Bruxelles Culture juin 2021

Page 1

BRUXELLES CULTURE 1er juin 2021 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com

RENCONTRE : DIELLE


RENCONTRE : DIELLE Quand, de quelque manière que ce soit, l'un d'entre-nous laisse la vie s'exprimer librement à travers lui, son acte nous rappelle à tous qui nous sommes véritablement : des créateurs ! L’Uccloise Dielle a fait sienne cette devise et l’applique pleinement au quotidien, acceptant que l’esprit soit à l'origine de ses peintures, comme d'ailleurs du besoin de créer qui l'a toujours habitée, la sombre matrice primitive, d'où seule la fraîcheur et l'inattendu peuvent surgir. A travers ses créations, elle parvient à devenir davantage qu’elle-même … une transmettrice de savoir ! Quel rapport entretenez-vous avec Bruxelles ? J’y suis pour y avoir atterri. J’y suis pour mon expérience humaine et pour réaliser le fameux « Connaistoi toi-même ! ». Car Bruxelles chante et danse. J’y apprends à valser avec les polarités et ainsi à transcender la dualité. J’y découvre mon propre centre de gravité. Pourquoi avez-vous choisi d’habiter Uccle ? Uccle est verdoyant. Je m’y suis posée un temps, en bordure de Linkebeek, et maintenant près de la Ferme Rose, avenue de la Ferme Rose plus précisément, dans un immeuble situé au cœur de ce qui reste du Parc Brugmann. J’y vis dans ce qu’il me plaît d’appeler un « mini-palais ». Rassurez-vous, je jouis d’une belle terrasse et pelouse ascendant vers le ciel, avec bambous, magnolias, lavandes, … De surcroît, les murs qui m’entourent sont extensibles selon ma conscience. A quel moment avez-vous décidé de vous consacrer à la peinture à temps plein ? Je suis née avec une âme d’artiste, le cœur plein d’expressions à vivre et à partager. Mais il a été bien long le chemin, car l’ambiance n’était pas propice encore à cette merveilleuse liberté. Cependant, ce qui est inné finit toujours par éclore et, sans en faire mon unique priorité, j’ai persévéré bon gré mal gré avec la grande question : « Survivre ou Vivre ? ». Jusqu’au jour où j’ai plongé plus profondément dans ma propre technique. Quelle est justement votre technique ? Je peins à l’huile sur toile. Mais ce qui est importe est mon processus créatif. Parlons donc de votre processus de création … Sans atelier à ce jour, assise devant ma table de salle à manger, je prends une bonne inspiration/expiration et je laisse jaillir ce qui vient : des corps, des visages, des nombres aussi ! Souvent, très spontanément, je sens un potentiel dans ce que je dessine et je le transpose sur une toile. Par la grâce d’un simple crayon, j’œuvre afin d’arriver à la ligne claire. Cela peut prendre du temps. J’entre alors dans une sorte de méditation qui expanse ma sphère ambiante. Dès lors que mon dessin s’harmonise, je le renforce à l’aide d’un banal stylo à bille pour en accentuer les contours. Ensuite, plus ou moins satisfaite, je tamponne le support de peinture à l’huile dans un dégradé de différentes couleurs mélangées qui servent de fond de base et qui façonnent l’ambiance. A cette étape, laisser sécher le travail accompli devient primordial car, ensuite, je retrace patiemment mes lignes. Pas que facile, mais j’assume avoir choisi cette technique pour un temps. De plus, des transformations s’opèrent ici ou là selon mon nouveau ressenti. J’ai choisi le noir pour mes lignes claires et j’utilise aussi de l’émail pour les mettre en valeur. J’ai également expérimenté la sculpture, juste pour voir ce qui allait sortir du travail de la matière et, surprise, je continuais sur ma lancée avec le même genre de tracé !


De quelle manière décririez-vous votre travail artistique ? Ondes de Formes sur peinture à l’huile comme fond de base et d’ambiance ! Ces Ondes, je les dessine spontanément. Ensuite, je calibre et j’harmonise. C’est ma façon de nettoyer le passé et d’en extraire l’essentiel. D’ailleurs, les véritables alchimistes fonctionnent de la sorte. Ils acceptent « le plomb » et veillent à en extraire « la flamme ». Ils laissent les résidus se recycler dans l’énergie neutre. D’où ma légende : « Une Onde est une Vibration, Une Vibration est une Information de l’Intelligence Créatrice, L’Information aime se manifester librement dans la forme aussi ! ». En pianotant sur Internet, j’ai découvert que vous avez écrit un livre intitulé « Doria ou Comment je suis devenu Ambassadeur entre les Mondes » ? De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’une histoire vécue, que le père de mon fils unique a léguée juste avant de quitter notre monde à l’âge de quarante-quatre ans. La dernière année de sa présence ici-bas, il a rêvé, des nuits durant, une histoire d’expansion de Soi et d’Amour. Il me l’a racontée et j’ai espéré que le changement allait se passer au plus vite dans l’harmonie des polarités terrestres. C’était en 1991 ! Une belle amie de cœur avait enregistré son récit et, après son départ, me l’a donné en me disant : « Tu sais écrire, il aimait tes créations, fais-en un livre ! ». J’ai mis dix-huit ans avant de m’y décider. Pour vous avoir rencontrée lors de différents vernissages, j’ai constaté que vous parlez régulièrement de Conscience de l’Énergie grâce à la sagesse acquise au travers toutes nos expériences ? Etes-vous croyante, mystique, intéressée par le paranormal ou … astrologue ? Je crois en l’Évolution de la Conscience de l’Énergie. Je suis confiante que nous sommes capables d’être libres à la fois dans la forme et hors forme. Cela de manière simultanée. On peut appeler cet état une utopie, un rêve ou une révolution. Dans l’Ether ou si vous préférez dans le cosmos, il semble que nous créions à la vitesse de l’éclair et ... détruisions tout aussi vite. Nous étions comme des enfants dans l’expérience de la Vie. Selon moi, bien sûr en respectant le libre-arbitre de chacun, la plus récente expérience dans notre Histoire, bien avant la Préhistoire, a été celle du temps de l’Atlantide, révélant que nous n’avions pas encore su vivre dignement, ainsi le pouvoir sur l’autre a pris en finale à nouveau de l’ampleur. Ce qui explique la chute atlantéenne ! De nos jours, au temps des machines, la technologie est là pour nous servir et non pas pour nous robotiser. Le Covid, sans sempiternelles répétitions de guerres barbares mondiales, nous offre l’opportunité du discernement intérieur, de surcroît vis-à-vis de l’extérieur ! Je voyage beaucoup au cours de mes nuits. J’y vis différentes expériences et y rencontre pas mal d’êtres. Quelquefois, des rêves spéciaux, toujours vivants à ce jour. Parfois moins attrayants, comme des résolutions d’anciens traumas que j’ai choisi d’accepter en tant que tels, sans interférer par l’interprétation d’un mental encore utilisé en limité. Dans mes mémoires universelles et/ou vécues, il semble que j’aie été un des élèves de Michel-Ange, ce grand maître outré de devoir dépendre de la volonté ecclésiastique exigeante. Il est notoire que la réalisation du plafond de la chapelle Sixtine a été une galère, en travaillant couché sur des planches jours et nuits. De quoi rendre fou un être créatif ! D’autres mémoires aussi ... Dans la discrétion de ma diffusion, malgré un certain nombre d’expositions, j’ai appris que l’on utilisait thérapeutiquement une partie de mes œuvres de manière bénéfique. Une peinture, même soi-disant accomplie, reste naturellement toujours en expansion selon le message ou l’ouverture de conscience vécue de l’artiste, car un artiste véritable transmet toujours un message ... et en devient le message !


Qu’appelez-vous votre légende ? Ma légende date et m'est venue spontanément suite à une lecture sur la Beauté qui m'a beaucoup parlé. Je dessine des Ondes de Formes qui, même si apparemment figées sur toile, sont un mouvement, une ondulation, une vibration et une information. Depuis des éons, on tente de se connaître bien mieux et de devenir le meilleur de Soi-même. Cela se dénomme l’Évolution de la Conscience. Mais, suite à toutes nos expériences, on transporte des poubelles lourdes de sempiternels traumas et cela nous fait quelque part réellement tourner en rond. Donc, pour arriver à vivre notre Humanité, tout en étant conscient de l'Esprit qui nous anime, il est important, selon moi et d'autres, de simplement vider, au-delà toute peur et de tous reproches, les susdites poubelles. En parlant de Mémoire, de quoi s’agit-il ? Mes mémoires, elles existent par certains rêves clairs, également par ressenti. Parfois lors d'une rencontre en affinité qui me fait me souvenir ... de vies antérieures et/ou de mémoires universelles. Grosso modo, voilà de quoi elle relève, sans entrer dans les détails ! Où peut-on découvrir vos travaux ? Mes œuvres sont exposées du 4 au 27 juin 2021 à Espace Art Gallery, rue de Laeken 83 à 1000 Bruxelles. Vous trouverez tous les détails pratiques sur le site www.espaceartgallery.eu Propos recueillis par Daniel Bastié


THÉÂTRE : HISTOIRE DE L’IMPOSTURE Une histoire qui est présentée au Théâtre des Martyrs comme une imposture des corps. Comme une folle sarabande, une danse bachique où trois filles et deux hommes nous renvoient l’image de notre société. Celle où être et paraître se confondent. En sort des pantins qui s’affichent. Sur la scène, dans un carré de lumière qui figure le monde, ils se trémoussent, gesticulent, se déhanchent, se déplacent et, tout à coup, se figent sous les flashes qui crépitent pour montrer leur sourire standard ou leurs faces hilares. Comme des automates, ils vont et viennent, virevoltent, d'abord nus comme les enfants du paradis, puis vêtus de robes bouffantes et de pourpoints façon Renaissance, sous lesquels ils continuent de jouer à ceux qu’ils ne sont pas. C’est une satire de notre société où chacun veut paraître sous le meilleur jour, tout à son avantage. Où l’on veut effacer à tout prix les rides, les replis, les bourrelets, le temps qui passe. Où la mode et les selfies multiplient de soi les fausses apparences, les clichés retouchés, embellis à l’envi, qui vont faire le tour des réseaux sociaux. Sur la scène, nos danseurs sont mitraillés par les flashes, et tout finira pour eux sous des rafales de mitraillette qui les jetteront à terre. Mais on le sait : après un selfie, un autre pour les remettre d’aplomb dans le jeu, leur faire reprendre leur souffle et continuer leur danse infernale. Continuer à être autre chose qu’eux-mêmes, comme des gravures de mode aux vitrines ou dans les magazines people. Ils sont cinq danseurs, disions-nous : Leslie Mannès, Frauke Mariën, Maxence Rey, Marco Torrice (il a étudié la philosophie à Rome) et Sébastien Jacobs qui prête sa voix, une belle voix, à un tube italien des années 50 (mais, de formation romaniste, il pourrait le faire dans plusieurs autres langues, romanes et germaniques : c’est le danseur polyglotte de l’équipe). A part ce morceau brutalement interrompu et une voix off en anglais (la langue de tout le monde), tout le ballet est une pantomime qui se joue sur une bande-son de Thomas Turine, où dominent la guimbarde et le tambour. Ce tambour qui va emporter nos danseurs dans une folle exubérance. Ils en sortiront, après une heure, tout exténués, en sueur, et nous avec eux. Ce spectacle a été conçu en 2013, et c’est donc une reprise qui a lieu au Théâtre des Martyrs. Patrick Bonté, coauteur avec Nicole Mossoux, nous en livre le propos, inspiré de l’ouvrage de Roland Gori, La Fabrique des imposteurs « qui dissèque les fonctions de l’imposture à travers les conformismes et les simulacres... Gori voit même dans l’imposteur le modèle à suivre, la figure anthropologique de l’homme de notre temps : celui qui se débarrasse de sa personnalité propre et qui se coule dans des personnalités d’emprunt pour répondre à des normes et devenir en quelque sorte un caméléon ». Caméléon, l’homme actuel ? Attention donc, mesdames, à vos faux cils, vos faux seins et tout ce que vous cachez sous une belle apparence qui ne peut être que trompeuse. Attention, messieurs, à vos replis de graisse soigneusement dissimulés sous la chemise ou à votre dentier éclatant qui risque de se détacher. Tôt ou tard, vous devrez vous montrer comme vous êtes. C’est-à-dire nus. Cette pièce nous le montre, car on n’est vrai que parfaitement nu devant l’autre. Comme les danseurs au début du spectacle. Histoire de l’imposture est jouée au Théâtre des Martyrs du mercredi 2 au vendredi 4 juin, à 20 h 15. Plus d’information sur le site www.théâtre-martyrs.be. Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles. Photos : Thibault Grégoire. Michel Lequeux


THÉÂTRE : MACADAM CIRCUS « Macadam circus » est le récit de la rencontre inattendue entre un homme et un pachyderme, dont il va devoir gérer la présence au sein de la famille. Que faire avec lui ? Que mange-t-il ? Quel sens cela peut-il bien avoir ? Autant de questions auxquelles on ne trouvera peut-être pas de réponse, mais qui nous rappelleront que s’il n’y a pas de solutions à tous les problèmes, il reste toujours la possibilité de se démener pour en trouver. Rencontre Avec Antoine Laubin, Thomas Deprycke et Axel Cornil, pères de

ce projet théâtral. Pouvez-vous raconter comment est né le projet « Macadam Circus » ? Thomas Depryck : Ça s’est passé en plusieurs étapes. L’écriture est toujours chez moi le résultat d’un désir et d’une opportunité. J’ai commencé à écrire le texte, en 2017, pour un événement qui avait lieu à Nancy, un festival de théâtre universitaire dans lequel je devais animer un atelier d’écriture et un atelier de mise en voix. J’avais besoin d’un texte un peu ludique, avec une grande distribution et qui pourrait convenir au thème du festival : « s’engager ». J’avais cette idée d’un homme qui marche dans une rue et se trouve nez à nez avec un petit éléphant. Il me restait à dérouler le fil de cette histoire. J’ai construit, autour de ça, une fable chorale, qui pourrait convenir à cette équipe-là d’acteurs amateurs. Mais le texte me semblait pouvoir fonctionner en dehors de ce contexte spécifique. Je l’ai retravaillé et je l’ai ensuite soumis à ARTCENA, qui l’a sélectionné en mai 2018 et qui est à la fois une aide à l’auteur et une aide à la création … Antoine Laubin : Thomas a écrit ce texte hors de tout contexte de production et hors de notre dialogue habituel au sein de la compagnie. On s’est dit que c’était l’occasion, pour une fois, qu’il ne travaille pas sur la création du spectacle, qu’il ne soit pas dramaturge de son propre texte. Donc, il y a 2 ou 3 ans, j’ai proposé à Axel Cornil d’intégrer l’équipe en tant que dramaturge, pour décortiquer le texte avec moi, l’analyser, en discuter.Dans une première version, j’avais très envie d’en faire la suite du Réserviste, une sorte de retrouvailles avec le personnage qu’on avait laissé il y a quelques années. Il y a de vraies correspondances, de vrais échos entre le texte de Macadam Circus et celui du Réserviste, que nous avions monté dans une forme courte en 2013 puis dans sa forme complète deux ans plus tard. On a fait une session de travail de quelques jours dans ce sens-là avec Axel, et puis au fur et à mesure, je me suis rendu compte que ma première intuition n’était pas la meilleure, que le texte avait d’autres potentialités qui me tentaient bien. Comme j’étais par ailleurs engagé dans des projets qui étaient plutôt de l’ordre de la fresque, avec des distributions très larges et des productions assez lourdes…, j’ai eu l’envie de lancer à contrario un projet qui repose tout entier sur les épaules d’un seul acteur, de jouer avec toutes les potentialités que le seul en scène permettait en termes de jeux, de mise en scène, de polyphonie dans la gestion du texte. Voilà comment on a abandonné l’idée d’une distribution de 5-6 acteurs et actrices pour faire porter le projet par Axel, seul. Pourquoi ce choix d’Axel Cornil qu’on connait plutôt comme auteur et metteur en scène ? Antoine Laubin : J’ai rencontré Axel quand il était encore étudiant à Mons, il y a presque 10 ans. C’était ma première année en tant qu’intervenant à Arts² (le Conservatoire de Mons) où Axel était formé dans la classe de Frédéric Dussenne. Entre temps il est devenu auteur et metteur en scène reconnu pour son propre travail mais c’est d’abord comme interprète qu’il a été formé. J’avais depuis lors dans un coin de ma tête l’idée de le faire jouer. On a effectivement commencé à travailler sur le texte de Thomas, lui en tant que dramaturge et moi en tant que metteur en scène, mais, pendant les lectures, Axel s’est petit à petit imposé comme acteur dans mon esprit. Et je dois dire que je ne le regrette pas, tant il m’impressionne aujourd’hui sur le plateau ! Dans quel univers allez-vous plonger les spectateurs ?


Antoine Laubin : Un univers ambivalent, mystérieux, à la fois tragique et drôle. Il y a plusieurs lectures possibles à notre proposition scénique. On peut y voir le rituel musical et physique que s’impose un homme qui aurait tout perdu lors d’une grande catastrophe et qui se remémore sa vie antérieure. Mais on peut aussi y voir un auteur au travail qui inventerait son récit devant nous, en incarnant pour luimême toutes les voix de ses protagonistes. Nous laissons chaque spectateur libre d’opter plutôt pour l’une ou l’autre de ces options ou pour d’autres encore auxquelles nous ne pensons pas. Mais, pour répondre plus concrètement à ta question, la ritualisation minutieuse par laquelle nous passons ici pour raconter cette histoire pioche à la fois dans l’univers de la boxe et dans celui de l’album Ghosteen de Nick Cave and the bad seeds, que nous donnons à entendre presque intégralement durant le temps de la représentation. Quand tu as écrit le texte, Thomas, quelles étaient les grands thèmes ou les réflexions que tu avais envie de partager ? Et pourquoi cette figure de l’éléphant ? Thomas Depryck : Il y a d’une part l’idée de la transmission. C’est-à-dire qu’au début du texte, un homme écrit à son fils et lui dit qu’il vit dans un monde un peu compliqué, noir, qu’il va falloir dealer avec ça, il veut l’avertir. Ensuite, il y a l’idée d’un monde qui s’écroule, d’un effondrement, de perspectives désastreuses. Le sur-capitalisme, le désastre écologique sont en ligne de mire. Que faire avec tout ça ? La jauge est toute petite. Chaque soir, seulement 23 personnes pourront assister à la représentation. Axel, en tant qu’acteur, comment te sens-tu par rapport au fait de devoir parler intiment à ces quelques personnes ? Axel Cornil : Ça va être quelque chose de livrer ce récit dans cette mise en espace-là. C’est surtout l’histoire d’un père, dans une affaire de transmission auprès d’un fils, et il faut dire aussi que l’ajout de Ghosteen de Nick Cave, qui est un hommage à son fils qu’il a perdu, participe à cette dimension intime. Comment travaillez-vous l’agencement entre le texte et l’album de Nick Cave ? Alex Cornil. : Je réponds en quelque sorte à la musique. D’ailleurs je vais devoir apprendre tout l’album. Le travail se passe avec beaucoup de sueur - tout seul sur un plateau c’est beaucoup de sueur -, mais c’est très agréable à éprouver. Antoine Laubin : C’est une performance d’acteur qu’on propose. Tout l’album aura été entendu à la fin de la représentation, ce qui s’apparente à une sorte de cérémonie. On a essayé d’élaborer un rituel qui aille vers la lumière, vers l’ailleurs, vers quelque chose de positif, je pense. Comment se passe la direction d’acteur ? Antoine Laubin : C’est un travail très technique dans l’articulation des trois aspects : le texte, la musique et le jeu. L’agencement est réalisé avec la précision d’une partition pour qu’à la fois Nick Cave ne bouffe pas le texte de Thomas et qu’on entende quand même sa musique. C’est ça qui est au centre de la direction d’acteur. On montre un personnage en lutte, on le voit s’épuiser dans la boxe (Axel fait de la boxe depuis quelques années), dans une perspective de gestion de sa colère, de son impuissance. La colère et la rage sont bien présentes. Mais, on raconte l’histoire d’une détente progressive. Et je tiens particulièrement à ce que l’univers ambigu dont je parlais plus haut soit préservé : on doit sentir la rage, la révolte de cet homme mais chaque spectateurice doit pouvoir y projeter des choses personnelles, donc la mise en scène et la direction d’acteur ne sont pas trop explicites non plus. Vous jouez aussi dans un lieu non théâtral qui est la cour du Petit Varia. Quelle dimension cela apporte-t-il au spectacle et à quoi ressemblera l’espace scénique ? Alex Cornil : Ce qui est chouette, c’est que jouer dans un lieu non théâtral, ça déplace le regard, ça casse avec l’habitude, et vu qu’on est sur la construction d’un rituel, accueillir le spectateur dans un lieu qui n’est pas directement lié au théâtre, où les codes sont complètement inventés et peuvent être tout à


fait autres que ceux qu’on attend d’une disposition frontale, je crois que ça nous permet justement de renforcer et de mettre en place le rituel qui, dramaturgiquement, colle à la fiction que nous proposons. Antoine Laubin : L’idée de base au niveau de l’espace, c’était de jouer dans des lieux qui potentiellement pouvaient être perçus par les spectateurs comme le refuge du personnage dans un après-effondrement. On avait envie de soigner la relation de proximité entre l’acteur et le personnage, et on avait l’impression que cette proximité pouvait nous permettre d’accueillir le spectateur dans l’univers mental du personnage de manière plus forte et plus pleine. On est donc parti sur quelque chose de très dépouillé et sobre en termes de scénographie. Au départ, nous devions jouer dans un ancien atelier d’artiste, impasse des petits moineaux, mais comme les mesures sanitaires nous empêchent de jouer en intérieur, on est en train de reconstruire un peu cette logique de refuge, dans un espace à la fois extérieur et clos. Ça me plaît aussi de constater que ce nouvel espace dû aux circonstances a probablement offert à notre récit une dimension moins univoque que celle que nous avions imaginée dans un premier temps. Tes choix de mise en scène ont donc été orientés par le contexte épidémique ? Antoine Laubin : Tous les choix dont je parlais au début : l’idée d’une plus petite production, d’un seul en scène, d’une petite jauge… étaient antérieurs au Covid. Très honnêtement, heureusement parce qu’autrement on n’aurait pas pu faire le spectacle. Mais je pense que par rapport à l’époque qu’on est en train de traverser, le spectacle va résonner de manière très particulière. Lorsque nous avons repris le travail en avril, on ignorait si les représentations allaient pouvoir se tenir et je crois que nous avons, à ce moment-là, mis notre propre besoin de crier au centre du spectacle. On est, beaucoup plus que d’habitude pour nous, dans quelque chose de cathartique. Notre colère et notre impuissance ressenties comme jamais ces derniers mois s’expriment sur le plateau de manière assez nette avec, d’autre part, la joie immense de retrouver les spectateurs après des mois de silence. Un spectacle à découvrir dans la cour intérieure du théâtre Varia jusqu’au 12 juin 2021. Plus de détails sur le site www.varia.be Rue du Sceptre, 78 à 1050 Bruxelles Propos recueillis par Aurélie Noca

Crédit Photo : Alice Piemme / Affiche : Tiero


THÉÂTRE : FORÊTS PAISIBLES Dans une construction précaire en bois brut, se joue un vaudeville mythologique : voici qu’un couple de satyres s’est vu affligé de la naissance d’une enfant anormale, les velus ongulés ont engendré du glabre en baskets ... Forêts paisibles porte à la scène un trio familial, affligeant de médiocrité, télescopé par le jeu du fantasme, dans un monde archaïque où les interdits du meurtre et de l’inceste ne sont pas encore tout à fait clairement démêlés. Le spectacle est une pantalonnade traitant de la dégénérescence et s’emparant pour la raconter des mécanismes du vaudeville où l’absurde le dispute avec la trivialité la plus plate. Ira-t-on jusqu’à la transgression absolue : l’assassinat perpétré par les géniteurs sur leur progéniture ? Écrit pour Alexandre Trocki, Véronique Dumont et Héloïse Jadoul, la chose aurait pu être un petit archétype familial de base, papa, maman et la post-ado pré-adulte. C’en est presque banal. Sauf que l’auteur qui se cache derrière ce texte écrit au rasoir pour des acteurs hors-normes, n’est autre que Martine Wijckaert. Et donc, c’est de la bombe théâtrale assurée ! D’avance, on jubile ... Une création à découvrir au Théâtre de la Balsamine du 15 au 25 juin 2021 à 20 heures 30. Plus de détails sur le site www.balsamine.be Avenue Félix Marchal, 1 à 1030 Bruxelles

THÉÂTRE : ARLEQUIN, VALET DE DEUX MAÎTRES Vingt ans déjà ! Vingt ans que nous avons créé Arlequin, valet de deux maîtres avec le Théâtre de l’Éveil. Ça nous (et vous) avait tellement plu, que cette saison, on remet le couvert. Mais pour jouer Arlequin, il fallait un Arlequin ! Luca Franceschi, le metteur en scène, a découvert Othmane Moumen et tout a démarré. En s’emparant de la plus célèbre œuvre du Vénitien Carlo Goldoni et il rend un hommage virtuose à la commedia dell’arte qui, en son temps, a transformé le jeu d’acteur. L’occasion surtout, après une longue période de fermeture liée à la crise du Covid, de lancer une vibrante déclaration d’amour au théâtre et… aux spectateurs ! De quoi s’agit-il ? En fait, la vie est terriblement compliquée quand on n’a pas un maître… mais deux ! Pour Arlequin, petit homme analphabète, pauvre et affamé, servir deux maîtres à la fois relève du défi. Puis, cela rapporte davantage d’argent. Et lorsqu’on ne mange pas tous les jours à sa faim, on compte les pièces de monnaie. Pour réussir le pari de servir deux aristocrates en goguette, l’ingénu autant qu’ingénieux valet, s’invente un clone, bouleverse les amours de ses maîtres, vole, virevolte, reçoit double ration de coups de bâton, d’insultes et… triomphe à la fin. Ecrit en 1745, ce texte drôlissime, bourré de quiproquos et de retournements de situation, fait qu’on s’amuse énormément. Qu’avons-nous besoin de plus en cette période qui ouvre un pan vers le retour à la vie normale ? Jeanne Kacenelenbogen, Marwane El Boubsi, Soufian El Boubsi, Thierry Janssen, Jérémie Petrus, Pierre Poucet, Yentl Rousseau-Piot et Sherine Seyad complètent la distribution et sont à applaudir au Théâtre Le Public du 21 juin au 14 août 2021. Plus de détails sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64-70 à 1210 Bruxelles


THÉÂTRE : MUZUNGU Vincent Marganne est né en Afrique en 1965. De retour en Belgique en 1972, où débute une seconde enfance et adolescence dans les Ardennes belges. Après des candidatures en philologie romane à l’ULB, il intègre le Conservatoire de Bruxelles où il obtient le premier prix de déclamation en 1991 ainsi que celui d’art dramatique en 1992. Pour le théâtre il a écrit « La Belle au Bois Dormant » (avec Laurence Vielle, Villers-La-Ville, 1994), « Réseau » (Premières rencontres du Théâtre de Poche et Théâtre de la Toison d’Or, 1995), « Transit » (Théâtre le Public, 1999), « Exemples de Bonheur » (Centre Culturel des Riches-Claires, 2001), « Hors-jeu à une seconde près » (La Samaritaine, 2004). Il a également animé de nombreux ateliers d’écriture, notamment avec des groupes de théâtre amateur, avec des personnes en cours d’alphabétisation, et en psychiatrie pendant huit ans. Il a été rédacteur pour la revue Scènes (Magazine théâtral) et Vu d’ici (édité par la Fédération WallonieBruxelles). Il a publié « Un ange » (poésie) à la Maison de la poésie d’Amay, et « En vivant en passant » aux éditions Maelström, paru en 2016. Tout commence avec un trésor retrouvé dans la cave de la maison familiale, à Stavelot. Cachées dans l’obscurité silencieuse, douze bobines de films tournés entre 1963 et 1975… Les images décolorées surgissent. L’Afrique. Bujumbura. Un Boeing qui atterrit sur une piste dérisoire – et la vie qui commence. Voilà de quelle manière il s’est confié à Cédric Moulin : « Je ne suis pas le type d’auteur qui travaille à partir d’un plan établi. Mon écriture a pris des chemins détournés pour arriver à « la » scène : celle où mon frère et moi, depuis une voiture, voyons des cadavres allongés dans l’herbe à un barrage routier. Je savais que je voulais raconter ce souvenir d’enfance mais il m’était impossible d’y aller tout de suite. Il me fallait poser le contexte : celui des années ’70, de la Coopération. Pas à pas, de façon détournée, je suis arrivé aux choses que je voulais vraiment exprimer : l’histoire de mes parents, le rapport à mon père, la mémoire. Quand j’ai eu terminé, je me suis dit que je pouvais écrire une autre pièce sur le Burundi et que ce ne serait pas la même. J’ai conscience de ne raconter qu'un Burundi, le mien, qui n’est qu’un point de vue – et mon frère, qui a grandi dans le même contexte, ne raconterait pas la même chose. J’ai essayé d’être au plus proche de mon authenticité. Écrire ce texte m’a vraiment bouleversé – une joie mêlée de douleur. Chaque jour, j’écrivais deux, trois heures, puis il fallait que j’aille prendre l’air (et pleurer, plus d’une fois). Ce texte a libéré des choses qui étaient restées cadenassées. Parce que je me suis autorisé à retrouver l’enfant en moi, l’enfant dans sa plénitude, et ces retrouvailles ont été bouleversantes. Devenu adulte, cette enfance m’apparaissait un peu comme « mythique ». Par l’écriture, je voulais aller y chercher des choses plus difficiles, savoir par exemple ce que cela avait signifié pour moi, de quitter à sept ans, dans l’urgence, le pays où j’étais né. J’ai contacté un témoin de l’époque, un des joueurs de basket qui avait fui son pays – dont je parle dans le texte. Je ne savais pas s’il était Hutu ou Tutsi – mon père, lui, savait, ma mère, non. Au début, cet homme s’est montré très réservé face à mes questions, puis sa parole est arrivée et j’ai pu l’intégrer en contrepoint à la mienne. » Dans le glossaire de son enfance : bananier, papayer, barza, potopot, Ruzizi et Tanganyika. Mais s’y trouve aussi couvre-feu, coup d’État, Hutu et Tutsi. Vincent raconte. Il explore devant nous la mémoire familiale, pétrie de mille images, odeurs, sensations, anecdotes savoureuses. Pétrie aussi des contradictions propres à un Muzungu (homme blanc) d’Afrique, qui s’interroge sur ses racines et son héritage. Un spectacle vivant,qui parle d’enfance, du Burundi et qui pose la question de la mémoire. Il est à découvrir au Rideau de Bruxelles jusqu’au 12 juin 2021. Trouvez tous les détails pratiques sur le site www.rideaudebruxelles.be Rue Goffart, 7a à 1050 Bruxelles


BILAN DE LA FOIRE DU LIVRE 2021 Dans un contexte culturel difficile, l’équipe de la Foire du Livre de Bruxelles et ses nombreux partenaires ont imaginé un festival sous forme de grand laboratoire expérimental. Ce projet a été repensé à de nombreuses reprises au fil des mois. L’objectif était de développer et renforcer le trait d’union entre le livre, les lecteurs, les auteurs, les éditeurs et les libraires. Cela dans le but avoué de soutenir la promotion de la lecture auprès du grand public En 2021, cet événement s’est résumé a près de 150 vidéos et animations, 50.000 vues sur différentes plateformes et plus de 25.000 visiteurs sur site internet pendant onze jours, venus d’un peu partout dans le monde, avec un total de 200.000 pages vues. De Belgitude, il a été beaucoup question cette année ! Les rencontres les plus suivies ont été marquées par des autrices et auteurs de chez nous comme l’indétrônable Amélie Nothomb, le psychologue méditatif Ilios Kotsou, les jeunes époux Lize Spit et Thomas Gunzig, la comédienne Véronique Gallo, d’incroyables illustrateurs comme Anne Crahay et Loïc Gaume pour “Colorie, c’est du Belge!”, la rencontre autour du livre d’art du sculpteur Jephan de Villiers ou, encore, le plus belge des auteurs français : Eric-Emmanuel Schmitt. Sans oublier Adeline Dieudonné. Cette édition virtuelle a également permis une ouverture à l’Europe avec des projets tels que les rendez-vous quotidiens avec des auteurs de l’European Union Prize for Literature et le projet BDLiberté ! soutenu par la Représentation de la Commission européenne en Belgique qui a réuni pas moins de dix-huit bédéistes pour une fresque commune de plus de sept mètres de long sur la thématique «Le nouveau futur en Europe». Cette édition a surtout permis de tester de nouveaux formats, de s’essayer sur de nouvelles plateformes et d’apprendre, finalement, un nouveau métier. Ce grand laboratoire a montré un bel engouement pour les performances littéraires et transdisciplinaires ainsi que les formats live participatifs et une réelle plus-value dans ce maillage de partenariats avec des lieux culturels et/ou insolites bruxellois. Pour les prochaines éditions, les organisateurs s’inspireront vraisemblablement de ces expériences pour proposer des projets hybrides capables de toucher aussi bien les férus de littérature que le grand public. Enfin, cette Foire du Livre pas comme les autres a été une rampe de lancement pour le Média de la Foire, 100% en ligne et gratuit, avec de grands entretiens, des podcasts, des questions de sociétés, des cartes blanches et des lectures. Au demeurant, elle restera comme le lancement d’une fusée, avec un grand tremblement au démarrage et une arrivée qui reflète les efforts et l’énergie déployée lors des différentes mises en place de chaque étape.

EXPOSITION : LA FOIRE DES PASSIONS Après plus d’une année de mise en pause de ses expositions, Home Frit’ Home renoue avec les passions humaines ! « La Foire des Passions », signée Catherine Le Goff (gravure, pastel gras), nous entraîne dans l’effervescence du monde forain. L'absence de Foire du Midi à Bruxelles en 2020 et le brouillard sanitaire qui entoure son installation en 2021 n'ont fait que renforcer l’envie de se plonger dans une série de souvenirs, réels, visionnés ou imaginaires. Auto-scooters, Madame Irma, miroir déformant, grande roue, train fantôme, etc. se donnent rendez-vous pour en mettre plein la vue. Cette ambiance à nulle autre pareille permet de transposer une atmosphère si chère aux citadins, avec tout le folklore qui caractérise le mois d’août qui annonce d’ordinaire une série d’attractions qui se succèdent entre la Porte d’Anderlecht et celle de Hal. Une exposition accessible chaque premier week-end du mois ou sur rendez-vous et ce jusqu’au 4 septembre 2021. Plus de détails sur le site www.homefrithome.com Rue des Alliés, 242 à 1190 Bruxelles


THÉÂTRE : QUAND TU ES REVENU Et si, en revenant, Ulysse ne trouvait pas une Pénélope accueillante, disponible, toujours amoureuse de lui après vingt ans d’errance ? S’il trouvait une autre femme ayant déchiré la page du passé, décidée à vivre sa vie sans lui, cette vie qu’elle a dû choisir parce qu’il l’avait abandonnée pour courir les mers et les aventures ? Si Pénélope n’était plus la sienne, la bague au doigt, celle qui avait promis de l’attendre tout le temps qu’il faudrait jusqu’à ce qu’il revienne ? Geneviève Damas reprend le mythe de l’Odyssée à contresens et y mêle quatre autres couples qui réinventent chacun leur solitude à deux, comme celle de ses grands-parents : lui zoologue toujours en partance pour le grand large, pour tenter l’aventure intellectuelle qui ferait de lui un chercheur reconnu, elle mère au foyer, mère de six enfants, toujours en attente de son mari bien-aimé. Pénélope attendant son cher Ulysse. Il revenait toujours, disait-il, jusqu’à ce que... Dans cette solitude des couples brisés par le silence que Geneviève Damas nous dépeint, on sent aussi La solitude du mammouth mise en scène au Théâtre des Martyrs en 2017 et reprise ensuite. L’autriceactrice attaque les clichés faciles de la femme mariée qui a promis de rester fidèle à son mari. Elle attaque cette fidélité des couples où se joue l’affrontement ancestral de l’homme et de la femme luttant chacun pour la liberté d’être et de rester soi-même. Le combat pour avoir le dernier mot de l’histoire. C’est interprété par Geneviève Damas et par Jan Hammenecker, comédien flamand qu’on a pu voir dans Max et Bobo, un film de Frédéric Fonteyne, et dans Malavita de Luc Besson, dans une mise en scène partagée avec Guillemette Laurent. Au Théâtre des Martyrs du 9 au 27 juin. Bord de scène le mardi 15 juin. Plus d’info sur www.theatre-martyrs.be. Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles Michel Lequeux

POLÉMIQUE À PROPOS DE LA CRÉATION DU MUSÉE DU CHAT Un peu malgré lui, Philippe Geluck se trouve au centre d’une polémique à la belge, avec des gens qui jugent sur les réseaux sociaux et se ruent dans la course aux avis. Il y a même une pétition qui circule en défaveur de la création du futur Musée du Chat, alors que le permis d’urbanisme vient tout juste d’être délivré par la Région de Bruxelles-capitale. Pour bien comprendre la situation, il faut savoir que le futur musée occupera un immeuble abandonné non loin du Mont des Arts et que des investissements publics financeront ce projet. A cela, il convient de préciser que le bâtiment ne sera pas affecté exclusivement au seul travail du sieur Geluck, mais abritera des expositions consacrées au dessin humoristique. Alors que nous sommes en pleine débandade à cause du Covid, ce débat mérite-t-il d’être ouvert, opposant les pour et les contre ? Il est certain que si le chantier ne se concrétisera pas en Belgique, d’autres pays se montreront beaucoup plus accueillants, dont notre voisin la France qui déjà voit la possibilité d’attirer de nombreux touristes et de relancer la machine à euros. Puis, le terme musée demeure tout à fait relatif. Qu’entend-on vraiment en étalant ce mot : quelque chose de grandiose, d’unique, un temple destiné aux œuvres insignes et à leurs créateurs immortels ? Le Chat est-il incontournable et digne de cette reconnaissance, philosophe de comptoir sympa et qui ose tout haut ce que beaucoup formulent timidement derrière leur moustache ? Non, la question n’est bien sûr pas de savoir s’il s’est amidonné le col pour retenir son dikkenek, mais de comprendre que tout ce qui est susceptible d’engranger des bénéfices peut faire l’affaire. Nous avons bien chez nous, un musée de la Frite, de la Bière, du Fantastique, du Chocolat, du Tram, … Rien à voir avec Bozar ou le Musée Magritte ! A titre de rappel, Bruxelles a également abrité le musée du Slip, de la Femme et encore du Jouet. Puis, personne n’a jamais obligé quiconque à les fréquenter. Question de liberté ! Enfin, question gros sous, de nombreux sponsors apporteront une véritable manne financière avec plus de huit millions d’euros. De quoi clouer le bec aux grincheux et rassurer ceux qui pensent que l’Etat ira se servir dans leur portefeuille ! Paul Huet


RENCONTRE AVEC ALAIN MAGEROTTE Auteur de plusieurs recueils de nouvelles, Alain Magerotte sort prochainement un roman aux Editions Lamiroy. Il s'agit de "Exorcisme à Berchem Sainte-Agathe", un récit fantastique déjanté où l'humour flirte allègrement avec le... 36ème degré. Bravo pour ton roman. Peux-tu nous en parler et nous expliquer le concept du projet "apéropuscule" ? En ce qui concerne le roman, c'est l'histoire d'une jeune ado, qui ne se distingue pas particulièrement des autres ados, Rachel Donckerwolcke, dont la vie va basculer un jour de pluie. Ce jour-là, avec trois copains, elle "brosse" le cours de gym pour se rendre au bois du Wilder où elle va croiser le regard incandescent d'une gitane qui... mais je n'en dirai pas davantage (maintenons ce suspense insoutenable...) L'apéropuscule lancé par les Editions Lamiroy, voilà un concept novateur des plus intéressants qui consiste à envoyer les 5000 premiers mots d'un roman. C'est un peu le parcours du combattant mais le jeu en vaut la chandelle puisqu'il s'agit de décrocher un contrat d'édition. Parcours du combattant en ce sens qu'on doit passer par deux étapes importantes, loin d'être "évidentes" : l'acceptation du début du roman. Une fois celui-ci accepté et l'apéropuscule lancé, il faut alors essayer d'en vendre un certain nombre d'exemplaires sinon un nombre certain pour décrocher ce fameux contrat d'édition. Ton écriture se compose essentiellement de nouvelles. Tu as un style bien à toi. Quelles sont tes inspirations ? Oui, je me considère avant tout comme nouvelliste et puis, ensuite, disons comme... romancier d'occasion, celle qui fait le larron. Pour moi, il y a trois choses importantes dans l'élaboration d'une nouvelle : l'accroche dès le départ, le rythme et la chute, surprenante s'il y a moyen. Après, on peut saupoudrer comme on veut. Pour ma part, j'aime injecter quelques gouttes d'humour (noir de préférence). Je ne serai pas très original en disant que mes inspirations sont la plupart du temps inspirées du quotidien. Par exemple, ma nouvelle intitulée "Le vieil homme et la pluie" m'est venue le jour où j'ai aperçu un vieil homme maitrisant tant bien que mal un parapluie sous une bonne "drache" comme on dit chez nous. On va terminer par des questions ludiques : Trois auteurs belges ? Je commencerai par deux "fantastiqueurs"; Thomas Owen et Jean Ray. L'un et l'autre ont réussi à me rendre jaloux (lol)à la lecture de certaines de leurs nouvelles que j'aurais bien aimé écrire. Par exemple pour Owen, "La boule noire" et pour Jean Ray, "La scolopendre". Il est d'ailleurs assez étonnant que les oeuvres de ces deux géants du genre Fantastique n'aient pas été plus souvent adaptées au cinéma ou à la télévision. Une fameuse lacune à combler car le "matos" ne manque pas, crois-moi. Le troisième ? Le père Simenon dont la "production" m'a toujours épaté. Par contre lui, c'est certainement l'auteur belge qui a été le plus adapté au cinéma. Si tu souhaites te réincarner, ce serait quel personnage célèbre ? Tu demandes cela à quelqu'un qui a toujours su éviter la célébrité (lol)... sinon, s'il le faut vraiment, ne lésinons pas sur la qualité, visons haut, très haut même et cela dans le domaine de la littérature où je choisirais d'être réincarné en Victor Hugo ! Si tu devais être un livre, lequel serais-tu et pourquoi ? "Kennedy et moi" de Jean-Paul Dubois ! Davantage encore pour l'extraordinaire fluidité de l'écriture que pour l'histoire elle-même. Une fluidité qui se répercuterait dans la vie réelle, démontrant ainsi que rien ne sert de faire compliquer quand on peut faire simple. Une simplicité synonyme de qualité donc d'efficacité et cela, pas seulement dans le domaine de l'écriture...


Quels sont tes auteurs phares ? Il y en a beaucoup, aussi, je me limiterai aux auteurs de Fantastique et de policier, des auteurs qui m'ont donné l'envie d'écrire : Thomas Owen, Jean Ray, Guy de Maupassant ("Le Horla", un bijou 24 carats), Claude Seignolle, Claire Castillon, Edgar Allan Poe, Raymond Chandler, James Hadley Chase, Dashiell Hammett, sans oublier le roi King, Stephen de son prénom... Cite-nous trois films ? Trois ? C'est vraiment la portion congrue... allez, je t'en donne quatre ! Marché conclu... "Le train sifflera trois fois" ou la solitude face à la lâcheté humaine (avec un époustouflant Gary Cooper). "L'exorciste" qui reste pour moi le plus terrifiant film d'horreur, souvent imité, jamais égalé. Ex-aequo et dans des registres différents : "Les tontons flingueurs" et "Coup de torchon". "Les tontons flingueurs", film culte s'il en est avec des dialogues d'un Audiard (dont je suis un inconditionnel) au sommet de son art. "Coup de torchon", formidable réquisitoire contre la colonisation sur fond d'humour très féroce. Trois romans ? Je m'en tiendrai à un classicisme de bon aloi. "Les misérables" de Victor Hugo, pour moi, c'est THE roman qui contient tous les ingrédients pour en faire un modèle du genre. Des personnages devenus mythiques; Jean Valjean, Fantine, Cosette, les Thénardier, Eponine, Gavroche, Javert... "L'étranger" d'Albert Camus. Un livre qui m'a secoué lorsque je l'ai lu pour la première fois à l'âge de16 ans. "Le parfum" de Patrick Süskind. Certainement le roman qui m'a le plus marqué durant ces dernières années. Je ne l'ai découvert qu'au début des années 2000. Par contre, j'ai été quelque peu déçu par l'adaptation cinématographique. Propos recueillis par Gaëtan Faucer

DÉCÈS DU COMÉDIEN YVES RÉNIER Toute sa carrière s’est articulée autour du petit écran et ce dès le début des années 60. Yves Rénier a été un visage récurrent de la télévision, avec des rôles qui ont marqué plusieurs générations et qui en ont fait une valeur sûre au moment de financer un projet. On se souvient de ses débuts remarqués dans les feuilletons en noir et blanc « Les jours heureux » et « Belphégor » avec la troublante Juliette Gréco, avant de devenir l’un des deux protagonistes de « Les globe-trotters », qui a imposé son patronyme dans les foyers. Néanmoins, il a dû attendre 1976 pour enfiler l’imperméable (puis le blouson de cuir !) du Commissaire Moulin à 70 reprises et ce au cours de trois décennies. Une saga familière des téléspectateurs et qui s’est adaptée aux modes et au temps qui passe, optant pour une violence de plus en plus contrastée. Depuis le début du nouveau millénaire, il était également passé à la mise en scène, se dirigeant dans les dernières aventures du flic Moulin, avant de déposer sur la table des travaux beaucoup plus personnels et engagés, dont un téléfilm consacré à l’affaire Patrick Dils (« Je voulais juste rentrer chez moi »), au procès Jacqueline Sauvage et, tout récemment, au dossier Michel Fourniret (« La traque »). A l’âge de 78 ans, il vient de décéder d’un malaise cardiaque. Adieu l’artiste ! Daniel Bastié


LES TRIBULATIONS DE LA FAMILLE ZOEGEMEEL À BRUSSELLES 1.2 — Jeuf ! Je vais au coiffeur ! T'as rien besoin chez le Paki quand je passe devant ? Concentré sur le collage d'un bouclier sur le plat-bord de sa maquette de drakkar, l'interpellé ne peut contenir un mouvement d'humeur : — Potverdekke Treene ! Fous-moi un peu la paix, dis ! Pour une fois que j'ai le temps de finir mon bateau tranquille ! Mais tu sais me ramener deux Boule Nationale sans filtre, et un paquet de Mort Subite. — Y en a déjà quatre dans le frigo, men ! Je vais aussi en profiter pour prendre de la cassonade. On mange des tartines avec du plattekeis ce soir, alors j'aime bien un peu de cassonade avec. — Oué, oué, ça je sais. Comme ça tu sauras mieux siffler. Vas-y mennant, ton Josse va t'attendre avec son fer à krolles et son petit doigt en l'air. — Je te l'ai déjà dit mille fois, Jeuf, c'est Djorge, qu'il s'appelle. C'est anglais, c'est comme Clownet : il faut dire Djorge, astableeft. — Dis, Treene, je suis occupé ici et tu l'appelles comme ça ou Honnevel ou Springnautvet ça m'intéresse pas. Treene pose délicatement son chapeau violet sur ses cheveux dont la permanente a subi quelques lavages, et sort en claquant la porte : — Alleï, tot fleuis ! Enfin seul, Jeuf ne peut réprimer un long soupir : — C'est juste car j'ai que le samedi matin que je sais un peu avancer avec ce bazaar ici. Les gosses sont chez leurs copains et pour une fois, le Staaf n'a pas un boulot extra pour moi aujourd'hui. Comment tu veux que j'arrive a coller tous ces morceaux, sinon ? Manquerait plus que Treene sa mère descend pour venir me tenir la jambe, grommelle Jeuf en plaçant un huitième bouclier. Celle-là, c'est meï Moeïal, et je fais jamais rien de bon avec elle. Par chance, ladite Liliane accompagne sa fille « au » coiffeur. Elle, c'est la belle couleur mauve de sa rare chevelure qui est maintenant ternie par d'horribles repousses poivre et sel de la plus mauvaise venue. C'est dur de vieillir. — Il est encore toujours occupé à jouer avec ce bateau, ton Jeuf ? C'est quamême encore un gamin, hein ? C'est net comme ton fils. Je sais pas comment vous faites mais il est toujours habillé à la sixquat'-deux, ce ket, ses cheveux sont coiffés avec un pétard et il a souvent une chaussette verte et une rouge. Et tu supportes ça ! Je te parle pas de Jacqueline, avec des blougines déchirés aux genoux que tu vois tout à travers, et maquillée comme une voiture volée, tu trouves que c'est d'une fille bien, ça, toi ? Eh bien moi pas, ara ! — Mais m'man c'est la mode des jeunes d'aujourd'hui. Moi je lui achète un blougine neuf et elle fait des trous dedans avec un ciseau et elle passe du schuurpapee gros grain sur les jambes pour faire usé. — La mode des jeunes ! Ils sont djoum-djoum que moi je dis. Et puis, le tissu, au prix où il est, c'est pas permetté de le râper comme ça. — Justement, le rap ils pensent plus qu'à ça. C'est pas de la chanson c'est du mott! mott! mott ! et tu comprends rien de ce qu'ils disent. Tiens ? Ça c'est une fois tof ! Djorge a changé les photos de sa devanture. Regarde comme celle-là ressemble à Marie-Line Monrot, dis ! Hier justement ils donnaient Nid à Gara sur la tévé, eh ben c'est elle tout craché. Tu vois comme c'est un artiste, ce Djorge. — J'ai pas su regarder car j'avais la slûur du troisième qui est venue me tenir la jambe pendant une heure. Son gamin, tu sais, celui qui joue foutbaliste, il a un déclenchement de symphonie ou quelque chose comme ça. Un autre joueur lui avait flanqué un coup de pied sur son genou et klett ! il avait ça à son jambon. — Ouille ça doit faire mal, ça, dit Catherine en poussant la porte. Le figaro, tout en courbettes, accueille ces dames dans son salon : — Prenez place, madame Liliane, je m'occupe de vous dans un instant, juste le temps de faire le shampooing de madame votre fille. — Och erme faisez seulement monsieur Djorge, je regarde les magazines. Tu as des nouveaux ? Moi


j'aime bien ceux avec des histoires de vedettes. Dis Catherine, oublie pas de lui dire que tu veux ressembler à sa nouvelle photo. Pasque tu sais, monsieur Djorge, elle a comme ça un bountje pour ta nouvelle coiffure dans ta vitrine. Les mains dans les cheveux couverts de mousse de Treene, le coiffeur se penche à son oreille : — Vrai, madame Catherine ? Blond platine ? Ça vous irait bien au teint. Avec un petit coup de blush sur les pommettes, vous allez avoir un succès fou. — Si ça pouvait déjà commencer avec mon Jeuf, je serais déjà bien contente. — C'est bien qu'il te laisse un peu tranquille, sentence Liliane toujours penchée sur la photo d'Alain Delon. C'est vrai quamême, les hommes ils veulent toujours venir comme ça, même quand tu as mal de tête ou que tu as des ragnagnas. Tu peux être contente qu'il reste un peu couche. — Oué mais si il va voir une autre, ça m'intéresse pas non plus, tu sais, m'man. — Potverdekke si il te trompe tu prends sa valise et tu la mets devant ta porte, ara ! Ouste et fourt ! Tu dois pas rester avec un saligot, on fout ça dehors, c'est pas vrai, Djorge ? Eh ben tiens, Treene, voilà, un Jules comme monsieur Djorge, ça serait un peï qui serait bien pour toi. — Nè tiens ! Sûrement qu'il me laissera tranquille, lui ! Car j'ai pas ce qu'il faut pour lui faire plaisir. — Mais une belle femme comme vous trouverait vite un remplaçant, j'en suis persuadé, susurre l'interpellé. Tenez, installez-vous, je vous fais votre teinture. Nous disions donc blond platine ? Il faudra couper un peu, créer de belles ondulations dans la nuque et sur le front, je vous ferais des mèches dans les tons fauves. — Ah oué ! Fauve c'est bien ça, apprécie Liliane. Une femme tigre, comme sur les paquets de cigarettes. — Avec vos magnifiques yeux noirs, je vous promets une belle réussite, madame Catherine. Comme je vous disais : un nuage de blush sur les pommettes, du bleu sur les paupières... — Et elle sera bonne pour se montrer dans une vitrine dans la rue d'Aarschot, ironise Liliane. Il ne lui manquera plus qu'un petit haut de sa fille pour être net dans le décor, tiens ! Une vraie Meree Couchetoi là ! — Mais vous disiez... — Un peu de fauve ça fait pas du tort, ça oué, mais du bleu, du rouge et tout ce bazaar ça te fait directement une plodde à louer que moi je dis. Bon allez, c'est presqu'à moi, dis, car j'ai fini ton magazine et je commence à avoir soif, ici. — J'ai du café en thermos, si vous en voulez. — Èke du vieux café ! T'aurais pas de la Mort Subite dans ton frigo, sans doute, menneke ? Alleï, hein, arrête de zwanzer et verse-nous deux bons verres. C'est confinement, y a quamême personne, et tu vois pas un ajouen dans la rue car il fait trop froid. Moi quand je vais en dessous de ton casque, je sais pas arrêter de boire tellement je transpire. C'est la chaleur sans doute. J'ai l'impression que ma tête devient comme un boestrink dessèché. La porte du salon s'ouvre sur madame Nadine, la copine de Catherine : — Salue la companie. Tu as encore une place pour moi, Djorge ? J'en ai ma tête qui chatouille tellement mes cheveux poussent. Och erme, Trinetteke ! je t'avais pas reconnue avec ton essuie sur ta tête, dis ! Et madame Liliane est là ossi ? Tu crois pas qu'on sait faire une bulle à nous trois, Djorge ? Et il te reste quamême encore une bouteille de Mort Subite en plus dans ton frigo ? Alleï, les filles, à la santéï de nos maris et de nos Jules ! Georges Roland LEXIQUE Potverdekk :juron bruxellois plattekeis :fromage blanc mennant :maintenant krolles :boucles astableeft :s'il vous plaît Honnevel :peau de chien Springnautvet :maigrichon tot fleuis :à tout à l'heure bazaar :bazar Treene sa mère : la mère de

Treene meï Moeïal :mêle-tout quamême :quand même ket :garçon schuurpapee :papier de verre djoum-djoum :fêlé slûur :miséreuse déclenchement de symphonie : pour épanchement de synovie

klett !: vlan ! Ouille :Aïe faisez :faites Pasque :parce que bountje :béguin fourt : zut ! Nè tiens :Tiens donc ! plodde :putain Èke : Pouah boestrink :hareng Och erme :Oh la


EXPOSITION : MASCULINITÉS En Belgique, les créateurs de mode masculine comptent parmi les plus influents au monde. Pourtant, aucun musée belge n’avait encore traité le sujet de la mode masculine. À travers Masculinities, la nouvelle exposition du Musée, venez découvrir les codes de la masculinité et son évolution. De la « Grande Renonciation Masculine » de la fin du 18e siècle à la mode non genrée de 2020 en passant par le costumecravate, découvrez les codifications de la masculinité. Tout comme la féminité, qui est son miroir, la masculinité évolue. Au fil des siècles, les hommes ont changé d’apparence. Jusqu’au 18e siècle, le vêtement masculin se parait encore de formes brillantes et raffinées, bien loin des costumes sobres qui se sont imposés par la suite. Depuis les années 1980, l’homme a reconquis une certaine liberté vestimentaire. Mais les tabous sont-ils vraiment tombés ? Laissez-vous guider par cette exposition jusqu’au 13 juin 2021 au Musée de la mode et de la dentelle et découvrez les codes de la masculinité et son évolution. Davantage de détails sur le site www.fashionandlacemuseum.brussels Rue de la Violette, 12 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ATOMIUM 58 Le 17 avril 1958, la dernière Exposition universelle et internationale organisée par la Belgique est inaugurée sur le site du Heysel à Bruxelles. Evénement riche en couleur, porteur d'un message d'optimisme sans limite et miroir d'une société confiante en son avenir, L’Expo 58 constitue un élément privilégié de notre mémoire collective. L’exposition permanente retrace plus de soixante ans d'histoire de l'ancien pavillon de l'Expo 58 aujourd'hui devenu le symbole international de la Belgique et de Bruxelles. Un second volet est consacré au déclin de l'édifice dans les années nonante, suivi de sa réouverture en 2006 pour aboutir au projet actuel. Depuis le 21 juillet 2020, l'exposition permanente s'est enrichie d'une maquette du site de l’Expo 58 réalisée par Etienne Tollenaere en marque de son soutien à l'Atomium. Derrière cette initiative se cache une très belle histoire, celle d'un passionné de dessin et de modélisme, qui, une fois pensionné, s'est mis à travailler sur la maquette de ce lieu qu'il a visité plus de 40 fois avec sa petite sœur alors qu'il avait 12 ans, en 1958. Sur base des dessins qu'il a réalisés à l'époque et évidemment avec l'appui de nombreuses recherches, Etienne Tollenaere s'est lancé dans une méticuleuse aventure. Il a passé plus de 1.700 heures à réaliser une maquette d'une précision extrême, à l’échelle. Jusqu'au moindre détail, rien ne manque : les pavillons, les couleurs, les visiteurs sont là... même le nombre d'arbres présents en 1958 devant les bâtiments est respecté. Si tout le monde a déjà vu l'Expo 58 en photo, en vidéo, parfois même en couleurs, il s'agit de l'unique représentation 3D du site de l'exposition universelle qui s'est tenue en Belgique en 1958. Un événement à découvrir sur trois niveaux. D'une part dans la sphère de base (niveaux 1 & 2) où, à travers des documents d'archives, des photographies, des vidéos d'époque et de nombreuses maquettes, le visiteur fera une plongée au cœur de cette prestigieuse et inoubliable aventure. Et d'autre part au panorama (niveau 7) où le visiteur aura l'occasion de comparer la vue actuelle avec celle que ses prédécesseurs pouvaient avoir en 1958. Pour les uns, ce sera l'occasion de redécouvrir cet événement enchanteur; pour les autres à qui l'Expo 58 et sa quête de progrès et de bonheur n'évoque rien de familier, de comprendre ce rêve qui fait encore aujourd'hui la magie de l'Atomium. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.atomium.be Place de l’Atomium, 1 à 1000 Bruxelles


RENCONTRE : DANIEL BASTIÉ “La connaissance de l’Homme est à la base de tout succès”, une citation connue et reconnue de Charles Chaplin, et l’homme que nous rencontrons aujourd’hui n’est pas le moindre : Daniel Bastié est un être de cœur de plus très polyvalent. Daniel Bastié, nous savons que vous avez de nombreuses activités. Si l’on dresse votre biographie, on est impressionné. Quelles sont vos activités principales professionnelles et autres ? Je suis enseignant. Actuellement, je travaille à la Cocof sur le campus Ceria. Par le passé, j’ai louvoyé entre deux ou trois athénées, un institut technique et une école privée. Un sérieux coup de pied au traintrain ! Parallèlement, j’ai été journaliste free-lance, notamment pour le groupe Plus qui m’a engagé lorsqu’il s’est implanté dans la capitale pour concurrencer le Vlan sur le terrain des toutes-boîtes. Ensuite, j’ai vécu l’aventure de différents magazines défunts (Les Fiches Belges du Cinéma, Grand Angle, Soundtrack, …). Des souvenirs sympathiques ! Depuis quelques années, je veille à ce que Bruxelles Culture sorte au début de chaque mois. Ah ! Bruxelles Culture vient d’être mentionné et vous en êtes l’éditeur responsable. De quel type de magazine s’agit-il ? Que contient-il exactement ? L’idée consiste à offrir un panorama de l’activité culturelle bruxelloise, de présenter le programme des musées, des salles d’exposition, des théâtres, des cinémas, de mettre à l’honneur une partie des sorties littéraires et de présenter l’un ou l’autre artiste connu ou non. Sans se prévaloir d’exhaustivité, il tente d’être aussi objectif que possible, même s’il reflète forcément les goûts de chaque rédacteur. L’activité culturelle bruxelloise. L’événementiel y a donc une grande importance, me semble-t-il. Avec cette longue période de confinement et de longue inactivité culturelle, comment le magazine s’en est-il sorti ? Malgré la Covid et la fermeture des lieux culturels, les artistes ont continué à créer. Si certains ont été tétanisés au cours du premier confinement, d’autres ont décuplé d’énergie pour conjurer la situation et ne pas se laisser vaincre par ce minuscule virus qui a paralysé le monde entier. Globalement, les écrivains ont continué à écrire, les acteurs ont répété des spectacles pour le jour où les rideaux se lèveront à nouveau, les musiciens se sont manifestés sur les réseaux sociaux et de nombreuses initiatives ont vu le jour. Bruxelles Culture a choisi de servir de relais entre le public et ceux qui rendent la culture vivante. Par exemple, en offrant la parole à ceux qui ont été forcés de restreindre leurs activités. L’occasion de servir de thermomètre, de parler d’espoir, de reprise attendue, de raconter par quels moyens il a fallu s’en sortir et à quoi s’accrocher. Magnifique ! Y a-t-il beaucoup d’abonnés à Bruxelles Culture ? Quelle est la portée du magazine et peut-on le trouver sur diverses plateformes afin de le consulter ? Je ne possède pas de chiffre précis, même si je pense que nous tournons autour des 8.000 inscrits via différents fichiers. Le magazine est envoyé au début de chaque mois aux personnes qui le souhaitent. Ensuite, il est distribué via ces mêmes personnes à leurs proches, amis et connaissances. Depuis quelques années, un lien internet permet de le partager via les réseaux sociaux. Un système en cascade d’une certaine manière. Je sais que Daniel Bastié est également écrivain. Quel est votre domaine de prédilection en écriture. Sur quoi aimez-vous écrire ? J’ai toujours rédigé. En fonction du temps qu’il fait ou ne fait pas. Jeune, j’adorais la littérature fantastique, que j’ai découverte grâce aux éditions Marabout. J’ai dévoré Jean Ray, Bram Stoker, Mary Shelley, … Des auteurs qui faisaient la part belle à des mondes étranges. Naturellement, le cinéma est venu compléter cette passion, ainsi que la musique de film. Je me suis essayé à tous les genres, avant de renoncer à certains. La poésie n’est pas faite pour moi, ni le théâtre ! Ayant longtemps été rémunéré à la ligne ou au signe dans la presse, je me suis plié à de nombreuses demandes, même si quelques-unes


d’entre elles n’étaient pas toujours maîtrisées. Commenter un match de foot ou parler bagnoles n’a jamais été ma tasse de thé. J’ai même participé à la mise en boîte d’horoscopes ! Je suis à l’aise dans les domaines artistiques et la fiction. Ce qui ne veut pas dire que les idées jaillissent à la minute. Il y a des jours où je suis paralysé devant le clavier de mon vieil ordinateur. Avec l’expérience, je ne force plus. Je sais que tout se déclenchera plus tard. Demain ou dans une semaine ? Mais quelle productivité ! Vous avez plusieurs publications à votre actif. Y en a-t-il une en particulier dont vous aimeriez parler ici ? Et pourquoi celle-là ? Je suis assez content du livre intitulé « Le cinéma d’Edgar Allan Poe revisité par Roger Corman », une étude comparative des longs métrages mis en chantier au cours des années 60 et librement inspirés de nouvelles d’Edgar Allan Poe. L’occasion de les remettre dans leur contexte, de parler de leur évolution, de relever les ficelles scénaristiques et de les confronter aux textes originaux traduits par Charles Baudelaire. Un travail d’écriture et de recherche qui m’a occupé plus d’une année. Le titre a été trouvé par Gus Rongy, un romancier et nouvelliste qui habite Molenbeek. Pour terminer, auriez-vous un message à faire passer à vos lecteurs ou une recommandation de n’importe quel ordre ? Vous êtes très suivi et apprécié. Je n’aime ni les slogans ni les messages, mais je dirais simplement : Fiez-vous à votre instinct et jugez par vous-même ! Un tout grand merci pour avoir si aimablement répondu à mes questions et bon vent à Bruxelles Culture ! Thierry-Marie Delaunois

EXPOSITION : LES ORAGES Cette exposition exprime une sensation d’urgence et d’attente, une forme d’état de torpeur ou de latence, nourrissant l’espoir tout autant que la crainte d’un souffle libérateur. Les Orages se conçoit comme un paysage de saturation, au bord de la rupture. A l’image d’un monde en passe de connaître une métamorphose profonde, radicale et – on peut le craindre – violente. Comme si, sous le calme apparent d’un ordre jugé infaillible, s’accumulaient des charges, s’agençaient de nouveaux accords, qui attendent une sorte d’implosion pour gagner leur place et se déployer. L’opportunité de découvrir les travaux de Cathy Coëz, Simon Deppierraz, Mounir Fatmi, Bernard Gigounon, Michel Lorand, Obi Okigbo, Gwendoline Robin et Jonathan Sullam. Cela se déroule jusqu’au 19 juin 2021 à l’ISELP. Voyez toutes les informations complémentaires sur le site www.iselp.be Boulevard de Waterloo, 31 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : MADEMOISELLE BAUDELAIRE La commémoration du bicentenaire de la naissance de Charles Baudelaire était l’occasion rêvée pour Bernard Yslaire de concrétiser un projet qu’il murissait depuis longtemps. En dépit de l’éloignement temporel, il y a un lien de parenté évident entre la poésie de l’auteur de « Les Fleurs du mals et les dessins de l’artiste belge : une quête de l’esthétisme pur, une sorte d’urgence dans la création et un réalisme sans tabou. « Mademoiselle Baudelaire », paru dans la prestigieuse collection Aire Libre chez Dupuis, est à la fois un récit épistolaire et une biographie, mais surtout une de ces histoires d’amour-haine et de passion dévorante comme seul Bernard Yslaire est capable de nous les faire partager. Articulé autour de la « Vénus noire », le personnage féminin de Jeanne, cette femme-serpent, est venue hanter la mansarde du dessinateur belge pour, deux siècles plus tard, redevenir la muse inspiratrice qu’elle était au poète maudit. La galerie Champaka est fière d’accueillir ce classique qui réunit un maître de la littérature et un géant de la bande dessinée contemporaine pour une sélection de planches originales, d’esquisses et de portraits inédits inspirés autour d’un album imaginé rempli de ferveur, de remous et de sentiments. Une exposition à découvrir jusqu’au 19 juin 2021. Plus de détails sur le site www.galeriechampaka.com Rue Ernest Allard, 27 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : NAPOLÉON - AU-DELÀ DU MYTHE ! L’espace muséal de la gare Liège-Guillemins accueille son nouveau grand événement intitulé « Napoléon – au-delà du mythe ! » sur près de 3.000 m². Une aventure culturelle immersive qui retrace les multiples facettes de Napoléon Bonaparte, personnage historique majeur qui, deux siècles après sa mort, continue de peser sur notre quotidien. De l’homme à la légende, les grandes étapes qui ont façonné une personnalité hors normes sont abordées en détails à travers plusieurs centaines de pièces originales et souvent inestimables, dévoilées par le biais d’impressionnantes mises en scène. Ces œuvres exceptionnelles, provenant de collections privées et d’institutions renommées belges et étrangères, sont autant de témoignages de la vie incroyable qu’a été celle de Napoléon Bonaparte. Sa légende (qu’il a lui-même contribué à bâtir) s’est considérablement amplifiée depuis son décès, inspirant plus de 70 000 ouvrages et un millier de films et documentaires. Cette exposition met l’accent sur une dizaine de thématiques afin de mieux connaître l’homme, mais aussi sa vie et son œuvre. Trois grands décors originaux, des mises en situation remarquables ou encore des pièces exceptionnelles sont autant d’éléments rassemblés pour offrir une visite aussi passionnante qu’édifiante. On l’oublie souvent, mais l’empereur souhaitait laisser une trace durable. La rédaction de ses mémoires y a contribué. Quant à son règne, il a modifié fortement le visage de son pays en accumulant des réformes notables, car il souhaitait un état moderne : Code pénal, Banque de France, préfectures, Universités, Cadastre, etc. sont le fruit de son travail, une sorte de dictature de salut public qui a transformé le Consulat en Empire. Enfin, de nombreux « Belges » faisaient partie de son entourage. Un espace particulier leur est ici dédié. Cet événement est à découvrir à une heure de train de la capitale et ce jusqu’au 9 janvier 2022. Voyez davantage d’informations sur le site www.europaexpo.be

Gare de Liège-Guillemins Sam Mas


EXPOSITION : FAKE FOR REAL Dans la grisaille de la routine quotidienne, le sensationnel, le spectaculaire et le surnaturel nous permettent d’échapper à l’ordinaire. Mais le jeu de l’imposture n’est amusant que si nous en acceptons les règles. Ceux qui se laissent abuser risquent gros : argent, crédibilité, intégrité... Certains y ont laissé la vie. Aujourd’hui, la désinformation est partout, mais le mal est ancien. L’histoire regorge de faux-semblants de toutes natures. Le Cheval de Troie, modèle mythologique de la supercherie, fait ainsi écho aux problèmes contemporains d’un monde dominé par Internet. Embarquons pour un voyage dans le temps et aventuronsnous au gré des fraudes et falsifications qui ont jalonné l’histoire tout en gardant un œil sur la réalité des choses. La Maison de l’histoire européenne, située dans le parc Léopold, inaugure une nouvelle exposition, « Fake for Real : une histoire du faux et de la contrefaçon ». Elle explorera le monde fascinant des faux, du mensonge et des contrefaçons et entrainera les visiteurs dans un récit allant de l’antiquité à nos jours. Un astucieux dispositif de miroirs à l’entrée et un chemin labyrinthique à travers les différents thèmes de l’exposition donnent immédiatement le ton de la visite - comment trouver ou échapper à la vérité ? Comment jouer avec les illusions ? Les visiteurs sont invités à réfléchir à la manière dont les mensonges sont racontés et dans quel but. Comme l’explique la commissaire d’exposition Joanna Urbanek : « Nous devons être conscients que parfois nous voulons être trompés, pour pouvoir transcender notre quotidien, rêver. Il est humain de croire à certaines contrefaçons. Mais cette inclination peut être exploitée et les conséquences peuvent être considérables. » Répartie sur six thèmes tout au long d’un parcours chronologique, l’exposition présente plus de deux cents objets remarquables venus de toute l’Europe. Emblématique, chacun raconte une histoire édifiante de falsification et de tromperie - des archives effacées des empereurs romains, des biographies manipulées de saints médiévaux, des histoires de voyages qui ne se sont jamais produits - à une fausse armée utilisée par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils incluent également des documents d’une importance cruciale dans notre histoire tels que la donation de Constantin et les lettres utilisées pour accuser Dreyfus. Tous démontrent que les émotions et les croyances personnelles ont une influence sur la façon dont nous voulons comprendre le monde, ou délibérément nous le représenter de manière déformée. La communication sur la pandémie liée au Covid-19 et la désinformation qui l’entoure sont également examinées dans cette exposition. Le terme «désinfodémique» est le rappel opportun que les vérités et les contre-vérités circulent constamment et que la pensée critique et l’action civique sont de précieux gardiens contre la tromperie. La dernière section de l’exposition, intitulée « Une ère de post-vérité? » est un espace interactif fait de jeux et de vidéos où les visiteurs peuvent devenir des vérificateurs de faits, décider de ce qui est publié, ou encore jouer avec une « bulle filtre » innovante qui explore la façon dont les médias sociaux fonctionnent. Comme un voyage à travers les motifs et l’impact des faux mais aussi sur notre façon de nous exposer à eux, cette exposition nous bouscule et met en lumière toute la complexité et les contradictions qui jalonnent notre passé, présent et futur. Heureusement, nous avons des outils à notre disposition: faire preuve d’esprit critique, ne pas se fier à ses premières impressions, être conscient de ses préjugés et évaluer la fiabilité des sources sont autant d’éléments qui peuvent nous aider à distinguer les faits de la fiction et à nous frayer un chemin dans les méandres de la réalité. Une exposition à découvrir jusqu’au 28 octobre 2021 à la Maison de l’Histoire européenne. Plus de détails sur le site www.historia-europa.ep.eu Rue Belliad, 135 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : MABELE ELEKI LOLA ! Pour la première exposition temporaire depuis l’ouverture en décembre 2018, l’AfricaMuseum invite l’artiste kinois Freddy Tsimba à un dialogue avec les collections du musée. La sélection des objets ethnographiques a été réalisée avec la contribution scientifique de Henry Bundjoko, directeur du Musée national de la République démocratique du Congo à Kinshasa. Jean Bofane, écrivain, auteur de Mathématiques congolaises (publié chez Actes Sud) et commissaire d’exposition, propose ici un regard inédit sur l’art de Freddy Tsimba en dévoilant la face spirituelle de son œuvre. En tant que grand forgeron selon la tradition, Freddy Tsimba transforme le métal des conflits en matière première d’une nouvelle narration. Les églises de réveil promettent le paradis. Mais quel paradis évoquent-elles ? Pour Freddy Tsimba et Jean Bofane, il est impérieux de se débarrasser des fausses promes-ses. La terre est décidément au-dessus de tout. Elle est plus belle que le paradis ! Le titre est né d’une d’une conversation avec l’artiste, optimiste, amoureux infatigable de la vie et de la beauté. Les créations monumentales de Tsimba entrent pour la première fois en dialogue avec les collections du musée. L’artiste rend ainsi hommage au travail du forgeron et du sculpteur classique. Vingt-deux installations de Freddy Tsimba, lors de cette rencontre exceptionnelle, font face à trente pièces du musée dont la plupart n’ont jamais été montrées. Pour ceux qui l’ignorent, Freddy Bienvenu Tsimba est né en 1967 à Kinshasa et a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale. Il travaille le bronze et les métaux de récupération, en parfaite indépendance. Profondément attaché au respect des droits humains, en particulier les droits des plus fragiles, les mères et les enfants, il expose le tragique de la guerre et témoigne des violences à travers le temps. Mais il est aussi le porte-parole de la paix et de la résilience. Il rend de façon sublime hommage aux femmes et à la vie. Freddy Tsimba est aujourd’hui un artiste connu et reconnu à Kinshasa et sur la scène artistique internationale. Il est célèbre pour ses sculptures faites de douilles, de cartouches et aussi pour ses maisons-machettes. L’artiste a participé à plusieurs Biennales de Dakar (2002, 2006 et 2008) et à des expositions collectives comme The Divine Comedy (2014), Kongo am Rhein (Bâle, 2017) et Afriques Capitales (Lille, 2017) sous l’égide de Simon Njami. Il rappelle également la mémoire des Congolais victimes de la colonisation. Une exposition à découvrir jusqu’au 15 août 2021 à l’AfricaMuseum (ancien musée d’Afrique centrale). Plus de détails sur le site www.africamuseum.be Leuvensesteenweg, 13 à 3080 Tervuren


EXPOSITION : BÉJART FÊTE BRUXELLES La Maison Béjart présente en ses murs « Béjart fête Bruxelles », qui retrace la période bruxelloise de l’œuvre de Maurice Béjart à l’aide de photographies, programmes, affiches, manuscrits, correspondances, films, etc. Outre les documents imprimés, la Maison Béjart détient des textes manuscrits originaux du chorégraphe (correspondances, journal, textes…) mais aussi des dessins et peintures uniques ayant servis pour la conception des décors de ses ballets ou encore de très nombreux films et captations de ballets. Nous pouvons souligner la rareté de la collection. Sur les 350 créations de Maurice Béjart, la Maison Béjart peut s’enorgueillir de posséder déjà différents éléments concernant plus de trois cents ballets. L’exposition s’intéresse notamment aux différentes collaborations du chorégraphe avec un certain nombre de stylistes et costumiers, dont Germinal Casado, Issey Miyake, Thierry Bosquet, Corte Real, Jean-Paul Knott ou encore Gianni Versace avec qui il développa une profonde amitié. Une madeleine de Proust à savourer sans avoir honte d’y prendre du plaisir. Un événement à voir jusqu’au 9 juillet 2021. Trouvez davantage de détails sur le site www.mauricebejart.be Rue de la Fourche, 49 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : DES AILES POUR GRANDIR « Des ailes pour grandir » est la dix-septième exposition du Musée des Enfants, entièrement imaginée et créée par l’équipe. Elle est conçue comme un parcours en six étapes pour aider les petits à grandir et à voler de leurs propres ailes. L’objectif : apprendre à mieux se connaître et à mieux connaître le monde qui les entoure. Dans le grand hall, une impressionnante machine volante attend les visiteurs, pour que chacun puisse prendre son envol et découvrir le parcours de l’exposition, ainsi que les ailes dont ils a besoin pour sortir du nid et grandir à son rythme ! (Joli symbole !) L’occasion de découvrir les aventures de Ben et Lili, deux petits personnages qui traversent parfois des moments difficiles, d’enfiler une cape de super-héros et de les aider- à trouver des solutions ! « Un ami, ça sert à quoi ? » se demandent le chat et la souris, deux copains inséparables que tout semble opposer. Au fil du parcours qui mènera les visiteurs de la maison de la souris à celle du chat, chacun peut explorer l’amitié, cette relation riche en émotions et souvent source de questionnements. Et si Newton avait mangé la pomme ? Et si l’on pouvait manipuler un tableau de Fernand Léger et le transformer en sculpture ? Et si le petit chaperon rouge avait apprivoisé le loup ? Et si un tunnel sensoriel bousculait nos repères ? Et si… Voilà des supputations qui méritent d’être explorées ! Les jardins secrets prennent forme et constituent les décors de cette pièce féerique ! A chacun de s’installer dans un nid géant, dans une fusée ou dans une bibliothèque enchantée pour prendre le temps de rêver. Quelle forme aborde l’univers auquel chacun aime penser lorsqu’il flâne, rêve ou se repose ? Enfin, il est possible de partir à la rencontre des cultures de différents pays et de ce qui fait leur richesse, en apprenant des autres et de leurs différences. Une manière de décider de ce qui est nécessaire pour de nouveaux arrivants et pour soi-même, afin de cohabiter en harmonie. Un événement ludique et citoyen à ne pas rater au Musée des Enfants jusqu’au 30 juillet 2021. Voyez davantage d’informations sur le site www.museedesenfants.be Rue du Bourgmestre, 15 à 1050 Bruxelles


RENCONTRE : CARINE-LAURE DESGUIN Carine-Laure Desguin est née le 7 février 1963 à Binche. Elle aime sourire aux étoiles et dire bonjour aux gens qu'elle croise. Elle a commis pas mal de choses en littérature et dans d’autres espaces aussi. Elle se raconte… Hou la la, je suis née lors de ma première publication aux Éditions Chloé des Lys, « Rue Baraka », et ensuite tout s’est enchaîné, déchaîné je dirais. Aux Éditions Chloé des Lys, plusieurs publications ont suivi, des recueils de poésies et un conte surréaliste assez foutraque, « Les Enfants du Grand Jardin ». Aux Éditions Le Coudrier, un recueil de poésies, « Des lames et des lumières », un bel objet illustré par Catherine Berael. Pas mal de textes publiés dans des collectifs, entre autres j’ai frappé très fort aux Éditions Jacques Flament, une dizaine de participations à différents ouvrages dont le tout dernier, « Résonances 3 ». Je me souviens aussi de l’enregistrement d’un slam dans un vrai studio n’est-ce pas et, parenthèse musicale, Ernest Hembersin, un rockeur carolo a mis en musique plusieurs de mes textes. Le Box Théâtre de Mons a lu sur scène deux de mes pièces, « Rue Baraka » et « Le Transfert ». Dans mon palmarès, notons quelques Prix (quand même) et entre autres le Prix Pierre Nothomb 2014 pour le texte « Hélène, Hélène, Hélène » et le Prix de la Musicalité pour le concours international Poé’vies avec le texte « Œil nu devant ». Je collabore également au Salon du Livre de Charleroi (Alchimie du Livre) depuis 2011 et réalise depuis la même année pour www.actutv.net (une webtélé) des interviews d’artistes de ma région. C’est déjà pas mal de boulot. Parallèlement à tout ça, mes textes poétiques (ou pas) se lisent dans des revues littéraires comme Lichen, Le Capital des Mots, Le Spantole, Aura, Le tréponème Bleu Pâle, Infusion, etc, et aussi Les Petits Papiers de Chloé, revue pour laquelle je chronique à chaque fois une page culturelle relative à Charleroi. Ah oui, les associations, j’oubliais ! Je suis membre de l'Association des Écrivains Belges, de l’Association Royale des Écrivains et Artistes de Wallonie, des Artistes de Thudinie, de l’Association des auteurs des Hauts-de-France, du Cercle Littéraire Hainuyer Clair de Luth, et tout récemment du Grenier Jane Tony. Je suis ravie de cette invitation-là car les réunions ont lieu à La fleur en papier doré, un lieu cher à mon cœur puisque c’est là que se réunissaient les Surréalistes. Mes dernières publications ? « Putain de Pays Noir » aux Éditions Lamiroy et « La lune éclaboussée, meurtres à Maubeuge », aux Éditons Lys Bleu. Je vous remercie de votre attention et je vous quitte ici, je pars bosser à mon dernier ouvrage, Misha, le poisson rouge et l’harmonica. Suspense. Vous l’aurez compris, il est impossible de détailler ou même de faire le tour de cette créatrice prolixe, aux multiples facettes. Une visite sur son site vous en dire plus. http://carineldesguin.canalblog.com/ Silvana Minchella


EXPOSITION : DANIEL BOTHELLO Daniel Bothello est né et a grandi au Brésil, pays qu’il a quitté à l’âge de dix ans. Il a étudié le journalisme à Boston et le cinéma à Barcelone. Après quelques années passées dans l'industrie du film, il a décidé de se lancer dans l'humanitaire, tout en pratiquant la photographie de rue et de documentaire. Photographier était un moyen de composer avec le contraste choquant qui divisait parfois la réalité sur le terrain et celle des villes de certains pays industrialisés autant qu’une façon de commenter la condition humaine. L'isolement et l'aliénation dans les métropoles modernes et le paradoxe et l'absurde de nos modèles sociétaux relèvent de thèmes qu’il aime souligner et qui sont récurrents dans son art qui, sans relâche, cherche le moment fugace où la magie opère et se résume à un cliché figé. Ses créations ont été exposées au Centre culturel De Markten (Bruxelles) avec des séries portant sur les camps de réfugiés syriens et sur la condition précaire des migrants à Calais. Une rétrospective de son travail sur la Syrie, l'Afrique centrale, la Palestine et un centre de réfugiés de la Croix-Rouge a été accrochée aux cimaises du Centre culturel Cité Miroir (Liège). Pour quelques semaines, le Centre culturel d’Uccle accueille ses dernières oeuvres jusqu’au 26 juin 2021.Des photocollages qui résonnent comme un concentré de l’actualité et qui peuvent être comprises telle une tentative de composer un récit choral basé sur des valeurs humanistes ! Voyez tous les détails pratiques de cette exposition sur le site www.ccu.be Rue Rouge, 47 à 1180 Bruxelles André Metzinger

CINÉMA : TRÉSORS CACHÉS À LA CINETEK Une sélection de courts-métrages est désormais à redécouvrir en ligne. Sans doute, pour une bonne part, des œuvres constitutives, des films qui nous sont chers et de ceux qui forgent une identité (laquelle serait bien difficile à délimiter d’ailleurs ! ). Dans cette acception du terme, ces trésors, il ne s’agit pas de les garder pour soi, mais de les partager, de les dévoiler, de les donner à voir. Quitte, espérons-le, à ce qu’ils appartiennent à d’autres ensuite : les spectateurs, les cinéphiles et les curieux. Alors, les proposer dans le cadre de la Cinetek , rien de plus naturel puisque la circulation des œuvres est au cœur de notre activité depuis près de quatre décennies. Dès lors, comment établir une programmation, de quelle manière piocher dans un catalogue de près de quatorze mille films, où les œuvres vont d’une minute à une heure, où se mêlent les époques et les genres : de la fiction à l’animation, en passant par le documentaire ou l’expérimental ? Il s’agit de restreindre d’abord. Bref, d’opérer de vrais choix. Et si les « tré sors » sont nombreux à L’Agence du court métrage, ils ne sont pas tous « cachés » (sauf à considérer que le court métrage soit intrinsèquement confidentiel, ce que certains esprits chagrins pensent encore d’ailleurs, mais c’est un autre débat…). Ainsi, l’idée est ici de proposer quelques « classiques » mais également trois ou quatre titres plus discrets. Tous caractérisés pour leur qualité de mise en scène, leur regard et leur originalité. Mais tout autant parce qu’ils appartiennent à l’ADN de notre société., parce qu’ils possèdent une histoire intime et qu’ils ont été défendus et promus au fil des ans par des gens sincères. L’autre critère reste assurément la rareté, la possibilité précieuse de faire ressortir des films un peu oubliés parfois, mais que l’on gagne à redécouvrir aujourd’hui. Des films discrets par nature, qui constituent pourtant des jalons essentiels d’une histoire parallèle du cinéma français. Ainsi, espère-t-on que, de Daisy Lamothe à Henri-François Imbert en passant par Ingrid Gogny, Stéphane Drouot et Lucien Dirat, cette première sélection soit le reflet d’un goût ouvert sur la diversité et la pluralité de propositions qu’offre le court métrage. Un format, faut-il le rappeler, qui n’a finalement que la durée (un critère strictement objectif) pour le définir et le circonscrire. Un florilège de courts-métrages allant de huit à quarante minutes à louer en streaming sur le site officiel www.lacinetek.com/be/tresors-caches Sam Mas


EXPOSITION : DINO WORLD Deux fois plus importante que lors de son précédent passage en Belgique en 2013, l’Exposition Dino World est de retour à Bruxelles et permet de vivre un voyage extraordinaire de plus de soixante-cinq millions d’années dans le temps pour partir à la découverte d’un monde où régnaient les créatures les plus extraordinaires que notre planète n’ait jamais connues. Soixante dinosaures animés envahissent le Palais 2 à Brussels Expo. Dans d’impressionnants décors naturels, vous allez pouvoir vous immerger dans un univers fascinant : celui de l’ère mésozoïque, période à laquelle vécurent les plus grands monstres jamais connus sur notre planète. Laissez-vous impressionner par la taille et les rugissements du tricératops, du brachiosaure ou du célèbre Tyrannosaure. Evaluez l’envergure fantastique du Ptéranodon et comparez vos empreintes à celle d’une jeune Diplodocus. Saviez-vous que d’authentiques dinosaures ont également été trouvés en Belgique ? C’est ainsi qu’à la fin du 19e siècle, le squelette d’un iguanodon a été découvert en parfait état à plus de 322 mètres sous terre, dans une mine charbon située à Bernissart. Ce petit bout d’histoire bien de chez nous sera lui aussi raconté au sein de l’exposition Dino World grâce à un partenariat établi avec le Musée des Sciences Naturelles de Belgique. Les dinosaures étaient-ils bipèdes ou quadrupèdes ? Appartenaient-ils tous à la même espèce ? Comment ont-ils disparu ? Où et comment vivaient-ils ? En découvrant les reproductions des iguanodons au sein de l’exposition Dino World, toutes vos questions trouveront réponse. Il ne vous restera plus qu’à visiter le Musée des Sciences Naturelles de Belgique pour devenir un véritable expert en la matière… Conçue prioritairement pour les enfants, l’Exposition Dino World leur explique le développement de la vie sur terre. A l’aide d’un audioguide et grâce à parcours à la fois interactif et ludique, ils découvriront le mystère de l’apparition et de l’extinction des grands Sauriens sur notre planète. Grâce aux répliques de nombreux fossiles, ils pourront également comprendre comment les scientifiques ont pu trouver et conserver les traces des dinosaures. Une exposition à découvrir à Brussels Expo. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.brusselsexpo.com Place de Belgique, 1 à 1020 Bruxelles

EXPOSITION : MIDAM De ses premiers dessins aux œuvres les plus récentes, l’auteur belge Midam cultive l’art du rire et met son talent au service du gag. Les albums de Kid Paddle, connus et traduits dans le monde entier, symbolisent à eux seuls cet univers humoristique devenu un incontournable de la bande dessinée européenne. S’il dessine depuis toujours, Midam entre dans la profession en rejoignant l’équipe de Spirou, pour lequel il crée de nombreux dessins afin d’animer les rubriques du journal. À partir de 1993, il met en scène le personnage de Kid Paddle dont les aventures en mode jeu vidéo connaissent un succès grandissant auprès du public. Dès 2003, l’univers se prolonge avec la série Game Over, présentant les aventures du « Petit Barbare », l’avatar virtuel de Kid. Retraçant plus de vingt ans de création, l’exposition revient sur les grandes étapes de la carrière de Midam et lui donne la parole. Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 28 août 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : COVID-19, LA NOUVELLES PESTE NOIRE ? La pandémie de Covid-19 occupe nos esprits depuis plus d’un an. L’information relayée par les médias concerne avant tout des chiffres de personnes contaminées, hospitalisées, aux soins intensifs, les mesures de confinement et de déconfinement, leurs impacts sur la santé morale et psychologique et plus récemment les vaccins. Mais des sujets comme c’est quoi un virus, sa fixation, sa pénétration dans les organes cibles, le déclenchement de la tempête cytokinique, les différences entre vaccins… sont rarement abordés. Le Musée de la Médecine s’est donc fixé comme objectif d’expliquer et d’illustrer ces concepts fondamentaux, de manière didactique et originale, en faisant appel à des médecins de terrain et à des artistes. Pour rendre l’exposition encore plus attractive, les similitudes et différences avec la Peste Noire qui a décimé l’Europe en 1347 sont commentées. Et pour terminer, des dessins d’artistes du Pop Art et du Street Art montrent que ces derniers ont été et sont également concernés. Cet événement se tient jusqu’au 15 décembre 2021 dans la Salle dite « Nobel » au deuxième étage, à quelques pas de l’entrée principale de l’hôpital Erasme. Plus de détails sur le site www.museemedecine.be Route de Lennik, 808 à 1070 Bruxelles

EXPOSITION : UNITED FASHION « United Fashion » est une exposition qui met en avant quarante créateurs qui analysent notre rapport avec les vêtements que nous portons et ce à travers des archives et des œuvres d’art récentes. Les designers viennent de neuf pays différents. L’occasion de dénoncer la surconsommation et tout ce qui influence notre comportement au moment de sortir notre portefeuille. Aussi un moyen de s’interroger sur notre industrie et le contexte dans lequel nous créons. Plutôt que de détailler la chaîne de production, cette exposition utilise le pouvoir de la mode pour ravir, engager et surprendre. Elle confronte les visiteurs à leurs propres limites et à leur propre compréhension de la mode. Ruby Hoette, Elisa Van Joolen, Louis Appelmans, Eleanor Chapman, Jan-Jan Van Essche, Mette Julie Bundgaard-Nielsen, Petit Pli, Marina Yee, Kevin Germanier, Amélie Pichard, Nicole McLaughlin, Ester Manas, Helen Kirkum, Martin Margiela, Sigita Sniegs,Tom Van Der Borght, Join Collective, Peterson & Stoop, Golden Joinery, Tom of Holland, Atelier Germe, Delvaux, Honest By, Friends of Light, Bethany Williams, About A Worker, Bihor Couture, Painted Series, Chopova Lowena, Alexandra Sipa, Lee Sun, Diana Scherer, Patzaikin, Emma Bruschi, Alice Robinson, Lucie Chaptal, Tigran Avetisyan, Doriane van Overeem, Karolina Jurikova et Maximilian Rittler ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour concrétiser ce projet à découvrir jusqu’au 6 juin 2021. Plus de détails sur le site www.united-fashion.eu Place du Nouveau Marché aux Grains 10 à 1000 Bruxelles André Metzinger


EXPOSITION : YVONNE DE GRAZIA Yvonne De Grazia est passionnée depuis l’enfance par les beaux-arts. Elle s’est consacrée de longues années à une vie professionnelle chargée dans le domaine du marketing. Mais la pratique des arts plastiques l’a toujours habitée. Née à Sarrebruc (Allemagne), elle vit et travaille aujourd’hui à Bruxelles) L’exposition qui lui est consacrée et baptisée « Danger… it’s what you run away from » véhicule une proposition visuelle qui conjugue passé collectif et mémoire individuelle. Des extraits du livre A life in the Woods de Felix Salten et de son adaptation en dessin animé par Walt Disney (Bambi) sont les éléments essentiels de ce travail. Ceux-ci sont associés à la froideur, l’éclat et la puissance des images de la période d’aprèsguerre. A partir d’images aléatoires provenant du web (fast-web search), Yvonne De Grazia recolore, dissimule, retrace, copie ou analyse images et couleurs, brouillant ainsi le regard du spectateur pour l’inviter à prendre du recul. L’installation inclut des impressions papier, du design textile, du dessin, de la vidéo et du son et est à découvrir du 25 mars au 6 juin 2021 à la Centrale for Contempory Art. Plus de détails sur le site www.centrale.brussels Place Sainte-Catherine, 44 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ROGER RAVEEL Roger Raveel (1921-2013) aurait eu cent ans aujourd’hui. Une occasion idéale pour BOZAR de lui consacrer une grande rétrospective. L’artiste est considéré comme l’un des peintres belges les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle, mais il se distingue radicalement de ses contemporains par un langage visuel tout à fait unique, à mi-chemin entre figuration et abstraction, prenant son propre environnement comme principale source d’inspiration. À travers plusieurs volets thématiques, cette exposition retrace le long parcours artistique d’un créateur hors-normes et l'émergence de sa vision plastique unique. Son style se singularise par un mélange de figuration et d’abstraction, servi par des couleurs vives et vitales, parfois soulignées de contours sombres. Il a aimé représenter le mouvement avec une acuité bienveillante. Pour lui, l’acte de peindre était une nécessité autant que l’air pour respirer. Il a également travaillé comme graphiste. Enfin, il avait besoin de percevoir les choses et les traitait sous un jour différent, à des lieues du regard du commun. L’influence de la physique et des nouveaux développements techniques l’ont doté d’un intérêt croisant pour les choses qui nous entourent. Il a cherché à rendre cette nouvelle vision du monde invisible tangible. L’exposition qui lui est consacrée à Bozar est à découvrir du 18 mars au 21 juillet 2021. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : ABORIGINAL ART Prolongeant l'interrogation sur la modernité entamée avec BEModern, les MrBAB présenteront une exposition consacrée à la peinture aborigène mise en confrontation avec nos collections. Plongez-vous dans l'univers rituel de l'art aborigène. Depuis Papunya Tula au début des années 1970, les peintres aborigènes ont initié un mouvement artistique qui jouit d'une réputation internationale de plus en plus large. Dialoguant avec le "primitivisme moderne", ces œuvres rendent compte de la modernité de ceux qui furent trop longtemps considérés comme "primitifs". Au-delà des clichés, s'impose une peinture qui fait désormais la part essentielle à l'expression féminine tout en livrant une interrogation critique sur certains du regard ethnographique tel qu'il s'est articulé depuis le XIXe siècle. Un voyage à la découverte de formes rituelles qui ouvrent en même temps une fenêtre sur la spiritualité. Un événement à découvrir jusqu’au 1 er août 2021 aux Musées royaux des Beaux -Arts de Belgique. Plus de détails sur le site www.finearts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles

INSTALLATION : PURIFICATION Pionnier de l’art vidéo, Bill Viola a révolutionné le genre en investissant très tôt le champ des possibilités offert par la technologie numérique. Il a développé ces dernières décennies un style reconnaissable entre tous, marqué par son admiration pour les grands maîtres de la peinture ancienne. Ses installations plongent le spectateur dans un univers contemplatif, imprégné de mysticisme, et dans lequel la figure humaine occupe une place centrale. Purification, une double projection réalisée pour la mise en scène par Peter Sellars de l’opéra de Wagner Tristan et Isolde en 2005, offre une parfaite synthèse de tous ces éléments. Avec des gestes ralentis à l’extrême, un couple se livre à un rituel de purification, qui évoque une renaissance. Ainsi que le décrivait l’artiste : Depuis le début, je n'essaie pas de créer des images en moi, mais de trouver l'origine des choses, des gens, des situations. J'ai donc commencé à écrire ce que j'avais en tête sur un morceau de papier, et là c'est devenu très simple d'avancer. Je me suis plongé de plus en plus profondément dans le livret, et c'est de là que sont venues toutes ces images. Une installation à voir jusqu’au 1er août 2021 aux Musées royaux des Beaux-Arts. Voyez plus de détails sur le site officiel www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : GUSTAV KLIMT : THE IMMERSIVE EXPERIENCE Lorsque l’art digital fraie avec l’un des plus grands maîtres de l’art nouveau et peintre autrichien novateur, Gustav Klimt, le mélange donne vie aux œuvres de ce dernier. L’occasion de déboucher sur une expérience unique et d’embarquer pour un voyage où les dernières technologies transforment le parcours en un spectacle unique, à la fois culturel, didactique et récréatif. L’imagerie virtuelle, la réalité augmentée, une spectaculaire galerie des miroirs dorés et l’anamorphose appliquée à des toiles telles que « Le Baiser » vous immergent littéralement dans le travail de l’artiste, avec une magnifique reproduction en 3-D de cette dernière représentation (sans doute le clou de la visite ?). Plus de deux cents peintures et esquisses ont été sélectionnées pour être projetées de manière vivifiante, créative et surprenante et éveiller vos sens par le truchement de coups de pinceaux virtuels. L’exposition ne se limite pas à son seul espace immersif et ne serait pas complète sans qu’elle vous propose de vous glisser dans la peau de Gustav Klimt dans le but d’entreprendre en accéléré un résumé de sa carrière. De décorateur d’intérieur à initiateur du mouvement sécessionniste, sans oublier sa période dorée, il a été l’une des figures majeures du monde culturel de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Au crépuscule de son existence, Il s'est intéressé davantage à la peinture intimiste et aux portraits. Il a réalisé des tableaux de femmes de grandes dimensions, avec des compositions richement décorées, pour flatter une clientèle riche et bourgeoise qui lui faisait des commandes et il a également conçu de nombreuses scènes de femmes nues ou aux poses langoureuses et érotiques, en tenues extravagantes dans des compositions asymétriques, sans relief et sans perspectives, riches d'une ornementation chatoyante, envahissante et sensuelle. Gustav Klimt est né en 1862 à Baumgarten et est décédé en 1918 à Vienne. Parfois, il est associé au mouvement symboliste. Un événement à découvrir à la Galerie Horta jusqu’au 5 septembre 2021. Plus de détails sur le site www.expo-klimt.be Rue du Marché Aux Herbes, 116 à 1000 Bruxelles Paul Huet

EXPOSITION : ELLIS ISLAND Voici une exposition qui rassemble des œuvres d’Armando Andrade Tudela, Marianne Berenhaut, Heidi Bucher, Miriam Cahn, Latifa Echakhch, Sigalit Landau, Alina Szapocznikow, Naama Tsabar et Lawrence Weiner sur le thème « Ellis Island », cet étroit banc de sable à l’embouchure de l’Hudson », un îlot face à Manhattan. Entre 1892 et 1924, il a été l’entrée principale de nombre de communautés arrivant sur le sol américain. Près de seize millions d’émigrants – majoritairement d’Europe mais aussi de pays arabes – y sont passés en transit et ont été amené à subir toute une série d’examens médicaux et psychologiques, mais aussi à changer d’identité. Georges Perec, écrivain d’origine juive polonaise, nous offre une description minutieuse de ce « non-lieu » dans un texte écrit en 1979. Un lieu utopique où on s’oublie, où le corps et l’identité se transforment, un lieu où on laisse aussi place aux rêves et à l’espoir d’un monde meilleur. Dans la suite du récit de Perec, l’exposition au Musée Juif de Belgique nous concentre sur la manière dont les artistes contemporains traitent le thème de l’exil et comment ils confrontent le monde en tant que lieu de dispersion, d’enfermement et d’errance. Ellis Island explore le déracinement et l’émigration comme un état mental ou physique, mais aussi comme un « catalyseur » de création où sont mis en œuvre des processus artistiques d’assemblage et de fragmentation. Un événement à découvrir jusqu’au 29 août 2021 au Musée juif de Belgique. Plus de détails sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : ICONS Des premières icônes d’Europe et du Moyen-Orient aux œuvres modernes et contemporaines, les icônes ont inspiré de nombreux croyants et artistes, à travers les âges. L’exposition dévoile comment les dimensions spirituelles ont été intégrées dans les œuvres d’art depuis l’Antiquité. La tradition attribue les premières icônes à Saint-Luc qui, après la Pentecôte, aurait peint trois représentations de la Vierge Marie. Des premières icônes d’Europe et du Moyen-Orient aux œuvres modernes et contemporaines, ces représentations imagées du divin ont inspiré de nombreux croyants et artistes. L’exposition Icons, curatée par Henri Loyrette, ancien Directeur du Musée d’Orsay et PrésidentDirecteur du Musée du Louvre, dévoile comment les dimensions spirituelles ont été intégrées dans les œuvres d’art depuis l’Antiquité à nos jours. L’exposition présente une sélection d’icônes anciennes en provenance d’Europe et de Russie – représentant tour à tour le Christ, la Mère de Dieu, ou des Saints individuels – dont la simplicité frappante les distingue en tant qu’objets de vénération intemporels. Un second ensemble d’œuvres d’artistes du XIXe et XXe siècle, tels Charles Filiger ou encore Lucien Levy-Dhurmer, explore la composition frontale et sans profondeur des icônes. L’exposition aborde également l’utilisation que font les artistes contemporains du langage iconographique, à l’instar de Yan Pei-Ming et Wim Delvoye. Un événement à voir jusqu’au 24 octobre 2021 à la Villa Empain. Plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles

APPEL Á PROJETS « Trolls & Bestioles » est de retour pour une nouvelle édition légèrement remaniée. Cette année l'exposition se déroulera du 3 juillet au 29 août. A cette occasion, le Musée d'Art Fantastique lance un grand appel à projets aux dessinateurs, illustrateurs, peintres, photographes et graphistes de tous horizons. Les artistes sélectionnés feront partie de l'exposition collective Trolls & Bestioles 2021. Basée sur l'univers des trolls et autres créatures étranges, elle réunira des artistes belges et internationaux qui verront leurs œuvres imprimés en exemplaire unique sur bâches de 80 x 120 cm ainsi que sur cartes postales éditée en édition limitée à 100 exemplaires. Chaque artiste sélectionné recevra 25 cartes postales de son oeuvre. Six prix seront décernés : le prix du MAF, Le prix du Public, le prix de la Région Bruxelles-Capitale, le prix Francophones Bruxelles, le prix du BIFFF et le prix Charles Picqué. Nous vous renvoyons au règlement de l'exposition pour les détails via le site www.fantastic-museum.be


CD : MARCEL POOT - SYMPHONIES 1-7 Le compositeur belge, Marcel Poot, était l'une des figures musicales les plus marquantes de son temps, avec un style de composition épicé qui illustrait sa joie de vivre. Son cycle de sept symphonies, dont la première montre l'influence de Ravel, Stravinsky et du jazz, révèle une nette préférence pour l'équilibre classique et la forme non programmatique. À prédominance tonale, ses symphonies se distinguent par leur énergie rythmique, leur orchestration colorée et leur lyrisme. Les symphonies 1 à 7 sont ici présentées en un double album et sont dirigées par les chefs Frédéric Devreese, Franz André, Léonce Gras et Hans Rotman qui se trouvent à la tête d’orchestres tels que le Belgian Radio Symphony Orchestra, l’Antwerp Philharmonic Orchestra et, encore, le Brussels Philharmonic Orchestra pour une durée de deux heures vingt de musique pure ! Un compositeur de chez à redécouvrir pour mourir moins bête, même si on sait qu’on mourra quand même … Label Naxos – 21 titres Sam Mas

CD : AUBER - OVERTURES, VOL. 4 Daniel-François-Esprit Auber fut l'un des compositeurs les plus célèbres du XIXe siècle, apportant une forme définitive aux genres typiquement français du grand opéra historique et de l'opéra-comique. Ses ouvertures sont devenues célèbres dans le monde entier pour leur élégance dansante et leurs mélodies fluides, reflet à la fois de sa personnalité et du raffinement parisiens de son époque. Ce présent album comprend des ouvertures et des entr'actes de l'opéra mettant en scène le plus célèbre chef des voleurs « Fra Diavolo », dont des extraits de la partition ont été repris dans le film homonyme avec Laurel et Hardy, et de l'une de ses œuvres les moins connues « Le duc d’Olonne », « Le philtre » et « Actéon ». Chez nous, ce musicien d’exception reste principalement associé (malgré lui) aux événements du 25 août 1830, lorsque le baryton et le ténor de La Monnaie entonnèrent « Amour sacré de la patrie » lors d’une représentation de « La muette de Portici » dans la célèbre salle bruxelloise et qui déclencha la révolution belge. A simple titre de rappel, cet opéra narre la révolte menée à Portici, près de Naples au XVIIe siècle à l’encontre de la domination espagnole. Pour le présent enregistrement, Dario Savio dirige le Moravian Philharmonic Orchestra avec le talent qu’on lui connaît. Label Naxos – 13 titres Sam Mas

CD : THE LITTLE PRINCE Le compositeur et chef d’orchestre français Laurent Petitgirard a été salué pour son imagination théâtrale exceptionnellement puissante. Sa partition de ballet étonnamment créative pour « Le Petit Prince » a été interprétée pour la première fois à l'Opéra d'Avignon en mai 2010. Le musicien focalise sa partition autour d'un chœur, alternant des sonorités instrumentales pour un effet remarquable et évoquant l'essence même du roman court d'Antoine de Saint-Exupéry, alternant poésie et réalité, mystère et innocence. Label Naxos – 14 titres Sam Mas


FRENCH MANIA N°2 Ce n’est pas trahir un secret que d’écrire que ce tome II fait suite à un premier volume bien enthousiasmant. Un ouvrage qui a pour intention de montrer à quel point les Français séduisent les Américains ou de quelle façon ils parviennent à s’intégrer au système hollywoodien, tout en veillant à conserver leur spécificité européenne. Résultat : même démarche et même volonté de flatter l’ego national en faisant appel à une dizaine d’intervenants qui nous offrent une vision pas toujours angélique du show-business de là-bas. Un monde où règne la loi des studios, une industrie singulière dont les règles changent au fil des décennies et qui actionne en permanence la pompe à fric pour subordonner et éblouir. L’occasion de donner la parole à des vedettes qui se confient sur Woody Allen, à Quentin Dupieux, Claude Lelouch, Roxane Mesquita, Alexandre Aja, Louis Letterier, Julie Delpy, etc. A cela, la romancière Anne Pauly a accepté de rédiger une nouvelle inédite pour que le bonheur soit suprême. Pêle-mêle, il y en a pour tous les goûts, avec quelques films tendance et une playlist imaginée par la chanteuse Barbara Carlotti. Un regard amoureux sur le cinoche et le monde de la pop comme on les aborde assez peu ! Ed. du Rocher -178 pages Sam Mas

HÉRITER DE L’HISTOIRE FAMILIALE ? On est jeté dans l’existence avec le vécu des siens et chaque vie est marquée par le sceau de répétitions d’événements qui rythment le temps qui fuit : célébrations d’anniversaires, fêtes religieuses, rites de passages, etc. Quand on y regarde de plus près, certains constatent que des corrélations s’établissent par le fait de transmissions de certaines maladies. Les acquis seraientils héréditaires au point que quelques-uns en arrivent à parler de destin ? On appelle cela l’héritage d’une mémoire familiale, avec tout ce que cette étiquette implique. Il apparaît que plusieurs émotions (principalement les plus traumatisantes !) sont stockées avant d’être léguées de façon parfaitement invisible au reste du lignage. De récentes découvertes étayent la véracité de ce modus operandi au point qu’on prend aujourd’hui sérieusement en compte cette empreinte au moment de l’analyser et de veiller à, si nécessaire, en modifier la portée. Barbara Couvert se base sur des témoignages et parle de résilience, de secrets familiaux, de somatisations, de mémoire hantée, … Une série de termes qu’on découvre au fil des chapitres et qui viennent corroborer des exemples saisis auprès d’anciens déportés, des rescapés de génocides mais également quelques visages connus comme Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Vincent Van Gogh et, parmi tant d’autres, Sigmund Freud. Bref, ce que la science dévoile maintenant sur la psychogénéalogie ! Ed. du Rocher – 238 pages Sylvie Van Laere


MIAM-Ô-5 MIAM-Ô-FRUIT Les réseaux sociaux en perdent la tête. Les recettes du fameux Miam-ôFruit circulent à toute vitesse sur le Net et déclenchent des commentaires tous azimuts. S’agit-il de la panacée alors que, il n’y a pas si longtemps, on ne parlait que de sels minéraux, gluten et vitamines ? France Guillain, ex-navigatrice, a puisé au cours de ses voyages dans les deux hémisphères ce qu’elle estime être le summum du bien-être. Elle en a d’ailleurs exprimé tous les bienfaits en rédigeant une méthode qui se veut une véritable Bible, en adoptant des gestes simples qui visent à équilibrer ce que nous avalons, tout en privilégiant les fruits frais et bio. Il s’agit tout simplement de prendre soin de nos cinq systèmes de défense naturel que sont l’angiogenèse, l’immunité, le microbiome, la protection de l’ADN et la régénération cellulaire. Pour convaincre, celles et ceux qui doutent de la saveur de pareils plats, elle propose une série de recettes gourmandes, aisées à préparer et pas trop douloureuses pour la tirelire. Bien entendu, si certains experts en nutrition s’amusent à jouer la carte du scepticisme, on peut s’accorder sur le fait qu’augmenter la ration journalière de fruits joue une fonction positive au sein de l’organisme, que cette technique évite le grignotage intempestif et que le transit intestinal se voit amélioré grâce aux fibres contenus dans les produits sélectionnés. Enfin, tout le monde le sait, les fruits sont pauvres en calories et permettent de ne pas engranger du poids inutilement, voire à en perdre ! Ed. du Rocher – 188 pages Sylvie Val Laere

KARL DÖNITZ, SUCCESSEUR D’HITLER DURANT 23 JOURS Hormis quelques spécialistes, rares sont ceux qui connaissent le rôle joué par Karl Dönitz durant la seconde guerre mondiale. Nazi radical et responsable de la marine, il a pris le relai à la tête du Reich frappé de plein fouet par le suicide d’Adolf Hitler. On l’ignore très souvent, mais le führer avait inscrit dans son testament toutes les dispositions utiles pour que la grandeur de l’Allemagne soit pérennisée après sa disparition. Il n’a donc pas hésité à coucher noir sur blanc le nom de son fidèle amiral, seule solution de rechange après la défection et les démonstrations d’incapacité d’Himmler et de Göring. Poussé dans le dos, l’homme n’a pas hésité à se parer de cette responsabilité. Son action porte principalement sur la manière de dialoguer avec les forces ennemies en train d’éventrer la nation et qui s’apprêtent à prendre une revanche cinglante. Plutôt que d’organiser des combats jusqu’à la dernière goutte de sang, il s’est conduit en stratège, conscient de la fin d’un régime. On lui doit notamment de pousser l’armée régulière à déposer les armes face aux Américains plutôt qu’aux Soviétiques, sans pour autant dissoudre la SS et mettre un terme aux exactions commises dans les camps d’extermination. Arrêté le 23 mai 1945, il a prononcé la dissolution de son gouvernement. Condamné à la captivité, il en a profité pour rédiger ses mémoires. Philippe Valode revient sur ce personnage ambigu. L’occasion de séparer le vrai du faux et de nous dévoiler un pan d’Histoire pas ou peu connu. Ed. du Rocher – 416 pages Daniel Bastié


CÉLESTE ET MARCEL – UN AMOUR DE PROUST Quelques mois avant la première guerre mondiale, Céleste Albaret, épouse d’un chauffeur de taxi dont Marcel Proust utilise souvent les services, devient la servante de l'écrivain. Il a quarante-deux ans et elle en a vingt-deux. Elle passe quelques années à s’occuper de son intérieur, de sa cantine et de son agenda. Malgré les lubies de l’auteur de « A la recherche du temps perdu », elle lui reste fidèle jusqu’au décès de celui-ci survenu en 1922. Jocelyne Sauvard revient sur leur relation unique, faite de complicité et d’intimité. Elle imagine les derniers mois de Proust, alors que sa santé défaille. Il sait que son œuvre est loin d’être close et, avec acharnement, il peaufine ses textes. Célestine l’observe, émet des avis et l’encourage. Elle imagine les pensées qui trottent dans la tête de la jeune femme, leur donnent une forme définitive et tente de prouver à quel point ils se complétaient l’un et l’autre. Il ne s’agit naturellement pas d’une histoire d’amour, puisque Proust était homosexuel, mais d’un tutoiement respectueux qui nous fait entrer dans les coulisses de la création littéraire, pose la question de la gestation d’un livre et les sources qui inspirent un homme de lettres reconnu par ses pairs et qui ne se satisfait qu’à moitié de ce qu’il a publié. Ed. du Rocher – 334 pages

PLUS IMMORTELLE QUE MOI Que se passe-t-il dans l’existence de Mathilde ? Alors que tout semblait aller pour le mieux, elle dérape et, à un peu plus de quarante ans, se retrouve dans une institution de revalidation mentale. Pas une séquestration, mais une sorte de retraite vivement conseillée par sa psy, afin de prendre du recul et se remettre complètement en question. Pour voir clair en elle, sa thérapeute lui a conseillé de tenir un journal et d’y noter toutes les idées qui lui traversent l’esprit. L’occasion de regarder dans le rétroviseur et de remettre à plat ses doutes, sa violence, ses frustrations et ses ressentis. Peu à peu, des images émergent des souvenirs : la cruauté qu’elle a entretenue vis-à-vis de son frère Charly, la résignation de ce dernier et son passé boiteux. Il y a aussi son quotidien dans cette maison de de repos, le profil d’une odieuse infirmière qu’elle a tôt fait de surnommer Moustache et sa rencontre avec Daphné, un être surprenant et attachant. Peu à peu, les mots deviennent source de délivrance, parviennent à cerner le mal qui l’étreint et à refaçonner les repères qui se sont progressivement disloqués. Se remettre complètement en question équivaut à guérir, à ne plus souffrir ! Il importe enfin de mettre le doigt sur l’élément déclencheur. Le jour ou le moment qui a fait tout chavirer. Mené à pleine vitesse, ce roman traite du burn out et de la schizophrénie avec un ton proche du thriller sans se départir d’un humour qui désamorce l’aspect dramatique qui pourrait plomber l’action. Un final inattendu surprendra les lectrices et les lecteurs. Ed. du Rocher - 204 pages Amélie Collard


LES DIX MILLE MULETS Peppino est un jeune éleveur sicilien. Contre l’avis de ses proches, il accepte un contrat qu’il assimile à une gigantesque opportunité. Pour solder la dette de guerre de l’Italie, il doit convoyer dix mille mulets vers la Grèce. Pas une mince affaire en cette année 49 qui peine à se relever du désastre des combats. Le pays est dévasté et connaît des millions de difficultés pour panser ses plaies. La rancune des uns fait place à la résilience des autres, zigzaguant entre doutes et espoirs d’une vie meilleure. Pour mener sa tâche, il se trouve un adjuvant singulier en la personne du commissaire Giulio Saitta, tout en ombres et en lumière, et dont il ne parvient pas à circonscrire les motivations exactes. Au fil de son périple incertain, il croise une faune faite de paysans, de marchands, de mineurs, de péripatéticiennes, d’espions et de mafieux, puisque la Cosa Nostra s’intéresse de près à tout ce qui peut remplir ses caisses. Salvatore Maira nous offre une épopée haute en couleur, galvanisée par des personnages de fiction auxquels se mélangent des voix historiques, avec un joli sens de la narration, un souffle épique et une intrigue romanesque où se combinent histoire politique et sociale d’un pays qui cherche à se réinventer sur les décombres des bombardements. Ed. du Rocher – 664 pages Paul Huet

LE FLEUVE DES ROIS Long de plus de deux cents kilomètres, le fleuve Altamaha ou Altamaha River devient le cadre du dernier roman de Taylor Brown. Il y relate l’expédition en kayak qu’entreprennent Hunter et Lawton, afin d’éclaircir la mort mystérieuse de leur père dans cette région sauvage et d’aller ensuite disperser ses cendres dans l’Atlantique. Enormément de choses sont racontées à propos de ce bras navigable qui prend naissance en Georgie. Notamment que, à l’instar du Loch Ness, il abriterait une créature mystérieuse. Une légende ? Avec un découpage cinématographique et du rythme, l’auteur narre les errements des deux frères à la recherche d’indices, bien décidés à se forger une opinion et déterminés dans leur (en)quête. En parallèle, il narre le récit vrai de Jacques La Moyne, dessinateur et cartographe du roi Charles IX qui a pris part à l’expédition de 1564 visant à dresser une topographie de cette partie du continent américain. Il n'est pas difficile de se laisser prendre au jeu de ce récit double qui coche toutes les cases du roman d’aventure, avec une touche introspective. Les protagonistes sont attachants et les va-et-vient entre deux époques laissent poindre une once de suspense bienvenu. A cela, on apprend un pan d’histoire dont on ignorait énormément, faute d’être spécialiste dans ce domaine. Ed. Albin Michel – 456 pages André Metzinger


N.É.O : LA CHUTE DU SOLEIL DE FER Personne n’attendait Michel Bussi dans le district de la bédé. Une envie de tenter autre chose ? Un défi ? Qu’importe finalement ! Auteur de thrillers addictifs, il ose le récit d’anticipation en nous entraînant dans un futur proche. La terre a été annihilée, ou presque, par un nuage toxique. Seuls quelques adolescents ont survécu et sont contraints d’errer dans un monde devenu hostile. Ils se divisent en deux clans que tout oppose. Les uns se terrent, tandis que les autres pratiquent la chasse. Mis en images par le dessinateur L’Hermentier et adapté par le scénariste Djet, on retrouve Paris comme on ne l’a jamais vu, perdu dans les ruines de ce qu’il a été, avec pour phare une Tour Eifel quasi intacte et rebaptisée Tipi. Bien entendu, puisque les êtres humains peinent à coexister en paix, une guerre se profile entre les deux entités fatalement amenées à se croiser. En filigrane, ce livre pose une série de questions sur les relations aux autres, la nécessité à ne pas se laisser anéantir, le droit de dominer et les limites à franchir ou non. Comme il s’agit du tome I, une suite est annoncée dans les prochains mois. Ed Jungle – 64 pages Daniel Bastié

LA MARIÉE EN COLÈRE Le blog « La Marié En Colère » a provoqué un véritable razde-marée sur la toile en abordant avec causticité les joies et les petits malheurs qui préludent une noce. L’occasion de traiter de tout ce qui grippe la belle mécanique, de l'invité en retard à l'annulation de dernière minute, en passant par l'enfer du faire-part… Cette bédé de Camille Burger et Nathalie Bernard ne se prend jamais au sérieux et se veut une leçon de sociologie qui se base sur une série de témoignages vrais (du moins, on le croit !). Au fil des pages, on découvre qu’organiser un mariage n’a rien d’un long fleuve tranquille et que les imprévus sont aussi nombreux que les caractères de chaque intervenant. Le livre se termine avec le quizz « quel genre de mariée es-tu ? » Enfin, il propose treize petites phrases qui ont l’heur de faire sortir chacun de ses gonds : « Je ne suis pas certaine de venir », « Tu ne serais pas un peu stressée », « Je crois qu’il va pleuvoir », etc. Un coup de pied dans le ronron. Jouissif ! Ed. Jungle – 64 pages Daniel Bastié


LA TERRE DU MILIEU MAIS UN PEU SUR LA GAUCHE Voilà une bédé qui tire des salves en franc-tireur, en osant la parodie et le second degré. L’air de rien, Antoine Piers et Arnaud Lehue jettent l’eau du bébé, sans se soucier du nourrisson ni des convenances. En duo, ils rejoignent le côté obscur de l’humour et s’en donnent à cœur joie, sans avoir honte de ce qu’ils enfantent. Le ton est volontairement potache, avec en filigrane une fine analyse de notre monde et de ses mœurs. A une époque indéterminée, ils mettent en scène un homme qui élève un agneau dont la destinée est de dominer le monde. Un être foncièrement mauvais. Des persécutions de Gandoulf sur Pinpin au problème de mégalomanie de Sairumen, rien n’est laissé au hasard pour déclencher des éclats de rire. Il s’agit d’un livre cultissime pour tout bon geek qui se respecte. Avis aux amateurs ! On en redemande … Ed. Jungle – 126 pages Paul Huet

LES SAVEURS DU BÉTON Le déracinement est au cœur de cette bédé entièrement conçue en noir et blanc. A l’âge de six ans, Kei découvre que sa famille va quitter Hong Kong pour Paris. De chambres de bonnes en appartements partagés, les siens apprennent la dure réalité de la vie de migrants. Pas facile de s’épanouir loin de chez soi mais, encouragés par des rêves de félicité à venir, tout devient possible. De fait, à force de travail et de persévérance, ses parents parviennent à devenir propriétaires. Une nouvelle tranche de vie qui se présente sous un jour neuf, avec l’adolescence qui pointe, ses questionnements, ses errements et ses espoirs. Pourtant, l’existence dans ce château de béton ne manque pas d’interroger la jeune femme. Kei Lam se raconte et donne la parole aux invisibles. Avec un trait clair, elle parle de ceux qui ont grandi en banlieue, de l’autre côté du périphérique, narre les étapes difficiles de l’intégration, ses rêves et ses ambitions avant de devenir celle qu’elle est. Aujourd’hui diplômée de l’Ecole de Condé, elle nourrit ses récits de références autobiographiques, tout en enrichissant ses univers d’anecdotes (fictives ou non) remplis d’objets et de gens drôles ou singuliers. Avec « Les saveurs du béton », elle parle de son histoire, même si beaucoup peuvent se reconnaître dans la description qu’elle fait de son parcours. Ed. Steinkis - 224 pages Daniel Bastié

Ô VERLAINE ! Alcoolique phénoménal, amant frénétique, bigame maltraité, le poète génial oscille depuis toujours entre l’ignoble et le sublime. À cinquante-etun ans, son existence cataclysmique laisse de nombreuses traces : un nombre invraisemblable de maladies (syphilis, diabète, souffle au coeur, cirrhose du foie, pneumonie…), des admirateurs qui ne sont plus qu’une poignée et des contemporains qui l’accablent de leur mépris…C’est alors, qu’en quelques semaines, la jeunesse du Quartier latin en fait son idole. Elle admire sa poésie, la force de ses anathèmes, le désordre de sa vie, se bat pour l’écouter dans les cabarets et se rue à son chevet. Ainsi, encore une fois, le destin du poète le conduira de l’infamie au grandiose. Ed. Steinkis – 120 pages


VINTAGE QUEEN Déjà toute petite, il ne fallait pas en conter à Koko. Elle a grandi auprès d’une mère couturière, victime d’amants instables et violents. Souvent livrée à elle-même, la gamine se refugiait dans l’atelier et s’amusait à confectionner des modèles. A la mort de sa maman, au début des sixties, elle est amenée à vendre des fripes pour subvenir à ses besoins élémentaires. Grâce à son tempérament et à son audace, elle est parvenue à s’imposer dans un monde de la confection, alors essentiellement représenté par la gent masculine. Dans son crâne, les idées caracolaient à foison. Elle a décidé de lancer son label. Sans tenir compte des avis, elle a suivi son instinct et s’est mise à devancer les tendances, prenant toujours une longueur d’avance sur ses confrères. A vingt-et-un ans, elle a ouvert une boutique qui, rapidement, est devenue un repère et un repaire pour quiconque aime le beau, tout en prônant la volonté d’éviter le gaspillage et de respecter chaque stade de la création. Avec cette histoire vibrante, Saskia Golsdchmidt brasse quatre décennies de mode et de fashionnariat, tout en racontant la vie d’une femme qui n’a jamais craint les répliques venues de toutes parts et qui a réussi à devenir l’égale de ses pendants masculins, devenant progressivement un symbole de liberté et d’une nouvelle manière de vivre. Ed. Presses de la Cité – 396 pages Amélie Collard

LA NUIT DE L’AMANDIER Françoise Bourdon signe une ode à la Provence. Un récit qui étreint et qui fait chaud au cœur. Il débute en 1890, alors que la douce Anna est follement éprise de Martin, le fils d’un riche producteur de fruits confits. Par intérêt, il préfère convoler avec Mathilde, la fille d’un notable. Désormais seule avec ses désillusions, Anna n’a pas d’autre ressource que de se livrer à sa passion pour les amandiers. Bien sûr, une bonne fée s’est penchée sur son berceau et la met en présence du bel Armand, un pâtissier féru de bons produits. En sa compagnie, elle ouvre une confiserie sur le plateau de Sault. Le véritable bonheur ! Puis, comme va la vie, la famille s’agrandit. A force de travail et, grâce à la mise au point d’une nouvelle recette de nougat, les affaires prospèrent. Au moment de la guerre, quelques années plus tard, elle reçoit une missive de Martin. Un courrier qui bouleverse son existence bien rangée. Ce roman de terroir émouvant et rondement mené, illustre des activités peu ou mal connues telles que l'exploitation de l'amande, la fabrication du nougat et la culture de la lavande. Cette saga s’étend sur trois générations et plus d'un demi-siècle, avec des conséquences pour chacun des protagonistes. Je ne m’attendais pas forcément à un effet boomerang et, tout un temps, je croyais Anna heureuse en ménage. La force de l’identification … Ed. Presses de la Cité – 428 pages Amélie Collard


GAILLAND, PÈRE ET FILS L'action se déroule dans les Préalpes, à califourchon entre la HauteSavoie et la Savoie, un univers montagnard par excellence où se côtoient les vieilles familles enracinées dans la vallée et toute une faune de touristes plus ou moins fortunés venus chercher des frissons. Gérard Glatt situe l’action de son livre dans ce contexte singulier et nous entraîne à la rencontre d’un père et d’un fils qui, suite à un accident, se soudent d’une union fusionnelle. Un récit sur la résilience et qui porte un regard sur l’avenir, en prenant soin de tenter l’évacuation du passé. A son habitude, l’auteur soigne la psychologie des personnages, détaille les petits riens qui scandent le présent et se défend de porter le moindre jugement, même si on apprend que le jeune homme a totalement été abandonné par ses amis depuis l’heure du drame. Un roman fort et plein de vie qui contraste avec notre société dans laquelle chacun s’engonce dans l’individualisme le plus abject, loin des serments d’amitié formulés auparavant. Un récit grave, mais sans pathos à lire et à relire pour mourir moins égoïste, même si on sait qu’on mourra quand même ! Ed. Presses de la Cité – 399 pages

LA VIE CACHÉE DE LOLA Exhumer le passé relève parfois de l’exercice de haute voltige, avec de sérieux risques de chute. Alors qu’elle pensait vivre pleinement la félicité de la retraite attendue, Angèle apprend la vérité sur le vécu de sa mère chérie, la Lola bien-aimée. C’est que la tante Lucie a bien des choses à lui confier. Des secrets de famille comme on dit couramment. Des choses volontairement tues, parce qu’elles peuvent faire mal, parce qu’on peut en ressentir de la honte ou parce qu’on ne souhaite pas qu’elles se répandent. Alors, recevoir de face des éléments dont on n’imaginait même pas l’existence s’apparente à un uppercut qui tétanise, avant de permettre de réagir à nouveau pour les affronter avec vigueur. Entre résilience et liens du sang, Dany Rousson signe un roman familial qui sent bon la garrigue et qui, en même temps, souligne la fin des illusions (ou des certitudes ?). Elle brosse le joli portrait d’une femme qui a choisi de se sacrifier pour permettre à une autre de s’épanouir, de progresser et de devenir celle qu’elle est. Un roman qui surprend et qui évite les stéréotypes qu’on pourrait craindre. Une histoire juste et bouleversante qui ne peut pas laisser insensible et qui va directement au cœur. Ed. Presses de la Cité – 312 pages Daniel Bastié


UNE HISTOIRE DE CHEVAUX ET D’HOMMES Maja Lunde signe un roman en trois parties qui s’interpénètrent, passant allègrement des années 1880 à … 2064 ! L’occasion de s’interroger sur la situation du monde, de poser un bilan des défis qui pointent le doigt et qui, parfois, étaient annoncés depuis belle lurette. Entre récit d’anticipation, étude historique, carnet de bord et suspense, cet ouvrage revient sur l’état de notre terre qui se lamine. Plutôt que de jouer la carte de la lanceuse d’alerte, elle choisit le ton de la narration avec trois destins qui se succèdent mais qui, tous, marchent dans la même direction. En choisissant de dresser des corrélations entre les époques, l’autrice établit une relation de cause à effets qui démontre l’absurdité de notre manière d’agir, de nos silences face aux erreurs de jugement, de nos aveuglements qui encouragent les errements des décideurs. En empruntant la veine du roman, elle lance un cri de détresse et met en garde. « Une histoire de chevaux et d’hommes » brosse un tableau catastrophique de notre société de consommation avec ses terribles conséquences. Son écriture est porteuse d’un message fort. Un livre traduit du norvégien par Marina et Françoise Heide. Ed. Presses de la Cité – 522 pages Daniel Bastié

LES PROMESSES DE L’INNOCENCE Chaque époque a été marquée par son lot de contradictions, liées à des mœurs qui reflètent la pensée dominante. Eric Le Nabour situe son récit à Alger. Nous sommes en 1954. L’été irradie. Trois amies fêtent leurs vingt ans. Une journée de liesse qui dissimule mal ce qui les étreint au plus profond d’ellesmêmes. Clothilde sait que ses parents souhaitent lui faire épouser un officier. Naïma a dû renoncer à devenir infirmière pour soutenir son père qui va de plus en plus mal et éduquer ses frères. Judith étouffe dans le carcan familial et vit un amour secret avec un autochtone. Ce roman choral revient sur la condition des femmes il y a un peu plus d’un demisiècle, sur leurs rêves d’émancipation et sur leur droit à disposer de leur corps sans avoir à se référer à l’homme de la maison, qu’il soit époux, père ou frère. Nous sommes également à quelques années de la guerre d’indépendance et, déjà, les premiers remous sociaux se font sentir. Chaque personnage se dresse fièrement, en refusant de se dissimuler derrière le rideau de son existence. En assumant sa volonté, ce trio prouve à quel point il y a urgence à refuser le joug patriarcal et affiche, si la chose n’est pas comprise par tout le monde, qu’on ne peut être fière que des intentions qu’on choisit. Un ouvrage à acquérir sans hésiter par les amoureux de destins de femmes, les combattants et les sentimentaux ! Ed. Presses de la Cité - 412 pages André Metzinger


LA PRISONNIÈRE DU ROI Le roman historique a toujours eu le vent en poupe, mêlant le vrai à l’anecdote. Surtout en replaçant dans un contexte temporel précis des êtres confrontés au faix du destin. Gibert Bordes nous plonge à la fin du XIIe siècle. Le 15 août 1193, dans la cathédrale d’Amiens, Philippe Auguste, veuf d’Isabelle de Hainaut, épouse Ingeburge de Danemark. Toutefois, le lendemain, le monarque exige la dissolution du mariage. Que s’est-il passé en moins de vingt-quatre heures ? La princesse venue du Nord est enfermée dans la forteresse d’Etampes. Débutent pour elle de longues années de misère et de terreur, criant à qui pouvait l’entendre son indignation. Grâce à la complaisance de l’archevêque de Reims et oncle du roi de France, le roi a pu être exaucé, abandonnant la reine dans la disgrâce, sans soutien et incapable de s’exprimer dans la langue nationale. Se considérant désormais libre, Philippe Auguste n’a eu de cesse de se trouver une nouvelle femme, même si sa situation était connue dans tous les royaumes d’Europe. La résistance inattendue d’Ingeburge a contraint le Pape à organiser un concile de réconciliation. En vain ! Le jour de son remariage avec Agnès de Méranie, le pontife n’a pas eu d’alternative que celle d’excommunier celui qu’il considérait désormais comme étant bigame, avec pour conséquences de lui interdire l’accès à la messe, de le vouer à des funérailles sans prêtre et de le tenir à distance des sacrements. Pendant, ce temps-là, Ingerburge végétait toujours, recluse des vivants. Un roman fort qui renoue avec la veine d’Alexandre Dumas et qui donne à un chapitre de l’Histoire de France un ton à la fois romanesque et tragique. Ed. Presses de la Cité– 376 pages André Metzinger

L’HOMME QUI VOULAIT TOUT On ne peut aucunement échapper aux célébrations du bicentenaire de Napoléon. Une véritable tornade médiatique qui mélange les avis et ravive certaines tensions. Qui était vraiment l’empereur ? Un opportuniste ? Un immense stratège ? Un novateur ? Un boucher qui a mis l’Europe à feu et à sang ? Xavier Mauduit confronte ses recherches à une imagerie populaire qui tire tous azimuts, tantôt prompte à l’hagiographie et tantôt apte à brûler sur un bûcher celui que la France entière encense depuis deux siècles. On lui reproche certes des choses (aujourd’hui on parle beaucoup d’esclavage), mais en oubliant de remettre chaque situation dans son contexte. Le temps évolue, les mentalités changent et il n’est guère judicieux de vouer à l’anathème certains individus pour des décisions ou des faits alors considérés comme étant parfaitement louables. Question de mœurs et reflets d’une période ! Cet ouvrage a pour objectif de saisir de quelle manière le mythe Bonaparte s’est édifié au fil des décennies, au point de focaliser toutes les attentions et de bénéficier d’un engouement à nul autre pareil. Doutes, controverses et légendes sont ici prises en compte. Il ressort de cet essai que le principal intéressé, Napoléon lui-même, a grandement participé à son autopromotion, veillant à ne rien laisser au hasard, à se servir des moyens de communication de son époque pour magnifier ses actions et à assurer une propagande ficelée avec soin. Ed. Autrement – 328 pages Paul Huet


EMMANUEL MACRON : VÉRITÉS ET LÉGENDES Depuis son élection surprise, Emmanuel Macron a engendré maints commentaires. Qui est-il réellement ? Les hommes politiques autant que les gens de la presse se sont targués de supputations plus ou moins vives, lui prêtant des intentions, des traits de caractère et des objectifs parfois mal définis. Elu à la tête de l’Etat à moins de quarante ans, il quittera cette fonction en 2022 parce que les Français l’auront décidé ou en 2027 parce que la loi ne permet pas de renouveler trois fois le mandat de Président. Quel que soit le résultat des urnes, il comptera parmi les plus jeunes retraités de France. Arthur Berdah ne souhaite pas offrir une énième biographie ou se targuer de posséder une boule de cristal. Chef de service et chroniqueur à France Inter, il est devenu un spécialiste de la « macronie » et, en se basant sur des sources diverses, il tente de percer le mystère d’un homme que beaucoup assimilent à un caméléon, se définissant lui-même comme étant ni de droite ni de gauche. L’opportunité de revenir sur ce que certains ont nommé une trahison à l’encontre de son mentor François Hollande, le rôle de son épouse Brigitte, ses discours écologiques, son tempérament pressé, volontariste ou arrogant, l’épisode des Gilets jaunes, etc. Pour ce faire, l’auteur a bénéficié de longs entretiens avec le principal intéressé et, loin de dresser une apologie, il cerne l’homme au plus près. D’une certaine manière, ce livre se veut le bilan d’un quinquennat, en prenant soin de remettre l’église au centre du village et de délier ce qui doit l’être. Ed. Perrin – 218 pages André Metzinger

LES MYTHES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE** Sept décennies après les faits, la seconde guerre mondiale regorge toujours d’événements peu ou pas connus du grand public, tenus secrets ou mal divulgués. La victoire des alliés a naturellement occulté quelques réalités et a faussé le regard que nous portons sur certains personnages, sur une série de décisions ou l’une ou l’autre bataille. Jean Lopez et Olivier Wieviorka ont eu à cœur de rétablir la vérité et de casser les clichés poussés par la ferveur populaire, la propagande des vainqueurs ou, aujourd’hui, les réseaux sociaux, en faisant appel à un cortège de spécialistes. Il en ressort qu’on nous a parfois raconté tout et n’importe quoi, sans que nous prenions le temps de vérifier ce qu’on nous a souvent vendu comme argent comptant. L’occasion de remettre les choses dans leur contexte et de désencombrer l’Histoire d’une imagerie faite avant tout pour glorifier la nation et remonter le moral du peuple. La seconde guerre mondiale reste un terreau fertile à exploiter, car nous avons toutes et tous connus d’anciens combattants pressés de narrer leur vécu. Un chantier émotionnel où l’on recycle tout ce qu’on accumule, ne mesurant pas toujours la part de réalité à ce qui flirte avec l’interprétation subjective. Ed. Perrin Poche – 366 pages Paul Huet


DICTIONNAIRE AMOUREUX DES MATHÉMATIQUES Je n’ai jamais aimé les mathématiques, qui représentent pour moi un langage abscons, rigide et froid. Bien sûr, il importe de savoir calculer. Toutefois, pour de nombreux mathématiciens, les chiffres représentent un formidable terrain d’expérimentation, de logique ou de masturbation cérébrale. André Deledicq et Mickaël Launay ont relevé le défi de prouver que cette matière pouvait devenir sujette à bien des fantaisies en jouant la carte de la didactique, avec le talent de vouloir rester clair dans leurs propos, mais sans renoncer à la profondeur de leur exposé. Leur regard agit donc comme un révélateur de merveilles secrètes, de mystères, d’intelligence et d’imagination. Naturellement, ce livre n’est pas à la portée de tout un chacun, car le thème en rebutera plusieurs. Toutefois, il faut reconnaître que la démarche mérite d’être soulignée. Lever le voile, décanter et défricher entrent dans la propension actuelle. L’occasion de découvrir les arcanes du zéro, les propriétés des nombres, l’agencement de constructions géométries sublimes, les combinaisons possibles du Rubik’sCube, la résolution de la quadrature du cercle ou jusqu’à combien peut-on compter sur les doigts. On y parle bien sûr de celles et de ceux qui ont tout agencé et à qui nous devons le contenu de nos cours. Surprise : les mathématiques sont partout dans l’univers, au point d’affirmer que TOUT est mathématique ! Cela, je m’en doutais un peu … Ed. Plon – 751 pages André Metzinger

JEU DE PEAUX Ce roman propose une lente descente aux enfers. Un récit qui finit mal ! Juliano Rizzoni est adulé. Son talent a fait de lui un des peintres les plus en vue de la jet-set. Comblé, il affole les médias et joue avec les codes. Invité au Japon, il tatoue une œuvre originale sur le dos de dix de ses amants et amantes. Jusque là rien d’anormal, puisque tout un chacun marque son consentement. La situation prend une tournure bien différente lorsque les peaux tatouées sont déposées anonymement dans la très renommée Sotherby’s Paris, afin d’être expertisées et mises en vente. Une émotion palpable ceint le responsable de la galerie autant que l’artiste. Que sont devenus les corps ? La police est amenée à investiguer. Démarrant comme un thriller banal, « Jeux de peaux » embraie vers le récit d’ambiance plutôt glauque et sanglant, carrément addictif, avec un duo de flics un peu dépassé par les événements et qui, bien vite, doit rendre des comptes. En ce qui concerne la forme, elle brosse le portrait d’une société marginale, en proie à mille démons, superficielle et qui vibre au rythme des sons de la nuit. L’histoire est menée au cordeau, avec un script bien charpenté qui mélange habilement des rebondissements et des passages horrifiques soignés. Rizzoni n’est-il qu’un maillon ? Rendez-vous lors du dernier chapitre pour un dénouement cash ! Ed. Plon – 362 pages Paul Huet


COVID 19 DE LA CRISE AUX OPPORTUNITÉS 2020 restera une année marquée dans les annales de l’humanité, avec une crise sans précédent. Alors que la planète demeure toujours à l’arrêt, avec des velléités de reprise des activités, la déflagration économique laissera des traces durables. Le constat est fracassant : personne n’a prédit pareille hécatombe et la gestion plus ou moins improvisée des politiques a montré les limites de notre système. Néanmoins, cette pandémie a servi de déclencheur pour une série de personnes qui envisagent des changements sociétaux et un retour à des valeurs plus stables et bienveillantes. Il est cependant prouvé que la crise actuelle a poussé une catégorie de la population à se réinventer, à mettre en avant des projets, à développer la technologie et à oser une révolution dans l’univers du travail avec, par exemple, le boulot à distance. Indéniablement, quelques-uns ont tiré profit de cette crise, mais l’accélération des modifications de mentalités aura un impact dans les prochaines années, avec de larges questions qu’on ose à mi-voix : à savoir la continuité de sa rémanence aux niveaux économiques, éthiques, environnementaux, sociétaux, etc. Les intentions foisonnent dans cet ouvrage qui se veut accessible au plus grand nombre, sans langue de bois, et qui annonce la fin du monde d’avant, avec une transition fondamentale vers des concepts tournés vers le collectif, la nécessaire solidarité et, on l’espère, sans sacrifice de nos libertés. Ed. Mardaga -352 pages Sylvie Van Laere

LE FINANCEMENT DES HÔPITAUX ET DE L’ACTIVITÉ MÉDICALE Mis sur le devant de l’actualité, le monde médical a eu droit à une tornade d’applaudissements lors du premier confinement, avec des médecins et des infirmières présentés tels des héros modernes. Il semble aujourd’hui loin ce temps où, chaque soir, la population rejoignait son balcon pour les acclamer. Guy Durant, Pol Leclercq et Magali Pirson osent la redoutable question du financement des hôpitaux et des soins médicaux. Une épine dans la paume des politiciens et des économistes, parce que le sujet se révèle particulièrement complexe. Aujourd’hui, davantage qu’hier et ce à cause de la Covid, on parle de réformes, de revalorisation du métier et d’aides budgétaires. Ce livre entend offrir des pistes de compréhension en alignant des chiffres, en expliquant le système d’aides diverses et la manière de rémunérer les officiants, sans omettre le rôle du patient. Cet ouvrage constitue un cadastre et une authentique boite à outils aux multiples intervenants, tout en cédant la parole aux étudiants et aux chercheurs. Au fil des pages, on le découvre, la panacée n’existe pas, puisque les enjeux économiques priment encore trop souvent et que le nombre d’intermédiaires (pouvoir régulateur, payeurs, gestionnaires, etc.) ne tiennent pas toujours le même discours en fonction de la situation vécue et de la tâche qui leur est affectée. Un état des lieux qui se veut un panorama global et international et qui expose diverses pistes. Ed. Mardaga – 398 pages Sylvie Van Laere


LE NOUVEL AN CANNIBALE Le titre fait référence à ce jour de l’année où cours duquel la terre a épuisé ses ressources annuelles. Une expression qu’on découvre à mesure qu’on avance dans ce roman dû à Jean-Claude Bologne. Un livre peu ordinaire qui mélange les mythes et les range à côté de nos certitudes. L’opportunité de croiser la route de David, salarié dans une entreprise de jeux vidéo et qui passe ses journées à détecter les bugs. Affecté par une douleur au poignet gauche, il consulte un spécialiste. Sa surprise est de découvrir que le médecin le confond avec un autre patient. Un homme qui lui ressemble étrangement, dont les initiales sont pareilles et qui, lui, est affecté d’une douleur au poignet … droit ! Un frère lombard en quelque sorte ou faux-jumeau ! Il décide de le trouver pour … En fait son double inversé et qui paraît tellement proche. Assurément, l’existence réserve bien des surprises et chercher à en cerner le périmètre n’a pas toujours comme résultat de rassurer pleinement. Chemin faisant, David découvre qu’il risque d’éponger des déboires, se heurter à un refus ou tutoyer une personne dont les intentions ne sont pas aussi bonnes que les siennes. L’auteur signe un récit fantasticoapocalyptique qui égratigne notre société, souligne nos errances et prouve à quel point chaque individu tend à se rapprocher des autres. A tort ou à raison ? Ed. Maelström – 228 pages André Metzinger

AU SOLEIL LA NUIT A l’époque, les radios diffusaient les Stones et les Beatles, véritables icones pour une jeunesse affranchie des carcans patriarcaux. Un vent nouveau soufflait un peu partout en Europe, renvoyant l’image du flower power, des slogans hippies et ceux de mai 68. Deux enseignantes, amies proches, décident de passer des vacances en laissant derrière elles leur métier et leurs habitudes. Marie-Anne se lance sur les routes du Sud, accompagnée d’un orchestre. Direction : le Sahara ! Quant à Marie-Jeanne, elle opte pour la direction opposée. Un périple dont personne n’a jamais su ce qu’il a réellement été, puisqu’elle n’en reviendra pas vivante. Alors, accident, meurtre ou suicide ? Rose-Marie François signe un thriller d’ambiance, qui sent bon le vent du large et qui scintille sous les miroitements du soleil. Il y a du dépaysement, du mystère, la reconstruction d’une époque qui a laissé une kyrielle de souvenirs toujours vivaces et une description soignée de ses mœurs. Assurément, la police est amenée à investiguer et charge l’inspecteur Häkansson de diligenter les auditions. Il se base sur les écrits de la défunte pour rassembler les pièces du puzzle. Bon gré mal gré, Marie-Anne se verra contrainte de le seconder. Ed. Maelström - 250 pages Daniel Bastié


LA DÉRÉLICTION DE L’ÉPOUVANTAIL Détesté par les chats, ignoré par les chiens, l’épouvantail cinéphile glane, dans la nuit humide de cette petite ville perdue, les images d’un univers pelliculaire qui le feront rêver tout le jour. Ils sont des dizaines dans sa tête et l’homme aux moustaches en forme de crocs se sent parfois bien seul pour maîtriser tout son petit monde. Né notaire dans une famille de notaires, Emile détestait les ennuis et les complications dans sa vie réglée comme du papier à musique. Et le jour de ses quarante ans, quand lui vint, comme tout homme à cet âge de retour, une envie de maîtresse, la solution lui apparut comme une évidence : choisir sa propre femme. Ce publiciste qui se targue d’améliorer l’image de quiconque et de transformer un tyran génocidaire en un bon père de famille un peu impulsif devine aussitôt, en rencontrant sa nouvelle cliente, que cela n’allait pas être de la tarte. Neuf nouvelles et vingt-trois micro nouvelles propices à vous immerger en un ailleurs dont les repères sont pour le moins tronqués. Le fantastique commence lorsque c’est le « berceau » qui se penche sur la fée. Mythic est scénariste professionnel de bandes dessinées. Il a aligné une centaine d’albums, créant les séries « Rubine », « Le Gowap » et, entre autres, « Halloween Blues » mais aussi en collaborant à d’autres séries comme « Natacha » ou « Alpha ». Ed. Ménadès – 176 pages Sam Mas

DES PLANTES CONTRE LES INFECTIONS Les antibiotiques ont naturellement permis de vaincre les infections, mais ils ne sont pas la panacée. Aujourd’hui, on constate avec effroi que certaines bactéries développent une résistance à la médicamentation classique et que cette dernière peine à offrir les effets escomptés. Aussi, certains médecins prônent un retour aux valeurs de la nature, à ce que quelques-uns appellent les plantes médicinales, un art ancestral rangé au placard et tu par les groupes pharmaceutiques. Pourtant, il n’y a encore pas si longtemps, nos grands-parents et autres aïeux se fiaient au bon soin de cette méthode. Le docteur Kurt Hostettmann propose donc de revenir à ce système, sans recourir automatiquement aux produits chimiques, et de se fier à un savoir ancestral en réapprenant des gestes simples. Sinus, voies urinaires, bronches, peau, … peuvent être soignés sans avaler ce qui devient à la longue inefficace, car employé avec excès ou n’importe comment. Bien entendu, pour l’une ou l’autre pathologie précise, les antibiotiques restent une précieuse nécessité et il convient de ne pas s’entêter dans un dialogue hermétique. Le but de cet ouvrage n’est pas d’ostraciser nos médecins de famille qui s’affairent pour notre santé, mais de montrer que dans certains cas on peut soigner une affection de manière toute simple et peu coûteuse, tout en contribuant à la multirésistance de notre corps. Maintenant, que faire face au Covid-19 ? Sous forme de boutade, l’auteur précise que le pouvoir des plantes est immense, mais qu’il possède un périmètre infranchissable. Contre le pouvoir de la mort et de certaines épidémies, il n’y a malheureusement pas de sève dans nos jardins. Réaliste ! Ed. Favre 144 pages Paul Huet


MANGER BIEN ASSOCIÉ La santé commence dans l'assiette et associer de bons produits est vecteur d’une démarche saine et sereine. Certains aliments doivent aller de pair, alors que d'autres sont incompatibles au point d’engendrer un état de fatigue, des troubles digestifs, une destruction de la flore intestinale ou des intolérances. Vitamines, minéraux, oligoéléments, pré et probiotiques, antioxydants, ainsi que les acides gras, peuvent être mieux absorbés en tenant compte de leur compatibilité entre eux. Olivier Bourquin explique de quelle manière équilibrer nos repas pour en tirer le meilleur en usant d’explications théoriques destinées à convaincre les réticents, puis en les illustrant avec cinquante recettes de difficulté moyenne ou faciles à reproduire pour rendre festif chaque passage à table. L’idée de l’auteur est ici de remettre l’église au milieu du village et de rappeler qu’on ne s’improvise pas nutritionniste, en brassant tout et n’importe quoi sans connaissances préalables. Un peu de tout peut fatalement virer au grand n’importe quoi, avec des conséquences fâcheuses pour la santé. Ed. Favre - 159 pages Amélie Collard

SOIGNER LES VIVANTS ET PARLER AUX MORTS Parler avec les morts, n’est pas une vocation mais un don ! Depuis toujours, l’être humain a cherché à dresser des passerelles entre le monde d’ici et celui qui nous est promis dans une vie future. Des entités pas forcément imperméables comme le fait savoir Brigitte Favre, psychothérapeute et médium. En s’appuyant sur son expérience et de nombreux témoignages, elle affirme que nos disparus continuent à nous soutenir dans les instants difficiles, à laisser des indices, à poser des signes. Les grincheux objecteront qu’aucune étude sérieuse n’a réussi à prouver la porosité d’un univers vers l’autre, même si les avis divergent en se parant du sceau de l’intime conviction ou de preuves qu’on a parfois du mal à cerner. Le propos est cependant ailleurs. Entrer en contact (ou prétendument) avec les défunts relève de la fonction thérapeutique, dans la manière où cette démarche rassure, réconforte, entretient des liens, éloigne la menace de sa propre disparition en la rendant tolérable et en évacuant les peurs. Personnellement, je rencontre beaucoup de difficultés à formuler un avis quel qu’il soit à propos de cet ouvrage. Je ne suis qu’à moitié convaincue, même si je sais que je ne veux pas gâcher le plaisir des lecteurs qui cherchent du réconfort, qui croient à l’intangible et qui affirment haut et fort que notre système rationnel est basé sur des concepts que nous avons hérédités sans toujours les réévaluer. Puis, toutes les religions prônent un paradis qui nous attend. Alors, pourquoi pas ? Ed. Favre – 165 pages André Metzinger


LE XXIe SIÈCLE DU CHRISTIANISME Aujourd’hui, on parle beaucoup des religions, au point de les opposer ou de les condamner au nom du principe de laïcité. Assurément, Il y a des remous qui naissent dans leur giron, avec parfois des armes dressées vers le ciel pour imposer le régime de dieu sur terre, des poings furieux qui vilipendent, des prises de position dans l’intention de semer la terreur ou de convertir. André Malraux l’avait prédit : Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ! Sous la direction de Dominique Reynié, cet ouvrage a la volonté d’établir un cadastre du christianisme à notre époque, en faisant appel aux sommités en la matière et en s’interrogeant sur le sens de croire aujourd’hui lorsqu’on est catholique, protestant ou orthodoxe. Qu’en est-il vraiment de la fonction de l’Eglise, de ses mutations internes, de la séparation entre le spirituel et le temporel, de l’évolution de l’équilibre mondial, du dialogue avec d’autres croyances ? L’occasion de réfléchir sur notre présent, mais aussi sur notre avenir et d’enquêter sur l’utilité de la foi au sein d’une société qui présente des aspects parfois désespérants, qui clame le libre-arbitre et qui, souvent, cherche à endiguer ce qui fait la particularité des autres par peur, par méconnaissance ou simplement par stupidité. Ed. du Cerf – 378 pages Sam Mas

TOUT EST BON DANS LE BRETON ! Bien entendu, il faut aborder ce livre avec un second degré indispensable, autrement il vous paraîtra nombriliste et arrogant. Fabien Delettrres est Breton et se revendique comme tel. Il encense la région qui l’a vu naître et est fier de ses origines même si, aujourd’hui, il réside à Paris. Avec humour et décalage, il parle de la terre de ses parents en jouant la carte de l’anecdote et de la truculence, en multipliant les proverbes, les légendes et en étalant une série de constatations qui ne sont pas que des poncifs. « Tout est bon dans le Breton ! » se veut un concentré de plein de choses, avec un côté hilarant, de l’exagération, des informations sérieuses, des bons plans de vacances, des adresses utiles et un regard qui donne vraiment envie d’aller se balader sur la Côté d’Emeraude ou celle de Cornouaille. Des noms magiques qui ravivent des odeurs particulières et des airs de musique celtique, alors que tout le monde sait que la météo y est capricieuse, avec des vents qui giflent les visages et des célébrités issues du terroir, dont Yann Tiersen (compositeur de la musique du film : « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain »). Lecteurs coincés des zygomatiques, veiller à vous abstenir ! Ed. Casa – 96 pages Daniel Bastié


LE PARFUM DE L’EXIL Terrassée par le chagrin, Taline apprend le décès de sa grand-mère, une femme admirable qui connaissait les secrets de la nature et les maîtrisait avec science. C’est elle qui l’a accompagnée tout au long de son existence, qui lui a permis de se sentir constamment à l’ais et d’appréhender la vie avec sérénité. Puis, il y a eu la découverte d’un carnet recouvert d’une couverture en cuir. Un petit livre dans lequel son arrière-grand-mère annotait tous les petits et grands évènements qui façonnaient son quotidien. Ecrit à la première personne, il révèle subitement tout un pan du passé familial mêlant espérances, craintes, horreurs, errances et joies avec, en ligne de mire, le douloureux séisme du génocide dont les Arméniens ont été victimes tandis que le reste du monde s’enfonçait dans la boue des tranchées de la première guerre mondiale. En levant le voile sur ce vécu, les certitudes vacillent, réveillant des peurs lointaines, secouant les certitudes et déséquilibrant ce que l’harmonie peut avoir de confortable. De Paris à Beyrouth, ce roman enchaîne les épisodes et revient sur un des grands traumatismes de l’Histoire contemporaine, ouvrant des plaies et prouvant à quel point le mot résilience peut admirablement être défini lorsqu’on a survécu à ce que la vie peut infliger de plus terrible. Ed. Charleston – 442 pages Daniel Bastié

ET MAINTENANT, QUE VAIS-JE FAIRE ? Quelles sont nos potentialités et de quelle manière leur permettre de s’épanouir sans entraves ? En s’inspirant des leçons d’Aristote, Stéphane Dieutre y va de son analyse pour ouvrir des brèches. Il propose une méthode pour aider chacun à filtrer ses décisions au moment de choix cruciaux et d’en ressentir l’épanouissement. Comme toute démarche intellectuelle ou philosophique, l’intention n’est pas ici de vendre la panacée, mais d’amener le lecteur à s’interroger, à chercher des réponses et à fermer des portes qui lui sont nuisibles. L’idée consiste à ne plus souffrir de mauvaises dispositions, à prêter attention aux ressentis et à les mettre au service de chaque instant vécu, qu’il soit privé ou professionnel. Ce manuel de sagesse prône le réveil de la conscience et l’attrait pour tout ce qui tend à la sagesse et à l’audace. En trouvant ce qui épanoui chacun d’entre nous, on découvre un monde aux mille ouvertures, qui permet de cheminer sur une voie qu’on balise soimême loin des écueils que nous servent le fatalisme, le manque d’entreprise et la mauvaise image qu’on possède de soi. Circonscrire le périmètre de nos talents et en explorer l’aire, voilà un trésor sérieux à ne pas galvauder et à serrer contre soi comme le trésor qu’il représente. Ed. Alisio – 254 pages Sylvie Van Laere


LA DAME D’ARGILE Le Musée des Beaux-Arts de Bruxelles sert de cadre à ce roman intimiste de Christiana Moreau, avant de prendre son envol et de nous emporter dans l’Italie de la Renaissance. Un récit qui nous happe doucement et nous entraîne dans un monde qui mélange les époques pour revenir sur des femmes qui ont laissé un souvenir prégnant. Restauratrice professionnelle, Sabrina vient de perdre sa grand-mère Angela et, par hasard, découvre un buste en argile signé de la main de Constanza Marsiato. Le modèle n’est autre que Simonetta Vespucci, célèbre par sa beauté et son charme, qui illuminât la cour de Laurent le magnifique et qui servit de modèle, notamment, à Botticelli. D’emblée, deux questions se mettent en exergue. De quelle manière Angela, modeste immigrée, s’est-elle procuré cette œuvre et, surtout, qui était l’artiste ? Incapable de se croiser les bras, la jeune femme décide de mener une investigation à hauteur de ses potentialités. Elle plie bagage et embarque pour Florence, siège historique du Quattrocento, afin de retrouver des traces de la sculptrice dont les livres d’art n’évoquent pas le nom. Elle découvre qu’il s’agit en vérité de la fille d’un potier d'Impruneta, qui rêvait de s’affranchir de sa condition féminine par le travail et la création et ce malgré les interdits et les tabous de son temps. Les destins se croisent, se chevauchent et nous valent quatre jolis portraits de femmes qui refusent le joug des hommes, se prennent en main et vont de l’avant. Elle-même artiste, l’autrice apporte beaucoup de sensibilité à son troisième roman. Ed. Préludes – 316 pages André Metzinger

MISSION DIVINE Stéphane Durand-Souffland multiplie les caquettes : chroniqueur judiciaire au Figaro, journaliste et écrivain, il a assisté à de nombreux procès d’assisses, dont certains ont inspiré sa verve de romancier. En se basant sur un macabre fait-divers, il met en scène un couple dément soi-disant chargé d’une mission divine qui consiste à se livrer à de bien singuliers offices, jusqu’à ce que leur périple à travers le pays s’achève par la distribution de quarante-deux coups de couteau et le décès d’un jeune garçon. Pourtant rien ne laissait présager que cette jolie blonde aux traits un peu fanés et son officiant communieraient en faisant couler le sang. Bien sûr, leur errance s’est étirée durant deux décennies, les assimilant à des originaux un peu dingues, mais jamais personne n’avait imaginé à quel point leur voix intérieure pouvait les pousser à commettre l’injustifiable. Un crime inacceptable qui déclenche une tempête médiatique, avec en ligne de mire : les deux questions : comment protéger la société et de quelle manière juger la folie ? L’auteur nous immerge dans une affaire qui a secoué la France et dont il a reconstitué le dramatique déroulement des faits en le parant de quelques latitudes. Ed. L’iconoclaste – 258 pages Paul Huet


MA VIE D’INSTIT 2 Peut-on rire du monde de l’école ? Ma foi, on peut tout dire, pourvu qu’on le fasse sans méchanceté ! Emy Bill est originaire d’Angers et s’amuse à mettre en images sa vie d’institutrice, en illustrant son quotidien et en s’inspirant de saynètes vécues ou fictives. Avec un regard tendre et décalé, elle nous plonge dans un microcosme loin des poncifs véhiculés par le cinéma et la télévision. Elle part de l’idée que, si on ne travaille pas dans un établissement scolaire, on ne sait pas de quoi on parle. Au fil des planches (puisqu’il s’agit d’une bédé !), elle évoque les extra-muros, la tenue vestimentaire idoine, les (faux) gros mots, la motivation, les moyens pour éviter la dépression, la politesse (ou pas) des élèves, le sport à la piscine, la leçon d’anglais, les problèmes familiaux, etc. L’ensemble sur le ton de la bonne humeur et de l’humour avec, chaque fois, une chute qui prête à sourire. Il ressort de cet ouvrage que le métier d’institutrice n’est pas un job de tout repos, avec en ligne de mire une montagne de travaux à domicile, une remise permanente en question, une pression des parents et de la hiérarchie et le burn-out qui bombe le torse mais que, malgré tout ce qu’on peut relever de contraignant, il demeure la plus chouette profession au monde. Un livre sympa qui n’a aucune autre ambition que celle de distraire ! Ed. City - 144 pages Daniel Bastié

SAUVER LA PEAU DE ROMAIN PUÉRTOLAS Frank Andriat est un auteur que je suis depuis une trentaine d’années, par admiration autant que par amitié. A l’époque, je travaillais pour un quotidien et mon rédac’chef m’avait envoyé l’interviewer. Par le plus grand des hasards, nous nous sommes aperçus que nous étions voisins et que nous avions quelques amis communs. De quoi pousser l’envie d’embrayer pour une collaboration durable et, ma foi, je n’ai jamais été déçu, car Frank est autant fidèle en écriture qu’en camaraderie. Cette fois, il nous propose une histoire qui se veut un clin-d’œil à l’œuvre de Romain Puértolas, auteur natif de Montpellier. L’occasion de raconter une histoire qui caracole, chargée de mille péripéties et empreinte d’une folie douce qui la traverse de bas en haut. Un prétexte pour faire revenir Bob Tarlouze, héros de récits précédents, et de visiter la Belgique en sautant la frontière linguistique, ses trois régions et en allant humer l’air du large à Knokke-le-Zoute. Il est difficile de résumer cet ouvrage, car il s’agit avant tout d’un livre d’atmosphère qui jongle avec les références, se gausse de l’actualité, caricature des figures politiques de chez nous et flingue tous azimuts. Avec une plume à nulle autre pareille, Frank Andriat surprend, joue avec les stéréotypes et propose un melting-pot aux couleurs tricolores de notre drapeau national sans pour autant omettre son rôle de narrateur. Ed. Genèse – 192 pages Daniel Bastié


LES INDÉSIRABLES Le terme maltraitance enfantine désigne les violences et la négligence envers chaque personne de moins de dix-huit ans. Elle inclut toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, allant de la négligence aux sévices sexuels, en passant de l’exploitation commerciale au préjudice réel ou potentiel pour la santé du jeune, sa survie, son développement ou sa dignité. Naturellement, cette liste se veut loin d’être exhaustive. Françoise Laborde et Michèle Créoff dénoncent une situation bien connue des associations et des autorités mais qui, malheureusement, reste le parent pauvre lorsqu’il s’agit de prendre des mesures idoines. Dans leur colère et leur indignation, les autrices abordent la démarche suivante qui consiste à comprendre la situation vécue par la victime dans sa condition et son contexte, à pointer les failles et dysfonctionnements et à soumettre des propositions qui pourrait faire figure d’outil concret pour pallier les défaillances, diagnostiquer la maltraitance et remodeler certains aspects du Droit. Il s’agit d’un livre de combat qui a pour objectif de faire avancer les choses, de condamner le déni et le silence et de donner une voix à ceux qui en sont dépourvus Ed. Michalon – 276 pages

DYSLEXIE, MON AMOUR ! Aujourd’hui, la dyslexie est combattue dans les écoles en faisant appel à des prises en charge. Non, elle n’est pas une tare ou un trouble de l’intelligence comme cela a été longtemps proclamé ! Elle demeure un trouble de l’apprentissage qui se manifeste lors de la lecture et/ou de l’écriture. Il s’agit d’un problème persistant qui rend la lecture ou l’écriture des mots très difficile. Bien entendu, elle se manifeste sous différentes formes, d’intensité légère ou grave. Zaïa Teil, sophrologue, consacre une grande partie de son temps à des ateliers ayant pour but de sensibiliser les parents autant que les enseignants pour mieux approcher cette dimension en respectant l’enfant. Plutôt que d’offrir un livre qui ose plusieurs approches de ce trouble, elle raconte son vécu de gamine stigmatisée, traitée de paresseuse et malmenée, avant de trouver sa voie et d’accéder à la lecture et à l’écriture comme tout le monde. Bien sûr, il s’agit d’un témoignage à la première personne, mais qui à l’heur de donner du courage à celles et à ceux qui en ont éperdument besoin et, surtout, de prouver qu’il n’existe aucune fatalité, que le regard porté sur la dyslexie évolue et qu’une issue lumineuse reste accessible pour quiconque prend la peine de ne pas se décourager et de tenir bon. Ed. Michalon -182 pages Sylvie Van Laere


LE PALANQUIN DES CAÏDS François Sablier est un être terne et sans ambition. Un homme livré à lui-même, dénué de tout avenir. Bref, un quidam qui ne jouit même pas du quotidien. Pourtant, il sait qu’il doit se secouer et, sur les conseils de sa sœur, il consulte un chaman, à la fois voyant et guérisseur. Pour donner un coup d’étrier à son parcours terrestre, il accepte un job dans une maison de pompes funèbres. Mal lui en prend, car les affaires tournent rapidement au vinaigre. Puis, qui est monsieur Javel, un ex-flic aujourd’hui retraité ? Christian Estèbe donne vie à une pléiade de personnages secondaires truculents qui côtoient de près ou de loin le protagoniste. Parmi eux, on trouve Régis, un copain qui l’héberge en échange de moult services, madame Enclave, femme acariâtre encombrée de sa fille qui peint des toiles fantasques, et un certain monsieur Claude, photographe appréciant les nus. L’auteur propose une succession de tableaux cocasses écrits avec une grande spontanéité, qui jamais ne se plient aux lois du genre et qui trouvent leur indépendance dans la multiplication de détails qui ouvrent des portes inespérées dans la psyché de l’esprit humain. Caustique ! Ed. Serge Safran – 160 pages Daniel Bastié

LA DAME AU CABRIOLET Voilà un roman à quatre mains qui jongle avec les stéréotypes. Au départ, on se situe en pleine série noire avec l’histoire d’une mallette truffée de billets de banque que deux bandes rivales tentent de s’approprier. Le problème : la susdite mallette se trouve entre les mains d’Yvonne, une femme détective bien décidée à ne pas s’en laisser conter. Au cours de son périple à travers la France, elle voit les cadavres s’accumuler et côtoie toute une faune singulière faite d’une boulangère mafieuse, d’une masseuse perverse ou, encore, d’un gigolo criminel. Un cortège d’individus peu recommandables qu’elle tente d’oublier en établissant de la distance. Dominique Guiou et Thomas Morales n’ont pas froid aux yeux et se targuent d’un récit mené à deux cents à l’heure qui sillonne les routes de l’Hexagone en quête d’adrénaline et de castagne. Choix qui leur permet toutefois de pratiquer quelques haltes bucoliques et de s’offrir du bon temps mâtiné de poésie et de grand air du large. Ce qu’on retient surtout de cette lecture demeure le parti-pris volontaire de ne jamais se prendre au sérieux et de tordre le cou aux conventions du polar. Cela commence de manière parfaitement conventionnelle puis, au quart-de-tour, embraie pour la vitesse supérieure. Ed. Serge Safran – 156 pages Daniel Bastié


MINUIT À ATLANTA Le texte est addictif par le style de l’écriture cru et violent, avec une intrigue bien troussée et une élaboration précise et ciselée. L’enquête menée par l’ex-agent de police Tommy Smith, devenu reporter, suit un schéma minutieux pour nous amener à une conclusion inattendue, pleine de suspense, avec en toile de fond les événements qui ont frappé la ville d’Atlanta en 1956, suite au boycott des autobus afin de s’opposer à la politique de ségrégation raciale dans les transports en commun. Tandis que le quotidien Atlanta Times couvre les événements, son directeur est retrouvé mort dans la salle de rédaction. Fort vite, il ressort que beaucoup de monde semble s’intéresser de près à la situation. L’occasion pour Thomas Mullen de revenir sur une époque perturbée, de dénoncer ouvertement le racisme et de trousser un récit qui rue dans les carcans pour trouver une voie originale et se fendre d’un ton à la fois direct et moderne. L’atmosphère colle au plus près de la réalité et la dote d’un ton documentaire, mêlant fiction et faits historiques. Sans sacrifier aux modes, l’auteur propose un polar original, qu’on n’a pas envie de lâcher et qui tient en haleine jusqu’au dernier chapitre. Tout simplement réussi ! Ed. Rivages – 492 pages André Metzinger

SŒURS DANS LA GUERRE Il y a eu un gigantesque effondrement et le monde d’hier n’est plus. Un régime dictatorial a imposé sa férule. Néanmoins, çà et là, la résistance s’organise. Des hommes et des femmes refusent de se subordonner à des lois liberticides qui, par exemples, limitent les naissances, restreignent les denrées alimentaires, contraignent les citoyens à ne plus réfléchir individuellement et pratiquent la censure. Celle que ses amies de lutte ont surnommée Sœur s’apprête à mener un rude combat pour demeurer debout, sans avoir à fléchir la nuque ni obtempérer. Sarah Hall propose un roman qui va à contre-courant des ouvrages futuristes ou postapocalyptiques, avec une héroïne qui n’a pas froid aux yeux et à qui il ne faut pas en conter. Bardée de tout son courage, elle décide de se regimber et de bousculer un système qui l’oppresse chaque jour davantage. Si elle sait que rien ne la renverra à l’existence d’avant, elle croit fermement en certaines valeurs qu’elle érige en slogan. Dans cette saisissante contreutopie féministe, l’autrice aborde avec un merveilleux sens de la narration les questions d’écologie, de genre et d’autonomie, tout en offrant une vision pessimiste de ce que l’avenir nous réserve si nous ne prenons pas garde de veiller jalousement sur la démocratie. Ed. Rivages – 269 pages Amélie Collard


LE NOUVEAU Keigo Higashino signe un polar qui nous emporte loin de chez nous. Avec une action qui se déroule à Nihonbashi, un quartier de Tokyo, il plonge le lecteur dans un microcosme où tout peut devenir révélateur ou révélation. Pourquoi a-t-on étranglé une mère de famille âgée de quarante-cinq ans qui venait tout juste d’emménager dans son nouvel appartement et dont l’existence paraissait sans le moindre remous ? Muté depuis peu dans le commissariat local, Kaga Kyoichino est chargé des investigations. Alors, avec son flair légendaire, il arpente les rues, pousse des portes, inspecte chaque détail qui, à d’autres, pourraient sembler anodins. L’atmosphère est captivante au point qu’on a du mal à quitter la lecture pour reprendre le chemin du boulot. Ces plus de trois cents pages s’avalent donc fort vite et s’incrustent telle une musique qui traîne dans l’esprit d’une façon obsédante et rythmée. Ici, l’arrestation du ou des coupables (pour ne pas déflorer l’épilogue !) importe moins que le profond humanisme de ce flic singulier aux méthodes efficaces et porté sur l’observation et la déduction. Ed. Actes Sud – 327 pages Daniel Bastié

LAPIN LAPIN / TROIS HOMMES ET UN COUFFIN / LA CRISE Coline Serreau a marqué diverses générations avec quelques films addictifs dont « Trois hommes et un couffin ». Contrairement à plusieurs consœurs et confrères, elle a toujours mis un point d’honneur à rédiger elle-même ses scripts. Voilà réunis en un seul volume, les dialogues de « Lapin Lapin », « Trois hommes et un couffin » et « La crise », trois comédies actualisées pour la scène et qui collent à une réalité prégnante : les familles nombreuses, le patriarcat et l’individualisme dans l’univers du travail. Des dialogues simples et forts, des situations banales et une description de nos comportements à hauteur d’épaules qui alternent le chaud et le froid, le grave et le léger. Au fil des pages, on retrouve une créatrice engagée, une militante pour la cause des femmes et les droits humains, qui n’a pas peur de bousculer les tabous et qui refuse toute censure. On découvre une femme moderne, loin des normes, et qui proclame haut et fort son droit d'exprimer des avis avec franchise. Une belle redécouverte ! Ed. Actes Sud – 266 pages Amélie Collard


LA BAIGNADE Emma Lidia Squillari signe un album prétexte à raconter une jolie histoire d’amitié. Une journée banale qui, par l’agencement des événements, devient extraordinaire. L’oie Odile a décidé d’aller se baigner dans l’étang. Pour rompre la monotonie de l’exercice, elle a choisi d’inviter ses amis. Seul le chat Charlot refuse de se joindre à eux car, chacun le sait, les félins se défient de l’eau. Voilà donc Coco le cochon et Pattie le canard qui lui font cortège en direction de la mare paisible. Alors que ses compagnons prennent le temps de s’installer sur la berge, Odile plonge en provoquant des orbes. Mal lui en prend, car un animal monstrueux l’observe dans la vase, avec deux petits yeux cruels. Grand instant de terreur. N’écoutant que leur courage, ses amis décident d’élucider ce mystère. Il apparait très vite qu’il s’agit de perles enfouies dans la boue et qui la dotent de l’apparence d’un regard fixe. Le trio éclate de rire. Qu’est-ce qu’Odile a pu être naïve ! Bilan de cette escapade : plongeons et éclaboussures à gogo et, également, accumulation d’un petit trésor fait de sept perles, d’une capsule en métal, d’un bouton violet et de trois piécettes. Quant à Charlot, il invite Odile à lui narrer sa journée peu ordinaire ! Ed. Grasset Jeunesse – 32 pages Sam Mas

UN TRÉSOR LOURD À PORTER Quelle malédiction que celle de naître dragon, même si on dispose d’un tas d’or et qu’on peut se reposer sur lui. Sa famille lui a toujours vanté les bienfaits d’être riche, mais il ne comprend pas les raisons de cette joie, car cette situation l’oblige à demeurer vigilant et à ne pas voyager afin de veiller sur cette fortune. Pouah ! Contre l’avis de tous, il décide de trouver un sens à son existence et de suivre sa raison. Puis, une rencontre fait tout basculer. Une rencontre qui annonce une belle amitié, une ouverture vers cet ailleurs jusqu’ici inaccessible. Maxime Derouen nous livre un roman jeunesse qui s’affranchit des codes, pousse au dialogue et ressemble à un rite de passage. En quelques jours, le petit dragon grandit, se forge un avis sur son avenir et décide de choisir par lui-même. Un monde nouveau se présente et il plonge dedans sans peur aucune, tout en sachant que son père n’abandonnerait pour rien au monde les valeurs auxquelles il tient plus que tout. Prendre le large et voler vers la ligne d’horizon, chevauché par son nouvel ami, il détourne ainsi volontiers le regard du passé lorsque ce dernier se ponctue de notes tristes et fades. En battant des ailes, le jeune dragon file droit, sans appréhension et avec l’envie de mordre dans chaque chose avec une gourmandise non feinte et une curiosité qui l’aidera à devenir adulte ! Ed. Grasset Jeunesse – 76 pages Sam Mas


PIERRE HUBERMONT - ÉCRIVAIN PROLÉTARIEN - DE L'ASCENSION À LA CHUTE L’homme est né non loin de chez nous, dans le Borinage à l’aube du XXe siècle. Il est avant tout réputé comme écrivain, mais aussi comme rédacteur pour le compte de L’Avenir du Borinage et du Peuple. Lorsque les années 40 démarrent pour une période terrible, il a participé à diverses revues littéraires progressistes. Très à gauche dans le P.O.B., mais anticommuniste, il a collaboré avec l’occupant, d’abord comme journaliste, avant d’animer la Communauté Culturelle Wallonne. Arrêté en 1944, il a été mené devant le conseil de guerre. Son avocat lui a sauvé la vie en plaidant l’irresponsabilité et en invitant les juges à comparer ses écrits avant et pendant le conflit, tout en insistant sur ses liens familiaux. Que reste-t-il aujourd’hui de ce personnage complexe ? Daniel Charneux, Claude Duray et Léon Fourmanoit ont ouvert les archives pour le remettre dans son contexte historique et revenir sur son tempérament. L’homme nous a laissé plusieurs romans, dont Treize hommes dans la mine. En 1935, un texte dans un ouvrage collectif baptisé la Nuit des Longs Couteaux dénonce les atrocités, les massacres et les camps de concentration du régime avec lequel il a néanmoins collaboré quelques années plus tard. Sans a priori et avec une honnêteté digne d’intérêt, les trois auteurs reviennent sur un être qui a marqué l’histoire sociale du Borinage, tout en optant pour des prises de position qu’on lui a reprochées ultérieurement. Ed. M.E.O - 232 pages Sam Mas

LES COULEURS DE LA PEUR Il ne s’agit pas d’un roman, mais d’un recueil de nouvelles qui brassent le chaud et le froid, qui empruntent les sentiers sinueux de l’étrange pour se vautrer dans des mondes a priori loin de nos habitudes. Avec une plume enlevée, Isabelle Fable mise sur la diversité afin de nous enchanter, nous faire frémir ou nous amener à tester la distance qui nous sépare de mondes qui ne nous sont guère familiers ou qui, au contraire, présentent tous les aspects du quotidien. De meublé en château, de grenier en cachot, d’Afrique en Italie, elle fait voyager ses personnages saisis dans une spirale entre passé et présent, rêve et réalité, bonheur et horreur, avec un concentré de toutes leurs peurs et illustrés de mille couleurs. Tout s’y chevauche dans un ordre réfléchi : vie, mort, amour, mystère, démence, cruauté…ensemble servi par un rythme serré. Au demeurant : dix récits plus ou moins longs qui crispent les entrailles et font la part belle à l’imaginaire. Ed. M.E.O – 139 pages Sam Mas


LES ÉTÉS DE JEANNE L’aube des sixties marque une période d’affranchissement, loin de la place réservée aux filles jusqu’alors. Durant la seconde décennie qui a suivi la guerre, la jeunesse sort de l’ombre et s’impose en mordant dans la vie pour ruer dans le carcan des conventions, pour s’épanouir loin des repères des aînés en se cherchant, en mordant dans la joie de vivre et en exigeant d’exister. Désormais, les gamines d’hier flirtent, deviennent baby-sitters, monitrices et dansent à l’envi. Parmi elles, Jeanne n’a pas peur du loup, tout en n’affichant aucune volonté d’être féministe. Entre Bruxelles, Koksijde, Ostende et Paris, elle dévore la liberté, côtoie les hommes avec impudence, dénonce le faux angélisme des adolescentes en revendiquant la possibilité de dire non. Elle découvre également l’amour dans un monde où la pilule est encore à venir. Nicole Marlière signe un roman qui parle d’un temps révolu, où énormément de choses étaient à apprendre. Une époque sans réseaux sociaux, sans possibilités multiples de traverser les océans et au cours de laquelle il incombait de tracer sa voie pour trouver la félicité telle qu’on l’envisageait. Ed. M.E.O. – 115 pages Sam Mas

AU REVOIR LISA Le jour où la foudre frappe un vieux tilleul debout face à la maison d’Eugénie, cette dernière valse sur le sol de sa cuisine. Emmenée à l’hôpital, elle y reçoit rapidement la visite de sa fille Lisa. L’occasion de dresser le bilan d’une existence et d’exorciser certains démons. En ouvrant la Boîte de Pandore, on ignore toujours ce qu’elle libère. L’occasion de revenir sur des faits passés dont la cadette ignorait les tenants, qu’on lui a tus et d’exhumer une série de secrets familiaux pas toujours bons à entendre. De quoi accusait-on Auguste, le père amené à fuir loin ? Pour quelle raison le couple s’est-il séparé ? Où a-t-elle réellement été conçue ? Voilà quelques questions qui trottent toujours dans l’esprit le la fille. Puis, à quoi rimaient ces cartes postales expédiées des quatre coins du pays, ainsi que d’Italie et de France ? Il lui faut à présent desceller les pierres d’un mur fixe qui s’est érigé entre elle et ceux qu’elle aimait. A force de vivre dans le déni ou la résilience, on passe forcément à côté de quelque chose. Quant au titre, il renvoie à une carte expédie par son géniteur et au verso de laquelle il avait noté : « Tu me manques, ma petite fille. Je promets de t’amener ici pour te montrer toutes ces beautés. Avec ta maman, si elle se souvient. Au revoir, Lisa. Papa. » Ed. M.E.O. – 126 pages Sam Mas


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.