BRUXELLES CULTURE 5 février 2021 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com
RENCONTRE : MAXIME LAMIROY
RENCONTRE : MAXIME LAMIROY Maison d’édition située à Woluwé-Saint-Lambert, les éditions Lamiroy se caractérisent par l’adoption d’une ligne éditoriale originale, ossature de son catalogue, avec une ouverture à de nouveaux auteurs issus du monde du spectacle, de la télévision et des arts en général. Des personnalités qui souhaitent prouver leur qualité de plume en s’essayant au récit ou à la réflexion manuscrite pour simplement trouver un autre vecteur de communication ou s’essayer à l’art de l’écriture. Maxime Lamiroy, chair et squelette des éditions du même nom, a accepté de répondre à nos questions. Rencontre. Qui êtes-vous, Maxime Lamiroy ? Je suis diplômé de trois masters (philosophie, littérature russe et études de genre) qui constituent ma colonne cérébrale pour approcher n’importe quel texte. La philosophie m’a appris à structurer ma réflexion, tandis que les formalistes russes m’ont véritablement enseigné le fait littéraire et la méthode expérimentale – un outil formidable pour déceler ce qui fait l’unicité d’un écrit. Enfin, les études de genre ont opéré un changement de regard plus profond dans les questions sociales que les deux premières disciplines ont tendance à effleurer. Cela me confère à vingt-huit ans un triple regard critique qui peut puiser dans la tradition philosophique, la culture russe et les pensées féministes. Et, souvent, ces trois disciplines peuvent se rejoindre. Monique Wittig était par exemple une excellente lectrice du formaliste russe Victor Chklovski. Dans Le Cheval de bois, elle parvient même à être plus formaliste que lui ! Depuis combien d’années, la maison d’édition Lamiroy a-t-elle été fondée et quelle est son histoire ? En juin 2013… Carlos Vaquera avait demandé à mon père, qui était son webmaster, de publier un de ses livres. Jean-Louis Massot, le directeur des éditions Dessert de Lune, dont mon père était aussi le webmaster, lui a donné tous les conseils et les bonnes adresses pour entrer en édition. Publier en format papier après avoir publié nombre de sites sur le net, c’est l’inverse du progrès à tout prix et cela nous tentait depuis longtemps. Voir un auteur recevoir son premier exemplaire imprimé est un moment d’émotion incomparable. Mon grand-père, Jacques Lamiroy, était également dans l’édition et la librairie. Nous avons tous la passion du livre, à la fois comme lecteur, libraire et éditeur. Quel rôle y jouez-vous et qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la succession de votre père ? Depuis la fin de mes études, je dirige la maison d’édition. C’est-à-dire deux ans. J’y ai apporté mon bagage universitaire et mes connaissances en russe pour notre nouvelle collection de traductions français-russe. Mon père se définit comme un infatigable curieux, un passionné de communication, un agitateur culturel, un créateur de concepts et de synergies. Il poursuit cette route tout en me transmettant son expérience. En Belgique, peut-on vivre de ce métier ? C’est une question que nous ne nous posons pas. Nous avons d’autres métiers. Je travaille actuellement à la librairie Tropismes, une place de choix pour se tenir au courant de l’actualité littéraire et voir de quelle manière les libraires parviennent à susciter de l’intérêt pour des livres peu médiatisés ou oubliés. Privilégiez-vous une ligne éditoriale ? Pour ce qui est des livres « classiques », nous publions des personnalités qui ne sont pas connues pour l’écriture. Un magicien, un humoriste, un animateur… Ils ont un livre qui sommeille en eux mais ce n’est pas leur métier. Pour la collection Opuscule, c’est tout différent. Tout le monde est invité à écrire une nouvelle de cinq mille
mots et il s’agit souvent d’une première publication, mais sans le critère de personnalité connue médiatiquement. Quel est le premier objectif des titres que vous publiez ? Il est double. Pour le public, le surprendre : « Tiens, il écrit lui ? ». Pour les auteurs, leur permettre d’avoir un premier ouvrage publié. A partir de quel moment un livre devient-il rentable ? Dans notre cas, dès que les frais de correction, de mise en page et d’impression sont remboursés. L’existence d’un livre est malheureusement de courte durée, mais nonante pour cent des titres que nous publions sont remboursés dans les trois mois. Pour vous, qu’est-ce qu’un bon livre ? Un livre que son auteur est heureux de sortir en librairie et qui peut rencontrer un public même très restreint. Ici, le but est de ne pas publier un catalogue identique à ce que font nos concurrents et de jouer avec une spécificité qui nous est propre, tout en donnant un coup de pouce aux auteurs. Intervenez-vous dans le manuscrit retenu ou faites-vous entièrement confiance aux auteurs ? Pour les opuscules (ou nouvelles) nous n’intervenons que pour la correction. Nous voulons laisser à chaque auteur en herbe son style, même s’il est encore parfois imparfait. Pour les autres livres, une relecture plus approfondie s’impose. Il nous arrive donc de proposer certaines modifications que nous estimons justifiées. Pour vous aidez à comprendre, voilà un exemple concret : Une auteure publie un roman trop proche de sa vraie vie et nous lui suggérons de changer « sa fille » en « son fils ». Ainsi, cela permet une distanciation pour les lecteurs. De nombreuses personnalités sont éditées sous votre label. Qu’attendez-vous d’elles en tant qu’auteurs ? Tout d’abord qu’elles aient pour objectif primaire d’avoir leur livre publié et non de gagner de l’argent. En Belgique, un livre qui marche équivaut à trois cents exemplaires vendus. Avec dix % de droits d’auteur sur un livre de dix €, ils gagneront environ 300 €. Pas de quoi s’offrir des vacances paradisiaques ! Toutefois, la notoriété de certains permet souvent d’écouler un plus grand nombre. Quant à nous, leur exposition médiatique met en valeur l’ensemble de notre catalogue et nous permet d’asseoir la qualité de nos publications. Quelle est la spécificité des Editions Lamiroy ? De n’avoir pas d’autre objectif financier que de rentrer dans nos frais. But qui nous permet de publier uniquement ce qui nous plait et non pas avec un espoir de gains. L’argument « et si vous passiez à côté d’un Prix Goncourt ? » ne fonctionne pas chez nous. Nous publions en pensant aux auteurs, mais nous sommes très conscients de nos limites, car nous n’avons pas la force commerciale des grandes maisons d’éditions. S’agit-il d’une stratégie commerciale ? D’une stratégie « anti-commerciale ». Nous avons la chance d’avoir un imprimeur, la maison de la poésie d’Amay et son directeur, David Gianonni, partageant notre vision et qui ne désire pas imprimer de grosses quantités inutiles. Nous imprimons dès lors en flux tendu, ce qui permet de contrôler les coûts et les stocks. Nous imprimons strictement en Belgique, même s’il s’agit d’autres ouvrages en offset. Le circuit court et l’écologie font partie de nos valeurs. Nous refusons également de vendre nos livres physiques sur Amazon. Quelles sont vos appréhensions comme éditeur ?
Aucune, tant que nous nous en tenons à nos valeurs et à nos concepts. Au niveau pratique, nous dépendons beaucoup du service de la Poste. L’augmentation de leurs tarifs et, parfois, quelques lenteurs peuvent susciter des vexations… Le livre numérique représente-t-il un danger ? Non, nous publions également en numérique la plupart de nos livres et ce depuis la crise du COVID, alternative qui nous a permis de poursuivre les sorties durant le confinement de l’imprimerie et des librairies. Nous sommes présents sur toutes les plateformes grâce à notre distributeur, position qui élargit le lectorat de nos auteurs. Au niveau des droits d’auteur, nos auteurs touchent autant sur un livre papier que sur un livre numérique, bien que son prix de vente soit divisé par deux. Combien de livres sortez-vous annuellement ? Cinquante-deux « Opuscules », trois « Opuscules Hors-série », des « crépuscules », des « adopuscules », des « extras » et des livres en format classique… Environ quatre-vingts par an. Nous recevons en moyenne trente-cinq manuscrits par semaine. Les propositions ne manquent pas et nous sommes amenés à pratiquer des choix. Nous refusons beaucoup de textes, simplement parce qu’ils ne correspondent pas à nos critères. Certains auteurs envoient leurs manuscrits au tout venant sans parcourir la ligne éditoriale et les spécificités des collections. Une nouvelle de trois mille mots au lieu des cinq mille, ne sera jamais publiée en opuscule, même venant de Stephen King ! Quel livre de votre catalogue conseilleriez-vous particulièrement à nos lecteurs ? Je leur conseillerais de s’abonner aux « opuscules ». Ainsi, chaque semaine, ils recevront une nouvelle dans leur boîte aux lettres avec, à chaque fois, un auteur différent. Les styles sont très éclectiques, avec des plumes connues ou non. Au moment de retenir un texte, nous pensons à ce qui devrait plaire ! En octobre dernier, nous avons également lancé un nouveau concept intitulé « L’article », un mensuel ne comportant qu’un seul article de 5000 mots consacré à un auteur : Stephen King, Jacques De Decker, Arno, Victor Hugo, Bernard Werber, Jean-Patrick Manchette, Camille Lemonnier, Julos Beaucarne, Bob Marley, H.P. Lovecraft, … De quoi (re)découvrir de nombreux auteurs belges et internationaux de manière plus ou moins brève et sur un ton original. Une belle aventure sa ns routine et émaillée de formidables rencontres ! Retrouvez le catalogue des éditions Lamiroy sur le site www.lamiroy.be Propos recueillis par Daniel Bastié
EXPOSITION : COLLECTIF INTERNATIONAL 2021 Par mesure de précaution, l’agenda d’Espace Art Gallery a été retravaillé et, pour rassurer les artistes, l’exposition initialement prévue en février a été reportée à la fin de l’année scolaire. Serons-nous bientôt débarrassés de cette période d’incertitude pour revivre pleinement ? La société s’y emploie, même si les experts savent que le virus circule toujours avec célérité. Peu à peu, les musées et les galeries sortent la tête de l’eau pour, lentement, reprendre leurs activités, alors que le reste du secteur culturel demeure complètement à l’arrêt. La situation est telle qu’une épée de Damoclès pèse au-dessus de tout projet, puisque tout un chacun sait qu’ils peuvent capoter et que les commerces pourraient fermer à nouveau en cas de remontée des contaminations ou de troisième vague. Pour faire face à l’imprévisible (un euphémisme !), Jerry Delfosse, patron d’EAG, a décidé de prolonger un salon qui pourrait se définir comme étant un best of des expositions précédentes, avec une sélection d’œuvres laissées en dépôt par les artistes et destinées justement à être ressorties en cas de nécessité. Il est donc concevable de parler de cet accrochage et de le détailler en soulignant qu’il s’agit d’un raccourci d’une partie de ce qui a été présenté durant les années passées. Réparti sur tout le rez-de-chaussée du bâtiment, il permet de revenir sur vingtdeux créateurs, connus ou qui le sont moins, et qui, chacun avec leur talent et leur technique, ont permis au lieu de respirer, de souffler et de vivre. Soit une trentaine d’œuvres issues d’ateliers répartis dans une dizaine de pays différents, dont la Roumanie, l’Equateur, l’Espagne, La France, la Corée du Sud, La Tchéquie, l’Ukraine, le Venezuela, les Pays-Bas et bien sûr la Belgique. Une brochette de plasticiens poussés par un besoin d’expression et de tutoiement, jamais en perte de vitesse et dont le travail mérite qu’on s’y intéresse. En cette période particulièrement chahutée par la pandémie, il importe de leur accorder la place qu’ils méritent et de les encourager dans leur discipline respective, tout en sachant que la ou les œuvres présentes à Bruxelles ne sont qu’un échantillon de leur production, même si elle(s) reflète(nt) leur tempérament. Se juxtaposent donc une toile colorée de Victor Barros, malheureusement décédé récemment, aux créations épurées de Danielle Dielle, les contrastes marqués de Skaii de Vega aux paysages nimbés de lumière de Robert Denis ou, encore, une composition abstraite d’Alexandra De Graeve qui donne suite aux points de vue de Gyslaine Pachet Micheneau. Par ordre alphabétique, voilà la liste des participants : Mihai Bara, Victor Barros, Marie Céline Bondue (photo 1), Edouard Bouchaniec, Anne Canneel, Chanon, Ju Chou, Alexandra De Grave, Skaii de Vega, Robert Denis, Dielle (photo 2), Carole Duffour, Christian Kubalu, Frédérique Lacroix Damas, Jiri Maska, Alvaro Mejias, Igor Misyats, Gyslaine Pachet Micheneau, Anne-Marie Paris-Leroy, Cristian Sainz Marin, Pierre Staquet et Aimé Venel. Un événement à voir à Espace Art Gallery jusqu’au 28 février 2021. Plus de détails sur le site www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié
EXPOSITION : HÔTEL BEETHOVEN 250 ans après sa naissance, Ludwig van Beethoven est plus que jamais une icône. Bozar s’associe aux nombreuses commémorations en l’honneur de cet anniversaire en ouvrant les portes de l’hôtel Beethoven. Cette exposition dédiée au compositeur, à sa musique et à ses idées montrera à quel point son œuvre et son action ont gardé toute leur pertinence et restent pour nous une source d’inspiration. Génie musical innovant, Beethoven sert de point de départ à l’exploration de questions sur la puissance démocratique et physique du son. Comment « écouter » avec le corps lorsqu’on ne peut entendre ? On sait que l’art peut changer notre vision du monde, mais peut-il aussi nous faire écouter autrement ? Comment les artistes visuels traduisent-ils les sons et la musique en images, lignes et mouvements ? Hôtel Beethoven nous fait remonter le temps en musique, pour un voyage à la découverte de différentes époques et idées : de la culture populaire à l’art conceptuel. De 1770 à 2020. Une exposition qui propose également des manuscrits et des instruments ainsi que des œuvres d’artistes comme Antoine Bourdelle, Andy Warhol, Katie Paterson et John Baldessari. Nous vous invitons à déposer vos bagages et à faire une pause. L’occasion de découvrir des artistes et des personnalités, mais aussi des œuvres d’art et des idées du monde entier dont la source d’inspiration est cette icône universelle. Bienvenue à l’hôtel Beethoven jusqu’au 14 février 2021 à Bozar. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein, 23 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : BACK TO BRUEGEL Vous pouvez à nouveau profiter du magnifique panorama sur Bruxelles, de la visite de l’exposition « Back to Bruegel » et de l'incroyable architecture du célèbre vestige de la seconde enceinte de la capitale. Un nouveau parcours vous permet de découvrir l’intégralité de la Porte de Hal et de son exposition, de même que des escaliers médiévaux habituellement fermés au public. À ne pas manquer ! Les organisateurs ont prévu des protections individuelles pour les casques de réalité virtuelle, des audioguides désinfectés, et l’accès à des endroits habituellement inaccessibles du bâtiment ! La réouverture du Musée de la Porte de Hal vous offre la possibilité d'une (re)découverte passionnante du Bruxelles médiéval et du XVIe siècle en toute sécurité. Effectuez donc un plongeon surprenant dans une version en réalité virtuelle des peintures mondialement connues d’un des plus grands peintres de notre région. Quatre œuvres du maître prennent vie et vous entraînent, pour un instant, dans la vie quotidienne d’il y a 450 ans. Voyagez au cœur du XVIe siècle, face à d’authentiques trésors du Nouveau Monde, des armes et armures, des instruments de musique et d’autres œuvres des Musées royaux d’Art et d’Histoire, du Rijksmuseum, du Musée de la Ville de Bruxelles, du Coudenberg, etc... Au sommet du bâtiment, profitez aussi du magnifique panorama sur Bruxelles et laissez-vous transporter dans le temps de Bruegel grâce aux longues-vues virtuelles. Une exposition à voir jusqu’au 18 avril 2021 à la Porte de Hal. Plus de détails sur le site www.kmkgmrah.be Boulevard du Midi, 150 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : MASCULINITÉS En Belgique, les créateurs de mode masculine comptent parmi les plus influents au monde. Pourtant, aucun musée belge n’avait encore traité le sujet de la mode masculine. À travers Masculinities, la nouvelle exposition du Musée, venez découvrir les codes de la masculinité et son évolution. De la « Grande Renonciation Masculine » de la fin du 18e siècle à la mode non genrée de 2020 en passant par le costumecravate, découvrez les codifications de la masculinité. Tout comme la féminité, qui est son miroir, la masculinité évolue. Au fil des siècles, les hommes ont changé d’apparence. Jusqu’au 18e siècle, le vêtement masculin se parait encore de formes brillantes et raffinées, bien loin des costumes sobres qui se sont imposés par la suite. Depuis les années 1980, l’homme a reconquis une certaine liberté vestimentaire. Mais les tabous sont-ils vraiment tombés ? Laissez-vous guider par cette exposition jusqu’au 13 juin 2021 au Musée de la mode et de la dentelle et découvrez les codes de la masculinité et son évolution. Davantage de détails sur le site www.fashionandlacemuseum.brussels Rue de la Violette, 12 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : ATOMIUM 58 Le 17 avril 1958, la dernière Exposition universelle et internationale organisée par la Belgique est inaugurée sur le site du Heysel à Bruxelles. Evénement riche en couleur, porteur d'un message d'optimisme sans limite et miroir d'une société confiante en son avenir, L’Expo 58 constitue un élément privilégié de notre mémoire collective. L’exposition permanente retrace plus de soixante ans d'histoire de l'ancien pavillon de l'Expo 58 aujourd'hui devenu le symbole international de la Belgique et de Bruxelles. Un second volet est consacré au déclin de l'édifice dans les années nonante, suivi de sa réouverture en 2006 pour aboutir au projet actuel. Depuis le 21 juillet 2020, l'exposition permanente s'est enrichie d'une maquette du site de l’Expo 58 réalisée par Etienne Tollenaere en marque de son soutien à l'Atomium. Derrière cette initiative se cache une très belle histoire, celle d'un passionné de dessin et de modélisme, qui, une fois pensionné, s'est mis à travailler sur la maquette de ce lieu qu'il a visité plus de 40 fois avec sa petite sœur alors qu'il avait 12 ans, en 1958. Sur base des dessins qu'il a réalisés à l'époque et évidemment avec l'appui de nombreuses recherches, Etienne Tollenaere s'est lancé dans une méticuleuse aventure. Il a passé plus de 1.700 heures à réaliser une maquette d'une précision extrême, à l’échelle. Jusqu'au moindre détail, rien ne manque : les pavillons, les couleurs, les visiteurs sont là... même le nombre d'arbres présents en 1958 devant les bâtiments est respecté. Si tout le monde a déjà vu l'Expo 58 en photo, en vidéo, parfois même en couleurs, il s'agit de l'unique représentation 3D du site de l'exposition universelle qui s'est tenue en Belgique en 1958. Un événement à découvrir sur trois niveaux. D'une part dans la sphère de base (niveaux 1 & 2) où, à travers des documents d'archives, des photographies, des vidéos d'époque et de nombreuses maquettes, le visiteur fera une plongée au cœur de cette prestigieuse et inoubliable aventure. Et d'autre part au panorama (niveau 7) où le visiteur aura l'occasion de comparer la vue actuelle avec celle que ses prédécesseurs pouvaient avoir en 1958. Pour les uns, ce sera l'occasion de redécouvrir cet événement enchanteur; pour les autres à qui l'Expo 58 et sa quête de progrès et de bonheur n'évoque rien de familier, de comprendre ce rêve qui fait encore aujourd'hui la magie de l'Atomium. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.atomium.be Place de l’Atomium, 1 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : JUANJO GUARNIDO Connu pour sa remarquable série Blacksad, Juanjo Guarnido est un auteur dont le talent a vite traversé les frontières. Né en Espagne en 1967, il est depuis toujours féru de dessin. Après des études aux Beaux-Arts de Grenade et de nombreuses collaborations dans les fanzines, il travaille pour des séries télé à Madrid puis rejoint l’équipe des studios Walt Disney de Montreuil. Avec Juan Diaz Canales comme scénariste, il crée son premier album « Quelque part entre les ombres » (Dargaud, 2000) et entraîne le lecteur au cœur de l’Amérique des années 50 et des enquêtes du détective privé John Blacksad. Cette série animalière compte à ce jour cinq volumes traduits en plusieurs langues et de nombreux aficionados. Guarnido excelle dans ses dessins à l’aquarelle et la création d’ambiances. Que ce soit dans la noirceur de ruelles sombres ou sous la lumière éclatante de la NouvelleOrléans, le pinceau du maestro fait merveille. Il dessine également Sorcelleries (Dargaud), les aventures d’une fée au pays de sorcières écrites par Teresa Valero. Avec Alain Ayroles au scénario, il se consacre à un nouvel album, Les Indes Fourbes (Delcourt), qui fait revivre le Siècle d’Or espagnol et le Nouveau monde. Des premiers crayonnés aux planches finales, l’exposition permettra de découvrir l’univers fascinant d’un auteur contemporain majeur ! Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 15 mai 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : MIDAM De ses premiers dessins aux œuvres les plus récentes, l’auteur belge Midam cultive l’art du rire et met son talent au service du gag. Les albums de Kid Paddle, connus et traduits dans le monde entier, symbolisent à eux seuls cet univers humoristique devenu un incontournable de la bande dessinée européenne. S’il dessine depuis toujours, Midam entre dans la profession en rejoignant l’équipe de Spirou, pour lequel il crée de nombreux dessins afin d’animer les rubriques du journal. À partir de 1993, il met en scène le personnage de Kid Paddle dont les aventures en mode jeu vidéo connaissent un succès grandissant auprès du public. Dès 2003, l’univers se prolonge avec la série Game Over, présentant les aventures du « Petit Barbare », l’avatar virtuel de Kid. Retraçant plus de vingt ans de création, l’exposition revient sur les grandes étapes de la carrière de Midam et lui donne la parole. A travers « l’itinéraire d’un Kid de Bruxelles », les visiteurs sont conviés à (re)découvrir l’univers d’un auteur créatif, qui ne cesse de réinventer son approche artistique pour nous surprendre et nous faire rire, encore et toujours… Une exposition faite pour titiller la rétine jusqu’au 28 août 2021 au Centre belge de la Bande dessinée. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : DINO WORLD Deux fois plus importante que lors de son précédent passage en Belgique en 2013, l’Exposition Dino World est de retour à Bruxelles et permet de vivre un voyage extraordinaire de plus de soixante-cinq millions d’années dans le temps pour partir à la découverte d’un monde où régnaient les créatures les plus extraordinaires que notre planète n’ait jamais connues. Soixante dinosaures animés envahissent le Palais 2 à Brussels Expo. Dans d’impressionnants décors naturels, vous allez pouvoir vous immerger dans un univers fascinant : celui de l’ère mésozoïque, période à laquelle vécurent les plus grands monstres jamais connus sur notre planète. Laissez-vous impressionner par la taille et les rugissements du tricératops, du brachiosaure ou du célèbre Tyrannosaure. Evaluez l’envergure fantastique du Ptéranodon et comparez vos empreintes à celle d’une jeune Diplodocus. Saviez-vous que d’authentiques dinosaures ont également été trouvés en Belgique ? C’est ainsi qu’à la fin du 19e siècle, le squelette d’un iguanodon a été découvert en parfait état à plus de 322 mètres sous terre, dans une mine charbon située à Bernissart. Ce petit bout d’histoire bien de chez nous sera lui aussi raconté au sein de l’exposition Dino World grâce à un partenariat établi avec le Musée des Sciences Naturelles de Belgique. Les dinosaures étaient-ils bipèdes ou quadrupèdes ? Appartenaient-ils tous à la même espèce ? Comment ont-ils disparu ? Où et comment vivaient-ils ? En découvrant les reproductions des iguanodons au sein de l’exposition Dino World, toutes vos questions trouveront réponse. Il ne vous restera plus qu’à visiter le Musée des Sciences Naturelles de Belgique pour devenir un véritable expert en la matière… Conçue prioritairement pour les enfants, l’Exposition Dino World leur explique le développement de la vie sur terre. A l’aide d’un audioguide et grâce à parcours à la fois interactif et ludique, ils découvriront le mystère de l’apparition et de l’extinction des grands Sauriens sur notre planète. Grâce aux répliques de nombreux fossiles, ils pourront également comprendre comment les scientifiques ont pu trouver et conserver les traces des dinosaures. Une exposition à découvrir du 6 février au 18 avril 2021 à Brussels Expo. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.brussels-expo.com Place de Belgique, 1 à 1020 Bruxelles
EXPOSITION : VALFRET & ETIENNE BECK Fuyant la conscription, Valfret s’installe en Belgique. Au cours de l’année 2011, il croise la route des Requins Marteaux pour qui il réalise son premier roman graphique. Plus tard, il crée pour les éditions Alter Comics la BD Ecce homo, avant de s’éloigner de cet univers et se consacrer au dessin pur. Etienne Beck naît dans la petite ville d'Amiens et se persuade rapidement que le métier de dessinateur est conçu pour lui. Du coup, il s'oriente vers l'apprentissage de l'illustration qu'il étudie à l'institut St Luc de Bruxelles. Il publie ensuite des livres pour enfants, puis choisit d'orienter sa production vers la bande dessinée. Les travaux de ces deux artistes sont exposés au Sterput du vendredi au dimanche de 14 à 18 heures et le jeudi de 17 à 20 heures et ce jusqu’au 21 février 2021. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.sterput.org Rue de Laeken, 122 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : YOUNG BELGIUM Depuis plusieurs années, La Patinoire Royale / Galerie Valérie Bach s’attache à promouvoir la scène artistique belge moderne et contemporaine, à travers de vastes expositions historiques, autant par des « group-shows » (Sculpting Belgium, Painting Belgium, Belgian Women) que par des expositions individuelles d’artistes belges (Koen Van Mechelen, collectif artistique Lab[au], Jan Dries, Antonia Lambelé, Francis Dusépulchre, etc). Avec « Young belgium », la galerie souhaite montrer une scène émergente belge, constituée d’artistes de moins de quarante ans, nés ou installés durablement en Belgique, cautionnés par une certaine visibilité, et constituant ensemble un socle possible d’artistes belges internationaux dans le futur. La galerie entend annuellement donner la parole à ces jeunes artistes, dans l’objectif d’une moisson de talents dans les années à venir, à travers des expositions collectives, structurées en espaces individuels dans les vastes locaux de La Patinoire Royale / Galerie Valérie Bach, au cœur de Bruxelles. Mettre La Patinoire Royale à disposition de ces jeunes artistes, c’est aussi soutenir la jeune création, dans une sélection thématique, annuelle et par opus distincts. Un événement à découvrir jusqu’au 27 février 2021. Plus de détails sur le site www.prvbgallery.com Rue Veydt, 15 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : SUPERSTUDIO MIGRAZIONI Démarrée en 1966, l'aventure de Superstudio a conduit ses membres à s'interroger pendant plus d'une décennie sur les manières d'habiter le monde transformé par les forces capitalistes et les évolutions techniques. C'est ce que l'exposition se propose d'étudier, à travers le prisme des « migrations » (migrazioni). Empruntée au vocabulaire de Superstudio, cette notion sert de clé conceptuelle et poétique pour plonger dans l'architecture du groupe, que ses membres comprenaient comme une activité de production, élaboration et transmission permanente d'idées. L'exposition propose au visiteur un voyage thématique et chronologique à travers ce qui reste d'un des corpus les plus radicaux et les plus originaux de la production architecturale du XXe siècle. Faisant fi des divisions traditionnelles entre les disciplines et des frontières géographiques, les projets de Superstudio ont voyagé dans le monde globalisé qu'ils dépeignaient, de Florence à Tokyo. Les visions critiques et outrancières de Superstudio ont largement circulé et ont été au cœur des dialogues que Superstudio a entretenus avec quelques-uns des protagonistes de la scène architecturale de la seconde moitié du xxe siècle. Parallèlement à l'œuvre du groupe, l'exposition présente le travail de 9999, Archizoom, Hiromi Fujii, Hans Hollein, Arata Isozaki, Rem Koolhaas, Ugo La Pietra, Leonardo Ricci, Aldo Rossi, Leonardo Savioli, Ettore Sottsass Jr, Bernard Tschumi. Superstudio Migrazioni met l'accent sur des œuvres inventives et artistiques (photos-collages, dessins, installations, maquettes et films) ainsi que sur des objets et des meubles relevant davantage du design industriel, révélant ainsi la grande diversité des projets du groupe. L'exposition bénéficie du prêt exceptionnel des œuvres originales de la collection du Centre Pompidou et des archives de Superstudio, dont cer-aines n'ont plus été montrées depuis plus de quinze ans. Une série d'évènements et de visites guidées permettent d'aborder l'œuvre de Superstudio de multiples façons et de constater à quel point elle trouve, cinquante ans après sa création, des résonances saisissantes avec notre monde d'aujourd'hui. Un événement à découvrir au Civa du 15 janvier au 16 mai 2021.Voyez plus de détails sur le site officiel : www.civa.brussels Rue de l’Ermitage, 55 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : FAKE FOR REAL Dans la grisaille de la routine quotidienne, le sensationnel, le spectaculaire et le surnaturel nous permettent d’échapper à l’ordinaire. Mais le jeu de l’imposture n’est amusant que si nous en acceptons les règles. Ceux qui se laissent abuser risquent gros : argent, crédibilité, intégrité... Certains y ont laissé la vie. Aujourd’hui, la désinformation est partout, mais le mal est ancien. L’histoire regorge de faux-semblants de toutes natures. Le Cheval de Troie, modèle mythologique de la supercherie, fait ainsi écho aux problèmes contemporains d’un monde dominé par Internet. Embarquons pour un voyage dans le temps et aventurons-nous au gré des fraudes et falsifications qui ont jalonné l’histoire tout en gardant un œil sur la réalité des choses. La Maison de l’histoire européenne, située dans le parc Léopold, inaugure une nouvelle exposition, « Fake for Real : une histoire du faux et de la contrefaçon ». Elle explorera le monde fascinant des faux, du mensonge et des contrefaçons et entrainera les visiteurs dans un récit allant de l’antiquité à nos jours. Un astucieux dispositif de miroirs à l’entrée et un chemin labyrinthique à travers les différents thèmes de l’exposition donnent immédiatement le ton de la visite - comment trouver ou échapper à la vérité ? Comment jouer avec les illusions ? Les visiteurs sont invités à réfléchir à la manière dont les mensonges sont racontés et dans quel but. Comme l’explique la commissaire d’exposition Joanna Urbanek : « Nous devons être conscients que parfois nous voulons être trompés, pour pouvoir transcender notre quotidien, rêver. Il est humain de croire à certaines contrefaçons. Mais cette inclination peut être exploitée et les conséquences peuvent être considérables. » Répartie sur six thèmes tout au long d’un parcours chronologique, l’exposition présente plus de deux cents objets remarquables venus de toute l’Europe. Emblématique, chacun raconte une histoire édifiante de falsification et de tromperie - des archives effacées des empereurs romains, des biographies manipulées de saints médiévaux, des histoires de voyages qui ne se sont jamais produits - à une fausse armée utilisée par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils incluent également des documents d’une importance cruciale dans notre histoire tels que la donation de Constantin et les lettres utilisées pour accuser Dreyfus. Tous démontrent que les émotions et les croyances personnelles ont une influence sur la façon dont nous voulons comprendre le monde, ou délibérément nous le représenter de manière déformée. La communication sur la pandémie liée au Covid-19 et la désinformation qui l’entoure sont également examinées dans cette exposition. Le terme «désinfodémique» est le rappel opportun que les vérités et les contre-vérités circulent constamment et que la pensée critique et l’action civique sont de précieux gardiens contre la tromperie. La dernière section de l’exposition, intitulée « Une ère de post-vérité? » est un espace interactif fait de jeux et de vidéos où les visiteurs peuvent devenir des vérificateurs de faits, décider de ce qui est publié, ou encore jouer avec une « bulle filtre » innovante qui explore la façon dont les médias sociaux fonctionnent. Comme un voyage à travers les motifs et l’impact des faux mais aussi sur notre façon de nous exposer à eux, cette exposition nous bouscule et met en lumière toute la complexité et les contradictions qui jalonnent notre passé, présent et futur. Heureusement, nous avons des outils à notre disposition: faire preuve d’esprit critique, ne pas se fier à ses premières impressions, être conscient de ses préjugés et évaluer la fiabilité des sources sont autant d’éléments qui peuvent nous aider à distinguer les faits de la fiction et à nous frayer un chemin dans les méandres de la réalité. Une exposition à découvrir jusqu’au 28 octobre 2021 à la Maison de l’Histoire européenne. Plus de détails sur le site www.historia-europa.ep.eu Rue Belliad, 135 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : ASSAF SHOSHAN Intitulée « Home », cette première rétrospective consacrée au travail d’Assaf Shoshan (1973), photographe et vidéaste qui vit et travaille entre Paris et Tel Aviv, est un événement d’importance. Cet événement inédit retrace le fil d’une œuvre sensible et engagée, réalisée sur une dizaine d’années entre le Moyen-Orient et l’Europe, avec l’Afrique en toile de fond. Formé à la philosophie, avant de se consacrer à la photographie, Shoshan sonde inlassablement le monde, à travers les notions de territoire, d’identité et d’appartenance, au-delà des frontières tangibles. Habitée par le thème du déracinement, son œuvre porte un regard subtil et délicat sur une humanité en errance. Ses paysages et ses portraits évoquent une attente ancestrale, dénuée de mélancolie. Son approche empathique, à la fois documentaire et autobiographique, donne naissance à des images énigmatiques à mi-chemin entre réalité et fiction. En mettant en perspective la réalité des exilés d’aujourd’hui, Shoshan évoque en filigrane l’histoire du peuple juif, traversé par l’exode et les questions de l’abandon et de l’acceptation. Mais son obsession pour le thème de l’exil rejoint aussi sa propre histoire : appartenant à la troisième génération d’exilés juifs installés en Israël, ayant lui-même fait le choix d’aller vivre dans un pays étranger, Shoshan est intimement travaillé par la question de l’attachement à un lieu. À partir de l’expérience d’un sentiment d’étrangeté, l’artiste israélien déploie une œuvre visuelle unique. Il invente une poétique de la clandestinité, impulsée par cette interrogation : à quel territoire se vouer dans un monde aux contours flous ? Une exposition à découvrir au Musée juif de Belgique jusqu’au 21 février 2021. Plus de détails sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : ALEP – VOYAGE AU CŒUR DE 5.000 ANS D’HISTOIRE La Fondation Boghossian inaugure une exposition immersive et numérique consacrée à la Alep, la cité millénaire. Depuis 2012, la guerre civile syrienne ravage la ville d’Alep. Bombardements et combats au sol firent payer un lourd tribut à la population civile, mais également au patrimoine. On estime à plusieurs centaines le nombre d’édifices historiques endommagés ou détruits. Aujourd’hui encore il est difficile de répertorier ce qui a été perdu dans ces destructions et ce qui peut être sauvé. Grâce à plusieurs missions de terrain en 2017, les équipes d’Iconem, spécialisées dans la numérisation du patrimoine menacé, sont parvenues à établir des modèles 3D de plusieurs monuments majeurs de la vieille ville d’Alep. Ce travail, en plus de sauvegarder virtuellement ce patrimoine et d’en permettre l’analyse à distance, rend accessible au grand public les vestiges martyrs de l’architecture syrienne. Plongé dans une lente déambulation au sein des modèles 3D des principaux monuments d’Alep, le visiteur est confronté tour à tour à la dureté des dommages infligés au cœur historique de la ville et à la beauté des portions intactes de ces monuments. Une exposition à voir à la Fondation Boghossian jusqu’au 18 avril 2021. Plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles Sam Mas
EXPOSITION : PANORAMA « Panorama » de Xavier Noiret-Thomé et Henk Visch se veut une ode à la peinture et à la sculpture. Une symbiose qui prend forme à deux pas de l’église Sainte Catherine et de la rue du même nom. Xavier Noiret-Thomé est un artiste français basé à Bruxelles, Il offre des peintures et des assemblages d’une rare diversité qui se nourrissent de savoir, d’expérience et d’influences assumées. Il a choisi d’inviter le sculpteur, dessinateur et peintre hollandais Henk Visch, dont les sculptures tantôt monumentales, tantôt miniatures, s’apparentent selon lui à la pensée humaine. Leurs œuvres, intenses et directes, parfois teintées d’humour, dépeignent le réel et tentent de cerner le processus de création et son impact sur la vie. Pour cette exposition, tous deux ont conçu un parcours qui se décline en cinq chapitres, de la pensée à la métaphysique. Ce cheminement permet la découverte de leurs œuvres respectives, prenant le contrepied de la présentation classique de la peinture et de la sculpture, tout en permettant une lecture du processus de création artistique et de la réflexion qu’il suscite. Un événement à découvrir à la Centrale jusqu’au 21 février 2021. Plus de détails sur le site www.centrale.brussels Place Sainte Catherine, 44 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : INSTALLATION D’EMILIEN SIMON Emilien Simon (né à Dinant en 1990) vit et travaille à Bruxelles. Il propose une installation de caractère qui interroge l’iconographie et ce à travers différents phénomènes. Sur un écran cathodique, un soleil noir semble soustraire au ciel ses variations colorimétriques. Celles-ci sont progressivement converties en ramifications sonores et mises en tension avec un ensemble de sculptures thermiques qui imbibent l’espace d’élans cinétiques. Cette installation est conçue comme un dispositif sensoriel et évolutif qui nous immerge à la lisière de l’image et de la vibration, de la couleur et du son, de la chaleur et du mouvement. C’est le glissement continu d’un état vers un autre, d’une transition qui devient l’architecture naturelle des phénomènes qui se déploient et enrobent le spectateur. A découvrir également jusqu’au 21 février 2021 à la Centrale. Plus de détails sur le site www.centrale.brussels Place Sainte Catherine, 44 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION. CE QUE LA PHOTO NOUS RACONTE ... Cette exposition est basée sur une collection exceptionnelle de photographies réalisées, il y a plus de cent ans, par le Comité d'Études du VieuxBruxelles. Un tirage de cette collection est précieusement conservé à la Bibliothèque artistique de l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles (ArBA-ESA) et a bénéficié d'une récente numérisation et d'une remarquable valorisation. Cette collection offre une étonnante radioscopie de la ville en proie à de grands changements urbanistiques au tournant des XIXe et XXe siècles. En regardant ces clichés - sans aucune nostalgie surtout ! - on est surpris par le nombre et la diversité des commerces, par la différence qui existe entre les grandes avenues du haut de la Ville et les rues tortueuses du bas de la Ville, et surtout, on est ému par la condition fragile et rude de tant de femmes, d'hommes et d'enfants. S'y plonger, c'est par voie de conséquence poser un regard sur la ville d'aujourd'hui. Et en cette période de crise particulièrement dramatique que nous traversons, on peut malgré tout mesurer aussi les exceptionnels progrès sociaux réalisés depuis un siècle... Une machine à remonter le temps à emprunter jusqu’au 26 février 2021 aux Halles Saint-Géry. Plus de détails sur le site www.bruxelles.be Place Saint-Géry à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : LES MANUSCRITS DES DUCS DE BOURGOGNE Il y a six siècles, Bruxelles appartenait aux souverains les plus riches et les plus puissants d’Europe : les ducs de Bourgogne. Fins politiques et mécènes cultivés, ils se sont constitué un émouvant trésor : une collection de manuscrits tellement unique qu’elle a son propre nom, la Librairie des ducs de Bourgogne. Si tout le monde connait aujourd’hui Jan Van Eyck ou Rogier van der Weyden, les miniaturistes – peintres des livres – n’avaient rien à leur envier. Au point de faire dire à certains que les plus beaux tableaux des Primitifs flamands se trouvent peut-être dans les manuscrits. Ces chefs-d’œuvre, rescapés des outrages du temps et de l’Histoire, la Bibliothèque royale les protège pour vous. Elle ouvre aujourd’hui ses coffres pour en partager les clés et les splendeurs à travers son nouveau musée. Cet endroit unique vous permet de découvrir le passé culturel du Moyen Âge en Europe (1er étage) ; puis de pénétrer dans le Saint des saints (2e étage) et d’y admirer les splendides manuscrits enluminés de la Librairie des ducs. Cette exposition est permanente, même si certains ouvrages seront remplacés par d’autres, afin d’inviter les visiteurs à revenir. En plus de cette découverte unique, cette exposition vous propose une expérience immersive dans la vie culturelle du XVe siècle, la sollicitation de tous vos sens et un voyage dans le temps de manière originale et interactive. Voyez toutes les informations pratiques sur le site www.kbr.be Mont des Arts, 28 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : MABELE ELEKI LOLA ! Pour la première exposition temporaire depuis l’ouverture en décembre 2018, l’AfricaMuseum invite l’artiste kinois Freddy Tsimba à un dialogue avec les collections du musée. La sélection des objets ethnographiques a été réalisée avec la contribution scientifique de Henry Bundjoko, directeur du Musée national de la République démocratique du Congo à Kinshasa. Jean Bofane, écrivain, auteur de Mathématiques congolaises (publié chez Actes Sud) et commissaire d’exposition, propose ici un regard inédit sur l’art de Freddy Tsimba en dévoilant la face spirituelle de son œuvre. En tant que grand forgeron selon la tradition, Freddy Tsimba transforme le métal des conflits en matière première d’une nouvelle narration. Les églises de réveil promettent le paradis. Mais quel paradis évoquent-elles ? Pour Freddy Tsimba et Jean Bofane, il est impérieux de se débarrasser des fausses promesses. La terre est décidément au-dessus de tout. Elle est plus belle que le paradis ! Le titre est né d’une conversation avec l’artiste, optimiste, amoureux infatigable de la vie et de la beauté. Les créations monumentales de Tsimba entrent pour la première fois en dialogue avec les collections du musée. L’artiste rend ainsi hommage au travail du forgeron et du sculpteur classique. Vingt-deux installations de Freddy Tsimba, lors de cette rencontre exceptionnelle, font face à trente pièces du musée dont la plupart n’ont jamais été montrées. Pour ceux qui l’ignorent, Freddy Bienvenu Tsimba est né en 1967 à Kinshasa et a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale. Il travaille le bronze et les métaux de récupération, en parfaite indépendance. Profondément attaché au respect des droits humains, en particulier les droits des plus fragiles, les mères et les enfants, il expose le tragique de la guerre et témoigne des violences à travers le temps. Mais il est aussi le porte-parole de la paix et de la résilience. Il rend de façon sublime hommage aux femmes et à la vie. Freddy Tsimba est aujourd’hui un artiste connu et reconnu à Kinshasa et sur la scène artistique internationale. Il est célèbre pour ses sculptures faites de douilles, de cartouches et aussi pour ses maisons-machettes. L’artiste a participé à plusieurs Biennales de Dakar (2002, 2006 et 2008) et à des expositions collectives comme The Divine Comedy (2014), Kongo am Rhein (Bâle, 2017) et Afriques Capitales (Lille, 2017) sous l’égide de Simon Njami. Il rappelle également la mémoire des Congolais victimes de la colonisation. Une exposition à découvrir jusqu’au 15 août 2021 à l’AfricaMuseum (ancien musée d’Afrique centrale). Plus de détails sur le site www.africamuseum.be Leuvensesteenweg, 13 à 3080 Tervuren
UN KET DE BRUSSELLES : UNE ANNÉE COVID BIEN REMPLIE Alleï santéï pour cette nouvelle année, newo. Je sais, je devais te dire ça le mois passé, mais avec tout ce ramdam j'avais plus toutes mes frites dans mon sachet, tu comprends ? Et je te parles pas du pickels ! Plein sur mon plastron ! Mais bonne année quand même. Une comme on vient de passer, on aime mieux le moins possible, tu sais pas savoir à quel point. Car le (la) Covid et son variant anglais, et Donald et son variant brésilien, ça nous a fait de la lecture dans les journaux et des capsules (ça j'aime bien, surtout quand elles sont sur la table et que la gueuze est dans mon verre) à la tévé. C'est qu'on a le temps, puisqu'on peut plus rien faire d'autre que rester à la maison. Potverdekke même aller zwanzer chez le Litsbol (Chauve) avec son copain devant un verre de Mort Subite on peut plus faire. Tu te rends compte ? Condamné à boire en Suisse, pour un Brusseleir, c'est trop de la triche, comme dit mon copain Louis. Quand tu oses aller dans la rue tu vois des madamekes avec des cheveux tricolores : racines grises, trois centimètres de brun et le reste jaune comme le drapeau de Bart. Ça fait un an et demi qu'elles ont plus vu leur coiffeur ! Les peïs eux ils ressemblent à Robinson Crusoë avec des barbes hirsutes et des cheveux de Samson. Tu peux acheter du caviar et aller tourismer à Tahiti, mais pas te faire couper les poils et boire une drache avec tes copains. Wadesda na ? Qu'est-ce donc, qu'ils disent rue de la Loi. Ils sont devenus djoum-djoum ? Tous les jours on t'assomme de chiffres : des contaminés, des admis à l'hôpital, des coincés en soins intensifs, et en plus, des morts. Mais janvermille des morts, il y a ça tous les jours depuis deux mille ans et plus ! Seulement on te le disait pas, juste que comme on en a un peu plus, on te le rappelle tous les jours. En 1918-19, la grippe espagnole (elle était espagnole comme moi je suis vénézuélien) a fait près de 50 millions de morts en trois vagues (nous on n'en a eu que deux jusqu'ici, c'est juste pour te rassurer). À deux millions, on est encore loin du compte, comme tu vois. Le jour d'aujourd'hui, comme on t'a bien fichu les poepers, quand tu croises ton voisin tu le contournes en stoumelings comme s'il est covidé et qu'il va te refiler la lèpre ou la gale ! En plus les peïs de la tévé te disent : « Bravo, gamin ! méfie-toi de tout, y compris de ta belle-doche ! » Où que tu ailles sur ton poste de tévé, n'importe quelle chaîne, il y a un trucologue qui sait tout mieux que toi et qui te dit que tu n'as encore rien vu et que le pire doit encore venir. Awel merci ! Si c'est comme ça qu'ils croivent nous remonter le moral, ils feraient mieux de retourner à l'école. Et alors ! alors, fieu, c'est pas Zorro, c'est les psys qui arrivent... ces charels font tout pour t'enfoncer encore plus dans ton spleen, comme disait Baudelaire. Ils te disent que tous les matins tu dois te regarder dans ta glace et te dire : « Ocherme que je suis beau ! Mo zeed is (Regarde un peu) comme je suis intelligent ! » et beaucoup de cinq et de six du même genre, net pour te pousser à prendre ton rasoir et le taper dans le miroir ! Ils te disent ça sans rire, hein. En plus, ils jouent au yo-yo avec tes nerfs ; une fois tu dois rester chez toi sans respirer (l'air c'est plein de microbes) et une autre fois tu peux aller au match de foute Youpie ! sauf que le match-retour est supprimé pour cause de Covid (le nouveau est revenu) et comme ton équipe à perdu 3-0 à l'aller, tu l'as dans l'os pour le match-retour, et la remontada à ton nez brodé ! Mais attends, c'est pas fini. Maintenant il y a le Covid qui a changé de sexe, mon cher, il s'appelle LA Covid. Et c'est pour ça qu'il a su faire des jeunes : en Angleterre, en Afrique du Sud, au Brésil en 'k wee ni wo (Dieu sait où) et les jeunes c'est plus turbulent que leur moema, ça tu penses. Donc, klet, on est partis pour une année de joies et de réjouissances. Les scientifiques et les voyagistes sont contents : pour eux, la Covid, c'est pain bénit, c'est juste que pour les coiffeurs et les cafetiers, ça sent plutôt le verdoeft (moisi) et parfois pire. Quand je pense à toute cette bonne lambik et dérivés qui sommeillent dans les brasseries fermées, j'en ai les larmes zau yeux. Qu'est-ce qu'on va devoir vider pour rattraper tout ce temps perdu, les amis ! Un caféboes (patron de café) m'a dit qu'au plus elle prenait de l'âge, la gueuze, au mieux qu'elle te goûtait. Te dire que je suis impatient de m'en jeter deux ou trois derrière mon plastron, peut-être plus car il faut aussi quand même aider à éliminer les surstocks, hein, et moi je suis toujours volontaire pour les justes causes.
Alleï, pour finir ce tableau noir sur une note plus gaie, pendant tes longues périodes où tu dabber (piétines) dans ton spleen, lis quelques pages du nouveau recueil pour les Brusseleirs de Georges Roland, « Zwanze une fois, juste pour voir », ça remonte comme ça un tout petit peu tes bretelles et tu sais aller dormir avec un sourire, juste car tu sais que demain tu pourras lire une nouvelle zwanze brusselloise. Georges Roland Retrouvez les romans bruxellois de Georges Roland sur www.georges-roland.com Ils sont maintenant disponibles en format poche !
EXPOSITION : LA TRAITE NÉGRIÈRE – REGARDS D’ARTISTES La traite négrière a été un profond bouleversement dans l'histoire de l'humanité, avec des conséquences démographiques, politiques, économiques, sociales et culturelles qui se sont échelonnées sur plusieurs continents et qui ont laissé des traumatismes profonds et durables. Selon la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. Texte qui interdit l’esclavage autant que la traite d’êtres humains sous toutes ses formes. Malgré ce document ratifié par presque tous les gouvernements, l'esclavage perdure. S'informer, prendre conscience et dénoncer ses crimes est un premier pas ! L’asbl Escale du Nord, en collaboration avec différents partenaires, poursuit son objectif de sensibilisation, de transmission de la mémoire, de réflexions et d'échanges auprès du public. Cette année, avec le thème de l’esclavage, elle souhaite parler d’un crime passé et qui, aujourd’hui, continue dans certaines régions du globe. Parfois aussi chez nous, loin du regard des autorité et en se moquant des lois. Cet événement se déroule l’Antenne Scheut du 5 au 28 février 2021. Plus de détails sur le site www.escaledunord.brussels Avenue de Scheut, 147 à 1070 Bruxelles
EXPOSITION : D’UNE MER À L’AUTRE Mer du Nord, mer du Sud, mer de nuages, mer rêvée... Sybille M vous invite à prendre le large et découvrir son travail sur le thème de la mer. Artiste peintre polymorphe reconnue dans le monde international des arts plastiques, elle a fait le choix de ne pas choisir un style ou une technique en particulier. Brouillant les pistes, elle jongle avec ses pinceaux comme la nature joue avec les couleurs. Son art, inspiré de ses nombreux voyages, donne à la peinture un but unique : « apprivoiser le monde ». L'artiste présente dans les salles d'exposition du Centre culturel d’Uccle un choix d'œuvres consacrées aux rivages, glissant son regard de la Côte belge à la côte méditerranéenne. Venez prendre une bouffée d'iode en couleur au cœur de l'hiver ! Cette exposition vous accueille jusqu’au 28 février 2020 du mardi au vendredi de 12 à 18 heures et le samedi de 14 à 18 heures. Accès gratuit et masqué. Réservation à l'adresse reservation@ccu.be Voyez plus de détails sur le site www.ccu.be Rue Rouge, 47 à 1180 Bruxelles
HOMMAGE À CLAUDE BOLLING Un des derniers géants français de la musique de film vient de disparaître. Pianiste de jazz et compositeur pour le cinéma, Claude Bolling a tiré sa révérence le 29 décembre dernier. Né à Cannes en 1930, il se révèle fort vite un virtuose passionné. Ses premières amours naissent par le canal d’un poste de radio et il fait sien le répertoire des jazzmen de l’époque. A douze ans, le clavier du piano familial n’a plus de secrets. Il sait qu’il s’engagera dans l’univers de la musique, quitte à bouffer de la vache enragée et à passer des nuits à jouer dans des night-clubs. Avec des amis, il fonde diverses petites formations et tourne dans la région. Puis, le Conservatoire de Paris lui permet de peaufiner son cursus, débuté à Nice. Il participe aux concerts organisés par le Hot Club de France, accompagne Lionel Hampton et enregistre avec Roy Eldridge et Kenny Clarke. En 1956, il lance son orchestre, tout en ne rechignant jamais à se produire en big-band pour interpréter du bon vieux jazz style swing, ragtime ou New Orleans. Grâce à sa technique, il compose. D’abord des chansons proches de celles qu’on entend dans les transistors et devient arrangeur tant pour Henri Salvador, Brigitte Bardot que Juliette Gréco, à qui il propose également plusieurs titres à défendre vocalement. Ensuite, il répond aux sirènes du cinéma, constamment à la recherche de nouveaux talents. Comme nombre de ses confrères, il aborde le septième art par le truchement du court-métrage, avant de s’inféoder aux films de longue durée. Après quelques essais discrets, dont « Cette nuit-là » de Maurice Cazeneuve (partition écrite avec Maurice Leroux), il signe « Les mains d’Orlac » (1960) d’Edmond T. Gréville, suivi trois ans plus tard par « Le jour et l’heure » de René Clément, une sombre histoire de résistants durant la seconde mondiale, défendu par Simone Signoret, Michel Piccoli et Stuart Whitman. Un score académique avec pupitre de cordes et cuivres. Salué tous azimuts, cet opus profite à la réputation du jeune compositeur. Les producteurs s’enflamment et sollicitent sa collaboration. Son nom devient familier des amateurs de salles obscures et défile en grand sur la toile. Dans les bacs des disquaires, ses albums enthousiasment également. Sans jamais abandonner sa carrière de soliste, il accepte des défis auxquels il n’avait jamais songé et passe du drame à la comédie, du récit exotique à l’aventure. Au cours des sixties, il inaugure le groupe féminin vocal « Les Parisiennes » et lui mitonne plusieurs tubes sur mesure : « Il fait trop beau pour travailler », « L’argent ne fait pas le bonheur » et, parmi plusieurs standards, « Le tunnel sous la Manche ». Dès le début des années 70, son métier s’emballe, le cinéma le courtise avec acharnement, la télévision l’invite à la contacter et l’univers du disque met sur pied une série d’albums hybrides qualifiés de jazzclassiques. Il s’agit de compositions de facture baroque pour lesquelles il sollicite des interprètes réputés : Jean-Pierre Rampal, Larry Clark, Maurice André, etc. A la même période, il compose le nouvel indicatif de l’Ortf, travaille sur la série « « Les brigades du Tigre » et obtient un triomphe planétaire avec la partition de « Borsalino », où s’agite le duo Belmondo-Delon. Grâce à cette double reconnaissance, il est estampillé monsieur Rétro et chaque production qui se déroule durant l’avant-guerre lui est soumise en priorité. Néanmoins, il se sent bridé par cette étiquette dont les gens des médias l’ont affublé et met tout en œuvre pour s’en débarrasser. Faire sauter les verrous et élargir son périmètre d’action devient son credo. Il surprend tout le
monde avec la B.O. de « Trois hommes à abattre » (1981) d’un classicisme rigoureux et enchante avec « Louisiane » (1984), la fresque de Philippe de Broca. Naturellement, avec plus de cent longs métrages au compteur, il demeure extrêmement compliqué de tirer un hit-parade de ses meilleures créations. Voilà une nomenclature forcément sélective, mais qui donne un aperçu de son implication pour le monde du cinéma : « Le mur de l’Atlantique » (1970) avec Bourvil, « Lucky Luke » (1971) le dessin animé, « Le magnifique » (1973) avec Jean-Paul Belmondo, « Flic story » (1976) avec Alain Delon, « L’homme en colère » (1979) avec Lino Ventura, « La gitane » (1986) avec Claude Brasseur, « Netchaiev est de retour » (1991) avec Yves Montand, etc. Artiste complet, il a été de ceux qui ont installé des passerelles entre la variété, le jazz et le grand écran, avec des mélodies fédératrices et populaires. Depuis une quinzaine d’années, il ne figurait plus au générique des nouvelles productions. La faute au temps qui passe, à l’âge qui s’installe (même si on ne parle jamais de retraite lorsqu’on est musicien !) et à une génération de jeunes metteurs en scène qui ne souhaitent pas travailler avec un artiste d’une autre époque. Il nous reste une abondante discographie pour nous replonger dans ses univers et passer de belles soirées en compagnie de ses plus beaux airs. Adieu maestro ! Daniel Bastié
ADIEU À ROBERT HOSSEIN Robert Hossein a enthousiasmé nos nuits blanches. Il campait avec ténacité les salauds ou les amoureux lascifs, les forts en gueule ou les incorruptibles. Fils du compositeur André Hossein (de son vrai nom Aminoullah Hosseinof), il bouffe de la vache enragée avant de se produire sur les planches et au cinéma. Conscient qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il passe à la réalisation et multiplie les longs métrages qui lui permettent de faire travailler son père et de mettre en avant sa compagne du moment (Marina Vlady). Succès aidant, il s’incruste dans la sphère du septième art. Néanmoins, il doit attendre l’année 1964 pour entrer dans tous les foyers. La série « Angélique, marquise des Anges » en fait le séducteur le plus en vue, un succès qui ne se dément jamais et qui perdure grâce à de multiples rediffusions qui fédèrent l’enthousiasme des téléspectateurs. Il se lance également dans la conception d’énormes spectacles pour la scène, avec une kyrielle de figurants, des moyens financiers rarement accordés en France à ce type de projets et l’adoubement du public. Se succèdent donc : « Le cuirassé Potemkine », « Les Misérables » (comédie musicale de Claude-Michel Schoenberg et Alain Boubil), « Jésus était son nom », « Ben-Hur », etc. Sur grand écran, il multiplie les apparitions et se retrouve au générique de « Le vampire de Düsseldorf », « Don Juan 73 », « Le temps des loups », « Les uns et les autres », « Le professionnel », « Les enfants du désordre » et bien d’autres. Décédé à l’hôpital le 31 décembre 2020, il ferme une page du cinéma d’hier et continuera longtemps d’évoquer un temps où les polars étaient filmés en noir et blanc et en mono. Ses proches ont fait part des causes de son décès. A l’instar d’autres seniors, il a succombé au Covid-19, quelques heures après avoir soufflé ses 93 bougies Daniel Bastié
BIBLIOTHÈQUE À CORPS PERDUS La Bibliothèque à bords perdus est un projet mené par le CIVA dans la perspective de la future implantation de sa bibliothèque à Kanal. En explorant cet outil, le CIVA souhaite lancer une réflexion sur ce que peut représenter une bibliothèque dans le futur en termes de contenu, d’activités et de public. Une bibliothèque est-elle lieu de lecture ou plutôt de sociabilisation, d’étude, de travail, de formation… rempli de livres ? Et comment l’activer pour toucher un nouveau public ? En ces temps d’incertitude face à l’évolution de notre monde au sein de l’ère de l’Anthropocène, à l'extension continue des champs du savoir et leurs complexes intrications, aux nombreuses propositions alternatives et aux quelques certitudes momentanées, une bibliothèque ne peut plu s être un « temple du savoir » qui donne des réponses. Il s’agit surtout d’un espace d’échanges qui propose des documents, un lieu de vie et des activités. Ceux -ci contribuent à enrichir notre réflexion sur nos façons d'habiter le monde, d'appréhender ce q ui nous environne et interroger la ville d'hier, d’aujourd'hui et de demain. Afin d'offrir une réelle pluralité de choix, la bibliothèque se voudra participative, en adoptant des modalités de médiations variées : sélections de livres (10 books by) par des architectes, scientifiques, philosophes, urbanistes, artistes, etc., avec pour certaines une présentation publique de leur choix (La bibliothèque à bords perdus : Chapter X), open call au public pour nourrir une section de livres à échanger, donner ou suggérer, ... Aussi, grâce à un dispositif d’ajouts, d’échanges et de reclassement de son contenu, la bibliothèque se transformera chaque jour un petit peu, donnant au public à chaque visite une expérience différente. L’incongruité de cette présence temporaire constitue un riche terrain d’exploration du monde des idées, de même que la promesse d’une survivance future au sein de l’écrin dessiné par les architectes de l’Atelier Kanal. De surcroît, c’est gratuit ! Un événement à découvrir jusqu’au 25 avril 2021 à Kanal - showroom +1. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.civa.brussels Quai des Péniches à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : CHOCO LOCO Plongez dans l’univers gourmand du chocolat au cœur de Train World ! Tout comme le chemin de fer, le chocolat belge doit sa renommée internationale aux progrès industriels des 19e et 20e siècles. Du 20 octobre 2020 au 21 février 2021, l'exposition "Choco Loco" vous invite à découvrir ces 2 univers, éloignés et proches à la fois. Cette expo au parfum de cacao vous présente une vingtaine de sculptures originales en chocolat créées spécialement pour l'occasion. Celles-ci ont été imaginées par François Schuiten, auteur de bandes dessinées à succès et scénographe de Train World, et réalisées par les chocolatiers sculpteurs Peter Teerlinck et Bart Steegmans de Sculpture Events. Ces sculptures, qui s'inspirent de l’univers ferroviaire, entrent en résonance avec les authentiques locomotives et le décor éblouissant de Train World. Les deux chocolatiers belges de renom, Pierre Marcolini et Dominique Persoone, dont la collaboration est une première, sont les parrains de cette expo. Ces deux artistes ont imaginé pour l’occasion, une tablette de chocolat inédite appelée L'Étoile du Nord. Cette gourmandise a été préparée avec les meilleures fèves de cacao Criollo, une fève blanche très rare et très recherchée par les chocolatiers. Celles-ci ont été cultivées de manière durable et éco-éthique dans le domaine de Mathieu Brees, un planteur belge installé au Mexique. Cette tablette de chocolat sera exclusivement disponible dans la boutique de Train World. Activités au programme pendant l'expo "Choco Loco" : - Une conférence sur le thème du chocolat équitable - Des séances de dégustation autour du chocolat - Des visites guidées thématiques, données par nos guides expérimentés - Des balades littéraires - Une activité familiale accessible à tous - Des stages "chocolat" pour enfants pendant les congés scolaires - L'organisation d'excursions d’une journée, en collaboration avec Concept Chocolate et Choco Story Brussels - Un pop-up store gourmand ! « Choco Loco », une expo qui vous fera fondre et à voir jusqu’au 21 février 2021 au Train World. Davantage de détails sur le site www.trainworld.be Place Princesse Elisabeth, 5 à 1030 Bruxelles
EXPOSITION : COMÈS À HUIS-CLOS Comès est l'un des auteurs majeurs de la bande dessinée belge, un maître du noir et blanc et du fantastique. Il s’en est allé en 2013, sans jamais avoir eu les honneurs d'une grande exposition bruxelloise. La Fondation Roi Baudouin tenait à y remédier. L’hommage « Comès à huis clos » a débuté en septembre dernier, en même temps que « Comès d’Ombre et de Silence » au musée BELvue. A la Maison Autrique, redécouvrez l’album EVA du dessinateur, œuvre patrimoniale des Éditions Casterman. Une ode en noir et blanc aux mys-tères de l’âme humaine. Les planches originales et les objets présentés dans l’exposition « Comès à huis clos » proviennent du don effectué par les frère et soeurs de Didier Comès, coll. Fondation Roi Baudouin en dépôt au Musée en Piconrue (Bastogne). Un événement qui se tient à la Maison Autrique jusqu’au 2 mai 2021. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.autrique.be Chaussée de Haecht, 266 à 1030 Bruxelles
EXPOSITION : BÉJART FÊTE BRUXELLES La Maison Béjart présente en ses murs « Béjart fête Bruxelles », qui retrace la période bruxelloise de l’œuvre de Maurice Béjart à l’aide de photographies, programmes, affiches, manuscrits, correspondances, films, etc. Outre les documents imprimés, la Maison Béjart détient des textes manuscrits originaux du chorégraphe (correspondances, journal, textes…) mais aussi des dessins et peintures uniques ayant servis pour la conception des décors de ses ballets ou encore de très nombreux films et captations de ballets. Nous pouvons souligner la rareté de la collection. Sur les 350 créations de Maurice Béjart, la Maison Béjart peut s’enorgueillir de posséder déjà différents éléments concernant plus de trois cents ballets. L’exposition s’intéresse notamment aux différentes collaborations du chorégraphe avec un certain nombre de stylistes et costumiers, dont Germinal Casado, Issey Miyake, Thierry Bosquet, Corte Real, Jean-Paul Knott ou encore Gianni Versace avec qui il développa une profonde amitié. Une madeleine de Proust à savourer sans avoir honte d’y prendre du plaisir. Un événement à voir jusqu’au 9 juillet 2021. Trouvez davantage de détails sur le site www.mauricebejart.be Rue de la Fourche, 49 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : DES AILES POUR GRANDIR « Des ailes pour grandir » est la dix-septième exposition du Musée des Enfants, entièrement imaginée et créée par l’équipe. Elle est conçue comme un parcours en six étapes pour aider les petits à grandir et à voler de leurs propres ailes. L’objectif : apprendre à mieux se connaître et à mieux connaître le monde qui les entoure. Dans le grand hall, une impressionnante machine volante attend les visiteurs, pour que chacun puisse prendre son envol et découvrir le parcours de l’exposition, ainsi que les ailes dont il a besoin pour sortir du nid et grandir à son rythme ! (Joli symbole !) L’occasion de découvrir les aventures de Ben et Lili, deux petits personnages qui traversent parfois des moments difficiles, d’enfiler une cape de super-héros et de les aider- à trouver des solutions ! « Un ami, ça sert à quoi ? » se demandent le chat et la souris, deux copains inséparables que tout semble opposer. Au fil du parcours qui mènera les visiteurs de la maison de la souris à celle du chat, chacun peut explorer l’amitié, cette relation riche en émotions et souvent source de questionnements. Et si Newton avait mangé la pomme ? Et si l’on pouvait manipuler un tableau de Fernand Léger et le transformer en sculpture ? Et si le petit chaperon rouge avait apprivoisé le loup ? Et si un tunnel sensoriel bousculait nos repères ? Et si… Voilà des supputations qui méritent d’être explorées ! Les jardins secrets prennent forme et constituent les décors de cette pièce féerique ! A chacun de s’installer dans un nid géant, dans une fusée ou dans une bibliothèque enchantée pour prendre le temps de rêver. Quelle forme aborde l’univers auquel chacun aime penser lorsqu’il flâne, rêve ou se repose ? Enfin, il est possible de partir à la rencontre des cultures de différents pays et de ce qui fait leur richesse, en apprenant des autres et de leurs différences. Une manière de décider de ce qui est nécessaire pour de nouveaux arrivants et pour soi-même, afin de cohabiter en harmonie. Un événement ludique et citoyen à ne pas rater au Musée des Enfants jusqu’au 30 juillet 2021. Davantage d’informations sur le site officiel www.museedesenfants.be Rue du Bourgmestre, 15 à 1050 Bruxelles
ADIEU CLAUDE BRASSEUR ! Claude Brasseur a été davantage qu’un acteur connu. Les hommages qui lui ont été rendus au moment de sa disparition ont multiplié les formules idoines : populaire, sympathique, bon vivant, proche des gens. Il était de ceux que nous aimions sans calcul. Un homme simple, quasiment de la famille de chaque citoyen, un proche que nous aurions aimé tutoyer. Claude Brasseur, né Claude Pierre Espinasse en 1936 à Neuilly-sur-Senne, est issu d’une famille d’artistes. Son père, Pierre Brasseur, était un monstre du cinéma, et sa mère, Odette Joyeux, une belle actrice qui s’est progressivement reconvertie en littérature. Enfant de la balle, il ne pouvait qu’embrayer pour le monde des planches et se frayer un chemin devant les caméras. Après des années de pension, il s’est essayé au théâtre avec la pièce « Judas » de Marcel Pagnol. Sa performance lui a valu d’être admis au Conservatoire, où il a côtoyé, entre autres, Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort. Précédé par son patronyme, plusieurs réalisateurs se sont intéressé à son potentiel mais c’est la télévision qui l’a révélé au public avec la série « Les nouvelles aventures de Vidocq » (1971), dans laquelle il formait un tandem complice avec Danièle Lebrun. N’ayant plus grand-chose à prouver, le cinéma lui a ouvert ses portes. Coup sur coup, il a enchaîné les films pour un large public, dont l’apogée a été atteinte avec « Un éléphant ça trompe énormément » et sa suite « Nous irons tous au paradis », ainsi que le doublon « La boum » et « La boum 2 ». Dès le début des années 80, il faisait partie des acteurs bankables. C’est-à-dire une vedette sur laquelle on pouvait financer un long métrage. Gangster, flic, quidam, père de famille, vengeur … tous les rôles lui collaient parfaitement à la peau. Sur le plan privé, il n’a jamais fait les choux gras de la presse à sensation. On savait qu’il avait eu Ernest Hemingway pour parrain, qu’il avait fait son service militaire en Algérie dans le rang des parachutistes, qu’il avait épousé en premières noces Peggy Roche, un top-model qui deviendra la compagne de Françoise Sagan après leur divorce, et qu’il a ensuite passé une alliance au doigt de Michèle Cambon, sœur de l’homme politique du même nom et avec qui il a eu un fils Alexandre, devenu à son tour comédien. La nouvelle génération se souvient principalement de lui comme protagoniste de la trilogie « Camping » mise en scène par Fabien Onteniente et dans laquelle il interprète le grognon Jacky Pic, le doyen du lieu et abonné à l'emplacement 17. Victime d’un AVC survenu voilà quelques mois, il peinait à vivre normalement. Il s’est éteint à quatre-vingt-quatre ans, peu avant le réveillon de Noël, entouré de ses proches. Toute la profession s’est unie pour rappeler la place qu’il occupait dans le cœur de chacun et tout ce qu’il avait apporté au cinéma comme au théâtre (sa seconde passion). Il a été enterré au cimetière du Père-Lachaise dans la plus stricte intimité. Daniel Bastié
HOMMAGE À JACQUES DE DECKER Mon cœur a été rempli de tristesse lorsque j’ai appris l'horrible nouvelle : Jacques de Decker n’est plus, arraché à l’amour de ses proches en avril 2020 ! L’information m’est parvenue en pleine crise de la Covid, alors que la moitié de l’Europe vivait un affreux confinement, et je ne verserai jamais assez de larmes pour me libérer du poids de la tristesse qui m’a submergée. Une situation qui m’a totalement déstabilisée et à laquelle j’ai préféré faire semblant de ne pas croire. Jacques de Decker, je l’admirais pour ses nombreux talents, dont celui d'écrivain et d'interprète. Il était et reste une de mes idoles. Il possédait la faculté de lire dans le cœur et l’âme des gens, sans prêter attention à leur réussite ou non dans ce bas-monde. Il était un humaniste, un vrai et percevait en chacun de nous la lumière intérieure qui irradiait. En ce sens, il était unique et irremplaçable ! Les mots me manquent pour écrire toute l’admiration que je lui voue et son décès me chagrine toujours, malgré plusieurs mois qui se sont écoulés depuis le printemps dernier. Les éditions Lamiroy ont récemment publié un petit ouvrage (ou article) tout simplement intitulé : « L’immortel de l’Académie Royale de Belgique – Jacques de Decker ». Un texte signé Véronique Bergen et qui peint ici un véritable portrait à la Dorian Gray, fait pour mettre en exergue la richesse et la profondeur de sa personnalité. Un fameux hommage, doublé d’une belle réussite, dont je garderai la vision intacte ! Jennifer Schreiner
ANTHOLOGIE CHANTAL AKERMAN : LES FILMS DE SA VIE En partenariat avec la Cinémathèque royale de Belgique, le Festival Premiers Plans d’Angers et le Forum des images, la Cinetek rend hommage à Chantal Akerman et propose une rétrospective avec dix de ses films, dont huit ont spécialement marqué sa carrière, tous dans une version restaurée. L’occasion de découvrir son premier court-métrage matriciel (« Saute ma ville ») aux bouleversants portraits de femmes des années 1970 (« Je, tu, il, elle », « Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles » avec Delphine Seyrig, « Les Rendez-vous d’Anna » avec Aurore Clément), ainsi que les carnets de voyages (« News from home », « D’Est ») à l’étonnant musical « Golden Eighties » avec Fanny Cottençon, Lio et Charles Denner, tourné dans les galeries de la Toison d’Or et au mélodramatique « La Captive » avec Sylvie Testud qui délivre un ton proustien. Sont également disponibles deux réalisations pour la télévision : « L’Homme à la valise » et « Lettre d’une cinéaste » Pour celles et ceux qui souhaitent explorer davantage ses univers, des bonus exclusifs ont été tournés avec des proches et des connaisseurs de l’artiste. De même, ils peuvent voir ou revoir des archives issues des fonds de l’INA. A titre de rappel, Chantal Akerman était une cinéaste née à Bruxelles en 1950 et décédée à Paris en 2015. Figure de proue du cinéma moderne, elle a été adoubée par la presse et encensée par plusieurs jeunes réalisateurs, dont Gus Van Sant et Michael Haneke. Sujette à des troubles maniacodépressifs, elle s’est suicidée pour mettre un terme à ses souffrances. Les films sélectionnés dans le cadre de cette anthologie sont disponibles à la location sur le site www.lacinetek.com au tarif unitaire habituel de 2,99€ en SD et de 3,99€ en HD jusqu’au 15 mars 2021. Daniel Bastié
PORTRAIT D’ARTISTE : SOPHIE WOUTERS Sophie Wouters est une artiste belge, autodidacte, née en 1963 et qui habite Ixelles. Durant plus de vingt ans, le travail de Sophie Wouters a été essentiellement axé sur l'être humain, son regard, sa solitude, son individualité, ainsi que sur l'universalité et l'intemporalité des sentiments. Il a également été un travail de mémoire. L'année 2017 s’est révélée celle de nouvelles envies. Entre autres celle de l'abstraction, qu’elle a toujours affectionnée mais à laquelle elle ne touchait que sporadiquement, comme pour se vider de tous ces regards et ces histoires contées à travers l'art durant toutes ces années. Le noir très présent dans son travail lui a été insufflé par un beau texte de Pierre Soulages : "Un jour je peignais, le noir avait envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparences. Dans cet extrême, j'ai vu en quelque sorte la négation du noir. Les différences de texture réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumière et du sombre émanait une clarté, une lumière picturale, dont le pouvoir émotionnel particulier animait mon désir de peindre. Mon instrument n'était plus le noir, mais cette lumière secrète venue du noir." Au-delà du travail plus que passionnant qu'est celui de cette "noncouleur", elle a ressenti un besoin toujours plus grandissant de minimalisme. La lecture du livre, de David Foenkinos, "Charlotte" (vie de Charlotte Salomon, artiste peintre), tissé de phrases courtes et incisives d'une profondeur et d'une intensité extrêmes, n'a fait que la conforter dans l'idée que, en quelques traits essentiels, on peut tenter d'approcher l'essence même des choses et de faire le "juste pas trop". La nécessité et l'urgence de ce minimalisme s'inscrivent dans la profondeur de la matière puisée dans l'éventail sans cesse grandissant de médiums, qu’elle choisit au gré de ses envies, inspirations et recherches. Retrouvez l’artiste sur le site www.sophiewouters.com
INTERVIEW DE THIERRY SMITS La première représentation de « Toumaï », programmé dans la saison du Théâtre Varia, devait avoir lieu le 1er décembre 2020 au Studio Thor. Suite à la fermeture des salles, les représentations ont été reportées à une date encore indéfinie, mais l’équipe artistique continue à travailler pour être prête lorsque le théâtre pourra à nouveau accueillir le public. En attendant, Thierry Smits, danseur et chorégraphe belge, né en 1963 à Koersel dans le Limbourg et cheville ouvrière du projet, s’est prêté au jeu de l’interview. À quelle étape du travail étais-tu quand tu as su que les représentations de « Toumaï » n’auraient pas lieu aux dates prévues ? Jusque-là, on imaginait pouvoir faire trois spectacles et, au moment de l’annonce de la fermeture des salles, on en était au premier spectacle. Mais très vite, avant même de connaître la décision de fermeture, j’avais déjà pressenti que ça n’irait pas. J’ai alors décidé de décaler le premier spectacle de décembre à janvier et de ne produire que deux spectacles plutôt que trois. Concrètement, j’en étais à la création de la première partie et, avec toute l’équipe, j’avais décidé que seulement une deuxième partie suivrait. Le projet passait donc d’un triptyque à un diptyque. A l’origine, le projet était de faire un spectacle unique. Comment en es-tu arrivé à imaginer un triptyque, puis de les ramener à un dytique ? Au départ et avant le premier confinement, je couvais l’idée d’un projet qu’on répéterait durant trois mois et qu’on exploiterait aussi longtemps qu’on l’avait répété. Dès mars dernier, j’ai mesuré le risque de tout miser sur un seul spectacle et j’ai même hésité un moment à le concrétiser, au point de l’abandonner. Annie Bozzini, de Charleroi-danses, m’a convaincu de l’importance de poursuivre malgré tout et l’idée de faire une trilogie a alors germé. Cela apportait de la souplesse au calendrier et de la créativité au projet. En plus, cela dopait l’énergie à la distribution. Répéter un spectacle, le jouer, puis en répéter un autre et le jouer, ce rythme nous évitait de demeurer trop longtemps sur un seul et même projet et de s’épuiser. Puis, selon l’évolution de la situation sanitaire, ça nous permettait de le moduler. Bref, de passer de trois à deux formes ou même à une, s’il le fallait, avec toujours l’intention que, au bout du compte, il y ait le plus de représentations possibles. Avec les règles de distanciation et selon les bulles qui, je pense, persisteront lorsqu’on pourra rouvrir, on pourrait être entre trente-cinq et quarantecinq personnes au maximum. Jouer longtemps permet malgré tout de rencontrer le plus de public possible. D’ordinaire, tu es soucieux du nombre de spectateurs, et tu as l’habitude de jouer devant des salles bondées. Est-ce que c’est libérateur de ne plus avoir ce souci ? Le nombre de spectateurs n’entre jamais en ligne de compte dans mon travail artistique. C’est en tant que directeur de compagnie qu’il importe. Mais c’est clair que ce n’est pas facile de se dire qu’on a travaillé autant pour des petites jauges et ce n’est pas avec plaisir qu’on l’accepte. En même temps, j’essaie de raisonner et je me dis que c’est mieux que rien. On a vu, lors du premier déconfinement, à quel point les gens avaient envie de revenir au théâtre, d’assister à des spectacles, de voir des professionnels se produire sur les planches. C’est là qu’on peut en quelque sorte parler de la vocation des artistes, parce qu’on sait à quel point, pour une certaine frange du public, ils représentent la liberté, l’évasion, la création et participent à quelque chose qui n’est pas purement matériel. Concrètement, je pense que, même si ce n’est qu’une quarantaine de personnes, il s’agit de gens qui, chaque soir, auront le privilège d’assister à quelque chose qui, je l’espère, les touchera. Actuellement, le nombre n’est plus de circonstance et il faut faire le deuil de ça. En revanche, chaque représentation prendra certainement une dimension particulière !
Aujourd’hui, tu as une fois de plus revu le projet et « Toumaï » devient un seul spectacle. Pourquoi ce changement ? C’est essentiellement lié à la distribution et à son dynamisme. On s’affaiblit à force de tourner autour du même thème, sans pouvoir présenter ce qu’on fait, et l’équipe est là, disposée à se lancer dans un tout nouveau spectacle. La situation a eu un impact sur les projets, sur leur exploitation et sur les aspects salariaux de l’équipe, mais est-ce que la relation avec les artistes et la manière dont tu as travaillé avec eux ont été également impactées ? Oui. Les intervenants qui ne sont pas là au quotidien portent un masque, moi-même et mon assistant en portons un. Les danseurs, forcément n’en portent pas, mais on a eu des discussions sur les responsabilités de chacun et chacune pour faire en sorte qu’on puisse continuer à travailler. Il fallait s’engager à être peu en contact avec d’autres gens et à constituer une bulle. Dans cette distribution, la plupart des interprètes viennent de l’étranger. Ils n’ont pas leur famille ici, ils ne sont pas mariés et n’ont pas d’enfants qui vont à l’école. Donc c’était beaucoup plus facile de constituer cette bulle. L’ambiance est plutôt sereine, mais au niveau travail, quoi qu’on en dise, j’ai quand même le sentiment d’avoir une chape de plomb au-dessus de la tête. Etat qui n’est pas propice à la création. Dans mon cas personnel, je trouve ce poids d’une lourdeur anormale. Mais, en même temps, c’est un bonheur que nous soyons dans cette situation ultra-privilégiée de pouvoir répéter malgré tout, de garder des liens sociaux à travers l’équipe. Je répète aux artistes que je côtoie de profiter de l’instant présent et de cultiver les petits moments de bonheur. Voilà la raison pour laquelle nous nous lançons dans un spectacle joyeux… Comment gères-tu l’absence d’échéance de réouverture ? C’est un point extrêmement compliqué. Mais j’ai ce privilège d’avoir un studio qui est aussi un lieu de représentation et de ne pas dépendre de la décision d’une direction, ni du planning d’un théâtre. C’est vraiment très spécifique. Il n’y a pas une autre création qui me suit ou qui me précède. Très peu d’artistes possèdent cette liberté de pouvoir établir leur propre calendrier. Cette situation fait aussi que je pense déjà à l’automne 2021. Au départ, on avait prévu un programme de résidences et, maintenant, on réfléchit plutôt à mettre le studio à disposition de productions, surtout de productions de danse, pour apporter notre pierre à l’édifice. On voudrait agir pour éviter le phénomène d’entonnoir qui risque d’avoir lieu la saison prochaine, entre les spectacles qui n’auront pas pu être joués et d’autres dont les créations étaient prévues. Le studio Thor pourrait être un espace scénique supplémentaire pour accueillir quelques-uns de ces spectacles. On voit que la crise amène un nouveau questionnement sur le rôle des artistes. Penses-tu que le système de création et de programmation des arts de la scène sera différent au sortir de la pandémie ? Quelles pourraient être ces différences ? Depuis un certain temps, je pense qu’on est tombé dans le piège du consumérisme sans nous en rendre compte. Il s’est transposé à tous niveaux sur le système de la production culturelle, au point de largement dépasser les arts de la scène. Après la crise sanitaire, je crains une gigantesque crise économique qu’il faudra gérer. Je suis persuadé qu’il y aura beaucoup moins d’échanges internationaux. Mais faut-il s’en plaindre, alors qu’on a tous tellement hurlé contre les méfaits de la mondialisation ? Le milieu professionnel devra à un moment donné, commencer à faire le deuil de ce type de transactions, parce qu’elles vont être beaucoup plus onéreuses et beaucoup plus difficiles à mettre en place. J’ose parler d’une sorte de repli sur soi, voire de protectionnisme. D’autre part, je prône – et ce n’est pas nouveau non plus ! – d’autres modèles de diffusion et d’exploitation des spectacles, héritages des années 80, qui veulent qu’une pièce se joue seulement pendant une ou deux semaines. Ne faudra-t-il pas imaginer des
affiches qui tiendront plusieurs mois comme dans les années 30. Les seuls qui ont conservé ce modèle sont les producteurs du music-hall, où les pièces sont même tenues pendant des années. Je pense que dans le futur, plus de voix vont s’élever pour revenir à des séries plus longues. Enfin, quand je parlais de « protectionnisme », on pourrait l’imaginer de manière positive, sans faire appel à des gens qui viennent de l’extérieur, mais en faisant travailler ceux qui habitent à proximité. Il y a suffisamment d’interprètes et de jeunes artistes talentueux dans la capitale pour ne pas être obligé de continuer les auditions internationales, comme c’est la coutume en danse. Lors des dernières représentations avant le refermeture de presque tout, les restaurants et les bars avaient tiré leur volet, il n’y avait donc plus que les spectacles, sans moments d’échanges. On pourrait dire que l’art était vivant, mais qu’il avait aussi perdu du vivant … Perdre ça, n’est-ce pas aussi perdre du sens ? Je trouve ça dur. Je l’ai éprouvé en tant que spectateur et, mine de rien, ça ampute quand même la moitié de ton expérience théâtrale. La moitié du temps, tu le passes avant et après le spectacle. Si on doit reprendre les représentations sans les moments qu’il y a autour, il faudrait créer un espace où les spectateurs qui le désirent pourraient laisser des petits mots aux artistes, coller des post-it ou quelque chose de plus sophistiqué. Dans tous les cas, créer un espace de rencontre pour pallier ce manque. (Vous serez informés de la suite de cette aventure, notamment, via le site www.varia.be) Sylvie Somen et Aurélia Noca Photos © Cie Thor
PORTRAIT DE LA SCULPTRICE DOMINIQUE LEMOINE Dominique Lemoine est une créatrice française qui, tardivement, a découvert sa vocation en tant que sculptrice. Elle a travaillé toute sa vie comme radiologue, avant de se lancer dans le monde des arts à un âge où d’autres songent à profiter de l’heure de la retraite sous les palmiers en sirotant des Martini on the rock. Plutôt que de villégiaturer tous azimuts, elle a suivi une formation dans différents ateliers pour maîtriser les matériaux que sont la terre et le métal. Ses futures œuvres, elle les voyait en 3D et non pas en deux dimensions couchées sur une toile ou un papier de dessinateur. Un travail de grande envergure et qui ne se réalise jamais en un tournemain ! Ici, les proportions nécessitent un regard aguerri, ainsi qu’une précision d’orfèvre. Chaque détail a de l’importance, même si une part de hasard entre dans la mise en place de toute pièce. Pour créer, l’artiste part d’une idée bien déterminée, en s’abandonnant à des impressions, à des humeurs ou à une atmosphère. Il s’agit aussi de se laisser surprendre par ce qui naît de la matière. Sa manière de procéder ne fonctionne pas chaque fois à partir de paramètres d’une stricte précision, contrairement à son expérience dans l’univers médical. L’art invite à la surprise et, pour surprendre les spectateurs, il importe d’être soi-même saisie par une émotion particulière. Chose qu’elle explique par le fait que la terre, un de ses éléments principaux, ne se plie pas toujours à ce qu’on attend d’elle. Du coup, l’idée initiale est réorientée, voire redirigée. Pendant son temps libre et durant l’accomplissement de ses créations, Dominique Lemoine écoute du jazz, une musique qu’elle adore. Ses objectifs futurs sont de pourvoir continuer à travailler la terre pour le plaisir des autres ainsi que pour le sien. Retrouvez cette artiste remplie de talent sur le site www.artmajeur.com Jennifer Schreiner
EXPOSITION : 1000 PETITS BONSHOMMES Voilà une exposition atypique, née dans la tourmente de la Covid. Une manifestation solidaire, puisqu’elle a été générée par le restaurateur Cédric Gérard dans le but de parler de la crise et de souligner la précarité de certains d’entre-nous. En l’occurrence, les sans-abris, amenés à vivre cette période particulièrement difficile sans toit sous lequel s’abriter autant que sur le plan des soins de santé. L’idée a donc été de proposer à une kyrielle d’artistes de réfléchir sur ce thème et de réaliser des figurines destinées à être vendues et dont les bénéfices seront versés à l’asbl Infirmiers de Rue. Les Halles Saint Géry accueillent donc cette initiative citoyenne en rassemblent près de trois cents œuvres conçues par des professionnels aussi bien que des amateurs. Parmi les signatures, on peut reconnaître celle de Denis Meyers, Philippe Geluck, Nathalie Uffner, Joëlle Scoriels et Charles Kaisin qui, sans calcul, ont accepté de relever le défi. Un événement à la fois sérieux, cocasse et surréaliste dans une capitale frappée comme tout le reste du pays par la pandémie et fait pour sensibiliser les citoyens sur la gravité du sort de certains et qui se la joue ludique, récréative ou démonstrative. Cette exposition hors-normes se déroule aux Halles Saint-Géry jusqu’au 27 février 2021du lundi au dimanche de 10 à 18 heures. Accès gratuit. Plus de détails sur le site www.hallessaintgery.be Place Saint Géry à 1000 Bruxelles Paul Huet
LA MONNAIE … TOUJOURS ET ENCORE ! Nous avons essayé autant que possible de maintenir les représentations prévues. Car ce sont des projets que nous avons inscrits au programme de notre saison principalement pour leur qualité artistique exceptionnelle et que souhaitons toujours les présenter à notre public. Nous avons également pensé qu’il était très important, en cette nouvelle année incertaine, de respecter autant que possible les accords conclus avec les artistes – après tout, de tous les travailleurs culturels, ce sont eux qui ont été le plus durement touchés par cette crise. C’est ainsi que nous sommes parvenus à maintenir tous les récitals et à poursuivre la collaboration avec les différentes équipes de production et les chanteurs. Même si nous avons dû décaler – et raboter – certains projets. Nous avons articulé notre nouvelle programmation autour de trois piliers. À partir de février, nous nous concentrerons sur l’œuvre de Wolfgang Amadeus Mozart. Avec notre Directeur musical Alain Altinoglu à la tête des forces musicales, nous présentons une version semi-scénique de Der Schauspieldirektor dans une version contemporaine réalisée par trois directeurs de théâtre bruxellois : Michael De Cock, Fabrice Murgia et Peter de Caluwe. Le récital planifié des Prégardien, père et fils et le concert Mozart Akademie avec Raphaël Pichon et Sabine Devieilhe seront, eux aussi, placés sous le signe de l’enfant prodige autrichien. Même les plus jeunes amateurs d’opéra pourront découvrir son œuvre lors d’un concert spécial pour les enfants comprenant des extraits de Die Zauberflöte contés par Alain Altinoglu et Filip Jordens. Les enfants seront particulièrement gâtés en cette seconde partie de saison avec notre opéra familial Une chanson pour la lune. Ce projet, réalisé par la compositrice Mathilde Wantenaar et basé sur le conte éponyme de Toon Tellegen, sera présenté en première mondiale en coopération avec plusieurs partenaires européens. Bien entendu, la présentation de ce programme dépendra de l’évolution de la situation sanitaire. Vous retrouverez toutes les dates et autres informations pratiques le site www.lamonnaie.be L’équipe de la Monnaie
EXPOSITION : PACIFIC PALACE Dès sa publication, l’album Pacific Palace de Christian Durieux s’affirme comme un des titres les plus somptueux de la collection « Le Spirou de… » (Editions. Dupuis). Dans cet album, Spirou travaille à l'hôtel Pacific Palace avec Fantasio, désormais reconverti en groom. L’unique client de l'établissement est Iliex Korda, dictateur déchu de la République du Karajan, accompagné de sa garde rapprochée et de sa fille, l’exquise Elena. Tandis que l’intrigue politico-policière suit inexorablement son chemin, Fantasio provoque l'entourage du tyran et Spirou tombe amoureux d'Elena, la demoiselle au regard aussi vert que lumineux. Le belge Christian Durieux (1965) réussit la jonction entre tradition et modernité avec ce récit grand public teinté d’intelligence. Et que dire de la séduction mystérieuse des planches originales réalisées en couleurs directes et ornées d’un trait ligne claire tracé avec raffinement ? Les compositions envoûtantes de Durieux prennent place au cœur du Pacific Palace, un bijou architectural Art déco niché au bord d’un lac alpin. Jusqu’au 6 février 2021 La galerie Champaka présente en exclusivité mondiale une large sélection de planches de Pacific Palace, mais aussi les couvertures et des illustrations inédites. Autant de miracles graphiques à venir admirer sans tarder ! Voyez tous les détails concerts sur le site www.galeriechampaka.com Rue Ernest Allard, 27 à 1000 Bruxelles
DU CÔTÉ DU RIDEAU DE BRUXELLES L’année nouvelle est là et, avec elle, l’espoir de jours moins gris. 2020 aura été particulièrement éprouvante, car nous avons été forcés de garder nos distances mais nos liens ont tenu bon et ils sont là, toujours vivants, toujours vibrants. Merci pour vos messages, vos mots encourageants et vos manifestations de soutien qui nous arrivent régulièrement depuis mars dernier. Vous aussi vous nous manquez. Nous continuons à travailler et à créer. On lit, on écrit, on répète, on reporte, on réfléchit, on rêve, on cherche, on workshope, on fait chauffer les neurones, impatients que nous sommes de partager tout ça avec vous. Alors, en attendant nos retrouvailles dans notre maison de théâtre, un coup de fil au 02 737 16 01 et hop, laissez-vous guider par la voix de Cyril, choisissez votre menu et vous pourrez entendre Valérie Bauchau et Véronique Dumont, les deux actrices de Loin de Linden, vous livrer quatre courts extraits de leur spectacle. Si vous le souhaitez, une autre touche vous donnera la possibilité de nous laisser quelques mots. Quelques notes festives pour chasser 2020 et accueillir 2021. Chaleureusement, Toute l’équipe du Rideau de Bruxelles
LES MRAH VOUS ATTENDENT ! Les musées des Musées Royaux d'Art et d'Histoire ont rouvert leurs portes. Depuis que le gouvernement fédéral a donné son feu vert, ils ont rapidement mis en œuvre des mesures au niveau de la sécurité, de l'hygiène et de la distanciation sociale. On le sait, les mesures pour ouvrir en toute sécurité ne sont pas une mince affaire. Les tickets ne peuvent être achetés qu'à l'avance et en ligne. Les visiteurs doivent se désinfecter les mains à l'entrée et porter un masque buccal. Un parcours adapté anti-corona a été développé pour chaque musée. Cet itinéraire garantit une distance sociale entre les visiteurs et leur montre en même temps les plus beaux endroits et les objets de collection des différents musées. A nouveau, les visiteurs peuvent revisiter les collections, même si les horaires ont été légèrement modifiés à cet effet. Toutes les informations détaillées pour planifier votre visite se trouvent sur les sites internet du Musée Art & Histoire, de la Porte de Hal et des Instruments de Musique. A savoir : www.kmkgmrah.be
EXPOSITION : MEET THE MASTERS – VAN EYCK, BRUEGEL ET RUBENS Voilà un événement qui a pour vocation de marquer durablement les esprits et qui met sous les projecteurs de manière digitale et didactique le travail des peintres Jan Van Eyck, Pieter Bruegel et Pieter Paul Rubens, les trois plus grands représentants de la période flamande. L’objectif est de conjuguer une histoire de près de trois cents ans à une technologie dernier cri, afin de créer une immersion totale dans l’univers des artistes. “Meet the masters” propose donc une reconstruction à l’identique de l’atelier de ces créateurs, ainsi que des moyens qui permettent aux œuvres de s’animer. Cette exposition a été conçue en collaboration avec des experts et des historiens de l’art, afin que les travaux originaux, les techniques et les spécificités de chacun n’aient plus de secrets. Les plasticiens appartenant à des courants différents sont ainsi présentés dans leur contexte le plus fidèle. Jan Van Eyck, Pieter Bruegel et Peter Paul Rubens, sans doute les plus grands peintres flamands de l’Histoire, se voient de la sorte réunis le temps d’une expérience virtuelle et d’une rencontre inédite. S’il est toujours question de voyage, celui-ci s’organise hors de toute chronologie, engageant dans une conversation fantasmée ces trois maîtres nés de siècles différents. L’opportunité de découvrir leurs ateliers respectifs reconstitués dans les moindres détails et d’observer leurs chefs-d ‘œuvres, grâce à la cartographie vidéo et à des projections à 360°. Sans parler d’une captivante pièce radiophonique … En bref, un spectacle son et lumière éblouissant que seule la 3D a pu concrétiser. Si vous avez aimé l’expérience immersive « Beyond Bruegel » et celle intitulée « Monet – the immersive experience », celle-ci est naturellement une invitation à vous déplacer. Une exposition à découvrir jusque fin avril 2021 au palais de la Dynastie. Plus détails sur le site www.meetthemasters.be Mont des Arts, 5 à 1000 Bruxelles André Metzinger
DÉCÈS DE L’ACTRICE TANYA ROBERTS Elle a été un des visages les plus radieux de la télévision, une drôle de dames qui a sévi dans la série éponyme de 1980-1981. Les ados pubères se souviennent également de sa prestation dans « Sheena, reine de la jungle », sorte de Tarzan au féminin qui lui a permis d’évoluer dans un affriolant bikini en peau de bête, tout en chevauchant un zèbre ou en faisant parader des éléphants. Puis, sa carrière est passée par les thriller sexy avec une myriade de rôles dans des produits, notamment, estampillés Jim Wynorski et Andrew Stevens, dont « Night eyes », « Inner sanctum », « Sins of desire », etc. omettant parfois de rappeler qu’elle a été la troublante Stacey Sutton à côté de Roger Moore dans le James Bond intitulé « Dangereuse vôtre » face à la vilaine Grace Jones. Hospitalisée en début d’année, elle est décédée peu après. Si son palmarès ne laisse pas des affiches flamboyantes, elle a néanmoins été un miroir à fantasmes dont se sont alimenté une pléiade de célibataires, de jeunes gens dont les hormones s’activaient trop vite et les amateurs de jolis profils. Adieu l’artiste ! Paul Huet
CARNET NOIR : BARBARA SHELLEY Elle a été une des vedettes féminines préférées des inconditionnels de la Hammer, firme anglaise spécialisée dans les films horrifiques des années 50 à 70. Des longs métrages qui ont mis en scène Dracula, Frankenstein et une série d’autres monstres nés de l’imagination fertiles d’écrivains qui ont circonscrit le périmètre du genre dit gothique, avec vieilles pierres, cryptes obscures et ferronneries oxydées. Née à Londres en 1932 et décédée en janvier dernier, Barbara Shelley a été l’une des grandes dames du cinéma fantastique. Grâce à son physique agréable et à son visage plein de douceur, elle a souvent incarné les filles sages (sœur, épouse, fiancée), à la fois romantiques et rangées, très morales, et, parfois, un peu compassées. Également, les scientifiques imprégnées par leur métier, véritable puits de savoir. Toutefois, par la magie des scénaristes, il lui suffisait d’un baiser du monstre de service pour occulter sa personnalité et la métamorphoser en séductrice éhontée. Venue assez tard au cinéma, elle a débuté sur les planches, avant de se voir proposer des petits boulots de figuration. En 1960, Wolf Rilla lui a offert son premier grand rôle, celui d’Anthea Zellaby, dans « Le village des damnés » ou cette curieuse aventure survenue dans le petit village de Midwich avec une douzaine d’enfants nés en même temps et qui présentent des dons paranormaux. John Gilling, Don Sharp et Terence Fisher en ont ensuite fait leur égérie pour des désormais classiques de l’effroi tels que « Le spectre du chat », « La gorgone », « Dracula, prince des ténèbres » et, surtout, le dernier opus de la saga « Quatermass », dont une séquence révèle toutes ses potentialités de jeu face à James Donald et Andrew Keir. Il s’agit du moment durant lequel elle sent naître le pouvoir d’une force venue du passé et d’origine extraterrestre. Toutefois, c’est Terence Fisher, en l’opposant au vampire Dracula, qui lui a apporté sa meilleure prestation, la métamorphosant de bourgeoise prude en amante passionnée (et sexy) après avoir été mordue par son ténébreux amant. A l’instar de nombreux séniors, elle a été victime de la covid-19. Elle avait quatrevingt-huit ans ! Daniel Bastié
LE THÉÂTRE LE PUBLIC EN VOD ! En attendant la réouverture du théâtre Le Public, l’équipe propose quelques spectacles à voir ou à revoir sur sa plateforme VOD. Le catalogue en ligne comporte actuellement les pièces « Deux hommes tout nus », « Tuyauterie », « Les professionnels », « Vous avez dit Broadway » et « Rumeur ». Il s’agit de vidéos à la demande diffusées pour permettre aux spectateurs de patienter en attendant la reprise et, surtout, de ne pas perdre le lien précieux qui les uni à leur salle de représentation. Pour se détendre, se dérider, rire et se divertir en oubliant la morosité de cette période, voilà un service qui prouve (si la chose est nécessaire !) que le soutien du public fait vivre les agents du secteur culturel. La totalité des revenus seront reversés aux artistes. Retrouvez ces spectacles via le lien https://vod.theatrelepublic.be Daniel Bastié
REPORT DU BRUSSELS SHORT FILM FESTIVAL Pour sa 24e édition, le Brussels Short Films Festival souhaitait vous proposer une édition qui puisse à nouveau être rythmée par des projections, mais aussi par des rencontres humaines et professionnelles ! Plus que jamais, ses organisateurs souhaitaient qu’il soit une réussite pour fédérer un public varié et puisse continuer à être un lieu de découvertes, ainsi qu'un rendez-vous pour toute la profession. Cela dans une ambiance la plus chaleureuse et vivante possible. Malheureusement, la pandémie est passée par là et la covid a généré une instabilité pour tous les agents du monde culturel. C'est pourquoi, face à l'incertitude de la situation sanitaire pour le mois d’avril prochain et pour ne prendre aucun risque en jouant avec la santé des spectateurs, il a tout simplement été décidé de postposer l’événement et le programmer du 18 au 27 juin 2021. En espérant que ces dates puissent être confirmées à plus ou moins brève échéance … Paul Huet
ANIMA, LE FESTIVAL EN LIGNE Anima, le Festival du Film d’Animation de Bruxelles, se déroulera bien du 12 au 21 février 2021 pour sa quarantième édition, mais dans une version totalement en ligne et ce via sa nouvelle plateforme. Chacun y a cru jusqu’au bout, mais la pandémie dicte sa loi et impose des sacrifices qui coûtent à tout un chacun, avec des victimes collatérales, des déçus, des démoralisés. Plutôt que d’abandonner complètement ce projet (également un anniversaire !), l’équipe s’est résolue à le proposer en streaming, avec le public à distance, mais sans renoncer à la qualité d’une programmation qui a su fédérer des fans depuis ses premières heures. Une expérience 100% inédite, même si elle s’inscrit dans l’air du temps. Au menu, de la diversité et un riche panel de titres peu ou mal connus et des nouveautés qui se joignent à des affiches plus connues. Plus de deux cent cinquante films à la demande sont ainsi prévus, auxquels s’ajoutent des événements virtuels additionnels et des live. Si vous souhaitez participer à cette fête du cinéma, forcément de chez vous, je ne peux que vous enjoindre à la découvrir via le site www.animafestival.be Paul Huet
INCENDIE À BOZAR Les flammes ont mordu la toiture de Bozar. Cela a débuté le lundi 18 janvier vers 16 heures. Immédiatement, les pompiers ont été avertis. Sirènes, déploiement des lances d’arrosage et périmètre du quartier bloqué. Les hommes du feu ont fait preuve de célérité. En quelque heures, le danger a été circonscrit. Néanmoins, il faut déplorer deux blessés. Un pompier a fait un malaise cardiaque et a dû être amené aux urgences dans un état stable. Un second s’est abimé le tibia en chutant. Quant à l’ampleur des dégâts, elle est heureusement limitée aux combles, malgré la quantité impressionnante d’eau déversée sur le bâtiment. Enfin, avec la vie culturelle ralentie, tous les locaux n’étaient pas occupés et aucune exposition n’avait lieu dans les salles sous l’endroit où les gerbes sont montées vers les nuages. L’enquête a démontré le caractère parfaitement accidentel de l’incendie. Les assurances se chargeront de la suite ! André Metzinger
DÉCÈS DU COMÉDIEN JEAN-PIERRE BACRI En pleine crise de la covid, l’acteur Jean-Pierre Bacri nous a quittés. Né en Algérie en 1951, il a tourné dans des longs métrages devenus cultes comme "Le goût des autres", "L’été en pente douce", "Les sentiments", "Didier", "Un air de famille", "Kennedy et moi" et, parmi beaucoup d’autres, "Le Sens de la fête". Bien connu pour ses rôles de râleur, il était particulièrement aimé dans toute la francophonie. Compagnon au travail comme à la ville d’Agnès Jaoui, il était également scénariste. Il affirmait ne pas aimer les héros, préférant camper des personnages issus du peuple, à la fois simples et parfois beaufs. Rattrapé par un cancer qui le tenaillait, il a lâché définitivement la bride alors que notre numéro de février était en train de se clôturer. Avec plus de quatre décennies de carrière sur les planches autant que devant les caméras, il laisse le souvenir d’un être profondément humain, sorte de Droopy optimiste, qui se démenait pour notre plaisir. André Metzinger
DU CÔTÉ DU THÉÂTRE ROYAL DES GALERIES Malheureusement, cette année, ce que nous traversons nous a privé de La Revue, spectacle mythique et indispensable du Théâtre Royal des Galeries. Nous l’acceptons, nous le comprenons mais, évidemment, ça nous rend triste et cela nous met en difficulté. Triste car nous sommes coupés de vous, notre fidèle public, qui vient chaque année se divertir en notre compagnie. Et dans les difficultés financières aussi, car il n’y a plus de rentrées et les frais fixes continuent … Comme nos confrères, nous n’avons pas de date exacte de reprise. Nous avons compris que nous pourrions peut-être reprendre bientôt. Nous l’espérons, car nous avons besoin de travailler. De vous retrouver. De vous présenter, à nouveau, nos spectacles. Si tout se passe bien, nous vous proposerons donc, dans la première partie de 2021, les quatre spectacles encore prévus dans votre abonnement (« Cuisine et dépendances », « L’étudiante et monsieur Henri » et « Adorable Julia » aux dates prévues et le report de « Un petit jeu sans conséquence » à la fin de la saison). Vous nous êtes fidèles et vous nous faites confiance. Nous voulons vous en remercier. Nous étudions des possibilités, financières ou artistiques, pour vous rendre votre amitié mais nous vous demandons encore un peu de patience car, pour l’instant, nous avons la tête sous l’eau … Toutes et tous, nous vous remercions pour vos témoignages de soutien et, dès que possible, nous reviendrons très vite vers vous. David Michels et toute l’équipe du Théâtre Royal des Galeries
QUEL AVENIR POUR LE MUSÉE DU JOUET ? Le Musée du Jouet, situé à un jet du Jardin Botanique, entre la place Madou et la place Rogier, est menacé de fermeture. L’information nous est parvenue via les ondes de la RTBF. Installé depuis 1990 dans un immeuble de la rue de l’Association, il possède une collection qui approche les vingt-cinq mille pièces. Un trésor unique en Europe. Constituée par un passionné, cette manne réveille les passions dans les yeux des seniors qui viennent parcourir les locaux de cette caverne d’Ali Baba, suscite la curiosité chez les enfants et est devenu un déplacement obligatoire pour quasiment toutes les écoles maternelles et primaires de la capitale, drainant de nombreuses classes avides de savoir. Entre les ours en peluche, les objets mécaniques et les soldats de plomb, se déplie plus d’un siècle et demi de notre histoire. Ce n’est donc pas faute de public ni à cause de la crise sanitaire que son avenir est menacé. En fait, le bâtiment appartient à la Cocof et il a été avéré que d’importants travaux devaient y être effectués pour garantir la sécurité de tout un chacun. Depuis le décès de son créateur, André Raemdonck, sa fille veillait à la pérennité du lieu. Une mission mise aujourd’hui en déséquilibre face au chantier indispensable Actuellement, la balle se trouve dans le camp du propriétaire qui ne voit pas de quelle manière agir, si ce n’est que de vider les lieux pour entreprendre un chantier de durée relativement longue. Alors, un déménagement possible vers une autre adresse ou une fermeture définitive. Affaire à suivre … André Metzinger
LE THÉÂTRE DE LA TOISON D’OR S’ACTIVE ! En réponse à vos très nombreux messages de soutien et propositions d’aide, nous avons décidé de lancer notre campagne d’abonnements pour la saison prochaine. Vous pourrez ainsi nous soutenir activement en achetant un ou plusieurs carnets de places pour la saison 20-21 Nous avons également décidé, étant soucieux de notre santé collective, de mettre en vente des « masques solidaires » afin de vous permettre de vous protéger, tout en soutenant le TTO à travers un masque à notre griffe… Ces masques personnalisés auront un coût de 25 euros. Après mûres réflexions, nous sommes, au TTO, arrivés à la conclusion qu’il était plus juste de solliciter votre aide de cette manière plutôt que de vous demander d’effectuer de simples dons financiers sans contrepartie de notre part. Nous espérons que vous comprendrez cette approche. L’équipe du TTO
INFORMATIONS DU THÉÂTRE DES MARTYRS Le Théâtre confirme son ancrage sur la place des Martyrs. Le bâtiment - situé Place des Martyrs 22, à 1000 Bruxelles - dans lequel le théâtre loge ses activités, a vu son bail renouvelé pour une durée minimum de neuf années, prenant cours au 1er janvier 2021. A l’initiative de Rudi Vervoort, Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale en charge de la Culture à la Cocof, gestionnaire de l'infrastructure, le bail du théâtre a été reconduit pour les années à venir. Un engagement d'importants travaux de rénovation a également été pris pour ces trois prochaines années. Un signal fort en faveur de l'affectation culturelle et théâtrale des lieux et de sa modernisation. Une présidence renouvelée. Suite au retrait de Michel Claise, l’organe d’administration a élu à sa présidence, en date du 9 novembre dernier, Juliette Roussel, membre de l’asbl depuis de nombreuses années, responsable du service culture d’une commune bruxelloise. Un second et dernier mandat pour Philippe Sireuil. Après une évaluation positive de son premier mandat de direction, l’organe d’administration a sollicité Philippe Sireuil pour effectuer un second mandat de cinq années, le premier ayant pris fin au 31 décembre 2020. L’objectif est de permettre à la structure de surmonter la crise actuelle, de préparer le nouveau contrat programme pour le Théâtre et de parfaire la mutation de l’asbl Théâtre des Martyrs entamée dans le courant du premier mandat de Philippe Sireuil qui poursuit donc à la barre du théâtre en étroite collaboration avec Charlotte Dumont, directrice administrative et financière. À sa demande, Philippe Sireuil quittera toutefois ses fonctions anticipativement, le 30 juin 2024 au plus tard. Le processus de désignation de la personne appelée à lui succéder sera lancé début juin 2023. L’organe d’administration de l’asbl a souhaité mettre en place une procédure ouverte et indépendante qui sera précisée en temps utile. Une date de reprise des spectacles En ce début d’année, nous avions espéré vous faire part d’une date où nous pourrions de nouveau vous fixer rendez-vous, mais force est de constater que nous ignorons toujours quand et comment nous pourrons vous accueillir dans nos salles. L’heure n’est donc toujours pas aux retrouvailles, et notre impatience – le mot est faible – grandit … Chose qui ne nous empêche ni de travailler à l’interne (de nouveaux spectacles se répètent, d’autres se reportent, et la prochaine saison que nous espérons sans virus se dessine et se construit), ni de vous adresser nos meilleurs vœux pour 2021, année que nous vous souhaitons en tous points meilleure que celle qui vient de s’achever. L’équipe du Théâtre des Martyrs
UN ÉCHO DE LA COMÉDIE DE BRUXELLES Tout d'abord, je vous souhaite, au nom de toute l’équipe de la Comédie de Bruxelles, une meilleure année 2021. Que vos rêves les plus fous deviennent réalité ! Même si l’année nouvelle ne commence pas comme nous l’avions espéré, je reste néanmoins optimiste et positif. Tout est possible. Je le crois profondément ! Tout comme je suis certain que nous nous retrouverons en nombre au théâtre. Malheureusement, il faudra encore un peu de patience. Les chiffres que nous devons atteindre pour endiguer cet infatigable virus ne seront pas atteints, selon les experts, avant février au plus tôt ! Les vaccinations, très prometteuses, vont se faire par paliers et ne couvriront pas l’ensemble de la population avant mai au mieux. Tout cela nous oblige donc à reporter également notre spectacle de mars « Ramsès II ». Car même si le gouvernement décide de rouvrir les théâtres en mars, le nombre
de spectateurs admis en salle ne nous permettra pas de créer notre spectacle dans des conditions financièrement acceptables. C’est à nouveau un gros coup dur pour la compagnie qui voit toute sa saison annulée et reportée. Du jamais vu ! Mais ne nous plaignons pas. Nous sommes loin d’être les seuls dans cette situation ! Patience et longueur de temps… En attendant la reprise, nous essayons de trouver des solutions pour nous maintenir à flot et travaillons activement sur la saison prochaine. Votre fidélité a toujours été l'essence même de notre énergie… Quant à votre solidarité, elle n’est plus à prouver. Merci pour votre soutien sans faille depuis mars dernier. En ce qui concerne vos places, vous ne devez rien faire. Elles seront automatiquement déplacées aux dates prévues pour la reprise. Vous recevrez ultérieurement un mail reprenant toutes les informations nécessaires. En attendant, nous vous souhaitons encore le meilleur. Et ne l’oubliez pas, le bonheur, aussi, est contagieux ! Daniel Hanssens
PLEIN LES OREILLES POUR DÉBUTER L’ANNÉE NOUVELLE Un crochet par le 7A de la rue Goffart, branchez-vous et écoutez aux portes du Rideau ! Un simple coup de fil au 02 737 16 01 et notre standard téléphonique vous propose un menu où vous pourrez entendre des extraits du spectacle « Saule, pieds nus dans les aiguilles », un petit bijou qu’elle peaufine depuis douze mois. On croise les doigts très fort et si, par un certain concours de circonstances covidiennes ce n’était pas possible de présenter cette pièce cette saison, nous ferons le maximum pour la retrouver ailleurs, plus tard, en des temps plus cléments. Bien sûr, l’incertitude est devenue notre quotidien et vous nous manquez. Même si perdure l’idée de vous retrouver prochainement, on se redresse, on retrousse les manches et on bosse. Nous ne pourrons pas rattraper ce qui est perdu, nous ne l’oublierons pas et en ferons notre deuil, mais nous veillons à rester debout. Nous avons également envie de mettre un coup de projecteur sur « Beyond the Spoken », un collectif d’artistes qui ritualisent nos grandes et petites morts (décès, perte d’emploi, séparation, …) Qui a dit que l’art n’était pas essentiel ? Le théâtre est et doit rester un endroit de partage, un endroit où nous faisons société, un espace de rencontre, de réflexion et de parole, le lieu où l’on se raconte, comprend et construit nos mondes, notre monde ! Un écrin où, entourés de nos semblables, nous guérissons de blessures et de maladies non palpables néanmoins tout aussi mortelles. Il est plus que temps de nous laisser vous ouvrir nos portes. Nous voulons que nos dirigeants prennent conscience de la détresse sociale et humaine dans laquelle la crise sanitaire nous plonge et que, à l’instar de la ministre de la santé du Luxembourg, notre gouvernement comprenne enfin que, pour être en bonne santé, il faut une bonne santé mentale. Bien sûr, nous n’ignorons pas la gravité de la situation et nos pensées vont à tous les travailleurs des soins de santé, mais nous avons du mal à tolérer que la crise se règle à coup de mesures strictes et inhumaines. Nous ne pouvons accepter que, pas une fois, d’autres facteurs que ceux purement économiques ne soient sérieusement pris en considération. Alors de toutes nos forces, nous crierons notre désaccord et notre colère. De toutes nos forces, nous nous battrons pour que le facteur humain soit remis au centre. Restons en lien et rêvons ensemble à nos prochaines retrouvailles. L’équipe du Rideau de Bruxelles
DÉSIRS FUTURS ET MÉTAMORPHOSES Comme tous les lieux artistiques, le théâtre la Balsamine a dû fermer ses portes aux publics et aux artistes. Une suspension spectaculaire pour une durée indéterminée. Reports et annulations des spectacles sont, désormais, au programme. Mesures d'urgence exceptionnelles face à une pandémie virale. Nous nous enfermons dans nos intérieurs respectifs. Nous vivons un quotidien transfiguré. Port du masque. Files devant les magasins alimentaires. Pénuries diverses dans certains rayons. Adoption de gestes barrières. Le télétravail devient la norme. Nous pratiquons la distanciation physique. Les bancs des parcs sont rendus impraticables. Les villes se désertifient, les espaces publics se raréfient. On entend mieux les oiseaux. Nous voilà réduits à la sphère domestique, privée. Perte de sens.
Confusion. Morts. Comptes et décomptes. La mort des uns ne sert pas à la survie des autres. Les deuils sont reportés. Par contre, sont accentués les isolements, les dépressions parentales, les féminicides, les violences conjugales. Solitudes extrêmes dans un quotidien sans fêtes. Une chambre à soi. Cette chambre devient, tour à tour, cellule, refuge, tanière, cocon. Chacun cherche sa chambre. Pour les sans-abris, on réquisitionne des hôtels afin de protéger la vie. Ce que l'empathie et la solidarité n'auront pas accompli, la Covid 19 l'aura induit. La maladie nous pousse à la préservation, le cœur devient temporairement la raison. On vit sur les réserves lorsque l'on en possède. Certains partagent leurs ressources. D'autres encore s'octroient le luxe d'un développement personnel. On laisse sortir le papillon, on lui autorise quelques battements d'ailes. Une métamorphose s'opère. Une transformation fait son œuvre. A notre insu. Un nouvel être s'extirpe. Une nouvelle créature. A présent, nous voici dans l'ère du déconfinement. Les oiseaux chantent toujours. Par-dessus eux, le rouleau compresseur de la logique marchande se fait plus bruyant encore. Le monde de demain n'est pas celui espéré. Étrange, cependant, nous ne sommes plus dans le même état. Quelque chose s'est décalé. Tout semble à redécouvrir. Nos désirs sont barbouillés, nos attentes sont à réinterpréter. Nous sommes des mutants. Nous sommes un peuple qui change. Les créations à venir témoignent de ce trouble, de cette ère faite d'hybridation en tous genres. Nos artistes sont déviants. En eux, un gène artistique qui leur confère des pouvoirs spéciaux. Toujours très obéissants, on réouvrira les théâtres selon les règles imposées. Masqués ou pas, nous tenterons de vous accueillir au mieux. Depuis, bientôt 40 ans, la Balsamine est là pour vous, artistes et publics, elle vous appartient. Ce sont vos présences qui légitiment ce territoire. C’est, grâce à vous, que nous construirons le futur. Et cet avenir proche, c'est votre venue en personne, en chair et en os. On vous attend ! Monica Gomes, directrice de la Balsamine
EN DIRECT DU CENTRE CULTUEL D’UCCLE Nous avons inscrit les joies retrouvées sur le fronton de notre théâtre, mais ces retrouvailles se font cruellement attendre ! Chacun doit encore retenir sa soif de découvertes, de rencontres, d’émerveillement. L’année nouvelle n’a pas encore apporté le soulagement – mais déjà combien d’actes généreux, de gestes de dévouement, de signes de courage et d’endurance. Pendant cette longue latence, nous ne sommes pas restés inactifs : équipement cirque de la cage de scène, peinture des loges, enregistrements de sessions artistiques dans le cube, résidences d’artistes au plateau, nouveau site internet du CCU et nouveau Wolvendael en ligne. Notre plan de reports des spectacles est en cours d’élaboration, il sera finalisé dès que nous saurons avec certitude quand nous pourrons rouvrir. Cet étalement bizarre de la durée nous a permis de prendre de l’avance : désormais, dans le Wolvendael, nous présenterons l’agenda du mois en cours et les spectacles du mois suivant. Nous prévoyons une réouverture du Centre culturel le 2 février 2021. Ce jour, nous serons prêts à vous accueillir, avec un nouveau festival, consacré à des formes originales de théâtre d’objet, le TOM Festival. Des spectacles qui font rêver, penser, sentir, et qui ne s’adressent pas qu’au jeune public. Nous ne savons pas si notre réouverture se fera dans des conditions normales, ou restreintes, mais sachez que toutes les mesures seront prises afin de sécuriser au mieux votre venue – et que vous serez les bienvenus ! La crise a modifié notre perception du temps, et nous a forcé à prendre du recul : à force d’annoncer des choses qui n’ont pas lieu, on finit par ne plus savoir ce qui est. Nous devons réapprendre à croire au présent ! croire dans ce qu’il peut nous apporter de bon, de réjouissant, de divertissant. Se divertir pour être à nouveau pleinement nous-mêmes. Le théâtre, plus que jamais, sera le lieu où venir se ressourcer. Tristan Bourbouze, directeur du Centre culturel d’Uccle
TAPIS BLEU POUR LES MAGRITTE DU CINÉMA : FILMS À LA DEMANDE ! L’Académie André Delvaux, organisatrice des Magritte du Cinéma, et la RTBF sont heureuses de présenter le programme événementiel qu’elles ont concocté en cette année atypique autour du septième art belge. Une mise en lumière riche, multiple et originale qui a su déjouer les contraintes mais qui ne dérogera pas à la tradition : Tapis bleu pour le cinéma de chez nous ! Une initiative rendue possible grâce à une série de partenaires de toujours : La Fondation Magritte, les cabinets du Ministre-Président de la Fédération WallonieBruxelles, de la Ministre de la Culture et de la Ministre de la Promotion de Bruxelles. Voici donc ce fameux tapis bleu qui se déroulera sur la RTBF et qui consacrera non pas une soirée, non pas un weekend, mais bien une semaine entière (du 31 janvier au 7 février) à la célébration du cinéma made in Belgium sur tous les médias de la RTBF (télé, radio et digital) et ce au travers de la diffusion de longs métrages (Duelles, Mon ket, Nos batailles...), de documentaires (Ceci n’est pas un anniversaire... Les Magritte du Cinéma ont 10 ans !) mais aussi de rencontres inédites avec plusieurs talents. Last but not least, en lançant, dès le 1er février, une nouvelle plateforme entièrement dédiée à la création belge, la RTBF met sur pied un espace où l’on pourra mettre en avant et célébrer les auteurs et créateurs du secteur audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Concrètement, du 1er au 14 février 2021, les plateformes VOD de Proximus, de Sooner et de VOO proposeront une programmation spéciale commune composée de neuf films belges (éligibles cette année mais qui, vu les circonstances, seront en lice pour l'édition 2022 des Magritte du Cinéma) : Adorables, Adoration, Bigfoot family, Filles de joie, La forêt de mon père, Jumbo, Losers revolution, Lucky, Noura rêve et Pompei. En outre, selon la ligne éditoriale des différentes plateformes, des courts-métrages, des interviews et des reportages seront aussi proposés. Vous trouverez tous les détails pragmatiques sur le site www.lesmagritteducinema.com André Metzinger
DVD – BLURAY : AFTER 2 Après un premier opus, Tessa et Hardin reviennent sur les écrans et poursuivent leur existence dans une Amérique profonde, qui ressemble à celle de tous les films pour teenagers boutonneux, dont les hormones s’agitent éperdument. Suite à leur douloureuse rupture, les protagonistes évoluent dans leur sphère respective. L’occasion de comprendre que Hardin a repris ses habitudes de bad boy, tandis que Tessa a décroché un stage dans une prestigieuse maison d’édition loin de chez elle. Malgré d’excellentes résolutions, elle ne parvient pas à oublier celui qui l’a initiée au plaisir physique, une relation déraisonnable et destructrice. Alors, pour elle, l‘évidence s’impose : recoller les pièces d’un puzzle qui a été démantelé et renouer avec le garçon qui hante ses pensées. La romancière Anna Todd s’invite ici comme co-scénariste, tant pour garder la mainmise sur son bébé que pour toucher des royalties toujours bienvenues. Cette fois, un concurrent se dresse face à Hardin : un collègue de Tessa, présenté comme un beau parti, bien éduqué, intelligent et bardé de diplômes, mais également comme partenaire stable. Entre pulsion et raison, la jeune femme sera amenée à trancher. Ce film nous rappelle à quel point l’amour peut faire mal et la difficulté d’emprunter la bonne voie. Pour certains, il s’assimile à une épreuve douloureuse et convoque maints remous toxiques, faits pour annihiler le simple bonheur de vivre. Tandis que le premier volet de cette saga nous dévoilait une union fusionnelle entre deux êtres, cette suite tourne au triangle amoureux, avec jalousies, doutes et parties de jambes en l’air parfaitement soft, puisque la réalisation s’adresse aux ados et se veut finalement un récit tout public (ou presque) décliné comme un album de jolies photographiées rythmé par la partition un chouia sirupeuse de Justin Caine Burnett. Assurément, Josephine Langford est toujours aussi mignonne, maintenant coincée dans un tailleur strict, et Hero Finnes Tiffin continue de rouler des mécaniques sous son blouson de cuir, use son spleen en éclusant des bouteilles d’alcool et promène son amertume à travers la ville. A nouveau, la relation sentimentale est appuyée par une attirance physique qui omet la dimension sentimentale, façon de nous rappeler que nous sommes des consommateurs et que la libido domine le mental. Ici, aimer revient à posséder l’autre. Mais est-ce vraiment cela aimer ? Daniel Bastié
APEIROGON Voilà un récit romancé qui, en 500 pages, fait le tour de la question et nous permet d’espérer quelque chose comme la paix en Israël. La paix qui manque tant à cette région du monde morcelée par l’histoire. Un mot grec lui sert de titre. Apeirogon, inconnu de beaucoup d’entre nous, désigne un polygone au nombre infini de côtés, traçant une espèce de cercle qui contient tout, ou presque, puisque la circonférence est éclatée en autant de minuscules parties. Mille et une, si l’on s’en tient à l’édifice du roman qui se lit comme Les Mille et Une Nuits. Il tourne sur lui-même, allant de l’article 1 à 500 pour refaire ensuite la marche inverse dans le second volet du récit. Comme dans une encyclopédie, qui tient elle aussi d’un cercle sur la connaissance universelle. Ici, c’est sur la question israélo-palestinienne ou, plutôt, sur la façon d’en sortir. Entre les parties morcelées se joue l’histoire de deux hommes endeuillés par la mort d’une enfant. Chacun a perdu sa fille. Smadar, 14 ans, était israélienne : son corps a explosé lors d’un attentat suicide perpétré par trois kamikazes dans les rues de Jérusalem, alors qu’elle prenait une orangeade. Abir, 11 ans, était palestinienne : elle a été fauchée par une balle en caoutchouc tirée par un soldat, qui l’a atteinte au bas du crâne tandis qu’elle sortait d’une épicerie où elle était allée acheter des bonbons durant la récréation. Deux morts innocentes, deux morts d’enfants à l’image d’une société déchirée, fracturée, éclatée. Leurs pères ont porté leur deuil à bras le corps, comme un fardeau, mais au lieu d’en faire un appel à la vengeance, ils en ont fait un appel au dialogue et à la réconciliation. Ils en ont fait leur trait d’union pour aller l’un vers l’autre, l’Israélien vers le Palestinien, et pour, dans leurs conférences communes, prôner un dialogue de paix entre leurs deux communautés. Dialogue difficilement compréhensible sur place, en Israël, mais plus acceptable ailleurs, dans les pays qui les invitaient à raconter chacun leur histoire. Ancien terroriste, Bassam Aramin, le Palestinien, s’est mis à étudier l’Holocauste. Fils d’un rescapé de la Shoah, et lui-même ancien soldat du Kippour, Rami Elhanan l’Israélien est devenu un pacifiste convaincu, qui se bat contre l’Occupation des territoires en Palestine. Eux qui étaient nés pour se haïr décident de raconter leur histoire commune, née des guerres qui ont déchiré la région depuis plus de 70 ans. Afin de rendre compte de cette amitié étrange sortie de la douleur, forgée dans le drame et murie dans le partage, Colum McCann, l’auteur, nous offre une œuvre multiple, à la forme inédite : une exploration historique, politique, philosophique, religieuse, musicale, cinématographique et géographique d’un conflit infini. Comme le titre de ce roman bâti à la façon de la tour de Babel, avec 1001 approches différentes qui se recoupent sans cesse. On en sort enrichi, sinon ébloui par le miroitement des notes qui se chevauchent et nous font voyager à travers Israël et la Cisjordanie. Une page appelle l’autre et quand la dernière se tourne, on reste interdit, dans l’attente d’en savoir encore un peu plus. Seul petit regret : qu’il n’y ait pas de carte pour guider nos pas sur les routes de Jérusalem, les routes du Calvaire par-delà le mur des lamentations et de la séparation. Ed. Belfond - 505 pages Michel Lequeux
QUINZE RENCONTRES ARTISTIQUES – Volume II Après un tome I sorti durant le premier confinement, voilà la suite des rencontres bruxelloises effectuées au fil du temps et génératrices d’émotion ou d’étonnement. Quinze talents artistiques, tous différents et uniques, se livrent sans ronds-de-jambes, et offrent un regard sur leur manière de procéder, qu’ils soient écrivains, compositeurs ou peintres. Il s’agit de rencontres qui présentent succinctement les activités de chacun au rythme de questions-réponses conviviales et participatives. Les artistes sélectionnés apparaissent par ordre alphabétique. Bien entendu, à l’ère d’Internet, je ne peux que vous inviter à découvrir davantage de leur production par le biais d’un ordinateur. Bandes musicales, panorama de dessins et couvertures de livres foisonnent sur la toile en quelques clics de souris via des sites personnels, Youtube, Amazon, Babelio, etc. Voici donc un ouvrage sans autre prétention que celle de partager des coups de cœur et des élans d’amitié. Surtout, ne vous privez pas de plonger dans leur vie de plain-pied, faisant mentir le dicton qui clame que personne n’est prophète dans son pays ! Au menu de cet opus : Myriam Buscema, Marc Brees, Christian Dalimier, Viviane Decuypere, Michel Dircken, Jacqueline Kirsch, Michael Loncin, Joske Maelbeek, Kate Milie, Mythic, Cécile Parent, Huguette Van Dyck et, notamment, Me’asa Weyo, toutes et tous rencontrés par Daniel Bastié Ed. Ménadès – 174 pages André Metzinger
GAME OVER … PLAY AGAIN Lucky est venu vers moi pour me demander de l’aider à écrire l’histoire de sa vie. C’était un homme impressionnant, autant par sa stature que par sa personnalité. Je l’ai accueilli sans peur et sans jugement et cela l’a touché. Nous nous sommes rencontrés pendant un an pour une descente aux enfers où étaient tapis ses démons. Surentraîné à détecter les émotions humaines, Lucky savait quand l’émotion me submergeait, il posait alors sa grande main sur mon poignet en murmurant : Désolé, c’est dur hein ? Avec le temps, une belle complicité s’est établie et, souvent, pour désamorcer une situation trop brutale, nous parvenions à rire. Ce fut une thérapie douce mais puissante et aujourd’hui la métamorphose est là, éclatante et émouvante. Une vie hors-la-loi qui a débuté dans l’enfance. Des petits commissariats de quartier jusqu’aux Assises, en passant par des cavales et une vie à deux cents à l’heure, voici le récit sans complaisance d’un aventurier que la mort a courtisé sans jamais parvenir à l’attraper. Cette histoire a été portée à l’écran par Stanislas Zambeaux sous le titre « Des hommes ». Et bientôt, un deuxième film lui sera consacré ! Ed. Ménadès – 154 pages Silvana Minchella
LE VENT DE LA PLAINE Voilà le roman qui a inspiré le cinéaste John Huston en 1960. Un western âcre, dans lequel une famille se débat face aux avanies et à un climat particulièrement peu amène. La terre est néanmoins précieuse, au point que les colons s’opposent à la tribu indienne locale. De surcroît, un vieil ennemi des Zachary répand la rumeur selon laquelle leur fille ne serait pas de leur sang. Plutôt une squaw arrachée aux siens alors qu’elle était bébé. Puis, le soufflé retombe. Jusqu’au matin où un groupe de Kiowas vient proposer de l’échanger contre quelques chevaux. En fait, elle serait la sœur d'un des guerriers. Dans l’hypothèse d’un refus, chacun sait qu’un conflit armé éclatera. Servi par une écriture soutenue, ce récit propose une intrigue remplie de paradoxes, sans bons ni méchants, chacun partant de son point de vue avec, en ligne de mire, un objectif à atteindre : récupérer la jeune femme et, dans l’autre camp, la garder coûte que coûte. Les rapports y deviennent du coup extrêmement complexes et conflictuels, jouant sur les différences qui opposent deux cultures, tout en insistant sur la violence d’une époque, avec des étrangers qui s’appropriaient des territoires sans se soucier de ceux qui les utilisaient précédemment. Comme toute installation, celle-ci s’est opérée par la force. Alan Le May propose une vision différente de celle à laquelle le cinéma et la littérature nous avaient habitués. Les Blancs y sont capables d’une férocité incroyable en allant, par exemple, massacrer un village; alors que les natifs sont présentés avec dignité et sagesse. Chose qui n’empêche pas leur détermination. D’ailleurs, le premier sang versé est celui d’un Kiowa venu pacifiquement, un « sale peau-rouge » comme l’affirme un protagoniste ! Ed. Actes Sud – 254 pages Daniel Bastié
L’AVENTURIER DU RIO GRANDE Martin Brady a autrefois éliminé le meurtrier de son père et s'est réfugié au Mexique, où il est devenu un pistolero à la solde d'une famille de riches propriétaires. Amené à revenir chez lui pour se procurer des fusils commandés par ses employeurs, il n’ignore pas que la justice américaine réclame toujours sa tête. A peine entré en vile, son cheval se cabre et le désarçonne. Résultat : une jambe brisée, avec l’impossibilité de se remettre en selle. Ce repos forcé le contraint à renouer avec ses vieilles habitudes et à regarder dans le rétroviseur. Bien vite, son passé le rattrape, avec pour conséquence de l’amener à choisir entre son ancienne existence et la nouvelle. En effet, un conflit éclate entre les deux rives du Rio Grande. Tom Lea signe un roman méditatif qui a été vendu à Hollywood et dont le scénario a été ficelé pour convenir au mieux à la personnalité de l’acteur Robert Mitchum, avec une succession assez atypique pour l’époque d’événements liés les uns aux autres. Il s’agit ici d’un anti-héros, qui roule sa bosse et qui doit se positionner. Malheureusement, les contingences décident pour lui et, bien qu’amoureux, il ne peut pas échapper à son métier des armes. Un massacre se profile et il sait qu’il en sera l’un des artisans. Ed. Actes Sud – 392 pages Daniel Bastié
LUNE PÂLE L’Ouest, le vrai, n’a pas fait que l’objet de l’attention du cinéma. Plusieurs écrivains se sont baignés dans ses légendes et ses paysages à fendre au couteau. William Riley Burnett s’inscrit dans cette lignée d’auteurs qui ont alimenté l’intérêt du public en accumulant les récits épiques et où se côtoient colons venus d’Europe et Indiens bien déterminés à conserver le droit de posséder la terre de leurs ancêtres. Avec « Lune pâle », il nous invite à découvrir de quelle manière le Far-West traditionnel s’est lentement transformé à la fin du XIXe siècle, pour entrer dans l’époque contemporaine et se parer de nouvelles conventions. Plutôt que d’appuyer sur la pédale de la rhétorique, il cristallise sous sa plume une famille aux origines mêlées et dont le patriarche règne sur la petite ville de San Miguel. En bon père, il veille sur chacun des siens et ne tolère aucune intrusion qu’il juge délétère. Le jour où Doan Parker, un aventurier au passé trouble, s’éprend de sa fille Opal, son sang ne fait qu’un tour. Déterminé à ne pas bénir cette union, la discorde éclate. Ce roman oppose deux manières de vivre et de penser et se veut haletant dans la façon où la psychologie des protagonistes est dévoilée, avec ses parts d’ombre et de lumière. Rien n’est jamais blanc ou noir, mais tout se frotte au doute, à la défiance, au repli sur soi et à la volonté de ne pas altérer certaines valeurs. Histoire criminelle, fable politique, parabole existentielle et romance, « Lune pâle » bénéficie du savoir-faire d’un écrivain qui ignore la routine, qui a fourbi ses armes dans le journalisme et qui a rédigé plusieurs polars noirs de suie avant de s’essayer au western. Il n’est donc pas étonnant que la trame de cette histoire se déplie en suivant le canevas d’un thriller classique, même si les chevaux remplacent les grosses cylindrées et les pétards les mitraillettes. Pour la présente édition, la traduction française de 1950 a été entièrement adaptée. Ed. Actes Sud – 252 pages Daniel Bastié
LES FURIES L’histoire de l’Ouest sauvage a engendré bien des mythes, entretenus par la littérature et le cinéma. En jouant avec une toponomie aux noms devenus familiers, les auteurs autant que les cinéastes ont enfanté des récits devenus des classiques, en réactualisant certains thèmes venus d’Europe et en les mâtinant à une série d’éléments vernaculaires. En ce sens, Niven Busch, scénariste hollywoodien et romancier de fond, a réussi à produire une œuvre qui mêle le neuf et l’ancien, sentiments et violence, chevauchées interminables et séquences de méditation. Cette fois, il nous entraîne au Nouveau-Mexique, alors que les pistoleros commencent à ranger leur arsenal et que les villes s’organisent en suivant des lois tangibles. Au fin fond de tout, Temple Jefford a réussi à s’imposer par son courage, son travail et sa fortune. Veuf depuis de longues années, il aspire à se remarier et sait qu’il peut compter sur sa fille Vance, qui possède des qualités pareilles aux siennes. Néanmoins, ses plans ne s’agencent pas selon le tracé qu’il avait esquissé. Sa nouvelle compagne déplaît et Vance se sent écartée, au point de laisser germer une jalousie irascible. L’affrontement entre le père et la fille ne peut qu’éclater avec des mots violents et des actes répréhensibles. « Les furies » se veut un western au féminin, dans la mesure où les femmes focalisent les intérêts et l’attention. Loin de s’avérer patientes et soumises, elles haussent le ton et se prêtent à l’algarade. Avec des personnages fouillés, des âmes complexes et une relation œdipienne troublante, l’auteur ne cherche pas la facilité et empoigne son récit à bras-le-corps pour écarteler les poncifs inhérents au genre. A titre indicatif, « Les furies » a été adapté au cinéma sous le titre éponyme par Anthony Mann en 1950, avec dans les rôles principaux Barbara Stanwyck et Walter Huston. Un récit qui se révèle d’une richesse inhabituelle dans ce genre, avec une analyse bien menée sur le plan psychologique autant qu’au niveau de l’ambiance dramatique, entrecroisant des destins qui n’auraient jamais dû frayer, avec un aspect shakespearien ! Ed. Actes Sud -278 Daniel Bastié
LES AVENTURES INTER-SIDÉRANTES DE L’OURSON BILOUTE Au pays des Chtis, tout va bien ! L’ourson Biloute est un héros qui s’ignore. Lorsque l’infâme Blast Ador décide de conquérir la terre, ce dernier n’imagine pas de quelle manière l’animal en peluche, pas plus haut que trois pommes, va lui mettre des bâtons dans les roues. Voilà un livre jeunesse qui se veut l’intégrale des ouvrages publiés antérieurement et qui joue l’acrobate entre plusieurs genres, adoptant un second degré assumé et une énergie folle. Bourrée de références, l’écriture navigue à pleine vitesse entre l’univers de la pop, de la science-fiction et du cinéma, n’hésitant jamais à faire appel à certains mots tirés du patois et à un humour bienvenu. Du coup, il présente deux niveaux de lecture. Un premier qui se contente de faire passer cet ours, compagnon de jeu du petit Kevin, pour un protagoniste peu ordinaire. Un second qui amusera les adultes chargés de résumer ou de commenter le récit aux plus jeunes. L’histoire se veut naturellement déjantée, avec des rebondissements à peine crédibles et un décor qui évoque le fameux film de Dany Boon, avec sa traditionnelle baraque à frites, ses fricandelles, sa drache et un ton rock-n-roll qui marque le tempo. Julien Delmaire est l’instigateur de cet opus, également slameur, poète et romancier, grand amoureux de blues et de philosophie classique. Reno Delmaire, illustrateur et tatoueur professionnel, a mis son talent au service du texte, en préconisant des dessins en noir et blanc. Un glossaire sert d’éventuel dictionnaire pour aider, si nécessaire, à comprendre le sens d’expressions telles que nonoche, flamiche, crapette et autre braire (dans le sens de pleurer à chaudes larmes). Un OVNI … comme on dit ! Ed. Grasset Jeunesse – 237 pages Daniel Bastié
CROCKY – FÉROCE VISITEUR DU GRAND BOIS Définition : un Crocky est une créature de roche et de bois, qui vit dans une colonid (écrit avec un D). Il s’agit aussi d’un être triste, solitaire et qui ne parle pas. Néanmoins, certaines créatures de la forêt le craignent. A raison ou à tort ? L’oiseau Piouh, la coccinelle Coxi et la grenouille Guernoule, des amis de toujours, vont vivre une expérience unique en apprivoisant un Crocky. A moins que ce soit juste l’inverse ? Davantage que les autres habitants, ils claironnent n’avoir peur de rien. En fait, ils se surprennent à répéter que le monstre se gave de ragoût de volatile, accompagné de friture d’ailes de coccinelle et de sauce au batracien. Des arguments qui les invitent à garder la distance. Alors, quand un Crocky franchit le périmètre de leur territoire, un vent de panique gronde. Imaginé et dessiné par Estelle Billon-Spagnol, ce récit a été conçu pour aider les enfants à surmonter leurs appréhensions et à ne plus craindre l’inconnu. Adopter l’autre, c’est apprendre à le connaître et à se révéler à soi-même. Mêlant texte manuscrit et graphisme aux couleurs tendres, cet album se veut fédérateur dans la mesure où il parle de différences et du moyen d’engendrer le dialogue. Un message d’espoir dans une société qui évoque depuis de trop nombreux mois les masques SPR, le gel hydroalcoolique et la défiance ! Ed. Grasset Jeunesse – 64 pages Daniel Bastié
LE MONDE SELON NALA Si vous adorez les chats, ce livre a été écrit pour vous ! Si vous aimez la petite reine, ce livre a également été rédigé pour vous ! Enfin, si vous sentez poindre en vous un besoin d’aventure, vous ne devez pas hésiter à vous procurer ce roman signé Dean Nicholson, un écossais qui s’est lancé le défi de parcourir le monde à vélo, à la seule force des chevilles. Un périple qui réclame de l’abnégation, un véritable sens du défi et l’encouragement de plusieurs centaine de milliers de supporters via les réseaux sociaux. Une histoire incroyable qui a fait le buzz et dont il tire aujourd’hui un ouvrage. Il démarre son récit avec un vieil adage de son pays qui pourrait se résumer à peu-près de la sorte : « Si quelque chose t’est destiné, tu n’y échapperas pas ! ». Alors, autant faire bonne figure lorsque la machine se grippe, lorsque le moral s’effondre ou quand les ennuis s’accumulent. Chemin faisant, il découvre sur le bord d’une route un petit chat roux. En fait, une jeune femelle et, sans réfléchir outre mesure, l’adopte. Puisqu’il lui faut un nom, il la baptise Nala. Voilà de quelle manière Dean et Nala ont parcouru les continents, complices et liés par une amitié ineffable. Indépendant, curieux et espiègle, l’animal devient un vrai compagnon. Plus qu’un carnet de voyage, ce livre véhicule des pensées profondes et une philosophie de vie. Avec des mots simples et des réflexions à niveau d’épaules, l’auteur nous parle du temps qui fuit, de la nécessité de ne pas être seul, de l’ouverture à l’autre et du besoin de communiquer. Souvent, il suffit de prendre la peine de s’intéresser à ceux qu’on croise pour voir les efforts récompensés et laisser germer un sourire ou tendre une main, la paume ouverte. En un certain sens, Nala a servi de passerelle entre les peuples et comme tient à le préciser l’auteur de cette prose : « Nala déposait des sourires sur le visage des gens, quels que soient leur âge, leur foi, leur culture ou leur nationalité. C’était comme un superpouvoir ». Ed. City – 320 pages Paul Huet
INTOUCHABLE Ce n’est pas un roman d’horreur, mais « Intouchable » pourrait y ressembler, tant l’atmosphère distillée par Jean-Christophe Portes se veut lourde et poisseuse. Fuligineuse également. En s’inspirant de trois médecins qui ont fini sous les verrous pour pratique criminelle de leur métier, l’auteur s’est glissé dans la peau d’une mère déterminée à traquer l’homme qu’elle soupçonne d’être responsable du décès de sa fille. Elle est certaine que le bon docteur Simon Bonnamy, qui était également le petit-ami de la défunte, est un monstre. Faute de preuves, elle ne peut qu’opposer ses soupçons à une justice froide et perplexe. Devenue une ombre qui végète parmi les vivants, elle livre seule un combat pour qu’éclate enfin la vérité. Estelle en proie à un chagrin qui noie complètement son objectivité ou l’homme s’avère-t-il (comme elle en est convaincue) un pervers narcissique ou un serial killer qui assassine en toute impunité, retranché derrière sa fonction et capable de pirouettes qui induisent les enquêteurs à admettre qu’il s’agit d’un accident. Poussée par sa détermination, elle glisse lentement par toutes les strates de la démence, avec pour seule boussole un besoin de vengeance rapide. L’écriture est menée avec célérité, pesante et sévèrement murée dans ce qu’il est convenu de nommer la loi du talion. La violence se veut également omniprésente, tant sur le plan mental que physique, avec une trame qui tient à la foi du récit social et du thriller pur et dur. Ed. City -247 pages Daniel Bastié
UN AIR DE DOLCE VITA Nous avons particulièrement besoin d’espace et de grand air, coincés dans nos appartements ou nos maisons, avec un couvre-feu qui rend les contacts sociaux impossibles. Surtout d’aventure et de rêve ! Voilà peut-être un livre qui pourra vous servir de médium pour saisir le vent par le bout qu’il vous plaira, pour vous envoler vers une terre moins ravagée par le coronavirus et profiter d’instants chaleureux. Participer à un voyage organisé n’engendre (et c’est là le principe !) aucun souci, puisque tout a été concocté en amont pour le confort des touristes. Ce n’est pas le club Med, mais pas le purgatoire non plus ! Inscrite par son fils qui souhaite la voir sortir de la routine, Madeleine, tout juste soixante-cinq balais, embarque pour un trip qu’elle prendra le temps de découvrir. Quant à Violette, flanquée de ses vingt-six printemps, elle a été engagée comme accompagnatrice. Direction : Rome, la ville éternelle chantée par les poètes antiques et véritable musée à ciel ouvert ! A mesure que le voyage s’engage et que la destination se rapproche, toutes deux se trouvent des affinités, s’amadouent et deviennent complices, malgré leurs différences. Joëlle Loeuille tient fermement les rênes de son récit et s’adapte aux ballotements d’un voyage qui se veut épanouissement, réconciliation avec soi-même et possibilité d’une existence nouvelle. Avec un petit pouce du destin, le lecteur découvre qu’il ne faut pas grand-chose pour happer le bonheur et revivre pleinement. Elle écrit : « En quelques jours, mon minuscule univers a volé en éclats. Je me suis laissé aller à vivre et je ne veux pas faire machine arrière. » Le ton est donné ! Ed. City – 258 pages Amélie Collard
DERRIÈRE LES GRILLES DE SUMMERHILL Que se passe-t-il de l’autre côté des grillages de Summerhill, une belle propriété au bord de mer dans laquelle réside une dame âgée ? Lentement, Chloé, une jeune femme qui s’apprête à enfanter, entre en relation avec la propriétaire. Qu’ont-elles en commun ? Leurs différences peuvent-elles les unir ? Blessée par une existence qui ne lui a beaucoup laissé de répit, la future maman comprend que son hôtesse dissimule des secrets lourds à porter. A force de confiance et par le truchement d’une tendresse naissante, elles en arrivent à évoquer leur passé, leurs tourments et leurs désenchantements. Fort vite, il apparaît que la richesse n’annihile pas les tragédies et que le destin frappe aussi férocement dans les familles aisées qu’ailleurs. Puis, surtout, Chloé qui se croyait la plus malheureuse du monde découvre que des liens ténus l’unissent avec celle dont elle ignorait l’existence voilà encore peu. En entrant dans le quotidien d’une femme possédant trois fois son âge, elle se rend à l’évidence qu’elle plonge dans le récit de ses origines. Nikola Scott embraie avec une histoire au féminin, jamais féministe, dont l’intérêt est de susciter une réelle attention, avec une succession d’événements qui pourraient la faire passer pour un thriller. Les systémiques familiales et les traumas transgénérationnels génèrent ici un tempo digne des sagas classiques, avec une énigme qui lentement s’élucide. Peut-on y déceler notre besoin de débusquer les non-dits, de rappeler des expériences intimes et d’accepter un passé dont on n’est nullement responsable ? Il est un peu question de tout cela dans « Derrière les grilles de Summerhill », qui joue avec les nerfs et qui, l’air de rien, refuse les poncifs liés au genre. Ed. City – 367 pages Amélie Collard
RIEN NE T’EFFACE Rien ne peut être pire que la disparition d’un enfant. Esteban, âgé de dix ans, se volatilise mystérieusement sans laisser de traces. Nous sommes en 2010 et, sur la plage de Saint-Jean-de-Luz, personne n’a rien remarqué de suspect. Maddi, sa mère, s’englue dans une douleur sans nom et, pour mettre de la distance avec ce drame, refait sa vie. Une décennie tard, en quête d’apaisement, elle revient sur les lieux de la tragédie et se retrouve en présence de Tom, également âgé de dix ans, qui ressemble trait pour trait au disparu. S’agit-il d’une coïncidence ou d’un signe malin du destin ? Qu’importe ! En proie à une détresse profonde, elle décide de rester dans la région et de mener sa petite enquête. Pourtant, il ne peut aucunement s’agir d’Esteban, puisque ce dernier serait maintenant un jeune adulte. Puis, les conjectures fusent à toute allure dans son cerveau grippé. Se pourrait-il que la fatalité soit cyclique et que cet autre enfant soit, à son tour, en danger ? A défaut de circonscrire la situation, elle se surprend à croire à l’impossible, à espérer que Tom soit le double d’Esteban, une sorte de jumeau ou de réincarnation. Michel Bussi signe un roman qui adopte les codes du thriller tout en s’en dégageant. Il se distingue de ses nombreux confrères par le ton qu’il intime à son écriture, par le soin qu’il apporte au récit et par un twist final qui fait mouche. Plutôt que de galvauder sa réputation, il se renouvelle encore, en insistant sur la psychologie de son héroïne et en faisant intervenir une dose de fantastique qui n’est peut-être qu’apparence. Ed. Presses de la Cité –448 pages Daniel Bastié
MON PROF, CE HÉROS Samuel Paty est cet enseignant décapité en octobre dernier à Conflans-Sainte-Honorine, dans le cadre d’un attentat islamiste perpétré contre sa personne. L’occasion de revenir sur le rôle des professeurs et de se rendre compte de la difficulté d’exercer leur profession. Un engagement qui réclame de la compréhension, de la douceur, de l’exigence mais également de la fermeté. Chacun garde en lui le souvenir d’un homme ou d’une femme qui lui a servi de phare, qui l’a encouragé à poursuivre dans une voie ou qui l’a poussé à ne pas baisser les bras. Mieux, qui a suscité une passion, un zèle ou une vocation. Vingt auteurs racontent ici celle ou celui qui leur a servi de mentor ou de passerelle et qui a contribué à faire ce qu’ils sont devenus. Les années d’école restent souvent des moments d’intensité peu comparables à tout ce qu’on vit par la suite. Des textes courts, mais généralement forts, jamais empreints de nostalgie, qui rendent hommage à une profession de moins en moins respectée, en proie à des critiques venues de partout, et qui souffre globalement d’un manque de reconnaissance. Non, les profs ne sont pas ces empêcheurs de tourner en rond ni ceux qui profitent de vacances à rallonge ! Il faut voir en eux des personnes qui se veulent tour à tour des passeurs de savoir, mais également des acteurs de la démocratie. Une vingtaine d’auteurs ont trempé leur plume dans leur histoire pour effectuer un saut dans le passé et se dévoiler sans fard. Les bénéfices de ce recueil seront intégralement versés à la Fondation Egalité des Chances qui, depuis 2012, œuvre à réaliser le potentiel des élèves issus des zones urbaines et rurales les plus défavorisées. Ed. Presses de la Cité – 176 pages Sam Mas
DANS LES YEUX DE JADE Jade est une chatte charmante. Une siamoise comme il en existe tant mais qui, par la grâce d’une rencontre magique, a réussi à se rendre unique. Comment ne pas l’adorer ? Le narrateur se prend d’affection pour l’animal et découvre tous ses trésors de richesse. Pourtant, l’existence poursuit son cours trouble, avec des bonheurs et des moments qui sont beaucoup moins joyeux. En somme, le flux d’une vie avec ? en toile de fond, une société en crise et en pleine mutation. Il faut tout le talent de narrateur de Patrice Lelorain pour donner de la substance à un récit qui n’intéressera pas que les amateurs de félins d’intérieur. Avec un style rempli de références, il brosse le quotidien à hauteur d’épaules et raconte une série d’anecdotes qui pourraient nous arriver. Cette manière de fonctionner permet une identification et emporte l’adhésion du lecteur. A la fois héroïne et muse, Jade en devient l’attrait principal : celle par qui chaque émotion transite, qui apporte du réconfort, qui charge les pensées d’une vraie raison d’être et qui devient l’amie intime et fusionnelle. Pour mener son texte à terme, l’auteur manie l’humour avec dextérité, rebondit sur chaque idée, ne se contente pas de lisser les surfaces et se prend à faire preuve d’une belle acuité lorsqu’il s’agit de croquer un monde aux allures de faits divers, avec un perpétuel besoin d’aller toujours plus loin pour ne pas s’abimer en heurtant les vicissitudes. Ed. Albin Michel – 201 pages Amélie Collard
LA FEMME AUX DOIGTS BLEUS Un tatouage est-il un signe d’appartenance ou une volonté d’exhiber son intériorité ? A chaque son interprétation de ce dessin qui maquera longtemps la chair ! Avant d’abandonner Iris, Simon l’a enjointe à lui incruster un dessin sur le torse, une marque indélébile de leur passion. Pourquoi ? Désormais seule, la jeune femme s’interroge. Pour elle, la rupture représente une épreuve à laquelle elle ne s’attendait pas. Un vertige qui la pousse dans un gouffre aux murs abrupts. En guise d’issue, elle se plonge dans une succession d’aventures masculines, en quête de souffles amoureux, de peaux à frôler et d’odeurs à humer. Puis, également, elle se surprend à souhaiter tatouer ses amants de passage, à leur imprimer des marques durables. Margaux Guyon, jeune autrice française, signe un roman qui apparaît tel un tourbillon de pulsions et de phantasmes, menant le lecteur dans les méandres du désir féminin, souvent tabou, et le rapport à la jouissance dans une société dématérialisée et au périmètre exigu. Enfin, elle dote son récit d’une densité psychologique qui apporte de l’épaisseur à son personnage principal, sans jamais chercher à l’excuser ni à justifier ses actions. A croire qu’elle est poussée par une force surnaturelle qui dirige ses pas et la dote d’un sens nouveau pour lui répéter que les envies se concrétisent avant qu’il ne soit trop tard. Ed. Albin Michel – 213 pages Sylvie Van Laere
LE PRINCE DE LIGNE À L’ACADÉMIE Qui était le Prince de Ligne (1735-1814) ? Un individu pluriel, aussi bien diplomate, maréchal d’armée qu’homme de lettres. Un personnage incontournable qui a marqué son époque, adoubé par Marie-Thérèse d’Autriche et admiré par les intellectuels. On sait qu’il était ami avec Casanova et qu’il entretenait une correspondance épistolaire avec Voltaire, Rousseau et Goethe. Né à Bruxelles et mort à Vienne, ses racines lui ont toujours valu une cohorte de complimenteurs dans ce qui n’était pas encore la Belgique indépendante. Les membres de la Société Littéraire de Bruxelles, qui est devenue ensuite l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique, se sont particulièrement intéressé à son œuvre, au point de la comprendre et de la décrypter mieux que quiconque. Cet ouvrage revient sur ces hommes (et quelques femmes) qui se sont découverts des affinités réelles avec lui et qui se sont fait les fervents défenseurs de ses textes. Parmi, ces personnalités, on peut épingler Gustave Charlier, Roland Mortier, Georges Sion, Marcel Thiry, etc. Ses ouvrages traitent évidemment de thèmes tels que la guerre, de son expérience diplomatique, mais expriment également ses multiples passions dont le théâtre et l’architecture florale, sans omettre plusieurs romans. L’ensemble avec une vivacité toujours en éveil, une acuité et une prose aux sonorités musicales. Un des paradoxes réside dans le fait que nombreux sont ceux aujourd’hui à avoir entendu parler de l’homme et à ne jamais avoir rien lu de sa plume. A l’occasion de son bicentenaire, il semblait important de le remettre sur le devant de l’actualité, en alignant certains écrits qui lui ont été consacrés. Voilà justice rendue ! Ed. Samsa – 108 pages Paul Huet
UN AUSSI LONG VOYAGE Le XVIIIe siècle s’étale dans toute sa splendeur et toutes ses richesses à travers ce roman d’YvesWilliam Delzenne, auteur belge qui vit aujourd’hui à Ostende. On sait qu’il a été galeriste dans la capitale et acteur adolescent. Il a également rédigé de nombreux recueils de poésie, du théâtre et des romans. Une statuette en bois précieux représentant un homme nu et saisissante de vérité entraîne le personnage principal, un certain Liam de Wick, dans une aventure singulière. L’occasion de revenir sur les pillages effectués en Egypte et le parcours de certains individus sans scrupules qui se sont livrés au trafic d’antiquités pour leur profit personnel. Une manière d’acquérir rapidement de la fortune, de s’insérer dans la société ou plus simplement de fuir la morosité d’un quotidien souvent vécue douloureusement en Europe. Malgré sa beauté et sa jeunesse, le protagoniste n’a rien d’un héros. L’auteur le décrit avec toutes ses contradictions et, bien vite, entraîne le lecteur dans une auscultation d’un monde qui n’a pas grand-chose à voir avec le nôtre. L’écriture est ciselée et efficace, avec un sens du chapitrage, un art de la narration et des descriptions jamais envahissantes. Traverser des mers, franchir des montagnes, se brûler au soleil du désert : voilà un périple qui s’inscrit dans une veine littéraire qui réveille les fourmis qui somnolent dans nos chaussures et qui donne envie de bouger pour, à notre tour, affronter nos envies, balayer nos craintes et découvrir de nouvelles amitiés. Par ses actions, peut-on modeler l’avenir ? Voilà une des questions qui est posée en filagramme et qui sert de fil rouge à ce récit, qui sent le vent d’ailleurs, transpire un exotisme qui n’a rien à voir avec les clichés de cartes postales et qui parle de courage, d’insouciance et de fébrilité. Ed. Samsa – 338 pages Paul Huet
FACE À LA MER Six nouvelles pour découvrir l’âme d’adolescent de Pierre Montbrand aux éditions Quadrature, spécialisées dans la nouvelle francophone. Elles ne sont pas longues puisque deux heures suffisent pour arriver au bout de ce petit recueil qui nous entraîne sur les pas de la femme. La femme éternelle que nous avons cherchée dans notre jeunesse, celle qui nous a fait rêver et qui a suscité nos premiers émois, nos premières pulsions amoureuses. Avec tact et pudeur (le sexe n’y est jamais abordé, sinon de façon allusive), l’auteur plonge dans ses souvenirs de jeunesse, et ceux-ci deviennent les nôtres. Nous sommes cet adolescent en peine devant lequel s’arrête une enseignante qui va lui révéler la passion. Jusqu’où ira-t-il pour garder cette passion intacte au fond de lui ? C’est le premier amour qui fait le plus de mal et qu’on gardera toute sa vie au fond de son cœur. Qui ruinera peut-être les autres amours et ternira notre bonheur. Une autre nouvelle, intitulée Droits de succession, laisse entrevoir le drame d’une femme confrontée, trente ans plus tard, au souvenir de la jeune fille qu’elle fut, posant nue pour son père sculpteur et incapable de lui dire non. Elle sera hantée toute sa vie par l’inceste qu’elle a subi et qui l’a forcée à fuir, une nuit de printemps, pour y mettre fin. Les souvenirs jaillissent en elle quand elle hérite de la maison paternelle. Ce soir-là, elle sentira une présence inquiétante dans la petite chambre d’enfant où elle est venue passer la nuit, avant de voir le notaire. Les autres nouvelles poursuivent la quête de l’éternel féminin, celui qui se cache sous les traits des femmes qu’on croise au fil des voyages, des rencontres, des rendez-vous, et qui ravivent la petite flamme qu’on croyait éteinte. Surtout si la rencontre arrive à un moment de grande solitude, face à la mer et au bruit des vagues. C’est précisément le titre d’une nouvelle, Face à la mer, que Pierre Montbrand a choisi pour intituler son recueil. Un critique de cinéma à la recherche d’un décor d’Ingmar Bergman sur l’île d’Ornö, en Suède, se laisse tenter, un soir, par une aventure dans les bras d’une femme mûre qui lui rappelle la jeune héroïne du film qu’il analyse. Le présent de la mer et l’image du cinéphile se fondent dans sa tête. Tout se joue chaque fois dans la chute du récit qui nous révèle l’envers du décor. Cette chute livre la clé de l’histoire, comme dans toute bonne nouvelle. C’est écrit dans un style simple, sans façon, direct, qui nous plonge au cœur du souvenir. Pierre Montbrand est un passionné de cinéma, plus particulièrement d’Ingmar Bergman qui lui a inspiré en 2018 son roman Murmures. Il vit aujourd’hui en Savoie, sur les rives du lac du Bourget où Lamartine a écrit son plus beau poème. Le poète était lui aussi à la recherche de l’éternel féminin qu’il contemplait en écoutant les vagues du Lac et l’écho de celle qu’il avait aimée dans sa jeunesse. Ed. Quadrature – 95 pages Michel Lequeux
VICTOR HUGO : LES ANNÉES D’EXIL Île de Guernesey, mars 1861. Victor Hugo est dans son look out, la grande verrière panoramique de sa somptueuse demeure, Hauteville House. Il ne se lasse pas de la vue sur Saint-Pierre-Port avec des jardins qui descendent vers la mer, la baie où il va régulièrement se baigner, le port protégé par le château Cornet, au loin les îles d’Herm et de Jéthou. Ayant fui Bruxelles en 1852, Victor Hugo est arrivé ici le 31 octobre 1855, après un séjour de quelques années à Jersey d’où il a été expulsé. Voilà dix ans qu’il est frappé de proscription, depuis ses attaques virulentes contre Napoléon III et le Second Empire. Pourquoi les îles anglo-normandes ? Parce que s’il a choisi de se mettre sous la protection de l’Angleterre, Hugo n’a jamais voulu s’établir à Londres avec les autres proscrits français parmi lesquels régnait une trop grande mésentente. Il incarnera la République seul sur « son rocher », assumant sa posture d’écrivain en exil. Marc Meganck revient sur cet énorme auteur, père de pages bouillonnantes de vitalité et à la base d’une véritable bible littéraire, chargée de personnages culte (Valjean, Cosette, Javert, Gavroche). Un article présenté sous la forme d’un ouvrage broché qui tient dans la paume de la main, qui se lit d’une traite et qui se veut à la fois réflexion et didactisme. Ed. Lamiroy - 43 pages Sam Mas
VIA CAESAR Ecrit par Patrick Verlinden à qui l’on doit déjà, chez le même éditeur, en 2016, « Les larmes du bonsaï » et, en 2018, « Le spectre de Radio Z », le dernier opus de la série Bob Morane ne se résume pas aisément car son action se révèle l’une des plus touffues de ces dernières années et se déroule sur plus de deux millénaires. Au tout début de l’ère chrétienne, lors d’une fête champêtre, plusieurs jeunes femmes sont enlevées par de mystérieux prédateurs sur la côte britonne. Huit siècles plus tard, surgis de nulle part, des démons massacrent l’équipage d’un drakkar en quête de rapines qui a eu le malheur d’aborder une plage de la Côte d’Opale. En 1804, une patrouille de l’armée d’invasion napoléonienne, stationnée dans un camp de Boulogne-sur-mer, se lance sur la piste de plusieurs cantinières qui manquent à l’appel et disparaît à jamais. Enfin, en 1943, Heinrich Himmler espère offrir l’Angleterre à son cher Führer pour son 54ème anniversaire. Tous, éléments disparates liés à un fabuleux secret que Bob Morane va découvrir, lorsqu’il se porte au secours de Sophia Paramount, victime des membres d’un mouvement dissident de l’IRA. L’œuvre est un étonnant ou détonnant mélange d’influences du monde de l’imaginaire. L’auteur nous entraîne sur des sentiers semblables à ceux de David Innes dans le Pellucidar d’Edgar Rice Burroughs, d’Axel Lidenbrock sur les traces d’Arne Saknussemm dans les profondeurs du volcan Snaefellsjökull antichambre du Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, voire dans l’Atlantide de Edgar P. Jacobs. Un récit gentiment iconoclaste qui flirte avec le surréalisme et ravira les fans du célèbre commandant de la RAF et les amateurs de romans populaires ou de paralittérature, pour les plus précieux. Ed. L’Age d’Or - 250 pages Sam Mas
ALLEZ-HOP ! William Gropper (1897-1977) fait partie des caricaturistes américains les plus insignes. Engagé socialement, il a largement contribué à la renommée de magazines de gauche tels que The Revolutionary Age, The Liberato et, parmi quelques autres The Worker. Le relire aujourd’hui tient à la fois de la madeleine de Proust autant que, pour la nouvelle génération, de la découverte de toute une époque. Si sa manière de dessiner évoque ce qu’on appelle aujourd’hui le roman graphique, il importe de ne pas oublier qu’il en a été, en quelque sorte, le pionnier, avec des récits feuilletonnesques qui s’ancrent dans le quotidien. « Allez-hop ! » raconte une espèce de ménage triangulaire entre une belle acrobate, un chanteur de bel canto et un trapéziste. L’action se situe dans le milieu des saltimbanques et est rythmée par la naissance de jumeaux et la quête de moyens financiers pour faire vivre les protagonistes. A moins d’en rester à son apparente linéarité, cette bédé gagne en profondeur à mesure qu’on en poursuit la lecture, car l’auteur réussit à cerner ses personnages sans jamais appuyer sur l’accélérateur des sentiments et en prenant soin de garder une neutralité qui la dote d’un aspect reportage. Avec une belle acuité, il souligne les hauts et les bas qui scandent l’existence des artistes et, en filigrane, souligne les travers d’une société qui ne prête qu’aux riches pour délaisser les pauvres. In fine, cet ouvrage se veut intelligent et rondement mené, traité par un coup de pinceau épais pour traduire certaines préoccupations sous le couvert d’un récit ordinaire, mais beau. Une réédition attendue ! Editions La Table Ronde – 216 pages Daniel Bastié
LE ROMAN VRAI DE GORBATCHEV Spécialiste de la politique russe, Vladimir Fédorovski signe un portrait de Mikhael Gorbatchev, qui a dirigé l’URSS de 1985 à 1991 et dont l’histoire a retenu le nom comme étant l’un des principaux protagonistes de la Pérestroïka. Encensé en Occident pour avoir mis un terme au régime soviétique et avoir permis le dialogue, il s’avère curieusement haï par une frange de la population russe, qui le tient responsable de toutes les difficultés actuelles. L’auteur a enquêté sur l’homme et le politicien pour circonscrire sa motivation. Était-il le sauveur de la nation russe, un prophète, un précurseur, un visionnaire, un fou ou un traître ? Bien entendu, la chose est loin d’être simple. Il importe donc de replacer chaque fait dans son contexte historique. A titre de rappel, dès le début des seventies, l’URSS s’enlisait dans la course effrénée à l’armement contre les USA, avec des capitaux qui ne suivaient plus et une stagnation de l’économie. Mettre un terme à la Guerre froide pouvait donc s’avérer une excellente opération. Formé aux directives du parti, Gorbatchev a fait sien de privilégier la détente, même s’il a été confronté à des espoirs avortés et à des échecs cuisants. En se servant de pions alliés et d’un psychisme parfois mis à rude épreuve, il a suivi son instinct, en s’assurant du soutien de plusieurs proches. Alors, encouragé par le Kremlin, il a été amené à changer la face du monde en permettant, notamment, la chute du mur de Berlin et la réunification des deux Allemagne. Un ouvrage richement documenté qui parle de transition, de rupture mais surtout d’espoir. Concrètement, Gorbatchev a été le dernier président de l’URSS et un officiant de la paix à l’image de ceux qu’on adule en Occident. Avec lui, la République Fédérative Soviétique est devenue la Fédération de Russie. Une date dans l’Histoire ! Ed. Flammarion – 254 pages André Metzinger
CALEMBREDAINES Si certains ne connaissent pas encore Hugues Hausman, qu’ils se rassurent, ils tiennent entre les mains un album qui mérite d’avoir été acheté. Celui d’un artiste caméléon, à la fois comédien, metteur en scène, dessinateur et scénariste. Un créateur libre qui n’en fait qu’à sa tête et qui se targue d’une réelle liberté d’expression, sans retenue ni tabous. Avec « Calembredaines », il nous régale de dessins humoristiques nés de jeux de mots, mêlant l’absurde au gag. Plutôt que de privilégier l’héritage de la bédé, il joue avec les codes des cartoonistes et mêle ses dessins de références qui n’échapperont pas au consommateur de phylactères, de cinéma et de téloche. Jamais méchants, ses dessins lorgnent parfois en-dessous de la ceinture pour démontrer, par exemple, que Lucky Luke tire plus vite que son ombre ou rappeler la véritable nature de Paëlla Anderson. Naturellement, il ne se limite pas à ses seules connotations sexy et brasse large en flinguant tous azimuts. Dire qu’il y a dans ses évocations un zeste du Chat de Geluck demeure un euphémisme, au point que le sieur Geluck s’est targué d’une sympathique préface pour souligner une filiation dans laquelle il n’a pas honte de se reconnaître. Il le formule en ces termes : Hugues Hausman dessine comme j’aime : c’est simple et subtil, c’est beau et ça me fait rire à chaque fois. Et, cerise sur le gâteau, c’est très con. Ce type a décidément tout pour lui ! Ed. Lamiroy – 132 pages André Metzinger
ÉROSTRATE FOR EVER Cinq récits de vie. Cinq destins qui s’entrecroisent. Ce recueil se veut une parabole ou une fable. A chacun de définir le terme qui lui convient le mieux. Avec un sens du détail, Aïssa Lacheb nous montre de quelle manière des individus, a priori bons, peuvent chuter et devenir victimes des circonstances, par le biais de rencontres qui n’auraient pas dû se concrétiser, à cause du destin, en empruntant un chemin de traverse ou en butant par naïveté. L’auteur use ici d’une écriture ciselée. En multipliant les détails et en insistant sur l’empathie que lui inspirent ses personnages, elle nous contraint à ne pas baisser la garder, afin d’observer certaines réalités et à les mesurer dans ce qui ressemble à une psyché de notre propre existence. Dès les premières lignes, on se surprend à s’identifier. Et si moi également ? La question demeure en suspension jusqu’au bout, avec une accumulation d’événements qui mènent inexorablement à la catastrophe. Mais, cela revient à anticiper trop vite l’épilogue ! Une surprise attend le lecteur en guise de fin, aussi apocalyptique que spectaculaire, avec un zeste d’Albert Camus et de Jérôme Bosch qu’on aurait convoqués contre leur gré. S’il s’agit bien ici de parias ou de damnés de la terre, notre compassion joue en leur faveur, conscient que la société étripe les faibles et les égarés, un monde qui broie tout ce qui n’entre pas dans la moule ou qui ne prend pas garde d’y rester. Voilà un livre qui écarquille les paupières, qui suscite l’intelligence et qui, jamais, ne tourne en rond ! Ed. Au Diable Vauvert – 305 pages Sam Mas
ZWANZE UNE FOIS, JUSTE POUR VOIR Un recueil pour les Brusseleirs. Défenseur du dialecte bruxellois, Georges Roland rassemble ici non seulement les Chroniques du Ket de Brusselles, qui paraissent chaque mois dans Bruxelles Culture, mais également deux poèmes concernant Bruxelles et la Senne, deux gentilles « foebelkes » (chères à Joske Maalbeek que je salue ici), tirées du fablier de Jean Anouilh, le récit « Le Stamcafé » et un texte en « Brussels Vloms » traduit en beulemans pour les non-initiés. Ces textes ont été accueillis favorablement lors de lectures publiques. Ajoutons un lexique éclairant les expressions utilisées. Le tout illustré de quelques photos pleines de nostalgie. Et justement, si une certaine nostalgie du passé sous-tend les divers articles, il faut reconnaître que les années 1950-1960 représentent pour l'auteur un souvenir indélébile. Des figures couperosées, des « forts en gueule », un langage fleuri, tout un peuple de manuels clamant leur joie de vivre ensemble. Les cafés leur étaient grands ouverts, et c'est là que la vie prenait tout son sens : les stamcafés s'allumaient chaque soir des gaies clameurs de lambik et de gueuze. Les personnages des récits, tant dans le présent recueil que dans les fameux « métro-polars-zwanzés », sont des héros de la plèbe, non pas, comme messieurs Beulemans ou Bossemans, des commerçants établis, maître brasseur ou tapissier, ou une famille Kaekebroek bourgeoise émérite fransquillonnant à qui mieux-mieux. Ici, les héros sont issus du peuple, et surtout, demeurent des « petits ». C'est à leur gloire que Georges Roland écrit ses textes, et à celle de cet art de vivre qu'est, et restera, la zwanze, qui est l'humour et la gouaille de Bruxelles, mot issu du brabançon « radotage » et basé sur l'exagération : « un peï avec des dents comme des touches de piano » Un recueil à lire dans le métro, ou dans son fauteuil relax, à petites gorgées gourmandes entre deux autres de gueuze, en contenant vaillamment le fou-rire qui vous guette à chaque page. Ed. Le Livre de votre Région (Collection « Le Belge qui se livre ») - 206 pages Joseph Georges
LE BIBERON NUMÉRIQUE André Malraux prédisait que « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ! ». Au vu de l’évolution technologique, il s’avère surtout numérique, avec une véritable mutation de nos codes semblable à la révolution industrielle. Biberonnés par un monde de plus en plus virtuel, nos jeunes sont aujourd’hui soumis à la hyper-connexion, avec des relations humaines qui se dématérialisent, du commerce en ligne ou de la consommation par écran interposé. Si on ne peut pas nier les prouesses de la technologie toujours en avance sur les besoins réels des utilisateurs, il convient d’en mesurer les dangers. Aussi, il importe d’éduquer la jeunesse aux moyens numériques qui frappent de plus en plus fort à notre porte, de les informer des avantages à en tirer, mais également des pièges qui, sournoisement, attendent un clic de souris pour s’introduire dans les foyers. Sans pessimisme ni angélisme, Stéphanie Blocquaux rappelle certaines limites à poser, insiste sur la vigilance et dénonce les risques réels de perte de repères identitaires. Davantage qu’une information, son ouvrage se veut un outil pour aider tout un chacun à ne pas baisser la garde, à l’aider à mieux lutter contre toutes les formes de cyberviolence aussi bien dans la sphère familiale que professionnelle, à poser des questions judicieuses et à trouver des réponses idoines. Sans prétendre à la panacée, ce livre propose des pistes, que certains parents attendent pour protéger leur progéniture d’un monde aussi fallacieux qu’attrayant. Ed. Artège – 200 pages Paul Huet
SOUS LES DÉCHETS … LA MUSIQUE Un ton sépia pour narrer les aventures de Favio Chavez qui entreprend d’initier les jeunes de Cateura, un bidonville du Paraguay, à la musique. Puisque les instruments manquent, il décide de fabriquer ceuxci grâce à l’aide du menuisier local. Comme matériau, pourquoi ne pas recycler une partie des déchets ? En se basant sur une histoire vraie, Huan Lin, originaire de Chine, brosse un roman graphique au style épuré. Avec poésie, elle relate la genèse d’une formation qui se produit depuis 2006 un peu partout dans les deux hémisphères sous le nom « L’Orchestre des Instruments recyclés » et ce avec un vrai succès. L’occasion d’entendre un saxophone composé d’un bout de gouttière et de pièces de monnaie, un violon fabriqué avec un pot de peinture, une fourchette et un morceau de palette, une contrebasse qui était à l’origine un bidon d’huile, une guitare qui a gardé son allure de boîtes de conserve, etc. Bref, des instruments qui permettent d’interpréter tous les répertoires, passant de Mozart à Metallica, sans oublier Astor Piazzolla, l’un des papes du tango moderne. Bien entendu, pour le plaisir d’en savoir davantage, je ne peux que vous inviter à découvrir le site www.recycleorchesstacateurs.com ou à aller vous balader sur youtube afin d’écouter quelques extraits des performances de cet orchestre insolite constitué d’adolescents. Ed. Steinkis - 130 pages André Metzinger
BURN-OUT Brahimir Rihter est enseignant. Professeur de littérature dans un établissement privé, il côtoie des étudiants prétentieux et indifférents. Son cours bute contre leur paresse et, malgré ses efforts, il peine à se faire écouter de la manière dont il l’aimerait. A cela, il déchante sur le plan familial, avec une épouse qui ne le comprend pas et une routine qui l’accable. Pour marquer un grand coup, il décide de s’immoler par le feu, lançant par le biais de son suicide un cri désespéré pour secouer la vacuité ambiante, la mollesse de son entourage et le laisseraller de ses collègues, autant que celle de l’administration. Andrija Matic, écrivain né en Serbie, jette un regard froid sur la société et resserre lentement les mailles d’un récit dont chacun découvre rapidement l’issue tragique. Pour lui, l’important n’est pas l’épilogue, mais la mise en place des éléments, avec une description rigoureuse d’une nation saisie dans l’étau du XXe siècle, avec ses codes, ses limites et un modus operandi qui broie les individus rebelles ou trop sensibles. Par une construction habile, on ressent le désarroi grandissant d’un homme à bout, qui ne sait plus à quels saints se confier, qui perd le contrôle de sa vie et qui, pour se prouver le contraire, décide de planifier sa mort en la mettant en scène, pour la faire éclater aux yeux de tous. Lorsque le monde est trop difficile à subir, autant le nier et trouver une alternative. Le libre-arbitre passe également par le sacrifice. Ultime ! Ce roman a été traduit du serbe par Alain Cappeau. Ed. Serge Safran – 220 pages Daniel Bastié
LA SOLITUDE DES ANGES GARDIENS Quatre nouvelles nous plongent en apnée dans des existences de quidams. Quatre familles dont le destin va être chahuté par les aléas de l’existence, des événements sur lesquels elles n’auront guère de prise. Ces familles italiennes vivent toutes du côté d’Ancône, de l’Ombrie ou en Belgique. Mœurs et peinture de société, tranches de vie, souvenirs et narration fictive, Lorenzo Cecchi nous invite à franchir le seuil de ce qui s’apparente à l’intimité de foyers, à découvrir des codes et à se faufiler dans leur univers de travail. Bien entendu, les questions existentielles se mettent en exergue : la vie, la mort, l’amour. Grâce à une plume vive, l’auteur dresse des chroniques qui sentent bon le passé, l’odeur des olives, de la pizza et des citrons verts. Puis, il y a les rencontres avec ceux venus d’autres horizons, dont les polonais. Au fil des récits, on découvre que les passions régentent tout, avec de la jalousie, des envies, du dégoût, de l’incompréhension ou des regrets, au point de difficilement cerner à quel moment une certaine réalité dérape vers la fiction pure. Sans effets de style et sans rebondissements cinématographiques, ces histoires s’attachent à rendre les personnages pleinement humains, avec leurs forces et leurs failles. Constat qui permet au lecteur de s’identifier et de s’imprégner de leurs émotions. Ed. Traverse – 168 pages Sam Mas