Extrait Giverny - Éditions Ulmer

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v LE JARDIN-TABLEAU

L’ART DE LA MÉTAMORPHOSE Les jardins de Claude Monet offrent une succession de floraisons ininterrompue d’avril à novembre. Les jardiniers mettent en place plusieurs “vagues” de floraisons en tirant parti des différentes végétations : bulbeuses, bisannuelles, annuelles, vivaces, arbres et arbustes, sans oublier les grimpantes. L’entretien constant et le remplacement des plantes défaillantes permettent d’obtenir un tableau, ou plutôt des tableaux parfaits en permanence. Chaque plate-bande est conçue comme une tapisserie en quatre dimensions : en surface, en hauteur et dans le temps, où tous les éléments se succèdent en douceur pour ne pas interrompre la magie des jeux de couleurs. À DROITE

Au début du printemps (avril), cette plate-bande est une tapisserie composée de giroflées et de jacinthes d’Espagne (Hyacinthoïdes hispanica). Au fond, une grande clématite montana (Clematis montana) festonne la marquise métallique.

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En mai, le fameux pont japonais qui enjambe le bord de l’étang aux nymphéas est couvert de la glycine de Chine mauve (Wisteria sinensis) avant que la glycine du Japon (Wisteria floribunda) à fleurs blanches ne prenne le relais pour la fin de mai et le début de juin.

En automne, le feuillage des glycines devient jaune juste avant de tomber, rendant à nouveau magique la vue du pont japonais avant que l’hiver ne s’installe pour de bon. Petit à petit, la structure tortueuse des lianes se dévoile sur la couleur unique de la rambarde.

D O U B L E - PA G E S U I V A N T E

Fin d’automne sur le pont japonais, avec les dernières feuilles des saules pleureurs qui persistent encore quelques jours après le dépouillement de la glycine.

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v LE JARDIN-TABLEAU

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v LE CLOS NORMAND

AU FIL DES SAISONS Le clos est la partie principale du Jardin de Giverny, celle qui inclut la maison de Monet si singulière avec ses murs roses. Il est composé d’une géométrie assez stricte de plates-bandes et de parterres généralement allongés ou rectangulaires, délimités par des bordures de briques. Mais cet ordonnancement plutôt strict est largement assoupli par un foisonnement de plantes qui, sous certains axes de vue, permet d’oublier les allées et le dessin du jardin. Les fleurs, toutes plantées en quantités généreuses, se relaient au fil des saisons pour que les massifs restent toujours colorés et ne laissent jamais la moindre impression de vide. Mélange de rigueur et de générosité, de structure et de foisonnement, ce jardin typiquement français est aussi attrayant dans son ensemble que dans le détail de ses associations végétales, facilement appropriables. À DROITE

Sous l’arche couverte par le rosier ‘Albertine’, les juliennes des dames (Hesperis matronalis), sont émaillées de têtes d’ail d’ornement (Allium x hollandicum).

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PRINTEMPS / avril-mai

Les pommiers à fleurs parsemés dans les plates-bandes accompagnent et étoffent celle des pommiers à fruits du verger. Ici, un superbe sujet pleureur (Malus x gloriosa ‘Echtermeyer’) marque l’extrémité d’un long massif.

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v LE CLOS NORMAND

Ce pommier d’ornement du Japon (Malus floribunda) est entouré d’un tapis de giroflées jaune pâle Cheiranthus ‘Moonlight’. Sa floraison est tellement massive que sa croissance reste très lente, ce qui est un atout dans une plate-bande.

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ÉTÉ / juillet

Un rosier tige bien conduit finit par former une sorte de petit arbre. Il faut néanmoins continuer de le tuteurer (le plus discrètement possible), surtout lorsque sa cime commence à prendre du volume (et donc du poids). Après s’être fait l’écho du rose du tamaris (à gauche, au premier plan), ce rosier rose joue avec le mauve des juliennes, le tout étant soigneusement réveillé par le blanc des marguerites (Leucanthemum vulgare). À DROITE

Comme la place est comptée dans les plates-bandes, Monet avait utilisé avec génie différentes manières d’élever ses rosiers afin de pouvoir planter d’autres fleurs à leur pied. On trouve donc de nombreux rosiers formés sur tige, mais aussi pas mal de rosiers grimpants ou arbustifs guidés sur des arches ou encore des colonnes métalliques, toutes peintes du même vert si typique de Giverny.

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v LE CLOS NORMAND

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v LE JARDIN D’EAU

AU FIL DES SAISONS En 1893, Monet acheta la prairie en face du Clos normand avec l’intention d’y façonner un jardin d’eau. Il détourna un bras de l’Epte afin d’alimenter les étangs creusés dès la fin de l’année. Il aménagea ce jardin dans un style plus naturel, avec des arbres et arbustes exotiques et des bambous, alors nouvellement introduits en Europe. Il y fit construire un pont d’inspiration japonaise, sur lequel il planta deux glycines différentes, pour obtenir une plus longue floraison. Même si le pont a été changé, les glycines sont toujours les mêmes. Elles rivalisent avec les nymphéas de toutes les couleurs qui peuplent l’étang durant tout l’été. Le jardin d’eau doit aussi une grande partie de sa beauté aux reflets du ciel et des plantations à la surface de l’eau, reflets qui ont passionné et inspiré le peintre tout au long de sa vie à Giverny. À DROITE

Le grand paulownia (Paulownia imperialis) fait le lien entre les deux parties du jardin. Dans le clos, il se fait l’écho du mauve des iris, et ici, dans le jardin d’eau, son reflet anime la surface de l’eau avant l’éclosion des premières fleurs de nymphéas. 68


ÉTÉ / juillet

Le début de l’été est marqué par l’éclosion des premiers nymphéas. Monet avait été l’un des premiers à planter les hybrides à fleurs colorés obtenus pour la plupart par Latour Marliac dans le Lot. À GAUCHE

Magnifique harmonie entre les nymphéas et la grande vague d’astilbes (Astilbe x arendsii) du même rose tendre. La limite entre l’eau et la terre devient de plus en plus floue.

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v LE JARDIN D’EAU

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ÉTÉ / août-septembre

Même sans fleurs, l’étang reste admirable. Les contrastes des lignes et des feuilles, fines et retombantes, linaires et dressées, horizontales et foisonnantes, ou encore toutes en rondeurs, forment un tableau dont on ne se lasse pas. À GAUCHE

Saule pleureur et nymphéas, une source d’inspiration infinie pour le peintre et aujourd’hui, pour les photographes.

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