Yahho Japon !

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YAHHO JAPON !

éva offredo

maison georges




Pour mon grand Amour et mon petit Cœur. À nous trois ! Pour mes parents qui m’ont fait découvrir le monde. À nos voyages ! Pour ma sœur. À notre enfance ! Merci à Anne-Bénédicte et Anne pour leur fabuleuse confiance et nos ping-pongs de haut vol dans cette aventure japonaise. É.O.


YAHHO JAPON ! éva offredo

maison georges


YAHHO est le bonjour utilisé par les petites filles japonaises pour se saluer avec complicité et bonne humeur. C’est aussi le petit mot utilisé en montagne pour tester l’écho. — YAH-HO ! — … YAAAAAH… HOOOOO…


YAHHO JAPON ! ↑ Vers la Russie

UCHIMIZU, bryologue.

Forêts d’Asahikawa, île d’Hokkaido

Mer du Japon

← Vers la Corée du Sud

MOSO, artificière hanabi. ↘

Vers les Amériques →

Lac Tazawa, Akita

TSUYU, paysanne et meunière soba. ↘ Hauts-plateaux de Togakushi, Nagano

HIGASA, ensableuse. ↘

Plages du lac Ikeda, Kagoshima

↙ KODOMO, artiste chindogu. Tokyo

↖ WAN WAN, peintre cervoliste.

Dune de Nakatajima, ↑ Shizuoka SHIKIRI, lutteuse de sumo.

↑ Dohyo de Sakai, CHAWAN, Osaka restauratrice kintsugi. Atelier de Haji, Yamaguchi

Océan Pacifique

Vers l’Océanie ↓




TSUYU,

meunière et maîtresse soba.

Le sarrasin a pour surnom « plante des cent jours » car il permet une récolte en à peine trois mois.

TSUYU1 vit sur les hauts-plateaux de Togakushi, aux alentours de Nagano, dans une petite maison en bois brûlé à côté de ses champs de sarrasin, une plante aussi appelée soba2. Paysanne et fière de l’être, elle vit au rythme des saisons. Au Japon, il paraît qu’il n’y en a pas quatre mais vingt-quatre ! L’hiver arrive à grands pas. Les grues vont partir. Bien à l’abri dans le silo, les graines récoltées avant les premiers gels de la mi-octobre ont fini de sécher. Le temps est venu de les moudre. 1. a) Sauce d’accompagnement. b) Saison des pluies. 2. Le mot désigne également les nouilles de sarrasin.


sarrasin ↘

oseille ↙

Mogu ! Mogu !

1.

↗ rhubarbe

2. Sarrasin 1. Fleur. 2. Fruit.

Le sarrasin est une plante à fleurs blanches, de la famille de l’oseille ou de la rhubarbe. Quasi-sauvage, il pousse facilement, même sur les sols les plus pauvres. Inséparable de ses amies les abeilles ; leurs concerts de gazouillis l’aident à bien s’épanouir. Le miel de soba est de couleur sombre, aux notes de réglisse et de terre. Un vrai trésor dont TSUYU raffole. Une petite cuillère avec une tasse de soba-cha3 fait son bonheur. Mogu mogu 4 ! Le même goûter depuis l’âge de ses deux ans ! 3. Infusion de sarrasin. 4. « Miam miam », en japonais.


graine noire

graine blanche cosse  écossée

La graine se présente comme un fruit sec de la forme d’une pyramide à trois faces.

Dehors, des flocons de neige. La terre hiberne. Les graines attendent d’être décortiquées à la main. Une par une. Minutieusement. La meunière pose deux grandes panières en bambou sur sa table de pétrissage. L’une pour les cosses qui serviront de rembourrage aux oreillers d’herbes5, et l’autre pour le grain à moudre. Rien n’est jeté. Tout ce qui est pris à la nature est recyclé. 5. Voir explications page suivante.


Oreiller d’herbes Oreiller rempli de certaines herbes médicinales et cosses de sarrasin aux multiples bienfaits : il améliorerait le sommeil du dormeur et le plongerait dans de beaux rêves. « N’oublie jamais ton oreiller d’herbes quand tu pars à la sieste sous ton arbre préféré. Il sera le meilleur compagnon de tes voyages immobiles ! » TSUYU

Broyée dans le moulin à manivelle, la graine se transforme en poudre. La farine obtenue n’est pas blanche mais légèrement grise. Elle va servir à la préparation artisanale des pâtes. Au Japon, on a pour coutume d’offrir des nouilles à ses nouveaux voisins — non pas pour les traiter de vermicelles tout mous – mais bien pour leur souhaiter la bienvenue ! C’est aussi un plat que l’on mange les jours de fête. Symbole de longue vie, elles doivent, pour porter chance, être les plus longues et les plus fines possible.


pliage x 3

Chaque premier samedi du mois, TSUYU invite ses voisins à venir rouler la pâte. C’est tout un art qui demande doigté et expérience. D’une boule, elle fait un rond puis un losange puis un rectangle d’une épaisseur de 2 mm grâce à la danse permanente d’un très long bâton. Puis, c’est l’étape du pliage. D’abord, un pli, puis une grosse poignée de farine brossée sur la surface de la pâte. À répéter trois fois. Voilà ! Le soba est enfin prêt à se transformer en nouilles d’à peu près 2 mm de largeur et 20 cm de longueur après l’ultime découpe au hachoir aidée d’un guide en bois.


eau froide

eau chaude 1.

2.

3.

1. Soba-yu : eau de cuisson des soba qui sert à rallonger la sauce. 2. Sauce Tsuyu : sauce à base de bouillon et de sauce soja. 3. Daikon râpé : radis blanc. 4. Zaru : passoire-assiette en bambou utilisée dans la cuisine japonaise pour la préparation et la présentation. 5. Hashi : baguettes pour le repas.

4.

5.

slurp !

slurp !

slurp !

La concentration est à son maximum. TSUYU époustoufle son monde avec son geste parfait. Une minute de cuisson dans l’eau bouillante, une autre dans un bain d’eau froide et les nouilles soba sont déposées sur un zaru, prêtes à être dégustées avec du daikon râpé. « Et si on slurpait 6 maintenant ? » propose l’hôte. Longue vie à tou·te·s ! 6. Manger bruyamment ses nouilles au Japon est considéré comme poli. Cela aurait même la vertu d’exalter les saveurs et de faire ainsi honneur à la cuisine de son hôte.


Deux choses du Japon avec TSUYU

semi

cigale TSUYU, comme beaucoup de Japonais, respecte les insectes. Elle aime les observer, et constater à quel point la nature est pleine de vie et qu’elle est belle ainsi ! Son préféré est la cigale. « Miin-miin-min-min-miiiin… » ronronne sans cesse sa douce amie pendant les longues journées de travail.


mimizu

ver de terre TSUYU compte les vers de son sol : « Ichi, ni, san… hyaku ! »* Elle est ravie de les voir grouiller dans ses champs. Cela signifie que son sarrasin poussera en bonne santé, nourri par une terre aérée. Depuis quelques années, TSUYU est inquiète. Elle fait le même constat que les autres paysans de la planète : les vers de terre disparaissent… * « Un, deux, trois… cent ! », en japonais.



*

* JAPON


SHIKIRI,

lutteuse de sumo.

SHIKIRI1 se fait belle. Elle lisse ses longs cheveux et les peigne en haut chignon évasé à la manière d’une feuille de ginkgo2. Puis, elle enroule autour de son bassin une ceinture en coton de 6 à 8 mètres de longueur. Un tablier décoratif appelé kesho-mawashi 3 vient compléter sa tenue. Si d’autres filles font les coquettes pour leurs amours, c’est pour sa rivale que SHIKIRI sort le grand jeu. À l’aise dans sa peau de ronde, elle s’apprête à fouler le dohyo. 1. Entraînement préalable au combat qui sert à l’échauffement mais aussi à l’intimidation. 2. Appelé le chignon o-icho. La feuille de l’arbre ginkgo ressemble à un éventail. 3. Seul vêtement par lequel attraper l’adversaire.


↙ gyoji, prêtre-arbitre Esprit du dragon azur

NORD Esprit de la tortue noire

EST

sel ↘

↖ tawara

↖ shikiri-sen

OUEST

Esprit du tigre blanc

Argile tassée = Surface autorisée

Esprit de l’oiseau vermillon

SUD

Surface sablée ou œil du serpent = Surface interdite

Dohyo Sur une plateforme d’argile tassée de 6,7 mètres de côté et de 30 à 60 cm de haut, un cercle de 4,55 mètres de diamètre est délimité par des petites bottes de paille de riz : les tawara. Règles du sumo : ne pas se faire sortir du cercle, ne pas toucher le sol avec une autre partie du corps que la plante des pieds. Deux lignes blanches, les shikiri-sen sont peintes pour indiquer la place des lutteuses. Le dohyo est un espace sacré, béni par un prêtre shinto4 et purifié avec du sel, ce qui interdit son accès aux femmes. Mais, de nos jours, des jeunes filles motivées pratiquent tout de même le sumo en club amateur. 4. Le shinto, la « voie des dieux » est un ensemble de croyances porté par une riche mythologie.


SHIKIRI aime se battre avec son frère depuis son plus jeune âge. Elle aime se sentir tout à la fois massive comme une montagne et bondissante comme le félin, mouvante comme le serpent et enracinée comme l’érable, souple comme le roseau et puissante comme l’éléphant. À ce jeu-là, il semblerait que la petite fille était déjà très douée ! « Je deviendrai rikishi 5 ! » se dit-elle vers l’âge de 6 ans, le sourire jusqu’aux oreilles ! 5. « Lutteuse de sumo », en japonais.


Pour cela, elle travaille dur comme fer. Réveil tous les matins à 5 h 30 avec un entraînement à jeun. Séances d’étirement pour la souplesse puis musculation pour la puissance. À midi, elle avale un énorme plat de chanko-nabe6. Elle ne s’en lasse pas ! Ainsi, la vie d’une rikishi est entièrement consacrée au sport et réglée comme une horloge. 6. Soupe mijotée dans une marmite — nabe en japonais — contenant un très grand nombre d’ingrédients, parmi lesquels beaucoup de légumes, du tofu frit et du poulet. Aujourd’hui, on en trouve aussi avec du bœuf et du poisson, même si dans la tradition, les sumos évitent de les manger. Ils pourraient porter malheur ! Le bœuf marchant à quatre pattes évoquerait la défaite, tandis que le poisson n’a même pas de jambes pour se soulever !


À 14 h, la sieste tant attendue ! À 16 h, un nouvel entraînement. Et à nouveau, à 18 h, un énorme repas d’ogresse. La journée d’une combattante est éprouvante mais SHIKIRI s’accroche. Elle sait que les efforts paient toujours. Son rêve : lutter contre vents et marées comme Ryujin6, le dieu de la mer. SHIKIRI voudrait entrer dans la légende des rikishi. 6. Dieu-dragon qui contrôle les marées grâce à sa puissance surnaturelle. Les tortues marines, les poissons et les méduses sont ses serviteurs.


Mais, pour l’heure, sa rivale l’attend. Sur le dohyo de Sakai, elle fait le shiko7 pour chasser les mauvais esprits et lance un regard noir à celle qu’elle veut faire basculer. SHIKIRI se sent prête. Soudain, elle s’élance vers son adversaire pour le tachi-ai 8 décisif qui éjecte cette dernière sans résistance aucune… hors du cercle. Trop forte, SHIKIRI ! 7. Lever de cuisse puissant et bruyant. Mouvement d’intimidation à la manière des grands pachidermes. 8. Moment où les deux lutteuses se fixent droit dans les yeux en se concentrant pour l’assaut, puis s’élancent l’une sur l’autre. Un combat de rikishi ne dure que quelques instants et la plupart sont gagnés dès le départ, au moment du tachi-ai.


Deux choses du Japon avec SHIKIRI

kurage

méduse On trouve des méduses dans la mer du Japon. Leurs dimensions sont impressionnantes, pouvant aller jusqu’à 2 m et 220 kg. Malgré cette corpulence hors normes, leurs mouvements restent souples et gracieux. Quand SHIKIRI enroule son long mawashi, elle se prend pour l’une de ces géantes des mers. Elle rêve que ses bras soient aussi élastiques et puissants que leurs tentacules.


sakura

fleur de cerisier Entre deux luttes acharnées, SHIKIRI apaise les tensions de son corps et de son âme en regardant les fleurs de cerisier. Leur beauté éphémère lui rappelle que chaque instant est bon à saisir. Fin mars - début avril, cette contemplation — le hanami *— est une coutume traditionnelle aujourd’hui encore très appréciée des Japonais. * De hana, « fleur » et mi, « regarder ».



Ceci n’était qu’un aperçu du livre Yahho Japon !

ARIGATO GOZAIMASU ! *

* Merci beaucoup !

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