Et bien sûr, afin d’éviter le plus possible la confrontation physique, ce manuel met également l’accent sur la prévention, la dissuasion verbale et la dissuasion comportementale. C’est en s’inspirant des animaux et des jeunes enfants, qui ne sont pas encore domestiqués donc d’excellents combattants, que Martial Vout, ancien garde de corps ayant travaillé pour des personnalités du MoyenOrient, formé aux États-Unis, a développé sa méthode d’autodéfense, expliquée et illustrée dans ce petit guide avec la collaboration de la chanteuse Sonia Grimm, elle-même ancienne victime de violences. Martial Vout enseigne aux femmes à se défendre en partageant son temps entre la Suisse et l’Inde.
Martial Vout
AUTODÉFENSE INSTINCTIVE
Pourquoi l’être humain serait-il le seul mammifère à devoir apprendre des arts et des sports de combat pour sa sécurité ? Debout, assise ou au sol, découvrez la méthode humaine originelle de défense dont on ne parle bizarrement jamais ! Des gestes simples, efficaces et ne demandant pas de condition physique particulière. Des gestes que vous n’oublierez pas. Quels que soient votre âge, votre masse musculaire, votre poids, votre taille, vous êtes armées pour faire face à toute menace. Découvrez votre « double sauvage », la bête qui sommeille au fond de vous !
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ÉDITIONS FAVRE SA
Siège social 29, rue de Bourg CH-1003 Lausanne Tél. : (+41) 021 312 17 17 Fax : (+41) 021 320 50 59 lausanne@editionsfavre.com Adresse à Paris 7 rue des Canettes F-75006 Paris www.editionsfavre.com Dépôt légal en Suisse en mars 2019. Tous droits réservés pour tous pays. Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite. Photo de couverture : Sandra Pointet Toutes les autres photos : Fabiano Mancesti Conception graphique et mise en page : Steve Guenat, www.ideesse.ch ISBN : 978-2-8289-1746-3 © 2019, Éditions Favre SA La maison d’édition Favre bénéficie d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
AUTODÉFENSE INSTINCTIVE
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Martial Vout
AUTODÉFENSE INSTINCTIVE Devenez votre propre garde du corps
SOMMAIRE
PRÉFACE
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INTRODUCTION
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1.
MAMMIFÈRES HUMAINS SYNTHÉTIQUES
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2. MÉTHODE HUMAINE ORIGINELLE DE DÉFENSE
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3. PRINCIPES DE COMBAT
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4. ÉTAT REPTILIEN
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5. REFUS ABSOLU DE SUBIR
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6. PRÉVENTION
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7. MANIPULATEURS ET PERVERS NARCISSIQUES par Anne-Laure Dorogi-Duc et Danielle Dummermuth-Rappaz
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8. DISSUASION
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9. DÉFENSE PHYSIQUE DEBOUT
60
10. ASSISE
124
11. AU SOL
138
12. DANS UNE VOITURE
162
13. FACE À UNE ARME
172
L’AUTEUR
182
ASSOCIATIONS D’AIDE AUX FEMMES
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« Dans les jungles de nos villes on a mutilé nos instincts et de farouches en serviles les loups sont devenus des chiens. » David-Nicolas Esseiva
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PRÉFACE
AUTODÉFENSE INSTINCTIVE
Lorsque Martial Vout m’a contactée pour me proposer de faire ces photos avec lui, j’ai tout de suite trouvé ce projet important. Ayant été agressée physiquement par mon ex-mari il y a quelques années, j’ai mal vécu ce sentiment d’impuissance. Il a utilisé sa force et son poids pour m’immobiliser, et sur le moment je n’avais aucune idée des gestes que j’aurais pu faire pour sauver ma vie. J’étais convaincue d’être à sa merci, parce qu’il était plus fort, plus lourd, plus grand. Il existe bien des méthodes d’autodéfense ; on peut apprendre les arts martiaux, le krav maga, le jiu-jitsu, le nanbudo… Il y a du choix. Encore faut-il avoir du temps à consacrer à ces disciplines et, lors de l’agression, avoir la présence d’esprit et la possibilité physique de mettre en pratique les gestes appris et répétés. Contrairement à ces techniques, la méthode de Martial Vout a l’avantage d’être simple et instinctive. Elle ne demande pas d’assimiler des gestes compliqués, ni d’avoir de la force, juste d’oser se défendre, d’oser faire mal pour stopper son agresseur, en utilisant nos armes défensives naturelles. Au lieu de demander du self-control, cette méthode met à profit l’adrénaline sécrétée lorsqu’on se sent en danger pour nous rendre plus efficaces.
PRÉFACE
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Le ton libre de Martial Vout, impactant et parfois très critique par rapport à notre société est volontairement provocateur voire caustique, cela fait partie de son message dont le but est de nous réveiller. Il n’y a ni mépris pour notre mode de vie actuel, ni dénigrement de ce que nous sommes devenus, juste la volonté de nous faire prendre conscience de ce que nous sommes – des individus dociles et parfois frustrés – et de ce que nous ne sommes plus – des êtres proches de leurs instincts de survie. Il s’est inspiré des animaux et des gestes que font les enfants de manière instinctive. Il n’y a donc pas besoin de suivre des semaines de cours ou d’être en forme physiquement pour pouvoir mettre en pratique sa méthode. On peut l’utiliser à tout âge et quelle que soit sa force ou sa dextérité. Il faut savoir poser ses limites et ensuite faire appel à la force vitale naturelle qui sommeille en chacun(e) de nous. L’essentiel étant d’oser oublier les conventions sociales, les formes de politesses et de réveiller notre instinct. Le fait de savoir et de comprendre que nous avons tout en nous pour nous défendre seul(e) nous permet de prendre de l’assurance. Lorsque nous avons une meilleure confiance en nous-mêmes, notre comportement et notre posture changent. Si un agresseur potentiel comprend instinctivement, par notre langage physique non verbal, que nous ne sommes pas une victime facile, cela peut l’inciter à passer son chemin. Afin de profiter de toute l’étendue de la méthode, je vous invite à ne pas juste regarder les images et consulter les commentaires s’y rapportant, mais également à bien lire les chapitres 1 à 8, qui vous feront prendre conscience de vos aptitudes naturelles pour vous défendre. Nous avons créé ensemble l’Association « Parle-moi », dont le but est la sensibilisation et le soutien aux victimes de violences, de violences psychologiques et de harcèlement, notamment par le biais d’un programme pédagogique destiné aux enfants et aux adolescents. Pour plus d’informations : www.associationparlemoi.com. Quel est l’animal sauvage qui sommeille en vous ? Je vous souhaite bonne lecture.
Sonia Grimm, compositrice et interprète de chansons pour jeune public, auteure de Insoumise (éd. Favre, 2018).
INTRODUCTION
INTRODUCTION
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En France, une étude de 2016 soutenue par le Ministère des Droits des femmes révèle qu’au cours de sa vie, 1 femme sur 26 est violée et 1 sur 7 est agressée sexuellement. Et que les 3/4 des femmes victimes de viol et de tentative de viol ont été agressées par un membre de leur famille, un proche, un conjoint ou un ex-conjoint (enquête « Violences et rapports de genre » de l’Institut national d’études démographiques – INED). Toujours en France, selon Le Défenseur des Droits, seulement 10 % des femmes victimes de viol portent plainte et seuls 3 % des viols débouchent sur une condamnation. Le harcèlement au travail touche 1 femme sur 5 et seuls 30 % des cas sont transmis à la connaissance de l’employeur. En Suisse, sur le site de l’État de Vaud, on apprend qu’1 femme sur 5 subit de la violence physique ou sexuelle au moins une fois dans sa vie de la part de son partenaire ou ex-partenaire. Et qu’en moyenne 2 femmes par mois sont tuées par leur partenaire ou ex-partenaire. Une femme sur 10 porte plainte après un viol ? Un chiffre qui dit le travail qui reste à accomplir. Et en Inde, où je me rends chaque année ? Impossible de savoir… 1 sur 3000… 8000 ? Là-bas, le tabou est bien plus lourd encore. Une femme victime d’une agression sexuelle ne veut dire à personne qu’elle est « sale » et par là entacher sa réputation et celle de sa famille. En Inde (et dans de nombreux autres pays), c’est mieux d’avoir une chèvre qu’une fille. Une chèvre, on peut la traire et la manger. Une fille, sa dot va coûter un bras à papa. Une femme, elle se tait et, aux yeux de la société, elle est responsable de ce qui lui est arrivé. C’est un matraquage tellement ancré que les victimes le croient elles aussi. Je n’aime pas les statistiques qui ramènent invariablement les femmes à l’idée qu’elles subissent, qu’elles sont victimes « éternelles », qu’il n’y a pas grand-chose à faire, que les hommes sont plus forts physiquement. Et les chiffres mentent, les chiffres varient d’une étude à l’autre, les chiffres on peut leur faire dire ce que l’on veut. Que ce soit en Suisse, en France ou en Inde, ça ne m’intéresse pas de savoir si, en 2018, on a recensé 1 % de viols en plus ou en moins et si les urgences des hôpitaux ont enregistré une légère diminution ou une légère hausse des arcades brisées, yeux pochés, commotions, dents cassées, bras cassés, coups de couteau, brûlures à l’acide ou des bleus sur le corps des femmes qui leur ont rendu visite.
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AUTODÉFENSE INSTINCTIVE
Nos sociétés n’avancent pas dans la direction de moins de violences à l’encontre des femmes… pas besoin de consulter des statistiques pour le sentir. Si les femmes portent plainte plus « facilement » lorsqu’elles sont victimes de violences, si le tabou tombe un peu, si les affaires Strauss-Kahn, Weinstein et Cosby participent à délier quelque peu les langues, à faire avancer la cause, tant mieux, mais en parler plus va-t-il permettre de diminuer le nombre de victimes ? Je ne crois pas. On ne peut rien contre la frustration et dans nos sociétés, les hommes (et les femmes) ne vont pas vers moins de frustrations. Nos sociétés sont plutôt des machines à fabriquer des frustrations, tous les corollaires d’un libéralisme exacerbé : toujours plus de précarisation, de chômage, de très riches, de très pauvres, d’humiliations, de solitude, de pressions, de matérialisme, d’égoïsme, d’agressivité, de repli communautaire, de repli sur soi, de provocations, de nudité, de pornographie, de chosification des femmes (et des hommes), d’abrutissement, de perte de valeurs, de perte de contrôle, de déresponsabilisation, de troubles psychiatriques, d’excuses, etc. Et quand ça va mal, ce sont les femmes qui ramassent les premières. Les hommes à la main leste, les agressions, les viols, les vols avec violence, les coups, les menaces, les insultes, les perversions, les manipulations. ont de beaux jours devant eux. Et même s’ils diminuaient un peu, qu’est-ce que ça changerait ? Il y a et il y aura toujours des violences à l’encontre des femmes. Certains hommes sont frustrés, violents, malades, manipulateurs, pervers, ou très lâches. Même si certaines femmes reproduisent des schémas qu’elles devraient identifier, c’est un peu une loterie pour celles qui pourraient se retrouver un jour face à un homme violent. Les frustrations et l’agressivité sont là et c’est plus facile de taper sur sa femme à la maison que de taper sur son petit chef au travail. On risque moins son pouvoir d’achat et sa « place » dans la société. Et si on n’a pas de travail, alors on a une autre excuse pour se soulager sur sa femme.
INTRODUCTION
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Il est plus efficace de s’attaquer à un problème à sa source mais concernant notre sujet – la violence de certains hommes – je ne vois pas de sortie du tunnel, de traitement éradicateur. Alors j’ai choisi de focaliser sur le domaine où la marge de progression est phénoménale : la capacité des femmes à sauver leur peau. Seules. Comme l’ourse, la louve, le hamster femelle, la loutre ou le varan femelle. La formidable capacité du mammifère humain femelle au combat est une des choses les moins connues, les moins dites et les moins comprises sur cette planète.
MAMMIFÈRES HUMAINS SYNTHÉTIQUES
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MAMMIFÈRES HUMAINS SYNTHÉTIQUES
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Chères lectrices, autant vous le dire tout de suite, vous n’êtes pas prêtes à faire face à un homme violent et déterminé. Au niveau de la défense personnelle, du combat, vous êtes un mammifère humain femelle dégénéré. Le mammifère humain mâle l’est tout autant… mais il a les avantages du poids, de la taille, de la masse musculaire et de la frustration (agressivité), c’est pourquoi, sans savoir se battre mieux que vous, il parvient le plus souvent à ses fins lorsqu’il agresse une femme. L’homme est également avantagé au niveau de sa confiance en lui car on lui dit depuis son plus jeune âge qu’il est plus fort que les filles et il l’a vérifié lors de jeux et de bagarres avec sa sœur ou à l’école dans la cour de récréation. La télévision, le cinéma et les articles de journaux le confortent encore dans son sentiment de supériorité car les victimes y sont très souvent des femmes subissant la violence des hommes. Les hommes ne s’attendant pas à ce qu’elles sachent se défendre ou même tentent de se défendre, les femmes ont l’avantage de la surprise mais elles utilisent mal cet avantage qui ne les réconforte pas vraiment, surtout si elles n’osent pas et/ou ne savent pas blesser leur agresseur. Mammifères humains femelles ou mammifères humains mâles, nous avons toutefois en commun d’être domestiqués et rendus synthétiques. Nous avons des maîtres et nous vivons entourés de synthétique. À force de soumission et de modernité, nous nous sommes éloignés de notre nature profonde, de notre instinct de combat. Les animaux domestiques n’ont pas de prédateurs… nous vivons dans des environnements sécurisés et nous ne nous battons pas pour manger, pour survivre. On prend soin de nous, on nous « protège » et on nous nourrit. Nous obéissons chaque jour aux ordres de la bien-pensance, de la morale, de la Banque, de l’État, de l’entreprise, du chef, du groupe, de la famille, du conjoint, de normes culturelles, de la bienséance, de la modernité, de l’ouverture, de la pensée unique, de la mode, de la publicité, de nos peurs, de nos hésitations, du qu’en-dira-t-on, du dernier gadget à la mode, du matérialisme, etc. Nous portons des vêtements synthétiques, nous marchons sur des revêtements de sol synthétiques, dans des bâtiments synthétiques, entourés d’objets synthétiques. Nous nous parfumons, nous appliquons des crèmes et des déodorants toxiques, nous buvons le lait d’autres mammifères, nous mangeons de la nourriture industrielle pourrie de conservateurs
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AUTODÉFENSE INSTINCTIVE
et de colorants, de la viande et du lait aux hormones et aux antibiotiques, nous respirons un air vicié, nous passons notre temps devant des écrans, nous prenons des médicaments à la moindre fièvre, des antidouleurs au moindre bobo et des antidépresseurs à la moindre déconvenue sentimentalo-existentielle… L’homme d’aujourd’hui, plus particulièrement celui travaillant dans le secteur tertiaire, est devenu inconsistant et faible, la moitié de lui-même. Torse, aisselles et pubis rasés, il se met la cravate autour du cou chaque matin comme il met le collier à son chien, puis il se presse de monter dans sa cage à quatre roues ou dans la bétaillère sur rails pour aller se présenter à l’heure devant son petit chef, son maître. Il va se soumettre et lui obéir toute la journée. À 9h30, il aura droit à une pause de 15 minutes, pas plus. Une heure à midi, pas plus, puis il faudra retourner bosser. Il va faire le dos rond et se réjouir d’arriver au week-end et aux prochaines vacances. Pour ses vacances, il demandera, il proposera des dates et son petit chef lui dira si ça convient ou non. On est si loin du tigre… mais heureusement, on peut s’en tatouer sur les bras ! Le salariat est une aliénation et de l’esclavagisme moderne. Le mammifère humain mâle d’aujourd’hui tutoie l’émasculation. Il est également privé de territoire, il en a perdu l’instinct : il loue son deux pièces et demie, les frontières de son pays sont moribondes (quand on ne les a pas tout simplement supprimées) et il accepte la venue d’autres mâles du monde entier qui viennent s’installer chez lui et lui disputer ses femelles. Mais en même temps, ça lui est égal car il a le droit à sa reproduction, il n’a plus à se battre, à être dominant pour avoir une descendance. Il peut se laisser déviriliser car il vit dans un monde « civilisé », un monde de droits. L’être humain est l’unique mammifère dont les mâles les plus faibles ont tout de même une descendance. On a supprimé la sélection naturelle (effet dysgénique). On demande à l’homme occidental moderne de penser comme sa femme et d’être sa meilleure amie. Il fait caca mou à l’idée de perdre son job – « je bosse donc je suis » – et son sacro-saint pouvoir d’achat. Il hésite concernant la couleur de la coque de son smartphone et la longueur de la diagonale de son prochain écran plat. Il rêve à des jantes alu et à son nouvel abonnement TV de 400 chaînes. Il a des pensées cosmétiques et, pour couronner le tout, son mode alimen-
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taire lui fait bouffer des œstrogènes à la louche ; à 30 ans son taux de testostérone ne fait pas 18 % de celui de Lino Ventura à l’âge de 60 ans, sans parler de la qualité de son sperme. Mais revenons à vous, Mesdames… Dans vos bottines à semelle en caoutchouc aux thiurames arrosées de spray imperméabilisant au silicone, au 14e étage d’une tour de béton aux hydrofuges, sur un revêtement de sol aux formaldéhydes, entre des murs recouverts de peintures aux solvants, dans vos vêtements synthétiques aux hydrocarbures, parfumées au parahydroxybenzoate, tartinées de crèmes aux alkylphénols, de fond de teint et de vernis à ongles au benzophénone et de rouge à lèvres au butylhydroxyanisole (vous en avalez 1 kg durant votre vie), vaccinées à l’aluminium depuis votre tendre enfance contre toutes ces terribles maladies qui font peur, avec 6 jours par mois un bâtonnet de coton aux dioxines entre les cuisses, un contraceptif perturbateur endocrinien dans le bras ou par voie orale et votre sac à main rempli d’analgésiques et de chewing-gums à l’aspartame… Vous êtes loin de la lionne à pattes nues dans la savane qui mange bio, qui est posée, ancrée dans son élément. En connexion avec son instinct et son environnement naturel comme toutes ses congénères des autres races animales… sauf vous. Souvenez-vous de ces images de vacanciers sur les plages thaïlandaises et sri-lankaises lors du tsunami de 2004. Ils ne partent pas, ils regardent ahuris la vague arriver sur eux et ne rappellent pas leurs enfants. Le silence est assourdissant, les oiseaux et les clébards se tirent à l’intérieur des terres… On a même vu un lapin nain et deux gerbilles sortir de l’eau ! Et toutes ces femmes et ces hommes qui restent là sur le sable, ces braves pères de famille en slip de bain, la panse bien grasse et les mains sur les hanches à scruter l’horizon… Imaginez une panne d’électricité, pas de télé pendant 3 jours, pas d’internet, pas de Facebook, pas de Youtube, pas de téléphone portable… et la moitié de la population a besoin de soutien psychologique, sombre en dépression. Je grossis à peine le trait et les exemples sont nombreux. C’est tout un système d’aliénations, un environnement et un mode de vie synthétiques et technologiques qui nous ont tous éloignés de notre nature profonde. Qui fait que, si souvent, en cas d’agression, notre instinct de survie est « éteint ». Sinon, comment expliquer que tant de femmes et d’hommes sont violentés sans que leur agresseur reçoive le moindre coup, ait la moindre griffure au visage ?
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Il nous est arrivé ce qui est arrivé aux chiens… Observez les chiens que vous croisez sur les trottoirs, dans les jardins. Combien parmi eux survivraient en forêt, livrés à eux-mêmes ? Leur musculature s’est atrophiée, leur distance de fuite et leur distance critique sont quasiment inexistantes à force de ne plus avoir de prédateurs et de se faire servir la gamelle. Ils ne tuent pas pour manger, ils portent un collier, ils se soumettent à leur maître (même quand celui-ci les bat). Ils n’ont plus rien du loup et pourtant c’est de lui qu’ils descendent. Les chats sont bien moins atteints, surtout ceux qui peuvent s’aventurer à l’extérieur. Le chien fait pipi quand son maître décide de le promener alors que le chat, lui, sort ou va dans sa caisse à sa guise. Les chats n’ont pas de maître et pas de laisse. Même si on les nourrit, ils tuent des proies, des souris, des campagnols ou des oiseaux lors de leurs sorties. Et ils se battent entre eux, il n’y a personne pour les en empêcher. Ils défendent le territoire qu’ils se sont attribué ou ils s’affrontent lors de rencontres fortuites. Le chien défend un jardin que son maître a clôturé. Son maître fait tout pour l’empêcher de se battre, d’être blessé. Si, durant son existence, un chien court après deux facteurs, trois chats et un hérisson passés dans son jardin, c’est déjà beaucoup. Il fait ses promenades au bout d’une laisse et quand il voudrait en découdre avec un camarade qui ne lui revient pas au bout d’une autre laisse, les deux maîtres tirent dans des directions opposées. Un chat enfermé avec son « propriétaire » décédé finit par bouffer son cadavre pour survivre. Le chien se laisse le plus souvent mourir. Le chien ne chasse plus, ne copule plus, ne se bat plus, ne tue plus. Il est malléable, retenu, interdit, quasi « éteint » au niveau de ses instincts. Et il joue encore à la baballe à l’âge adulte, il joue jusqu’à sa mort, contrairement au loup qui rapidement cesse de jouer. De nombreux hommes aujourd’hui, autre mal de notre société, restent d’éternels gamins peu fiables, irresponsables, des adulescents, des hommes-enfants… Le chien est domestiqué, comme nous qui avons une laisse invisible. Nos patrons nous parquent dans des espaces cloisonnés et nous infligent des horaires. Dans certaines entreprises, on va uriner quand le règlement l’autorise et des caméras sont placées devant les toilettes pour avertir les employés qui s’y rendent trop souvent ou trop longtemps. Mis à part certains éleveurs et paysans, personne ne tue la viande qu’il consomme. La défense de
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notre territoire nous est interdite. Et quel territoire ! Un trois-pièces au sommet d’une tour ? Si vous dérouillez un cambrioleur, c’est vous qui serez poursuivi. Si on vous insulte dans la rue, vous devez continuer votre chemin. Si des casseurs sont à l’action, vous devez les regarder faire et attendre la venue de la police. Même les policiers hésitent à utiliser la force tant leur hiérarchie leur met la pression. Personne ne se fait autant insulter dans sa vie qu’un policier (un prof ?)… Et pourtant il représente l’« autorité ». Les « troublions » ont tous les droits. Il n’y a plus de crimes ou de délits, on ne voit plus que des « incivilités ». Notre société est celle de la tolérance et de la compréhension. On excuse tout. Les violeurs prennent des peines de prison avec sursis (les rares fois où ils sont poursuivis). Le viol est-il une incivilité ? Quand on voit le peu d’empressement de notre « justice » à le punir, on est en droit de se poser la question. On demande à la victime d’un viol de « comprendre » la frustration de son bourreau et de le plaindre pour son « parcours difficile »… Le juge fait tout pour ne pas perturber sa vie de famille, sa vie sociale et pour qu’il conserve son job s’il en a un. Et nous acceptons tout ça. Certains disent que nous sommes « civilisés ». Je dis domestiqués. Le fait de déléguer notre sécurité, de nous laisser « protéger » et de refuser notre violence parfois saine et nécessaire est une différence supplémentaire entre le mammifère mou que nous sommes devenus et les autres animaux qui ne pensent pas mais ressentent et font ce qu’il faut : explosent et blessent leur opposant. Quand nous ne pouvons pas fuir, quand nous n’avons pas le temps de tenter de dissuader notre agresseur ou que nos injonctions verbales n’ont pas d’effet, nous devons accepter de nous battre et de faire mal. Il faut réveiller le reptile, notre instinct de combat. La « bête » en nous. Nous sommes les maîtres du monde, nous ne craignons plus les lions et les ours que nous avons parqués dans des réserves et dans des zoos mais au niveau de notre défense physique personnelle, nous ne valons de loin pas le hamster ou la chèvre…
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Vous ne pouvez pas savoir si vous êtes capable de basculer en état reptilien tant que vous n’avez pas été confrontée à un véritable danger. Et rien n’est moins sûr au vu de notre dégénérescence instinctive. Et la plupart du temps, les femmes font face à des situations de moindre gravité qui ne demandent pas d’être pareillement enragée et qui ne vous plongeraient pas dans cet état second. L’état reptilien concerne les situations de danger de niveau « haut ». Pour les situations de danger « moyen » ou « faible », il faut quelque peu refréner la bête… Pour espérer basculer en état de refus absolu en cas d’agression, interrogez-vous concernant votre vie de tous les jours. Sans verser dans l’hystérie anti-homme très à la mode et injuste, votre vigilance à ne pas laisser sans réponse les mauvais comportements est primordiale. En premier lieu, cessez de dire « oui » quand vous pensez « non ». Il existe 1000 exemples et ils ne concernent pas que les hommes que vous côtoyez : • Si vous laissez passer quand votre fille ou votre fils ne vous obéit pas… • Si vous n’osez pas demander au serveur de vous apporter un autre café que celui, froid, qu’il a déposé devant vous… • Si vous n’osez pas dire à votre collègue Josiane de parler moins fort au téléphone… • Si vous n’osez pas dire à votre collègue Bernard-qui-sent de ne pas porter la même chemise toute la semaine… • Si vous ne dites rien lorsqu’on vous dépasse dans la file à la caisse du supermarché… • Si vous faites plaisir à votre compagnon insistant alors que vous voulez dormir ou que vous n’avez simplement pas envie… • Si vous n’osez pas réagir quand votre beau-père vous fait la bise sur le coin de la bouche en posant sa main un peu trop bas dans votre dos… … vous êtes loin d’avoir le profil pour faire mal à un agresseur déterminé à vous nuire physiquement. Ajoutez à cela tout ce qui vous effraie, la masse musculaire, le poids, la taille, les yeux fous, les menaces, les cris, la vibration et l’agressivité de celui qui vous fait face ainsi que tous les mécanismes (volontaires et involontaires) de l’extinction de votre nature profonde développés plus haut et il n’y a plus à chercher pourquoi les femmes sont si souvent vaincues en cas d’agression.
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Les agresseurs sont des lâches à la recherche d’une proie facile. Leurs victimes sont supposées être terrifiées et soumises. S’ils rencontrent une résistance, une « cinglée » très sonore avec des yeux exorbités, prête à sauver sa peau, ils peuvent abandonner ou être tout simplement battus (blessés). L’autodéfense est avant tout un état d’esprit qui se construit en amont. Travaillez à être confiante, à savoir ce que vous êtes et ce que vous voulez vraiment dans la vie, à ce qui est bon pour vous. Et obtenez-le. Lorsque la confrontation devient physique, il ne faut pas essayer de « garder son sangfroid », de se contrôler. Refus absolu de subir ne va pas de pair avec « contrôle » mais avec « sauvagerie ». Si Mère nature fait exploser notre rythme cardiaque en situation de danger, c’est pour une bonne raison ! Cessons d’aller à son encontre pour tenter d’être en état de réaliser des prouesses techniques et artistiques codifiées, chorégraphiées. Si vous donnez les coups bruts, naturels, instinctifs, ils seront encore plus explosifs et destructeurs avec un rythme cardiaque élevé. C’est une des raisons pour lesquelles celui-ci prend l’ascenseur dans une situation de danger. Les animaux ne gardent pas leur sang-froid, ils ne cherchent pas à se maîtriser quand ils se battent pour leur survie. S’il faut nous battre contre nous-même avant de nous battre contre notre agresseur, nous ne sommes pas sortis de l’auberge… C’est lorsqu’on cherche à appliquer des techniques et des mouvements inventés qu’il faut conserver son sang-froid et se maîtriser. Facile à l’entraînement, lors de simulations. Facile sur un ring ou un tatami, face à un agresseur qui reproduit des gestes codifiés que vous connaissez, avec des règles, des coups interdits, des catégories de poids et un arbitre pour stopper le combat si vous dérouillez trop. Mais plus difficile en situation réelle, seule face à un homme qui veut vous mettre à terre et se coucher entre vos cuisses ou vous tabasser dans votre salle à manger. Notre nature profonde ne nous commande pas de nous maîtriser et de garder notre sang-froid en cas de danger. Bien au contraire ! Nous sommes programmés pour exécuter les mouvements et les frappes les plus simples, dits « bruts », dont l’explosivité (la puissance et la vitesse) augmente avec un rythme cardiaque élevé. Les deux autres familles de mouvements qu’exerce l’être humain avec ses bras, ses mains et ses jambes sont les mouvements « fins » et « complexes ».
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Les mouvements fins ont une faisabilité qui s’effondre passé les 115 battements cardiaques par minute (bpm). Ils sont les mouvements demandant une coordination entre les doigts et les yeux, de la précision, comme le passage de menottes, les techniques d’immobilisation, clés de poignet, de coude, de genou. Les mouvements complexes, asymétriques, exécutés avec un jeu de jambes également asymétrique et chorégraphié ont une faisabilité déclinante dès 145 bpm. Tous les déplacements, mouvements et frappes non naturels des arts et des sports de combat en font partie. Votre rythme cardiaque au repos se situe entre 60 et 80 bpm. En situation de danger « moyen » ou « haut », il va plus que doubler en quelques secondes. Un autre facteur devant être pris en considération est le fait que plus on connaît de coups différents, plus notre temps de réaction est lent. Raison pour laquelle Mère nature n’a prévu, debout de face, qu’un seul coup de pied – le coup de pied reptilien – donné avec l’intérieur du pied et sur une seule cible, le tibia. C’est le coup de pied que donnent les enfants, sans que leur père le leur ait enseigné. C’est le coup de pied humain originel debout. Un minimum de coups et applications avec les mains, les pieds, le crâne, les dents : la simplicité est le mot d’ordre naturel et reptilien. Avec Mère nature, pas de recherche esthétique, pas de chorégraphies, pas de mouvements non naturels. Uniquement des frappes et des applications brutes avec une main naturelle, ni en poing, ni en shuto (tranchant de la main au karaté), ni en fourchette, etc. Personne ne remet en question la manière de combattre des animaux. Nous sommes nous aussi des mammifères dotés d’un instinct de survie et d’une méthode de combat, il faut nous en souvenir ! Mais pour éviter le plus possible d’avoir à mettre en branle nos formidables capacités physiques et mentales, concentrons-nous un instant sur le chapitre suivant…
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Coup de bassin Lorsqu’il se colle derrière vous ou lors d’une saisie par-derrière à la taille, au ventre ou aux épaules 19, vous pouvez lui donner un coup de bassin (fesses) dans le bas-ventre 20, mouvement typiquement reptilien. Ça le fait reculer et lâcher prise. Puis quittez la zone ou, si nécessaire, retournez-vous et frappez (ou poussez) sa poitrine 21 ou donnez-lui un coup de pied reptilien. Ou retournez-vous simplement nerveusement pour lui faire face et frappez (ou poussez) sa poitrine pour l’éloigner. Dans une situation de danger « faible », sa prise n’est pas ferme, ses mains sont posées sur vous. Accompagnez toutes vos frappes d’une injonction verbale. « Non ! », « Stop ! », « Ne me touche pas ! » ou d’un cri. Signalez tout incident aux ressources humaines ou à la direction de votre club de sport ou autre. Ne laissez sans suites aucun mauvais comportement. Si les femmes se plaignaient plus souvent, plus ouvertement, si elles décidaient de passer à l’attaque et de dénoncer, moins d’hommes se permettraient de déborder pareillement. 19
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AU SOL
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Les cas où un agresseur tombe sur sa victime par-derrière et la jette au sol sans qu’elle n’ait rien vu venir ne sont pas des plus courants. Le plus souvent, une agression commence crescendo et les protagonistes, qui se connaissent, se font face. Attaquez son nez, ses oreilles ou ses yeux avant qu’il vous ait giflée et saisie par les épaules pour vous renverser sur le lit, sur le canapé ou sur le sol. C’est à lui d’aller au sol en se tenant les oreilles ! Parfois, la frustration est telle que plutôt que chercher à toucher ou violer une femme, un agresseur veut « détruire » l’objet de son mal-être, frapper sa poitrine (symbole de féminité) ou son visage à coups de pied. Dans une telle situation, il jette sa victime au sol puis contourne ses jambes pour se placer à hauteur de sa tête 172 173. Une agression sexuelle présente l’avantage que votre agresseur ne va pas contourner vos jambes mais plutôt se baisser devant vos pieds et chercher à monter jusqu’à votre visage. Certains agresseurs effectuent une approche similaire à l’agression sexuelle (ils ne contournent
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AUTODÉFENSE INSTINCTIVE
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pas vos jambes, se baissent et s’exposent à vos coups de pied au visage) car leur but est de s’asseoir sur leur victime pour lui distribuer des coups ou l’étrangler.
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Position au sol et coup de pied Vous êtes tombée mais vous n’êtes pas vaincue ! Sur le dos, le buste relevé, appuyée sur les coudes, soyez déterminée à vous en sortir 174 ! Aussi corpulent que soit votre agresseur, ses genoux sont fragiles, son visage encore plus. Reculez jusqu’à un mur, un meuble, les placards de la cuisine ou une voiture à l’arrêt pour n’avoir « que » 180° à couvrir. Avec le dessous de votre pied, frappez en piston son genou 175 ou sa tête 176. 176
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Martial Vout
Pourquoi l’être humain serait-il le seul mammifère à devoir apprendre des arts et des sports de combat pour sa sécurité ? Debout, assise ou au sol, découvrez la méthode humaine originelle de défense dont on ne parle bizarrement jamais ! Des gestes simples, efficaces et ne demandant pas de condition physique particulière. Des gestes que vous n’oublierez pas. Quels que soient votre âge, votre masse musculaire, votre poids, votre taille, vous êtes armée pour faire face à toute menace. Découvrez votre « double sauvage », la bête qui sommeille au fond de vous ! Et bien sûr, afin d’éviter le plus possible la confrontation physique, ce manuel met également l’accent sur la prévention, la dissuasion verbale et la dissuasion comportementale. C’est en s’inspirant des animaux et des jeunes enfants, qui ne sont pas encore domestiqués donc d’excellents combattants, que Martial Vout, ancien garde du corps ayant travaillé pour des personnalités du MoyenOrient, formé aux États-Unis, a développé sa méthode d’autodéfense, expliquée et illustrée dans ce petit guide avec la collaboration de la chanteuse Sonia Grimm, elle-même ancienne victime de violences. Martial Vout enseigne aux femmes à se défendre en partageant son temps entre la Suisse et l’Inde.
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