Bruxelles Culture août 2021

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BRUXELLES CULTURE 5 août 2021 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com

RENCONTRE : SERGE DEHAES


RENCONTRE : SERGE DEHAES Né en 1964 à Bruxelles, Serge Dehaes est graphiste de formation. Depuis plusieurs décennies, il s’est installé comme illustrateur publicitaire et dessinateur de presse, notamment pour La Libre Belgique. Régulièrement, il publie des albums de bandes dessinées, ainsi que des ouvrages jeunesse, tout en développant un travail artistique sur l’iconographie du jazz, musique dont il raffole. Il est également le coloriste attitré de Philippe Geluck. Rencontre à deux voix ! Quel est votre parcours ? J'ai fait les Beaux-arts de Bruxelles, mes humanités, et ensuite la communication visuelle. Parallèlement, en cours du soir, j'ai suivi des cours de bédé, genre que j'ai délaissé pour suivre jusqu'aujourd'hui encore des cours de peinture et de dessin. A quel âge avez-vous commencé à dessiner ? Le dessin étant dès l’enfance le premier médium pour s'exprimer, tout le monde commence à dessiner dès qu'il est en âge de le faire, il serait donc plus pertinent de demander à quel âge avez-vous arrêter de dessiner et, me concernant, je ne l'ai pas encore envisagé. Etiez-vous soutenu par votre famille ? Beaucoup de parents sont frileux à l'idée que leur progéniture fasse des études artistiques et les miens ne faisaient pas exception. Mais j'ai eu la chance de très vite générer des revenus en vendant mes dessins, ce qui les a aussitôt rassurés. Encore étudiant, vous publiez déjà vos dessins dans des revues vendues dans les rues de Bruxelles ? de quelle manière est née cette aventure ? Passionné de bédé, j'ai participé à un fanzine qui publiait des dessinateurs amateurs. Je m'y suis investi par la suite en tant que graphiste et rédacteur en chef. C'était une chouette aventure qui de par le simple fait de m'éditer m'a boosté dans ma production de dessins. Dessiner, est-ce un vrai métier ? Jean Dubuffet a repris le négoce de ses parents jusqu'à ses 41 ans et ce n'est qu'à cet âge qu'il a décidé de se consacrer exclusivement à la peinture. Vu sa reconnaissance, son rayonnement international et sa cote en tant qu'artiste, il aurait dû se demander bien plus tôt si vendre du vin comme le faisaient ses parents était un vrai métier. De quelle façon avez-vous réussi à vous intégrer dans le monde de la bédé et du dessin de presse ? J'étais encore étudiant lorsque j'ai publié mon premier dessin de presse pour le magazine Univers-cité, le journal de... l'étudiant ! L'exercice m'amusant, j'ai frappé à d'autres portes qui se sont toutes ouvertes : Flair, Le Soir, Trends-Tendances, L'Echo... Aujourd'hui, je travaille entre autres pour le quotidien La libre Belgique et pour le magazine syndical Le Droit de L'employé. Je faisais des strips pour le supplément Vacature et Références. Je les ai également proposés à Spirou qui les a accueillis avec enthousiasme. Lorsque son rédacteur en chef, Thierry Tinlot, a quitté son poste, il m'a emmené avec lui et c'est ainsi que j'ai été édité chez Fluide Glacial. Quel type de dessin proposez-vous ? Lorsqu'il s'agit de collaborations ou de commandes, j'essaye d'être


empathique et de répondre au mieux à la demande tout en restant fidèle à moi-même. C'est une équation parfois difficile à résoudre. Pour mon travail personnel, mon moteur est la recherche. Je pousse des portes, je découvre, j'expérimente et lorsqu'une voie me parle, j'approfondis, multipliant les techniques, jonglant entre l'huile, le pastel, l'aquarelle ou le crayon. Que représente l’humour dans votre vie ? C'est une façon d'exorciser la réalité. Depuis de nombreuses années, vous faites équipe avec Philippe Geluck, qui vous mentionne comme étant son coloriste ? Oui, depuis trente ans, je colorise ses dessins. Comment cette aventure a-t-elle débuté ? Il cherchait un coloriste et mon professeur de bédé Alain Goffin, qui était et est toujours un de ses grands amis, m'a invité à faire un essai, essai concluant. Dans la presse, quel plus le dessin apporte-t-il par rapport à la photographie ? Lorsque la technique photographique a été optimum, les journaux ont commencé à délaisser les dessinateurs de presse. Fin des années 60, début 70, ces derniers ont montré toute la valeur ajoutée du dessin, magnifiant et sublimant le réel. Mais la rapidité et le coût des choses ont malgré tout balayé la débauche de talents qui étaient proposés à la presse et la photographie s'est imposée victorieusement. Le dessin est aujourd'hui très exceptionnel, malgré toutes ses qualités. Il véhicule souvent des idées fortes, il est empreint d'une écriture graphique distincte, il conjugue poésie, humour, pédagogie, didactisme, etc. Vous arrive-t-il de stresser en attendant le jugement de celui ou de celle qui vous commande un dessin ? Le stress signifie que la personne qui vous a demandé un dessin ne vous a pas mis en confiance et que le lien empathique que j'ai évoqué précédemment n'est pas établi. Cela n'augure rien de bon quant au résultat final. Vous imposez-vous certaines limites ou vous lâchez-vous complètement dans votre travail créatif ? Les contraintes peuvent être source de créativité. Le lâcher-prise quant à lui est source d'authenticité. Que raconte l’album « Manager, mode d’emploi » ? « Manager Mode d’emploi » dresse à coups de strips incisifs, le portrait d’une entreprise dont le directeur est aussi stupide, veule et incompétent que cynique et impitoyable avec ses employés. Dans cette petite société, la bonne marche de l’entreprise importe peu. Le patron est plus préoccupé par sa grande marotte, le tennis, qu’il suit avec passion, et par le fait que chacun reste à sa place. Dans cette société aux mœurs figées, on reproduit le modèle parental, qu’il soit celui d’un patron ou celui d’un employé. Le directeur poursuit de ses assiduités sa secrétaire et motive ses troupes en parlant de licenciement. Le directeur des ressources humaines est un éloge incarné de la paresse, bref, la vie d’un groupe. Tout, sauf du travail ! Quel est le thème de l’album « La femme parfaite », votre petit dernier et d’où vient ce personnage ? Mademoiselle F est le vrai nom de la femme parfaite. F parce que née dans le magazine Flair. Elle est célibataire, femme


fatale, femme heureuse et femme amoureuse … Femme sans enfants, femme à enfants, femme au régime et femme gourmande. Elle est un concentré de contradictions, édictées dans une joyeuse ambiance délurée. Sa logique est insondable et son mystère attire… Bref, une femme comme vous et moi ! Quelle image donnez-vous de la femme ? Depuis mes quinze ans, j'en ai cinquante-six, je m'offre chaque semaine une séance de modèle. Je suis incapable de chiffrer le nombre de corps dont j'ai pu croquer la nudité et, malgré ça, associer en mots la femme à une image précise m'est difficile, mais cette nébuleuse en fait peut-être son intérêt. Serge Dehaes expose à Espace Art Gallery du 6 au 29 août 2021. Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Retrouvez l’artiste sur le site www.sergedehaes.be Propos recueillis par Daniel Bastié

EXPOSITION : SALON D’ÉTÉ À EAG Outre les encres et peintures de Serge Dehaes, Espace Art Gallery accueille les travaux de Nipanki Orei, Barbara Luel, Areti Gontras, Pascale Delévaux et Sarah Lounici.


EXPOSITION : NAPOLÉON, AU-DELÀ DU MYTHE Avec une scénographie immersive s’étendant sur près de 3 000 m² à Liège-Guillemins, cette exposition retrace le parcours de Napoléon. Evitant de « dorer l’image » avec des figures d’Epinal, l’approche de sa carrière se veut objective et critique, nuancée par de nombreuses recherches historiques. Aujourd’hui, la personnalité de l’Empereur divise l’opinion. Certains voient en lui l’innovateur qui a fait aboutir les principes de la Révolution et qui a initié la France moderne. D’autres ne retiennent que ses guerres destructrices, les conscriptions forcées, les entêtements d’un chef obtus à la moindre concession sur la carte de l’Europe. En Angleterre, curieusement, on le glorifie parce que c’était un général prestigieux qui a été vaincu par Wellington. En Italie, on le respecte parce que sa famille était italienne. En Espagne, on le déteste parce qu’il a destitué le roi pour mettre sur le trône son frère Joseph Bonaparte, et parce que les Espagnols lui ont mené une guérilla sanglante. Quel roman, ma vie ! C’était ce qu’il aimait répéter pour résumer sa carrière. A neuf ans, Napoléon ne parlait pas le français. C’était un enfant de Corse, né dans une famille modeste d’Ajaccio dont le père était avocat. Ce père, d’abord hostile aux Français qui venaient d’envahir l’île, se rallie ensuite au gouvernement royal qui reconnaît ses titres de noblesse non avenus sous les Génois. Le 14 juillet 1789, alors que la Bastille est prise d’assaut pour mettre fin aux privilèges, Napoléon Bonaparte, dont le nom a été francisé, a 19 ans. Jeune officier à peine sorti de l’école militaire, il est caserné à Auxonne, sur la Saône. Passionné par les sciences, brillant en mathématiques – c’est pour cela qu’il a été versé dans l’artillerie –, il a aussi des ambitions littéraires. Il lit énormément. Il démontrera plus tard à Goethe, poète allemand, qu’il a lu sept fois Les Souffrances du jeune Werther parce qu’il aimait ce récit nourri d’un romantisme puissant. C’était un intellectuel qui s’exprimait dans un langage martial non dénué d’humour, avec des mots crus qui pimentaient ses sorties. Il retenait tout avec une mémoire photographique infaillible, lui permettant de reconnaître les soldats à leur simple visage : c’est ce qui le fit aimer d’eux. Mais Napoléon était aussi le roi des lapsus, confondant sur ses cartes d’état-major un point « fulminant » pour culminant et « amnistie » pour armistice. Il est vrai que le français n’était pas sa langue maternelle et qu’il s’exprimait aussi bien en italien. A 26 ans, après avoir écrasé l’insurrection royaliste à Paris en 1795, il est nommé général à la tête de l’armée d’Italie. A son retour d’Egypte où il a tenté de fermer les routes commerciales anglaises, il renverse le régime discrédité du Directoire et s’impose rapidement sur le devant de la scène. Il est nommé Premier consul le 1er janvier 1800. Le voici maître de la France à 30 ans. Quatre ans plus tard, il se fera proclamer empereur des Français, avec la bénédiction du pape Pie VII et sous l’assistance des membres de sa famille réunie au chœur de Notre-Dame de Paris. On peut identifier, dans la peinture magistrale de David, plus de 200 personnages qui incarnent un monde où se croisent l’ancien et le nouveau régime.


Le reste, c’est l’affaire des guerres, de plus en plus meurtrières, que Napoléon livra aux souverains d’Europe pour imposer les idées de la Révolution française et fermer les côtes aux Anglais par le Blocus continental. L’Autriche, la Prusse, la Russie et l’Angleterre lui ont répondu par sept coalitions qui aboutirent à Waterloo, le 18 juin 1815 – le clou du spectacle. Sur une soixantaine de batailles, Napoléon en a remporté 42, il a subi 11 défaites, dont la dernière à Waterloo, et 8 resteront d’une issue incertaine. Son œuvre On lui doit une œuvre majeure, inscrite en temps de paix : le Code civil ou Code Napoléon, publié en 1804, dont il a surveillé les travaux pendant dix ans et pour lequel il a désigné quatre juristes éminents. N’ayant reçu lui-même aucune formation juridique, il a néanmoins participé à près de la moitié des séances de travail qui commencèrent en 1794, sous la Convention. C’était sa plus grande fierté parce que le Code incluait les principes de la Révolution pour tous. Il a aussi institué les préfets qu’il a chargés de plusieurs rôles, leur donnant mission de faire des relevés démographiques, de construire des routes, d’améliorer l’hygiène et la sécurité. Les premières vaccinations datent du Consulat. Lui-même fit tracer des canaux pour la circulation des marchandises. L’idée d’un Sénat est la sienne. De même que celle d’instituer les lycées, le baccalauréat et l’université moderne. Il a inauguré la Cour des comptes et a favorisé la recherche. C’est lui qui a permis à la France d’avoir, dès 1812, le sucre de betterave. En revanche, il a limité la liberté de la presse soumise à la censure (60 journaux interdits sur 70 à Paris). Et surtout, il a permis le retour à l’esclavage dans les colonies françaises. Aboli par la Convention de 1794, l’esclavage fut rétabli par Napoléon en 1802, sous la pression des hommes d’affaires qui avaient besoin d’une main d’œuvre bon marché. Son héritage De Balzac à Victor Hugo, en passant par Lamartine et Stendhal, nombre d’auteurs l’ont glorifié. Même les Anglais avec Walter Scott. D’autres au contraire l’ont détesté, comme Chateaubriand ou Mme de Staël. Plus tard, le cinéma s’est emparé de lui avec Napoléon d’Abel Gance ou Guerre et Paix de Bondartchouk, d’après l’œuvre de Tolstoï. En tout, une centaine de films. Et l’on ne compte pas les reconstitutions historiques qui sillonnent l’Europe à sa mémoire. Ce destin hors normes a inspiré de nombreux auteurs qui ont forgé la postérité de l’Empereur : plus de 80 000 livres lui ont été consacrés, soit plus d’un livre par jour depuis sa mort en 1821, à Sainte-Hélène, dont cette exposition commémore le bicentenaire. Venez la découvrir avec le Code civil toujours en vigueur aujourd’hui. Un très beau livre richement illustré vous sera présenté à l’issue de la visite que vous ferez avec l’audioguide. Tout vous y sera montré et expliqué. Tickets en ligne et infos : www.europaexpo.be. A la gare des Guillemins à Liège jusqu’au 9 janvier 2022. Michel Lequeux


EXPOSITION : GEORGES HOUTSTONT Georges Houtstont (1832-1912) est un artiste français dont le patronyme n’est pas encore gravé dans nos mémoires collectives. Cela n’est pas dû à un manque de talent artistique, mais au fait que nombre de ses sculptures décoratives ne sont pas signées. Il est donc grand temps de mettre enfin ce créateur à l’honneur ! Bien que Georges Houtstont soit né et ait grandi à Paris, il a laissé son empreinte sur l’histoire de l’architecture et de la vie urbaine bruxelloise. Arrivé sur le sol belge en 1859, il décide de ne plus jamais le quitter. Ses premières commandes sont assez remarquables et toujours visibles aujourd’hui : il travaille sur la colonne du Congrès et l’Hôtel du gouverneur. Cette dernière mission lui donnera accès à d’autres projets prestigieux tels que le Palais de Justice, la Fontaine Anspach, le Palais des Beaux-Arts, le Palais Royal, le Conservatoire de Musique, le Château de Laeken, etc. En concertation avec les architectes, il a toujours réussi à intégrer parfaitement ses sculptures décoratives dans les différentes façades et intérieurs de la capitale. Les ornements étaient réalisés directement dans son atelier de Saint -Gilles, où il exerçait depuis 1867. Une exposition à découvrir jusqu’au 1 er octobre 2021 au Musée de la Banque nationale. Plus de détails sur le site www.nbbmuseum.be Rue Montagne aux Herbes Potagères, 57 à 1000 Bruxelles

SPECTACLE : GUIGNOLET DANS LE PARC Pour la dix-huitième année consécutive, la Compagnie des Cœurs de Bois revient au Parc de Bruxelles pour enchanter tous les petits. En présence de Guignolet, elle vous racontera ses aventures. Il y en a de toutes sortes : certaines plus insolites lorsque nous rencontrerons la madame qui dormait la journée. D’autres plus musclées, quand il faudra se frotter à deux vilains pas beaux. D’autres romantiques, lorsqu’on vous contera l'histoire du prince Caraby et de la princesse Aurore ou des classiques pas si classiques au moment de se lancer à la rescousse du chaperon rouge chinois. Les représentations se déroulent du mercredi au dimanche à 15 heures 30 et ce jusqu’au 15 août 2021. Des marionnettes traditionnelles à gaine. Du plaisir pur ! Voyez tous les détails sur le site www.guignolet.brussels Julie Plisnier


CINÉ-VACANCES : SPIDER-MAN : NEW GENERATION Miles Morales tente de s’intégrer dans son nouveau collège de Manhattan, lorsqu’une morsure d’araignée radioactive lui transmet de super pouvoirs… Il pourra les utiliser contre le Caïd, cerveau criminel de la ville. Mais à cause de l’invention de ce malfrat, plusieurs autres versions de Spider-Man venues d’autres générations débarqueront dans le monde de Miles…Il est désormais capable d’empoisonner ses adversaires, de se camoufler, de coller littéralement aux murs et aux plafonds ; son ouïe est démultipliée... Dans le même temps, le plus redoutable cerveau criminel de la ville, le Caïd, a mis au point un accélérateur de particules nucléaires capable d’ouvrir un portail sur d’autres univers. Son invention va provoquer l’arrivée de plusieurs autres versions de Spider-Man dans le monde de Miles, dont un Peter Parker plus âgé, Spider-Gwen, Spider-Man Noir, Spider-Cochon et Peni Parker, venue d’un dessin animé japonais. Un film à découvrir le mardi 17 et le mercredi 18 août 2021 à 14 heures à L’Antenne Scheut. Plus de détails sur le site www.escaledunord.brussels Avenue de Scheut, 147 à 1070 Anderlecht

CINÉ-VACANCES : DILILI À PARIS Paris, au tout début du 20e siècle. Dilili, petite métisse de Nouvelle Calédonie, se lie d’amitié avec Orel, un jeune livreur. Dans le triporteur du jeune homme, elle visite la grande ville et rencontre de nombreuses personnalités des arts et des sciences. Au même moment, une secte malfaisante enlève des petites filles. Dilili et Orel mènent l’enquête. Après « Azur et Asmar » et « Kirikou ; Michel Ocelot est de retour en superbe forme. Avec lui, la forme est toujours belle et le sujet poétique, avec toujours un vrai message. Le prétexte à ces déambulations est une enquête, menée par une petite fille kanake et son nouvel ami, un jeune livreur parisien qui connaît beaucoup de monde, pour retrouver des fillettes enlevées. L'origine de notre petite héroïne est un prétexte pour aborder très légèrement certains préjugés, mais le grand intérêt du film, c'est qu'à l'instar de Forrest Gump, la petite Dilili va être amenée à rencontrer plusieurs célébrités de l'époque. Un dessin animé à découvrir le mardi 24 et le mercredi 25 août 2021 à 14 heures à L’Antenne Scheut. Plus de détails sur le site www.escaledunord.brussels Avenue de Scheut, 147 à 1070 Anderlecht


EXPOSITION : MÉDAILLONS - DES MINIATURES SUR VERRE Les Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles conservent une belle collection de vitraux, constituée de plus de trois cent cinquante œuvres datant du XIIIe au XXe siècle. Celle-ci demeurait peu étudiée et méconnue du grand public. Grâce au projet de recherche interdisciplinaire « Fenestra- Huit cents ans d’histoire du fenestrage, démarré en 2017, cet ensemble qui constitue une ressource importante pour l’étude du verre plat dans les anciens Pays-Bas est maintenant analysé, conservé dans de bonnes conditions, valorisé et en partie exposé. Dès le mois de juillet 2021, une sélection de médaillons issus de cette collection a été exposée au Musée Art & Histoire. Ces petits panneaux de verre incolore sont généralement circulaires, d’où le nom de « médaillon » ou « rondel ». Ils sont rehaussés d’un décor peint. Bien qu’ils soient actuellement méconnus, ceux-ci ont eu un grand succès dans toute l’Europe dès le XVe siècle. Leur petit format était idéal pour les insérer dans une vitrerie ou un vitrail. Les rondels exposés datent des XVIe et XVIIe siècles, période pendant laquelle les arts verriers des Pays-Bas et de la principauté de Liège étaient en plein essor. L’exposition retrace, dans un premier temps, l’évolution technologique et artistique du verre peint. La seconde partie de l’exposition s’attache aux thèmes représentés sur les rondels. Ceux-ci sont souvent délicatement peints de scènes religieuses illustrant les saints patrons ou les scènes bibliques ou encore de représentations profanes répondant aux goûts nouveaux de la clientèle aisée qui se développe à l’époque. Les rondels forment parfois des séries, illustrant différents épisodes d’un même récit. Ils sont souvent inspirés de copies de tableaux de peintres réputés circulant sous forme de dessins. L’essor de la gravure et l’invention de l’imprimerie permirent, par la suite, aux peintres-verriers d’avoir accès à de nouveaux modèles. Enfin, l’exposition aborde la question des centres de production. Si, au cours des XVIe et XVIIe siècles, la production de rondels devient une industrie florissante dans les Pays-Bas, leur attribution à l’un ou l’autre atelier, est souvent difficile. Pour distinguer le travail des peintres-verriers actifs à Anvers, Bruges, Gand, Malines, Bruxelles, Louvain, Liège et ailleurs, il faut se baser sur l’iconographie, la technique utilisée et le style, ou encore la provenance des pièces. Une exposition semi-permanente à découvrir au Musée Art & Histoire. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.kmkg-mrah.be Parc du Cinquantenaire à 1000 Bruxelles


COMEDIE MUSICALE : BLOOD BROTHERS Blood Brothers, c’est avant tout l’histoire d’une mère, Madame Johnstone. Mère de sept enfants qu’elle élève seule, elle se retrouve enceinte de jumeaux. Elle n’a pas d’autre choix que d’en céder un à la femme fortunée chez qui elle travaille. Un pacte est scellé entre elles : les enfants ne pourront jamais connaître la vérité de leur séparation. Une prophétie affirme d'ailleurs que le malheur menace deux jumeaux séparés à la naissance apprenant l'existence de leur frère. Pourtant, le hasard met en présence Mickey et Edward à sept ans dans un bois où ils jouent aux cowboys et aux indiens. Découvrant qu'ils sont nés le même jour, ils décident de devenir plus qu'amis et seront frères de sang. Ce sera leur secret rien qu'à eux. Linda deviendra leur meilleure copine partageant leur insouciance enfantine. Quatorze ans, certains appellent cela l'âge ingrat… Edward et Mickey, qui ont tous deux déménagé, commencent à vivre leurs premiers émois amoureux et, après s’être retrouvés, apprennent de quelle manière on devient un homme. A cet âge, il importe également à apprendre la danse et … Linda commence à faire rêver. A quinze ans, il faut soigner son look. A seize, on fume sa première cigarette. A dix-sept, on refait le monde jusqu'à minuit. A dix-huit, on est jeune, on est libre, l'amitié est une valeur sûre et Linda est toujours là ! L’existence les écartera à nouveau. Edward rentrera à l'université et Mickey choisira d'aller travailler… et d'épouser Linda. Les deux-frères de sang sont liés à vie et ne sont jamais séparés bien longtemps. Mais à vingt-cinq ans, qu'est devenu le rêve de notre trio ? Voilà une comédie musicale signée Willy Russell à applaudir jusqu’au 3 septembre au Karreveld. Voyez davantage de détails sur le site www.bruxellons.be Avenue Jean de la Hoese, 32 à 1080 Bruxelles


EXPOSITION : LA FOIRE DES PASSIONS Après plus d’une année de mise en pause de ses expositions, Home Frit’ Home renoue avec les passions humaines ! « La Foire des Passions », signée Catherine Le Goff (gravure, pastel gras), nous entraîne dans l’effervescence du monde forain. L'absence de Foire du Midi à Bruxelles en 2020 et le brouillard sanitaire qui entoure son installation en 2021 n'ont fait que renforcer l’envie de se plonger dans une série de souvenirs, réels, visionnés ou imaginaires. Auto-scooters, Madame Irma, miroir déformant, grande roue, train fantôme, etc. se donnent rendez-vous pour en mettre plein la vue. Cette ambiance à nulle autre pareille permet de transposer une atmosphère si chère aux citadins, avec tout le folklore qui caractérise le mois d’août qui annonce d’ordinaire une série d’attractions qui se succèdent entre la Porte d’Anderlecht et celle de Hal. Une exposition accessible chaque premier week-end du mois ou sur rendez-vous et ce jusqu’au 4 septembre 2021. Plus de détails sur le site www.homefrithome.com Rue des Alliés, 242 à 1190 Bruxelles

LE THÉÂTRE POÈME II DEVIENT MAISON POÈME ! Le Théâtre Poème (Saint-Gilles) a connu diverses péripéties et quelques revers au fil du temps. Depuis peu, il a été rebaptisé « Maison Poème » et deux entités, les Midis de la Poésie et FrancoFaune, s’en partagent la direction pour une durée de cinq années renouvelables. La Maison Poème sera dédiée à la poésie au sens large, en incluant les arts vivants et la chanson. Il est prévu d’y programmer des lecturesspectacles, des concerts, des soirées poétiques et d’éveil musical, des projections de films, des concours d’éloquence, etc. J’ai interrogé la ministre de la Culture quant aux aides qui lui seront apportées, car il me semble en effet important d’accorder une place sur la scène culturelle francophone belge à ce type de représentations qui laisse la part belle à la poésie, dont nous avons grand besoin en cette période. Or, l’exploitation d’un lieu implique des charges à payer, des frais de personnel et d’entretien, etc. auxquels les nouveaux dirigeants ne peuvent faire face pour l’instant, les subsides et aides ponctuelles dont ils bénéficient étant calculés sur base de leur ancien mode de fonctionnement, à savoir celui d'entités nomades, sans lieu d’attache. Il est donc impératif pour cette nouvelle équipe de pouvoir bénéficier d’aides financières afin de pouvoir assurer leur programmation en toute quiétude et de pourvoir aux frais engendrés par la tenue du lieu. Isabelle Emmery


L’ÉTÉ À LA CINETEK La sélection des vacances estivales dore sous des rayons naturels ou de studio et plonge dans le bain de scénarios d'amours saisonniers, d'étés inoubliables, d'aventures rocambolesques, de chroniques lucides ou de flashbacks mélancoliques. Juillet, c'est aussi une certaine façon de filmer les corps et les paysages qui ouvre la voie à des recherches sensorielles (La Ciénaga), révèle des interprètes solaires (telle Béart chez Berri) ou durcit leurs ombres en pleine lumière (ainsi du duo Vitti/Delon chez Antonioni). Dix longs métrages, doux ou brûlants, qui suffoquent ou réchauffent, mais sont, quoiqu'il en soit, une promesse d'intensité, sont proposés à la Cinetek. Il s’agit de « La Collectionneuse » d'Éric Rohmer, « L’Éclipse » de Michelangelo Antonioni, « La Ciénaga » de Lucrecia Martel, « Nuages épars » de Mikio Naruse, « Bonjour tristesse » d'Otto Preminger, « Le Sauvage » de Jean-Paul Rappeneau, « Un été inoubliable de Lucian Pintilie, « Chronique d’un été » de Jean Rouch, « Manon des sources » de Claude Berri et « Jean de Florette » également de Claude Berri. Un florilège de classiques à louer en streaming du 10 juillet au 10 août via le site officiel www.lacinetek.com/be/tresors-caches Sam Mas

THÉÂTRE : ARLEQUIN, VALET DE DEUX MAÎTRES Vingt ans déjà ! Vingt ans que nous avons créé Arlequin, valet de deux maîtres avec le Théâtre de l’Éveil. Ça nous (et vous) avait tellement plu, que cette saison, on remet le couvert. Mais pour jouer Arlequin, il fallait un Arlequin ! Luca Franceschi, le metteur en scène, a découvert Othmane Moumen et tout a démarré. En s’emparant de la plus célèbre œuvre du Vénitien Carlo Goldoni et il rend un hommage virtuose à la commedia dell’arte qui, en son temps, a transformé le jeu d’acteur. L’occasion surtout, après une longue période de fermeture liée à la crise du Covid, de lancer une vibrante déclaration d’amour au théâtre et… aux spectateurs ! De quoi s’agit-il ? En fait, la vie est terriblement compliquée quand on n’a pas un maître… mais deux ! Pour Arlequin, petit homme analphabète, pauvre et affamé, servir deux maîtres à la fois relève du défi. Puis, cela rapporte davantage d’argent. Et lorsqu’on ne mange pas tous les jours à sa faim, on compte les pièces de monnaie. Pour réussir le pari de servir deux aristocrates en goguette, l’ingénu autant qu’ingénieux valet, s’invente un clone, bouleverse les amours de ses maîtres, vole, virevolte, reçoit double ration de coups de bâton, d’insultes et… triomphe à la fin. Ecrit en 1745, ce texte drôlissime, bourré de quiproquos et de retournements de situation, fait qu’on s’amuse énormément. Qu’avons-nous besoin de plus en cette période qui ouvre un pan vers le retour à la vie normale ? Jeanne Kacenelen-bogen, Marwane El Boubsi, Soufian El Boub-si, Thierry Janssen, Jérémie Petrus, Pierre Pou-cet, Yentl Rousseau-Piot et Sherine Seyad complètent la distribution et sont à applaudir au Théâtre Le Public du 21 juin au 14 août 2021. Plus de détails sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64-70 à 1210 Bruxelles


SPECTACLE : LE PETIT PRINCE Paru en 1943, le récit de Saint-Exupéry a fait le tour du monde et touche au cœur petits et grands. Il sera monté à Villers-la-Ville cet été en remplacement de « Lucrèce Borgia ». Un spectacle qui déploiera toute la théâtralité du conte et nourrira l’imaginaire du spectateur au fil des rencontres du Petit Prince avec de multiples personnages croisés sur les planètes ou dans son dialogue avec l’aviateur solitaire tombé, lui aussi, du ciel. La mise en scène d’Alexis Goslain développera un cheminement poétique où se croiseront l’amitié et le secret des étoiles. Le récit est archi-connu. Quelque part dans un lieu désertique, un aviateur se retrouve en panne d’avion. Tombé du ciel, le petit prince arrive sur terre et l’interpelle de cette façon : « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! ». Et l’aviateur écoute le récit de l’enfant chassé de sa planète par un chagrin d’amour (quand il découvre que sa rose, son amour, peut avoir des épines) et son voyage de planète en planète qui ne lui procure que des rencontres décevantes, mais néanmoins riches d’enseignements, avec un roi, un businessman ou un allumeur de réverbères qui incarnent tous les défauts des hommes. Lorsqu’un renard lui apprend que l’essentiel est invisible pour les yeux et que l’on est responsable pour toujours de ce que l’on a apprivoisé, le petit prince repart retrouver sa rose. Un classique réinventé du 13 juillet au 8 août 2021 dans le site abbatial de Villers-la-Ville. Plus de détails via www.villers.be

SUMMER@BELVUE Rendez-vous au cœur de la capitale durant les vacances d’été pour découvrir notre pays et son histoire ! Au musée Belvue, à travers des jeux et des parcours pour chaque tranche d’âge, vous vous initierez à sept thématiques actuelles qui traitent de notre royaume d’hier et d’aujourd’hui. Les plus jeunes sont invités à aider Mimi & Momo dans leur recherche d’objets disséminés un peu partout. Les plus grands sont amenés à endosser la responsabilité d’un ministre pour quelques temps ou de découvrir la ville par le truchement d’un cahier d’activité intitulé « Connaissez-vous Bruxelles ? » Puis, des stages sont organisés en français comme en néerlandais pour les enfants de sept à douze ans. L’accès au Musée est gratuit tous les mercredis de 14h à 17 heures. Qu’on se le dise. Si un voyage intramuros vous

titille, voyez tous les détails pratiques sur le site www.belvue.be Place des Palais, 7 à 1000 Bruxelles Sam Mas


PRÉSENTATION DE LA LIBRAIRIE TROPISMES La librairie Tropismes est une librairie générale francophone qui privilégie la littérature et les sciences humaines ainsi que les beaux-arts et les livres pour la jeunesse. Elle ne cesse d'approfondi, dans un esprit d'indépendance et de recherche, sa vocation de service aux lecteurs et sa curiosité des livres... Dans le cadre magnifique des Galeries Saint-Hubert, construites en 1847 par l'architecte Cluysenaer, la librairie Tropismes s'est installée en 1984 dans l'ancien « Blue Note », haut lieu du jazz belge et international dans les années 1960, qui avait gardé d'une salle de bal pour jeunes filles sages des murs en miroirs, une mezzanine impressionnante, un plafond aux stucs étonnants et des colonnes enrubannées… Rayonnages de livres et tables d'exposition s'y sont intégrées avec enchantement. En 1992, les livres se sentaient de plus en plus à l'étroit. Le jeune architecte Philippe Jelli a alors imaginé investir les caves en réaménageant entièrement l'espace. Dix ans plus tard, Tropismes s'agrandit hors les murs et c'est au n°11, Galerie du Roi, à côté du célèbre Mokafé que le même architecte refaçonne les lieux pour en faire l'endroit idéal des jeunes et des amateurs de bandes dessinées. Le 1er juin 2007, Tropismes lève donc le rideau sur sa nouvelle entrée au n°4 de la Galerie du Roi : un espace féerique dans lequel déménagent les libraires de Tropismes Jeunesse et de la BD, rejoints par leurs collègues des rayons Voyages & Loisirs. C’est l’occasion pour le rayon Sciences humaines de prendre toute son ampleur et de s’enrichir des livres d’écologie, d’environnement, de géographie, d’économie et de management. La littérature de jeunesse et la BD établit donc ses quartiers au n°4 de la Galerie des Princes : le rez-dechaussée abrite le royaume des tout-petits (et aujourd'hui la bande dessinée), l’entresol, celui des plus grands. Par un escalier menant vers le sous-sol, le visiteur découvre une nouvelle ambiance, à la fois feutrée et colorée, réservée cette fois aux voyages, à la gastronomie, aux livres de jardins et de nature. Ce parcours réinventé qui ne ménage aucune surprise se poursuit au-delà du petit jardin où s’asseoir et consulter un livre en été, en écoutant le clapotis d’une fontaine… : de l’autre côté, le rayon des romans policiers offre une escale, avec quelques sièges pour déguster un café ristretto… En 2011, toute la littérature, locataire historique du rez-de-chaussée de la Galerie des Princes, se retrouve en famille, agrandie des poches et des polars, les petits formats rejoignant les grands. Au sous-sol, les « savoirs » se voient complétés des rayons art, musique et cinéma. La jeunesse et la bande dessinée ont rejoint la mezzanine de la Galerie des Princes en octobre 2013. Galerie des Princes, 11 à 1000 Bruxelles


DÉCOUVERTE SUR UNE MOMIE DU MRAH ! Il y a plus de 6 ans, les Musées royaux d’Art et d’Histoire et les Cliniques universitaires Saint-Luc s’associaient pour un projet de scans de momies dans le cadre d’une thèse. Quelques années après, l’analyse minutieuses des données obtenues et l’emploi d’une imprimante 3D ont permis à l’équipe multidisciplinaire de faire une découverte exceptionnelle : la mise en évidence de traces de chirurgie orale sur une momie égyptienne de 2.700 ans. Les collections égyptiennes des Musées royaux d’Art et d’Histoire contiennent un grand nombre de momies humaines et animales. Si les momies continuent à fasciner le public belge et étranger, elles détiennent encore de nombreux mystères. En 2015, les Musée royaux d’Art et d’Histoire et les Cliniques universitaires Saint-Luc s’associaient dans le cadre d’une thèse visant à procéder à de nouvelles analyses médicales de plusieurs momies et plus spécifiquement en les passant au CT scanner haute résolution pour l’acquisition et la restitution d’images en 2D et en 3D. Ces opérations se sont déroulées en dehors des heures dédiées à la prise en charge des patients. Six ans plus tard, les analyses des données recueillies durant les CT scan et l’utilisation d’une imprimante 3D ont permis à l’équipe multidisciplinaire de réaliser une incroyable découverte sur l’une des momies scannées. « Osirmose », la momie qui bénéficia de… soins dentaires ! Pour cette recherche publiée dans la revue scientifique « Nemesis », les chercheurs se sont focalisés sur une seule momie scannée : « Osirmose », un dignitaire (portier du Temple de Rê) qui a vécu pendant la XXVe dynastie, il y a 2.700 ans. Pendant de nombreux mois, les analyses minutieuses des images obtenues par CT scan apportent leur lot de découvertes chez Osirmose : confirmation du sexe masculin, identification de certains organes dont le cœur, présence des nerfs optiques et de l’œil calcifié, informations sur les techniques de momification employée etc. Mais la découverte la plus étonnante provient de l’analyse du modèle 3D de la mâchoire. Le maxillaire supérieur comportait en effet des traces d’extraction d’une racine dentaire ainsi que d’une ouverture d’une lésion osseuse dentaire avant la mort de l’individu. Il s’agit de la première preuve de l’existence de soins dentaires et de procédures de chirurgie orale réalisés précédemment sur une momie égyptienne embaumée de 2.700 ans. Un nouvel éclairage sur la civilisation égyptienne et des perspectives gigantesques Cette découverte exceptionnelle apporte de nombreuses informations sur l’individu momifié et la civilisation égyptienne dans laquelle il évoluait. D’un point de vue individuel et sanitaire, ces résultats indiquent qu’Osirmose a souffert d'infections dentaires sévères et a été traité localement. Au-delà de la personne, cette étude met en évidence un savoir anatomique et une pratique médicale possiblement répandue à l’époque de la XXVe dynastie en Egypte. Outre l’éclairage neuf porté sur la civilisation égyptienne, cette recherche a déterminé une véritable méthodologie d’analyse standardisée et systématique pour l’étude des momies. Cette méthodologie pourra être étendue aux futures recherches dans le domaine avec, pourquoi pas, de nouvelles découvertes exceptionnelles à la clé. Très peu de momies de par le monde ont bénéficié de CT scan et encore moins de reproductions à l’aide d’imprimante 3D. L’horizon des futures recherches s’avère particulièrement étendu et de nombreux mystères restent encore à découvrir.


TOUR & TAXIS ACCUEILLERA BIENTÔT UN FOOD MARKET Un tout nouveau concept alimentaire sera lancé cet automne dans la Gare Maritime de Tour & Taxis, un Food Market teinté de belgitude. Pensé comme un lieu de rencontre culinaire innovant, ce sera avant tout un rendez-vous pour les passionnés de cuisine saine et savoureuse mais aussi de gastronomie de chez nous. La durabilité et l'impact positif y seront prioritaires. Le Food Market de la Gare Maritime sera un des plus grand d’Europe et proposera une cuisine de qualité à tous les niveaux. Il sera composé de dix restaurants, de terrasses couvertes accueillantes et de comptoirs à manger. Au centre, le Victoria Flagship Bar proposera les boissons. Le Food Market de la Gare Maritime est le résultat d'un partenariat entre l'acteur immobilier Extensa, aux commandes de la revitalisation de Tour & Taxis en un quartier urbain moderne, et AB Inbev, internationalement reconnue pour sa large gamme de bières telles que Stella Artois, Jupiler et Victoria, lancée en 2020. Les parties partagent une vision progressive qui favorise la durabilité et la volonté de mettre en lumière la gastronomie belge. Le chef Bart De Pooter, exploitant du concept « Steak and burgers » explique : « Je me réjouis de relever ce défi. Travailler avec d’autres chefs, dans un lieu unique avec des gens enthousiastes, sera résolument une expérience géniale pour tous les gourmets. » Bar Victoria au cœur du Food Market Au milieu du Food Market se trouvera un bar central qui mettra à l’honneur la marque de bière Victoria. Avec son slogan « Dare to be good » (Osez être bon) qui fait référence à ses ingrédients 100% naturels, s'intègre parfaitement dans le concept. Le slogan fait également référence à la victoire en 1695 de l'Archange Saint Michel, défenseur et patron de Bruxelles. Un dîner avec un impact positif « Notre ambition transcende un concept culinaire de qualité. Nous faisons également attention à notre impact social et nous voulons tisser un lien avec les Belges, les Bruxellois et l'environnement de Tour & Taxis », explique Pieter Anciaux, directeur Horeca chez AB InBev Belgique. « Le Victoria Bar et les restaurants feront, pour la majorité, leurs achats localement. Nous entamons aussi des collaborations avec des start-ups alimentaires et des fermes de la région. » Le Food Market de la Gare Maritime souhaite inspirer ses visiteurs à consommer autrement avec une offre durable et saine. En plus des produits de saison produits localement, le Zéro Déchet sera également un fer de lance. Ces efforts seront régulièrement mis à l'honneur lors d'événements gastronomiques qui emmèneront les visiteurs dans un voyage culinaire innovant. Profiter ensemble Un tour du Food Market de la Gare Maritime ne se fait évidemment pas seul. Maintenant que l'ère postcovid voit le jour, nous pouvons enfin nous retrouver. Nous invitons tous les visiteurs a venir ensemble, dîner ensemble, profiter ensemble - bien entendu toujours dans le respect des mesures sanitaires applicables. Venez jouir des plats délicieux, de haute qualité et durables dans un cadre architectural innovant.


LES TRIBULATIONS DE LA FAMILLE ZOEGEMEEL À BRUSSELLES 1.4 — Touche pas à mon portemonée, Jeuf, car c'est à moi ! Tu dois rien prendre là-dedans, c'est l'argent du mènaach. — Je suis marié contre ma femme et je peux voir combien de poen elle a, non peut-être ? C'est quamême moi qui rapporte ici ! — Ça tu as vu d'ici, fieu ! Moi je rapporte ossi, et parfois plus que toi. Car toi tu rapportes pas tout, hein ? Tu rapportes ce que tu veux bien. Si tu crois que je sais pas que tu vas boire chez le Kûulkapper avec le Staaf tous les vendredis, là tu es à côté ! D'ailleurs tu ferais bien de profiter qu'il est un peu bu, ton boes, pour lui demander une augmentation, ara ! — Mo enfin, Treene, tu sais bien que c'est pour discuter avec mon patron du travail de la semaine prochaine, allo ! — Et pour te boire un morceau dans tes pieds que tu sais même plus revenir à la maison et que je dois envoyer le gamin pour te ramener ! Viens pas dire que c'est pas vrai car c'est encore arrivé vendredi ! — Ça c'est car on avait juste fêté les cinq ans que mon makker le Tich il travaille avec moi. — Une fois c'est le Tich, une fois c'est le Polle qui paie soi-disant une tournée, une fois c'est le JeanPierre ou le Jean-Jacques, c'est toujours quelque chose avec toi, Jeuf. — J'y peux quamême rien si j'ai beaucoup des amis, potverdekke. — Tu as surtout des amis pottepeïs, zatlappe, tonnekliners, kontoirpissers et companie. Moi je sais que ça fait quinze ans que tu travailles chez Staaf Peerlink comme chef d'équipe miestergast et pas un balle d'augmentation. Le reste c'est du flâve proet, nè tiens ! Pour aller zoeipe avec ses ouvriers il est bon le Staaf, mais pour les payer convenablement il est comme ça un tout petit peu assis sur son portemonée. — Awel justement, pour ton portemonée, t'aurais pas un billet de cinquante car je dois de l'argent à Staaf, c'est pour la caisse. Il propose de faire une réserve pour quand y a un accident. — Eh dis, Jeuf, tu veux tenir le fou avec moi ? C'est tout nouveau ça : tu paies ton patron, mennant ? Là où moi je travaille c'est net le contraire, tu sais : le patron paie et les ouvriers ramassent. Et quand c'est pas assez on va le voir et on discute. — Et après tu ressors avec un gros cigare, sans doute ? Amaï, dis, Treene, raconte pas des flooskes hein. Un patron quand tu lui parles de t'augmenter, il chante Malbrouk. — Moi je raconte des flooskes ? Et toi, dis ? Tu dois avoir de l'argent pour que ton patron fait une caisse pour les accidents ? Wadesma da veui eet ? Il a pas des assurances, le Staaf ? Nous ici on paie et on paie pour l'assurance de la maison, pour les meubles, même pour Cramique et Poesemine on paie. — Quoi ? C'est quamême pas vrai ? On paie une assurance pour le chien et pour le chat ? — Ben oué. Comme ça si ils sont malades ça paie le vitrinaire, et si Cramique mord dans quelqu'un, nous autres on doit pas payer l'hosto. — C'est encore une chance qu'on doit rien payer pour la schûumoeier... — Tes pattes en bas de ma mère, hein Jeuf ! J'aime pas quand tu babbel sur elle. Heureusement qu'elle est là pour garder Loweeke quand il revient de l'école. — Moi je trouve qu'elle devrait quamême payer un loyer pour l'appartement d'en-haut. — Tu vas pas recommencer avec ça ! Ma mère, elle habite au premier un point c'est tout. — Alors elle doit pas descendre pour mettre son grain de sel dans tout ici en bas. — On parle pas de ma mère, mais de tes pattes dans mon portemonée et des carabistouilles de ton patron. Je te disais que le Staaf, si y a un accident, c'est lui qui paie ou bien c'est son assurance. Il doit pas demander de l'argent à ses ouvriers. — Oué mais c'est ossi une caisse qu'on sait utiliser pour quand un se marie lui faire un cadeau, ou bien acheter des fleurs si y en a un qui est kalle et qu'on va à son enterrement, tout ça, tu vois.


— Et sûrement ossi quand c'est vendredi soir et qu'on va en prendre cinq ou six derrière son plastron chez le Kûulkapper ! J'ai compris, t'sais. Eh ben tu auras niksmendale. Si il veut payer un pot, le Staaf n'a qu'à prendre dans son portefeul et pas dans la poche de ses ouvriers. Et tache seulement que ton compte est juste de ta prochaine semaine, car si il manque un demi centime, je cours chez le Staaf lui donner une bonne rammeling, tout baraqué qu'il est. Tu m'as bien comprenu ? — Oué, ma crotje, mais qu'est-ce que je vais dire à mon patron, alors ? — Tu lui dis ce que je t'ai dit. Niksmendale. — Ouille ouille, ça va pas lui faire plaisir, c'est pas une eksplikoese, ça. J'ai quamême ma fieregaait. Tu vois d'ici qu'il prend ça mal et qu'il me donne mes huit jours. — Tu n'as qu'à lui dire ça avec des pateikes, ou donne-lui un cigare, pour une fois que ce sera toi qui le donnes ! Tu lui dis comme ça que si il t'augmente de cent cinquante euros par semaine, tu lui rend cinquante pour sa caisse. Et tu mets un peu de bloemekes autour pour faire passer le bazaar. — Mais j'oserai jamais dire ça, dis ! 'K goen onder maain vaais kraaige ! — Ocherme, Jeuf ! Tu sais quamême une fois jouer la piskous, toi ! Tu es miestergast et tu as les poepers de parler d'augmentation à ton patron ! Janvermille, Jeuf, je te reconnais plus, tu sais. Tu es juste bon pour aller boire des gueuzes chez le Kûulkapper et regarder la tévé dans ton foteul dans mon salon. Ousqu'il est le temps où tu faisais des heures supplémentaires, et qu'après tu travaillais encore ici dans la maison ? Tu as quarante-trois ans et tu ziever comme un soekeleir. On dirait que tu as déjà cent et dix ans ! Ça tire sur rien ! — Dis, Treeneke, ma schatteke leef, ga zee me toch noch gère ? Georges Roland LEXIQUE mènaach : portemonée : poen : Kûulkapper : boes : mo enfin : allo : makker : potverdekke : pottepeïs : zatlappe : tonnekliners : kontoirpissers : companie : miestergast : flâve proet : nè tiens : zoeipe : Awel : Amaï : flooskes :

ménage porte-monnaie pognon coupeur de chou, patron mais enfin allons camarade juron bruxellois ivrognes ivrognes ivrognes ivrognes compagnie contremaître balivernes tiens donc pinter eh bien mon dieu inepties

Wadesma da veui eet : qu'est-ce que cela vitrinaire : vétérinaire schûumoeier : belle mère babbel : parle kalle : mort niksmendale : rien du tout rammeling : raclée crotje : chérie Ouille : aïe eksplikoese : explication fieregaait : fierté pateikes : petits gâteaux bloemekes : petites fleurs Ocherme : oh la la avoir les poepers : avoir peur Janvermille : juron bruxellois foteul : fauteuil ziever : pleurniches soekeleir : misérable schatteke leef : petite chérie


EXPOSITION : HYPERRÉALISME Comme son nom l’indique, la sculpture hyperréaliste cherche à imiter les formes, les contours et les textures du corps humain, afin d’en offrir une illusion parfaite. Grâce à la précision technique mise au service de la reproduction fidèle du moindre détail, les spectateurs partagent le sentiment de se trouver en présence d’une réplique exacte de la réalité. En sculpture, l’hyperréalisme voit le jour dans les années 1960 en réaction à l’esthétique dominante de l’art abstrait, à l’instar du Pop Art et du photoréalisme. Aux États-Unis, où le mouvement est apparu en premier, des artistes tels que Duane Hanson, John DeAndrea et George Segal se tournent vers une représentation réaliste du corps, une voie considérée depuis longtemps comme désuète et dépassée. En utilisant des techniques traditionnelles telles que le modelage, le moulage et l’application polychrome de peinture à la surface de leurs sculptures, ces pionniers vont créer une imagerie humaine saisissante de vérisme. Les générations suivantes d'artistes vont poursuivre dans cette voie, tout en développant leur propre langage. Cette exposition présente le vaste champ des possibles exploré par les hyperréalistes. Chacune de ses six sections s’articule autour d'un concept formel fournissant les clés de compréhension nécessaires pour appréhender individuellement chaque œuvre. La sélection des pièces exposées offre pour la première fois un aperçu condensé du mouvement hyperréaliste et révèle à quel point la représentation de l’humain a toujours été sujette à évolution. Les origines variées des artistes présentés (des États-Unis à l’Australie, en passant par l'Italie, l’Espagne, la Belgique et la Grande-Bretagne) soulignent bien le caractère international du mouvement, dont les ramifications perdurent à travers le monde jusqu’à aujourd’hui. Un événement qui rassemble quarante sculptures emblématiques et à découvrir à Tour et Taxis jusqu’au 7 novembre 2021. Plus de détails sur le site www.tour-taxis.com Avenue du Port, 86C à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : TECHNOPOLICE Le collective Technopolice présente une installation cartographique dans la vitrine de Constant. Le déploiement des outils de "Smart city" visant à contrôler, surveiller, classer, punir afin d’orienter et réguler les comportements se fait souvent dans l’indifférence la plus totale, grâce à la complicité liant l’industrie et les décideurs politiques ; ces derniers sont dans le meilleur des cas coupables de négligence


ou de naïveté, quand ils ne sont pas eux-mêmes à l’origine de l’adoption de ces gadgets liberticides (caméras à reconnaissance de plaques d’immatriculation - ANPR, reconnaissance faciale, drones survolant l’espace public et notamment les manifestations, compteurs d’énergie intelligents, etc.). L’objectif de la campagne Technopolice est de rendre visibles les menaces liberticides que représentent ces outils de contrôle, en centralisant les informations les concernant sur une plateforme accessible à toutes et à tous. Par ce travail informatif, nous souhaitons donner à chacun la possibilité de comprendre ces enjeux, de construire des outils et des stratégies de résistance à la surveillance, afin que le déploiement de ces outils policiers soit stoppé, que la militarisation de l’espace public soit mise en échec et qu’in fine, la technopolice trépasse ! Une exposition à découvrir jusqu’au 19 septembre 2021 à Constant VZW. Voyez tous les détails concrets sur le site www.constant.vzw Rue du Fort, 5 à 1060 Bruxelles

EXPOSITION : TRANSITION Pour son exposition d'été 2021, le Parc Monumento présente des sculptures monumentales d'une collection particulière. Le regard d'un collectionneur sous l'angle de l'abstraction géométrique, avec des œuvres de Pol Bury, Rainer Gross, Anneke Lauwaert, Charlotte Marchal, Renée Rohr et Hubert Verbruggen. Le titre de l'exposition, « Transition », évoque la situation particulière du moment : entre deux périodes, entre deux mondes, entre deux états, mais également, pour le Parc Monumento, Transition entre deux phases : celle de son inauguration en 2018, et celle du printemps 2022 qui marquera la fin des travaux d'aménagement du site et son ouverture complète au public. Une exposition en plein air à découvrir jusqu’au 29 août 2021 du jeudi au dimanche de 14 à 18 heures. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.artesio.art Square Camille Paulsen, 8 à 1070 Bruxelles


EXPOSITION : JARDINS INTÉRIEURS L’intérêt pour les plantes et leur étude sont sans doute aussi anciens que l’humanité. Au début des Temps Modernes sont constitués, en Europe, les premiers jardins botaniques universitaires et privés, véritables prolongements, dans certains cas, des fameux cabinets de curiosités où s’entassaient, dans un ordre méticuleux, les productions les plus étonnantes. Fruits d’un nouveau rapport aux choses, des voyages de découverte ou commerciaux qui scandèrent le développement des empires européens et de leurs réseaux diplomatiques. C’est dans ce même berceau des 16e et 17e siècles que commence à se développer un commerce de plantes exotiques, dont une des expressions les plus folles demeure la spéculation autour des bulbes de tulipes, cause de nombreuses ruines aux Pays-Bas (17e). La possession de plantes rares et chères accroît le prestige des élites sociales et, plus, généralement, d’une bourgeoisie qui se fait sa place au soleil. A Bruxelles, en 1822 se constitue la Société de Flore de Bruxelles dont les principaux animateurs sont, précisément, des aristocrates ou de riches bourgeois, cependant que les horticulteurs locaux n’y bénéficient que d’un statut secondaire. De nombreuses sociétés commerciales accompagnent la naissance de ce type d’associations, où se côtoient, souvent, producteurs et amateurs de plantes. La Société Royale Linnéenne (fondée en 1835) plus démocratique, dans son esprit, en est un bon exemple, comme la Société d’Horticulture et d’Agriculture de Schaerbeek (1878), ou tant d’autres qui rythmeront la vie sociale bruxelloise de leurs expositions et concours, tout au long du 19e et durant une partie du suivant. Notons qu’alors les élites investissent les alentours de la capitale (les fameux « faubourgs » que resteront longtemps des communes comme Schaerbeek ou Evere, parmi d’autres) pour y fuir le bruit, les odeurs et la saleté de la ville, et y établir des « campagnes », le plus souvent dotées de serres, ne serait-ce que pour cultiver des fruits et des légumes. Dans une situation où, durant quelques décennies l’horticulture devra sa prospérité à une clientèle avide de raretés directement importées des Tropiques, la question du chauffage pèsera lourd. Il faudra charger le poêle durant de longs hivers. A cette dernière, s’ajoute encore la phalange des jardiniers, profession qui, bientôt, se forme dans des écoles d’Etat (1849), véritables symptômes des tocades d’une époque. Les jardins d’hiver deviennent également extrêmement courants dans la seconde moitié du 19e siècle. A y bien réfléchir, jardins et autres structures de fer (ou de bois) et de verre, témoignent d’une forme de bipolarité bourgeoise : positiviste, elle aspire à contrôler, intellectuellement et pratiquement, la nature, mais ne peut s’empêcher de se laisser aller à l’évocation romantique de sa sauvagerie, notamment à travers les récits de voyages. Le 19e siècle est aussi, corrélativement, le temps de l’explosion de l’industrie horticole belge, la belle époque des naturalistes-collecteurs payés par cette dernière, un temps où l’on se dote de manuels d’instruction destinés à guider les observations et la collecte. L’introduction permanente des plantes dans les demeures est révélatrice du rapport que la société industrielle tisse avec la nature. Entretenir des plantes est une activité édifiante et pacificatrice : on cultive chez soi au lieu d’aller au cabaret… Souvent négligée par l’histoire de l’art, elle est pourtant incontournable pour comprendre l’évolution esthétique des intérieurs de cette période. Une exposition à découvrir jusqu’au 6 mars 2022 à la Maison Autrique et ce du mercredi au dimanche de 12 à 18 heures. Plus de détails sur le site www.autrique.be Chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles


EXPOSITION : TREES FOR MEMORIES Les arbres racontent notre histoire. Ils en gardent du moins la mémoire dans leurs entrailles, sous l’écorce où les balles les ont atteints. La Fondation Boghossian accueille 31 artistes de réputation internationale qui exposent leurs œuvres. Chacune est un plaidoyer pour la paix dans le monde un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale qui est ici évoquée. Ces œuvres ont pour origine un bloc de chêne carré de 30 cm de côté. Le bois, issu du front alsacien où les combats firent rage, porte encore en lui les stigmates de la guerre. Par les blessures qui leur furent infligées, les fragments de projectile en métal encore incrustés sous l’écorce ainsi que par le noircissement de leur surface, ces blocs de bois sont les reliques de la guerre. Ils nous disent, si nous les écoutons, si nous les regardons : Plus jamais cela ! Trees for Memories rassemble à la Villa Empain des artistes qui insufflent une voix au bois, afin que les arbres puissent raconter leur histoire qui est la nôtre. Ils représentent, ces artistes, les 31 pays qui se sont affrontés durant quatre ans en 14-18 : le bloc de l’Entente contre celui des Empires centraux d’Europe et d’Asie (Allemagne, Autriche-Hongrie et les Ottomans). Au total, la guerre a coûté 9 millions de morts et plus de vingt millions de blessés. Un horrible bilan en pertes humaines dont témoignent ces blocs qui furent débités et partagés entre les 31 artistes. « Les arbres ont été les témoins silencieux de la Première Guerre mondiale, explique Mattijs Visser, le commissaire de cette exposition collective. S’ils pouvaient prendre la parole, ils nous raconteraient une histoire faite de souffrances indicibles. Certains ont été touchés par des armes d’artillerie, d’autres par des grenades ou par des balles de fusil. Tous ont assisté aux mêmes horreurs. Pendant un siècle, les traces de ces événements sont restées cachées sous leur écorce. » Aujourd’hui, on découvre les blessures indélébiles sous le scalpel des artistes. Jana Sterbak nous montre la grenade d’assaut prise sous une souche (Canada). Huang Yong Ping, artiste chinois récemment décédé à Paris, a incrusté des yeux d’oiseau dans le bois à la place des trous d’impact laissés par les balles : ils nous épient pour voir si nous recommencerions la même horreur. Günther Uecker a parsemé son bloc de clous tordus pour évoquer les destructions de la guerre (Allemagne). Fiona Hall y a mis la sciure des tranchées, les ongles déchirés, le fil de fer barbelé du no man’s land pour nous dire qu’avec la sève contenue elle aussi dans la sculpture, la vie pourrait reprendre son cours à la place des images de la mort (Australie). Jana Želibská a sculpté un corps déchiqueté par un oiseau de proie sous un crâne qui ricane, symbole de toutes les agonies de la guerre (République tchèque). Plus loin encore, un bloc enchaîné de Sándor Pinczehelyi (Hongrie) nous crie « plus jamais cela ! ». Ce n’est qu’un aperçu des 31 sculptures que vous pourrez voir en visitant l’exposition Trees for Memories. Elles se dressent devant nous à la mémoire des guerres pour que celles-ci n’aient plus jamais lieu. Imaginées d’après une idée maîtresse de Volker-Johannes Trieb, ces œuvres ont été présentées une première fois au Varusschlacht Museum de Kalkriese et au Bundestag de Berlin en 2018. L’exposition se tiendra également au Parlement européen de Bruxelles en novembre 2021, avant d’être présentée en 2022 à l’ONU (New York). Elle est visible actuellement au Project Space de la Villa Empain jusu’au 24 octobre 2021. Voyez davantage d’informations sur le site officiel www.boghossianfoundation.be. Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles. Michel Lequeux


EXPOSITION : MATHIEU PERNOT Mêlant photographies, vidéos et supports manuscrits, cette exposition place en son cœur un espace-temps aussi précis qu’emblématique : l’île de Lesbos au cours de l’année 2020. Située en mer Egée, à quelques kilomètres des côtes turques, cette île a connu en 2020 une succession de crises qui en font un point nodal de notre histoire et de notre conscience. C’est à ce titre que le Musée Juif de Belgique a imaginé cette exposition, création originale qui interroge des thématiques qui font écho à l’histoire longue des collectivités juives : l’exil, la violence et la solidarité. Montré pour la première fois, le travail que Mathieu Pernot a mené à Lesbos en 2020 est ici ancré dans une œuvre au long cours. Depuis plus de dix ans, le photographe se confronte à la question migratoire et à la présence des demandeurs d’asile sur le continent européen. Si les premières images rendaient compte d’une forme d’invisibilité de ces individus cachés sous des draps dans les rues de Paris ou chassés de la forêt de Calais, les séries réalisées par la suite explorent de nouvelles formes de récits partagés. En recueillant des textes écrits sur des cahiers d’écoliers ou en réceptionnant des images enregistrées sur leur téléphone portable, l’auteur se fait aussi le passeur de « la vie des autres », indiquant comb ien celle-ci, avant même d’être celle des autres, est une Histoire commune qu’il faut raconter ensemble. Lauréat du Prix Cartier-Bresson 2019, Pernot s’inscrit dans la démarche de la photographie documentaire pour finalement en détourner les protocoles. Interrogeant sa propre pratique, explorant les formules alternatives, son travail construit ce qui manque si souvent, des récits à plusieurs voix. L’exposition à voir jusqu’au 19 septembre 2021 au Musée juif de Belgique. Découvrez tous les détails pratiques sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles

PARCOURS FAMILIAL À LA PORTE DE HAL Intitulée « Les Trésors de Vlieg la Mouche », voilà une activité pour toute la famille et pour tout l’été. S’agit-il finalement d’une porte ou d’un château ? Dans ce bâtiment, chacun peut traverser facilement six siècles de l'histoire de Bruxelles, mais il importe d’être extrêmement attentif aux détails ! Un pont-levis, un escalier secret, un panorama spectaculaire, voilà de quoi enflammer le plus blasé ! Marcelle, l'insolente perruche à collier, est là comme adjuvant. On raconte qu’elle adore manger des mouches. Le jeu consiste à chercher les parties dessinées du bâtiment et à chaque coin ou élément d'architecture correspond une mission sous forme de dessin à concrétiser de façon à créer de la sorte un bâtiment stylé. Lorsque les énigmes seront résolues, les jeunes explorateurs pourront demander le coffre à trésor à l'accueil. On le devine, il est ici question d’une activité ludique faite pour permettre aux enfants de passer du bon temps dans la capitale et ne pas s’ennuyer pendant les deux longs mois de vacances scolaires. Avec le Covid, on devine aisément que certains ne quitteront pas nos frontières territoriales et que beaucoup de parents chercheront à occuper leurs gamines et gamins. Un événement auquel on peut participer jusqu’au 31 août 2021 à la Porte de Hal. Plus de détails sur le site www.kmkgmrah.be Boulevard du Midi, 150 à 1060 Bruxelles Sam Mas


EXPOSITION : THE ULTIMATE KISS Née au Pays-Bas en 1939, Jacqueline de Jong a voyagé à travers l’Europe et elle a été en contact avec de nombreux mouvements d’avant-garde. Elle a notamment participé au groupe radical de l’Internationale Situationniste qui voulait en finir avec la société du spectacle et de consommation. Active comme peintre, elle a aussi été graphiste et rédactrice en chef du « The Situationist Times ». Par sa figuration et son style exubérant, elle crée des œuvres désinhibées qui combinent humour, érotisme, violence et engagement politique. Depuis le début des années 60, elle conçoit l’image picturale comme vecteur de confusion et de subversion. Mêlant l’absurde à l’énigmatique, elle fait partie des artistes qui ont réintroduit des formes de narration en faisant des emprunts à la culture populaire, au cinéma et à l’illustration. Avide d’expérimentations, cette artiste se joue de la forme, des styles et des idiomes pour développer un travail singulier et subversif qui ravit ou rebute, mais qui toujours surprend. Ses travaux sont à découvrir au Wiels jusqu’au 15 août 2021. Plus de détails sur le site www.wiels.org Avenue Van Volxem, 354 à 1190 Bruxelles

EXPOSITION : REGENERATE Seconde exposition proposée par le Wiels durant l’été ! Tout simplement baptisé « Regenerate », ce projet invite à scruter la situation actuelle en se débranchant du discours tenu par les médias et en se voulant à la fois joyeux, critique, prudent, optimiste et nourri de bienveillance. Pas toujours facile d’oublier les confinements et les restrictions imposées ! La preuve que l’art doit demeurer plus vivant que jamais en période de crise pour commenter ce qui étreint les cœurs, râcle les gorges et pousse au pessimisme. En se concentrant sur la production récente de femmes et d’hommes de chez nous, explicitement ou implicitement, les travaux sélectionnés deviennent le reflet du moi-profond, une sorte de baromètre de la société forcée à ralentir sa cadence, teintée d’imprévisibilité et confrontée à quelque chose de totalement inédit. Une manière d’exorciser l’impact de la pandémie, d’analyser ses (premiers) effets et de peser ses conséquences visibles et à venir. Cécilia Bjartmar Hylta, Elen Braga, Carlos Caballero, Chloë Delanghe, Bram Demunter, Effi & Amir, Eitan Efrat & Sirah Foighel Brutmann, Helen Anna Flanagan & Josefin Arnell, Eva Giolo, Corentin Grossmann, Tom Hallet, Nokukhanya Langa, Eva L’Hoest, Sandrine Morgante, Camille Picquot, Batsheva Ross et Marie Zolamian ont répondu à cette invitation et nous livrent le résultat de leur gestation. Une exposition également à découvrir au Wiels jusqu’au 15 août 2021. Plus de détails sur le site www.wiels.org Avenue Van Volxem, 354 à 1190 Bruxelles André Metzinger


EXPOSITION : DE PÉKIN À HANKOU – UNE AVENTURE BELGE EN CHINE Cette aventure belge en Chine vous fera entrer dans l'histoire méconnue mais néanmoins incroyable de la construction par notre petit royaume, au début du XXe siècle, de la ligne Pékin-Hankou, la plus grande ligne de chemins de fer de Chine, reliant le nord au sud du pays. Pendant sept ans, plusieurs dizaines de milliers d'ouvriers ont travaillé à ce chantier pharaonique. Cette aventure hors normes est le fruit d’une collaboration entre ingénieurs, techniciens, ouvriers mais aussi diplomates et financiers occidentaux et chinois. A leur tête, Jean Jadot, un jeune ingénieur belge alors âgé de trente-sept ans, coordonna et mena à bien ce projet colossal. Outre cette aventure historique, cette exposition présente également le développement impressionnant des chemins de fer en Chine aujourd’hui à travers son réseau à grande vitesse. Des œuvres originales en lien avec la construction de la ligne Pékin – Hankou réalisées à quatre mains par les artistes Li Kunwu (Chine) et François Schuiten (Belgique), apportent une dimension artistique contemporaine à ce que les visiteurs découvrent dans les salles. D’autres œuvres de Li Kunwu, inspirées de l’univers ferroviaire chinois, viennent également enrichir cette vision. Un événement à découvrir jusqu’au 10 octobre 2021 à Train World. Plus de détails sur le site www.trainworld.be Place Princesse Elisabeth, 5 à 1030 Bruxelles

EXPOSITION : MIDAM De ses premiers dessins aux œuvres les plus récentes, l’auteur belge Midam cultive l’art du rire et met son talent au service du gag. Les albums de Kid Paddle, connus et traduits dans le monde entier, symbolisent à eux seuls cet univers humoristique devenu un incontournable de la bande dessinée européenne. S’il dessine depuis toujours, Midam entre dans la profession en rejoignant l’équipe de Spirou, pour lequel il crée de nombreux dessins afin d’animer les rubriques du journal. À partir de 1993, il met en scène le personnage de Kid Paddle dont les aventures en mode jeu vidéo connaissent un succès grandissant auprès du public. Dès 2003, l’univers se prolonge avec la série Game Over, présentant les aventures du « Petit Barbare », l’avatar virtuel de Kid. Retraçant plus de vingt ans de création, l’exposition revient sur les grandes étapes de la carrière de Midam et lui donne la parole. Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 28 août 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : UNITED COMICS OF BELGIUM L’exposition intitulée « United Comics of Belgium » présente le travail de vingt-sept autrices et auteurs de bande dessinée belge issus de différentes générations, genres et communautés. Ils ont été sélectionnés par neufs commissaires également auteurs. Chaque artiste expose un projet en gestation ou publié au cours de l’année, qu'il s'agisse de planches originales, d’œuvres numériques, d’installations et de diverses sculptures. Miroir de la création locale en 2020, l’exposition se veut « un instantané de la création » bouillonnante, diverse et multiple, contradictoire, chaotique, novatrice, prometteuse, provocatrice, créative, artistique, riche, diversifiée et marquante ! Cette expérience souhaite susciter des échanges constructifs entre les artistes et entre les œuvres. Elle entend également éveiller la curiosité des visiteurs et les encourager à s’interroger sur la création actuelle en bande dessinée. Les artistes retenus sont Marec, Kim Duchateau, Max de Radiguès, José Parrondo, Hermann, Benoît Feroumont, Chariospirale, Thijs Desmet, Mathilde Vangheluwe, Aurélie William Levaux, Léonie Bischoff, Ptiluc, Jean-Claire Lacroix, Ephameron, Romain Renard, Wide Vercnocke, Valentine Gallardo et Elodie Shanta. Une carte blanche à découvrir jusqu’au 12 septembre 2021 au Centre belge de la Bande dessinée et ce du mercredi au dimanche. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles

EXPOSITION : MATHILDE MAHOUDEAU ET LUCAS CASTEL Les photographes Mathilde Mahoudeau et Lucas Castel explorent à travers l’image et le son, les différentes problématiques liées à la possible réouverture d’un site d’extraction minière en Ariège (France). L’exposition mêle le médium photographique à une pièce sonore, résultats des témoignages recueillis sur place. En février 2020, une première version de Deuxième saison a été présentée au Centre culturel Wolubilis à Bruxelles pour l’exposition Prix Médiatine, à l’occasion de laquelle le duo d’artistes a obtenu le Prix de la Ville de Bruxelles. En 2021, le duo propose une nouvelle version de Deuxième saison dans la Centrale Box. À cette occasion, Lucas Castel et Mathilde Mahoudeau présentent une autoédition rassemblant les différentes pièces de leur documentaire. Ce projet est présenté à la Centrale for Contempory Art jusqu’au 12 septembre 2021. Ne vous privez pas de cet événement et voyez tous les détails concrets sur le site www.centrale.brussels Place Sainte-Catherine, 44 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : FAKE FOR REAL Dans la grisaille de la routine quotidienne, le sensationnel, le spectaculaire et le surnaturel nous permettent d’échapper à l’ordinaire. Mais le jeu de l’imposture n’est amusant que si nous en acceptons les règles. Ceux qui se laissent abuser risquent gros : argent, crédibilité, intégrité... Certains y ont laissé la vie. Aujourd’hui, la désinformation est partout, mais le mal est ancien. L’histoire regorge de faux-semblants de toutes natures. Le Cheval de Troie, modèle mythologique de la supercherie, fait ainsi écho aux problèmes contemporains d’un monde dominé par Internet. Embarquons pour un voyage dans le temps et aventuronsnous au gré des fraudes et falsifications qui ont jalonné l’histoire tout en gardant un œil sur la réalité des choses. La Maison de l’histoire européenne, située dans le parc Léopold, inaugure une nouvelle exposition, « Fake for Real : une histoire du faux et de la contrefaçon ». Elle explorera le monde fascinant des faux, du mensonge et des contrefaçons et entrainera les visiteurs dans un récit allant de l’antiquité à nos jours. Un astucieux dispositif de miroirs à l’entrée et un chemin labyrinthique à travers les différents thèmes de l’exposition donnent immédiatement le ton de la visite - comment trouver ou échapper à la vérité ? Comment jouer avec les illusions ? Les visiteurs sont invités à réfléchir à la manière dont les mensonges sont racontés et dans quel but. Comme l’explique la commissaire d’exposition Joanna Urbanek : « Nous devons être conscients que parfois nous voulons être trompés, pour pouvoir transcender notre quotidien, rêver. Il est humain de croire à certaines contrefaçons. Mais cette inclination peut être exploitée et les conséquences peuvent être considérables. » Répartie sur six thèmes tout au long d’un parcours chronologique, l’exposition présente plus de deux cents objets remarquables venus de toute l’Europe. Emblématique, chacun raconte une histoire édifiante de falsification et de tromperie - des archives effacées des empereurs romains, des biographies manipulées de saints médiévaux, des histoires de voyages qui ne se sont jamais produits - à une fausse armée utilisée par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils incluent également des documents d’une importance cruciale dans notre histoire tels que la donation de Constantin et les lettres utilisées pour accuser Dreyfus. Tous démontrent que les émotions et les croyances personnelles ont une influence sur la façon dont nous voulons comprendre le monde, ou délibérément nous le représenter de manière déformée. La communication sur la pandémie liée au Covid-19 et la désinformation qui l’entoure sont également examinées dans cette exposition. Le terme «désinfodémique» est le rappel opportun que les vérités et les contre-vérités circulent constamment et que la pensée critique et l’action civique sont de précieux gardiens contre la tromperie. La dernière section de l’exposition, intitulée « Une ère de post-vérité? » est un espace interactif fait de jeux et de vidéos où les visiteurs peuvent devenir des vérificateurs de faits, décider de ce qui est publié, ou encore jouer avec une « bulle filtre » innovante qui explore la façon dont les médias sociaux fonctionnent. Comme un voyage à travers les motifs et l’impact des faux mais aussi sur notre façon de nous exposer à eux, cette exposition nous bouscule et met en lumière toute la complexité et les contradictions qui jalonnent notre passé, présent et futur. Heureusement, nous avons des outils à notre disposition: faire preuve d’esprit critique, ne pas se fier à ses premières impressions, être conscient de ses préjugés et évaluer la fiabilité des sources sont autant d’éléments qui peuvent nous aider à distinguer les faits de la fiction et à nous frayer un chemin dans les méandres de la réalité. Une exposition à découvrir jusqu’au 28 octobre 2021 à la Maison de l’Histoire européenne. Plus de détails sur le site www.historia-europa.ep.eu Rue Belliard, 135 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : MABELE ELEKI LOLA ! Pour la première exposition temporaire depuis l’ouverture en décembre 2018, l’AfricaMuseum invite l’artiste kinois Freddy Tsimba à un dialogue avec les collections du musée. La sélection des objets ethnographiques a été réalisée avec la contribution scientifique de Henry Bundjoko, directeur du Musée national de la République démocratique du Congo à Kinshasa. Jean Bofane, écrivain, auteur de Mathématiques congolaises (publié chez Actes Sud) et commissaire d’exposition, propose ici un regard inédit sur l’art de Freddy Tsimba en dévoilant la face spirituelle de son œuvre. En tant que grand forgeron selon la tradition, Freddy Tsimba transforme le métal des conflits en matière première d’une nouvelle narration. Les églises de réveil promettent le paradis. Mais quel paradis évoquent-elles ? Pour Freddy Tsimba et Jean Bofane, il est impérieux de se débarrasser des fausses promesses. La terre est décidément au-dessus de tout. Elle est plus belle que le paradis ! Le titre est né d’une d’une conversation avec l’artiste, optimiste, amoureux infatigable de la vie et de la beauté. Les créations monumentales de Tsimba entrent pour la première fois en dialogue avec les collections du musée. L’artiste rend ainsi hommage au travail du forgeron et du sculpteur classique. Vingt-deux installations de Freddy Tsimba, lors de cette rencontre exceptionnelle, font face à trente pièces du musée dont la plupart n’ont jamais été montrées. Pour ceux qui l’ignorent, Freddy Bienvenu Tsimba est né en 1967 à Kinshasa et a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale. Il travaille le bronze et les métaux de récupération, en parfaite indépendance. Profondément attaché au respect des droits humains, en particulier les droits des plus fragiles, les mères et les enfants, il expose le tragique de la guerre et témoigne des violences à travers le temps. Mais il est aussi le porte-parole de la paix et de la résilience. Il rend de façon sublime hommage aux femmes et à la vie. Freddy Tsimba est aujourd’hui un artiste connu et reconnu à Kinshasa et sur la scène artistique internationale. Il est célèbre pour ses sculptures faites de douilles, de cartouches et aussi pour ses maisons-machettes. L’artiste a participé à plusieurs Biennales de Dakar (2002, 2006 et 2008) et à des expositions collectives comme The Divine Comedy (2014), Kongo am Rhein (Bâle, 2017) et Afriques Capitales (Lille, 2017) sous l’égide de Simon Njami. Il rappelle également la mémoire des Congolais victimes de la colonisation. Une exposition à découvrir jusqu’au 15 août 2021 à l’AfricaMuseum (ancien musée d’Afrique centrale). Plus de détails sur le site www.africamuseum.be Leuvensesteenweg, 13 à 3080 Tervuren


EXPOSITION : GUSTAV KLIMT : THE IMMERSIVE EXPERIENCE Lorsque l’art digital fraie avec l’un des plus grands maîtres de l’art nouveau et peintre autrichien novateur, Gustav Klimt, le mélange donne vie aux œuvres de ce dernier. L’occasion de déboucher sur une expérience unique et d’embarquer pour un voyage où les dernières technologies transforment le parcours en un spectacle unique, à la fois culturel, didactique et récréatif. L’imagerie virtuelle, la réalité augmentée, une spectaculaire galerie des miroirs dorés et l’anamorphose appliquée à des toiles telles que « Le Baiser » vous immergent littéralement dans le travail de l’artiste, avec une magnifique reproduction en 3-D de cette dernière représentation (sans doute le clou de la visite ?). Plus de deux cents peintures et esquisses ont été sélectionnées pour être projetées de manière vivifiante, créative et surprenante et éveiller vos sens par le truchement de coups de pinceaux virtuels. L’exposition ne se limite pas à son seul espace immersif et ne serait pas complète sans qu’elle vous propose de vous glisser dans la peau de Gustav Klimt dans le but d’entreprendre en accéléré un résumé de sa carrière. De décorateur d’intérieur à initiateur du mouvement sécessionniste, sans oublier sa période dorée, il a été l’une des figures majeures du monde culturel de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Au crépuscule de son existence, Il s'est intéressé davantage à la peinture intimiste et aux portraits. Il a réalisé des tableaux de femmes de grandes dimensions, avec des compositions richement décorées, pour flatter une clientèle riche et bourgeoise qui lui faisait des commandes et il a également conçu de nombreuses scènes de femmes nues ou aux poses langoureuses et érotiques, en tenues extravagantes dans des compositions asymétriques, sans relief et sans perspectives, riches d'une ornementation chatoyante, envahissante et sensuelle. Gustav Klimt est né en 1862 à Baumgarten et est décédé en 1918 à Vienne. Parfois, il est associé au mouvement symboliste. Un événement à découvrir à la Galerie Horta jusqu’au 5 septembre 2021. Plus de détails sur le site www.expo-klimt.be Rue du Marché Aux Herbes, 116 à 1000 Bruxelles Paul Huet

EXPOSITION : ELLIS ISLAND Voici une exposition qui rassemble des œuvres d’Armando Andrade Tudela, Marianne Berenhaut, Heidi Bucher, Miriam Cahn, Latifa Echakhch, Sigalit Landau, Alina Szapocznikow, Naama Tsabar et Lawrence Weiner sur le thème « Ellis Island », cet étroit banc de sable à l’embouchure de l’Hudson », un îlot face à Manhattan. Entre 1892 et 1924, il a été l’entrée principale de nombre de communautés arrivant sur le sol américain. Près de seize millions d’émigrants – majoritairement d’Europe mais aussi de pays arabes – y sont passés en transit et ont été amené à subir toute une série d’examens médicaux et psychologiques, mais aussi à changer d’identité. Georges Perec, écrivain d’origine juive polonaise, nous offre une description minutieuse de ce « non-lieu » dans un texte écrit en 1979. Un lieu utopique où on s’oublie, où le corps et l’identité se transforment, un lieu où on laisse aussi place aux rêves et à l’espoir d’un monde meilleur. Dans la suite du récit de Perec, l’exposition au Musée Juif de Belgique nous concentre sur la manière dont les artistes contemporains traitent le thème de l’exil et comment ils confrontent le monde en tant que lieu de dispersion, d’enfermement et d’errance. Ellis Island explore le déracinement et l’émigration comme un état mental ou physique, mais aussi comme un « catalyseur » de création où sont mis en œuvre des processus artistiques d’assemblage et de fragmentation. Un événement à découvrir jusqu’au 29 août 2021 au Musée juif de Belgique. Plus de détails sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles


EXPOSITION : ICONS Des premières icônes d’Europe et du Moyen-Orient aux œuvres modernes et contemporaines, les icônes ont inspiré de nombreux croyants et artistes, à travers les âges. L’exposition dévoile comment les dimensions spirituelles ont été intégrées dans les œuvres d’art depuis l’Antiquité. La tradition attribue les premières icônes à Saint-Luc qui, après la Pentecôte, aurait peint trois représentations de la Vierge Marie. Des premières icônes d’Europe et du Moyen-Orient aux œuvres modernes et contemporaines, ces représentations imagées du divin ont inspiré de nombreux croyants et artistes. L’exposition Icons, curatée par Henri Loyrette, ancien Directeur du Musée d’Orsay et PrésidentDirecteur du Musée du Louvre, dévoile comment les dimensions spirituelles ont été intégrées dans les œuvres d’art depuis l’Antiquité à nos jours. L’exposition présente une sélection d’icônes anciennes en provenance d’Europe et de Russie – représentant tour à tour le Christ, la Mère de Dieu, ou des Saints individuels – dont la simplicité frappante les distingue en tant qu’objets de vénération intemporels. Un second ensemble d’œuvres d’artistes du XIXe et XXe siècle, tels Charles Filiger ou encore Lucien Levy-Dhurmer, explore la composition frontale et sans profondeur des icônes. L’exposition aborde également l’utilisation que font les artistes contemporains du langage iconographique, à l’instar de Yan Pei-Ming et Wim Delvoye. Un événement à voir jusqu’au 24 octobre 2021 à la Villa Empain. Plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles

APPEL Á PROJETS « Trolls & Bestioles » est de retour pour une nouvelle édition légèrement remaniée. Cette année l'exposition se déroulera du 3 juillet au 29 août. A cette occasion, le Musée d'Art Fantastique lance un grand appel à projets aux dessinateurs, illustrateurs, peintres, photographes et graphistes de tous horizons. Les artistes sélectionnés feront partie de l'exposition collective Trolls & Bestioles 2021. Basée sur l'univers des trolls et autres créatures étranges, elle réunira des artistes belges et internationaux qui verront leurs œuvres imprimés en exemplaire unique sur bâches de 80 x 120 cm ainsi que sur cartes postales éditée en édition limitée à 100 exemplaires. Chaque artiste sélectionné recevra 25 cartes postales de son oeuvre. Six prix seront décernés : le prix du MAF, Le prix du Public, le prix de la Région Bruxelles-Capitale, le prix Francophones Bruxelles, le prix du BIFFF et le prix Charles Picqué. Nous vous renvoyons au règlement de l'exposition pour les détails via le site www.fantastic-museum.be


RENCONTRE : EDMÉE DE XHAVÉE Une auteure à la plume savoureuse qui fouille l’âme humaine et nous entraîne dans les mystères de sagas dans lesquelles le lecteur trouvera un parfum de vécu. Edmée, parlez-nous de vous … Je suis née « il y a de cela bien longtemps », et ai grandi lors des glorieuses Golden Sixties, dans une famille qui se trouvait conventionnelle et ne l’était pas pour un sou. Une grand-mère qui fumait le cigare, une arrière-arrière-grandmère qui avait offert à son petit-fils un cigare et du whisky pour sa communion (parce que tu es un homme maintenant), des surnoms étranges pour désigner les uns et les autres (Cortaviente, Mamita, Jupiter tonnant, Ponce Pilate, la Tante Gorgette, l’Onclouis, le Singe à la cravate verte, … ), il y avait bien des choses émoustillantes qui nous semblaient banales. Ajoutons-leur la passion des longs voyages à une époque où on faisait son testament et ses adieux avant de prendre un paquebot, et des photos de famille dont la narration est tout un roman, on a les ingrédients de mes fourmis dans les doigts. J’écris donc, et mêle le vrai au rêve, à bon entendeur salut, que les psychanalystes s’en occupent s’ils le veulent, après tout le vrai est souvent un peu faux et vice-versa… J’écris paresseusement aussi, ne participe qu’à peu de salons mais ne dédaigne pas le plaisir de revoir les amis et amies aux doigts pleins d’encre et aussi, avouons-le, de rencontrer les lecteurs en vrai, de près, avec le sourire (je vous parle d’un temps que les après-covid ne peuvent pas connaître…). Et si le ciel ne me tombe pas sur la tête, je compte bien continuer de la même manière. Discrètement, mais avec passion. Je fais aussi, depuis des années, des interviews pour ActuTV qui est la web télévision de Chloé des lys. C’est un grand plaisir et un moyen de découvrir bien des artistes à la personnalité fascinante. A mon actif, des nouvelles parues dans des collectifs : La brodeuse (collectif Sur le fil) chez Librisme, Vous souvenez-vous ? (collectif Sous le feuillage de mes chênes je vous écris) chez Chouette Province. Un court récit et un « journal » aux éditions Irezumi : Une enfance verviétoise et Journal d’une Verviétoise des boulevards. Des recueils de nouvelles aux éditions Chloé des lys : Lovebirds, Les promesses de demain, La rinascente* La renaissante. Des romans aux éditions Chloé des lys : Les romanichels, De l’autre côté de la rivière, Sibylla, Villa Philadelphie, Silencieux tumultes, Toffee suivi de La preferida, et enfin : La rivière des filles et des mères. Ce dernier roman est le déroulement d’une lignée de femmes d’une même famille. Celle qui dévoile cette généalogie vagabonde, Zoya, n’a que les on dit et on pense, plus quelques objets venus de loin dans le temps et l’espace, pour remonter le cours de cette magnifique rivière. Mais chacune de ces femmes fait entendre sa propre voix pour raconter comment elle a fait pour vivre, aimer, enfanter, souffrir ou faire souffrir. La carte du tendre est hérissée d’embûches, et la carte du monde se déploie, depuis l’embouchure du Saint-Laurent où La Belette sera la première à entamer la chorale, jusqu’à Trooz, petite ville belge qu’on ne soupçonnerait pas d’abriter ces gènes impétueux. Mais après tout, comme dans tout bon roman anglais, c’est dans les petits patelins champêtres que l’on trouve les cadavres les plus exquis… Retrouvez l’auteure Edmée De Xhavée sur le lien https//edmeedexhavee.w#2DB23F2

Silvana Minchella


CINÉMA : TITANE, PALME D’OR À CANNES Film de SF et d’horreur de Julia Ducournau, avec Agathe Rousselle, Vincent Lindon, Laïs Salameh, Garance Marillier, Théo Hellermann. France 2021, 120 min. Sortie le 28 juillet. Résumé du film – Alors qu’une série de crimes sanglants viennent d’être commis dans la région, un jeune homme est arrêté. La police l’identifie comme Adrien Legrand, un enfant disparu dix ans plus tôt. Son père Vincent le reconnaît aussitôt, bien qu’Adrien reste muet comme une carpe, et il l’emmène chez lui, dans la caserne de pompiers dont il est le capitaine. Le problème, c’est que sous les vêtements du garçon se cache un corps de femme enceinte d’un monstre de métal. Commentaire – Un mélange de genres où l’on retrouve le polar, le gore et le cyberpunk, où l’humain et la machine se mêlent étroitement dans une danse lascive qui les étreint. C’est la Christine de John Carpenter poussée à son comble. On est soufflé par la violence qui anime le personnage d’Adrien allant au bout de ses pulsions de mort que génère la machine qui est en lui. Ce second long-métrage de la réalisatrice française Julia Ducournau reprend la mise en scène de Grave (2016) qui oscillait entre le récit initiatique et le film d’horreur sur fond de cannibalisme. Titane continue d’explorer l’horreur du corps humain à travers une esthétique futuriste léchée qui vous fera frémir avec ses gros plans cliniques et sa musique techno dans une ambiance bleue de discothèque. Peu de sang apparent en fait, mais du titane qui s’écoule goutte à goutte du corps perverti, à l’image de la plaque insérée dans la boîte crânienne de la jeune fille. De la danse voluptueuse aussi avec les carrosseries qui suscitent chez elle des orgasmes violents, et de mystérieuses cicatrices qui s’ouvrent sur son ventre dans une mise en scène flirtant avec la science-fiction. On retrouve Vincent Lindon dans le rôle d’un père comblé par le retour de son fils, tout en muscles et en sueur, aux côtés d’Agathe Rousselle, jeune mannequin et artiste qui fait ici ses premiers pas au cinéma. Et quels pas ! On est sidéré par sa violence de chatte sauvage qui aiguise ses griffes et ses crocs contre ceux et celles qui veulent la toucher à la place des voitures où elle se donne corps et âme. Au casting figure Garance Marillier, premier rôle à fleur de peau de Grave, qui sera elle aussi vampirisée par la tueuse. Dans une ambiance cyberpunk, les deux femmes se lancent dans un corps à corps bouillant, brouillant les frontières entre l’amour et la violence sadique à l’état pur. Titane a été tourné entre le 4 septembre et le 4 novembre 2020, en pleine crise sanitaire. « Le thème principal de mes films, c’est la mutation, déclare la réalisatrice. Le corps, l’humanité, le monde est en mutation dans ce qui m’inspire. La mutation, quelle qu’elle soit, fait partie de la vie. » Le Covid, dont elle a souffert pendant deux mois, l’a nourrie pour ce deuxième film qui respire par tous ses pores l’odeur de David Cronenberg, son réalisateur fétiche (La Mouche, 1986) dont elle possède l’œuvre dans sa cinémathèque d’horreur. Le film a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes en juillet. Avis – On vous laisse le soin de découvrir ce mélange des genres. Tourné en pleine pandémie, Titane en porte bien les cicatrices écrites en lettres de feu et de... titane. Michel Lequeux


CINÉMA : AINBO, PRINCESSE D’AMAZONIE Film d’animation de Richard Claus et José Zelada, avec les voix d’Audrey Lamy, Lola Raie, Dino Andrade et Joe Hernandez. Hollande-Pérou 2020, 1 h 25. Sortie le 14 juillet. Résumé du film – Née au cœur de la forêt amazonienne, Ainbo n’a que 13 ans mais elle rêve de devenir la meilleure chasseuse du petit village de Candamo, au bord du fleuve. Hélas ! les poissons viennent y mourir en nombre, et au loin résonne le bruit des machines à l’œuvre, en train de jeter bas les grands arbres de l’Amazonie. La princesse sait que pour vaincre les coupeurs de branches et les chercheurs d’or, elle pourra compter sur ses deux guides spirituels : un tapir aussi costaud que maladroit et un tatou espiègle qui se roule en boule pour faire ses coups en douce. Commentaire – Après Le Voleur de Venise et le Petit Vampire, ce troisième film d’animation de Richard Claus, réalisateur hollandais, nous entraîne le long de l’Amazone, à la poursuite d’une petite fille sur un chemin initiatique. Le chemin de la vie et de l’écologie. Les images sont de toute beauté, avec des gorges profondes, des cascades, des fleurs et des papillons colorés qui nous emmènent au cœur de la jungle. C’est dû au coup de crayon enchanteur de Vidjay Beerepoot qui signe le décor et la musique de cette animation exotique. Le coréalisateur péruvien José Zelada y a apporté des éléments empruntés à la culture shipiko qui est la sienne. C’est une partie de la mythologie amazonienne qu’il a intégrée dans le film. Ainbo est ainsi à la croisée de deux cultures : l’européenne avec l’homme blanc dont s’est emparé le Yucuruna, l’esprit maléfique qui répand la mort sur la forêt, et la culture péruvienne qui protège la nature luxuriante, aux arbres gigantesques. Ils peuvent culminer à plus de cent mètres de hauteur. L’un d’eux, le plus haut, abrite l’esprit de la mère de notre héroïne. Il se couvrira de fleurs à la fin du film pour signifier le retour de la nature sous la couleur dorée du ciel, quand l’esprit du mal sera vaincu : une jolie métaphore écologique. Les deux amies Ainbo et Zumi ont des formes élancées qui laissent deviner les femmes qu’elles vont devenir. Ainbo est guidée par les animaux qui l’accompagnent tout au long de son aventure : le tapir et le tatou, Motelo Mama, la mère tortue qui emmène la forêt sur sa carapace géante, loin des prédateurs, ou le singe paresseux qui apprend à Ainbo à se poser les bonnes questions sur elle-même. Ses deux amis apportent au récit leur touche comique. Ils jouent eux aussi un rôle important dans la mythologie amazonienne. Quant au Yucuruna, l’esprit du mal, on comprend qu’il soit incarné par l’homme blanc nommé De Wit (comme en néerlandais), qui représente la soif des colonisateurs courant après l’or et l’espace à défricher. Portant un message écologique et spirituel sur l’état de la forêt d’Amazonie, c’est-à-dire sur l’état du poumon de la terre, cette histoire simple mais amusante plaira aux enfants en les faisant réfléchir sur la place des filles dans la société. Et sur la place de la nature dans la vie. Audrey Lamy, qu’on a vue dans la série télévisuelle Scènes de ménages ou dans Rebelles (2019), prête sa voix à la petite Ainbo. Elle l’a déjà fait pour sept autres films d’animation. Avis – Film d’animation tourné à petit budget pour faire passer un message écologique, Ainbo fait réfléchir aussi les grands qui se laisseront emporter par la beauté des images. A voir en famille. Michel Lequeux


CINÉMA : KAAMELOTT, PREMIER VOLET Comédie burlesque d’Alexandre Astier avec lui-même, Alain Chabat, Christian Clavier, Clovis Cornillac, Guillaume Galienne, Anne Girouard, Lionel Astier, Antoine de Caunes. France 2021, 120 min. Sortie le 21 juillet. Résumé du film – Le roi Arthur, vendu à un marchand d’esclaves, revient en Bretagne, sa terre natale dont il se moque éperdument. Pourtant, ses hommes l’attentent fiévreusement, bien décidés, eux, à reprendre le château de Kaamelott tombé aux mains d’un tyran, Lancelot du Lac, déguisé en oiseau de proie. Qui aura le dernier mot de la saga ? Les révoltés soutenus par les Burgondes et restés fidèles au roi, ou les mercenaires saxons au service du tyran ? Commentaire – La suite au programme d’une comédie loufoque et décalée qui passe pour être culte depuis qu’elle a fait l’objet d’une série télévisée, Kaamelott, passée sur M6 entre 2005 et 2009. On y a suivi à travers des centaines d’épisodes, certains très courts, d’autres plus longs, la perversion de la légende du roi Arthur. Alexandre Astier en est l’auteur et l’interprète principal, après avoir scénarisé et coréalisé deux films d’animation Astérix : Le Domaine des dieux (2014) et Le secret de la potion magique (2018). Outre les membres de sa famille, son père Lionel Astier (Alex Hugo) et son frère Simon, ainsi qu’une série d’actrices et d’acteurs français qu’on a vus dans de bons films, on retrouve la patte burlesque du réalisateur d’Astérix. Son film, qui reprend la suite des mésaventures d’Arthur, mélange les lieux et les époques, comme dans toute héroïc-fantasy, à la limite de ce que la légende autorise pour un récit épique. Les légionnaires romains, au nombre desquels figure le jeune roi, appartiennent à l’Empire décadent du 5e siècle de notre ère, mais le reste du décor où évolue le retour d’Arthur nous rappelle le Moyen Age. Les personnages vont et viennent d’une époque à l’autre en se fichant des anachronismes qu’ils commettent (c’est la loi du genre), en mélangeant l’Orient et l’Occident et en parlant un français très populaire. C’est la rue qui s’empare de l’histoire du roi racontée notamment par Chrétien de Troyes dans les romans du Moyen Age. On ne vous fera pas l’injure de vous rappeler la légende du Graal, la geste des chevaliers de la Table ronde, l’épée d’Excalibur que doit déterrer le roi, ou la passion de Lancelot pour la reine Guenièvre. Tout cela mijote et se fond dans une potion magique que certains boiront goulûment, au nom de la série télévisée qu’il faut avoir vue pour suivre le récit. D’autres au contraire la rejetteront comme un mauvais moment à passer devant l’écran « pour voir leurs sales tronches ». Je vous avouerai n’avoir pas du tout été convaincu par la performance. Avec pourtant de bons acteurs au casting, comme Christian Clavier, Alain Chabat, Clovis Cornillac ou Audrey Fleurot, dont on peut se demander ce qu’ils allaient faire dans cette galère, sinon pour y poursuivre leur rôle dans la série. Ceci n’est pourtant que le premier volet d’une suite qui est annoncée sur le grand écran. Avis – Kaamelott avec deux a et deux t bien lourds à porter pour servir d’illustration à la légende arthurienne. Michel Lequeux


CINÉMA : LA LOI DE TÉHÉRAN Thriller social de Saïd Roustayi, avec Peymân Maâdi, Navid Mohammadzadeh, Farhad Aslami et Parinaz Izadyar. Iran 2019, 134 min. Sortie le 4 août. Résumé du film – En Iran, la sanction pour la possession de la drogue est la même, que l’on ait 30 grammes sur soi ou 50 kilos : la peine de mort par pendaison au coucher du soleil. C’est pourquoi les narcotrafiquants jouent gros, et la vente du crack a explosé, plongeant 6,5 millions de personnes dans le manque. Lorsque Samad, un flic aux méthodes expéditives, met enfin la main sur le parrain de la drogue, il croit que tout va rentrer dans l’ordre. Mais la confrontation avec le cerveau de la bande va prendre une tout autre tournure. Commentaire – Saïd Roustayi, réalisateur et scénariste iranien, signe ici un thriller social à mi-chemin entre le polar et la fresque sociale. Il s’y montre toujours attiré par l’addiction à la drogue, son thème clef. Le film dure plus de deux heures, ce qui indique bien que le réalisateur a brassé large, peut-être sans pouvoir fusionner son projet. Au terme de son enquête, l’inspecteur chargé d’arrêter le narcotrafiquant en arrive à la conclusion que le marché de la drogue cache une pauvreté endémique en Iran. Les pauvres aiment leur misère et le crack sert à y rester. Le parrain de la drogue a acheté pour ses parents une maison de luxe, mais ceux-ci ne rêvent qu’à retourner dans leur taudis. Les images sont frappantes, montrant des centaines de familles qui vivent dans des trous à rats : les canalisations où ils attendent qu’on vienne les chercher. La drogue les fait patienter. Le parrain a bien tenté de mettre fin à ses jours, mais la police l’a sauvé pour le conduire à la pendaison et en faire un exemple social. Les dernières images le montrent attendant le châtiment final avec ses mules, les hommes qui convoient la drogue. La corde leur sera passée au cou et ils chuteront en bas de l’estrade, sous le regard des policiers, du juge et de l’imam. C’est ça, la loi de Téhéran. Il est clair que le réalisateur ne la défend pas et que ses deux protagonistes, le parrain et le flic, représentent les figures du tout ou du rien dans une société cadenassée par la loi, sous la coupe intégriste du gouvernement. La fin montre notre flic qui démissionne devant l’impossibilité de changer le système. Il s’en va seul sur un ring encombré par les camés qui se sauvent, poursuivis par la police. On peut reprocher à cette démonstration en règle de verser dans le mélodrame (les pleurs du parrain devant sa famille venue le voir en prison) et de nous montrer la cruauté de l’exécution finale, avec le pantalon du coupable mouillé sur le lieu de la pendaison. Ou l’enfant condamné à deux ans de prison à la place de son père pour éviter à celui-ci la peine de mort. Mais les scènes sont éloquentes et dans cette société intégriste, on se demande comment le réalisateur a pu esquiver la censure toujours à l’œuvre. A moins qu’il n’ait joué sur l’exemple du trafiquant à ne pas suivre pour faire accepter son film. Avec Navid Mohammadzadeh qui a reçu le prix du meilleur acteur au Festival international de Tokyo 2019 pour son rôle du parrain dans le film. Quant à Peymân Maâdi, qui interprète le flic, on l’a vu dans Une séparation et A propos d’Ely du réalisateur Asghar Farhadi, qui vient de remporter le second prix au Festival de Cannes cet été avec Un héros. Avis – Un thriller sur l’addiction à la drogue en Iran, qui a été qualifié de « sombre commentaire sur l’état de la société iranienne ». Du crime au châtiment, il n’y a qu’un pas à faire pour le comprendre. Michel Lequeux


CINÉMA : EIFFEL Drame romantique de Martin Bourboulon, avec Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps et Armande Boulanger. France-Allemagne 2021, 109 min. Sortie le 25 août. Résumé du film – Venant tout juste de finir sa collaboration à la Statue de la Liberté de New York, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français voudrait qu’il conçoive quelque chose de spectaculaire pour l’inauguration de l’Exposition universelle de Paris en 1889, mais lui ne s’intéresse qu’au projet du métropolitain. Il revoit alors son amour de jeunesse, Adrienne Bourgès, qui va lui souffler l’idée de la tour Eiffel. Commentaire – Inspiré des faits réels (mais en décalage par rapport aux dates, car Eiffel en 1887 a 55 ans, alors qu’il en paraît quinze de moins à l’écran), ce drame romantique va et vient entre la jeunesse de l’ingénieur et le bureau d’architecture qu’il fondra plus tard, sous la IIIe République affairiste. Le matériau qu’Eiffel utilise, c’est le fer qu’il voudrait appliquer au métro, mais qu’il va utiliser dans la tour de 300 mètres qui portera son nom après sa rencontre avec Adrienne, son amour de jeunesse. Il n’a pas oublié la jeune femme qui s’est donnée à lui, et le fer va croiser l’amour. C’est ainsi qu’on peut comprendre la couleur un peu terne, un peu sombre du film où le rouge se marie aux teintes crépusculaires, donnant cette patine rouille aux scènes et aux visages. La lumière qui nimbe le paysage est celle de l’automne, comme l’ingénieur qui est dans la cinquantaine et qui veut rallumer en lui la passion pour la belle Adrienne. Eiffel est construit comme un aller-retour incessant entre l’inauguration de la tour pour l’Exposition universelle de Paris en 1889 et les débuts de Gustave Eiffel. On voit le jeune ingénieur se vouer corps et âme à son métier et aux hommes qui travaillent à la construction d’un pont métallique sur la Garonne. Il a 26 ans et est tout frais émoulu des études techniques qu’il a menées à bon terme. Entre Adrienne, fille d’un riche notable, et Gustave, c’est tout de suite le grand amour, entravé par une différence de classe sociale. Il est ingénieur des ponts et chaussées, mais elle appartient au monde des riches. Vingt ans plus tard (trente en réalité), il la revoit mariée à un journaliste bien placé dans le milieu économique. Leur relation à trois va compliquer sérieusement le progrès de la tour qui sera soumise à l’hostilité des Parisiens, des journalistes et des banquiers. Eiffel devra y investir sa fortune personnelle pour achever les travaux : soit près de 8 millions de francs or. Si la Tour ne s’élève pas, il perdra tout, à commencer par sa réputation. Elle s’élèvera pourtant avec tous ses composants de fer, et l’on assiste au rêve d’Eiffel qui se réalise, au rivet près : 2 500 000 qui unissent les poutrelles majestueuses. Elles sont toujours là. Romain Duris, qu’on a vu dans L’Ecume des jours avec Audrey Tatou (2013) et Dans la brume de Daniel Roby (2018), incarne Gustave Eiffel avec force. Il en a l’énergie, l’esprit cartésien et le cœur en feu, rallumé par son ancienne passion. Celle-ci a les traits d’Emma Mackey, la petite fille riche qui s’est éprise d’un beau ténébreux, le rôle phare de son partenaire dans une cinquantaine de films. Elle joue son rôle à la perfection, et si le réalisateur Martin Bourboulon l’a choisie, c’est parce qu’elle représente pour lui une actrice rock et romantique, qui sait jouer des yeux et des larmes pour faire fondre les cœurs. Le réalisateur en est à son troisième film après Papa ou Maman 1 et 2 (2016). Une belle réussite. Avis – Un mélodrame sensible sur la construction de la « vieille dame de fer » emblématique de Paris. Tout le monde y trouvera son compte : les amateurs d’histoire et ceux qui préfèrent la romance. On verra désormais la tour Eiffel comme un grand A, l’initiale d’Adrienne. Michel Lequeux


UNE ASSOCIATION DES PRODUCTEURS BELGES APRÈS LE COVID Les sociétés de production-distribution se regroupent en Belgique sous la bannière d’O’Brother. Artemis, Frakas, Tarantula et Gapbusters rejoignent Versus dans le capital de la société créée en 2009 par Jacques-Henri Bronckart. Cette association des producteurs belges va renforcer la distribution des films dans le Benelux. L’alliance va permettre d’élargir la distribution à 25 films par an issus des productions belges. Ou encore de faire de nouvelles acquisitions sur les marchés internationaux. L’appartenance au cinéma belge restera donc le fer de lance pour O’Brother qui offre depuis plus de dix ans un cinéma de qualité « made in Belgium ». Outre la plupart des films produits par Versus, O’Brother a distribué pas moins de 105 films, dont Le Grand Bain de Gilles Lelouche, Au nom de la terre d’Edouard Bergeon, Insyriated de Philippe Van Leeuw et, plus récemment, Jumbo de Zoé Witlock, Mandibules de Quentin Dupieux ou le documentaire Un pays qui se tient sage de David Dufresne. Cette année, O’Brother est à Cannes avec Titane de Julia Ducournau, De son vivant d’Emmanuelle Bercot et Cette musique ne joue pour personne de Samuel Benchetrit. Avec son capital de 25 films par an en sortie nationale et un catalogue de 165 films à son actif, O’Brother est prêt à affronter le marché audiovisuel 2.0. Sur ces 25 films, 15 à 20 seront le lot des nouveaux partenaires qui le rejoignent. Les partenaires Versus Production, né en 1999 dans les bras de Jacques-Henri Bronckart, soutient les jeunes talents de sa génération. La société a accompagné de nombreux réalisateurs émergents dans leurs premiers pas vers le long-métrage de fiction. Depuis sa création, Versus a permis à une quinzaine de films belges de porter leur belgitude à l’écran, comme Les premiers les derniers, Eldorado et Les géants de Bouli Lanners, Duelles d’Olivier Masset-Depasse, A perdre la raison de Joachim Lafosse, Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgers ou Filles de joie de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich. Versus montre aussi son intérêt pour les coproductions internationales (Indigènes de Rachid Bouchareb ou The Room de Christian Volckmer), sinon un goût prononcé pour les réalisateurs flamands : De Patrick de Tim Mielants par exemple. Artemis Productions Depuis sa création en 1994, Artemis a produit et coproduit plus de 150 films (longs-métrages de fiction belges et coproductions, courts-métrages, documentaires, téléfilms et séries) et son catalogue est illustré par des productions variées : Lucas Belvaux, Chantal Akerman, Raoul Peck, Tom Hooper, Elia Suleiman, Nabil Ayouch, Jacques Doillon, Guillaume Canet et Dany Boon pour ne citer qu’eux. Outre son activité de producteur au sein d’Artemis, Patrick Quinet, qui dirige la société, a été président de l’Union des Producteurs


Francophones de Films (UPFF) de 2001 à 2015. Depuis 2010, il est également créateur et président de l’Académie André Delvaux qui initie les Magritte du Cinéma. Enfin, il a œuvré avec Stephan De Potter, Luc et Jean-Pierre Dardenne et le concours de la Fédération Wallonie-Bruxelles, à la réouverture en 2018 du cinéma Palace au cœur de Bruxelles. Tarantula Belgique Etablie en 1996 par Joseph Rouschop, c’est une des principales sociétés indépendantes de production en Belgique francophone. Tarantula a produit ou coproduit plus de 50 films qui ont participé aux plus grands festivals internationaux, parmi lesquels Pompéi d’Anna Falguères et John Shank (Berlin 2020), Bitter Flowers d’Olivier Meys (Pusan 2017), Baden Baden de Rachel Lang (Berlin Forum 2016) ou Miss Marx de Susanna Nicchiarelli (Venise Compétition 2020). Tarantula produit actuellement le nouveau film de François Pirot, La vie dans les bois, avec Jérémie Renier, Suzanne Clément et Samir Guesmi. Frakas Production Fondée en 2007 par Jean-Yves Roubin, Frakas Production cherche à défendre un cinéma audacieux, moderne et subversif. Elle compte dans son catalogue Grave de Julia Ducournau, Seule à mon mariage de Martha Bergman, Girl de Lukas Dhont (Caméra d’Or à Cannes en 2018), Atlantique de Mati Diop (Grand Prix du Jury de Cannes 2019), Vivarium de Lorcan Finnegan (Semaine de la Critique 2019), Exil de Visar Morina (Sundance et Berlin 2020) et La fille au bracelet de Stéphane Demoustier (César du meilleur scénario 2021). Frakas travaille actuellement sur de nombreuses productions, dont Titane qui vient de remporter la Palme d’or à Cannes. Gapbusters Production Fondée en 2015, Gapbusters se concentre sur la coproduction de films à forte visibilité commerciale. Elle est associée à Frakas Production, Tarantula et le Pôle Image de Liège (PIL), un consortium de prestataires de services audiovisuels. La première coproduction de Gapbusters, Les filles du soleil d’Eva Husson, a été sélectionnée au Festival de Cannes en 2018. Depuis, Gapbusters a participé à de nombreux projets internationaux comme Il primo Re de Matteo Rovere, Freaks Out de Gabriele Mainetti, Sons of Philadelphia de Jérémie Guez avec Matthias Schoenaerts, actuellement diffusé dans les salles, ou encore Sous les étoiles de Paris de Claus Drexel avec Catherine Frot et Tout nous sourit de Mélissa Drigeart. Espérons que ces associations qui visent à recentrer la production ne soient pas le fruit du Covid 19 et qu’elles ne signent pas la restructuration de notre cinéma après la période du confinement par laquelle elles sont passées. Comme les banques ou certaines chaînes de magasins. Article écrit d’après le communiqué de presse d’O’Brother Distribution. Michel Lequeux


CD : ROOTS La star montante du violon, Randall Goosby, sort « Roots », une exploration de la musique écrite par des compositeurs de couleur et inspirée de la culture afro-américaine. L'album se veut un hommage aux pionniers qui ont ouvert la voie à Goosby et à sa génération de jeunes artistes, tout en se tournant vers l'avenir. Au menu, une œuvre spécialement commandée au compositeur du New Jersey Xavier Dubois Foley et intitulée « Shelter Island ». Le duo s'est rencontré pour la première fois au concours Sphinx 2010 à Detroit (Michiga) et au cours duquel Goosby est devenu l e plus jeune musicien à remporter la première place de la division junior. Un an plus tard, le binôme s'est retrouvé à Shelter Island (New York) en tant que participants au programme de musique Perlman. Au fur et à mesure que leur amitié s’est développée, l'œuvre contemporaine inspirée du bluegrass et du R&B s'est accentuée. Produit par le producteur de l'année Grammy 2021, David Frost, la sortie de ce disque comprend également des enregistrements en première mondiale de la musique de Florence Price, qui a récemment bénéficié d'une reconnaissance renouvelée à travers le monde. Cette compositrice est entrée dans l'histoire en tant que première femme afro -américaine à avoir vu sa musique interprétée par un grand orchestre américain en 1933 mais, après sa mort, sa musique est tombée dans l'oubli. En 2009, plusieurs de ses partitions ont été sauvés in extremis de la destruction, dont deux « Fantasies » et « Adoration » enregistré ici au violon pour la première fois.Le présent CD comporte également des morceaux de Coleridge - Taylor Perkinson, Jascha Heifetz, William Grand Still et Maud Powell. Label Decca – 19 titres Sam Mas

CD : ROGER ROGER Enfin une anthologie en CD consacrée entièrement à Roger Roger (1911-1995). L’homme a été un compositeur et chef d’orchestre reconnu pour son talent. Il a énormément écrit pour les professionnels du cinéma, de la radio et de la télévision avec des morceaux qui ont servi à illustrer des documentaires et les actualités projetées avant le long métrage. Voilà donc un disque qui revient sur une partie de son (immense) carrière et qui met à disposition d’un vaste public quelques extraits de l’œuvre particulièrement féconde de ce musicien sympathique et exceptionnellement doué. Ce volume reprend vingt-six enregistrements dirigés par le compositeur lui-même et qui datent des années 40 – 50, mettant notamment en valeur deux remarquables solistes de l’époque, l’excellent harpiste Freddy Alberti et le violoniste Vicente Morgagne, qui déploie sa belle virtuosité dans « La danse des oiseaux », clin d’œil amusé à la célèbre « Alouette » de la « Rhapsodie Roumaine n°1 » de Georges Enesco. Label Orphée 58 – 26 titres Sam Mas


SIGNAUX D’ALERTE Alors que la pandémie frappe de plein fouet tous les continents, ce livre tombe à point nommé pour revenir sur les catastrophes qui cognent à la porte nos existences et qui dérangent l’ordre établi du monde. Depuis plusieurs années, nous ne pouvons pas demeurer insensibles aux signaux qui nous viennent de partout et qui devraient susciter notre vigilance. Pour étayer d’exemples concrets son ouvrage, Frédéric Keck propose une relecture des grandes crises sanitaires qui ont frappé notre monde depuis deux décennies. Les catastrophes ne sont pas, selon lui, que sanitaires ou environnementales, elles se jouent également au niveau des crises politiques et sociales. Si le débat est ouvert dans certains pays, il donne lieu à peu de décisions concrètes, reportant à demain l’urgence de la mise en place de mesures idoines. Par frilosité ? Par manque de courage décisionnel ? Par apathie ? In fine, cet essai pose la question que voici : Comment les humains peuvent-ils saisir l’occasion des crises telle que celle que nous vivons et des signaux d’alerte qu’elles envoient pour repenser les conditions du contrat social qui permet d’habiter avec les autres vivants de façon juste dans un environnement irrémédiablement perturbé ? Trois parties composent cet ouvrage : « Théories », « Cas » et « Fictions ». Ed. Desclée de Brouwer – 230 pages Sam Mas

CORRESPONDANCE – JACQUES MARITAIN / LOUIS MASSIGNON Jacques Maritain a été un fervent défenseur d'une éthique fondée sur la loi naturelle et la concevait comme enracinée dans la nature humaine. Il a notamment été ambassadeur de France au Vatican. Toute sa vie, il s’est employé à dénoncer la récupération de certaines valeurs spirituelles par des doctrines. Louis Massignon a été un islamologue catholique français qui a contribué à une meilleure connaissance chez nous de cette religion alors principalement vécue dans le Maghreb et une partie de l’Asie. Pour beaucoup, il a été à l’origine du dialogue interreligieux. Le présent ouvrage rassemble le courrier qu’ils ont échangé durant près d’un demi-siècle. Il s’étale de la veille de la première guerre mondiale jusqu’à celle d’Algérie. Nourris d’une foi authentique, leurs échanges témoignent de leur propension à faire connaître l’amour christique en s’appuyant sur un raisonnement personnel. Jacques Maritain encourageait la découverte des mouvements artistiques pour renforcer son admiration concernant le Beau et le Divin et veillait toujours à fournir des explications claires et raisonnées. Quant à Louis Massignon, il pratiquait une croyance issue de Joris-Karl Huysmans et de Charles de Foucauld, proche de la croix du Golgotha, rappelant le sacrifice ultime du Messie dans la douleur et l’abandon tout en se chargeant de dénoncer les exactions commises un peu partout et dont les victimes étaient pour lui les gens broyés par l’ordre colonial. Malgré des divergences dans leur manière de penser, une vision tragique de l’histoire commune et le besoin de saisir un bâton de pèlerin les ont amenés à s’écrire sans relâche et en toute fraternité. Leur correspondance témoigne d’une époque mais également de ses préoccupations. A titre d’exemple puisé parmi beaucoup d’autres, Massignon s’inquiétait déjà du sort réservé aux Palestiniens ! Ed. Desclée de Brouwer – 893 pages Sam Mas


ANATOMIE DU FAIT DIVERS Le fait divers galvanise les passions, fait vendre les journaux, rythme l’existence. A toutes les époques, la population s’est accrochée à la remorque de ceux-ci, avide d’informations scabreuses, de crimes crapuleux, de rumeurs colportées par la foule et de phénomènes anormaux. Bob Garcia revient sur la nature et l’évolution de ces éléments de société qui exaltent les esprits, engendrent mille terreurs, titillent les fantasmes les moins avouables et entretiennent le feu de la curiosité. Apparu entre 1883 et 1888, le terme définit les nouvelles éparses qui traversent le monde : petits scandales, accidents, crimes épouvantables, suicides d’amour, vol à main armée, invasion de sauterelles, etc. Il devient une composante à part entière de la société, révélateur des turpitudes d’une époque. Aujourd’hui, on l’associe volontiers à une portée d’informations sans incidences vraiment capitales, mais provoquant néanmoins un sentiment paradoxal de rédhibition et de fascination. L’auteur s’est attelé à analyser ce qui caractérise le fait divers, à le replacer dans son contexte historique et à saisir de quelle manière il a évolué au fil des décennies pour aboutir de nos jours à, sans doute, une surexploitation via les réseaux sociaux. Les fake news s’en nourrissent et la télévision en fait ses choux gras. Le décryptage se veut ici drôle, inquiétant et richement commenté à partir d’exemples concrets. On ne peut pas le nier : aujourd’hui, le fait divers se situe à un clic de souris et plaît toujours autant ! Ed. Desclée de Brouwer – 272 pages Daniel Bastié

LA GOULUE Ce personnage est associé au Paris festif, au Moulin de la Galette et au Cancan. Il pourrait s’agir d’un personnage sorti du film « Casque d’or » de Jacques Becker, alors qu’il n’en est rien. Louise Weber est née en 1866 à Clichy et a été immortalisée par le peintre Toulouse-Lautrec, qui a fait passer son portrait à la postérité. Exhibée dès l’âge de six ans sur les tables afin de la faire danser sous les applaudissements, son avenir semblait tracé. Devenue blanchisseuse, elle refuse cette condition et cherche à fréquenter le beau monde. Peu à peu, elle parvient à s’imposer dans le milieu mondain, tutoie Victor Hugo, le prince de Galles, Pierre-Auguste Renoir, le shah de Perse, le baron de Rothschild, etc. Ensuite, elle passe danseuse professionnelle avant de se spécialiser dans le Cancan. Il est raconté que, en déambulant de table en table pour vider les verres, cette habitude lui a valu le sobriquet de « Goulue ». Le Moulin Rouge consacre son talent à réaliser le grand écart et l’adoube définitivement. Octave Mirbeau parle d’elle en ses termes : « La Goulue, il faut lui rendre cette justice, est une assez belle grosse fille, épaisse, colorée qui exerce son sacerdoce avec une tranquillité remarquable. Elle plane imperturbable au-dessus de la foule maladive de ses fanatiques. Elle sait ce qu'elle est, ce qu'elle vaut, ce qu'ils valent et, sereine répand autour d'elle l'ordure à pleine bouche quand elle ne mange pas. Quand elle mange, le mot ordurier qui sort alterne avec la bouchée qui entre. C'est cette brutalité radieuse qui est son seul esprit. » Un avis à prendre pour ce qu’il est ! Enfin, elle termine dompteuse de fauves, avant de sombrer dans la misère et l’oubli. La faute aux années qui impitoyablement s’accumulent et altèrent la joliesse des êtres pour les faner. A partir du journal intime de l’intéressée, Maryline Martin s’est exécutée à retracer son parcours fait de hauts et de bas et revient sur sa personnalité qui a chamboulé toute une époque, faisant d’elle une figure libre, fantasque, généreuse et attachante. Ed. Le Rocher Poche – 230 pages Daniel Bastié


REIKILLER Didier, gendarme à la brigade de recherches de Sarlat, n’a pas la vie facile. Il a été chargé par sa hiérarchie de retrouver la trace de touristes allemands disparus. Selon certaines rumeurs, un rôdeur psychopathe rôderait dans les bois environnants. Sur le plan privé, il vit avec Jenny, une acrobate de grande virtuosité. Leur petite fille Luna souffre d’une tumeur cérébrale qui ne laisse que peu de chance à l’enfant de survivre. Alors, contre mauvais vents, ils réagissent avec les moyens du bord. Il s’enfonce obstinément dans ses investigations pour oublier autant que pour mettre sous les verrous le forcené qui serait à la base des disparitions. Quant à la maman, elle refuse d’abandonner tout espoir et secoue ciel et terre pour qu’un miracle se produise. Face au mutisme des médecins, elle accepte l’aide de Virginie, la patronne du cabaret qui l’emploie et qui pratique le reiki, une technique de guérison issue du fond des âges et basée sur les flux d’énergie. Travaillant son récit au cordeau, Laurent Philipparie plante de solides bases pour un thriller obsédant et romanesque porté vers la quête de soi, la rédemption et la solitude. A travers les malheurs d’un ménage, il fait dialoguer la menace qui plane sur le pays à travers le souffle d’un meurtrier invisible qui appose sa petite musique grinçante. En évitant les clichés, il prouve qu’on peut écrire en France un bon roman noir en étant original. Ed. Plon – 326 pages Paul Huet

POURQUOI NOUS ? La comédienne Astrid Veillon est aussi une autrice sensible, chargée d’un joli sens de la narration. Avec ce roman, elle nous fait rencontrer Charly, un navigateur souvent absent pour ses expéditions en mer, et Lucy, une actrice en vogue. Lors de l'anniversaire d'un ami commun, leur quotidien se croise. Dès le premier regard, ils comprennent que le destin les appelle et que, malgré leur existence à l’opposé l’une de l’autre, ils ne doivent plus se quitter. On peut parler d’un coup de foudre. Bien entendu, il n’existe pas d’histoire sans rebondissements et les failles, mystères et secrets se donnent bien vite rendez-vous pour endiguer cette romance. Derrière une idée de départ fort simple, ce récit déploie une vitalité incontournable, distille des émotions, prend à la taille et entraîne le lecteur loin des stéréotypes liés à ce genre d’aventure. « Pourquoi nous ? » est à la fois unique et universel et de nombreux amants pourront s’y reconnaître. Leurs étreintes sont ici dévoilées par touches successives, avec un grand souci du détail, sans chercher à écorner quoi que ce soit et en veillant à respecter la noblesse des sentiments. Avec des mots très justes, Astrid Veillon parle également de la relation mère-enfant. Enfin, l’existence est présente pour imposer des haltes obligées et permettre de comprendre de quelle manière il convient d’appréhender les événements. Ed. Plon – 262 pages Daniel Bastié


AU COEUR DES ROYAUTÉS Jean des Cars est (on s’en doutait) le fils du romancier Guy des Cars. Journaliste pour divers grands quotidiens (Paris Match, Le Figaro, etc.), il est également réputé pour sa propension à vulgariser l’histoire et son admiration pour les royautés européennes, sans doute parce que les siens descendent d’une des plus vieilles familles de France, originaire du Limousin, et que le sujet fédère chez lui une admiration sans bornes. « Au cœur des royautés » nous propose un voyage à travers le temps pour tutoyer celles et ceux qui ont marqué leur époque d’un sceau indélébile, faisant entrer certains patronymes dans la légende. Avec sa verve de conteur, l’auteur brosse le portrait de visages prégnants tels que Cléopâtre, Théodora, le roi Arthur, Marie-Antoinette, Gabrielle d’Estrée, Sissi, etc. en soignant le style et le fond. Ici, pas de grandes démonstrations rhétoriques. Le lecteur est happé par la main et amené à suivre des destins condensés, mais qui permettent de découvrir l'Histoire sous un regard loin de tout ce qui est enseigné sur les bancs d’école. Les femmes y jouent une place prépondérante, obligées de se battre dans une société patriarcale afin de préserver l'héritage familial pour le transmettre à leur descendant ou sauver la patrie d'un démantèlement. Bien entendu, le choix des moyens usités diffère. Certaines savent faire preuve d’humanisme, tandis que d’autres s’accrochent aux rennes du pouvoir en se rendant coupables d’actes difficilement excusables aujourd’hui, n’hésitant jamais à pratiquer le meurtre, la trahison ou le sacrilège. Une galerie édifiante dressée par une plume aussi savante que vivante. Ed. Perrin – 394 pages André Metzinger

MAÎTRESSES ET FEMMES D’INFLUENCE Par le passé, certaines femmes ont joué un rôle capital dans notre société, étant de tous les combats, prêtes à changer de destin, à conseiller leur époux ou amant. Robert Schneider a exhumé dix d’entreelles pour retracer leur existence. Se succèdent donc Marie Walewska, la duchesse de Dino, Sophie Dosne, Virginia de Castiglione, Léonie Léon, Jeanne Bibesco, Berthe Cerny, Mar-guerite Baldensperger, Thérèse Peyrera et Hélène de Portes. Certains noms vous diront sans doute quelque chose. Leur point commun : se trouver au cœur du pouvoir politique depuis 1789 ! la plupart ont vécu à une période où les décisions étaient dictées par les hommes et où la femme ne jouait aucun rôle dans la vie publique. La loi salique veillait à leur interdire toute fonction de ce type. Pourtant, certaines ont rempli une vraie fonction. Cet ouvrage raconte dix récits de vie où se tordent passions, ambitions, trahisons, souffrances et drames. Dix tracés singuliers de dames qui ont inscrit leur ADN dans l’Histoire ou qui l’ont côtoyée d’extrêmement près. De l’épopée napoléonienne à la seconde guerre mondiale, l’auteur revient sur ces influenceuses de talent et montre à quel point leur sagacité a pu modifier le cours de la vie. Des êtres de chair, mais séductrices et intelligentes dont le souvenir est à exhumer de toute urgence. Ed. Perrin – 316 pages Amélie Collard


LA RIVIÈRE Il n'y a pas à dire, « La Rivière » remplit son contrat. L’écriture est sérieuse et sans esbroufe. Wynn et Jack sont étudiants. Ils décident d’affronter une nature hostile en s’offrant une balade à bord d’un canoë. La descente est bien préparée et tous deux disposent de connaissances suffisantes pour maintenir le cap jusqu’à bon port. Les rapides feront monter l’adrénaline et vivre pareille expérience ne peut que souder davantage des liens d’amitié extrêmement forts. En quittant la berge, ils ignorent que les éléments vont se déchaîner et les embarquer dans une aventure cauchemardesque. Un gigantesque feu de forêt endigue leur progression et se met à les menacer frontalement. Pour échapper aux flammes, ils doivent pagayer ferme et prendre un maximum de distance. Leur survie se joue dans la célérité. Peter Heller pose un roman obsédant qui joue la carte de la tension, avec un récit profondément humain en communion avec la beauté des paysages environnants dévorés par un brasier incandescent. Il insuffle un rythme qui part de l’observation des jeunes gens, qui comprennent immédiatement le danger et qui savent qu’ils n’auront pas droit à l’erreur, tout en misant l’histoire sur un découpage strict qui alterne suspense, instants d’euphorie ou d’espoirs, rebondissements et détermination. Ed. Actes Sud -296 pages André Metzinger

LA CLAUSE PATERNELLE Voilà un titre né sous la plume de Jonas Hassen Khemiri, considéré comme l’un des plus importants écrivains suédois actuels. Dépeignant avec truculence les attaches familiales, il brosse un microcosme qui renvoie le lecteur dans le giron du cercle étroit qu’il forme avec les siens. Des liens ténus qui sont inexorablement secoués par le train de l’existence en mouvement et soumis au tangage des passions, des égocentrismes et des priorités nombrilistes. L’occasion de présenter ses civilités à une famille lambda, avec un raté pathologique en guise de fils et une fille enceinte jusqu’aux yeux d’un pauvre déglingué. Puis, il y a le père. Le seul à être parfait selon ses critères. Mais que vaut son estime de soi pour les autres ? La trame du récit naît de l’idée que le fils décide de remettre en question l’autorité de son géniteur et de négocier la fameuse clause paternelle. Pas aussi facile à faire admettre qu’à en formuler l’énoncé ! Un solide doigté est nécessaire pour s’essayer à pareil thème et l’auteur l’assure avec maestria, provoquant le chaos et suscitant en même temps de l’hilarité, Puis, on se surprend en songeant à l’imbroglio et en se répétant que, peut-être, il pourrait s’agir des nôtres. Le roman a été traduit en français par Marianne Ségol-Samoy, sans qui nous n’aurions pas pu profiter de ce futur classique. Ed. Actes Sud – 359 pages Amélie Collard


VAN KROETSCH - LES FAIRE TAIRE À JAMAIS L’action se profile de nos jours. Bruxelles prend vie sous la plume de Marc Meganck. Comme au cinéma. Comme dans une série bis tellement prisée par le public. Avec un rythme trépidant. Des rebondissements qui (pléonasme oblige) ne cessent pas de rebondir. Un polar au parfum de meurtre urbain qui sent la sueur et se targue de caresser l’actualité, avec trafics divers, défiance et quiproquos qui conduisent au sang amené à couler. Par un malheureux concours de circonstances, Van Kroetsch est enfermé dans un immeuble parmi près de cent cinquante parias. En sortir ? Un pari impossible. Puis un meurtre devient l’opportunité de renouer avec l’extérieur. Enquête atypique, « Les faire taire à jamais » se caractérise par un style serré, des dialogues acérés et un tempo enfiévré. En toute discrétion, le flic Van Kroetsch n’a pas d’autre choix que de faire son boulot pour que justice soit rendue. Faux-semblants, souvenirs douloureux et nouvelles rencontres se conjuguent dans une sarabande désespérée. Un livre placé sur la liste des livres conseillés pour l’été ! Ed. Lamiroy – 203 pages Sylvie Van Laere

EXORCISME À BERCHEM SAINTE AGATHE Pourquoi faire compliqué lorsqu’on peut agir différemment ? Alain Magerotte a pris un plaisir fou à jongler avec les stéréotypes. En lecteur averti et en cinéphile patenté, il brosse un drôle de portrait de la commune dans laquelle il réside depuis toujours, en grattant tout ce qui chatouille et en présentant un récit à lire au trente-sixième degré. Rien n’est vrai et pourtant … Et si le patron de l’Enfer avait décidé d’élire domicile non loin de la place Docteur Schweitzer ? Et si une adolescente devenait sa proie ? Et si … ? Il s’agit avant tout d’un roman teinté de fantastique, avec des personnages atypiques, des comportements qui n’entrent dans aucun casier, des événements qui se succèdent et une écriture qui louche entre clins-d ’œil et confidences. Dès les premières pages, le lecteur est pris à témoin, attrapé par la main et entraîné dans le dédale des rues qui tracent des lacets à travers le territoire. En cours de balade, on croise Miche, Josip Kraspek, Henri Balavoine, Loïc Lemerdeux, Rachel … des icones locales ! Après une présentation express, on prend le train en marche et, sans tenter de décrypter quoi que ce soit, on passe d’un rôle passif à celui de spectateur. Ambiance ! L’auteur tient les rênes de son récit de A jusque Z, flirte avec l’humour et prouve (faut-il le préciser ?) qu’il maîtrise les classiques de l’horreur. Ce livre nous fait également découvrir la petite commune de Berchem Sainte Agathe réputée pour … ses exorcismes ! Non, ça c’est pour rire ! Ed. Lamiroy – 110 pages Daniel Bastié


MISSION EXPO 67 Elle, c'est Mac Guffin. Rien que Mac Guffin ! Lui, c'est Alan Smithee, mais il ne s’agit pas de son vrai patronyme. Ensemble, ils forment une paire détonante d'agents très spéciaux œuvrant au sein de la S6 (Section Spéciale des Services Secrets et de la Sécurité Supranationale), une organisation qui veille au maintien de l'équilibre mondial. Dans le cadre de leur première aventure, ils sont tous deux envoyés au Canada pour participer à l’Exposition universelle de Montréal. En cette année 67, les visiteurs sont légion, pressés de découvrir les nouvelles technologies et les avancées architecturales, vitrines des pays invités à l’événement. Néanmoins, une ombre oblitère le tableau. Parmi les millions de touristes qui flânent le long des travées, un homme détient un secret qui pourrait plonger le monde dans le chaos. En se mêlant à la foule, notre couple reçoit pour mission de repérer au plus vite l’inopportun et de le mettre hors d’état de nuire. Duguay et Viau jouent la carte de la parodie en appuyant sur l’accélérateur du vintage revendiqué, avec une parfaite maîtrise de leur récit, mais également de la reconstruction de toute une époque à partir de costumes sixties, de voitures aujourd’hui classées et de couleurs pop. Un livre qui sent bon l’odeur des films d’autrefois ! Ed. du Tiroir – 64 pages Julie Plisnier

OPÉRATION GRANDE ZOHRA Ils sont un peu les chapeaux melon et bottes de cuir de la bédé moderne. Flanqué d’un smoking impeccable, Alan Smithee se la joue un peu James Bond et OSS117 façon Jean Dujardin, tandis que MacGuffin incarne la femme d’action, mi-starlette de magazines et mi-castagneuse de choc. En duo, ils affrontent tous les dangers pour servir au mieux leur employeur. A savoir une section spéciale de renseignements des services secrets connue sous les initiales S6. Toujours dans le cadre de l’Expo internationale de 67 à Montréal, les représentants de différents états paradent dans les rues de la métropole. Ministres, rois, princes … tous sont immortalisés à travers l’objectif des photographes venus spécialement couvrir l’événement. Comme si rien ne pouvait aller correctement sur terre, nos deux héros sont informés par leur hiérarchie qu’un attentat a été planifié pour éliminer l’un des hauts dignitaires des pays invitées. Ils doivent à tout prix déjouer cet assassinat en mettant la main sur le ou les initiateurs du projet. Il en va de la réputation nationale autant que sur la crédibilité des services de renseignements. Bien entendu, le temps joue en leur défaveur. Le guet-apens peut se refermer n’importe où et n’importe quand. Suspense, action et … humour se conjuguent pour une bédé bien dans l’esprit de la série initiée par le tandem Duguay-Viau, très à l’aise dans le registre parodique et dans le second degré. Jolie découverte à lire au bord d’une piscine ou sur sa terrasse ! Ed. du Tiroir – 64 pages Julie Plisnier


DU CÔTÉ DE PONDICHÉRY Sur fond de Second Empire, Dominique Marny tisse les liens qui unissent deux jeunes femmes qui refusent de ployer sous les impératifs de leur temps. La première se prénomme Juliette et vit dans le plus célèbre comptoir français qu’est Pondichéry. Créole, elle s’adonne à la peinture pour échapper à sa condition et s’éprend d’un ingénieur agronome français de son âge. A deux, ils aspirent à évoluer loin des jalousies et des préjugés. De son côté, Manon, fraîchement débarquée, s’éprend d’un navigateur solitaire et taiseux. Ce récit qui procure un vaste souffle de dépaysement et d’exotisme parle essentiellement d’amour et d’émancipation. Délestées des droits acquis lors de la révolution de 1789, la gent féminine se retrouve brusquement rabroué dans ses désirs d’indépendance, renvoyée dans le giron d’un père, d’un frère ou d’un époux. L’auteur invite les lecteurs à entrer de plein pied dans l’Histoire et à s’en imprégner jusqu’à plus soif, en accumulant les descriptions qui exhalent l’odeur des entrepôts chargés d’épices, des champs aux mille senteurs, des temples millénaires, des rapports commerciaux entre gens de la métropole et locaux. La fresque est soignée, avec une langue limpide et de jolies descriptions au service d’une double histoire d’amour qui annihile les frontières et qui fait office de saga. Un roman qui tient ses promesses. Ed. Presses de la Cité – 474 pages Paul Huet

UN ÉTÉ D’OMBRE ET DE LUMIÈRE La Gironde légendaire et ses vignobles réputés. Voilà le décor du dernier roman de Martine Delomme ! Dans ce lieu unique, Juliette Leroux évolue en retenant tous les regards. A la fois maire et responsable du domaine familial des Alizés, elle doit faire bonne figure malgré les avanies qui la bousculent : un mari inconstant, la disparition inexpliquée de sa sœur adorée six ans plus tôt et des responsabilités qui l’épuisent. Alors qu’elle aspire à un peu de sérénité, la découverte d’une chaînette appartenant à Fabienne relance l’enquête. Que s’est-il vraiment passé et pourquoi les investigations ont-elles été classées rapidement ? Faute de preuves, de suspect, de mobile ? Du coup, un nouveau tsunami s’abat sur elle. On ne sort jamais indemne d’un drame. Entre révélations, critiques, jalousies et méchanceté, rien ne lui est épargné. Il y a également des secrets de famille qui émergent. Ouvrir la boîte de Pandore équivaut à inviter le Diable à sa table. Il s’agit à la fois d’un récit régional et d’un polar, rédigé avec une lenteur assumée pour imposer un climat lourd qui oblitère un été que tout le monde espérait radieux et charmant. Ed. Presses de la Cité – 435 pages André Metzinger


DES DIABLES ET DES SAINTS Le passé qui marque le présent d’un sceau indélébile : le sujet n’est pas neuf, mais Jean-Baptiste Andrea l’affranchit d’un ton personnel, en racontant l’histoire de Joe, un vieil homme qui interprète du Beethoven sur la nacre du clavier des pianos publics et qui semble attendre quelque chose. Un musicien extrêmement brillant et qui s’est toujours abstenu de fréquenter les salles de concert afin de s’y produire. L’opportunité de revenir sur son enfance dans un orphelinat où il a enduré mille douleurs, un temps de transition en attendant de devenir adulte et chargé de souvenirs qui font mal : coups et humiliations, mais également amitiés sincères et cours de solfège avec monsieur Rothenberg. Puis, il y a eu Rose, un amour sincère mais éphémère, belle fille mais issue d’un milieu trop bourgeois pour concevoir des projets durables avec un garçon tel que lui. Sans misérabilisme, l’auteur égrène les années disparues et dépeint des personnages très incarnés qui, parfois, paraissent émerger d’une série télé ponctuée de grands élans de pudeur, de ténacité, de poésie et de cruauté. Un récit sombre tout en étant empreint d’une musicalité parfaite, chargé d’un tempo de valse qui emporte et fait tournoyer les esprits. Si Joe joue, ce n’est pas pour être connu, mais surtout reconnu ! Ed. L’Iconoclaste – 364 pages Amélie Collard

KEROZÈNE Après le succès de « La vraie vie » (prix Victor-Rossel 2018), Adeline Dieudonné était attendue au tournant. Un défi qu’elle entendait relever avec sérénité, sans jamais renoncer à son ton franc ni à sa sincérité. Une fois encore, elle nous livre un roman difficile à classer, au ton rude et paradoxalement familier. Elle use d’une structure narrative en forme de puzzle, avec quinze personnages confrontés aux aléas de l’existence dans une station service le long de l’autoroute, sous la lumière crue des néons et où tout sent le kérozène. Puis, lentement, les événements dérapent dans la violence née des rapports de domination, la lutte des classes, et les pulsions qu’on ne parvient pas à cadenasser lorsque la tension s’exacerbe. Comme dans son roman précédent, les codes sont à nouveau mis à mal de manière radicale, mais avec moins d’empathie pour ses protagonistes, comme s’il existait un décalage fait pour mieux nous confronter à la dure réalité d’un monde hostile. Heureusement, quelques touches d’humour apportent des instants de lueur bienvenue. Au demeurant, « Kérozène » peut être présenté comme une parade qui laisse défiler des formations éparses, qui marchent au pas mais qui se targuent de leur individualisme et qui jamais n’entendent faire œuvre commune. Un peu comme une série de nouvelles possédant un fil rouge. Certains paragraphes font enfin songer à du Quentin Tarantino ? Pas le moindre hommage ! Ed. L’Iconoclaste – 257 pages Daniel Bastié


UN OISEAU MIGRATEUR Un oiseau migrateur est un volatile qui, selon la définition et en fonction des saisons, migre d’une zone de reproduction vers une zone d’hivernage afin de s’alimenter. Bien sûr, le roman de Fariba Vafi ne s’attarde pas à nos amis ailés, mais use de cette expression pour nous raconter l’histoire d’une femme iranienne, maman de deux enfants et mariée à un homme qui ne l’apprécie pas à sa juste valeur. Alors, elle rêve de liberté ! Le quotidien en couple peut-il être poursuivi alors que son regard scrute l’horizon, à la recherche d’un ailleurs où elle pourrait connaître le bonheur, à des lieues des restrictions imbriquées dans la religion et la tradition, des déménagements fréquents et de sa condition dans une société qui lui nie certains droits élémentaires ? Il s’agit d’un livre qui donne la parole à un protagoniste qui nous fait partager ses tâches journalières, ses hantises, ses phobies mais également les espoirs maternés en cachette. Ici, chaque rêve devient un oiseau qui déploie ses ailes et s’envole vers le lointain. Alors qu’on pourrait croire à un ouvrage pessimiste, il n’en est rien. Toute la rage prend corps par l’intermédiaire d’un style enlevé, grinçant et jamais démuni de poésie. Sorti en 2002, « Un oiseau migrateur » a obtenu de multiples récompenses et a été traduit dans de nombreuses pays (Angleterre, Allemagne, Turquie, etc.). Il s’agit ici de sa première transposition en français. Un travail de bénédictin réalisé par Christophe Balaÿ avec des mots de feu. Ed. Serge Safran – 186 pages Daniel Bastié

MILADY LA NUIT Les hôtesses de la nuit possèdent cette propension à faire fantasmer les mâles. Des créatures qui s’offrent aux paumes si affinités, mais dont le rôle vise à faire consommer une clientèle en la maintenant le plus longtemps possible dans des bars spécialisés. Lors d’une virée pas comme les autres, Cyril et Paul, deux copains de lycée, se retrouvent face à la séduisante Milady, alias Marie-Hortense le jour. Une vraie vamp ! Elle accepte de s’installer chez eux, profite du luxe qui lui est offert, trouve ses repères et se laisse séduire par l’un des garçons. Du moins, c’est ainsi que tous deux voient la situation. Puis, sans crier gare, elle se volatilise en emportant une partie de leurs avoirs. Pourquoi ? Ils décident de retrouver sa trace, afin d’obtenir des explications. Ils atterrissent en Bretagne, où elle vit avec Armand, un client fortuné. Sont-ils prêts à tout pardonner et à reprendre leur ménage à trois. Puis, le souhaite-t-elle ? Laura Berg signe un roman à multiples embranchements, qui accumule les références et qui, fort vite, trouve sa vitesse de croisière. Faut-il être sincère lorsqu’on affirme aimer, la passion est-elle synonyme de raison ou de déraison ? Enfin, sans s’en rendre vraiment compte, la belle voleuse les entraine dans un trafic d’œuvres d’art. Bien mal acquis … La fin de leur histoire ne correspond pas forcément au dicton et n’est pas forcément celle attendue ! Ed. Serge Safran – 172 pages Daniel Bastié


DE SILENCE ET DE LOUP Au fin fond du monde, loin de tout ce qui ressemble à la civilisation que nous connaissons, des femmes et des hommes s’apprêtent à hiverner sur la banquise dans le cadre d’une expédition scientifique. Leur voilier a tout d’un emblème. Il s’agit de se positionner en tenant compte des éléments, en analysant la fonte ou le durcissement des glaces et en étudiant le climat. Puis, l’hostilité du cercle polaire exacerbe les comportements et révèle chacun au grand jour, décuplant la violence entretenue par un huisclos difficilement supportable. Anna en est la première victime. Dès lors, un sentiment incoercible de peur la secoue, né dans le giron d’un drame intime survenu il y a bien longtemps. Patrice Gain signe un roman claustrophobe qui met la pression, qui bouleverse et qui, en même temps, donne une piètre image de l’humanité avec des êtres livrés à eux-mêmes et sujets à leurs pulsions. Son sujet se pare d’une belle efficacité, rendue par une accumulation de détails bien choisis, par une introspection de l’âme et réveille des terreurs anciennes qui nous poussent à affirmer que « l’enfer, c’est les autres ». Un thriller mené tambour battant autant qu’un récit noir, brutal et résolument contemporain qui parle de problèmes de société, de sexisme et de dénigration. Ed. Albin Michel – 264 pages Daniel Bastié

LA TROISIÈME GRIFFE DE DIEU Andrea Cort a été perturbée à la mort de ses parents et a rendu coup pour coup aux assassins de ceuxci. Maintenant, elle se retrouve à la tête d’une organisation baptisée Corps Diplomatique et prend ses décisions sans avoir de comptes à rendre à quiconque. Aujourd’hui, elle doit répondre à l’invitation de puissants marchands d’armes situés sur une autre planète. Que lui veulent-ils ? Sur place, elle échappe de peu à un attentat. Une arme extraterrestre vieille de plus de quinze mille a été exhumée pour la rayer du monde des vivants. Un instrument d’une portée destructrice incroyable et baptisée « la troisième griffe de Dieu ». Piégée loin de chez elle, elle n’a pas d’alternative que d’affronter ses nouveaux ennemis. Adam-troy Castro signe le deuxième volet des aventures consacrées à Andrea dans un univers inhospitalier et dangereux. Toujours rongée par son passé et ses crimes, l’héroïne s'est trouvé un nouveau but de vivre. Ce roman prouve son efficacité dans les péripéties et les révélations qui s’enchaînent, tout en profitant toujours au maximum des possibilités offertes par un décor de sciencefiction addictif et bien rendu par le biais de descriptions jamais pesantes Ed. Albin Michel – 458 pages Paul Huet


LES BOURGEOIS DE CALAIS « Les Bourgeois de Calais » est un groupe statuaire commandé par la ville de Calais au jeune sculpteur Auguste Rodin. L’ouvrage a été inauguré en 1985. Il symbolise le sacrifice de six hommes pour laisser la vie sauve à l’ensemble des habitants de la cité sur le point d'être conquise par les Anglais en août 1347. Michel Bernard revient sur la genèse de cette création qui allait contre le goût académique de l’époque. Poussé par son instinct, Omer Dewavrin, notaire et maire, a défendu le projet contre vents et marées, imposant l’artiste qui n’avait pas encore atteint la renommée qui allait devenir la sienne. Bien entendu, il s’agit ici d’un récit légèrement romancé, avec une gestation qui s’est étalée sur près de dix longues années avant de livrer une œuvre en bronze achevée, impeccable et devenue l’une des plus célèbres à l’artiste. Au fil des chapitres, on assiste à la maturation d’une pièce maîtresse de l’art moderne, mais également à l’évolution d’une amitié faite d’admiration et de confiance réciproque. On sait beaucoup moins qu’il existe douze éditions originales de cet ensemble. Grâce à la fonte à partir d'un moule, le procédé permet de multiplier les pièces à l’identique. A l’instar des autres sculpteurs depuis l’Antiquité, Auguste Rodin n'a jamais conçu un bronze comme étant une sculpture unique. Ed. Table Ronde – 195 pages Daniel Bastié

HIVER 1814 Concernant Napoléon Bonaparte, tout a été dit ou presque ! Sans rien annoncer de neuf, Michel Bernard revient sur les derniers soubresauts de l’empereur avant sa défaite cinglante. Au faîte de son génie militaire, il a été victime d’un retour de boomerang, avec les avanies du sort qui se sont liguées contre lui. En retraçant ses derniers mois à la tête de ses troupes, l’auteur brosse le portrait d’un homme de plus en plus isolé sur l’échiquier des nations. Une évocation traitée avec la verve d’un roman fidèle à la réalité historique et sachant remettre l’homme et ses proches au centre des événements d’une manière efficace, prenante et élégante. Ce qui, ultérieurement, a été nommé la campagne de France se veut les ultimes salves de l’Aigle pour conserver son trône et éviter l’invasion de la France par les forces coalisées venues de partout. Face à l’ennemi, il n’a pas eu d’autre choix que de mobiliser une grande frange de la population, incorporant dans ses rangs de fort jeunes soldats ainsi que des vétérans. Son abdication scelle un carnage monstrueux. Nous sommes le 6 avril 1814 et Napoléon accepte l’exil sur l’île d’Elbe. En se basant sur une riche documentation, ce livre raconte la fin d’un règne et le début d’un mythe. Il est désormais disponible en format de poche. Ed. La Table Ronde Poche – 268 pages André Metzinger


LÀ OÙ SE TERMINE LA TERRE A quatre mains, Désirée et Alain Frappier nous livrent un roman graphique de toute beauté qui se base sur le témoignage de Pablo Atías Muños, né à Santiago et exilé en France. A travers ses yeux, ils narrent tout un pan de l’histoire du Chili du président Salvador Allende. Puis, peu à peu, la grande Histoire happe le destin de Pedro, allant de 1948 à 1973 et en insiste sur l'influence des Etats-Unis et sa férule. Saisi de conscience politique, le héros milite au MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) pour tenter de faire bouger les positions. Cette bédé s’arrête avec la venue au pouvoir d’Augusto Pinochet. Il ressort de cet ouvrage un témoignage de première main, avec des planches réussies et un noir et blanc idoine. On ne peut toutefois pas s’empêcher de penser à la condition humaine et aux leçons que l’homme retire du passé pour constater à quel point il endigue tous efforts de progresser. Le titre vient d’une phrase prononcée par le papa de Pedro : « Chili signifie là où se termine la terre ». On s’attend bien sûr à une suite qui couvrira les années 70 et les suivantes. Appel lancé aux maîtres d’œuvre ! Ed. Steinkis – 265 pages Daniel Bastié

LEE MILLER Lee Miller, le célèbre mannequin pour les couvertures de Vogue, muse de Man Ray et devenue par la suite correspondante de guerre lors de la Seconde Guerre mondiale au sein de l’armée américaine, fait l’objet de la présente bédé. Ce roman graphique plonge le lecteur dans son existence multiple et la suit tout au long de son parcours en la présentant telle une winneuse, femme moderne avant l’heure, amante extrême, penseuse, cover-girl d’un célèbre magazine de mode et journaliste sans peur. L’occasion d’accoler quelques vérités à la légende, sans rien occulter de sa dépendance à l’alcool et de sa soif de liberté. Et pourtant, l’histoire la laisse largement incomprise malgré le fait que son nom ait traversé les océans et soit devenu synonyme de courage et de détermination. Eleonora Antonioni brosse son portrait à travers cinq moments-clés (son enfance, les années folles, sa vie parisienne, les années de guerre et ses derniers jours) en se servant d’un dessin servi par un noir et blanc épuré, seulement rehaussé par quelques touches de jaune. Constante dans son anticonformisme, son insouciance n’était pas qu’une façade et masquait des blessures profondes. Cet album retrace sa vie éminemment romanesque de celle qui a été, à coup sûr, l'une des femmes les plus extraordinaires de son temps. Ed. Steinkis – 169 pages Paul Huet


COMME UN MURMURE Dans le collège d’Anna, une activité se pratique au quotidien : celle des murmures ! Jeu qui, de plus en plus, s’est métamorphosé en jeu des vérités. On peut y révéler des choses vraies ou secrètes. Pour ce faire, on se dispose en cercle et quelqu’un chuchote à l’oreille de son voisin ou de sa voisine quelques mots, une phrase, un bout de discours que cette dernière ou ce dernier s’empresse de répéter au suivant. Une fois le tour de piste effectué, le propos a naturellement été déformé. Rire garanti. Du moins, jusqu’à ce qu’Anna se mêle à la ronde … Ce jourlà, elle a confié que sa mère la frappait. Une révélation qui a fortement perturbé Vera, au point qu’elle en a été chamboulée. La question qu’elle se pose est celle-ci : comment faire pour aider sa compagne de cours ? Ce récit a pour but de faire comprendre que certains comportements sont prohibés et que certaines situations ne peuvent pas dégénérer. Il existe des lois pour mettre un terme à la maltraitance. Même quand on est jeune, on peut dénoncer la violence infligée à autrui en parlant simplement de ce qui se passe, pour attirer l’attention ou avertir les adultes de ce qu’on a découvert. Par exemple, en se confiant à un enseignant, un médecin, un assistant social, un policier, un psychologue ou ses parents. Il y a également des numéros téléphoniques gratuits d’aides pour mineurs en danger. Si l’histoire d’Anna se termine heureusement bien, il n’en est pas toujours de même et personne ne doit fermer les yeux. En Belgique, le 103 est disponible sept jours sur sept de dix heures à minuit. Autant le savoir ! Ed. Jungle – 77 pages Julie Plisnier

ROSE THR – EN ROUTE VERS LA FINALE ! Les concours de majorettes n’ont plus vraiment la cote, même si quelques filles rêvent encore de se produire au sein d’une troupe acclamée par les applaudissements de la foule. Rose et son équipe viennent de remporter la demi-finale du concours annuel tellement attendu. Etape suivante : la finale, mire de toutes les attentions ! Pourtant, la belle mécanique se grippe lorsque l’une des participantes se blesse et entrave sérieusement les chances de réussite de l’équipe. D’urgence, il convient de trouver une remplaçante, de lui inculquer la chorégraphie à suivre et de la mêler au groupe pour ne faire qu’un ensemble homogène. Facile à dire ! Puis, les doutes commencent à s’immiscer dans le crâne de Rose. Et si cet accident n’était pas si fortuit qu’on l’affirme ? Et si quelqu’un de malveillant cherchait à endiguer la marche vers le podium ? Egle Bartolini propose des dessins ronds pour illustrer cette première bédé imaginée par Rose Thr, star des réseaux sociaux et forte de plus de quatre millions d’abonnés sur Tiktok à tout juste dix-huit ans. Quant à KaKtus, auteur pour divers médias, il a scénarisé les idées proposées par la jeune vedette pour en façonner un script tour à tour amusant et ponctué par un mini-suspense. « En route vers la finale ! », ce veut un récit coloré, extrêmement positif et idéal pour ponctuer les vacances d’été d’une lecture récréative. Ed. Jungle – 48 pages Amélie Collard


PANDÉMONIUM Le mot paraîtra bizarre à certains. Littéralement, il signifie la capitale des enfers ou circonscrit un lieu où pullulent la corruption et le chaos. A partir de ce titre choc, Sylvain Kermici donne à lire un roman dur qui met en scène une secte de parias, menée par Jacob, un homme ivre de violence, prêt à toutes les turpitudes et qui n’a rien à perdre ni à gagner. Etabli avec sa cohorte dans un ancien cinéma délaissé, il sent naître un souffle de vindicte. Les membres d’une bande rivale cherchent à le destituer et à s’emparer des prérogatives du pouvoir. Pour atteindre cet objectif, ils n’ont pas d’autre alternative que l’algarade. Pour poser une ambiance fuligineuse, l’auteur convoque les fantômes de Carpenter, Burroughs et Cioran, sans rien édulcorer à son propos. Le désespoir autant que la violence explosent à chaque chapitre, réfutant les artifices faciles et annihilant tout ce qui pourrait prétendre à une fable sur notre siècle labouré de contradictions. Le choc se veut frontal, excluant le second degré. De plain-pied, on se confronte à des images repoussantes, à une société qui banalise ce qui ne devrait pas l’être. Une réelle qualité d'écriture ajoute du poids à un récit incroyable. On passe d’un personnage à l’autre avec une rare intelligence. Sans pour autant approuver le comportement des protagonistes, ce roman m’a fait l’effet d’un électrochoc d’une rare intensité. On se prend un uppercut et on retient sa respiration …. A découvrir ! Ed. Les Arènes -236 pages Daniel Bastié

L’INCROYABLE HISTOIRE DU VIN Le vin est patrimonial. Depuis toujours, on le retrouve dans le bassin méditerranéen comme ailleurs. Il est synonyme de festivité, de joie et d’abondance. On l’adore et on l’adule. Remonter à ses origines est le défi entrepris par Benoist Simmat et Daniel Casanave. Il ne s’agit pas d’un traité d’œnologie ni d’un guide, mais d’une bédé alerte et enjouée qui envisage l’évolution de la culture de la vigne comme une tradition à la fois ancestrale et vivace. L’occasion de découvrir ses origines, ses adaptations et les inventions qui ont permis d’en faire l’un des breuvages les plus appréciés. Du coup, on voyage de la Mésopotamie à l’Egypte pharaonique, en passant par la Grèce et Rome. L’essor du christianisme a naturellement boosté ses ventes en le plaçant au cœur de la liturgie. En mêlant la petite à la grande histoire, les auteurs réussissent un livre à la fois didactique et récréatif, rempli de promesses et qui enivre par ses qualités intrinsèques. De la préhistoire à nos jours, voilà près de dix mille ans d’aventure condensés en un seul et épais volume. De chapitre en chapitre, il démontre de quelle manière l’homme a appris à conserver ce nectar, à sélectionner les cépages et les terroirs, puis de quelle façon le vin s'est établi dans les Amériques, avant d’aboutir en Asie … jusqu'aux dernières perspectives qui s'offrent en ce début de XXIe siècle avec le vin bio ! Ed. Les Arènes – 298 pages André Metzinger


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