Bruxelles Culture mars 2021

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BRUXELLES CULTURE 5 mars 2021 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com

RENCONTRE : FLORENCE MINDER


RENCONTRE : FLORENCE MINDER Fauché en plein vol par la fermeture des salles, le spectacle « Faire quelque chose (c’est le faire, non) » devra attendre la saison 2021-2022 pour retrouver le public. Florence Minder, metteure en scène suisse installée à Bruxelles, nous en dit plus sur les conséquences engendrées par cette situation. À quelle étape du spectacle « Faire quelque chose (c’est le faire, non) » en étais-tu, lorsque l’annonce de la fermeture des salles est tombée ? Le spectacle a été joué cinq fois. Trois fois à Mons et deux fois à Charleroi. Il était attendu à Dieppe, avant d’être accueilli à Bruxelles au Varia. La pandémie a stoppé brutalement les représentations. Avant la création, il n’y avait aucune certitude que le spectacle soit présenté. Comment se sont déroulées les répétitions dans les conditions incertaines du premier confinement ? D’un point de vue administratif, une grosse surcharge de travail s’est présentée. Il s’agissait, notamment, de trouver des nouvelles adaptations et de revoir sans cesse le cadre de production en fonction de l’évolution des mesures sanitaires. En ce qui concerne le travail artistique, une semaine avait déjà été perdue à Dieppe au mois d’avril, situation qui a changé le processus même du travail. D’habitude, je progresse par fragmentation avant d’arriver à la finalité, en laissant passer un peu de temps entre deux sessions. Or, là, la chose n’a pas été possible. On a joué à Charleroi en décembre 2019, puis rien jusqu’au 17 août 2020, avec la première prévue le 29 septembre. Donc il y a eu un grand vide, que j’ai quand même tenté de combler, notamment avec une lecture Zoom et une rencontre avec toute l’équipe. Une autre complication tenait du fait qu’il fallait se décider sur le plan esthétique, alors que le jeu des interprètes ne pouvait pas avancer. On évoluait dans des temporalités assez différentes, qui ont impacté la méthodologie de travail. Toutefois, il fallait vivre avec cette réalité. Pour moi, c’était la première fois que je fonctionnais avec une esthétique installée avant le travail de plateau. Est-ce que les rapports au sein de l’équipe artistique ont également été impactés par ces incertitudes ? Au niveau de la gestion psychologique de l‘incertitude, on s’est octroyé beaucoup d’espaces de parole. On a vraiment essayé de faire en sorte que tout le monde se sente en sécurité. On a beaucoup réfléchi à la manière de mettre en place un démarrage de travail, avec un arsenal de mesures comme le nettoyage très fréquent des espaces, l’adaptation des horaires, la limitation du service technique en matinée, etc. La question du test s’est également invitée dans le débat. On a donc proposé à l’équipe ce que j’ai appelé un « Budget de santé personnel en temps de pandémie mondiale », qui équivalait au prix d’un test. Libre donc à chacun de le dépenser en passant par la phase dépistage ou à utiliser ce montant dans une herboristerie pour booster son immunité. Tout le monde, de manière individuelle, a choisi la deuxième option. Finalement, on a déployé une espèce de « culture de l’immunité », où chacun partageait ses bons plans, engageait une discussion vivante et témoignait de son ressenti. Face à la Covid, il importait de réagir. Plusieurs membres de l’équipe, dont moi-même, avons des enfants qui fréquentent l’école ou vont à la crèche et qui sont potentiellement porteurs du virus. De manière responsable, chacun s’est ainsi engagé à prendre soin des autres. Une des conditions impliquait d’avertir immédiatement l’équipe en cas de symptômes et de se placer en quarantaine. Renoncer aurait été une catastrophe. Heureusement, dans la pièce, il n’y avait pas de contacts rapprochés. Les actrices et les acteurs ne se touchent presque jamais. Qu’est-ce que ces bouleversements ont changé pour toi ? As-tu le sentiment d’avoir dû abandonner des idées que tu projetais en amont ?


Je n’ai pas eu la sensation d’abandonner quoi que ce soit. Par contre, j’ai eu la sensation que je ne maîtrisais pas l’entièreté du processus créatif. Au début, je me suis même demandé s’il ne valait pas mieux tout annuler. Mais j’étais bien entourée pour garder le cap et je pensais aussi qu’il était vraiment important de ne pas baisser les bras. Au final, je suis très contente du spectacle. Maintenant, si je reviens sur la question du processus, je peux exprimer certains regrets sur le fait que le spectacle ait été peu joué. Avec le recul et le report d’une partie des représentations, comment vois-tu la suite et la reprise ? Comme d’autres gens du métier, je vis une période qui me donne l’impression d’être dans un drôle de mouvement. Je pense que le spectacle sera très bien dans un an et je n’ai pas du tout peur qu’il vieillisse. Ce qui crée une sorte de frustration, c’est plutôt la raison pour laquelle les théâtres sont fermés. Ils ont mis énormément de choses en place pour qu’ils ne deviennent pas des foyers de contamination. Il est donc particulièrement difficile de voir les magasins non essentiels rester ouverts, alors que les lieux culturels doivent garder portes closes. Pour moi, cela est un vrai problème. On a le droit de défendre un projet de société qui n’est pas celui de la consommation ! C’est difficile de sentir à quel point, encore une fois, la culture, les arts, l’éducation et la santé sont mis de côté. Je trouve très bien qu’on ait le droit de répéter mais, sur la durée, je ne nous vois pas répéter des projets qui ne se joueront jamais devant un vrai public. Ce serait occulter le fait que la rencontre avec les spectateurs représente l’ossature de notre labeur. Durant l’été, comment avez-vous vécu le fait de jouer devant des gens masqués, sans fête, sans rencontre et sans un endroit de jonction entre les artistes et le public après le spectacle ? C’est étrange de jouer devant des gens masqués, parce qu’on perd énormément d’informations. Je me suis fait la réflexion qu’un des seuls indices qu’on perçoit est le rire, parce qu’on l’entend. Mais tout le spectacle ne peut pas se délimiter par les rires qu’il reçoit. Du coup, on se demande si le public est bien avec nous. Une situation très particulière. Maintenant, à choisir, je préfère jouer devant des gens masqués que de n’avoir personne dans la salle. Quant à l’absence de rencontre après le spectacle, cela équivaut à un réel problème. J’ai reçu de nombreux retours de spectateurs frustrés de ne pas pouvoir échanger avec l’équipe. C’est comme leur dire : C’est bon, vous avez vu notre truc, maintenant rentrez chez vous ! Quelle est ton opinion sur la diffusion de spectacles en streaming pour pallier la fermeture des salles ? Le théâtre est une expérience physique et collective donc, pour moi, jouer, devant des sièges vides n’a aucun sens. Une pièce de théâtre se déploie parce que les corps en présence s’envoient des informations en temps réel. C’est charnel, hormonal, sensible mais, surtout, collectif ! Quand on va au restaurant, le cadre dans lequel on commande un plat et avec qui on le partage influence la façon dont les goûts s’expriment. Se rendre au théâtre revient également à vivre une expérience esthétique et sonore à plusieurs. On sait la magie des concerts et comment un espace et une temporalité sont des étapes fondamentales dans la vie des artistes. Donc, cette expérience virtuelle ou télévisuelle, ne peut pas, à mon sens, être perçue comme une compensation, même si je peux imaginer une version créative de mon spectacle, avec un budget pour refaire


un projet qui fasse fonctionner les ressorts dramaturgiques du numérique. Mais toute cette énergie pour créer une expérience par écran ne me convainc pas. Notamment aussi à cause de tout le temps qu’il me faudrait alors passer … devant l’écran ! Penses-tu que cette situation d’un théâtre émancipé du nombre de ses spectateurs puisse permettre de repenser différemment la relation avec le public ? Je trouve que cette question touche autre chose : Est-ce que le théâtre reste toujours un foyer ? Un foyer au sens du feu et autour duquel les gens se réunissent. Est-ce que vraiment le théâtre est encore l’endroit où on se sent au chaud, où on va se nourrir et nourrir nos sens en règle générale ? Je pense que c’est cet endroit-là qui doit être repositionné. Une salle pleine est évidemment souhaitable ! D’après toi, qu’est-ce qui est susceptible de changer au sortir de la crise, en termes de production, de programmation, de création… ? Il s’agit d’une question difficile, sur laquelle beaucoup de gens travaillent depuis longtemps, et je ne suis peut-être pas la plus qualifiée pour répondre. J’ai l’impression que le premier cœur serait de conscientiser que, quelles que soient nos esthétiques théâtrales, nous défendons la place de l’imaginaire dans la société et que nous sommes des experts de la fiction. Nous construisons et déconstruisons des récits, nous les mettons en perspective, nous incarnons d’autres existences que les nôtres et visibilisons les récits collectifs qui nous déterminent. Le terme de fiction ne se limite pas à une série télé ou à un film. Les fictions sont aussi politiques, quand on constate que certains récits sont davantage médiatisés que d’autres, quand notre perception du monde est limitée par des algorithmes ou quand, par exemple, nous découvrons que des manuels scolaires ont invisibilisés le clitoris jusqu’en … 2017 ! Comprendre les ressorts d’une fiction, quels desseins politiques sert-elle ou à qui profite-telle, voilà l’essentiel à circonscrire pour chaque citoyen. Ensuite, plus concrètement, on ne va pas sortir grandis de cette crise si chacun tente de sauver sa peau en ne tenant pas compte des autres. Les conséquences de cette pandémie, de l’écrémage actuel et de la précarisation des plus fragiles conduiront sans doute à une polarisation du milieu. Il ne faudrait surtout pas que les structures et que les artistes les plus établis sortent solidifiés, tandis que les moins armés disparaissent ! (Vous serez informés de la reprogrammation de ce spectacle, notamment, via le site www.varia.be) Sylvie Somen et Aurélia Noca Photos © Hubert Amiel

DERNIER TOUR DE PISTE POUR JEAN GRATON Son nom a été synonyme de courses automobiles dans l’univers de la bédé. En créant son héros Michel Vaillant, Jean Graton a donné ses lettres de noblesse à la Formule 1 en imaginant les aventures d’un personnage sans peur. Jean Graton doit d’abord trouver le nom de son personnage. Celui-ci sera courageux : le patronyme « Vaillant » est donc parfait. En face habite un passionné de trial, dont les deux fistons pilotent des motos. Le plus jeune des deux se prénomme Michel. L’identité du protagoniste est donc là ! S’inspirant toujours de ses voisins, il dote Michel Vaillant d’un père et d’un frère, mais remplace les motos par des voitures. À partir de 1957, quelques récits de quatre ou cinq pages sont publiés pour tester le public. Le magazine « Tintin » se montre acquéreur. En 1959, le premier album cartonné sort dans les librairies, il s’agit de « Le grand défi ». Un succès de vente. La suite est connue : les aventures se succèdent avec panache, faisant vrombir les moteurs sur le macadam. Pour avoir les mains libres, le sieur Graton créé en 1982 sa propre maison d’édition. Les plus âgés se souviennent peut-être de la série TV diffusée dans l’écran noir et blanc de la petite lucarne. C’était en 1967 ! Une série en version dessins animés voit le jour en 1990. Également un film tonitruant mis en chantier par la maison de production de Luc Besson. Un OVNI dispensable qui ressemble à un long clip vidéo. En parallèle, le bonhomme lance deux séries : « Julie Wood » et « Les Labourdet ». Plutôt que de laisser mourir le pilote le mieux aimé des amateurs de phylactères, il confie son destin à une nouvelle génération de dessinateurs et de scénaristes à l’heure de sa retraite. Jean Graton s’éteint le 21 janvier dernier. André Metzinger


EXPOSITION : MARS À ESPACE ART GALLERY Après un mois de février secoué par les vents et bousculé par la mutation du coronavirus, Espace Art Gallery a su maintenir ses activités avec un Salon international représentatif des différents artistes qui y sont venus exposer leurs œuvres antécédemment, affichant une belle diversité autant que de l’originalité. Chacun, même si tous ne bénéficient pas de la même mécanique promotionnelle, a trouvé une voie personnelle, dans laquelle il s’applique avec ferveur. Il y a encore quelques semaines, face à l’incertitude ambiante, la grande question était de savoir s’il demeurait judicieux de maintenir ou d’annuler l’exposition planifiée depuis plusieurs mois pour mars 2021. En pesant le pour et le contre, Jerry Delfosse, patron de l’enseigne, a décidé de se retrousser les manches et de ne pas se laisser vaincre par l’apathie ambiante. Le public a besoin d’art pour respirer, autant que l’air est nécessaire à sa survie. Alors, quitte à se voir interdire le verre de l’amitié dans le cadre du vernissage, il a choisi d’envisager cet événement sous les auspices les meilleurs. S’appuyant sur un savoir-faire acquis depuis plus d’une décennie et demie, il a rassemblé une poignée de créateurs pour un accrochage rempli de promesses, de chaleur et de couleur. L’occasion de se laisser charmer par des toiles aux atmosphères chatoyantes, avec des volutes chromatiques, un trait serré ou une option qui privilégie l’abstraction. Les pièces en enfilade d’EAG accueillent donc les réalisations de Victor Barros, qui nous a quittés trop tôt. Cet artiste laisse derrière lui une œuvre plurielle qui poursuit sa trajectoire sans son géniteur, afin de nous amener à connaître son art si particulier de peintre éclectique, nourri d’influences américaines et européennes avec, parfois, des éléments qui renvoient à l’histoire de l’art ou à l’histoire tout simplement. Né en Equateur, il a quitté son pays au cours des années soixante, dans l’intention de parcourir les deux hémisphères à la recherche d’inspiration., de contacts, de liens amicaux et passionnés. Passant d’un territoire à l’autre, il a sauté les frontières pour aboutir à Madrid, ville rayonnante, et à Varsovie, avant de déposer ses bagages à Bruxelles et solliciter la nationalité belge. Amoureux de la vie, il faisait partie de ces créateurs que rien ne pouvait inhiber et qui ne s’entravaient d’aucun tabou. Avec une palette colorée, il aimait donner naissance à des tableaux d’une vraie richesse, où les contrastes dominent, jonglant avec les styles, passant de l’expressionnisme au folklore, sans oublier une diversité d’ascendances, alliant l’érotisme à la poésie, la sensibilité à l’humour, la figuration à l’abstraction. Mais la peinture ne lui suffisait pas. Il gravait et sculptait. Intuitif, il renonçait à toute théorisation et suivait le cours de ses émotions sans procrastiner. Son objectif était de demeurer sincère, sans se laisser racoler par les modes. Le présent éclairage se veut une rétrospective, certes subjective de plusieurs années de création, une sorte de raccourci destiné à mieux faire connaître chez nous ses travaux, alors que de nombreuses capitales se targuent de posséder plusieurs d’entre eux aux cimaises de musées divers. Il aurait bientôt eu quatre-vingt-trois ans. Lucja Wierzchucka a rassemblé autour d’elle un collectif de femmes pour témoigner de la vitalité de la création au féminin. D’origine polonaise, cette licenciée en philologie pratique la terre glaise depuis 1978. Ses sculptures évoquent la fragilité de l’existence, ses hauts et ses bas, ses errements et ses espoirs. Ces dernières années, elle a particulièrement été active en participant à de nombreuses manifestations privées ou collectives. Pour la présente exposition, elle est accompagnée par les sœurs Maria (monotypes) et Ania (bijoux contemporains) Janiga, Joanna Koston (peintures) Hoang Thi Ngoc An (aquarelles et encres de Chine), Aleksandra Bujakiewicz (peintures) et Magdalena Pelcer (peintures). De son côté, Jacqueline Kirsch peint des enfants. Cette exposition est à visiter du mercredi au samedi de 12heures à 18 heures du 4 au 28 mars 2021 à Espace Art Gallery. Plus de détails sur le site officiel www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié


RETROUVEZ LES ŒUVRES DE MAURICE FRYDMAN À ART-LOFT GALLERY ! Né à Paris en 1928 dans une famille immigrée de Pologne, Maurice Frydman vit et travaille à Anderlecht. Passionné d'anatomie humaine, il dédie son travail au thème du couple et de l'enfant. De plus, il est hanté par le potentiel destructeur de l'humanité, sa barbarie et ses crimes. L'amour et la violence sont deux thèmes récurrents qui imprègnent son travail, qui est guidé par son histoire personnelle et ses souvenirs profonds liés à la Shoah. L'œuvre contemporaine de Maurice Frydman semble entretenir très peu de contacts avec ses productions précédentes. Le fossé est grand entre l'œuvre figurative d'expression classique et l'œuvre abstraite qu'il construit aujourd'hui à partir du film plastique, une technique qu'il est le seul à utiliser aujourd'hui. Avec lui, le plastique transformé en grand monochrome devient une autre manière d'évoquer la peau humaine, avec ses rides, ses plis, ses blessures, sa tendresse, ses larmes. Le critique Pierre Sterckx a écrit en 2010 concernant cet artiste : Maurice Frydman abandonne donc brutalement les outils traditionnels du peintre et sculpteur, outils qu'il connaissait bien, pour suivre le nouveau chemin qu'il avait découvert et qui serait centré sur le« pli »et« l'extensibilité . Cette approche a ouvert toutes les variables possibles du corps considéré comme une « peau de lumière. Le film plastique, grâce à sa souplesse et sa transparence, est devenu le film auxiliaire qui se prête aux torsions, étirements, plis et plis, presque jusqu'au point de rupture… Ses œuvres s’invitent dans le cadre d’une exposition collective intitulée « Emotional material » qui se déroule jusqu’au 21 mars 2021 à Art’Loft. Voyez tous les détails sur le site www.artloft.eu Rue du Charme, 36 à 1190 Bruxelles

APPEL À PROJET MASCARADE EN ROUGE ET NOIR Nous voilà bientôt dans la période du rouge et du noir, couleurs emblématiques du Festival International du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF). Afin de célébrer cet événement (même s’il ne se déroulera pas selon le canevas traditionnel), le Musée d'Art Fantastique lance un grand appel à projets basé sur les couleurs fétiches de ce festival cinématographique hors du commun. Dessinateurs, illustrateurs et graphistes, sont invités exprimer leur créativité autour de ces deux couleurs et dans l'univers du fantastique. Les œuvres devront être envoyées au format A4 paysage (horizontal) PDF 300 dpi. Chacune d’elles devra reprendre uniquement les couleurs du rouge et du noir et du blanc et devront avoir un rapport avec le fantastique. Chaque œuvre sélectionnée sera éditée en trois formats différents et constitueront l'ensemble d'une exposition collective. A cet égard vous trouverez le gabarit à respecter ainsi qu'un exemple de visuel à télécharger sur le site de l’organisateur A cela, les travaux seront également édités sous forme de cartes postales en édition limitée à cent exemplaires, dont vingt-cinq seront offerts aux artistes sélectionnés. Chaque artiste sélectionné recevra également un masque de sa création. L'exposition se déroulera du samedi 3 au dimanche 18 avril au Musée d'Art Fantastique. Attention : date limite des envois le 5 mars 2021. Ne tardez donc pas ! De surcroît, un marché avec les artistes sélectionnés sera organisé en date du lundi de Pâques. A l'issue de l'exposition, six prix seront décernés. Les lauréats pourront exposer lors d'une seconde exposition collective dédiée à leur travail. Afin de connaitre l'ensemble des directives techniques et le règlement de participation, veuillez vous référer au règlement téléchargeable via le site www.fantastic-museum.be


EXPOSITION : CHOCO LOCO Plongez dans l’univers gourmand du chocolat au cœur de Train World ! Tout comme le chemin de fer, le chocolat belge doit sa renommée internationale aux progrès industriels des 19e et 20e siècles. L’exposition "Choco Loco" vous invite à découvrir ces 2 univers, éloignés et proches à la fois. Cette expo au parfum de cacao vous présente une vingtaine de sculptures originales en chocolat créées spécialement pour l'occasion. Celles-ci ont été imaginées par François Schuiten, auteur de bandes dessinées à succès et scénographe de Train World, et réalisées par les chocolatiers sculpteurs Peter Teerlinck et Bart Steegmans de Sculpture Events. Ces sculptures, qui s'inspirent de l’univers ferroviaire, entrent en résonance avec les authentiques locomotives et le décor éblouissant de Train World. Les deux chocolatiers belges de renom, Pierre Marcolini et Dominique Persoone, dont la collaboration est une première, sont les parrains de cette expo. Ces deux artistes ont imaginé pour l’occasion, une tablette de chocolat inédite appelée L'Étoile du Nord. Cette gourmandise a été préparée avec les meilleures fèves de cacao Criollo, une fève blanche très rare et très recherchée par les chocolatiers. Celles-ci ont été cultivées de manière durable et éco-éthique dans le domaine de Mathieu Brees, un planteur belge installé au Mexique. Cette tablette de chocolat sera exclusivement disponible dans la boutique de Train World. Activités au programme pendant l'expo "Choco Loco" : Une conférence sur le thème du chocolat équitable - Des séances de dégustation autour du chocolat Des visites guidées thématiques, données par nos guides expérimentés - Des balades littéraires - Une activité familiale accessible à tous - Des stages "chocolat" pour enfants pendant les congés scolaires L'organisation d'excursions d’une journée, en collaboration avec Concept Chocolate et Choco Story Brussels - Un pop-up store gourmand ! « Choco Loco », une expo qui vous fera fondre et quia été prolongée jusqu’au 18 avril 2021 au Train World. Davantage de détails sur le site www.trainworld.be Place Princesse Elisabeth, 5 à 1030 Bruxelles

EXPOSITION : COMÈS À HUIS-CLOS Comès est l'un des auteurs majeurs de la bande dessinée belge, un maître du noir et blanc et du fantastique. Il s’en est allé en 2013, sans jamais avoir eu les honneurs d'une grande exposition bruxelloise. La Fondation Roi Baudouin tenait à y remédier. L’hommage « Comès à huis clos » a débuté en septembre dernier, en même temps que « Comès d’Ombre et de Silence » au musée BELvue. A la Maison Autrique, redécouvrez l’album EVA du dessinateur, œuvre patrimoniale des Éditions Casterman. Une ode en noir et blanc aux mys-tères de l’âme humaine. Les planches originales et les objets présentés dans l’exposition « Comès à huis clos » proviennent du don effectué par les frère et soeurs de Didier Comès, coll. Fondation Roi Baudouin en dépôt au Musée en Piconrue (Bastogne). Un événement qui se tient à la Maison Autrique jusqu’au 2 mai 2021. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.autrique.be Chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles


EXPOSITION : SUR LES TRACES DE BOB ET BOBETTE "L’éléphant siffleur", le trois cent cinquante-sixième album de la série Bob et Bobette revient à l’époque du premier voyage en train en Belgique, qui s’est déroulé le 5 mai 1835. Avec Lambique, Jerôme et le professeur Barabas, nos deux jeunes héros se lancent dans une aventure ferroviaire passionnante. Une version exclusive de cet album, en édition limitée à 2.500 exemplaires, est uniquement en vente à la boutique de Train World ! Cependant, ce n'est pas la première fois que le train est le théâtre de leurs incroyables histoires. Les trains, le chemin de fer et les gares ont joué un rôle important dans de nombreux autres classiques du Studio Vandersteen : « La Locomotive en or », « Le Testament parlant » et « Les Diables du Texas ». Visitez cette mini-exposition et apprenez-en plus sur le rôle du train dans le monde merveilleux de la bande dessinée belge, ainsi que sur le processus de la création d’un album en suivant le fil de dessins originaux et de multiples croquis. L'accès à cette expo est inclus dans le prix d'entrée à Train World et est à découvrir jusqu’au 7 mars 2021. Voyez toutes les conditions sur le site www.trainworld.be Place Princesse Elisabeth, 5 à 1030 Bruxelles

EXPOSITION : BRUNO HELLENBOSCH Bruno Hellenbosch puise à vif dans l’imagier de l’histoire de l’art, intégrant les éléments iconographiques de la peinture de la Renaissance ou des peuples de Papouasie. De l’accointance inattendue des gargouilles et des crevettes, des masques africains et de l’Hydre de Lerne, d’une Annonciation et d’une clé de vie égyptienne, d’un portrait de Basquiat et du logo Facebook, naît le sentiment grisant et vertigineux d’être face à l’histoire de l’humanité toute entière. Inspirée également des grands textes de la littérature depuis Gilgamesh, cette encyclopédie universelle des accomplissement humains dans ce qu’ils ont de dérisoire, de drôle, de génial, est un émerveillement. J’aime penser que cet émerveillement du spectateur contemporain est semblable à celui qui était suscité par les fresques des temples, les détails des frontons d’église, les enluminures des manuscrits… Quand la lecture d’une image ouvre une porte sur quelque chose qui dépasse l’Homme. En parallèle à son activité de peintre, Bruno Hellenbosch a développé ces dernières années un monumental travail de gravure sur bois. Lauréat en 2007 du Prix de la Gravure et de l'Image imprimée à La Louvière, il a depuis continué à creuser des plaques, explorant des formats de plus en plus grands. La matrice gravée, travaillée, encrée, devient alors sculpture et peinture, outil et résultat. Elle porte en elle les marques physiques du geste, de ce qui est supprimé pour mieux laisser apparaître, et nous souhaitons la montrer, l’exposer, avec ses émouvantes et nobles cicatrices. Nous présenterons également des tirages se rapprochant davantage du monotype : rejetons de la matrice remaniés, retravaillés, redessinés. Ses travaux sont exposés jusqu’au 11 avril 2021 à la Galerie DYS. IUL s’agit principalement de bois gravés récents et des tirages uniques. Vous pouvez consulter le site www.galeriedys.com pour obtenir tous les détails complémentaires. Rue de l'Arbre Bénit, 84 à 1050 Ixelles


EXPOSITION : MASCULINITÉS En Belgique, les créateurs de mode masculine comptent parmi les plus influents au monde. Pourtant, aucun musée belge n’avait encore traité le sujet de la mode masculine. À travers Masculinities, la nouvelle exposition du Musée, venez découvrir les codes de la masculinité et son évolution. De la « Grande Renonciation Masculine » de la fin du 18e siècle à la mode non genrée de 2020 en passant par le costumecravate, découvrez les codifications de la masculinité. Tout comme la féminité, qui est son miroir, la masculinité évolue. Au fil des siècles, les hommes ont changé d’apparence. Jusqu’au 18e siècle, le vêtement masculin se parait encore de formes brillantes et raffinées, bien loin des costumes sobres qui se sont imposés par la suite. Depuis les années 1980, l’homme a reconquis une certaine liberté vestimentaire. Mais les tabous sont-ils vraiment tombés ? Laissez-vous guider par cette exposition jusqu’au 13 juin 2021 au Musée de la mode et de la dentelle et découvrez les codes de la masculinité et son évolution. Davantage de détails sur le site www.fashionandlacemuseum.brussels Rue de la Violette, 12 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : ATOMIUM 58 Le 17 avril 1958, la dernière Exposition universelle et internationale organisée par la Belgique est inaugurée sur le site du Heysel à Bruxelles. Evénement riche en couleur, porteur d'un message d'optimisme sans limite et miroir d'une société confiante en son avenir, L’Expo 58 constitue un élément privilégié de notre mémoire collective. L’exposition permanente retrace plus de soixante ans d'histoire de l'ancien pavillon de l'Expo 58 aujourd'hui devenu le symbole international de la Belgique et de Bruxelles. Un second volet est consacré au déclin de l'édifice dans les années nonante, suivi de sa réouverture en 2006 pour aboutir au projet actuel. Depuis le 21 juillet 2020, l'exposition permanente s'est enrichie d'une maquette du site de l’Expo 58 réalisée par Etienne Tollenaere en marque de son soutien à l'Atomium. Derrière cette initiative se cache une très belle histoire, celle d'un passionné de dessin et de modélisme, qui, une fois pensionné, s'est mis à travailler sur la maquette de ce lieu qu'il a visité plus de 40 fois avec sa petite sœur alors qu'il avait 12 ans, en 1958. Sur base des dessins qu'il a réalisés à l'époque et évidemment avec l'appui de nombreuses recherches, Etienne Tollenaere s'est lancé dans une méticuleuse aventure. Il a passé plus de 1.700 heures à réaliser une maquette d'une précision extrême, à l’échelle. Jusqu'au moindre détail, rien ne manque : les pavillons, les couleurs, les visiteurs sont là... même le nombre d'arbres présents en 1958 devant les bâtiments est respecté. Si tout le monde a déjà vu l'Expo 58 en photo, en vidéo, parfois même en couleurs, il s'agit de l'unique représentation 3D du site de l'exposition universelle qui s'est tenue en Belgique en 1958. Un événement à découvrir sur trois niveaux. D'une part dans la sphère de base (niveaux 1 & 2) où, à travers des documents d'archives, des photographies, des vidéos d'époque et de nombreuses maquettes, le visiteur fera une plongée au cœur de cette prestigieuse et inoubliable aventure. Et d'autre part au panorama (niveau 7) où le visiteur aura l'occasion de comparer la vue actuelle avec celle que ses prédécesseurs pouvaient avoir en 1958. Pour les uns, ce sera l'occasion de redécouvrir cet événement enchanteur; pour les autres à qui l'Expo 58 et sa quête de progrès et de bonheur n'évoque rien de familier, de comprendre ce rêve qui fait encore aujourd'hui la magie de l'Atomium. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.atomium.be Place de l’Atomium, 1 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : JUANJO GUARNIDO Connu pour sa remarquable série Blacksad, Juanjo Guarnido est un auteur dont le talent a vite traversé les frontières. Né en Espagne en 1967, il est depuis toujours féru de dessin. Après des études aux Beaux-Arts de Grenade et de nombreuses collaborations dans les fanzines, il travaille pour des séries télé à Madrid puis rejoint l’équipe des studios Walt Disney de Montreuil. Avec Juan Diaz Canales comme scénariste, il crée son premier album « Quelque part entre les ombres » (Dargaud, 2000) et entraîne le lecteur au cœur de l’Amérique des années 50 et des enquêtes du détective privé John Blacksad. Cette série animalière compte à ce jour cinq volumes traduits en plusieurs langues et de nombreux aficionados. Guarnido excelle dans ses dessins à l’aquarelle et la création d’ambiances. Que ce soit dans la noirceur de ruelles sombres ou sous la lumière éclatante de la Nouvelle-Orléans, le pinceau du maestro fait merveille. Il dessine également Sorcelleries (Dargaud), les aventures d’une fée au pays de sorcières écrites par Teresa Valero. Avec Alain Ayroles au scénario, il se consacre à un nouvel album, Les Indes Fourbes (Delcourt), qui fait revivre le Siècle d’Or espagnol et le Nouveau monde. Des premiers crayonnés aux planches finales, l’exposition permettra de découvrir l’univers fascinant d’un auteur contemporain majeur ! Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 15 mai 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : MIDAM De ses premiers dessins aux œuvres les plus récentes, l’auteur belge Midam cultive l’art du rire et met son talent au service du gag. Les albums de Kid Paddle, connus et traduits dans le monde entier, symbolisent à eux seuls cet univers humoristique devenu un incontournable de la bande dessinée européenne. S’il dessine depuis toujours, Midam entre dans la profession en rejoignant l’équipe de Spirou, pour lequel il crée de nombreux dessins afin d’animer les rubriques du journal. À partir de 1993, il met en scène le personnage de Kid Paddle dont les aventures en mode jeu vidéo connaissent un succès grandissant auprès du public. Dès 2003, l’univers se prolonge avec la série Game Over, présentant les aventures du « Petit Barbare », l’avatar virtuel de Kid. Retraçant plus de vingt ans de création, l’exposition revient sur les grandes étapes de la carrière de Midam et lui donne la parole. A travers « l’itinéraire d’un Kid de Bruxelles », les visiteurs sont conviés à (re)découvrir l’univers d’un auteur créatif, qui ne cesse de réinventer son approche artistique pour nous surprendre et nous faire rire, encore et toujours… Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 28 août 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : FAKE FOR REAL Dans la grisaille de la routine quotidienne, le sensationnel, le spectaculaire et le surnaturel nous permettent d’échapper à l’ordinaire. Mais le jeu de l’imposture n’est amusant que si nous en acceptons les règles. Ceux qui se laissent abuser risquent gros : argent, crédibilité, inté-grité... Certains y ont laissé la vie. Aujourd’hui, la désinformation est partout, mais le mal est ancien. L’histoire regorge de faux-semblants de toutes natures. Le Cheval de Troie, modèle mythologique de la supercherie, fait ainsi écho aux problèmes contemporains d’un monde dominé par Internet. Embarquons pour un voyage dans le temps et aventurons-nous au gré des fraudes et falsifications qui ont jalonné l’histoire tout en gardant un œil sur la réalité des choses. La Maison de l’histoire européenne, située dans le parc Léopold, inaugure une nouvelle exposition, « Fake for Real : une histoire du faux et de la contrefaçon ». Elle explorera le monde fascinant des faux, du mensonge et des contrefaçons et entrainera les visiteurs dans un récit allant de l’antiquité à nos jours. Un astucieux dispositif de miroirs à l’entrée et un chemin labyrinthique à travers les différents thèmes de l’exposition donnent immédiatement le ton de la visite - comment trouver ou échapper à la vérité ? Comment jouer avec les illusions ? Les visiteurs sont invités à réfléchir à la manière dont les mensonges sont racontés et dans quel but. Comme l’explique la commissaire d’exposition Joanna Urbanek : « Nous devons être conscients que parfois nous voulons être trompés, pour pouvoir transcender notre quotidien, rêver. Il est humain de croire à certaines contrefaçons. Mais cette inclination peut être exploitée et les conséquences peuvent être considérables. » Répartie sur six thèmes tout au long d’un parcours chronologique, l’exposition présente plus de deux cents objets remarquables venus de toute l’Europe. Emblématique, chacun raconte une histoire édifiante de falsification et de tromperie - des archives effacées des empereurs romains, des biographies manipulées de saints médiévaux, des histoires de voyages qui ne se sont jamais produits à une fausse armée utilisée par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils incluent également des documents d’une importance cruciale dans notre histoire tels que la donation de Constantin et les lettres utilisées pour accuser Dreyfus. Tous démontrent que les émotions et les croyances personnelles ont une influence sur la façon dont nous voulons comprendre le monde, ou délibérément nous le représenter de manière déformée. La communication sur la pandémie liée au Covid-19 et la désinformation qui l’entoure sont également examinées dans cette exposition. Le terme «désinfodémique» est le rappel opportun que les vérités et les contre-vérités circulent constamment et que la pensée critique et l’action civique sont de précieux gardiens contre la tromperie. La dernière section de l’exposition, intitulée « Une ère de post-vérité? » est un espace interactif fait de jeux et de vidéos où les visiteurs peuvent devenir des vérificateurs de faits, décider de ce qui est publié, ou encore jouer avec une « bulle filtre » innovante qui explore la façon dont les médias sociaux fonctionnent. Comme un voyage à travers les motifs et l’impact des faux mais aussi sur notre façon de nous exposer à eux, cette exposition nous bouscule et met en lumière toute la complexité et les contradictions qui jalonnent notre passé, présent et futur. Heureusement, nous avons des outils à notre disposition: faire preuve d’esprit critique, ne pas se fier à ses premières impressions, être conscient de ses préjugés et évaluer la fiabilité des sources sont autant d’éléments qui peuvent nous aider à distinguer les faits de la fiction et à nous frayer un chemin dans les méandres de la réalité. Une exposition à découvrir jusqu’au 28 octobre 2021 à la Maison de l’Histoire européenne. Plus de détails sur le site www.historia-europa.ep.eu Rue Belliad, 135 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : MABELE ELEKI LOLA ! Pour la première exposition temporaire depuis l’ouverture en décembre 2018, l’AfricaMuseum invite l’artiste kinois Freddy Tsimba à un dialogue avec les collections du musée. La sélection des objets ethnographiques a été réalisée avec la contribution scientifique de Henry Bundjoko, directeur du Musée national de la République démocratique du Congo à Kinshasa. Jean Bofane, écrivain, auteur de Mathématiques congolaises (publié chez Actes Sud) et commissaire d’exposition, propose ici un regard inédit sur l’art de Freddy Tsimba en dévoilant la face spirituelle de son œuvre. En tant que grand forgeron selon la tradition, Freddy Tsimba transforme le métal des conflits en matière première d’une nouvelle narration. Les églises de réveil promettent le paradis. Mais quel paradis évoquent-elles ? Pour Freddy Tsimba et Jean Bofane, il est impérieux de se débarrasser des fausses promesses. La terre est décidément au-dessus de tout. Elle est plus belle que le paradis ! Le titre est né d’une conversation avec l’artiste, optimiste, amoureux infatigable de la vie et de la beauté. Les créations monumentales de Tsimba entrent pour la première fois en dialogue avec les collections du musée. L’artiste rend ainsi hommage au travail du forgeron et du sculpteur classique. Vingt-deux installations de Freddy Tsimba, lors de cette rencontre exceptionnelle, font face à trente pièces du musée dont la plupart n’ont jamais été montrées. Pour ceux qui l’ignorent, Freddy Bienvenu Tsimba est né en 1967 à Kinshasa et a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale. Il travaille le bronze et les métaux de récupération, en parfaite indépendance. Profondément attaché au respect des droits humains, en particulier les droits des plus fragiles, les mères et les enfants, il expose le tragique de la guerre et témoigne des violences à travers le temps. Mais il est aussi le porte-parole de la paix et de la résilience. Il rend de façon sublime hommage aux femmes et à la vie. Freddy Tsimba est aujourd’hui un artiste connu et reconnu à Kinshasa et sur la scène artistique internationale. Il est célèbre pour ses sculptures faites de douilles, de cartouches et aussi pour ses maisons-machettes. L’artiste a participé à plusieurs Biennales de Dakar (2002, 2006 et 2008) et à des expositions collectives comme The Divine Comedy (2014), Kongo am Rhein (Bâle, 2017) et Afriques Capitales (Lille, 2017) sous l’égide de Simon Njami. Il rappelle également la mémoire des Congolais victimes de la colonisation. Une exposition à découvrir jusqu’au 15 août 2021 à l’AfricaMuseum (ancien musée d’Afrique centrale). Plus de détails sur le site www.africamuseum.be Leuvensesteenweg, 13 à 3080 Tervuren


LA MONNAIE : RÉSONANCES La Monnaie sort des murs de son Théâtre en créant une toute nouvelle série de podcasts intitulés « Résonances ». Il est question de marquer le point de départ d’un projet misant sur un nouveau format pour remplacer les introductions qui ne peuvent plus être proposées au public actuellement. Voilà donc une nouvelle manière de retrouver les spectateurs durant cette période où les représentations ne peuvent pas avoir lieu dans une salle comble. Si l’expérience a déjà débuté en février, les épisodes deux et trois seront consacrés successivement à The Turn of the Screw (le 20 avril) et à Tosca (le 4 juin). Bien plus qu’un substitut digital à nos introductions, Résonances est une série de podcasts dans laquelle nous explorons un thème extrait de chaque opéra replacé dans le contexte actuel, afin d’aller à la recherche des résonances de ce thème dans le monde d’aujourd’hui. Pour ouvrir le dialogue et élargir l'histoire sur un plan social plus large, on quitte la scène de La Monnaie pour enregistrer chaque épisode dans un endroit lié au thème. Cela va de soi, la musique a une place de choix dans cette série, avec de nombreux intermezzos musicaux qui viennent agrémenter les épisodes. L’occasion idéale de mettre en avant les nombreux musiciens de La Monnaie, comme, entre autres, les membres de la MM Academy, le programme de formation de La Monnaie pour les jeunes talents lyriques prometteurs. « Résonances » mise sur un format d’interviews, menées au fil des épisodes par les voix d’Isabelle Dumont et Greet Samyn et de co-animateurs (Sébastien Herbecq et Jasper Croonen). Cette série de podcasts est bien sûr proposée dans une version francophone et une autre néerlandophone, chacune dotée de son duo d’animateurs. Les invités ont chaque fois un lien particulier avec le thème abordé, mais diffèrent selon la langue de la version, avec toutefois des questions sensiblement les mêmes, à la fois par souci de cohérence et pour qu’il soit intéressant de découvrir les réponses des invités de chaque version. Une des idées maitresses est d’espérer que ces podcasts puissent offrir un aperçu des coulisses de la Monnaie, tout en invitant un nouveau public de découvrir le monde de l’opéra d’un autre œil. À terme, il est envisagé d'aller bien plus loin dans le choix des sujets, en s’éloignant de la programmation. Des postcards à découvrir via le site www.lamonnaie..be

DEUX NOUVEAUX SPECTACLES AU VOD SUR LA PLATEFORME DU PUBLIC ! En attendant la réouverture du théâtre Le Public, l’équipe propose quelques spectacles à voir ou à revoir sur sa plateforme VOD. Le catalogue en ligne comporte actuellement les pièces « Deux hommes tout nus », « Tuyauterie », « Les professionnels », « Vous avez dit Broadway » et « Rumeur ». Il s’agit de vidéos à la demande diffusées pour permettre aux spectateurs de patienter en attendant la reprise et, surtout, de ne pas perdre le lien précieux qui les uni à leur salle de représentation. Pour se détendre, se dérider, rire et se divertir en oubliant la morosité de cette période, voilà un service qui prouve (si la chose est nécessaire !) que le soutien du public fait vivre les agents du secteur culturel. La totalité des revenus seront reversés aux artistes. Maintenant, deux nouveaux spectacles ont été ajoutés sur la plateforme. Il s’agit de « Mina Lisa » et de « Le malade imaginaire » Retrouvez-les via le lien https://vod.theatrelepublic.be Daniel Bastié


PROJET SURA AU MRAH ! Un projet de recherche exceptionnel a récemment été lancé. Il s’agit du projet Sura (mot qui signifie « photographie » en arabe). Cette collaboration entre les Musées royaux d'Art et d'Histoire (MRAH) et le département d'égyptologie de la KU Leuven vise à rendre une collection de photographies tout à fait unique accessible au grand public ainsi qu’à la communauté scientifique. Composée de plus de sept mille négatifs photographiques sur plaque de verre, cette collection nous fait remonter le temps jusqu’aux origines de l’égyptologie en Belgique et à l’étranger. Peu de personnes savent que dans les années 30, Bruxelles était considérée comme le centre mondial de l’égyptologie. Aujourd’hui encore, vous pouvez découvrir au Musée Art & Histoire, qui fait partie des MRAH, une vaste collection de momies et d’autres découvertes archéologiques égyptiennes, et cela en grande partie grâce à Jean Capart, égyptologue et ancien conservateur en chef des MRAH. Pendant quarante ans, ce dernier n’a eu de cesse de constituer un vaste fonds d’archives photos qui rassemblent le témoignage d’expéditions diverses et fouilles réalisées au pays des pharaons. Il s’agissait d’illustrer par l’image la vie quotidienne des archéologues, de la population, l’avancée des travaux et, parmi tant d’autres, les trésors exhumés du sable. Parmi les documents les plus insignes, on peut admirer les clichés qui immortalisent la découverte du tombeau de Toutânkhamon en 1923. Une révélation pour le monde entier ! Dans le cadre du projet Sura, ces archives photographiques seront rendues entièrement accessibles aux chercheurs et au grand public. L'inventaire et la numérisation des négatifs sur plaque de verre sont à présent terminés. Au cours des deux prochaines années, ils seront examinés plus avant et mis en ligne. Le rapprochement entre les photographies et d'autres documents d'archives (provenant à la fois des archives des MRAH et d'autres institutions) apportera un nouvel éclairage sur les objets, paysages, monuments ou fouilles photographiés, ou permettra de compléter le tableau.

ANTHOLOGIE CHANTAL AKERMAN : LES FILMS DE SA VIE En partenariat avec la Cinémathèque royale de Belgique, le Festival Premiers Plans d’Angers et le Forum des images, la Cinetek rend hommage à Chantal Akerman et propose une rétrospective avec dix de ses films, dont huit ont spécialement marqué sa carrière, tous dans une version restaurée. L’occasion de découvrir son premier court-métrage matriciel (« Saute ma ville ») aux bouleversants portraits de femmes des années 1970 (« Je, tu, il, elle », « Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles » avec Delphine Seyrig, « Les Rendez-vous d’Anna » avec Aurore Clément), ainsi que les carnets de voyages (« News from home », « D’Est ») à l’étonnant musical « Golden Eighties » avec Fanny Cottençon, Lio et Charles Denner, tourné dans les galeries de la Toison d’Or et au mélodramatique « La Captive » avec Sylvie Testud qui délivre un ton proustien. Sont également disponibles deux réalisations pour la télévision : « L’Homme à la valise » et « Lettre d’une cinéaste » Pour celles et ceux qui souhaitent explorer davantage ses univers, des bonus exclusifs ont été tournés avec des proches et des connaisseurs de l’artiste. De même, ils peuvent voir ou revoir des archives issues des fonds de l’INA. A titre de rappel, Chantal Akerman était une cinéaste née à Bruxelles en 1950 et décédée à Paris en 2015. Figure de proue du cinéma moderne, elle a été adoubée par la presse et encensée par plusieurs jeunes réalisateurs, dont Gus Van Sant et Michael Haneke. Sujette à des troubles maniaco-dépressifs, elle s’est suicidée pour mettre un terme à ses souffrances. Les films sélectionnés dans le cadre de cette anthologie sont disponibles à la location sur le site www.lacinetek.com au tarif unitaire habituel de 2,99€ en SD et de 3,99€ en HD jusqu’au 15 mars 2021. Daniel Bastié


EXPOSITION : JOHN PHILLIP ABBOTT Né en 1975 à Wausau dans le Wisconsin, John Phillip Abbott vit et travaille à Albuquerque au Nouveau Mexique. John Phillip Abbott explore dans ses peintures la relation complexe entre le texte et l’image, brouillant la frontière qui les sépare. Les mots et les courtes phrases structurent ses compositions sous forme de grille et fonctionnent comme des images plutôt que de simples concepts. Réalisés principalement avec de la peinture aérosol, ces mots explorent de nombreux champs sémantiques avec un vocabulaire calligraphique composé d’éléments géométriques. Inspirés par ses expériences et souvenirs personnels, leur choix s’apparente à celui d’un journal intime et invite le spectateur à les appréhender en tant qu’images et notions universelles. Il considère que peindre des mots avec lesquels il a un lien affectif est une manière de capturer les souvenirs mais également de se détacher de leur sens initial pour en donner d’autres. En effet, ces mots peuvent avoir une valeur d’hommage aux personnes qui l’ont inspiré (du joueur de baseball Freddy Lynn à la chanteuse Odetta), une valeur poétique, mais également socio-politique, comme c’est le cas pour la série de toiles intitulée Holy, liée au poète américain de la Beat Generation dans les années 1960, Allen Ginsburg. John Phillip Abbott poursuit une expérimentation perpétuelle avec de nombreuses techniques. Combinant l’utilisation de la peinture au pinceau et en aérosol, de pochoirs et de rubans de masquages, de toiles préparées ou brutes, il réinvente constamment les méthodes conventionnelles de la peinture et introduit des déplacements inattendus entre ses intentions picturales et les accidents liés au processus de peindre. Laissant une grande place au hasard et aux traces inattendues que peuvent offrir ces médiums, Abbott considère le processus de la peinture comme une expérience à part entière plutôt que comme un résultat fini. En ce sens, il se rapproche de l’intention de Jackson Pollock et des peintres abstraits américains, ainsi qu’à l’art de la performance, où l’instant t de la création est mis en avant sur le produit fini. Dès 22 ans, Abbott est introduit à l’art performance par le biais de l’artiste Robert Delford Brown. Il participe notamment à une de ses performances et découvre l’artiste Allan Kaprow et ses happenings. Ses travaux sont exposés jusqu’au 3 avril 2021 à la galerie Baronian Xippas. Plus de détails sur le site www.baronianxippas.com Rue Isidore Verheyden, 2 à 1050 Bruxelles

EXPOSITION : EDITH DEKYNDT Edith Dekyndt est une artiste belge née en 1960 à Ypres. Elle vit à Bruxelles et Berlin. Tout au long de son travail, elle explore la relation entre le temps, le lieu, la matière et l'affect. Pour elle, l’exposition intitulée « The Ghost Year » constitue un lieu de halte et de pause, une station en cours de deuil. De courtes vidéos sur téléphone portable, du tissu domestique imbibé d'encre de Chine noire ou du tissu de lingerie enduit de sucre ne sont que quelques-uns des moyens par lesquels elle enregistre les processus de transformation qui composent les objets de la vie et la vie des objets. Travaillant à travers la vidéo, la sculpture, l'installation, le son et le dessin, elle aborde les préoccupations intemporelles du temps qui fuit et de l'espace. En faisant entrer un large éventail de techniques, elle rend visibles des phénomènes physiques transitoires et des incidents éphémères pour créer un langage visuel riche en concepts et matériellement engagé. Éloge de ce qui n'est ni propre ni pur, son travail opère comme une traduction du temps en matière et vice-versa, une étude des variations subtiles dans le tissu de notre monde tangible. « The Ghost Year » est à découvrir jusqu’au 20 mars 2021 à la galerie Greta Meert. Voyez tous les détails pratiques sur le site de la galerie www.galeriegretameert.com Rue du Canal, 13 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : BACK TO BRUEGEL Vous pouvez à nouveau profiter du magnifique panorama sur Bruxelles, de la visite de l’exposition « Back to Bruegel » et de l'incroyable architecture du célèbre vestige de la seconde enceinte de la capitale. Un nouveau parcours vous permet de découvrir l’intégralité de la Porte de Hal et de son exposition, de même que des escaliers médiévaux habituellement fermés au public. À ne pas manquer ! Les organisateurs ont prévu des protections individuelles pour les casques de réalité virtuelle, des audioguides désinfectés, et l’accès à des endroits habituellement inaccessibles du bâtiment ! La réouverture du Musée de la Porte de Hal vous offre la possibilité d'une (re)découverte passionnante du Bruxelles médiéval et du XVIe siècle en toute sécurité. Effectuez donc un plongeon surprenant dans une version en réalité virtuelle des peintures mondialement connues d’un des plus grands peintres de notre région. Quatre œuvres du maître prennent vie et vous entraînent, pour un instant, dans la vie quotidienne d’il y a 450 ans. Voyagez au cœur du XVIe siècle, face à d’authentiques trésors du Nouveau Monde, des armes et armures, des instruments de musique et d’autres œuvres des Musées royaux d’Art et d’Histoire, du Rijksmuseum, du Musée de la Ville de Bruxelles, du Coudenberg, etc... Au sommet du bâtiment, profitez aussi du magnifique panorama sur Bruxelles et laissez-vous transporter dans le temps de Bruegel grâce aux longues-vues virtuelles. Une exposition à voir jusqu’au 18 avril 2021 à la Porte de Hal. Plus de détails sur le site www.kmkgmrah.be Boulevard du Midi, 150 à 1050 Bruxelles

EXPOSITION : SUPERSTUDIO MIGRAZIONI Démarrée en 1966, l'aventure de Superstudio a conduit ses membres à s'interroger pendant plus d'une décennie sur les manières d'habiter le monde transformé par les forces capitalistes et les évolutions techniques. C'est ce que l'exposition se propose d'étudier, à travers le prisme des « migrations » (migrazioni). Empruntée au vocabulaire de Superstudio, cette notion sert de clé conceptuelle et poétique pour plonger dans l'architecture du groupe, que ses membres comprenaient comme une activité de production, élaboration et transmission permanente d'idées. L'exposition propose au visiteur un voyage thématique et chronologique à travers ce qui reste d'un des corpus les plus radicaux et les plus originaux de la production architecturale du XXe siècle. Faisant fi des divisions traditionnelles entre les disciplines et des frontières géographiques, les projets de Superstudio ont voyagé dans le monde globalisé qu'ils dépeignaient, de Florence à Tokyo. Les visions critiques et outrancières de Superstudio ont largement circulé et ont été au cœur des dialogues que Superstudio a entretenus avec quelques-uns des protagonistes de la scène architecturale de la seconde moitié du xxe siècle. Parallèlement à l'œuvre du groupe, l'exposition présente le travail de 9999, Archizoom, Hiromi Fujii, Hans Hollein, Arata Isozaki, Rem Koolhaas, Ugo La Pietra, Leonardo Ricci, Aldo Rossi, Leonardo Savioli, Ettore Sottsass Jr, Bernard Tschumi. Superstudio Migrazioni met l'accent sur des œuvres inventives et artistiques (photos-collages, dessins, installations, maquettes et films) ainsi que sur des objets et des meubles relevant davantage du design industriel, révélant ainsi la grande diversité des projets du groupe. L'exposition bénéficie du prêt exceptionnel des œuvres originales de la collection du Centre Pompidou et des archives de Superstudio, dont cer-aines n'ont plus été montrées depuis plus de quinze ans. Un événement à découvrir au Civa du 15 janvier au 16 mai 2021.Voyez plus de détails sur le site officiel : www.civa.brussels Rue de l’Ermitage, 55 à 1050 Bruxelles


EXPOSITION : DINO WORLD Deux fois plus importante que lors de son précédent passage en Belgique en 2013, l’Exposition Dino World est de retour à Bruxelles et permet de vivre un voyage extraordinaire de plus de soixante-cinq millions d’années dans le temps pour partir à la découverte d’un monde où régnaient les créatures les plus extraordinaires que notre planète n’ait jamais connues. Soixante dinosaures animés envahissent le Palais 2 à Brussels Expo. Dans d’impressionnants décors naturels, vous allez pouvoir vous immerger dans un univers fascinant : celui de l’ère mésozoïque, période à laquelle vécurent les plus grands monstres jamais connus sur notre planète. Laissez-vous impressionner par la taille et les rugissements du tricératops, du brachiosaure ou du célèbre Tyrannosaure. Evaluez l’envergure fantastique du Ptéranodon et comparez vos empreintes à celle d’une jeune Diplodocus. Saviez-vous que d’authentiques dinosaures ont également été trouvés en Belgique ? C’est ainsi qu’à la fin du 19e siècle, le squelette d’un iguanodon a été découvert en parfait état à plus de 322 mètres sous terre, dans une mine charbon située à Bernissart. Ce petit bout d’histoire bien de chez nous sera lui aussi raconté au sein de l’exposition Dino World grâce à un partenariat établi avec le Musée des Sciences Naturelles de Belgique. Les dinosaures étaient-ils bipèdes ou quadrupèdes ? Appartenaient-ils tous à la même espèce ? Comment ont-ils disparu ? Où et comment vivaient-ils ? En découvrant les reproductions des iguanodons au sein de l’exposition Dino World, toutes vos questions trouveront réponse. Il ne vous restera plus qu’à visiter le Musée des Sciences Naturelles de Belgique pour devenir un véritable expert en la matière… Conçue prioritairement pour les enfants, l’Exposition Dino World leur explique le développement de la vie sur terre. A l’aide d’un audioguide et grâce à parcours à la fois interactif et ludique, ils découvriront le mystère de l’apparition et de l’extinction des grands Sauriens sur notre planète. Grâce aux répliques de nombreux fossiles, ils pourront également comprendre comment les scientifiques ont pu trouver et conserver les traces des dinosaures. Une exposition à découvrir jusqu’au 18 avril 2021 à Brussels Expo. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.brussels-expo.com Place de Belgique, 1 à 1020 Bruxelles

LES MRAH VOUS ATTENDENT ! Les musées des Musées Royaux d'Art et d'Histoire ont rouvert leurs portes. Depuis que le gouvernement fédéral a donné son feu vert, ils ont rapidement mis en œuvre des mesures au niveau de la sécurité, de l'hygiène et de la distanciation sociale. On le sait, les mesures pour ouvrir en toute sécurité ne sont pas une mince affaire. Les tickets ne peuvent être achetés qu'à l'avance et en ligne. Les visiteurs doivent se désinfecter les mains à l'entrée et porter un masque buccal. Un parcours adapté anti-corona a été développé pour chaque musée. Cet itinéraire garantit une distance sociale entre les visiteurs et leur montre en même temps les plus beaux endroits et les objets de collection des différents musées. A nouveau, les visiteurs peuvent revisiter les collections, même si les horaires ont été légèrement modifiés à cet effet. Toutes les informations détaillées pour planifier votre visite se trouvent sur les sites internet du Musée Art & Histoire, de la Porte de Hal et des Instruments de Musique. A savoir : www.kmkg-mrah.be


EXPOSITION : ROGER RAVEEL Roger Raveel (1921-2013) aurait eu cent ans aujourd’hui. Une occasion idéale pour BOZAR de lui consacrer une grande rétrospective. L’artiste est considéré comme l’un des peintres belges les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle, mais il se distingue radicalement de ses contemporains par un langage visuel tout à fait unique, à mi-chemin entre figuration et abstraction, prenant son propre environnement comme principale source d’inspiration. À travers plusieurs volets thématiques, cette exposition retrace le long parcours artistique d’un créateur hors-normes et l'émergence de sa vision plastique unique. Son style se singularise par un mélange de figuration et d’abstraction, servi par des couleurs vives et vitales, parfois soulignées de contours sombres. Il a aimé représenter le mouvement avec une acuité bienveillante. Pour lui, l’acte de peindre était une nécessité autant que l’air pour respirer. Il a également travaillé comme graphiste. Enfin, il avait besoin de percevoir les choses et les traitait sous un jour différent, à des lieues du regard du commun. L’influence de la physique et des nouveaux développements techniques l’ont doté d’un intérêt croisant pour les choses qui nous entourent. Il a cherché à rendre cette nouvelle vision du monde invisible tangible. L’exposition qui lui est consacrée à Bozar est à découvrir du 18 mars au 21 juillet 2021. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles

FULU-ACT : DU MOUVEMENT, NAÎT LE REGARD Dans sa collaboration avec deux collectifs de performeurs de Kinshasa, Ndaku Ya la vie est Belle et Farata, le photographe Colin Delfosse a choisi de capturer un moment. Un instant suspendu marqué par le regard de chacun des performers sur l’objectif : Eddy Ekete, Precy Numbi, Pape Noir, Falonne Mambu, Nada Thsibwabwa et Junior Lohaka. Comme une prise de conscience regardant la réalité telle qu’elle se présente. Et posant la question du modèle de société dans lequel nous souhaitons vivre pour paradoxalement figer l’instant en l’accrochant dans nos consciences. La posture droite, l’allure des performeurs se fait sculpturale et monumentale. Elle apporte peut-être un début de réponse à une ville comme Bruxelles qui se demande encore comment regarder ses fantômes du passé élevés au rang de héros, proposant ainsi une relecture de la société et l’échange comme les nécessités d’une époque. Et peut-être comme les objets à figer dans les socles de pierre. Une exposition à voir à Bozar jusqu’au 8 avril 2021. Voyez toutes les informations pratiques sur le site officiel www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : CÉCILE MASSART Cécile Massart est une artiste belge qui utilise différents médiums : dessin, gravure, installation, photographie, vidéo, livre d’artiste. En 1994, la question de l’identification des sites de stockage de déchets radioactifs dans le paysage devient son principal sujet de travail. Elle entend sensibiliser les responsables des agences de gestion des déchets à la visibilité de ces lieux. Son objectif est d'inscrire dans le paysage cette strate archéologique unique du XXIe siècle, appelant ainsi la responsabilité de chacun. Quel genre de politique énergétique voulons-nous pour l'avenir ? Quel patrimoine voulonsnous transmettre ? Un événement à découvrir au Botanique jusqu’au 25 avril 2021. Plus de détails sur le site www.bota.be Rue Royale, 236 à 1210 Bruxelles

EXPOSITION : KURT LEWY – TOWARDS ABSTRACTION S’appuyant sur le patrimoine du Musée Juif de Belgique, mais aussi sur des œuvres de la galerie anversoise Callewaert -Vanlangendonck, cette exposition sort de l’ombre une figure incontournable, mais aujourd’hui tombée dans l’oubli, de la peinture belge d’après -guerre. S’y révèle une œuvre qui, saisissant précipité de l’évolution dès l’histoire de l’art au XX e siècle, montre un chemin qui part de la figuration pour aboutir à l’abstraction. Peintre, émailleur et illustrateur, Kurt Lewy (1898 – 1963) est né à Essen (Allemagne), où il enseigne les techniques graphiques à la Folkwang Schule de 1929 à 1933. Dès l’ avènement du nazisme, cet artiste juif est destitué de ses fonctions. Deux ans plus tard, il fuit l’Allemagne hitlérienne pour s’installer à Bruxelles. Incarcéré comme sujet ennemi par les autorités belg es en mai 1940, Kurt Lewy est interné dans les camps de Saint-Cyprien et de Gurs. En 1942, il parvient à s’évader et revient à Bruxelles, où il se cache durant une vingtaine de mois. En juin 1944, il est arrêté par les nazis, qui l’internent à Malines jusqu’à la Libération. Après la Seconde Guerre mondiale, Kurt Lewy renonce aux thèmes figuratifs qui guidaient jusqu’alors sa production, marquée à ses débuts par l’expressionnisme allemand. Il se tourne vers l’abstraction, qu’il explorera jusqu’à son décès. Soucieuse d’« éliminer le superflu, l’éphémère, le chaotique », sa recherche géométrique le dégage des angoisses que lui avaient causés le cauchemar de la guerre comme son isolement d’émigré. Une exposition à voir jusqu’au 18 avril 2021 au Musée Juif de Belgique. Vous trouverez tous les détails pratiques sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : SKODA 125 YEARS - FROM PAST TO FUTURE Celui qui a déjà visité Prague s’est peut-être offert un petit tour de la ville de Kafka à bord d’une ancienne Škoda décapotable, bien emmitouflé (du moins en hiver), dans d’épaisses couvertures. C’est une expérience unique ! Cet hiver, point de balade à l’extérieur mais un voyage dans le temps au musée Autoworld-Brussels pour découvrir l’histoire de la marque tchèque - une des plus anciennes marques automobiles encore en activité dans le monde - à l’occasion de son cent vingt-cinquième anniversaire. Evénement exceptionnel car, parmi les voitures historiques présentées, une douzaine proviennent du Škoda Auto Museum de Mlada Boleslav d’où elles ne sortent que rarement. D’abord était… le vélo Commençons par le commencement avec… un vélo, le L&K Slavia (1899). Car, c’est en tant que producteurs et réparateurs de vélos que les fondateurs de l’entreprise, Václav Laurin et Václav Klement, deux vélocipédistes passionnés, posèrent en 1895 les bases d’une société qui allait devenir prospère internationalement en lançant divers modèles de deux roues. Puis, naturellement, les pères du projet se lancèrent dans la production de motocyclette. Passage aux voitures Encouragés par les ventes, les deux indépendants créèrent en 1905 la première voiturette, baptisée de leurs initiales. Elle est reconnue et appréciée pour son excellent rapport qualité-prix. La L&K a rapidement étendu sa gamme de modèles en proposant des véhicules sportifs et utilitaires de haute performance. En 1925, après que l’usine L&K de Laurin & Klement ait été en partie détruite, l’entreprise fusionna avec le groupe d’ingénierie mécanique de Pilzen, Škoda, dont elle prit le nom. Avant la guerre 40-45, Škoda construisait d’excellents véhicules personnels légers et sportifs, remportant des compétitions comme une victoire de classe dans le Rallye de Monte-Carlo en 1936 . Cependant, son histoire foisonnante était peu connue chez nous, car jusque dans les années 1970, ŠKODA parvenait difficilement à vendre des voitures en Europe occidentale. Un premier tournant eut lieu en 1987 avec la production de la Favorit, puis après la chute du rideau de fer en 1989. Mais c’est surtout le partenariat avec Volkswagen, en 1991, la sortie trois ans plus tard de la Škoda Felicia puis de la Škoda Octavia (premier modèle à avoir été créé de zéro après la chute du rideau de fer) qui propulsa la marque au niveau mondial. A ce jour, d’ailleurs, plus de cinq millions d’Octavia ont déjà été produites et ce n’est pas terminé. Škoda a également suivi les tendances actuelles en se lançant dans l’électrification. Son dernier modèle, l’Enyaq, vient de sortir en 2020. Les voitures de l’expo Une série mythique de voitures a été rassemblée pour cet événement bruxellois. L’occasion de retrouver divers modèles incontournables dont la Superb (1939), la Felicia Cabriolet (1961), la Favorit LX (1995), l’Octavia, et bien d’autres. Sportives, voitures de courses et de rallye demeurent des classiques de l’histoire de Škoda, sans oublier les plus récentes RS la 130 Circuit (1978) et Octavia WRC, la Fabia R5 (2020) qui témoignent que l’entreprise a, dès le début, produit de nombreuses légendes de course, ainsi que des véhicules inoubliables, engrangeant des victoires mémorables. Cette collection est présentée en exclusivité à Autoworld jusqu’au 14 mars 2021. Découvrez tous les détails pratiques sur le site www.autoworld.be Parc du Cinquantenaire à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : EMBRASSEZ-VOUS ! Situé au cœur des Marolles, le Art et Marges musée, spécialisé dans l’Art Brut contemporain, questionne l’art et ses frontières. Sa collection s’est constituée dès le milieu des années 80 auprès d’artistes autodidactes, d’ateliers pour personnes porteuses d’un handicap mental ou d’ateliers en milieu psychiatrique. Elle se compose aujourd’hui de plus de quatre mille œuvres internationales produites en dehors des sentiers habituels. Ses expositions temporaires, au rythme de deux à trois par an, mêlent artistes de part et d’autre de la marge et questionnent l’art et sa définition. Le Art et marges musée s’engage dans la lignée de l’Art Brut, concept développé à partir de 1945 par le peintre français Jean Dubuffet (1901-1985). La première collection de l’artiste regroupe des œuvres de patients d’hôpitaux psychiatriques et valorise une forme d’authenticité notamment par l’absence d’art dit « culturel ». Elle est aujourd’hui conservée à La Collection de l’Art Brut de Lausanne. Le Art et marges musée ne se limite toutefois pas à ce que Jean Dubuffet a choisi de nommer Art Brut, le concept étant « protégé » par son créateur. A sa fondation en 1984 sous le nom Art en marge, le lieu bruxellois est un Centre de recherche et de diffusion qui s’identifie davantage au terme « outsider art », au départ traduction anglaise d’Art Brut, mais qui englobe au fil du temps plus librement des expressions artistiques marginalisées consciemment ou inconsciemment des sentiers fréquentés de l’art. À partir de 1986, Art en marge dispose d’un lieu d’exposition et fonctionne comme une galerie à but non lucratif. Au fil des expositions, la collection se développe et justifie la reconnaissance muséale du projet. Le Art et marges musée est inauguré en décembre 2009. Son changement de nom marque la volonté d’ouverture du lieu : exposer des œuvres marginalisées du milieu de l’art, qui découlent souvent de la marginalité de leur créateur, mais avec une volonté d’inclusion et de dialogue avec des artistes dit « insiders ». Le musée ne définit pas la marge mais la questionne et ce faisant questionne la définition même de l’art. Emergent facilement au contact de ces œuvres des réflexions comme la suivante, parmi d’autres : Une œuvre qui naît sans intention de créer une œuvre d’art... Peut-elle être considérée en tant que telle ? Les œuvres qui sont exposées sont nées de partages en atelier, autant que de l’intimité la plus totale. Souvent elles entretiennent un lien très proche avec la vie du créateur, souvent elles se produisent de façon spontanée, sans intellectualisation et souvent elles parlent de façon directe aux spectateurs. Jamais, elles ne se soumettent à des règles, même quand elles tentent de s’y conformer. Le Art et marges musée est un espace où la création est une pépite trouvée au cœur de la confidentialité de son lieu d’émergence, un espace où la création est plus que jamais associée à l’idée de liberté. Le Art et marges musée, après plus de 30 ans d’existence (dont 10 en tant que musée) connaît encore une certaine confidentialité, entretenue sans doute par son invisibilité dans le bâtiment qu’il occupe et sa taille restreinte. Cette dernière caractéristique semble toutefois pouvoir être considérée comme une force. Il ne s’agit pas d’un lieu impressionnant, le visiteur est mis à l’aise, le contact avec le personnel du musée se crée très facilement, et le dialogue a toute sa place. Museum Night Fever, Nocturnes des musées bruxellois, Place aux enfants, visites scolaires et familiales, tables rondes, performances, rencontre avec les artistes… Le Art et marges musée est un musée vivant au rythme des activités qui l’anime et accorde une grande importance à satisfaire tous ses publics ! Pour ses 10 ans, le musée propose une programmation et une publication qui offrent de multiples points de vue, mettant en vedette la richesse de sa collection et de son histoire. Le Art et marges musée fête ses dix ans, l’occasion de vous présenter sa collection sous un jour nouveau ! Constituée le long des routes caillouteuses et des sentiers moins fréquentés de l’art, celle-ci regorge de pépites d’art brut et outsider. Le musée a ouvert ses portes à une dizaine d’artistes-complices. Fascinés par des artistes de la collection, ils ont investi les lieux. Ils propagent leurs éblouissements à travers des installations, des performances, des créations sonores, littéraires et culinaires. Braises incandescentes, lumineuses et mystérieuses, chaque point de vue posé sur la collection offre un nouvel éclairage, une porte ouverte à l’embrasement. Le résultat est un gâteau flamboyant à partager et à dévorer sans mesure. Jusqu’au 25 avril 2021, il propose l’exposition : « Embrassez-vous ! ». Voyez davantage de détails sur le site www.artetmarges.be Rue Haute, 314 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : YVONNE DE GRAZIA Yvonne De Grazia est passionnée depuis l’enfance par les beaux-arts. Elle s’est consacrée de longues années à une vie professionnelle chargée dans le domaine du marketing. Mais la pratique des arts plastiques l’a toujours habitée. Née à Sarrebruc (Allemagne), elle vit et travaille aujourd’hui à Bruxelles) L’exposition qui lui est consacrée et baptisée « Danger… it’s what you run away from » véhicule une proposition visuelle qui conjugue passé collectif et mémoire individuelle. Des extraits du livre A life in the Woods de Felix Salten et de son adaptation en dessin animé par Walt Disney (Bambi) sont les éléments essentiels de ce travail. Ceux-ci sont associés à la froideur, l’éclat et la puissance des images de la période d’après-guerre. A partir d’images aléatoires provenant du web (fast-web search), Yvonne De Grazia recolore, dissimule, retrace, copie ou analyse images et couleurs, brouillant ainsi le regard du spectateur pour l’inviter à prendre du recul. L’installation inclut des impressions papier, du design textile, du dessin, de la vidéo et du son et est à découvrir du 25 mars au 6 juin 2021 à la Centrale for Contempory Art. Plus de détails sur le site www.centrale.brussels Place Sainte-Catherine, 44 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : PHOTOBRUSSELS FESTIVAL 05 Après le succès de la 4ème édition en 2019 (près de 8000 visiteurs), Hangar lance la 5ème édition de PhotoBrussels Festival, un évènement dédié à la photographie qui a pour but de rayonner dans la ville. L'exposition PhotoBrussels Festival 05 fera mémoire de l’année 2020 : 420 artistes confinés en Europe ont répondu au « Call for European Photographers » lancé pendant le confinement (mars-juin 2020). Un jury a sélectionné vingt-sept projets lauréats qui seront présentés au Hangar : une mission photographique comme souvenir et une scénographie immersive rappelant la condition de « confiné ». A travers vingt-sept sensibilités photographiques et/ou vidéographiques différentes, Hangar dévoile les germes de la résilience humaine. Chaque artiste présente sa vision du « monde intérieur », faisant ainsi voler en éclat l’univers pesant de la quarantaine. Créativité, humour, empathie, réfl exion, amour, inspiration de la nature sont autant de principes promettant une guérison rapide et un « après » meilleur. Les vingt-sept lauréats : Gérome Barry, Lucile Boiron, Marguerite Bornhauser, Ferhat Bouda, Bruno Boudjelal, Sarah Bouillaud, Jean-Marc Caimi & Valentina Piccinni, Gonçalo Fonseca, Julia Fullerton-Batten, Gabriele Galimberti, Nick Hannes, Giovanni Hänninen, Philip Hatcher-Moore, Pierre Jarlan, Kíra Krász, Yann Laubscher, Lucas Leffler, Edgar Martins, Alisa Martynova, Patrick Messina, Alice Pallot, Elea Jeanne Schmitter & Le Massi, Alexandra Serrano, Frédéric Stucin, Mattia Sugamiele, Simon Vansteenwinckel et Laure Vasconi. Un événement à découvrir jusqu’au 27 mars 2021 à Hangar. Plus de détails sur le site officiel www.hangar.art Place du Châtelain, 18 à 1050 Bruxelles


UN KET DE BRUSSELLES : La Lune et vingt-cinq centimes Tu te rappelles ?.... Oué non, tu sais pas te rappeler car de ce temps-là ta mère n'était pas encore née. Quand on avait reçu une pièce trouée de vingt-cinq centimes, on filait au bollewinkel, qu'on appelait « le Petit Maga » pour acheter un Solus à la rhubarbe ou un sachet rouge avec une paille pour sucer la poudre à l'intérieur. Je te garantis que c'était pas de la blanche, hein, c'était plutôt sûr-sucré et on raffolait de ça. En somme, notre stamcafé à nous c'était le Petit Maga et notre gueuze c'était une hostie avec du sel anglais dedans, non peut-être ? Ça fondait dans ta bouche et puis ça te faisait des guili-guili sur ta langue. On avait peut-être huit à dix ans mais on savait ce qui est bon. Pour t'en revenir aux pièces trouées, c'étaient des bazars gris ou bleuâtres, qui valaient soit 5 centimes (les petites un peu nickelées) et 25 centimes (les grandes bleues). Au milieu, il y avait un trou, donc tu prenais un fil de fer et tu savais les enfiler pour faire une tirelire, après tu avais une réserve que tu accrochais à une boutonnière de tes bretelles. Quand tu courais ça sonnait comme si tu es une brebis dans la lande. Tof ! Avec quatre pièces bleues, tu avais déjà un beau choix au Petit Maga, fieu. Les Solus te déboulaient dans les mains, au chocolat, au citron, et il y en avait même au kalich. Les mauvaises langues disaient que ces bâtons-là étaient hallucinogènes. Comme on savait pas ce que ça voulait dire on essayait surtout ceux-là, qu'est-ce que tu crois, toi ? Le Solus, ça ressemblait à un sucette, un tube que tu suçais en pointe et qu'à la fin tu mâchais et que ça collait aux dents. Un régal pour les dentistes. J'en avais toujours une belle réserve que j'achetais avec l'argent que mon oncle me filait en douce (il n'était pourtant pas dentiste), et j'aimais bien m'asseoir dans le jardin avec ma tortue Léa, et regarder la Lune entre les cheminées des voisins. Tu vas me dire que la Lune elle se ressemble partout où tu vas, mais moi je croyais pas. Y avait quelque chose de spécial dans ma Lune, car je lui causais mais elle répondait pas, tu sais, va pas croire que je suis djoum-djoum à ce point-là. C'est simple : j'imaginais qu'elle avait un trou au milieu, comme mes pièces de 25 centimes, et je rêvais d'enfiler la Lune sur mon fil de fer et de l'accrocher à mes bretelles. Elle était parfois toute ronde, très brillante, avec ses taches bien visibles, et parfois c'était une espèce de krolle juste net au-dessus du faîte de notre toit. Comme si un pei l'avait prise pour un Solus et qu'il avait sucé un gros morceau en tirant dessus pour que ça krolle. Alors je la regardais, je lui faisais un petit signe en faisant tinter ma tirelire à ma boutonnière et je lui disais : « T'en fais pas, j'ai encore des pièces pour acheter un nouveau Solus. » Je préférais quand même quand elle était toute ronde, comme une pièce de 25 centimes, avec des taches de rousseur dans sa figure. Les pièces trouées ont disparu, restaient celles en cuivre avec une tête de mineur dessus. Des 20 et des 50 centimes. Attention, hein, je parle des centimes de franc belge, pas d'euro. Quarante fois moins, et j'ai pas mon boulier compteur pour te dire combien ça ferait en euro. Juste pas grand chose en tous cas. Ah bon ? Tu connais pas le boulier compteur ? Je t'expliquerai ça une autre fois. C'est comme une calculette mais sa batterie tombe jamais en panne, comme une règle à calcul mais un peu plus précise. Tu vois une fois le topo ? Les pièces en cuivre, c'était comme les pièces rouges aujourd'hui : tu t'en débarrasses le plus vite possible car ça fait des trous dans tes poches et ça vaut quand même rien. Les pièces trouées? C'était le Moyen-Âge, ça, sauf que de ce temps-là elles étaient carrées, pas mieux pour les fonds de poche. À la nouvelle année, et quand j'avais fini de lire ma lettre de voeux pour mon parrain, il me refilait royalement une pièce de 5 francs : aujourd'hui 10 centimes d'euro. Et quand toi, généreux, tu déposes un billet de 5€ (soit 200 francs belges: 40 fois plus) dans la main de ton filleul, il te regarde de travers en se disant que radin comme toi il a jamais vu. Tout ça même sans lettre de voeux astableeft ! Ça aussi il faudra que je t'explique un jour : quand le ket va devant son parrain avec le texte qu'il a écrit calligraphié et qu'il le lit à haute voix pour dire qu'il sera le plus gentil des filleuls, juste pour que Peter lui file un peu de fric pour les Solus à la rhubarbe. On vendait des papiers pré-décorés à en-tête, juste pour cet usage, fieu. On est loin de l'imprimante 3D. Quand j'ai un peu grandi, je montais sur la terrasse, un toit plat au-dessus de la cuisine, je m'asseyais dans la corniche, les pieds dans le vide, et je regardais la Lune en faisant tinter mes pièces trouées. Sur le toit d'en face, des pigeons rivalisaient pour l'occupation du faîte, en passant régulièrement devant le croissant blafard.


À quoi ça tenait, l'enfance ? La Lune, un toit, des pièces enfilées sur un fil de fer, et un Solus à la rhubarbe. Georges Roland (Retrouvez les romans bruxellois de Georges Roland sur www.georges-roland.com)

IN MEMORIAM : JEAN-CLAUDE CARRIÈRE Homme à casquettes, Jean-Claude Carrière était à la fois scénariste pour le cinéma, la télévision et la bédé, adapteur, parolier de chansons et romancier. Il est né le 17 septembre 1931 à Colombières-sur-Orb et est décédé le 8 février dernier à Paris. Né au sein d’une famille de viticulteurs, il a fort vite développé le sens des bons mots et s’est mis à lire alors que le reste de la fratrie s’affairait à aider leurs parents. Diplômé fraichement, il abandonne sa licence en lettres et sa maîtrise en histoire pour se consacrer à sa passion et publie un premier roman en 1957. Sa rencontre avec Pierre Etaix et Jacques Tati lui vaut des premiers scripts pour le septième art, tout en signant sous pseudonyme de nombreux récits d’épouvante pour l’éditeur Fleuve noir (dont la saga Les Frankenstein). Il est ensuite amené à collaborer avec Luis Bunuel. Travail à quatre mains qui se prolonge durant presque vingt ans. Parmi les films les plus célèbres du cinéaste : Belle de jour, Le charme discret de la bourgeoisie, etc. Entretemps, il accepte les appels d’un cinéma plus populaire : Borsalino, La piscine, Un peu de soleil dans l’eau froide et, parmi beaucoup d’autres, Un homme est mort, En 1983, il obtient le César du meilleur scénario pour Le retour de Martin Guerre de Daniel Vigne et place sa signature, en 1990, sur les scénarios de Cyrano de Bergerac pour JeanPaul Rappeneau et Milou en mai pour Louis Malle. Sa fibre littéraire ne le quitte jamais et, régulièrement, son nom s’inscrit au menu de la rentrée littéraire, où ses ouvrages sont adoubés par la critique. En 1991, son adaptation de La Tempête de Shakespeare est primée d'un Molière et, en 2014, un César d’honneur est décerné à l’ensemble de sa carrière. Paul Huet

DÉCÈS DE NATHALIE DELON Née Francine Canovas, Nathalie Delon a été de 1964 à 1969 l’épouse d’Alain Delon, le séducteur et le rebelle. Elle est la maman d’Anthony, devenu à son tour comédien. Grâce à son mari, elle entreprend en 1967 ses premiers pas au cinéma dans le long métrage « Le samourai » de Jean-Pierre Melville. Puis, orage familial ! Le bel Alain croise la route de la séduisante Mireille Darc sur le tournage de « Jeff » de Jean Herman et le coup de foudre réciproque met un terme à son mariage. A peine des noces de cire. Pas de quoi pavoiser ! Plutôt que de procrastiner, la fraîche divorcée entend poursuivre sa carrière artistique en faisant confiance à Michel Boisrond, Guy Gilles, Etienne Perrier, etc. Des réalisateurs qui ont vu en elle une actrice bankable. Son patronyme de cinéma y étant sans doute pour un peu ? Parmi ses prestations, une drôle de composition dans « Le moine » du critique Ado Kyrou, librement inspiré du roman gothique de Matthew Gregory Lewis, un second rôle dans « Docteur Justice » du vétéran Christian-Jaque et adaptation kung-fu d’une bédé tirée du magazine « Pif Gadget ». Aussi une participation à « Vous intéressez-vous à la chose ? » à côté de la mignonne Muriel Catala. Début 80, elle passe derrière la caméra et réalise successivement « Ils appellent ça un accident » et « Sweet lies ». Ensuite, peu de propositions et une vie loin de studios. Décédée d’un cancer, elle a été inhumée dans l’intimité fin janvier dernier à l’âge de presque 90 ans. Adieu l’artiste. André Metzinger


EXPOSITION : FRANÇOIS AVRIL Notre capitale accueille une sélection en forme de narration qui révèle de façon sensible et délicate l’univers de l’artiste François Avril. Des dessins réalisés au fil du temps pour les besoins d’une composition ou pour le plaisir tout simplement. Extraits de ses carnets et de ses cartons, ils sont restés ainsi, dans le secret de l’atelier, à l’abri des regards et des publications. Exposées pour la première fois, ces belles feuilles offrent un panorama complet sur l’œuvre du dessinateur. Paysages intérieurs, scènes de bords de mer ou vues de villes sont ici réunis. L’exposition rend compte de la diversité du langage graphique employé par l’artiste pour renouveler son sujet. Tantôt une plume fine court sur le blanc du papier, tantôt des crayons de couleurs jetés dans les pages d’un carnet, parfois le tracé frénétique d’un stylo bat les feuilles sans y songer. Réalisés entre 2007 et nos jours, ces trois cent vingt-quatre dessins proposent une promenade délicate faite pour enjoliver un quotidien qui en a fortement besoin, rythmé par les nouvelles émanant des médias à propos du coronavirus, qui a mis la plupart des artistes à genoux. François Avril est né en 1961 à Paris. Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art, il débute sa carrière en tant qu’illustrateur et travaille pour la presse, la publicité et l’édition. Seul ou en collaboration, il réalise de nombreux livres pour enfants, ainsi que quelques bandes dessinées parmi lesquelles Soirs de Paris et Le Chemin des Trois Places. Contrairement à d’autres confrères, il refuse de baliser son art et n’a de cesse de chercher de nouvelles manières d’expressions graphiques. Il construit un univers immédiatement identifiable et en perpétuelle évolution, qu’il explore au gré de son inspiration. Quant à ses techniques, il pratique l’acrylique aussi bien que l’encre de chine, la mine de plomb ou encore les crayons de couleurs. Il apprivoise également différents supports. Aussi à l’aise sur papier que sur des toiles de grandes dimensions, son travail au trait pur, délicat et élégant, flirte parfois avec l’abstraction. Au gré de ses observations, il propose une utopie de villes et de paysage. A travers le filtre de sa mémoire, ses œuvres révèlent des lieux imaginaires ou rêvés. Jamais il ne cherche la représentation du réel, mais l’essence de ce qui la compose. Un événement à découvrir à la galerie Huberty & Breyne du 6 mars au 3 avril 2021. Plus de détails sur le site www.hubertybreyne.com Place du châtelain, 33 à 1050 Bruxelles

DÉCÈS DE JACQUES CRICKILLON Romancier, essayiste, poète et bruxellois, Jacques Crickillon nous a quittés le 11 février dernier. Les élèves de l’athénée Fernand Blum (Schaerbeek) ont gardé de lui le souvenir d’un professeur de français érudit et chaleureux, passionné pour la sociologie, l'histoire de l'art et la littérature en général. Touche-à-tout, il a excellé dans différents domaines, son œuvre a été étudiée par de grands critiques tels que Jacques De Decker, Alain Bosquet et Christophe Van Rossom. Féru de nouveautés, il s’est essayé au théâtre, à des dramatiques radiophoniques, aux essais, au roman et à la poésie. Pour beaucoup, il est resté un auteur engagé, révolté par un monde en train de perdre ses valeurs, avec des avis parfois carrés, mais qu’il était toujours capable de disséquer. On le reconnaissait aisément dans le cadre des foires littéraires à son chapeau de cow-boy, qu’il ôtait juste pour dormir, et à son visage buriné par les ans. Certains le surnommait : « L’Indien de la Gare du Nord », non seulement à cause de son apparence un peu sauvage, mais en se basant sur le titre de son ouvrage sorti en 1985. Parmi les prestigieuses récompenses qui ont honoré ses écrits, il a pu compter sur le prix Rossel en 1980 pour son recueil « Supra-Coronada ». Depuis 1993, il avait succédé à Marcel Lobet à l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. Paul Huet


EXPOSITION : OMAR BA Né au Sénégal en 1977, Omar Ba a étudié les Beaux-Arts à Dakar puis à Genève, où il a travaillé pendant de nombreuses années. Avec un pied sur chaque continent, il a développé une approche ancrée en hybridation permanente. Au cours des dix dernières années, il a montré son travail dans de nombreuses expositions internationales individuelles et collectives. Abandonnant les codes de la peinture traditionnelle, il a jeté les chaînes du format prédéfini imposé par la trame et a choisi de travailler directement sur des rouleaux de toile nue ou sur de grandes boîtes en carton posées au sol. Ses élaborations commencent par l’emploi de la peinture noire pour préparer des arrière-plans uniformes avant de les peupler d'une profusion d'êtres fantastiques, en partie humaine ou mi animale ou mi végétale. Chaque tableau est ensuite découpé, monté et encadré. Cet artiste développe des récits et des métaphores très personnels, tirés de la vie quotidienne ainsi que d'anciens récits nés dans le giron des multiples cultures africaines. Après une époque qualifiée d’abstraite, il a créé un style figuratif énigmatique avec un mélange de matières telles que la peinture à l'huile, la gouache, l’encre de Chine et le crayon. Il utilise ce langage visuel troublant pour communiquer la complexité et la cruauté des thèmes qu'il aborde : violence politique, exploitation de la nature et phénomènes de domination et d'exclusion. Ses œuvres sont à découvrir à la galerie Daniel Tempton jusqu’au 27 mars 2021. Plus de détails sur le site www.templon.com Rue Veydt, 13A à 1060 Bruxelles

DÉCÈS DE PHILIPPE CHATEL Philippe Chatel n’est plus ! Le nom de cet artiste ne vous dira sans doute pas grand-chose. Disons que le compositeur de la comédie musicale « Emilie Jolie » est décédé d’une crise cardiaque le vendredi 19 février 2021 à l’âge de 72 ans. Voilà, vous y êtes ! Ce conte (en)chanté a été écrit pour sa fille Emilie voilà plus de quarante ans, sans jamais imaginer à quel point il allait connaître des prolongations en étant repris un peu partout dans le monde, au point d’être adapté à diverses sauces et de bénéficier de l’interprétation des meilleurs chanteurs de plusieurs générations successives. Le disque original de 1979 se targuait de bénéficier de la présence de Georges Brassens, Robert Charlebois, Louis Chedid, Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Alain Souchon, Henri Salvador et, notamment, Sylvie Vartan. Toutefois, beaucoup ont oublié que l’artiste était avant tout un chanteur à la tignasse épaisse, guitare à l’épaule, artisan de la variété française nouvelle vague, de celle qui misait ses arguments sur la mélodie et les ciselures des couplets et du refrain. Même s’il n’a jamais poursuivi dans le domaine du musical, Philippe Chatel reste pour beaucoup l’un des précurseurs du genre en France. Adieu l’artiste ! Daniel Bastié


DU CÔTÉ DU RIDEAU DE BRUXELLES L’année nouvelle est là et, avec elle, l’espoir de jours moins gris. 2020 aura été particulièrement éprouvante, car nous avons été forcés de garder nos distances mais nos liens ont tenu bon et ils sont là, toujours vivants, toujours vibrants. Merci pour vos messages, vos mots encourageants et vos manifestations de soutien qui nous arrivent régulièrement depuis mars dernier. Vous aussi vous nous manquez. Nous continuons à travailler et à créer. On lit, on écrit, on répète, on reporte, on réfléchit, on rêve, on cherche, on workshope, on fait chauffer les neurones, impatients que nous sommes de partager tout ça avec vous. Alors, en attendant nos retrouvailles dans notre maison de théâtre, un coup de fil au 02 737 16 01 et hop, laissez-vous guider par la voix de Cyril, choisissez votre menu et vous pourrez entendre Valérie Bauchau et Véronique Dumont, les deux actrices de Loin de Linden, vous livrer quatre courts extraits de leur spectacle. Si vous le souhaitez, une autre touche vous donnera la possibilité de nous laisser quelques mots. Quelques notes festives pour chasser 2020 et accueillir 2021. Chaleureusement, Toute l’équipe du Rideau de Bruxelles

EXPOSITION : MEET THE MASTERS – VAN EYCK, BRUEGEL ET RUBENS Voilà un événement qui a pour vocation de marquer durablement les esprits et qui met sous les projecteurs de manière digitale et didactique le travail des peintres Jan Van Eyck, Pieter Bruegel et Pieter Paul Rubens, les trois plus grands représentants de la période flamande. L’objectif est de conjuguer une histoire de près de trois cents ans à une technologie dernier cri, afin de créer une immersion totale dans l’univers des artistes. “Meet the masters” propose donc une reconstruction à l’identique de l’atelier de ces créateurs, ainsi que des moyens qui permettent aux œuvres de s’animer. Cette exposition a été conçue en collaboration avec des experts et des historiens de l’art, afin que les travaux originaux, les techniques et les spécificités de chacun n’aient plus de secrets. Les plasticiens appartenant à des courants différents sont ainsi présentés dans leur contexte le plus fidèle. Jan Van Eyck, Pieter Bruegel et Peter Paul Rubens, sans doute les plus grands peintres flamands de l’Histoire, se voient de la sorte réunis le temps d’une expérience virtuelle et d’une rencontre inédite. S’il est toujours question de voyage, celui-ci s’organise hors de toute chronologie, engageant dans une conversation fantasmée ces trois maîtres nés de siècles différents. L’opportunité de découvrir leurs ateliers respectifs reconstitués dans les moindres détails et d’observer leurs chefs-d ‘œuvres, grâce à la cartographie vidéo et à des projections à 360°. Sans parler d’une captivante pièce radiophonique … En bref, un spectacle son et lumière éblouissant que seule la 3D a pu concrétiser. Si vous avez aimé l’expérience immersive « Beyond Bruegel » et celle intitulée « Monet – the immersive experience », celle-ci est naturellement une invitation à vous déplacer. Une exposition à découvrir jusque fin avril 2021 au palais de la Dynastie. Plus détails sur le site www.meetthemasters.be Mont des Arts, 5 à 1000 Bruxelles André Metzinger


EXPOSITION : ALEP – VOYAGE AU CŒUR DE 5.000 ANS D’HISTOIRE La Fondation Boghossian inaugure une exposition immersive et numérique consacrée à la Alep, la cité millénaire. Depuis 2012, la guerre civile syrienne ravage la ville d’Alep. Bombardements et combats au sol firent payer un lourd tribut à la population civile, mais également au patrimoine. On estime à plusieurs centaines le nombre d’édifices historiques endommagés ou détruits. Aujourd’hui encore il est difficile de répertorier ce qui a été perdu dans ces destructions et ce qui peut être sauvé. Grâce à plusieurs missions de terrain en 2017, les équipes d’Iconem, spécialisées dans la numérisation du patrimoine menacé, sont parvenues à établir des modèles 3D de plusieurs monuments majeurs de la vieille ville d’Alep. Ce travail, en plus de sauvegarder virtuellement ce patrimoine et d’en permettre l’analyse à distance, rend accessible au grand public les vestiges martyrs de l’architecture syrienne. Plongé dans une lente déambulation au sein des modèles 3D des principaux monuments d’Alep, le visiteur est confronté tour à tour à la dureté des dommages infligés au cœur historique de la ville et à la beauté des portions intactes de ces monuments. Une exposition à voir à la Fondation Boghossian jusqu’au 18 avril 2021. Plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles Sam Mas

EXPOSITION : LES MANUSCRITS DES DUCS DE BOURGOGNE Il y a six siècles, Bruxelles appartenait aux souverains les plus riches et les plus puissants d’Europe : les ducs de Bourgogne. Fins politiques et mécènes cultivés, ils se sont constitué un émouvant trésor : une collection de manuscrits tellement unique qu’elle a son propre nom, la Librairie des ducs de Bourgogne. Si tout le monde connait aujourd’hui Jan Van Eyck ou Rogier van der Weyden, les miniaturistes – peintres des livres – n’avaient rien à leur envier. Au point de faire dire à certains que les plus beaux tableaux des Primitifs flamands se trouvent peut-être dans les manuscrits. Ces chefsd’œuvre, rescapés des outrages du temps et de l’Histoire, la Bibliothèque royale les protège pour vous. Elle ouvre aujourd’hui ses coffres pour en partager les clés et les splendeurs à travers son nouveau musée. Cet endroit unique vous permet de découvrir le passé culturel du Moyen Âge en Europe (1er étage) ; puis de pénétrer dans le Saint des saints (2e étage) et d’y admirer les splendides manuscrits enluminés de la Librairie des ducs. Cette exposition est permanente, même si certains ouvrages seront remplacés par d’autres, afin d’inviter les visiteurs à revenir. En plus de cette découverte unique, cette exposition vous propose une expérience immersive dans la vie culturelle du XVe siècle, la sollicitation de tous vos sens et un voyage dans le temps de manière originale et interactive. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.kbr.be Mont des Arts, 28 à 1000 Bruxelles


REPORT DU BRUSSELS SHORT FILM FESTIVAL Pour sa 24e édition, le Brussels Short Films Festival souhaitait vous proposer une édition qui puisse à nouveau être rythmée par des projections, mais aussi par des rencontres humaines et professionnelles ! Plus que jamais, ses organisateurs souhaitaient qu’il soit une réussite pour fédérer un public varié et puisse continuer à être un lieu de découvertes, ainsi qu'un rendez-vous pour toute la profession. Cela dans une ambiance la plus chaleureuse et vivante possible. Malheureusement, la pandémie est passée par là et la covid a généré une instabilité pour tous les agents du monde culturel. C'est pourquoi, face à l'incertitude de la situation sanitaire pour le mois d’avril prochain et pour ne prendre aucun risque en jouant avec la santé des spectateurs, il a tout simplement été décidé de postposer l’événement et le programmer du 18 au 27 juin 2021. En espérant que ces dates puissent être confirmées à plus ou moins brève échéance … Paul Huet

ANIMA, LE FESTIVAL EN LIGNE Anima, le Festival du Film d’Animation de Bruxelles, se déroulera bien du 12 au 21 février 2021 pour sa quarantième édition, mais dans une version totalement en ligne et ce via sa nouvelle plateforme. Chacun y a cru jusqu’au bout, mais la pandémie dicte sa loi et impose des sacrifices qui coûtent à tout un chacun, avec des victimes collatérales, des déçus, des démoralisés. Plutôt que d’abandonner complètement ce projet (également un anniversaire !), l’équipe s’est résolue à le proposer en streaming, avec le public à distance, mais sans renoncer à la qualité d’une programmation qui a su fédérer des fans depuis ses premières heures. Une expérience 100% inédite, même si elle s’inscrit dans l’air du temps. Au menu, de la diversité et un riche panel de titres peu ou mal connus et des nouveautés qui se joignent à des affiches plus connues. Plus de deux cent cinquante films à la demande sont ainsi prévus, auxquels s’ajoutent des événements virtuels additionnels et des live. Si vous souhaitez participer à cette fête du cinéma, forcément de chez vous, je ne peux que vous enjoindre à la découvrir via le site www.animafestival.be Paul Huet

QUEL AVENIR POUR LE MUSÉE DU JOUET ? Le Musée du Jouet, situé à un jet du Jardin Botanique, entre la place Madou et la place Rogier, est menacé de fermeture. L’information nous est parvenue via les ondes de la RTBF. Installé depuis 1990 dans un immeuble de la rue de l’Association, il possède une collection qui approche les vingt-cinq mille pièces. Un trésor unique en Europe. Constituée par un passionné, cette manne réveille les passions dans les yeux des seniors qui viennent parcourir les locaux de cette caverne d’Ali Baba, suscite la curiosité chez les enfants et est devenu un déplacement obligatoire pour quasiment toutes les écoles maternelles et primaires de la capitale, drainant de nombreuses classes avides de savoir. Entre les ours en peluche, les objets mécaniques et les soldats de plomb, se déplie plus d’un siècle et demi de notre histoire. Ce n’est donc pas faute de public ni à cause de la crise sanitaire que son avenir est menacé. En fait, le bâtiment appartient à la Cocof et il a été avéré que d’importants travaux devaient y être effectués pour garantir la sécurité de tout un chacun. Depuis le décès de son créateur, André Raemdonck, sa fille veillait à la pérennité du lieu. Une mission mise aujourd’hui en déséquilibre face au chantier indispensable Actuellement, la balle se trouve dans le camp du propriétaire qui ne voit pas de quelle manière agir, si ce n’est que de vider les lieux pour entreprendre un chantier de durée relativement longue. Alors, un déménagement possible vers une autre adresse ou une fermeture définitive. Affaire à suivre …


INFORMATIONS DU THÉÂTRE DES MARTYRS Le Théâtre confirme son ancrage sur la place des Martyrs. Le bâtiment - situé Place des Martyrs 22, à 1000 Bruxelles - dans lequel le théâtre loge ses activités, a vu son bail renouvelé pour une durée minimum de neuf années, prenant cours au 1er janvier 2021. A l’initiative de Rudi Vervoort, Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale en charge de la Culture à la Cocof, gestionnaire de l'infrastructure, le bail du théâtre a été reconduit pour les années à venir. Un engagement d'importants travaux de rénovation a également été pris pour ces trois prochaines années. Un signal fort en faveur de l'affectation culturelle et théâtrale des lieux et de sa modernisation. Une présidence renouvelée. Suite au retrait de Michel Claise, l’organe d’administration a élu à sa présidence, en date du 9 novembre dernier, Juliette Roussel, membre de l’asbl depuis de nombreuses années, responsable du service culture d’une commune bruxelloise. Un second et dernier mandat pour Philippe Sireuil. Après une évaluation positive de son premier mandat de direction, l’organe d’administration a sollicité Philippe Sireuil pour effectuer un second mandat de cinq années, le premier ayant pris fin au 31 décembre 2020. L’objectif est de permettre à la structure de surmonter la crise actuelle, de préparer le nouveau contrat programme pour le Théâtre et de parfaire la mutation de l’asbl Théâtre des Martyrs entamée dans le courant du premier mandat de Philippe Sireuil qui poursuit donc à la barre du théâtre en étroite collaboration avec Charlotte Dumont, directrice administrative et financière. À sa demande, Philippe Sireuil quittera toutefois ses fonctions anticipativement, le 30 juin 2024 au plus tard. Le processus de désignation de la personne appelée à lui succéder sera lancé début juin 2023. L’organe d’administration de l’asbl a souhaité mettre en place une procédure ouverte et indépendante qui sera précisée en temps utile. Une date de reprise des spectacles En ce début d’année, nous avions espéré vous faire part d’une date où nous pourrions de nouveau vous fixer rendez-vous, mais force est de constater que nous ignorons toujours quand et comment nous pourrons vous accueillir dans nos salles. L’heure n’est donc toujours pas aux retrouvailles, et notre impatience – le mot est faible – grandit … Chose qui ne nous empêche ni de travailler à l’interne (de nouveaux spectacles se répètent, d’autres se reportent, et la prochaine saison que nous espérons sans virus se dessine et se construit), ni de vous adresser nos meilleurs vœux pour 2021, année que nous vous souhaitons en tous points meilleure que celle qui vient de s’achever. L’équipe du Théâtre des Martyrs

UN ÉCHO DE LA COMÉDIE DE BRUXELLES Tout d'abord, je vous souhaite, au nom de toute l’équipe de la Comédie de Bruxelles, une meilleure année 2021. Que vos rêves les plus fous deviennent réalité ! Même si l’année nouvelle ne commence pas comme nous l’avions espéré, je reste néanmoins optimiste et positif. Tout est possible. Je le crois profondément ! Tout comme je suis certain que nous nous retrouverons en nombre au théâtre. Malheureusement, il faudra encore un peu de patience. Les chiffres que nous devons atteindre pour endiguer cet infatigable virus ne seront pas atteints, selon les experts, avant février au plus tôt ! Les vaccinations, très prometteuses, vont se faire par paliers et ne couvriront pas l’ensemble de la population avant mai au mieux. Tout cela nous oblige donc à reporter également notre spectacle de mars « Ramsès II ». Car même si le gouvernement décide de rouvrir les théâtres en mars, le nombre de spectateurs admis en salle ne nous permettra pas de créer notre spectacle dans des conditions financièrement


acceptables. C’est à nouveau un gros coup dur pour la compagnie qui voit toute sa saison annulée et reportée. Du jamais vu ! Mais ne nous plaignons pas. Nous sommes loin d’être les seuls dans cette situation ! Patience et longueur de temps… En attendant la reprise, nous essayons de trouver des solutions pour nous maintenir à flot et travaillons activement sur la saison prochaine. Votre fidélité a toujours été l'essence même de notre énergie… Quant à votre solidarité, elle n’est plus à prouver. Merci pour votre soutien sans faille depuis mars dernier. En ce qui concerne vos places, vous ne devez rien faire. Elles seront automatiquement déplacées aux dates prévues pour la reprise. Vous recevrez ultérieurement un mail reprenant toutes les informations nécessaires. En attendant, nous vous souhaitons encore le meilleur. Et ne l’oubliez pas, le bonheur, aussi, est contagieux ! Daniel Hanssens

PLEIN LES OREILLES POUR DÉBUTER L’ANNÉE NOUVELLE Un crochet par le 7A de la rue Goffart, branchez-vous et écoutez aux portes du Rideau ! Un simple coup de fil au 02 737 16 01 et notre standard téléphonique vous propose un menu où vous pourrez entendre des extraits du spectacle « Saule, pieds nus dans les aiguilles », un petit bijou qu’elle peaufine depuis douze mois. On croise les doigts très fort et si, par un certain concours de circonstances covidiennes ce n’était pas possible de présenter cette pièce cette saison, nous ferons le maximum pour la retrouver ailleurs, plus tard, en des temps plus cléments. Bien sûr, l’incertitude est devenue notre quotidien et vous nous manquez. Même si perdure l’idée de vous retrouver prochainement, on se redresse, on retrousse les manches et on bosse. Nous ne pourrons pas rattraper ce qui est perdu, nous ne l’oublierons pas et en ferons notre deuil, mais nous veillons à rester debout. Nous avons également envie de mettre un coup de projecteur sur « Beyond the Spoken », un collectif d’artistes qui ritualisent nos grandes et petites morts (décès, perte d’emploi, séparation, …) Qui a dit que l’art n’était pas essentiel ? Le théâtre est et doit rester un endroit de partage, un endroit où nous faisons société, un espace de rencontre, de réflexion et de parole, le lieu où l’on se raconte, comprend et construit nos mondes, notre monde ! Un écrin où, entourés de nos semblables, nous guérissons de blessures et de maladies non palpables néanmoins tout aussi mortelles. Il est plus que temps de nous laisser vous ouvrir nos portes. Nous voulons que nos dirigeants prennent conscience de la détresse sociale et humaine dans laquelle la crise sanitaire nous plonge et que, à l’instar de la ministre de la santé du Luxembourg, notre gouvernement comprenne enfin que, pour être en bonne santé, il faut une bonne santé mentale. Bien sûr, nous n’ignorons pas la gravité de la situation et nos pensées vont à tous les travailleurs des soins de santé, mais nous avons du mal à tolérer que la crise se règle à coup de mesures strictes et inhumaines. Nous ne pouvons accepter que, pas une fois, d’autres facteurs que ceux purement économiques ne soient sérieusement pris en considération. Alors de toutes nos forces, nous crierons notre désaccord et notre colère. De toutes nos forces, nous nous battrons pour que le facteur humain soit remis au centre. Restons en lien et rêvons ensemble à nos prochaines retrouvailles. L’équipe du Rideau de Bruxelles DÉSIRS FUTURS ET MÉTAMORPHOSES Comme tous les lieux artistiques, le théâtre la Balsamine a dû fermer ses portes aux publics et aux artistes. Une suspension spectaculaire pour une durée indéterminée. Reports et annulations des spectacles sont, désormais, au programme. Mesures d'urgence exceptionnelles face à une pandémie virale. Nous nous enfermons dans nos intérieurs respectifs. Nous vivons un quotidien transfiguré. Port du masque. Files devant les magasins alimentaires. Pénuries diverses dans certains rayons. Adoption de gestes barrières. Le télétravail devient la norme. Nous pratiquons la distanciation physique. Les bancs des parcs sont rendus impraticables. Les villes se désertifient, les espaces publics se raréfient. On entend mieux les oiseaux. Nous voilà réduits à la sphère domestique, privée. Perte de sens. Confusion. Morts. Comptes et décomptes. La mort des uns ne sert pas à la survie des autres. Les deuils sont reportés. Par contre, sont accentués les isolements, les dépressions parentales, les féminicides, les violences conjugales. Solitudes extrêmes dans un quotidien sans fêtes. Une chambre à


soi. Cette chambre devient, tour à tour, cellule, refuge, tanière, cocon. Chacun cherche sa chambre. Pour les sans-abris, on réquisitionne des hôtels afin de protéger la vie. Ce que l'empathie et la solidarité n'auront pas accompli, la Covid 19 l'aura induit. La maladie nous pousse à la préservation, le cœur devient temporairement la raison. On vit sur les réserves lorsque l'on en possède. Certains partagent leurs ressour-ces. D'autres encore s'octroient le luxe d'un développement personnel. On laisse sortir le papillon, on lui autorise quelques battements d'ailes. Une métamorphose s'opère. Une transformation fait son œuvre. A notre insu. Un nouvel être s'extirpe. Une nouvelle créature. A présent, nous voici dans l'ère du déconfinement. Les oiseaux chantent toujours. Par-dessus eux, le rouleau compresseur de la logique marchande se fait plus bruyant encore. Le monde de demain n'est pas celui espéré. Étrange, cependant, nous ne sommes plus dans le même état. Quelque chose s'est décalé. Tout semble à redécouvrir. Nos désirs sont barbouillés, nos attentes sont à réinterpréter. Nous sommes des mutants. Nous sommes un peuple qui change. Les créations à venir témoignent de ce trouble, de cette ère faite d'hybridation en tous genres. Nos artistes sont déviants. En eux, un gène artistique qui leur confère des pouvoirs spéciaux. Toujours très obéissants, on réouvrira les théâtres selon les règles imposées. Masqués ou pas, nous tenterons de vous accueillir au mieux. Depuis, bientôt 40 ans, la Balsamine est là pour vous, artistes et publics, elle vous appartient. Ce sont vos présences qui légitiment ce territoire. C’est, grâce à vous, que nous construirons le futur. Et cet avenir proche, c'est votre venue en personne, en chair et en os. On vous attend ! Monica Gomes, directrice de la Balsamine

EN DIRECT DU CENTRE CULTUEL D’UCCLE Nous avons inscrit les joies retrouvées sur le fronton de notre théâtre, mais ces retrouvailles se font cruellement attendre ! Chacun doit encore retenir sa soif de découvertes, de rencontres, d’émerveillement. L’année nouvelle n’a pas encore apporté le soulagement – mais déjà combien d’actes généreux, de gestes de dévouement, de signes de courage et d’endurance. Pendant cette longue latence, nous ne sommes pas restés inactifs : équipement cirque de la cage de scène, peinture des loges, enregistrements de sessions artistiques dans le cube, résidences d’artistes au plateau, nouveau site internet du CCU et nouveau Wolvendael en ligne. Notre plan de reports des spectacles est en cours d’élaboration, il sera finalisé dès que nous saurons avec certitude quand nous pourrons rouvrir. Cet étalement bizarre de la durée nous a permis de prendre de l’avance : désormais, dans le Wolvendael, nous présenterons l’agenda du mois en cours et les spectacles du mois suivant. Nous prévoyons une réouverture du Centre culturel le 2 février 2021. Ce jour, nous serons prêts à vous accueillir, avec un nouveau festival, consacré à des formes originales de théâtre d’objet, le TOM Festival. Des spectacles qui font rêver, penser, sentir, et qui ne s’adressent pas qu’au jeune public. Nous ne savons pas si notre réouverture se fera dans des conditions normales, ou restreintes, mais sachez que toutes les mesures seront prises afin de sécuriser au mieux votre venue – et que vous serez les bienvenus ! La crise a modifié notre perception du temps, et nous a forcé à prendre du recul : à force d’annoncer des choses qui n’ont pas lieu, on finit par ne plus savoir ce qui est. Nous devons réapprendre à croire au présent ! croire dans ce qu’il peut nous apporter de bon, de réjouissant, de divertissant. Se divertir pour être à nouveau pleinement nous-mêmes. Le théâtre, plus que jamais, sera le lieu où venir se ressourcer. Tristan Bourbouze, directeur du Centre culturel d’Uccle


DU CÔTÉ DU THÉÂTRE ROYAL DES GALERIES Malheureusement, cette année, ce que nous traversons nous a privé de La Revue, spectacle mythique et indispensable du Théâtre Royal des Galeries. Nous l’acceptons, nous le comprenons mais, évidemment, ça nous rend triste et cela nous met en difficulté. Triste car nous sommes coupés de vous, notre fidèle public, qui vient chaque année se divertir en notre compagnie. Et dans les difficultés financières aussi, car il n’y a plus de rentrées et les frais fixes continuent … Comme nos confrères, nous n’avons pas de date exacte de reprise. Nous avons compris que nous pourrions peut-être reprendre bientôt. Nous l’espérons, car nous avons besoin de travailler. De vous retrouver. De vous présenter, à nouveau, nos spectacles. Si tout se passe bien, nous vous proposerons donc, dans la première partie de 2021, les quatre spectacles encore prévus dans votre abonnement (« Cuisine et dépendances », « L’étudiante et monsieur Henri » et « Adorable Julia » aux dates prévues et le report de « Un petit jeu sans conséquence » à la fin de la saison). Vous nous êtes fidèles et vous nous faites confiance. Nous voulons vous en remercier. Nous étudions des possibilités, financières ou artistiques, pour vous rendre votre amitié mais nous vous demandons encore un peu de patience car, pour l’instant, nous avons la tête sous l’eau … Toutes et tous, nous vous remercions pour vos témoignages de soutien et, dès que possible, nous reviendrons très vite vers vous. David Michels et toute l’équipe du Théâtre Royal des Galeries

LE THÉÂTRE DE LA TOISON D’OR S’ACTIVE ! En réponse à vos très nombreux messages de soutien et propositions d’aide, nous avons décidé de lancer notre campagne d’abonnements pour la saison prochaine. Vous pourrez ainsi nous soutenir activement en achetant un ou plusieurs carnets de places pour la saison 20-21 Nous avons également décidé, étant soucieux de notre santé collective, de mettre en vente des « masques solidaires » afin de vous permettre de vous protéger, tout en soutenant le TTO à travers un masque à notre griffe… Ces masques personnalisés auront un coût de 25 euros. Après mûres réflexions, nous sommes, au TTO, arrivés à la conclusion qu’il était plus juste de solliciter votre aide de cette manière plutôt que de vous demander d’effectuer de simples dons financiers sans contrepartie de notre part. Nous espérons que vous comprendrez cette approche. L’équipe du TTO

INCENDIE À BOZAR Les flammes ont mordu la toiture de Bozar. Cela a débuté le lundi 18 janvier vers 16 heures. Immédiatement, les pompiers ont été avertis. Sirènes, déploiement des lances d’arrosage et périmètre du quartier bloqué. Les hommes du feu ont fait preuve de célérité. En quelque heures, le danger a été circonscrit. Néanmoins, il faut déplorer deux blessés. Un pompier a fait un malaise cardiaque et a dû être amené aux urgences dans un état stable. Un second s’est abimé le tibia en chutant. Quant à l’ampleur des dégâts, elle est heureusement limitée aux combles, malgré la quantité impressionnante d’eau déversée sur le bâtiment. Enfin, avec la vie culturelle ralentie, tous les locaux n’étaient pas occupés et aucune exposition n’avait lieu dans les salles sous l’endroit où les gerbes sont montées vers les nuages. L’enquête a démontré le caractère parfaitement accidentel de l’incendie. Les assurances se chargeront de la suite ! André Metzinger


CD : GUILTY PLEASURES En mars dernier et durant le premier confinement, le compositeur gantois Dirk Brossé a composé vingt et une valses concertantes pour piano solo, qu’il a regroupées sous le titre quelque peu grivois de « Guilty Pleasures » ou « Plaisirs coupables ». Ces valses sont, à l'exception d'une seule, très éloignées du prototype commercial bien connu des valses dansantes viennoises. Elles sont surtout destinées à être interprétées en concert avec syncopes surprenantes et rythmes de jazz audacieux se heurtant çà et là à l'accompagnement traditionnel. Les styles et genres musicaux varient du pur classique romantique, au jazz latino-américain, oriental, africain et chinois. Voilà le résultat concret de cette gestation avec la sortie d’un album interprété par la pianiste Eliane Reyes, née à Verviers, et réputée autant comme chambriste que comme soliste. Un disque qui nous prouve que la procrastination n’est pas le fait du maestro belge et qu’il a su mettre son art au service du temps qui a été suspendu à cause de la Covid-19. Et’Cetera Records – 21 titres Daniel Bastié

LOST THEMES III John Carpenter a été l’un des réalisateurs les plus prolifiques dans le genre horrifique, avec une pelletée de longs métrages qui ont marqué notre jeunesse. « Christine » d’après Stephen King, c’était lui ! « Halloween » (ou les aventures sanglantes de Michael Myers) a fait tourner la roue de sa gloire. Loin de se contenter d’approximations, il entendait superviser ses films de bout en bout, devenant son propre compositeur. Dès lors, son nom est également apparu dans les bacs des disquaires à l’occasion de la mise en vente des scores qu’il avait signés, synonyme d’effroi, avec des partitions appuyées par une touche des synthétiseurs. Eloigné du grand écran depuis une décennie, l’homme a refusé de prendre une retraite méritée et continue sur sa lancée en multipliant les compositions pour des longs métrages imaginaires, aidé par son fils Cody et le guitariste Daniel Davies. Des morceaux aux titres qui ne laissent pas de doute sur les atmosphères qu’il entend suggérer : Alive After Death, Carpathian Darkness, Dead Walk et, parmi de nombreux autres, Weeping Ghost. De quoi prouver à tous qu’il n’a pas perdu son inspiration et que les mondes angoissants l’habitent toujours. Maintenant parler de chefs-d’œuvre, voilà un pas à ne pas franchir trop rapidement. Sa musique relève de la menace sonore, avec une ligne sombre et quelques accents lumineux qui dédouanent d’un chouia la couleur spectrale de l’ensemble pour agrémenter des nuits d’écoute cauchemardesques et des soirées oppressantes après avoir visionné un vieux film où l’hémoglobine coule à flot. Précédé par deux albums du même acabit (« Lost themes » et « Lost themes II »), voilà un CD qui joue la ligne de la continuité, avec des thèmes efficaces et un piano minimaliste. Le climat naît de la symbiose entre les Carpenter aux claviers et Davies aux cordes. Avis aux amateurs ! Sacred Bones Records – 10 titres Daniel Bastié


PORTRAIT : ALEXANDRA STREEL Alexandra Streel est une jeune auteure belge, née à Liège et résidant actuellement à Bruxelles. Adolescente, elle adorait se réfugier dans les mondes imaginaires des livres qu’elle dévorait. Mais elle restait sur sa faim, elle aurait aimé changer la fin, modifier l’histoire, les personnages, bref, Alexandra est une rebelle. Elle commence donc à écrire vers l’âge de douze ans, à partir de son propre imaginaire, mais ne clôture son premier récit qu’à quinze ans, dans le cadre d’un travail pour le cours de français. L’idée de « Le monde d’Anienda » germe dans son esprit en 2002. Peu à peu surgit cet univers parallèle, habité par des créatures aux pouvoirs magiques, dans lequel vont se dérouler les aventures d’Elwyn, un garçon qui n’est pas aussi humain qu’il le pensait. En 2006 elle met le point final à son premier tome et très vite elle enchaîne sur la rédaction du tome 2. Combinant vie professionnelle, Alexandra est professeure de chimie -biologie, et vie familiale, elle est maman de quatre garçons, elle parvient à terminer ce second opus en 2014. En 2017, elle signe un contrat avec les Editions Rebelle. 2019 voit la naissance de « Vers un autre monde »., suivi en 2020 de « Anienda et les sept prayeurs ». Sur sa lancée, Alexandra entame l’écriture des tomes trois et quatre, prévus pour novembre 2021 et 2022. La crise sanitaire empêchant la présentation de ses livres lors d’événements littéraires, la jeune auteure prépare activement un agenda, contactant bibliothèques, écoles et lieux culturels, afin de bondir dès l’ouverture des portes ! Vous l’aurez compris, cette jeune femme, c’est de la dynamite. « Le monde d’Anienda » plaira aux jeunes à partir de douze ans, très friands de fantasy. Très présente sur les réseaux sociaux, Alexandra reçoit de nombreux retours de lecture. En voici un : Ce que j’aime particulièrement dans cette saga, ce sont les rapprochements entre les habitudes dans cet univers qui ont été reprises plus tard par les humains. Vous verrez facilement les clins d’œil et ce dont je veux parler. J’ai trouvé ça super original de réinventer l’origine de certaines traditions connues chez nous. La magie est encore plus présente, chaque peuple la maîtrise à sa façon et ce tout en respectant la nature environnante. On sent d’ailleurs que la préservation de l’environnement est très importante que ce soit au niveau de la faune et de la flore, j’ai trouvé ça génial de découvrir de nouvelles espèces. Envie de découvrir et/ou d’offrir ces livres ? Vous avez le choix en vous rendant en librairies, en allant sur www.rebelleedition.com ou en faisant vos achats sur Amazon et autres sites de vente. Silvana Minchella


LA FUREUR DES HOMMES Tod Lohman se voit traqué par Otis Boyd, un des gros éleveurs de la région, et ses hommes. Ce dernier l’accuse d’avoir assassiné un de ses fils lors d’une rixe qui a mal tourné durant un bal. Bien qu’il ait clamé son innocence, expliquant que la victime s’est empalée accidentellement en tombant sur son arme blanche, l’irascible éleveur ne veut rien entendre. Avec une seule idée en tête, il souhaite se faire justice en appliquant la loi du Talion. Durant sa fuite, Tod est amené à affronter une nature difficile et des ennemis nombreux. Au Nouveau Mexique, il sait qu’il pourra compter sur le soutien des siens. Mais, tangiblement, le clan Boyd se rapproche pour un affrontement inévitable. Le roman de Charles O. Locke a été adapté pour le grand écran en 1958 et fait partie des classiques du genre western, avec une cavale à couper le souffle et un happy-end attendu. A partir d’un schéma traditionnel de chasse à l’homme, l’auteur soigne le tempérament des deux antagonistes : l’un timide et maladroit; l’autre déterminé et rongé par la douleur. Contraste qui offre une réflexion sur le thème de la violence et qui la justifie peutêtre dans un monde où les colts pendent au ceinturon. Il y est également question d’un incroyable engrenage qui fait basculer les destins, détruisant deux familles par le truchement d’un récit âpre, sombre et finalement assez caractéristique d’une époque. Lorsque les armes parlent, tout le monde se tait ! Ed. Actes Sud – 236 pages Daniel Bastié

LES PIONNIERS Parution de la rentrée de février 2021, voilà le western pour vous faire oublier le confinement, avec des paysages à couper le souffle, de l’action, de l’aventure et un retour aux sources par rapport à tout ce qui a été rédigé depuis sur la genèse de la conquête du vieil Ouest sauvage. Présenté par le réalisateur Bertrand Tavernier, ce roman s’inclut dans la série « L'Ouest, le vrai » des éditions Actes Sud. L’occasion d’exhumer des classiques de la littérature qui fascinaient le public bien avant que le cinéma ne s’empare de la plupart d’entre eux. Des pépites trop peu connues chez nous et qui demeurent incontournables aux States. En ce qui concerne, « Les pionniers », il s’agit du meilleur ouvrage d’Ernest Haycock, immense auteur disparu en 1950, et qui, par le prisme de ce récit, nous immerge dans le ventre de celles et ceux qui ont affronté la nature terrible et ses mille dangers pour bâtir des villes, implanter des colonies et faire de gigantesques territoires des lieux civilisés selon leurs critères. Bien entendu, se lancer à l’aventure revenait également à se confronter à de dures réalités, au point de parfois déchanter, d’y perdre la santé ou, carrément, la vie. En cours de chemin parcouru (et donc aussi de pages), l’auteur y déploie bon nombre de protagonistes, avec leurs caractères propres et nous les dévoile avec leurs points positifs autant que négatifs. Altruisme, courage et abnégation sont les caractéristiques de la plupart de ces femmes et de ces hommes déterminés. Plutôt que de traiter son sujet en suivant le tempo d’une banale aventure, il use de tous les éléments de l’épopée, en exaltant les passions et en présentant les personnages féminins avec un certain réalisme. Démarche assez rare à l’époque, au point qu’elle mérite d’être soulignée. Ed. Actes Sud – 534 pages Daniel Bastié


BISMARCK : MÉMOIRES Depuis plus de cent cinquante ans, la personnalité et les actions d’Otto von Bismarck font l'objet de nombreuses interprétations souvent contradictoires. L‘ancien chancelier de Guillaume II a inspiré et a influencé fortement le monde littéraire germanique, les opinions politiques et religieuses, au moins jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Chose qui s’explique par le fait que l’Allemagne lui a consacré un véritable culte durant de multiples décennies, usant de son patronyme à toutes fins utiles, allant parfois jusqu’à détourner sa pensée. Pour ceux que la chose intéresse, ses mémoires viennent d’être rééditées chez Perrin, agrémentées d’une présentation et d’annotations de Jean-Paul Bled. Texte qu’il a commencé à rédiger après la démission de ses fonctions en 1890, l’esprit rempli d’amertume. Pour l’historien, ces feuillets représentent une source quasi inépuisable de témoignages de première main, tout en restant une suite de citations à sa propre gloire et qui ont fourni à ses admirateurs une matière à partir de laquelle édifier un culte de la personnalité, façonnant l’image qu’il entendait laisser dans l'histoire. Au fil des pages, Bismarck y règle également certains comptes. Même si cet ouvrage se révèle quelquefois subjectif, il possède le mérite de revenir sur un siècle compliqué, en combattant les catholiques et les socialistes (alors considérés comme étant les ennemis intérieurs du Reich), mais également les puissances adverses sur l’échiquier des nations, dont une France avide de revanche et qu’il n’a eu de cesser d’isoler. Surnommé le chancelier de fer, il a corrigé et recorrigé son manuscrit, veillant à entrer dans la légende et à soigner la postérité. Ed. Perrin – 643 pages Paul Huet

DICTIONNAIRE DES MAFIAS ET DU CRIME ORGANISÉ Le nom mafia n’est pas unique, mais pluriel. Il fait référence au crime organisé et a largement contribué à établir sa légende par le biais de l’imagerie populaire, aidé en cela par quelques figures notoires du grand banditisme, dont Al Capone, Lucky Luciano et Meyer Lansky ont été les proues. Spécialiste reconnu de ce phénomène, Philippe Di Folco s’est attaché à proposer un dictionnaire ou abécédaire encyclopédique afin de circonscrire les mouvances, les influences et les grands visages qui ont fait la une des journaux. Avec cet ouvrage, il démontre que l’âge d’or n’est plus, même si les mafias pratiquent toujours une dérégulation économique forcée et génèrent une hyper concentration des richesses en pratiquant une série de règles en-dehors de celles forgées par les états. S’il revient naturellement sur les groupes italiens, russes, japonais et colombiens, il présente également les mouvements récents, férus de technologie et nés dans des pays jusqu’alors épargnés par la férule de ces organisations. Au fil des pages, on découvre un milieu qui s’enrichit par le blanchissement de fonds, l’extorsion, le chantage, la menace, l’intimidation et le meurtre ciblé. Un univers ultra-violent qui ne connaît pas de règles hormis les siennes. Pour des raisons évidentes, les mafias agissent dans l’ombre et parviennent généralement à échapper au regard des médias, de l’opinion publique et des nations. Or, à l’ère de l’information de masse, est vraiment dangereux justement ce qui ne se voit pas. L’auteur a élaboré un livre extrêmement complet et précis qui circonscrit les personnalités les plus éminentes, les modus operandi, les événements et les éléments de langage dans l’intention de les vulgariser et de les proposer à la lecture. Au demeurant, voilà un dictionnaire qui perce les secrets des mafias et du crime organisé à travers le monde et les époques ! Ed. Perrin - 432 pages Daniel Bastié


LËD Voici un polar qui nous change des stéréotypes. Plutôt que de situer l’action dans une quelconque métropole américaine ou européenne, Caryl Férey nous entraîne au fond de la Sibérie, dans un trou perdu à mille lieues de nulle part, au cœur d’une petite ville nommée Norilsk, tristement réputée pour être l’une des plus polluées au monde. Au lendemain d’un ouragan dévastateur et par plusieurs dizaines de degrés qui gravitent sous zéro, le cadavre d’un éleveur de rennes apparaît dans les décombres d’un immeuble ravagé. Accident ou meurtre ? Qui aurait intérêt à éliminer cet homme d’apparence normale ? Si ce n’est que, dans ce pandémonium où se succèdent les aurores boréales, la corruption règne à une vitesse presque pathogène. Tout le monde se scrute, s’espionne et est prêt à dénoncer l’autre. Chargé de dénouer les fils de ce qui s’apparente à un banal fait divers, Boris, flic flegmatique, entend boucler rapidement l’affaire. Mais, c’est sans compter sur les éléments qui se liguent contre lui. Pour échapper à une existence hostile, la jeunesse s’invente des plaisirs illicites, tutoie le danger et ose braver les interdits. L’auteur nous invite à nous balader dans une Russie loin des guides touristiques, sans flonflons ni passeport. Si le purgatoire pouvait avoir un visage, il s’agirait certainement de celuilà, avec des hommes aux mines grises, au faciès désolant autant que désolé, bourrelé par le poids de la fatalité qui plombe tout et du désespoir qui mène à certaines extrémités. Le ton est rude, avec un déploiement de chapitres qui annoncent la foudre, des protagonistes durs et une violence qui sourd par tous les pores. Sans le savoir, Boris dépose les pieds dans un engrenage. Malgré la menace qui souffle, il s’entête ! Même en sachant qu’il s’agit d’une fiction, on éprouve de l’empathie pour ce policier atypique qui fait l’expérience de sa propre descente aux enfers. Noir sur fond de neige blanche ! Ed. Les Arènes – 524 pages Daniel Bastié

UNE SEXUALITÉ À SOI Voilà un livre qui ose le verbe haut, qui parle de sexe sans tabous et qui appelle justement un chat un chat. Toutefois, il convient de ne pas se méprendre, car il ne s’agit pas d’un mode d’emploi ni d’un énième ouvrage destiné à vulgariser la sexualité. Laura Berlingo opte pour une réflexion en ce qui concerne la vie sexuelle inspectée sous tous les angles, en se démarquant de l’avis populaire qui, trop souvent, s’imbrique dans le formatage et les poncifs. Les mœurs étant le reflet d’une époque et d’un espace géographique. Quant à la norme, elle ne s’insère justement que dans ceux-ci, psyché du plus grand nombre qui impose sa férule, sans se remettre en question. Donc, en parlant de sexe, l’autrice entend évoquer toutes les formes de sexualité sans les juger, pour autant qu’elles respectent la liberté de l’autre. Le viol, l’inceste, les attouchements, le harcèlement et la violence imposées aux femmes sont de l’ordre du punissable et l’Etat doit tout mettre en place pour sanctionner les criminels qui s’y adonnent. Dans une société de plus en plus encline à encourager l’épanouissement sur le plan intime, il serait dommageable de ne pas en profiter par maque d’audace, en craignant le regard des autres ou en cherchant son identité. Et si le sexe devenait une zone de liberté, d’égalité et de récréation ? En posant simplement et directement certaines questions, peut-être trouverons-nous des réponses apaisantes et réconfortantes ? Un livre qui évite le ton de l’analyse et de la thèse. Avis aux amateurs ! Ed. Les Arènes – 221 pages Sylvie Van Laere


LE SYNDROME D’IMPOSTURE Le syndrome d’imposture, également nommé syndrome de l’imposteur, induit une forme de doute maladif chez les personnes qui en sont victimes. Ces doutes les incitent à nier la propriété de tout accomplissement, qu'il soit professionnel ou privé. Ce déficit de la confiance frappe en outre de nombreuses femmes : peur obsessionnelle, crainte permanente de l’échec, autodévalorisation, sensation d’illégitimité, etc. Néanmoins, on le sait, la fatalité n’entre pas dans le cadre d’une existence et rien n’est écrit ici ou ailleurs. Alors, pourquoi se laminer la vie et ne pas entrer de plainpied dans ce qu’elle peut procurer de meilleur ? Il s’agit d’une véritable entrave à la liberté et au permis de jouir de ses bienfaits. Elisabeth Cadoche et Anne de Montarlot ont choisi d’analyser le problème pour le circonscrire et lui opposer une série de solutions concrètes. En se basant sur des études scientifiques et des récits à la première personne, elles ont eu à cœur de briser ce tabou pour permettre à toutes de prendre conscience de leur valeur et se libérer du regard des autres. Afin de mener à bien ce cheminement vers l’admiration retrouvée de soi, il incombe d’apprendre à aimer son image pour s’aimer tout court, de ne plus se laisser endiguer par ses faiblesses, d’apprendre à oser et, surtout, d’entretenir un discours positif en invitant ses enfants (et ses filles en particulier !) à ne pas demeurer dans l’ombre, en courbant les épaules et en craignant le jugement de ceux qu’on côtoie ! Un livre écrit à quatre mains pour éclairer les lecteurs (surtout les lectrices !) sur le sujet et les aider à changer la donne de leur quotidien. Ed. Les Arènes – 319 pages André Metzinger

HÉRITAGE La recherche de ses origines peut s’avérer un combat long et fastidieux. Une quête nécessaire pour savoir qui l’on est et d’où l’on vient. Un cheminement pas forcément de tout repos, lorsqu’on est confronté à l’indifférence des autres. A cinquante-quatre ans, Dani Shapiro, devenue autrice à succès, découvre inopinément par le biais d’un test ADN que ses parents ne sont pas ses géniteurs. Un choc ! Jeune déjà, elle se doutait que quelque chose ne fonctionnait pas dans le récit qu’on lui faisait de son existence. Elle, blonde, ne ressemblait pas aux membres de sa famille, juifs orthodoxes. Elle entame donc une enquête pour remonter le fil du temps et débusquer ses véritables parents. Un parcours semé d’embûches, avec une solide dose de ténacité. Comme ceux qui l’ont élevée sont décédés, il lui est impossible de formuler la moindre question. Alors, vivre avec le poids d’un secret trop longtemps conservé demeure pour elle une option tout pareillement intenable. Devenu obsessionnel, ce nœud réclame d’être défait, même si l’autrice sait qu’ouvrir la Boîte de Pandore peut libérer bien des fantômes désenchantés. Un risque que l’existence pousse parfois à accomplir. Ce récit n’a rien d’un polar, même si le suspense y est permanent, en suivant une pente ascendante. On s’identifie à Dani au point de la plaindre, de souffrir en sa compagnie et d’espérer une issue favorable même si, parfois, on ne découvre pas grand-chose à se mettre sous la dent, voire rien du tout ! « Héritage » apparaît dans le paysage littéraire comme un livre bouleversant, rempli d’empathie et dont l’argument de vente est celui-ci : « J’ai toujours su que ma famille dissimulait un secret. Ce secret, c’était moi ! » Ed. Les Arènes – 297 pages Daniel Bastié


L’ŒUVRE DE NAPOLÉON Que s’est-il passé à Sainte-Hélène ? Visiblement, Napoléon y aurait rédigé un de ses grands poèmes, texte que la malveillance a fait disparaître avant qu’il ne réapparaisse beaucoup plus tard pour tomber entre les mains d’un vieil homme, qu’un tiers lui a également subrepticement dérobé. Nous pensions tout connaître de Napoléon, mais peu savent à quel point l’empereur se passionnait pour l’écriture et que sa vocation fondamentale n'était ni la guerre ni le pouvoir, mais la littérature. Il rêvait d’être un émule de Rousseau, un disciple de Werther et se croyait l’égal de Chateaubriand. Et s’il n’a jamais tenté de s’évader de l’île sur laquelle on l’avait exilé, certains exégètes affirment qu’il y avait enfin trouvé le temps de se consacrer à sa passion pour les lettres. Didier Laroque nous propose un roman qui va et vient entre deux époques et qui nous implique dans le quotidien d’un des plus grands hommes de France, celui de tous les superlatifs et qui, toujours, alimente la légende. Conçu telle une enquête passionnante, ce récit passionnant présente Bonaparte sous une mire inédite, tout en finesse et reflétée par le miroir d’une nature encline à la réflexion et à la méditation, avec un tempérament contemplatif et un sens du verbe fait pour troubler les esprits. En se basant sur une documentation bien fournie, l’auteur dresse le profil d’un être qui s’est peut-être trompé de vocation. Au lecteur de s’en réjouir ou de s’en navrer ! Ed. du Rocher – 191 pages Daniel Bastié

LE SECRET DE LA REINE SOLDAT Passée dans l’ombre de sa sœur Sissi, Marie-Sophie de Bavières a laissé le souvenir d’une princesse rebelle, idolâtrée par Marcel Proust et dont Luchino Visconti rêvait de transposer la vie à l’écran en la faisant incarner par la grande Greta Garbo. Née le 5 octobre 1841 à Posenhofen et décédée le 19 janvier 1925 à Munich, elle est devenue duchesse de Calabre puis brièvement reine consort des DeuxSiciles. Veuve assez tôt, elle a parcouru l’Europe et est devenue l’égérie de la Belle Epoque, affichant une liberté impensable pour beaucoup. Loin des règles, elle fonçait dans l’existence, osant des amours longtemps tenues secrètes. Lorraine Kaltenbach revient sur celle qui a été surnommée La Reine Soldat, ses bonheurs, ses rêves, ses écarts et sa volonté extrême de s’affranchir de codes qu’elle refusait de porter comme bagages. Fière, elle a toujours cherché à ne pas se laisser dominer par son entourage, à imposer son droit et, pour ce faire, n’a pas hésité à s’allier avec les anarchistes de son époque. Après cent cinquante ans de rumeurs, voilà la vérité concernant la plus charnelle et la plus intrépide des sœurs de Sissi. Au fil des pages, on découvre sa passion pour un zouave pontifical français et de quelle manière leur enfant a été confisqué. A partir d’archives, l’auteure dresse le portrait d’une féministe avant l’heure et revient sur une époque au cours de laquelle les écarts de conduite n’étaient guère admis. Ed. du Rocher – 301 pages Sylvie Van Laere


LE SAVOIR-VIVRE AMOUREUX Avec un pareil titre, on croit tenir entre les mains la panacée. Vivre à deux, c’est connaître des problèmes qu’on n’aurait jamais eu en demeurant célibataire, mais également des joies qu’on ne pourrait pas partager en restant seul dans un grand appartement froid ou une maison isolée. Le couple est fondamental pour beaucoup et synonyme de bonheur. Néanmoins, rien n’est moins facile que de trouver l’harmonie en compagnie d’une autre personne, sans pour autant renoncer à sa liberté et à ses loisirs. Caroline Kruse, conseillère conjugale et familiale, nous livre ici son expérience dans ce domaine et nous révèle ce qui permet aux couples de durer. Assurément, une part d’alchimie est indispensable, mais il importe souvent de ne pas ignorer les petits gestes et les petites attentions qui contribuent à épanouir la relation commune. Malheureusement, il n’existe pas de recettes miraculeuses. Les statistiques sont là pour le rappeler : le temps est le pire ennemi des gens qui s’aiment. De plus en plus contractuel, le couple est devenu fragile, poreux, soumis aux agressions extérieures et l’enchantement des débuts décroît pour, parfois, déchanter. Du coup, marié ou non, le duo familial n’a jamais suscité autant de commentaires. Pourtant, il existe des petits trucs et un traité de savoir-vivre ensemble dans lesquels chacun peut puiser ce qui bon lui semble. On ne sauve jamais un couple du naufrage, mais on aide celles et ceux qui entendent ne pas vivre pareil péril. Puis, soyons sérieux, il faut souhaiter poursuivre le voyage débuté le jour où l’un s’est installé chez l’autre ou lorsque le déménagement a été entrepris pour habiter entre de nouveaux murs choisis conjointement. Ce petit livre peut donc donner un sens aux difficultés et suggère des pistes pour s’en dégager, des clés pour circonscrire certaines situations problématiques et mieux se comprendre en répondant aux attentes de l’autre. Ed. du Rocher Poche – 284 pages Daniel Bastié

UNE FAMILLE ENFIN PAISIBLE Nous connaissons toutes et tous des histoires de familles heurtées, chamboulées par des secrets et laminées par des egos surdimensionnés. Combien sont-elles à se déchirer au lieu de profiter du bienêtre de se retrouver, de vivre ensemble, de partager un bon repas et de s’embrasser ? Sortir de la spirale infernale des conflits est le rêve caressé par beaucoup. Retrouver l’harmonie qui manque à la maison n’est pas un leurre et nombre de concitoyens consultent des thérapeutes dans ce seul but. Sans le savoir, nous entretenons trop souvent des rivalités et des rapports de force qui nuisent à la concorde, nous créons des disputes alors que le dialogue pourrait désamorcer des situations que nous envenimons par des petites phrases assassines et des gestes inutiles, générant une souffrance que nous nous imposons à tort. Anne-Catherine Sabas, psychothérapeute et psychanalyste, a étudié nos actions et réactions pour en tirer une analyse qui pourrait contribuer à voir clair dans nos comportements. Son objectif consiste à nous éviter des souffrances stériles, à nous encourager à déployer nos mécanismes pour nous extirper d’une spirale sans fin et nous remettre debout. A la lecture de son ouvrage, il ressort que beaucoup trop de désaccords naissent de malentendus, de non-dits, de mots qu’on ne parvient pas à exprimer librement, de non-connaissance des attentes de l’autre. Il ne s’agit bien sûr pas de donner des leçons comportementales ou d’agiter la clochette de la médecine, mais de proposer des petits trucs à saisir pour se remettre en question, pour s’affranchir de nos attitudes tendues, pour s’ouvrir à l’écoute et, plus simplement, pour trouver le courage de parler vrai, prendre de la distance et rebâtir ce qui a été émietté. Ed. du Rocher – 248 pages Amélie Collard


CECI N’EST PAS MON CORPS Sous forme romancée, Enguerrand Guépy revient sur une affaire qui a défrayé la chronique judiciaire. Regard dans le rétroviseur. Au cours la nuit du 6 au 7 juin 1987, une voiture a percuté un rocher sur un bas-côté en région occitane. Appelés de toute urgence, les pompiers ne peuvent que constater les dégâts. Le conducteur a réussi à s’extraire de l’habitacle. Par contre, le passager est resté bloqué et n’a pas pu échapper aux flammes lorsqu’elles ont embrassé le véhicule. Ce qui aurait pu passer pour un fait divers de la route prend rapidement une tournure beaucoup plus complexe lorsque la compagnie d’assurances découvre que le défunt avait souscrit une grosse police peu avant sa mort. Alors, homme particulièrement prudent ou manifestation de quelque chose qui se trame en catimini, avec escroquerie à la clé ? Une enquête est ouverte pour suspicion de fraude. Mieux qu’une fiction, ce roman inspiré d’une histoire authentique prend rapidement une allure de polar, avec un couple machiavélique, une enquête qui a énormément de mal à démarrer et un enjeu qui porte sur plusieurs millions de francs. Une somme colossale pour l’époque ! Deux ouvrages traitent déjà de ce sujet : « Alias », de Christophe Naudin » et « Quarante ans d’affaires criminelles 1969-2009 » de Pascal Michel. Pour connaître l’épilogue de ce récit, Internet peut vous fournir les minutes du procès qui a été ouvert en 1992, même si lire le présent roman reste préférable à un compte rendu d’audience. Ed. du Rocher – 196 pages Daniel Bastié

LE ROMAN DE LA FAYETTE Issu d'une très ancienne famille de la noblesse auvergnate, Gilbert de La Fayette est un gentilhomme qui a gravé son nom dans l’Histoire en s’illustrant dans le cadre de la guerre d’indépendance des EtatsUnis, devenant un ami proche de George Washington et un héros. Patrick Poivre d’Arvor, ancien présentateur du journal télévisé, revient sur ce personnage haut en couleur en empruntant un ton romanesque, mais sans pour autant oublier que la vérité historique ne s’encombre pas d’approximations. Au fil des chapitres, on suit le parcours d’un homme intègre, qui aime son pays autant que la liberté. Amoureux fou de Marie-Antoinette, pas encore reine, il n’a d’intérêt que de se glorifier à ses yeux, quitte à mettre sa vie en péril et à jouer les baroudeurs. Donné pour mort à deux reprises, il réapparaît à la grande surprise de tous. Lorsqu’on lui confie une division pour en découdre avec les Anglais qui, naguère ont tué son père, il remonte sur les champs de bataille pour faire la démonstration d’une réelle bravoure. Au moment où la Révolution de 1789 explose, il dirige la Garde nationale. La situation l’oblige à choisir entre la tendresse qu’il n’a jamais cessé de vouer à l’épouse du roi et la défense des Droits de l’Homme. Un vrai dilemme. A l’instar de beaucoup de Français, il a vécu cette période comme une réelle tragédie, l’amenant à emprunter les routes de l’exil pour échapper à la vindicte d’une populace devenue folle et prête à tous les règlements de compte, voyant le traître et le séditieux dans chaque chaumière. Un livre agréable à lire, bien rédigé, et à se procurer pour aider à vivre le confinement sans trop de déplaisirs. Ed. du Rocher Poche – 468 pages André Metzinger


JEAN-PAUL 1er Dans la péninsule, il était surnommé il Papa del sorriso (« le Pape du sourire »). Albino Luciani dit Jean-Paul 1er est à ce jour le dernier pape italien. Un homme qui a marqué les croyants par sa simplicité, rompant avec le style protocolaire de ses prédécesseurs et allant au devant des croyants. Pas question ici de faire son apologie, mais de dresser un portrait à son image, en revenant sur ses origines, sa fonction dans l’Eglise et les trente-trois jours passés comme pontife. Très sensible à la question de la pauvreté, en particulier dans les pays du Sud, il a mis l'accent sur l'opulence du monde et a parlé de l'importance d’offrir un salaire décent aux travailleurs. Les quatre et uniques audiences générales de son pontificat ont dressé le sens de son message pastoral, en soulignant l’importance de l'humilité et en invitant à relire l’Evangile sans le trahir. Dès l’annonce de son décès, des rumeurs ont commencé à circuler, parlant de complot. Selon certains, il aurait été purement et simplement éliminé, parce qu’il avait remis en cause la richesse du clergé. Des allégations amplifiées lorsque le public a appris que son corps n’a pas été autopsié. Christophe Henning revient sur cette figure attachante et populaire en évitant les superlatifs et en analysant les faits plus de quarante ans après sa disparition. Ed. Artège Poche – 137 pages Sam Mas

UNE AUTRE MÉDECINE EST POSSIBLE On le sait, en moins d’un siècle, la médecine a connu des progrès vertigineux. Néanmoins, on tait souvent qu’elle demeure imparfaite, dans la mesure où certains paramètres peuvent lui échapper et qu’aucun diagnostic n’est garanti à 100%, ouvrant une brèche aux effets secondaires en fonction de l’état du patient, de sa manière à réagir aux prescriptions, de ses antécédents cliniques, de la propagation du mal dans son organisme, etc. Certes très efficace, la médecine actuelle peut donc provoquer des réactions non désirables tels que des immunités dégradées, des errements de la tentation transhumanisante et, parmi d’autres, un coût économique explosif. A cela, elle ignore parfois l’écologie. Prendre soin de sa santé implique également de ne pas oublier l’enjeu environnemental. Le docteur Patrick Theillier s’est intéressé aux médecines traditionnelles du monde entier, autant qu’à ses alternatives (acupuncture, homéothérapie, phytothérapie, compléments alimentaires), pour les confronter, les analyser et en tirer ses propres conclusions. Loin d’une vision radicale qui exclurait ce qui est enseigné sur les bancs de l’Université, il propose des voies non contraignantes pour s’appuyer avec prudence et discernement sur d’autres méthodes. Il partage ici sa réflexion et l’expérience de son métier pour marcher, de concert, vers ce qu’il nomme la santé intégrale. Avis aux amateurs et aux curieux ! Ed. Artège – 318 pages Paul Huet


LE MONDE SELON CHESTERTON Humaniste, essayiste et journaliste, Gilbert Keith Chesterton a été surnommé le Prince du Paradoxe. A aucun autre pareil, il jonglait avec les méandres de l’âme humaine et usait de ses ressorts pour les appliquer dans ses œuvres. Il utilisait abondamment les proverbes, les dictons populaires et les lieux communs pour les détourner de leur sens. Au même titre que Mark Twain, sa notoriété a dépassé le périmètre de sa bibliographie, au point qu’on s’est mis à lui attribuer une série de locutions qu’il n’avait jamais rédigées ni même pensées. Malgré près de cent ouvrages, ce sont surtout ses aphorismes qui nous sont parvenus, teintés d’un humour décalé et qui entraînent le lecteur dans un véritable dédale de réflexions, mâtiné d’un chouia de non-sens. Chaque phrase, aussi bancale qu’elle puisse apparaître au lecteur non averti, se veut le résultat de son âme de poète, d’un esprit qui carburait vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L’idée a ici été de sélectionner une série d’extraits, afin de les étalonner tout au long d’une année calendrier. Un choix qui incite à porter un regard différent sur l’existence, jour après jour, et de s’alimenter d’idées devenues folles par un savant tour de passe-passe intellectuel. Gilbert Keith Chesterton est né à Londres en 1874 et est décédé à Beaconsfield en 1936. Voilà pour situer le bonhomme ! Ed. Artège – 204 pages Paul HueT

POURQUOI AVONS-NOUS SI PEUR DE LA MORT ? La mort est inéluctable et personne ne peut y échapper. Toutefois, elle agite en nous bien des spectres sombres et peut mener à la peur. En matière de fin de vie, il n’existe pas cent règles. Elles se construisent autour de l’acception et peuvent se compléter par la foi. La croyance en un monde à venir meilleur doit nous aider à nous prémunir de cette tendance fâcheuse qui consiste à broyer du noir, à baisser les bras et à ne plus regarder le temps qui passe comme un gage de félicité. A cause de l’idée seule de mourir, on refuse parfois de progresser et d’assumer notre simple statut d’être vivant. Est-ce simple ? Cet ouvrage rédigé par Joël Pralong démêle ce qui peut l’être, revient sur une série d’idées véhiculées par la religion et se loge au creux de la psychologie humaine en rappelant les méandres qui nous attendent, ceux dont nous avons franchi les seuils sans regimber et notre force à vaincre des étapes a priori insurmontables. Il importe avant tout de repousser un ennemi personnel qui prend la forme de la panique, d’apprendre à se raisonner et de ne pas s’emballer dans un tourbillon d’idées contradictoires. L’état de crainte entrave les pensées au lieu de libérer. Dans une société qui se veut parfaite, les médias ont réussi à escamoter le décès, en prônant une médecine formidable, des progrès médicaux qui avancent à toute allure. Puis, le coronavirus s’est imposé à nous pour nous rappeler nos faiblesses, nos errances et nos égarements, remettant la Faucheuse au centre des débats. Oui, la mort a été refoulée, niée et cachée depuis plusieurs décennies ! La peur n’est qu’une émotion parmi beaucoup d’autres. L’endiguer en suivant l’exemple d’un homme sur une croix et qui a réussi à vaincre tout ce qui oppresse nos libertés, voilà un chemin à emprunter, parce que pour Dieu la mort n’existe pas, puisqu’elle se veut seulement un passage. A la frontière du spirituel et de la médecine mentale, cet ouvrage décrit les mécanismes que nous subissons et tente de nous délivrer des douleurs intimes pour nous prendre par la main et nous apporter la sérénité intérieure. Ed. Artège – 152 pages Sam Mas


GRIMOIRES ET SORCIÈRES Quand on est jeune, tout peut devenir source d’intérêt. Alors, lorsque le fantastique se mêle à l’ordinaire, le quotidien dérape et dégage une impression de surprise, avec des nouvelles qu’on aimerait parfois ne pas entendre. Ailis et Na’ya, deux apprenties sorcières, fréquentent leur établissement scolaire avec régularité, sans y être néanmoins des élèves modèles. Puis, un jour, elles constatent qu’un de leurs condisciples de cours commence à emprunter une attitude bizarre. La mystérieuse disparition du petit frère de Na’ya donne un tour d’écrou supplémentaire à ce qu’elles commencent à percevoir comme étant un réel danger. Et si tout venait du bois mystérieux qu’elles traversent régulièrement et qui pourrait être le territoire de créatures étrangères au monde des vivants ? Une kyrielle de vampires et autres êtres maléfiques qui chercheraient à duper les humains en tentant de se faire passer pour des vivants ? Alors, en refoulant la peur, elles décident de relever leurs manches et de mener l’enquête. Vrai, tant qu’elles seront là, personne ne prendra le contrôle de la société pour y imposer une férule autoritaire ! Svetalana Chmakova signe un roman graphique fait pour plaire aux jeunes lecteurs, avec du rythme, deux ados sympathiques et un suspense qui fleure les récits à mi-chemin entre la fantasy et le manga. Une nouvelle bédé de l’autrice acclamée de « Opération survie au collège ». Beaucoup de péripéties au menu de cet ouvrage, dans lequel se mêlent amitiés et soucis inhérents à la jeunesse. Le tout servi avec humour, un dessin bien net et des tons faits pour flatter le regard. Ed. Jungle – 128 pages Amélie Collard

BELGIAN BROL « Demain, la planète sera entièrement belge. Enfin, pas demain au sens strict, mais à l’avenir et dans un avenir pas si lointain ! D’ici quelques années, la Belgique aura en effet conquis le monde pour une raison toute simple : elle est en avance sur son temps ! Tout va donc se faire très naturellement, sans violence ni conquêtes de territoires. » Alors que les dirigeants des deux hémisphères sont obnubilés par la Covid, le réchauffement climatique, les tensions internationales et que peu de résultats se profilent sur l’échiquier des solutions, Fred Janin et Gilles Dal proposent un modèle à suivre : celui de chez nous ! En bref, le modèle belge, avec pour effet de remplacer l’homo sapiens par l’homo belgicus. Un calibre formaté pour toutes les régions du globe et qui aura une ampleur comparable à la fin du Moyen-Âge avec son entrée dans la Renaissance. Bien entendu, cette bédé signée par un de nos Snuls préférés joue la carte de la dérision, mais pas que … Derrière la farce énorme se cache une réflexion sur notre système belgo-belge, ses limites mais aussi son surréalisme qui en fait le charme. Complexité linguistique, administration digne de Kafka, nombre exponentiel de ministres au kilomètre carré, etc. Tout est passé à la moulinette du rire. A la place de geindre sur tout ce qui endigue l’engrenage national, le pli est ici d’en accentuer les déficiences et d’oser une alternative. La Belgique de futur pourrait donc devenir des ministres par milliers, une centaine de langues officielles et, parmi plein d’autres, une crise gouvernementale mensuelle. Mille détails incongrus à découvrir en feuilletant cet album ! Ed. Jungle – 48 pages Paul Huet


LE MYSTÈRE DU TEMPLE DISPARU Anticipation, quand tu nous tiens ! Le jeune Alex se voit confier une mission singulière : voyager dans le temps en empruntant un portail mystérieux et rejoindre Londonium, à l’époque de la Rome antique. Changer d’époque ne constitue pas en soi pas une banalité, mais se balader à travers les strates du temps peut représenter un péril sérieux. Trois règles lui sont précisées en amont : le trajet s’effectuera en tenue d’Adam, boire importe énormément autant qu’il convient de s’abstenir de manger et éviter toute interaction avec les habitants qu’il croisera durant son périple. Il ne sait pas encore que son pire ennemi, Dinu, s’est invité dans la partie. Caroline Lawrence, écrivaine jeunesse, s’est attachée à ce roman plein de rebondissements et marbré par un chouia d’humour. On se trouve ici à des lieues d’Herbert George Wells, père en littérature des voyages temporels. L’autrice privilégie l’action et les dialogues aux descriptions interminables. Les chapitres courts ressemblent à ceux d’un feuilleton populaire, faciles à lire et plutôt agréables. Bien entendu, loin de chez lui, je jeune homme pourra compter sur quelques adjuvants, afin de le tirer de mauvais pas et rejoindre son domicile après avoir accompli ce qu’on attendait de lui. Ed. Gallimard Jeunesse – 311 pages Sylvie Van Laere

LA RÉVOLTE DES DRAGONS Sirin onze ans, est fascinée par l’univers des dragons, même si tout le monde lui répète inlassablement que ces créatures n’existent pas. Pourtant, dans un univers parallèle, ces monstres cracheurs de flammes sévissent pour de bon et, un jour, s’immiscent dans notre quotidien. Ecrivaine de livres fantastiques pour la jeunesse, Angie Sage vit dans les Cornouailles et s’inspire des décors qui l’environnent pour faire fructifier son imagination. Déjà mère de la saga « Magyk », elle ouvre une nouvelle série en reprenant une poignée de thèmes chers : l’innocence, l’enfance, la magie et les malédictions qui frappent les destins. Avec un excellent sens du tempo, elle parvient à rendre son récit convaincant et permet de s’identifier aux protagonistes. Bien vite, la petite Sirin entre en contact avec Allie et Joss, des orphelins chargés de dresser les dragons. Une amitié les soudera pour longtemps. En faisant se succéder les couleurs : humour, suspense, violence et tendresse, cet ouvrage brasse le chaud et le froid sans jamais perdre son unité et se veut une belle déclinaison de ce que la fantasy moderne peut offrir aux lecteurs en manque de rêve et d’évasion. Une lecture utile en cette période incertaine de Covid et une alliée idéale pour lutter contre la morosité. Nos ados ont besoin de rêve pour surmonter cette épreuve. Voilà peut-être la complice idoine ? Ed. Gallimard jeunesse – 381 pages Daniel Bastié


MENSONGES INAVOUABLES Maisie Dobbs est de retour ! Elle enquête à nouveau dans le Londres des années 30, avec une acuité qui lui permet de dénouer les écheveaux les plus retors. Ancienne infirmière durant la guerre, elle a ouvert son agence de détectives pour répondre aux sollicitations de clients qui décident de faire appel à son aide, déçus par les investigations de la police. En cette période incertaine, les demandes affluent. Sir Lawton, un éminent avocat, la charge de retrouver son fils disparu dans un crash aérien sur le front. Du moins à contrer la thèse soutenue par les forces armées qui accrédite qu’il est mort au combat. Une intime conviction le pousse à douter des allégations de la hiérarchie de son héritier. Enquête qui démarre sur les chapeaux de roue mais qui, bien vite, est endiguée par un tissu d’incohérences et une série de mensonges proférés par les forces militaires. Elle découvre que plusieurs disparitions se sont succédé durant cette période. Un terrible secret pour lequel certains seraient prêts à commettre l’irréparable. Jacqueline Winspear nous plonge dans les années troubles qui ont suivi le premier conflit mondial et nous invite à suivre les péripéties d’une inspectrice dotée d’un large sens de la déduction et d’une sagacité à toute épreuve. Alors que les stigmates de la guerre sont présents un peu partout, elle nous invite à découvrir une société en proie à ses fantômes, à ses tourments et qui peine à redresser la tête. Autour de ce protagoniste moderne à tous les sens du terme, on côtoie des gueules-cassées, des laissés pour compte, des pontes de la hiérarchie en uniforme et on suit une intrigue rondement menée, sans temps morts et qui répond aux attentes des lecteurs férus de polars. Belle atmosphère poisseuse et prenante ! Ed. City - 428 pages Daniel Bastié

LE PARFUM DES FEMMES La réussite professionnelle suffit-elle à procurer tout le bonheur du monde ? Camélia fait partie de ces femmes qui ont tourné le dos au passé pour se reconstruire, installée aujourd’hui avec son mari et ses enfants dans une grande bâtisse bretonne héritée d’une aïeule. En apparence, tout pourrait laisser croire que les choses vont pour le mieux, d’autant plus que son job de créatrice de parfums connaît des fulgurances inespérées. Toutefois, au fil du temps, un vide s’est creusé, alimenté par une pression professionnelle de plus en plus conséquente, une charge mentale qui la lamine et des obligations pour lesquelles elle a perdu toute saveur. Alors, elle profite des vacances pour faire le tri dans le grenier. Par hasard, elle découvre des missives appartenant à grand-mère Anna. Un courrier qui lui ouvre tout un pan de l’histoire familiale et auquel elle ne s’attendait pas. Au fil des lettres, elle exhume des secrets bien tus, mais surtout des leçons de sagesse qui conditionnent, peut-être, la sérénité ? Marie Compagnon signe un roman solaire qui se veut un avant-goût de printemps, avec un personnage qui n’a pas peur de saisir son destin à bras-le-corps et qui donne des coups d’étrier à la morosité. Loin de se laisser accabler par les avanies, Camélia se prend en charge, refuse de procrastiner et sait que l’éthique est la manière de se comporter face à certains événements. Après la pluie, le soleil revient toujours ! Ed. City – 266 pages Daniel Bastié


LORSQUE LA VIE DÉRAILLE Il est relativement rare de se confronter à un recueil de nouvelles de Frank Andriat, lui qui nous avait davantage habitués à découvrir ses romans, riches d’observation et nourris d’une belle humanité. Avec « Lorsque la vie déraille », il se sert du monde des chemins de fer pour convoquer quelques rencontres qui se déclinent à tous les modes. Et si le rail pouvait devenir lieu de tentations, d’amours naissantes ou de disputes ? Il s’agit naturellement de huis-clos narrés avec fluidité, en prenant garde à chaque détail. Ne n’oublions pas, l’auteur est avant tout un poète qui maîtrise la langue et cisèle les mots. En visant l’épure, il ne s’encombre jamais de dialogues superflus ni de redondances. A travers une poignée de voyages, il nous convie à des instantanés immortalisés par un trait de plume et n’oublie jamais qu’un récit doit d’abord raconter une histoire. Difficile cependant de résumer le contenu de cet ouvrage. Il s’agit de tableaux en mouvement, avec pour cadre des atmosphères, des états d’âme, des regards qui scrutent ou des mains qui se rejoignent. On y parle aussi beaucoup de passion et d’espoir. Au hasard des nouvelles, certains endroits connus apparaissent dans leur tangibilité : la gare Bruxelles-Nord, le terminal du TER, etc. Enfin, l’être humain se trouve ici dénudé face à ses fragilités, ses drames, mais également fortifié par sa capacité de résilience ou de progression vers l’autre. Chacun pourra s’identifier à un personnage ou reconnaîtra un proche. Ed. Quadrature – 145 pages Daniel Bastié

ZINNEKE PIS MORD SUR SA CHIQUE Voilà le cinquième « métro-polar-zwanzé » de notre rédacteur Georges Roland ! En plein confinement, le crime sévit toujours à Bruxelles, et si le commissaire Guy Carmel pédale un peu dans le stoemp, les affaires se bousculent. Son homologue, le commissaire Isidore Turpin et son adjoint Jésus Floche ont aussi leur lot d'embrouilles. Seule la brasserie Pill toujours vaillante continue à servir la gueuze et le duo ris-rognon qui ont fait sa réputation. Roza-la-Rame reste couche car elle est confinée au dépôt, tandis qu'autour du Vieux Marché ça bouge beaucoup. Mamy Castagnette, une espagnole de la Marolle, fait parler d'elle et de son petit-fils, alors que madame Godelieve, après la mort brutale de son mari, envisage de se recycler dans un commerce lucratif. Chez Pill, les trois grasses n'ont pas fini de reluquer la moustache de l'inspecteur Bertrand Dughesclain. Tout cela ne fait pas le bonheur et surtout la tranquillité de notre commissaire Carmel, qui malgré l'adversité, réussira à confondre les coupables tout en dégustant son breuvage favori. Un opus délirant où la zwanze bruxelloise, la gouaille, l'auto-dérision et le surréalisme ne manquent jamais. « Zwanze seulement, au lieu de manger ton armoire » nous recommande l'auteur en quatrième de couverture. La cascade de situations cocasses ne porte en tous cas pas à la morosité. Un divertissement pur fruit, qu'on lit avec l'accent des Marolles, tellement on y est. Et le Zinneke Pis dans tout ça ? Ben il mord sur sa chique ! Ed. Le Livre de votre Région. - 212 pages Joseph Georges


SOUVENIRS ET ÉTATS D’ÂME Jean-Louis Cornellie a vu le jour le 1er novembre 1945 d’un père né à Londres et d’une mère née aux Pays-Bas. Issu de ce mélange cosmopolite, il a passé son enfance à Etterbeek, non loin du Maelbeek. Il a néanmoins quitté cette commune pour suivre un cursus littéraire à Ixelles. Peut-être aimait-il trop les livres, son péché mignon, pour vivre sans eux ? Voilà qui explique la carrière comme bibliothécaire en chef qu’il a menée jusqu’à l’âge de la retraite. Sa seconde passion était l’Italie, son autre patrie. Au fil des ans, il a noirci des feuillets, se faisant éditer, décrochant le fameux Prix « Louis Musin » et collaborant à plusieurs médias. Il est décédé le 9 avril 2019 des suites d’une longue et pénible maladie. Il était, enfin, un compagnon fidèle sur qui chacun pouvait compter. Durant plusieurs années, il a prêté sa plume à « Bruxelles Culture ». Extrait : Elle m’apparut ne pas avoir d’âge au-dessus des quatrevingts ans, avec la peau basanée et des ridules marquées, mais le visage serein. Pourtant, elle en avait sûrement bavé des ronds de chapeau avec les facéties de son fils indiscipliné nommé Thémis qui, dès son plus jeune âge, avait le verbe grec facile. Il fut renvoyé de la petite école, car il avait osé dire à la belle maîtresse italienne qu’elle avait de beaux seins et mis la main à la pâte ! Damnation de Faust ! C’était le temps où les Italiens occupaient l’île aux éponges. Dès ma première visite en sa demeure blanche, je trouvai en face de moi une femme de caractère. L’une de ses petites nièces parlait l’anglais et me traduisit ce qu’elle disait. Sur la terrasse, à l’ombre, par une après-midi d’été d’une clarté limpide, j’appris, tout en goûtant les raisins, les olives vertes et l’ouzo familial, les moult aventures et marottes d’une femme peu commune. C’est elle, par exemple, qui allait chaque jour allumer les cierges dans toutes les chapelles orthodoxes de la montagne proche et y passait deux coups de balai. Au pas des montagnards ou des chasseurs alpins hellènes, elle n’oubliait aucune halte, allant jusqu’à la plus élevée demeure de Dieu. Quasi personne ne pouvait la suivre tant elle possédait du courage et la marche fière. Elle cousait encore et disait : « Toi, Thémistocle, tu m’en fis voir des vertes et des pas mûres » ! On resta deux heures à discuter de tout et de rien. Ses beaux yeux noirs ne scrutaient plus l’horizon pour voir si son pêcheur de mari gravissait la rue pentue, un coup dans l’aile, mais se posaient avec douceur sur le visage de l’étranger venu du pays où il faisait froid. Lorsque ses mains se posaient sur la table, elle froissait un mouchoir de percale du plus bel effet. Je vis Thémis lui tendre une enveloppe qui contenait quelques billets pour améliorer l’ordinaire et l’extraordinaire. Elle prit la tête de son fils entre ses mains calleuses et l’embrassa doucement. Ed. Ménadès – 142 pages Sam Mas


LA THÉORIE DES AUBERGINES Qu’est-ce que la théorie des aubergines ? Pour le savoir, il faudra lire le dernier roman de Leïla Bahsaïn. Afin de retrouver les saveurs d’une vie perdue, rien ne vaut l’entraide et, pourquoi pas, l’envie de se retrouver en participant à des ateliers culinaires ? Lorsqu’elle perd son emploi de rédactrice dans une agence de pub en même temps que le périmètre stable de son existence, Dija se voit proposer une entreprise d’insertion par la cuisine. Directement, elle se sent à l’aise dans ce milieu. Les contacts sont vrais et le dialogue chaleureux. Elle y côtoie une faune qu’elle n’imaginait pas fréquenter auparavant : un délinquant plus ou moins repenti, une infirmière dépressive, un homme phobique au travail, etc. Les séances se déroulent dans l’harmonie et sous la tutelle bienveillante du chef Achour, qui met place son énergie dans chacun de ses gestes journaliers avec la ferme intention de remettre d’aplomb des êtres abîmés, usés ou qui ont perdu le goût de se lever chaque matin pour guider leur parcours dans la société. En leur apprenant à marier les saveurs, il espère avant tout révéler à chacun ce qu’il possède de meilleur au plus profond de lui-même. Avec beaucoup de lucidité, l’autrice suggère un récit bien ficelé qui décrit notre monde sous une loupe de causticité mais, également, avec un soupçon de tendresse pour les parias laissés en bord de la voirie par le système. Son écriture est généreuse (à l’image des menus que le boss propose) et, bien entendu, au-delà du simple prétexte narratif « La théorie des aubergines » se veut une jolie métaphore qui cherche à démontrer que l’existence demeure vaine tant qu’on n’y a pas décelé les agents de sapidité qu’elle renferme. Ed. Albin Michel – 252 pages Amélie Collard

GNOMON Voilà un thriller qui mélange habilement les genres, avec une plongée en apnée dans un monde futuriste, pourtant pas très éloigné du nôtre. En Angleterre, la monarchie a cédé la place à une oligarchie fédérée autour du Système. Un état mis en place par une aristocratie nouvelle et qui, par le truchement d’un réseau high-tech de caméras, ratisse chaque coin du territoire pour emmagasiner une série d’images et traquer les déviants. Diana Hunter, dissidente notoire, vient d’être arrêtée afin d’être interrogée. Son cerveau est soumis à une analyse profonde mais, au cours de l’opération, une étape échoue et elle meurt de manière mystérieuse. Mandatée pour investiguer, Mielikki Neith, une policière fidèle aux forces mises en place, doit élaborer sa propre stratégie pour ne pas être entravée par des individus aux intérêts incertains. Assez curieusement, elle découvre que trois mémoires émanent de la défunte : celle d’un artiste égyptien, d’un alchimiste et d’un financier grec attaqué par un requin. Sauter les obstacles qui obturent ses avancées et se confronter à des personnages de plus en plus menaçants l’amènent à remettre ses certitudes en question. S’il ne s’agit pas ici de Big Brother, le ton est similaire, avec un monde qui broie les faibles et qui entend tout asservir. Il y est question de liberté et de libre-arbitre menacés, autant que d’aliénation de la pensée et du droit de se mouvoir. L’univers ici dépeint est terrible et fait froid dans le dos. Pour le journal The Guardian, on peut le comparer à « 1984 » de George Orwell, sans qu’il s’agisse d’un copiécollé de ce dernier. Récit machiavélique, « Gnomon » ne laisse aucun répit au lecteur, joue avec ses nerfs et annonce les affres d’une dictature, si nous ne veillons pas à défendre nos droits. Ed. Albin Michel – 489 pages Paul Huet


LES FOLLES HISTOIRES DU SAGE NASREDIN Un moine bouddhiste et un chercheur en psychologie mettent ensemble la main à la pâte pour engendrer un ouvrage qui a pour intention de familiariser tout un chacun avec la sagesse destinée à agrémenter chaque existence et à procurer une sérénité bienvenue dans un monde en proie aux faix du coronavirus. Ils ont rassemblé une série de récits qu’on racontait déjà il y a bien longtemps en Asie et qu’on attribue à un philosophe d’origine turque né en 1208 et décédé en 1284, dont l’enseignement se parait d’éléments tantôt absurdes et tantôt ingénieux. Par leur coté universel et intemporel, ces textes nous parlent aisément, nous rapprochent de l’essentiel et nous aident à comprendre les enjeux de l’existence. Cette sélection forcément subjective (pourquoi cent ?) remet en perspective les grandes interrogations qui nous animent avec de nouveaux éclairages pour nous prendre doucement par la main et nous réveiller à ce qui demeure les socles de notre vie. Un CD audio accompagne cet ouvrage et contient plus de deux heures d’enregistrement. Il peut être écouté sur tous formats d’appareils récents ainsi que sur la majorité d’ordinateurs. La moitié du monde raconte que Nasredin était fou. La seconde qu’il était un sage parmi les sages. L’occasion de vous forger un avis !

Ed. L’iconoclaste - 288 pages André Metzinger

JOUR ZÉRO L’alcool peut devenir un énorme problème dans l’existence lorsqu’il devient dépendance et lorsque le verre qui procure du plaisir se transforme en addiction. Personne n’est épargné par ce que les médecins appellent aujourd’hui une maladie, car elle frappe toutes les familles de manière plus ou moins directe, blessant également les proches de la personne affectée. Enchaîner les bouteilles à écluser n’est pas que l’affaire des hommes, mais également celle des femmes. Même si le nombre ne croît pas en flèche, leurs profils se multiplient et leur moyenne d’âge diminue. Stéphanie Braquehais est journaliste et traductrice. Comme d’autres, elle se croyait à l’abri, malgré des réveils poisseux et des trous de mémoire. Puis, elle s’est confrontée à un constat : l’alcool nuit à ses facultés à demeurer elle-même et occupe une place insidieuse dans sa vie. La question devient rapidement celle-ci : Où se situe la frontière entre le verre du plaisir et celui auquel on s’agrippe pour oublier les soucis du quotidien, pour se désinhiber, auquel on songe dès le petit déjeuner ? Alors, elle décide d’opter pour un recul salutaire et de devenir abstinente. Commence le jour zéro ! Elle nous propose un roman sans concession qui aborde cette épineuse problématique et relate son parcours pour un présent meilleur. En quête de sobriété, ce récit explore également les ressorts de l’addiction et les techniques pour s’en affranchir. Un coming-out bienvenu qui fait sauter les verrous de ce qui a trop longtemps été associé à un tabou, à un manque de volonté ou purement à une tare.

Ed. L’iconoclaste – 284 pages Sylvie Van Laere


UN VOYAGE NOMMÉ DÉSIR Le destin de trois femmes se trouve bouleversé par la présence d’un soldat italien en permission. L’action se déroule en 1917 dans un village des Alpes. Face à l’incertitude du conflit, elles se prennent à rêver, chacune de son côté. Pourtant, la violence de la guerre les rattrapera en les confrontant à la réalité. Péroline est la plus âgée du trio. Depuis trois ans, elle reste sans nouvelles de son époux, un être rustre et violent. Anne-Céleste panse l’absence de son fiancé, monté au front, en s’engonçant dans la prière et la ferveur religieuse. Quant à Rose, la plus jolie, elle veille sur ses frères et sœurs, orphelins depuis peu. Privé d’hommes, le trio sent monter en lui une chaleur prégnante. Et si le beau Vincenzo était un viatique à la solitude et à la peur, à la faim de caresses et de baisers ? D’un naturel séducteur, il se révèle tour à tour énigmatique, consolateur et d’une incroyable présence. Frédérique-Sophie Braize soigne ses personnages, décrit les caractères à l’aide de moult détails et revient sur une période sombre du XXe siècle, tout en parlant d’un fait divers qui a ébranlé la presse de l’époque : le vol de la Joconde en 1911 par Vincenzo Peruggia (eh oui !). Pour énormément de femmes, il s’agit d’une période de craintes, mais également d’espoir. Avec un vrai sens de la narration, l’autrice déploie une écriture riche et sensible, avec un vocabulaire approprié et une constante recherche de l’expression idoine. Un livre au rythme fluide et qui ne tergiverse jamais. Ed. Presses de la Cité – 474 pages Amélie Collard

RIEN NE T’EFFACE Rien ne peut être pire que la disparition d’un enfant. Esteban, âgé de dix ans, se volatilise mystérieusement sans laisser de traces. Nous sommes en 2010 et, sur la plage de Saint-Jean-de-Luz, personne n’a rien remarqué de suspect. Maddi, sa mère, s’englue dans une douleur sans nom et, pour mettre de la distance avec ce drame, refait sa vie. Une décennie tard, en quête d’apaisement, elle revient sur les lieux de la tragédie et se retrouve en présence de Tom, également âgé de dix ans, qui ressemble trait pour trait au disparu. S’agit-il d’une coïncidence ou d’un signe malin du destin ? Qu’importe ! En proie à une détresse profonde, elle décide de rester dans la région et de mener sa petite enquête. Pourtant, il ne peut aucunement s’agir d’Esteban, puisque ce dernier serait maintenant un jeune adulte. Puis, les conjectures fusent à toute allure dans son cerveau grippé. Se pourrait-il que la fatalité soit cyclique et que cet autre enfant soit, à son tour, en danger ? A défaut de circonscrire la situation, elle se surprend à croire à l’impossible, à espérer que Tom soit le double d’Esteban, une sorte de jumeau ou de réincarnation. Michel Bussi signe un roman qui adopte les codes du thriller tout en s’en dégageant. Il se distingue de ses nombreux confrères par le ton qu’il intime à son écriture, par le soin qu’il apporte au récit et par un twist final qui fait mouche. Plutôt que de galvauder sa réputation, il se renouvelle encore, en insistant sur la psychologie de son héroïne et en faisant intervenir une dose de fantastique qui n’est peut-être qu’apparence. Ed. Presses de la Cité –448 pages Daniel Bastié


AU NOM DE LA BOMBE On ouvre un dossier peu ou mal connu. Celui des essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie. Des faits dont les autorités ne se sont pas ou prou targuées. Et pour cause ! Albert Drandov (journaliste) et Franckie Alarcon (dessinateur) reviennent sur ce pan de l’histoire européenne sans se voiler la face ni nous dissimuler quoi que ce soit. A l’aide de témoignages d’appelés, d’engagés, de natifs des lieux où se sont déroulé les opérations et de scientifiques engagés pour mener à bien ces expériences, ils nous racontent les motivations et les résultats de pareilles entreprises qui ont conduit à l’explosion de deux cent dix engins en un peu plus de trente ans, mettant à contribution un personnel évalué à environ cent quatre-vingt mille personnes. Le roman graphique « Au nom de la bombe » brise un tabou et revient sur un dossier classé « secret défense ». A l’époque, celles et ceux qui ont participé à cette aventure se disaient fiers de contribuer à la grandeur de la France. Un rapport d'enquête sénatorial a finalement conclu que ces explosions souterraines, aériennes et autres seraient à l'origine de cancers chez des militaires et les populations civiles habitant près des zones où ont eu lieu les déflagrations. En 2010, la France a été finalement obligée de promulguer une loi sur la reconnaissance et l'indemnisation des victimes . Également bon à savoir ! Ed. Steinkis - 104 pages Daniel Bastié

SOUS LES DÉCHETS … LA MUSIQUE Un ton sépia pour narrer les aventures de Favio Chavez qui entreprend d’initier les jeunes de Cateura, un bidonville du Paraguay, à la musique. Puisque les instruments manquent, il décide de fabriquer ceux-ci grâce à l’aide du menuisier local. Comme matériau, pourquoi ne pas recycler une partie des déchets ? En se basant sur une histoire vraie, Huan Lin, originaire de Chine, brosse un roman graphique au style épuré. Avec poésie, elle relate la genèse d’une formation qui se produit depuis 2006 un peu partout dans les deux hémisphères sous le nom « L’Orchestre des Instruments recyclés » et ce avec un vrai succès. L’occasion d’entendre un saxophone composé d’un bout de gouttière et de pièces de monnaie, un violon fabriqué avec un pot de peinture, une fourchette et un morceau de palette, une contrebasse qui était à l’origine un bidon d’huile, une guitare qui a gardé son allure de boîtes de conserve, etc. Bref, des instruments qui permettent d’interpréter tous les répertoires, passant de Mozart à Metallica, sans oublier Astor Piazzolla, l’un des papes du tango moderne. Bien entendu, pour le plaisir d’en savoir davantage, je ne peux que vous inviter à découvrir le site www.recycleorchesstacateurs.com ou à aller vous balader sur youtube afin d’écouter quelques extraits des performances de cet orchestre insolite constitué d’adolescents. Ed. Steinkis - 130 pages André Metzinger


LA MALÉDICTION DES FLAMANTS ROSES Voilà un livre pour enfants totalement atypique. Il n’y a pas vraiment d’histoire. Alice de Nussy et Janik Coat nous invitent à découvrir la mise en place d’un album où se succèdent mille surprises. Comment contenter tout le monde ? En l’occurrence, une équipe réduite à trois personnes : Alice la scénariste, Janik la dessinatrice et Valéria, celle qui chapeaute le projet. L’occasion de parler des coulisses de la confection d’un livre, des discussions qui vont et viennent, des échanges, des avis contradictoires. Quels personnages faut-il dessiner ? Combien doit-on en placer ? Quel genre de décor allons-nous privilégier ? En fin de compte, on se rend à l’évidence que le débat risque de tourner court, alors pour ne pas en arriver à l’échange de mots grossiers, le lecteur est invité à saisir une paire de ciseaux et à découper les modèles vus et revus au cours des feuillets précédents et à les coller lui-même sur des décors vierges pour obtenir une mise en scène idéale (selon ses critères, bien sûr !). L’idée est originale et se prête à merveille au principe d’accumulation et de joyeux bazar qui se déploie ici. Mener à terme un projet et travailler en équipe se révèle loin d’être une sinécure. Au passage, on reconnait les caricatures d’Alice de Nussy et de janik Coat, ainsi que celle de Valeria Vanguelov, directrice d’édition chez Grasset Jeunesse. Drôle et un chouia iconoclaste ! Ed. Grasset Jeunesse – 48 pages Daniel Bastié

VOTRE HAINE NE DÉTRUIRA PAS NOTRE AMOUR Les contraires sont-ils amenés à s’unir ? Voilà le propos du troisième roman d’Elise Jane, un pseudonyme de plume. Un livre que j’ai eu le plaisir de recevoir par la poste, dédicacé par l’autrice. Quant à sa biographie, celle-ci préfère demeurer discrète sur son parcours, son identité et son emploi actuel, affirmant que ce dernier ne lui permet pas de s’exprimer à visage découvert. Qu’importe finalement, puisqu’il ne s’agit pas d’une confession, mais d’une fiction qui met face-à-face une jeune policière et un délinquant du même âge, à la tête d’un réseau de stupéfiants. Après un passage par la case prison, l’homme est amené à revoir celle qui l’a arrêté. Malgré leurs différences, les sentiments agissent à l’encontre de la volonté de chacun, laissant derrière eux leurs bagages d’habitudes. La vie peut-elle prétendre au bonheur lorsque rien ou peu annonce une issue paisible ? Avec une écriture fluide et un joli sens de la narration, Elise Jane installe une atmosphère qui montre à quel point la volonté ne fait jamais le poids en se confrontant à la puissance de l’amour. Deux protagonistes qu’on aimerait bien sauver de la pourriture de la rue et qui, malgré les apparences, accèdent à la rédemption, assurant au lecteur que le cauchemar peut avoir une fin. Ed. Kindle – 488 pages Daniel Bastié


MARTINE - UNE AVENTURE DU QUOTIDIEN Le personnage de Martine est né en 1954 sous le crayon de Marcel Marlier et le stylo de Gilbert Delalaye. Une époque où la bande dessinée ne connaissait pas encore le succès qui a suivi. Des ouvrages édités par Casterman pour les petites filles sages, avec des récits simples et des situations banales. Bien vite, le succès a été au rendez-vous, par identification avec le personnage principal, pour la fluidité des histoires et, surtout, pour la beauté du graphisme. Un phénomène éditorial rarement égalé car, il faut le reconnaître, il ne se passe pas grand-chose dans chaque album. Eternellement jeune, Martine s’essaye à différents loisirs, voyage à côté de chez elle, se lie d’amitié et va à l’école. Quoi de plus banal ? Et, toutefois, il y a matière à écrire sur le sujet, parce que la gamine traverse les décennies sans vieillir, s’accommode des codes de chaque période, rend formidable les domaines de l’anodin, fait prendre conscience de la richesse de chaque instant vécu avec intensité, apporte un souffle dans ses jeux et croît lors de ses apprentissages. Laurence Boudart a relu toute la collection pour en circonscrire les tenants et les aboutissants, les scruter avec un regard d’adulte, ausculter les répliques, s’attarder sur les décors de chaque dessin et laisser surgir la magie des couleurs. Si toutes les planches de Marlier sont avant tout des œuvres d’art ciselées avec le talent d’un orfèvre, elles ont réussi à perdurer malgré l’évolution de notre monde au point de devenir intemporelles, d’hier et d’aujourd’hui. Puis, il s’agit d’une lecture rassurante. Pas de conflits à l’intérieur du périmètre de Martine, avec des rapports idéalisés qui apportent de la sérénité et nous font oublier les malheurs d’une société de plus en plus encline à se replier sur elle-même et en proie à un individualisme. On pourrait présenter la soixantaine de titres qui fleurissent dans les vitrines des libraires en usant du slogan : L’authentique aventure se joue à notre porte ! ou Les bonheurs simples sont les plus radieux ! Ed. Les Impressions Nouvelles – 124 pages Daniel Bastié

ELLES ONT ÉTÉ LES PREMIÈRES L’Histoire a souvent occulté le rôle des femmes dans notre monde, faisant la part-belle aux hommes. Un oubli dû à une société patriarcale qui a trop longtemps sous-estimé le rôle joué par chacune d’elles, les enfermant dans le giron du foyer familial, les poussant à devenir de bonnes ménagères et à ne jamais faire d’ombre à leur époux. Méline Gazsi et Suzanne Kestenberg sont allé débusquer cent personnalités, toutes disciplines confondues, et qui ont usé de leur talent pour s’imposer sur la scène internationale par le truchement d’un brevet, d’une action insigne ou d’une œuvre artistique. Ce livre est nécessaire pour rappeler le rôle des femmes et les inégalités dont elles sont encore trop souvent victimes. Également pour évoquer les difficultés qu’elles connaissent toujours pour s’imposer comme les égales de leur pendant masculin et le parcours ardu pour accéder à certaines fonctions. Au fil des pages, on croise des noms connus qui jouxtent d’autres qui le sont moins (voire pas du tout pour le lecteur lambda !). Toutefois, l’important se trouve ailleurs. Un peu partout dans les deux hémisphères, malgré des règles strictes, elles ont été pionnières dans bien des domaines, sans avoir froid aux yeux, en croyant à la nécessité de s’émanciper et de prouver que, elles aussi, possèdent une cervelle bien faite, Attention, il ne s’agit aucunement d’un livre revendicateur ni féministe, seulement d’un rappel pour restituer à chacune la place qui lui est due dans les dictionnaires et les anthologies. Un petit regret, les autrices n’ont pas pris la peine de revenir sur le parcours de Maryse Bastié (arrière-grand-tante de notre rédacteur en chef), pionnière de l’aviation, détentrice de plusieurs records aériens et dont de nombreux établissements scolaires, théâtres, rues et avenues portent aujourd'hui le nom. Peut-être dans un volume II ? Ed. de La Martinière – 191 pages Sylvie Van Laere


NOUS ET LES OISEAUX Annoncé pour février 2021, le dernier ouvrage de Carino Bucciarelli vient étoffer le catalogue des éditions bruxelloises M.E.O. Par une nuit de neige et de grand froid, Stéphane Delatour heurte une pierre sur l’autoroute. Laissant dans le véhicule son épouse et ses deux enfants, il va téléphoner à une borne, suivi par l’étrange regard d’une corneille. Au retour, la voiture a disparu. Et dans le commissariat où il fait sa déposition, l’inspecteur semble dubitatif. Ce qui démarre comme un fait divers vire très tôt au jeu des confusions, avec des non-dits, des fauxsemblants, des pistes qui n’en sont peut-être pas, un dédoublement de la personnalité, des troubles psychiques ou une sordide machination qui se met en place pour broyer un être dont on ne sait pas très bien qui il est. L’écriture induit l’étrangeté de la situation, manipule avec habileté le lecteur et se confond avec un labyrinthe qui exploite à la fois l’âme humaine, ses pulsions et la société qui l’entoure. Avec une plume qui maîtrise le sens de la narration, l’auteur revisite le réalisme fantastique cher à nos contrées septentrionales. Ed. M.E.O. – 156 pages Sam Mas

EL CURANDERO Souvent, nous cherchons ailleurs ce qui stagne au plus profond de nous-mêmes, nous tentons d’apporter une explication rationnelle à ce qui nous perturbe, nous menons toutes sortes d’enquêtes, qui coûtent du temps et de l’argent, mais qui n’aboutissent pas toujours, et nous cherchons des modèles, qui, la plupart du temps, nous perturbent parce qu’ils ne correspondent pas à ce que nous sommes. « El Curandero » se développe sur la ligne de démarcation du rêve et du réel, entre deux pays, la Belgique et le Chili. Le personnage participe à un deuil qui résonne sur son propre silence et qui réveille ses fantômes intérieurs. Avec l’aide d’adjuvants, dont on ne sait s’ils sont tangibles ou imaginaires, il tente de se réconcilier avec lui-même et d’apporter sens à son parcours terrestre. Paul Vanderstappen signe un texte personnel, à mi-chemin entre rêve et réalité. Pas besoin de grandes démonstrations pour mener son récit à terme. Il s’y emploie avec méthode et connaît la mécanique du récit pour ne pas buter contre les poncifs et donner corps à des personnages subtils et attachants. Après avoir rédigé plusieurs ouvrages de poésie, « El Curandero » est son premier roman. Ed. M.E.O. - 156 pages Sam Mas

LA MALÉDITION DES MOTS Et si le silence n’était rien d’autre qu’un cadeau, une bénédiction ? La question est posée par Eva, lorsqu’elle entame une enquête sur la vie de son grand-père paternel. Un papy qui paraissait sans histoires, un de ces immigrés juifs venus de Pologne dans les années 30, comme bien d’autres, et qui a fondé une famille chez nous, sans soulever le débat sur le déracinement et le sens de l’immigration. Surprise par la découverte de son engagement communiste, elle décide de remonter le cours du temps et de desceller des pavés. Qui était-il vraiment ? Son passé mérite-t-il qu’on s’y intéresse ? Chemin faisant, elle croise les témoignages, les oppose, est amenée à trier le bon grain de l’ivraie, se doute que des choses sont dissimulées et que les mots ne servent qu’à lénifier certaines plaies béantes. Puis, est-il judicieux d’exhumer ce qui ne doit sans doute pas l’être ? Evelyne Guzy nous parle du passé, de


résilience, du portrait qu’on doit se forger de soi-même, de la nécessité de s’inscrire dans les annales d’une famille et de rappeler les faits d’armes des militaires belges qui se sont opposés à l’invasion nazie. Puis, l’histoire se veut un miroir d’événements sur lesquels on ne dispose d’aucun autre moyen que celui de l’analyse. Enfin, il importe de les replacer dans leur époque, miroir de la réalité. La malédiction est celle de revenir en arrière, de placer des explications sur tout et d’exhumer la mémoire, alors qu’on est parfois plus heureux de ne pas savoir ! Ed. M.E.O. – 236 pages Sam Mas

LA MAISON DU BELGE Après « Les mots de Russie » et « Les tulipes du Japon », « La Maison du Belge » clôture la trilogie consacrée à la reconquête de sa mémoire par Élisabeth, fille d’un couple d’émigrés russo-polonais et personnage central de cette saga qui s’échelonne sur plus d’un demi-siècle. Ce troisième volet revient sur l’élaboration du premier. L’auteure livre les coulisses de cet ouvrage qu’elle arrache aux contraintes, tant intérieures – briser l’amnésie, se réapproprier son passé, tenir la promesse faite à son père d’écrire sur lui, sur sa mère, sur leur huis clos de cauchemar – qu’extérieures – exprimer sa nature d’artiste et d’écrivain en dépit des manipulations d’un riche amant narcissique dont elle s’est follement éprise. Isabelle Bieliecki, née à Passau en Allemagne d’un père russe et d’une mère polonaise, a fait ses études en Belgique. Le déracinement, la création et la folie sont des thèmes récurrents qu’elle exploite avec brio. Outre le français, elle parle couramment le russe, l'anglais et le néerlandais. Depuis plus de vingt-cinq ans, elle travaille dans une compagnie d'assurance japonaise, tout en écrivant durant ses temps libres. Ed. M.E.O. – 232 pages Sam Mas

UN COLIBRI DANS LA NUIT Voilà un des premiers titres 2021 issu du catalogue des éditions Marcel Dricot, un éditeur belge situé à Liège. Voilà de quelle manière débute le roman de Nicolas Rasson : « Mon prénom est Philippe, né en mai 1968 dans une famille catholique, pratiquante et bienpensante, un monde où tolérance se décline en pensée unique et où générosité se traduit en fraude fiscale. À table, on ne parle ni religion, ni politique, ni argent. Du sexe, on ne parle jamais, si ce n’est à mots scellés. ». L’occasion de dresser le portrait d’un homme à la personnalité complexe, qui s’étale sur presque six décennies, avec les rythmes de chaque époque. Il y est également question de thérapie, avec une mise en miroir du passé et du présent et une analyse des éléments marquants vécus dans la douleur, broyés par une religion aux mâchoires serrées, prête à mordre quiconque ne se plie pas à ses dogmes. Un sentiment de tristement se dégage de cet ouvrage, un peu comme s’il s’agissait d’un témoignage ou d’une mise en garde. L’écriture y est cependant simple et prenante. Une playlist conclut cette prose. Insérée pour ceux qui souhaitent écouter les titres évoqués tout au long de la narration avec, notamment, The Beatles, Black Sabbath, Pink Floyd, Serge Gainsbourg, David McNeil, The Cure, etc. Une sélection très pop ! Ed. Marcel Dricot – 293 pages Sam Mas


QUARANTAINE Un virus particulièrement virulent ravage Londres, une capitale en proie au pillage et à l’incivilité. Lorsqu’il a écrit ce roman en 2005, Peter May imaginait mal que, un jour, sa fiction se rapprocherait de la réalité. Si on n’en est malheureusement pas arrivé à pareil stade de dévastation, le monde est secoué par une pandémie comme on n’en a plus connue depuis longtemps et, mémoire de vivant, aucun n’a souvenir d’une telle paralysie des activités économiques depuis sa naissance. Dans ce contexte particulier, les bulldozers défoncent le relief d’Archishop’s Park pour y édifier un hôpital. En excavant le sol, ils mettent à jour le cadavre d’un enfant. Un corps qui ne date pas de Mathusalem ! L’inspecteur MacNeill est dépêché sur les lieux. Lui, le flic désabusé et à quelques heures de quitter ses fonctions, est sommé de résoudre rapidement cette énigme. Difficile de demeurer insensible à ce récit qui, même s’il jalonne les platebandes du thriller, nous renvoie le miroir de notre société vaincue par un minuscule virus qui endigue nos libertés et autorise nos gouvernements à s’emparer des pleins pouvoirs, quitte à jongler avec les principes de la démocratie. Pour le vieux policier, l’enquête s’avère compliquée et semée d’embûches. Sur le plan privé, il vient d’apprendre que son fils a été contaminé et que ses espoirs de survie se réduisent comme peau de chagrin. Rondement mené, ce roman à la construction méticuleuse et au suspense grandissant se révèle captivant de bout en bout et se pourvoie aujourd’hui d’une dimension prophétique. Noir de noir ! Ed. Le Rouergue – 320 pages Daniel Bastié

JACQUES A DIT : SANTEÏ ! Poje tient un bistrot où il fait bon e potje drinke. Un patron du genre sympa, rondouillard et au verbe direct, qui connaît ses habitués et qui a ses habitudes. Dans son établissement, toute une faune s’agite avec pour seul objectif de s’enfiler une bonne bière. De préférence gratis ! Alors, à ce petit jeu, tous les coups sont permis. Le scénariste Raoul Cauvin y va de son imagination légendaire pour concocter des sketches mis en images par Louis-Michel Carpentier et remixés à la sauce bruxelloise par Joske Maelbeek. On prend, on agite et on déguste comme une pintje ! Il s’agit de brèves de comptoir, sans autre prétention que celle de faire passer un chouette moment de lecture et d’offrir des sourires dans un monde de moins en moins coloré, avec le covid-19 qui s’agite derrière chaque porte et qui cherche à nous happer. « Jacques a dit : santeï ! » sent la bonne odeur du terroir et n’a pas d’autre prétention que celle de zwanzer sans dépenser une rotte demijezz. Avis aux amateurs ! Ed. Topgame – 48 pages Daniel Bastié


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