EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Chroniques Sociales de New York N° XIX - Mars 2017
DOSSIER
Le sens de l’engagement en expatriation FIL D’ENTRETIEN Quand l’engagement fait sens GRAND FORMAT
Les émotions en images
ISSN 2380-5943
EFDLT
EDITORIAL
EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Magazine
Magazine publié à New York City. Fondé en 2015 Rédacteur en Chef Christelle Bois
Photographie Couverture: @enfrancaisdansletextenyc
Contact: christelle@enfrancaisdansletextenyc.com
ISSN 2380-5943
EDITORIAL
Le sens de l’engagement en expatriation L'actualité agitée des deux cotés de l’Atlantique amène la communauté expatriée/immigrée à se poser parfois la question de sa citoyenneté. En tant qu'expatrié quel rôle puisje jouer dans la politique de mon pays ou dans l'aide à ma communauté? Et en tant que migrant quelle place dans le champ politique du pays d'accueil puis-je avoir? Ainsi la Women's March a rassemblé des communautés diverses et étrangères et toutes se sont senties impliquées et légitimes pour défendre des droits et des valeurs. Attentif à toutes les dimensions de l'expatriation, EDFlT se penche ce mois-ci sur le sentiment de citoyenneté à l'étranger. Christelle Bois
Rédactrice-en-Chef
EN FRANCAIS DANS LE TEXTE Mars 2017
Dans ce numéro
5 Edito 10 Le sens de l’engagement en expatriation 12 Le dossier du mois 17 Grand Format 21 Fil d’entretien
10
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Loin des yeux et parfois loin LE SENS DE L’ENGAGEMENT EN EXPATRIATION
d u c œ u r, l a c o m m u n a u t é expatriée se sent éloignée de l'actualité et de l'attention de son pays d'origine et souvent préfère ne pas prendre part aux problématiques du pays d'accueil. Mais c’est aussi, au contraire, l’éloignement qui amène une implication plus importante, qu'elle se fasse directement par le biais d'un engagement au sein d'un parti politique ou dans l'investissement au sein d'associations locales. Et parfois, le temps faisant, une envie d’agir sur des problématiques générales, de défendre des droits fondamentaux émerge. Pour cette édition, retrouvons Michel, Paul, Christelle, et Patrick que nous avons déjà croisé, dans leur implication dans la vie de leur communauté. Chacun à leur manière ils vont et font vivre leur citoyenneté: d'activiste à simple observateur chacun le vit à un degré différent.
DOSSIER
Expatria Patrick Si Patrick commence son discours à l'ONU par "pour participer je dois
prendre le risque d'exposer ma vie" C'est bien que son engagement est total. De part sa situation sociale et économique Patrick a décidé de devenir activiste dans une association internationale pour défendre les droits des plus démunis. Parti depuis de nombreuses années de France, sa seconde vie s'est t r a n s f o r m é e a u fi l d e s années en un combat pour survivre, à l'ombre de la société. Sa voix fait partie de celles que l'on entend pas, que l'on écoute pas, de celles qui
dérangent. C'est pourquoi elle a résonné si fort en ce jour de 17 octobre 2016 dans son discours lors de la journée mondiale de la lutte contre la pauvreté. Ecouter Son discours est un discours de militant mais avant tout celui d’un citoyen du Monde.
Michel Avec Michel, l'engagement se vit au quotidien, tissé comme une vie dans une vie. En parallèle d’un parcours professionnel réussi, Michel s'est toujours posé en rassembleur, en innovateur. Ainsi, expatrié, à la retraite, il s'est complétement investi dans la vie associative.
tion En dehors de toute partisannerie, il a crée l'AAA ( l'Alliance Apolitique et Associative) et a été élu Délégué Consulaire car "il est important que l’on
remonte un maximum d’informations. (aux instances politiques en France) »
Il vit ce lien, ce contact qu'apporte la vie associative comme le moyen de faire passer un message, le message de la communauté expatriée francophone dans sa réalité et ses difficultés. "beaucoup d’expats (en ont
d’être incompris et que l’on pense, en métropole, qu’ils étaient des nantis ". assez)
Alors se faire connaître auprès de chacun, auprès des représentants, auprès des associations c'est sa forme d'engagement, sa conviction que l'action sociale passe par le dialogue et le rassemblement.
Paul Paul est passé d'un militant politique affiché dans son pays à une envie d'investissement plus local, dans une démarche plus philanthropique. Pendant de nombreuses années son investissement et sa passion pour la politique l'ont pleinement satisfait.
Mais son expatriation l’a tenu éloigné des instances politiques. " C’est assez difficile,
car les structures représentatives de partis politiques français sont embryonnaires à l’étranger et disposent de très peu de moyens" . Et pourtant ce n’est pas l'expatriation qui l'a amené à repenser sa forme d'engagement car au contraire pour lui "Un
engagement politique ou civique permet d’éviter que les liens émotionnels et culturels avec le pays d’origine ne se distendent trop".
Mais c'est autre chose, quelque chose de plus subtil, comme une transformation liée au temps, à l'imprégnation de la culture du pays d’accueil; Vivant depuis plusieurs années dans un pays où le sens de la communauté est fort, il se voit progressivement, au rythme de son intégration, rattrapé par ce besoin d'une autre forme de citoyenneté, plus locale, plus en osmose avec son pays d’accueil.
Christelle Pour Christelle, un cheminement s’est fait, tel un sens retrouvé le long de son expatriation. Lancée dans la vie associative et dans le social comme un business familial à l'adolescence, elle n’a pas vraiment cherché de sens à son action.
Ce n’est qu’une fois en situation d’expatriation, quand elle-même, elle s’est retrouvée en d i f fi c u l t é , q u e l a question du sens s’est posée. Aujourd’hui, elle se retrouve pleinement dans son action de soutien envers la c o m m u n a u t é e expatriée/immigrée. " agir localement
permet de retrouver un sentiment de citoyenneté, d’appartenance". Ainsi, il aura fallu partir, quitter, se retrouver, sortir d'un certain confort pour que
Christelle découvre un sens à son action. Comprendre, écouter, à désormais une d i m e n s i o n supplémentaire, plus citoyenne, plus engagée. D’ailleurs, maintenant son engagement ne concerne plus seulement la communauté expatriée mais bien tous les Hommes dans leur condition de migrant, condition que chacun porte en soi.
V oici
d e s p r o fi l s a u x parcours bien différents que l'expatriation a transformés, émus et mis au défi. Amenés à revisiter leurs engagements jusque dans l'adversité, l'expatriation les a aidés à se retrouver, à trouver un sens citoyen à l'action qui aurait bien tendance à se perdre dans le tourbillon d'une vie. De cette question du sens de l’engagement en expatriation, on pourrait peut-être aussi se demander si tout en se découvrant soimême, l’expatriation n’amènerait-elle pas à redécouvrir l'autre, ce concitoyen du Monde?
Grand format Les ĂŠmotions en images
FIL D’ENTRETIEN
Quand l’engagement fait sens
C'est une envie de s'investir pour une cause ou dans quelque chose que l’on a envie défendre. C'est aussi vouloir donner, partager, ou rendre. Souvent abordée sur le chemin de l'expatriation, cette question de l'investissement dans l'aide aux autres interpelle la communauté d'exilés aux problématiques parfois inavouables et si proches de ce qui fait récemment l'actualité. Il serait alors bien difficile de ne pas l'évoquer ici et maintenant quand sur beaucoup de regards se lit un sentiment d'empathie envers une autre communauté si proche et si lointaine. Que se soit envers nos compatriotes, citoyens de cœur ou nos compagnons d’infortune jetés sur les routes de l’exil, la question de son
engagement en tant que citoyen du Monde se pose: Que puis-je faire, comment, pour qui? Serions-nous devenus plus sensibles à certaines causes lorsque l'on sait, pour l’avoir vécu, que tout départ éloigne du cœur et que chaque pas en avant tend à éloigner plus encore le passé? De nos certitudes liées à un ancrage, nous devons désormais faire face à l'incertitude d'un horizon en mouvance, d'une ligne d'arrivée à tracer et parfois l'engagement est un fil rouge qui rappelle à ce que nous sommes, à nos valeurs, à notre fraternité. Si les routes séparent, elles peuvent aussi rapprocher par le coeur telle une main tendue aux autres, à eux mais finalement à nousmême surtout. C.B.
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