BRUXELLES CULTURE 5 novembre 2021 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com
RENCONTRE : SALVATORE GUCCIARDO
RENCONTRE : SALVATORE GUCCIARDO Peintre et poète, Salvatore Gucciardo jongle avec les couleurs et les mots pour engendrer des univers personnels. En se tenant à l’écart des modes, il crée en se fiant à son instinct et à son bon sens, empreint d’une grande spiritualité. Il doit sa renommée internationale à son extraordinaire talent qui ne connaît ni intermittence créative ni pauses spirituelles. Depuis un demi-siècle, il nous livre des toiles créatives, où se tutoient visions fantastiques et regards surréalistes. Plusieurs de ses œuvres ont, notamment été acquises, par le Musée Royal des Beaux-Arts de Charleroi, le Musée des Arts plastiques et graphiques de Mouscron, le Musée du Bois du Cazier, le Centre Culturel La Posterie, la ville de Bruxelles, etc. Rencontre. Qui êtes-vous Salvatore Gucciardo ? Je suis un artiste autodidacte au parcours atypique. Je suis profondément passionné par la peinture et la poésie, auxquelles j’ai consacré ma vie. Pour moi, peindre et écrire sont deux activités vitales. Créer et s’exprimer représentent un privilège pour qui en a la capacité. L’artiste parvient à faire éclore du néant une multitude d’images et d’émotions qui font que, d’une certaine manière, la création devient une sorte d’alchimie ou de magie à l’état pur. Une œuvre qui est faite avec amour possède le pouvoir de séduire et de faire vibrer. Elle nous pourvoie d’ailes et nous fait rêver. Jérôme Bosch, Jan Van Eyck, Hans Memling, Lucas Signorelli, Michelangelo, Sandro Botticelli, Leonard de Vinci, William Blake, Claude Lorrain et beaucoup d’autres sont exemplaires à ce titre. Lorsque je parle de peinture, je peux ajouter qu’il en va de même pour la littérature, la musique ou la sculpture. A quel âge êtes-vous venu en Belgique ? Je suis arrivé en Belgique à l’âge de sept ans. C’est un pays que j’ai trouvé chaleureux, accueillant et où il fait bon vivre. Même si tout n’a pas toujours été facile pour ma famille. Surtout au début. A quel moment êtes-vous entré en peinture ? A dix-sept ans, en étudiant l’œuvre d’Amadeo Modigliani, une force intérieure m’a incité à saisir un crayon et une feuille de dessin et m’a poussé à reproduire fidèlement le portrait du peintre Chaïm Soutine. Je peins car il s’agit d’un besoin. J’ai des choses à exprimer. A titre de comparaison, je suis un volcan en état d’éruption permanent. Dans mon long parcours d’artiste, je n’ai jamais été en rupture d’inspiration. Très vite, la critique s’est intéressée à votre travail pictural. Vous souvenez-vous du premier article qui vous a été consacré et dans le cadre de quel événement précis ? Dès ma première exposition, un journaliste était sur place. En 1974, lors d’une exposition collective au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, nous étions trois peintres à proposer notre travail. Avant l’expo, j’avais rencontré dans une taverne un des exposants. Ce dernier m’avait demandé ce que je faisais dans la vie. Je lui avais répondu que je peignais. Par curiosité, il a souhaité visiter mon atelier. En découvrant mes tableaux, il a été surpris et m’a demandé si je les avais déjà exposés. Je lui ai répondu que non. Il m’a alors suggéré de les exposer en sa compagnie et de celle d’un ami, afin de réduire les frais d’organisation. Le vernissage a été un réel succès et le Consul Général d’Italie m’a honoré de sa présence. J’ai même vendu une toile.
Enfin, nous avons eu droit à un article dans la presse, qui a souligné ma démarche qui se distinguait par rapport à celle des deux autres exposants, qui pratiquaient un art académique. De la sorte, j’ai commencé à me manifester dans le milieu artistique Votre parcours vous a permis de croiser la route de Thomas Owen, dont vous avez illustré plusieurs textes. Qui était selon vous ce maître du fantastique ? J’ai eu le privilège et l’honneur de rencontrer ce grand monsieur, membre de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, lors de mon exposition personnelle à la Galerie Lorelei, dans le quartier du Sablon de la capitale, en 1976. A cette époque, il effectuait régulièrement le tour des galeries pour rédiger une chronique pour le journal L’Echo. A sa demande et par l’intermédiaire de la galeriste, nous nous sommes rencontrés et il m’a proposé que je lui commente chacune de mes toiles. Après m’avoir écouté avec énormément de concentration, il m’a félicité et m’a demandé mes coordonnées privées, afin qu’il puisse personnellement m’envoyer l’article qu’il allait peaufiner. Depuis ce jour-là, notre correspondance est devenue régulière, jusqu’à sa mort survenue en 2002. Thomas Owen possédait des personnalités multiples. Il était un personnage complexe, d’une rare intelligence, et qui coiffait plusieurs casquettes. Il a su gérer ses activités avec brio. A la base, il avait un diplôme de juriste. Plutôt que de se diriger vers le barreau en devenant avocat ou juge, il s’est orienté dans le milieu des affaires. Durant de longues années, il a présidé le monde de l‘industrie belge, ainsi qu’européenne, tout en écrivant après ses heures. D’abord des livres policiers, ensuite des récits orientés vers le fantastique jusqu’à devenir une figure de proue de la littérature belge de l’étrange. Dans le privé, il s’appelait Gérald Bertot. Comme romancier, il signait Thomas Owen. Comme critique d’art, il préférait le nom de plume Stéphane Rey. Son univers, mystérieux et ténébreux, il l’avait hérité de sa grand-mère gaumaise. Il avait passé toute son enfance près d’elle. Celle-ci aimait lui raconter des histoires de sorcières, de fantômes, de diables … Ces récits l’avaient profondément marqué, au point de lui donner le goût d’écrire des histoires fantasmagoriques, où la peur et la mort se chevauchent pour entraîner le lecteur dans des mondes insolites et ténébreux. A cela, Thomas Owen n’avait rien d’un académicien traditionnel. C’était un homme chaleureux, simple, profondément gentil et sympathique. Extérieurement, rien ne laissait envisager qu’il avait le potentiel de raconter des histoires propices à générer des cauchemars, habités par des monstres et des êtres diaboliques avides de sang. Enfin, il respectait profondément les artistes, particulièrement ceux qui se distinguaient par leur originalité. Quand il admirait un peintre, il le suivait, l’encourageait,
le mettait en valeur et collaborait avec lui. Une de ses énormes qualités était la fidélité en amitié. J’ai illustré plusieurs de ses contes. J’ai également dessiné son portrait et écrit une étude suivie d’une interview en 1986 intitulée « Thomas Owen, l’homme multiple » pour la revue carolorégienne Remue-Méninges. Vos peintures s’inscrivent dans la veine du fantastique et du symbolisme. Livrent-elles un message ou sont-elles pure esthétique ? Je suis un peintre visionnaire, fantastique et symboliste qui trouve son inspiration dans l’homme et le cosmos. Depuis mes débuts, j’essaie d’observer l’être humain, ainsi que la nature avec des yeux nouveaux. Ces observations ont forgé mon univers pictural. Dès mes débuts, je voulais me distinguer. J’avais des choses à exprimer. Je ne voulais pas faire de la peinture superficielle. J’avais en moi une richesse humaine que je devais exploiter. Il fallait mettre ce bouillonnement d’idées et d’émotions au service d’une technique picturale que je devais apprendre, en m’initiant au dessin et à la peinture. Ce souhait s’est réalisé en étudiant les grands peintres. J’ai dévoré une myriade de livres, disséquant toutes les tendances picturales. J’étais avide de connaissances dans tous les domaines. Quand tu nais dans une famille nombreuse, que tes parents n’ont aucune instruction et qu’ils émigrent en Belgique pour un monde meilleur, tu dois te prendre en charge très tôt, te former seul après ton travail et ne pas avoir peur d’affronter toutes les difficultés de la vie. Toute mon existence, j’ai essayé d’illustrer picturalement et poétiquement le lien qui existe entre l’humain et l’univers. L’homme est un élément astral comme tous les corps célestes. Son âme est une infinitude semblable à celle de l’espace. Comme une étoile, nous naissons, nous vivons, nous nous reproduisons et nous mourons. C’est le cycle de la vie. Il en va de même pour tous les éléments qui vivent dans la nature. Vous êtes également auteur d’ouvrages poétiques. L’écriture est-elle le prolongement de vos pinceaux ou s’agit-il de l’inverse ? J’écrivais déjà des poèmes lorsque j’ai eu la révélation picturale. C’est elle qui m’a orienté vers le monde de la peinture. Avec les années qui ont défilé, la poésie est devenue mon violon d’Ingres. Les engagements que j’avais avec les galeries ont mis en arrière-plan ma production poétique même si, de temps à autre, mes écrits étaient publiés dans des revues. Puis, juste retour de flammes, l’écriture est revenue dans ma vie, avec beaucoup d’insistance. Pensionné, je dispose maintenant de temps à lui consacrer. Je viens d’ailleurs d’achever la rédaction de deux recueils qui attendent un éditeur. Quant à sa relation avec la peinture, pour moi ces deux modes d’expression se complètent et se rejoignent. J’adore placer des images dans ma poésie et de la poésie dans mes images. Un texte de Léonard de Vinci illustre ma démarche : « La peinture est une poésie qui est vue plutôt que ressentie, et la poésie est une peinture qui est ressentie plutôt que vue. » Quel message souhaitez-vous transmettre ? Le message que je veux transmettre est un message d’espoir et de lumière. Ces deux éléments s’associent aux forces de la nature, aux mystères terrestres et à ceux de l’univers.
Pour réaliser vos œuvres, avez-vous besoin d’une mise en condition particulière ? La musique en général, qu’elle soit contemporaine ou classique, est un stimulant qui m’incite à relever les manches, particulièrement celle de Bach, de Beethoven, de Mozart, de Vivaldi, de Debussy et de Ravel, même si je suis ouvert à d’autres répertoires. A quel moment, une toile est-elle achevée ? Son cheminement, de son ébauche à sa finition, passe par des multiples phases, dont tu dois constamment maîtriser les différentes étapes. Il s’agit d’un travail très complexe, qui exige de la concentration et énormément de patience. A chaque coup de pinceau, si tu ne maîtrises pas ton sujet, ton tableau risque de ne jamais aboutir. Il est essentiel de respecter le dessin, l’anatomie, la perspective, l’harmonie des couleurs, la perspective aérienne et le climat de l’œuvre. En cours d’exécution, l’artiste perçoit l’évolution de la toile. Quand celle-ci a atteint son haut niveau de plasticité et d’esthétique, le peintre peut la signer. Plusieurs textes littéraires commentent vos travaux. Selon vous, vos tableaux ont-ils besoin d’être expliqués, dans la mesure où ils racontent un récit, ou, au contraire, faut-il laisser à chaque spectateur le droit de s’en imprégner sans chercher à les influencer ou à les diriger ? Je suis particulièrement ému lorsque des poètes, des romanciers ou des écrivains commentent mes travaux. J’en suis également profondément honoré. Je découvre parfois des choses que j’ignorais. Il s’agit d’un regard extérieur, même si je pense qu’une œuvre n’a pas forcément besoin d’être commentée ou expliquée. J’aime donner la liberté aux spectateurs de s’imprégner de mes créations et de les interpréter selon leur sensibilité. Un tableau appartient à celui avec qui il communique. Il doit faire rêver, provoquer des émotions, déployer des ailes … Un artiste pose des gestes. Ensuite, lorsque son œuvre est livrée aux spectateurs, elle ne lui appartient plus. Elle est destinée à vivre des existences successives, qui dépendent complètement du ressenti de l’observateur, même si je reste toujours disponible pour répondre à certaines questions ou pour formuler ma propre définition. Quels matériaux utilisez-vous ? Pendant plus de quarante-cinq ans, j’ai pratiqué la peinture à l’huile. A présent, j’utilise l’acrylique. Cette matière me donne beaucoup de facilités avec un temps de séchage plus court et moins d’odeurs qui envahissent mon atelier. Également, une matité que je préfère maintenant au vernis. Toutefois, il m’arrive encore de peindre à l’huile, lorsque l’envie me surprend. J’utilise également l’encre de chine, l’aquarelle, le pastel ou la mine de plomb. Sans m’astreindre aucune limite.
Pensez-vous avoir atteint la maturité de votre art ou avez-vous encore certains défis à surmonter ? Avec un demi-siècle de pratique, je crois avoir atteint une maturité au niveau de la technique. Chose qui ne veut pas dire que je connais tout. Chaque jour, j’apprends. Un artiste doit constamment étudier et se remettre en question. Pour lui, il importe de ne pas s’engager dans la routine, afin de ne pas répéter inlassablement ce qu’il a produit au préalable. Les défis sont infinis. Chercher à les surmonter fait partie de l’exercice quotidien de l’art. Il n’est jamais question de contrainte, mais de réel plaisir. Pour quelles raisons faudrait-il acquérir une de vos toiles ? Il y a plusieurs raisons qui peuvent inciter un visiteur à acquérir une de mes œuvres. La première est celle du coup de foudre. La deuxième est celle d’apprécier ma démarche artistique. La troisième est de reconnaître l’originalité de mes créations. La quatrième est d’investir sur ma valeur créative. Vous exposez à Espace Art Gallery du 5 au 28 novembre 2021. Qu’est-ce qui vous a décidé à accepter l’invitation de monsieur Delfosse, le patron de cette enseigne ? Lorsque monsieur Delfosse m’a proposé d’occuper ses cimaises, l’idée m’a énormément séduit et j’y ai répondu avec plaisir. Cela faisait plusieurs années que je connaissais ses compétences de galeriste, ainsi que son sérieux et la qualité de ses expositions animées par des prestations musicales, des soirées littéraires, ainsi que par des conférences diverses. A cela, il possède une formation d’artiste issu de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, avec une spécialisation en gravure. Un entretien que nous avons eu entre quatre yeux m’a convaincu de ses compétences pour mettre en valeur mes travaux et en assurer la promotion le temps d’un accrochage. Retrouvez tous les détails pratiques de cette exposition sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Propos recueillis par Daniel Bastié
EXPOSITION : LOUIS DE FUNÈS Cette exposition montre et décrypte les sources d’inspiration et les ressorts comiques de Louis de Funès, notamment à travers son génie burlesque de l’observation qui l’a conduit au sommet du box-office à cinquante ans. Cette expo est une invitation à découvrir l’acteur sous toutes ses facettes à travers la réunion de près de cent cinquante œuvres. Parmi celles-ci, on retrouve la voiture du Corniaud, le costume de Rabbi Jacob ou celui, reconnaissable entre tous, de La Soupe aux choux. Mais aussi des photographies, des documents d’époque, des sculptures, des dessins, des peintures… et, bien évidemment, des extraits de films qui donnent envie de (re-)voir tous ces grands classiques ! En cette période toujours troublée par la crise du Covid, retrouver Louis de Funès fait office de baume, lui qui a tellement su donner le sourire aux spectateurs ou les faire rire aux éclats. Un acteur qui a fait de l’humour sa grammaire et qui, mieux que beaucoup, est parvenu à le porter à un summum de ses possibilités. Pourtant, l’homme n’avait rien du jeune premier, doté d’un physique ingrat, et a dû ramer avant de connaître le succès. Un parcours qui l’a doté d’une pugnacité et d’un sens des réalités bien rares dans la sphère du cinéma. On l’a oublié, mais le comédien était fan de jazz et jouait du piano avec dextérité. Un sens du rythme qui est intervenu dans son jeu passionné, même si pendant la guerre il a péniblement gagné sa vie comme pianiste de bar. Devenu acteur, le jazzman a proposé des variations sur le même thème et a amélioré sa partition de film en film. Son point d’orgue est demeuré un point d’exclamation. Combien de fois explose-t-il en hurlant : « Foutez-moi l’camp ! », « Paf ! », « C’est pas possible ?! », « Ma biche ! », « C’est fini, oui ?! ». Produite par la Cinémathèque française de Paris, où elle a connu un grand succès public et critique, cette exposition se déroule au Palace jusqu’au 16 janvier 2022. Plus de renseignements sur le site www.cinema-palace.be Boulevard Anspach, 85 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : RECULER LES MURS Première dans l’histoire du Musée Horta, une carte blanche a été donnée à cinq artistes pour investir quatre pièces du musée avec des papiers peints dessinés sur mesure en parfait écho avec l’œuvre de Horta et la maison. Depuis 2020, le Musée Horta a inauguré une thématique consacrée à l’ornement. Il s’agit cette année d’inviter des créateurs européens sélectionnés par le comité artistique à habiller quatre pièces du musée. Les noms retenus sont le Duo Chevalier-Masson, Pierre Marie, Christoph Hefti, et Nicolas Stolarczyk. Ces derniers ont reçu totale liberté avec néanmoins interdiction de s’étendre au delà de la pièce qui leur est mise à disposition. Ayant admiré puis analysé les nombreux décors intérieurs imaginés ou s’étant simplement laissés portés par l’atmosphère du lieu, ils portent en commun un intérêt pour la couleur, le motif et l’ornement. Certains venant du monde de la création textile et d’autres se définissant comme ornemanistes. Avec à la fois du respect et de l’audace, ils ont adapté leurs vocabulaires et leurs palettes à ce lieu chargé d’histoire et qui a été d’avant-garde pour, à leur tour, s-proposer durant quelques mois une nouvelle avant-garde. Leur travail est ç découvrir au Musée Horta jusqu’au 14 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.hortamuseum.be Rue Américaine, 27 à 1070 Bruxelles
EXPOSITION : THE FUTURE BEHIND US Place à la jeune génération ! L'exposition Next Generation, Please! donne la parole aux jeunes en les conviant à partager leurs préoccupations pour l’avenir et leur vision du monde. Conçu jusque dans les moindres détails par les jeunes, cet événement présente chaque année à Bozar une série de projets réalisés en collaboration avec des artistes et des experts. Pour cette nouvelle édition, six groupes de jeunes âgés de 15 à 26 ans se sont penchés, durant une année scolaire, sur des thèmes tels que le genre et le féminisme, le racisme et les conséquences de la colonisation, l’identité, l’isolement ou l’impact de la crise sanitaire. Laissez-vous surprendre, interpeller et émouvoir par les installations, les performances et les projections qu’ils et elles ont créées à votre intention. Vous y découvrirez la créativité, le talent et l’empathie qui animent cette jeune génération, soucieuse de préparer dès aujourd’hui un monde plus juste et plus solidaire pour demain. Un événement à voir jusqu’au 14 novembre 2021 à Bozar. Plus de détails sur www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : DAVID HOCKEY Cette double exposition d’envergure marque le retour de David Hockney (1937) au Palais des BeauxArts après trente ans d’absence. Le premier volet, « Œuvres de la collection de la Tate, 19542017 », vous propose une rétrospective de l’ensemble de sa carrière, au fil de ses représentations iconiques du Swinging London des années 1960 et de la Californie du Sud, de ses célèbres doubles portraits et de ses paysages monumentaux. Le second volet de l’exposition témoigne de la soif d’expérimentation de l’artiste et fait découvrir au visiteur les tableaux extrêmement colorés réalisés par l’artiste sur son iPad lors du premier confinement. Aujourd’hui toujours, ses travaux continuent à parler aux jeunes et aux moins jeunes, tant ils demeurent intemporels. Ses dernières créations montrent à quel point l’artiste, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-trois ans, parvient une nouvelle fois à se réinventer. Un créateur né en Angleterre et qui vit actuellement en France. Un nom sur lequel l’histoire de l’Art doit miser. Cette exposition est à découvrir à Bozar jusqu’au 14 janvier 2022. Plus de détails sur www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles
FESTIVAL : PINK SCREENS Après une année particulièrement rude pour la culture et le milieu associatif, c’est avec grand plaisir que le Pink Screens Festival revient cet automne avec une sélection de films qui seront diffusés au Nova, à l'Aventure, au Palace, au Galeries et au Beursschouwburg. Ce festival Pink Screens se veut une plateforme d’expression et de découverte de celles et ceux qui se plaisent à bouleverser les représentations normées et à questionner les binarités et les frontières, qui dénoncent les cases établies et qui visibilisent les genres et les sexualités alternatives et/ou minoritaires. Durant dix jours, cet événement proposera des dizaines de réalisations venues des quatre coins du monde, des films interpellants et impertinents mais également des fictions, des documentaires et des films expérimentaux déclinés en formats longs et courts. La multiplicité des regards passe aussi par des débats, des performances, des espaces de rencontre et une exposition de jeunes talents queer. Enfin, l’affiche de cette nouvelle édition a été réalisée par le jeune illustrateur queer bruxellois Inwë Delhez et le studio de graphisme Kidnap Your Designer ! Un Festival qui se déplie du 11 au 20 novembre 2021. Voyez le programme détaillé sur le site www.pinkscreens.org
EXPOSITION : WITCHES Les Sorcières sont de retour ! proclamaient les slogans féministes des années 70. A l’aune du mouvement « Metoo » et des guérilleras « Femen » en ce début de XXIe siècle, cette affirmation a pris de l’ampleur et s’est inscrite dans bien des déclinaisons de nos enjeux sociaux contemporains : inclusion, égalité des genres, réappropriation du corps et de la liberté sexuelle, retour à la nature et aux pratiques médicinales naturelles… Loin des femmes persécutées qui les inspirent, les « Sorcières » 2.0 ont singularisé le combat égalitariste des féministes des années 70’ et 80’, et les déclinaisons plutôt joviales et sympathiques des personnages créés par la Pop Culture. Elles s’imposent aujourd’hui dans l’espace public, par leur colère, leurs rébellions, leur refus de l’ordre social et leur militantisme, et réinterprètent cette figure familière de sorcière parfois effrayante, souvent fantasmée au cours de l’Histoire, et véhiculée de façon conviviale depuis quelques décennies dans les séries TV, les films, la BD, les jeux, les animations, ou la littérature. Ce retournement du stéréotype et cette réappropriation interpellent aussi nos sociétés contemporaines et offrent une opportunité d’étudier ces mouvements de femmes, et de retracer l’histoire de la sorcellerie. De Circé l’enchanteresse aux persécutions contre les sorcières démoniaques dès la fin du Moyen Âge, les personnages de sorcières abondent à travers les siècles. Leurs figures complexes et ambivalentes interrogent le passé, nos représentations, et le lien entre rationnel et irrationnel. Elles posent également la question de la sexualité féminine, du rapport à la nature, et de l’histoire de la médecine. L'exposition Witches plonge aux racines de l'histoire de la sorcellerie : des procès en sorcellerie à la littérature merveilleuse, de la figure démoniaque à la gentille sorcière de la pop culture. Objets ethnographiques, manuscrits, peintures, photographies, œuvres du cinéma, performances artistiques… L’occasion aussi de croiser les histoires réelles des prétendues sorcières et leurs représentations à travers les âges et les arts jusqu'à leur réhabilitation contemporaine, notamment par les mouvements queer et féministes qui les ont pris comme emblème de leur révolte. Un événement à découvrir jusqu’au 16 janvier 2022 à l’Espace établissements Vanderborght. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.brussels.be Rue de l'Ecuyer, 50 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : BEFORE TIME BEGAN L’univers aborigène émerveille et intrigue. Aux yeux des non-initiés, il est chargé de mystère. Les premiers habitants d’Australie sont les héritiers depuis 65.000 ans de la plus ancienne culture ininterrompue au monde. Leur culture est vaste et riche sans pour autant s’exprimer par des ouvrages d’architecture, des textes écrits ou des œuvres d’art mobiles. Aujourd’hui comme jadis, le savoir ancestral se transmet oralement et passe de génération en génération au cours de rituels et de cérémonies. Le concept de « Rêve » y tient un rôle essentiel. Le Rêve est une époque mythique au cours de laquelle des êtres ancestraux comme les Tingari, les Sept Sœurs, le Serpent Arc-en-ciel et de nombreux autres ont créé la terre, la faune et la flore, les êtres humains, l’eau, les étoiles... Le mot « Rêves » s’applique à ces esprits mais aussi à leurs voyages et à leurs créations. Ce Temps du Rêve des Aborigènes n’a cependant rien en commun avec la conception du temps des Occidentaux. C’est un temps hors du temps, un temps universel. La Création est à la fois passé, présent et futur. Cette exposition explore le Rêve et la Création, mais aussi la naissance de l’art contemporain. L’exposition est construite autour de plusieurs moments de production artistique : quelques peintures traditionnelles sur écorce des années 1950 (et au-delà) faisant usage de pigments naturels et en provenance de la Terre d’Arnhem ; des travaux des régions désertiques des années 1970 et du mouvement artistique naissant du désert occidental, où les artistes s’essaient à la couleur industrielle sur toile et sur panneau ; mais aussi les productions les plus récentes, parfois monumentales, de divers artistes contemporains, individuelles ou collectives. Deux court-métrages mettent en scène un groupe de femmes et un autre d’hommes, tous artistes et créant des œuvres collaboratives. Tandis qu’ils s’activent, ils racontent des histoires, chantent, rient et dansent. Si ce qui est réservé aux initiés ne se divulgue pas, les œuvres d’art illustrent des récits mythiques ancestraux et témoignent d’une connexion avec, et d’un profond respect pour la terre et la nature. L’exposition présente en point de mire l’installation Kulata Tjuta (Beaucoup de lances), créée par un groupe d’artistes de tous âges issus de certains des centres artistiques des Terres APY (Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara). Mille cinq cents lances sont agencées pour évoquer un kupi kupi, un tourbillon de poussière en forme d’entonnoir comme ceux qui surviennent dans les régions désertiques. Une lance vise sa cible tandis que la direction prise par un tourbillon est aléatoire. Un kupi kupi parcourt le temps (du passé ancestral à aujourd’hui en passant par la colonisation) et entraîne quantité de débris sur ce chemin tumultueux. C’est une manifestation de l’âme d’un défunt, mais aussi une métaphore de la société actuelle dont l’avenir est incertain. La dernière section de l’exposition présente le travail du photographe et artiste contemporain Michael Cook. Cook s’intéresse à l’idée de « civilisation ». Il expose sa série Civilised, composée de photographies d’Aborigènes d’Australie vêtus de costumes historiques des puissances européennes qui visitèrent l’Australie au début de la colonisation. Un événement à découvrir au Musée Art et Histoire jusqu’au 29 mai 2022. Plus de détails sur le site www.kmkg-mrah.be Parc du Cinquantenaire à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : RAOUL SERVAIS Plongez dans l’univers du pionnier belge de l’animation Raoul Servais grâce à ses dessins, des éléments de décor et même des instruments avec lesquels il a créé ses films. Cette exposition met en lumière la personnalité de Raoul Servais, ses procédés artistiques, sa quête de techniques novatrices et aussi, son amour pour les arts, le surréalisme, Paul Delvaux… Vous pourrez également admirer en avant-première les esquisses de son tout nouvel opus réalisé en collaboration avec Rudy Pinceel : Der lange Kerl. Ägé de plus de 90 ans, le bonhomme est considéré comme l’un des précurseurs dans le genre chez nous, un artiste qui a toujours aimé les univers étranges et qui a souvent côtoyé les mondes fantastiques si chers à Thomas Owen et Jean Ray. Né à Ostende en 1928, il n’a suivi aucune école et fait partie de ceux qu’on appelle des autodidactes, soucieux d’apprendre sur le terrain en se fiant à son flair et à ses goûts. On se souvient encore de son court-métrage «Harpya» qui a obtenu une palme à Cannes en 1979, un chefd’œuvre de surréalisme et une récompense méritée ! Un film unique par sa technique, puisque le réalisateur y a employé une technique mixte combinant le papier découpé, la projection frontale et le multiplan. Un procédé guère reproduit, car extrêmement exigeant et laborieux. Une exposition en forme d'hommage qui se déroule au Musée BelVue jusqu’au 6 mars 2022. Plus de détails sur le site www.belvue.be Place des Palais, 7 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : DANS LA TÊTE DE CHAREL CAMBRÉ Bienvenue dans la tête de Charel Cambré, lauréat de l'Adhémar de bronze 2020 et connu pour des séries de bande dessinée telles que Amphoria, Spirou, Jump, Philippe et Mathilde, Pinanti United, Bob et Bobette (Les Juniors), Heden Verse Vis etc. La liste est presque sans fin, tout comme le flot d'idées qui semble s'écouler de son cerveau chaque jour. Cette exposition tente de donner une vue d'ensemble de sa carrière, qui se poursuit à toute allure, et s'attarde sur le savoir-faire dont le Campinois fait preuve à chaque fois. Cette exposition ne prétend pas être exhaustive, car une telle chose est impossible dans le cas de Cambré. Au moment où vous lisez ces lignes, il y a de fortes chances qu'il ait déjà commencé une nouvelle série de bande dessinée, dessiné cinq cartoons et promené son chien. La tête de Charel Cambré est tout sauf un havre de paix. Sa devise : « Ne pas traîner, ‘faut y aller ! » Une exposition à découvrir au Centre belge de la Bande dessinée jusqu’au 15 novembre 2021. Allez voir les détails pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des Sables, 20 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : YVES ZURSTRASSEN Le travail d'Yves Zurstrassen est toujours en mouvement, passant de l'abstraction lyrique à l'expressionnisme abstrait et vice versa. L'artiste belge développe un processus de création singulier et utilise une technique bien particulière qui traduit la volonté de dépasser la temporalité. Sa démarche joue avec le principe du collage et du décollage de diverses formes de papier sur des couches successives de couleur. Ainsi les couches de pigments s'additionnent et se soustraient, laissant émerger par fragments la peau de la toile ou l'archéologie de sa construction. Loin de tout formalisme, l'artiste travaille le geste dans une folle succession d'applications et de retraits. Yves Zurstrassen confronte ses mouvements corporels spontanés, parfois violents, à la délicatesse des motifs floraux, stellaires et ondulatoires qu'il utilise. Il crée des trames et des réseaux, mettant en lumière le rythme. Le geste est lyrique et fait prévaloir la musicalité. Une exposition à voir jusqu’au 13 novembre 2021 à la Galerie Baronian Xippas. Plus de détails sur le site www.baronianxippas.com Rue de la Concorde, 33 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : THE ABC PORN CINEMA Les plus de cinquante ans connaissaient cette enseigne flanquée à une encablure de la place Rogier, sise boulevard Adolphe Max. Un cinéma dit porno qui faisait partie d’un paysage urbain. Ouvert à Bruxelles au début des seventies, en plein boum du X, période parfois surnommée la parenthèse enchantée, le Cinéma ABC a dû fermer ses portes quarante ans plus tard face à la concurrence d’Internet. Ancré au cœur de la capitale, il était l'un des derniers cinémas pornos au monde à projeter des longs métrages sur pellicule argentique 35 millimètres. À travers l'histoire de ce cinéma, cette exposition interdite aux moins de 18 ans dresse le portrait d'un monde underground. Au fil de son existence, le lieu était devenu une caverne d’Ali Baba, remplie de bobines, de piles d'affiches et de photos débordant de cartons empilés sur des étagères ou dans des armoires. Du folklore ou le témoignage d’une certaine période ? Un peu des deux ! Aujourd’hui, le Mima lève un coin du voile de ce patrimoine en dévoilant une partie de ces trésors cachés et un peu inavouables. Proposé sur deux étages, cette exposition n’entend pas poser la question de la morale, mais décliner un voyage au sein de la sphère du cinéma pornographique tel qu’il était proposé au cours du dernier quart du XXe siècle, avec ses codes et ses vedettes. L’occasion de découvrir que de très grands réalisateurs s’y sont adonnés sous pseudonyme (Claude-Bernard Aubert, Serge Korber) pour continuer de travailler et que toute une série de tâcherons de seconde classe s’en sont fait les spécialistes (Jean Rollin, Jess Franco, José Bénazéraf). Temps fort de la visite : la reconstitution du balcon du susdit cinéma. A découvrir au Mima, par nostalgie ou par curiosité, jusqu’au 9 janvier 2021. Plus de détail sur le site www.mimamuseum.eu Quai du Hainaut, 39-41 à 1080 Bruxelles Paul Huet
EXPOSITION : HAHAHA Une bouteille de vin, une pelle à neige, une phrase, un urinoir... Rien de tout ça ne semble particulier. Qui aurait cru que ces objets seraient à l'origine d'une révolution artistique qui changerait complètement notre regard sur l'art ? Et surtout, que ce changement a commencé au beau milieu de la Première Guerre mondiale ? Cette révolution artistique a commencé en 1917 et a trouvé sa source dans un urinoir renversé. Cette pièce de plomberie ordinaire a été baptisée « Fontaine » par Marcel Duchamp et est ainsi devenue une œuvre d'art à part entière. Bien qu'il s'agisse d'une plaisanterie, elle n’a pas été sans conséquence. L'humour s'est vu attribuer un rôle définitif dans le royaume de la beauté, entraînant un bouleversement propice à la création et annonçant la transition entre l'art moderne et l'art contemporain. Un siècle plus tard, cet événement est toujours considéré comme une avancée majeure dans l'histoire de l'art. Que serait devenu l'art du XXe siècle sans cette plaisanterie libératrice, qui a insufflé un vent de légèreté dans un monde qui se prenait trop au sérieux ? L’exposition Hahaha. L'Humour de l'Art, organisée en collaboration avec KANAL et le Centre Pompidou s'articule autour de plusieurs thèmes : les caricatures, le jeu de mots, les œuvres-jouets, le canular, la parodie, la dérision et les artistes-bouffons. Au cours de cette exposition, vous découvrirez comment les artistes ont intégré l'humour dans leurs œuvres et rompu avec la tradition pour proposer de nouvelles formes. Une rétrospective de l’humour dans l’art à découvrir jusqu’au 16 janvier 2022 à l’ING Art Center. Plus de détails sur le site www.ing.be/art Place Royale, 6 à 1000 Bruxelles
SALON COCOON La décoration d’intérieur est chez de nombreux ménages une vraie passion et, bien souvent, un véritable loisir qui contribue souvent à leur bien-être. Après une trente-et-un an de bons et loyaux services, le salon Cocoon est de retour aussi populaire que jamais et reste la référence en matière de bien-être et de confort. Pour beaucoup, il reste la référence incontournable, tant par sa longévité dans le microsome des salons grand-public qui s’explique par sa popularité jamais démentie que par la qualité et le nombre de ses exposants. Comme toujours, son programme s’organise autour de nombreuses marques venues présenter leurs produits, des influenceurs qui présentent les dernières tendances, des expositions, des zones Design et Art et des workshops. Un événement à découvrir du 19 au 21 novembre 2021 à Brussels Expo. Plus de détails sur le site www.cocoon.be Place de Belgique, 1 à 1020 Bruxelles
EXPOSITION : FEMMES Elles sont des femmes « sans abri chroniques », « SDF », « victimes de violences », « victimes de la traite des êtres humains », « malades », « migrantes », « exilées », « toxicomanes », « alcooliques », … Mais elles sont femmes avant tout. Des femmes avec, derrière elles, une vie et un parcours souvent traumatiques. Mais aussi et surtout avec un avenir, un horizon sur lequel il est encore possible d’agir de façon positive. Pour pouvoir être (re)considérées comme femmes, les dispositifs d’hébergement doivent prévoir un accueil qui permette à leurs résidentes de se retrouver elles-mêmes, en tant que femmes. Avec la crise de la Covid-19, le Samusocial a eu l’opportunité d’ouvrir le centre idéal pour femmes sans solution d’hébergement, dans le bâtiment Helmut Kohl, au square de Meeûs à Ixelles, mis à disposition par le Parlement européen à Bruxelles. Durant quatre mois, entre mai et août 2020, les fonctionnaires européens en télétravail ont laissé leurs bureaux à 279 femmes. Elles ont pu y être hébergées dans des chambres à taille humaine, nuit et jour, sans être obligées de quitter chaque matin le centre, sans voir chaque jour leur vie réduite à un baluchon qui leur rappelle, comme une fatalité, leur condition de sans abri. Parmi elles, 64 femmes ont déjà pu être orientées vers des solutions de sortie de rue. Vous allez découvrir à travers cette exposition les portraits de femmes qui ont accepté de voir leur image et leur histoire partagées avec le grand public. Ces témoignages sont présentés dans une exposition visible au Parlamentarium, le centre des visiteurs du Parlement européen, et s’accompagnent d'une séquence audio restitution orale par la comédienne Manon Joannoteguy. A voir jusqu’au 30 novembre 2021. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.expo.samusocial.be Place du Luxembourg, 100 à 1050 Bruxelles RIVER JAZZ FESTIVAL Le River Jazz Festival arrive désormais dès l'automne pour sa septième édition au Marni, au Jazz Station et au Senghor. Une déferlante musicale à partager en toute convivialité en compagnie, notamment, de deux pianistes de haut vol qui encadreront cette quinzaine musicale avec des pointures telles que Kris Defoort, Fabian Fiorini, Basile Rahola, Pauline Leblond Double Quartet, Aleph Quintet, Pierre Vaiana, Pierre de Surgères, Raphaëlle Brochet, Philippe Aerts et bien d’autres. Sans oublier l’exposition de dessins consacrés à ce genre spécifique et ciselés par Serge Dehaes, un habitué du Festival. Si cette balade acoustique vous intéresse, référez-vous au site www.agenda.brussels pour connaître le programme détaillé qui se dépliera du 25 novembre au 11 décembre 2021.
EXPOSITION : GENEVIÈVE ASSE – UNE FENÊTRE SUR LE LIVRE Artiste majeure de l’abstraction contemporaine, Geneviève Asse a collaboré, tout au long de sa carrière de peintre, avec des auteurs, éditeurs et des relieurs. Ces rencontres et amitiés ont notamment abouti à la création de livres de dialogues parmi lesquels Silvia Baron Supervielle, Samuel Beckett, André du Bouchet, Pierre Lecuire, ou encore Francis Ponge. En effet, chaque ouvrage est l’occasion d’un échange entre les mots et l’art de Geneviève Asse. Plus que des expériences anecdotiques, ils constituent des étapes décisives de son parcours. Geneviève Asse dit avoir été initiée au livre, enfant, par la lecture mais c’est visiblement l’amour de l’objet qui a nourri sa force créatrice. Comme gage de cet amour, il y a ses carnets peints, gravés, mis en page, mais aussi, ses reliures d’art, sobres, dépouillées, parfaitement exécutées des mains de Monique Mathieu. Ces livres de peintre donnent à voir entre les pages la lumière et les couleurs que l’artiste couche aussi sur des toiles grands formats. La transparence des objets, la lumière de la Bretagne, les couleurs, bleu, rouge, blanc, les lignes des gravures et une liberté farouche, du format, du choix des collaborateurs. C’est par les livres, et leurs multiples dimensions, que la Wittockiana propose d’explorer l’œuvre gravé de Geneviève Asse. Concrètement, l’exposition est organisée en quatre sous-espaces sémantiques et thématiques : Natures, Libertés, Couleurs et Lignes. Loin d’être une rétrospective exhaustive, les commissaires ont choisi de montrer des aspects plus méconnus et sans doute plus intimes de la démarche de l’artiste. Ainsi, l’Hommage à Morandi, ce peintre qui l’a tant influencée et qu’elle honore à travers une collaboration avec le poète belge Pierre Lecuire. Ainsi, ses recherches autour de ce que l’on nomme aujourd’hui le « bleu Asse », passant d’une nuance intense dans Haeres avec André Frénaud à une clarté teintée de vert dans Ici en deux en collaboration avec André du Bouchet. Suivront aussi le rouge dans Les Conjurés de Borges traduit par Silvia Baron Supervielle ou encore Abandonné pour lequel elle propose de magnifiques gravures à l’eau-forte sur un texte inédit de Samuel Beckett. Réciproquement, ce sont les burins de l’artiste qui constituent la fenêtre par laquelle (re)découvrir certaines créations littéraires, typographiques ou reliées dont certaines sont issues des collections de la Wittockiana. « La fenêtre », une référence explicite à certaines œuvres sur toile de Geneviève Asse, évoquant le bleu si spécial qui les caractérise, mais aussi, au titre éponyme d’un recueil poétique réalisé avec Silvia Baron Supervielle. Livres, toiles, carnets de dessins et d’essais de peinture, autant d’ouvertures sur le parcours d’une artiste libre, entre ciel et mer. Un événement à découvrir jusqu’au 30 janvier 2022 à la Bibliothèque Wittockiana. Plus de détails sur le site www.wittockiana.org Rue du Bemel, 23 à 1150 Bruxelles
EXPOSITION : VOIES DE LA MODERNITÉ Un parcours artistique et historique autour du thème du train, à travers des œuvres d’artistes majeurs des XIXe et XXe siècles - tels que Monet, Caillebotte, Spilliaert, Boccioni, Severini, Léger, De Chirico, Mondrian, Servranckx, Caviglioni, Delvaux ou Magritte, voilà à quoi nous convie cette exposition ! A ses débuts, le train est le symbole ultime de la modernité. C’est un outil majeur de la révolution industrielle. Il porte les espoirs de développement et d’enrichissement les plus fous, mais cristallise aussi les angoisses et le rejet du changement. Dès les années 1820, apparaissent les premières lignes de chemin de fer en Grande-Bretagne, nées des besoins de l’exploitation minière. La Belgique est la première à emboîter le pas et en 1835, Léopold Ier inaugure une ligne ferroviaire reliant Bruxelles à Malines. Le train modifie la société en profondeur. Il bouleverse le rapport au temps et à l’espace. Partout il tisse sa toile : au sein des villes, où les gares, ponts de métal ou voies ferrées mordent toujours plus sur le tissu urbain ; mais aussi dans les campagnes où le train fait intrusion, déchirant le paysage. Il devient aussi un outil du tourisme naissant, promu à grand renfort d’affiches et décliné en trois classes, que des dessinateurs, tel Daumier, se régalent à observer. A la fin du XIXe, les impressionnistes s’emparent de sujets modernes, dont celui du chemin de fer. Nuages de vapeur, mouvement des trains, lumières changeantes de la gare et de ses alentours sont autant d’aspects que Monet, Caillebotte, De Nittis ou Ottmann s’efforcent de restituer. A la même époque, les frères Lumière réalisent L’arrivée d’un train en gare de la Ciotat. Cinéma et photographie feront eux aussi la part belle à l’univers ferroviaire. C’est également la société moderne - sa vitesse, sa violence et les sensations qu’elle génère - qui intéresse les futuristes comme Severini, Carrà, Russolo, Baldessari ou Sant’Elia. Boccioni sera quant à lui l’un des premiers à s’intéresser aux aspects psychologiques du voyage. Les surréalistes adoptent le point de vue du voyageur : les aspects psychologiques prennent le pas sur l’attrait de la modernité. Freud et ses recherches sur le train et ses effets sur les passagers nourrissent leur travail. Max Ernst s’intéresse au microcosme du compartiment, Blaise Cendrars associe voyage et processus introspectif. De Chirico, Delvaux ou Magritte génèrent des images de réalités alternatives, peuplées de mouvements immobiles, de trains hors du temps, habitant un monde étrange, voire inquiétant. L’intérêt porté au train par les artistes diminue à partir des années ‘50, mais il revient sur le devant de la scène à une époque qui doit remettre modernité et environnement en adéquation. L’artiste Fiona Tan présentera une installation sur cette thématique. Une exposition à découvrir jusqu’au 13 février 2022 aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Plus de détails sur le site www.finearts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : R. H. QUAYTMAN Dans le cadre de ses recherches sur l'histoire artistique de Bruxelles, l'artiste angloaméricaine R. H. Quaytman a croisé le Musée Wiertz. Qui était Antoine Wiertz (1806-1865) et pourquoi a-t-il transformé son atelier en musée? Pourquoi a-t-il choisi de peindre à échelle monumentale des scènes remarquablement émancipatrices de femmes en détresse ou d’autres représentations affreuses de pauvreté, de guerre et de suicide ? R.H. Quaytman réinvente la production des images picturales à l’ère du numérique et du spectacle, en les inscrivant dans l’histoire de l’art, en affirmant leur matérialité et leur portée spirituelle, en déstabilisant les récits dominants selon une perspective féministe et intersectionnelle. Ses stratégies sont tant picturales que photographiques et conceptuelles pour développer une œuvre ouvrant de multiples perspectives. En construisant chacune de ses expositions comme des chapitres, Quaytman construit ses ensembles telle une structure narrative déterminant à la fois le principe organisationnel global et le mode d'exécution des œuvres individuelles. Le choix des sujets (tirés du travail de Antoine Wiertz) suggère une orientation idéologique révolutionnaire soutenant l'émancipation des femmes et des pauvres, et rejetant la faute sur les militaires, l'État et les riches-bien que ses œuvres sur ces sujets soient exposées aux côtés de tentatives gargantuesques d'atteindre La Gloire. Une exposition à voir au Wiles jusqu’au 9 janvier 2012. Plus de détails sur le site www.wiels.org Avenue Van Volxem, 354 à 1190 Bruxelles
EXPOSITION : BRUSSELS TOUCH Bruxelles, une capitale de la mode ! Mais peut-on vraiment parler de mode bruxelloise comme on parle de mode belge ? Natifs, installés provisoirement pour leurs études ou ayant pignon sur rue, les créateurs s’imprègnent de notre ville singulière pour ouvrir de nouveaux horizons. Cette exposition inédite vous invite à découvrir l’empreinte de Bruxelles sur la mode contemporaine, depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui. Elle interroge les caractéristiques de s tendances bruxelloise ou plutôt de cet « esprit de Bruxelles » à travers le talent de trente-trois créateurs et créatrices. Un événement à découvrir au Musée de la Mode et Dentelle jusqu’au 15 mai 2022. Découvrez tous les détails pratiques sur le site www.fashionandlacemuseum.brussels Rue de la Violette, 12 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : WORKS ON PAPER « Works on Paper » propose une incursion dans l’univers foisonnant de Galila Hollander Barzilaï, collectionneuse belge née à Tel Aviv. Depuis quinze ans, cette personnalité hors du commun assemble les œuvres d’art contemporain dans une collection qui fait le récit de sa propre histoire : en filigrane des œuvres réunies, se manifeste un désir impérieux de réinvention de soi. L’exposition propose une coupe claire dans cet univers pléthorique, en présentant une sélection choisie d’œuvres sur papier. Les visiteurs y découvrent comment des artistes internationaux (Jonathan Callan, Jae Ko, Anish Kapoor, William Klein, Angela Glajcar, Andrea Wolfensberger, Brian Dettmer, Haegue Yang e.a) réinventent ce matériau quotidien, usuel, pour en faire des objets d’art d’une puissance inattendue. Collages, sculptures, inscriptions, installations ou bijoux se côtoient, rappelant la personnalité ex centrique de la collectionneuse, mais proposant aussi une réflexion sur l’art de la diversion. Le travail sur papier s’assimile ici à un royaume du détournement, où chaque œuvre se joue de notre perception autant que de nos jugements. A découvrir au Musée juif de Belgique jusqu’au 13 février 2022. Plus de détails sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : REST’81 Reset’81 est né à Bruxelles au pied de l’IRIS. Passionné de bédé autant que par l’univers des graffitis depuis la fin des années 80, il en est devenu acteur, le spray à la main, depuis la moitié des années 90. À travers ses œuvres, il se joue des superpositions, à grand renfort de couleurs et de perspectives, pour stimuler la création et entrouvrir la porte de son imaginaire. Des toiles, des plans de métro et d’autres supports sont travaillés à l’aérosol, à l’acrylique et à l’encre... Ambiances urbaines, lettrages et symboles se mêlent aux réinterprétations de figures emblématiques de la bédé belge et du comic’art US sur des plans de New York, la Mecque du graffiti, ou de la STIB. L’artiste présente sa deuxième exposition personnelle : avec des trains, des métros, des murs, des plans... des surfaces chères à l’expression du street Art qui inspirent l’artiste. Elles quittent la rue pour se réinterpréter aux cimaises de Home Frit’ Home jusqu’au 1er janvier 2022. Plus de détails sur le site Rue des Alliés, 242 à 1190 Bruxelles
EXPOSITION : LES ÉPIDÉMIES Berchem-Sainte-Agathe accueille une exposition consacrée aux épidémies. Vu le contexte actuel, cette énième exposition conçue de A à Z par David Peeters tombe à pic. Pour rappel, David Peeters est graphiste, peintre et auteur de nombreux livres ludiques et éducatifs teintés d’humour. L'homme est aussi un homme de terrain. Une démarche pédagogique qu'il mène dans les écoles depuis de nombreuses années. D'ailleurs ses expositions sont visitées par de nombreuses classes. David Peeters : Les enfants sont contents de venir. Ce genre d'expo, c'est du concret pour eux. Il faut dire en effet que cette exposition est richement documentée. David Peeters : Je peux t'assurer que cela nécessite de fameuses recherches. Pour faire ce boulot, nous sommes deux... Mon épouse et moi-même. Je commence un an à l'avance à réfléchir à l'exposition que je vais réaliser. Une fois mon choix fait, c'est parti pour des mois de travail intense. Il y a des documents étonnants. Des documents d'époque... David Peeters : En effet et j'en suis fier. Tiens, par exemple, à l'hôpital Notre-Dame de la rose, il y a une très belle collection d'objets médicaux et pharmaceutiques. Cet hôpital est semblable à celui de Beaune. Et bien là, j'ai réussi à me procurer à un bon prix, deux lettres concernant le choléra ! Commençons par le commencement, comme on dit, et posons-nous la question : c'est quoi une épidémie? David Peeters : Ce sont des maladies qui touchent un très grand nombre de personnes à un moment donné et dans un certain lieu. Elles existent depuis la nuit des temps. Quels sont les principaux responsables de ces épidémies ? David Peeters : Les responsables sont les minuscules microbes qui pénètrent dans l'organisme. Ils voyagent dans des gouttelettes de salive, dans la toux, la sueur, le sang et même dans les aliments que l'on mange. Ils peuvent également être transportés par un autre organisme tel que le moustique qui en piquant va transmettre la maladie se répandant ainsi à toute une population. Avec les guerres, les voyageurs et les commerçants, les épidémies vont se transformer en pandémies et toucher dans certains cas la quasi-totalité de la planète ! Heureusement, il y a eu d'importantes avancées grâce à quelqu'un comme Vésale (16ème siècle), par exemple... David Peeters : Oui, un homme très important dans le contexte qui nous occupe. C'est le premier qui a effectué des dissections ! Une belle avancée dans le domaine de la médecine. Il a eu beaucoup d'ennuis, tu l'imagines, l'Eglise avait peur de perdre la main mise. Il a été condamné par l'Inquisition et obligé de faire un pèlerinage à Jérusalem. Et puis, il y a l'invention du microscope... David Peeters : L'invention du microscope va permettre aux scientifiques de découvrir un nouveau monde invisible à l'oeil nu, un monde parallèle ! Ils vont découvrir l'existence de micro-organismes responsables des épidémies. Des avancées considérables seront faites dans les domaines de la biologie et de la médecine grâce à cette découverte. Existe-t-il de bons microbes ? David Peeters : Bien sûr, comme ceux dont l'utilité est de décomposer certains éléments... Les "attitudes" face aux épidémies ou pandémies ont-elles changées aujourd'hui ?
David Peeters : Malheureusement, non. Suite au Covid-19, il n'y a qu'à voir l'attitude vis-à-vis des restaurants asiatiques. Méfiance et agressivité se sont manifestées... Il y a, bien sûr, encore beaucoup de choses à dire sur cette exposition de haute teneur aussi, je vous invite cordialement à la visiter et à vous procurer, pour la modique somme de 15€, le livre "Il était une fois Les Epidémies", lui aussi conçu et réalisé de A à Z par David Peeters. Un livre richement illustré aux nombreux chapitres : les Epidémies dans l'histoire, la peste, les fléaux, la grippe, la médecine, les remèdes, les croyances, le microscope, Pasteur, la pandémie du Covid-19, etc. etc. Une exposition à découvrir jusqu’au 11 novembre 2021 (visites de 13 à 18 heures), à l'ancienne église, Place de l'Eglise à 1082 Bruxelles Alain Magerotte
NOUVEAUTÉ : MUSÉE DE L’ILLUSION Bruxelles accueille le premier musée de l’Illusion, qui se veut un laboratoire de l’incroyable et du fantasque. Chaque élément présenté vous semblera impossible ou contre-intuitif. Certains sont de simples trompe-l'œil finement sélectionnés et présentés avec goût et sobriété. D'autres seront des tours de magie ou de prestidigitation. Et pour le clou de la visite, il y a ce qu'on peut appeler des miracles technologiques. Mais pas que cela, puisque des Kaléidoscopes servent à faire perdre la tête, des endroits ont été aménagés pour tromper la gravitation et balancer la tête à l’envers, tandis que des pièces de tournantes de maison créeront un effet de tournis. Ces trouvailles visuelles ont déjà conquis des milliers de spectateurs aguerris ! La visite se veut un défi qui prouve que certaines choses découvertes sur Internet en vidéo ne sont pas forcément truquées et que l’Illusion existe bel et bien, qu’elle se nomme lois physiques, effets d’optique ou sciences appliquées. Un tour de piste à effectuer seul, en groupe ou en famille. Succès garanti ! Plus de détails sur le site www.illusionbrussels.be Rue du Marché aux Fromages, 22 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : LIGNES DE VIE Jean-Luc Moerman est un artiste contemporain belge surtout connu pour ses interventions monumentales sur des façades emblématiques et pour les tatouages qu’il intègre dans des tableaux et des images trouvées de célébrités, de nus et de politiciens. Bien qu’il travaille sur presque tous les supports et toutes les surfaces, à la main et sans outils, le point de départ de son expression reste le dessin. Les motifs qu’il compose font référence à la fois à la calligraphie islamique et japonaise, aux graffitis, au dessin organique et au design biomorphique. A travers son œuvre, il cherche à étudier la superficialité de la culture médiatique et l'histoire complexe de l'art du tatouage. Après cette « année Covid » et les désastres écologiques, il a souhaité travailler avec des objets qui n’ont aucun enjeu économique et qui représentent parfois des déchets du quotidien tels que le papier aluminium, des fils de couleurs, des branches d’arbres, etc. mais qui, à ses yeux, possèdent une valeur imaginaire et symbolique. Le tout apporte un résultat à la fois déroutant et impressionnant. Vous ne serez pas déçu en venant la découvrir jusqu’au 11 novembre 2021 au Mont-de-Piété. Voyez les heures et jours d’accès sur le site www.montdepiete.be Rue Saint-Ghislain, 19-23 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : HUBERT VERBRUGGEN Hubert Verbruggen est diplômé de l’atelier de sculpture de l’Académie Constantin Meunier à Etterbeeksous la direction de Marie-Paule Haar. Il a perfectionné sa technique du travail du métal à l’Institut des Arts et Métiers de la Ville de Bruxelles avec la collaboration de Jean Boterdael. Depuis 1985, il présente ses œuvres dans de nombreuses expositions individuelles et collectives. C'est sans aucun doute par sa force dynamique que se caractérise le mieux la sculpture de Hubert Verbruggen, tout aussi bien dans ses œuvres en marbre ou en pierre que dans ses créations en métal. Sa création sculpturale s'écarte délibérément de tout discours rationnel et veut alerter notre sensibilité par la pureté des lignes, la simplicité des formes et la force des volumes. Elle rappelle que la beauté n'a pas d'existence objective mais constitue le partage privilégié d'une émotion entre l'artiste et ceux qui veulent s'arrêter un instant. Il organise la matière dans l'espace en lui conférant souvent, d'une manière surprenante, beaucoup de mouvement. Il n'est pas rare qu'une seule ligne graphique détermine la structure de l'ensemble d'une pièce. En cela, Hubert Verbruggen apparaît comme un talent qui sait asservir la matière pour clairement donner corps à ses émotions artistiques. Si vous ne connaissez pas cet Anderlechtois, venez découvrir cette exposition qui a été prolongée jusqu’au 27 novembre 2021 au Centre d'Arts pluriels. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.artesio.art Rue de l’autonomie, 2 à 1070 Bruxelles
EXPOSITION : JARDINS INTÉRIEURS L’intérêt pour les plantes et leur étude sont sans doute aussi anciens que l’humanité. Au début des Temps Modernes sont constitués, en Europe, les premiers jardins botaniques universitaires et privés, véritables prolongements, dans certains cas, des fameux cabinets de curiosités où s’entassaient, dans un ordre méticuleux, les productions les plus étonnantes. Fruits d’un nouveau rapport aux choses, des voyages de découverte ou commerciaux qui scandèrent le développement des empires européens et de leurs réseaux diplomatiques. C’est dans ce même berceau des 16e et 17e siècles que commence à se développer un commerce de plantes exotiques, dont une des expressions les plus folles demeure la spéculation autour des bulbes de tulipes, cause de nombreuses ruines aux Pays-Bas (17e). La possession de plantes rares et chères accroît le prestige des élites sociales et, plus, généralement, d’une bourgeoisie qui se fait sa place au soleil. A Bruxelles, en 1822 se constitue la Société de Flore de Bruxelles dont les principaux animateurs sont, précisément, des aristocrates ou de riches bourgeois, cependant que les horticulteurs locaux n’y bénéficient que d’un statut secondaire. De nombreuses sociétés commerciales accompagnent la naissance de ce type d’associations, où se côtoient, souvent, producteurs et amateurs de plantes. La Société Royale Linnéenne (fondée en 1835) plus démocratique, dans son esprit, en est un bon exemple, comme la Société d’Horticulture et d’Agriculture de Schaerbeek (1878), ou tant d’autres qui rythmeront la vie sociale bruxelloise de leurs expositions et concours, tout au long du 19e et durant une partie du suivant. Notons qu’alors les élites investissent les alentours de la capitale (les fameux « faubourgs » que resteront longtemps des communes comme Schaerbeek ou Evere, parmi d’autres) pour y fuir le bruit, les odeurs et la saleté de la ville, et y établir des « campagnes », le plus souvent dotées de serres, ne serait-ce que pour cultiver des fruits et des légumes. Dans une situation où, durant quelques décennies l’horticulture devra sa prospérité à une clientèle avide de raretés directement importées des Tropiques, la question du chauffage pèsera lourd. Il faudra charger le poêle durant de longs hivers. A cette dernière, s’ajoute encore la phalange des jardiniers, profession qui, bientôt, se forme dans des écoles d’Etat (1849), véritables symptômes des tocades d’une époque. Les jardins d’hiver deviennent également extrêmement courants dans la seconde moitié du 19e siècle. A y bien réfléchir, jardins et autres structures de fer (ou de bois) et de verre, témoignent d’une forme de bipolarité bourgeoise : positiviste, elle aspire à contrôler, intellectuellement et pratiquement, la nature, mais ne peut s’empêcher de se laisser aller à l’évocation romantique de sa sauvagerie, notamment à travers les récits de voyages. Le 19e siècle est aussi, corrélativement, le temps de l’explosion de l’industrie horticole belge, la belle époque des naturalistes-collecteurs payés par cette dernière, un temps où l’on se dote de manuels d’instruction destinés à guider les observations et la collecte. L’introduction permanente des plantes dans les demeures est révélatrice du rapport que la société industrielle tisse avec la nature. Entretenir des plantes est une activité édifiante et pacificatrice : on cultive chez soi au lieu d’aller au cabaret… Souvent négligée par l’histoire de l’art, elle est pourtant incontournable pour comprendre l’évolution esthétique des intérieurs de cette période. Une exposition à découvrir jusqu’au 6 mars 2022 à la Maison Autrique et ce du mercredi au dimanche de 12 à 18 heures. Plus de détails sur le site www.autrique.be Chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles
EXPOSITION : RACHEL LABASTIE Rachel Labastie présente cet automne un corpus, tantôt inédit, tantôt rétrospectif, d’une trentaine d’œuvres emblématiques de son travail. Son œuvre entière est dualité et nous fait voir au-delà de l’apparence des choses ; concept qu’elle approfondira dans la réalisation d’une pièce créée « en résidence » au sein des Musées royaux, en dialogue avec un tableau de la collection permanente. L’œuvre est imaginée comme le « horschamp » de « La mort de Marat », Jacques-Louis Davis (1793) et sera dévoilée à l’ouverture de l’exposition. Son art s’exprime dans une grande diversité de matériaux (marbre, bois noble, caisses de transport, osier, terre, argile, porcelaine et grès), et son travail de création est performatif : elle travaille la matière « au corps », en alliant force et détermination au savoir-faire et à une infinie méticulosité. Manipulant les effets de paradoxes et jouant sur l’ambiguïté des formes, la sculptrice contemporaine Rachel Labastie pose un regard critique sur les modes d’aliénation physique et mentale produits par une société toujours plus encline à contrôler nos corps et nos esprits. La matière, chargée de mémoires personnelles et collectives, occupe une place centrale dans son travail, et participe à la sensualité de son œuvre. Elle interroge les symptômes développés au sein de nos sociétés. Très concrètement, et au-delà de la démarche artistique, elle crée un véritable espace de conscience et questionnent les remèdes possibles, autour de l’œil central du Patio, articulé sur deux étages du Musée. Des créations à découvrir au Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique jusqu’au 13 février 2022. Plus de détails sur le site www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : AIMÉ MPANE Premier artiste congolais à exposer aux Musées royaux, il partage de son temps entre Kinshasa, sa ville natale, et Bruxelles, son lieu de résidence, ce qui lui permet de poser un regard dynamique sur l’histoire de l’art mais aussi sur l’histoire des civilisations. Artiste de dialogue, c’est dans une résilience imprégnée d’espoir qu’Aimé Mpane utilise son travail pour créer des ponts. Images gigognes, réalités augmentées, passages de l’autre côté du miroir, l’univers de Mpane reflète l’intelligence des Pourquoi pas ?, l’intelligence d’un nomade local qui rêve pour le Congo et la Belgique, et pour l’humanité, d’une vraie fraternité. Par des cheminements bien différents, les œuvres d’Aimé Mpane entrent en dialogue avec celles de Rachel Labastie. In fine, son travail, combine le côté brut des arts dits Premiers avec une volonté de déconstruire le passé pour en proposer une véritable reconstruction en phase avec la réalité contemporaine. Cet artiste multidisciplinaire résolument tourné vers l’avenir est l’un des artistes africains les plus importants à ce jour. Son travail est à découvrir jusqu’au 13 février 2022. Plus de détails sur le site www.fine-arts-museum.be Rue de la Régence, 3 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : COVID 19, LA NOUVELLE PESTE NOIRE ? La pandémie de Covid-19 occupe nos esprits depuis plus d’un an. L’information relayée par les médias concerne avant tout des chiffres de personnes contaminées, hospitalisées, aux soins intensifs, les mesures de confinement et de déconfinement, leurs impacts sur la santé morale et psychologique et plus récemment les vaccins. Mais des sujets comme c’est quoi un virus, sa fixation, sa pénétration dans les organes cibles, le déclenchement de la tempête cytokinique, les différences entre vaccins… sont rarement abordés. Le Musée de la Médecine s’est donc fixé comme objectif d’expliquer et d’illustrer ces concepts fondamentaux, de manière didactique et originale, en faisant appel à des médecins de terrain et à des artistes. Pour rendre l’exposition encore plus attractive, les similitudes et différences avec la Peste Noire qui a décimé l’Europe en 1347 sont commentées. Et pour terminer, des dessins d’artistes du Pop Art et du Street Art montrent que ces derniers ont été et sont également concernés. Un événement à voir jusqu’au 15 décembre 2021 au Musée de la Médecine. Plus de détails sur le site www.museemedecine.be Route de Lennik, 808 à 1070 Bruxelles
EXPOSITION : DAVID MERVEILLE David Merveille (1968) est un amateur patenté du cinéma italien des années 50 et a picoré pendant trois années dans ces comédies doucesamères pour réinterpréter la Dolce vita dans « Amore », son dernier bébé. Certains lecteurs le connaissent déjà comme dessinateur bruxellois connu du monde de l’Edition. Il est également professeur depuis 1996 à l’Ecole Supérieure des Arts de Saint-Luc à Bruxelles, où il enseigne actuellement l’illustration. Son univers graphique coloré est empreint de références artistiques et d’imaginaire. Il est enfin l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages destinés à la jeunesse. Le septième art reste une de ses sources premières d’inspiration, au point qu’on lui doit plusieurs affiches alternatives de films ainsi que de nombreux manifestes culturels. Il s’intéresse très tôt à Jacques Tati dont il admire l’esthétique, la poésie et le sens du burlesque. Il lui a rendu hommage au travers de plusieurs livres. Avec « Amore », son dernier album, scénarisé par Zidrou (de son vrai nom Benoît Drousie), il a à nouveau le pouvoir rare de provoquer des émotions. Qu'elles finissent mal, qu'elles finissent bien, impossible de rester de marbre devant ces histoires d'amour portées par son immense talent pictural. Ses illustrations sont comme des Polaroïds, des moments d’intimité volés ou le spectateur décrypte, développe. Pour ce couple à l’arrêt de bus, est-ce le début ou la fin de la romance ? L’ensemble est astucieusement composé à partir d'une palette de couleur restreinte. David Merveille fait aujourd’hui l’objet d’une exposition à découvrir dans l'Espace Rencontres de la galerie Huberty & Breyne jusqu’au 13 novembre 2021. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.hubertybreyne.com Place du Châtelain, 33 à 1050 Bruxelles
PORTRAIT d’HENRI VERNES Henri Vernes, à ne pas confondre avec Jules Verne, est mort il y a quelques mois (en juillet 2021) à l’âge de… cent deux ans ! Un âge vénérable selon l’expression consacrée, encore que le personnage fut tout sauf vénérable. D’ailleurs l’histoire de sa vie, inventée en partie (car l’énergumène prenait pas mal de libertés avec elle) fut mouvementée, aventureuse, parfois à la limite de la légalité ou hors de celleci, mais toujours passionnante ! Charles Henri Dewisme, son véritable nom, est né en 1918 à Ath, dans le Hainaut. Il n’a pas un an lorsque ses parents se séparent et laissent l’enfant chez ses grands parents maternels. La suite ressemble plus à l’Oliver Twist de Dickens qu’à une vie normale. A l’âge de dixneuf ans il rencontre dans de port d’Anvers une Chinoise qui l’emmène à Djibouti, puis Canton où elle tenait un bordel flottant (vrai ou faux). Puis vint la guerre où, d’après ses dires, il travailla pour la Résistance et les services secrets britanniques. Idem, vrai ou faux ? Quoi qu’il en soit, c’est vers cette époque qu’il écrit ses premiers romans d’aventure et en 53 (il a trente ans passé) son premier Bob Morane. « La Vallée Infernale » devient aussitôt un très gros succès de librairie. Un livre pour la jeunesse qui fut rapidement suivi par d’autres, puis beaucoup d’autres et d’autres encore, au point d’aligner près de deux cents Bob Morane totalisant à la fin sa vie plus de quarante millions d’exemplaires ! Il paraît qu’il fut une époque où il arrivait à publier six ouvrages par an ! Qui dit mieux ? C’était un personnage hors du commun, costaud (il était un ancien boxeur), toujours prêt à sa vanter d’avoir connu de nombreuses femmes, dont certaines célèbres, mais également des auteurs avec qui il entretenait parfois de forts liens d’amitié, par exemple Jean Ray qu’il a bien connu à l’époque où il publiait chez l’éditeur verviétois Marabout. Henri Vernes était d’une jovialité canaille qui le rendait sympathique. Bob Boutique
EXPOSITION : BLAKE ET MORTIMER - LE SECRET DES ESPADONS En un temps où l’Amérique régnait en maître sur la bande dessinée réaliste avec Flash Gordon, Dick Tracy, Mandrake, le Fantôme, Jungle Jim, Tarzan ou Prince Vaillant, Edgar P. Jacobs a été le premier auteur belge à rivaliser avec la perfection esthétique et la narration des comics. En 1943, l’artiste avait près de quarante ans quand il a créé Le Rayon « U » dans le magazine Bravo !, première bande dessinée de science-fiction made in Belgium. Impressionné par son talent, Hergé l’a engagé comme collaborateur et a convaincu l’éditeur bruxellois Raymond Leblanc de l’intégrer à la rédaction du futur journal Tintin. Pour le premier numéro, Edgar P. Jacobs a imaginé le scénario d’une histoire contemporaine sur le thème de la Troisième Guerre mondiale : « Le Secret de l’Espadon ». Le succès a été immédiat et fulgurant. La publication de ce récit fondateur des aventures de Blake et Mortimer a tenu les lecteurs en haleine du 26 septembre 1946 au 8 septembre 1949. En soi, « Le Secret de l’Espadon » rompait avec la tradition franco-belge des jeunes héros naïfs tournés vers l’action débridée et l’intrigue en 144 planches qui préfigurait le roman graphique moderne. Plus que tout autre, Edgar P. Jacobs travaillait la psychologie des personnages, apportait un soin maniaque à la crédibilité des décors comme à la dramaturgie des couleurs. Publié en deux volumes en 1950 et 1953, « Le Secret de l’Espadon » a été réédité en 1964. Septante-cinq ans après sa création, cette exposition-anniversaire plonge dans les coulisses de ce chef-d’œuvre du neuvième Art et dans l’intimité de son créateur visionnaire. Planches, croquis, objets et accessoires personnels d’Edgar P. Jacobs vous attendent. Accompagnés de vos smartphones, suivez les cases en réalité augmentée, donnez vie aux héros, partagez leurs émotions et surtout découvrez un monde extraordinaire qui a fait rêver plusieurs générations. Enfin, cette exposition l’ambition de transmettre au public les clés de compréhension permettant de replacer cette œuvre fondatrice dans son temps, tout en mettant en évidence son étonnante actualité. Un événement à découvrir au Centre belge de la Bédé jusqu’au 16 avril 2022. Plus de détails sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles
JULOS BEAUCARNE : UN ARTISTE N’EST PLUS ! Chanteur, conteur, poète, écrivain, sculpteur et bien d’autres qualificatifs associés, Julos Beaucarne est décédé le samedi 18 septembre 2021 à l’âge de 85 ans. On lui doit quarante-neuf albums, plus de cinq cents chansons et vingt-huit livres. Son dernier enregistrement datait de 2012. « Je ne crois pas en Dieu, je crois en l’univers qui s’est formé lui-même sans l’aide de Dieu », avait-il coutume de dire en ajoutant avec sa verve proverbiale. « Ton Christ est juif, ta pizza est italienne, ton café est brésilien, ta voiture est japonaise, ton écriture est latine, tes vacances sont turques, tes chiffres sont arabes et … tu reproches à ton voisin d’être étranger ! ». Qui ne se souvient du meurtre de sa compagne Loulou par un déséquilibré, un dimanche de la Chandeleur (c’était en 1975) ? Qui n’a pas fredonné depuis « La p’tite gayole » ou ne se remémore son intervention publique et remarquée à la mort du roi Baudouin ? Julos était un libertaire en douceur, un « vélorutionnaire". « Un anarchiste jusque dans la moelle de mes os (expliquait-il). Anarchiste, selon moi, ça veut dire proposer des pistes que les autres n’ont pas encore explorées et enfoncer des portes qui n’ont pas été encore ouvertes. » Et le poète d’ajouter à ceux qui redoutaient sa mort à l’aube d’une longue maladie au cours de laquelle il perdait peu à peu la mémoire et la conscience d'exister... « Faites semblant de pleurer, mes amis, puisque les poètes ne font que semblant d'être morts ». Bob Boutique
EXPOSITION : ORIENT-EXPRESS Mythique, luxueux et belge, voilà l’Orient-Express ! Il a été raconté que lors d'un voyage de plusieurs mois aux Etats-Unis en 1867, l'ingénieur liégeois Georges Nagelmackers a découvert les sleeping-cars ou wagons-lits conçus par l'industriel américain George Pullman. Si ces trains étaient bien plus avancés technologiquement que ceux d’Europe (plutôt inconfortables à l'opposé du luxe américain). Dès lors, il lui est venu l’idée de créer des trains de nuit à destination d'une clientèle aisée et qui s’accommoderait d’un bien-être ostensible. En 1882, il a donc lancé une ligne ferroviaire Paris-Vienne qui a récolté un énorme succès. Pourquoi ne pas poursuivre dans cette voie, puisque l’achat de billets s’envolait ? Relier Constantinople, voilà le pari suivant ! Depuis, ce train est entré dans la légende grâce aux médias, à certains écrivains qui en ont fait le cadre d’action de divers romans et par le truchement du cinéma. Qui a oublié Hercule Poirot à bord du susdit train pour l’une de ses enquêtes les plus célèbres ? Train World accueille une exposition exceptionnelle consacrée à l’épopée de l’Orient-Express ainsi qu’à son créateur. A cette occasion, des wagons sont présentés au public. Cet événement-phare fait également la part belle à des œuvres d’art décoratif et à des documents uniques retraçant cette aventure inscrite dans les annales et la mémoire collective. A cela, le parcours évoque enfin les rêves qu’il a engendrés à travers le regard de plusieurs artistes, des plus connus comme Agatha Christie aux plus ténus, tout en rendant hommage aux artisans d’art qui ont contribué à bâtir sa réputation. Une exposition à découvrir jusqu’au 17 avril 2022 à Train World. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.trainworld.be Place Princesse Elisabeth, 5 à 1030 Bruxelles Paul Huet
CHARLES SZYMKOWICZ, DES ALIENÉS, DES SUPPLICIÉS, LE PORTRAIT D’AMY WINEHOUSE … Lorsque Carine Laure Desguin me proposa ce reportage pour l’émission ACTU-tv, ma première réaction fut de dire « non », du haut de ma profonde connaissance de l’art moderne. Szymko … inconnu au bataillon, jamais entendu parler et, puis, on a d’autres sujets plus importants à traiter ! Sauf que la nullité, c’était moi ! Comme quoi, on croit tout connaître alors qu’on ne connaît rien ! Charles Szymkowicz est né en 1948 à Charleroi et est devenu un peintre important dans la lignée des Kokoschka, Schiele, Munch et, surtout, l’italien Renato Guttuso, un des fondateurs du mouvement néo-expressionniste dans les années 70. Ajoutez à cela qu’il fut un ami personnel de Léo Ferré et bien d’autres… Bref, j’avais tout faux et Carine Laure en rit encore ! Ses toiles sont célèbres, comme ses séries consacrées aux aliénés, aux suppliciés ou aux momies, son portrait d’Amy Winehouse et ses mosaïques monumentales comme « Le Monde l’Oppression » qui figurait à la salle Saint-Georges du Pôle Muséal de la ville Mons. Bref, j’ai dit « oui » avec un temps de retard et lui ai fait promettre de ne rien révéler aux collègues et amis. Ce qu’elle s’est empressée de faire ! C’était en décembre 2018. Depuis je passe pour un con ! Bob Boutique
LES TRIBULATIONS DE LA FAMILLE ZOEGEMEEL À BRUSSELLES 1.7 — Iënde ! Il fait déjà piken dounker dehors ! Et en plus il drache ! C'est pas du temps à lâcher un chien sur la rue, et toi tu veux que je vais le promener, ce clebs ! — Cramique il doit faire ses besoins, Jeuf. J'ai pas envie qu'il vient pisser sur mon tapis ou faire un strond sur le carrelage de ma cuisine, t'sais ! — Fourt, hein, dis ! On sait pas le laisser courir un peu dans le jardin ? Il a qu'à faire sur le gazon. — Et demain c'est moi qui peux tout ramasser ! Rien de knots ! Tu vas le promener. Tu mets ta veste avec un capuchon et si tu veux tu prends aussi mon paraplu. C'est pas pour les cinq gouttes qui tombent... — Cinq gouttes ? Écoute une fois comme ça clache sur le toit ! Tu vas voir que je vais devoir le porter, ton Cramique, car il aime pas courir dans l'eau. Et avec ses poils tout mouillés contre moi, ça va être gai, ça moi je dis ! Et en plus il pèse je sais pas combien, mais beaucoup. J'aime mieux attendre une demi-heure que ça s'arrête et que l'eau coule un peu en bas du trottoir. — Oué mais regarde-le dabberer devant la porte. C'est sûr que si tu restes encore cinq minutes il va pisser contre mon mur, net sur mon beau papier peint que j'ai collé pour la communion de Carabitje. — Alleï bon je vais alors. Mais je vais quamême pas mettre mes chaussures de dimanche, hein. Je sais prendre mes bottes que je vais au chantier avec. — C'est ça. Et prends plutôt la petite laisse car si Cramique court dans la rigole pleine d'eau... — Ça ça risque pas, Treene ! Je te dis qu'il aime pas l'eau ! Tu vas voir qu'on sera partis de juchte une minute il va pisser contre la façade de Mette d'à côté et puis il va sauter dans mes bras. Je le connais, t'sais ? Et pour faire un strond ça sera bernique, car il aime pas non plus caquer dans la pluie. — Tiens, mets aussi ta mouch, moi je vais préparer une Mort Subite pour quand tu rentres. Et tu changeras ton singlet si il est mouillé. Ça fait quamême deux ou trois semaines que tu l'as, je le laverai demain avec les culottes de Line. Ton pantalon tu sauras encore le mettre, hein, même si il est trempé, demain ça sera sec. Dehors, la pluie a cessé et le bulldog Cramique peut renifler tout son soûl le long des façades, qu'il arrose tous les vingt mètres d'un jet copieux. Au bout de la rue, il tombe truffe à truffe avec son copain Max, un border collie de quelques mois son aîné. Ils ont sympathisé un soir au clair de lune, leurs maîtres respectif s'étant lancés dans une discussion de haute teneur politique. L'éclaircie aidant, ils se retrouvent donc avec plaisir et en profitent pour commenter les événements récents (les maîtres, newo, pas les clebs qui se sentent l'anus mutuellement pour avoir des nouvelles de leur transit) : — Salue, Jeuf ! Quelle drache là tout de suite, hein ? Ils avaient drôlement ouvert les robinets. Ça coulait devant chez moi que tu aurais cru la Meuse, fieu ! Et Bobonne qui voulait que je vais promener Max avec cette flotte ! — La même chose chez moi, Frans, ma chère et tendre voulait aussi. Tu vois ça d'ici : avec Cramique qui déteste l'eau ! Ces bonnes femmes quamême ! — Och dis, tu as vu sur le journal, le sinistre a encore une fois dû faire de son nez : il veut piquer tout le monde mennant ! Moi je crois qu'il a drôlement les poepers de l'attraper, ce virusse. — Moi, fieu, je suis resté paf quand il a dit que le jour d'aujourd'hui c'est le variant de l'État (variant delta) qui attaque le plus les gens. Je savais bien que c'était une bande de muggezifters dans tous ces ministères mais comme ça si fort, 't es bekan niks ! Si ils commencent à inventer des virusses variants en plus que les impôts et les TVA et tout leur Saint-frusquin, où est-ce qu'on va, dis ? Et tu vas voir que bientôt on devra payer pour se faire piquer et même pour respirer. Ils ont déjà tellement dépensé avec tous les cafés fermés qu'on savait même plus aller boire une drache chez le Kûulkapper à son aise... — Ça c'est vrai. La seule drache qu'on savait avoir, c'était de l'eau de pluie sur le trottoir ! Heureusement que le Polle servait quamême de la Tindemans en stoumelings dans sa keuike. Mais pour le trekbiljard on pouvait se brosser. Tu sais qu'y avait un ajouën qui guettait dans la rue pour voir si le Polle ou un autre ouvrait son café ? Chaque fois qu'il pinçait un boes qui servait dans son stameneï, c'était crac dedans, il était dessus, et le saligot d'ajouën il touchait une prime, potverdekke ! C'est pas dégueulasse, ça ? — Alleï, Frans, zievert ni ! Le flic il a aussi besoin de boire sa pinte. D'ailleurs combien de fois le Diseré
est venu boire un verre avec nous chez le Polle. C'est pas lui qui va le dénoncer, hein ? — Je dis pas ça, mais je dis qu'y a des hamelaaike qui se gêneraient pas pour emmerder leur monde, arra ! D'ailleurs tu sais ce que ça veut dire FLIC ? Fédération Libre des Imbèciles Casqués. Diseré le gentil et toute la clique.Tu savais ça ? — C'est une zwanze, ça, fieu ! — Hauda une zwanze ? J'ai vu ça sur le Glauque et ossi sur Fessebouc. Juchte net comme je te le dis. Et si tu crois que là-dessus ils vont raconter des flauskes ! — Non peut-être ? Y a que ça ! Ils te raconteraient bien que le Petit Jésus habite sur un pommier ou que Marie-Line Monrot c'est un homme. Tu sais pas croire tout ce bazaar ou tu deviens djoumdjoum. Et dis pas de mal de Diseré, Frans, c'est un brave garçon qui fait son travail de flic comme il faut. — Ocherme il drache de nouveau. Je vais vite rentrer entre les gouttes. — Ça c'est la Belgique, hein, Frans. Alleï, salue portemonée-toi bien et je paierai le médecin. — Zeker en vast. Georges Roland
LEXIQUE Iende : piken dounker : il drache : strond : singlet : Fourt : Rien de knots : paraplu : clache : dabberer : quamême : juchte : caquer : mouch : drache : là tout de suite : poepers : mennant : 't es bekan niks :
ça alors bien noir il pleut étron débardeur zut pas question parapluie tombe en abondance trépigner, piétiner quand même juste faire caca casquette ondée il y a peu frousse maintenant c'est pas rien
SPECTACLE : DONOVAN LE MAGICIEN Ce jeune magicien de dix-huit ans, très actif sur les réseaux sociaux, passionne les téléspectateurs belges sur RTL-TVI. Après avoir bluffé de nombreuses personnalités et fait des records de vues sur Youtube, Donovan revient à Bruxelles en spectacle. Tel un caméléon, il s’adapte à toutes les situations avec l’unique volonté de surprendre. Retrouvez-le à Brussels Expo les 3 et 4 novembre 2021. Voyez tous les détails pratiques sur le site officiel de l’organisateur www.brussels-expo.com Place de Belgique 1 à 1020 Bruxelles
en stoumelings : keuike : trekbiljard : ajouën : boes : stameneï : potverdekke : il était dessus : zievert ni : hamelaaike : arra : Hauda : flauskes : djoumdjoum : Ocherme : Zeker en vast :
en douce cuisine machine à sous flic patron bistrot juron bruxellois verbalisé ne plaisante pas hypocrites voilà comment ça balivernes fêlé mon dieu sûrement
THÉÂTRE : VISITES À MISTER GREEN Ross, jeune cadre chez American Express, renverse avec sa voiture, Mister Green, un grincheux de 86 ans qui vit reclus dans son appartement. Ross écope d’une peine de six mois de travaux d’intérêt général : rendre une visite hebdomadaire à la victime. Mais voilà, depuis la mort de sa femme, Mister Green vit cloîtré, rideaux tirés, téléphone coupé, n’ouvre même plus son courrier et se nourrit à peine. Seules quelques habitudes tenaces raccrochent cet homme à la vie. Au départ donc, les préjugés de l’un feront écho aux méfiances de l’autre. Mais il arrive heureusement que la donne change et ce jeune homme qui déboule dans l’appartement du vieux bonhomme mettra toutes leurs certitudes, voire leurs vies, en question. Le dialogue entre la jeune et l’ancienne génération, ça ne manque pas de sel ! Rien n’est figé, tout est mouvement. Même les convictions bougent et évoluent. Il est comique le vieux grincheux, et agaçant le jeune agité. Ils seront bien obligés de s’entendre pourtant, fut-ce le temps de la peine. Quand on est obligé de se côtoyer, on cherche un terrain d’entente. Tout cela est au cœur de Visites à Mister Green. Les êtres se construisent parfois des digues autour du cœur. Entre chamailleries et vrais questionnements, la rencontre incongrue de ces deux fortes têtes vous revigoreront les sentiments. Une pièce à applaudir au théâtre Le Public du 11 novembre au 31 décembre 2021. L’occasion de découvrir sur scène Benoît Van Dorslaer et Thibault Packeu. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt 64-70, 1210 Bruxelles
THÉÂTRE : RUMEUR Marcus Zingerman, est un puissant industriel. Il a fait fortune en développant une alternative au pétrole. Bingo ! La trouvaille dont tout le monde rêve. Hélas, ce biocarburant révolutionnaire a des effets pervers : il s’avère être la cause d’une épidémie mortelle. Bien qu’il clame son innocence, Zingerman est condamné à perpétuité. En prison, il reçoit la visite de Lisa Morin. Célèbre journaliste d’investigation, elle l’a choisi, comme sujet de son émission TV. Et nous, nous allons assister à une fascinante partie d’échecs, truffée de mensonges, de confessions et de manipulations. Qui a raison ? Qui a tort ? Quel est le poids de la vérité une fois semée la graine de la rumeur ? Au moment où ce projet fut imaginé et proposé à Thierry Janssen (l’auteur), nous ne pensions pas que cette fiction puisse devenir d’une telle actualité. La propagation d’un virus, la pandémie, la manipulation des informations… À notre époque de buzz, hoax et fake news en tous genres, qui se répandent comme des traînées de poudre sur les réseaux sociaux et dans les médias, ce thriller haletant à l’humour féroce, dépeint le mécanisme pervers de la rumeur et son pouvoir destructeur. Une pièce de Thierry Michel mise en scène par Michel Kacenelenbogen à voir au Théâtre le Public du 12 novembre au 31 décembre 2021. Voyez toutes les informations complémentaires sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt 64-70, 1210 Bruxelles
THÉÂTRE : LOVE LETTER Tout au long de leur vie, une femme et un homme vont s’aimer... par correspondance. Phrases griffonnées sur des cahiers d’écolier, lettres d’amour adolescentes, appels au secours, complicités. Devant nous, ils relisent les lettres et nous font voyager à travers les époques, au fil des rencontres, dans leur intimité. Des petits faits insignifiants aux grands drames de leurs vies, on les suit avec tendresse. Tout le monde a déjà écrit une lettre d’amour. Ici, la correspondance dure toute une vie. Ce qui implique que l’espérance, comme le désir, se perpétuent, s’enrichissent et se transforment. Au cœur de tout ce qui compte, du jardin de l’enfance au jardin éternel, l’auteur explore l’art de la théâtralité jusque dans ses abîmes. Côte à côte, sans se voir, l’homme et la femme s’écrivent et sont en porte-à-faux, parce que le temps du courrier n’est pas le temps de l’existence. Chose triste ou désopilante, mais toujours inattendue. Patricia ide et Michel Kacenelenbogen se prêtent sur scène aux jeux de l’amour et du hasard de la correspondance et cela donne une furieuse envie d’écrire des mots d’amour. Une pièce d’Albert Ramsdell Gurney à découvrir au Théâtre le Public du 16 novembre au 31 décembre 2021. Vous trouverez toutes les informations complémentaires sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt 64-70, 1210 Bruxelles
THÉÂTRE : OLEANNA John, professeur d’université, reçoit dans son bureau Carol, une étudiante en difficulté qui pense avoir échoué à son dernier examen. Celui-ci lui propose un marché : il lui octroiera la note maximale si elle accepte de venir le voir régulièrement pour des cours particuliers. Devant cette proposition ambiguë, la jeune fille se rebelle et s’engouffre dans la faille, l’accusant publiquement de harcèlement. Une lutte sans merci s’engage, où les rapports de force et de classe sont pervertis par les désirs inavoués. Vingt ans avant le mouvement #MeToo, Oleanna annonce, à travers le face à face âpre et trouble entre un professeur et une étudiante, la chute de l’ancien monde, celui du patriarcat et des privilèges de classe, avec l’avènement d’une nouvelle forme de contestation. Un duel d’une puissance peu commune mis en scène par Fabrice Gardin. Une pièce de David Mamet à applaudir au Théâtre royal des Galeries jusqu’au 14 novembre 2021. Galerie du Roi, 32 à 1000 Bruxelles
TOONE : LES TROIS MOUSQUETAIRES Maintes fois adapté au cinéma depuis 1921, « Les trois mousquetaires » reste l’un des romans épiques préférés des scénaristes. Du coup, tout le monde connaît l’histoire de d’Artagnan et de ses frères d’armes Athos, Aramis et Porthos, mousquetaires du roi Louis VIII et ennemis jurés des hommes de main du cardinal Richelieu. Lorsque la reine se trouve dans une délicate posture, ils n’hésitent pas à prendre la mer pour l’Angleterre afin de sauver son honneur. Au hasard de leurs aventures, d’Artagnan s’éprend de la tendre Constance Bonacieux, tandis que Porthos doit affronter son ancienne femme Milady. Avec du bruit et de la fureur, le Théâtre royal de Toone a également décidé d’adapter les pages virevoltantes nées voilà plus d’un siècle et demi pour en tirer un script imprégné du terroir bruxellois, avec des jeux de mots humoristiques, des expressions locales et des anachronismes bon enfant. On le sait, on n’assiste pas à un spectacle de marionnettes folkloriques pour tirer la tête et râler tout au long de la représentation. Nicolas Géal, directeur de l’enseigne et voix de tous les personnages, aime faire rire et cisèle les dialogues de manière à rebondir sur un mot, à jouer avec une expression ou pour permettre à Woltje (la mascotte du théâtre et chantre de l’âme bruxelloise) d’entrer en scène, d’exposer son bon sens naturel et d’aider ses nouveaux amis dans leur mission. Les connaisseurs de l’œuvre d’Alexandre Dumas noteront que jamais il n’est question de ferrets de la reine dans l’ouvrage initial. Qu’importe ! Pour montrer que personne n'est dupe, on les a remplacés par un collier. Au fond, des ferrets ou un collier à récupérer chez les Buveurs de thé, les compagnons bretteurs ne se posent même pas la question et se lancent épée pointée vers l’ennemi. Les représentations ont lieu jusqu’au 4 décembre 2021. Voyez les informations complémentaires sur le site www.toone.be Rue du Marché-aux-Herbes, 66 (Impasse Sainte Pétronille) à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : CENDRILLON, CE MACHO A la demande générale, la pièce de Sébastien Ministru est de retour. Et si Cendrillon était un homme ? Et si le Prince Charmant était une femme ? Voilà le pitch de ce texte déjanté écrit de main de maître par l’une des meilleures plumes bruxelloises. Eh bien, ça n’aurait absolument aucun intérêt et certainement pas plus que le vrai Cendrillon. Ici, pourtant, ça devient drôle : Cendrillon est un mec ! Idem pour le Prince Charmant. La Cour en est toute retournée et cela tourne au boxon chez les têtes couronnées. Ce spectacle forcément royal est interprété par Antoine Guillaume, Jérémie Zagba, Emmanuel Dell’Erba, Ingrid Heiderscheidt, Jean-François Breuer, Catherine Decrolier, Cyriel Lucas et Adrien Debiasi dans une mise en scène tonique de Nathalie Uffner. Cendrillon gay, il fallait l’oser ! Une chose est sûre : on valsera, virevoltera, tournicotera comme à la belle époque de Sissi et Louis II de Bavière. Une fois de plus, Cendrillon sera resplendissant avec ses jolis petits pieds poilus vissés dans ses pantoufles de vair. Une pièce à revoir au Théâtre de la Toison d’Or du 11 novembre au 31 décembre 2021. Plus de détails sur le site www.tto.be Galerie de la Toison d’Or, 396-398 à 1050 Bruxelles
THÉÂTRE : UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR « Un tramway nommé désir » raconte l’histoire de la confrontation de deux mondes opposés, celui de Blanche et celui de Stanley, mais c’est aussi le portrait de deux femmes, de deux sœurs désunies. L’une vieillissante, fragile et apeurée qui s’échappe dans un monde de fantasmes, tandis que l’autre tente de s’accrocher à la vie. Dans cette nouvelle traduction vive et rythmée d’Isabelle Famchon qui donne à l’œuvre une couleur tragicomique, Salvatore Calgano insuffle son esthétique de la sensualité incarnée et de la poétique du quotidien. En mettant l’accent sur la violence des luttes identitaires et sur la violence des exclusions, il nous fait entendre la voix subversive de Tennessee Williams, dramaturge du désir transgressif comme moyen d’affirmation de soi, pour le meilleur et pour le pire. C’est surtout l’histoire d’un été torride. Blanche DuBois, à la rue depuis la perte de la maison familiale, vient se réfugier chez sa soeur Stella qu’elle n’a plus vue depuis longtemps. Elle la découvre enceinte, vivant dans des conditions précaires. Le ma ri de Stella, Stanley, un prolétaire d’origine étrangère, bel homme impulsif et macho, provoque chez Blanche mépris et exaspération en même temps qu’un désir inavouable. Stanley de son côté n’apprécie pas l’arrivée de cette belle-sœur qui vient troubler sa relation avec Stella. Pour protéger son foyer, il fouille le passé de Blanche. Une nouvelle version à applaudir au Théâtre Varia du 11 au 20 novembre 2021. Voyez les informations détaillées sur le site www.varia.be Rue du Sceptre, 78 à 1050 Bruxelles
THÉÂTRE : LA GROTTE La grotte est un abri, un refuge, un lieu où l’on découvre un autre monde, et où l’on vit un autre temps, intérieur. Entrer dans une grotte, c’est faire un voyage à la fois sensoriel et temporel. On s’enfonce dans un monde humide et obscur, et les peintures anciennes que l’on découvre, là tout autour de nous, nous sont mystérieuses. Elles sont les vestiges d’un passé qui ne meurt pas, les traces matérielles d’une humanité dont nous sommes les maillons. Mais si le passé ne meurt pas, que laissera-t-on de nous aux générations futures, et quelles interprétations feront-elles de leurs découvertes ? Adeline et Judith sont sœurs. Adeline est guide dans une grotte préhistorique, Judith est une artiste contemporaine qui galère un peu pour survivre. Adeline fouille la grotte en quête des signes laissés par nos ancêtres il y a des dizaines de milliers d’années. Judith fouille la cave de la maison familiale à la recherche des traces de son propre passé. Entre grotte et cave, présent et passé, histoire collective et histoire familiale, une découverte inattendue va sceller leur destin et bousculer nos conceptions de l’altérité. Ce spectacle est à voir au Varia du 12 au 20 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.varia.be Rue du Sceptre, 78 à 1050 Bruxelles
THÉÂTRE : INCANDESCENCES Si nous poursuivons notre réflexion sur la place de ces jeunes dans la société française en creusant des sujets tels que leurs rapports à l’éducation, à la formation, à l’insertion sociale et culturelle, au monde du travail, au sentiment d’appartenance à la nation, ce nouvel opus met particulièrement l’accent sur les mécanismes de transmission des représentations sociales liées aux rapports hommes/femmes. Comment les jeunes composent-ils avec leurs histoires et traditions familiales, leurs modèles parentaux, leurs appartenances religieuses, leur couleur de peau, leur culture et leur positionnement dans la fratrie pour vivre leurs relations amoureuses ? Quels rapports entretiennent-ils avec leur corps et sa représentation, avec les notions de masculin et de féminin, dans un monde où les frontières de genres sont de plus en plus interrogées ? Comment les notions de maternité́ , de paternité́, de parentalité́ au sens large du terme, s’expriment-elles et se transmettent-elles dans leur quartier, dans leur famille dont certaines sont recomposées ? Cette recherche s’engage à partir de la matière humaine brute et vivace d’une jeunesse incandescente. Pour tenter de donner une réponse à ces questions, chacun des protagonistes apporte sa singularité́ , son interprétation, sa sensibilité́ , sa vibration spécifique, son corps, ses mouvements, le timbre de sa voix, sa langue maternelle, ses visions du monde, ses souvenirs marquants, son histoire de famille. « Incandescences » met en scène une dizaine de jeunes femmes et de jeunes hommes, enfants d’exilés et résidant dans des quartiers populaires. Soit une jeunesse « incandescente » qui, peut-être, porte en elle la réelle capacité de contribuer à rendre ce monde meilleur ? « Incandescences » est le troisième volet du triptyque intitulé Face à leur destin écrit et mis en scène par Ahmed Madani et est à découvrir au Théâtre de Poche du 9 au 27 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.poche.be Chemin du Gymnase, 1a à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : PETER PAN Peter Pan, qui ne veut pas grandir, naît autour de 1900sous la plume de J.M Barrie. L’histoire est celle d’un garçon qui récupère les enfants tombés du berceau ou abandonnés pour les envoyer au pays de “Neverland”. On raconte que le héros a aussi perdu la notion de temps en étant bloqué depuis des années sur cette île. Peter Pan reconnaît ne pas posséder le moindre souvenir de son enfance et ne sait rien sur lui-même. Pour compagnie, il a la fée Clochette, toute minuscule. Il partage l’île avec des Indiens et les hommes du redoutable capitaine Crochet, installés sur un galion. Bien entendu, le cinéma s’est emparé de ce récit pour l’immortaliser et en faire un des héros préférés du jeune public. Walt Disney l’a définitivement adoubé en proposant un dessin animé que tout le monde a acclamé en salle ou en DVD. Cette fois, le Théâtre royal du Parc s’empare du projet et le décline en pièce virevoltante, aves des effets spéciaux, des costumes colorés et de la bagarre. Un spectacle familial à voir du 11 novembre au 11 décembre 2021. Voyez toutes les informations sur le site www.parc.be Rue de la Loi, 3 à 1000 Bruxelles
OPÉRA : LULU Cette œuvre majeure d’Alban Berg, basée sur un monument de la littérature du XXe siècle, exprime une critique brutale de la société. Au début des années 1900, le système tonal occidental a été poussé jusqu’à un point de rupture. Désormais, les notes ne seront plus agencées dans une tonalité, mais seront toutes égales. Cela faisait déjà quelques décennies que les compositeurs cherchaient les limites de l’acceptable au sein d’une tonalité : l’échelle chromatique de Richard Wagner, la tonalité élargie de Claude Debussy ou encore, avant cela, la Bagatelle sans Tonalité de Franz Liszt ! En allant toujours plus loin, Arnold Schoenberg, Anton Webern et Alban Berg ont révolutionné la musique mais, des trois, c’est Berg qui est parvenu le mieux à conserver l’expressivité et le lyrisme du romantisme au sein du système mathématique rigide où chaque ton de l’échelle chromatique ne peut être précisément utilisé qu’une seule fois. Ce compositeur a commencé par de petites créations (souvent pour ensembles de chambre, avant de s’essayer progressivement à des formes de plus en plus grandes, dont les opéras « Wozzeck » et « Lulu ». Deux pièces de théâtre de Frank Wedekind sont à la base du dernier opéra précité. Le jeune Berg n’avait que dix-neuf ans lorsqu’il a découvert « Erdgeist », la pièce de Wedekind, et deux ans plus tard en 1905 « Die Büchse der Pandora. » Ces textes lui ont fait forte impression. Bien qu’en contact avec un vaste réseau dans les milieux de l’art autrichien, il a décidé de se lancer seul dans le livret. Il a été raconté qu’il a entamé la composition de « Lulu » en 1929 et y a travaillé jusqu’à sa mort, souhaitant le peaufiner à l’extrême. Lorsqu’il est décédé inopinément d’une septicémie le soir de Noël 1935, cet opéra Lulu est resté inachevé. Hélène, sa veuve, a pourtant demandé à Arnold Schoenberg de boucler le travail sur base des esquisses laissées par feu son époux, mais celui-ci a refusé en invoquant un manque de temps. Ainsi, pendant plus de quarante ans, seuls les deux premiers actes ont été exécutés. Ce n’est qu’en 1976, après le décès d’Hélène Berg, qu’on a vu apparaître sur les planches les premières versions achevées de « Lulu ». Apparemment, le compositeur et chef d’orchestre Friedrich Cerha avait travaillé pendant plusieurs années à ce troisième acte. L’ajout de ce dernier donne enfin sa pleine expression à une symétrie musicale et narrative importante pour Berg. Cet opéra était fait pour le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski. Il traduit la quête existentielle de Berg, à la recherche du mortel pouvoir d’attraction du désir, en une amère messe des morts dédiée « à un ange. Dans cet univers d’autodestruction, il explore la puissance du désir, le rôle de l’argent et de l’art. Son récit morbide en devient un coup de massue émotionnel. Dans « Lulu », Warlikowski fait défiler tous ses chevaux de bataille. Les interrogations quant aux débordements débridés de la high society artistique, le sort d’une femme seule dans un monde dominé par les hommes, les tabous sexuels... « Lulu », un opéra en forme de miroir, est à voir dans son nouvel écrin à La Monnaie jusqu’au 18 novembre 2021. Voyez les dates précises sur le site www.lamonnaie.be Place de la Monnaie à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : CHAT EN POCHE Après « Le Voyage de Monsieur Perrichon » de Labiche en 2015, Cécile Van Snick nous régale à nouveau avec ce savoureux vaudeville. Sur scène, huit comédiens complices donnent vie à ce petit monde vaniteux qui risque de déchanter… pour notre plus grand plaisir ! Un Feydeau sans maris volages, sans cocottes, sans portes qui claquent ! Retrouvez dans cette pièce de jeunesse tout le talent de l’auteur, sa virtuosité de langage, ses malentendus en chaîne et sa mécanique du rire implacable. C’est vif, c’est absurde… et c’est surtout très drôle ! Dans sa folie des grandeurs, le bourgeois Pacarel veut imposer une composition de sa fille à l’Opéra de Paris. Son plan ? Engager le ténor le plus en vue du moment grâce à l’entremise de son ami Duffauset. Quand un jeune homme se présente chez lui de la part de Duffauset, Pacarel ne doute pas un instant qu’il s’agisse de l’artiste de renom et lui réserve un accueil triomphal. L’arrivée de ce garçon, qui chante comme une casserole et ne laisse pas les dames indifférentes, va déclencher un tourbillon de quiproquos presque surréaliste. Une pièce à revoir au Centre culturel d’Uccle du 25 au 27 novembre 2021. Voyez davantage de détails sur le site www.ccu.be Rue Rouge, 47 à 1180 Uccle
THÉÂTRE : LE PETIT COIFFEUR Juillet 1944 – Chartres vient tout juste d’être libérée de l’Occupation allemande. Dans la famille Giraud, on est coiffeur de père en fils, et c’est donc Pierre qui a dû reprendre le salon « hommes » de son père, mort dans un camp de travail un an plus tôt. Marie, sa mère, héroïne de la Résistance française, s’occupe quant à elle du salon « femmes », mais se charge également de rabattre quelques clientes vers son fils, pour se prêter à une activité tout à fait particulière. Tout est dans l’ordre des choses jusqu’à ce que Lise entre dans leur vie ! Brigitte Faure, Charlotte Matzneff, Félix Beaupérin, Arnaud Dupont et Romain Lagarde défendent sur les planches le texte écrit et mis en scène par Jean-Philippe Daguerre. Une pièce à découvrir le 29 novembre 2021. Référez-vous au site www.ccu.be pour plus de détails pratiques. Rue Rouge, 47 à 1180 Uccle
THÉÂTRE : CONTES ET LÉGENDES L’œuvre de Joël Pommerat est intimement liée au Théâtre National. C’est notamment là qu’en 2011 il créait son magnifique « Cendrillon ». Avec « Contes et Légendes », l’auteurmetteur en scène français revient à une forme de théâtre plus intimiste. Il se penche sur l’enfance et principalement sur ce point de basculement quand elle glisse vers l’adoles cence. Quand les premières interrogations surgissent, comment se construire et à travers quelles représentations collectives ? Joël Pommerat associe ce moment-clé de l’existence humaine au mythe de la créature artificielle. Dans un univers légèrement futuriste, il imagine une cohabitation entre les humains et des robots sociaux. Non pas que l’intelligence artificielle soit au cœur du travail. Sa présence apparaît plutôt comme un prisme au travers duquel nos relations, nos émotions se révèlent dans toute leur complexité. Ce spectacle est le fruit d’un travail au long cours. Huit mois d’ateliers et de répétitions nourris de recherche. Un spectacle à voir du 9 au 21 novembre 2021 au Théâtre National. Plus de détails sur le site www.theatrenational.be Boulevard Emile Jacqmain, 111-115 à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : EXTRÊME / MALECANE Depuis plusieurs années, l’Europe connaît une résurgence des partis nationalistes. En France, Italie, Allemagne, Espagne, Belgique, Hongrie, Grèce des groupes politiques prônent un discours identitaire au relent populiste. Parmi les sympathisants de ces id ées d’extrême droite, des jeunes, parfois très jeunes, qui prêtent le flanc à des prises de position hier encore dénoncées. Paola Pisciottano, metteuse en scène italienne formée notamment à l’INSAS, s’interroge sur l’adhésion de la jeunesse européenne à certains idéaux. Pendant trois ans elle a conduit une recherche à travers quatre pays questionnant le sentiment de vide auquel ces mouvements politiques tentent de donner une réponse. Avec « Extreme / Malecane » elle s’y penche de l’intérieur, en multipliant les rencontres et les interviews qu’elle écoute sans juger. Sa démarche est de tenter d’aller au-delà de l’analyse politique pour pouvoir saisir les aspects liés à l’expérience, au sentiment d’appartenance et à l’émotivíté qui sont à la base de la diffusion des mouvements intégristes. Cette matière documentaire est livrée à quatre interprètes issus d’un pays en prise avec la montée des extrémismes. Leur propre vécu se mêle aux paroles des jeunes interviewés ainsi qu’à des matériaux provenant d’internet. Dans une esthétique brute, les quatre acteurs retracent le mouvement qui a amené à l’Histoire récente. Une création à découvrir au Théâtre National du 23 au 27 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.theatrenational.be Boulevard Jacqmain, 111-115 à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : LES MOUTOUFS Dans la cour de récré, ces gosses étaient ceux qu’on appelait les Moutoufs. Pour leurs camarades de classe, ils étaient les Arabes de service. Aujourd’hui, devenus femmes et hommes de théâtre, ils en rient, mais seulement aujourd’hui. L’insulte elle-même manquait sa cible, car, nés d’un papa marocain et d’une maman belge, ils se sentaient toujours partagés entre deux mondes. Ce spectacle, c’est l’histoire de cinq Belges qui ont un père marocain, mais ça aurait pu être l’histoire de cinq Marocains qui ont une mère belge, sauf que … ! Pour répondre à cette question, actrices et acteurs ont interrogé leurs pères, leurs mères et ont remonté le temps ; cinq êtres écartelés entre deux rives partagent les fruits de ces enquêtes, les mettant face aux mosaïques intimes sur lesquelles ils ont tenté de se construire : clichés, malaises, rejets, silences, évidences, histoires vraies ou fantasmées, jamais entendues ou toujours imaginées comme différentes… Moutoufs, c’est un regard sur la mixité des origines, sur cette part d’héritage qui ne parvient jamais, sur ces traces qui se perdent entre générations, sur ces manques qui altèrent nos intimités et sur lesquels on ne se construit qu’avec difficulté. Une pièce à découvrir au Théâtre des Martyrs du 9 au 13 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.theatremartyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : PETER, WENDY, LE TEMPS, LES AUTRES Ils ont trente ans, l’âge des projets. Ils questionnent l’amour, leurs attentes, leurs peurs et leurs failles. Face à eux, deux seniors qui sont déjà passés par là. Elle aurait dû être assureuse. Lui vit dans l’ici et le maintenant, demain étant synonyme d’inconnu. Pour elle, emménager avec la personne qu’on aime, c’est dire je t’aime pour toute la vie. Pour lui, avoir la peur au ventre qui grandit lorsqu’il la regarde partir, c’est la preuve qu’à cet instant précis elle lui appartient. Chaque soir, pour interroger cet engagement qui les dépasse et démêler cette peur grandissante du temps qui passe, nos deux trentenaires – couple fictionnel – sont rejoints par deux seniors bien réels. Peter, Wendy, le temps, les Autres est ce rendez-vous des générations, des histoires et des expériences qui fait entrer en résonance la poésie de la fiction et la tendresse singulière du vécu, nous mettant face à nos propres histoires, à nos doutes passés et présents, à notre futur fantasmé, et à ce qu’il reste au final de nos amours… Une pièce à découvrir au Théâtre des Martyrs jusqu'au 14 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.theatremartyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : MADAME BOVARY "Il y a peu de femmes que, de tête au moins, je n'aie déshabillées jusqu'au talon. J'ai travaillé la chair en artiste et je la connais. Quant à l'amour, ç'a été le grand sujet de réflexion de toute ma vie. Ce que je n'ai pas donné à l'art pur, au métier en soi, a été là et le cœur que j'étudiais c'était le mien." Flaubert défend avec ces mots son œuvre dans une lettre à sa maîtresse, Louise Collet. L'amour si quotidien de Charles Bovary, les passions tumultueuses de sa femme Emma étaient décrites avec tant de réalisme que l'auteur et l'imprimeur furent traînés en justice pour offense publique à la morale et à la religion. On les acquitta. Flaubert n'avait peint que la réalité, les moisissures de l'âme. Une femme, mal mariée, dans une petite ville normande, rêve d'amour et le trouve. Adapter le célèbre roman a tenu de l’exercice périlleux et Paul Edmond s’y est appliqué avec soin. Le résultat de son travail donne à voir une pièce aujourd’hui présentée à Bruxelles et défendue par Pascale Vander Zypen, Christian Dalimier, Christophe Lambert et Vincent Huertas sous la direction de Lionel Lenel. Un classique archi-lu et maintes fois revisité au point que chacun le connaît par cœur. La gageure a donc été de faire du neuf avec du vieux et de donner aux spectateurs l’envie de se déplacer. Si la forme romanesque de l’œuvre de Flaubert fait place à une audacieuse théâtralisation, le rôle de la femme dans la société reste le fil rouge de ce spectacle et conserve une brûlante actualité. Narrations et dialogues composent cette version particulièrement rythmée et interprétée par un quatuor de comédiens férus de beaux textes et rompus à l’art de la comédie. Un texte à redécouvrir à la Comédie Claude Volter du 3 au 14 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.comedievolter.be Avenue des Frères Legrain, 98 à 1150 Bruxelles
CONCERT : ELODIE VIGNON La pianiste bruxelloise Elodie Vignon sera sur les planches pour enchanter les passionnés de musique classique. Au répertoire de ce concert, un florilège tiré de l’œuvre de Claude Debussy, Franz Liszt et Isaac Albéniz, avec quelques pièces célèbres ou plus confidentielles. Pour l’occasion, elle fera la preuve incontestée de son talent de soliste et ralliera à elle tous les indécis. Une soirée qui célèbre également le trentième anniversaire du label Cyprès Records, entièrement consacré aux talents émergents de chez nous, en quête permanente de musique nouvelle. Élodie Vignon nous propose de la poésie pure et restitue, avec son piano, l’atmosphère passionnelle de trois immenses compositeurs qui ont marqué leur époque et dont les partitions continuent d’enchanter la génération actuelle. Elle se produira à Flagey le vendredi 26 novembre 2021 à 13 heures 30. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.flagey.be Place Sainte-Croix à 1050 Bruxelles
SPECTACLE : APPELATION CONTRÔLÉE Appellation sauvage contrôlée est une création théâtrale documentaire à partir de l’expérience fondamentale de déplacement vécue par Hélène Collin pendant les mois qu’elle a passés dans le quotidien d’une réserve autochtone au Canada. C’est en 2011 qu’elle a fait sa première rencontre avec le territoire de Wemotaci, une des trois réserves de la Nation Atikamekw. Un voyage initial bouleversant. Au fil des années, elle a rencontré d’autres territoires et d'autres Nations comme la Nation Innu ou Kanienkehaka. La terre Wemotaci a toujours agi sur elle comme un aimant. Son désir est de pouvoir immerger le spectateur dans ce territoire du bout du monde restitué par le travail du son, de la vidéo et des histoires. Avec son spectacle, elle place l’oralité et le temps présent du théâtre au centre du projet. Ses archives sont ici réactivées pour que la dimension de la parole vivante, des corps en présence et de la contagion des histoires soient au cœur de la réception du spectacle qui met en évidence les questions de décolonisation, de génocide, du rapport au temps, à la parole, aux histoires, au territoire, à la vie et à la mort dans une dimension respectueuse qui cherche sa juste place, puisque Hélène Collin ne s’approprie pas une parole ou une culture, mais tente de la relayer. Un film qui dévoile également le portrait intime d’une jeunesse autochtone amenée à construire son avenir et sa place dans le monde. À travers le cours à option musicale de l’école secondaire, ce documentaire rend compte des liens complexes que ces jeunes entretiennent avec leurs enseignants « blancs A voir au Rideau de Bruxelles du 9 au 27 novembre 2021. Plus d’informations sur le site www.rideaudebruxelles.be Rue Goffart, 7a à 1050 Ixelles
THÉÂTRE : MARCEL Et voilà que Thibaut a un flash ! Lors d’une nuit d’angoisse, il µ dit avoir rêvé de Marcel Proust. Sa force. Ses audaces. Marcel lui parle. Marcel est un génie. Derrière ses mots tortueux, l’auteur est en avance sur son temps. Dès 1913, au cœur de son livre cathédrale « À la recherche du temps perdu », il réinvente les codes du rapport homme-femme. En plein questionnement sur sa propre virilité, Thibaut a dû s’y reprendre plus d’une fois, persévérer, redécouvrir ce livre labyrinthe qu’on ne finit jamais de visiter. Il nous vante cette route tortueuse. Pour Jessica, ce n’est pas une priorité. Mais il en est convaincu : tout individu ayant lu Proust qui osera prétendre qu’il est resté le même est soit un menteur soit un idiot. Ce spectacle créé par Jessica Gazon et Thibaut Nève est à découvrir au Théâtre de la Vie du 9 au 20 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.theatredelavie.be Rue Traversière, 45 à 1210 Bruxelles
SPECTACLE : CARLOS VAQUERA Que de mots dans Imaginaire ! Image et magie ! Les mêmes lettres pour deux mots qui se rejoignent dans un spectacle varié et divertissant. Carlos Vaquera fait appel à notre pouvoir d’imagination, à notre puissance d’évocation et à notre part enfantine d’enfants rêveurs pour nous proposer un spectacle en deux parties. La première, la plus classique, est consacrée aux illusions. Anneaux, cartes, foulards, bouteilles de champagne, billet de banque, tout lui est bon pour étonner et ébloui un public séduit par sa gentillesse et son sourire. Il raconte, il mime, il parle, il se transforme en acteur de théâtre. Tout le monde en sait pertinemment bien le pourquoi, mais il l’amène avec tant de simplicité et de poésie qu’on se laisse agréablement prendre au jeu. On écoute, on imagine, sans chercher à comprendre ou à découvrir les trucs. Les manches retroussées, il illusionne un public participatif. L’un prêtera sa veste ou 50 euros , un autre tirera les cartes ou sera mystifier par la dextérité d’un conteur hors pair. La seconde partie qu’il décrit lui-même comme du mentalisme est consacrée à des exercices de divination. Il tente de prouver que les méandres de l’esprit humain ont un pouvoir insoupçonné et, pour cela, il bluffe le public en devinant cartes cachées ou passages d’un livre. Un spectacle à voir en famille qui laissera longtemps des traces dans les souvenirs. Mieux que quiconque, Carlos Vaquera maîtrise l’art de la prestidigitation, du close-up et de l’illusion. Son dernier spectacle est à applaudir les 6 et 7 novembre 2021 au Théâtre le Fou Rire. Voyez tous les détails sur le site www.fourire.be Avenue des Grenadiers 48, 1050 Bruxelles
SPECTACLE : LA RENTRÉE D’ARLETTE Arlette Davidson reprend la direction du collège Ste Jacqueline de Compostelle. Mais très vite, l’enthousiasme de la rentrée s’estompe face aux nombreux problèmes quotidiens : pénurie des profs, absentéisme du corps enseignant, vétusté du bâtiment, etc. De la prof sadique et élitiste à celle qui entame sa troisième année de dépression chronique, c’est clair, l’année scolaire promet d’être « fatigante, fatigante, fatigante ». Zidani débarque dans vos écoles et vous promet un « One woman chaud » très déjanté ! Tout comme dans « Va t’en savoir », « La rentrée d’Arlette » aborde le délicat sujet de l’enseignement. « Va t’en savoir » se terminait par le départ de Célestine Bernstein, directrice du collège Ste Jacqueline de Compostelle. « La Rentrée d’Arlette » commence donc tout naturellement par l’arrivée de la nouvelle préfète Arlette Davidson ! Seulement voilà après quinze ans d’une direction sévère mais juste, la succession de Célestine Bernstein risque de ne pas être simple pour cette farouche défenderesse de Françoise Dolto et du Dr. Decroly. Entre Magda, le professeur de néerlandais de Turhnout, le retour de Chantal Trognon, l’apparition de Sainte-Jacqueline de Compostelle en pleine classe et passant par Mlle Monique Canaris, le professeur de chant qui prépare l’arrivée probable de la Reine Mathilde, faut gérer ! Un one woman-show (très chaud) à revoir les 11 et 12 novembre 2021 au Théâtre le Fou Rire. Plus les renseignements pratiques ont été déposés sur le site www.fourire.be Avenue des Grenadiers 48, 1050 Bruxelles
RETOUR DE PLAISIRS D’HIVER Sauf modifications de dernière minute, « Plaisirs d'hiver » est confirmé du 26 novembre 2021 au 2 janvier 2022 et la Ville de Bruxelles autant que les organisateurs restent en contact permanent avec les autorités compétentes pour se conformer aux décisions prises concernant la situation sanitaire. A titre de rappel, « Plaisirs d’hiver » est le nouveau nom donné depuis plusieurs années à l’ancien « Marché de Noël », neutralité oblige. Pour celles et ceux qui l’ignorent toujours, cet événement se compose de près de deux cents chalets installés entre la Bourse et la place Sainte Catherine, des animations éparses (patinoire, grande roue, manèges), un sapin sur la Grand-Place, illuminations et une bonne humeur festive. L’opportunité de préparer les fêtes de fin d’année en famille ou en compagnie d’amis ou de collègues. Alors que le virus circule toujours dans la capitale, les habitants ont plus que jamais besoin de s’émerveiller, de sourire et d’être soutenus. Si la priorité absolue reste bien entendu la santé de toutes et de tous, il apparaît toutefois essentiel de renouer avec les traditions après une année civile particulièrement affectée et l’annulation d’énormément de projets depuis de trop nombreux mois. Un peu de la magie de fin d’année a pour objectif de renouer avec la vie en communauté. A vos agendas ! Paul Huet
CONCERT : SYLVIE VARTAN Après le triomphe des deux spectacles du Grand Rex de Paris, Sylvie Vartan donnera une série de concerts à travers la Belgique. En musique et en live, vivez ce voyage en chansons, de ses débuts à nos jours. Née en 1944 à Iskretz en Bulgarie, la future vedette et les siens sont forcés de fuir le régime soviétique pour la France au début des années 50. Son frère Eddie y devient compositeur et chef d’orchestre adulé. C’est par son intermédiaire qu’elle rencontre des producteurs et a la chance de se produire comme chanteuse pour entamer une longue carrière riche de nombreux tubes (La plus belle pour aller danser, La Maritza, J'ai un problème, L'amour c'est comme une cigarette, C'est fatal, Soleil bleu…). Après un concert annulé récemment à Bozar, elle est attendue le lundi 22 novembre au Centre culturel d’Uccle. Ne tardez pas à vous procurer votre ticket. Plus de détails sur le site www.ccu.be Rue Rouge, 47 à 1180 Bruxelles Paul Huet
LA CINETEK, PLATEFORME DES CINÉPHILES Elle vient de fêter son premier anniversaire en Belgique le 22 octobre. LaCinetek, cinémathèque des réalisateurs, est une plateforme de vidéos à la demande (VOD) dédiée aux films classiques d’avant 2005. Elle propose les chefs-d’œuvre du XXe siècle et les films rares.
Cette plateforme a été fondée en France, en novembre 2015, par la réalisatrice Pascale Ferran et les réalisateurs Cédric Klapisch et Laurent Cantet. Elle met à la location ou à l’achat des films sélectionnés par les réalisateurs eux-mêmes. Alain Rocca, ancien président du Meilleur du cinéma, fait également partie des membres fondateurs. Le catalogue actuel compte plus de 1400 films qui illustrent l’histoire du cinéma des origines jusqu’en 2005. Sur quelle base ? Chaque mois, un réalisateur ou une réalisatrice qui a rejoint le groupe propose une liste de 50 films que le site met à la location ou à l’achat lorsque les droits en sont acquis. En versant 2,99 € (SD) ou 3,99 € (HD) par unité, vous pourrez visionner en 48 heures le film de votre choix sur le petit écran de votre ordinateur ou de votre portable. Quitte à le transférer sur votre téléviseur pour avoir une image plus grande. Le pari inverse de Netflix Il y avait déjà les plateformes Netflix ou Amazon Prime Vidéo spécialisées dans les films d’aujourd’hui ou dans ceux tournés sur leurs chaînes. Mais les classiques du cinéma ? Il était devenu difficile de les trouver et de les visionner. C’est chose faite avec LaCinetek qui propose des films rares, considérés comme « les chefs-d’œuvre du XXe siècle » appartenant au patrimoine cinématographique. LaCinetek a lancé en France un système d’abonnement dit SVOD, qui s’est transmis cette année à la Belgique. Pour 2,99 € par mois, ce forfait, qui est une aumône, donne accès à 10 classiques du cinéma sélectionnés par les équipes de la plateforme autour d’une thématique : « Premiers films, histoires d’amour, adolescence, l’occulte... ». Chaque mois, une personnalité artistique, cinéaste elle-même, parraine un des films sélectionnés. Laurent Cantet, réalisateur couronné à Cannes par la Palme d’or pour Entre les murs (2008) et membre fondateur de LaCinetek, s’en explique : « Rassembler sur une même plateforme, via une
offre légale, tous ces films qui nous ont nourris, nous a semblé crucial. On se disait aussi que les cinéastes parlaient rarement d’autres films que les leurs et qu’il serait intéressant qu’ils en parlent précisément. » C’est donc le pari inverse de Netflix. « C’est bien, simple, notre principe de départ était à l’opposé de ce qui se fait maintenant, c’est-à-dire tout sauf Netflix. Pour cela, nous avons pris le parti d’éditorialiser le site en opérant une sélection via les listes des cinéastes qui collaborent avec nous. Contrairement aux plateformes qui inondent le marché, on évite les algorithmes censés, avec une approche statistique totalement biaisée, établir ce qui va plaire ou non au public. Nous, notre algorithme, c’est simplement le goût et l’envie des réalisateurs souhaitant partager les films qui ont compté dans leur vie. C’est bien plus stimulant ! ». Est-ce rentable ? La location d’un film pour 48 heures coûte 2,99 €, le prix de base à l’unité. Son achat, 7,99 €. « Très clairement, nous n’avons pas d’intérêt commercial ou financier. A l’heure actuelle, on est très déficitaire et on pense qu’on le restera peut-être tout le temps : 30% de nos recettes viennent des locations sur le site et 70% des aides de différentes instances. Mais le nombre de visites et de locations augmente de plus en plus, ce qui laisse espérer qu’un équilibre va s’opérer. » Depuis un certain temps, la plateforme essaie de se promouvoir sur les réseaux sociaux, notamment via Facebook, Instagram et Twitter. L’équipe a mis en place une newsletter gratuite et mensuelle qui se partage bien. L’offre se diversifie également de plus en plus, avec des bonus vidéo où les réalisateurs expliquent le lien qui les relie à certaines œuvres, ou des bonus d’archives qui viennent éclairer le film. On découvre en ce moment 1941 de Steven Spielberg, Au feu les pompiers de Milos Forman ou encore Le mari de la coiffeuse de Patrice Leconte. Près d’une centaine de cinéastes partagent ainsi la liste de leurs films préférés, d’Abel et Gordon à Wim Wenders en passant par François Truffaut et Martin Scorsese. Depuis 2019, la plateforme s’est ouverte aussi à l’Allemagne et à l’Autriche. Ciné-club et LaCinetek Ce mois d’octobre, Abel et Gordon, réalisateur et réalisatrice de comédies loufoques, ont présenté A l’est de Shanghai d’Alfred Hitchcock (1932) au cinéma Palace qui accueille, le 2e jeudi de chaque mois, un ciné-club en liaison avec LaCinetek. Ce jour-là, ils ont diffusé cette comédie dramatique au format carré inédit, en 35 mm, à mi-course entre le muet et le cinéma parlant. Hitchcock, dans sa première période anglaise, brosse un portrait mordant de la bourgeoisie, ou plus exactement des nouveaux riches dont il se moque allègrement avec ce couple qui part en croisière pour se réinventer et se tromper mutuellement. Le film s’intitulait d’ailleurs en anglais Rich and Strange. Les abonnés y ont eu accès pour 2 € pendant une semaine sur LaCinetek, qui possède une section ciné-club opérant au Palace de Bruxelles. Tout le site est libre et gratuit. Vous pouvez vous y promener aussi longtemps que vous le voulez, voir la liste des films des réalisateurs associés, visionner des bonus d’archives rares ou découvrir le Top des listes, c’est-à-dire les films ou les réalisateurs qui ont marqué l’histoire du cinéma. C’est le musée du 7 e Art qui s’ouvre aux cinéphiles. Pour ouvrir un compte et régler la location à partir de 2,99 € le film ou souscrire un abonnement : lacinetek.com. On vous renverra sur le site belge. Michel Lequeux
CINÉMA : LA CIVIL Docudrame de Teodora Ana Mihai, avec Arcelia Ramírez, Alvaro Guerrero, Daniel Garcia, Jorge A. Jiménez et Eligio Melendez. Belgique, Roumanie, Mexique 2021, 135 min. Sortie le 27 octobre. Résumé du film – Une mère part à la recherche de sa fille enlevée par un cartel de la drogue dans le nord du Mexique. La police refusant de l’aider, elle gagne la confiance d’un militaire aux méthodes expéditives, qui va l’assister dans sa recherche, car elle connaît la région mieux que lui et peut être une source d’information pour la traque des criminels. Leur collaboration va entraîner cette mère dans une spirale de la violence. Commentaire – Inspiré de faits réels, ce docudrame cerne au plus près une mère angoissée, désemparée, désespérée, qui se lance sur les traces du cartel qui séquestre sa fille. La caméra la suit par plans rapprochés, la prenant à mi-corps ou juste à la hauteur des épaules pour saisir toutes ses émotions à fleur de peau. Toute la vérité qu’elle finira par apprendre au fil de son enquête : la découverte d’une fosse commune où les corps sont jetés et démembrés, la recherche des ossements et de leur ADN, l’interrogatoire des kidnappeurs qui mentent sur leur participation, la corruption enfin des autorités et du voisinage. Car la plupart des voisins sont impliqués dans cette affaire de rapt, étant sous la dépendance des cartels. A travers cette femme hantée par ce qui est arrivé à sa fille, ce sont toutes les mères du Mexique qui témoignent des horreurs perpétrées par les bandes de narcotrafiquants. La fin ne laisse aucun doute sur ce qui adviendra pour cette malheureuse prise dans l’engrenage de la violence. C’est un film dur et poignant qu’il fallait réaliser au nom de la vérité. D’origine roumaine mais vivant à Gand avec ses parents, Teodora Ana Mihai en est la réalisatrice. L’histoire lui a été contée au Mexique (où elle voulait se rendre pour mesurer la déliquescence du pays depuis 2004, date des faits) par une femme d’âge mûr qui a vécu la séquestration de sa fille jamais retrouvée. Teodora voulait d’abord en faire un documentaire, comme c’était son intention, mais elle en a fait une fiction, vu le danger de tourner le reportage sur place. C’est donc un docudrame. Son ami et romancier Habacuc Antonio De Rosario, qu’elle a connu à Anvers, l’a aidée pour écrire le scénario du film sur base des témoignages recueillis. On voit comment la victime est devenue à son tour une justicière de la rue aux mains sales. « J’ai appris en 2017, confie la réalisatrice, que Miriam Rodriguez, la mère en question, avait été tuée en représailles devant sa maison, alors qu’elle était assise sur un banc. C’était le 10 mai, jour des Mères au Mexique. Vous pouvez imaginer ma consternation, moi qui l’avais interrogée sur sa fille. » Arcelia Ramírez incarne cette mère en souffrance. Actrice mexicaine consacrée par une longue carrière, elle a tourné dans une centaine de films et de séries télévisées. Lors de la présentation du film au Festival de Cannes cette année, elle a été ovationnée pendant huit minutes. Le tournage s’est déroulé dans le nord du Mexique, en novembre-décembre 2020, alors que la pandémie du Covid sévissait et forçait l’équipe à faire au plus vite. La coproduction a été assurée notamment par les frères Dardenne pour la Belgique où réside la réalisatrice, diplômée du cinéma aux Etats-Unis. Après son documentaire Waiting For August, récompensé par une dizaine de prix internationaux (2014), elle nous livre ici son premier long-métrage de fiction, dans la veine du docudrame principalement prisé aux Etats-Unis. Avis – Une fiction inspirée de la réalité qui nous plonge dans l’enfer des séquestrations par les cartels de la drogue au Mexique. Jouée à fleur de peau par l’actrice principale qui se fond dans son personnage. Michel Lequeux
CINÉMA : TOUT NOUS SOURIT Comédie de Mélissa Drigeard, avec Elsa Zylberstein, Stéphane De Groodt, Guy Marchand, Anne Benoît, Karidja Touré et Giovanni Cirfiera. France-Belgique 2019, 101 min. Sortie le 20 octobre. Résumé du film – Audrey et son amant Alberto sont venus s’envoyer en l’air dans la maison de campagne des parents. Elle y retrouve son mari Jérôme venu pour les mêmes raisons avec sa maîtresse noire Yseult. Ils découvrent ainsi qu’ils se trompent l’un l’autre à tour de rôle. Et pour couronner le tout, leurs trois enfants débarquent à l’improviste pour fumer des pétards. Mais voilà qu’on sonne à la porte : ce sont les grands-parents qui s’inquiètent, alertés par des voisins, que leur maison reçoive tant de visiteurs impromptus. Commentaire – Une comédie drôle sur l’adultère, qui doit davantage au vaudeville qu’au cinéma. C’est le deuxième film de Mélissa Drigeard qui a commencé sa carrière sur les planches, en dirigeant plusieurs comédies coécrites avec son compagnon Vincent Juillet. C’est le cas aussi pour Tout nous sourit qui succède à Jamais le premier soir (2014). Elsa Zylberstein et Stéphane De Groodt, les interprètes principaux, forment le couple parfait des infidèles. Audrey a la quarantaine et veut profiter de son corps de femme avant que l’âge ne la rattrape. C’est maintenant qu’elle veut se sentir bien dans sa peau. Son mari Jérôme a dix ans de plus qu’elle et veut prouver, lui, que ses qualités d’éditeur peuvent encore séduire une journaliste stagiaire de trente ans sa cadette. C’est un couple en plein mensonge qui vit de bons mots, d’esbroufe et de faux-semblants. Jusqu’à ce que la réalité mettre le couple au bord de la rupture qu’ils avaient vu venir sans avoir jamais le courage d’en parler. Face à eux, il y a les enfants qui avaient tout compris, et il y a surtout les parents, incarnés par Guy Marchand et Anne Benoît, qui vivent de poésie et attendent une fin proche, celle du grand-père malade. La famille est sacrée à leurs yeux et mieux vaut le mensonge plutôt que la dislocation de leurs enfants et petits-enfants sur qui ils fondaient tous leurs espoirs. Guy Marchand, de crooner, se fait poète devant le lac où il a mené la famille et leurs « amis » qui feignent de l’être. Il montrera que, à défaut d’être poète, il sait manier la langue du sexe et les images licencieuses. La comédie brasse à fond le phénomène social : la maîtresse est noire et s’intéresse à la littérature américaine (mais c’est elle qui identifiera Le Lac de Lamartine récité par le grand-père), tandis que l’amant est un Italien des Pouilles monté à Paris pour vendre des pizzas au coin de la rue. Grosse friction entre le mari éditeur et l’amant à moitié restaurateur, entre l’épouse vedette de la télévision et la maîtresse refoulée dans son coin d’immigrée noire, sur le ring des confrontations. Et même entre cette maîtresse et l’amant volage qui veut se rabattre sur elle ou sur la sœur de l’épouse arrivée entre-temps, pour manger les merles faute de grives. Les classes sociales s’affrontent donc dans cette comédie familiale qui a recueilli le Prix spécial du Jury au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez, tandis qu’Elza Zylberstein et Stéphane De Groodt ont reçu chacun le prix de l’interprétation pour leur rôle. Tout nous sourit a été tourné partiellement dans les Yvelines et aurait dû sortir en 2020 s’il n’y avait pas eu la pandémie. Avis – C’est un vaudeville au cinéma, drôle et bien enlevé par deux comédiens qui jouent à avoir le dernier mot de l’histoire. On suit celle-ci jusqu’au bout. Michel Lequeux
CINÉMA : TANTAS ALMAS Drame de Nicolás Rincón Gille, avec Arley De Jesús Carvallido Lobo, Lissy Johanna Meneses Rodríguez et Maria Iñez Mejía Castañu. Belgique-Colombie 2019, 2 h 17. Sortie le 13 octobre. Résumé du film – Colombie, sur le rives du Magdalena Medio, 2002. José, un vieux pêcheur, regagne en pirogue son village en pleine nuit. Il assiste, impuissant, à un massacre perpétré par les militaires qui emmènent ses deux fils. Leurs corps ayant été probablement jetés dans le fleuve, il décide de partir à leur recherche pour les enterrer dignement. Car ses deux enfants ne doivent pas rester des âmes en peine au fil de l’eau. José affrontera les paramilitaires et leur régime de terreur pour aller au bout de sa quête. Commentaire – Tantas Almas (Tant d’âmes) est le premier film de fiction du réalisateur belgocolombien Nicolás Rincón Gille qui a d’abord fait des études d’économie à Bogota, avant d’étudier le cinéma à l’Insas de Bruxelles. Il a réalisé trois documentaires sur les traditions profondes de la Colombie : Ceux qui attendent l’obscurité (2007), L’étreinte de la rivière (2010) et La nuit blessée (2015) avant de se lancer dans la fiction. Ce drame rejoint les thèmes et le style un peu lent de sa trilogie intitulée Campo Hablado, « la terre parlée » sur les paysans colombiens victimes des violences militaires. Tourné au cœur de la nuit et au fil de l’eau, Tantas Almas nous plonge, au sens propre, dans la descente du fleuve, à la recherche de deux corps qu’y ont précipités les militaires, avec d’autres âmes en errance. A travers la quête de ce vieux pêcheur, c’est toute la blessure d’un peuple à l’agonie qui est sondée. Ce peuple que terrorisent les militaires, soutenus par le pouvoir en place et les politiciens véreux. C’est la dictature militaire en Colombie qui est passée au crible, voire au scalpel. Les paysans n’ont que leur foi pour y répondre, nourrie de leurs superstitions populaires. Le pêcheur allume des bougies le long du fleuve pour éclairer sa quête et invoquer saint Antoine pour l’aider à retrouver ses deux fils. S’il poursuit sa mission avec courage, c’est parce qu’il est habité d’une foi inébranlable qui lui fait affronter le courant impétueux, la végétation luxuriante et les tortionnaires qui l’attendent à découvert. Il trouvera d’autres corps jetés dans le fleuve et devra en répondre devant le commandant qui joue avec lui comme un chat avec une souris. Cette scène où il doit boire une tasse de soupe après l’autre, jusqu’à en étouffer, donne le haut de cœur, tandis que le commandant se prélasse à regarder le Tour de France 2002 pour savourer sa toute-puissance sur la région. Arley De Jesús incarne à la perfection ce vieux pêcheur fatigué du corps mais aguerri de l’esprit, qui n’a en tête qu’une seule idée : retrouver les corps de ses deux fils, entiers ou démembrés, pour leur donner une sépulture digne. Au point qu’il se lance dans des scènes macabres, creusant des tombes fraîches pour y déterrer le corps de son dernier fils. C’est un baroque funèbre qu’exhibe le réalisateur, qui nous fait songer aux morts-vivants des films d’horreur. Ou à la fête des morts célébrée en Colombie et au Mexique. La caméra, dirigée par Juan Sarmiento, scrute les états d’âme du pêcheur et le fouillis de la végétation où il se perd. Elle les scrute jusqu’à nous donner le vertige. Tantas Almas a reçu l’Etoile d’or 2019 au Festival du film de Marrakech. Avis – Trop long et trop statique pour attirer le grand public, ce film d’auteur fait découvrir l’âme profonde d’un vieux pêcheur et, avec lui, celle de tout un peuple crucifié par la dictature des militaires au pouvoir. Michel Lequeux
LES RENCONTRES LITTÉRAIRES DE BRUXELLES REPRENNENT ! De la bonne humeur, même du bonheur, une attention soutenue, des échanges aussi sincères que spontanés, beaucoup de sensibilité et d’émotion à l’évocation de souvenirs et autres anecdotes, c’est ce qui caractérise principalement les Rencontres Littéraires de Bruxelles qui se déroulent à l’Espace Art Gallery, à un bon jet de pierres de la célèbre place de Brouckère, celles-ci nous revenant plus légères dans la clarté du jour et non plus à l’aube du crépuscule après une interruption de près de deux ans. Le 21 novembre 2021, un dimanche, une nouvelle formule de rencontres sera inaugurée toujours dans cette lumineuse galerie d’Arts qui se prête également aux Lettres, les rencontres se déroulant entourées de tableaux de peintres et autres artistes mis en valeur durant quelques semaines. A raison d’une tous les deux mois excepté en juillet et en août pour raison de vacances scolaires, ces rencontres - vitrine de nos Lettres se vivront désormais le troisième dimanche du mois de 15h30 à 18h environ, mettant chaque fois à l’honneur deux écrivains, leurs parcours respectifs et un de leurs ouvrages qu’ils présenteront au public. Aucune thématique particulière, l’entrée libre et bienvenue à tous, jeunes et moins jeunes, intéressés ou simplement curieux de rencontres avec le meilleur de notre littérature. Un accueil garanti convivial dès 15h30 précédera la rencontre en elle-même qui ne dépassera point la durée d’une bonne heure; suivront quelques annonces, la séance de signatures et un drink ouvert à tous. Contacts et synergie. Ces rencontres ne seront donc pas que littéraires. L’équipe sur le pont également à l’origine de cette heureuse et courageuse initiative ? Nous avons tout d’abord Robert Paul, son initiateur également fondateur du prestigieux réseau social Arts et Lettres, ensuite Jerry Delfosse, coordinateur et directeur de la galerie, ensuite Anita De Meyer, photographe professionnelle en charge de la médiatisation de l’événement, enfin Thierry-Marie Delaunois, le chroniqueur de l’événement également en charge de la gestion de ces rencontres. Ces personnes, chacune avec ses spécificités, se sont unies et continueront à s’unir pour vous concocter des après-midis dominicales aussi inspirées qu’inspirantes. Des écrivains au parcours exaltant vous attendent… Un peu de temps devant vous le 21 novembre prochain ? Les invitées de ce jour seront Jacqueline Gilbert et Martine Rouhart, deux talents bien de chez nous. Jacqueline Gilbert nous parlera de son roman “Un petit goût de quinquina” et de son recueil “Un petit détour”, Martine Rouhart nous évoquera son roman “ Les fantômes de Théodore” et son recueil “ Saisir l’instant”, ce qui promet d’être passionnant. A vos agendas pour bloquer la date… et pourquoi pas déjà également le 16 janvier et le 20 mars 2022 ? Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Thierry-Marie Delaunois
LA BIBLIOTHÈQUE D’ANDERLECHT La bibliothèque publique d’Anderlecht fait partie d’un axe qui s’articule autour de la salle Molière, avec une ludothèque et un centre de prêts de livres, située à un bond de la station de métro Saint-Guidon et de la collégiale du même nom. Elle dispose de plusieurs locaux pour accueillir les lecteurs et présenter une sélection assez pertinente d’ouvrages récents et plus anciens. Assurément, elle ne dispose pas de tous les titres souhaités, mais s’efforce de répondre au mieux à la demande en anticipant les envies des emprunteurs. La chose est due au manque de place et au fait que certains livres passent rapidement de mode. Si les classiques occupent plusieurs rayonnages, un effort est particulièrement consenti au niveau des grands éditeurs présents sur le marché belge, les best-sellers (inévitables), les prix littéraires (incontournables) et les ouvrages qui ont défrayé la chronique pour telle ou telle raison. On le sait, le rôle d’une bibliothèque n’est pas de concurrencer les librairies, mais de susciter le goût de la lecture, de la découverte et de mettre à disposition des auteurs moins connus et méritants. Si les romans, polars et autres biographies sont légion, on peut constater un effort sur le plan des écrivains venus de l’étranger (Afrique et Asie) et dont la renommée n’évoque pas toujours grand-chose au quidam. Chaque livre peut être consulté sur place ou lu dans la salle de lecture, là où de larges fauteuils, des chaises et des tables tendent les bras à celle ou à celui qui souhaite s’installer confortablement pour s’adonner à son passetemps favori ou réaliser un travail de recherches. Une panoplie de quotidiens et de revues émaillent également cette zone, offrant la possibilité de compulser gratuitement « Le Soir », « La Dernière Heure », « La Libre » et, parmi beaucoup d’autres, « La Capitale ». Havre de tranquillité, cette bibliothèque fourmille de richesses, qui s’adressent à tout amateur et à chaque curieux. Si les adultes viennent principalement pour les fictions romancées, les enfants et les ados se ruent sur le rayon bandes dessinées avec les dernières aventures de Cédric, Titeuf ou autres mangas au goût du jour. En ouvrant un ouvrage broché ou une encyclopédie, le regard voyage, l’esprit s’envole et l’imagination folâtre pour atteindre un pic loin de la banalité du quotidien. A une époque où la télévision n’existait pas et où l’ère d’Internet n’était même pas envisagée, le citoyen chevauchait à côté de Bucéphale, le coursier d’Alexandre, embarquait à bord du Nautilus en compagnie du capitaine Nemo ou secondait Sherlock Holmes, Rouletabille et Maigret dans leurs enquêtes. Porte ouverte à l’exil volontaire, chaque tome permet d’exaucer les vœux les plus ténus et de s’enthousiasmer de l’inventivité d’écrivains toujours prompts à ciseler une intrigue aux mille rebondissements. A côté des polars et des récits d’aventure pure, la Bibliothèque se targue enfin d’entretenir le savoir, en proposant des guides touristiques qui font tant rêver, des recueils de poésie, des manuels de bricolage et des livres de recettes. L’équipe de la bibliothèque reçoit chaque année plus de 6.500 lecteurs et rassemble près de 200.000 documents divers. Accessible cinq jours sur sept, cette dernière est ouverte le mardi de 14 à 18 heures, le mercredi de 10 à 18 heures, le jeudi de 14 à 18 heures, le vendredi de 14 à 18 heures et le samedi 10 à 16 heures. Tous les détails pratiques ont été mis en ligne sur le site www.emca.be Rue du Chapelain, 1-7 à 1070 Bruxelles Daniel Bastié
CHRISTINE BRUNET : DES LECTURES DONT VOUS NE SORTIREZ PAS INDEMNE ! Je voudrais vous parler aujourd’hui d’une écrivaine française pour qui j’ai une profonde admiration et qui est devenue une grande amie ! En principe dans ces chroniques de « Bruxelles Culture », on se limite à ce qui est bruxellois, non par opposition à nos amis du reste du pays ou d’ailleurs (ce serait tout simplement ridicule !) mais parce qu’il faut bien se limiter. Donc je vais déroger ici à nos principes mais pas tout à fait… car l’auteure en question Christine Brunet, une Française, s’occupe activement depuis une bonne dizaine d’années de la littérature belge et est, d’ailleurs, devenue un membre important de la maison d’édition Chloé des Lys que dirige avec sagesse Laurent Dumortier et dont le siège se trouve en Belgique, à quelques pas de Tournai, à Barry plus exactement. (A ne pas confondre avec Paris comme certains l’entendent par erreur sans prendre la peine de vérifier l’orthographe !) Le premier roman de Christine Brunet « Nid de Vipères » a été publié chez cet éditeur en 2011 et, tout de suite, il a compris qu’il détenait là une écrivaine prometteuse qui, depuis, s’est affirmée comme une spécialiste affirmée du thriller moderne. Elle vient d’ailleurs de publier son onzième roman « La Roche des Corbeaux » et c’est loin de s’arrêter. D’autant plus que ses héroïnes Aloys Seigner (Axelle), commissaire divisionnaire et médecin légiste, suivie quelques livres plus tard dans « Convergence » par la doctoresse Gwen Saint-Syrq (sa véritable identité est floue et beaucoup moins avouable), sont des personnages très particuliers qui se connaissent et se retrouvent d’histoire en histoire pour former un véritable duo. Une saga qui se complique depuis quelques années par de nombreuses excusions dans la science-fiction où le présent se confond avec les mondes parallèles. Il faut lire ses romans, qui sont originaux, très bien écrits et, à mon avis, l’auteure n’a pas fini de nous étonner ni de nous intriguer. Christine Brunet est née dans le Midi, à Aubagne, et la plupart de ses récits démarrent dans cette région qu’elle connaît comme sa poche, mais là s’arrête toute comparaison avec la patrie de Marcel Pagnol, car ses livres sont à mille lieues de l’accent de Marseille et donnent froid dans le dos ! Qu’il s’agisse de « Gwen Adieu », « HX13 » ou « Vénus en Ré » pour citer ses dernières créations, des histoires toutes abominables et rédigées au fer rouge, avec des récits à la limite de la folie sanguinaire avec des protagonistes qui finissent toujours par se sortir des mauvais pas où les mènent leurs enquêtes, même si toujours à deux doigts du désespoir ! Je ne sais pas si Christine Brunet en est consciente, mais elle tord l’esprit de ses personnages comme on le fait avec des vieilles chaussettes et, si elles en réchappent (car elles finissent toujours par avoir le dernier mot), ce n’est jamais sans y laisser une part de leur intégrité physique et mentale ! D’ailleurs quand on connaît bien l’auteure, il y a une chose qui frappe. Elle ne parle jamais pour rien. Elle affiche toujours un sérieux qui ne semble pas grand-chose à voir avec ce qu’on attend en général d’une Méridionale dont la faconde est proverbiale. Rédactrice en chef sur internet des « Petits papiers », administratrice de éditions Chloé des Lys et, depuis quelques années, présentatrice puis réalisatrice de l’émission « ACTU-tv », Christine Brunet est devenue une des responsables belges (en fait presque belgo-française !) de la maison d’édition de Laurent Dumortier, institution où personne ne conteste son professionnalisme. Ajoutez à ce curriculum vitae imposant que cette écrivaine est une polyglotte avérée. Elle a appris le tchèque et le russe à l’Université Charles de Prague, l’arabe au Caire, l’anglais à Preston, etc… Sans oublier peut-être le plus étonnant : elle a parcouru les quatre coins du globe, de Madagascar au Ladakh et du delta de l’Orénoque au désert de Gobi et continue à arpenter (entre deux livres) le monde dont elle parle avec une précision et une documentation dignes d’un guide professionnel. Bref, elle est davantage qu’une romancière désormais reconnue en France comme en Belgique : une véritable personnalité. Voilà, vous en savez assez ! Je pourrais ajoute mille autres choses mais à quoi bon ! Christine Brunet se lit avant tout et tout se trouve dans ses livres. Mais attention, autant vous prévenir ! Vous ne sortirez pas tout à fait indemne de vos lectures et commencer à la lire risque de vous rendre addict. Bob Boutique
RENCONTRE : MARCELLE PÄQUES Marcelle est une poétesse qui raconte la vie avec des mots légers qui nous prennent la main pour nous emmener danser dans les herbes fleuries. Elle m’a confié : « Pour moi, écrire c’est comme pénétrer dans une forêt profonde et obscure… Les peurs, les colères, le désespoir, feuillage étrange qui m’emprisonne… Je vais là où les autres ne peuvent me suivre, me dépouillant des vêtements choisis par eux pour moi. J’avance, j’écris encore et encore et bientôt l’espace s’agrandit. La lumière jaillit comme une source salvatrice et se répand en moi. Sa fraîcheur me libère. Et ce depuis toujours et sans me prendre trop au sérieux, en fait je ne pensais pas faire publier mes textes. Et puis un jour, je me suis dit pourquoi pas ? » Heureusement pour ses lecteurs ! Les titres qui ont été publiés à ce jour sont : - Bientôt les jonquilles – Poésie - Les aventures de Billy – Contes pour les petits - Bordélique Alchimie – Poésie - Et si tout était encore possible – Nouvelles - Le cristal des jours – Poésie Je ne résiste pas au plaisir de vous offrir quelques lignes de son imaginaire : Elle Saute à cloche-pied Sur les idées reçues Fait des ronds dans l’eau Des certitudes Des classements Des préjugés Des habitudes L’effrontée Marcelle a aussi participé à une anthologie : La marguerite des possibles et Voix de Femmes (anthologie de poésie féminine contemporaine. Elle est également membre de l’AEB (Association des écrivains belges) et participe à des revues littéraires : Aura – Les chants de Jane – Clair de luth – Bleu d’encre. Vous pourrez la rencontrer aux salons suivants : -Vresse-sur-Semois le dimanche 21 novembre 2021 -Salon du livre de Wallonie le 28 novembre 2021 stand CHL de 12 à 14 heures -Foire du livre de Bxl 2022- stand Editions Bleu d’Encre. Avec présentation de son nouveau livre « Le cœur en balade ». Plus d’infos sur www.editionschloedeslys.be ou via Facebook. Silvana Minchella
MONSIEUR PEPERBOL Auguste Hanswyck, dit Joris Hanswyck, est passé à la postérité avec la pièce « Bossemans et Coppenolle », dont il a partagé la paternité avec Paul Van Stalle. Une comédie bruxelloise qui ravit toujours et qui fait office de fleuron en matière de zwanze et de folklore. Un désormais classique ! Mais limiter son auteur à ce chef-d’œuvre populaire revient à réduire son activité. Ecrivain anticonformiste et journaliste, le bonhomme n’a malheureusement pas laissé énormément d’informations sur le plan autobiographique et les recherches confirment cette affirmation. « Monsieur Peperbol » a vu le jour en 1934 et a été monté dans la capitale à la Gaieté pour obtenir un joli succès avec cinq cents représentations ininterrompues. L’occasion d’effectuer un bond dans le passé, de se plonger dans les contrastes flamands-wallons et de se rendre à l’évidence que le Bruxellois est un peu le trait d’union de ces deux cultures, tout en demeurant unique. Les dialogues empruntent naturellement ici des expressions locales, mettent en présence des gens du nord et du sud du royaume et parlent d’amour avec un ton bon bien de chez nous. Comme il s’agit d’une comédie, les zones d’ombre laissent bien vite place à la bonne humeur. Le texte a été revu, commenté et préfacé par Georges Lebouc, notre monsieur Brusseleir bien connu et auteur du fameux Dictionnaire du Bruxellois, une référence. Ed. Samsa – 160 pages Daniel Bastié
DES NOTES LÈVENT L’ENCRE Aurore Fillieux intègre dans ce recueil de poésie une façon originale. Cette jeune autrice assemble les mots à la musique et nous incite à créer nos propres images qui animent ses poésies. Dans ce recueil, chaque poème est complété par un QR Code où plusieurs musiques instrumentales vont vous accompagner tout au long de votre lecture. Des textes courts et des morceaux d’artistes connus comme JeanMichel Jarre ou Indochine, vous transportent dans un monde parallèle. Les notes de musique forment des mots et des images et deviennent une douce caresse à vos oreilles. Je vous laisse le plaisir de découvrir les textes de cet auteur et musicienne dans l’âme qui vit chaque mot et chaque note de ce livre. Bonne lecture à tous. NomBre7 éditions - 85 pages Elise Jane
UN KIBBOUTZ EN CORRÈZE Magda, Haïm, Sarah, Yohann et quelques autres sont Allemands et, comme beaucoup de juifs, ont fui leur pays lorsqu’Adolf Hitler a pris les rennes du pouvoir, conscients du danger que le nationalsocialisme représente pour leurs libertés. Alors, ils ont choisi la France comme terre d’accueil et, plus précisément, un petit village non loin de Brize. Leur objectif est de tenter de rejoindre la Palestine après un apprentissage dans une ferme-école. Toutefois, l’accueil est loin d’être aussi chaleureux qu’ils l’espéraient. Le souvenir de la première guerre mondiale est encore vivace dans beaucoup de mémoires et certains n’hésitent pas à parler d’eux en utilisant le terme Boches. Néanmoins, à force de persévérance et de bonne volonté, ils parviennent à rompre les chaînes de la défiance et à se faire adopter par les habitants du coin. Seul le sous-préfet, fasciste dans l’âme, s’est juré de les chasser en fermant le kibboutz, encore plus déterminé depuis qu’il a appris que son fils flirte avec la jolie Sarah. Jean-Luc Aubarbier s’est inspiré d’un fait-divers authentique pour structurer son roman. Les plus anciens se souviennent encore du seul kibboutz sur le sol français fondé en 1933 dans un village corrézien à l'initiative du baron Olivier de Rothschild. Durant deux ans, il a accueilli plusieurs centaines de réfugiés obligés de fuir le nazisme, afin de les préparer à la vie en Galilée. Aujourd’hui, il reste de leur passage une poignée de bâtisses en pierre de calcaire aux vitres éclatées et aux caves éventrées. Quand la grande Histoire rejoint la petite ! Ed. Presses de la Cité – 471 pages Daniel Bastié
LA SOURCE MAUDITE La Bérane est un monstre cruel qui sévit à Montpeyroux et qui terrifie les villageois. Chaque famille y va de souvenirs intimes et relate des choses incroyables à son sujet. Selon divers témoignages, elle engloutirait dans la rivière celles et ceux qui auraient l’impudence de le défier. Ainsi, en 1956, Juliette, âgée de douze ans, perd sa meilleure amie là où sévit la créature. Toutefois, elle est persuadée que la bête n’existe pas. Seize années plus tard, la Bérane frappe à nouveau. Cette fois, Juliette, devenue adulte, choisit de réagir. Indépendante, elle mène ses investigations sans tenir compte de tout ce qui est raconté dans le voisinage. Pour elle, la chose ne fait aucun doute, une cause humaine se trouve derrière cette disparition et les superstitions n’entrent pas dans la logique cartésienne qui est la sienne. Néanmoins, elle s’en rend vite compte, fouiller dans les secrets des autres ne porte pas toujours chance. Et si le monstre n’était pas que légende ? Florence Roche signe un roman aux allures de thriller, avec un soupçon de fantastique qui s’ancre dans les croyances vernaculaires. Elle nous invite également à voyager dans la beauté sauvage du Périgord à l’aube des années 70, encore marquées par les traditions et en proie à un renouveau des mentalités. Un livre captivant et beau ! Ed. Presses de la Cité – 277 pages Daniel Bastié
KATSUO : LE SAMOURAI NOIR Japon, aujourd’hui. Katsuo est un ado qui ressemble à tant d’autres, qui aime la vie et qui vit au rythme de son époque. Lorsqu’il entre en possession d’un sabre magique, il ne sait pas encore qu’il va traverser un portail temporel pour se retrouver en pleine période médiévale. Là, il fait la connaissance d’Honjo, l’un de ses aïeuls, et de Naomi, une jeune et intrépide guerrière qui ne se laisse pas dominer par les hommes. Ensemble, ils doivent retrouver Zatoïchi, un célèbre samouraï, le seul à posséder le pouvoir d’empêcher la venue d’un seigneur détenteur d’une armure aux pouvoirs néfastes et porteurs d’augures négatifs. Entre retourner au XXIe siècle et sauver le Japon d’antan, le dilemme est grand. Katsuo devra se faire violence. Dans certaines situations, il n’existe pas d’alternative. A moins que passé et présent soient inextricablement liés ? Stéphane Tamaillon se trouve à la base de ce récit qui lorgne du côté des mangas et cosigne avec Franck Dumanche cette histoire qui se veut un hommage aux films de sabre façon Kurosawa. Raoul Paoli a pris sur lui de donner un visage aux personnages et d’illustrer cette saga aux mille rebondissements. Avec « Katsuo », son cinquième album, il assume son statut de dessinateur et prouve qu’il maîtrise à la perfection les codes du genre. Avis aux amateurs ! Ed. Jungle – 64 pages Daniel Bastié
SATCHMO Le titre fait bien entendu référence à Louis Armstrong, sans se vouloir une biographie. On se situe ici dans le monde du roman graphique qui permet toutes latitudes par rapport à la Grande Histoire, celle qui est narrée dans les écoles et les livrets qui accompagnent les CD. Leo Heitz aime le jazz, sans en être pour autant un spécialiste. Il a écrit ce récit en ne tenant pas compte de toutes les étapes de l’existence du grand trompettiste et, pour davantage de liberté, a transformé ses personnages en souris. Chose qui n’a aucune importance, si ce n’est sur le plan esthétique. Ses rongeurs sont mignons et focalisent davantage d’empathie que les humains aux traits parfois grossiers. A travers le personnage principal, issu d’une famille pauvre, il imagine de quelle manière celui-ci peut aider les siens lorsqu’ils souffrent psychologiquement. Cela endosse parfois une fonction à laquelle on n’est pas forcément préparé. Pire, à force de bien vouloir faire les choses, on les aggrave parfois. Le choix des animaux permet de faire passer plus simplement un message, de prendre de la distance et de moins s’impliquer émotionnellement. Quant au récit, il ne peut que se dérouler à la Nouvelle Orléans, là où le jazz rugit dans les cabarets, où les gamins des rues gagnent un peu d’argent avec des instruments de fortune et où les tenanciers imposent leurs règles. De quelle manière le jeune Satchmo améliorera-t-il sa condition ? Voilà l’intérêt de cet album ! Ed. Jungle – 184 pages Daniel Bastié
MISTINGUETTE : MYSTÈRE SUR INTERNET Mistinguette est une ado ordinaire, si ce n’est qu’elle bénéficie d’une acuité hors-normes pour déceler ce qui ne va pas dans son entourage. Comme les jeunes de son âge, elle adore musarder sur les réseaux sociaux, papoter en ligne et découvrir ce que ses ami(e)s partagent. Par hasard, elle découvre une vidéo qui montre une fille de son école qui chute en ratant une marche. Sourire de sa part. Pourtant, le lendemain, elle s’aperçoit de cette dernière fait l’objet d’un cyberharcèlement, acculée par un lâche qui se dissimule derrière un nom d’emprunt. Déterminée à mener l’enquête, Mistinguette décide de confondre le sinistre individu, notamment en utilisant Anissa, sa pire ennemie dans l’établissement. Si cette bédé s’adresse avant tout aux adolescents et qu’elle utilise les codes des séries télévisées, elle joue également un rôle préventif en mettant en garde contre les dangers réels des agressions intentionnelles et répétées par un individu ou un groupe au moyen de formes de communication numériques. Cette violence se base sur l’anonymat de ceux qui s’introduisent dans la vie de la victime et par l’effet de masse qui like ses agissements ou qui se moquent de la personne incriminée. Si notre jeune héroïne met tout en œuvre pour confondre le ou les coupables, il est bon de rappeler de ce type d’agissement fait l’objet de poursuites pénales et peut mener au suicide du souffre-douleur. Ed. Jungle – 56 pages Daniel Bastié
DE POLYAMOUR ET D’EAU FRAÎCHE Peut-on vraiment aimer plusieurs personnes simultanément, vivre à trois, à quatre ou à cinq, tout se partager, ne pas être jaloux l’un de l’autre et expliquer la situation aux enfants ? Elsa Hebert, Cookie Kalkair et Cristina Rodriguez vivent un trio amoureux et, depuis plusieurs années, ont choisi de ne plus se cacher. Comme ils recevaient de plus en plus de questions sur leur vie en trouple, ils ont pris les devants pour apporter des réponses via les réseaux sociaux et raconter les bons (mais aussi les moins bons !) moments de leur ménage. Cet album revient sur dix-huit mois d’expérience commune. Attention, il ne s’agit nullement d’un traité de sociologie, de sexologie ni d’un guide quelconque, mais d’un témoignage personnel avec son cortège de recherches et de réflexions qui aideront, sans doute, celles et ceux qui sont tentés par pareille aventure. L’objectif consiste à clarifier certains points de la manière la plus limpide possible, sans se prendre la tête. Leur compte Instagram, créé en 2019, compte aujourd’hui plus de quinze mille abonnés. Le ton de la bédé fûtée a été adopté comme ligne narrative. Ed. Steinkis – 120 pages Amélie Collard
PLUS JAMAIS Des meurtres crapuleux sont perpétrés coup sur coup dans la région de Sydney en Australie. La population s’indigne et s’inquiète. Pour quel mobile a-t-on assassiné trois étudiantes, toutes brunes et jolies, à trente jours d’intervalle ? Lorsqu’un suspect est arrêté, un souffle d’apaisement s’abat sur la ville. Seule Harriet Blue, de la brigade des délits sexuels, émet des doutes. Le coupable potentiel n’est autre que son frère et elle ne le voit pas commettre des actes aussi épouvantables. Pour éviter des conflits d’intérêt, son supérieur hiérarchique l’envoie mener une autre enquête loin de là, dans la région minière de Kalgoordie. Au cœur de ce territoire hostile, l’inspectrice n’imagine pas qu’elle va se confronter à un danger bien tangible. Avec son sens de la narration caractérisé par un rythme soutenu, des chapitres courts et peu de descriptions, James Patterson signe un nouveau thriller angoissant qui fait passer les enquêtes d’Hercule Poirot pour des épisodes de Bisounours. Puis, à mesure que la lecture progresse, on en arrive à émettre des hypothèses, à sentir que l’épilogue se profile avec une flambée malsaine de violence. Pour ma part, je me suis trompée de coupable. Celui que j’aurais jeté en pâture aux juges n’était pas le bon. Une raison de ne jamais oublier que tant que les preuves ne sont pas avancées avec précision, toute personne demeure innocente. Ed. Livre de Poche – 356 pages Amélie Collard
UNE SIRÈNE À PARIS Attention ! Voilà un livre d’une rare poésie. L’action se déroule à Paris durant une crue de la Seine. Nous sommes en 2016 et de nombreuses personnes disparaissent. Attiré par une mélodie cristalline, Gaspard Snow découvre sur une berge … une sirène blessée. Sans trop réfléchir, il l’emmène chez lui pour en prendre soin. Mais, fort vite, il découvre qu’un danger le menace. En effet, tous les hommes qui entendent le chant de la belle tombent irrésistiblement sous son charme et finissent par en mourir. Quant à la femme-poisson, elle ne pourra pas survivre bien longtemps loin de son élément aqueux. Après le bouleversant « Journal d'un vampire en pyjama », Mathias Malzieu retrouve la veine du merveilleux de « La Mécanique du cœur » en signant cette histoire enrobée de charme et d’un zeste de mystère. Le fantastique n’est pas ici synonyme de violence ni de peur, mais de fascination. On tombe fort vite sous le charme des protagonistes et on aspire à ce que tout se termine bien. Mais, il ne faut pas rêver, l’union d’un humain et d’une sirène ne peut rien augurer de bon. Il suffit de se référer au célèbre conte d’Andersen ! Ce récit un brin magique aborde avec finesse des thèmes aussi fédérateurs que l'amour, le deuil et les souvenirs, le tout enrobé par une plume toujours imaginative. Ed. Livre de Poche – 216 pages Daniel Bastié
LA BOSSE DES MATHS N’EXISTE PAS Les inégalités sociales à l’école ont la vie dure. Cela remonte à bien longtemps et, malgré de brillants efforts, les choses bougent mal ou peu. A la base de cet ouvrage : un constat. Pourquoi si peu d’élèves suivent un cursus scientifique. La difficulté des matières, un manque de motivation, une carence dans la façon d’enseigner ? Clémence Perronnet a décidé de s’interroger à ce propos en tant que sociologue et de mener l’enquête. Il ressort de ses investigations un bilan mifigue mi-raisin qui en appelle à un changement des mentalités. La carence vient autant du monde de l’école que du noyau familial. Si les établissements scolaires doivent avant tout être vecteurs de réussite, les sciences continuent d’attiser des disparités tant dans le cercle estudiantin qu’au niveau générationnel, mettant en jeu des représentations qui ont la vie dure. En somme, des stéréotypes à chambouler, malgré le fait que des initiatives soient mises en place ou qu’il reste à encourager pour avancer sur le damier de l’enseignement. Quant à cette prétendue bosse des maths, elle se réfère à la phrénologie si chère au XIXe siècle et qui prétendait que le crâne ressemble à une carte qu’on peut décrypter en possédant un minimum de connaissances. Ainsi, le don pour les maths se caractériserait par un léger renflement au niveau du front. La susdite bosse des maths ! Une théorie renvoyée depuis belle lurette au placard, mais dont l’expression est demeurée dans le langage courant. Ed. Autrement - 269 pages Julie Plisnier
LE PENTATEUQUE OU LES CINQ LIVRES D’ISAAC Ce livre est considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre. Un ouvrage qui revient sur la vie fictive d’Isaac Blumenfeld, petit tailleur juif de Galicie orientale, qui décide de changer de nationalité sans quitter son village natal. Bien entendu, son existence croise la grande Histoire et nous vaut une description des événements qui se sont succédé au XXe siècle, allant de la chute de l’Empire austro-hongrois à la souveraineté de la Pologne, avant d’être victime des sbires du Troisième Reich et des purges communistes. Au gré des invasions et des conquêtes, le protagoniste est ballotté entre certitudes et craintes justifiées. L’occasion pour Angel Wagenstein de parler de la barbarie des hommes lorsqu’il s’agit d’exprimer sa haine, de toucher la limite de l’innommable, de relire le passé par le prisme d’un être qui n’a rien demandé et qui se trouve sujet à la discrimination, à la violence et à la ségrégation. Ce roman est avant tout une tragédie, mais rédigé sur le ton de la comédie. Certains diront un humour juif qui consiste à se moquer de soi-même pour empêcher les autres de le faire. On palpite, on rit, on pleure. Le dosage est parfait. Mieux, ce récit nous invite à réfléchir sur nous-mêmes, sur la société et sur ce qui se passe aujourd’hui, alors que les extrémismes sortent de leur tanière pour tout pavoiser de brun terrifiant. Ed. Autrement – 411 pages Daniel Bastié
LA ROSE BLANCHE « La rose blanche » (Die Weiße Rose) est un réseau né en Allemagne durant la seconde guerre mondiale. En le créant, un groupe d’étudiants a voulu se démarquer du nazisme et dénoncer ses exactions. Comme tous les jeunes Allemands, ils sont toutefois embrigadés dans les Jeunesses hitlériennes. Après les cours, ils se rassemblent pour mener la contreoffensive avec les moyens du bord. A savoir, secouer la population de l’atonie dans laquelle elle végète et la mettre en garde contre les desseins du führer. Leur arme : la distribution de tracts, preuve qu’une partie des intellectuels réfute l'idée d'obéissance aveugle et met en avant la conscience morale des individus responsables. Bien entendu, leurs actions clandestines ne plaisent pas aux autorités qui déploient mille moyens pour les museler. Plusieurs noms sont ainsi passés à la postérité : Sophie et Hans Scholl, Christoph Probst, Alexander Schmorell et quelques autres. Finalement arrêtés et sommairement jugés, les membres de cette faction ont été exécutés en 1943 pour motifs de haute trahison et incitation à la dissidence. Sans doute, le régime espérait-il briser toute velléité de résistance en les guillotinant. Cela a été sans compter sur l’élan d’espérance que leurs activités a fait naître dans le cœur de certains. La même année, le New York Times a reproduit le texte du sixième tract pour prouver aux alliés que tous les Allemands ne s’étaient pas amendés à Adolf Hitler et que l’opposition veillait, tapie dans l’ombre, en attendant des journées meilleures. Ed. Plein Vent – 48 pages Daniel Bastié
ARNAUD BELTRAME – LE DON ET L’ENGAGEMENT Arnaud Beltrame est un héros. Un de ces êtres trop rares qui n’a pas hésité à se mettre en danger dans le cadre des attentats qui ont frappé l’Europe avant la pandémie du coronavirus. Le 23 mars 2018, tandis qu’il se trouvait confronté avec ses hommes du GIGN à une prise d’otages dans le Super U de Trèbes, où le tueur retranché venait d’abattre plusieurs personnes, il est allé au devant du terroriste pour négocier la libération des derniers captifs en proposant de prendre leur place. Après de longues palabres, le deal a été accepté. Puis, des coups de feu ont retenti dans le contexte d’un corps-à-corps. L’officier est retrouvé dans un état critique, victime de plusieurs balles et de coups de couteau. Transféré à l’hôpital, il est décédé dans la nuit. Cette bédé revient sur la vie d’Arnaud Beltrame et son engagement, allant jusqu’au don total de lui-même. Un livre qui retrace les années qui l’ont amené à cet instant suspendu, où il n’a pas hésité à risquer sa vie par conviction, par patriotisme et par amour d’autrui. Ce livre est enfin l’occasion de rappeler les principes au nom desquels le colonel Beltrame a accepté la mort : liberté, égalité, fraternité. Pas une vaine devise ! Ed. Plein Vent – 50 pages Sylvie Van Laere
RELIGIEUSES ABUSÉES : LE GRAND SILENCE Une chape de plomb pèse sur le nombre de religieuses abusées par des prêtres. Un tabou dont l’Eglise n’aime pas parler. Communiquer fait peur et, afin de ne pas détériorer une image déjà fortement écornée par les abus sexuels commis contre des enfants, le ton demeure à la prudence, voire au silence. Constance Vilanova propose une enquête glaçante. Suite à la vague déferlante du mouvement #MeToo, les langues se délient et les victimes osent prétendre à une réparation. Du moins, à la reconnaissance de la souffrance endurée. A l’identique de la société civile, le clergé n’est pas épargné et plusieurs membres de congrégations acceptent de parler. Du coup, un questionnement traverse l’Eglise et une plainte monte vers le ciel. Comment ce type de choses a-t-il pu se produire dans le secret des confessionnaux, dans le silence des retraites, dans la semi-obscurité des chapelles ? L’auteure tente ici de répondre à cette question, tout en s’interrogeant sur les blessures de ces femmes humiliées et victimes d’un de leurs supérieurs. On le sait, dans de nombreux pays, être femme équivaut à se soumettre aux hommes, mais de là à imaginer que, au sein d’une institution basée sur l’exemple du Christ, puisse se passer de pareilles ignominies, voilà un pas que beaucoup de croyants ne pouvaient pas imaginer. Avec le regard d’experts, cet ouvrage explore la prise de conscience et les orientations indispensables pour endiguer ce fléau et punir sévèrement les responsables. Au demeurant, une enquête pour avancer ! Ed. Artège – 208 pages Sam Mas
AU TROISIÈME JOUR La révélation des abus sexuels commis par des prêtres sur des enfants a fait l'effet d'un tsunami, bousculant l'image qu'on se faisait jusqu'ici du clergé. Lorsque les médias ont commencé à en parler, de nombreuses victimes ont trouvé le courage d’évoquer leur douleur. Comment pareil scandale a-t-il pu être tu par la hiérarchie ecclésiastique et pourquoi n’a-t-elle jamais tenté d’y mettre un terme. En minimisant ce fléau, ne lui a-t-elle pas permis de perdurer ? Véronique Garnier-Beauvier a décidé de prendre la plume pour réagir et témoigner, sa manière bien à elle de prendre part au combat contre les abuseurs. La parole devient arme qui libère psychologiquement et qui, elle l’espère, permettra d’arrêter un système complice. Bien entendu, l’Eglise n’a jamais encouragé les violeurs mais, en minimisant leurs actes, elle ne les a jamais n’ont plus condamnés fermement. Sans doute un souci de ne pas ternir l’image de l’institution ou une méconnaissance du problème ? A treize ans, l’autrice relate ce qui a profondément bouleversé le cours de son existence. Le curé de sa paroisse a abusé de son innocence. Dans ce livre, elle s’adresse aussi bien aux victimes qu’à tous ceux qui désirent les accompagner. Avec ses mots, elle cherche avant tout à sensibiliser le plus de monde à ce fléau et invite la communauté entière à mettre en place des balises en vue de protéger les plus faibles que sont les enfants. Elle parle surtout du cauchemar qui l'a oppressée durant de longues années, de la culpabilité qu'elle a traînée et de la difficulté à s'exprimer, de peur d'être jugée ou mal comprise. Ed. Artège – 180 pages Sam Mas
COMME UN COEUR QUI ÉCOUTE Depuis les premiers témoignages qui font état de prêtres pédophiles, les chiffres ont ostensiblement été revus à la hausse, créant un véritable malaise au sein de l’Église catholique. L’heure est grave au point que la communauté des croyants pleure les siens, victimes d’abus perpétrés par ceux qui devaient témoigner de l’amour de Jésus, en se mettant à son service et en faisant preuve de compassion, d’amour et de bienveillance. Le choc a été énorme et a durablement écorné la confiance des fidèles. Laisser ce scandale perdurer demeure impensable. La situation impose d’agir avec vigueur pour remettre les pendules à l’heure, dénoncer les déviants à la justice et reprendre le train en marche en veillant à ce que pareilles tragédies ne puissent plus se reproduire. Pour monseigneur Luc Ravel, l’exigence évangélique est à replacer au centre de toutes les attentions, en portant un regard particulièrement protecteur sur les plus faibles et en rappelant que Jésus lui-même faisait une distinction entre les bons et les mauvais pasteurs. Il revient donc à l’institution d’avoir une vision juste de ceux qui exercent leur ministère et de rappeler que la confiance aveugle n’est pas une qualité prônée dans la Bible. Quant au cléricalisme (à savoir l’institution religieuse !), elle n’est pas une forteresse à défendre à n’importe quel prix. Pour permettre aux catholiques de surmonter cette épreuve difficile, un seul mot se met en exergue : transparence ! Ed. Artège – 225 pages Sam Mas
ILS VIVENT ENCHAÎNÉS Au Bénin, la tradition a la vie dure. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, la population est trop souvent encline à croire à une série de phénomènes qui lient magie et possession. Depuis trois décennies, Grégoire Ahongbonon mène le combat d’une vie. A savoir, se battre pour rendre leur dignité aux hommes et aux femmes atteints de troubles psychiatriques et considérés par tous comme ayant été possédés. Pourtant, il suffirait de pas grand-chose pour améliorer leur condition et les soigner humainement. A contrario, dans cette région du monde en proie à la superstition, les malades mentaux sont abandonnés, livrés à eux-mêmes, battus, enchaînés pendant des années à un arbre ou tués. Pour endiguer le poids de plusieurs générations d’ignorance, il a créé une association pour leur venir en aide. Pas une sinécure si on affronte un regard généralisé de réprobation qui va à l’encontre de ce qui se fait d’ordinaire dans l’une des régions les plus pauvres du continent noir. Pourtant, les résultats sont probants avec des guérisons, mais aussi une légère amélioration de la situation au sein de certains groupements d’individus, mais qui peine encore à renverser des préjugés bien ancrés dans les mentalités. Toutefois, Grégoire Ahongbonon n’a jamais baissé les bras. Devenu une référence, il est aujourd’hui à la tête de onze centres de consultation et d’hospitalisation répartis sur quatre pays : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Togo. Ed. Artège – 176 pages André Metzinger
LE BIENFAIT DES CONTROVERSES DOCTRINALES DANS L’ÉGLISE A l’instar d’autres religions, l’Eglise catholique s’articule autour de notions qu’elle affirme être vraies et par lesquelles elle oriente ses interprétations. Du coup, la doctrine représente souvent un socle à enseigner et à suivre. Mais, puisque le monde évolue, il s’avère important de s’adapter à la société, de ne pas s’opposer aux découvertes scientifiques et d’encourager le dialogue. L’Histoire est là pour nous rappeler que des hommes se sont dressés pour faire évoluer la pensée et la coller au plus près de la volonté christique. L’Eglise est humaine, avec ses doutes, ses failles et ses erreurs. Edouard Divry revient sur plusieurs points qui ont balloté les croyants d’une extrémité à l’autre, qui ont divisé et ébranlé des certitudes. Il retient une série de thèmes pour illustrer son analyse. Qu’en est-il de l’Immaculée conception, de la peine de mort, de la prédestination ou, encore, de la communion pour les divorcés remariés ? Cette somme de controverses se veut également une excellente introduction à la pensée théologique fondamentale, une catéchèse brillante à travers les débats de la culture de notre temps et une base pour tout chrétien confronté à un entourage qui se désacralise ou à des croyances venues d’ailleurs. Le savoir et l’intelligence de penser génèrent une richesse intime qui aide à affronter les difficultés récurrentes de l’existence et tenter d’y répondre consolide l’Institution religieuse autant du point de sa crédibilité qu’à travers le regard des autres. Ed. Artège – 175 pages Sam Mas
COMBATTRE L’ ABUS SEXUEL DES ENFANTS Les abus sexuels sur les enfants peuvent avoir lieu à la maison, à l'école, lors d'activités extrascolaires, dans la rue, par téléphone, via une webcam ou en ligne. Dans la plupart des cas, ils sont infligés par une personne que l’enfant connaît, dans son cercle de confiance, et engendre des dommages à vie sur la santé physique et/ou mentale de la victime. Les médias ont grandement parlé de ce fléau. Sachant que cette menace existe partout, sans tenir compte du milieu social ou de l’origine culturelle des familles, l’enjeu de la lutte revêt une importance capitale, avec une prise en charge qui s’améliore heureusement depuis quelques années. Néanmoins, le profil des agresseurs demeure toujours relativement flou, faute de statistiques, d’études sérieuses ou de plaintes suffisantes déposées à la police. Comprendre ce qui peut faire basculer un adulte a priori normal dans ce qu’il convenu d’appeler aujourd’hui des attouchements ou un viol reste un des défis à mener. Qu’il soit prêtre, animateur, instituteur ou membre de la famille, à quel instant est-il prompt à déraper ? Sans prétendre répondre à toutes les questions, ce livre entend ouvrir le débat, proposer des pistes et conseiller. La prise en charge des délinquants sexuels paraît à ce jour aussi importante que l’écoute des victimes, tant pour éviter des récidives que pour tenter de mieux appréhender leurs pulsions. Dans la plupart des cas, une thérapie (lourde) s’impose. Ed. Desclée de Brouwer – 294 pages Sam Mas
APOCALYPSE 20 Une plongée au cœur du premier confinement d'un professeur à la retraite, dynamique et bon vivant, qui comme l'ensemble de ses compatriotes voit son quotidien bouleversé par les restrictions, l'ennui et la communication chancelante des décideurs, tandis qu'au même moment se dessine une histoire d'amour entre deux autres protagonistes. Inspiré par une période aussi inédite que marquante de notre histoire commune, « Apocalypse 20 » constitue un texte prenant susceptible de faire écho à l'expérience de chacun, servi par une galerie de protagonistes sincères et attachants, offrant, malgré le chaos ambiant, une vision légère et positive d'une crise qui n'en finit pas de bouleverser notre vie ... Le regard d'un homme libre et probe. Le regard de deux êtres dans une vie en devenir. Gil Wynands a été professeur de morale résolument laïque pendant quarante ans. Il aurait aimé être acteur, mais comme il n'y a jamais eu de saltimbanques dans la famille, il a fait prof, métier qui lui a permis aussi de faire du théâtre, d'écrire, de chanter et même, de jouer au football. Aujourd'hui, il anime quatre ateliers d'écriture et formule encore d'autres projets pour la scène. Ed. Ménadès – 244 pages Sam Mas
SOUVENIRS ET ÉTATS D’ÂME Ce sont ceux de Jean-Louis Cornellie qui fut longtemps le bibliothécaire en chef des livres de la rue Mercelis, à Ixelles, et qui collabora quelques années à notre revue. Il avait d’ailleurs collaboré à plusieurs autres médias où l’on connaissait sa plume prolixe. On se souvient de ses billets d’humeur. Mais ce n’est pas tant des livres dont il se souvient ici, c’est plutôt des voyages, des rencontres faites en Grèce ou en Italie, sa seconde patrie. Ou en Gaume où l’attiraient les charmes de la Semois et de Redu, le village du livre, encore lui, jamais loin des préoccupations de l’auteur. Il aimait y écouter « la chanson d’une petite fille qui s’éloigne après vous avoir demandé son chemin ». Le vrai bonheur selon lui, qu’il dépeint en termes simples, venus droit du cœur. A Bruxelles, Jean-Louis a fait le tour des cinémas de quartier qui ont disparu de nos rues, ou des théâtres qui y sont restés. Allez savoir pourquoi les uns ont fermé leurs salles obscures et pourquoi les autres sont toujours là. Il ne le dit pas, c’est à nous de deviner. Sans doute une question d’argent, car les petits exploitants n’étaient pas subsidiés à l’époque, dans les années 60 où pullulaient les cinoches des rues, à la différence des théâtres qui rentrent chaque année leur demande de subsides. La culture populaire manque de sous, c’est notoire et c’est là tout son drame dans ce rideau rouge qui s’est abaissé pour de bon sur nos cinémas de quartier. Les gros ont mangé les petits. Le Marni, le Monty et les autres salles d’Etterbeek ont disparu au profit des multisalles. Au profit de Kinepolis par exemple. Par-ci par-là, au fil des pages, pointe l’indice d’une fin proche : Jean-Louis Cornellie sentait venir la grande faucheuse, car « tant va la cruche à l’eau qu’elle finit par se lézarder » comme il l’écrit tout à la fin du recueil. Les pièces ont été réunies par des amis et voisins qui ne voulaient pas perdre un feuillet de la mémoire de l’auteur, quitte à publier des textes parfois inégaux. Avec parfois aussi quelques fautes d’orthographe. L’amitié comptait fort pour lui et ils lui ont fait cet honneur en rassemblant ses inédits. Une brassée de souvenirs où certains d’entre nous se retrouveront comme si c’était hier. Editions Ménadès – 142 pages Michel Lequeux
MILLE SABORDS ! MON BEAU CHÂTEAU ! Hergé aimait se documenter pour préparer les aventures de Tintin. On le disait érudit et curieux de tout. Il se servait de ses visites en Belgique ou ailleurs pour élaborer le canevas de ses planches dessinées et les soigner avec une précision fort rare dans le monde de la bédé. Le château de Moulinsart, demeure de la famille Haddock, est entré dans la mémoire populaire à force d’être cité d’album en album, après avoir été découvert dans « Le secret de la Licorne » Pourtant, il s’agit d’une demeure fictive directement inspirée du château de Cheverny. Le nom a été imaginé par le dessinateur et scénariste en inversant celui d'un hameau à côté de Waterloo et baptisé SartMoulin, non loin de Bruxelles. Quant aux pièces du château, elles varient d’une histoire à l’autre, même si certaines d’entre elles se gardent de toute modification comme la salle de marine ou le grand salon. Mais la chose a été retenue par un nombre infini de lecteurs, laissant aux autres le rythme trépidant des récits et la beauté de la ligne claire du graphisme. Pierre Bénard, tintinophile devant l’Eternel, nous propose un voyage dans ce lieu en revisitant les albums du plus sympa des reporters et en les confrontant aux archives mises à sa disposition pour une interprétation raisonnée et raisonnable. Ed. Sépia – 140 pages Paul Huet
HERGÉ OU LE RETOUR DE L’INDIEN « Les sept boules de cristal » et « Le temple du soleil » forment un des dytiques les plus lus dans la sphère de la bande dessinée belge, des récits devenus des classiques et qui, au fil des années, n’ont rien perdu de leur attrait. Des livres considérés tels des classiques. Alors qu’on croyait avoir tout lu sur Hergé et son œuvre, des ouvrages sortent ponctuellement pour s’interroger sur son travail et analyser certains pans de sa création. Pierre Fresnault-Delruelle s’est évertué à nous expliquer en quoi une seconde lecture peut s’avérer indispensable afin de décrypter ce qui n’apparaît pas immédiatement à la lecture. « Les sept boules de cristal », cette histoire d’archéologie-fiction, nous renvoie dans un passé à propos duquel les Européens manquent encore trop souvent de discernement et agite la sonnette de l’aventure populaire sans vulgarité ni naïveté. Avant tout, Hergé se voulait narrateur et prenait sur lui la seule responsabilité de ses récits. Pour arriver au résultat souhaité, il se gavait de mille images capturées çà et là et ne craignait pas de se documenter en remuant ciel et terre. De la sorte, la fameuse momie Rascar Capac du treizième album de Tintin aurait été inspirée par un modèle se trouvant au Musée Arts et Histoire de Bruxelles. Pour des raisons de négociations toujours compliquées avec la société Moulinsart, qui gère les questions d’ayants-droits, ce livre ne comporte aucune illustration. Ed. Sépia – 128 pages Paul Huet
LE LIVRE DES PETITS PLAISIRS COUPABLES D’abord, il faut s’entendre sur ce qu’il est convenu d’appeler un plaisir coupable ! En fait, il s’agit de toutes nos envies, certains diront les péchés capitaux ou capiteux tels que le désir, la gourmandise, la duplicité, la paresse, la luxure … mais pas que ! En fait, les plaisirs coupables sont ceux qui nous font tellement du bien et qui se veulent en même temps régressifs. Bref, ils consistent à nous satisfaire sans toujours penser aux conséquences de nos actes. Les définir pourrait tenir en une formule : ils sont coupables dans la mesure où ils demeurent sournois, dissimulés du regard des autres et, parfois, peu enclins à la morale. Ils constituent donc une échappatoire au quotidien, permettent de baisser la garde et représentent une forme de désordre par rapport aux convenances. Benoît Simmat a choisi d’en parler avec humour pour prouver qu’il refuse de se moquer ou de juger l’un ou l’autre. L’exercice tient de la nomenclature à lire dans l’ordre ou le désordre, en passant de l’un à l’autre ou en piochant au hasard. Quelques verbes se mettent en exergue pour lancer l’analyse : musarder, fayoter, picoler, fomenter, sextoper, se goinfrer, etc. Naturellement, au fil des pages, chacun se reconnaîtra ou fera mine de ne pas y voir une allusion à son tempérament. Voilà un ouvrage décalé illustré par les dessins de Satochi Hashimoto et qui activera vos zygomatiques. Un livre pas bien méchant, mais qui pique avec précision juste là où il faut ! Ed. Les Arènes – 224 pages Paul Huet
L’INCROYABLE HISTOIRE DE LA GÉOGRAPHIE L’aventure de la géographie est comparable à celle d’autres sciences. Depuis des millénaires, les hommes ont cherché à connaître leur monde, à délimiter certains territoires et à en explorer d’autres. Les migrations et les conquêtes ont bien sûr été vecteurs de découvertes, dont certaines se sont révélées majeures. Ce livre présenté sous la forme d’une bédé pour démontrer l’importance des avancées dans la matière, leurs enjeux et leurs conséquences. Au fil des pages, on croise des hommes insignes tels que Yves Lacoste, Théodore Monot, Jean-Louis Etienne, Claude Lévi-Strauss et bien d’autres qui, à leur manière, se sont révélés des pionniers. On l’ignore souvent, mais la géographie s’est avérée une grande aventure qui, lentement, a balisé le quotidien d’individus amenés à vivre ensemble ou à s’affronter pour des questions de propriété territoriale, de frontières ou de ressources naturelles ou pas. Plutôt que de s’éparpiller à travers des millénaires, cet ouvrage revient sur deux siècles qui ont durablement marqué notre époque, avec des voyages en terres inconnues en Afrique autant qu’en Polynésie. On parle encore parfois de l’arrivée des Européens à Tombouctou ou en Afrique centrale. De ces périples lointains nous sont parvenus des objets et des témoignages qui ont alimenté la mémoire populaire, tout en ouvrant le champ d’action d’écrivains qui se sont précipités dans l’exotisme littéraire. Au demeurant, cet album se veut récréatif et didactique. Même si on ne joue pas exactement sur le même tableau, il peut être comparé (au niveau de la démarche) à la série d’Albert Barillé « Il était une fois l’homme ». Une manière de mourir moins bête, même s’il pas urgent de fixer notre rendez-vous avec la Faucheuse ! Ed. Les Arènes – 192 pages Sylvie Van Laere
VERTÈBRES « Vertèbres » fait partie de ces romans qui marquent durablement. 1997, dans une petite station balnéaire des Landes, un gamin disparaît. Il a six ans. Directement, on songe à un enlèvement ou au fait d’un pédophile. Huit jours plus tard, il est retrouvé sur une aire d’autoroute. Sa mère le reconnaît et, en même temps, le trouve totalement différent. A sa grande stupéfaction, elle découvre qu’il possède désormais une vertèbre de trop. Une énigme ! Elle a beau s’interroger, aucune explication plausible ne lui vient à l’esprit. Une semaine s’avère longue lorsqu’on vit dans l’angoisse de ne pas savoir, dans les limbes de l’attente et, en même temps, cela fait un peu moins de deux cents heures de silence ! On ne métamorphose pas physiquement un humain en un laps de temps si court ! Ecrit avec un sens aigu du rythme, ce roman est un suspense haletant, sans mélo et où on garde l’œil sec. Derrière la joie des retrouvailles, le mystère redouble. Au passage, Morgane Caussarieu pointe du doigt une société individualiste et revisite les nineties en s’inspirant du ton des meilleurs Stephen King et autres « Chair de poule » de R. L Stine. Enfin, il est ici question de sexualité et de transformation du corps, des sujets qui auraient pu très vite sombrer dans le grotesque ou le voyeurisme. L’auteure est de celles à maîtriser chaque instant de son récit et sait retourner la moindre situation, le moindre détail, pour faire prendre une autre tournure aux événements. Ed. Au Diable Vauvert – 292 pages André Metzinger
LA NUIT DE TRANSIT Dans son testament, un père exige que le jour qui marquera sa disparition, son fils Adrien dorme une nuit chez sa mère pour ne pas la laisser seule ce jour-là. Bon gré, mal gré, Eve (la mère) accepte ce qu'elle appelle une mascarade. Il faut dire que celle-ci s'en "donne à coeur joie" depuis la mort de son mari, d'autant plus qu'il lui a laissé un joli pactole. Une veuve joyeuse comme on dit. Elle passe des soirées "orgiaques" avec Pierre, un ex-associé de son défunt époux, et de Mylène, un "canon". Des complices de "débauche" qui ont un plan bien précis dans leur tête, à savoir mettre main basse sur la fortune d'Eve. Seulement, c'était sans compter sur la présence des enfants, Adrien et sa soeur Cathy, qui se révèleront particulièrement habiles pour déjouer leur plan et "mettre au pas" une mère quelque peu frivole et égoïste. Dans cette comédie dramatique en trois scènes, Gaëtan Faucer nous démontre une fois de plus son habilité à brouiller les pistes pour nous mener à un twist final inattendu. Ed. L'Harmattan, 70 pages Alain Magerotte
GRENAILLES ERRANTES Les recueils de nouvelles n’ont pas toujours la cote. Et pourtant, il suffit de lire cet ouvrage rédigé par Bruno Marée pour se certifier de la pertinence d’une prose qui va à l’essentiel et qui jamais ne prend le temps de s’éterniser en sous-récits, en paraphrasant ou en offrant des digressions forcément inutiles. L’auteur applique une technique qui allie efficacité et concision. L’occasion pour lui de poser des climats, de raconter des récits brefs et d’atteindre l’objectif qui consiste à surprendre, à éblouir ou à encourager la réflexion. Il est en effet fort difficile de résumer cet ouvrage et, d’ailleurs, cela importe peu. Chaque texte se veut avant tout une invitation à la lecture, un hommage à ce qui nous entoure et une force qui nous pousse à nous concentrer sur les choses essentielles. La beauté de la langue reste bien entendu le véhicule qui fait qu’on adhère à ce qu’on lit. Enseignant, apiculteur, marcheur solitaire, conteur et défenseur de la nature, l’auteur est multiple et passionné par tous ses engagements. Son acuité, son sens de l’observation et sa facilité de rédiger lui permettent une justesse millimétrée. En choisissant d’éditer uniquement des nouvelles, les Editions Quadrature enfourchent un cheval dont le nom est « challenge ». Ed. Quadrature -142 pages Daniel Bastié
NEIGE SUR LIÈGE Pas de secret ! Le titre l’annonce d’emblée. La nouvelle enquête de Paul Ben Mimoun et Roger Staquet martèle les pavés de la bonne ville de Liège, la plus française de tout le royaume et qui possède un sens de la fête incomparable. Toutefois, sa réputation est entachée le jour où une SDF disparaît. Pourtant, on ne se volatilise pas ainsi, sans le moindre témoin et sans la moindre raison. Bien vite, les investigations menées par le flic à la retraite et le jeune loup de la P.J. les amènent à remettre toutes leurs convictions en déséquilibre. A nouveau, Paul Dupuis s’est associé à Agnès Dumont pour signer ce polar à quatre mains, Avec leur duo d’enquêteurs, les auteurs sillonnent les lieux connus de la ville et ceux qui le sont moins à la recherche de la vérité. Ils font d’ailleurs de la Cité ardente un personnage à part, avec sa faune urbaine, ses codes et son folklore qui dotent d’un rythme particulier ce roman peu banal. Le final est mouvementé et le tout pimenté par une touche d’humour bienvenue. L’écriture se veut à la fois simple et fédératrice pour proposer un livre qu’on lit d’une traite en y prenant énormément de plaisir. Bien entendu, pour les Liégeois, il y a le petit plus de voir s’animer des quartiers déjà bien vivants. Un peu comme pour les Bruxellois de découvrir un polar qui se déplierait dans ses artères et qui, au passage, croise le Manneken-Pis, la rue des Bouchers, la place des Palais et le Musée BelVue. Addictif ! Ed. Weyrich - 245 pages Paul Huet
NOUVEAU DÉPART La saga des Cazalet se poursuit. A la fin du volume III, nous avions abandonné Polly et Clary, en proie aux silences des aînés dans une Angleterre en guerre. Puis, doucement, le temps a fait son office. Nous les retrouvons à la fin du conflit, prêtes à mener leur existence en toute indépendance. Elles retournent à Londres, après une longue période d’exil à la campagne pour échapper aux bombardements. L’espoir de renouer avec la vie d’avant semble bien peu plausible. Le pays souffre d’une pénurie de tout et beaucoup de familles sont ébranlés. A leur tour, les deux jeunes femmes doivent relever les manches pour participer à la vie active. Clary trouve un emploi d’assistante dans une entreprise de décoration, tandis que Polly travaille comme secrétaire pour un patron tyrannique. Chacune s’efforce de tracer sa voie, entre bonheurs et mésaventures. Puis, il y a aussi l’émoi des premières aventures amoureuses qui se dessinent avec, inévitablement, son cortège de désenchantements et de grands instants d’euphorie. Archie se détache du lot des proches en se révélant le dépositaire des secrets familiaux. « Nouveau départ » tient bien ses promesses et entraîne le lecteur à la découverte d’une société en plein renouveau, chargée de promesses ou pétrie dans la résilience. Chaque génération se débat avec ses difficultés, amours, amitiés, querelles et confidences. Rien de bien neuf à l’horizon, toutefois le récit est présenté avec une réelle maîtrise de la narration et est orchestré pour un bon moment de lecture. L’époque, le cadre et les personnages constituent un ensemble attachant. Au demeurant, une saga feuilletonnesque comme les Britanniques ont toujours eu l’art de les fabriquer ! Ed. Quai Voltaire – 632 pages Daniel Bastié
ALIENÉS Deux morts mystérieuses, qui ont eu lieu à plusieurs centaines de kilomètres l’une de l’autre, ont telle un dénominateur commun ? La première victime a été retrouvée en apesanteur et éventrée dans l’espace tandis que l’équipage de la station internationale dormait. Le corps de la seconde, éviscéré, a été exhumé d’une galerie située à plus de trente mètres de profondeur. Louise Vernay, commandant de la PJ de Lyon croit à une corrélation entre les deux meurtres. Son enquête la met en présence d’un curieux jésuite, astrophysicien et directeur de l’Observatoire du Vatican, qui l’avertit d’une menace extraterrestre. Entre action et réflexion, Fabrice Papillon signe un thriller intense qui joue la carte d’un postulat osé. Et si la terre était la proie d’êtres venus d’ailleurs ? Il y a un peu de « Les envahisseurs » dans ce rythme boosté à l’adrénaline et qui ne laisse aucun instant de répit au lecteur. Et si … ? En mélangeant les genres, l’auteur pose la question qui taraude tous les scientifiques : Sommes-nous seuls dans l’univers ? Si non, ces étrangers nous veulent-ils du mal ? Le postulat est sympa et glaçant en même temps. Acharnée et sans vie personnelle, la flic de service ne perd rien de son humanité pour lutter contre une situation qui doucement la dépasse. Ed. Plon – 504 pages André Metzinger
UN ÉCRIVAIN AU PIED MARIN : JEAN RAY Un homme, une œuvre. Le rapport entre l’écrivain et ce qui a été publié a souvent fait l’objet de spéculations. En ce qui concerne Jean Ray, on sait que l’artiste s’est inventé maintes vies, sans toujours permettre au lecteur de cerner où débute la fiction et où s’achève la réalité. En ce qui le concerne, on possède une date de naissance et une autre de décès. Entre les deux, se situe une large zone laissée au flou le plus complet. Pour certains, l’homme était un casanier qui écrivait plus vite que son ombre, ne se relisait jamais et ne quittait pas ou rarement sa ville de Gand. Pour d’autres, il était un aventurier digne des meilleurs romans du XIXe siècle, marin intrépide, contrebandier au temps de la prohibition, pirate, … Il est cependant vrai que ses ouvrages marqués par le fantastique, l’étrange et le morbide laissent une grande place à la mer, aux marins, aux cabarets insolites et à l’alcool. Comme peu d’auteurs ont eu cette chance, il est entré de son vivant dans la légende, précédé par la republication de ses textes par les éditions Marabout. Ce petit livre signé François Crunelle n’est pas une étude, mais un survol de ses écrits en cherchant à les caractériser et en tirant çà et là quelques lignes conductrices. Faut-il l’écrire, mais Jean Ray noircissait les feuillets avec une rapidité qui pourrait passer pour de l’exploit, doté d’une imagination féconde et soucieux de s’inventer mille vies pour se caler dans un coin d’immortalité. Focus sur cet écrivain bien de chez nous ! Ed. Lamiroy – 30 pages Daniel Bastié
NIRVANA : NEVERMIND Le 24 septembre 1991 sortait « Nevermind », le deuxième album studio du groupe américain Nirvana. Le manifeste du mouvement grunge, la fusion du punk rock et des mélodies pop. Une poésie noire, brute et écorchée vive. Une charge âpre contre le système et la bien-pensance. Un des jalons discographiques de la Génération X. Trente ans plus tard, cet album culte n’a pas reçu la moindre égratignure et son mythe s’est fortifié. Il poursuit son chemin, fait d’attaques et de replis, semblable au cours de la rivière Wishkah si chère à Kurt Cobain. Réécouter « Nevermind » aujourd’hui pose notamment le problème de l’objectivité, puisque ce disque est devenu entretemps culte et que les critiques élogieuses ont fusé de partout depuis trois décennies. Si on fait partie des fans des premières heures, il ravive sans aucun doute un contexte émotionnel lié à l’adolescence ou à la jeunesse. Enfin, madeleine de Proust sublime, il provoque des sensations que la musique actuelle ne procure plus ou peu souvent. Enfin, la pochette du vinyle (magnifique !) a récemment fait l’objet d’une courte (et stupide !) polémique à propos du zizi du bébé-nageur et dont les parents avaient autorisé la publication après avoir été rétribués. Spencer Elden, maintenant adulte, n’a pas hésité à déposer plainte pour pédopornographie, affirmant que : « Il est extrêmement perturbant de savoir que des millions de gens ont vu mon pénis quand j'étais petit. Un jour, j'étais à un match de baseball et je me suis dit que tous ces gens dans la foule avaient déjà vu mon sexe ". Mais ceci est un autre sujet, qui fera peut-être l’objet d’un livre ? Ed. Lamiroy – 80 pages Sam Mas
BAISE TON PROCHAIN Ce titre a titillé ma curiosité, cash telle une gifle ! En fait, il s’agit d’une réflexion sur le capitalisme à partir d’un texte écrit en 1714 et intitulé « Recherches sur l’origine de la vertu morale », rédigé à l’aube de la révolution industrielle. Fini l’amour du prochain au bénéfice du profit ! Désormais, il convient de s’en remettre à l’un des pires aspects de l’être humain : son souci de profit ! Résultat, l’ultra-libéralisme n’a cessé de déclencher tous azimuts des inégalités sociales et a aggravé les conditions de vie de certaines franges de la population. Dany-Robert Dufour est enseignant et philosophe et il s’est amusé à éplucher les failles de notre système économique autant que sociétal pour en souligner les dérives qui ont bombé le torse depuis des siècles et qui, aujourd’hui, pourraient bien perdre de leur superbe. De là à comparer ce principe érigé en règle à la statue d’airain pourvue de talons d’argile décrite dans la Bible, il n’y a qu’un pas qu’on pourrait être tenté de franchir aisément. Quant à exhumer le texte de Mandeville concocté durant la première moitié du XVIIIe siècle et difficile à entendre pour beaucoup, il reste d’une actualité qui fait froid dans le dos. Tout y est et il se veut même annonciateur de la manière d’agir aujourd’hui. Bref, une réflexion pertinente du capitalisme en vogue dans beaucoup de pays. Moralité. Pour réussir, suis cette règle : Baise ton prochain ! Ed. Babel - 180 pages André Metzinger
SANDREMONDE Ce roman ouvre en grand les portes de l’imaginaire avec un récit virevoltant qui jongle avec les codes de la fantasy. L’histoire débute par une étrange découverte effectuée par le chevalier de Guelemer parti dépouiller des caravanes de leur or. En l’occurrence, une jeune femme aux cheveux blancs et pourvue de pouvoirs magiques. Impressionné par la créature, il décide de l’emmener avec lui, même s’il sait que les Shaal-Faars sont rejetés par la société des humains. Pourtant, assez vite, son secret est ébruité. JeanLuc Deparis installe ses personnages sans se presser et les confronte à un monde empreint d’interdits et de superstitions. Même s’il ne s’agit pas exactement de çà, on songe à un Moyen-Âge réinventé, où la violence faisait rage et les meurtres se succédaient avec promptitude. Assurément, on y retrouve plusieurs thèmes, dont ceux de la quête, de la prophétie, du dépassement de soi et de l’amour. Le combat du Bien et du Mal fait également partie des pions distribués. Si quelques-uns souligneront l’usage de certains clichés, il est bon de souligner qu’ils contribuent activement au récit et participent à la psychologie des protagonistes. L’univers est intéressant et le rythme alterne entre instants de contemplation et action qui éclate sans crier gare. Maintenant, raconter la suite de cette aventure revient à la déflorer de son suspense. Progressivement, on s’attache à l’homme et à sa nouvelle compagne, on palpite avec eux, on tremble en leur compagnie et on craint pour leur vie. Enfin, il importe de s’intéresser à la fantasy pour adhérer à « Sandremonde », faute de quoi on risque de passer à côté d’un vrai plaisir de lecture. Ed. Babel – 682 pages André Metzinger
DE RAGE ET DE VENT La vie de Carlo Monterossi est dévastée. Tout a démarré le soir où il a bu un verre avec Anna, une escort girl. En la quittant, il a omis de fermer la porte de son appartenant, laissant la voie libre à un assassin. Si la police a ouvert une enquête, il se trouve en proie à un immense remords. Dans son esprit, la chose ne fait aucun doute, c’est lui qui a incité le tueur à frapper là plutôt qu’ailleurs ! Puis, les investigations piétinent, les témoignages ne concordent pas et il craint que cette affaire ne soit jamais élucidée. Alors, il décide de mener des recherches parallèles. Une démarche qui fait appel à toute son acuité et qui le plonge dans divers milieux de la vie milanaise. Très vite, il s’avère que chacun dissimule un pan de ses activités, cultive un jardin secret et n’aime pas qu’un regard extérieur cherche à s’y faufiler. Autant qu’un thriller, Alessandro Robecchi dresse le portrait d’une métropole en proie à tous ses démons, où la frontière entre le Bien et le Mal reste souvent ténue et où la violence peut exploser sans qu’on la sollicite ouvertement. Traduit de l’italien par Paolo Bellomo et Agathe Lauriot dit Prévost, ce roman renvoie aux heures sombres de l’Italie profonde, avec ses caïds, ses gangs et, bien sûr, ses pervers qui semblent issus d’un giallo. Un récit glacé qui laisse des frissons parcourir l’échine ! Ed. de l’Aube – 398 pages Daniel Bastié
LES ÉCURIES DE DIOMÈDE Le titre fait référence aux juments de Diomède, roi de Thrace, qui selon la mythologie avait coutume de les nourrir avec la chair de ses hôtes. Toujours selon le récit, Hercule aurait reçu de Zeus l'ordre de les dérober en guise de huitième travail et de les mener à Argos. Bien entendu, tout cela n’est que croyance antique et Sylvain Larue y fait seulement référence dans la dernière enquête de Léandre Lafforgue alias « le Goupil ». Sous le règne de Napoléon III, la société s’est trouvée en proie à maints complots. L’inauguration d’un nouvel hippodrome devient le cadre d’un assassinat ourdi par quelques séditieux, à moins qu’il s’agisse d’une bande organisée bien décidée à s’emparer du pouvoir. Dans les coulisses se fomentent une série de guet-apens plus sanglants les uns que les autres et des trafics en tous genres. Un monde où les bandits et les rebelles se font cortège. Lorsque le crime est découvert, les autorités tentent de ne pas l’ébruiter. Aussi, pourquoi confier l’enquête à un flic déchu ? Ces questions, Léandre Lafforgue est amené à les retourner dans tous les sens. Alors, en compagnie de son amie l’agent Pantecroët, il suit une piste qui le conduit aux fameuses écuries de Diomède. Si le suspense est haletant, l’auteur parvient également à reconstituer l’atmosphère de la seconde moitié du XIXe siècle avec un style feuilletonnesque fort agréable, un rythme soutenu et énormément d’informations historiques passant allègrement de la Grande Histoire aux anecdotes. Ed. de Borée – 362 pages Julie Plisnier
JEU, SET ET MEURTRES Ce que l’existence peut s’avérer insipide ! Voilà ce que doit se répéter Prudence Poivert en s’installant dans une petite bourgade non loin de Bordeaux, suite à un héritage inattendu. Pour meubler le temps qui meurt sans sursauts particuliers et oublier son récent divorce, elle s’affilie au club local de belote, qui présente tous les aspects d’un groupement du troisième âge. Très vite, elle en souligne la particularité. Le cercle s’apparente à un nid de vipères. Lorsque sa partenaire de cartes, mademoiselle Eugénie, trouve la mort dans des circonstances fort troublantes, son flair de fouineuse ne fait qu’un tour et, en opposition au rapport de la gendarmerie qui conclut à un accident, elle clame au meurtre. Pour prouver que son instinct lui donne toujours raison, elle n’a pas d’alternative que de mener ses propres investigations. Pour elle, il est certain qu’un ou une tueuse est tapi dans l’ombre, vraisemblablement prêt à recommencer ou à occire quiconque se dressera sur son chemin. Katy-Lynn Cénac met en scène une sorte de Miss Marple française, quarantenaire bien assumée et qui se dresse contre le crime avec la bravoure et l’acuité de la célèbre héroïne imaginée voilà bien longtemps par Agatha Christie. Le ton est celui des thrillers cosy actuels, avec du suspense, un chouia d’humour et une héroïne qui refuse de s’en laisser conter. Avis aux amateurs ! Ed. City – 365 pages Sylvie Van Laere
CARNET VÉNITIEN Les carnets de voyages ont ceci en propre qu’ils invitent à quitter la banalité du macadam citadin pour nous entraîner loin du ronron et nous dépayser en allant au contact de mondes dont on ignore beaucoup ou dont on a oublié une partie de nos balades. Liliana Magrini, était une journaliste et écrivaine italienne férue de la cité lagunaire où elle était née et où elle était venue finir son existence. Avec « Carnet vénitien », elle nous offre sa vision d’un endroit où la vie paraît avoir été suspendue sur une ligne du temps, même si l’afflux de touristes rappelle aux habitants que la modernité est entrée de plain-pied dans leur quotidien. En évitant le traitement promotionnel, elle parle d’un lieu imprégné d’histoire, avec un récit empreint de nostalgie, de poésie et d’amour. Au fil des pages, on croise les dentellières de Burano, la maison de Goldoni, le Fresco sur le Grand Canal, le Palais des Doges ainsi que le folklore local si précieux et si cher aux allochtones. Pour autant, elle n’omet jamais d’évoquer la population locale, ses mœurs, son folklore et ses passions. En 2021, Venise a célébré les mille six cents ans de sa naissance et cet ouvrage ressort à point nommé pour magnifier la Sérénissime en offrant à lire un manuscrit épuisé depuis belle lurette et attendu par de nombreux amateurs. Bien qu’elle fût Italienne, l’autrice rédigeait en français. Ed. Serge Safran – 187 pages Amélie Collard
CATHERINE FRANÇOIS Née en 1963 à Bruxelles, Catherine François occupe la scène artistique belge et européenne depuis une trentaine d’années avec des sculptures monumentales appréciées pour leur originalité et leur diversité. Pourtant, rien ne la prédestinait à occuper cette place dans le milieu artistique, puisqu’elle a effectué de rigoureuses études de journalisme et de communication avant de changer radicalement le cours de son existence en optant pour la création personnelle et le travail de la matière. Son cheminement passe par le dessin académique et le nu, qui lui ont permis de trouver sa voie. L’année 1996 a été marquée dans sa mémoire comme une transition. Période à laquelle elle a déposé son crayon de portraitiste pour empoigner la valise de sculpteur. L’approche de la troisième dimension lui a permis d’aborder avec liberté son envie de laisser libre-cours à son imagination et de canaliser son énergie tout en demeurant fidèle à ellemême. Du figuratif, elle a doucement transité vers des formes qui se délient pour en renouveler les codes. En se référant toujours à la nature, elle en est arrivée à retenir les lignes, les formes et les contours, sans oublier les vides et les creux. Successivement, elle est passée par diverses étapes et a ainsi proposé une période « toupies » et une autre « têtes humaines ». Quoi qu’il en ait été, ses sculptures (qu’elles soient monumentales ou objets adoptés de notre quotidien) demeurent constamment le reflet de leur rapport à la nature et un appel à une prise de conscience de son importance pour la race humaine. D’une certaine manière, son regard nous rappelle l’urgence de prendre réagir face au chaos qui frappe notre monde, des limites à nous imposer et du déséquilibre profond qui existe entre les discours de nos politiciens et la réalité du terrain. Illustré de magnifiques clichés, cet ouvrage retrace trois décennies de création qui apportent un sens à notre histoire et qui les nourrit d’imaginaire pour ne pas perdre totalement foi en notre espèce humaine. Guy Duplat et Steve Polus ont rédigé les textes qui accompagnent les photographies. Ed. Prismes- 224 pages André Metzinger
LE YARK Le Yark aime les enfants d’un amour… très gourmand ! Mais il rencontre un problème de taille : son ventre délicat ne tolère que la chair d’enfants sages. En effet, les bêtises modifient la composition chimique des jeunes humains et leur chair devient toxique. Ainsi, le pauvre Yark affamé rencontre de plus en plus de mal à trouver de quoi se sustenter. Bref, des enfants gentils ! En partant de ce postulat, Bertrand Santini a imaginé un conte drôle et cruel qui rappelle un vieux film de la série Dracula, dans lequel le célèbre vampire peinait à trouver des vierges afin de boire leur sang. Au demeurant, notre époque est sans aucune aménité à son égard et il souffre mile douleurs face à un monde qui évolue et qui perd ses valeurs ancestrales. Le constat est là : les petits ont perdu leur candeur, sont gavés de produits industriels et ont accès à une série de choses qui ne correspondent pas à leur âge réel. Du coup, notre malheureux Yark se balade la plupart du temps avec le ventre creux. Néanmoins, il reste convaincu qu’il existe toujours des gamines et des gamins à croquer. Mais où les trouver ? Au fil des pages, on découvre que notre monstre n’est pas au bout de ses peines. Voilà un récit fait pour amuser et frissonner, une histoire décalée à prendre au second degré mais qui livre un constat sur notre société en mutation permanente. Les illustrations de Laurent Gapaillard sont à la hauteur du récit et le complètent admirablement. Ed. Grasset Jeunesse - 80 pages Julie Plisnier
L’AUBE DE CRISTAL Salvatore Gucciardo est peintre et poète. Avec des mots, il donne sens à ses peintures et, avec ses toiles, il dote ses textes d’une texture en deux dimensions. Pourtant, restreindre l’homme et l’artiste à cette seule représentation revient à galvauder son art puisque, par définition, tout créateur se doit de surprendre. Passionné par les univers parallèles, la spiritualité et la recherche de soi à travers l’apprentissage et l’épanouissement personnel, il a fait sienne une formule qui veut que l’humain soit un élément en communion avec le cosmos, une entité propre mais reliée à quelque chose de transcendant et d’immanent, bien plus grand que tout ce qu’on peut imaginer. Avec « L’aube de cristal », son dernier recueil, il nous parle de naissance et de renaissance, renvoie au livre biblique de la Genèse et martèle sa conviction qu’un rituel symbolique organise le parcours terrestre de chacun. Cérémonial marqué par la lumière, par la connaissance et la foi en l’existence. Bien entendu, jamais il n’apporte la moindre preuve de ce qu’il allègue, mais laisse parler sa conviction, son adhésion intérieure et s’appuie sur un instinct qui lui assure qu’il progresse dans le vrai. Il évoque aussi le sens de la création, alléguant qu’elle n’a pas de place sans la présence de l’homme, capable de donner une signification à l’Histoire en créant des civilisations par la force de son intelligence et de la volonté. Enfin, il souligne que l’amour demeure une force imputrescible et que, sans lui, le monde serait plongé dans le néant. Ed. Les Poètes français – 62 pages Daniel Bastié
ALIBI Traduit du néerlandais de Belgique par Emmanuèle Sandron, le nouveau roman de Pieter Aspe nous permet de retrouver le commissaire Van Lin dans une enquête qui n’a rien de très festive. Sur le plateau de tournage d’une série flamande, le corps calciné d’un inconnu est retrouvé menotté au volant de la voiture de l’acteur principal. Interrogé par les forces de l’ordre, ce dernier se pare d’un alibi impeccable. Puis, quel intérêt aurait-il eu à se servir de son véhicule pour commettre un meurtre ? D’ordinaire, les crimes se pratiquent loin du regard des gens, dans des endroits déserts et certainement pas sur son lieu de travail. Puis, il reste à trouver le mobile. Appelé pour mener les investigations, le flic (imaginé par l’écrivain décédé récemment) se retrouve à plusieurs kilomètres de chez lui, amené à investiguer sur un assassinat qui semble intimement lié au milieu interlope brugeois autant qu’à la sphère du septième art. En remuant ciel et terre, il sait qu’il fera avancer les choses. Comme il n’en est plus à sa première mission, il connaît la technique idoine pour amener les témoins à se confesser et débusquer les coupables. Les indices sont bien là, mais les fausses pistes s'amoncèlent puisque chacun détient des secrets qu’il préfère dissimuler, dont certains s’apparentent à des plaies purulentes. D'autres, tiennent plutôt des petits arrangements mesquins servis par une conscience bradée. Dire que plus d’un sont prêts à tuer pour garder le silence relève du constat évident. Egal aux précédents, ce thriller urbain nous gratifie d’une balade dans la petite Venise du Nord, avec ses canaux languissants et sa brume matinale. Ed. Albin Michel – 302 pages André Metzinger
LES SCOUTS – PAROLES DE SCOUT ! Le camp d’été, quelle aventure ! Pour la première fois, Noé, Jérémy, Kenza, Sabrina et Romuald s’apprêtent à vivre une expérience comme ils n’en connaissaient pas. Avec tous leurs amis scouts, ils vont passer un été inoubliable, encadrés par des moniteurs de premier plan. Bien entendu, il s’agit d’une bédé qui ne se prend pas au sérieux et dont l’objectif reste récréatif, avec des gags qui décollent au quart de tour et des sketches qui se succèdent bon train. Bien entendu, celles et ceux qui ont participé à pareils camps en reconnaîtront l’ambiance à nulle autre pareille, avec un zeste de débrouille, beaucoup d’optimisme et la volonté de s’amuser quoi qu’il advienne. Il s’agit évidemment d’un grand instant de partage, d’une relation humaine peu ordinaire et d’un contact au plus près de la nature. Le scénario a été mitonné par Adda Abdelli, tandis que les dessins ont été assurés par Cédric Ghorbani, venu de l’animation au cinéma et spécialisé depuis dans les albums humoristiques (Les cancres, Le collège invisible). On y découvre des personnages attachants et drôles alignés pour un agréable moment de farniente. Ed. Michel Lafon – 48 pages André Metzinger