Elan Magazine #9 FR

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NO.9 HIVER 2023/24

W STUDIO

GLEN PLAKE

PRIMETIME

PLAYMAKER

RYAN REGEZ

LEON KOROŠEC

JAPOW

INGEMAR STENMARK

20 ANS AU SERVICE DES FEMMES

LE TEMPS JOUE EN MA FAVEUR

ALMOST FRENCHMAN

ENTRETIEN

AU TOP DU CARVING !

LA POUDREUSE D’HOKKAIDO

LE MEILLEUR MOMENT

CHRONIQUE


NOUVEAU SÉRIE PISTE

GAMME ELAN PRIMETIME

Au top du carving avec Primetime ! Une technologie révolutionnaire pour mieux skier. Moins d’efforts, plus de carving

ELANSPORTS.COM/PRIMETIME



Sommaire

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NEWS

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2023

14 20

TOUT EST QUESTION DE PERSONNES ET DE BONNE ÉNERGIE

LE TEMPS JOUE EN MA FAVEUR

LA MONTAGNE COMME TERRAIN DE JEU

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20 ANS AU SERVICE DES FEMMES

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44 48 LIENS D’AMITIÉ

ELAN MAGAZINE Hiver 2023/24 ÉDITEUR Elan, d. o. o. Begunje 1 4275 Begunje na Gorenjskem www.elanskis.com DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Gregor Šket

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ALMOST FRENCHMAN

PEOPLE OF ELAN

AUTEURS Ben Fresco David Primožič Eetu Tourunen Gregor Šket Ingemar Stenmark Klarisa Veselič Lara Kamnik Martin Tekše Rebeka Lah Siggi Bjarni Sveinsson TRADUCTION Jim Sorbé

LE MEILLEUR MOMENT

PHOTOGRAPHES Alex Štokelj Bor Dobrin Elan Media Glen Plake Archive Jernej Leskovar John Norris Lara Kamnik Lea Bouard Archive Olivier Gough Rožle Bregar Samo Vidic Toni Konrad Uroš Polajžer Istock Photo

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DU GROS AU JAPON

VOYAGE EN LAPONIE

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BIEN PLUS LES JOURS DE QU’UNE SKIEUSE GLOIRE !

DESIGN GRAPHIQUE Kristina Simčič Elan, d. o. o. www.elanskis.com IMPRESSION TISKARNA KNJIGOVEZNICA RADOVLJICA d. o. o. www.tkr.si

Tous les articles et photographies sont protégés par le droit d’auteur Elan, d.o.o. Il est interdit de reproduire, distribuer ou modifier le contenu de ce magazine ou de le mettre à la disposition d’un tiers sans l’accord préalable d’Elan, d.o.o.

74 UNE SEULE PAIRE DE SKIS

PHOTO COUVERTURE Samo Vidic


FIERTÉ Le ski et les activités de plein air constituent une part importante du quotidien socioculturel dans les environs de l’usine Elan. C’est également mon itinéraire de vie. Je viens d’une ville voisine, située au pied des plus beaux sommets slovènes. L’entreprise Elan est ma source d’inspiration. Outre les anecdotes euphoriques qui ont accompagné le développement de la marque au fil des ans, mon lien personnel avec Elan est aussi une histoire de famille. Ma mère y a commencé et terminé sa carrière professionnelle. Mon destin a été de suivre ses traces. Vingt ans se sont écoulés depuis mon premier jour au sein du groupe, c’est à peine croyable. Ce n’est pas un emploi au sens classique du terme, où il s’agit d’arriver au bureau à huit heures du matin et d’éteindre l’ordinateur à quatre heures pour tout oublier jusqu’au lendemain. C’est un style de vie bien plus stimulant partagé avec des personnes intrigantes, qui mettent leur expertise au service de solutions innovantes et inspirantes. De véritables liens d’amitié se sont développés et nous consacrons spontanément du temps au bien-être de l’entreprise. Le travail ici s’accompagne d’une belle vue depuis la fenêtre. Lorsqu’on ouvre celle-ci, le bureau est inondé d’air pur. Nous formons une équipe solidaire au sein d’un environnement préservé et sublime. Notre engagement à en prendre soin est inébranlable, afin que nos successeurs jouissent encore de ce don de la nature. Les employés d’Elan ont toujours été persévérants, dévoués, ingénieux et créatifs… Chaque année, lorsque nos yeux se posent sur la nouvelle collection, notre enthousiasme pour le ski est ravivé. Ce sentiment est partagé par des aficionados du monde entier. Du débutant aux athlètes, nous apprécions tous ceux qui profitent des beaux moments de glisse que la montagne enneigée offre. Notre team est composé d’individus audacieux qui repoussent les limites du ski : le plus grand skieur de tous les temps, de nombreux champions olympiques et mondiaux, ainsi qu’une vaste communauté de passionnés. Faire partie d’une telle équipe est un sentiment hors du commun. Nos produits stimulent de précieux instants de bonheur en montagne et c’est profondément gratifiant. Un emploi chez Elan est bien plus qu’un simple travail, c’est une source de plaisir et de fierté.

REBEKA LAH, Brand Deployment et Directeur du Musée Elan


News

100 % ÉNERGIE RENOUVELABLE

MODERNISATION DE LA PRODUCTION

Elan a investi massivement dans la modernisation de son usine de Begunje pour atteindre ses objectifs qualitatifs : amélioration des produits, sécurité au travail, respect de l’environnement, création d’emplois. Bien que la robotique et la numérisation aient été introduites, les compétences manuelles restent une composante indispensable et essentielle de la fabrication. Cette dynamique de perfectionnement se poursuit, afin qu’Elan préserve sa place de leader dans l’industrie du ski.

LES AMBASSADEURS ELAN RÉUNIS DANS LES ALPES SUISSES

Elan conçoit, développe et fabrique des équipements haut de gamme pour un mode de vie sain et actif. Il est difficile de se prétendre marque innovante sans se poser la question de notre consommation énergétique. En tant que fabricant engagé à redéfinir les tendances de la production industrielle, c’est l’une de nos principales considérations stratégiques. Elan a fait le choix résolument tourner vers l’avenir de ne s’alimenter qu’à partir de sources d’énergie renouvelables. Une partie importante de notre électricité va être générée par une centrale solaire installée sur le site de l’usine. Cette dernière devrait nous aider à atteindre l’autosuffisance énergétique. Ce sixième projet d’envergure sur la voie de la transformation verte a été réalisé efficacement en collaboration avec Interenergo. Elan travaille avec diligence pour accroître son efficience énergétique et réduire ses émissions de gaz à effet de serre. L’intégration d’une centrale solaire est une décision stratégique logique. D’une capacité totale de 2,8 MW, elle fournira en moyenne 25 % des besoins en électricité de l’entreprise sur une base annuelle. Cela contribuera à diminuer nos rejets en CO2 de près de 1 400 tonnes par an. Cette indépendance croissante vis-à-vis des combustibles fossiles correspond à une quantité de CO2 qui serait absorbée par environ 42 000 arbres.

100 PAIRES DE SKIS POUR LES JEUNES SKIEURS

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Pour la deuxième année consécutive, Elan regroupe ses ambassadeurs afin de tester le matériel, prendre des photos, recueillir des commentaires et partager des moments épiques de glisse en montagne. Cette semaine de team building se déroule à Bettmeralp, en Suisse. Le rassemblement de cette année réunit neuf athlètes de six nationalités (États-Unis, Slovénie, France, Slovaquie, Autriche et Italie). Les riders présents ont un vécu et des compétences différentes, ce qui rend l’évènement d’autant plus enrichissant. C’est l’occasion de partager leurs expériences les uns avec les autres et de participer à divers ateliers. Nos ambassadrices collaborent de plus à un projet spécial pour le 20e anniversaire du W studio. Merci à Lea Bouard, Rilley Revallier, Martina Michalaková, Hannah Köck, Maël Ollivier, Bode Barrett, Maj Štirn, Simon Hitti et Marco Tomasi. Il n’y a rien de plus plaisant que de se retrouver en montagne avec un groupe d’individus aussi enthousiastes.

Pour célébrer le 100e anniversaire de la création de l’Association slovène de ski, Elan a fait don de 100 paires de skis de course à de jeunes skieurs alpins talentueux. « La tradition du ski est importante en Slovénie et nous souhaitons promouvoir ce merveilleux sport. Ce geste vise non seulement à soutenir l’Association slovène de ski, mais aussi à aider et stimuler des athlètes en herbe sur la voie de l’excellence », déclare Leon Korošec (Vice-président du groupe Elan et Directeur de la division hiver) tout en adressant ses sincères félicitations à l’Association slovène de ski.


LA COLLECTION PRIMETIME MULTIRÉCOMPENSÉE

La série Primetime est destinée à créer une nouvelle vague d’enthousiasme pour le ski de piste. Ce modèle phare d’Elan 2023/24 a déjà remporté de multiples prix grâce à une philosophie de conception renouvelée, une technologie inédite et un graphisme accrocheur.

Elan consolide sa réputation de fabricant innovant. Depuis 80 ans, les skis de Begunje ont fait évoluer la pratique et séduit leurs utilisateurs. Au fil de l’histoire de la marque, la sophistication et l’attrait visuel des skis Elan ont été à maintes reprises récompensés par des jurys du monde entier. La liste des distinctions est longue et cette tradition se poursuit année après année. En 2023, ce sont les skis de la série Primetime qui ont reçu plusieurs prix prestigieux. Les experts ont surtout été impressionnés par le Primetime 55 et son pendant féminin, le Primetime N° 5. Le Primetime 55 a été remarqué par les organisateurs du plus grand salon du sport à Munich, où il a obtenu l’ISPO Award. Ce même modèle s’est vu décerner également le Red Dot Design Award. Le Primetime 55 et le Primetime N° 5 ont tous deux étés récompensés du Plus X Award : innovation, qualité de fabrication, design, fonctionnalité et ergonomie. « Les prix témoignent de la pertinence de nos produits, ils sont aussi une reconnaissance de notre travail créatif. Je suis très heureuse de constater que nous parvenons toujours à concevoir des solutions qui séduisent des utilisateurs, tout en convainquant les experts de divers domaines », déclare Melanja Korošec (Directrice de la marque Elan).

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Leon Korošec

TOUT EST QUESTION DE PERSONNES ET DE BONNE ÉNERGIE Entretien avec Leon Korošec, directeur de la division sports d’hiver et vice-président du groupe Elan. Gregor Šket

Jernej Leskovar, Toni Konrad

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L

eon Korošec a conservé l’apparence d’un jeune cadre dynamique. À seulement 48 ans, il a déjà plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie du ski. Il est difficile d’imaginer un profil plus approprié pour diriger la division sport d’hiver de la marque. Depuis deux décennies, Leon Korošec mène avec succès l’histoire du ski chez Elan. Originaire de Gorenjska, il est un homme cultivé adepte de biologie et de sciences sociales. C’est un businessman qui fait preuve d’empathie et de sensibilité à l’égard de ses salariés, de l’environnement et de la société. À la fois intellectuel et sportif, il apprécie les moments en pleine nature. Il y puise l’énergie nécessaire pour relever les nombreux défis inhérents à son poste décisionnel.

À VOTRE POSTE, QUELLE IMPORTANCE REVÊT LE FAIT D’ÊTRE UN PASSIONNÉ DE SKI ? Je pense qu’il est cohérent que les employés d’une marque d’équipement sportif aient une relation personnelle avec l’activité physique en question. Évidemment, cela est aussi valable pour moi. Il n’est pas nécessaire d’être un ancien athlète, mais il est bon d’être investi dans le sport. Chez Elan, nous avons des exemples intéressants. Certains de nos salariés sont impliqués dans le ski à très haut niveau : en compétition, en tant qu’experts ou enseignants.

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ORIGINAIRE DE TRŽIČ DANS LES ALPES SLOVÈNES, VOUS AVEZ PROBABLEMENT SKIÉ DÈS L’ENFANCE ? Mes parents m’ont mis sur les skis dès

mon plus jeune âge. À l’époque, le système scolaire était déjà orienté dans cette direction. On nous a inculqué l’amour du sport, du ski et de la nature. Les classes de neige et de plein air ont sans aucun doute été les meilleures semaines de ma vie. Je retrouve cela avec mes enfants et je souhaite que l’éducation en Europe continue de favoriser cette approche. COMBIEN DE JOURS PARVENEZ-VOUS À SKIER CHAQUE SAISON ? Au cours des dernières années, j’ai obtenu une note d’environ 16 sur 20. J’ai relativement peu de journées de ski complètes, car j’ai souvent des engagements professionnels lors de mes sorties. Cela doit représenter aux alentours d’une trentaine de jours. QUELLE EST VOTRE DESTINATION SKI FAVORITE ? Je n’en ai pas une en particulier, mais plutôt cinq. Même si je suis originaire de Tržič, j’adore aller à Vogel pour ses fantastiques paysages de haute montagne et ses vastes possibilités de ski hors-piste. Je me souviens d’une remontée des pistes en peaux avant le lever du jour. Au début, je percevais encore des lumières. Puis je me suis retrouvé dans l’obscurité totale et le silence. Des pensées d’ours et de loups ont commencé à me traverser l’esprit avant que l’aube apparaisse avec les premiers rayons de soleil dépassant des montagnes environnantes. La meilleure récompense à ma persévérance. « L’heure la plus sombre est celle qui vient juste avant le lever du soleil ». En dehors de Vogel, j’adore skier en Italie dans les Dolomites et notamment sur le domaine skiable interconnecté de Sella Ronda. Où que vous soyez, les paysages sont magnifiques et la cuisine est excellente. D’un point de vue commercial, l’ensemble de la région des Dolomites est un très bon exemple de développement cohérent d’une destination et de coopération entre toutes les parties prenantes (stations de ski, hébergement, transport, etc.). J’ai récemment voyagé au Japon, l’île d’Hokkaido est le paradis du ski hors-piste. Il y neige tout le temps et la vie locale est un contraste total avec Tokyo. Il est difficile de trouver des zones aussi préservées et rurales en Europe. Aux États-Unis, j’affectionne Vail. Ce choix peut sembler un peu cliché, mais en incluant les trois stations situées à proximité (Breckenridge, Copper Mountain et Beaver Creek) vous obtenez une expérience de ski exceptionnelle en haute altitude. Pour une excursion d’un week-end, les stations autrichiennes proches sont idéales.

L’enneigement y est excellent, avec une grande variété de terrains. COMMENT RESTEZ-VOUS EN FORME ? Je réalise divers exercices fonctionnels, mais je préfère les activités de pleine nature. Je ski beaucoup en hiver, d’ailleurs plus en randonnée qu’en alpin. Je fais souvent des montées sèches, activité aérobique par excellence. Ce qui fait la beauté du ski de nos jours, c’est qu’il y en a pour tous les goûts. DANS VOTRE JEUNESSE, LA MARQUE ELAN AVAIT UNE FORTE SIGNIFICATION SYMBOLIQUE POUR LES SLOVÈNES. COMMENT LA PERCEVIEZ-VOUS ? Je me souviens de ces moments avec mes parents au milieu des années 1980, où nous allions à la boutique Elan de Begunje pour acheter des skis. J’étais fasciné par les succès de Bojan Križaj, Mateja Svet et Ingemar Stenmark. Enfant de Tržič, j’étais particulièrement impressionné par Bojan. C’était une superstar à l’époque. Je me rappelle les premiers skis monocoques MBX d’Elan. Je bénéficiais d’une bourse d’études et les skis coûtaient six mensualités. Cela ne m’a jamais dissuadé de les acheter. Avec un camarade de classe, nous sommes allés au magasin de Begunje pour en faire acquisition. Les miens mesuraient 203 centimètres de long et les siens 207. Il faudrait que je replonge dans les archives du développement pour vérifier les longueurs [rire]. QUEL EFFET CELA FAIT-IL DE RENCONTRER DES SKIEURS LÉGENDAIRES COMME BOJAN KRIŽAJ OU INGEMAR STENMARK EN TANT QU’EMPLOYÉ D’ELAN, APRÈS LES AVOIR VUS À LA TÉLÉVISION DURANT VOTRE JEUNESSE ? Je mentirais de ne pas avouer que ce fut un honneur. Initialement, j’étais assez intimidé. Tous deux m’ont impressionné d’autant plus que j’ai appris à les connaître. Malgré tous leurs exploits, ils ont su garder les pieds sur terre. À l’occasion du 70e anniversaire d’Elan, nous sommes allés visiter Ingemar en Suède. Il nous a récupérés à l’aéroport et conduit chez lui. Son accueil a été des plus chaleureux. Un exemple de simplicité en dépit de la célébrité. Chapeau ! AVEZ-VOUS SONGÉ DANS VOTRE JEUNESSE À TRAVAILLER POUR ELAN ? Absolument pas. J’ai vu passer une annonce relative à un poste de directeur commercial chez Elan en 2001. J’ai écourté mes vacances pour me rendre à l’entretien d’embauche et j’ai obtenu la place. Une entrée en scène qui n’a rien de spectaculaire.


DEPUIS SES DÉBUTS, ELAN S’EST FORGÉ LA RÉPUTATION D’UN FABRICANT INNOVANT QUI A SU FAIRE ÉVOLUER LE SKI. POURQUOI UN TEL ESPRIT CRÉATIF DANS UNE PETITE VILLE COMME BEGUNJE NA GORENJSKEM ? La sagesse populaire évoque l’importance de la philosophie originelle d’une entreprise. Cette vision initiale est le fil conducteur qui sert de guide pour l’avenir. Rudi Finžgar avait une idée claire qui lui a permis de lancer une société dynamique en dépit d’une période très défavorable au sortir de la Seconde Guerre mondiale. La population été alors focalisée sur la reconstruction du pays en ruine et la fabrication de skis paraissait bien futile en ces temps d’austérité. Néanmoins la passion créative et la volonté de Rudi étaient irrépressibles. En septembre 1945, il prononce sa phrase légendaire à l’inauguration de l’entreprise : « Qui peut bien penser au sommeil à l’argent ? Le monde m’attend. Et il attend Elan ! ». Ainsi est née la coopérative de fabrication d’équipements sportifs Elan. Rudi Finžgar était un hyperactif, sans cesse en recherche d’idées à développer. Alors qu’il parcourait les champs autour des modestes ateliers d’Elan, il aurait dit à un paysan : « En l’an 2000, une monumentale usine Elan se dressera ici. Vous verrez ! ». Cette dernière s’inaugura dès 1970. L’innovation est inhérente à l’entreprise. Cette dynamique a toujours été maintenue, même en période de crise. Il est intéressant de noter que 92 % des employés d’Elan sont d’originaires d’un rayon à 50 kilomètres autour de Begunje. 11


OUTRE ELAN, BEGUNJE ABRITE ÉGALEMENT UN AUTRE PHÉNOMÈNE MONDIAL : LE LÉGENDAIRE GROUPE AVSENIK. CES DEUX SUCCÈS EXTRAORDINAIRES SONT LA PREUVE DU CARACTÈRE SINGULIER DE CETTE PETITE VILLE D’UN PEU PLUS DE 1 000 HABITANTS. Nous sommes très fiers du groupe folklorique, ou plutôt de la famille Avsenik de Begunje. Les deux histoires sont caractérisées par un enthousiasme et une persévérance hors du commun. C’est peut-être le reflet de l’obstination des habitants de Gorenjska. Nous avons certainement notre part d’entêtement chez Elan. La dernière lubie en date est le ski pliant Voyager, dont le développement a duré sept ans. Malgré divers ratés, l’une des plus grandes ambitions de l’industrie du ski est sortie de l’usine Elan.

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ELAN A RÉVOLUTIONNÉ LE MONDE DU SKI AVEC QUELQUES INNOVATIONS CLÉS. SELON VOUS, QUELLE EST L’INVENTION PHARE DE L’ENTREPRISE ?

Les skis paraboliques SCX au milieu des années 1990. C’est l’invention qui a tout changé, skier n’a plus jamais été la même chose depuis. Grâce à cette innovation, nous pouvons affirmer sans prétention que chaque ski produit sur la planète de nos jours contient un peu de l’ADN Elan. QUEL EST VOTRE INTÉRÊT POUR L’ASPECT TECHNIQUE DE L’INDUSTRIE DU SKI ? Ça me passionne. J’ai tout de même été instruit dans un lycée scientifique, même si je me suis par la suite orienté vers les sciences sociales. Les solutions mises au point par l’équipe développement d’Elan me captivent au plus haut point. J’ai toujours envie de comprendre les principes techniques sous-jacents. Le savoir de ces personnes est presque illimité. LA LISTE DES INNOVATIONS EST LONGUE. RÉCEMMENT, LES SKIS PLIANTS VOYAGER ONT ATTIRÉ L’ATTENTION. ELAN MATÉRIALISE AINSI UNE ANCIENNE AMBITION DE NOMBREUX FABRICANTS. EN QUOI LE

CONCEPT VOYAGER CHANGE-T-IL LA PRATIQUE DU SKI ? L’expérience de glisse est similaire à celle des skis classiques. Malgré la rupture d’intégrité du ski et la plaque de fixation pivotante, le Voyager conserve un haut niveau de performance. Sa skiabilité a impressionné des athlètes et autres skieurs avertis. D’un point de vue purement physique, le Voyager est presque un miracle. OÙ LE VOYAGER A-T-IL ÉTÉ ACCUEILLI AVEC LE PLUS D’ENTHOUSIASME ? Principalement dans les régions non alpines, où la population de skieurs est importante. En Europe, le Voyager s’est très bien vendu dans les métropoles éloignées des stations. QU’EST-CE QUI REND LA MARQUE ELAN SI ATYPIQUE ? Elan a toujours su combiner sophistication technologique et convivialité. Nous sommes high-tech sans démesure. L’entreprise a une vocation internationale, mais reste attentive aux valeurs


locales. Notre réponse aux besoins de l’utilisateur passe par une compréhension des pratiquants. La ligne directrice d’Elan n’est pas focalisée sur le profit économique, mais sur l’expérience que nous souhaitons faire vivre aux skieurs. Nous mettons cela en place sur tous les marchés où nous sommes présents. COMMENT L’INDUSTRIE DU SKI A-TELLE ÉVOLUÉ AU COURS DES TROIS DERNIÈRES DÉCENNIES ? Le marché a atteint sa maturité, nous ne connaissons donc pas de croissance explosive à l’instar des firmes de la tech. L’industrie du ski s’est adaptée à la segmentation des pratiques. Les montagnes permettent différents types d’expérience de glisse et de nouvelles disciplines sont apparues depuis la fin des années 1990. Chacune requiert un équipement spécifique approprié aux attentes des skieurs. Il n’est plus anodin qu’un skieur possède deux ou trois paires de skis : piste, randonnée, freeride, etc. Avec le développement du numérique, la gestion du matériel de location s’est métamorphosée sur les trente dernières années. Elan accorde beaucoup d’attention à ce segment. EN PARLANT DE SEGMENTATION, ELAN A SU INNOVER IL Y A VINGT ANS AVEC L’AVÈNEMENT DE LA SÉRIE W STUDIO À DESTINATION DU PUBLIC FÉMININ. UNE PREMIÈRE DANS L’INDUSTRIE DU SKI VOIRE DU SPORT DANS SON ENSEMBLE. La pratique du ski est assez équitablement répartie entre les deux sexes. Il était cohérent de dédier une gamme à part entière aux femmes : des skis adaptés à leurs besoins, désirs et spécificités anatomiques. Il était logique pour nous d’impliquer les femmes sur l’ensemble du processus d’élaboration, de la phase de conception jusqu’à la production. Néanmoins ces skis ne sont pas nommément aux couleurs féminines. À l’instar des recommandations issues de l’ouvrage Don’t think pink, Elan se base sur l’expérience de l’utilisatrice et c’est pourquoi la série W Studio connaît un tel succès. LA SENSIBILITÉ À L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL MONTE EN PUISSANCE. COMMENT ABORDEZVOUS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE CHEZ ELAN, L’UN DES RARES FABRICANTS À PRODUIRE

L’INTÉGRALITÉ DE SA GAMME SUR UN SEUL SITE ? La durabilité est littéralement ancrée dans le mode opératoire d’Elan depuis près de quatre-vingts ans. Un certain nombre de pratiques inhérentes à l’entreprise méritent aujourd’hui le qualificatif « durable ». Nous agissions de la sorte bien avant l’avènement de cette notion essentielle désormais omniprésente. Il est acté chez Elan que la campagne située à 1 km de l’usine soit préservée et reste intacte. Cette conscience de l’environnement est constitutive de notre conception de l’industrie. Il en découle une démarche systématique appliquée à tous nos domaines d’activités : développement, production, ressources humaines, administration, etc. Chaque service doit contribuer à la réduction des incidences sur l’environnement et à la réalisation de la neutralité carbone à court, moyen et long terme. ELAN N’EST PLUS SEULEMENT LA FIERTÉ DE LA SLOVÉNIE, MAIS UNE MARQUE INTERNATIONALE PRÉSENTE AUX QUATRE COINS DU MONDE. QUELS SONT VOS PRINCIPAUX MARCHÉS ? La pratique du ski est historiquement ancrée dans les pays européens de l’arc alpin : Autriche, Italie, Suisse, France, Allemagne et Slovénie. C’est traditionnellement notre marché le plus important. Elan est également très présent en Amérique du Nord. Il existe des différences significatives entre l’Est et l’Ouest. Ces dernières années, la distribution vers la région asiatique a elle aussi connu une forte croissance. AU FIL DES ANS, ELAN A ÉTÉ ASSOCIÉ À DE NOMBREUSES LÉGENDES DU SKI. INGEMAR STENMARK, LE MEILLEUR SKIEUR DE TOUS LES TEMPS, A ACCUMULÉ LES VICTOIRES SUR DES SKIS SLOVÈNES. LES STARS DU SKICROSS FILIP FLISAR, KELSEY SERWA, BRADY LEMAN ET RYAN REGEZ LUI ONT SUCCÉDÉ SUR LA PISTE ; SANS OUBLIER LE CHARISMATIQUE FREESKIER GLEN PLAKE… QU’APPORTENT CES GRANDS NOMS POUR LA VISIBILITÉ DE LA MARQUE ?

COMMENT S’INSCRIVENT-ILS DANS LA PHILOSOPHIE ALWAYS GOOD TIMES ? Une marque est un ensemble immatériel de représentations qui stimulent l’esprit des utilisateurs. Cet imaginaire peut être véhiculé par des produits, des anecdotes ou des personnalités. Si la plupart de notre public cible pratique le ski de manière récréative, notre présence dans le haut niveau est essentielle pour la construction de notre identité. Nous sommes honorés qu’Ingemar Stenmark, le meilleur skieur de tous les temps, ait réalisé ses performances sur nos skis. Au même titre, les succès récents de nos athlètes en skicross sont une fierté. La popularité de Glen Plake est également très bénéfique pour la marque, notamment au niveau du marché nord-américain. Ces skieurs professionnels partagent des valeurs communes stimulantes pour les pratiquants aussi bien occasionnels que passionnés. Le public est plus captivé par des individus exceptionnels et intéressants, que par de simples skis. C’est pourquoi les athlètes et autres personnalités atypiques sont essentiels au développement d’Elan. LES INTERACTIONS SOCIALES AU SEIN DU GROUPE DOIVENT ÉGALEMENT JOUER UN RÔLE IMPORTANT. CELA SE REFLÈTE-T-IL AU NIVEAU DES PRODUITS FINAUX ? Le rayonnement extérieur de la marque se base sur l’énergie interne à l’entreprise. Les relations entre employés sont la clé de cette dynamique. COMMENT PERCEVEZ-VOUS L’AVENIR DU SKI ? La pratique du ski repose sur un facteur naturel. L’instabilité climatique est devenue une réalité que l’on ne peut ignorer et dont il faut se préoccuper. Néanmoins le ski demeure l’une des rares activités hivernales de plein air susceptible d’apporter du bonheur et de la détente dans un cadre environnemental merveilleux. Chez Elan, nous souhaitons que le plus grand nombre possible de personnes puissent éprouver ces sentiments exaltants. Les générations futures doivent pouvoir continuer à bénéficier de cela. Nous sommes confiants dans notre savoirfaire et pleins d’espoir pour l’avenir du ski. 13


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Primetime

LE MEILLEUR MOMENT La série Primetime s’inscrit dans la lignée de la révolution du carving initiée par Elan au milieu des années 1990. Ce sont des skis qui optimisent le plaisir de tailler des courbes sur piste damée.

David Primožič

Samo Vidic

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L 22°

’euphorie pour le ski de piste s’est estompée ces dernières années. De nombreuses stations de ski sont restées fermées et de beaucoup de skieurs se sont repliés vers les zones de montagne sauvages. Alors que les dameuses et les professionnels des domaines skiables ont repris leur méticuleux travail de préparation, le ski alpin est redevenu possible. Dévaler des pentes parfaitement lisses est un plaisir unique qui mêle vitesse, adrénaline et gravité. Ces sensations enivrantes sont entrecoupées de conversations détendues entre amis sur le télésiège, de thé chaud en cabane d’altitude et se terminent en après-ski avec les joues roses. Alors qu’Elan a initié la révolution du carving,

moderne high-tech pour une efficacité ultime sur piste damée. Elan a inventé le ski de carving et, forts de cet héritage, nous avons développé une nouvelle gamme audacieuse qui stimule l’attrait du ski de piste. Inspirés par l’engouement pour le ski alpin, la série Primetime procure des sensations inédites. Elle se décline en modèles parfaitement adaptés aux différentes aspirations des skieurs de piste : la vitesse, les virages rythmés de court rayon, ou simplement se balader lenght toute la journée. L mm N mm B mm

force 0185/1185

M

génération de ski réincarnationIdu strong cool I chaque playfull I est une young modèle parabolique originel créé par l’entreprise de Begunje au milieu des années 1990 : le SCX. Elan, par le biais de ses ingénieurs, n’a eu de cesse d’innover pour améliorer l’expérience de glisse sur neige. Tout ce savoir-faire est désormais concentré dans la série Primetime.

Prototype lenght - 127 cm

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Cette famille comprend quatre skis pour hommes et quatre autres dédiés aux femmes. Tous combinent une philosophie de conception

144 1540 1460 130 151 1610 1530 130 158 1680 1600 130 165 1750 1670 130 172 1820 1740 130 179 1890 1810 130

Les Primetime sont conçus pour apporter à chaque skieur un meilleur contrôle dans les virages, quel que soit son niveau de ski. La technologie PowerMatch répartit idéalement la quantité de matériau dans le ski pour optimiser le transfert d’énergie du skieur. Le célèbre profil Amphibio (cambre classique sur la carre intérieure et rocker sur la carre extérieure) oriente les appuis du skieur vers les parties du ski qui en ont le plus besoin pour améliorer l’accroche et la conduite. La disposition spécifique des matériaux liée à ces deux technologies avec un ski droit et un ski gauche offre des caractéristiques de maniabilité

wood 1


0185/1185 M

lenght

L mm

N mm

144 1540 1460 130 151 1610 1530 130 158 1680 1600 130 165 1750 1670 130 172 1820 1740 130 179 1890 1810 130

I playfull I young I strong

ype lenght - 127 cm

WHAT IS NEXT

1 Amphibio profile 2 Dual density woodcore 3 Titanal

B mm

left right

wood 2

stronger wood on inner part

wea out

outside edge (stronger)

wood 1

inside edg (lighter)

exceptionnelles. Le noyau PowerMatch Dual Density Woodcore, joue sur la densité du profil. Ce dernier est plus épais avec des matériaux plus résistants le long de la carre intérieure du ski pour la rigidité, la stabilité, l’accroche et la réactivité. Le long de la carre extérieure, le profil est plus fin et constitué de matériaux plus légers pour une conduite intuitive et moins d’inertie en entrée de courbe. La série Primetime est également dotée de divers profile 1 Amphibio renforts en titane pour des skis puissants, incisifs et vifs. La technologie Racing Sidewall maximise le transfert d’énergie du skieur vers les carres. Le 2 Dual density woodcore profil Amphibio facilite l’amorce des virages avec un profil rocker le long de la carre extérieure et 3 Titanal apporte une meilleure accroche avec un cambre classique le long de la carre intérieure. La forme 3D innovante des skis Primetime est liée à leur technologie de construction. Tous les modèles de cette famille ont un topsheet au look monochrome moderne inspiré de différents domaines du sport, de la mode et des arts visuels. Bien qu’ils aient tous en commun la technologie PowerMatch, chaque ski de la série Primetime a

wood 2

ses propres caractéristiques adaptées au type de skieur de piste ciblé. Ces skis sont élaborés à la main au cœur des Alpes slovènes à partir d’une électricité 100 % verte, dont celle issue de la centrale solaire intégrée à l’usine de Begunje. Ce qui réduit considérablement l’impact d’Elan sur l’environnement. Tous les matériaux utilisés proviennent d’un rayon de 400 kilomètres autour de l’entreprise et jusqu’à 96 employés dévoués, minutieux s’appliquent à les WHATet qualifiés IS NEXT?!?!? assembler.

PRIMETIM

FL = FR ML = MR alfaL = betaR

La ligne directrice d’Elan est d’encourager les skieurs à vivre de bons moments dans la nature. Il s’avère qu’il y a un manque d’enthousiasme et d’innovation dans la catégorie piste. Elan a donc conçu une série de skis qui offre des sensations de carving inégalées et incite à passer plus de temps sur les pistes. La famille Primetime propose un modèle approprié à chaque niveau d’intensité et d’expérience. Cette série s’adapte aux différents membres d’un groupe de skieur afin que tout le monde profite de belles journées sur les pistes en bonne compagnie.

left right

stronger wood on inner part

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outside edge (stronger)

weaker wood on outer part


Speed friend « Ces skis peuvent tailler des courbes de long ou court rayon et excellent à haute vitesse. C’est le modèle le plus précis de la série Primetime, qui cependant reste accessible à un très large éventail de skieurs. Ils procurent cette montée d’adrénaline que nous recherchons tous », explique l’ancien coureur de Coupe du monde Bernard Vajdič à propos du Primetime 55.

PRIMETIME 55

PRIMETIME N°5

Pour les fans de carving ! « Le Primetime No. 4+ ? C’est le bonheur d’être sur le premier siège alors que tous les autres sont restés au lit. C’est mon moment privilégié que je veux partager avec mes amis tous les jours et ces skis le rendent encore plus intense ! » s’exprime Hannah Köck, ancienne coureuse autrichienne de Coupe du monde.

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PRIMETIME 55+

PRIMETIME N°4+


Early bird « Un nouveau nom signifie un plaisir de skier redéfini. Le Primetime No.4 offre une combinaison unique de puissance et de polyvalence qui lui permet d’être performant dans un large éventail de conditions de neige. Il est ainsi possible de commencer tôt et de ne pas se fatiguer jusqu’à la fin de l’après-midi », explique Manja Pernek, membre du Demo Team Slovène.

PRIMETIME 44

PRIMETIME N°4

Skier toute la journée « Ce sont des skis qui ne ressemblent à aucun autre. J’ai été impressionné par leur stabilité et leur réactivité. En même temps ils sont tolérants, même des skieurs moins expérimentés seront bluffés », déclare Marco Tomasi, ancien coureur de ski cross de haut niveau, à propos du Primetime 33.

PRIMETIME 33

PRIMETIME N°3

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W Studio

20 ANS AU SERVICE DES FEMMES Au début des années 2000, Elan s’affirme une fois de plus comme une marque visionnaire avec la création du W Studio. Une antenne spécialisée dans le développement de skis et accessoires destinés aux femmes.

Rebeka Lah

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Jernej Leskovar, Toni Konrad, Archive Elan


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« Ne songez pas que les femmes s’adaptent au monde, mais à l’inverse que le monde s’adapte aux femmes », a déclaré Bozoma Saint John (femme d’affaires américaine et ancienne directrice marketing de Netflix). Ses paroles s’inscrivent dans la continuité de l’idéologie de la légendaire Coco Channel qui estimait que ce sont les femmes qui portent le poids du monde sur leurs épaules. Bien qu’elles se soient vues écartées des rôles importants au cours de l’histoire, l’influence sous-jacente des femmes est indéniable. Elles ont toujours eu une emprise sur les évènements décisifs, grâce à leur empathie et leur finesse de discernement. La nature féminine est un juste équilibre de ferveur et de ténacité, de charme et d’optimisme, de sagesse et d’émotion… Les femmes ont une aura que les hommes n’ont pas et ont du mal à admettre. Des représentantes charismatiques ont mis en exergue ces facultés pour défendre l’égalité des femmes et faire évoluer leurs droits. De nos jours, ces dernières dirigent des gouvernements ou de grandes entreprises, travaillent dans la médecine, la recherche, l’ingénierie, etc. Il est enfin devenu évident que les femmes sont indispensables à l’équilibre sociétal. Elles façonnent les tendances en associant à la perfection désinvolture et sagesse. Conscientes de leur singularité, elles savent aussi s’amuser. Si là n’est pas l’essentiel, ce n’est pas à négliger. Selon le légendaire designer américain Charles Eames, le plaisir est à prendre au sérieux ! Le ski s’inscrit certainement dans ce contexte : il ne s’agit pas seulement de dévaler une pente enneigée, mais d’une expérience holistique profondément bénéfique pour la santé physique et psychologique. Au-delà du sport, la pratique du ski intègre des moments inoubliables en bonne compagnie qui sont source de joie de vivre et d’énergie positive.

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Cette philosophie inspire quelques esprits alertes à Begunje na Gorenjskem. Au milieu des années 1990, Elan


initie la révolution du carving. Les skis paraboliques sont rapidement devenus la norme, aussi bien en compétition qu’en loisir. L’apparition progressive de nouvelles technologies les rend de plus en plus performants. Dans la lignée de cette dynamique, une autre idée lumineuse voit le jour à Begunje en 2003 : des skis féminins ! Il ne s’agit pas d’un créneau commercial ou d’un effet de mode, mais d’un réel besoin. Une suite logique qui aurait dû advenir plus tôt. À l’époque, presque aucun fabricant de ski ne travaille sur des produits spécialement destinés aux femmes. L’objectif d’Elan est de stimuler ces dernières à pratiquer le ski en leur donnant les moyens techniques de le faire. Elan est convaincu que chacune est potentiellement une grande skieuse et il n’est pas surprenant que ce concept soit né au cœur des Alpes slovènes. La créativité d’Elan s’est ainsi déclinée au service des femmes. Bien au-delà du cosmétique, les ingénieurs de la marque cherchent à concevoir des skis qui incarnent le principe féminin à tous points de vue. Si la fabrication de ski s’avère être historiquement un savoir-faire masculin, seules des femmes peuvent mettre au point des skis adaptés à leurs spécificités. De l’esquisse à la production, chaque étape doit être pilotée par une femme. Le résultat de cette réflexion sur l’égalité des sexes s’est matérialisé par la création du W Studio, un laboratoire de développement composé de skieuses de tous horizons : des compétitrices ou autres accros-fanatiques aux plus dilettantes. Cellesci se sont retrouvées autour d’une table pour définir leur dénominateur commun dans le ski. Ce groupe de travail a initié l’histoire du ski féminin. Vingt ans plus tard, la dynamique n’a pas faibli.

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Qu’est-ce qu’un ski féminin ? C’est la question originelle et la réponse est simple : c’est un ski performant, léger et esthétique. Néanmoins la conception à sa part de complexité, car celui-ci doit être adapté à l’anatomie et à la force physique des femmes. Il doit avoir un poids réduit avec un centrage des fixations distinct. Fabriquer un tel ski sans sacrifier les caractéristiques fondamentales de glisse et d’accroche est une tâche difficile. Les membres du W Studio sont parvenus à trouver la bonne formule en termes de matériaux et de technologies pour créer des modèles appropriés aux différents types de pratiques. Des skis adaptés à la morphologie féminine qui fonctionnent en toutes conditions et sont aptes à répondre de façon optimale aux sollicitations des skieuses. Ces dernières ne peuvent que se sentir en confiance et en sécurité sur les pistes ou en dehors. Grâce à W Studio, elles disposent d’un outil stimulant afin d’améliorer leurs compétences tout en se faisant plaisir.

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L’esthétique est également une composante incontournable du ski féminin. Ainsi, les femmes qui développent ces skis ne sont pas seulement des skieuses expertes, mais aussi des personnes sensibles à l’art et aux tendances en vogue. Depuis 20 ans, les skis estampillés W Studio sont conçus par des esprits féminins créatifs prédisposés à transformer des matières premières en un objet élégant et fonctionnel sur la neige.


Pour tous les goûts La première gamme de skis féminins conçue par Elan en 2003 compte neuf modèles associés à différents types de pratiques. Ces déclinaisons se développent et s’améliorent au fil des ans. Quelques skis emblématiques sortent de l’usine de Begunje. Les Delight qui présentent un rapport poids/performance exceptionnel : 3890g la paire en 152 cm, fixations comprises (le plus léger au monde à l’époque). Leur construction est basée sur la technologie Slimshape, un profil supérieur incurvé qui amincit le ski afin de l’alléger sans nuire à sa rigidité. Viennent ensuite les Black Magic, Insomnia, Twilight, Element, Wildcat, etc. Avec l’ajout de la série Ripstick en 2019, la collection W Studio est enfin complète : un ski féminin Elan dédié à chaque segment de pratique. Les skis W Studio sont conçus avec les mêmes technologies de pointe que le reste de la gamme Elan : Reflex Sidecut, Fusion, WaveFlex, Amphibio, etc. Toutes ces innovations permettent aux skieuses de profiter de la glisse de façon optimale. Pour la saison 2023/24, la collection W Studio comprend 21 modèles qui répondent à tous les segments de pratiques : des skieuses qui taillent de la courbe sur les pistes, à celles qui affectionnent de flotter dans la poudreuse ou préfèrent accéder à de belles pentes en randonnée. Des casques, bâtons, sacs et autres accessoires assortis sont également disponibles.

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Klarisa Veselič, Directrice Produit et W Studio

QUELLE EST L’IMPORTANCE D’AVOIR UNE ÉQUIPE 100 % FÉMININE AU W STUDIO ? L’élaboration de nos skis et accessoires est basée sur l’expérience utilisateur. Celle-ci détermine ce qui est à conserver, à améliorer ou à supprimer. L’équipe de développement est un générateur d’idées, c’est à partir de ce vivier créatif que le chef de produit rédige les lignes directrices du projet de conception. Les filles du W Studio utilisent les produits Elan au quotidien, ce qui leur permet d’apporter une expertise et des informations inestimables pour continuer à optimiser notre matériel de ski performant dédié aux femmes.

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LES HOMMES PARTICIPENT-ILS D’UNE MANIÈRE OU D’UNE AUTRE, NOTAMMENT EN CE QUI CONCERNE LA MISE EN ŒUVRE TECHNIQUE ? Évidemment, il n’y a pas que les femmes investies dans la collection W Studio. Les hommes travaillent dans tous les domaines de l’entreprise : développement, fabrication, ventes, etc. Ils sont étroitement impliqués. Du concept initial

au produit final, nous sommes présentes à toutes les étapes du processus ; mais cela ne signifie pas que seules des femmes donnent vie aux skis W Studio. Il serait absurde de prétendre cela. COMMENT SE DÉROULE LA FABRICATION D’UN SKI ET COMBIEN DE TEMPS CELA PREND-IL ? Leaving aside long-term strategic product planning, Si l’on fait abstraction de la planification stratégique à long terme, les produits sont accessibles au consommateur après deux années d’élaboration. Lorsque l’idée d’un nouveau modèle est approuvée, son objectif est soigneusement défini en étroite collaboration avec le service de développement. L’expertise de ce dernier nous éclaire sur les orientations de conception à prendre. Les ingénieurs créent alors plusieurs prototypes qui matérialisent différentes solutions techniques au besoin identifié par le W Studio. Ces modèles de test sont minutieusement éprouvés par l’équipe d’essai, qui intègre notamment des profils d’utilisateurs cibles. Les retours valident le passage à l’étape suivante ou la


reprise du prototypage. Postérieurement, la forme 3D vient soumettre le futur produit à des tests de longévité, celuici doit pouvoir résister à cinq années d’usage intensif ou plus. Une fois la conception initiale établie, un travail sur le design graphique en 2D s’effectue. Parallèlement, un plan marketing est mis en place. Au-delà de l’attrait visuel, il s’agit ici de donner une bonne lisibilité de la fonctionnalité du produit au consommateur. L’aptitude à communiquer sur nos innovations vouées à optimiser l’expérience de l’utilisateur est primordiale. Ce dernier est d’ailleurs constamment impliqué afin de valider la parfaite adéquation de notre processus de développement. LES SKIS W STUDIO SONT LOIN DE SE LIMITER AU DESIGN ET AU GRAPHISME. IL S’AGIT AVANT TOUT D’UNE ADAPTATION TECHNIQUE À L’ANATOMIE DU CORPS FÉMININ. EN QUOI LES SKIS POUR FEMMES DIFFÈRENT-ILS DES SKIS POUR HOMMES ? Klarisa Veselič. Les skis du W Studio doivent être maniables et légers, quel que soit le segment de pratique. L’anatomie féminine est distincte de celle des hommes, nous avons donc analysé la transmission des forces sur l’interface du ski chez les skieuses. Les femmes ont également un centre de gravité différent de celui des hommes, nos skis sont adaptés à cela. Les préférences pratiques des femmes vont vers des skis moins lourds et moins volumineux. Notre devoir est de leur fournir des skis allégés et plus courts qui soient tout aussi stables. Dans le segment freeski, la technologie Tubelight utilisée dans le noyau a permis de développer d’excellents produits. Des inserts en carbone stratégiquement placés offrent un ski léger qui reste ferme et réactif. Il est à noter que les Ripstick sont idéalement performants sur tous types de neige, alors qu’aucun matériau métallique n’est intégré à leur construction. LES SKIS W STUDIO SONT-ILS ÉLABORÉS EXCLUSIVEMENT PAR DES FEMMES ? COMBIEN DE MAINS FÉMININES TOUCHENT CES SKIS AU COURS DE LEUR PROCESSUS DE CONCEPTION ET DE FABRICATION ? Les femmes sont investies de la conceptualisation à la vente, en passant par la production. Ce sont des passionnées dont l’expérience permet de répondre à la problématique du développement d’un ski féminin adapté. Bien évidemment, des hommes participent à la création de ce type de skis ; tout comme des femmes interviennent dans celle des skis « masculins ». Le processus de fabrication des skis loisirs en noyau polyuréthane implique 60 personnes dont 35 femmes. Celui des skis haut de gamme à la conception plus complexe requiert l’action de 96 employés : 53 hommes et 43 femmes. QUE SIGNIFIE ALWAYS GOOD TIMES POUR LES SKIEUSES ET LES MEMBRES DU W STUDIO ? Les femmes savent profiter et générer de beaux moments, c’est là l’essence même de la philosophie Elan : Always Good Times. Lorsque l’on associe la vision féminine de la vie à un produit spécifiquement développé, la montagne devient une aventure accessible et des journées inoubliables se profilent.

LE PROJET WE CREATE La créativité est inhérente à la marque depuis sa genèse. L’Innovation au service des skieurs est le fil conducteur originel d’Elan. La prise en compte que tout fervent skieur rêve de développer ses propres skis fait partie de cette l’idéologie. Les ambassadrices Elan ont l’occasion de réaliser des skis exclusifs dans le cadre du projet We Create. De par leur esthétique et leur caractère sous le pied, ces modèles élégants sont emblématiques de la vigueur féminine. Une série limitée Elan Women’s porte la signature de femmes talentueuses et charismatiques dans des domaines aussi variés que le sport, le design, la mode ou encore l’environnement. Nous sommes ravis de leur confier nos skis comme support d’expression afin qu’elles puissent véhiculer leur message et inspirer de nombreuses skieuses audelà de la glisse.

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Ryan Regez

LE TEMPS JOUE EN MA FAVEUR Nous sommes allés rendre visite au champion olympique Ryan Regez, dans son village natal de Wengen. Un haut lieu de l’histoire du ski alpin, où Elan a eu sa part de triomphes. Avec Ryan, tout s’est enchaîné.

Gregor Šket

Bor Dobrin

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S

itué au cœur des Alpes bernoises, Wengen est un endroit idyllique. C’est l’archétype même du paradis montagnard. Après avoir laissé la voiture en bas de vallée et être montés à bord d’un train à voie étroite, nous sommes entrés dans le monde féerique de nos aïeuls. Les Suisses ont manifestement un sens remarquable des bons usages du passé, qu’ils combinent subtilement avec le confort des temps modernes.

le lieu de résidence du champion olympique de skicross : Ryan Regez. Il est curieux de constater que peu de skieurs de haut niveau soient natifs d’un tel endroit. Le local Karl Molitor a régné en maître sur les pentes du Lauberhorn dans les années 1930, de même que deux autres médaillés olympiques. Néanmoins leur hégémonie sur le cirque blanc s’est achevée avant la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est qu’en 2022 que Ryan Regez a ramené de nouveau l’or à Wengen.

Wengen est dominé par d’imposants sommets : l’Eiger (3 967 m), le Mönch (4 110 m) et la Jungfrau (4 158 m). Le village est devenu internationalement célèbre pour les courses de ski de la coupe du Lauberhorn qui s’y déroulent depuis le milieu des années 1930. Wengen abrite la plus longue piste de compétition de ski alpin au monde. Un parcours de quatre kilomètres et demi que les meilleurs coureurs dévalent à une vitesse moyenne supérieure à 100 km/h, avec des pointes pouvant atteindre 160 km/h. Réputée pour son extrême difficulté, seuls les plus grands athlètes peuvent la skier comme il se doit. L’épreuve de slalom à Wengen est liée à la marque Elan et au ski slovène. En 1980, Bojan Križaj y remporte la première victoire yougoslave et slovène de l’histoire du ski. Il réitère son exploit l’année suivante, alors qu’il n’était que dixième après la première manche. Ingemar Stenmark y laisse également son empreinte, en ajoutant deux triomphes à son palmarès et à celui d’Elan.

Nous lui rendons visite par une journée plutôt grise de fin mars, alors que la neige commence à perdre son éclat brillant et que l’herbe verte revendique déjà le fond de vallée. De telles conditions météorologiques auraient raison de la légendaire épreuve de descente. Les héros du Lauberhorn ne seraient pas admis sur la piste et resteraient au chalet à déguster une fondue traditionnelle. Il en est ainsi, les montagnes disparaissent parfois dans les nuages.

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Wengen vit et respire la tradition du ski alpin, c’est

Rencontrer Ryan dans son village natal est une expérience insolite : tout le monde le connaît et l’affectionne. Les enfants l’observent avec de grands yeux, les adultes le saluent chaleureusement et les filles le regardent. Après avoir rejoint Wengen depuis Männlichen en télécabine, Ryan nous invite à entrer dans l’office du tourisme : « Allons voir mon globe de cristal ! ». Ses trophées les plus précieux y sont exposés en vitrine, à l’exception de sa médaille d’or olympique. « Elle est chez moi et je la cajole souvent », ajoute Ryan.


Le ski dans le sang Ryan n’est pas 100 % suisse. Sa mère est britannique et il parle anglais avec l’accent typique du gentleman. Néanmoins, en venant au monde à Wengen, vous êtes destiné à skier. Si de surcroît votre père est entraîneur de ski, votre destin est pratiquement scellé. Le ski n’a jamais été une contrainte, mais une passion assidue pour Ryan. « J’ai de merveilleux souvenirs de ma jeunesse à l’écart des influences négatives du monde moderne. Ici, il n’y a pas de foule, pas de circulation, pas de stress. Je me suis habitué à vivre en harmonie avec la nature dès la petite enfance. Mes amis et moi jouions pendant des heures dans les forêts des versants environnants. Ces aventures en plein air ont forgé ma personnalité ». Ryan a découvert la glisse dès l’âge de deux ans. « Mon père entraîneur m’a initié. Je me souviens que nous allions souvent skier après l’école, au moins quatre fois par semaine. Bien entendu, nous étions spectateurs des courses de la Coupe du Lauberhorn chaque année. Avec les enfants du village, nous collectionnions les autographes des meilleurs skieurs du monde. Hermann Maier était mon favori. Les membres du ski-club de Wengen s’entraînaient régulièrement sur les pistes de compétition du Lauberhorn. Je garde un très bon souvenir de l’épreuve de descente en 2011. Alors que je n’étais encore qu’adolescent, le rôle d’ouvreur m’a été confié ».

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Les skis verts Ryan Regez est membre du team international de skicross Elan depuis de nombreuses années. Il a été attiré par les skis slovènes dès l’adolescence. « Je n’ai jamais voulu glisser avec les skis de tout le monde. Au moment de renouveler mes skis en 2007, j’ai essayé des Elan parce que j’avais beaucoup entendu parler d’eux. Je savais que leurs innovations rythmaient l’histoire de ce sport. Je me suis tout de suite senti à l’aise sur ces skis et je n’ai plus quitté la marque depuis. L’équipe course d’Elan, dirigée par Blaž Lazar, est une véritable famille pour moi. Nous avons plaisir à collaborer et échanger sur l’amélioration du matériel. Les gars du département développement sont de brillants experts attentifs à nos idées. Ils conçoivent des skis qui nous rendent sans cesse plus rapides ».

Skieur professionnel

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Les skieurs sont des personnages audacieux et kamikaze jouant aux équilibristes entre le succès et la catastrophe. Ryan a lui aussi connu des années folles, à faire la fête entre amis. « Lorsque je suis passé des disciplines alpines au skicross, je me suis engagé pleinement dans cette discipline. Je lui ai dédié toute mon attention et ma concentration pour ne plus rien laisser au hasard. Je ne voulais pas compromettre le travail et les sacrifices que j’avais consentis en prenant des décisions irréfléchies. J’ai abandonné de nombreuses activités que j’affectionnais. J’ai arrêté le football et d’autres sports de contact qui présentent un risque de blessure relativement élevé. Ce n’est pas pour autant que je m’en tiens uniquement au ski et à la gym. J’aime le tennis et le beach-volley, ou encore rouler en VTT… »


Les Jeux olympiques de Beijing, 2022 Ryan débute la saison 2021/22 par une première place à Innichen, dans le Tyrol du Sud. Juste avant les Jeux olympiques de Pékin, il remporte deux victoires consécutives à Idre Fjäll, en Suède. Il endosse ainsi le rôle de principal favori en Chine. « Lorsqu’un journaliste de la télévision m’a demandé quels étaient mes objectifs olympiques, j’ai répondu que je serais satisfait avec n’importe quelle médaille. Au fond de moi, je rêvais de l’or. J’ai mentalisé la course olympique un nombre incalculable de fois, à la fin de chaque run je gagnais ». Advient alors le moment qui a tout changé. « Le souvenir de cette dernière manche me donne encore la chair de poule. Je ne prends pas le meilleur départ, heureusement les trois autres sont dans la même situation. Je me retrouve en tête à la première série woops et je me dis : Oh, mon Dieu ! Je suis devant ! Je parviens à garder cette position jusqu’à la fin du parcours. Le soleil est bas et je ne distingue que les ombres des gars derrière moi. Ces dernières disparaissent progressivement et je n’entends plus rien. Je réalise que j’ai une bonne marge sur mes adversaires. Mon cœur a commencé à battre très fort avant même que je ne franchisse la ligne d’arrivée. C’est une sensation indescriptible ». De retour à Wengen, il est accueilli en grande pompe. « Un ami m’accompagnait lorsque nous avons pris le train de Lauterbrunnen à Wengen. À la descente du wagon, j’étais étonné du nombre de personnes rassemblées à la gare et dans la rue principale. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai réalisé mon accomplissement. J’ai été heureux de voir que mes proches, mes parents et mes voisins partageaient mon succès ». Depuis, plus rien n’est pareil : « C’est gratifiant que les gens vous reconnaissent et vous félicitent, mais parfois j’aimerais avoir un peu plus d’intimité ».

Motivation Lorsque les athlètes atteignent leur apogée, certains se retrouvent confrontés au vide et au manque de motivation. D’autres intensifient leur engagement et travaillent encore plus dur. « La bataille pour le globe de cristal a commencé peu après les Jeux olympiques. Je le désirais autant que la médaille olympique. Avec trois concurrents à égalité dans la lutte, il n’y avait pas le temps de se reposer sur ses lauriers ». Lors de la dernière course de la saison, Ryan est parvenu à son objectif suivant de remporter le globe de cristal. Celui qui est aujourd’hui exposé dans la vitrine de l’office du tourisme de Wengen. Malheureusement, Ryan subit comme d’autres les aLeas du sport. Il s’est blessé au genou au cours de l’une des premières épreuves de l’hiver 2022/23 à Arosa. Il a dû être hospitalisé et mettre fin à sa saison. « J’ai entendu un bruit étrange durant ma chute. J’ai initialement pensé au déclenchement d’une fixation… Lorsque j’ai réalisé que mes skis étaient toujours attachés, il est devenu clair que le son venait d’autre chose. Suite à l’opération, j’ai entamé la période de rééducation accompagnée d’une phase de réflexion personnelle. J’ai commencé à étudier la finance d’entreprise et j’ai passé un bon nombre d’examens, tout en m’entraînant systématiquement à la salle de sport. Dans ces moments difficiles, je repense aux sentiments que éprouvés lors de mes succès de la saison précédente. Je n’ai d’autre choix que d’aller de l’avant avec optimisme et je suis persuadé que je reviendrai plus fort. Le temps joue en ma faveur ! » 33


Playmaker

LA MONTAGNE COMME TERRAIN DE JEU

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Fabriqué main dans les Alpes slovènes et testé en Amérique du Nord, le Playmaker est un ski au feeling surfy destiné aux skieurs qui apportent créativité et style sur la montagne.

Ben Fresco

Toni Konrad


L

a pluie tombe un matin d’avril à Bend en Oregon et 45 à 60 centimètres de neige fraîche sont annoncés sur les hauteurs de Mount Bachelor. Quatre skieurs de différentes régions d’Amérique du Nord s’y sont réunis pour une séance photo de trois jours et évaluer une nouvelle gamme de skis Elan prévue dans les skishop à l’automne 2023. Ce type de conditions peuvent s’avérer délicates pour faire des images, mais l’enthousiasme est au rendez-vous. L’équipe embarque le matériel dans le véhicule et se dirige vers le volcan qui culmine à près de 2 800 mètres au cœur de la chaîne des Cascades. Les membres du groupe sont des skieurs talentueux âgés de 20 à 30 ans, avec des habilités à la croisée du freestyle et du freeride. L’invention des skis bispatulés a conduit au développement généralisé des snowparks depuis plus de deux décennies, ainsi toute une génération de skieurs s’est axée sur la créativité plus que sur la technique et la vitesse. Désormais, ils sont nombreux à transposer des figures de style au terrain montagnard naturel. Après une brève réunion au lodge pour définir les objectifs du séjour, l’équipe triée sur le volet se rend avec impatience à l’extérieur où la neige s’accumule. L’enthousiasme va crescendo au sein du jeune groupe de rider, à mesure qu’ils apprennent à se connaître. Quel que soit le résultat des photos, ils vont passer une journée mémorable dans la poudreuse à tester la nouvelle collection de skis freeride twin-tips. Les planches idéales pour des skieurs créatifs comme eux.

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Des outils appropriés à la tâche Le ski peut-être segmenté en différentes disciplines, chacune requiert ses propres outils. Par exemple, les skieurs de compétition ont besoin de nervosité et de stabilité pour tailler des courbes sur neige dure. C’est ce que l’on retrouve dans la série Ace. À l’inverse, les freeriders nécessitent une plateforme plus large qui offre flottaison et maniabilité en neige profonde. Certes, il est possible de skier un Ace dans la poudreuse et d’aller dans un slalom avec un Ripstick… Néanmoins, les sensations seront meilleures et les résultats plus probants avec l’instrument adapté à chaque discipline. Afin de réévaluer sa boîte à outils, Elan a échangé avec ses athlètes et revendeurs visionnaires. Au-delà, une enquête a été menée sur les utilisateurs susceptibles d’être desservis par l’offre existante. Alors que les ventes de skis freeride à double rocker augmentaient en Amérique du Nord, aucun ski de freeride bidirectionnel n’était disponible dans la collection Elan depuis quelques années. Les détaillants se sont engagés à nous suivre sur ce type de produit, la dynamique de concevoir une nouvelle catégorie de ski pour satisfaire un plus large panel de skieur s’est alors lancée.

Orienté vers l’utilisateur et ses exigences Lorsqu’Elan créé de nouveaux produits, la finalité est claire : fournir le meilleur équipement propice à une expérience de ski transcendante. Qu’il s’agisse d’initier la révolution parabolique, d’être le pionnier de l’asymétrie ou de changer la donne en matière de construction légère et performante, la conception est systématiquement axée sur l’utilisateur et son objectif. Pour le développement de la série Playmaker, Elan a entrepris d’assimiler ce que les skieurs ciblés souhaitaient. Des caractéristiques techniques à la cosmétique, chaque aspect est étudié avec soin pour que le design et la fonction coïncident à la perfection.

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Les observations attestent que les skieurs adeptes de ce type de skis bidirectionnels abordent la montagne comme un terrain de jeu. En une seule et même descente ils rident dans la poudreuse, taillent des courbes sur la piste et dropent dans le snowpark en switch. Ils recherchent donc la flottaison d’un ski freeride et la maniabilité d’un twin-tip freestyle. Visuellement, ils s’identifient à des produits au look original et représentatif de leur lifestyle : fun, libre, rebelle.


Double personnalité La conception s’est initiée par le design d’un nouveau shape qui favorise les effets directionnels glissés sans nuire à la stabilité et à l’accroche. Différents profils ont été testés pour aboutir à la forme trapézoïdale 3D Dual Float associée à notre construction 360 Sidewall. Cette combinaison de rocker aux extrémités et de cambre sous le pied offre un ski à la fois ludique et ferme. Celui-ci est facile à mettre en dérive et reste incisif sur le dur, que ça soit en normal ou en switch. Parallèlement à l’élaboration du shape, il est important d’intégrer une structure de noyau adaptée. La technologie Tubelite Woodcore des Ripstick s’est forgé une excellente réputation en termes d’absorption et de rebond. Deux caractéristiques très convoitées par les freerider. Les tiges en carbone ont alors été accommodées au Playmaker en réduisant leur longueur afin d’accentuer la tolérance aux extrémités pour les réceptions de saut et la conduite en switch. Ce noyau optimisé a été décliné en deux largeurs complémentaires à la gamme Ripstick : 91 mm pour les riders qui recherchent la vivacité dans le snowpark et l’accroche sur piste, 101 mm pour ceux qui préfèrent s’envoler sur les reliefs naturels en hors-piste. Une fois le shape et la structure élaborés, il s’agit de donner une identité visuelle à cette nouvelle gamme : un design aux reflets rose néon qui ne passe pas inaperçu, à l’image des utilisateurs ciblés. Un logo stylisant une vague qui s’écrase au pied d’un sommet évoque le côté surfy du ski, conçu pour redéfinir la montagne tel un immense terrain de jeu. D’où le nom de Playmaker.

Un nom qui en dit long… En l’espace de trois jours, l’équipe de testeurs s’est faufilée entre les arbres en « slashant » la poudreuse et en posant des nose butter sur tous les reliefs. Le tout en prenant des photos et en échangeant des high five. Ces skis inédits ont été mis à l’épreuve dans leur environnement de prédilection. Les riders ont confirmé que les Playmaker offraient les performances nécessaires pour combiner les univers freeride et freestyle. Un outil digne de son nom, axé sur le fun et susceptible d’attirer quelques nouveaux adeptes dans la famille Elan.

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Marco & Filip

DU GROS AU JAPON L’île japonaise d’Hokkaido, et plus particulièrement la région de Niseko, offre probablement la meilleure neige du globe. Les ambassadeurs Elan, Marco Tomasi et Filip Flisar, s’y sont retrouvés pour quelques runs épiques en sous-bois.

Martin Tekše Toni Konrad, Samo Vidic, Istock Photo

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A

près un vol de douze heures vers l’est depuis l’Europe, l’atterrissage à Tokyo est dépaysant. Bien plus que le pays du soleil levant, le Japon est un autre monde où se mêlent tradition et modernité. Les coutumes ancestrales sont subtilement associées à une technologie de pointe. Du haut de la Skytree et ses 600 mètres, on réalise instantanément l’ampleur de la capitale japonaise. Une mégalopole tentaculaire qui abrite 30 millions d’habitants. Par temps clair, on distingue au loin le Mont Fuji (montagne sacrée du pays). Shibuya, Shinjuku et Akihabara sont les arrondissements où l’on ressent le pouls métropolitain, l’agitation et le bruit. Mais presque chaque quartier possède une oasis de calme où le silence des temples anciens fait immédiatement oublier que l’on se trouve dans l’une des agglomérations les plus densément peuplées du monde. Tokyo est une ville pleine de contrastes.

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Mais le Japon ne se limite pas à Tokyo et l’île principale de Honshu. Le pays recèle de précieux endroits qui rompent totalement avec l’effervescence de la métropole. Le Shinkansen, train à grande vitesse japonais, se dirige sur plus de 1000 kilomètres vers le Nord et rejoint l’île d’Hokkaido où la nature est encore omniprésente. En Europe nous ne connaissons plus de régions reculées de ce type. Hokkaido a un autre trésor : la meilleure neige du monde ! En hiver, l’île devient un lieu de pèlerinage pour de nombreux skieurs de la planète en quête de poudreuse parfaite.


Marco et Filip

LE TOP 5 Bo-Yo : d’excellents ramens servis au cœur du domaine skiable.

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D’énormes aigles russes nichent dans les arbres autour de Sapporo.

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Des volumes de neige inimaginables. Les « onsen » : sources d’eau chaude traditionnelles. Un vrai expresso sur les pistes.

I I P F L I S

Hokkaido, c’est aussi le lieu de retrouvaille de deux amis et skieurs d’exception. Le premier Marco Tomasi est originaire d’Italie ou plus exactement du Tyrol du Sud. Le second n’est autre que le slovène Filip Flisar. Ils se connaissent depuis l’époque où ils étaient de jeunes coureurs prometteurs. Marco préférait la vitesse, Filip les disciplines techniques. Une série de coïncidences les a fait se rejoindre sur le circuit de skicross. Durant de nombreuses années, ils ont enchaîné les compétitions autour du globe et se sont régulièrement entraînés ensemble. Ils ont partagé beaucoup d’histoires et d’anecdotes, leur amitié ne se résume d’ailleurs pas qu’au ski. Elan les unit en tant qu’ambassadeurs de la marque. Ils sont la preuve vivante que les opposés s’attirent. Marco est une personne mesurée, tandis que Filip est un hédoniste extraverti. À la fin de leur carrière de compétiteurs, leur vie les a menés dans des directions différentes. Filip est devenu père, alors que Marco a beaucoup voyagé à travers le monde et s’est adonné à ses autres passions sportives : le surf et le VTT.

A R

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Coïncidence japonaise

LE TOP 5 Poudreuse fraîche à volonté tout l’hiver. Un environnement extraordinaire toute l’année. Une nature totalement sauvage à seulement 5 minutes de route vers l’extérieur de la ville.

M A R C O

D’immenses possibilités d’exploration. Des prix abordables (nourriture, hébergement, forfaits de ski).

T O M A S

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I

Marco est un nomade. Il a même récemment vendu son appartement dans le Sud-Tyrol afin d’être libre de parcourir le monde. Il peut se permettre de changer ses plans à la dernière minute. C’est d’ailleurs exactement ce qui est arrivé aux prémices de l’hiver dernier. Alors qu’il devait passer la saison à Aspen, Marco reçoit une offre qu’il ne peut refuser : son ami australo-japonais Saki, qui dirige une agence de sports de montagne et école de ski à Niseko, l’invite. « J’ai pris ma décision en un clin d’œil. Le Japon m’a toujours intrigué, en particulier les magnifiques régions reculées d’Hokkaido. Vivre un hiver là-bas était un rêve de longue date », explique Marco avec son sourire caractéristique et sa voix au timbre enthousiaste. Il part avec trois paires de skis : des Ripstick 116 pour rider la poudreuse profonde, des Playmaker et des Primetime. Côté vestimentaire, il glisse dans son sac une veste Elan vert vif, un pantalon de ski marron et une chemise en flanelle à carreaux verts et noirs. Marco est connu pour son look insolite basé sur des pièces rétro modernes. Après avoir skié tous les runs possibles et imaginables dès les premières semaines, Marco devient un expert de la scène locale. « Tout s’est avéré bien meilleur que ce que je supposais. J’ai été impressionné par les sources d’eau chaude japonaises, où les gens profitent du calme et de la tranquillité. La cuisine japonaise est exceptionnelle tout comme la neige. Je n’arrivais d’ailleurs pas à croire qu’il puisse neiger si souvent. De début décembre à fin février, il n’y a eu que huit jours sans précipitations neigeuses. Parfois ce ne sont que quelques centimètres de neige fraîche qui vous attendent à l’aube ; mais si le ciel est généreux, ça peut être pas moins d’un mètre de poudreuse. Je ne saurais dire à combien de reprises j’ai dû dégager à la pelle la voiture littéralement ensevelie sous la neige ».


Marco reçoit un e-mail lui indiquant que l’équipe Elan débarque à Hokkaido avec notamment Filip Flisar. Une occasion de retrouver un vieil ami qui n’est d’ailleurs jamais venu au Japon auparavant. « Tous ceux qui ont séjourné à Hokkaido vantent les conditions de neige exceptionnelles. Je tenais à en faire l’expérience. J’étais certes là pour le ski, mais tout autant pour la cuisine et l’immersion culturelle ». La rencontre entre amis est différente de ce qu’elle a pu être par le passé, il n’y a plus la rivalité inhérente aux compétitions de skicross où Marco et Filip avaient pour but de se surpasser l’un l’autre. Ils évoquent ce temps révolu autour d’une bière locale dans un izakava (pub japonais typique) et dévalent librement les pentes. Le spectacle de ces deux anciens coureurs professionnels flottant nonchalamment sur une poudreuse infinie, se faufilant entre les arbres et sautant pardessus les obstacles est assez singulier. Il y paraît deux enfants exaltés dans leur environnement de prédilection. « Je n’ai jamais eu la sensation d’une neige aussi légère et sèche, où que ce soit. Jamais ! J’ai eu l’impression de skier en apesanteur. Des pentes plus raides ne m’auraient pas déplu. Mais au vu de la qualité de la neige, il serait abusif de faire le difficile », déclare Flisar. Ce dernier, également passionné d’automobiles, n’avait de cesse d’observer les véhicules qui sont complètement différents de ceux rencontrés en Europe. « Même si la plupart des marques japonaises sont présentes en Europe, j’ai vu au Japon des engins dont j’ignorais l’existence. J’ai été tout particulièrement intrigué par leurs camions et camionnettes miniatures ». Une semaine, c’est très court pour de fervents skieurs… L’aventure japonaise de l’hiver prochain est d’ores et déjà programmée !

JAPOW L’île d’Hokkaido est notamment célèbre pour se parer de la meilleure neige du monde. On l’appelle Japow : un qualificatif composé de Japan et Powder. Loin d’être un mythe, cette neige poudreuse extrêmement sèche est le résultat d’un phénomène météorologique. Le secret réside dans le courant marin chaud qui longe la côte d’Hokkaido. L’humidité qui s’évapore de la mer du Japon est refroidie par les vents venus de Sibérie qui créent d’énormes masses d’air sous forme de nuages et provoquent d’importantes chutes de neige sur l’île. Ce phénomène est exacerbé au mois de janvier, d’où le surnom de « Japanuary » dans le jargon des freeriders. C’est à ce moment-là que les conditions d’enneigement sont les meilleures. Le cumul de précipitations neigeuses oscille entre 12 et 15 mètres à Niseko chaque hiver. Il neige en moyenne quatre-vingts jours sur cent et l’épaisseur du manteau peut dépasser les cinq mètres.

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Finlande

VOYAGE EN LAPONIE

La Finlande offre des expériences hivernales hors du commun : de sublimes paysages à traverser en traîneau, la contemplation des aurores boréales, une neige sèche excellente à skier, sans oublier la détente dans un spa arctique, etc.

Lara Kamnik

Lara Kamnik, Uroš Polajžer

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ême après de nombreux voyages, la Finlande enchante par sa beauté singulière. Cette précieuse région du monde prend une dimension onirique en hiver.

Après deux heures de vol entre Helsinki et Kittilä, la descente de l’avion est dépaysante. Le petit édifice de l’aéroport est sous la neige une bonne partie de l’année. Les routes le desservant sont recouvertes de neige ou de glace, si bien que les voitures font un bruit particulier avec leurs pneus cloutés s’enfonçant à la recherche d’une certaine adhérence. Conduire sans cet équipement serait d’ailleurs impossible. Tout est très différent au-dessus du 65e parallèle, latitude à laquelle commence le cercle polaire arctique. Celuici se partage en Europe entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. C’est également ici que se trouve une terre bien singulière, la Laponie ou Lappi en finnois. En début d’hiver, la région est plongée dans l’obscurité totale, car le soleil ne se lève pas. La lumière ne commence à revenir lentement dans la journée qu’après le solstice du 22 décembre. S’y retrouver en plein hiver au milieu d’une étendue infinie de neige est une expérience particulière. La Laponie est réputée pour avoir l’air le plus pur du monde, mais il y fait aussi très froid. Les températures oscillent autour de -20 °C et descendant parfois jusqu’à -40 °C. Avec les vêtements adaptés, le froid se fait oublier. La neige parfaitement sèche et les épicéas à perte de vue dessinent une mémorable toile de fond naturelle. Le plus bel attrait des pays nordiques réside dans les aurores boréales : des particules chargées d’électricité provenant du soleil traversent l’espace et s’illuminent au contact de l’atmosphère terrestre. Il en résulte un spectacle extraordinaire, où des flux lumineux verts et violets semblent danser dans le ciel. La scène est complètement surréaliste et donne l’impression d’être sur une autre planète. Les peuples nordiques sont accoutumés à des conditions climatiques difficiles depuis des millénaires. Ils sont également conscients de leur environnement naturel privilégié. Experts en architecture minimaliste, les Finlandais ont créé des igloos de verres permettant la contemplation des aurores boréales depuis le lit. La position allongée sur le dos avec les yeux rivés vers le ciel invite à s’abandonner dans un sentiment de silence et de solitude absolu. Dans cette région du nord, il y a bien plus de rennes que d’êtres humains. Chacun de ces animaux semi-domestiques appartient à quelqu’un, même s’il erre seul dans la nature plus de huit mois par an. Un renne est traditionnellement offert chaque année au vainqueur de l’épreuve de slalom de Levi.

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Les promenades en traîneau tiré par des rennes font notamment partie de la culture locale. Unique moyen de déplacement fiable en hiver, ce n’est qu’au cours

des trente dernières années que la traction animale a été remplacée par la motoneige. Néanmoins, elle demeure l’une des attractions touristiques les plus populaires de Laponie. Chaque journée d’aventure nordique se clôture par un brandy au bar de glace et un passage au sauna ou au spa arctique en plein air.

Skier avec le Voyager Tout séjour dans une destination enneigée ne peut se faire sans une paire de skis. Les conditions climatiques uniques du nord de la Finlande permettent de bénéficier d’une qualité de neige exceptionnelle. La station de Lévi offre le plus vaste domaine skiable du pays. Toutefois, voyager si loin avec ses skis pose un défi logistique non négligeable. D’autant plus que le déplacement se fait en avion. Le périple a été rendu nettement plus évident grâce aux skis pliants Voyager. Au lieu de traîner des housses de près de deux mètres de long, les skis contiennent dans un sac de voyage au format classique avec tout le reste de l’équipement : chaussures, bâtons, casque, lunettes, gants, veste de ski et pantalon. Faire ses bagages n’a jamais été aussi aisé. Au débarquement, les skis se récupèrent sur le tapis roulant habituel et s’insèrent parfaitement dans le coffre de la petite voiture de location. Nul besoin d’abaisser les sièges arrière, conduire vers la station devient une simple formalité. Au-delà d’un déplacement facilité, le Voyager excelle sur la neige. Le mécanisme spécial d’assemblage à quatre axes fonctionne à la perfection. Les deux parties du ski se connectent en un mouvement et la sensation de glisse est identique aux modèles traditionnels. En termes de tenue de courbe, le Voyager ne diffère pas d’un ski classique. Les performances sont exceptionnelles en toutes conditions de neige. Le ski est stable et inspire confiance dans tous types de virages, quelle que soit la vitesse. Les bâtons de ski pliables et les deux versions de sacs associés remplissent parfaitement leur fonction. Les skis Voyager sont conçus pour des utilisateurs qui se déplacent depuis leur lieu de vie urbain et souhaitent optimiser leurs moments de liberté pour s’évader dans les grands espaces. C’est exactement ce que nous sommes !


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Islande

LIENS D’AMITIÉ

Siggi Bjarni Sveinsson

Rožle Bregar

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Alors que je pleurais la perte soudaine de mon ami Jure depuis la Slovénie, je me suis retrouvé confronté au vide. Je souhaitais honorer sa mémoire, soutenir sa famille et tourner la page. L’idée m’est venue d’escalader six montagnes en une journée, chacune représentant un des documentaires de Jure. Rožle, qui avait déjà travaillé avec Jure et une équipe d’Islandais sur un reportage, m’a mis en relation avec Aleš Česen pour mener ce projet. Notre volonté commune à l’égard de notre ami défunt et sa famille a créé un lien fort entre nous. Des années plus tard, je propose à Aleš et Rožle de partir à l’aventure en Islande. Ensemble, nous explorons une nouvelle facette de l’Islande en pratiquant des activités de plein air qui amplifient notre précieuse amitié. Nous planifions notre voyage avec simplicité, malgré sa complexité. Nous convenons d’un itinéraire et de l’équipement nécessaire en nous laissant guider par notre intuition. Même si les conditions météorologiques s’annoncent aLeatoires, nous sommes déterminés pour ce périple vers les fjords de l’Est. Une région que je n’avais jamais parcourue en hiver. À Borgarfjörður Eystri (la ville des fjords), la beauté des montagnes environnantes nous inspire. Notre trajet le long de la côte sud se poursuit, avec un arrêt pour explorer une lagune glaciaire et une grotte de glace avant d’atteindre Hofn pour la nuit. Un accès routier fermé en raison d’une tempête nous donne l’occasion de rencontrer des rennes et visiter des phares. Une fois le col de Borgarfjörður Eystri dégagé, nous l’avons franchi à bord de ma Jeep Rubicon 4x4 et sommes arrivés à notre camp de base pour les prochains jours : la Blábjörg Guesthouse. Cette maison d’hôtes située au milieu d’un environnement à couper le souffle est le point de départ idéal pour notre aventure. Nous y organisons notre équipement tout en méditant sur le contenu du voyage. L’évaluation des conditions météorologiques laisse augurer une étroite fenêtre de beau temps le lendemain sur une partie du fjord. Notre connaissance des microclimats islandais nous incite à nous diriger tôt le matin vers une zone éloignée du fjord.

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Nous sommes partis à skis dans les régions reculées de l’Islande à la recherche d’une neige idéale, mais aussi pour

vivre l’instant présent. Notre amitié se renforce au fil du voyage. La tempête et ses effets sur le manteau neigeux orientent nos plans. Nous nous sommes délectés de la beauté brute qui nous entoure en remontant les pentes douces, en escaladant les crêtes et en redescendant dans les vallées. Sept heures se sont écoulées jusqu’au retour au lodge. Malgré le mauvais temps annoncé, nous sommes comblés par notre incroyable journée sur les skis. Le soir, nous ressortons au milieu de la tempête, stimulés par la neige fraîche qui continue de s’accumuler après le coucher du soleil. Pas moins de 30 centimètres de poudreuse amassée par le vent offrent des conditions idéales. Nous skions un terrain doux aux dernières lueurs avant la nuit. De retour au lodge, les souvenirs mémorables de cette journée idyllique nous envahissent. Soudain, l’idée me vient de faire du ski tracté avec le véhicule. Aleš et Rožle tiennent la corde et je conduis, labourant la neige fraîche. Nous avons encore passé une heure de ski inoubliable à Borgarfjörður Eystri. Nous faisons le plein et quelques courses avant de dire au revoir à Blábjörg Guesthouse. La tempête doit se calmer dans le nord de l’Islande et nous souhaitons profiter de ce créneau pour utiliser la voiture comme camp de base avancé, puisqu’elle est équipée d’une tente de toit pour quatre personnes. Au cours de notre voyage vers le nord, nous nous rendons compte que l’épisode neigeux a bloqué tous les axes reliant les deux parties de l’Islande. Nous gardons toutefois espoir qu’elles réouvrent à la circulation une fois l’intempérie passée. Après quelques heures d’attente au point de fermeture de la route, nous recevons le feu vert pour poursuivre notre trajet vers le nord. Les 15 kilomètres de conduite qui ont suivi se sont avérés difficiles, mais nous sommes arrivés au lieu prévu pour le camp de base. Un emplacement insolite au bord de l’océan. Le lendemain, un froid saisissant et de mauvaises conditions de ski nous redirigent vers de l’escalade sur glace dans un site spectaculaire avec vue sur la baie de Húsavík. Une expérience


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inoubliable surplombant la déferlante des vagues. Après avoir effectué de belles longueurs et pris d’étonnantes photos, nous rencontrons par coïncidence des amis qui nous accompagnent pour la suite de notre aventure. La météo défavorable dans le nord nous oriente vers la tentative de traverser les hauts plateaux islandais en direction du sud. L’idée est de faire étape au niveau de la magnifique chaîne de montagnes Kerlingafjöll pour y skier. Une journée est nécessaire pour parcourir la route de montagne Kjölur, de sublimes paysages et de bonnes conditions de conduite nous récompensent. L’arrivée aux Kerlingafjöll se fait peu avant le coucher du soleil. Nous y trouvons un lieu de campement extraordinaire, au départ de l’excursion du lendemain. Un incroyable spectacle d’aurores boréales nous accueille, malgré le froid intense (-20 °C) et les vents forts qui rendent la vie au bivouac difficile. Un ciel dégagé nous attend au réveil et laisse présager une belle journée. Skis sur le dos et crampons aux pieds, nous entamons l’ascension du point culminant du Kerlingafjöll. Ce massif montagneux, situé dans les Hautes Terres d’Islande, est une zone géothermique liée à un système volcanique. De la vapeur sortait du sol dans les vallées attenantes. Ce contraste de chaleur au milieu de l’atmosphère glaciale est une expérience surréaliste. Le sommet offre une perspective imprenable sur les hauts plateaux centraux et la suite de notre route vers l’Est où se trouve le refuge de ma famille. Les conditions se voient optimales, les températures froides créent des ponts de glace sur les rivières à traverser en direction de notre prochaine destination.

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Après une pause méditative, nous sommes prêts à profiter de la descente. Après avoir enlevé nos peaux et serré nos chaussures, la sensation de vitesse se fait sentir sur une neige quelque peu croûtée. La vapeur géothermique, le

soleil, les perspectives visuelles, le vent sur nos visages, les sourires, les rires… Tout cela constitue une expérience exaltante, le sentiment de skier au bout du monde. Même si ce n’était qu’une courte descente dans des conditions particulières à skier, nous appréhendons ici ce monde magique qu’est l’Islande. Enfant, j’ai appris de mes grands-parents la tradition de l’agneau au feu de bois. Une coutume lors de nos excursions en montagne. Nous veillions à laisser la nature intacte après le festin. Partager cette expérience entre amis renforce notre lien. Il n’y a plus qu’à espérer l’apparition des aurores boréales pour clôturer de manière féérique cette journée déjà idéale. À notre grande surprise, cet incroyable spectacle survient à la fin du repas. La beauté de l’environnement nous émerveille et nous l’apprécions à sa juste valeur. Il reste encore un long chemin à parcourir avant de terminer notre expédition dans les régions reculées de l’Islande. Mais nous sommes attirés par le refuge montagnard de ma famille, pour faire une pause et réfléchir à nos expériences. Le temps est clément, mais les fortes chutes de neige et l’absence de visibilité rendent la conduite sur terrain gelé difficile. Grâce aux traces GPS d’un voyage précédent, nous arrivons lentement mais sûrement à bon port. Construite par mon grand-père et ses frères il y a 40 ans, cette cabane est un lieu simple : une cheminée pour se réchauffer, de l’eau provenant d’une source et de l’électricité issue d’un petit panneau solaire. C’est mon endroit favori sur terre, un coin idéal pour prendre du recul sur notre périple. Après avoir évoqué le souvenir de Jure qui nous lie aujourd’hui dans cette aventure, nous concluons que le bonheur ne dépend que du respect envers autrui et la nature. Cet aparté dans le refuge familial vient clore notre péripétie baptisée Infinite Circle.


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Glen Plake

ALMOST FRENCHMAN Glen Plake est le plus charismatique des skieurs américains, son mohawk et sa personnalité punk rock ne le laissent pas passer inaperçu. Un voyage inattendu à Chamonix est décisif pour sa carrière au milieu des années 1980. Près de quarante ans plus tard, il reste enthousiasmé par les pentes techniques et les paysages époustouflants de cette Mecque de la haute montagne. Toujours aussi célèbre pour son « hawk », il revient chaque année à Chamonix.

Ben Fresco

John Norris, Olivier Gough, Archives personnelles de Glen Plake

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S

elon l’adage populaire, les meilleures choses de la vie arrivent quand on s’y attend le moins. La version de Glen Plake se produit en 1987 au cœur des Alpes françaises, alors qu’il se retrouve inopinément à Chamonix. En remplacement d’un skieur professionnel blessé, il est invité à la dernière minute pour participer au tournage du film de Greg Stump : « The Blizzard of Ahhh’s ». À cette époque, Glen n’a pas grand-chose en cours. Il se remet d’une jambe fracturée et plante des clous afin de joindre les deux bouts dans sa ville natale de South Lake Tahoe, en Californie. Le téléphone sonne et de l’autre côté du fil se trouve le cinéaste Greg Stump. Ce dernier le convie à se rendre à Chamonix sur le tournage de son prochain film de ski. L’un des acteurs vient de se casser le dos et il faut en urgence un skieur de haut niveau pour le remplacer. Fidèle à son lifestyle punk rock, Glen ne se soucie pas vraiment de l’endroit où il va et n’a que peu d’idées au sujet de Chamonix. Il sait juste qu’il a un nouveau passeport et besoin de changement. En un rien de temps, le voilà parti avec son équipement et un aller simple direction « Cham ». Il se débrouillera pour le reste plus tard. Plake est loin de se douter que ce voyage va transformer sa vie et révolutionner le monde du ski. À son arrivée Glen Plake assimile l’histoire de cet environnement grandiose qui le domine : « La Capitale mondiale du ski et de l’alpinisme ». Bien qu’il n’ait jamais entendu parler de Jacques Balmat, la première personne à avoir atteint le sommet du Mont-Blanc en 1786, son attitude évolue rapidement. Son humilité face aux montagnes qui l’entourent et à ceux qui l’ont précédé prend le dessus, tout comme son affection pour le village de Chamonix.

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« On aurait pu me décrire à juste titre comme le typique Américain arrogant. Après trois semaines de tournage, tout a changé. J’ai annoncé à l’équipe du film que je ne rentrais pas chez moi, que je restais à Chamonix », se souvient Glen Plake avec son rire caractéristique. Ce rire devenu l’une de ses marques de fabrique fait partie intégrante de sa personnalité, au même titre que son légendaire mohawk.


L’amour au premier regard Chamonix impressionne par ses sublimes paysages alpins escarpés, dominés par le majestueux Mont-Blanc. La plus haute montagne d’Europe de l’Ouest, qui culmine à 4 808 mètres. Quiconque a déjà pris le téléphérique jusqu’au sommet de l’Aiguille du Midi et skié la Vallée Blanche sait exactement de quoi il s’agit. Glen Plake tombe rapidement amoureux de l’esthétique du massif chamoniard et des moments de plénitude qu’il y ressent. À l’instar de sa femme Kimberly, il a trouvé quelque chose avec lequel il est vraiment en harmonie. Pour Glen, le ski est un mode de vie à part entière. Il a passé sa carrière à repousser les limites du possible avec des planches aux pieds et continue de le faire. Aujourd’hui dans la cinquantaine, il ski toujours avec autant d’enthousiasme que dans sa jeunesse. Il rayonne souvent autour de la Vallée blanche, célèbre itinéraire aux nombreuses options qui sillonne le massif sur près de 20 km depuis le sommet de l’Aiguille du Midi. « C’est un lieu exceptionnel en toutes saisons. Tout se passe en altitude, ce qui est tout simplement magique et captivant. On peut skier, grimper ou faire plein d’autres choses. Si je skie la Vallée Blanche quotidiennement jusqu’à la fin de mes jours, je mourrai certainement heureux », s’exclame l’Américain enthousiaste. Glen est presque devenu français à sa façon. « J’ai été séduit par l’environnement chamoniard. Si le temps le permet, je skie tous les jours. Au-delà de cela, je suis fasciné par une chose résumée en une phrase par un de mes bons amis : l’avantage de Chamonix, c’est la facilité d’en sortir. En effet, la logistique ici est remarquablement simple. Il est possible de rejoindre l’Italie ou la Suisse en un rien de temps. L’aéroport de Genève est également tout proche, pour se rendre où l’on souhaite dans le monde ».

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Le culte du ski Grâce à sa carrière de skieur et à sa situation privilégiée dans les Alpes, Glen Plake a profité de la facilité de déplacement depuis Chamonix pour explorer de nombreuses destinations uniques. L’occasion aussi de s’imprégner de différentes cultures. Du fait de son ouverture d’esprit, il a été bien accueilli par la communauté française locale. « J’aime énormément le ski, à tous points de vue. Au-delà de la pratique sportive, cela m’a permis de découvrir le monde. J’apprécie de me rendre à Begunje et d’avoir été adopté par la culture slovène. C’est fascinant de partager du temps avec des gens qui fabriquent d’excellents skis depuis 80 ans. Je ressens la même chose en Italie, où je collabore avec une autre marque pour le développement de chaussures de ski. Il en va de même pour Chamonix, que je considère comme ma deuxième maison. »

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« On me demande souvent si je suis adepte de l’art de vivre à la française. En effet, j’apprécie leur façon de s’organiser sans plans précis : tout peut changer en un instant. Je trouve cela également très pratique. En même temps, Chamonix n’est pas le reflet typique du mode de vie français. C’est un lieu cosmopolite. Dans la célèbre rue du Docteur Paccard, à tout instant raisonnent une multitude de langues du monde entier. Cet éclectisme m’enchante. J’ai reçu un accueil très chaleureux à Chamonix. Avec Kimberly, nous vivons en plein centre face à l’hôtel de ville. Cet emplacement est idéal, nous connaissons les restaurants que seuls les locaux fréquentent. Nous nous y sentons comme chez nous. Au fil des ans, nous avons même appris à parler correctement le français. Il est certes difficile de masquer notre accent américain, mais nous parvenons à bien communiquer.


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D R A I N O M HA « Le dénominatif chamoniard peut s’interpréter comme l’acronyme de Chamonix, Américan et Canard. C’est pourquoi mes amis ici m’appellent le canard américano-chamoniard ». Bien qu’il s’agisse d’une plaisanterie, ce surnom est tout à fait approprié en raison de la résidence française à temps partiel de Glen et de son amour pour l’eau. En été, il s’adonne au ski nautique et il est aussi devenu un cycliste accompli. Il a participé à la course Baja 1000 sur deux roues et sur quatre. Lorsqu’il est aux États-Unis l’hiver, il explore l’arrière-pays de la Sierra Nevada et skie à Mammoth Mountain. « J’aime à dire que j’ai deux vies. L’une au-dessus de 2 000 mètres d’altitude et l’autre en dessous. Je n’ai pas à me plaindre. Il est vrai que je suis un skieur dans l’âme. Mais je suis également une sorte d’amphibien qui apprécie d’être dans l’eau ».

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Glen Plake est devenu le plus emblématique des skieurs américains grâce à ce voyage inopiné à Chamonix pour le tournage du long métrage « The Blizzard of Ahhh's ». Un épisode charnière de sa vie qui au-delà a influencé l’univers du ski. Le film a introduit une nouvelle approche créative du sport, véritable prélude à l’ère moderne du freeskiing. La technicité du terrain chamoniard, l’esthétique du massif et les innombrables pentes à explorer ont stimulé l’engouement de Glen pour les montagnes. La communauté accueillante de skieurs partageant sa passion l’a incité à faire de Chamonix sa deuxième maison.


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Sustainability

PEOPLE OF ELAN Elan est une entreprise qui a le développement durable dans son ADN. Récemment, d’importantes avancés ont été réalisées en matière de protection de l’environnement et de responsabilité sociale. L’implication des employés est le moteur principal de cette dynamique.

Grega Šket

Jernej Leskovar

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À la croisée de la tradition et de l’innovation Begunje est une petite localité du nord-ouest de la Slovénie qui compte un peu plus de mille habitants. Ce village, niché au pied des Alpes slovènes, est un endroit atypique où des phénomènes d’envergure mondiale sont apparus : le fabricant de ski Elan et bien sûr le groupe Avsenik. Begunje est étroitement lié au ski par le biais de l’usine Elan implantée depuis près de quatre-vingts ans.

MIRAN PRISTAVEC, Directeur de production

L’épopée de la plus visionnaire des marques de l’industrie du ski perdure grâce à l’énergie, la volonté, le savoir, le dévouement et la créativité d’employés passionnés. Ces derniers consacrent leur vie à la conception des meilleurs skis possibles. En témoignent les innovations successives d’Elan qui ne cessent de faire évoluer ce merveilleux sport de glisse. Rudi Finžgar, le père fondateur, les a séduits et ils poursuivent son œuvre de génération en génération depuis huit décennies. Parmi eux se trouvent des techniciens et ingénieurs de haut niveau, mais les compétences les plus précieuses qu’ils possèdent ne sont enseignées dans aucune école. « La fabrication de skis est un processus très spécifique, qui ne se résume pas uniquement à l’application de lois techniques et physiques. Il s’agit aussi d’un ressenti sensoriel que seul un skieur peut appréhender. C’est pourquoi la passion du ski est primordiale », introduit Miran Pristavec (Ingénieur en mécanique et Directeur de la production chez Elan). Ce dernier est un skieur dans l’âme. Pour un homme d’une cinquantaine d’années, il est très en forme. Sa poignée de main ferme en témoigne ! « L’essentiel du savoir-faire est transmis de génération en génération. Ce sont les petits secrets qui font les grands maîtres. La fabrication de skis est un processus d’amélioration constant. Les nouvelles générations optimisent ce que leurs parents leur ont enseigné », complète-t-il.

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Si le perfectionnement continu des ressources humaines locales permet à Elan de s’affirmer technologiquement en tant que marque innovante, le lien d’interdépendance multigénérationnel de la main-d’œuvre démontre qu’une stratégie de développement fidèle à la tradition est judicieuse. « Le personnel est fier de son savoir-faire artisanal. Cette valeur ajoutée représente aujourd’hui un avantage concurrentiel prééminent », conclut M. Pristavec. La culture organisationnelle et l’émulation collective qu’elle suscite chez les employés stimulent ces derniers à commencer, épanouir et terminer leur carrière professionnelle à Begunje. Pas moins de 60 % des salariés travaillent dans l’entreprise depuis plus de cinq ans. Le quart d’entre eux peut se prévaloir de vingt ans d’ancienneté ou plus. Cet engagement du personnel est le pilier qui permet à Elan d’être reconnue internationalement comme une marque aux produits innovants et qualitatifs.


ANITA JERALA PETERMAN, Responsable achats

Durable par nature Le perfectionnisme est intrinsèque à la philosophie d’Elan, tout comme le désir de repousser les limites. Le développement durable est un principe inhérent à l’entreprise depuis ses débuts. Les technologies, pratiques et méthodes de travail mises en place témoignent de cette sensibilité envers l’environnement et l’humain. Les employés ont accueilli toutes les nouvelles initiatives de manière très positive, nombre d’entre eux participent résolument à la dynamique réflexive et sont toujours prêts à collaborer à plus grande échelle. Cette aspiration amplifie l’envergure de leurs actions.

Elan se fournit en matières premières et en composants auprès de partenaires situés à moins de 400 kilomètres de Begunje. L’usine est également équipée d’une installation de production d’énergie renouvelable. « Le ski est avant tout une industrie européenne, il est ainsi plus aisé de nous approvisionner à proximité. Néanmoins, nous sommes de plus en plus regardants en ce qui concerne l’engagement de nos fournisseurs en faveur du développement durable : attitude vis-à-vis de l’environnement, pourcentage de matériaux recyclés utilisés, etc. Nous reconnaissons évidemment que ces processus de transition sont assez lents et ne peuvent se faire du jour au lendemain », explique Anita Jerala Peterman. Cette dernière a mené sa carrière chez Elan et dirige actuellement le service des achats. « Nous nous efforçons également de sensibiliser nos clients, qui doivent pouvoir identifier que leurs skis sont fabriqués dans le respect de l’environnement », renchérit-elle.

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REBEKA LAH, Brand Deployment et Directeur du Musée Elan

Fierté locale Exercer sa profession dans un environnement aussi stimulant est gratifiant. La satisfaction d’aller au travail chaque matin est inspirante et apporte du bien-être. S’investir au sein d’une marque internationale procure aux employés un sentiment de fierté. Leur participation à la fabrication de produits auxquels tout le monde peut s’identifier est une grande source de motivation. Si quelqu’un excelle, il peut atteindre des sommets. Le point de départ n’a pas d’importance. « L’épanouissement professionnel est la pierre angulaire de la culture entrepreneuriale d’Elan qui s’efforce de conserver ses salariés sur le long terme afin de pérenniser la dynamique et la stabilité du groupe. Pas moins de 91 % du personnel lié au processus de production bénéficie de contrats permanents. Plus de 2 000 heures sont consacrées à la formation complémentaire et applique les normes de sécurité les plus strictes susceptibles de garantir un environnement de travail sûr. Elan respecte le savoir-faire local de ses employés et leur implication. », explique Rebeka Lah (Responsable du déploiement de la marque). « Elan est partie intégrante du patrimoine et de la culture alpine slovène. La riche histoire de ses succès sportifs et commerciaux emplit les salles du musée de la marque. Forte de son passé, l’entreprise mise sur la coopération intergénérationnelle pour construire son avenir. Aujourd’hui, Elan emploie la troisième génération de personnel », ajoute Rebeka Lah. Le développement continu des ressources humaines locales optimise les compétences du groupe. L’interdépendance multigénérationnelle de la main-d’œuvre démontre que le meilleur procédé de fabrication est celui qui reste fidèle à la tradition.

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Elan s’engage à favoriser le maintien et l’épanouissement de la culture du ski slovène.


Égalité des sexes « Le ski n’est pas un sport dominé par les hommes, même si l’industrie du ski donne souvent l’impression du contraire. La contribution des femmes en ce qui concerne la stratégie, la conception, la production et l’expérience utilisateur a été l’un des principaux moteurs de la marque au cours des deux dernières décennies. Nous avons été l’un des premiers fabricants à considérer les besoins spécifiques des femmes en matière de ski. Le concept a depuis évolué vers la mise en place d’une communauté féminine passionnée qui stimule les skieuses », déclare Melanja Korošec. Chez Elan, les femmes sont impliquées dans la prise de décisions, la création, le développement et la production. Elles occupent 27 % des postes à responsabilité et sont présentes dans le processus artisanal de fabrication. Chaque ski Elan est façonné par 96 personnes, 58 % d’entre elles sont des femmes. Le W Studio, incarné par une équipe de femmes dévouées de différents horizons, conçoit depuis 20 ans des solutions adaptées aux besoins des skieuses. Un savoir-faire technique et esthétique qui rapproche le ski d’un nombre croissant de femmes autour du globe.

Elan est un pilier de la culture alpine slovène. Au cours de ses huit décennies d’existence, l’entreprise de Begunje s’est imposée sur la scène internationale de l’industrie du ski par son caractère innovant. Aujourd’hui, la troisième génération de travailleurs de l’usine reste fidèle à la philosophie originelle basée sur la créativité, le respect de l’environnement et la responsabilité sociale.

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Funky Interview

BIEN PLUS QU’UNE SKIEUSE Léa Bouard est une skieuse acrobatique qui a participé aux Jeux olympiques de PyeongChang en ski de bosses (2018). Pour elle, le ski est une forme de chorégraphie artistique sur neige. Avec du sang franco-allemand, elle a concouru alternativement pour ses deux pays d’origine tout au long de sa longue carrière. Léa est plus qu’une simple skieuse, c’est une fille qui aime s’amuser en plein air. L’été, elle remplace ses skis par une planche de surf et ride les vagues pour travailler son équilibre. Ce qui est très complémentaire au ski de bosses. En tant que membre du W Studio d’Elan, elle a développé sa propre version des Ripstick 94W dans le cadre du projet We Create. Le design de cette paire de skis en édition limitée reflète son style de vie saisonnier dynamique entre montagne et mer. Pour Léa, l’hiver n’est jamais trop froid et aucun été n’est trop chaud !

Archives personnelles de Lea Bouard, Elan Arhiv

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Martin Tekše


QUELS SONT LES TROIS MOTS QUE TU UTILISERAIS POUR TE PRÉSENTER ? Positive enthousiaste et ouverte d’esprit. QUELLE EST TA DÉFINITION DU SKI ? Ma passion est indescriptible, c’est tout à la fois : liberté, joie, adrénaline, etc. AS-TU EU DES MODÈLES AU FIL DE TON ENFANCE ? Non, j’ai surtout regardé ce que faisaient les garçons et je l’ai copié. QUE SIGNIFIE LA VITESSE POUR TOI ? Je veux toujours plus d’adrénaline. Plus de vitesse, c’est plus d’adrénaline. QUEL EST TON MOMENT PRÉFÉRÉ EN SKI ? Skier dans la poudreuse sous un ciel bleu. PEUX-TU DÉCRIRE TA JOURNÉE DE SKI IDÉALE ? Skier dans la neige fraîche entre freeriders par une belle journée ensoleillée. J’aime me sentir heureuse et voir les autres sourire à leur tour. TON MEILLEUR ET PIRE SOUVENIR SUR LES SKIS ? Le meilleur des meilleurs a été de me retrouver seule au sommet d’une montagne en Colombie britannique, avant de rider la plus radicale de mes lignes. Mon second meilleur souvenir est le moment où je suis devenue championne du monde de parallèle en ski de bosse (2019). Atteindre la plus haute marche du podium est indescriptible ! Mon plus mauvais souvenir est ma fracture de la clavicule en 2014. C’était la première fois que je me cassais quelque chose. Le pire n’est pas la blessure en ellemême, mais le sentiment de savoir que la saison est terminée et de ne plus pouvoir skier pendant un mois. QUE SERAIS-TU DEVENUE SI TU N’ÉTAIS PAS SKIEUSE ? Je serais danseuse ! Pour moi, le ski, c’est de la danse sur la neige. C’est la même chose ! J’aime danser depuis ma naissance. QUI EST POUR TOI LE MEILLEUR SKIEUR DE TOUS LES TEMPS ? Candide Thovex. QUELS AUTRES SPORTS PRATIQUES-TU ? Danse, course à pied, vélo, VTT, yoga, surf… LORSQUE L’HIVER EST TERMINÉ, ATTENDS-TU LE SUIVANT AVEC IMPATIENCE OU PROFITES-TU DE L’ÉTÉ ? J’adore tous les sports de glisse et j’ai besoin de vacances estivales pour surfer et faire du longboard dans de beaux endroits. Cela dit, quatre mois sans ski c’est beaucoup trop long. À la fin de l’hiver, j’ai hâte de m’entraîner sur les glaciers en été. QUELLES SONT TES ACTIVITÉS ESTIVALES FAVORITES ? Je déteste rester allongé sur une plage ou n’importe où ailleurs sans rien faire. Je suis toujours en mouvement et j’aime voyager pour explorer le monde. Je tâche d’être active pour passer de bons moments, même en été.

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QUEL EST TON LIEU DE PRÉDILECTION ESTIVAL ET EN HIVERNAL ? L’hiver, c’est là où j’habite : les Alpes françaises. J’adore revenir chez moi à la fin de mes déplacements sportifs pour laver mes affaires, faire mes papiers et gérer mes rendez-vous professionnels. Je plaisante, ce n’est pas la partie la plus amusante du retour à la maison. J’apprécie d’être chez moi, car je m’y sens à nouveau en sécurité et je suis heureuse de retrouver ma famille ainsi que mes proches. Les amis sont importants dans la vie, ils soutiennent toujours vos choix et vous conseillent lorsque


vous avez des doutes. Mon endroit favori en été est Hossegor. C’est là que je vais en septembre après les périodes de vacances pour surfer. QUELLES ONT ÉTÉ TES DERNIÈRES VACANCES ? Hossegor en septembre dernier. OÙ IRAIS-TU SI TU DISPOSAIS D’UN WEEK-END, D’UNE SEMAINE ET D’UN MOIS SANS LIMITES FINANCIÈRES ? Je prendrais mes affaires et j’explorerais chaque pays et chaque ville. Je ferais le tour du monde. COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON STYLE PERSONNEL ? Difficile à dire… Cela dépend de mon humeur du moment et de mes projets. Cela peut être du streetwear, du sportswear, du glam girly branché, du chic décontracté, de l’élégant ou du sexy. PORTES-TU DES BIJOUX OU AS-TU UN PORTE-BONHEUR ? J’ai un bracelet, un collier, des boucles d’oreilles et des bagues. Je ne les enlève jamais, même pour aller skier ou faire du sport ! Je préfère la bonne qualité, l’or ou l’argent pour ne pas les perdre et ne pas avoir à les changer. Mon porte-bonheur est mon petit tatouage « soleil » juste sous la clavicule que je me suis fracturée. Le matin quand je me regarde dans le miroir, ça me rappelle que je suis un petit soleil et que tout ira bien. QUE FAIS-TU POUR LA CHARITÉ ET RÉDUIRE TON EMPREINTE CARBONE ? J’utilise les transports publics, le covoiturage, la marche ou le vélo dans la mesure du possible. Je fais mes courses dans des supermarchés biologiques. Je pratique le compostage et le recyclage. QUELLE EST TON ÉQUIPE SPORTIVE FAVORITE : HOCKEY, FOOTBALL, BASKET-BALL... ? Je n’ai pas de télévision et je ne regarde donc jamais ces sports… juste le ski pour m’améliorer. DERNIER LIVRE, FILM, CONCERT, THÉÂTRE, EXPOSITION ? Je n’ai pas le temps, ou je ne le prends pour cela. Je préfère être dehors. Le dernier livre que j’ai lu date de 2020, pendant la quarantaine du Covid. Ce qui donne une idée de mon état d’esprit. Cela dit, j’adore le dessein. J’ai peint durant le Covid, car j’avais du temps. AVEZ-TU UN ANIMAL DE COMPAGNIE ? J’ai un gros chat Maine Coon, un petit tigre pelucheux avec des yeux bizarres. FAIS-TU LA CUISINE ? Oui, j’aime cuisiner et faire de la pâtisserie. QUEL EST TON MEILLEUR PLAT ? Risotto aux noix de Saint-Jacques. QU’EST-CE QUI T’A LE PLUS STUPÉFAIT ? Faire partie du film sur les sports extrêmes intitulé Human Extreme. QUELLE EST TA DEVISE ? Le succès et l’échec sont les deux faces d’une même pièce.

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2023/24 Elan Product Highlights

Primetime 55 & N°5 Le Primetime 55 performe en transfert d’appui et offre d’excellentes capacités de carving avec une puissance progressive. Le Primetime N°5 associe vivacité en changements de carres et douceur en conduite de courbe sans limite de vitesse.

Sky + Maxx Blue / Enfants Les skis pour enfants les plus innovants du marché grâce à la technologie brevetée U-Flex d’Elan. U-Flex permet aux jeunes skieurs de déformer complètement le ski et de ressentir la sensation de carving dès leur premier virage. Pour suivre papa et maman sur toutes les pistes ! 25 % plus souple, 250 % plus fun.

Ace SCX La personnalité ludique d’un twin-tip freestyle et la stabilité d’un ski freeride directionnel réunies en un seul ski. Le Playmaker 101 offre la versatilité idéale pour rider toute la montagne, du big mountain au snowpark : pillows, spines, windlips, lignes de kickers, etc.

Wildcat 82 CX + EON pro blue + Hotrod blue

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Le Wildcat 82 CX est développé par des femmes pour dominer tous les terrains, quelles que soient les conditions de neige. Le tout avec vivacité et accroche. Le casque Eon Pro bleu et les bâtons Hotrod assortis apportent un style féminin élégant à vos journées en montagne.


Ripstick 96 Black Edition Style haut de gamme et design intemporel associés à une construction carbone high-tech qui décuple les performances des Ripsticks. Réputé pour sa stabilité et sa puissance, le Ripstick 96 Black Edition séduira les skieurs à la recherche du meilleur ski freeride polyvalent.

Ripstick Tour 94W La catégorie Ripstick Tour a été créée pour les skieurs de randonnée avec l’intention de fournir la performance supérieure en descente d’un ski freeride avec une fraction du poids pour l’efficacité en montée. Le Ripstick Tour 94W est conçu pour les femmes aventureuses qui veulent tous les avantages de la technologie légère dans un châssis plus large adapté aux belles pentes en neige profonde.

Playmaker 101 La personnalité ludique d’un twin-tip freestyle et la stabilité d’un ski freeride directionnel réunies en un seul ski. Le Playmaker 101 offre la versatilité idéale pour rider toute la montagne, du big mountain au snowpark : pillows, spines, windlips, lignes de kickers, etc.

Wingman 82Ti Eco construction story

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Idéal pour carver et se balader sur tous types de pistes sans effort, le Wingman 82 Ti a la puissance nécessaire pour repousser vos limites sans être trop physique à skier. Les nouveaux modèles Wingman renforcent l’engagement d’Elan en faveur d’une production de skis plus durable. Leur construction repensée requiert 20 % de matériaux en moins pour fabriquer un ski all-mountain très performant. Leur noyau bois provient d’exploitations respectueuses et traçables, avec une garantie de reforestation. Le Wingman 82Ti utilise l’impression numérique qui réduit les déchets de composés organiques volatils. La transparence du graphisme limite davantage la quantité d’encre consommée pour le topsheet.


Le musée Elan

LES JOURS DE GLOIRE ! En 1980, Bojan Križaj remporte la première victoire du ski slovène en Coupe du monde, lors du slalom de Wengen. L’année suivante, il récidive. À deux reprises, les mythiques Elan RC05 le propulsent vers le succès.

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Rebeka Lah

Archive Elan


Un poster de Bojan Križaj trône sur le mur audessus de mon lit d’enfant. Dans mon petit univers, c’est l’image ultime du sport : Bojan sur la piste de Wengen, filant vers le triomphe sur ses RC 05. Ce 125e de seconde où le maître photographe Egon Kaše capture le combat de l’un des meilleurs skieurs slovènes de tous les temps au slalom de Wengen reste légendaire. Alors âgé de huit ans, comme tous les enfants de l’époque, je fantasme à l’idée de devenir Bojan sur une colline en face de notre immeuble. Néanmoins, il court sur des déclivités un peu plus prononcées au côté de l’imbattable Ingemar Stenmark. Malgré la supériorité du Suédois sur tous ses rivaux, ce n’est qu’une question de temps avant que l’insaisissable numéro 1 n’apparaisse à côté du nom de Bojan. Ce dimanche de janvier 1980, les planètes s’alignent. Les interminables journées d’entraînement effectuées sur les pentes glacées de Zelenica, au-dessus de sa ville natale de Tržič, portent leurs fruits. Avec le dossard 6, Bojan dévale la piste de Wengen dans une sorte de rodéo contrôlé. Le maître Ingemar Stenmark ne peut que s’incliner et tendre une main sportive pour féliciter Bojan. Cette victoire reste gravée dans la mémoire du peuple slovène. C’est la première fois qu’un skieur du pays remporte une étape de Coupe du monde. À l’époque, le casque n’est pas obligatoire en slalom, d’ailleurs personne ne l’utilise. Bojan ne porte même pas de bonnet, ses cheveux blonds au vent le caractérisent. Il ski avec élégance, passion, détermination et courage. De mauvaises langues ont prétendu qu’il se laissait envahir par le stress. À l’époque, les courses de la Coupe du monde attirent d’énormes foules. Depuis la cabane de départ, la vue sur la vallée est toujours terrifiante. Un skieur doit avoir des nerfs d’acier et une remarquable capacité de concentration pour donner le meilleur de lui-même sous une telle pression. À seulement 23 ans, Bojan porte sur ses épaules l’aspiration d’un pays où le ski fait partie intégrante de l’identité nationale. En ce sens, le triomphe de Bojan est considérable. Toute victoire a son lot d’effets secondaires positifs : le soulagement, la détente, la confiance en soi, etc. L’année suivante est le théâtre du deuxième acte de l’histoire de Križaj à Wengen. « En 1981, juste avant Wengen, je participe à la descente de Kitzbühel et chute assez violemment. Je suis arrivé en Suisse avec le corps tout endolori. Au terme de la première manche du slalom de Wengen, où je défends mon succès de l’année précédente, je ne termine qu’à la 10e place », se souvient Križaj. La suite marque l’histoire du ski. Bojan remporte cette année-là l’une des plus mémorables victoires en Coupe du monde. À l’époque, seuls les cinq premiers s’élancent en ordre inverse à la seconde

manche. À l’issue de ces cinq passages, le meilleur temps semble promis à Ingemar Stenmark. C’est alors que le Luxembourgeois Marc Girardelli fait sensation en devançant le légendaire Suédois. Mais sa joie est de courte durée. Bojan Križaj est stoïque dans la cabane de départ, avec le dossard numéro 2. Son regard reste calme, concentré et déterminé. Il donne l’impression de connaitre par cœur le labyrinthe de portes rouges et bleues. La célèbre pente raide, sur laquelle les simples mortels tiennent à peine debout, paraît presque plate. Pour la deuxième année consécutive, le chiffre 1 s’affiche à côté du nom de Križaj. Outre Wengen, Bojan Križaj remporte d’autres compétitions classiques au cours de sa carrière : Kranjska Gora, Madonna di Campiglio, Kitzbühel, etc. En 1982, il obtient la médaille d’argent aux championnats du monde de Schladming. Son palmarès rassemble 8 victoires en Coupe du monde, toutes en slalom. Bojan Križaj est le troisième slalomeur le plus titré de sa génération. Ce succès du ski slovène reste encore inégalé. Ces moments de gloire inhérents à l’histoire d’Elan sont exposés au musée du ski alpin de la marque à Begunje, en Slovénie.

BOJAN’S RC05 Bojan Križaj a remporté ses deux victoires à Wengen sur des Elan RC05. Ces skis noirs légendaires de plus de deux mètres étaient des skis de slalom exceptionnels. « La confiance dans le matériel était essentielle, notamment sur les pentes raides et verglacées de Wengen. Mon meilleur inspirateur et technicien Miran Gašperšič possédait une connaissance détaillée de la structure des skis. Il me guidait sur le choix des skis. Ses conseils se sont toujours révélés corrects et judicieux », se rappelle Križaj. Les skis RC05 avec lesquels le virtuose slovène a triomphé sont exposés au musée Elan.

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Chronique d’Ingemar Stenmark

UNE SEULE PAIRE DE SKIS

De nombreuses années se sont écoulées depuis la fin de ma carrière, au point d’avoir le sentiment que tout cela s’est passé dans une autre vie. Parfois, un détail insolite me revient à l’esprit. J’ai rangé mes skis de compétition en 1989 et le ski a beaucoup évolué dans les trois décennies qui ont suivi. Le simple fait de regarder les skis d’antan en dit long. Ces planches de deux mètres paraissent bien étranges comparées aux skis actuels. Le ski est une sorte de sport scientifique et technique où l’équipement joue un rôle important. Les compétiteurs modernes passent beaucoup de temps à tester et choisir leur matériel. À chaque course, ils se présentent avec différentes paires de skis afin d’utiliser la plus adaptée aux conditions de neige et à la météo du jour. Toute cette ingénierie me fait penser aux années où j’ai commencé à participer à la Coupe du monde et à une anecdote totalement improbable de nos jours. Au cours de la saison 1974/75, j’ai skié la même paire de skis pour toutes les courses : slalom et slaloms géants. Il s’agissait de skis blancs avec le logo vert Impulse. J’avais certes une paire de réserve, mais j’ai couru une quinzaine de courses d’affilée avec une seule et unique paire. À l’époque, les skis de slalom et de slalom géant ne différaient pas autant qu’aujourd’hui. Ceux de slalom mesuraient 205 centimètres de long et les skis de géant cinq centimètres de plus. Les skis de slalom étaient fabriqués en bois et en fibre de verre, tandis que les skis de slalom géant comportaient une couche supplémentaire de matériau. La plupart de mes concurrents skiaient avec les skis correspondant à chaque discipline. De ce point de vue, j’étais une sorte de marginal. Je ne sais toujours pas pourquoi cela me convenait ainsi. Je ne peux même pas dire que j’affectionnais une paire de skis en particulier, elles étaient toutes performantes et surtout exactement identiques. Je n’étais pas superstitieux non plus. Je m’étais simplement habitué à cette paire de skis et cela n’avait pas de sens pour moi d’en changer. La deuxième paire me suivait en guise de réserve. Évidemment nous préparions les skis comme il se doit avant chaque course. À la fin de la saison, les carres étaient aussi fines qu’une aiguille. Celles-ci n’étaient pas faites d’une seule pièce, mais de plusieurs sections d’environ trois centimètres de long. Au printemps, elles étaient tellement usées qu’elles commençaient à se désolidariser. Je n’avais pas d’autre choix que de les remettre en place au marteau avant la course. Astuce utile et pratique que j’ai trouvée moi-même, car je n’avais pas encore Jure Vogelnik qui s’est occupé si bien de mes skis pendant presque toute ma carrière. Cette stratégie consistant à utiliser une seule paire de skis pour toutes les compétitions de slalom et de slalom géant ayant été couronnée de succès, je l’ai également appliquée la saison suivante.

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Par la suite, j’ai commencé à avoir des skis différents pour le slalom et le slalom géant. Au maximum je n’ai eu que deux paires de skis pour chaque discipline et une supplémentaire en réserve. En quinze ans de carrière, je n’ai jamais possédé plus de six paires de skis par saison. Chaque ski était identique et d’une grande qualité de fabrication. Grâce à leurs excellentes caractéristiques de conduite, je skiais en totale confiance.


Mt. Bachelor USA Bode Barrett

ELAN PLAYMAKER 101

Fais de la montagne ton terrain de jeu ! Des pillows aux spines, en passant par les wind lips et les gros kickers, le Playmaker 101 combine le fun d’un freestyle twin avec la stabilité d’un ski freeride. ELANSPORTS.COM/PLAYMAKER 75


Bettmeralp, Switzeland MARCH, 2023

Nous partageons votre enthousiasme pour les journées de ski réussies, entre amis ou en famille. It’s always good times!

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ELANSPORTS.COM


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