secoué dans tout son être, Hugo écoute Blanche, lui répond, s’interroge, s’éveille à nouveau progressivement, la vieille femme au crépuscule de son existence lui assénant finalement que tout le chemin de la vie, c’est de réussir à passer de l’inconscience à la conscience, et de la peur à l’amour. “Notre vie ne peut être pleine de sens, belle, réussie, sans notre consentement. Tout réside dans notre regard…” Quand Hugo réalise enfin que Blanche n’en a plus que pour quelques jours, celle-ci lui proposera subitement de partir en bord de mer, à la baie de Kernic, le jeune homme toujours peu convaincu de la véracité de l’expérience vécue par Blanche. Sa conscience a-t-elle réellement quitté un temps son corps ? « Je vois apparaître une silhouette blanche à forme humaine, mais je sens qu’il ne s’agit pas d’un être humain. Cet être progresse vers moi. Au fur et à mesure qu’il s’approche, je ressens un amour puissant réchauffer mon cœur. Ma peine infinie est comme brûlée par cet amour infini. Qui est donc cet être de lumière qui irradie un amour inconditionnel ? Il doit entendre ma question car j’entends distinctement en moi cette réponse : je suis l’ange de la consolation. » Un Frédéric Lenoir maîtrisé parsemé de vers de Victor Hugo et de Charles Baudelaire, où au détour d’une page, on entend soudain : « Angie, Angie, when will those dark clouds all disappear, Angie, Angie. » Clap ! Editions Albin Michel - 195 pages Thierry-Marie Delaunois


SURFSIDE GIRLS : LE MYSTÈRE DU RANCH Kim Dwinell est une dessinatrice et scénariste de bandes dessinées. Elle enseigne également. Lorsqu’elle ne travaille pas, elle s’investit dans le sport, adore courir, prendre la mer et pratiquer le surf. Elle vit à Long Beach (Californie) avec son mari, son fils et différents animaux de compagnie. Aujourd’hui, elle nous invite à suivre la deuxième aventure de Samantha et Jade, préoccupées par leurs journées à la plage et le regard que les jolis garçons portent sur elles. Dans un décor de couleurs pâles, le lieu paradisiaque se teinte de mystère. Cette fois, l’un des fantômes de Danger Point se manifeste, bouleversé par l’air d’une chanson qu’il appréciait et interprété par José Molino, un chanteur venu gagner de quoi vivre dans le coin. Du coup tout se bouscule et réveille d’anciens souvenirs. Sollicitées pour résoudre cette énigme veille de deux siècles, les héroïnes doivent mener de front une affaire qui les pousse à regarder dans le rétroviseur des souvenirs, tout en songeant à leur propre présent et à se préparer pour la compétition annuelle de surf. L’auteure évoque de nombreux thèmes (la protection de la nature, l’amitié, le poids de la culpabilité, l’entraide) et n’hésite pas à faire se tutoyer deux univers (celui des vivants et celui des morts). Cette touche de fantastique ajoute une pointe d’originalité à un récit qui distribue la carte de l’aventure. Tout y est millimétré et tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. Il s’agit d’une bédé tout public, mais qui s’adresse avant tout aux adolescentes qui s’identifieront aux protagonistes. Sea, surf and sun, avec un chouia de suspense ! Voilà un cocktail addictif à découvrir dans un transat pour ne pas voir le temps passer et en attendant le retour du printemps ! Ed. Jungle – 208 pages Daniel Bastié

FILS DE SORCIÈRES Depuis Harry Potter, les sorciers ont la cote. Alors pourquoi ne pas surfer sur une vague qui fait la place belle à l’imagination et à la fantaisie ? Jean est un garçon presque comme les autres. A ceci qu’il est né au sein d’une famille adepte de sorcellerie. Tout ne va pourtant pas merveilleusement dans son existence. Contrairement aux membres du clan, il ne dispose d’aucun don, car la magie se transmet exclusivement de mère en fille. Tout se bouscule le jour où un étranger fait brutalement disparaître tous les membres féminins du clan. Il découvre que son géniteur, auquel il fait appel et qu’il ne connaissait pas, est incapable de réagir. Du coup, il se voit contraint de se débrouiller avec les moyens du bord. Mais que peut un simple humain face à un ennemi déterminé ? De l’excellent roman jeunesse de Pierre Bottero, Maxe l’Hermenier a adapté un script qui se prête au graphisme de Steven Dhondt, dessinateur de bédé réputé. Cette aventure débouche sur un livre qui s’adapte aux adultes comme aux enfants et qui mêle habilement humour, tendresse, surnaturel et aventure pour une lecture pleine de rebondissements et de plaisir. Bien sûr, les qualités du jeune garçon sont exploitées : courage, détermination et volonté. Pour aller plus loin, un dossier de huit feuillets clôt le récit, avec une présentation de l’écrivain, une plongée dans l’univers des jeteuses de sortilèges, un quizz et un arbre généalogique qui rappelle les liens de parenté qui unissent les protagonistes. Ed. Jungle – 66 pages Daniel Bastié


AU SOLEIL REDOUTÉ Michel Bussi est de retour avec un thriller exotique ! Pour beaucoup, les îles Marquises sont connotées du souvenir de Jacques Brel et de celui de Paul Gauguin. Il est vrai que la culture européenne passe par une série de références qui nous touchent avec une intensité plus ou moins forte. Dans ce cadre idyllique, un écrivain de renom anime un atelier d’écriture. Cinq lectrices ont le privilège d’y assister et de se rapprocher de leur idole. Pourtant, fort vite, ce qui semblait un séjour paradisiaque vire au cauchemar. Une disparition transforme le stage en Cluedo avec, à la clé, un véritable meurtrier. Yann, le flic de service, est chargé de mettre le coupable sous les verrous. Les soupçons le portent à envisager qu’une des touristes est spécialement venue pour régler l’un ou l’autre litige dans le sang. Laquelle ? Une course contre la montre l’engage à ne pas se fourvoyer. Entretemps, l’ambiance devient suffocante. Chacun sait qu’il peut devenir la prochaine victime. Se distille un périlleux jeu du chat et de la souris, où tous les coups sont autorisés, où les mensonges côtoient la vérité, où mentir permet de gagner du temps pour … vivre ou mourir ! Ce roman s’inscrit parfaitement dans ce qui constitue la marque de fabrique et l’originalité de l’auteur, avec un twist final imprévisible et en équilibre parfait entre intrigue, tempo et émotion. Suspense au rendez-vous pour passer des nuits lugubres, seul ou en compagnie ! Ed. Presses de la Cité – 428 pages Paul Huet

LE CHEMIN DE LA RONCERAI Didier Cornaille est de retour avec une chronique champêtre qui plonge le lecteur dans la France profonde de l’après-guerre. Une époque que seuls les aînés ont connue et qui était rythmée par la vie aux champs. Dans ce cadre spécifique, il raconte l’histoire d’un homme dont la ferme, héritée de ses parents, se localise à l’orée du domaine de la Roncerai, aujourd’hui laissé en déshérence. Joseph découvre les métamorphoses qui agitent son quotidien. Sans prévenir, la modernité frappe tous les secteurs et, avec défiance, il voit l’apparition des tracteurs et de bien d’autres nouveautés qui bousculent le train-train. Comment agir (surtout réagir !) ? Cèdera-t-il lui aussi aux lumières de la métropole à l’instar de nombreux jeunes de son âge ? D’un côté, il aime son travail de bûcheron mais, de l’autre, souffre des affres de la solitude. L’arrivée de Julienne anime son quotidien. Est-elle le phare qui illuminera son existence ? Observateur passionné du monde, l’auteur aime la ruralité et transmet cette passion par le truchement d’une plume légère, proche de la terre, avec des anecdotes qui se succèdent. Il est également capable d’une gigantesque empathie lorsqu’il s’agit de décrire ses personnages, les rendant à la fois fragiles et touchants, déterminés et en proie au doute. Comme tous les garçons de son âge, Joseph cherche le bonheur et se déchire en questionnements. Bien sûr, il ne peut pas demeurer les bras ballants. Il a envie de bâtir un futur avec quelqu’un qui lui donnera des enfants, alors que la majorité des filles du coin se sont envolées pour la ville. « Le chemin de la Roncerai » sent bon l’odeur des bois, fleure mille parfums et parle directement au cœur. Ed. Presses de la Cité – 378 pages Paul Huet


FAUTE GRAVE Le polar a la vie dure, avec des enquêtes qui se succèdent sans jamais se ressembler. L’inspectrice Robin Lyons vient d’être mise à pied pour faute grave, accusée d’avoir relâché un suspect contre les ordres de sa hiérarchie. Afin de ne pas sombrer dans la neurasthénie et attendre que le temps fasse son œuvre, elle retourne chez ses parents dans la cité sinistrée qu’est Birmingham. Là, elle retrouve son amie de jeunesse Corina. Néanmoins, très vite, le corps calciné de cette dernière est retrouvé dans les cendres de sa maison. Son époux est mis en examen, soupçonné de meurtre. Refusant la procrastination, Robin décide de mener l’enquête, sans se soucier des conséquences que peut entraîner son initiative. Elle se heurte au chef de la police locale, un ancien flirt, qui refuse de laisser quiconque se mêler de ses investigations. La romancière Lucie Whitehouse signe un thriller glauque qui prend aux tripes, multiplie les effets et parle du quotidien loin des fastes de la haute bourgeoisie. Avec un ton parfois documentaire, elle évoque les gens d’en bas, traîne dans le milieu des escrocs à la petite semaine, des magouilles pour un maigre profit et évoque la mafia locale. Avec une héroïne désabusée et néanmoins prête à tout, elle jongle avec les poncifs du genre. Traduit de l’anglais par Marie Chabin, « Faute grave » tient en haleine jusqu’au bout et se veut autant un récit d’atmosphère autant qu’un thriller remarquablement ciselé, addictif jusqu’au dernier chapitre. Ed. Presses de la Cité – 474 pages Daniel Bastié

LE PONT DES DERNIERS SOUPIRS La météo est un facteur extérieur capable de bouleverser maintes destinées. Jean-Baptiste Quillet en fait l’amère expérience, alors que rien ne le prédestinait à voir le quotidien du petit village de HauteLoire (où il tient le bistrot) bouleversé. Il s’agit d’un dimanche ordinaire. Un client occupe la salle. Le boulanger du coin s’épanche en confondant le tenancier avec un confesseur. Puis, sans crier gare, les éléments naturels se déclenchent, libérant une déferlante de neige. Une tempête d’une rare intensité noie les environs et fige chacun dans ses activités. Du coup, la buvette devient le refuge de beaucoup. Parmi celles et ceux qui s’abritent dans la cuvette de Pierpont se trouve Hélène, une jeune femme de vingt ans, porteuse d’une lettre au contenu tenu jusqu’alors secret. Bien entendu, toute vérité n’est pas bonne à entendre et les conséquences ne se font pas attendre. Les spectres du passé se déchaînent et ravivent de multiples rancœurs. Pierre Petit signe un roman choral et insiste sur le poids des attitudes posées lors des jours difficiles, feignant d’ignorer que l’effet boomerang peut les renvoyer au visage de celles et de ceux qui les ont libérés. On parle ici de cas de conscience, de désirs qu’on regrette, d’actes manqués, de mauvaises options. Voilà un livre qu’on peut à la fois qualifier de récit régional et d’ouvrage psychologique, avec une pointe de suspense. L’auteur connait son métier, maîtrise à la perfection la mécanique de l’écriture, parvient à faire monter la tension et peaufine la description du caractère des protagonistes. Il ne s’agit pas d’un polar, mais d’une solide chronique qui, mine de rien, tient en haleine de bout en bout. Ed. Presses de la Cité – 328 pages Daniel Bastié


NE FAITES PAS DE MAL À UN SEUL DE CES ENFANTS Les affaires de pédophilie qui frappent l’église de plein fouet demeurent un scandale qui secoue le monde. Comment ne pas exprimer son indignation ? Bien entendu, chacun attend une condamnation. Les papes Benoît XVI et François n’ont pas eu d’alternative que celle de s’exprimer publiquement (même si certains affirment qu’ils ne vont pas assez loin !). Elle est derrière nous l’époque où le clergé minimisait les faits ou cherchait à les régler en interne, en déplaçant les coupables dans l’intention de ne rien ébruiter et de museler les plaignants, tenant le tout enfermé sous une chape de silence. Bien que possédant une approche différente des causes de ce problème, les pontifes se sont exprimés sans ambiguïté. Il s’agit d’une tragédie qui ne peut pas rester cachée et il importe d’en identifier les causes. Poussés par les médias et face à l’insistance des croyants, tous deux ont été amenés à mettre en place des mesures exceptionnelles dans l’histoire de la chrétienté, afin d’éradiquer ce cancer insupportable. Pour la première fois, voilà réunis les textes rédigés par les successeurs de Saint Pierre allant dans le sens d’une grande clarté et qui expriment sans ambiguïté la désapprobation générale. On trouvera dans cet ouvrage la longue analyse de Benoît XVI, ainsi que le Motu proprio du pape François qui donne une indication précise des mesures concrètes apportées pour endiguer cette catastrophe humanitaire. Clairement : on ne touche pas aux enfants ! Ed. Artège – 134 pages Sam Mas

LA DISTRIBUTION DE LA COMMUNION DANS LA MAIN Le concile œcuménique de 1962 a eu pour objectif de réformer l’Eglise en se rapprochant des croyants. Finie la messe en latin au cours de laquelle le prêtre célébrait l’office en tournant le dos à l’assemblée des fidèles. Il a s’agit d’une révolution dans la manière de placer le culte au cœur des préoccupations de chacun. Plus d’un demi-siècle après cette réforme, qu’en est-il ? Il y a toujours eu une partie des disciples pour souhaiter un maintien de la tradition ou revenir au passé. Le monde bouge, les esprits se modernisent et les désirs s’affinent. On se trouve aujourd’hui à des lieues de l’époque qui voyait le prêtre distribuer la communion directement dans la bouche. Bien sûr, certains allègueront que les traditions ne sont plus ce qu’elles étaient ou devraient être. Federico Bortoli s’interroge sur l’historique de la communion et la pratique de celle-ci. Au fil de sa réflexion, il rappelle que les premiers disciples se tenaient debout, prêts à rentrer chez eux durant les périodes de persécutions. Ensuite, le clergé a encouragé la position agenouillée, puisque chacun vivait une époque d’apaisement. Cette pratique a naturellement renforcé le sentiment d’humilité face à un dieu transcendant et, à la fois, immanent. Au fil des siècles, cette coutume s’est répandue. Un tel sujet pourrait paraître secondaire. L’auteur relève néanmoins l’importance du rite, même s’il est ici question d’un caractère essentiellement liturgique qui met en lumière ses aspects doctrinaux et pastoraux. L’eucharistie se trouvant au centre de la foi, le débat mérite d’être ouvert. Bien sûr, cet ouvrage relativement technique n’intéressera que les passionnés et tous ceux qui sont en attente de réponse. Préfacé par le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin, les chapitres proposent une réflexion apaisée et élaborée en vue d’un dialogue spontané. Ed. Artège – 282 pages Sam Mas


LES GARDIENS DU PAPE On les appelle gardes suisses ou gardes pontificaux. Il s’agit de cent dix militaires attachés à la sécurité du pape. Une armée créée en 1506 sur ordre de Jules II. A l’origine, il s’agissait de mercenaires suisses payés pour veiller à la sécurité d’importants chefs d’Etat. Bien entendu, au fil des siècles, ce corps militaire a progressivement cédé sa place à une armée nationale. Au Vatican, ils font partie du folklore et les touristes viennent les photographier pour étayer leur album de souvenirs, le crâne protégé par un casque en métal garni de plumes, une hallebarde en guise d’armement. L’histoire de ces hommes se confond naturellement avec celle de l’église catholique et, plus largement de l’Europe. Yvon Bertorello, Laurent Bidot et Arnaud Delalande ont associé leurs talents pour raconter la formidable épopée de la plus petite milice au monde et la dernière de ce type. A travers une bédé dynamique, le lecteur découvre les coulisses du Vatican et s’accroche aux pas de soldats qui veillent jour et nuit sur le pontife, qui l’accompagnent lorsqu’il se déplace et en qui ce dernier possède une confiance absolue. Afin de romancer le récit, les auteurs et dessinateurs ont choisi de suivre une jeune sentinelle pour raconter sa formation, son apprentissage, ses missions et son mode de vie. Plus largement, il est également question de revenir sur la genèse de ce détachement pas vraiment comme les autres et qui, aujourd’hui toujours, engendre une curiosité sans bornes. Ed. Artège – 58 pages Sam Mas

L’ISLAM : MENACE OU DEFI ? Difficile de se positionner face à l’Islam. La faute à une actualité qui présente parfois les musulmans sous un jour suspicieux, qui parle d’attentats et qui élude ce qui constitue les fondements de leur foi. Il y a également chez nous une vraie méconnaissance du Coran et de la culture née autour du prophète Mohamed. Avec une immigration croissante et la venue de fidèles de plus en plus nombreux en Europe, cette religion est devenue un véritable défi pour quiconque souhaite vivre en harmonie avec ses voisins. Pour faire avancer le débat, il importe de se désenclaver de plusieurs idées toutes faites et d’affronter les questions qui fâchent. Qu’en est-il réellement du voile, de la charia, de la soif spirituelle de la jeunesse qui pourrait glisser dans la radicalisation et du choc des civilisations ? Loin de chercher la polémique, cet ouvrage s’efforce de jeter des ponts entre deux cultures et d’inviter les chrétiens à se pencher sur une religion cousine à la leur dans un souci de bienveillance et de fraternité. Au fil des pages, on découvre que le chrétien est confronté à un double défi : charité envers l’étranger qui cherche refuge ailleurs et volonté de maintenir sa culture et ses traditions sans se laisser phagocyter par des préceptes venus de loin. Concilier les revendications et dialoguer font partie des règles qui demeurent chères à tous. Alors, Islam : menace ou non ? A chacun de se forger sa propre opinion ? Ed. Artège – 196 pages Sam Mas


LIBÈRE-NOUS DU MAL Il y a le monde visible et celui qui ne l’est pas, les anges et les démons. Du moins, voilà ce qu’allèguent maintes religions. De là à sousentendre qu’un hémisphère puisse influencer l’autre. Entre la théorie et la pratique, il importe de discerner le vrai du faux, sans égarer son libre-arbitre. Si Dieu est transcendant, il est aussi Amour. Cette grâce nous protège (ou devrait nous protéger) du mal. Le père JeanChristophe Thibaut revient sur les phénomènes dits paranormaux qui pourraient troubler notre quotidien et altérer notre psychisme. Dans ce cas, faut-il se référer à un psychiatre ou à un exorciste ? Le cinéma a vulgarisé les attaques démoniaques par le truchement de films tels que « L’exorciste » et « La malédiction », entretenant chez les spectateurs une terreur de ce qui demeure innommable, loin des lois physiques. Jamais l’auteur ne cherche à donner de leçons ni à fournir un catalogue clé-en-main. Il interroge, suggère, tourne et contourne moult hypothèses, sans jamais se prononcer ouvertement en façon d’une explication au détriment de l’autre. Pour lui, certes, les forces diaboliques existent. Encore importe-t-il de les circonscrire et d’apprendre à s’en défaire avec vigueur. Il convient naturellement qu’il s’agit d’un des plus épineux défis de la foi. A savoir : réaliser la part des choses. Il y a, toujours selon lui, urgence d’analyser les signes et de les scruter sans passion, pour en discerner les tenants à la manière d’un médecin qui étudie l’ensemble des symptômes exposés par un patient, avant de dresser un diagnostic. Le but de cet ouvrage est de proposer une voie de délivrance pour les femmes et les hommes en souffrance et ce dans le contexte de l’église catholique romaine, même s’il est toujours possible pour celles et ceux d’autres confessions d’adapter les conseils à leur manière de prier et de communier. Assurément, il est indispensable d’aborder la lecture en partant du postulat que le Diable existe et qu’il se manifeste par une puissance que beaucoup lui nient. A chacun de se forger un avis ! Ed. Artège – 376 pages Sam Mas

LA LOI DES PÈRES L’affaire Harvey Weinstein a déclenché le mouvement Metto, libérant la parole des femmes victimes d’agressions sexuelles. Qu’en est-il des enfants ? Une récente étude allègue qu’un mineur sur trente a subi des attouchements ou des viols répétés. Dans une société dite civilisée, comment accepter pareille situation ? Patric Jean s’est lancé dans une investigation qui l’a encouragé à revoir notre manière de fonctionner. Selon lui, les habitudes et un silence lourd de conséquences ont permis ou permettent toujours des gestes dont les effets sont désastreux pour le jeune en train de se construire. A quand la libération de parole pour tous ces garçons et filles victimes de pédophiles, de pères ou d’oncles incestueux ? Au fil des pages, l’auteur enquête sur l’aveuglement d’un monde qui se replie dans le déni, qui ne punit pas ou insuffisamment ? Ayant infiltré des groupes masculinistes, Patric Jean révèle une idéologie qui protège les coupables. Tout un arsenal de mesures sert à les exonérer face aux juges. Pire, à stigmatiser celles et ceux qui dénoncent l’inacceptable, pointant de l’index les membres du corps professoral ou médical qui signalent les abus. Il y a bien sûr urgence de réveiller les consciences et de prendre la peine d’écouter les victimes. Aujourd’hui, toujours, un arsenal de mesures sert à entraver toute dénonciation. On parle ici de légitimation ou de pathologies pseudo-scientifiques dont se servent les avocats. Cet ouvrage insiste sur l’urgence d’ôter les œillères, d’avancer et de cesser d’accepter tout et n’importe quoi au nom d’une sacro-sainte culture qui fait que la justice se plie à diverses situations entérinées par le droit masculin. « La loi des pères » lance une alerte. Pourvu qu’elle soit entendue ! Ed. du Rocher – 332 pages Amélie Collard


BIEN DORMIR ÇA S’APPREND ! Les troubles du sommeil sont une réalité greffée sur notre société 2.0. Il est déjà loin le temps où chacun vivait au flux des saisons, se levait et se couchait avec les poules. La pression, le stress et le burnout, tout fait que nous pâtissons amplement d’éléments extérieurs. Va-t-on vers une génération qui devra s’endormir en consommant des somnifères ? Réjouissez-vous, voilà un livre qui vous permettra de réapprendre les automatismes idoines pour passer une nuit agréable. Plusieurs techniques existent : hypnose, méditation, TCC et autres méthodes d’une redoutable efficacité telles que l’EMDR ou l’ASMR. Benjamin Lubszynski est un youtubeur, coach et thérapeute réputé. En huit semaines, il promet de renvoyer chacun dans les bras de Morphée grâce à un accompagnement complet et par le truchement d’exercices pratiques à suivre pas à pas. Cet ouvrage s’inscrit dans le même projet que ses vidéos vues par des milliers de personnes chaque jour. Pour lui, le bien-être psychologique entraîne une dynamique qui ne doit pas se cantonner dans le secret d’un atelier ou d’un laboratoire. En ce sens, il ne s’agit pas d’un livre comme les autres, mais d’une boîte à outils ou manuel de bien-être. Naturellement, on ne s’endort pas d’un simple coup de baguette magique. Si on ne se laisse pas appréhender naturellement par le sommeil, il faut adopter l’une ou l’autre stratégie. Avec un peu d’efforts, l’objectif peut être atteint sans réelle douleur. Un cd de trente séances audio a été joint au présent manuel. Ed. du Rocher – 223 pages Amélie Collard

JEAN-CLAUDE IZZO Qui était vraiment Jean-Claude Izzo ? Pour beaucoup, il demeure le père de plume du flic Fabio Montale, dont les spectateurs ont suivi les aventures sur Fr3 dans la série éponyme, personnage campé par l’acteur Alain Delon. Mais sait-on que l’écrivain a galéré avant de connaître la notoriété à un âge où d’autres préparent leur pré-retraite ? Elevé dans le respect de la foi catholique, il s’est très vite orienté vers la voie de l’enseignement technique en décrochant un CAP d’ouvrier tourne-fraiseur, tout en se découvrant un don pour la poésie. Embarqué dans des groupuscules pacifistes, il milite contre la guerre d’Algérie, s’oppose à la course aux armements et se retrouve milicien dans un bataillon disciplinaire à Djibouti. Revenu à la vie civile, il enchaîne les emplois : livreur, libraire, pigiste. Pour lui, les années de vaches maigres se multiplient. Situation qui ne l’empêche jamais de conserver sa bonne humeur et de ne pas baisser les bras. Il occupe une partie des nuits et de ses loisirs à rédiger. Pour lui. Pour les autres. Incapable de ne pas garder un œil sur les activités politiques, il s’engage du côté des gens d’en bas. Il rencontre le succès littéraire avec « Total Khéops ». Jean-Marc Matalon fait revivre cet auteur inclassable, également réputé pour sa vie amoureuse foisonnante, ses prises de position et son imagination féconde. Plutôt que d’embrayer sur le ton de l’essai, il choisit la voie de la biographie à partir de témoignages multiples, de documents glanés de part et d’autres et narre la vie peu ordinaire de l’icône du polar marseillais dans un style extrêmement visuel, luimême proche du roman. Ed. du Rocher – 170 pages Paul Huet


LA MORT DU SOLEIL Que se passe-t-il dans ce petit village vissé au cœur des monts Finiu ? Etrangement, la population a sombré dans une épidémie de somnambulisme suite à une éclipse qui s’éternise. Que faire ? Les jours se succèdent et, incapable de réagir, le jeune Niannian assiste à la situation. D’ailleurs, est-il réellement capable de décroiser les bras, lui que tout le monde assimile à l’idiot du coin ? Très vite, tout se désarticule. Coincés dans une situation peu ordinaire, les habitants perdent le sens de la réalité, les comportements se délitent, la morale se désagrège et les excès se multiplient. Dans cette nuit qui paraît sans fin, seul Li garde la tête sur les épaules. Yan Lianke signe un roman qui parle de la société lorsqu’elle tient en équilibre au bord du gouffre et met en relief la nature humaine dans ce qu’elle possède de moins reluisant. Il ne s’agit pas de sciencefiction, mais d’une parabole qui parle de ce qui anime chacun au plus profond de ses tripes, avec des codes qu’on tente de respecter coûte que coûte ou qu’on transgresse sans remords. Dans l’obscurité permanente, les hommes se métamorphosent en ombres, en silhouettes méconnaissables. Alors, certains en profitent ! Traduit du chinois par Brigitte Guilbaud, ce texte peut être lu comme une allégorie universelle ou telle une zombie apocalypse qui tient en haleine jusqu’au dernier chapitre et qui invite à réfléchir sur moi et les autres. Ed. Philippe Picquier – 400 pages André Metzinger

MYTHOPOÏÈSE Grâce à une troupe de mésanges punks qui ont renversé les États, la pensée animiste règne progressivement partout sur la planète. Les animaux comme les plantes sont désormais considérés comme des personnes à part entière. Ce bouleversement a naturellement une incidence sur le quotidien de chacun. Le cœur brisé, une anthropologue cherche vaille que vaille à sauvegarder la culture occidentale. Alessandro Pignocchi livre ici un traité qui prône le respect de la vie sous toutes ses formes et, à l’heure des désastres climatiques, parle de l’urgence de la réflexion sur l’importance de certains enjeux planétaires. Au fil des pages, il évoque les combats nécessaires pour la survie des espèces, pour le respect de la nature et davantage de responsabilisation des humains dans l’usage qu’ils font de la terre dont ils se servent sans en prendre soin. Recomposer les liens, réadapter les comportements, encourager le vivre-ensemble : voilà des valeurs importantes à développer ! En trois chapitres dessinés, l’auteur fait intervenir plusieurs dirigeants politiques actuels (Trump, Merkel, Macron) et nous plonge dans les salons de l’Elysée autant que dans une forêt immaculée. Ce livre a été conçu pour redescendre dans le croyable et envisager le futur en bousculant les mentalités. Belle initiative ! Ed. Steinkis – 128 pages Paul Huet


LE LIVRE DU TRÉSOR Bruno Latini a joué un rôle important au XIIIe siècle. Homme politique florentin insigne, il s’est singularisé par son action en vue de défendre sa langue natale. Proche de Dante Alighieri, il a été amené à vivre en France. Dans ce pays d’adoption, il a rédigé trois de ses principaux ouvrages, dont « Le livre du trésor », recueil de textes consacrés au monde animal, nés de ses observations, mais également de sources scientifiques et de la connaissance de mythes venus de l’Antiquité. Le présent livre édité par Grasset se veut une sélection du meilleur, sorte de bestiaire poétique qui met en scène des créatures communes telles que la baleine, le loup, le singe, etc., mais également issues de chimères nées dans la nuit des temps : le serpent à deux têtes, la licorne, le phénix, le dragon. Ses représentations peuvent parfois nous paraître farfelues mais témoignent d’une imagination dense et riche, qui s’inscrit parfaitement dans le monde médiéval qui était le sien. Afin d’illustrer ses descriptions, Rébecca Dautremer a été sollicitée pour donner vie à une prose remplie d’originalité. Un coup d’œil suffit pour reconnaître son coup de pinceau unique, artiste exigeante et généreuse, éprise de liberté et qui refuse la procrastination. Si ce livre s’adresse aux enfants, il ne rebutera jamais les adultes qui se complairont à le découvrir tant pour la finesse de l’écriture que pour la joliesse des dessins. Le cadeau idéal qui fera plaisir aux petits ? Certainement ! Ed. Grasset Jeunesse – 32 pages Daniel Bastié

MONSTRES DE MAISON Voilà une drôle de maison ! Lorsque la nuit l’encapuchonne de son drap opaque, tout se met à bouger. Les murs s’animent et des créatures peuplent l’espace des couloirs, du salon, de la cuisine, de la salle de bains. Il s’agit de monstres terrifiants. Parmi eux se tient Crissgrif. Il aime se carrer près de la porte d’entrée. Sur son crâne poussent des serpents. Quant à ses jambes, elles ressemblent à des tentacules crochus. Ses amis n’ont rien à lui envier. Il y a Cuisinosaure, Sluuurp, Médusa, Bog, Coucoupé et Spiro. Chacun occupe une pièce de l’habitation et disparaît dès que se pointe l’aube. Lola tremble dans son lit avant de s’endormir et se pelotonne contre son chat Haricot. Même en y mettant de la bonne volonté, elle sait que tout possède une explication. Heureusement, il n’y a aucun monstre dans sa chambre. Ni le jour ni la nuit. Ouf ! Eleonora Marton est une auteure-illustratrice italienne reconnue pour son talent et son imagination. Avec « Monstres de maison », elle se joue des peurs enfantines et invite chacun à réfléchir sur le pourquoi de ses frayeurs. Finalement, ne s’agit-il pas tout simplement d’objets domestiques qui prennent une apparence fantasmagorique lorsqu’ils sont baignés dans l’obscurité ? En somme, rien de bien inquiétant, si ce n’est le produit de l’imagination qui carbure. Voilà une promenade fantasmagorique au sein de lieux connus pour apprivoiser les angoisses, appréhender les différentes perceptions, rire et s’amuser tout en apprenant à grandir. Le livre se termine par la phrase : ça y est, j’ai enfin compris ! Moi aussi ! Ed. Grasset-Jeunesse – 48 pages Amélie Collard


87e DISTRICT Ce troisième tome propose une compilation de huit aventures de la vie de la brigade du 87e district et des inspecteurs Carella, Meyer, Kling etc. dans les bas-fonds d'Isola. Ed McBain a mis en place de solides polars qui plairont aux plus dubitatifs, des histoires très cinématographiques et rédigées au cordeau. En une quarantaine d’années, l’auteur a étalé pas moins d’une cinquantaine de suites, permettant de mettre en place ses personnages, d’étoffer leur psychologie et d’emprunter des tangentes qui tiennent à la fois du thriller, du récit familial et qui s’étoffent d’ellipses sur les cadences d’une métropole en ébullition permanente. Présentés dans leur suite chronologique et dans des traductions révisées et intégrales, ces romans apparaissent une dizaine d’années après leur clôture définitive aussi vastes qu’une comédie humaine qui se veut un témoignage de premier plan sur la vie aux States, ses mœurs et ses habitants. En un certain sens, McBain peut être considéré comme un précurseur du récit choral, avec des enquêtes qui partent dans toutes les directions, des protagonistes qui vont et viennent, des indices qui se multiplient, des états d’âme qui se font et se défont. L’écriture est aussi belle qu’efficace, rôdée par une mécanique qui n’a rien à prouver. On le sait beaucoup moins, mais l’auteur a également rédigé sous divers pseudonymes, dont Evan Hunter, Richard Marsten, Hunt Collins, Curt Cannon et Ezra Hannon. A côté du polar, il s’est aussi distingué dans la science-fiction et des ouvrages plus littéraires. Si vous n’avez lu un de ses titres, voilà l’occasion de rattraper un retard dommageable. Ed. Omnibus – 860 pages Paul Huet

LÉGIONNAIRES FRAGMENTS DE VIE Victor Ferreira et Pedro Cabanas sont Portugais et ont intégré la légion étrangère. Au cours de longues années qui leur ont permis de fraterniser, ils ont eu l’idée de rédiger un livre qui traite de leurs états d’âme et de leur quotidien. Un ouvrage conçu de poésies à hauteur d’épaules, sans fioritures inutiles et qui se veulent l’aboutissement d’une vie passée sous les drapeaux. Leurs vers vont droit au cœur de ceux qui aiment la vérité, interrogent le sens de la vie, poussent à comprendre la nécessité de l’engagement et expliquent la détermination de certains choix. En une quarantaine de textes, ils racontent un monde hermétique aux quidams, l’amour, la mort, les armes, la peur, l’avenir. Ce recueil est aussi une belle leçon d’humilité qui permet à des soldats aguerris, professionnels jusqu’au bout des doigts, de laisser parler leur sensibilité, leur ressenti et de se laisser aller en prouvant à tous que, derrière l’uniforme, se dressent des êtres faits de chair et de sang, capables d’émotion et d’expression. Bien entendu, plusieurs thèmes emblématiques de la légion sont évoqués : la nostalgie du pays natal, l’action, les filles, la solitude, … Ed. Mareuil – 122 pages André Metzinger


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