MarieClaire - Magazine FR - février 2021

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TH I N K S M AR T, LOOK AM A Z I N G

FÉVRIER 2021 — 5,90 €

PENÉLOPE CRUZ HOROSCOPE

FEEL GOOD

ET SI LES ASTRES NOUS RÉSERVAIENT DE BONNES SURPRISES ?

MODE

LE PLEIN D’IDÉES POUR SE RÉINVENTER

OBJECTIF

ÉNERGIE NOS CONSEILS FORME ET NUTRITION POUR FORTIFIER SON CORPS ET SON MENTAL

« Le regard qu’on porte sur moi n’est plus si important »

Beauté

30 NOUVEAUTÉS DE 5 À 500 € SÉLECTIONNÉES PAR LA RÉDACTION

TÉMOIGNAGES

ÊTRE EN COUPLE AUJOURD’HUI

REPORTAGE

RESCAPÉE D’UN CAMP DE « RÉÉDUCATION » CHINOIS


DISPONIBLE SUR DIOR.COM - Dior OnLine 02/620.00.00

L E N O U V E AU RO U G E À L È V R E S C O U T U R E 35 TEINTES. TEINTES. SATIN, SATIN, MAT, MAT, MÉTALLIQUE MÉTALLIQUE ET ET NOUVEAU NOUVEAU VELOURS. VELOURS. 35 SOIN FLORAL. FLORAL. RECHARGEABLE. RECHARGEABLE. SOIN


ÉDITO

La Saint-Valentin, au sens strict (et commercial) du terme, consiste essentiellement à offrir un cadeau à son partenaire et à l’emmener manger dans un bon restaurant, ce qui ne sera pas possible cette année. Et puis, cela fait presque un an qu’il ou elle est pratiquement la seule personne que nous avons eu le droit de voir en permanence. Un peu trop même parfois, au point de créer des étincelles… en tous genres. Alors pourquoi ne pas en profiter, ce 14 février, pour dire à tous ceux que nous aimons... que nous les aimons ? Envoyer une fleur, un cadeau, une photo accompagnés d’un petit mot à nos parents, nos grands-parents, nos enfants, nos petits-enfants, nos frères et sœurs, nos amis… tous ceux qui comptent pour nous et que nous n’avons pas pu embrasser, câliner, serrer contre nous depuis si longtemps ? Car le confinement l’a confirmé : nous n’aimons pas être seuls. Patrick Traube, psychologue et psychothérapeute, estime même que « Seuls, nous sommes incomplets, tout simplement... » (p. 70). À deux, par contre, sous quelque forme que ce soit, nous allons de l’avant, nous progressons, et c’est d’autant plus vrai en cette période dominée par le Covid, ses variants, ses mutations et la lutte que nous devons livrer ensemble pour le combattre notamment à l’aide des vaccins. Certains prédisent que « sur le plan humain, il est probable que cette année s’inspirera des années folles. Nous sortirons à nouveau, nous nous ferons beaux et nous nous embrasserons. Bref, nous chérirons tout ce qui nous a cruellement manqué » (p. 76). Il y a de l’amour et de l’espoir dans l’ère ! Julie Rouffiange Rédactrice en chef adjointe – jro@marieclaire.be

PHOTO PERSONNELLE.

LOVE IS IN THE ÈRE


Penélope Cruz, photographiée par Xavi Gordo. Réalisation Anne-Sophie Thomas. Body NotShy, jean Levi’s. Créoles et jonc Gas Bijoux, bracelets Bonanza, ceinture Etro. Assistante stylisme Agathe Gire. Coiffure et mise en beauté Lancôme réalisées par Pablo Iglesias/NS Management, avec Sérum Advanced Génifique, Teint Miracle 035 Beige Doré, Belle de Teint 04 Belle de Miel, Mascara Hypnôse 01 Noir, Palette Hypnôse 01 French Nude, Crayon Khôl Brun et le Rouge à Lèvres L’Absolu Rouge Intimatte 212 Undressed. Manucure Lucero Hurtado. Production Zoé Martin/Producing Love, avec, à Madrid, Eva Mangas, assistée de Lucas Parrotta et Cesar Herrera.

p.62 Ce que les femmes attendent de Joe Biden

SOMMAIRE ÉPOQUE

TÊTE-À-TÊTE(S)

36 ENTRETIEN Penélope Cruz,

quadra solaire

42 RENCONTRE Maria Grazia Chiuri et

Rachele Regini, le feu sous la grâce

14 NEWS L’actu qui nous touche, 18

nous interpelle REPORTAGE Rescapée des camps chinois

CULTURE

50 AGENDA Expos et sorties

STYLE

PAR MARIE CLAIRE

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54

Le dernier enfant CINÉMA Se souvenir de Chantal Akerman MUSIQUE Calogero : « Je suis du côté des femmes »

82

62 INTERVIEW Ce que les femmes 66 70

52 LIVRES Philippe Besson,

25 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES

MAGAZINE

58 PHÉNOMÈNE Aya mania

74 78

attendent de Joe Biden ASTRO Horoscope feel good TÉMOIGNAGES Un couple peut en cacher un autre… TENDANCES Slow, le nouveau crédo MOI LECTRICE « J’ai passé sept jours de silence dans une abbaye »

92

LOU ESCOBAR. XAVI GORDO. PRESSE.

ÉDITO

CAROL GUZY/ZUMA/REA.

4

12 TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER L’HIVER

p. 82 Street fighter Manteau en polyester mélangé Boss, sweat-shirt en coton Compagnie de Californie, body en Nylon Coperni, short en polyamide Gauchere. Casquette en coton Stray Rats, sac Kelly, en cuir Hermès.

MODE

LIFESTYLE

Street fighter Clair de lune

118 ÉVASION Martinique, l’île verte

MODE D’EMPLOI

128 HOROSCOPE

100 ACCESSOIRES

122 DÉCO Le kitsch, tout un art

126 MASTERCLASS Le man’ouché

Nouveaux classiques

130 LE QUESTIONNAIRE Camelia Jordana

p. 122 Le kitsch,

tout un art

BEAUTÉ

104 FORME Les 10 secrets de l’énergie

108 SÉLECTION DE LA RÉDACTION Nos coups

de cœur de l’hiver

112 SOINS Déstresser ma peau

Suivez-nous sur marieclaire.be/fr



x Voyage Hotels

Visitez le paradis de la Riviera turque Voyage Belek Golf & Spa vous invite à passer des vacances où chaque instant se transforme en une expérience inoubliable. La station ouvrira ses portes cet été avec un concept renouvelé et de nombreuses nouveautés exceptionnelles. UN EXCELLENT SERVICE, TOUT AU LONG DE VOS VACANCES

Profitez d’un confort incomparable dans les chambres d’hôtel spacieuses et élégantes au design architectural remarquable qui vous permettent d’adapter votre espace personnel à vos besoins. De plus, il existe désormais un espace lounge gratuit ainsi qu’une nouvelle salle de loisirs où vous pourrez confortablement attendre votre chambre lors de votre enregistrement ou de votre transfert au moment du départ. De cette façon, chaque invité pourra profiter pleinement du privilège Voyage avant et après ses vacances.

turc. Les amateurs de viande pourront aussi se faire plaisir au Steak House. On pense également aux plus petits au Voyage Belek Golf & Spa. Il y a un buffet spécial pour les enfants avec une gamme de plats variés. Des pâtes aux boulettes de viande, des légumes savoureux et des fruits frais, tout est préparé en pensant à vos petits bouts.

PLAISIR CULINAIRE

Un vent de changement souffle sur les restaurants et le concept food & drink du Voyage Belek Golf & Spa. De nombreuses nouveautés vous attendent dans les bars qui proposent une riche sélection de boissons et de cocktails élaborés avec des marques premium de renommée mondiale. De plus, ce complexe ne compte pas moins de neuf restaurants à la carte, dont l’un est ouvert 24h/24, idéal pour ceux qui ont envie d’un repas savoureux à tout moment de la journée. En plus des deux restaurants avec service de buffet à volonté, vous pourrez également déguster une cuisine du monde dans les restaurants à la carte mexicain, italien, chinois et japonais, où vous pourrez assister à un spectacle culinaire de Teppanyaki à couper le souffle. Ou essayer la délicieuse cuisine locale, les savoureux kebabs et les desserts ottomans de renommée mondiale dans le restaurant

DESTINATION DE RÊVE POUR LES ENFANTS ET LES ADULTES

PRESSE.

Après une année où voyager n’était qu’un rêve lointain, le moment est enfin venu de planifier de nouvelles vacances reposantes dans des lieux exotiques. Voyagez sur la charmante Riviera turque, où des plages accueillantes, une mer d’un bleu limpide ainsi que luxe et détente ultimes vous attendent.

Voyage Belek Golf & Spa est une destination de vacances idéale pour les familles avec enfants mais aussi pour ceux qui préfèrent la tranquillité d’un séjour réservé aux adultes. En plus du buffet adapté, il y a aussi de nombreuses animations pour les enfants, comme des spectacles de magie et de perroquets, une aire de jeux et des salles de jeux. Il existe également un service de baby-sitting et un club enfants pour toutes les

tranches d’âge, où vos petits trésors pourront s’amuser du matin au soir à leur guise. Mais on a aussi pensé aux adultes : plusieurs zones de l’hôtel sont exclusivement réservées aux plus de 16 ans, comme un restaurant buffet, une jetée et une partie de la plage longue de 300 m. Le soir, vous pourrez également vous défouler sur la piste de danse de la discothèque ou assister à un spectacle. SPA ET BIEN-ÊTRE

Besoin d’un moment de détente absolue ? Laissez-vous dorloter dans l’agréable spa relaxant qui se compose d’un hammam, d’un sauna, d’un hammam turc et d’un merveilleux jacuzzi. Vous pourrez bien sûr aussi vous rendre au Voyage Belek pour de nombreux soins de beauté : aromathérapie, massages, manucure et pédicure, soins du visage et du corps,... il y en a pour tous les goûts.

NAGEZ ET DÉTENDEZ-VOUS DANS LA NATURE

L’Hôtel Voyage Belek ne compte pas moins de six piscines, deux piscines intérieures et quatre piscines extérieures, avec des toboggans spectaculaires pour les enfants. Les piscines extérieures sont situées dans différentes parties du jardin verdoyant dans lequel se trouve l’hôtel. Autour des piscines se trouve une terrasse ensoleillée avec des chaises longues et des parasols, où, même en haute saison, une place est toujours disponible. Adjacente au jardin se trouve la plage de 300 mètres de large avec une partie séparée pour les familles et pour les 16 ans et plus, où tout le monde pourra pleinement profiter du dolce farniente, le bonheur à l’état pur. Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec Voyage Hotels. Voyagehotel.com


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TOCADES

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FÉVRIER

TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER FÉVRIER

UNE BOISSON DÉTOX

PLUS DE 38 % DE GINGEMBRE BIO, DU CITRON, DES HERBES ET DES ÉPICES, CET ÉLIXIR 100 % NATUREL SE BOIT PUR OU AVEC DE L’EAU PÉTILLANTE. LE DRINK RÊVÉ POUR UN DRY JANUARY SUPER SEREIN. Entre 26 € et 31 € la bouteille de 700 ml, gimber.com

La maison Gucci s’est associée au champion du vêtement d’outdoor, The North Face, pour une collaboration qui renouvelle totalement le genre ! Et si les stations de ski sont fermées, on pourra se lover dans une de ces robes doudounes ou même opter pour un sac à dos ou des chaussures de randonnée. Autant de pièces parfaites, aussi, pour affronter le bitume des grandes villes. gucci.com

COURTESY GUCCI. JC CARBONNE. PRESSE.

UNE COLLAB’ AU SOMMET

MAURICE HOGENBOOM/CONDÉ-NAST/GETTY IMAGES. PRESSE. CHANEL. STUDIO GIANNI PETTENA, COURTESY DE L’ARTISTE ET SALLE PRINCIPALE, PARIS.

Par Nathalie Dolivo, Aurélie Lambillon, Elvira Masson et Marie Geukens

N° 5, UN SIÈCLE EN 2012, LA MAISON CHANEL A OSÉ FAIRE D’UN HOMME, BRAD PITT, LE NOUVEAU VISAGE DU PARFUM QUI DOIT “ SENTIR COMME UNE FEMME, PAS UNE ROSE ”. FORTE DE CET ADAGE, GABRIELLE CHANEL AVAIT DEFIÉ LE PARFUMEUR ERNEST BEAUX. CHANEL N° 5 A ÉTÉ CRÉÉ LE 21 MAI 1921. N° 5 AURAIT ÉTÉ LA CINQUIÈME PROPOSITION DE BEAUX ET LE CHIFFRE PORTE-BONHEUR DE CHANEL. UNE CAMPAGNE PUBLICITAIRE ÉTONNANTE RSAIRE DU PARFUM TOUJOURS LE PLUS VENDU AU MONDE.

Gianni Pettena, Architecture Forgiven by Nature, 2017, installation permanente, Brufa (Pérouse, Italie), 2017.

EXPO

La nature s’exprime et est douce. Les dessins, documents, photos, films, objets et installations de l’artiste et architecte italien Gianni Pattena émeuvent et dénoncent les préjugés. Il observe comment la nature interagit avec la structure : du tumbleweed accumulé dans une structure en bois à la métamorphose permanente de maisons entièrement recouvertes de glace. Sa vaste pratique architecturale oscille entre activisme, art et poésie. Forgiven by Nature, jusqu’au 13 mars à La Verrière, espace de la Fondation d’entreprise Hermès, 50 boulevard de Waterloo, 1000 Bruxelles. Entrée gratuite du mardi au samedi de 12 h à 18 h.

Betty Catroux et Yves Saint Laurent à Central Park, New York, en 1968.

LE STYLE DE BETTY CATROUX

Betty Catroux et Yves Saint Laurent se sont rencontrés en 1967 et ne se sont plus jamais quittés. Inspiratrice, double, complice, elle fut tout cela et plus encore pour le couturier qui lui écrivit : « Tu représentes pour moi non seulement l’amour mais l’élégance indéfinie. » C’est cette allure invraisemblable et totalement Saint Laurent que ce beau livre donne à voir en une sélection de photographies issues du fonds du musée Saint Laurent ou de la collection personnelle de Betty Catroux. Forcément inspirant ! Betty Catroux, Yves Saint Laurent, Féminin singulier, éd. Gallimard/ Musée Yves Saint Laurent Paris, 35 €. gallimard.fr


14 ÉPOQUE PSYCHO

COMMENT APAISER LES ENFANTS QUE L’ACTUALITÉ ANGOISSE? HÉLÈNE ROMANO

Questionnements anxieux, repli sur soi, troubles compulsifs : les enfants et les adolescents aussi sont affectés par l’actualité de cette fin d’année particulière. La psychologue clinicienne* nous livre les mots et les clés d’un dialogue clair et rassurant. Par Caroline Laurent-Simon Face à ces nouvelles chaotiques, comment soulager nos enfants de leurs angoisses sans les submerger par les nôtres ?

En leur parlant. C’est fondamental. Esquiver leurs questions ou les ignorer, faire comme si rien ne se passait, alors que les chaînes d’infos tournent en boucle, sont les pires choses à faire. On leur dit quoi, concrètement ?

Un enfant qui pose une question ne la pose jamais par hasard. Il a besoin de savoir que vous êtes là. Il faut commencer par leur dire qu’ils ne sont pas – et ne seront jamais – seuls dans cette période. Ce premier message à leur intention est crucial. Ce sont de véritables « éponges à émotions ». Être dans le déni est la pire attitude à adopter. Leur parler, quel que soit leur âge, c’est notre responsabilité de parents. Tenir un discours positif est indispensable. À partir du moment où on dit : « Ce virus, on va le dépasser, mais oui, je suis stressée, fatiguée et inquiète, je ne vais pas te mentir », l’enfant gère mieux son angoisse. C’est se réassurer mutuellement, faire front ensemble. Le traumatisme fige le temps. Il faut donc sortir de sa temporalité. Leur expliquer qu’on a des ressources, individuellement et collectivement. Leur rappeler que l’humanité a fait face à d’autres catastrophes et que l’on en est sorti. Pour cela, on leur donne des exemples historiques, comme la peste, les Première et Seconde Guerres mondiales. On peut aussi faire référence à ses propres expériences. Je suis d’une génération qui avait 20 ans quand le Sida est apparu et que l’on pensait tous alors qu’aimer, avoir une vie sentimentale et sexuelle, devenait soudain un risque mortel et que notre avenir était irrémédiablement fichu. Mais on en est sortis ! C’est ce que j’explique à mes enfants qui sont en fac. C’est tellement difficile pour les jeunes, dont la scolarité et les études sont bouleversées et les lieux de vie fermés. Sans compter le message récurrent culpabilisant qui les désigne comme « dangereux » pour leurs parents et grands-parents. Ces derniers mois, des parents ont vu leur enfant glisser vers des comportements inquiétants : repli, TOC… Quand faut-il consulter ?

J’aurais tendance à dire qu’il ne faut pas voir un psy d’emblée. Les périodes de confinement sont des périodes de deuil, à commencer par celui du quotidien. Cela peut réactiver des troubles anxieux et des régressions. On s’inquiète quand on constate que nos paroles ne les rassurent pas, qu’ils s’isolent ou ont des comportements compulsifs. On ne laisse pas la situation s’enkyster. Surtout, on les laisse parler à la maison ou dans le cabinet d’un psy. Mais on les laisse parler ! (*) Spécialisée dans la prise en charge des enfants victimes d’évènements traumatiques, auteure de Quand la vie fait mal aux enfants, éd. Odile Jacob.

PHOTO COLIN PANTALL, EXTRAITE DE LA SÉRIE « BROKEN CAMERA ».

Ne risque-t-on pas, parfois, d’être dans l’angélisme béat ?


16

ÉPOQUE

INTERVIEW

NEWS

NOOR INAYAT KHAN

AGNIESZKA HOLLAND

LA PIONNIÈRE OUBLIÉE

Dotée d’un courage exceptionnel, cette espionne musulmane d’origine indienne a combattu les nazis en France pour le compte des services secrets britanniques. Une vie de roman, mais en vrai.

ÉPOQUE

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“EN POLOGNE, LE CHANGEMENT PASSERA PAR LES FEMMES”

Par Françoise-Marie Santucci

Des engagées volontaires de l’armée britannique apprennent le code Morse en 1941.

Allemands fin 1943 (sur dénonciation française), elle est interrogée pendant des semaines au siège de la Gestapo, tente de s’enfuir et ne livre rien. Ni personne. Emprisonnée pendant des mois en Allemagne, condamnée à l’isolement, elle continue à rester mutique. En 1944, on la transfère au camp de Dachau. Un matin de février, avec trois de ses amies du SOE, elle est exécutée d’une balle dans la tête. Son dernier mot aurait été « Liberté ». À titre posthume, Noor Inayat Khan reçoit les plus hautes distinctions : Croix de guerre française, George Cross britannique. Une statue à son effigie trône dans les jardins de Gordon Square, à Londres, et à Suresnes, où elle a grandi, une plaque lui rend hommage devant sa maison d’enfance, et une école primaire porte désormais son nom.

DÉCRYPTAGE

FOLLOWEUR « Ce mot montre à quel point on fait tous partie du système promotionnel digital, mais ici au degré minimal, je trouve ça génial ! “Follow”, qui veut dire “suivre”, devient acteur avec le suffixe “eur”, qui sert à former des noms d’agents. Du “followeur” à l’influenceur, à son échelle, chacun participe. »

LIKER « Son utilisation illustre le processus

remèdes” comportent souvent le préfixe “re“ (ici, “retour en arrière”). Dans “se recentrer”, il y a l’idée de rotondité des choses. On est sortis du schéma linéaire de progression. Aujourd’hui, on préfère rester sur place, voire regarder en arrière. »

de marchandisation du lexique de nos sentiments sur les réseaux sociaux, où les enjeux affectifs et promotionnels sont mélangés. On “aime” qui pense “comme” nous, avec le double sens de “like”. Pourtant, liker n’est pas aimer, et les plus jeunes l’ont bien compris. » (exprimant l’affection) dont l’intention (minimiser le drame ou le service), louable, entraîne une gagatisation de la société. Les “bienveilleurs” nous imposent de glisser de la tendresse partout, comme si on devait sans arrêt prouver qu’on ne veut pas de mal à son prochain. »

Vous avez grandi dans les ruines de Varsovie, vécu la naissance de Solidarność, la chute du communisme… Les Polonaises sont des résistantes !

PARLEZ-VOUS 2020 ?

EN MODE « On se décrit ici comme nos lave-linges qui sont “en veille” ou “en ligne”. D’un groupe prépositionnel plein d’autodérision (“Je suis en mode dépression”), “en mode” est devenu marqueur d’introduction de la parole d’autrui – “Elle était en mode ‘attends, je suis trop fatiguée’”. Drôle et surtout utile, je parie qu’elle restera. »

PETIT « Il fait partie du lexique hypocoristique

elle ne sera plus une autorité. Le niveau intellectuel et le degré d’humanité des prêtres ont beaucoup baissé. Ceux qui enseignent la religion dans les écoles ne sont pas en phase avec les attentes des jeunes Polonais qui parlent anglais, regardent Netflix, YouTube, voyagent et voient que ce qui est interdit ici est normal en France, mais aussi en République tchèque. Ils défendent la liberté dans la sphère privée et refusent l’autorité. On ignore comment on pourra structurer ce mouvement, mais ils en ont assez de la manipulation, de la propagande, du chantage patriotique.

SE RECENTRER « Ce que j’appelle les “mots-

VIRAL « Avant la pandémie, quand quelque chose était “viral” sur le Web, c’était un succès. Alors que le sens originel, du latin virus, désigne “la semence des animaux et la bave des limaçons”, ça ne s’invente pas ! Ce retour au véritable sens de la loi de la jungle devrait logiquement anéantir son récent usage positif. »

(*) Je parle comme je suis – Ce que nos mots disent de nous, éd. Grasset.

À Varsovie, les femmes unies pour défendre l’avortement, le 24 octobre dernier.

Êtes-vous surprise par cette énorme mobilisation ?

RAFAL MILACH/MAGNUM PHOTO.

Julie Neveux, maîtresse de conférences en linguistique à la Sorbonne, ne se lasse pas des tics de langage qui circulent dans ses salles de cours, nos médias et nos rues. Dans un livre* passionnant, elle décrypte à travers ces expressions la société dans laquelle nous vivons. Et en commente ici les plus populaires pour nous. Par Adèle Bréau

La photo de passeport de l’agente secrète.

MIRRORPIX. DAVID HARPER/COURTESY SHRABANI BASU.

Née en 1914 à Moscou d’un père indien, descendant du sultan de Mysore, et d’une mère américaine, Noor Inayat Khan grandit entre la France et le Royaume-Uni. La famille est aisée, instruite, artiste. Aînée de quatre enfants, Noor entreprend des études de psychologie à la Sorbonne, ainsi que de musique auprès de Nadia Boulanger, écrit des poèmes et des contes pour enfants. Quand la guerre survient, elle trouve refuge à Londres avec ses proches. Décrite comme rêveuse et pacifiste (elle admire Gandhi), Noor décide néanmoins de s’engager dans la branche féminine de l’armée britannique. On la repère vite : intelligente, bilingue, volontaire, elle intègre le Special Operations Executive (SOE), un service secret de sabotage créé par Winston Churchill. Envoyée clandestinement en France sous le nom de code « Madeleine », elle est la première femme à devenir « opératrice radio ». Cela semble abstrait, c’est vital : il s’agit de faire le lien entre la Résistance et les alliés. Soumise à un danger permanent, elle remplit sa mission au cœur du lieu le plus exposé du pays : Paris. Finalement arrêtée par les

Militante féministe et farouche opposante au gouvernement ultraconservateur de Jarosław Kaczyński, la cinéaste (1) voit dans les manifestations sans précédent qui secouent son pays l’émergence d’une génération enfin affranchie du poids de la tradition. Pour nous, elle analyse la situation. Propos recueillis par Catherine Durand

Il y a quatre ans, ce grand mouvement de femmes, Strajk Kobiet, a déjà fait reculer Jarosław Kaczyński (vice-président du conseil des ministres, ndlr) sur l’interdiction de l’avortement. Depuis, elles se sont organisées mais je n’imaginais pas une réaction si massive, et une foule si jeune. Cette nouvelle génération a compris que le parti Droit et justice (PiS), au pouvoir depuis cinq ans, orchestre un grand plan suivi par les médias et l’Église : changer les élites, mener une sorte de contre-révolution culturelle, nationaliste et fondamentalement catholique. Pour la première fois, les manifestantes entrent dans les églises.

Cela signe le début de la fin de l’Église. Cela prendra une dizaine d’années, les campagnes sont plus conservatrices, mais ailleurs

Oui, mais elles étaient dans la résistance patriotique. Des femmes courageuses, comme ma mère, mais en même temps soumises à leur mari. Depuis dix ans, les jeunes filles, plus éduquées que les garçons, ont gagné en confiance en elles. Un sondage a révélé que 70 % des hommes ont voté pour le PiS et 80 % des femmes pour le centre et la gauche. Aujourd’hui, des jeunes hommes, nombreux dans les manifs, disent : « Je défends les droits de ma copine, ma sœur, ma mère, ça me concerne aussi. » C’est la révolution de carton sur lequel on inscrit des slogans réalistes, drôles, provocateurs, voire vulgaires contre Kaczyński et en faveur des droits des femmes (2). Ce mouvement de révolte a-t-il des chances de réussir ?

C’est pratiquement impossible que l’opposition gagne, il faudrait que cela évolue de façon plus radicale, mais avec la Covid, l’hiver qui approche… Kaczyński a appelé les « bons citoyens » à défendre les églises, il incite à la guerre civile ! Il pourrait établir l’état de siège. Le ministre de la Justice menace d’arrêter et de condamner les opposantes « dangereuses pour la sécurité publique » à une peine allant jusqu’à huit ans de prison. On reste dans l’inconnu, la seule chose évidente est que cette nouvelle génération n’est pas l’héritière de Solidarność ni du pape Jean-Paul II. Elle veut vivre en tant que sujet, ici et maintenant. Le changement passera par le mouvement des femmes. 1. Son dernier film, L’ombre de Staline, sort en VOD-DVD (Condor Entertainment). 2. Pour la soutenir : zrzutka.pl/kasa-na-aborcyjny-dream-team


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ÉPOQUE

GRAND REPORTAGE

RENCONTRE

SAYRAGUL SAUYTBAY, RESCAPÉE DES CAMPS CHINOIS

Un “centre de formation professionnelle” : c’est ainsi que les autorités chinoises appellent ces endroits où sont “rééduquées” chaque année des centaines de milliers de personnes. Parce qu’elle appartenait à une ethnie minoritaire, Sayragul Sauytbay, ancienne fonctionnaire, a été internée quatre mois dans l’un d’entre eux. Aujourd’hui réfugiée en Suède avec sa famille, elle témoigne de ce qu’elle y a vécu, entre lavage de cerveau, privations, torture et viols. Son courage est admirable, et son récit, glaçant.

Sayragul Sauytbay est la voix des « yeux » silencieux qui la suivent partout « en demandant de l’aide ». Ces « yeux » suppliants sont ceux des prisonniers qui étaient internés avec elle dans un des camps construits par les autorités chinoises dans la région du Xinjiang, aux confins de l’Asie centrale. Sortie vivante et aujourd’hui réfugiée politique en Suède avec son mari et ses deux enfants, cette femme de 44 ans parle pour que le monde entier regarde en face ce que les « yeux » subissent. Son témoignage est précieux : très peu de personnes, qui ont été internées, sont parvenues à quitter la Chine. Faire sortir des informations est aussi extrêmement périlleux car les communications avec l’étranger sont très surveillées.

Par Laure Marchand Photos Åsa Sjöström UN SAC EN PLASTIQUE OPAQUE SUR LA TÊTE

Son récit circonstancié renforce les accusations des organisations de défense des droits de l’homme et de spécialistes qui dénoncent des pratiques génocidaires et l’existence de « camps de concentration » dans cette région de l’extrême ouest de la Chine, historiquement peuplée par des ethnies musulmanes et turcophones, ouïghoures, kazakhes, ouzbèkes, tatares, kirghizes… Les autorités du pays évoquent des « centres de formation professionnelle » destinés, affirment-elles, à lutter contre le terrorisme islamiste et la radicalisation religieuse. Dans un Livre blanc publié en septembre, elles indiquent que chaque année, entre 2014 et 2019, 1,3 million de « travailleurs » y ont suivi des « sessions de formation » – endoctrinement, expérimentations médicales, viols, tortures… Sayragul Sauytbay, elle, décrit un lieu déserté par l’humanité. L’enfer. Avant d’être arrêtée, cette citoyenne chinoise appartenant à l’ethnie kazakhe occupait un poste de fonctionnaire. Elle était directrice de structures d’accueil préscolaire, dans la ville d’Ili. Son mari, également membre de la minorité kazakhe, était professeur de chinois. Mais depuis une vague d’attentats en 2013 et 2014, la répression du pouvoir central s’est terriblement accentuée sur les minorités musulmanes et leur surveillance devient totale. En 2015, Ulugat, leur fils, est corrigé au jardin d’enfants parce qu’il s’exprime dans sa langue maternelle. La famille décide alors de partir au Kazakhstan voisin. Mais le passeport de Sayragul Sauytbay avait déjà été confisqué : « Je n’avais aucune chance de pouvoir partir. » Son mari, sa fille et son fils quittent le pays sans elle. Fin 2016, les disparitions se multiplient un peu partout. « Des voisins ont été arrêtés la nuit. Tout le monde s’attendait à ce que ce soit son tour et avait préparé un sac en plastique avec des affaires. » Les autorités font pression sur elle pour qu’elle fasse rentrer son mari et ses enfants. « Du moment où j’ai clairement refusé, j’ai été traitée comme une criminelle. » Et un soir de novembre 2017, elle est conduite par des policiers dans un lieu inconnu, un sac de plastique opaque sur la tête. « On m’a dit que j’allais enseigner le chinois et on m’a lu un document qui concernait les

Sayragul Sauytbay chez elle, en Suède, en octobre dernier, portant l’habit traditionnel kazakh, l’ethnie à laquelle elle appartient. Ci-dessous à g. : le drapeau suédois, symbole de sa nouvelle liberté, qu’elle a accroché sur un mur de son appartement.


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ÉPOQUE

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GRAND REPORTAGE

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interdictions : pas le droit de parler, de sourire… Si j’enfreignais les règles, je risquais la peine de mort. On m’a forcée à signer. » Sayragul Sauytbay ne connaît pas l’emplacement du camp où elle a été conduite en pleine nuit. Dans l’appartement de Trelleborg, assise sur l’un des tapis du salon, elle égrène l’emploi du temps immuable des journées de captivité des 2 500 prisonniers qui s’y trouvaient, selon ses estimations. À 6 h, réveil. De 7 h à 9 h, « j’enseignais le chinois ». Au programme, « les traditions chinoises, les rituels funéraires, de mariage, les modes de vie... » et les règles du parti communiste. De 9 h à 11 h, sa cinquantaine d’étudiants, âgés de 13 à 84 ans, « répétait ce qu’ils avaient appris. Beaucoup étaient de vieilles personnes, certaines étaient même illettrées en kazakhe ». De 11 h à midi, déclamation de slogans de propagande écrits sur une feuille tenue au-dessus de la tête : « Le parti communiste est le meilleur », « j’aime la Chine »… Après le déjeuner, de 14 h à 16 h, « j’enseignais les chansons du parti ». De 16 h à 18 h, « ils devaient penser à leurs crimes, ils devaient en trouver tous les jours, même s’ils n’en avaient pas commis ». Avoir un permis de résidence dans un autre pays, communiquer via WhatsApp, lire le Coran, souhaiter un « bon vendredi » étaient considérés comme des crimes. Ne pas en trouver exposait à des punitions. Après le dîner, quatre heures étaient encore consacrées « aux crimes ». Après ce long lavage de cerveau, de minuit à 1 h du matin, « il fallait rester debout à côté d’un policier sans parler ». D’une à cinq heures par nuit. Le statut de professeur de Sayragul Sauytbay lui donnait droit à un traitement de « faveur ». Elle n’était pas menottée et avait une cellule individuelle. Les détenus, eux, étaient entravés jour et nuit et entassés à seize, voire vingt-cinq par pièce (selon le ratio de 1 m2 par personne) et dispo-

saient d’un seul bac en plastique pour leurs besoins. La nuit, comme les autres, interdiction de se lever de la couverture en plastique faisant office de lit mais au moins avait-elle le droit de changer de position. Les autres devaient dormir les uns contre les autres, sur le côté droit, sans bouger. Elle n’avait pas l’obligation de manger du porc, systématiquement au menu le vendredi, jour considéré comme sacré pour les musulmans. Dans les cellules, les couloirs, les classes, des caméras observaient le moindre mouvement 24 heures sur 24. Aucun angle mort, pas d’interrupteur pour éteindre la lumière. La surveillance était totale. Régulièrement, Sayragul Sauytbay ressent le besoin de faire une pause dans son récit. Pour soulager son dos qui la fait souffrir depuis son emprisonnement et pour tenir à distance les émotions envahissantes. Il est 11 h 30, cela tombe bien, c’est l’heure de mettre les morceaux de bœuf à cuire et d’ajouter des raisins secs et des carottes dans le riz. Uali, son mari, la relaie en cuisine. Puis elle reprend son témoignage. Graduellement, il s’enfonce dans l’horreur. Sans échappatoire. TRAFICS D’ORGANES, VIOLS, ÉLECTROCHOCS

Comme elle a fait des études médicales à l’université, elle a donc aussi été affectée au classement des dossiers médicaux des prisonniers. « J’ai vu qu’une partie était mise de côté et portait une marque rouge. C’était ceux de personnes en bonne santé. J’ai remarqué qu’elles disparaissaient plus que les autres. » N’était-ce pas parce qu’elles étaient libérées ? « Je ne peux pas en être sûre mais je pense qu’elles ont été tuées pour leurs organes. » La Chine est régulièrement soupçonnée de se livrer à des trafics d’organes prélevés sur des prisonniers.

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« Régulièrement, il y avait des injections et des médicaments à prendre. Ils disaient que c’était pour protéger des maladies infectieuses. C’était faux. Beaucoup tombaient malades, s’affaiblissaient, marchaient comme des zombies. Leur comportement devenait bizarre. » Elle a pris un cachet une seule fois. « Après, quand j’ai eu mes règles, leur aspect était différent. Elles étaient plus solides, un peu comme un morceau de foie. Dans le camp, plus aucune femme n’avait ses règles. » Lors de la seconde prise, elle est parvenue à ne pas l’avaler. Dans le petit salon de Trelleborg, Ulugat et un copain rient en regardant à plat ventre une vidéo sur leur téléphone. Sa mère les fait sortir et raconte à voix basse les agressions sexuelles systématiques. « Les policiers avaient tous les droits, ils prenaient qui ils voulaient, surtout les jeunes filles, souvent les plus jolies aussi, cela dépendait de leur préférence. C’était fréquent. Généralement, ils les emmenaient le soir et les ramenaient le lendemain en cellule ou en classe. Certaines ne pouvaient même pas s’asseoir. Elles étaient terrorisées et avaient des marques sur les bras. » Bien sûr, elles ne pouvaient pas parler et personne ne pouvait les réconforter non plus. Mais ce qui a le plus traumatisé Sayragul Sauytbay, c’est un viol collectif qui s’est déroulé sous ses yeux. Une centaine de prisonniers avait été rassemblés dans une salle. « Une femme qui devait avoir 20 ou 21 ans a dû confesser des crimes qu’elle n’avait pas commis. Puis les policiers l’ont violée. Pendant ce temps, ils surveillaient nos réactions. Si on ne montrait pas de signes d’émotion, cela voulait dire que leur but avait été atteint, leur traitement sur nous avait fonctionné. Ceux qui ont manifesté une réaction ont été emmenés dans la “pièce noire”. » Ce n’est pas cette fois-ci que Sayragul Sauytbay y a été conduite. Face aux sévices subis par la jeune fille, elle est parvenue à rester impassible. Mais à partir de ce

1. Dans l’appartement suédois, des photos de famille rapportées de Chine. 2. Sayragul, avec Uali, son mari, et leurs deux enfants, Ulugat (à g.) et Ukilay (à d.), en balade en

bord de mer. 3. Pour Sayragul, les balades en bord de mer sont comme des respirations, des moments précieux où elle prend conscience qu’elle a enfin retrouvé sa famille.

moment-là, elle dit s’être « perdue » : « Je ne mangeais plus, j’ai perdu beaucoup de poids et je me comportais comme un robot. » La tension intérieure de Sayragul Sauytbay est à peine perceptible. Elle se gratte doucement autour des ongles, à l’extrémité du sourcil gauche. La « pièce noire » était le nom donné à la salle de tortures. Le seul endroit dans le camp sans caméra. « Malgré la distance, on entendait des cris, les gens qui suppliaient les policiers, demandaient de l’aide. Certains n’en revenaient pas. » Des cris s’échappaient de cette pièce quasiment tous les jours. La nuit aussi. Les policiers venaient chercher des gens en classe. « Un jour d’hiver, beaucoup de nouvelles personnes sont arrivées dans le camp. Parmi elles, il y avait une vieille femme kazakhe. On lui reprochait d’avoir des contacts interdits sur son téléphone mais elle ne savait même pas comment se servir d’un téléphone. Elle était peu vêtue, tremblait à cause du froid, était effrayée. Elle m’a serrée en me demandant de l’aide. Je n’ai pas réagi à sa demande. » Sayragul Sauytbay reste concentrée sur son récit comme si elle cherchait à l’empêcher de déborder. « J’ai été emmenée dans la pièce. » Encore l’extrémité du sourcil gauche qui gratte, le contour des ongles. Elle ne veut « pas rentrer dans les détails », raconte avoir subi des électrochocs, avoir été « assise sur une chaise qui était électrifiée ». C’était il y a quatre ans bientôt. Mais la nuit, les souvenirs reviennent. « Dans mes cauchemars, je vois les gens dans la pièce qui appellent à l’aide. » « EN SUÈDE, JE SENS QUE J’AI DE LA VALEUR EN TANT QU’ÊTRE HUMAIN »

Une nuit de mars 2018, on lui a dit que son « travail était terminé », remis un sac en plastique sur la tête et ramenée à son domicile, avec ordre de se présenter à son travail le lendemain. Aucun


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ÉPOQUE

x Pure Encapsulations

GRAND REPORTAGE

Sayragul à l’école, où elle apprend le Suédois cinq heures par jour. Et fait l’admiration de son mari : « C’est vraiment très dur. Mais ma femme, elle est très forte. »

“On m’a forcée à signer un document : pas le droit de parler, de sourire… Si j’enfreignais les règles, je risquais la peine de mort.” Coincé dans la fenêtre, un petit drapeau de leur nouveau pays. Jaune et bleu, les couleurs de la liberté. Mais la menace des autorités chinoises surgit parfois jusque dans ce port tranquille, sur les rives de la mer Baltique. Des individus viennent lui glisser qu’il vaudrait mieux ne plus parler de cette histoire ancienne. Sur son site Internet, l’ambassade de Chine en Suède qualifie ses propos de « grotesques » et de « propagande anti-chinoise ». Sayragul Sauytbay a témoigné pendant plusieurs heures, « c’est (s)on devoir ». Mais ses yeux noirs fixent le mur en s’emplissant de larmes : « Je ne peux pas faire plus pour les aider. » Sentiment d’impuissance du survivant. Comment se sent-elle ? Elle le saura cette nuit. « Mes cauchemars me le diront. »

Périodes sous tension, emploi exigeant, pression durant les examens, problèmes personnels... Le stress est un phénomène connu de tous et peut avoir un impact majeur sur votre vie. Vous ne pouvez pas changer certaines situations, mais vous pouvez changer la manière dont vous les vivez, par exemple en faisant des exercices de pleine conscience, du sport avec modération ou en vous immergeant dans la nature. Certains minéraux, vitamines et extraits de plantes peuvent également avoir une influence bénéfique pendant les périodes chargées et stressantes. Pure Encapsulations, leader mondial en micronutriments purs depuis plus de 25 ans, propose une large gamme de compléments alimentaires scientifiquement étayés ayant une influence positive sur l’énergie physique comme mentale. Anti-Stress est une combinaison de micronutriments comprenant du ginseng de Sibérie et de la vitamine B5 pour maintenir les performances mentales et la fonction nerveuse lorsque le corps et l’esprit tournent à plein régime. Idéal pour les étudiants stressés lors des examens et les personnes ayant un travail exigeant. SHUTTERSTOCK. PRESSE.

collègue n’a demandé la raison de ces longs mois d’absence. « Les gens sont effrayés. » Peu après, elle a été rétrogradée de son poste de directrice puis arrêtée une seconde fois : « Parce que je n’avais pas fait rentrer ma famille en Chine. Mais cette fois, je n’allais pas retourner au camp en tant que professeure mais criminelle. J’étais sûre que je n’en sortirais pas vivante. » Elle n’a alors qu’une obsession : ne pas mourir sans avoir revu son mari et ses enfants. Elle parvient à tromper la vigilance de ses gardiens, s’enfuit par la fenêtre de sa cuisine, prend un taxi jusqu’à la frontière kazakhe, parvient à la traverser clandestinement. Encore neuf mois de prison pour entrée illégale au Kazakhstan et la terreur d’être expulsée vers la Chine, la mobilisation des défenseurs des droits de l’homme locaux et, enfin, le départ pour la Suède en juin 2019. Après tant d’épreuves, Ulugat, 10 ans, et sa grande sœur, Ukilay, ont mis un peu de temps avant de renouer avec le cours de leur enfance. « Mais, ça y est, ils vont bien désormais », déclare leur mère. Ils poursuivent leur scolarité dans le système suédois. Ulugat a adopté le mode de transport local, le vélo. Ukilay, jogging et casque audio posé sur sa longue chevelure noire, a la nonchalance typique de l’adolescence. Du lundi au vendredi, toute la journée, Sayragul et son mari ont des cours de suédois. Ils ne ménagent pas leurs efforts pour l’apprendre au plus vite. « C’est vraiment dur, sourit-il tout en faisant ses devoirs sur la table de la cuisine. Mais ma femme, elle est très forte. » « Ici, je peux sentir que j’ai de la valeur en tant qu’être humain. Tout le monde nous aide, personne ne nous fait sentir que nous sommes des étrangers », dit-elle avec une reconnaissance infinie.

Comment optimaliser votre résistance mentale ?

La racine d’ashwagandha (Withania somnifera) est également appelée « ginseng indien ». Elle occupe une place permanente dans la médecine ayurvédique à base de plantes. Les applications de la racine sont multiples. L’ashwagandha contribue à une plus

grande énergie mentale et physique, tout en jouant un rôle apaisant. Idéal pour les tensions intérieures et occasionnelles. Energy Xtra est composé d’extraits de plantes aux vertus traditionnelles éprouvées (à savoir l’ashwagandha, le ginseng Panax, le ginseng de Sibérie et le rhodiole). Les propriétés particulières des ingrédients favorisent les performances mentales et physiques. Idéal pour les adeptes des plantes qui recherchent un soutien efficace lors des périodes de grande activité et de stress. La vitamine B12 soutient les fonctions psychologiques normales, telles que la mémoire et la concentration, et combat la fatigue. Les aliments d’origine animale étant les principales sources de vitamine B12, les végétaliens et les végétariens, plus particulièrement, ont besoin d’une supplémentation. Tous les produits de Pure Encapsulations sont disponibles dans votre pharmacie. Plus d’infos sur purecaps.be CNK 3366-499 - Anti-Stress CNK 3678-943 - Ashwagandha CNK 3833-449 - Energy Xtra CNK 3667-961 - Vitamine B12 Liquid CNK 4216-024 - Vitamine B12 Folate

Cet article a été réalisé en collaboration avec Pure Encapsulations. purecaps.be


ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM. COURTESY BALENCIAGA/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO LUCIONI/IMAXTREE.COM. COURTESY ANNAKIKI/IMAXTREE.COM.

CARRÉMENT STYLÉE !

Ci-dessus, de gauche à droite, défilés printemps-été 2021 : Alberta Ferretti,

Fendi, Annakiki, Sportmax, Balenciaga.

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MODE

DE LONG EN LARGE

LA PANOPLIE

LE

Un trench fluide, un pantalon ample ceinturé et un sweat-shirt sérigraphié : une version du chic cool en trois essentiels qui donne des ailes.

COME-BACK

Réalisation Julie Cristobal et Linda Heynderickx

JOGGING

Depuis la version dentelle de Sonia Rykiel, il s’est imposé dans nos salons en véritable coureur de fond. Il intègre aujourd’hui nos tenues de ville, héritier cool et stylé de la culture urbaine et des soirées cocoon des beaux quartiers. Par Louise des Ligneris

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1995

2020

Will Smith, à Los Angeles.

Défilé Miu Miu printemps-été 2021.

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7 1. UN TRENCH CLAIR En gabardine de coton Marina Rinaldi, 465 €. 2. UN PANTALON LARGE Avec ceinture et logo Patrizia Pepe, 248 €. 3. UN SWEAT IMMACULÉ À LOGO En coton K-Way, 79 €. 4. UN SAC SEAU VERT Rodeo, en cuir Vivienne Westwood, prix sur demande. 5. UNE CHAÎNE En argent sterling 925 Thomas Sabo, 598 €. 6. DES CHAUSSURES BLANCHES Cloutées IKKS, prix sur demande. 7. LA BONNE SILHOUETTE Trench en laine doublé de soie de mûrier Icicle, prix sur demande. T-shirt en coton Off-White, 270 €. Pantalon en crêpe évasé Ganni sur matchesfashion.com, 215 €.

RON GALLELA/GETTY IMAGES. COURTESY MIU MIU/IMAXTREE.COM.

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COURTESY OF LOUIS VUITTON/IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X7). MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.

Louis Vuitton, collection printemps-été 2021

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« HOMEWEAR », « ATHLEISURE », « HOMELEISURE »… Derrière ces mots, une silhouette tout confort se dessine : mi-sportive, mi-urbaine, elle se porte aussi bien dans la rue que dans le salon. Extirpé du vestiaire sportif et repensé par les créateurs, le survêtement n’est plus seulement l’uniforme du dimanche sur canapé ou des stars américaines jet-laguées dans les couloirs d’aéroport mais bien la nouvelle tenue phare du quotidien. Le voilà désormais substitut assumé du vêtement de ville. Confinement après confinement, la tendance s’impose. Et sur les e-shops, elle s’affiche dans de nouvelles rubriques dédiées : « vêtements d’intérieur » chez Uniqlo, « la zone de confort » chez H&M, « nouveau confort » chez Zara… Cette dimension élégante du jogging avait été initiée par Sonia Rykiel. Dès 1985, son jogging du soir en dentelle noire conquérait les beaux quartiers et offrait une option douillette mais chic. Plus exubérante, au début des 2000, Paris Hilton rendait désirable le survêtement en éponge Juicy Couture. Porté en intégral, il avait une allure presque parodique. Cette saison, Tom Ford propose un jogging de satin. De son côté, comme un souvenir de cours d’EPS, Miu Miu compose une allure vintage avec un survêtement à bandes, quand Balenciaga enfile le survêt XL du sportif du dimanche. Autant de déclinaisons à s’approprier, sans risquer de courbatures.


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NUANCES DE ROSE

LA JET-SET AU BORD DE L’EAU

Des tons rosés en camaïeux sur une veste cintrée, une longue chemise et une jupe vaporeuse : il y a du romantisme dans l’air !

LA PANOPLIE

RADIOGRAPHIE

Réalisation Julie Cristobal et Linda Heynderickx

Bienvenue dans le monde de Sebago, la marque culte qui a fait des mocassins cousus main et des Docksides sa marque de fabrique, célèbre aux pieds des jeunes et des moins jeunes, bien au-delà de leur ville natale du Maine.

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Par Elspeth Jenkins

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DEUX INTEMPORELS

1. Un classique culte

avec un imprimé léopard. 2.Les ados les adorent. 3. L’élégance intemporelle des Docksides en une image.

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1. LES CRÉOLES IMPRESSION En or jaune Dinh Van, 950 €. 2. DES COULEURS TENDRES Blazer en poil de chameau et soie Max Mara, 1 009 €. Chemise en soie Guess, 80 €. 3. UN SAC À bandoulière Essentiel, 165 €. 4. UNE CHEMISE PARME En soie The Kooples, 195 €. 5. UN BRACELET SOLAIRE En métal et cristaux Swarovski, 79 €. 6. DES SANDALES PLATES En cuir 2 Moncler 1952, prix sur demande. 7. UNE JUPE À PLIS CREUX En soie mélangée Forte_Forte, 365 €. 8. LA BONNE SILHOUETTE Veste en coton et lin mélangé Nanushka, 690 €. Chemise en popeline de coton Ssone x Ressone sur matchesfashion.com, 666 €. Robe en organza Vince, 470 €.

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UN MUST INTEMPOREL

PRESSE.

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FILIPPO FIOR/IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X8). MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.

Chloé, collection printemps-été 2021

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Le nom Sebago fait référence au lac Sebago, une gigantesque étendue d’eau dans le sud du Maine, aux États-Unis. Il a été inventé par une tribu locale, les Abékanis, et signifie littéralement « grande quantité d’eau ». Sur les rives de ce lac, un vendeur de chaussures et deux hommes d’affaires ont créé une usine de souliers cousus à la main en 1946. Sebago a rapidement conquis une série de fans célèbres comme John Fitzgerald Kennedy et Audrey Hepburn. Le mocassin Sebago Classic est fabriqué à la main et avec le même savoir-faire aujourd’hui encore. La diff usion de la marque en-dehors des ÉtatsUnis a commencé en 1964, lorsque Sir Francisco Gaudier a acheté une paire de mocassins Classic en Suisse. Il était tellement fou de ces chaussures artisanales qu’il s’est rendu dans le Maine pour visiter l’usine et est devenu le distributeur de Sebago en Europe. C’était le début d’une nouvelle aventure commerciale. Les Européens ont rapidement été séduits par le charme des mocassins américains et de nouveaux modèles ont suivi, chaussant ainsi la jet-set européenne lors de ses vacances à la Côte d’Azur : les Docksides et leur homologue coloré Spinnaker ont connu un succès fulgurant. Les Sebago Docksides - ou chaussures de bateau - viennent de souffler leur 50e bougie. Le modèle est une ode à la voile et est devenu particulièrement célèbre dans les années 80 en Italie, après avoir été adopté comme « uniforme officieux » par les paninari, ces jeunes qui ont redéfi ni le streetwear et les tendances urbaines dans les grandes villes du nord du pays, l’équivalent des hipsters actuels. L’élégance intemporelle de ce modèle n’est ni éphémère ni saisonnière. Sebago est, sans aucun doute, une marque culte. sebago.be


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BEAUTÉ STYLE 31

COCOONING

SUR LE FIL INSTA DE

MOODBOARD

Du blanc, du molleton, des plumes et des textures “doudou”, comme si on n’avait jamais quitté la chaleur de notre lit. Réalisation Agathe Gire

LA PRAIRIE

La Prairie incarne le célèbre ADN suisse à la perfection : pureté, précision et excellence. Depuis 1978, cette maison innovante est considérée comme leader du rajeunissement de la peau. Une réputation gagnée grâce à des innovations cultes.

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Par Elspeth Jenkins 4

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LA SCIENCE

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6 L’HÉRITAGE

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1. Chambre avec vue de Sophie Calle, impression digitale sur papier coton, édition limitée à 150 exemplaires store.perrotin.com. 2. Défilé printemps-été 2021 Fendi. 3. Combinaison Noir Kei Ninomiya. 4. Bermuda Dodo Bar. 5. Manteau Jil Sander. 6. Marilyn Monroe à Los Angeles, novembre 1961. 7 Bed de Nicki Minaj

ft Ariana Grande, Young Money Entertainment/Cash Money Records. 8. Face Lotion/Crème Visage Basil/Chamomile de Le Labo. 9. Dessus de lit Once Milano. 10. Mule Givenchy. 11. Pochette Maison Margiela.

L’HOMMAGE

Ces photos sont une ode à la beauté de la nature suisse. La Prairie publie les photographies de Douglas Mandry pour attirer l’attention sur l’impact des humains sur la nature.

L’AMOUR DE L’ART

LA PHILOSOPHIE

INSTAGRAM.COM

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DOUGLAS KIRKLAND/CORBIS/GETTY IMAGES. YOUNG MONEY/CASH MONEY RECORDS.

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SOPHIE CALLE, ADAGP. COURTESY PERROTIN. DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM. PRESSE (X7).

L’histoire de La Prairie commence avec le Dr Paul Niehans. Voici plus de 80 ans, sa Clinique de Montreux est devenue célèbre grâce à des thérapies rajeunissantes révolutionnaires. En1978, la ligne de soins a été lancée avec la crème cellulaire pour les yeux.

La Haute-Rejuvenation crée un cercle vertueux et unique de rajeunissement de la peau et combat tous les signes du vieillissement cutané. Au cœur du processus, deux principes actifs : le Complexe Cellulaire exclusif breveté et le nouveau MultiPeptide Platine, conçu pour renforcer la barrière cutanée et améliorer l’équilibre hydrique.

Le dernier-né de la maison revisite la collection Platinum Rare. Créée à base de platine, métal précieux réputé et selon la théorie de la relativité d’Albert Einstein : plus la gravité est grande, plus le temps avance lentement… Une théorie revisitée qui a donné naissance à la Haute-Rejuvenation.

La plus grande collection de peintures de Piet Mondrian se trouve à la Fondation Beyeler en Suisse. La Prairie soutient le projet de recherche et de conservation et prévoit une grande exposition en 2021. #LaPrairieXFondationBeyeler

LE LOOK

L’esthétique de La Prairie s’inspire du Bauhaus et de ses lignes épurées et géométriques. La quête d’innovation et la volonté de se démarquer répond à un imaginaire hors pair.


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ACCESSOIRES

ANTONIO BERARDI

STYLE

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TOILE DE FOND

LE SENS DE LA MODE SELON

IDÉE FIXE

Pour sa première collaboration avec la marque Marina Rinaldi, le créateur affirme sa vision hyper-sensuelle du vestiaire féminin – tailles marquées, soie, laçages – et célèbre l’esthétique qui a imprégné son enfance sicilienne. Il en évoque avec nous la genèse. Propos recueillis par Louise des Ligneris

L’identité de chaque pièce est forte et sexy, c’est très Marina Rinaldi et, bien sûr, je me retrouve aussi dans cette esthétique.

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Pour la première fois, vous signez une collaboration avec Marina Rinaldi. Quelle est votre histoire avec cette maison ?

Ces courbes du corps, justement, sont-elles encore trop rarement célébrées par la mode selon vous ? 2

Quel a été le point de départ de votre réflexion pour imaginer cette collection ?

Je me suis d’abord plongé dans les archives de la marque afin de comprendre comment ma vision pourrait s’y intégrer. J’ai ensuite étudié mes précédentes créations pour isoler quelques thèmes récurrents qui seraient pertinents pour cette collaboration. J’avais dans l’idée de créer une collection concise, composée de pièces pouvant être portées du matin au soir et dans lesquelles les clientes de la marque se sentiraient bien.

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J’ai grandi entouré de femmes aux courbes généreuses et cette image de la femme, naturelle, sans tabou, est ancrée en moi. Par le passé, les designers ont présenté les femmes d’une manière… très peu incurvée. Mais les clientes et les réalités du corps obligent à une vision plus réaliste. Chez Marina Rinaldi, dès le début, cette femme plus ronde était la norme. Et au fil du temps et des tendances, différentes morphologies ont été mises en avant. Mais aujourd’hui, je trouve que les choses évoluent dans la bonne direction. Finalement, quarante ans après sa création, la vision de Marina Rinaldi est plus pertinente que jamais. 1, 2 et 3. Collection Marina Rinaldi by Antonio

Berardi automne-hiver 2020-2021.

FAUTEUIL EKSTREM DE TERJE EKSTRØM.

Il y a vingt-cinq ans, j’offrais déjà à ma mère des créations Marina Rinaldi. Cette marque m’a toujours inspiré car elle évoque la tradition et l’artisanat au service d’une certaine vision de la femme. Cette première collection célèbre la rencontre de nos deux univers. J’y parle d’une féminité multiple, avec des inspirations qui vont de la couture masculine à la lingerie. Cette féminité, j’ai voulu l’évoquer dans tous ses contrastes et toutes ses contradictions.

PRESSE.

Antonio Berardi

La technique du laçage a toujours fait partie de mon travail. D’une certaine manière, il symbolise tout ce que les femmes sont à mes yeux : fortes, autonomes, délicates et féminines. La corseterie, la lingerie et ces éléments intimes du vestiaire sont des fondamentaux de mon travail que je voulais intégrer à la collection. Je suis d’origine sicilienne et cette façon traditionnelle de s’habiller modestement est, pour moi, élégante et sexy. Chez Marina Rinaldi et dans mes propres collections, la courbe du corps est toujours mise en valeur. Cette attention portée à sa sensualité est tout aussi importante que le travail rigoureux de la coupe d’une veste ou d’un pantalon. Lorsque le tailoring est au service du corps, on arrive à une parfaite harmonie de la silhouette.

Sac Capucines par Henry Taylor, en cuir taurillon Louis Vuitton, prix sur demande. En édition limitée.

Justement, vous déclinez beaucoup de laçages, un détail esthétique très fort. Que symbolise-t-il pour vous ?

Avec Artycapucines, dont c’est la seconde édition, Louis Vuitton invite six artistes à interpréter son célèbre sac Capucines. Celui-ci arbore une reproduction fidèle de la toile d’Henry Taylor intitulée A young master, portrait de Noah Davis, artiste afro-américain fondateur de l’Underground Museum à Los Angeles. Un sac majeur qui ne manque pas de profondeur. Photo et set design Mélissa de Araujo Réalisation Anna Quérouil


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N°1 E N A N T I - ÂG E E N B E LG I Q U E ***

PYJAMA DE JOUR

MOODBOARD Une aubaine quand on fait du télétravail, mais aussi quand on doit sortir. Les vêtements de nuit sont devenus tellement élégants qu’on peut les porter toute la journée, et partout. Production Elspeth Jenkins

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RECHARGE 100% DE LA PERTE QUOTIDIENNE ÉPIDERMIQUE D’ACIDE HYALURONIQUE

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PRESSE.

1. Nothing has changed, Portraits of the US, Larry Niehues, éd. Lannoo. 2. Kimono brun chocolat, Nénés Paris. 3. Robe en soie LessLess. 4. Trophée mural, La Redoute Interiors. 5. Veste de pyjama en satin, Intimissimi. 6. Sac mouton, Loewe bij Sevens. 7. Kimono à imprimé fleuri, Olivia von Halle x Harrods. 8. Pantalon de pyjama en soie, Carine Gilson sur net-a-porter.com. 9. Tapis Sofa Company. 10. Chaussons Hotel Vivier, Roger Vivier sur mytheresa.com 11. Crop top en satin, Intimissimi. 12. Réveil, Zara Home. 13. Collection capsule Dior Chez Moi.

*Basé sur la concentration de la formule en acide hyaluronique. Appliquer 2 fois par jour **Scorage clinique, 53 femmes, 6 semaines d’utilisation, 2 applications par jour. ***IQVIA Belgique – Produits anti-âge vendus en Pharmacie – Ventes Volume – YTD Octobre 2020

LA SANTÉ PASSE AUSSI PAR LA PEAU.


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ENTRETIEN

Chemise Sessùn, body Alaïa, jean Levi’s, ceinture Etro. Boucles d’oreilles Gas Bijoux. À la main droite, chevalière Yvonne Léon, bague De Jaegher, jonc et bracelet Gas Bijoux, jonc Bonanza, gourmette Hypso Paris. À la main gauche, bague personnelle, bracelet maillon et jonc Bonanza, joncs Gas Bijoux.

Penélope Cruz Quadra solaire

Son prochain long métrage, The 355, sortira en salles l’année prochaine. Un film d’action explosif où les femmes tiennent les premiers rôles. Ce que, hors caméras, la star espagnole, après près de trente ans de carrière à l’écran, continue de faire en qualité d’ambassadrice de Lancôme, et à travers ses engagements contre l’illettrisme des jeunes filles ou le harcèlement sexuel. Depuis Madrid, où elle était confinée en famille, elle nous parle de ses combats, des femmes qu’elle aimait observer dans l’institut de beauté de sa mère, de sa nouvelle maturité mais aussi de l’entêtement de son signe, le Taureau, dans lequel elle se retrouve. Entretien à bâtons rompus. Par Fabrice Gaignault Photos Xavi Gordo Réalisation Anne-Sophie Thomas


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TÊTE-À-TÊTE(S)

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ENTRETIEN

dóvar. Au téléphone, elle se révèle volubile, charmante, ouverte, même si parfois elle aura préféré botter en touche. Mais pour le reste, une heure passée comme un rêve, avec cette femme pleine d’enthousiasmes, de combats, de passions, de certitudes et de fragilités. Alors écoutons-la, écoutons Penélope. Comment vivez-vous ce second confinement ?

Mieux que le premier. Les écoles sont ouvertes, et nous pouvons travailler. Je prépare d’ailleurs un film avec Almodóvar. Nous en sommes aux phases de répétition et nous devrions tourner en février ou mars prochain, si tout va bien. Je suis très heureuse de pouvoir continuer à travailler, surtout avec Pedro.

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l est 9 heures et demie du matin. Paris et Madrid sont déjà bien réveillés. Penélope Cruz est, me dit- elle, dans sa cuisine. Peut-être a-t-elle une bonne tasse de café noir devant elle ? À Paris, c’est un thé. Le second confinement impose une distance réglementaire, en l’occurrence quelques milliers de kilomètres entre Marie Claire et Penélope, aussi la rencontre a lieu aux deux bouts du fil (le shooting, lui, a pu avoir lieu à Madrid, avec les équipes de Marie Claire). Il faut imaginer les gestes, les regards, les vêtements, et c’est très bien comme ça. Vive l’imagination ! Penélope Cruz vit dans une grande maison, avec son mari l’acteur Javier Bardem et leurs deux enfants, Leonardo et Luna, cloîtrés tous les quatre mais pas trop cette fois-ci. Comme en France, les écoles sont ouvertes et le travail à l’extérieur autorisé. La comédienne, qui fête ses dix années d’ambassadrice de la marque Lancôme, devait être ce mois-ci à l’affiche de The 355 (1), un film d’action 100 % adrénaline, féministe et efficace, dont la sortie a finalement été décalée à l’année prochaine. En ce moment, Penélope répète son prochain rôle avec son vieux complice Pedro Almo-

Avez-vous entrepris de nouvelles choses pour vos proches et vous-même que vous n’aviez jamais eu le temps de faire auparavant ?

J’ai toujours aimé passer beaucoup de temps en famille, disons qu’être ensemble tout le temps, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au même endroit, a été l’aspect positif de cette situation si préoccupante. J’en ai profité pour cuisiner davantage en famille, méditer plus, et enseigner cela aux enfants. Et qu’avez-vous appris sur vous-même ?

À mieux me connecter avec moi-même, justement, et avec les autres. À puiser au maximum dans mes ressources intérieures. J’ai recommencé la méditation, une discipline que j’ai pratiquée pendant de nombreuses années. Et lorsque j’ai su que nous allions être obligés de rester enfermés pendant plusieurs mois, je me suis dit que je devais utiliser à fond toute la gamme d’outils qui m’ont aidée dans la vie. À côté de la méditation, j’ai fait attention à passer encore plus de temps à cuisiner très sainement. En tant que mère de deux enfants soucieuse de leur assurer un système immunitaire renforcé, il m’a semblé primordial de leur offrir une bonne alimentation. Il faut tirer les leçons de tout ça, j’espère que la pandémie nous fera réaliser que le monde n’est qu’un, car le risque est grand que cette crise crée encore plus de divisions entre les hommes. Vous êtes-vous impliquée d’une façon ou d’une autre plus concrètement ?

Oui, beaucoup de gens ont perdu leur emploi, perdu des membres de leur

famille ou souffrent beaucoup psychologiquement d’avoir été enfermés dans de très petits espaces. Je participe à une campagne axée sur l’envoi de nourriture en hiver aux familles qui en ont besoin, car les conséquences dévastatrices du virus affectent des familles de manière considérable. Je suis très heureuse de pouvoir aider comme je le peux. Dans The 355, votre prochain film, vous incarnez une femme soumise à l’idée qu’elle se fait de la famille, et souhaitant rester à l’écart des bouleversements sociétaux, même si la situation l’oblige finalement à choisir son camp avec courage. Est-ce vous, d’une certaine façon ?

Non, pas vraiment, mais j’ai adoré la complexité du personnage. Quand Jessica (Chastain, coproductrice du film, ndlr) m’a appelée pour me proposer de jouer auprès d’elle une femme embarquée dans une histoire qui la dépasse, quelqu’un qui ne sait pas se battre, qui n’aime pas les armes, et qui se considère avant tout comme une mère, j’ai tout de suite accepté car c’est inattendu, et c’est quelque chose qu’on retrouve peu dans ce genre de cinéma. Je me suis dit que mon personnage pouvait apporter, par ce conflit, des ressorts de comédie dans un monde d’espions. À un moment dans le film, vous posez cette question : “As-tu des secrets ?” N’est-ce pas une question cruciale, à une époque où les réseaux sociaux et la technologie privent de plus en plus chacun de sa part d’intimité ?

Non, je ne pense pas. Il suffit de choisir son camp. C’est à vous de décider si vous voulez partager vos secrets et votre vie personnelle sur les réseaux sociaux ou si vous voulez simplement l’utiliser pour le travail, pour l’activisme, pour promouvoir des sujets qui vous tiennent à cœur. Il ne me viendrait jamais à l’esprit d’utiliser les médias sociaux pour raconter ma vie de famille. Ça ne correspond pas à mon caractère, mais je ne juge pas ceux qui le font. Que ne supportez-vous pas que l’on dise de vous ?

Je ne me concentre pas sur ce que l’on peut penser de moi, et même lorsque l’on me complimente de manière incroyable, j’essaie de garder mes distances et de ne pas croire la personne à 100 %. Quant aux propos négatifs, je n’en sais rien car je ne vais jamais voir ce qui figure sur Google.

Ce serait vraiment un exercice très mauvais pour ma santé mentale ! (Rires.) Je suis juste soucieuse des avis de ma famille et de mes amis. Je suis bien sûr reconnaissante vis-à-vis des gens qui aiment mes films ou qui m’écrivent, d’ailleurs j’essaie de répondre à un maximum de lettres. Continuez-vous d’être active dans Write Her Future, le programme contre l’illettrisme des jeunes filles développé par Lancôme ?

Oui, existe-t-il une plus belle idée que celle de donner aux jeunes filles les outils nécessaires pour pouvoir étudier ? Offrir l’éducation, c’est donner la liberté de prendre son destin en main. Lors d’un voyage à Calcutta à l’âge de 20 ans, j’ai rencontré une petite orpheline de 8 ans qui m’a tellement émue que j’ai décidé de m’en occuper en subvenant à ses besoins et à ses études. Un jour, encore petite, elle m’a demandé si je pourrais la faire venir en Espagne pour étudier et à 20 ans, ses excellents résultats lui ont permis de rester ici pour vivre et étudier. C’est l’une des choses dont je suis la plus fière. Cette jeune fille est très studieuse et elle était si douée à l’école qu’elle a pu intégrer une grande université à Madrid. L’un des nouveaux axes de Write Her Future en Espagne est aujourd’hui consacré à des petites Madrilènes et cela me rend très heureuse.

Body Alaïa, jean Levi’s, ceinture Etro. Boucles d’oreilles Gas Bijoux. À la main droite, chevalière Yvonne Léon, bague De Jaegher, jonc et bracelet Gas Bijoux, jonc Bonanza, gourmette Hypso Paris. A la main gauche, bague personnelle, bracelet maillon et jonc Bonanza, joncs Gas Bijoux.

Cela fait dix ans que vous êtes ambassadrice de la marque. De quoi est tissée cette relation ?

De magie. Je me sens très chanceuse et privilégiée d’être le visage de Trésor, qui se trouve être le premier parfum que j’ai porté à l’adolescence. Mes parents me l’avaient offert à ma demande car j’avais adoré des publicités réalisées par Peter Lindbergh avec Isabella Rossellini comme modèle. Et puis j’aime qu’il y ait autant d’ambassadrices de différentes nationalités, de différentes cultures, de différents âges, de 20 à 60 et plus, comme c’est le cas pour la divine Isabella Rossellini. La question de la beauté, que ce soit dans les domaines des soins ou des maquillages, a-t-elle évolué, voire changé en dix ans ?

Je ne sais pas si l’on peut parler de changement mais je pense que la beauté aura toujours une place dans le monde. Ce n’est peut-être pas une priorité absolue mais prendre soin de sa peau ou choisir un parfum, avec tout ce que cela provoque en soi

“Dans l’institut de beauté de ma mère, au lieu d’étudier, j’observais ces femmes qui se retrouvaient entre elles pendant un temps qui leur semblait sacré. Qui pouvaient s’exprimer, partager des secrets, et en repartaient un peu mieux dans leur peau.”


ENTRETIEN

de la première fois. (Rires.) À chaque fois que je me retrouve sur un nouveau tournage, j’ai l’impression que c’est mon premier film. Je ressens une insécurité qui, au fond, me semble très saine, et je n’aimerais perdre ce sentiment pour rien au monde car c’est le meilleur moyen de ne pas se planter. J’aime ressentir cette peur. D’une certaine manière, cela m’aide à dépasser mes limites. Il n’y a rien de pire que d’être trop détendu sur un tournage.

physiquement ou hormonalement, est une démarche très puissante qui n’est pas près de s’arrêter. J’ai grandi en passant beaucoup de temps dans l’institut de beauté de ma mère. J’ai découvert, très jeune, que chez ces femmes ne comptaient pas seulement les soins et leurs transformations, mais aussi le fait de se retrouver entre elles pendant un temps qui leur semblait sacré. Elles pouvaient s’exprimer, partager des secrets sur leurs vies sentimentales, par exemple, et en repartaient un peu mieux dans leur peau, dans tous les sens du terme. J’ai constaté cela clairement dans l’institut de ma mère où je prétendais faire mes devoirs alors que j’étudiais ces femmes. Cela reste ma première école de théâtre. (Rires.)

ne vivrez plus jamais le monde de la même manière.

Que répondez-vous à celles et ceux qui jugent la beauté futile, superficielle et en complet décalage avec les urgences de notre temps, qu’elles soient climatiques, démographiques ou pandémiques ?

Par anxieuse, je voulais peut-être dire que j’avais une grande propension à l’inquiétude. Et c’est vrai que j’ai tendance à m’inquiéter beaucoup, mais je travaille pour m’affranchir de ce sentiment. Trop d’inquiétude, c’est un surcroît de souffrances inutiles, et ça fatigue beaucoup.

Je lis tout ce que je trouve sur Pénélope depuis que je suis petite pour savoir si j’ai des liens avec cette belle figure mythologique mais je dois admettre que je ne sais pas si j’ai son côté stratège ! J’aime être très transparente en toute occasion bien que j’aie l’impression que, malheureusement ou heureusement, il faut parfois faire preuve d’un peu de stratégie.

À 46 ans, quel regard portez-vous sur celle que vous étiez vers 20 ou 30 ans ? Auriez-vous agi différemment ? La jugez-vous avec indulgence, ou parfois avec de la sévérité ?

Quelle est votre attitude favorite dans la vie face aux obstacles : fuir, vous adapter ou combattre ?

Que c’est à chaque marque de prendre en considération les problèmes que vous évoquez en développant une stratégie écoresponsable, respectueuse de la planète. Mais condamner cette industrie serait irresponsable car celle-ci fait vivre des millions de gens de par le monde. La vague #MeToo a-t-elle, selon vous, modifié la façon d’appréhender la notion de beauté chez les femmes ?

Non, je ne pense pas. Je suis membre de Time’s Up (2) depuis le début du mouvement et je me considère comme féministe, si par cela on entend se battre pour l’égalité, mais cela ne m’empêche pas d’aimer prendre soin de moi. Être féministe n’a rien à voir avec l’idée de se maquiller ou pas. Pour moi, le maquillage ne concerne pas uniquement le regard de l’autre. Je me suis toujours battue pour la justice et l’égalité, cela est dans mes gènes, et c’est comme ça que j’ai été élevée, avec deux frères et une sœur qui participaient aux tâches domestiques sans distinction de sexe. Ma mère et mon père nous ont élevés ainsi. J’aimerais savoir ce qui a changé en vous en une décennie.

Body Wolford. Boucles d’oreilles Gas Bijoux.

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Tant de choses, et particulièrement le fait que je suis devenue mère. Ma vie en a été totalement bouleversée. Une fois que vous devenez mère, vous commencez à penser avec une partie différente de votre cerveau, et vous ne passez plus jamais en premier. C’est très sain. Vous savez que vous

Ces deux naissances vous ont-elles procuré une certaine assurance qui vous manquait ?

Oui. Quand j’étais jeune, le regard que les autres portaient sur moi, qu’il soit positif ou négatif, avait une importance énorme. Mais devenir mère m’a fait prendre conscience que c’était la mission la plus importante de ma vie et que je voulais l’accomplir au mieux. Alors oui, la maternité m’a définitivement apporté de l’assurance. Lors d’une interview passée, vous m’aviez confessé être une grande anxieuse. Est-ce toujours le cas ou êtes-vous devenue plus sereine ?

Dans la vingtaine, j’étais un bourreau de travail total, je me réveillais même au milieu de la nuit pour répondre à des courriels et des choses comme ça, et puis j’ai dû apprendre la patience, le repos, le silence. Des choses que j’apprécie beaucoup maintenant. Vous avez épousé un acteur. N’est-ce pas parfois compliqué dans un couple de faire le même métier ?

Non, pas particulièrement. Comme dans tout couple, nous parlons de nos métiers, et donc de nos personnages, de la façon dont nous nous y prenons pour telle ou telle scène. Parfois on échange des idées, mais d’une manière générale, on n’est pas obsédés par le travail, on essaie de laisser ça à la porte de la maison. Vous avez confessé récemment vous attendre à chaque fois à ne pas être à votre place, la première semaine d’un tournage. C’est ce que l’on appelle le syndrome de l’imposteur qui touche davantage les femmes que les hommes…

Je ne pense pas être atteinte du syndrome de l’imposteur mais plutôt du syndrome

Votre prénom renvoie à l’épouse d’Ulysse, une femme fidèle et rusée usant de stratagèmes pour contenir ses prétendants en l’absence de son mari. Pensez-vous que la ruse soit une vertu en certaines circonstances ?

Je peux m’adapter facilement à une situation si j’y crois mais dans le cas contraire, non, impossible ! Je peux même devenir très rebelle. Je suis un Taureau, un signe où l’entêtement joue un rôle important. Mais en même temps il faut savoir écouter l’autre, pour pouvoir modifier son point de vue, en particulier lorsque l’on ne va pas bien. On doit savoir s’écouter soi-même, mais aussi s’écouter les uns les autres ! 1. De Simon Kinberg, avec aussi Jessica Chastain, Diane Kruger et Lupita Nyong’o, sortie prévue en 2022. 2. Mouvement contre le harcèlement sexuel fondé le 1er janvier 2018 par plusieurs célébrités d’Hollywood.

Assistante stylisme Agathe Gire. Coiffure et mise en beauté Lancôme réalisées par Pablo Iglesias/ NS Management, avec Sérum Advanced Génifique, Teint Miracle 035 Beige Doré, Belle de Teint 04 Belle de Miel, Mascara Hypnôse 01 Noir, Palette Hypnôse 01 French Nude, Crayon Khôl Brunet le Rouge à Lèvres L’Absolu RougeIntimatte 212 Undressed. Manucure Lucero Hurtado Production Zoé Martin/Producing Love, avec, à Madrid, Eva Mangas, assistée de Lucas Parrotta et Cesar Herrera.


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RENCONTRE

La première, Maria Grazia Chiuri, est la directrice artistique de la maison Dior. Sa fille, Rachele Regini, 24 ans, l’a rejointe en qualité de conseillère culturelle sur les sujets qui agitent notre époque, des “gender studies” à l’appropriation culturelle en passant par l’environnement. Deux femmes déterminées qu’anime le même puissant désir de libérer les corps et la mode de leurs carcans. Elles qui prennent la parole si rarement ensemble ont accepté de le faire, ici, pour nous. Par Catherine Castro Photos Inès Manai

Q Maria Grazia Chiuri et sa fille, Rachele Regini, en septembre, à Paris.

MARIA GRAZIA CHIURI ET RACHELE REGINI

LE FEU SOUS LA GRÂCE

Maria Grazia Chiuri : T-shirt « Sisterhood is global » Dior. Bagues personnelles. Rachele Regini : blouse en tulle de coton brodé pois Dior. Bagues personnelles.

uand on la rencontre pour la première fois, un mot s’impose. « Volcan. » Pas grande mais simplement impressionnante, Maria Grazia Chiuri n’a pas besoin de son khôl fétiche pour souligner le feu qui couve au fond de ses yeux. Cheveux platine plaqués et noués en catogan, pieds nus dans des sandales noires minimalistes, un T-shirt blanc et un jean, quoi d’autre ? Une bague tête de mor t , vanité signée Attilio Codognato, le mythique joaillier vénitien, comme un swing punk sur le green d’une austérité granitique. Un paradoxe, à la fois rebelle et dans les clous, capable de tenir tête aux alpha mâles du luxe qui l’ont engagée. La classe en somme. La directrice artistique de Dior, entrée en fonction dans la maison de couture il y a quatre ans, a clairement choisi sa catégorie, et ce n’est pas celle du paraître. Être soi, rien que soi, sans rien de factice, avec tout ce que cela représente de talent, de liberté, de culture. De passion. Maria Grazia dit que le vêtement est la première maison du corps. En la voyant, on se dit que le plus beau vêtement d’une femme, c’est son intelligence. Et en la voyant retrouver sa fille Rachele Regini sur la prise de vues, on se dit que l’amour qui lie ces deux-là est leur atout numéro 1. Rachele, 24 ans, a rejoint Maria Grazia chez Dior, au poste de consultante culturelle. Grande, splendide en denim pimpé par un corset en cuir couleur tabac, un bébé volcan avec du feu dans les yeux, comme sa mère. Alors qu’elles posent devant l’objectif en se regardant, on assiste à un morphing en direct. Leur visage fond comme une glace italienne à la vanille, les traits s’éclairent et s’adoucissent, c’est fou, le pouvoir d’un regard. Celui de Maria Grazia Chiuri est un regard qui sait voir et qui insuffle de la puissance à ceux qui pensent ne pas en avoir. Les artisans qu’elle fait collaborer sur ses collections, en Afrique, en Inde ou dans les Pouilles. Les femmes dont elle ne fait pas des poupées en silicone mais des êtres libres d’avancer à grands pas dans la vie. Avec elle, la mode devient plus intéressante que la production de jolies fringues très chères. Car avec ses collections de vêtements, si beaux et si faciles à vivre qu’on ne craint pas de les porter de bon matin dans la rue, ce que cette Italienne bien campée dans le réel propose aux femmes, c’est un voyage. Une exploration de notre rapport au monde, aux autres, à nous-mêmes, aux codes. « We should all be feminists », affirmait-elle en 2016 sur un T-shirt à 550 €, un succès viral que l’on

verra apparaître dans les marches des femmes antiTrump aux États-Unis. « Nous devrions toutes être féministes. » Cette phrase de Chimamanda Ngozi Adichie, l’écrivaine nigériane avec laquelle Chiuri avait choisi de collaborer pour sa première collection Dior, annonçait la couleur. La directrice artistique de cette maison de couture à l’audience planétaire allait travailler à déconstruire les stéréotypes, faire valser les frontières, inviter l’époque sur les podiums, tout ça avec une grâce absolue. C’est fou, le pouvoir d’un vêtement. Quatre ans et une pandémie plus tard, le travail de Maria Grazia affiche un succès commercial insolent. Nous avons rencontré la mère et la fille quelques jours avant le show. Maria Grazia s’échappait de la prise de vues pour aller fumer sur la terrasse de son bureau, paysagée par ses soins comme un jardin italien qui lui rappelle sa maison à Rome. Des oliviers, de la menthe, des citronniers et, en arrièreplan, la tour Eiffel. Un appel d’air. Dans une semaine, Paris vivra sa première fashion week post-confinement. La scénographie du défilé Dior printemps-été 2021 sera cryptique. Sur le podium, les modèles non exclusivement blancs et à l’identité de genre indéfinie, présenteront des pièces aériennes, expressions d’une mode à l’écoute du monde. À la fin du show, l’irruption d’une militante d’Extinction Rébellion brandissant une banderole : « We are all fashion victims », « Nous sommes toutes des fashion victims », nous fera réfléchir. Cette saine protestation n’aurait-elle pas été plus cohérente sur le podium d’une marque de fast fashion ? Sûr, en tout cas, que Maria Grazia et sa muse Rachele feront quelque chose de cet accroc à la partition. En plein soleil, on sait que la fête et l’extravagance qui ont toujours habillé la fashion week résonneront comme des curiosités du monde d’avant. Le monde de maintenant, « c’est comme une religion sans église », déplore Maria Grazia en tirant sur sa Chesterfield. La crise sanitaire a profondément ébranlé la créatrice qui a fait sienne la locution latine « memento mori », « souviens-toi que tu vas mourir ». Ces mots, qu’un esclave murmurait à l’oreille des généraux romains victorieux pour les inviter à la modestie, sont le nom de ses bagues Codognato. Au cours de cette rencontre fascinante, on décide que ces mots devraient être la signature de Maria Grazia, entre puissance et discrétion. Après deux heures de conversation, on s’en va avec l’impression d’avoir pris une grande et magnifique claque. Inespéré.


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TÊTE-À-TÊTE(S)

RENCONTRE

Maria Grazia, depuis votre arrivée chez Dior, vous interrogez sans relâche l’identité féminine. Le concept de féminité est-il toujours valide ?

Il y a tellement d’aspects en nous, de contradictions, tout ça ne peut pas tenir dans le seul concept de féminité. RACHELE REGINI : C’est le genre de mots inventés pour sécuriser les gens. Un type de vêtements va dans la boîte féminité, un autre dans la boîte masculinité, tout le monde est rassuré. Je trouve plus drôle de ne pas se conformer aux structures dont on a hérité. M.G.C. : Absolument, c’est plus drôle, surtout maintenant. La pandémie a profondément modifié notre relation à nous-mêmes, à notre corps. Obligés de rester chez nous, nous avons été privés de nos relations avec les autres, qui nous aident à nous définir. Se regarder dans le miroir, sans les références, les structures, bref, la boîte qui nous aide à nous définir, c’est difficile. Finalement, c’est aussi important d’avoir une bonne relation aux autres qu’à soi-même. R.R. : C’est la règle numéro 1. MARIA GRAZIA CHIURI :

Maria Grazia, vous êtes O.K. avec votre règle numéro 1 ?

M.G.C. : Oui, absolument. Je peux faire mieux, mais c’est en bonne voie. J’ai beaucoup travaillé là-dessus. C’est très compliqué d’avoir une bonne relation avec les autres si on n’est pas bien avec soi-même. R.R. : C’est difficile pour moi, ça. J’alterne, avec beaucoup de hauts et de bas.

Rachele, votre mère est-elle un « role model » ?

R.R. : Oui, bien sûr. Non. (Elle rit.) Oui, tu es un modèle.

À ta façon. On imagine un role model comme quelqu’un de parfait. Ma mère est mon modèle parce que justement elle n’est pas parfaite, et qu’elle est très relax avec ça. Moi, je me mets la pression pour être la meilleure en tout. Elle m’a toujours montré qu’on peut être imparfaite et réussir tout ce qu’on veut. M.G.C. : Cette pression, spécialement sur la jeune génération, d’être le premier en tout, ce n’est pas bon. Apprécier ce que l’on fait, s’amuser à le faire, me semble plus essentiel. C’est ça, être libre ?

M.G.C. : Non, pas seulement. Nous vivons dans une société où la pression supprime l’idéal du plaisir. R.R. : Si, je pense que cela a à voir avec la liberté. Parce que si tu fais ce qui te plaît, ça veut dire que tu es libre par rapport aux attentes des gens, aux attentes de la société qui te dit ce que tu as le droit et pas le droit de faire. C’est dur de parvenir à ça. M.G.C. : Cela n’a rien à voir avec l’âge, d’ailleurs. Le truc, c’est de se dire que, chaque jour, on peut faire quelque chose de nouveau. Choisir de marcher plutôt que se fixer un point d’arrivée. Je ne sais pas où je vais, je m’en fous. Ce chemin, j’en profite chaque jour. On verra où cela me mène.

D’où vous vient cette vision de la vie ?

R.R. : C’est dix ans de thérapie, chérie !

M.G.C. : C’est vrai, c’est sans doute grâce à cela, mais mon approche n’a jamais été très différente. Je dirais qu’aujourd’hui, j’en suis plus consciente.

Et vous, Rachele, vous profitez du chemin ou vous visez un but ?

R.R. : Je suis plus du genre à vouloir les choses. Avant, j’avais une liste : finir l’université à 23 ans, commencer un doctorat l’année suivante, et faire ci, faire ça. À un moment, ma mère m’a dit : « Stop. » M.G.C. : Basta. R.R. : C’est pour ça qu’on s’entend bien. Elle a eu le courage, je dis courage parce que je peux être agressive, bref, elle m’a attrapée par les épaules : « Ça suffit. » M.G.C. : Nous devons vraiment réfléchir à ce que l’on attend de notre vie. On fait beaucoup de choses parce qu’on est, croit-on, supposé les faire, et que l’on accorde trop d’attention au jugement des autres. On doit apprendre à se voir avec nos propres yeux, pas avec les yeux des autres. C’est le sens de mon travail. Je propose des looks, à vous de jouer avec. R.R. : En somme, tu dis : « Il n’y a pas une seule façon d’être séduisante, d’avoir confiance en soi. Vous pouvez être plusieurs versions de vous-même. »

Êtes-vous d’accord avec Chimamanda Ngozi Adichie quand elle dit qu’un T-shirt « We should all be feminists » ne va pas changer le monde ?

M.G.C. : Oui, cela paraît difficile. Mais chacun de nous, avec son talent, peut faire sa part, essayer de son mieux. Mon travail va au-delà de la conception d’une collection, c’est une mission. Je veux utiliser cette opportunité d’être chez Dior pour exprimer ma vision du monde, donner une voix aux femmes, aider des entreprises qui représentent quelque chose à être plus visibles. R.R. : Tu veux aussi partager la connaissance.

Dans la crise d’aujourd’hui, faire de la mode a-t-il encore du sens ?

M.G.C. : La mode n’est pas seulement une affaire de vêtements, elle parle de l’époque, l’interroge. On peut avoir une réflexion intellectuelle sur la mode. Regardez ce qui se passe au niveau des débats sur l’appropriation culturelle, le genre. Toutes ces réflexions sont au centre de notre travail. R.R. : La mode parle d’identité. Et d’environnement. Une part de votre identité dépend de l’endroit où vous vivez. M.G.C. : Prenez le textile, c’est l’une des premières choses que l’humanité a fabriquées. L’histoire des styles de textile ou de broderie est une histoire de l’humanité.

Maria Grazia, vous portez un jean et un T-shirt blanc. Vous, Rachele, une minijupe multicolore et un T-shirt blanc. Que disent de vous ces vêtements ?

Rachele Regini : top et pantalon en toile de soie et coton Dior. Chemise sans manches en popeline Dior. Bagues personnelles. Maria Grazia Chiuri : chemise en soie et jean Dior. Bijoux personnels.

“Mon travail va au-delà de la conception d’une collection, c’est une mission. Je veux utiliser cette opportunité d’être chez Dior pour donner une voix aux femmes.” Maria Grazia Chiuri


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RENCONTRE

M.G.C. : Le vêtement est la première maison du corps. Je choisis de porter des pièces dans lesquelles mon corps se sent bien, dans lesquelles j’ai confiance en moi. Je ne pense jamais à autre chose qu’au confort. R.R. : Je suis pareille avec les chaussures. Je déteste ne pas pouvoir marcher, bouger, être empêchée par des chaussures.

Vous ne voulez pas être arrêtées dans votre élan…

R.R. : Ni arrêtée, ni harcelée, ni figée. Nous revoilà sur

le terrain de la féminité. Traditionnellement, si vous êtes féminine, vous ne bougez pas, vos vêtements vous en empêchent. M.G.C. : Pour moi, promouvoir l’idée d’une femme qui n’est pas libre est impensable. Vous avez pourtant créé un corset, n’est-ce pas contradictoire ?

M.G.C. : Une femme est libre de porter un corset si ça lui chante ! Mais elle doit pouvoir le porter dans la rue. Celui que j’ai créé est très léger et confortable. R.R. : Le corset est le grand débat actuel dans la mode. Si vous mettez un corset dans une collection, même s’il n’entrave pas le corps, vous n’êtes pas féministe.

Politiquement, le corset, c’est quand même le symbole d’une aliénation des femmes ?

M.G.C. : Mais pourquoi ne pourrais-je pas créer de corset ?! Ce que je n’aime pas, et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai travaillé avec Chimamanda, c’est le stéréotype selon lequel une femme féministe ne pourrait pas mettre de rouge à lèvres ou porter de talons hauts. Un vêtement, c’est aussi un déguisement, un jeu ! Il nous permet de jouer avec les différentes facettes de notre personnalité. Pourquoi ne serais-je pas libre de ressembler à la reine Elizabeth ? R.R. : En plus, ton corset, on peut respirer dedans, c’est ce qui le rend unique. Et on n’a besoin de personne pour le mettre. Dans les créations de Maria Grazia, il y a le désir de ne jamais fuir la complexité : être féministe et porter un corset, dessiner des talons hauts, travailler avec des mannequins aux mensurations mannequin et non pas plus size. Son travail explore le monde dans lequel nous vivons, plein de compromis. Et ce qu’elle dit, c’est que malgré ces compromis, on peut agir, non ? M.G.C. : Oui, rien n’est noir ou blanc. Arrêtons le simplisme, la réalité est super-complexe. Bien sûr, il y aura toujours des gens pour considérer que ce que je fais – comme d’autres designers – est superficiel.

À cet égard, croyez-vous à la fin de la mode comme le proclament certains ?

M.G.C. : J’adore vraiment la mode. Et la mode, c’est aussi le désir. On sait bien que l’industrie impacte l’environnement. La solution est-elle de ne rien créer et ne rien consommer ? Nous sommes humains, et le

désir nous anime. En tant que designer, on doit trouver un équilibre entre l’épineuse question de l’impact et celle du désir.

perdre le contact avec la réalité, à ne pas s’enfermer dans sa bulle. Un mot pour définir votre relation ? R.R. : Intense.

Malgré tout, l’impact de cette industrie est indéniable…

M.G.C. : Intense. On est une famille très intense. On discute de notre relation chaque jour, ce n’est jamais tiède.

C’est compliqué. L’impact et la durabilité ne concernent pas seulement les vêtements, mais aussi l’emploi des gens qui travaillent dans ce secteur. Nous vivons dans un monde capitaliste. Apparemment, ce système a un impact trop négatif sur l’environnement. O.K., mais pensez-vous qu’il soit possible de changer tout cela en une seconde ? Personne ne peut y croire. C’est pourquoi nous devons trouver des compromis pour réduire notre empreinte, tout en maintenant l’emploi. M.G.C. :

Rachele, n’est-ce pas intimidant de grandir aux côtés d’une mère aussi puissante ?

R.R. : C’est du boulot, mais ce n’est pas intimidant. C’est aussi du boulot de m’avoir comme fille. C’est une mère géniale, je la connais bien en tant que personne. C’est une mère et une personne.

Et quelle fille est Rachele ?

M.G.C. : Intense. Trop dure avec elle-même et parfois avec les autres. J’espère qu’elle va trouver l’équilibre.

Rachele, votre génération est née avec la crise climatique. Quel est votre point de vue sur le coût environnemental de la mode ?

Maria Grazia, vous avez élevé vos enfants tout en travaillant. Avez-vous l’impression d’avoir été une mère peu disponible ?

L’industrie de la mode recouvre plusieurs réalités très différentes, la production par exemple. Produire en Europe ou dans des pays émergents, ce n’est pas comparable. Ma génération pense que la mode dans son ensemble est un seul et même problème, alors qu’il y a plusieurs problèmes. Elle achète des vêtements vintage ou durables, mais l’envie de mode est intacte. M.G.C. : On ne doit pas croire qu’il n’y a qu’une solution, et que c’est si facile de la trouver. L’important, c’est que chacun fasse sa part. R.R. : Énormément de gens travaillent dans cette industrie. O.K., décidons d’arrêter de produire dans tel endroit. Que vont devenir tous ces gens ? Ils ont besoin de ce 1 € par heure, comment va-t-on leur trouver un autre emploi ? Soyons durables pour les gens aussi. R.R. :

M.G.C. : Pas du tout.

R.R. : Mon frère et moi, on passait beaucoup de temps avec notre père, mais elle n’était jamais loin. Elle travaillait, mon père travaillait, c’était normal. Je n’aurais pas aimé qu’elle soit là tout le temps. Cauchemar ! M.G.C. : À certains moments de ma vie, j’ai eu envie d’arrêter de travailler. Paolo, mon mari, trouvait que ce n’était pas une bonne idée. Quand Nicolo est né, j’ai quand même fait une pause. Au bout d’un an, Paolo m’a dit : « Basta, retourne bosser. »

suis souvenue d’un livre South and Magic, de De Martino, qui transmet bien l’énergie de la région et a fini par être l’un des principaux textes de référence pour nourrir notre inspiration. J’ai aussi regardé Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. La scène sur la plage où les actrices portent de magnifiques foulards a été une source d’inspiration pour styliser les foulards du défilé. M.G.C. : Elle a commencé par refuser le poste. R.R. : Quand nous travaillons, elle me considère comme une professionnelle, c’est tout. Parfois, je dois lui rappeler que je suis sa fille.

Selon le magazine Grazia UK, Rachele est « l’arme secrète de Maria Grazia ».

M.G.C. : (Elle éclate de rire.) Ah, oui ! Rachele est une lionne.

Rachele, vous êtes salariée chez Dior, au poste de conseiller culturel, c’est cela ?

R.R. : Oui, en fait, mon job est de continuer la conversation sur les gender studies, l’appropriation culturelle, tous ces sujets qu’au fond, personne ne maîtrise totalement. Et je m’assure également que chaque collection suive ce projet d’inclusion.

Ça commence par des livres, des films. Maria Grazia définit un thème principal de recherches. Pour la dernière collection Croisière, c’était les Pouilles, ses savoir-faire et le lien entre Maria Grazia et cette région. On discute beaucoup. Je me

Rachele Regini : chemise sans manches en popeline Dior. Maria Grazia Chiuri : chemise en soie Dior.

Dernière chose, je vous ai vue danser pendant le shooting… M.G.C. : J’adore danser.

R.R. : Parfois, je l’arrête.

vaille, avec tout le monde. Parce que je le suis avec moi-même. Qu’est-ce que Rachele vous apporte ?

Qu’est-ce qui vous fait danser en deux secondes ?

M.G.C. : Je suis très sévère avec les gens avec qui je tra-

R.R. :

M.G.C. : Une maison comme Dior a la sensibilité nécessaire pour instaurer un dialogue sur les savoir-faire de différents pays et les promouvoir. C’est important, surtout au moment où la question de l’appropriation culturelle est tant débattue. Avec Dior, je veux faire entendre la voix des artisans partout dans le monde, souvent des femmes, qui ne mesurent pas la beauté de leur travail.

M.G.C. : Danser, ça vous charge en bonne énergie. C’est fondamental, surtout en ce moment où il n’y a pas beaucoup d’espérance. On a beaucoup dansé chez nous, pendant le confinement.

Vous êtes très exigeante ? Concrètement, comment se passe votre collaboration ?

Le défilé Dior 2020-2021 a été organisé dans les Pouilles, votre terre natale, pourquoi là ?

Elle me donne toujours un point de vue sincère, sans souci de me plaire. Cela aide à ne pas M.G.C. :

MGC : Donna Summer, Diana Ross… Je suis de la génération disco, j’adore.


DES HITS, DE LA BONNE HUMEUR ET SURTOUT... DU SHOW !

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PHOTO BRUSSELS FESTIVAL 5e édition du Photo Brussels Festival, jusqu’au 27 mars au Hangar, 18 Place du Châtelain, 1050 Bruxelles, hangar.art Ci-dessus: Alice Pallot Sullius.

CULTURE


AGENDA

CULTURE

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VIVE L’ÈRE POST TRUMP Marcel Dzama (né en 1974 à Winnipeg) pimente sa première présentation en solo en Belgique de dessins, sculptures, dioramas et un film. L’artiste est connu pour confronter régulièrement l’actualité et l’art. Son flux Instagram est une mine de dessins régis par les événements, cela va d’un hommage à feu la juge Ruth Bader Ginsburg à une aquarelle du président Trump avec un club de golf qui a fait la une du New York Times. « Les années Trump ont été traumatisantes, explique-t-il. Habituellement, je travaille soit sur des dessins politiques, soit sur l’atmosphère des vacances. Beaucoup de dessins sont basés sur des photos de mon fils et de ma femme en vacances. Je continue de jouer avec ça. La plupart des images ont été prises pendant le confinement causé par la pandémie ou pendant les émeutes qui ont suivi la mort de George Floyd. » Marcel Dzama, The Moon is Following Me, jusqu’au 6 mars à la Tim Van Laere Gallery à Anvers, timvanlaeregallery.com

James Ensor/Athos Burez, Les bains à Ostende.

AGENDA

NAMUR

Éclats de rire

Rendre la ville plus joyeuse en cette période chamboulée, tel est l’objectif de cette expo axée sur le sourire et initiée par la ville de Namur et la section photo de l’Ilfop, qui fête ses 50 ans. Des dizaines de Namurois se sont prêtés au jeu et illuminent ainsi la ville de leur gaieté. Jusqu’au 15 mars dans les rues de Namur, namur.be GAND

Par Aurélia Dejond et Étienne Heylen

100 % textile

L’ancien MIAT a été entièrement rénové et a rouvert avec une expo permanente.

Marcel Dzama, Boys love a girl who plays guitar.

Johan Muyle, L’impossibilité de régner, detail, 1991.

LE MYSTÈRE À SON APOGÉE

James Ensor Recomposed by Athos Burez, jusqu’au 18 avril à la Maison Ensor à Ostende, ensorstad.be

Cerise sur le gâteau, le nouvel atelier, boîte transparente au milieu de l’expo, où l’on peut regarder par- dessus l’épaule de ceux qui peignent, cousent ou feutrent des végétaux. Exposition permanente au Musée de l’industrie à Gand, industriemuseum.be MONS

La triennale internationale de l’affiche politique

Ou la confrontation d’affiches d’auteurs de différents pays. Depuis la création de la triennale en 1978, ces affiches questionnent la société et sont aussi des témoins de l’histoire. Une façon de prendre

L’expo de Johan Muyle (né en 1956 à Montignies-sur-Sambre) est hors catégorie. Son œuvre va d’assemblages modestes réalisés avec des artisans des rues de Kinshasa, en passant par des peintures monumentales et des motos revisitées. Il crée de mystérieuses allégories qui font réfléchir sur l’état du monde et ses contradictions. En réponse à l’actualité, il déforme des faits divers et des événements historiques dans le but de démontrer la vanité de l’homme, les cruautés des gouvernements et l’hypocrisie des religions et de la société du spectacle. Une expo radicale qui vise à plonger le visiteur dans l’œuvre d’un artiste impossible à cataloguer.

du recul sur ce qui (a) fait débat ces trois dernières années.

Du 6 février au 19 décembre au Mons Memorial Museum, monsmemorialmuseum.mons.be CHARLEROI

Le grand atelier de Joël-Peter Witkin

L’artiste est célèbre pour ses photos provocantes et controversées. L’expo en propose une centaine autour de ses thèmes de prédilection : la mort, la religion, le mythe et l’allégorie. Un mélange de fascination et de répulsion pour le visiteur. Impressionnant ! Du 6 février au 16 mai au Musée de la photographie, museephoto.be

PRESSE.

Le talentueux photographe d’art primé, Athos Burez, s’est attaqué au tableau mondialement connu de James Ensor, Les bains à Ostende, en lui donnant sa propre interprétation avec des centaines de figurants.

Se perdre dans la peinture d’Ensor et celle de Burez avec tous ces personnages est fascinant. On y retrouve notamment le conservateur de la Maison Ensor ou encore l’auteur Herr Seele qui peint un cheval blanc et dessine l’iconique homme à rayures. Burez a également fouillé dans la vaste œuvre d’Ensor et s’est inspiré d’une série de photos sur la mort, les masques et la nostalgie de la ville balnéaire.

PRESSE.

SAY CHEESE!

Athos Burez (né en 1987 à Renaix) a étudié les arts plastiques puis la photographie au KASK, à Gand, a travaillé pour De Morgen, Knack, De Standaard, Elle et a réalisé des missions pour différents artistes, groupes et marques. Son travail est un mélange d’humour et de beauté avec, en toile de fond, la satire et la poésie. Son interprétation de l’œuvre emblématique Les bains à Ostende - avec pas moins de 180 figurants, une équipe de stylisme et un aménagement de la plage sans risque corona - s’apparente à un véritable exploit.

Johan Muyle, No Room for Regrets, jusqu’au 18 avril au MACS au Grand-Hornu, mac-s.be


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CULTURE

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LIVRES

VITE ET BIEN

Bande dessinée

Le coup de cœur Tunnels

DANS UN FILM DOCUMENTAIRE CONSACRÉ

À MARGUERITE DURAS, l’auteure attablée

chez elle expliquait que la femme est « un prolétariat ». « La maison lui appartient de la même façon qu’au prolétaire les instruments de travail », exposait-elle alors. Son dernier roman, Philippe Besson le place très justement sous l’égide de Duras et de La vie matérielle, dont il cite quelques lignes en exergue. La maison est en effet le lieu et le motif de ce texte intitulé Le dernier enfant*. Ici, l’écrivain d’une cinquantaine d’années se glisse dans la peau d’une femme à peine plus âgée, une mère qui voit son fils le plus jeune quitter le foyer et traverse ce que les Anglo-saxons appellent l’empty nest syndrome (syndrome du nid vide). Il dit le sentiment de tristesse qui engloutit celle qui ne trouve alors plus de sens à sa vie. Et, dans le même temps, parle à toutes celles qui ont traversé ce passage obligé et errent dans des chambres où ne restent que des posters et des pièces pleines de souvenirs. Le dernier fils a quitté le pavillon pour une ville de province où il est parti étudier. Elle ne s’occupera plus de son linge, de savoir à quelle heure il rentre ni où il se trouve. Pire, peut-être vivra-t-il la maison « comme un hôtel » les rares fois où il y passera à nouveau ? Au fil des pages, Besson sait faire monter l’angoisse, de plus en plus étouffante. La mère est ce prolétaire qui a toujours ses instruments de travail mais l’usine tourne à vide. Inutile, impuissante, presque démembrée. (*) Éd. Julliard, 19 €.

DEUX FOIS RÉCOMPENSÉE AU FESTIVAL D’ANGOULÊME, notamment en 2014 pour La propriété, l’auteure israélienne Rutu Modan développe depuis le milieu des années 2000 une œuvre forte. Sur une toile de fond souvent politique, ses récits explorent avec humour les relations familiales, le rapport au passé et à la mémoire. Son nouvel album, Tunnels*, creuse cette veine avec brio. Jeune archéologue et mère célibataire, Nilli décide de reprendre les fouilles de son vieux père à la recherche de l’Arche d’Alliance. Mais comme celle-ci se trouverait en territoire palestinien, il lui faut creuser un tunnel depuis Israël pour mener sa quête en toute discrétion. En chemin, Nilli va devoir échapper aux coups bas de divers chasseurs de trésors, dont son propre frère. Dans ce récit mené tambour battant, truffé de rebondissements, le burlesque le dispute aux drames intimes et sociétaux. Rutu Modan multiplie les pistes de réflexion (vieillesse et dépendance, enfants et écrans). Surtout, avec son style graphique très accessible, elle met en scène des personnages hauts en couleur pour mieux tourner en dérision le fanatisme, l’endoctrinement et l’hypocrisie religieuse : un marchand d’antiquités qui trafique avec Daech, deux Palestiniens qui creusent un tunnel pour faire de la contrebande, un sioniste religieux qui s’arrange avec la religion… Elle griffe de tous côtés, n’épargne personne, sans pour autant se prendre au sérieux ni moraliser, livrant in fine un album profond et d’une extrême fraîcheur.

Serge, de Yasmina Reza

Ce n’est pas du théâtre, mais ça pourrait. Tant le talent de l’auteure, dramaturge jouée dans le monde entier (Art), s’exprime aussi dans ses romans (prix Marie Claire 2013 et prix Renaudot 2016). Quel est ce talent ? Son don pour faire vivre des personnages et pimenter des situations. Et là, elle connaît personnellement le sujet. Celui d’une fratrie juive française, ici deux frères et une sœur, fondamentalement différents mais fondamentalement liés, racontée avec une pudeur qui cache peu, et un humour vache mais cousin de l’amour. Éd. Flammarion, 20 €. LA SURPRISE

LA PREMIÈRE PAGE

L’homme qui tremble de Lionel Duroy L’HISTOIRE

Cet homme qui tremble, c’est Lionel Duroy de Suduiraut – véritable nom de l’auteur. Et de quoi tremble-t-il dans cet autoportrait d’une lucidité sans faille ? De fébrilité, avant tout. Car si écrire lui a souvent évité de perdre la raison devant les drames de son enfance (parents fêlés et fratrie hostile) puis, plus tard, de sa vie conjugale (séparations dévastatrices) et de son parcours de père (souvent chaotique), il s’agit ici d’une enquête sur lui-même, pour déterminer non plus la responsabilité de ses proches dans ses galères successives, mais la sienne propre. Une véritable détox.

(*) De Rutu Modan, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, éd. Actes Sud BD, 25 €.

LE VERDICT

PRESSE.

Le dernier enfant, de Philippe Besson

LA PÉPITE

PATRICE NORMAND. PRESSE (X3).

Roman

Nos trois coups de cœur du mois

Droit au but. Intelligence, honnêteté, saveur aussi mais sans fioritures. Duroy est un conteur hors pair, idem quand c’est la vérité sur lui-même qu’il raconte. Et que ce soit saignant n’empêche ni la sensibilité ni la tendresse, présentes entre les lignes mais flagrantes. On succombe à cette façon de raconter sa vie affective, ponctuée par les jalons de son parcours d’écrivain et quelques considérations lumineuses sur ce qu’il a pu tirer de certaines lectures ou de films – toutes choses qui l’ont éclairé sur sa propre intériorité. L’homme tremble, mais son écriture reste droite. Éd. Mialet-Barrault, 21 €.

L’incapacité à dire Gérard, de Osko

Un premier ouvrage très déroutant de la jeune Belge Osko, 28 ans, autour d’une rencontre manquée et de l’impossibilité à la raconter. L’exploration de l’autre, mais aussi de soi-même, y est poussée à son paroxysme, dans des pages qui oscillent entre prose et poésie. Un récit puissant dont on ne sort pas vraiment indemne et dont certaines phrases poursuivent, tant elles interpellent et font s’interroger sur l’absence et l’importance de chaque rencontre. Une réflexion puissante sur la profondeur de l’éphémère. Éd. Onlit, collection Onlit Mini, 8 €. LE CHOC Une gifle, de Marie Simon

Certains parents sont ce que l’on pourrait appeler des délinquants relationnels. Ce n’est pas toujours conscient, mais ça allume toujours des bombes à retardement dans le cœur de leurs enfants. Son père la giflait. Son père à lui l’écrasait en permanence de son mépris. Les voilà grands maintenant, l’un avec l’autre, dans un couple où au cœur de l’amour rôde la brutalité. Roman haletant, implacable, sensible.

Éd. Autrement, 17,90 €.

Par Gilles Chenaille, Lisa Vignoli, Anne-Claire Norot et Aurélia Dejond


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CINÉMA

À l’heure où les femmes réalisatrices peinent encore à se faire une juste place, la Cinetek rend hommage à Chantal Akerman qui fut une pionnière à sa manière. La réalisatrice belge, décédée en 2015, a marqué de son empreinte le cinéma contemporain. Par Joëlle Lehrer

Les Rendez-vous d’Anna.

Je ne l’ai rencontrée qu’une ou deux fois. Je me souviens de ses yeux bleus qui savaient, en un regard, qui vous étiez et ce qu’elle en pensait. Je me souviens d’une petite brune hyper intelligente qui avait l’air de se moquer de l’aura qu’elle dégageait. Mais peut-être pas. En 2019, le magazine IndieWire assurait que son Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles était le meilleur film de tous les temps réalisé par une femme. De son côté, la BBC classait ce même long métrage à la quatorzième place de son top 100 du cinéma mondial. Dans ce film de 1975, Akerman montrait, pratiquement en temps réel, le quotidien d’une femme entre deux âges, épluchant des légumes dans sa cuisine, s’occupant de son fils et faisant des passes pour boucler ses fins de mois. Et c’était la très distinguée Delphine Seyrig qu’elle avait choisie pour ce rôle. Une féministe comme elle. LIO JOUE POUR ELLE

La Captive.

Avec Les Rendez-vous d’Anna, en 1978, Chantal Akerman réalise un road movie ferroviaire très inspiré par sa vie de l’époque. Son casting compte Aurore Clément, Jean-Pierre Cassel et la belle Lea Massari qui joue la mère d’Anna. Un personnage qui avait plus d’un point commun

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Quand Carey Mulligan découvre un trésor inestimable et Naomi Watts adopte une pie… Au programme de ce mois, on a choisi aussi des superhéroïnes et des grands-mères espagnoles peu ordinaires. Rien que des femmes incroyables. Par Joëlle Lehrer

avec la propre maman de la réalisatrice. Les effervescentes années 80 lui donnent envie de faire une comédie musicale. Ce sera, en 1986, Golden Eighties, tourné dans la galerie de la Toison d’Or. Une occasion pour Lio d’apparaître pour la première fois au cinéma. À l’époque, elle chantait Les brunes ne comptent pas pour des prunes. Un méga hit. En 2000, Chantal se base sur un roman de Proust, La Prisonnière, pour un film qu’elle nommera La Captive. Avec Sylvie Testud dans le premier rôle féminin. C’est le rapport d’une femme qui aime les femmes et d’un homme qui aime cette femme… Au générique, on retrouve Aurore Clément, l’une de ses actrices fétiches, et Stanislas Merhar à qui elle offrira, en 2012, le premier rôle dans La Folie Almayer.

ON DÉCOUVRE UN TRÉSOR

Basé sur l’authentique découverte du trésor de Sutton Hoo, un site archéologique du Suffolk, The Dig réunit toutes les qualités du film historique et d’aventures. Avec la particularité de proposer une femme comme pivot central. En 1938, Carey Mulligan, jeune et riche veuve, engage un terrassier (interprété par l’excellent Ralph Fiennes) pour entamer des fouilles sur son terrain rempli de tumuli. Il y découvre un vaisseau funéraire datant du VIIe siècle. Le British Museum se montre intéressé. Mais la propriétaire des lieux veille à préserver cet « héritage » à l’endroit où on l’a trouvé. Ce qu’elle fera ensuite lui permettra d’entrer dans l’histoire de l’archéologie britannique. Plus tard dans l’année, on retrouvera Carey Mulligan dans Promising Young Woman, d’Emerald Fennell, qui promet une toute autre atmosphère. The Dig, de Simon Stone, avec Carey Mulligan, Ralph Fiennes et Lily James, sur Netflix.

DANS L’ALLÉE CHANTAL AKERMAN

Décédée en 2015 à l’âge de 65 ans, Chantal Akerman n’a pas reçu d’hommage national en Belgique et aucune rue n’y porte son nom. En revanche, à Paris, dans le quartier du 20e arrondissement où elle avait choisi de vivre, une allée a été rebaptisée en son honneur. La Cinetek, la plateforme créée par des réalisateurs, rend hommage à Chantal Akerman jusqu’au 15 mars. Elle propose une rétrospective de dix de ses films, la plupart en version restaurée. Et aussi sa cinémathèque idéale dans laquelle on retrouve Pierrot le Fou de Godard qui lui a donné l’envie de faire du cinéma mais aussi des comédies musicales de Busby Berkeley… Aujourd’hui encore, des réalisateurs de renommée mondiale tels Gus Van Sant et Michael Haneke citent la Belge parmi leurs plus grandes influences. La Cinetek, prix par film en HD 3,99 €, lacinetek.com

NETFLIX. DISNEY PLUS.

Golden Eighties.

PREMIERS RÔLES FÉMININS

CINETEK.

Jeanne Dielman.

SE SOUVENIR DE CHANTAL AKERMAN

CULTURE

ON ADOPTE UNE PIE

ON AIME CES MAMIES

ON SUIT WANDA

Dans Penguin Bloom, adapté du récit autobiographique de Samantha Bloom, Naomi Watts est frappée d’un lourd handicap suite à un accident survenu en vacances. Son mari et ses enfants tentent de l’aider au maximum. Cependant, c’est l’arrivée, dans leur foyer, d’une pie blessée qui va modifier le cours des choses. Et cette pie, les gosses ont décidé de l’appeler « Penguin » (Pingouin). Tourné en Australie par Glendyn Ivin, ce mélodrame a nécessité la participation de plusieurs pies et, d’après Naomi Watts, ce ne sont pas les actrices les plus faciles sur un plateau...

Les comédies espagnoles sont rares et, la plupart du temps, toujours délicieuses. Salir del ropero (en anglais, So My Grandma is a Lesbian) d’Angela Reine est l’une d’elles. Alors qu’Eva, jeune et brillante avocate, est sur le point d’épouser un aristo écossais, sa grandmère lui annonce qu’elle va, elle, se marier avec sa meilleure amie. Afin d’empêcher ce mariage qui scandaliserait sa future famille « so scottish », la jeune avocate s’embarque pour Lanzarote où vivent sa mamie lesbienne et sa future épouse... Une comédie très joyeuse où les « vieilles » sont plus modernes que les « jeunes ».

Les studios Marvel nous invitent à découvrir WandaVision, une minisérie de six épisodes s’appuyant tant sur l’univers des superhéros Wanda et Vision que sur la nostalgie des sitcoms des années 50 et 70. Elizabeth Olsen en Wanda et Paul Bettany en Vision troquent tour à tour leurs dégaines fifties et seventies. Ils tentent de former un couple normal dans une petite ville normale avec des voisins normaux, alors qu’ils sont l’un et l’autre des personnages imaginaires dotés de pouvoirs extraordinaires. Selon les moments, les images passent du noir et blanc à la couleur. Le tout ne manque ni de piquant, ni d’humour.

Penguin Bloom, de Glendyn Ivin, avec Naomi Watts, Andrew Lincoln et Jacki Weaver, sur Netflix.

Salir del ropero (So My Grandma is a Lesbian), d’Angela Reine, avec Rosa Maria Sarda, Veronica Forque et Ingrid Garcia Jonsson, sur Netflix.

WandaVision, de Matt Shakman, avec Elisabeth Olsen, Paul Bettany et Kathryn Hahn, sur Disney +.


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CULTURE

MUSIQUE

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ON ADORE Taylor

Centre Ville, le huitième album de Calogero, laisse une grande place à la mélancolie et aux souvenirs liés à l’enfance. Mais il y instille aussi un point de vue féministe. Interview. Par Joëlle Lehrer

Il y a, selon lui, toujours eu une forme de mélancolie dans nombre de ses chansons. Il la qualifie de naturelle. « Mais c’est vrai, admet-il, que dans un titre comme Le Temps, elle est très apparente. » Disons que chez Calogero, la mélancolie n’est pas du blues parce qu’il reste attaché à sa ligne pop-rock. Ce huitième album est riche en thématiques. Ainsi, dans Peut-être où on l’imagine s’adresser à sa plus grande fille de 16 ans - il a quatre enfants -, il insiste sur le caractère féministe de cette chanson. « Je me demande, dans ce morceau, si ma fille aura une vie classique ou si elle laissera passer son carrosse pour un style de vie

Evermore, Taylor Swift, Universal Music

TALENTS BELGES

LE SPECTACLE, C’EST UN MÉTIER

Parmi ses nouveaux auteurs, on retrouve le prolifique Benjamin Biolay. « Je lui ai envoyé, un soir, la musique de Mauvais perdant. Et le lendemain matin, j’avais le texte. Du coup, on a fait plusieurs chansons ensemble dont la plage titulaire de l’album qui traite de la vie nocturne à Paris. » Cet album a été écrit durant le premier confinement. « Le point de départ a été On fait comme si que m’inspiraient les rues vides de mon quartier. On a versé les droits de cette chanson au personnel des hôpitaux de Paris. C’est une goutte d’eau dans l’océan mais on avait envie d’aider les soignants qui étaient très en difficulté. » Prudemment, Calogero n’a pas encore annoncé de dates pour sa prochaine tournée. « Je pense surtout aux techniciens et aux musiciens qui n’ont plus de job et se sentent complètement abandonnés. Il faut une aide pour eux. Le spectacle, c’est un métier. Sans ces gens-là, nous, on est rien. » Centre Ville, Universal Music.

ON SAVOURE

UNIVERSAL MUSIC. ROXANE DIAMAND. LOU WEST.

«JE SUIS DU CÔTÉ DES FEMMES»

différent. C’est une chanson sur la liberté des femmes. Je suis du côté des femmes indépendantes, des femmes qui souffrent… J’ai trois filles et un garçon. Mes meilleures amies sont des femmes. Et je soutiens des mouvements comme #BalanceTonBahut lancé par des lycéennes qui veulent pouvoir s’habiller comme elles en ont envie et qui en ont été virées parce qu’elles avaient une épaule dénudée. Je suis pour la liberté de chacune et de chacun de s’habiller comme ils le veulent. » Pour preuve de son féminisme, Calo s’appuie, notamment, sur deux autrices, dont Marie Bastide, sa compagne, et Inès Barbier. Il rapp elle qu e s on album Pomme C était déjà entièrement basé sur sa collaboration avec Zazie. Chez lui, à la maison, les règles sont les mêmes pour tous. « Je ne fais pas de différence entre mes enfants. Je les éduque de manière à ce qu’ils soient tous autonomes. » S’il pouvait se téléporter, en ce moment, Calo emmènerait ses enfants à Rome. « Juste pour manger une glace à une terrasse. »

YANN ORHAN.

CALOGERO

Elle a abandonné son look de baby doll apprêtée, déringardisé la folk américaine et gagné le titre de « super créature créative » (qu’on vient d’inventer pour elle) en temps de lockdown planétaire. Taylor Swift n’a rien fait d’autre que de créer deux albums en 2020, tout juste fabuleux : Folkore et Evermore. Et le deuxième, plus expérimental, sorti pour les fêtes (et aussi son anniversaire qui tombe en décembre), sonne, comme le premier, d’une classe folle et d’une réelle profondeur. À 31 ans, Taylor a revu sa façon de raconter, en musique, des histoires personnelles comme universelles ou de dresser des portraits de femmes, telles Dorothea et Marjorie qui nous touchent. Evermore compte aussi sur des duos hors pair avec Haim, The National et Bon Iver. Pour la petite histoire, le titre Champagne Problems a été co-écrit avec son compagnon, l’acteur Joe Alwyn qui a choisi, ici, le pseudonyme de William Bowery. Cette année, Taylor en fera-t-elle encore plus ?

Sarina, jeune prodige belge, a commencé l’apprentissage du piano avec sa grandmère lorsqu’elle était enfant. Elle l’a poursuivi au Conservatoire de musique tout en menant des études universitaires à Louvain-La-Neuve. C’est dans son kot d’étudiante qu’elle a écrit et composé les sept titres qui figurent sur son premier album. Elle le présente comme une invitation au voyage et à la dégustation de thés… Sarina a une voix incomparable qui devrait la propulser bien plus loin que nos frontières d’autant qu’elle est capable de chanter en sept langues. Première, Sarina, Wistaria

ON DÉCOUVRE

Iliona, Bruxelloise de 20 ans, fonctionne pratiquement en solo pour tout : l’écriture et la composition de ses chansons comme la réalisation de ses clips. Pour l’heure, elle se concentre sur les singles avant de penser à un album. Sentimentale et moderne, son goût pour la chanson à texte lui vient de Barbara. Sur Reste, son nouveau single, Iliona a autotuné sa voix façon Billie Eilish. On attend la suite. Reste, Iliona, Artside

ON RETROUVE

Alice Spa avait participé à The Voice Belgique alors qu’elle avait 17 ans. À 26 ans aujourd’hui, elle a appris à construire des chansons qui tiennent du début à la fin… Et sur ce nouvel E.P., elle a ajouté des notes électro qui colorent sa pop française et égratigne au passage ceux et celles qui lui auraient trouvé un manque de personnalité. On aime sa franchise et son côté Même pas peur, titre du dernier morceau de cet opus. Elan, Alice Spa, Autoprod

Par Joëlle Lehrer


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MAGAZINE

PHÉNOMÈNE

AYA MANIA

Adulée par toute une génération de jeunes femmes, elle est l’artiste française la plus écoutée au monde sur les plateformes de streaming. Un “truc de ouf”, comme le concède la chanteuse, qui a accepté de nous rencontrer pour évoquer ce statut qui n’en finit pas de l’étonner. Par Christelle Murhula Photos Marguerite Bornhauser Réalisation Alexandra Conti et Julie Cristobal

Après s’être prêtée avec grâce et enthousiasme à l’exercice du shooting photo, Aya Nakamura nous retrouve sur la terrasse du lieu, en Seine-Saint-Denis. Durag (sorte de foulard porté pour protéger la coiffure) sur la tête, elle allume une cigarette pour décompresser après un après-midi – voire des semaines – intense : « La promo est dingue, ça ne s’arrête pas », nous dit-elle avec entrain. De fait, son nouvel album sobrement titré Aya (1), sorti une semaine plus tôt, a fait d’elle l’artiste française la plus écoutée au monde sur les plateformes en ligne (2). « C’est un truc de ouf », lance-t-elle, sourire aux lèvres. Comme avec ses précédents disques, Journal intime et Nakamura, l’artiste de 25 ans balaie tout sur son passage, enchaînant les records de ventes et de streams, propulsée au cœur d’une attention médiatique particulière. Le New York Times(3) n’écrivait-il pas il y a quelques mois qu’elle était « l’un des plus importants évènements en Europe, musicalement et socialement » ? UN « ROLE MODEL » POUR LES ADOLESCENTES

Aya Nakamura est aujourd’hui sans aucun doute l’artiste française la plus influente dans le monde. La chanteuse a imposé ses codes musicaux et culturels, son langage et sa personnalité. « J’ai juste envie d’être moi, précise-t-elle en haussant les épaules. Ce que je chante et montre reflète qui je suis. Pourquoi se créer un personnage de toutes pièces ? » Née à Bamako en 1995, elle s’installe avec sa famille en France, à Aulnay-sous-Bois, alors qu’elle est encore enfant. Elle grandit dans un environnement populaire, avec un père ouvrier et

une mère au foyer issue d’une famille de griots, caste de poètes musiciens d’Afrique de l’Ouest. Si rien ne la prédestinait à devenir la star qu’elle est aujourd’hui, la jeune femme avait néanmoins un petit quelque chose en plus. Rhoda Tchokokam, critique culturelle et coauteure de Le dérangeur. Petit lexique en voie de décolonisation(4), confirme : « Son talent de topliner (artiste qui écrit la mélodie et les paroles à partir d’un beat existant, ndlr), sa plume, son utilisation de l’argot et les sonorités sur lesquelles elle pose sa voix font sa singularité. » Un cocktail qui a fait naître une artiste ancrée dans la décennie 2020, représentative de la manière d’être et de vivre d’un large pan de la population. Car grâce à cette authenticité, Aya Nakamura est devenue l’emblème d’une génération de jeunes femmes, souvent issues des quartiers, qui se reconnaissent en elle. Elle est ce que l’on appelle un « role model », un exemple pour de nombreuses jeunes filles noires notamment. « Aya, c’est un peu comme une grande sœur qui nous donne des conseils », nous dit Axelle, 16 ans, lycéenne en Essonne. « Elle nous ressemble. Quand on l’écoute, elle nous rappelle qu’on peut tout faire, tout réussir, et aussi qu’on ne doit pas se faire maltraiter par les garçons. Elle parle de manière franche, sans se soucier de ce qu’on peut dire sur elle, c’est inspirant. » Cette manière de montrer dans ses paroles de chansons que, face aux hommes, voire au monde, elle ne pliera pas : voilà qui marque les adolescentes. Pourtant, la principale intéressée pose un regard distancié sur cette influence. « Plus jeune, je n’avais pas d’idole, je ne sais pas ce que

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PHÉNOMÈNE

Chemise et mules Fenty, body Wolford. Durag Nicolas Lecourt Mansion, bague Pain de Sucre et bague Chance Infinie, en or blanc et diamants Fred, bracelets personnels. Assistante stylisme Alicia Barnet. Coiffure Chloé. Maquillage Nhessi. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Zoë Derks.

ça peut leur procurer. Mais je peux comprendre que certaines voient en moi un exemple, comme si j’étais un espoir. » Un espoir pour celles qui n’ont pas l’habitude de voir des femmes qui leur ressemblent sur le devant de la scène. « C’est la première fois que je vois une chanteuse noire de ma ville avoir autant de succès, relève Goundo, 15 ans, lycéenne résidant à Aulnay-sous-Bois. J’aimerais trop pouvoir réussir dans mon domaine plus tard comme elle, en se fichant de tout le monde. » Aya Nakamura est donc, pour elles, un symbole de réussite. Un modèle d’empowerment, aussi. À travers son attitude, et surtout ses chansons, l’artiste affiche une autonomie, une force, comme si rien ne pouvait l’atteindre. Sur son dernier disque, elle clame dans Biff gagner son argent seule : « J’fais mon biff et j’me débrouille toute seule. » Dans Djadja, elle demandait des comptes à un homme, réclamant à être mieux traitée. Mais cet empowerment n’est pas forcément revendiqué : « J’ai pas l’impression de revendiquer une force en moi. Je veux pas me jeter des fleurs mais c’est ce que je suis. Et si je peux aider ces jeunes filles à prendre le pouvoir sur leur vie, c’est tout bénef, non ? » commente la chanteuse. Alors, pour beaucoup, ses paroles résonnent : « Elle me donne envie d’être puissante, de croire en moi et de n’écouter personne d’autre que moi. Aya nous montre qu’on peut dire “non”, qu’on peut rester nous-mêmes et qu’on doit être respectées », confirme Goundo. « Des jeunes femmes noires se projettent dans son parcours et la façon dont elle mène sa carrière, analyse Rhoda Tchokokam. Elle est attachée à son identité et à ne pas la lisser. Le fait est qu’elle revendique venir de banlieue et assume un argot. Elle ne veut pas changer son image pour plaire. Rien que ça, c’est inédit. » Une identité propre, voilà ce qui plaît d’abord chez l’interprète de Doudou, comme nous le confirme Sabrina Herlory, directrice générale de M.A.C. Cosmetics France, qui l’a choisie pour égérie fin 2019 : « Elle incarne une certaine fraîcheur, et surtout de la modernité. Elle vit comme elle parle et parle comme elle vit. C’est ce qui fait qu’elle séduit le plus grand nombre, des plus jeunes aux plus âgés. » En France, tout le monde connaît Aya Nakamura et son tube Djadja. « Elle touche plusieurs types de public. Cela explique son succès international, souligne Rhoda Tchokokam. Elle a débarqué, forte de cette personnalité détonante, offrant une musique qui mélange plusieurs genres. Ça a chamboulé les gens. » À sa manière, elle a bousculé les paysages médiatique et musical français. Révolutionnaire ? La jeune femme n’en a pas l’impression : « Je ne me dis pas que je suis une révolution ou quoi. Je fais juste mon truc. Mais je vois bien que des personnes ne pensent pas comme moi et ne me ressemblent pas. Et en effet, ça peut les brusquer. Je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas. J’ai toujours été comme ça, un peu je-m’en-foutiste. C’est surtout que j’aime bien “être bien”. À l’aise avec moi, les autres, mes convictions et mes pensées. Le reste ne me regarde pas. » À tel point que parfois, ses prises de paroles peuvent gêner : « Le truc, c’est que je ne parle pas forcément que pour moi. Les gens se disent : pour qui elle se prend ? Alors que je prends aussi la parole en disant ce que d’autres pensent. » « Elle est sans gêne dans le bon sens du terme. Elle est à l’aise, prend la parole, elle est une voix et ne s’excuse jamais d’être là », rapporte Sabrina Herlory. Aya Nakamura ne peut que confirmer : « De toute manière, c’est quoi, s’excuser ? » commente-t-elle, un sourire en coin. Ce phénomène Aya, personne ne l’attendait. Une femme noire, à la peau foncée, originaire de Seine-Saint-Denis… « C’est vrai que j’ai pas vu beaucoup de femmes médiatisées qui me ressemblaient en France, et encore moins dans la musique », confirme-t-elle. Depuis plus de vingt ans, aucune femme noire française n’avait réussi à s’exporter autant, et à rencontrer un si grand succès musical :

“Elle me donne envie d’être puissante, de croire en moi (…). Aya nous montre qu’on peut dire “non”, qu’on peut rester nous-mêmes et qu’on doit être respectées.” Goundo, 15 ans, lycéenne

« Dans les années 90 et une partie des années 2000 existaient de nombreux profils différents de chanteuses noires, allant du zouk au R’n’B. Mais tout en faisant le même type de musique, personne n’a pu avoir un succès similaire à Aya », appuie Rhoda Tchokokam. REVERS DE LA MÉDAILLE, CE SUCCÈS DÉRANGE

Car Aya Nakamura est la cible d’attaques de toutes parts : réseaux sociaux, médias, personnalités politiques… Ses moindres faits et gestes sont scrutés, commentés, critiqués. Cela semble la toucher, puisque quand on aborde le sujet, elle prend une pause avant de se livrer : « C’était pas vraiment le cas quand j’étais encore inconnue. J’étais seulement une petite meuf d’Instagram avec six abonnés qui faisait sa vie. » De nombreuses charges ont été lancées contre elle, notamment parce qu’elle est une femme noire. C’est ce que l’on appelle la « misogynoir », concept sociologique inventé par l’universitaire afro-américaine Moya Bailey, qui définit une forme de misogynie envers les femmes noires, où la race et le genre jouent un rôle concomitant. Dans le cas d’Aya Nakamura, cela se traduit par des attaques sur son apparence ou sa personnalité, beaucoup lui reprochant un comportement de diva : « C’est quelque chose qui a changé quand j’ai eu du succès. Dès que j’ai été exposée, on m’a envoyé ça à la figure. J’étais critiquée sur tout ce que je faisais. Au début, je ne comprenais pas car je ne l’avais pratiquement jamais vécu. Je me suis pris toutes ces remarques d’un coup, et c’est brutal. » Une manière de lui faire comprendre qu’elle n’est pas à sa place, ce dont elle n’avait pas forcément conscience auparavant. Alors l’artiste se protège : « Quand on est une fille qui me ressemble, il faut donc se préparer à ça et se faire une raison… Soit on se dit : c’est plus pour moi, j’ai plus envie, je veux plus être exposée pour vivre plus tranquillement. Soit on continue et on se protège. » Elle a choisi la seconde option : « Maintenant, je fais attention à ce que je regarde et ce que je lis, et je ne calcule pas. » Exception : il y a quelques semaines, quand une rumeur a tenté de discréditer sa love story avec son producteur Vladimir Boudnikoff, inspiration majeure de ce nouvel album qui transpire la confiance en soi, le sexe, l’amour et l’humour, elle dégaine sur Twitter un « c’est tellement dégueu d’inventer des trucs pareils #PuteAClique. » Tandis que lui, sur Instagram, pose le mot de la fin : « Les rageux nous pistent / Longue est la liste. » Un extrait déjà culte de son tube planétaire Doudou. 1. Label Rec.118. 2. Comme Spotify. 3. Le 22 mai 2019. 4. Éd. Hors d’atteinte.


INTERVIEW

1. Kamala Harris, à Philadelphie, la veille de la présidentielle, le 2 novembre dernier. 2. et 3. La Marche des femmes contre la réélection de Donald Trump, à Boston, le 17 octobre dernier. 4. Alexandria Ocasio-Cortez à une manifestation contre l’antisémitisme, à New York, le 5 janvier dernier. 5. Stacey Abrams, et Jill Biden en soutien à Joe Biden, à Atlanta, le 12 octobre dernier.

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Ce que les femmes attendent de Joe Biden ÉTATS-UNIS

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La politologue Marie-Cécile Naves en est sûre : Joe Biden n’aurait probablement pas été élu sans les votes des femmes, déterminants dans certaines villes clés. Mais que peuvent-elles pour autant espérer de la présidence Biden-Harris ? La spécialiste nous répond.

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MARK PETERSON/REDUX/REA. KEVIN LOWERY PHOTOGRAPHY/ZUMA/REA.

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BONNIE JO MOUNT/THE WASHINGTON POST/GETTY IMAGES. M. SCOTT BRAUER/REDUX/REA (X2).

Par Caroline Laurent-Simon

Jamais une élection présidentielle américaine ne se sera autant jouée sur le vote des femmes ! Selon les premiers sondages réalisés à la sortie des urnes, 56 % d’entre elles ont voté pour le ticket démocrate BidenHarris, contre 43 % pour le duo républicain Trump-Pence. Et si la victoire revient à Joe Biden et permet, pour la première fois dans l’histoire du pays, qu’une femme – et une femme noire et sud-asiatique – accède à la vice-présidence, c’est en grande partie grâce à l’immense mobilisation sur le terrain d’activistes féministes et antiracistes, issues notamment des mouvements #MeToo et de la communauté afro-américaine. Autres symboles forts, la nomination de femmes à des postes clés : l’économiste Janet Yellen, 74 ans, prend la tête du Trésor, portefeuille systématiquement donné à un homme depuis deux cents ans, et sera secondée par l’Africaine-Américaine Wally Adeyemo ; la haute fonctionnaire Susan Rice pourrait obtenir les Affaires étrangères ; Michèle Flournoy, spécialiste des dossiers de sécurité militaire est, elle, annoncée à la Défense tandis qu’Avril Haines, ex-conseillère à la Sécurité nationale à la Maison Blanche sous Obama, deviendrait la première cheffe de l’histoire de la CIA. Après quatre années de présidence Trump, pendant lesquelles les droits des femmes ont été malmenés et dénigrés, un vent de liberté et d’égalité souffle à nouveau outre-Atlantique. Marie-Cécile Naves, docteure en sciences politiques, directrice de recherche à l’Ins-

titut de relations internationales et stratégiqu es (Iris), auteure de Trump, la revanche de l’homme blanc (1) et du tout récent La démocratie féministe, réinventer le pouvoir (2) décrypte pour nous les enjeux sociétaux qui se dessinent avec l’arrivée au pouvoir de Joe Biden et de Kamala Harris. À commencer par le (grand) retour du respect des droits des femmes qui, là-bas comme ici, pourraient réinventer l’exercice du pouvoir. En quoi l’élection du ticket Biden-Harris annonce-t-elle une nouvelle ère pour les droits des femmes ?

La présidence Trump a incarné une masculinité hégémonique, telle que la sociologue Raewyn Connell l’a théorisée. Dans sa manière de gouverner comme dans sa communication, Trump visait à dominer les autres, à imposer son récit et son projet. Les femmes – comme toutes les minorités, notamment LGBTI – ont été une cible privilégiée. Leur accès aux droits – avortement, contraception, égalité professionnelle, lutte contre les viols –, mais aussi à la santé et à l’emploi a été fragilisé. Et cela au travers de textes élaborés ou de priorités établies par l’administration fédérale, comme la préservation des emplois masculins dans les mines, l’agriculture et l’industrie. Trump a aussi défié les femmes politiques et journalistes. Il traitait par exemple Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, de « puce de lit stupide ». Ou qualifiait les femmes journa-

listes qui lui posaient des questions, jugées par lui dérangeantes, de « méchantes » ou de « laides ». Sur beaucoup de sujets, comme en termes de leadership et de gouvernance, le duo Biden-Harris est l’anti-Trump-Pence. Les promesses en faveur de l’égalité femmes-hommes et de l’émancipation des femmes sont nombreuses et précises sur le site de campagne de Biden. Mais cela dépendra aussi de la couleur du Sénat. Si celui-ci reste conservateur, il sera difficile de faire passer certaines mesures au niveau législatif. Quels droits des femmes fragilisés par Trump pourraient être renforcés par Biden ?

En nommant trois juges ultra-conservateurs, connus notamment pour leurs positions anti-avortement à la Cour suprême, Trump a donné des gages aux antiféministes de la droite et de l’extrême droite. Même si le président n’a qu’un pouvoir limité sur la question de l’avortement, qui relève surtout des lois locales, Biden pourra cependant agir par décrets, décisions administratives ou via les agences de santé. La question de la lutte contre les viols sur les campus universitaires va revenir sur la table du gouvernement, car les mesures adoptées par Obama pour protéger les victimes ont été très fragilisées par la secrétaire à l’Éducation de Trump, Betsy DeVos. Biden peut aussi annuler la décision de Trump de désubventionner le planning familial, couper les fonds fédéraux aux


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INTERVIEW

“Les années Trump ont galvanisé les militantes féministes et la campagne présidentielle a été un aboutissement de leur combat.” Des femmes en costume des héroïnes de La servante écarlate manifestent contre la nomination d’Amy Coney Barrett à la Cour suprême, à Washington, le 22 octobre dernier.

tisme de terrain a été décisif dans certaines parties du territoire ciblées par les équipes de campagne à Philadelphie, Detroit, Atlanta ou dans le Wisconsin, pour encourager les gens à s’inscrire sur les listes électorales et à voter démocrate. Kamala Harris y a beaucoup contribué, comme l’ancienne élue de Géorgie, Stacey Abrams. Michelle Obama s’est particulièrement impliquée sur les réseaux sociaux. Et ce, alors que plusieurs comtés conservateurs ont dissuadé les Noirs d’aller voter ! Le mauvais souvenir de l’abstention massive de 2016, qui a fait perdre Hillary Clinton, était dans toutes les mémoires. À la soirée de la victoire, Kamala Harris a eu ces mots : « Les femmes noires sont souvent négligées, or elles sont le backbone (la colonne vertébrale, ndlr) de la démocratie. »

du symbole fort, tout dépendra de ce que Kamala Harris fera à ce poste. Les opposants au camp démocrate et les supporters de Trump ont sans doute du mal avec le fait qu’une femme accède à ces responsabilités. C’est pourquoi ils l’ont décrite – à tort – comme une « extrémiste gauchiste ». Kamala Harris est une centriste, une figure assez consensuelle du parti démocrate qui reste un parti du centre. Elizabeth Warren ou Alexandria Ocasio-Cortez sont beaucoup plus à gauche qu’elle. Votre dernier livre s’intitule La démocratie féministe, réinventer le pouvoir. Une femme exerce-t-elle forcément différemment le pouvoir ?

Quelles avancées peut-on attendre au niveau de l’emploi et de la lutte contre les violences faites aux femmes ?

Joe Biden entend soutenir la création d’entreprises par des femmes en leur facilitant, par exemple, l’accès aux prêts bancaires, combattre les discriminations en matière de salaire et de carrière, et encourager la mise en place systématique de congés payés. Il ciblerait prioritairement certains

investissements publics dans des PME dirigées par des femmes racisées, allégerait la dette étudiante, qui touche particulièrement les femmes noires, et augmenterait à 15 $ le salaire minimum pour les emplois fédéraux. Il pourrait trouver un terrain d’entente avec les Républicains pour renforcer la législation sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Il lui sera plus difficile – mais pas impossible – d’ajouter enfin l’amendement Equal Rights Amendment (ERA) à la Constitution, laquelle ne comporte toujours pas de mention explicite, à ce jour, de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce sont autant de promesses d’une approche « gender conscious » systématique des politiques publiques, notamment sanitaires et économiques. On a parfois eu l’impression que, plus que la victoire de Joe Biden, c’est celle de sa vice-présidente qui a été saluée…

Que près de 79 millions d’Américains aient voté pour un ticket avec une vice-présidente représente une vraie note d’espoir. Une femme au poste de vice-présidente est un pas énorme mais au-delà

Sans l’impressionnante mobilisation sur le terrain de femmes, comme l’ex-élue de Géorgie Stacey Abrams ou issues de la société civile comme LaTosha Brown, cofondatrice du Black Voters Matter Fund, Biden aurait-il gagné ?

L’engagement militant et communautaire des Africaines-Américaines a joué un rôle immense dans son élection. Ce militan-

Cette élection démontre-t-elle une métamorphose des liens entre le militantisme féminisme et la sphère politique ?

Oui. Cette évolution est le résultat de longues années de militantisme féministe et antiraciste sur les campus, dans les associations d’aide aux victimes, dans les lieux communautaires de soutien aux droits des femmes. Les années Trump ont galvanisé ces militantes et la campagne présidentielle a été un aboutissement de leur combat. Dans She said (3), le livre des deux journalistes du New York Times qui ont sorti le scandale Weinstein, Jodi Kantor et Megan Twohey expliquent que cette affaire ainsi que le mouvement #MeToo éclatent sans doute en partie parce que c’est l’Amérique de Trump. L’arrivée de Kamala Harris à la vice-présidence découle aussi de l’engagement politique de femmes aux élections de mi-mandat en 2018. La vigilance citoyenne et associative s’est consolidée dans la société américaine car les attentes sont fortes. La nouvelle administration démocrate en a conscience et son aile la plus progressiste, notamment à la Chambre des représentants, le lui rappellera aussi. L’anti-trumpisme a été une force mobilisatrice qui est partie pour durer, dans les champs politique, militant et universitaire.

CAROL GUZY/ZUMA/REA.

associations militantes anti-avortement, ou encore revenir sur le Global Gag Rule, que tous les présidents républicains mettent en place et que leurs homologues démocrates annulent. Ce décret interdit le financement, par l’État fédéral, d’organisations internationales qui proposent un accès à l’avortement légal ou délivrent une information en matière de santé sexuelle et reproductive dans les pays pauvres. Il a déclaré vouloir renforcer certains points de l’Obamacare, comme réaffirmer l’accès à la santé gynécologique. Il semble qu’une attention particulière sera aussi donnée à l’accès à la santé pour les femmes LGBTI, handicapées, incarcérées ou anciennes soldates.

Je ne pense pas qu’une femme gouverne différemment parce qu’elle est née femme. Ce n’est pas biologique ! Mais les femmes exercent souvent autrement le pouvoir parce qu’elles ont expérimenté ou observé l’attention aux autres dans leur vie personnelle et/ou professionnelle. Pour elles, la santé, l’éducation, l’environnement ne sont pas moins prioritaires que l’économie. Beaucoup ont un regard transversal et prennent au s érieu x les demandes citoyennes. La question posée par le féminisme, partout dans le monde, c’est celle du pouvoir : en termes d’agenda, de projet de société, de style politique, de storytelling, de gouvernance. Le féminisme propose un pouvoir qui s’appuie sur la science, s’inspire des expertises d’expériences, est respectueux de toutes et de tous, refuse la domination sur les femmes, mais aussi sur tous les groupes et individus. Une « démocratie féministe », aux États-Unis et ailleurs, c’est un système politique où les décideurs, pour comprendre le monde dans sa complexité, s’inspirent de cette intelligence collective. Cela afin de bâtir un agenda émancipateur où l’approche par le genre est systématique dans les politiques publiques de santé, d’éducation, d’environnement, d’économie, de sport, de culture. C’est aussi promouvoir un leadership combatif mais coopératif. Le projet de BidenHarris coche plusieurs de ces cases.

Les Women for Trump ouvertement antiféministes ont, elles aussi, rallié nombre de votes féminins. Un courant de femmes conservatrices, à l’instar du mouvement Tea Party il y a quelques années, peut-il se structurer, voire se renforcer ?

L’antiféminisme conservateur est ancien ;

il est remarquablement décrit dans la série télé Mrs. America. On retrouve une partie de ces femmes pro-Trump dans les Tea Party, ce mouvement populiste des années 2010-2013 qui séduisait au sein d’une classe moyenne supérieure blanche attachée à une fiscalité réduite, une économie libérale, aux valeurs morales et familiales et à la lutte contre l’immigration. Ces obsessions identitaires et sécuritaires sont le cœur du trumpisme. Pour une partie des femmes conservatrices, qui sont essentiellement blanches et, dans une moindre mesure, issues de certaines communautés hispaniques, l’attachement aux rôles genrés traditionnels est fort : l’homme est le « breadwinner » qui subvient aux besoins financiers de la famille et elles s’occupent des enfants et de la maison. C’est un peu caricatural mais cela existe encore.

évolutions sociales. C’est une antiféministe et anti-droits des minorités, issue d’un catholicisme dur. Elle gravite dans des groupes fanatiques et a en détestation les enjeux de droit à disposer de son corps défendu par les féministes. Elle est par ailleurs ultralibérale sur le plan économique. On peut s’attendre à des positions contribuant à fragiliser l’Obamacare, les droits des femmes et des minorités raciales ou sexuelles et à confirmer les rôles sexués traditionnels : l’homme est le chef de famille et la famille est, pour elle, hétérosexuelle. Barrett est également en faveur du libre port d’armes et très pro-big business. Avec elle, les défenseurs des droits syndicaux, du droit du travail, des droits des consommateurs et les adversaires des industries polluantes peuvent légitimement être inquiets.

Que redouter de la très conservatrice Amy Coney Barrett, pro-abrogation du droit à l’IVG, nommée juge à la Cour suprême par Trump en remplacement de l’iconique démocrate et féministe Ruth Bader Ginsburg ?

Kamala Harris présidente en 2024, vous y croyez ?

Évidemment, Coney Barrett n’a rien de commun avec Ruth Bader Ginsburg, hormis les études de droit. C’est même l’antiRBG. Elle fait partie des partisans d’une lecture « originaliste » de la Constitution, autrement dit elle envisage ce texte vieux de plus de deux cents ans dans son interprétation littérale et non pas adaptable aux

Nous verrons. En quatre ans, il peut se passer beaucoup de choses. Étant donné l’âge de Joe Biden, l’hypothèse qu’elle prenne les commandes de la Maison blanche avant 2024 n’est pas à exclure. Il est probable qu’il lui laisse de grandes prérogatives en tant que vice-présidente. Ce poste lui donne aussi la présidence du Sénat. Et ce rôle serait décisif en cas d’égalité parfaite sur le vote de certaines lois. 1. Éd. Textuel. 2. Éd. Calmann-Lévy. 3. Éd. Alisio.

“Lors de la soirée de la victoire, Kamala Harris a eu ces mots : ‘Les femmes noires sont souvent négligées, or elles sont la colonne vertébrale de la démocratie.’”


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Bélier

21 MARS – 21 AVRIL TOUR D’HORIZON

TOUR D’HORIZON

En 2021, Jupiter va élargir et embellir votre vision des choses, vous proposer des opportunités de croissance et stimuler votre confiance en vous. Le premier trimestre sera bouillonnant d’idées, d’envies, d’échanges et au printemps, à l’attaque. À vous projets perso, initiatives gonflées et libido contagieuse. Le désir sera votre moteur. Misez sur un été frémissant, propice au jeu amoureux, avec un pic d’intensité en août, puis au début de l’automne, qui pourrait amorcer une belle histoire ou un projet de vie. En bonus de Noël, une situation bloquée va trouver une issue favorable.

LES MOMENTS CLÉS

Printemps Faire entendre sa voix, savourer ses victoires (du 10.3 au 19.4). Affirmer sa puissance féminine, amorcer une belle histoire (du 22.3 au 14.4).

Hiver Croire en ses idées (du 10 au 18.2). Explorer ses fantasmes (du 5 au 20.2). Printemps Foncer et se sentir reconnue (du 5.3 au 23.4 et du 12 au 20.6). Se libérer sexuellement (du 1er au 23.4 et du 10.5 au 2.6). Été Exprimer sa singularité (du 13 au 28.7). Oser le romantisme (du 1er au 28.7).

Automne Profiter d’un élan dynamique pour s’affirmer (du 1er au 30.10). S’épanouir, se sentir libre avec l’autre (du 15.10 au 10.11).

Automne Concrétiser un projet (du 9 au 30.10 et du 10 au 25.12). Construire l’avenir (du 20.9 au 18.10).

Taureau

Cancer

TOUR D’HORIZON

En 2021, se réinventer est une réalité accessible et jubilatoire. En donnant un cadre aux besoins de renouveau soufflés par Uranus, Saturne va vous aider à faire les bons choix et à les concrétiser. Place à l’action. Mars va vous aider à transformer les obstacles en tremplins et faire décoller vos projets, tant en privé qu’au travail. Au printemps, l’amour sera synonyme d’excitation et de liberté. Tout vous semblera plus neuf, intense et surprenant, avec peut-être un gros coup de cœur à la clé. À partir de l’été, des rencontres et des opportunités inattendues seront l’occasion de faire un tri dans vos priorités. Sentiments, aspirations, ambitions : vos vrais désirs vont se révéler et donner un nouvel élan à votre vie.

Par Carole Vaillant Illustrations Haljat Horvat

LES MOMENTS CLÉS

Été Prendre des risques et réussir (du 1er au 29.7). Se laisser séduire, réinventer l’amour (du 1er au 22.7 et du 3 au 10.9).

22 AVRIL – 21 MAI

Et si tout n’était qu’une question de point de vue ? Cette année, sus à la morosité ! Notre grand horoscope fait le choix de l’optimisme en vous proposant une lecture du ciel résolument positive qui laisse toute la place aux potentialités, au plaisir et au bonheur. On y croit !

22 MAI – 21 JUIN

Fini la grisaille ! Cette année, Jupiter et Saturne vous ouvrent une fenêtre sur l’avenir. Une situation ou des projets vont se débloquer et mettre fin à des tensions. Boosteur d’énergie, le printemps sera ludique, plein de jolies rencontres et de succès doux pour l’ego. L’été sera inspiré et créatif, en mode éveil des sens ou revival amoureux. Les enjeux de l’automne vont réveiller votre esprit de conquête et vous offrir l’occasion de prouver que rien n’arrête un Bélier.

Hiver Relâcher la pression, profiter de soutiens inattendus (jusqu’au 15.2). S’ouvrir à de nouvelles options amoureuses (du 4 au 18.2).

Horoscope feel good

Gémeaux

LES MOMENTS CLÉS

Hiver Amorcer, passer à l’action (jusqu’au 4.3). Affirmer son potentiel érotique, oser la nouveauté (du 1er au 19.3).

22 JUIN – 22 JUILLET TOUR D’HORIZON

Après vous avoir mis du plomb dans la tête et parfois un boulet aux pieds, Saturne se désintéresse de votre cas. Résultat : un point de vue dégagé sur l’avenir, comme si l’on abattait le mur qui vous bouchait l’horizon. Le début de l’année va voir s’amorcer une période plus apaisée, plus légère, surtout sur le plan affectif et relationnel ; en prélude à un printemps au parfum de liberté, avec des émotions inédites, des rencontres un peu folles et des projets qui seront comme une bouffée d’oxygène, côté cœur mais aussi au travail. Des espoirs ébauchés fin 2020 vont se confirmer à partir de l’été. La rentrée s’annonce active et ambitieuse, surtout à partir d’octobre. Ce sera le bon moment pour faire preuve d’audace et imposer vos choix. LES MOMENTS CLÉS

Hiver Évacuer les tensions, s’ouvrir à de nouvelles options (jusqu’au 19.2). Faire des projets à deux, voyager (du 1er au 19.3).

Printemps Tester de nouvelles options (du 20.3 au 15.4). Vibrer intensément, tomber amoureuse (du 15.4 au 9.5).

Printemps Casser ses propres codes, expérimenter (du 10 au 25.4). Croire à l’amour fou, s’affranchir de ses limites (du 20.4 au 3.5 et du 3 au 21.6).

Été S’inspirer de ses rencontres, saisir sa chance (du 25.6 au 10.7 et du 14 au 26.8). Amorcer une belle histoire (du 23.7 au 16.8).

Été Concrétiser ses espoirs, défendre ses idées (du 1er.7 au 25.8). Assumer ses désirs, multiplier les orgasmes (du 3.8 au 15.9).

Automne Trouver sa voie et sa voix, construire le changement (du 18.9 au 20.10). Libérer ses émotions, fusionner à la folie (du 15.9 au 8.12).

Automne Faire les bons choix, croire en son potentiel (du 1er au 27.11). Retrouver l’envie de séduire, oser la passion (du 19.9 au 6.10).


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ASTRO

Lion

23 JUILLET – 23 AOÛT

Balance

24 SEPTEMBRE – 23 OCTOBRE

Sagittaire

23 NOVEMBRE – 21 DÉCEMBRE

Verseau

21 JANVIER – 18 FÉVRIER

TOUR D’HORIZON

TOUR D’HORIZON

TOUR D’HORIZON

TOUR D’HORIZON

Cap sur le monde d’après : Saturne va vous aider à prendre conscience de ce qui vous empêche d’avancer et Jupiter, vous ouvrir à de nouveaux possibles. Objectif : en finir avec les vieux dossiers pour construire une vie qui vous ressemble. Zoom sur l’ambition au début de l’année avec des rencontres et des opportunités d’évolution. Puis cap sur un printemps-été libérateur qui pourrait stimuler vos amours et projets, surtout dès juin. Le dernier trimestre va apporter des réponses à des envies de longue date.

Jupiter est désormais votre meilleur ami et Saturne devient un soutien. Tout est possible, mais surtout faisable ! Priorité à l’amour et à l’expression de soi. En février, Vénus vous rappellera qu’aimer est un moteur puissant et un vrai projet à construire à deux. Le printemps sera émaillé de rencontres fortes, qui encourageront à révéler de nouvelles facettes de vous. Misez sur un été valorisant pour regonfler votre « self-esteem » et faire place à un automne gagnant qui vous fera bouger les choses, tant en privé qu’au travail, avec des opportunités de vous affirmer et de concrétiser des envies.

Année en mouvement, éclectique et sociable, 2021 vous parlera d’échanges, de brassage d’idées et d’ouverture au monde. Jupiter élargira votre manière de penser, vous offrira des options cool et facilitera vos relations avec votre entourage. Au travail, avec un début d’année productif, et côté cœur, avec un printemps dédié aux rencontres, au dialogue amoureux et au plaisir. Des affinités vont s’épanouir durant l’été, où il fera bon se projeter à deux, et l’automne pourrait vous donner les moyens d’affirmer des envies de longue date, via une formation, un voyage ou des opportunités d’évolution. En octobre, Vénus fera mieux décoller vos amours.

2021 sera Verseau ou ne sera pas. Jupiter et Saturne s’ancrent dans votre signe. Alliant optimisme et réalisme, enthousiasme et esprit sélectif, ce duo va nourrir votre force intérieure, vous aider à concrétiser vos espoirs et à affirmer votre identité. Électrique et surprenant, le premier trimestre sera le bon moment pour initier des changements, avec un bonus love en février. Comptez sur un printemps dynamique pour faire redémarrer vos projets. L’été vous insufflera une énergie toute neuve. Amour, carrière, objectifs perso : il sera question de rencontres, de challenges, qui vont ouvrir la voie à un automne punchy, avec de beaux succès en octobre.

LES MOMENTS CLÉS

Hiver Afficher son ambition (du 12-2 au 1er.3). Faire un tri dans ses relations (du 1er au 25.2). Printemps Libérer sa créativité (du 1er au 20.4 et du 12 au 20.6). Passer en mode conquête, aimer sans entraves (du 1er au 15.4 et du 15.5 au 2.6). Été Prendre les choses en mains (du 15.6 au 29.7). Se gaver de succès (du 28.6 au 22.7). Automne Relever des défis (du 9 au 30.10 et du 1er au 10.12). Vivre la passion (du 27.9 au 2.11).

Vierge

24 AOÛT – 23 SEPTEMBRE

LES MOMENTS CLÉS

Hiver Défendre ses idées (jusqu’au 15.2). Profiter d’un climat love magique (du 2 au 25.2). Printemps Profiter de la dynamique du groupe (du 20.3 au 23.4). Être réveillée par une rencontre (du 1er au 12.4 et du 22.5 au 1er.6). Été Croire en soi (du 20.6 au 29.7). Rayonner, assumer ses envies de séduire (du 17.8 au 10.9). Automne Être à la tête d’un projet (du 16.9 au 30.10). Concrétiser vos desseins amoureux (du 8.11 au 13.12).

Scorpion

24 OCTOBRE – 22 NOVEMBRE

LES MOMENTS CLÉS

LES MOMENTS CLÉS

Hiver Valoriser son point de vue (du 15.2 au 8.3). Se découvrir des affinités avec quelqu’un (du 1er au 20.2 et mi-mars).

Hiver Penser à long terme (jusqu’au 1er.3). Se griser d’amour et de projets (du 2 au 25.2).

Printemps Sortir de sa zone de confort avec succès (du 1er au 23.4). Tomber amoureuse, se sentir désirée (du 1er au 15.4 et du 20.5 au 2.6).

Printemps Débloquer une situation (du 15.3 au 23.4). Démarrer une belle histoire (du 1er au 12.4 et du 10.5 au 2.6).

Été Affirmer son identité, convaincre (du 1er au 28.7). Être en phase avec l’autre, faire des projets (du 1er au 22.07 et du 3 au 10.9).

Été Innover (du 24.6 au 13.7). Être stimulée par le regard de l’autre (du 1er au 22.7 et du 3 au 10.9).

Automne Miser sur le soutien et l’énergie du collectif (du 1er au 30.10).

Automne S’investir dans un projet collectif (du 1er au 30.10). Concrétiser un projet à deux (du 20.9 au 5.10 et du 11.10 au 2.11).

Capricorne

Poissons

22 DÉCEMBRE – 20 JANVIER

19 FÉVRIER – 20 MARS

TOUR D’HORIZON

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TOUR D’HORIZON

Pourquoi rêver d’ailleurs et d’autre chose quand on a tout sous la main ? Cette année, le ciel, Jupiter en tête, vous propose de porter un regard enthousiaste sur votre vie et des options pour améliorer votre quotidien. Dès le premier trimestre, cela va se traduire par un vrai mieux au travail, des projets valorisants, plus de liberté d’action et d’expression. Troublant et romantique, le printemps vous offrira quelques moments de grâce. Il sera question d’amour, de rencontres, de plaisir, mais aussi d’envies à construire à deux et pour longtemps. L’été va vous insuffler un nouvel élan et vous offrir des opportunités d’action, qui ouvriront la voie à un automne percutant, où des désirs qui vous semblaient hors d’atteinte vont s’avérer réalisables.

Tri sélectif, ouverture et renouveau sont les mots-clés de 2021. Avec Saturne, vous vous poserez les bonnes questions et privilégierez l’essentiel : Jupiter vous ouvrira à de nouveaux possibles et Uranus vous offrira les moyens de faire peau neuve. Au premier trimestre, amour et adrénaline seront vos moteurs avec l’idée de rencontre comme un défi, des émotions folles et addictives. La chance sera avec vous au printemps et en été ; ouvertures, opportunités et mains tendues vont concrétiser certaines envies et ambitions. Un automne à fort potentiel fera de vous la fille à suivre. En privé, dans vos projets, vous vous affranchirez de vos limites, révélerez le meilleur et donnerez à votre avenir un essor fulgurant.

De l’air, enfin ! Après deux ans de resserrage de vis, Saturne vous lâche enfin la bride. Résultat : un vrai effet déconfinement, comme un permis à la légèreté et l’insouciance. Le premier trimestre va dissiper pas mal de tensions, au travail et dans la sphère privée. Entre désirs neufs, émois torrides et romantisme échevelé, un printemps fureur de vivre va vous réveiller, donner du sens aux efforts et combats que vous avez menés. À partir de l’été et à l’automne, beaucoup de choses vont se mettre en place et vos idées, vos projets, vos ambitions vont trouver une légitimité. Et si vous avez encore faim d’amour, de frissons et de succès, Vénus vous promet une fin d’année d’anthologie.

Atypique et inspirée, 2021 vous propose une approche sur mesure : plus sensible, moins formatée et ouverte sur le monde. Votre sensibilité et votre originalité seront une force, et vont vous aider à faire des choix osés au bon moment et à connecter vos rêves à la réalité. Idées de génie, force de persuasion et émois en début d’année, puis cap sur un printemps et un été créateurs d’opportunités, menés par un Jupiter au sommet de sa forme. Au menu : clairvoyance, coups de chance et charisme en surdose. Vos projets et votre confiance en vous vont décoller, et à partir de juin, l’amour sera le sujet central, à explorer avec bonheur jusqu’en fin d’année. Duo confirmé ou nouvelle histoire ? Ça va compter pour longtemps.

LES MOMENTS CLÉS

LES MOMENTS CLÉS

LES MOMENTS CLÉS

Hiver S’épanouir dans son travail, valoriser ses compétences (jusqu’au 2.3). Se laisser émouvoir par une rencontre (du 25.2 au 19.3).

Hiver Cibler ses objectifs, canaliser sa combativité (jusqu’au 4.2). Vibrer intensément, expérimenter (jusqu’au 12.2).

Hiver Valoriser sa créativité, imposer son style (du 10.2 au 4.3). Booster sa vie amoureuse (jusqu’au 1er.2 et du 15 au 21.3).

Printemps Trouver des soutiens, démarrer un projet (du 1er.5 au 10.6). Frissonner, chavirer, se sentir plus forts à deux (du 30.4 au 21.6).

Printemps Communiquer, débloquer une situation (du 9.4 au 11.6). Se libérer, croire au coup de foudre (du 17.4 au 6.5).

Printemps Être efficace, se battre et gagner (du 10.3 au 4.4 et du 15.5 au 10.6). Vibrer à 100 à l’heure, s’enflammer (du 18.4 au 8.5).

Été Agir, prendre le pouvoir (du 30.7 au 15.9). Croire en soi, se sentir aimée et désirée (du 23.7 au 16.8).

Été Saisir sa chance, s’ouvrir à d’autres options (du 20.4 au 20.7). Construire, officialiser une relation (du 3.7 au 25.8).

Été Oser des paris gagnants (du 10.8 au 15.9). Explorer ses désirs, se rapprocher de quelqu’un (du 1er au 22.7 et du 25.7 au 15.8).

Automne Donner vie à ses espoirs (du 9 au 30.10 et du 1er.11 au 10.12). Écrire un nouveau chapitre amoureux (du 6.11 au 31.12).

Automne Montrer sa force, entreprendre avec succès (du 31.10 au 13.12). Croire en son pouvoir, être en phase avec l’autre (du 11.09 au 7.10 et du 6.11 au 10.12).

Automne Gravir les échelons, trouver des soutiens (du 22.9 au 30.10 et du 2 au 11.12). Se laisser emporter par la passion (du 10 au 30.10 et du 6.11 au 31.12).

LES MOMENTS CLÉS

Hiver Défendre ses idées, faire bouger les mentalités (jusqu’au 1er.3). Sublimer l’amour, vibrer comme au cinéma (du 26.2 au 21.3). Printemps Affirmer sa singularité, suivre son instinct (du 25.4 au 10.6). Goûter au plaisir, aimer follement (du 25.4 au 5.5 et du 3 au 21.6). Été Relever des défis motivants (du 15.8 au 10.9). Se sentir bien dans sa vie, faire une rencontre (du 1er au 22.7 et du 5 au 16.8). Automne Oser des choix audacieux (du 15 au 30.8 et du 10.10 au 5.11). Fusionner avec l’autre (du 18.9 au 5.10 et du 15.11 au 5.12).


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TÉMOIGNAGES

Un couple peut en cacher un autre... Pour beaucoup, le couple est synonyme de mariage. Pourtant, il se décline à l’infini : amour libre, cohabitation légale, concubinage, fratrie, amitié infaillible, lien exclusif... Les duos sont le propre de la quête de toute vie humaine. Parce que l’être humain est originellement incomplet. Démonstration. Par Aurélia Dejond

FAIRE DEUX

Si l’institution mariage est en crise, nous sommes donc en passe de réinventer la vie à deux, graal d’épanouissement et d’équilibre pour beaucoup d’entre nous… mais pas évidente à construire. Sur 100 Belges âgés de 40 à 70 ans, 5 n’ont encore jamais eu de relation stable, rappellent les derniers chiffres Stabel, l’office belge de statistiques. Or, faire deux serait la clé de l’affirmation de soi, de l’épanouissement personnel et du dépassement de soi. Allégés des diktats sociétaux et familiaux, libérés des stéréotypes hétéro-normés, les milléniaux ont définitivement désassocié mariage et couple : en vingt ans, les officialisations d’union dans leur catégorie d’âge ont diminué de moitié. S’ils décident généralement de vivre ensemble pendant un certain temps, ils ne se passent pas la bague au doigt pour autant : seuls 45 % des 35 ans sont mariés, contre… 70 % en 1997(2) ! « Aujourd’hui, le mariage a souvent un tout autre sens et s’affranchit de tous les codes qui ont eu tendance à faire l’impasse sur l’amour véritable, on ne se marie plus forcément par obligation, mais… par amour ! », sourit Patrick Traube. Et de préciser que si on ne dispose pas de statistiques officielles concernant les Belges qui vivent à deux, en dehors de toute relation amoureuse, le « nous » vaut couple.

« Faire couple, c’est (ré)apprendre le goût de l’engagement. » VIKI ET MARION, 30 ET 31 ANS MARIÉES DEPUIS QUATRE ANS, BRUXELLES

BESOIN DE MIROIR

Vivre en tandem, même non amoureux, serait donc le style dominant dans la quête humaine. « À notre époque, nous refusons le couple béquille ou le couple antidote à la solitude. Nous avons d’autres attentes, d’autres espoirs, d’autres exigences, donc d’autres difficultés prévisibles qui sont autant de défis », constate le psychologue. Si conjuguer au “nous” reste prioritaire et un besoin pour beaucoup, l’exigence a énormément évolué : pas question de faire alliance à n’importe quel prix. Certains préféreront un

CÉDRIC DEMMEESTER.

Dans l’imaginaire collectif, la notion de couple renvoie souvent aux sentiments amoureux. Pourtant, si le concept réunit automatiquement deux personnes, rien dans le lien n’indique initialement une relation sentimentale. Dans son très éclairant ouvrage consacré au thème(1), Jean-Claude Bologne retrace pour la première fois l’histoire du couple, de l’Antiquité à nos jours. « D’abord multiples, les unions se sont progressivement cristallisées autour de la notion d’amour héritée d’une conception chrétienne et exclusive du couple », y rappelle notamment le spécialiste. Si l’on confond souvent couple et mariage, le philologue belge précise que si le second est en péril, le premier n’a jamais eu autant la cote. Constat identique pour le psychologue et psychothérapeute montois Patrick Traube. « C’est le concept du couple dans sa définition classique, entendez un homme et une femme qui s’unissent officiellement, voire aussi à l’Église, qui a explosé en Occident, mais la notion de couple au sens de “ faire deux ”, elle, est loin d’être déclinante! Au contraire, le concept n’a jamais connu autant d’intérêt qu’aujourd’hui, il est soumis à question, alors qu’il était figé dans une sorte d’acception évidente et triviale, il est l’objet de redéfinitions et d’élargissements de ses modalités. Fonder un tandem avec sa meilleure amie, être en couple sans vivre ensemble, faire alliance avec une personne du même sexe ou vivre en fratrie de deux… il n’existe plus de couple type, il est devenu une possibilité de réalités sociales », constate le spécialiste, qui rappelle d’emblée que l’être humain, être sociable, n’est pas fait pour vivre seul. « Seuls, nous sommes incomplets, tout simplement. D’où notre besoin viscéral de “ reliance ”, ce besoin impérieux et non négociable de l’autre. Le destin de chaque individu est une quête relationnelle incessante, censée colmater la faille: nous ne nous autosuffisons pas ! »

« Quand j’ai demandé la main de Marion, ses parents venaient de divorcer, j’avais très peur qu’elle refuse, d’autant que pour moi, c’était synonyme d’engagement ultime et de vraie preuve d’amour », explique Viki. À 30 ans, la comédienne se décrit en souriant, comme « un peu fleur bleue et plutôt romantique ». Pour Marion, il aura fallu six mois de réflexion avant de franchir le pas. « Cela a été l’occasion d’une réelle introspection quant à ma propre existence. Je ne me suis pas mariée pour me marier, mais pour Viki, m’engager avec elle m’est en effet apparu comme une évidence. » Une façon aussi pour les jeunes femmes d’être reconnues comme couple homosexuel. « Notre union a rendu notre histoire légitime. Nous avons la chance de vivre à une époque où le mariage peut être un vrai choix, hors conventions, codes et normes. Notre génération a besoin de se réapproprier de l’authenticité, alors que l’amour est devenu un produit de consommation comme un autre. Se marier traduit aussi l’envie d’être acteur de sa vie. Faire couple, c’est grandir et (ré)apprendre le goût de l’engagement. »


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TÉMOIGNAGES

RUBRIQUE

statut en solo assumé et revendiqué, d’autres choisiront une âme sœur essentielle à leur évolution. Le regard de l’autre reste primordial dans la construction de soi. On a tous ce besoin de miroir… Un regard sur notre identité, mêlé à un besoin de référence. Il n’est pas utile de former un couple amoureux pour créer ce lien profond, former une paire, quelle qu’elle soit, suffit. » C’est le cas de Clémentine et Gaspard (voir témoignages), sœur et frère, qui ont trouvé l’équilibre dans leur duo ou encore de Flora et Emma, 26 et 28 ans, meilleures amies depuis le bac à sable et alliées indéfectibles dans la quête d’une vie harmonieuse et équilibrée. « Nous sommes deux êtres distincts, mais notre duo est une identité supplémentaire, forte et qui fait sens. Il y a Emma, moi, et notre relation, c’est comme si nous étions trois », explique Flora.

SECTION

RADIEUSE EN 2021

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PLUSIEURS FORMES D’AMOUR

Être libre ensemble serait donc l’objet de toutes les convoitises. Pas étonnant, selon la philosophe belge Pascale Seys, convaincue que le « trouple », contraction de « trois » et de « couple », donne du sens aux êtres de liens que nous sommes. « À deux, que l’on soit amoureux, une fratrie ou des amis, on construit quelque chose qui relie. Ce lien est une identité à part entière, quel que soit le tandem. Réduire les couples aux amants serait une erreur. N’oublions pas que les Grecs anciens avaient trois façons de définir l’amour: eros, philia et agapè. On peut être dans une relation non régie par l’eros. Le mot agapè signifie notamment accueillir avec amitié, traiter amicalement, la philia, c’est l’amour désintéressé qui prend soin de l’homme, de l’autre, de l’ami. Il existe autant de façons d’être en lien que de couples possibles. Ce qui fait sens est dans ce lien qui correspond à une quête et qui, alors que l’on pourrait penser qu’il entrave ou emprisonne, nous rend libres ! », explique la spécialiste. Couple rêvé ou couple de rêve: l’autre, s’il semble parfois accessoire, nous est essentiel : les deux font définitivement la paire.

« Être deux donne un tout autre sens à la vie. » CATHERINE ET FRANCIS, 52 ET 49 ANS EN COUPLE DEPUIS VINGT-HUIT ANS, RHODE-SAINT-GENÈSE

« Lorsque j’ai rencontré Francis, je sortais d’une relation de six ans dont la rupture a beaucoup impacté ma vision du couple... Le stéréotype ambiant de la princesse qui allait se marier en a pris un coup, j’ai préféré arrêter de rêver », sourit Catherine, RP dans une banque et convaincue de l’importance de faire couple dans une vie. « Une histoire d’amour, c’est avant tout être deux. Catherine et moi avons toujours dissocié le couple de la famille. Nous avons deux enfants de 20 et 23 ans que nous adorons, mais ils ne sont pas prioritaires: notre duo passe avant tout. Ne pas s’oublier est une des clés d’un lien qui dure, socle de notre existence depuis 28 ans », explique Francis, chef de cuisine. « Vivre à deux a été une évidence et nécessaire à la construction du “ nous ”, c’est une étape incontournable pour bâtir une identité commune. Être deux permet d’être encore plus soi-même et donne un tout autre sens à la vie. Pour nous, le couple est le symbole ultime de l’amour, bien plus que le mariage. Nous ne nous sommes d’ailleurs pas passé la bague au doigt : notre lien et notre famille sont la plus belle preuve de notre amour. »

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1. Histoire du couple, Jean-Claude Bologne, éd. Perrin. 2. Source: Notabene, le magazine de notaire.be

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« Mon frère et moi sommes convaincus de l’importance d’être deux. Vivre en couple n’est pas uniquement réservé aux amoureux : on peut parfaitement trouver l’équilibre dans un duo amical ou fraternel. Pour Gaspard et moi, c’est flagrant : on s’entend à merveille, on s’équilibre, on se rend heureux. Notre duo nous permet d’exister chacun et d’être réellement nous-mêmes. Tant pis pour les normes sociétales ou familiales : Gaspard et moi avons besoin d’être deux pour nous sentir entiers. J’aurais pu m’installer avec mon petit ami, avec qui je suis restée trois ans, mais notre lien n’avait pas cette puissance. Vivre avec Gaspard, c’est être reliée à lui. Ma génération a le luxe d’avoir le choix de casser tous les stéréotypes. Si construire un tandem permet de se réaliser, stop au diktat du seul couple amoureux comme modèle de vie à deux ! Notre cohabitation ne fait pas l’unanimité, certains la qualifient d’immature, d’autres la jugent malsaine ou la preuve d’un égocentrisme forcené. Choisir son autre est pourtant le sésame à une existence qui fait sens... »

SHUTTERSTOCK. PHOTO PERSONNELLE.

CLÉMENTINE ET GASPARD, 28 ET 32 ANS EN COLOCATION DEPUIS DEUX ANS, NAMUR

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TENDANCES

SLOW, LE NOUVEAU CRÉDO

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1. Les fabricants de

2020 est derrière nous et franchement, on a hâte de lui tourner définitivement le dos. Au terme d’une année passée en mode pause, une question nous brûle les lèvres : après la campagne de vaccination de ce printemps, allons-nous vivre des « années folles », susceptibles de nous faire oublier l’horreur Covid-19 ?

Impossible d’anticiper l’avenir sans jeter un œil dans le rétroviseur. Certains ont écrit que les contacts humains deviendraient le nouveau luxe. À vérifier ! Et que les vacances de proximité allaient remplacer les croisières en mers lointaines. À confirmer aussi. Nous n’avions pas anticipé la Covid-19, c’est vrai, mais les graines de ce qui s’est passé dans nos vies étaient déjà clairement semées. « Nous étions tous un peu inconscients à la fin de l’année 2019, se souvient Elspeth Jenkins, journaliste mode. Tester une voiture électrique à Miami, faire des allers-retours Bruxelles-Londres la semaine suivante pour le lancement d’un nouveau parfum, passer des heures dans les embouteillages pour se rendre au travail… Cette vie trépidante ne pouvait certainement pas se poursuivre indéfiniment. Pourtant, personne ne savait comment changer la donne. Jusqu’à ce 18 mars 2020. Le jour où le premier confinement nous a définitivement privés de notre liberté. » TRAITEMENT DE CHOC

Elspeth Jenkins n’utilise pas le mot « désastreux » pour désigner ce qui est arrivé à l’industrie de la mode en 2020. « Un traitement de choc » semble être plus approprié. En raison de la crise, de nombreuses marques n’ont pas pu proposer de nouvelles collections. D’autres ont simplement réduit le nombre de lancements. De février à juillet, l’Italie - plaque tournante de l’industrie de la mode

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- a été l’épicentre de la crise. Résultat : une saison complètement sacrifiée. Les magasins ont freiné leurs achats et des faillites ont été constatées. Les jeunes créatifs ont pris les devants et les marques de milieu de gamme ont été touchées de plein fouet. Les grandes maisons comme Vuitton ou Gucci, tout en haut de la pyramide du luxe, semblent l’avoir été beaucoup moins. Finalement, on a produit moins, on a commandé moins et on a acheté moins. En raison de la fermeture des magasins, les boutiques se sont retrouvées avec une foule d’invendus à la fin de la saison printemps-été. Impossible, dans ces conditions, de trouver de la place pour caser la saison hiver sur les portants. Tout le secteur a enregistré des retards et des décalages sans précédents. Et puis, il y a eu la deuxième vague à l’automne. Nous avons célébré les fêtes de fin d’année dans notre bulle, sans vraiment ressentir le besoin et l’envie d’investir dans des vêtements de fête. Notre nouveau crédo : un Noël cosy dans des vêtement bien chauds. D’autres secteurs liés à l’art de vivre ont eu, eux aussi, du mal à gérer la crise. Les ventes de produits de beauté - en particulier le rouge à lèvres - ont, sans mauvais jeu de mot, plongé dans le rouge. Les produits de soin (tels que les masques, gommages et crèmes) ont forcément beaucoup mieux fonctionné. L’hôtellerie et les petits commerçants indépendants ont également subi de graves préjudices. Exception à la règle : le secteur de la déco

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CHAPLINS FURNITURE. GRÉGOIRE VIEILLE. IMAXTREE. PRESSE.

Par Caroline Bafort

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d’intérieur. Vincent Meurisse, directeur de l’agence design Collective confirme : « Lors du premier confinement, notre chiffre d’affaires a chuté de 10 % par rapport à son niveau normal, mais à partir du mois de mai, on a connu une razzia sur le mobilier. Les gens ont compris qu’ils allaient passer l’été dans leur jardin. Ils ont donc investi massivement dans des ensembles d’extérieur, du matériel pour le barbecue et aussi des piscines. Le secteur retail n’a donc pas du tout souffert de la crise. » Cette constatation ne concerne toutefois que le commerce de détail en Belgique, pas les projets d’aménagement. Notons aussi que d’autres pays n’ont pas eu cette chance. 2021 SERA DURABLE…

2021 sera-t-elle une année désastreuse ? Pas du tout. Le retard pris en 2020 et notre obligation de ralentir la cadence a incité de nombreux secteurs à réfléchir. Et les consommateurs aussi. Par exemple, au sujet du rôle dévastateur de la production de masse dans la pollution de la planète. « La mode était devenue une gigantesque machine, juste bonne à lancer des tendances éphémères et jetables. Poussés par la culture Instagram, les consommateurs essayaient de suivre chaque nouveauté, chaque capsule, chaque collaboration », explique Herman Konings, psychologue et directeur de Pocket Marketing/NXT. « Cela a généré d’énormes revenus, mais au détriment des ressources

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meubles et les magasins ont fait des affaires en or en 2020. Telar Lounge Chair de Paola Lenti. 2. Pas de spectacle de croisière dans un lieu exotique pour Gucci, mais un lookbook numérique pour réduire les coûts. 3. Sneakers : les chaussures du confinement. Le design de Virgil Abloh pour Vuitton. 4. Jacquemus a présenté sa collection printemps-été lors d’un défilé dans un champ de céréales près de Paris. 5. Le secteur de la beauté est en plein essor. La marque belge Ray a été lancée pendant le confinement. 6. Le secteur du luxe, avec une production sur-mesure, trouvera toujours un marché.

naturelles de la planète. Le problème n’était pas seulement lié à la production. Songez aussi à l’emballage et au transport. Après chaque saison, les marques se retrouvaient avec un stock énorme d’invendus qui devaient le plus souvent être détruit. Sur le plan écologique, cette mondialisation chaotique était complètement irresponsable. » Un passage massif vers la mode circulaire, la réponse la plus évidente à ce problème environnemental majeur, était une priorité en 2019. Cela s’est confirmé en 2020. En 2021, on considère que ce mode de fonctionnement pourrait devenir la norme. Si les entreprises se demandaient encore comment elles pourraient produire de manière plus durable, la crise les a mises devant le fait accompli. Elles n’avaient pas le choix. En plus de la baisse du nombre de collections, les marques ont dû faire face aux nouvelles attentes de consommateurs privés de tout et incapables de se déplacer. Pour eux, le côté pratique et la durabilité des objets sont plus importants que tout le reste. Elspeth Jenkins : « Tout le monde reste très prudent. Pour le moment, nous sommes bien sûr toujours dans l’œil du cyclone, mais j’espère que cette crise sera porteuse d‘améliorations notables. La dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’un retour à l’hystérie collective liée à la consommation de masse. Cela détruirait tous les efforts consentis ces dernières années. » Selon Vincent Meurisse, le secteur du design est lui aussi concerné par cette quête de durabilité.


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6 1. Le fabricant de meubles Extremis a conçu un

Jusqu’en 2020, les fabricants étaient pris au piège de la surproduction. Lors des salons annuels, chaque marque devait présenter entre dix et quinze nouveautés. « Il y avait trop d’innovations qui n’en valaient pas la peine, précise-t-il. Et personne ne remettait cela en question. Jusqu’à ce que la Covid-19 vienne stopper cette frénésie d’achats. » 2021 SERA RÉFLÉCHI

« La crise nous a obligés à appuyer sur pause et à réfléchir collectivement à ce que nous faisions, ajoute Herman Konings. Nous avons moins d’occasions de montrer nos achats à nos amis, nous avons commencé à faire le tri, à nettoyer, à vendre des vêtements non portés via Vinted ou Zalando. De plus en plus de personnes étaient déjà impliquées dans l’ « up-cycling » et le principe de durabilité, mais cette pandémie a contribué à accélérer un processus qui, dans un autre contexte, aurait mis des années à s’imposer. Cette prise de conscience, on la perçoit aussi chez les producteurs. » « Au cours de l’année 2020, les entreprises ont commencé à remettre en question leur modèle de production, explique Vincent Meurisse. Elles se sont posé des questions pertinentes. À quoi sert une nouvelle chaise ? Pourquoi voulons-nous la commercialiser ? Des questions qu’elles n’avaient pas soulevées depuis des années. Ces quinze nouveautés par an étaient un automatisme. Tout le monde était conscient que nous allions droit dans le mur, mais personne ne faisait rien. Maintenant, ceux qui sont prêts à opérer un vrai changement peuvent le faire rapidement. » Nous nous dirigeons vers un nouveau modèle d’entreprise : le « meaningful business », un modèle économique qui a vraiment du sens. À titre d’exemple, Vincent Meurisse cite le fabricant de meubles de jardin Extremis by Dirk Weynants, champion belge toutes catégories du développement

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durable, qui produit des meubles selon un modèle circulaire. Toutes les pièces usagées peuvent être remplacées. Ce modèle circulaire fait donc également son chemin dans le secteur du design. On le note très clairement du côté des projets d’aménagement. Mélanger l’ancien et le nouveau n’est plus tabou. Aujourd’hui, on peut également louer des meubles. Cela permet aux entreprises et aux gouvernements d’économiser des coûts d’achat importants et de garantir que les fournisseurs utilisent leurs produits avec parcimonie. Le nouveau modèle commercial est donc durable, réfléchi, créatif et rapide, mais incompatible avec le concept de salons, coûteux et chronophage. Vincent Meurisse : « Les événements à petite échelle et ciblés sont tellement plus efficaces. Par exemple, pour l’été 2021, nous troquerons les foires traditionnelles contre un événement dédié aux clients que nous organiserons dans l’église norvégienne des marins à Anvers. » Elspeth Jenkins est tout aussi optimiste concernant la mode. « Le concept de recyclage qui consiste à apporter des chaussures ou des vêtements anciens en boutique et de recevoir, en échange, un bon de réduction, est de plus en plus apprécié, tant par les marques que par les clients. De plus en plus de créateurs abandonnent également le principe de production de masse pour se recentrer sur le sur-mesure ou la production de pièces uniques. » « Prenez Maison Élise à Bruxelles, le fantastique projet d’une ex-étudiante de La Cambre reconvertie dans la mode éthique après un passage par des maisons de luxe ou encore Antilope Lab, un atelier de couture liégeois qui propose des créations contemporaines en wax en mini-séries ou à la demande, ajoute Marie Honnay, journaliste mode. À cette liste, on peut ajouter Dries Van Noten. Dans son nouveau concept store de L.A., le Belge a créé “ Archives Rooms ”, un lieu

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qui rassemble des collections existantes pour hommes et femmes dont les plus anciennes remontent aux années 90. » 2021 SERA LOCAL

IMAXTREE. PRESSE.

canapé d’extérieur pour toutes les conditions météo avec Walrus. 2. Vêtements de détente élégants pour le confinement. En photo: la collection FW20/21 de Helder Antwerp. 3. Encore mieux, plus beau et plus durable, c’est la nouvelle devise de van Dries Van Noten.

#Shoplocal est l’un des hashtags les plus utilisés en 2020. Elspeth Jenkins : « De nombreux influenceurs ont fait de leur mieux pour mettre en lumière les magasins locaux. C’est une bonne chose. Beaucoup de consommateurs ont en effet envie de se tourner vers le local, mais sans trop savoir où faire leurs achats. C’était non seulement pratique, mais aussi le moteur d’un grand élan de solidarité. Quand vous commandiez vos vêtements en ligne, vous deviez les récupérer vous-même puisque la poste était saturée. Le local a parlé à beaucoup de gens. C’est très encourageant pour la suite. C’est aussi la preuve qu’il ne s’agit pas d’une tendance éphémère. À titre personnel, ce confinement m’a permis de faire de nombreuses découvertes. » Marie Honnay confirme : « Plus je m’intéresse aux concepts locaux, plus je découvre de petites pépites. Comme l’atelier de l’Ange d’Or à Liège, une boutique centrée sur les talents de la région. » Le tourisme local a, d’une certaine façon, bénéficié lui aussi de ce changement de mentalité. Selon l’ABTO (l’Association belge des organisateurs de voyages), le nombre de Belges partis en vacances dans leur propre pays a augmenté de 25 % durant l’été 2020. Les régions les plus populaires étaient les Ardennes, le Limbourg et la Campine. «Nous avions l’habitude de nous moquer des Belges qui ne sortaient pas des frontières pendant leurs vacances, ajoute Elspeth Jenkins. Pour être branché, il fallait partir loin. Ce n’est plus le cas. Depuis quelques mois, nous avons redécouvert notre propre pays. » Même son de cloche du côté de Marie Honnay qui a constaté un réel engouement pour les gîtes et les hôtels situés en pleine nature. « Prenez le Domaine des

4. Les vacances à proximité sont durables et apaisantes. Sur la photo : voyages de luxe en train Belmond British Pullman. 5. La découverte du Limbourg à vélo. 6. Blouse lilas de la collection durable ‘ Holiday

Collection ’ de la créatrice de mode limbourgeoise Tessa Borrenberghs.

Hautes-Fagnes à Ovifat, un hôtel idéal pour prendre un bol d’air dans l’une des plus belles régions de Belgique », précise-t-elle. Même si elle ne pense pas que le segment des voyages de luxe a souffert ou souffrira de la crise, Elspeth Jenkins estime que « le secteur du luxe, qu’il s’agisse de mode, d’ameublement ou de voyages, continuera à prospérer. Mais les séjours express en classe économique ne seront, j’en suis convaincue, bientôt plus qu’un lointain souvenir. » Quant à nos voyages, nos réflexes sont en effet en passe de changer de manière radicale. Durant l’été 2020, nous avons découvert que les vacances à proximité peuvent être amusantes et détendues. Soit dans notre propre pays, en France en voiture ou encore en train à travers l’Europe. CONSOMMATION 2.0

Durables, réfléchis et locaux : trois concepts du futur ? C’est l’avis d’Herman Konings. « Bien sûr, nous recommencerons à consommer. Mais, en même temps, une personne sur cinq accordera plus d’attention aux achats durables. Nous continuerons à acheter en ligne, mais nous retournerons également dans les magasins locaux pour retrouver le plaisir de rencontrer des gens, d’essayer des vêtements et de vivre une vraie expérience shopping. Et si le télétravail restera de mise, nous reprendrons le chemin du bureau pour voir nos collègues. Aujourd’hui, on peut dire qu’on a atteint la masse critique de consommateurs attentifs et conscientisés. » L’idée selon laquelle nous pourrions connaître un revival des années folles, semble donc infondée. Ou alors dans une version 2.0. Elspeth Jenkins : « Sur le plan humain, il est probable que cette année s’inspirera des années folles. Nous sortirons à nouveau, nous nous ferons beaux et nous nous embrasserons. Bref, nous chérirons tout ce qui nous a cruellement manqué. »


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MAGAZINE

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MOI LECTRICE

« “LA COMMUNAUTÉ NOTRE-DAME DES GARDES ACCUEILLE avec joie quiconque aspire à interrompre sa course quotidienne pour se poser et se reposer dans le silence et la prière. L’hôtellerie offre un cadre particulièrement favorable à ceux et celles qui ressentent le besoin de ‘faire le point’ sur leur vie.” Je suis devant l’écran de mon ordinateur, à la fois incrédule et soulagée d’avoir trouvé un endroit où aller. Hier soir, avec Christophe, ça a été la crise de trop. “La vérité, c’est qu’il y a une quantité incroyable de gouttes qui ne font pas déborder le vase”, disait Romain Gary dans une citation que j’ai lue récemment. Et c’est vrai que, depuis vingt ans que nous sommes mariés, j’ai souvent cru que nous étions arrivés au bout du chemin, que je ne supporterais plus ses coups de sang, ses brusques changements d’humeur, cette propension à me rabaisser constamment et puis finalement, j’ai chaque fois passé l’éponge en me convainquant que ça n’avait pas existé et qu’il fallait bien continuer. Et puis nos quatre enfants, cette jolie maison bourgeoise, ce grand jardin rassurant, n’est-ce pas ce que j’avais toujours voulu lorsque je l’ai épousé à l’âge où mes copines couraient encore les boîtes de nuit ?

MOI LECTRICE

“J’AI PASSÉ SEPT JOURS DE SILENCE DANS UNE ABBAYE” Après vingt ans de mariage et la crise de trop avec Christophe, Solange décide de s’extraire du monde quelques jours pour faire le point sur ce couple où elle étouffe et ses aspirations profondes. Cette retraite silencieuse dans une congrégation de moniales lui permettra-t-elle d’y voir clair ? Propos recueillis par Adèle Bréau Illustrations Joel Burden

MAIS JE SENS QUE JE SUIS À UNE CROISÉE DES CHEMINS, ce matin. Après avoir déposé le petit dernier à l’école, je ne suis pas retournée chez nous. J’ai roulé longtemps pour fuir ce microcosme où tout le monde nous connaît et admire notre “famille Ricoré”. En débarquant dans ce café perdu, j’ai une idée en tête. J’ai le nez dans le guidon, j’étouffe. J’ai souvent pensé à prendre de la distance pour y voir plus clair mais je n’ai nulle part où aller. Chez ma sœur, dont je suis proche ? Je doute que dormir sur son canapé au milieu de mes neveux et nièces soit la meilleure option pour faire le point. Pourtant, depuis quelques jours, je repense à cette abbaye dont nous a parlé mon père lors de notre dernier dîner familial, qui accueille selon lui quiconque en fait la demande. Les âmes blessées, les randonneurs et randonneuses, les ecclésiastiques de passage dans la région. Alors, pendant que les textos de Christophe, tantôt rageurs, tantôt suppliants, s’amoncellent sur l’écran de mon téléphone, je trouve le site de l’abbaye. En quelques clics, j’accède au formulaire de contact et envoie un mail comme une bouteille à la mer. Après tout, qu’est-ce que je risque ? Quelques minutes plus tard, j’ai une réponse de Sœur Marie Marguerite. Elle sera ravie de m’accueillir. Combien de temps est-ce que je souhaite séjourner parmi elles ? Je n’ose y croire, ça paraît si simple. Puis-je venir maintenant ? Pour une semaine ? L’affaire est entendue. Je devrai m’acquitter de 8 € par jour pour les repas et le gîte, et respecter le vœu de silence de la congrégation. Pour le reste, je suis libre de faire ce que je veux, d’assister ou non aux offices, d’aller et venir comme bon me semble. Le temps de jeter quelques affaires dans un sac, d’embrasser les enfants et de prévenir Christophe qui a à peine le temps de s’emporter, je saute dans ma voiture et, alors que les paysages défilent, je sens un calme nouveau m’envahir. J’ai mis mes proches au courant : j’éteindrai mon portable tout le long de ma retraite et ne l’allumerai qu’une fois par jour, pour vérifier que tout va bien. Je dois me mettre sur pause, m’extraire de l’obligation d’être sur tous les fronts pour pouvoir me concentrer sur l’essentiel. À courir partout, j’ai repoussé trop longtemps le moment de réfléchir à mes aspirations véritables. Je ne veux pas qu’il soit un jour trop tard.

Arrivée à l’abbaye, je suis accueillie par la sœur hôtelière, la seule qui puisse s’adresser aux voyageurs… en chuchotant. Tandis que nous cheminons vers ma chambre, la beauté des lieux me bouleverse. Il s’en dégage une plénitude que je n’ai pas ressentie depuis des années. Nous croisons des sœurs qui semblent irradier d’une même félicité, qui tranche tellement avec ce monde extérieur que je viens de quitter, où tout le monde râle, court, s’exaspère d’un rien, d’un mail sans réponse ou d’un bouchon à un carrefour. MA CHAMBRE EST SPARTIATE MAIS ELLE ME PLAÎT immédiatement. Un lit, une armoire, un fauteuil, un lavabo et une petite table meublent cette petite pièce où je prends naturellement mes marques. Quelques heures plus tard, pelotonnée sous les draps un peu rêches de mon refuge monacal, j’ai l’impression de remonter dans le temps. Comme lorsque j’étais petite et que je m’endormais chez ma grand-mère en entendant au loin les voix des adultes, je me sens protégée de tout, absolument. Le lendemain, je passe ma première journée de silence et étrangement, alors que je pensais m’ennuyer et que j’avais même prévu de travailler un peu, le temps passe sans que j’y prête attention. Si les sœurs se lèvent dès 3 h 55 pour le premier office et occupent leur journée de manière très réglée, je lâche pour ma part complètement prise. Sous les arbres de l’abbaye qui s’éveillent au printemps, je savoure mes lectures et me laisse aller à ce plaisir de contemplation que j’avais oublié. Au repas du soir, je partage ma table avec des voyageurs de passage et un prêtre très beau qui me donne un instant la sensation d’avoir atterri dans un téléfilm d’amour pour midinettes. J’étouffe un gloussement et reprends mes esprits. Au bout de la table, une femme au regard triste attire mon attention. Qui est-elle ? Fuit-elle comme moi une vie dont elle ne veut plus ? Une famille écrasante, un mari violent ? J’aimerais l’interroger mais je me retiens. Comme moi, elle est là pour s’extraire des sollicitations extérieures. Je me contente de lui sourire avec les yeux. LES JOURS PASSENT SANS QUE J’Y PRENNE GARDE. Petit à petit, je me love dans ce cocon doux où le bruit du monde s’est arrêté. Chaque soir, j’ai des nouvelles de ma famille. Tout se passe bien. Christophe a ralenti le rythme de ses sollicitations même s’il semble avoir le plus grand mépris pour mon “caprice de bonne femme”. Mes enfants me manquent. Lui, non. Le dernier soir, je me rends à l’office de 18 h. Emportée par la beauté des chants et la prestance des lieux, je pleure. Tout du long. Ce sont des larmes de tristesse mais aussi de joie et de soulagement. Car je l’ai compris. Je ne retournerai pas dans cette vie qui ne me convient plus. Je dois avancer, penser à moi, à tous ces rêves que je n’ai pas encore accomplis, trop occupée à réaliser ceux d’un autre ou d’une personne que je ne suis plus. Ce sera dur, je le sais. Il faudra trouver un appartement, expliquer la situation aux enfants, à nos familles qui croyaient tant à notre couple. Mais je suis sûre de moi, je ne regretterai rien car j’ai pris le temps de la réflexion. Et, alors que montent les voix si belles de ces femmes qui m’ont recueillie, je me fais la promesse de raconter mon histoire. Pour que celles qui, un jour, ont perdu leurs repères, sachent qu’il existe un endroit où elles pourront se reposer avant de repartir dans la vie de plus belle. »


EMPOWERMENT

MODE

BELGIQUE

REGARD SUR LE MONDE

IMPERTINENCE

DURABLE

Humour

STYLE

marieclaire.be THINK SMART, LOOK AMAZING

marieclaire.belgique

IMAXTREE. GETTYIMAGES. BOTTEGA VENETA. @EMRATA. @ANAJAPSON.

@marieclaire_belgique

Trench en coton et sac Louis Vuitton, sweat-shirt en cachemire N° 21. Casquette Études Studio.

STREET FIGHTHER

L’ÉNERGIE DE L’ATHLEISURE Ci-dessus, le

bon combo : trench XXL et sweat à capuche. Photo Lou Escobar.

MODE


FIGHTER

STREET

Sous les lumières néon de la ville, sneakers, parkas, sweat-shirts, joggings, brassières et coupe-vents composent une nouvelle allure de guerrière urbaine. Photos Lou Escobar Réalisation Anne-Sophie Thomas

À gauche

Trench en coton, pull en coton mélangé et sac à dos en cuir et nylon Prada, short en nylon Compagnie

de Californie. À droite

Trench en coton

Maison Kitsuné,

sweat-shirt en coton

Balenciaga chez De Bijenkorf, pantalon en coton Maison Kitsuné x Puma.

Casquette en coton

Phipps, sac en cuir Givenchy, baskets en cuir Balenciaga.

Sur toutes les photos

Collier en or Tiffany & Co., bague Burberry.


À gauche

Sweat-shirt en coton Supreme, pantalon en cuir Oakwood. Sac en cuir Givenchy, chaussettes en coton Adidas, baskets en cuir Nike sur sarenza.com. À droite

Trench en cuir Marni, sweat-shirt et jogging en coton Compagnie de Californie, blouson en nylon MSGM. Pochette en cuir Maison Margiela, chaussettes Falke,

baskets en cuir Balenciaga.


À gauche

Trench en coton et sac en toile enduite et cuir Louis Vuitton, sweat-shirt en cachemire N° 21, sweat-shirt en polyamide Ellesse, short en coton American Vintage.

Chaussettes en coton Falke, baskets en cuir

Nike sur sarenza.com. À droite

Sweat-shirt en coton Supreme. Collier Tiffany & Co., bague en métal Burberry.


À gauche

Manteau en polyester mélangé Sportmax, blouson en nylon Sweet Pants, T-shirt en coton Acne Studios, pantalon en coton mélangé Maison Kitsuné x Puma. Casquette Stray Rats,

lunettes en acétate

Paul & Joe Eyewear,

sac en cuir et baskets

Balenciaga. À droite

Trench en coton Max Mara, sweat-shirt en coton orange

Compagnie de Californie, sweat-shirt en coton American Vintage, pantalon en coton Stella McCartney. Ceinture en cuir Louis Vuitton, sac en nylon Supreme.


À gauche

Cape en coton enduit Aigle x Koché,

brassière en élasthanne Nike, pantalon en cuir Jil Sander. À droite

Trench, pantalon et T-shirt en coton Louis Vuitton,

sweat-shirt en coton Compagnie de Californie. Baskets en cuir Balenciaga.

Assistante stylisme Agathe Gire. Mannequin Meng/ Makers. Casting Rama. Coiffure Olivier De Vriendt/The Wall Group. Maquillage Eva Louis/La Frenchie Agency. Manucure Lili Creuk. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Marceau Avogadro et Ludovic Del Puerto.


CLAIR DE LUNE Ombre et lumière à leur paroxysme. Une garde-robe parfaite à l’élégance simple, urbaine et contemporaine, avec des éclairs de pure créativité. Pour une allure éclatante ! Photos Thomas Babeau Fashion Editor Florence Deladrière

CHANEL

PRADA

Veste en tweed irisé avec col et poignets en soie, jupe en tweed irisé, ceinture, Chanel.

Hoodie et jupe ample en coton de molleton, haut en jersey ceinturé, Prada.


LOUIS VUITTON Robe tee-shirt brodée à empiècements plissés, Louis Vuitton.

LOEWE Robe sculpturale sans manches en lurex tricoté, Loewe, sneakers, Hogan.


FENDI Top à manches courtes en macramé à fleurs, Fendi, lunettes de soleil, Gucci.

CHRISTIAN DIOR Manteau en denim de coton technique, chemise et col en popeline de coton, pantalon en soie, sandales, Christian Dior.


GUCCI Eco washed bio jacquard top et pantalon, lunettes, Gucci, chaise par

Constance Guisset chez Matière Grise.

JACQUEMUS Veste masculine en lin, bermuda en laine mélangée, sandales, Jacquemus.

Assistante: Charlotte Wagner. Modèle : Gilone @ Premium Models. Casting : V&Yo. Maquillage & cheveux : Cyril Lanoir avec Charlotte Tilbury makeup et Oribe hair care @ Wise & Talented. Set Designer : Brunoir Studio Fashion.


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MODE D’EMPLOI

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ACCESSOIRES 11

Nouveaux classiques

9. SURLIGNÉ Sac Cruiser, en cuir de veau Louis Vuitton, 2 350 €. 10. AIGUILLE Mule en cuir verni Roger Vivier, 690 €. 11. MATELASSÉE Pochette en cuir Patrizia Pepe, 318 €. 12. RECTANGLE Sac en cuir The Kooples, 195 €. 13. TYROLIEN sac En toile, Unisa 90 €. 14. ZIPPÉE Bottine en cuir Sandro, 295 €. 15. COUVRANTES Lunettes de soleil en acétate Paul & Joe Eyewear, 218 €. 16. LANIÈRES Sandale en cuir de chèvre Michel Vivien, 550 €. 17. DOUBLE BOUCLE Mule en cuir NeroGiardini, 115 €. 18. EXTRAPLATE Sandale Cavalcade, en cuir d’agneau Longchamp, 320 €. 19. PLATEFORME Sandale en suède et cuir métallisé Geox, 120 €. 20. CROCODILE Sac ceinture en cuir Lacoste, prix sur demande.

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Boots, sandales, mules, sacs, petite maroquinerie et lunettes de soleil : vingt pièces que l’on va adorer porter cette année.

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Réalisation Julie Cristobal, Alexandra Conti et Linda Heynderickx

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PRESSE.

Cabas Elsa, en cuir de vachette embossé Lancel, 550 €. 3. PETIT BIJOU Portefeuille ornée d’une gemme Kocca, 59,40 €. 4. CROISÉE Mule en cuir végétal Tamaris, 60 €. 5. PLISSÉ Sac seau en veau velours Giorgio Armani, 1 650 €. 6. PROLONGÉE Boots montante en cuir Mellow Yellow, 180 €. 7. STYLÉ Cabas en toile Twinset Milano, 187. 8. NUDE Mule The Band, en cuir Bottega Veneta, 590 €.

PRESSE.

1. CONTRASTÉE Minaudière en cuir Chanel, 4 800 €. 2. MULTI-BRIDÉ


BRABANTIA

LA LESSIVE AVEC STYLE

Brabantia Bo Washbox 60l Blanc ou Matt black, 139 €, 2x45 l 209 €. brabantia.com

100 % GLAMOUR

C’est la toute nouvelle collection de la maison de joaillerie belge Beheyt : un design contemporain décliné en or, pierres précieuses colorées et diamants combinables à l’envi pour un bijou ultra-personnalisé. Un savoirfaire inégalable reproduit depuis 200 ans dans l’atelier de Courtrai pour des pièces fortes et intemporelles. Un glamour belge prisé dans une optique écoresponsable et locale. One More, prix sur demande, beheyt-jewels.be

Actu des marques Page réalisée par le service commercial

BVLGARI

GALERIE B

THE PLACE TO BE

Chez les Brachot, on est galeriste de père en fils. En octobre 2020, Isy Brachot, 4e du nom et de la dynastie, a ouvert une galerie d’art à Durbuy, avec son épouse Sabrina. Ils y présentent des œuvres d’artistes modernes et contemporains dans le cadre d’un accrochage collectif permanent. La valeur ajoutée : l’accompagnement des clients dans la scénographie de leur intérieur grâce à un accrochage personnalisé. GALERIE B, 24a rue du comte Théodule d’Ursel, 6940 Durbuy, jeu-di 14 h-18 h et sur rendez-vous - galerieb.be

Une bouffée d’air glacée libératrice inédite imaginée pour cette nouvelle fragrance masculine. Un élixir qui mêle explosion de fraîcheur, force aromatique et charisme boisé. Un flacon hommage aux cimes enneigées, qui témoigne de la volonté de Bvlgari de renforcer son engagement en faveur de l’environnement. La puissance de l’air encapsulée : la grandeur à l’état pur. Bvlgari Man Glacial Essence, 82 € les 60 ml et 111 € les 100 ml - bvlgari.com

AURÉLIA DEJOND. PRESSE.

À LA CONQUÊTE DE SOI

MAQUILLAGE ENY WHITEHEAD/CALLISTE, ASSISTÉE DE CAROLINE ALET. MANUCURE FANNY SANTA RITA. PRODUCTION ZOÉ MARTIN/PRODUCING LOVE.

ONE MORE

STYLISME AGATHE GIRE. MANNEQUIN M’BALOU/AEON MODELS. CASTING RAMA. COIFFURE NICOLAS PHILIPPON/CALL MY AGENT, ASSISTÉ DE MICKAEL THANH BUI.

Bo, ce sont des paniers à linge design et intelligents. Aérations pour laisser les textiles respirer, couvercle pour garder le linge sale hors de vue, sacs à linge en coton amovible et lavables... des mannes hyper-astucieuses, résistantes à la corrosion et durables (40 % de matériaux recyclés certifiés Cradle-to-Cradle®, niveau bronze). Du fonctionnel stylé !

Parka Helmut Lang, haut de maillot de bain, short, baskets et ballon de volley dans son sac Louis Vuitton. Chaussettes Falke.

FORME

FAIRE LE PLEIN DE VITALITÉ Ci-dessus, une photo de Mélissa De Araujo.

BEAUTÉ


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BEAUTÉ

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FORME

Faire de l’exercice sans brutaliser son corps, garnir son assiette de bons nutriments, choyer les organes, carburants de l’organisme : autant de bonnes habitudes indispensables pour faire le plein de vitalité au cœur de l’hiver. À adopter dès maintenant en suivant les conseils de nos expert·es. Par Aurélie Lambillon Photo Mélissa De Araujo Stylisme Agathe Gire

ON PRIVILÉGIE LES SPORTS DOUX

La médecine chinoise recommande le repos en hiver, en prenant exemple sur la nature recroquevillée. « Le froid fatiguant, il est normal de flemmarder en janvier ! Réapprenons à nous écouter et à nous accepter, sans culpabiliser de ne pas avoir la même patate qu’en été », martèle Julie Laurent-Marotte, sophrologue et coach sportive. Plutôt que se brutaliser avec un sport trop cardio, elle suggère une marche rapide (cardio également et sans impact violent sur le corps), bien couverte, en début d’après-midi, quand le soleil est à son apogée pour faire le plein de vitamine D. Le temps est couvert ? Cherchez une activité à l’intérieur qui redonne la pêche. Un cours de yoga en ligne ? Danser sur une chanson favorite ? Les deux font du bien. Vraiment claquée ? Autorisez-vous une sieste flash de 10 min pour repartir du bon pied. Et dès que les piscines rouvrent, courez 10 min dans le petit bain, l’eau à la poitrine. « Dommage que l’aquagym souffre d’une connotation “mémèrisante” car c’est à la fois physique (30 min de course dans l’eau équivalent à 1 h 30 dehors) et réchauffant, et en plein hiver, le côté cocon et régressif de l’eau est réconfortant », note la coach. ON ADOPTE UNE ALIMENTATION REVITALISANTE

Parler de détox en janvier ? La pire idée selon Agathe Sultan, naturopathe : « C’est un mois où le niveau de vitalité est assez bas. Or, détoxifier demande au corps un effort important pour éliminer les toxines installées dans les tissus. S’il n’a pas cette force, on fait pire que mieux. » Aux grands nettoyages, qu’elle réserve aux demi-saisons, elle préfère une alimentation riche en nutriments et structurée selon les apports dont le corps a besoin dans la journée.

Soit : un petit-déjeuner riche en lipides et protéines (œuf, avocat, houmous, saumon fumé, fromage de chèvre ou de brebis, jambon, galette de sarrasin) pour soutenir la thyroïde et donner au corps les moyens de synthétiser les neurotransmetteurs de l’action, notamment la dopamine. Un déjeuner qui entretient l’énergie de la journée, avec des légumes, une protéine et quelques céréales. Un goûter composé d’un fruit, d’oléagineux et d’un peu de chocolat noir à 70 % pour préparer les sécrétions de sérotonine (l’hormone de l’apaisement) en vue d’un sommeil de qualité. Le dîner ? Léger (légumes, lentilles, une portion de céréales) pour se coucher en ayant digéré, le corps se concentrant uniquement sur l’activation de ses mécanismes de réparation (cellulaire, immunitaire…). ON NETTOIE LES ÉNERGIES USÉES

En médecine chinoise, les énergies usées correspondent aux émotions non exprimées, aux peurs, à la colère. « On n’en a souvent pas conscience mais stockées, elles peuvent fatiguer, voire favoriser le développement de maladies », résume Tatiana Elle, professeure et formatrice de yoga, auteure de Le yoga de la femme (1). La réponse ? Les faire circuler, et cela grâce à la respiration. Le principe : on imagine expirer ce dont on veut se débarrasser. « En inspirant, on se remplit d’énergie vitale (le Qi chinois ou le Prāna sanskrit), en expirant, on chasse les énergies usées. Et c’est encore plus efficace avec la visualisation », précise-t-elle. L’exercice plus poussé : la respiration Kapalabhati, une technique purifiante et tonifiante issue du yoga, où l’on expire puissamment par le nez en contractant les abdominaux pour nettoyer les toxines physiques et mentales.

Les 10 secrets de l’énergie

Brassière en néoprène Marine Henrion, leggings Ottolinger. Corde à sauter et gourde Louis Vuitton, accessoire personnel. Mannequin Loana/Élite. Casting Rama. Coiffure Nicolas Philippon/Call My Agent, assisté de Mickael Thanh Bui. Maquillage Eny Whitehead/Calliste, assistée de Caroline Alet. Manucure Fanny Santa Rita. Production Zoé Martin/Producing Love.


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BEAUTÉ

FORME

ON CHOISIT DES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES CIBLÉS

Le réflexe classique en période de coup de mou : acheter un cocktail vitamines + minéraux pour un effet immédiat. « Le tout-en-un n’est pas une mauvaise idée mais vérifiez les associations pour éviter le cumul avec d’autres suppléments », note Christophe Jud, responsable nutrition chez Solgar. Le spécialiste recommande plutôt d’identifier les causes de cette baisse de tonus. Soumis à des efforts physiques intenses, le corps manque certainement d’ATP – adénosine triphosphate –, la molécule carburant. À prendre en cure, du fer (si un bilan sanguin révèle une carence, fréquente chez les femmes), du magnésium, du coenzyme Q-10, un antioxydant bénéfique quand la fatigue est liée à un stress oxydatif important, ou un complexe de vitamines B, indispensables au bon fonctionnement métabolique. « Si la fatigue résulte d’un épuisement mental, on va plutôt travailler sur les neurotransmetteurs, notamment la bien nommée dopamine, qui agit sur l’envie », poursuit-il. Ses choix : la rhodiola, qui booste l’humeur et la concentration des survoltées, la L-tyrosine pour l’entrain et la motivation, et le ginseng sibérien (éleuthérocoque), qui dope le système immunitaire. Le joker pour combler les carences nutritionnelles ? La spiruline, une algue d’eau douce riche en antioxydants, fer et bêtacarotène. ON RESPIRE À PLEINS POUMONS

L’observation de Julie Laurent-Marotte : quand il fait froid, instinctivement, on se contracte, dos rond crispé et respiration bloquée. À l’extérieur, c’est pourtant la posture inverse qu’elle conseille d’adopter pour profiter des bienfaits vivifiants de l’air hivernal. « Respirer profondément dans le ventre, en visualisant l’air frais qui entre dans les narines, les épaules ouvertes et relâchées, le buste bien droit, agit sur la température du corps qui diminue légèrement. Sensation d’inconfort et crispation disparaissent, au profit d’une détente corporelle dynamisante. » ON SOUTIENT LES REINS ET LES SURRÉNALES

Les reins, entre autres fonctions, nettoient l’organisme des toxines, filtrent le sang et régulent la pression artérielle, tandis que les glandes surrénales (ces petits « chapeaux » qui les coiffent) permettent la sécrétion d’hormones, d’enzymes et de vitamines. En médecine chinoise, ce sont les organes clés de l’hiver. De la taille de haricots rouges, ils se situent sous les côtes basses (et non en bas du dos) et jouent le rôle de batteries énergétiques pendant les mois froids. « En janvier, ils commencent à souffrir d’épuisement. Il est essentiel de les stimuler », remarque Tatiana Elle. Ses astuces pour les recharger : installée en tailleur, frotter les mains jusqu’à ce qu’elles chauffent. Puis frictionner les reins pendant une minute. Garder les mains posées en éventail pour ressentir la chaleur installée. Finir en massant à même la peau une goutte d’huile essentielle d’épinette noire chasse-fatigue. Adepte de yoga ? Privilégiez les postures qui font la part belle aux torsions et aux flexions, et visualisez des respirations dorsales nourrissantes. ON SIROTE UN JUS DE PLANTES SAUVAGES

Les jus verts réalisés à partir de légumes mais aussi de feuillage et de plantes sauvages comestibles et aromatiques sont de véritables bombes nutritionnelles, s’enthousiasment Jennifer Hart-Smith et Anne-Sophie Nardy, auteures du livre de recettes Wild therapy (2). Très riches en vitamines, minéraux, enzymes et oligoéléments, ils régénèrent, reminéralisent et alcalinisent l’organisme. Leur recette pour deux personnes : lavez puis découpez en petits morceaux (en conservant la peau) les légumes bios suivants : un

“ Détoxifier demande au corps un effort important. S’il n’a pas cette force, on fait pire que mieux. ” citron, une courgette ou un concombre, une poignée de blettes, une poire, deux pommes, un morceau de gingembre frais. Ajoutez une poignée de plantes sauvages, ortie, pissenlit, chénopode, égopode podagraire, ail des ours, menthe, romarin, livèche, lierre terrestre, plantain lancéolé ou sève de bouleau. Mettez l’ensemble dans un extracteur et savourez immédiatement, le matin. ON S’ADAPTE AU RYTHME DE SON CYCLE MENSTRUEL

« L’état physique et émotionnel d’une femme dépend beaucoup de son cycle », constate Tatiana Elle. La phase œstrogénique, dite active, commence le premier jour des règles et dure deux semaines. C’est une période où l’on se sent en pleine forme et dynamique. À l’inverse, et surtout chez les femmes souffrant de syndromes prémenstruels sévères, la phase progestéronique dite passive, qui s’installe à partir du quinzième jour, s’accompagne d’une baisse énergétique plus prononcée. « Pratiquez des activités calmes et, pendant la détente, vaporisez quelques gouttes d’huile essentielle de lavandin autour de vous ou versez-les dans un diffuseur. » ON STIMULE TOUT SON CORPS

Un bon rituel à mettre en place dans son quotidien ? Le brossage du corps à sec. « Avant la douche du matin, il renforce le système immunitaire, active la microcirculation et la circulation lymphatique, qui participe à notre immunité en évacuant les déchets du corps », détaille Julie Laurent-Marotte. La méthode : effectuez des gestes dynamiques mais doux avec une brosse adaptée, en allant toujours du centre vers les points d’élimination du système lymphatique – le pli de l’aine, les aisselles, les clavicules, l’arrière des genoux. Bien aussi pour se donner du peps rapidement, la douche énergétique, un auto-massage à réaliser sur les vêtements, de la tête aux orteils : frottez les mains l’une contre l’autre, puis frictionnez, tapotez, pressez tout le corps du haut vers le bas.

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ON VIBRE AVEC LES PIERRES

Les cristaux sont utilisés depuis toujours pour leurs propriétés curatives, et aujourd’hui ils sont omniprésents dans les technologies de pointe. « Ce sont des structures minérales vivantes, composées d’éléments chimiques qui libèrent des énergies émettant des vibrations subtiles. L’électricité que dégage une pierre quand on la touche s’appelle la piézoélectricité et elle impacte directement notre corps et nos cellules », explique Mayia Alleaume, fondatrice de la marque holistique Sentara. Les pierres à garder près de soi : le tigre de fer pour la régénération corporelle et le confort moral, l’œil du tigre pour la vitalité, le rubis pour fortifier l’organisme, la citrine pour rayonner, la pyrite pour surmonter les obstacles, le jaspe rouge fortifiant et l’hématite, qui joue le coach sportif. 1. First Éditions, 14,95 €. 2. 24 €, sur onthewildsidecosmetics.com

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SÉLECTION DE LA RÉDACTION

Nos coups de cœur de l’hiver

Un fond de teint qui unifie et embellit Ces formules hybrides concilient make-up et soin. Le teint est corrigé sans asphyxier la peau, qui est hydratée au passage. LA VERSION CHIC Sa formule d’origine naturelle à 97 % laisse respirer la peau. Elle est enrichie à 90 % en soin (glycérine et extrait de capucine), et à 89 % biodégradable. Résultat, le fini satiné et lumineux – imperceptible – est joli car la peau est bien hydratée. Mieux abreuvée au fil des jours, elle semble repulpée et le résultat est perceptible, même une fois démaquillée. Côté make-up, les pigments quatre couleurs de la Poudre Prisme maison confèrent un bel éclat et floutent les imperfections.

Une crème corps au velouté incomparable, un soin cheveux aussi performant qu’un anti-âge visage, une fragrance 100 % naturelle, un rouge à lèvres boosteur de moral… Placées sous le signe du réconfort, nos dix-huit tentations de saison déclinées en neuf luxueuses propositions et leurs alternatives à prix doux. Par Nolwenn du Laz Illustrations Claire Martha

Caring-Glow Prisme Libre de Givenchy, 30 teintes, 49 € les 30 ml, en avant-première chez Sephora.

Un parfum naturel mais sophistiqué Le défi n’est pas simple. Les formules naturelles sont plus coûteuses et le parfumeur se prive de molécules aux odeurs fabuleuses. Certaines marques se sont lancées avec talent… et le résultat vaut le détour. LA VERSION CHIC Enfin du 100 % naturel en

haute parfumerie ! Camille Goutal et Isabelle Doyen, parfumeuses talentueuses et amies, lancent Voyages Imaginaires. Inspirées d’escapades fantasmées, elles proposent des fragrances subtiles et sophistiquées, diluées dans de l’alcool de blé bio, et écoresponsables, jusqu’au flacon en verre rechargeable. Chacune des cinq fragrances a son charme. Parmi elles, L’Échappée Sauvage, une figue crémeuse sur fond boisé, qui transporte sur une île méditerranéenne et Le Grand Jeu qui, entre fleurs blanches, lait de coco et vanille, téléporte sur une plage toute l’année. Du très bel ouvrage. 180 € les 75 ml, sur voyagesimaginairesparfums.com L’ALTERNATIVE COOL Une marque de douze parfums dont les compositions sont de 95 à 99,1 % naturelles, à base d’alcool de betterave bio. Ainsi, le tout récent Nuage de Coton, avec ses notes d’iris et de musc végétal, vous enrobe dans un halo tendre, idéal en cette période compliquée.

Eau de Parfum 6.09 Nuage de Coton de 100Bon, 9,90 € les 30 ml, sur 100bon.com

Un rouge à lèvres rouge, même sous le masque À force de s’en priver depuis des mois, on a compris qu’il était essentiel pour la confiance en soi. LA VERSION CHIC « Les femmes ont à nouveau envie de porter un rouge à lèvres chez elles, ou sous un masque, parce qu’il donne de l’assurance, même dissimulé. Pour qu’il reste joli, surtout une fois le masque enlevé, il faut l’appliquer en visant plutôt la douceur floutée. On le pose, on enlève l’excès en mordant dans un kleenex et on adoucit les contours au cotontige », explique Peter Philips, directeur de la création, de l’image et du maquillage Dior. Le bâton iconique de la maison se réinvente et gagne en confort, avec des ingrédients plus naturels, et une nouvelle allure élégante, légère et rechargeable. Certaines teintes ont été retravaillées, d’autres ajoutées. En tout soixante-quinze nuances et quatre effets : satin, mat – crémeux et confortable –, velvet – encore plus mat mais lumineux –, ou métallique.

L’ALTERNATIVE COOL Ce fond de teint perfecteur qui mise sur l’acide hyaluronique et le collagène pour hydrater et regonfler la peau a déjà ses fidèles. Des pigments nacrés lui donnent un effet glow pour la journée.

Dream Radiant Liquid de Maybelline New York, 15 teintes, 11,70 € les 30 ml, en grande distribution.

Un sérum liftant hyper-confortable LA VERSION CHIC Cette pépite est la nouveauté de la ligne anti-âge à l’orchidée, au fort pouvoir régénérant. À 92 % d’origine naturelle, elle mise sur la dernière génération de micro-encapsulation dans un sérum surconcentré et huileux à l’effet tenseur immédiat. Le confort est étonnant.

Rouge Dior 999 de Dior, 41 €.

Le Concentré Micro-Lift Orchidée Impériale de Guerlain, 440 € les 30 ml.

Non desséchante et longue durée, cette proposition liquide, mate ou brillante, disponible en quinze teintes, a tout pour emballer.

L’ALTERNATIVE COOL Cette formule sans parfum ni paraben cible toutes les problématiques d’âge (élasticité, fermeté…). Son rapport qualité prix est imbattable.

Ultra HD Vinyl Lip Polish 910 Cherry on Top de Revlon, 10,50 €, en grande distribution.

Sérum de peptides Buffet de The Ordinary, 14,80 € les 30 ml.

L’ALTE R NATIVE COOL


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SÉLECTION DE LA RÉDACTION

Un soin d’exception pour les cheveux

Une crème pour le corps ultra-riche

Surdoués et sensoriels, ils font vraiment la différence pour raviver la chevelure.

L’obsession d’une peau douce nous poursuit en cette saison. On la veut souple et satinée, autant que celle du visage.

LA VERSION CHIC Ce sérum a été conçu avec la même technologie de pointe et le même souci de perfection sensorielle accordés à un sérum anti-âge visage luxueux. Les différents actifs encapsulés – acide hyaluronique hydratant, vitamine E protectrice et abyssine pour tonifier la fibre capillaire – se libèrent à l’application. Au quotidien, on prélève deux pressions de ce fluide et on le masse du bout des doigts des racines aux pointes. Le cheveu est mieux hydraté, plus brillant et s’étoffe. Il est comme revitalisé mais reste léger. Même la senteur alliant bergamote, rose et patchouli est fine et précieuse.

Sérum Universel Chronologiste de Kérastase, 150 € les 40 ml.

Dans son flacon paré d’un dégradé aux couleurs de coucher de soleil, cette crème qui fleure bon l’amande est à 97 % naturelle. Nourrie d’huiles d’abricot et de tournesol, de fleur d’hibiscus fortifiante et enrichie de provitamine B5, elle se pose en masque de 5 à 10 min ou comme un après-shampoing à bien émulsionner, et peut même faire office de crème de jour. Les cheveux sont vraiment nourris, protégés et gainés mais restent aériens, même s’ils sont fins. C’est l’une des pépites de la nouvelle gamme capillaire ultra-réussie de cette hair stylist aussi douée que chaleureuse, qui coiffe avec la même passion Isabelle Adjani, Jeanne Damas ou vous et moi. L’ALTERNATIVE COOL

Masque Nourrissant Fortifiant de Delphine Courteille, 50 € les 200 ml, sur delphinecourteille.com

LA VERSION CHIC Sa texture est onctueuse mais pénètre très vite et la sensation de confort, inégalée, reste perceptible jusqu’au lendemain. Au menu, un extrait de fleur de safran apaisant, du beurre de karité pour protéger et fortifier, des huiles de babassu et de macadamia nourrissantes. Une merveille de volupté qui soulage aussitôt, élimine les plaques de sécheresse et améliore la qualité de peau.

Baume Velours Corps aux Fleurs de Safran de Sisley, 112 € les 200 ml.

Un appareil de beauté digne d’un institut Pour amplifier visiblement l’action des soins, ces nouveaux outils comblent les plus perfectionnistes. Voici un système combinant lumières et sérums photo-actifs pour une régénération profonde. L’outil, équipé en lampes LED, garantit des résultats trois fois plus efficaces qu’un sérum. L’objet est beau, ne se recharge qu’une fois par semaine et le sérum approprié se glisse à l’intérieur pour un bon mois d’utilisation. L’anti-âge Repair agit autant sur la fermeté et le lissage que sur la luminosité, Purity pour l’acné des femmes matures, Redness pour les peaux réactives et Brightening pour une action éclat et antitache. Cet appareil n’a donc rien d’accessoire, à condition de l’intégrer quotidiennement à sa routine, à raison de trois minutes par jour, tutos de massages à l’appui sur le site. Son usage est indolore et très agréable. LA VERSION CHIC

LightinDerm, 260 € la machine et 79 € les capsules de Sérum Repair (4 semaines), sur lightinderm.com

Un sillage gourmand et sensuel Certaines fragrances savent concilier plaisir et raffinement, faisant naître la transe affolante de la douceur. LA VERSION CHIC Love, Don’t Be Shy, la ver-

sion originelle, est un succès depuis une dé ce n n i e, et cet te fleu r d’o ra n ge r empreinte de sex-appeal est devenue une référence dans le registre du floral gourmand. Rihanna elle-même ne cache pas son addiction. Cette variation plus intense pourrait faire autant de ravages. On y retrouve l’absolu de fleur d’oranger enrobé d’un sillage beurre d’iris et vanilline attendri par un accord de guimauve. Mais la composition gagne encore en élégance et puissance grâce à une overdose d’essence et d’absolu de rose bulgare. Ce loukoum à la rose est à dévorer la peau.

L’ALTERNATIVE COOL Les rouleaux de quartz ou de jade, surtout combinés à une huile ou un sérum, stimulent la circulation sanguine et lymphatique, détendent les traits et lissent les ridules. Ce nouveau rouleau en quartz rose est à pile. À raison de 6 000 vibrations par minute, il amplifie les effets du massage. Deux têtes interchangeables s’adaptent au visage et contour de l’œil.

L’ALTERNATIVE COOL Cette fleur d’oranger est régressive à souhait, caressée aussi de vanille poudrée et de guimauve. Une composition savoureuse, proposée par une marque de parfums Made in France à petit prix avec plus d’une centaine de senteurs.

Le Rouleau Électrique 2 en 1 de la Maison du Tui Na, 59,90 €, sur shop-lamaisondutuina.fr

Eau de Parfum Délice Enchanté d'Adopt’, 8,95 € les 30 ml.

Love, Don’t Be Shy Extreme de By Kilian, 240 € les 50 ml, en flacon ressourçable.

L’ALTERNATIVE COOL Cette formule fondante, à la glycérine végétale et aux huiles (karité, soja et amande douce) – végétales aussi – est si rassurante et hypoallergénique qu’on peut la partager avec son bébé. Riche mais non collante, elle est proposée dans un gros pot pour l’appliquer généreusement.

La Crème des Peaux Extra-sèches aux Huiles 100 % Végétales de Mixa, 5,60 € les 400 ml.

Une huile corporelle voluptueuse Régénérants, ces élixirs redonnent aussi éclat et souplesse extrême à la peau. LA VERSION CHIC Cette formule complète renferme des huiles nutritives, du squalène hydratant, et surtout le complexe TFC8 du professeur Augustinus Bader – pionnier de la médecine régénérative – mêlant acides aminés naturels, vitamines et molécules synthétisées pour améliorer les processus de rajeunissement et de réparation de la peau. Elle lisse, estompe cellulite et vergetures, assouplit et donne du glow à la peau.

The Body Oil d'Augustinus Bader, 80 € les 100 ml, sur zalando.be L’ALTERNATIVE COOL Cette huile sèche associe tournesol et avoine pour nourrir et criste-marine pour lisser. On adore son odeur de fleur d’oranger et on salue son flacon en verre recyclable.

Body Hero Dry-Touch Oil Mist de Glossier, 26 € les 100 ml, sur glossier.com


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BEAUTÉ

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SOINS

Déstresser ma peau 7 bons réflexes pour l’apaiser

Rougeurs, démangeaisons, perte d’élasticité : l’anxiété ne fait pas que peser sur notre mental, elle affecte aussi l’état de notre épiderme, jusqu’au cuir chevelu. Nos conseils d’experts et notre sélection des meilleurs soins pour combattre ses effets et retrouver rapidement une peau et des cheveux qui respirent la santé.

REDOUBLER DE DOUCEUR DÈS LE DÉMAQUILLAGE, plutôt avec un lait qui

respecte le film hydrolipidique de la peau si elle est asséchée ou sensibilisée, voire avec un nettoyant très légèrement dosé en agents exfoliants si la peau est plus grasse. ADOPTER UN ANTIOXYDANT, de la vitamine C par exemple, pour contrecarrer l’afflux de radicaux libres induits par l’inflammation.

Par Joy Pinto et Charlotte Deprez Photo Mélissa De Araujo

MISER SUR LA NIACINIAMIDE (VITAMINE B3),

Déjà un an que la crise du Covid-19 a commencé en Europe et les sources de stress n’ont cessé de s’accumuler, de la peur de la maladie à celle de perdre son travail, de la souffrance de l’isolement aux sensations d’étouffement pendant les confinements. Or, le stress influe largement sur l’état de l’épiderme. « Non seulement, il provoque des problèmes de peau, mais les problèmes de peau provoquent du stress », avance Alia Ahmed, psychodermatologue*. Un cercle vicieux.

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LE SOIR, ADOPTER UN SOIN ONCTUEUX OU UN MASQUE qui répare et renforce

la fonction barrière avec des bonnes huiles et des céramides. Éviter les exfoliants mécaniques, voire l’exfoliation tout court si la peau est ultra-fragile. Elle est déjà bien assez exfoliée par le masque. Sinon, préférer les formules enzymatiques ou chimiques. SE FIER À SON NEZ. Certaines molécules odorantes agissent aussi sur l’état de la peau. C’est le cas de l’orange douce (dans les soins Shiseido) ou de l’immortelle (chez Givenchy) qui rétablissent l’équilibre hormonal. Une goutte dans sa crème habituelle et ça va déjà mieux. FAIRE UNE CURE DE PRÉBIOTIQUES ET DE PROBIOTIQUES pour rééquilibrer

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le microbiome et favoriser une peau saine. POUR UNE PEAU EN PLEINE FORME 1. Revitalisant Crème Régénérante Éclat [C20] Biotic de SVR, 44,90 € les 50 ml. 2. Purifiant Mousse Nettoyante Fleur de Vigne de Caudalie, 16,20 € les 150 ml. 3. Nutritif Gel-Crème Bariéderm-Cica Daily d’ Uriage, 19,90 € les 40 ml. 4. Anti-inflammatoire Huile Essentielle Immortelle Bio de Pranarôm, 31 € les 5 ml. 5. Détoxifiant Mask 27 de Cosmetics 27, 68 € les 60 ml. 6. Rééquilibrant Sérum Hydrabio de Bioderma, 21,75 € les 40 ml. 7. Antioxydant Sérum Antioxydant à l’acide Férulique de Typology, 24,50 € les 30 ml. 8. Réparateur Cicalfate+ Crème d’Avène, 16,50€ les 100 ml. 9. Veloutant Lait Velours Démaquillant de Clarins, 25,50 € les 200 ml. 10. Régénérant Masque de Nuit Peau Reposée Waso de Shiseido, 47 € les 80 ml. 11. Ressourçant Concentré Hydratant Fortifiant Ressource de Givenchy, 61 € les 30 ml. 12. Raffermissant Traitement 20 % Niacinamide de Paula’s Choice, 52 € les 20 ml. 13. Protecteur Crème Émolliente Nutritive Visage et Corps Ictyane de Ducray, 15,40 € les 200 ml.

logies cutanées sont surexprimées, notamment l’acné, l’eczéma ou la dermatite atopique. LES GESTES BARRIÈRES EN CAUSE

PRESSE.

Mannequin Ophélie/ Mademoiselle Agency. Casting Rama. Coiffure Nicolas Philippon. Maquillage Eny Whitehead. Manucure Fanny Santa Rita/Call My Agent. Production Zoé Martin/ Producing Love, assistée de Zoë Derks.

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INSISTER SUR L’HYDRATATION avec des soins de jour à base d’acide hyaluronique pour contrebalancer la perte insensible en eau accrue.

ALLERGIES, PERTE DE COLLAGÈNE

Peau et cerveau sont intimement connectés, ayant une origine embryonnaire commune, l’ectoderme. De nombreux facteurs expliquent que la peau souffre sous l’effet du stress. Parmi lesquels la production de cortisol, une hormone connue pour affecter le système immunitaire de l’épiderme, induire des réactions allergiques, affaiblir sa fonction barrière et son microbiome. « Sous l’influence du cortisol, un phénomène inflammatoire s’enclenche pour défendre la peau. Mais celui-ci “brûle” tout sur son passage, provoquant de la sensibilité et des rougeurs, et une accélération du vieillissement cutané », explique Laurent Nogueira, directeur de la communication scientifique Givenchy. La Docteure Alia Ahmed complète : « La réponse au stress déploie une augmentation des glucocorticoïdes, qui altèrent la production et la dégradation du collagène, des protéoglycanes et de l’élastine, tous les éléments constitutifs de la peau. On peut constater une perte d’élasticité et de fermeté, mais aussi une peau terne, voire des taches. » En fait, toutes les patho-

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aussi douée pour calmer les flushs que pour faire reculer l’acné.

Dès 2018, Shiseido s’alliait à l’Agence de recherche aérospatiale japonaise (Jaxa) pour observer les effets du confinement sur la peau. « Isolés volontairement pendant quinze jours, les astronautes de Jaxa présentaient des taux de cortisol particulièrement élevés avec, sans surprise, une augmentation

des facteurs inflammatoires, de la perte insensible en eau et de la production de sébum, associés à une altération de la fonction barrière et même un ralentissement de la réparation et de la cicatrisation chez les plus stressés », détaille Nathalie Broussard, directrice de la communication scientifique Shiseido. On peut donc imaginer les traces laissées par deux confinements successifs. D’autant que les gestes barrières préconisés pour se protéger de la maladie ont eux aussi des répercussions. « Chez les plus anxieux, le lavage de

mains tourne à l’obsession et peut provoquer un eczéma sévère, tandis que le port continu du masque amène son lot de dermatites allergiques et d’éruptions cutanées », confirme la psychodermatologue. DES DÉGÂTS CAPILLAIRES AUSSI

Le cuir chevelu est constitué de peau. Comme celle du visage, celle du scalp peut devenir plus grasse : « Un excès de sébum permet à certaines levures de proliférer, provoquant parfois des pellicules,


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SOINS

des démangeaisons ou étouffant le follicule, ce qui induit un affinement des longueurs », décrit Camille Mas, experte scientifique René Furterer. En prime, le fameux phén o m è n e i n fla m m at o i re m e n a ce la pousse. « Des études in vivo ont montré que sous le stress, les cheveux poussaient plus fins et plus clairs », confirme Gérard Provot, directeur du département scientifique et technique L’Oréal R&I. Si le stress a été très violent, comme lors de la perte d’un proche, les cheveux peuvent tomber en masse : c’est l’effluvium télogène. La maladie aussi peut le provoquer ou induire une alopécie areata, une

attaque du système immunitaire qui provoque des chutes sous forme de plaques arrondies. Deux bonnes raisons de consulter tout en tentant de ne pas s’affoler pour ne pas provoquer une nouvelle vague. « Enfin, le stress peut provoquer une douleur au niveau du cuir chevelu, la trichodynie, souvent aggravée en cas de chute », précise Gautier Doat, médecin à la direction médicale de Ducray. ÉVITER LES GRATTAGES

En plus des effets physiologiques du stress, ce poison nous conduit parfois à nous faire du mal. Nerveux, on se frotte

ou se gratte la peau plus souvent, ce qui augmente le niveau de rougeurs et d’irritations d’un tissu déjà sensibilisé. « Gratter le cuir chevelu augmente l’inflammation en flèche. D’une petite démangeaison de départ, on peut constater des flashs rouge vif, voire des blessures », se désole Gérard Provot. Sur le visage, c’est pareil. « Attention à la dermatillomanie, cette pathologie qui consiste à se triturer la peau, un bouton, une croûte, un poil, et peut mener à des catastrophes dermatologiques », achève Nathalie Broussard. Il est temps de jouer la carte de l’apaisement. (*) thepsychodermatologist.com

Nos astuces S.O.S. cheveux déprimés S’ILS SONT AFFINÉS

Chaque jour, massez le crâne en décollant la peau, sans frotter pour ne pas induire d’irritation ou plus de sébum. Les gestes de massage augmentent la circulation du sang et les apports aux follicules. Accro aux plaques lissantes ? Protégez la chevelure avec un soin thermique. Enfin, relancez la pousse avec le duo suivant : une lotion par voie topique tous les matins et un complément alimentaire à base de vitamines du groupe B et d’oligoéléments. Dans trois mois, ça ira mieux.

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S’ILS SONT GRAS

Adoptez un shampooing dédié, même en cas de longueurs asséchées. Vous compenserez avec un soin. N’hésitez pas à laver les cheveux dès que c’est nécessaire, même si vous ne voyez personne, pour éviter l’apparition de pellicules. Attention aux coiffants qui étouffent le cuir chevelu et lui font produire plus de sébum. Les jours de télétravail, faites un break.

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l’amour à la machine - Alain Souchon

S’ILS SONT IRRITÉS

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POUR UNE CHEVELURE RÉPARÉE 1. Anti-calcaire Vinaigre de Brillance Lumicia de René Furterer, 16 € les 150 ml. 2. Rapide Sèche-cheveux Helios de GHD, 179 €. 3. Fortifiant Complément Alimentaire Gummies Cheveux d’Epycure, 24,90 € la cure d’un mois. 4. Anti-tiraillements Shampooing fluide non-détergent Nodé de Bioderma, 10,61 € les 200 ml. 5. Stimulant Sérum Fortifiant Anti-Chute Quotidien Genesis de Kérastase, 45 € les 90 ml. 6. Nourrissant Masque Intensif pour les Cheveux et le Cuir Chevelu Invati Advanced d’Aveda, 45,50 € les 150 ml. 7. Vivifiant Lotion Capillaire Tonifiante au Romarin de Weleda, 9,99 € les 100 ml. 8. Anti-démangeaisons Huile Apaisante pour Cuir Chevelu Sensible de Leonor Greyl, 32 € les 20 ml.

PRESSE.

En plus d’un shampooing calmant, osez un gommage doux du cuir chevelu chaque semaine. Il nettoie le scalp de la desquamation provoquée par le grattage. Au rinçage, pensez au vinaigre qui élimine toute trace de calcaire irritant. Plusieurs fois par semaine, appliquez un sérum ou une huile apaisante, à base d’allantoïne par exemple, pour contrer l’inflammation et réparer la peau. Gare à tout ce qui fait flamber le cuir chevelu : comme de l’eau trop chaude ou un sèche-cheveux brûlant (préférez-le tiède et puissant).


SUR INSTAGRAM

@marieclaire_belgique #marieclairebelgique #thinksmartlookamazing

GARE MARITIME ARC20 AWARD.

Les escaliers en bois s’inspirent des lattes du toit original de 1907. Les plantes situées sur les anciens quais reçoivent l’eau des bassins du chenal. Quant à la toiture, c’est le plus grand espace solaire de Bruxelles.

GARE MARITIME

LE SITE DE TOUR & TAXIS EST UN EXEMPLE DE RESTAURATION DURABLE QUI ENRICHIT LE LIEU.L’ANCIENNE GARE MARITIME DEVIENDRA EN 2021 THE PLACE TO BE.

LIFESTYLE


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ÉVASION

La bibliothèque Schœlcher à Fort-de-France.

Le vieux quartier de Fort de France où il fait bon déambuler.

La culture de la banane est la première ressource économique du pays. La distillerie La Mauny produit un rhum agricole qui jouit d’une A.O.C.

MARTINIQUE

L’ÎLE VERTE

Baignée d’un côté par la mer des Caraïbes, de l’autre par l’océan Atlantique, cette petite île séduit par la beauté de ses paysages, ses plages bordées de cocotiers, la douceur de son climat... et son rhum. Un bout de paradis sur terre. Par Julie Rouffiange

TROPICAL CHIC

Après avoir récupéré la voiture de location - le meilleur moyen pour découvrir l’île direction le sud-ouest qui sera notre point de chute pendant cette semaine. Notre hôtel est situé à la Pointe-du-Bout, une presqu’île rattachée à la commune des Trois-Îlets, lieu de naissance d’une certaine Marie Josèphe Rose Tascher de

PHILIPPE DUBREUCQ. PRESSE.

Le jardin de Balata, l’œuvre d’un collectionneur de plantes.

L’avion se pose sur le tarmac de l’aéroport du Lamentin après neuf heures d’un vol sans soucis. Il est 14 h 30 et la température extérieure est de 29 °C. Un vrai b o n h eu r e n p le i n cœu r de l’ h i ve r. D’autant qu’en ce mois de janvier placé sous le signe du Covid-19, la Martinique - comme sa cousine la Guadeloupe - est l’une des rares zones d’Europe (eh oui, même si elle se trouve à plus de 6700 km à vol d’oiseau, ici, on est en France !) - et du monde - classées en orange par les autorités belges*. Le virus y circule peu. On peut donc s’y rendre sans devoir faire un test ni se mettre en quarantaine à son retour. Tous les commerces, les restos et les bars sont ouverts. Par contre, il faut présenter le résultat d’un test PCR négatif réalisé moins de 72 heures avant d’embarquer dans l’avion et, bien sûr, respecter le por t du masqu e et les gestes barrières partout.

La Pagerie, mieux connue sous le nom de J o s é p h i n e d e B e a u h a r n a i s . C ’e s t aujourd’hui la station balnéaire la plus célèbre de l’île. On y trouve une jolie plage de sable blanc (l’Anse-Mitan), de nombreux hôtels, bars, restos et boutiques, un golf, une marina et même un village créole, bel ensemble de petites maisons colorées reconstituant un village martiniquais typique. L’hôtel La Pagerie**** se trouve juste en face. Il se définit lui-même comme « tropical chic »… avec raison ! Ce petit havre de paix offre le service, l’équipement et le confort d’un quatre étoiles, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas en Martinique. Entièrement rénové, le bâtiment de style néo-créole est construit autour d’un très beau jardin tropical où l’on trouve aussi une magnifique piscine entourée de paillotes et un bar immergé, le Palm Bar, où l’on peut déguster un cocktail sans sortir de l’eau. Les 96 chambres, toutes avec balcon ou petit jardin, sont spacieuses, meublées dans un style mêlant tradition et design, et sont parfaitement équipées (on y trouve même une planche et un fer à repasser !) L’hôtel dispose aussi d’un bar intérieur situé dans le hall principal, une salle de réunion et un restaurant semi-gastronomique, le Pitaya, ouvert sur le jardin et la

piscine. Le chef martiniquais, VladimirFrançois Maïkoouva, privilégie les produits locaux et de saison dans une cuisine fusion, créole et française à la fois. Des plats qui se savourent autant avec les yeux qu’avec la bouche et mêlent un tas de saveurs aussi subtiles que raffinées comme dans son carpaccio de marlin aux agrumes, raviole de marlin et bouillon de tête infusé aux herbes du jardin ou son dombré d’igname aux herbes fraîches, chatrou confit, fricassée de lambis et crevettes, bisque à l’encre de seiche. Un vrai régal ! La Pagerie accorde également une place très importante à l’art. En se promenant dans le jardin et les couloirs, on découvre des œuvres d’artistes locaux et étrangers. Enfin, tous les premiers dimanches du mois, il organise un marché qui met l’artisanat martiniquais à l’honneur. LES ANSES DU SUD

C’est surtout entre les Trois-Îlets et Sainte-Anne, à l’extrémité sud de l’île sur la côte Caraïbe, que l’on trouve les plus belles plages de l’île. Ici, elles portent le joli nom de « anses » (baies) : Anse-Mitan, Anse-à-l’Âne, Grande-Anse, Petite-Anse… elles ont toutes leur charme et leur particularité. À ne pas manquer, Anse-Dufour et Anse-Noire, deux criques situées l’une à côté de l’autre. La première avec son

sable blond, ses eaux turquoise, ses baraques de pêcheurs, ses petits bistrots. La seconde, avec son sable noir, son côté sauvage et l’escalier de 136 marches qui permet d’y accéder. En descendant plus au Sud, un arrêt s’impose au Diamant. Le bourg doit son nom au pic rocheux qui émerge de l’eau émeraude, face à la baie. La plage, de toute beauté, bordée de cocotiers, n’est pas très fréquentée à cause de sa houle qui peut rendre la baignade dangereuse. Mais la vue est à couper le souffle et le village a beaucoup de charme avec ses maisons créoles en bois coloré, sa petite église, sa place tranquille, son ponton qui s’avance dans la mer et son cimetière tout carrelé de blanc. Il faut descendre encore un peu, jusqu’à la pointe sud-est de l’île dans la commune de Sainte-Anne, pour trouver la plage la plus belle et surtout la plus grande de la Martinique. Du sable blanc, des cocotiers inclinés vers la mer… la plage des Salines offre une vue digne d’une carte postale qu’il vaut mieux éviter en haute saison ainsi que les week-ends car elle est littéralement prise d’assaut par les touristes et les locaux. En poursuivant la balade, on trouvera, un peu plus loin, des plages tout aussi belles mais plus petites, plus sauvages et surtout moins fréquentées comme celle de l’Anse-Trabaud.


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LIFESTYLE

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ÉVASION

La plage de Sainte-Luce dans le sud de l’île.

La piscine de l’hôtel La Pagerie à la Pointe-du-Bout.

Le rocher et la plage de Diamant, l’une des plus belles de la Martinique.

C’EST LE NOOOOORD !

Après avoir exploré les anses du sud, cap au nord de l’île. Plus authentique et moins touristique, il mérite largement le détour. Peu de plages accessibles aux baignades mais des rivières, des cascades, des montagnes, des volcans et des mornes ou collines. C’est ici aussi que l’on trouve les bananeraies et les champs d’ananas. Avant d’emprunter la route de la Trace, on s’arrête au jardin de Balata. Ce magnifique et immense jardin est l’œuvre d’un horticulteur paysagiste qui, après avoir voyagé dans toutes les Caraïbes, a rassemblé une collection unique de plantes autour de la maison de sa grand-mère. Après avoir traversé cette maison créole typique, on déambule à travers des sentiers bordés de fleurs, plantes et arbres en tous genres ou on les survole depuis la canopée, un parcours « aérien » fait d’une enfilade de ponts suspendus entre les arbres. À la sortie de Balata commence la route de la Trace qui va jusqu’à Morne-Rouge, la commune la plus élevée de Martinique, perchée à 450 m d’altitude. Bordée de fougères, de bambous, d’arbres et de fleurs, la route traverse le cœur montagneux de l’île et sa forêt tropicale luxuriante. À ne pas manquer, la cascade de Saut-Gendarme : une

cascade de plus de 10 m qui se jette dans un petit bassin auquel on accède par un petit escalier abrupt et dans lequel on peut se rafraîchir. À Morne-Rouge, de nombreux sentiers de randonnée permettent d’explorer la région et, pour les plus audacieux, la montagne Pelée, le volcan qui a détruit la ville de Saint-Pierre et ses environs en 1902. Surnommée autrefois le « petit Paris des Antilles », l’ancienne capitale de l’île s’est lentement reconstruite et transformée aujourd’hui en une ville d’art et d’histoire. Retour par la côte atlantique, toute différente et beaucoup moins touristique. Plus sauvage avec ses vents parfois violents et sa houle qui empêchent de profiter des plages sauf quelques-unes protégées par la barrière de corail comme au Robert ou au François. UNE CAPITALE EMBOUTEILLÉE

Ce serait dommage de quitter la Martinique sans avoir visité Fort-deFrance, la capitale du pays depuis la destruction de Saint-Pierre. Malheureusement, elle est victime de terribles embouteillages le matin et en fin d’après-midi, ce qui en décourage plus d’un de s’y rendre. Bon plan : depuis les Trois-Îlets et la Pointe-duBout, on peut prendre un petit bateau qui, en 15 minutes environ, nous dépose juste

devant le centre. Si la ville ne mérite pas que l’on s’y attarde plus d’une journée, il est agréable de flâner dans les ruelles étroites de son vieux quartier et y faire son shopping. Attention, toutefois, le samedi après-midi, toutes les boutiques ferment! Indispensable : s’arrêter pour admirer la bibliothèque Schœlcher, un des plus beaux bâtiments de la ville avec sa splendide façade mêlant les styles romano-byzantin, néocolonial et baroque. Elle avait été initialement construite dans le Jardin des Tuileries à Paris. Elle a ensuite été démontée, transportée et remontée pièce par pièce pour l’Exposition universelle de Fortde-France en 1889 et ne l’a plus jamais quittée. À voir aussi : la cathédrale, le fort St-Louis, le théâtre, la place de la Savane sans oublier de se balader sur le malecón (front de mer) et de s’asseoir à la terrasse d’un café pour savourer un ti-punch ou un planteur avant de reprendre le bateau. LES ROUTES DU RHUM

Il nous reste une dernière chose faire avant de quitter l’île : visiter une distillerie de rhum. La Martinique en compte neuf ouvertes aux visiteurs dont l’Habitation Clément, dans la commune du François, qui réunit à la fois une maison de rhum centenaire, un centre d’art

L’Anse-à-l’Âne, un bel endroit pour manger au bord de l’eau.

contemporain et un parc botanique, et la Maison La Mauny qui propose une visite en « ti-train » du domaine implanté là depuis 1749. On y apprend tout sur le rhum et sa fabrication en Martinique qui est le seul pays au monde à avoir obtenu une A.O.C. (Appellation d’origine contrôlée) pour son rhum agricole. Il est issu de la distillation du jus fermenté de la canne à sucre contrairement au rhum industriel qui est obtenu, lui, par distillation de la mélasse. Il se décline en rhum blanc, rhum ambré (légèrement coloré par un séjour de 2 ans maximum dans des foudres en chêne) et rhum vieux qui a séjourné au minimum 3 ans en fût de chêne. La visite se termine à la Cabane du rhum pour une dégustation. Après cela, il ne reste plus qu’à aller manger un bout dans le petit restaurant situé au pied de la distillerie puis rejoindre la jolie plage de l’Anse de Figuier, pas très loin, pour faire la sieste… habitation.fondation-clement.org maisonlamauny.com

(*) Au moment de boucler ce magazine, la Martinique est toujours considérée comme une zone orange par la Belgique. Mais la situation pouvant évoluer à tout moment, vérifiez bien sur le site du Service public fédéral des Affaires étrangères que les conditions de voyage n’ont pas changé avant de partir. diplomatie.belgium.be

L’hôtel accueille des œuvres d’artistes locaux et internationaux.

EN PRATIQUE Y aller Air Belgium vole vers Fort-de-

France deux fois par semaine au départ de l’aéroport de Charleroi à partir de 404 € aller et retour. De plus, en raison du Covid-19, la compagnie permet de modifier sans frais les dates des billets ou la destination, pour un voyage à effectuer jusqu’au 31 décembre 2021 inclus. airbelgium.com Formalités La Martinique est un territoire français d’Outre-mer. On est donc... en France. Pas besoin de passeport ni de visa pour s’y rendre quand on est belge (ou citoyen de l’Union européenne), la carte d’identité suffit. Sur place, on paie en euros. Climat La Martinique jouit d’un « éternel été ». La moyenne des températures oscille entre 20 et 30 °C toute l’année. De fin décembre à avril-mai, c’est la saison sèche et aussi la haute saison touristique. Ensuite commence la saison humide. Il pleut plus et il fait plus chaud. Mais d’une façon générale, il fait bon se rendre toute l’année en Martinique, sauf en septembre et octobre car c’est la haute saison... pour les cyclones ! Y séjourner Hôtel La Pagerie, Pointe-duBout, 97229 Les Trois-Îlets. Chambre double àpd 95 €/nuit, demi-pension 52 €

pp/nuit. hotel-lapagerie.com Boire et manger Les bonnes tables ne manquent pas en Martinique. Même de petits restos qui ne paient pas de mine servent une bonne cuisine créole. Quelques adresses testées et approuvées : - À Morne-Rouge : La chaudière, une véritable institution, une cuisine familiale et authentique mais raffinée, 19 quartier la Propreté. - Au Diamant : La Voile Blanche, un restaurant lounge et beach bar avec une terrasse sur la plage et quelques transats. Cuisine créole revisitée, mais aussi des plats traditionnels de la cuisine française. - À l’Anse-à-l’âne : Pignon sur Mer, cuisine créole avec… pignon sur mer! Découvrir Explorer l’île avec un guide local, faire une sortie en mer ou une randonnée, s’initier à la voile ou à la culture antillaise à deux ou en groupe, tout est possible avec l’agence Beyond the Beach... il suffit de demander ! Elle pourra vous proposer un tas d’activités et même vous faire un programme sur mesure. De plus, leurs guides sont vraiment top ! beyondthebeach.fr Plus d’infos

martinique.org


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LIFESTYLE

DÉCO

1. La chambre à coucher de Kate Moss est à l’image de sa vue sur Hampstead Heath : verte et luxuriante. 2. Le showroom de House of Hackney. 3. Parfait pour l’orangerie de vos rêves selon Gucci Décor.

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LE KITSCH, TOUT UN ART Ces derniers mois, nous avons redécouvert notre maison. Ce nid douillet, nous l’avons chouchouté comme jamais pour le rendre à la fois confortable et rassurant. Du papier peint à imprimé tigre aux rideaux opulents, nous avons résolument tourné le dos au minimalisme. Par Elspeth Jenkins

« More is more. » Aurions-nous trouvé le crédo de la déco 2.0 ? Toute crise apporte son lot de changements, c’est une certitude. Maintenant que nous vivons et travaillons à la maison (cela risque d’être encore le cas pendant un certain temps), nous avons besoin de plaisir, de couleur, mais aussi d’un cadre de vie qui fait entrer les plus beaux lieux du monde au cœur de la maison. Les palmiers de Miami Beach, les salons exubérants d’un manoir anglais ou encore les couleurs sensuelles de la médina de Marrakech. Des lieux qui évoquent nos plus beaux souvenirs de vacances et donnent un supplément d’âme à nos intérieurs. Revisité en version luxe, le kitsch a le vent en poupe. Quitte à rendre has been celui ou celle qui resterait bloqué dans une approche trop minimaliste.

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LE CHOIX DE KATE

Chouchou des modeux anglais qui ne jurent que par le papier-peint, les coussins et les lampes siglés HOH, House of Hackney figure en bonne place parmi les marques qui ont capitalisé sur le boom du kitsch. La top-modèle et fashion gourou Kate Moss l’a d’ailleurs choisie pour meubler sa maison de la capitale. Tout un symbole. Les murs et les rideaux de sa chambre sont recouverts d’imprimés bambou. Sur ses tables de chevet, des lampes en forme d’ananas. Sans oublier le vase en céramique posé au pied de son lit à baldaquin. Le secret de ce style ? Du mobilier soigneusement sélectionné. De quoi contrebalancer l’opulence du papierpeint et des tissus de fenêtres, et apporter une touche de gaieté dans la maison. houseofhackney.com

PRESSE.

RÊVES FLORENTINS

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En matière de kitsch, difficile de battre les Italiens. Et dans ce registre, la marque qui coiffe toutes les autres sur le poteau, c’est bien sûr Gucci. Depuis la nomination d’Alessandro Michele à sa tête, la marque a subi une véritable cure de jouvence. Sur base des éléments


LIFESTYLE

EN LIBRAIRIE

DÉCO

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historiques chers à la maison italienne, le créateur a ajouté une foule de références aux années 60. L’occasion de délurer la marque sans lui faire perdre son âme. Le résultat ? Un véritable bal costumé qui fait fantasmer la planète entière et qui se prolonge désormais au salon. Il y a quelques saisons, Michele a en effet lancé Gucci Décor : une collection d’objets qui complète les autres lignes de la marque. De la vaisselle aux sièges, l’art de vivre Gucci est si imaginatif qu’il pourrait presque vous donner envie de ne plus mettre un pied dehors. gucci.com JUSTE JP

À l’opposé du style minimaliste d’Axel Vervoordt, (chouchou de Kanye West et Kim Kardashian), le décorateur belge Jean-Philippe Demeyer affiche un style opulent qui cartonne à l’étranger. JP (comme l’appellent les intimes) a construit un univers extravagant et plein d’ironie. Sa devise : « More is more ». Pour lui, rien de tel qu’un décor coloré, puissant et chargé pour mettre de la vie et de la joie dans une maison. Au

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menu : des sièges baroques, des statues et des chaises à gogo. Connu pour son humour légendaire, JP aime répéter que le détail de la moulure d’une plinthe ne le remplit pas d’extase, lui qui n’hésite jamais à inviter le second degré dans ses réalisations. Actuellement, JP planche sur le projet le plus exubérant de sa carrière : l’aménagement d’une maison à flanc de montagne, sur une île grecque. L’ensemble du mur extérieur sera habillé d’un carrelage artisanal vert d’eau, dont certaines parties seront décorées de sphères orange, marron et violet. « Le minimalisme froid et austère est dépassé. Notre époque célèbre le retour à des matériaux naturels produits localement. Personnellement, j’aime le minimalisme maximaliste: un espace composé de peu d’objets, mais dotés d’une vraie présence. Le mot kitsch est utilisé par les personnes qui se targuent d’avoir le monopole du bon goût et qui s’en servent pour imaginer des styles qu’ils ne connaissent pas ou qu’ils craignent. L’art peut être kitsch et le kitsch est de l’art. La beauté peut parfois être ennuyeuse, alors que le kitsch, lui, est inspirant. Vive le kitsch ! » jpdemeyer.com

1. Les murs de JP Demeyer semblent vivre leur propre vie. 2. Les fidèles amis de JP.

PRESSE.

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126 LIFESTYLE FOOD

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MASTERCLASS

LE MAN’OUCHÉ

Les ingrédients Pour la pâte Préparation : 15 min. Repos : 2 heures. 500 g de farine de blé bio T65, 2 g de levure de boulanger, 40 cl d’huile d’olive, 5 g de sel, 25 g de sucre, 250 cl d’eau tiède.

C’est l’emblème de la cuisine de rue au Liban : une galette que l’on mange dès le petit-déjeuner et dont la plus simple expression – la plus facile à réaliser chez soi – est cette version au zaatar.

Pour la garniture 60 g de zaatar, 50 cl d’huile d’olive, 10 cl d’huile végétale.

Par Elvira Masson Photos Pierre Lucet-Penato

La recette ultime Préparation de la pâte Tamiser la farine dans un saladier, ajouter le sucre, le sel et mélanger. Ajouter l’huile d’olive. Dissoudre la levure dans l’eau. Après 4 min, mélanger l’eau et la levure avec les autres ingrédients. Laisser reposer la pâte sur un plan de travail pendant 2 heures. Saupoudrer un peu de farine sur le plan de travail, disposer la pâte dessus, la pétrir et confectionner six boules de taille égale.

IL EST 6 H DU MATIN, SUR LE PORT DE BEYROUTH.

Devant le kiosque de Fourn Samir se presse une foule mélangée : noctambules, membres des services de renseignement, dockers, chauffeurs de taxi… C’est l’heure à laquelle Samir sort sa première fournée de « mana’ich » (man’ouché au pluriel). Il en enverra 500 d’ici à 14 h, heure d’extinction des feux de son « fourn » (le four traditionnel), comme il le fait chaque jour depuis trente ans. Les choses ont changé depuis l’explosion du 4 août dernier. Les murs ont été détruits, mais le four tient debout. IL A REÇU LE SOUTIEN MORAL ET FINANCIER

d’un sacré personnage, Carla Rebeiz, une Franco-Libano-Brésilienne qui mène de front sa carrière dans la finance et sa nouvelle activité de restauratrice à la tête d’Eats Thyme à Paris, l’élégante petite cantine libanaise qui ne désemplit pas depuis l’été. Elle y propose notamment des mana’ich traditionnels, au zaatar ou à la kefta, et d’autres, moins orthodoxes ; des jumelages avec l’Italie, par exemple, qui viennent garnir ses galettes de tomates et de burrata. Mais quand on ose la comparaison avec la pizza, Carla Rebeiz nous rabroue gentiment : « C’est une pâte à pain,

pas à pizza ! On serait plutôt dans ce que les Anglo-saxons appellent du nom générique de “flatbread”, une pâte qui peut contenir de la levure, en l’occurrence, de la levure fraîche de boulanger, mais qui n’est pas une pâte levée. » Pizza ou non, peu importe, on l’aime, cette galette : elle est dense mais pas trop, grasse mais pas trop, hyper-digeste grâce à une farine bio de bonne qualité et à un temps de repos de la pâte d’au moins deux heures. Avouons aussi la satisfaction immense que procure en bouche le contact de cette pâte chaude, moelleuse et dorée, et de l’acidité, de la puissance du zaatar, cet incomparable mélange de thym, sumac, sésame et sel. Celui qu’utilise Carla est confectionné par une coopérative de femmes, qui lui expédie depuis

le Liban. À la maison, il suffit d’un four bien chaud, d’une plaque pour réussir son man’ouché. Bien sûr, il manquera la dextérité de celui qui travaille sa pâte en la faisant virevolter pour l’étirer entre ses doigts, néanmoins le résultat homemade est très convaincant. Alan Geaam, chef libanais, se souvient de son enfance pendant la guerre : « On n’avait pas de sous, alors j’allais au four avec notre propre zaatar de façon à ne payer que le man’ouché. Aujourd’hui, c’est toujours avec émotion que j’en mange. » Plus qu’une recette donc, c’est un symbole, ce qui reste quand on a quitté le pays, ce qui demeure quand tout semble s’effondrer. Et comme l’affirme Carla Rebeiz : « Ça n’existe pas de ne pas aimer ça ! »

Dans un bol, mélanger le zaatar avec l’huile d’olive. Étaler la pâte en forme de cercle du diamètre d’une grande assiette. Disposer 2 c. à s. du mélange zaatar-huile au centre, étaler avec le dos d’une cuillère. Préchauffer le four 15 min à 200 °C et cuire pendant 7 min.

Recette proposée par Carla Rebeiz et réalisée chez Eats Thyme, 44 rue Coquillière, Paris 1er. eatsthyme.com


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LIFESTYLE

HOROSCOPE

MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.

période favorable pour rencontrer des gens, tant sur le plan amoureux qu’amical. Célibataire ? Oui, il est possible de sortir de la « friend zone ». AMBITION Cap sur un mois plutôt inspiré et très dynamique qui va vous offrir l’occasion d’affirmer vos idées et de donner de l’élan à vos projets.

BÉLIER

21.3 – 21.4 ÉMOTIONS Ce mois-ci, le ciel vous

parle d’engagement et de stabilité. C’est idéal pour concrétiser un projet en duo ou donner un bon départ à une relation naissante. AMBITION Ouf ! Mars et ses exigences guerrières quittent votre signe. Résultat : une ambiance plus apaisée, idéale pour prendre du recul et s’ouvrir aux options offertes par Jupiter.

TAUREAU

22.4 – 21.5 ÉMOTIONS Vénus donne un

Par Carole Vaillant

nouveau souffle à votre vie amoureuse. À vous projets excitants et choix partagés ! En solo, vous pourriez faire une rencontre lors d’un déplacement. AMBITION Mars initie une période dynamique mais tendue. Au programme : enjeux motivants, opportunités à saisir, mais aussi obstacles imprévus. Restez zen, ça se décante à la fin du mois.

GÉMEAUX

VERSEAU

21.1 – 18.2

ÉMOTIONS

Jupiter vous insuffle son optimisme et un bonus non négligeable de confiance en vous qui va directement impacter vos relations. À deux ou en solo, c’est l’occasion d’être vous-même. AMBITION

Mercure affûte votre esprit et vous prête son éloquence, c’est le moment d’imposer vos idées. Mais gare à un climat imprévisible et un peu agressif. Ne prenez pas de risques.

22.5 – 21.6 ÉMOTIONS Le ciel réinvente vos

amours. Des rencontres ou des échanges en début de mois vont mettre en évidence de nouveaux désirs. En privé, les mots et l’érotisme font bon ménage. AMBITION Mercure dynamise les échanges et stimule la créativité de groupe. C’est un bon moment pour confronter vos idées à celles des autres ou vous impliquer dans un projet collectif.

CANCER 22.6 – 22.7

ÉMOTIONS Ce mois-ci, vos interactions avec les autres seront particulièrement riches et intenses, avec des possibilités de rencontre. En duo, vos émotions seront en phase. AMBITION Ça se clarifie et ça fait du bien. Vous allez pouvoir souffler un peu et commencer à voir les résultats de vos efforts des derniers mois.

LION

23.7 – 23.8 ÉMOTIONS Ce mois-ci, l’amour

ne s’imagine pas, il se vit et s’épanouit au quotidien. À deux, vous serez dans le même désir de construire. En solo, une relation de travail pourrait devenir intéressante.

RÉDACTRICE EN CHEF Marie Geukens mge@marieclaire.be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Julie Rouffiange jro@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ Charlotte Deprez cde@marieclaire.be JOURNALISTE MODE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be COLLABORATEURS Aurélia Dejond, Étienne Heylen, Linda Heynderickx, Marie Honnay, Joëlle Lehrer.

AMBITION Le début du mois s’annonce un peu laborieux, votre énergie risque surtout de vous servir à gérer les imprévus et à régler les problèmes. Bonne nouvelle : les affaires reprennent.

VIERGE

24.8 – 23.9 ÉMOTIONS Vénus et Mars

créent l’environnement idéal à la rencontre et au désir. C’est le bon moment pour accepter un rendez-vous ou faire évoluer une relation naissante. AMBITION Misez sur un ciel bienveillant et ouvert pour faire des propositions, mettre en avant votre esprit créatif ou trouver des soutiens. On pourrait vous confier plus de responsabilités.

DIGITAL RÉDACTRICE EN CHEF MARIECLAIRE.BE/FR Charlotte Deprez cde@marieclaire.be thetinynomad DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE rosaalieeb Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1

BALANCE

24.9 – 23.10 ÉMOTIONS En mode cosy, Vénus

vous susurre des envies de tendresse et d’intimité, et grâce à Mercure, le courant passe. En duo ou en solo, le dialogue amoureux va retrouver des couleurs. AMBITION Mars se fait moins belliqueux et Jupiter ouvre la voie des possibles. Résultat : moins de stress, des tas de pistes à explorer et de vraies opportunités d’imposer votre vision.

POUR VOUS ABONNER

10 numéros pour seulement 29,60 €. Simple et rapide : surfez sur www.viapress.be/marieclairefr Vous avez des questions ? Posez-les par mail à abo@marieclaire.be

SCORPION

24.10 – 22.11 ÉMOTIONS Exit relations popotes

et certitudes bien huilées : l’amour fait sa révolution. Ce mois-ci, l’imprévu sera la règle, le désir, une urgence et la rencontre, un défi. AMBITION Le contexte est laborieux et ne favorise pas les résultats immédiats. Inutile donc de s’énerver : patientez et lâchez prise, les choses vont se débloquer vers la fin du mois.

CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Deborah Schols dsc@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Campaign Manager) lmo@editionventures.be Amélie Eeckman (Print Production Coordinator) aee@editionventures.be Charlette Louis (Campaign Coordinator) charlette@editionventures.be Ann-Sofie Van Severen (Campaign Coordinator) avs@editionventures.be Pauline De Witte (Campaign Coordinator) pdw@editionventures.be EVENTS Florian de Wasseige (Project Manager) fdw@editionventures.be Ondine Scohier (Event Coordinator) osc@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl

DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige

SAGITTAIRE 23.11 – 21.12

ÉMOTIONS Toujours inspirée, Vénus continue de stimuler votre vie amoureuse et votre estime de vous, surtout au début du mois. À deux, un projet évoqué récemment pourrait se concrétiser. AMBITION Votre ciel s’ouvre sur l’extérieur : communication, culture, échanges avec les autres sont mis en avant. C’est aussi un bon moment pour défendre vos idées.

IMPRIMERIE Quad/Graphics

CAPRICORNE

22.12 – 20.1 ÉMOTIONS Vénus sublime votre

féminité et réveille l’amoureuse en vous. À deux, vos désirs seront des ordres. Toujours libre ? Profitez-en, car il y a de la rencontre dans l’air. AMBITION Les affaires reprennent. Le contexte est très ouvert et Mars, désormais acquis à votre cause, va vous offrir une foule d’occasions de briller et de vous imposer.

SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be

EDITION VENTURES CEO Bernard de Wasseige

SHUTTERSTOCK.

POISSONS

19.2 – 20.3 ÉMOTIONS Vénus inaugure une

La transmission de documents et informations à la rédaction du Marie Claire Belgique – S.A. Edition Ventures inclut l’autorisation de l’auteur quant à leur libre utilisation voire publication. Les marques, les prix et les adresses publiés dans Marie Claire n’engagent en aucune manière celui-ci et ne sont annoncés qu’à titre indicatif sans vérification préalable de leur contenu par le Marie Claire Magazine. Ce dernier décline toute responsabilité pour les documents envoyés. La reproduction, même partielle, de tous les articles, photographies, dessins, modèles et illustrations du Marie Claire Belgique est interdite tout comme celle des créations d’artistes publiées dans le Marie Claire et ce, même si ceux-ci sont publiés à titre de publicité. Tous droits réservés ©Marie Claire Belgique 2019.

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LIFESTYLE

INTERVIEW

L E N O U V E AU RO U G E À L È V R E S C O U T U R E

35 VOTRE TEINTES. SATIN, AIMEZ-VOUS VISAGE ? MAT, MÉTALLIQUE ET NOUVEAU VELOURS. QUE NE SUPPORTEZ-VOUS PAS QUE L’ON DISE DE VOUS ? Je m’y suis faite. Avec le temps, SOINj’aiFLORAL. RECHARGEABLE. appris à l’aimer et à lâcher prise. Je me fous de ce que les gens disent de moi à l’extérieur, mais dans l’intimité, je ne supporte ÊTES-VOUS FILLE OU FEMME ? pas que l’on m’accuse de quelque Les deux. Vieille dame, enfant, chose que je n’ai pas fait. bébé, un peu tout…

VOTRE MÈRE ÉTAIT-ELLE DOMINANTE OU SOUMISE ?

Dominante mais aussi très « soutenante ».

VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?

Des rideaux en lin écoresponsables.

LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?

COMBIEN DE DROGUES VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ?

Six : l’art, l’amour, la nourriture, le sexe, la musique et le sommeil.

Il y en a deux. Se sentir légitime de faire les choses à partir du moment où l’on éprouve du désir pour elles. Et aussi : expliquer aux gens qu’on a envie de travailler avec eux parce qu’ils ne peuvent pas le deviner.

LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?

LA DERNIÈRE CHOSE QUE VOUS AYEZ BUE ET MANGÉE ?

Il y a eu plein de beaux regards posés sur moi. Je ne peux pas en citer un en particulier.

CITEZ TROIS AMANTS ET AMANTES RÊVÉS AU COURS DE VOTRE VIE.

Mads Mikkelsen, Louis Aragon et Frida Kahlo. VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?

Écouter de la musique.

POUVEZ-VOUS PRENDRE UNE PHOTO DE VOUS ?

Des tortellinis au bar avec une sauce au beurre et une tarte tatin, le tout accompagné d’une coupe de champagne. C’est jour de fête ! (Rires.) LE GOÛT DONT VOUS AVEZ HONTE ?

Le Coca. Je n’arrive pas à le rayer de ma carte même si je n’en bois pas trop depuis un certain temps. ÊTES-VOUS VIOLENTE ?

Je ne crois pas. Ah si ! Je peux gueuler sur ma petite chienne Pepper quand elle fait de grosses conneries, comme bouffer mon canapé.

AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?

J’ai appris à l’aimer. Il est un peu singulier et, enfant, on n’aime pas se faire remarquer. POUVEZ-VOUS SORTIR SANS MAQUILLAGE DANS LA RUE ?

Évidemment !

FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?

S’adapter pour combattre. LA PREMIÈRE FOIS OÙ VOUS VOUS ÊTES SENTIE LIBRE ?

Sur la scène de Nouvelle Star, en 2009. LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?

Essentielle. À la fois précieuse, intime et un peu sacrée.

SI VOUS ÉTIEZ UNE FÉE ET QUE VOUS POUVIEZ OFFRIR TROIS DONS À UN ENFANT NAISSANT, LESQUELS SERAIENT-CE ?

Je lui offrirais la confiance en soi, la passion et l’amour. 1. De Noémie Saglio. 2. Facile (Dhaouw Prod/Playtwo, distribué par Sony Music).

CAMÉLIA JORDANA

LE QUESTIONNAIRE

La chanteuse et comédienne, récemment à l’affiche de Parents d’élèves (1), s’apprête à publier son quatrième album (2). Et se révèle ici très librement, entre no make-up, Mads Mikkelsen et tortellinis au bar sauce au beurre. Par Fabrice Gaignault

CAMÉLIA JORDANA.

DORMEZ-VOUS LA NUIT ?

Je dors comme un bébé qui fait ses nuits.


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