Ecran total Spécial NAMUR

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Belgique

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Ces derniers mois, la déléguée générale du FIFF s’est battue avec son équipe pour réinventer, en dépit de toutes les incertitudes liées à la crise sanitaire, un festival du film francophone à la sélection rigoureuse, sans trop perdre de la convivialité qui en fait tout le charme.

jourd’hui acquis, Ndlr]. C’est important pour les enfants qui ont été confinés chez eux pendant des semaines et ont été confrontés à beaucoup d’images ; il faut qu’ils puissent comprendre que ces images sont construites. C’est l’objet de nos ateliers techniques, pour lesquels il y a une vraie demande des enseignants. Chaque année, 6 000 à 7 000 jeunes viennent au FIFF Campus, parfois pour une journée complète.

Organiser un festival de cinéma en pleine pandémie est probablement le pire contexte imaginable. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette 35e édition ?

Nous avons dû imaginer différents plans successifs en fonction du développement de la pandémie, mais nous avons toujours eu la volonté de réaliser cet événement “en présentiel” dès que les salles seraient en mesure de rouvrir. Nous avions l’envie et le besoin d’être là pour relancer cette façon de “vivre le cinéma en vrai, en grand”, comme le dit le slogan du FIFF. Nous tenons évidemment compte de toutes les mesures sanitaires obligatoires. Il était important pour nous de relancer le cinéma dans les salles, de soutenir les professionnels, de relancer les contacts sociaux, même si c’est dans des limites balisées. Au-delà, nous voulions aussi relancer la culture à Namur avec les partenaires culturels locaux, les cafés et restaurants, puisqu’il n’y aura pas de chapiteau central cette année. Nous sommes dans un esprit de solidarité, notamment avec les exploitants qui nous ont demandé de réduire le nombre de salles dévolues au festival pour maintenir leur propre programmation. Mais cela n’a pas été évident de travailler sans savoir combien on aurait de films, quels seraient nos invités, et avec toutes ces incertitudes sur les territoires ouverts aux voyages, notamment en Afrique. Dans quelle mesure la sélection des films a-t-elle été affectée ?

Nous avons reçu beaucoup de liens, de films sur les plateformes, même s’il y en a dont la sortie est reportée en 2021 et auxquels nous n’avons pas eu accès. Nous nous sommes très rapidement aperçus que l’on aurait moins de films, toujours issus de l’espace francophone. Nous avons choisi de faire une seule compétition, mélangeant premières œuvres et deuxièmes, troisièmes, quatrièmes films... Il y aura, par exemple, La Déesse des mouches à feu, même si la réalisatrice québécoise Anaïs BarbeauLavalette ne pourra pas faire le déplacement à Namur. Il est clair qu’il y a moins de films disponibles, mais la volonté est toujours d’avoir du cinéma de qualité. Dans un esprit de solidarité, nous allons aussi donner une carte blanche au BRIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival), qui a été annulé en avril dernier, pour diffuser des films de zombies (Yummy, du Néerlandais Lars Damoiseaux).

Comment comptez-vous préserver l’aspect festif et social intrinsèque à un festival de cinéma ?

C’est très compliqué. Cependant, le fait même d’être dans une salle de cinéma – tout en respectant les distances de sécurité –, de voir des invités défendre leur film, fût-ce par écran interposé, tout ceci permet quand même de créer ces liens qui font l’essence même d’un festival. On aura évidemment moins l’occasion d’échanger dans les files à l’entrée des salles, mais on peut le faire sur les réseaux sociaux. Nos accords avec les cafés et bars namurois permettent aussi à ces publics de s’y retrouver avant ou après les projections.

Nicole Gillet « Le 35e FIFF s'inscrit dans un esprit de solidarité et de relance »

Les rencontres professionnelles sont un autre volet important du FIFF. Vous l’inscrivez dans un esprit de relance, mais pourquoi avoir renoncé au Forum de développement ?

Dans le milieu professionnel, tout le monde a dû se coltiner ces derniers mois tellement de rendez-vous virtuels que nous avons tous besoin d’un peu de convivialité. Pour le Forum, qui vise les projets en développement, le ressenti, la relation directe est primordiale ; nous avons donc préféré le reprendre l’année prochaine. En revanche, nous favorisons la relance en soutenant des jeunes réalisateurs belges désireux de passer au long métrage, via un atelier “en présentiel”, tout comme avec notre atelier pour les jeunes comédiens et comédiennes. Organisé en collaboration avec le festival du film d’Aubagne, l’atelier Troisième personnage, consacré à la musique, sera, lui, virtuel. Une rencontre sera aussi consacrée aux éco-tournages.

Pour la première fois, certains films seront aussi accessibles en ligne.

L’incertitude plane encore sur les séances scolaires organisées dans le cadre du FIFF Campus.

Nous avions envie de compléter les projections en salles par des projections via la plateforme Ciné Chez Vous du distributeur Lumière, mais dans un mode d’organisation de festival. Quelques films seront accessibles au lendemain de leur projection à Namur et pour 24 heures seulement. Nous ne sommes pas dans une conception de diffusion large mais plutôt dans une conception de festival parce qu’on se rend bien compte que tout le monde ne peut pas se déplacer.

Toutes les projections sont prévues, même si on a un peu réduit le périmètre. Enormément de séances pour le réseau primaire sont déjà complètes, signe qu’il y a une grande attente dans les écoles, chez les professeurs et les instituteurs par rapport au festival. C’est aujourd’hui plus compliqué pour les élèves du secondaire, pour lequel toutes les sorties sont pour l’instant interdites. On sait cependant que les ministres de la Culture et de l’Enseignement ont la volonté de lever cette interdiction [cela semble au-

30 septembre 2020 / Écran total  n°1298

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Nous avions pensé au départ à un sujet lié à la crise du Covid-19 ou à la chronologie des médias, très fortement bouleversée pendant la pandémie, mais on manque un peu de recul. Nous avons donc eu envie d’une réflexion tournée vers l’avenir. Les éco-tournages ont été mis un peu de côté avec la crise, mais on sait que l’on va devoir passer par là. La jeune génération a des ambitions écologiques qui s’inscrivent dans “le monde d’après” et elle a envie que les choses se fassent. Les fonds régionaux comme le VAF, screen.brussels et Wallimage ont aussi pas mal avancé en la matière. Ils vont nous l’expliquer. Propos recueillis par Thierry Leclercq


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