Préambule
Brayou qui s’est retroussé les poils et a sorti la vieille machine à écrire. Oui, c’est un chat old school, comme on dit.
– Mais Brayou, déjà, tu as oublié de mettre une feuille. Et range-moi ça, on va plutôt écrire le livre avec un ordinateur, un clavier et une souris, ça ira plus vite !
– Miaou.
– Non, la souris, tu ne peux pas la manger, c’est une souris d’ordinateur.
Les chats vivent depuis plus de 10 000 ans aux côtés des femmes et des hommes. Se rendant des services mutuels – sans compter le côté affectif -, leur attachement ne s’est pas démenti à travers les âges et s’est même intensifié. De nos jours, ce sont plus de 400 millions de chats qui déambulent à travers le monde, et l’endroit qui en abrite le plus sur son sol (75 millions) reste les États-Unis, pays de bien des records. En Europe, le nombre des chats est évalué à plus de 100 millions. Le pays européen qui en compte le plus est la Russie avec plus de 22 millions de spécimens. La France, elle, se situe à la troisième place avec une quinzaine de millions d’individus qui se prélassent dans les foyers de l’Hexagone. La PSA (Protection suisse des animaux) indique qu’il y a environ 1,6 million de greffiers en Suisse. Le chiffre est certes faible, mais rapporté au nombre d’habitants, cela place le pays dans le peloton de tête des pays
5
d’Europe. Quant à la Belgique, ce sont 3 millions de bêtes qui ronronnent en son sein. Dans le plat pays, comme en France et en Suisse d’ailleurs, les félins, autoproclamés rois du monde, ont supplanté les chiens et ont désormais la faveur de la population. La mienne aussi d’ailleurs puisque ce n’est pas un chien qui partage mon quotidien, mais un petit chat noir. Il répond – ou alors – au nom de Brayou 1 et, à l’époque où je commençais à rédiger ces lignes, il a tout juste 2 ans. S’il est encore tout jeune, je dois dire qu’il m’a bien aidé – contre un an et demi de croquettes et de pâtée premium, certes – pour écrire ce livre. Dans cet ouvrage, Brayou et moi allons vous raconter des histoires farfelues, des chat-necdotes hautes en couleur, des aventures passionnantes et des mésaventures à peine croyables qui raviront petits et grands.
Le Dr Philippe Dauty, vétérinaire passionné et grand ami des animaux, qui interviendra tout au long du livre, lui, n’est pas cupide comme Brayou puisqu’il n’a demandé ni croquettes ni pâtée. Il paraît qu’on a les chats que l’on mérite… Docteur, existe-t-il un remède pour guérir la vénalité de mon chat-pitaliste ?
Un chat ne vend pas son âme, il la prête, le temps du festin que représentent les quelques crevettes qu’on lui octroie, un temps qu’il estime juste, cela va de soi. Mais le chat, tout matérialiste qu’il puisse paraître, ne se nourrit pas si quelques caresses n’accompagnent pas son repas : il a besoin de la considération de son hôte. Très attaché aux principes, son assiette doit être une prise de guerre, que lui consentent les vaincus, nous !
Sinon il se servira à notre insu, la rapine étant jouissive à s’en pourlécher les babines. Le chat est donc plus
6
1. « Brayou » veut dire « pleurnichard » en patois du Nord (France).
mesuré dans ses prises que son homologue humain, à défaut de l’être dans ses revendications, qui sont parfois très insistantes. Au petit matin, monsieur Chat s’étire, quand nous bâillons et enfilons nos charentaises. Un croche-patte bien ajusté fait vite comprendre au bipède (expérience vécue) qu’il ne sera pas le premier servi. Une fois la leçon apprise, tout rentre dans l’ordre, que Raminagrobis a institué, de façon durable. En quelque sorte, on ne dira pas que le chat réclame, comme le chien, non, il exige ou s’en va !!! Et nous ne le changerons pas.
7
1 Les chats, ces infatigables travailleurs
Tout le monde le sait, c’est connu depuis Mathusalem, les chats sont des gros fainéants qui passent les trois quarts de leurs journées à dormir. Cependant, ils peuvent parfois s’avérer de bons travailleurs, sans le savoir bien sûr. Pour être tout à fait honnête, les métiers auxquels ils peuvent prétendre sont limités. Hormis testeurs de matelas, bien souvent, ces félins ont été et sont encore employés pour deux raisons : chat-sser et tuer les rongeurs, et pour le côté sentimental et affectueux.
Brayou, pas peu fier d’écrire un livre avec le Dr Dauty, dont il est fan depuis qu’il a dévoré son ouvrage, Réconcilier l’homme et l’animal.
Si les chats ne sont pas aussi dociles que les chiens – et d’autres animaux –, ils peuvent tout de même (ou pas) remplir certaines missions. En effet, des idées de génie, mais aussi
d’autres un peu tirées par les cheveux, voire par les poils, ont émergé de cerveaux humains pour se « servir » des félins : c’est ce que nous allons voir dans ce chat-pitre.
9
C
?
HAT-PITRE
Le chat, prédateur dévoyé par les sofas et les agapes que l’humain met à sa disposition, a conservé de ses ancêtres chasseurs un grand besoin de sommeil : selon son mode de vie, errance ou cocooning, il dormira une dizaine d’heures ou quasiment vingt. L’un se choisira un coin tranquille tout en restant sur le qui-vive, l’autre pourra s’étaler au vu et au su de tous sans risquer l’attaque d’un congénère. À l’endormissement succède le sommeil paradoxal, celui des rêves et des énigmes.
Le chat de maison dort souvent la nuit, il s’adapte à nous ; le chat des champs, lui, se repose surtout le jour. Carnivores, les prédateurs sauvages doivent fournir de gros efforts ponctuels et parfois infructueux pour se nourrir, ce qui explique leur besoin impératif de récupération énergétique et de repos musculaire, qu’ils aient été récompensés ou non dans leurs chasses. Ainsi, lynx comme loup doivent souvent rester le ventre vide et le remplir abondamment quand l’opportunité se présente. À l’inverse, les herbivores, ruminants, chevaux ou lapins doivent s’alimenter en continu pour faire fonctionner leur « chaudière » que constitue panse ou cæcum, sortes d’usines à transformer la cellulose végétale en protéines : l’herbivore mange une grande partie du temps, les vaches ruminent, généralement couchées, tandis que les chevaux, quand ils dorment, peuvent stationner debout !! Notre chat des villes, lui, chasseur d’occasion, a gardé l’appétit de son ancêtre, tout en doublant ses siestes, sans se soucier de l’embonpoint qui en résulte !
On pourrait voir en notre chat un épicurien invétéré, ami des plaisirs, pleutre et paresseux à souhait. Il n’en est rien. Maman chatte est d’une dévotion totale à ses rejetons, d’un courage admirable pour les défendre et les soustraire aux dangers, comme aux incendies
10
ou aux risques de noyade, quitte à y laisser sa vie. Le lion mâle de la savane se montre tout aussi vaillant à défendre son groupe : vieillissant, il finira à tous les coups misérable, blessé à mort par des concurrents dont la testostérone leur monte à la tête. Qu’importe, son travail est accompli, la chute du roi félin s’inscrit dans l’ordre de la nature.
Domestiqué par l’Homme au début du Néolithique (une tombe abritant les squelettes d’un humain et d’un chat enterrés ensemble fut mise au jour à Chypre, datée de 8000 ans avant notre ère), le chat est vite embauché, si l’on peut dire, à la protection des récoltes convoitées par les rats et les souris. Il y trouve son intérêt, mais reste en intérim, à l’inverse du chien qui devient totalement dépendant de l’homme. Idolâtré chez les Égyptiens, parfois cloué aux portes durant le Moyen Âge ou brûlé par grappes à la Saint-Jean, le chat connaîtra des fortunes diverses selon les croyances et les époques : la nôtre lui est favorable, il investit les maisons et leurs couettes, s’installe dans notre cœur et devient un membre de la famille. Son travail ? Nous bercer de son ronron réparateur, flatter notre regard, nous amuser de son humour et de ses fantaisies, exproprier les vagues à l’âme que notre monde génère ! Ce faisant, il continue à faire le gendarme auprès de nos souris, peut nous défendre, être visiteur médical, anticiper un cancer et bien d’autres soucis, tout comme le chien qui peut savoir qu’une crise d’épilepsie ou une hypoglycémie guette son maître. Bref, le chat est sous-employé au regard de ses immenses talents ; à qui la faute ?
Nos autres animaux domestiques fournissent un travail plus probant, certes, parce qu’ils sont plus malléables,
11
davantage sous contrôle, voire éduqués ou dressés. Le chien, dont la domestication remonte à près de 50 000 ans, forme avec l’humain un surprenant binôme, à tel point que ces derniers se ressemblent. Quand le loup s’obstine à vouloir atteindre un repas que l’on a volontairement rendu inaccessible, le chien, lui, tourne son regard vers l’homme et l’appelle à la rescousse au bout de deux ou trois tentatives infructueuses. Le travail animal est inhérent à la vie. Si nous nous intéressons aux animaux sauvages, nous voyons bien qu’ils ne cessent de travailler, les castors à leurs barrages, les oiseaux à la construction de leur nid. Avec la domestication, nous nous accaparons le labeur animal, moyennant gîte et couvert ! Chevaux à la traction dans l’agriculture ou bien attelés aux calèches, chiens de troupeaux, de garde ou d’avalanche, rats de Gambie détecteurs d’explosifs, éléphants au débardage, la liste des services qu’ils nous rendent est longue. Aujourd’hui, ils pansent aussi nos blessures en adoptant le rôle de visiteur médical. Même le cheval, malgré son imposante stature et contre quelques aménagements de la structure qui l’accueille, peut endosser cette fonction : tous les animaux domestiqués, imprégnés de et par l’homme, lui portent spontanément de l’amitié. Mais quand l’humain prend sa propre route et se coupe de ses perceptions sensorielle et intuitive originelles, l’animal garde son ancrage à la terre, son ressenti de « l’autre » qui le rend médium et soigneur. Voilà pourquoi ils font tant de bien à ceux qui les aiment et les respectent.
12
…
Maths, géo, sciences et papouilles
Tombi, un chat roux tigré, est la mascotte d’une école située dans la province d’Izmir en Turquie, plus précisément à Bayrakli. Le matou errant a été pris en chat-rge, comme huit autres félins, par les élèves d’une école primaire, et a rapidement été adopté par la classe de troisième année, tenant compagnie aux enfants durant leurs heures de cours. Le chat a même été vacciné et a obtenu une carte d’identification. Mais après la plainte d’un parent qui craignait le risque d’allergie, Tombi a dû quitter l’établissement scolaire, au grand dam des enfants et de l’animal qui, récupéré par la professeure de la classe et aux dires de cette dernière, ne s’alimentait plus et perdait du poids. Le 21 février 2018, ému par cette histoire, Ömer Yahsi, un fonctionnaire du ministère de l’Éducation nationale turc, a ordonné le retour en classe du chat, après s’être assuré que ce dernier ne présentait pas de risques pour la santé de ses petits camarades humains… Suite à cette histoire, une campagne a été menée pour l’adoption de chats au sein des écoles primaires en Turquie.
13
Tombi a l’air très intéressé par un stylo ! Turquie-news.com.
Brayou en cours d’histoire à l’école ; mais pour l’heure, il est parti aux toilettes, enfin, dans sa caisse.
Un chat qui a la classe
Bubba assis bien sagement sur une chaise d’une salle de classe. Twitter : @shigaruFR
Dans le même registre du chat qui nargue ceux qui travaillent, au lycée Leland à San Jose (Californie, USA), Bubba, un chat qui passe sa vie à se prélasser dans les salles de classe et les couloirs, s’est vu délivrer une carte d’étudiant et un casier, comme tout étudiant « normal ». Avec ou sans le précieux sésame, et ce, depuis 2015, le félin a pris l’habitude de franchir les
14
portes du lycée, se faufilant dans les allées, piquant des roupillons dans les salles de classe ou sur les genoux des élèves, et réclamant quotidiennement sa friandise auprès d’un professeur. Bubba est arrivé dans le quartier en 2009. Amber Marienthal l’a adopté et, vivant non loin de l’établissement, il s’est très vite mis à suivre Matthew et Mark, les garçons de sa propriétaire qui s’y rendaient, revenant à la maison tous les soirs après les cours. Sauf une fois ! En effet, il lui est arrivé de rester bloqué dans son casier pendant environ 36 heures, jusqu’à ce qu’un gardien vienne lui ouvrir ! Et dire qu’il y en a qui rêvent de ne pas aller à l’école ! En 2022, on peut encore suivre ses aventures sur sa page Facebook nommée « Bubbatheschoolcat » et qui compte plus de 60 000 fans ! En 2015, elle n’en comptait « que » 5 000.
Des ronrons pour que le monde tourne rond
Quand ils ne nous réveillent pas à 4 h du matin en nous mordant les pieds ou en sautant sur le lit parce qu’on a oublié de leur mettre des croquettes, les chats sont connus pour avoir un effet apaisant sur nous autres humains. Aussi, depuis plusieurs années, on les laisse déambuler en toute quiétude dans certains
15
Comme Brayou était jaloux de Bubba, je lui ai (vite) fait une carte d’étudiant.
établissements de soins comme les hôpitaux ou encore les maisons de retraite. Mais pas seulement.
Par exemple, en 2012, à L’Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse (France), Michèle Bourton, une directrice d’école, a décidé de faire rentrer une dizaine de félins dans son école privée. Convaincue des bienfaits de la ronronthérapie pour avoir été sauvée par les chats d’une enfance extrêmement difficile, elle est persuadée que leur présence peut avoir un effet bénéfique sur ses élèves.
Les chats s’appellent Donald, Duchesse, Paillette, Simba, Crousty ou encore Nala, et tout est fait pour qu’ils soient libres et fassent ce que bon leur semble dans et hors des salles de classe, dont les portes ne sont pas closes. Ils sont les bienvenus dans les blousons, les sacs ou encore sur les tables.
On pourrait penser que les félins troublent l’attention des élèves, mais il n’en est rien.
En effet, même s’ils jouent volontiers avec des gommes ou encore des crayons, ils permettent un moment de détente entre deux apprentissages – voire pendant – et rendent l’école moins fastidieuse. Un élève de 12 ans va même jusqu’à dire : « Quand on caresse un chat, on le fait ronronner immédiatement et tout son corps vibre ; poser ma main dessus m’aide à me concentrer. Mon préféré est Crousty, il est très câlin. »
Michèle Bourton tout sourire avec son chat Nala en 2022.
Quelques années plus tard, Michèle Bourton ne regrettait pas son choix, bien au contraire, elle a remarqué que les enfants étaient bien moins stressés – eux-mêmes le clament haut et fort – et venaient plus volontiers à l’école.
16
« Que celles et ceux qui veulent des chats dans la classe lèvent la main ! » Malheureusement, le vote n’a jamais été pris en compte et on attend encore les chats dans les salles de classe.
L’assistante pédagogique de l’école Candide, Maria Jarcellat, qui au début était inquiète, son fils étant allergique aux poils de chat, confie : « Grâce à eux, tout le monde est détendu, se parle sans hausser le ton pour ne pas les effrayer et, bizarrement, mon fils n’a jamais eu aucune crise. » Si vous voulez voir ceux de l’école de Michèle, tapez « Des chats comme copains de classe pour des écoliers vauclusiens » sur le moteur de recherche de YouTube.
Alors, qu’est-ce qu’on attend, nom d’un chat ?! Quand verrat-on des chats dans toutes les écoles du monde entier ?! Peut-être sera-ce grâce à Michèle. En effet, désormais à la retraite, l’ancienne enseignante et directrice ne ménage pas ses efforts pour faire connaître et répandre sa « pédagogie Candide » qui mêle donc apprentissage et présence de chats dans la classe ; pédagogie qu’elle croit dur comme fer être, et je partage son avis, une formidable manière de joindre l’utile à l’agréable. Pour ce faire, elle a créé l’ONG Candide international. En mai 2021, elle a aussi sorti un livre intitulé À l’école des chats.
17
Photographie par Frances Benjamin Johnston, 1899.
Si d’aventure vous désirez en savoir plus sur cette méthode révolutionnaire, vous pouvez vous rendre sur pedagogiecandidelieealaronrontherapie.com.
Deux chats confortablement installés sur une imprimante de l’entreprise Ferray Corporation.
Twitter @ファーレイ株式会社
Autre exemple : au Japon, on n’a pas attendu pour être persuadé de leur utilité et de leur influence sur le bien-être des humains. Il faut dire que ce pays est toujours à la pointe en ce qui concerne les félins. Le chat y est considéré comme sacré et symbole de bonheur. Ce sont les Japonais qui ont inventé les bars à chats, l’île Tashiro-jima compte plus de félins que d’humains, un temple (Goˉtoku-Ji) est consacré à l’animal en plein Tokyo et… certaines entreprises versent des indemnités si votre animal de compagnie – un chat, bien sûr – venait à mourir. D’autres vont même jusqu’à payer les funérailles !
Pour lutter contre le stress au travail, une entreprise a décidé d’y avoir recours. Dans le petit bureau de Tokyo de l’entreprise informatique Ferray Corporation, neuf félins y déambulent en toute liberté. Hidenobu Fukuda, qui dirige cette société, a mis en pratique cette idée dès 2000 à la demande d’un de ses collaborateurs. Le patron a même autorisé ses salariés à venir avec leurs matous. Il va plus loin encore : « Je donne aussi 5 000 yens (environ une quarantaine d’euros) par mois à qui sauve un chat en l’adoptant », ajoute-t-il. Et tout le monde s’y retrouve, patron, employés et chats bien entendu ! Évidemment, les félins peuvent être sources de désagréments
18
(câbles détériorés, passages intempestifs sur les claviers f &) ij¤vr]çkoperhu – désolé, Brayou est passé sur le mien –, imprimantes indisponibles pour cause de siestes, etc.) mais ce n’est rien comparé aux bienfaits qu’ils distillent car, comme le disent les salariés eux-mêmes, ils communiquent plus entre eux et sont moins nerveux. On a même constaté que la productivité avait augmenté ! Comme quoi, tout le monde y gagne.
À noter qu’il n’y a pas que les chats qui sont présents dans les entreprises nippones, on peut également y retrouver des chiens et, aussi incongru que cela puisse paraître, des chèvres et des alpagas !
Qu’en est-il du reste du monde ?
Aux États-Unis, de nombreuses entreprises – dont Google – proposent à leurs salariés de venir avec leurs chiens au travail. En France, d’après une étude de l’institut Ifop réalisée en mai 2016, seulement 16 % des sociétés françaises accepteraient les animaux de compagnie dans leurs locaux cependant que 44 % des salariés souhaiteraient les y amener. C’est pas gagné, comme on dit !
Brayou qui veut faire une pause dans l’écriture du livre car il est en manque de câlins. Bonne idée, Brayou !
19
Les risques (mignons) d’avoir des chats dans un bureau. Wikicommons.
Le ronronnement du chat nous fait du bien, c’est une évidence. Apaisant, il accompagne ou suscite les caresses onctueuses dont nous gratifions notre ami : c’est un échange de bons procédés, dont nous sommes probablement les grands gagnants ! Mais si le ronronnement est pour l’essentiel associé au plaisir d’un échange tendre et complice, il peut aussi exprimer une grande souffrance à dire adieu à ceux qu’on aime. Plutonium est un chat condamné par une tumeur osseuse et invasive. Il souffre mais ronronne sous les caresses de sa toute jeune maîtresse. Il lui donne de petits coups de tête, ultime oubli de soi, dernier souffle de tendresse et de consolation pour elle. Puis le ronron se tait, être vétérinaire n’est pas toujours facile.
Le mécanisme du ronronnement a suscité plusieurs hypothèses, il garde une part de mystère même si l’on sait aujourd’hui que les muscles laryngés et diaphragmatiques sont majoritairement impliqués. Maman chat ronronne de plaisir en allaitant ses chatons. Elle le peut aussi pour se rassurer dès qu’elle se trouve sur la table de consultation du vétérinaire. Ces vocalisations sont des vibrations de basses fréquences. On prétend qu’elles ont un pouvoir calmant sur les bébés qui se montrent trop sportifs dans le ventre de leur maman. De façon certaine, elles accélèrent la réparation de fractures osseuses, favorisent la restauration des ligaments et tendons lésés, abaissent en outre notre tension. Probablement encore peuvent-elles se substituer à quelques-uns de nos anxiolytiques. Un autre pouvoir lié à la présence du chat (et de nos animaux domestiques, veaux, vaches, cochons couvés…) est de renforcer le système immunitaire des enfants. Certains d’entre eux peuvent toutefois
20
s’avérer sérieusement allergiques, trois solutions sont alors à envisager : désensibiliser, laisser le chat à grand-mère, ou opter pour un « hypoallergénique », tel le chat nu !!
Le dessein des chats animés
La nuit, le parc Disneyland, situé dans la ville d’Anaheim en Californie (USA), est peuplé de chats errants. Actuellement, il y aurait environ 200 spécimens qui parcourent le parc d’attractions. Cette « invasion » ne date pas d’hier puisque cette population féline y a élu domicile depuis son ouverture en 1955. Ils ont été découverts dans le chat-eau de Cendrillon alors que Walt Disney planifiait l’allée de ce dernier. À l’époque, le producteur avait compris que le parc, avec ses stands de nourriture et ses visiteurs, allait rencontrer un vrai problème avec les congénères de Minnie et de Mickey. Il a donc été décidé de se « servir » de ces chats sauvages. On leur dispense des soins médicaux si nécessaire et il y a aussi des stations d’alimentation discrètement localisées pour leur apporter un supplément quand la chasse n’est pas suffisante. Pour éviter que les chats ne prolifèrent, Disneyland s’est associé à FixNation, une organisation à but non lucratif qui fournit les soins de castration gratuitement pour les animaux.
Un chat dans Disneyland. Instagram, « Cats of Disneyland ».
21
En mars 2013, un visiteur passionné a même créé un compte Twitter ainsi qu’un compte Instagram. Sobrement intitulés « Cats of Disneyland », ils évoquent les pensées d’un chat fictif qui vivrait dans le parc, et distillent des photos des minets repérés sur les lieux. De nos jours, les comptes sont toujours actifs et pas moins de 105 000 personnes suivent les aventures des félins sur Instagram.
Les chats ont été les héros – ou des « seconds rôles » – de nombreux Disney. On peut citer Les Aristochats, le chat du Cheshire, Figaro, Pom-Pom, Lucifer, Oliver ou encore Blanche.
Entre poilus, on se comprend !
Un
Brayou, fou amoureux de Duchesse
depuis qu’il a vu Les Aristochats, s’est mis sur son trente-et-un pour tenter de chat-rmer la belle.
Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux animaux vivaient aux côtés des poilus – noms donnés aux soldats français – dans les tranchées. Les soldats d’autres pays n’étaient pas en reste, et il n’était pas rare de croiser chiens, singes, chevaux, fouines et autres sangliers – et même un lion appartenant au major-général britannique
Tom Bridges – aux côtés des combattants, et bien entendu, les chats ne faisaient pas exception ! Ils étaient même souvent désignés comme mascottes. Leur mission militaire consistait à chasser les souris, qui
22
poilu tenant un chat entre ses bras pour un peu de réconfort.
étaient aussi nuisibles pour les hommes que pour leurs réserves de nourriture. Sans compter leur caractère affectueux qui devait mettre du baume au cœur à ces pauvres bougres plongés dans l’enfer de la guerre. L’un d’eux écrira d’ailleurs que : « Mops – un soldat – avait une chatte, une gentille petite bête dodue. Elle partageait la ration de son nouveau maître et montait jalousement la garde auprès de son barda quand il devait se rendre au front pour quatre jours. » Un autre racontera : « C’est vraiment le paradis des chats ici. Imaginez-vous ; des rats et des souris tant qu’ils peuvent en avaler en plus des restes des repas des soldats. Certains sont farouches. D’autres sont habitués à la vie des soldats. Le soir, ils miaulent à la porte des abris, ils y dorment et y mangent avec leurs nouveaux amis. » Des compagnons au poil !
Un chat – sûrement une mascotte – regardant un soldat pendant la Première Guerre mondiale. Janvier 1915. Domaine public. Photographe inconnu. Collection du mémorial australien de la guerre.
23