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III. Les solutions
1. Les solutions carte bancaire
- les réseaux internationaux
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Visa et Mastercard La carte bancaire est depuis longtemps l’instrument de paiement électronique phare. Ce moyen de paiement est ouvert à l'international et interopérable via des « schemes», c’est-à-dire les réseaux mondiaux comme Visa ou Mastercard, dotés d’un marketing offensif proposant de nombreux services associés. Visa compte ainsi 17 100 institutions financières partenaires à travers le monde, dont 3 000 en Europe. La carte est acceptée par 40 millions de magasins.
Les acteurs traditionnels du monde des cartes de paiement cherchent toujours à innover en termes de services. Ils cherchent également à personnaliser la relation avec le porteur, en collectant des données et en développant leurs offres de programme relationnel (Card Link Offers, CLO dans le jargon). Mastercard collabore également sur 244 projets de CLO avec des partenaires émetteurs dans le monde grâce à une meilleure maîtrise de la donnée. Laurent Mathis, directeur marketing Mastercard France, explique: «Aujourd'hui nous sommes dans une phase de collecte des données des utilisateurs du programme Priceless que nous finançons nous-mêmes à 100%. Dans un second temps nous les utiliserons. »
- vers une standardisation européenne des paiements par carte Aujourd’hui, le marché européen des paiements par carte est très fragmenté. Il est basé sur une série de règles, de pratiques opérationnelles et de standards nationaux. L’association nexo a été fondée en octobre 2014 pour développer, promouvoir et assurer la maintenance de la nouvelle génération de standards approuvés par ISO 20022 et de spécifications techniques, ouverts et universels, en matière de paiement par carte.
La soixantaine de membres de nexo comprend toute la chaîne de valeur des paiements par carte :
- des fournisseurs de systèmes de paiement par carte tels que Groupement des Cartes Bancaires et Visa Europe ;
- des fournisseurs de solutions de paiement comme ACI Worldwide, Ingenico, Verifone, Wincor-Nixdorf ;
- des organismes de paiement tels que Crédit Agricole Cards & Payments, Equens, First Data, Unicredit et Worldline ;
- des banques acquéreuses dont American Express, Banque Accord, Crédit Mutuel, Groupe Desjardins et Poste Italiane ;
- des enseignes comme Auchan, Carrefour et Total ;
- des associations.
« Les solutions conformes aux standards nexo auront un impact positif sur le rythme d’innovation en matière de paiements,» a expliqué un groupe multinational de distribution alimentaire, dans le cadre d’une étude d’EDC pour le compte de nexo, publiée en juin 2015. ■
2. Les portefeuilles électroniques
- de nombreux concurrents en lice Les acteurs spécialisés dans le portefeuille électronique livrent aussi une farouche bataille pour se faire une place au soleil. Sur ce créneau, les banques et les réseaux carte ont beaucoup investi. Le « wallet » permet d'accéder à un ou plusieurs moyens de paiement dématérialisés notamment en situation de mobilité, via une authentification simple et pratique. En lien avec un ou plusieurs moyens de paiement (cartes, comptes prépayés...), il peut intégrer des contenus (bon de réduction, coupon, ticket...) et proposer des services pour les commerçants et les consommateurs. «L'enjeu pour les acteurs en présence est d'être les premiers sur le marché, de viser l'interopérabilité, d'atteindre la masse critique de clients et marchands », explique Cédric Peltier, senior manager, Capgemini Consulting. Ont un fort potentiel sur ce marché les fabricants comme Apple et Samsung et les géants du Web Paypal, Google et Facebook, du fait de leur base importante d'utilisateurs, ainsi que les établissements bancaires de par leur légitimité et leur crédibilité fortes, même si certains ont un rayonnement international faible.
A côté, d’autres acteurs sont en lice: - les marchands: possèdent des atouts en termes de services à valeur ajoutée autour
Les Wallets en France sont aujourd’hui encore nombreux, et proposent des usages et propositions de valeurs variés.
de l'analytique, des coupons et des paiements de proximité, et devraient se regrouper;
- les réseaux carte: capitalisent sur leur réseau international d'acceptation et leur crédibilité, mais ont un accès relativement limité aux clients et aux commerçants, dépendant d'autres acteurs comme les banques;
- les opérateurs télécom dont le positionnement initial repose sur le secure element embarqué (SE) dans le SIM, associé aux Trusted Services Manager ;
- les start-up qui pour s'imposer face aux acteurs majeurs ont un travail de titan à accomplir.
- la guerre par les services Pour attirer et fidéliser le chaland, la compétition passe par une offre forte en termes de services qui lui simplifient la vie. Tout d’abord, offrir une palette de services de paiement simples et sécurisés répond à l’attente fondamentale des consommateurs vis-à-vis d’un portefeuille électronique. JeanPierre Peron, directeur des opérations clients de Transaction Network Services, prévient: « De nombreux dangers sont présents lors d’un paiement électronique: installation d’un malware, utilisation d’un sniffer pour décoder le trafic et récupérer les données du porteur, vol et détournement des informations contenues dans le wallet. »
Ainsi, La Banque Postale propose depuis mai 2015 dans une même application, baptisée Mes Paiements, un portefeuille de services de paiements sécurisés pour le paiement à distance comme en proximité. Il contient déjà les solutions PayLib, 3D Secure, SEPAmail et, en test, le paiement sans contact. Il simplifie l’accès aux différents services de paiement qu’il regroupe via l’usage d’un code à 5 chiffres à saisir dans l’application mobile dédiée. Ainsi, que le client règle son achat en ligne avec la solution de paiement Paylib, effectue un paiement sécurisé par le dispositif 3D-Secure ou, désormais génère, un cryptogramme dynamique avec LBP Pay, la cinématique d’authentification est la même pour toutes ses opérations de paiement. La solution d’authentification par la voix de la FinTech parisienne Talk to Pay viendra compléter à l’été 2016 LBP Pay. « La biométrie vocale a été testée par 620 clients pour plus de 5 000 paiements sur 1 200 sites différents, avec un taux de satisfaction de 86%, se félicite Aurélien Lachaud, directeur du développement des marchés de paiement à La Banque Postale. C’est universel, simple et sécurisé. »
En outre, LCL a démarré une phase d'expérimentation visant à tester le remplacement du cryptogramme visuel apposé au dos de la carte par un cryptogramme dynamique à usage unique généré, par la solution vocale de Talk to Pay. Elle souhaite diminuer la fraude et mesurer l'appétence de ses clients pour la biométrie. Talk to Pay est également expérimenté par Carrefour Banque, le Crédit Agricole.
Par ailleurs, de nombreux services peuvent être intégrés au portefeuille: programmes de fidélité, bons de réduction, bons d’achat, tickets de transport, tickets digitaux, informations sur les paiements. Les grandes
enseignes ont des moyens de proposer un ensemble de services couvrant la proximité, le e-commerce, les drive, mettre en avant les promotions. Le commerce de proximité peut trouver ici les moyens de communiquer et de faire des promotions sur une base plus large avec des moyens limités. «Le niveau de détail des informations dont disposent les commerçants ainsi que la relation directe sont des atouts majeurs, » souligne Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel.
Pour Sopra Banking Software, l’avenir passe par l’interconnexion des portefeuilles électroniques avec les applications e/mcommerce via des API. L’interface de programmation permet à un logiciel d’offrir des services à d'autres logiciels. Par exemple, les cartes de crédit American Express éligibles au programme de fidélité font gagner des points AmEx lors de trajets Uber. Un trajet Uber peut aussi être payé en points AmEx. Le groupe bancaire australien ANZ propose aux commerçants un catalogue d’API. Selon Olivier Perrin, responsable du conseil sur le paiement pour les grands comptes chez Sopra, « une démarche ‘API driven’ nécessite la mise en place d’une plateforme API pour fabriquer, déployer et opérer les API pour les portefeuilles digitaux en tenant compte des aspects sécurité, convivialité de l’interface utilisateur, et interopérabilité. » ■