Époque Times édition du 4 juillet 2016

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ÉDITION MONTRÉALAISE • 12E ANNÉE NO 14 • 4 AU 17 JUILLET 2016 • WWW.EPOQUETIMES.COM

UN RAPPORT RÉVÈLE

JUSQU'À 1,5 MILLION DE CHINOIS TUÉS POUR LEURS ORGANES Un nouveau rapport analyse en détail comment la Chine a bâti une vaste industrie de transplantation en prélevant des organes sur des prisonniers d’opinion PAGES 4, 5 et 6 Par Matthew Roberston | Époque Times

ILLUSTRATION PAR JENS ALMROTH/ÉPOQUE TIMES

Un nouveau rapport s’est penché sur la situation de plus de 700 centres de transplantations d’organes connus en Chine.

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Les « trois amigos » favorisent la coopération face à l’antimondialisme

À PROPOS DE NOUS Époque Times est une entreprise médiatique lauréate qui publie sur papier et en ligne dans 35 pays et en 21 langues. À Montréal, Époque Times est imprimé en français et en chinois, tandis qu’il est imprimé en anglais et en chinois à Toronto, Ottawa, Calgary, Edmonton et Vancouver. L’entreprise est indépendante et détenue par des intérêts privés. Époque Times a d’abord vu le jour en chinois aux États-Unis en 2000, avec comme objectif de rapporter des nouvelles véridiques et non censurées sur la Chine. Nous étions les premiers à rapporter le camouflage de l’épidémie du SRAS et, à la suite de nos reportages, des enquêtes internationales sur les prélèvements d’organes forcés en Chine ont été lancées. Nous nous efforçons de fournir aux lecteurs une perspective informée et objective sur les sujets qui les préoccupent. Dans notre approche et notre contenu, nous défendons les valeurs humaines, les droits et les libertés universels. Pour notre entreprise, les intérêts de nos lecteurs passent avant tout, et ce, dans tout ce que nous faisons.

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ÉDITIONS AU CANADA

Rahul Vaidyanath Époque Times OTTAWA – Devant la montée du courant antimondialiste, les dirigeants du Canada, du Mexique et des États-Unis ont déclaré avec conviction que la meilleure façon d’avancer est d’avancer ensemble. Dans le Grand Hall lumineux et spacieux du Musée des beaux-arts du Canada, le premier ministre Justin Trudeau et les présidents Enrique Peña Nieto et Barack Obama ont également exprimé leur amitié mutuelle, vraiment digne des «trois amigos». Le président Obama, l’homme d’État le plus expérimenté des trois, appelait ses homologues par leurs prénoms. Cette camaraderie qui dépassait la cordialité était évidente durant toute la journée. Obama n’était également pas avare de mots durant ses interventions, probablement un reflet de l’expiration prochaine de son mandat. «Nous sommes unis par les valeurs communes de démocratie, de pluralisme et de dignité humaine», a déclaré Barack Obama. Quelques jours après le vote historique en faveur de la «Brexit», et pendant que Donald Trump menace de déchirer les accords de libre-échange, le Sommet des leaders nord-américains était optimiste pour une plus grande intégration. C’était la première fois depuis 2007 que le Canada était l’hôte du sommet des «trois amigos». Avantages discutables Un sondage du 27 juin de la firme Angus Reid démontre que seulement 25 % des Canadiens estiment que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) profite au Canada. Dans une proportion semblable, les autres individus sondés ne sont pas certains de ses effets sur le Canada ou croient qu’il est nuisible ou qu’il n’a pas d’effet. Toutefois, dans un sondage électoral en 2015, 57 % des Canadiens ont indiqué qu’ils jugeaient qu’établir des liens commerciaux avec d’autres pays devrait être la priorité en matière d’affaires étrangères. Étant donné la popularité de Donald Trump, il n’est peut-être pas surprenant qu’un sondage de Bloomberg en mars dernier démontre que 44 % des Américains estiment que l’ALÉNA est néfaste pour leur économie, alors que dans une proportion semblable les autres estiment qu’il est positif ou ils n’ont pas d’opinion. Les «trois amigos» sont des grands partisans du Partenariat transpacifique, que M. Trump a qualifié de «viol de notre pays» lors d’une récente escale en Pennsylvanie. Il appelle à la renégociation de l’ALÉNA ou au retrait des États-Unis en faveur d’accords commerciaux bilatéraux. Barack Obama n’est pas d’accord.

BLAIR GABLE

Le président mexicain Enrique Peña Nieto, le premier ministre canadien Justin Trudeau et le président des États-Unis Barack Obama arrivent au Musée des beaux-arts du Canada le 29 juin 2016.

«Je crois profondément qu’en s’assurant que la manière avec laquelle nous faisons affaire et échangeons des biens est en accord avec les valeurs que nos trois pays chérissent sera bon pour nous», a-t-il affirmé. «Lever le pont à bascule sera néfaste pour nous», a-t-il ajouté, mentionnant qu’il est important de ne pas faire de comparaison entre la Brexit et comment l’Amérique du Nord cherche à accéder aux marchés asiatiques à travers le Partenariat transpacifique. M. Peña Nieto a indiqué que son pays est en train d’approuver le Partenariat et il a insisté sur le fait que l’isolationnisme n’est pas la solution. M. Obama a vanté comment il croit que le Partenariat va augmenter les standards pour les travailleurs et l’environnement. De son côté, M. Trudeau a affirmé que les industries qui exportent off rent des salaires 50 % plus élevés que celles qui n’exportent pas. Partage inéquitable MM. Obama et Peña Nieto ont critiqué le protectionnisme et l’antimondialisation. Ils ont toutefois reconnu que les avantages d’un marché plus libre n’ont pas été bien partagés. La fortune des plus riches a augmenté tandis que les salaires stagnent, a mentionné M. Obama. «C’est tout un problème. Si ça continue, la cohésion sociale et le consensus politique nécessaires aux économies de marché libérales vont commencer à s’effondrer», a fait remarquer le président américain. C’est précisément ce qui semble se dérouler aux États-Unis avec M. Trump qui réussit à rejoindre un segment frustré de la population. «Les retombées n’ont pas atteint toute la société. C’est bien vrai», a mentionné le président mexicain.

«Mais utiliser le populisme et la démagogie – ils ont choisi la voie facile pour résoudre les problèmes du monde d’aujourd’hui. Ce n’est pas aussi facile que ça», a-t-il ajouté. «La prescription de se retirer d’accords commerciaux et de se concentrer seulement sur le marché local – c’est la mauvaise médecine», estime Barack Obama. Il suggère que les usines d’automobiles fermeraient sans accès aux pièces venant d’ailleurs, ce qui provoquerait des pertes d’emplois et une perturbation économique. Barack Obama souhaite que l’Amérique du Nord continue à travailler sur les accords commerciaux et à les améliorer. Autrement, d’autres pays vont combler le vide. «Nous devons être actifs pour aider à modeler ces règles afi n qu’elles fonctionnent pour nos travailleurs et nos entreprises. Si nous ne le faisons pas, la Chine va écrire les règles et elle n’a peut-être pas le même respect que nous pour les valeurs», a affi rmé M. Obama. «D’autres pays vont écrire les règles de manière à désavantager nos travailleurs et nos entreprises», a-t-il ajouté. Le Partenariat transpacifique est perçu par le gouvernement canadien comme un outil important pour créer des emplois et pour augmenter la production industrielle et agricole nord-américaine. «Nous continuerons à travailler avec diligence en vue de compléter nos processus nationaux respectifs à cet égard», indique un communiqué du Cabinet du premier ministre. Livrables Un des objectifs du Sommet des leaders nord-américains est de faciliter les échanges entre les trois pays et leur permettre de

produire des biens et services conjointement plus efficacement. Une quatrième série d’amendements de l’ALÉNA visera à réduire les coûts des échanges en Amérique du Nord. Elle servira également à actualiser les modèles de sources d’approvisionnement et les pratiques de production afin que les produits soient conformes aux règles d’origine et qu’ils reçoivent un traitement préférentiel à l’exportation sous l’ALÉNA. Les trois dirigeants ont également lancé le Plan de travail sur la compétitivité nord-américaine 2016. Quatorze nouvelles initiatives vont également suivre afi n de réduire les coûts d’affaires, de favoriser l’innovation et de rejoindre les parties prenantes à travers la consultation. La région nord-américaine représente plus de 25 % du produit intérieur brut (PIB) mondial avec une population totale de 530 millions. «Je suis entièrement convaincu qu’en travaillant ensemble nous pouvons être la région la plus compétitive au monde», a déclaré M. Peña Nieto. En 2015, les échanges trilatéraux en marchandises se sont élevés à mille milliards de dollars américains et le PIB combiné a plus que doublé au cours des deux dernières décennies, passant de 8 mille milliards en 1993 à 20,6 mille milliards aujourd’hui. «En somme, nous allons faire davantage pour parler d’une seule voix nord-américaine sur la scène internationale. Nous ne pourrions avoir de meilleures partenaires que Justin et Enrique», a mentionné Barack Obama. «Travailler ensemble sera toujours mieux que travailler en solitaire», a affi rmé Justin Trudeau.

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L’Égypte prépare-t-elle un tracé de frontières maritimes avec l’État palestinien? Genevieve Belmaker et Aurélien Girard Époque Times JÉRUSALEM – L’Égypte, accusée d’être en train de négocier ses frontières maritimes avec l’Autorité palestinienne, nie en bloc mais est forcée pour cela d’accuser de mensonge un responsable haut placé de l’Autorité palestinienne. Mi-juin, Riyad Mansour, représentant de l’Autorité palestinienne aux Nations Unies, a imprudemment – ou volontairement – confié à des journalistes que des négociations avaient commencé avec l’Égypte pour défi nir les territoires marins respectifs et, à terme, établir une frontière maritime. Mansour s’exprimait lors d’une semaine de travail de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui s’est achevée le 20 juin à New York. Dans une interview exclusive avec le média turc Anadolu, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères égyptien, Ahmed Abu Zeid, a immédiatement répondu que ces déclarations étaient «infondées» : «Il n’y a pas de position officielle égyptienne sur la frontière maritime avec la Palestine.» Cependant, sur l’échiquier moyenoriental, il y a fort à parier que ces dénégations soient un écran de fumée pour éviter de nouvelles manifestations populaires dans le pays. Le gouvernement égyptien a déjà fait face à l’indignation populaire – dans la rue et sur les médias sociaux – quand il a annoncé au mois d’avril un accord avec l’Arabie saoudite par lequel le Caire renonce à sa souveraineté sur deux îles du golfe d’Aqaba, en mer Rouge. L’Arabie saoudite est l’un des plus actifs soutiens au régime du général Al-Sisi, qui a pris le pouvoir en 2013 lors d’un coup d’État contre le premier président démocratiquement élu du pays, ce qui a fait largement soupçonner que les deux îles étaient une contrepartie offerte à Riyad. Le 21 juin, le Conseil d’État égyptien a désavoué le président Abdel-Fattah alSisi et rejeté l’accord comme inconstitutionnel. En annonçant des discussions avec l’Égypte, l’Autorité palestinienne tente donc de réactiver – via les Nations Unies, où elle bénéficie depuis 2012 du statut d’observateur non membre – les négociations avec l’État israélien pour se légitimer comme État souverain. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer est le groupe onusien auquel l’Autorité palestinienne a récemment accordé l’attention la plus soutenue et la plus régulière, peut-être également du fait qu’Israël n’en est pas membre et n’y a donc pas de voix directe. L’angle maritime est en effet une façon

MOHAMMED ABED/AFP/GETTY IMAGES

Une journée calme dans les eaux près de Gaza

de trouver un nouvel appui dans les négociations internationales, car le statut territorial terrestre palestinien est extrêmement complexe, aussi bien localement qu’internationalement. La Palestine n’est pas officiellement un État, même si elle a constitué un gouvernement indépendant dans le gruyère territorial qu’est la Cisjordanie, avec plus de 60 % de contrôle territorial par les forces israéliennes. La définition de frontières terrestres en Israël et en Palestine est l’un des éléments clés d’un accord de paix entre les deux États, mais pour l’ambassadeur israélien aux Nations Unies, Danny Danon, les tentatives par l’État palestinien de définir une frontière maritime avec l’Égypte ne peuvent que freiner ce processus : «Cela n’apporte aucune stabilité à la région et, plus important encore, ne va améliorer la vie d’aucun Palestinien.» Riyad Mansour, de l’Autorité palestinienne, enfonce cependant le clou en affi rmant que des réunions entre les ministères des Affaires étrangères égyptien et palestinien ont déjà eu lieu et que la prochaine étape est d’entrer dans des discussions techniques. Au vu des relations compliquées entre l’Égypte et le Hamas ces dernières

années, ce point de vue peut paraître optimiste ; d’après le cercle de réflexion Arab Center for Research and Policy Studies, basé à Doha, l’hostilité du gouvernement égyptien actuel vis-à-vis du Hamas est constante et s’est déjà traduite par la destruction de 90 % des tunnels reliant Gaza au Sinaï depuis la prise de pouvoir d’Al-Sisi – ce qui a asséché l’accès aux ressources de Gaza et fait dépendre le million de Palestiniens de la bande de Gaza du bon vouloir d’Israël. Mais l’Autorité palestinienne ne peut se passer du Hamas, qui gouverne de facto la bande de Gaza – et donc l’accès à la mer Méditerranée. L’Autorité palestinienne doit donc à la fois réussir à négocier avec l’Égypte des frontières maritimes tout en continuant son processus de réconciliation avec le Hamas. Des enjeux fi nanciers importants Car derrière la discussion pour définir des territoires marins et, à terme, des frontières maritimes est la question centrale de l’accès aux ressources maritimes de la région : les réserves de gaz naturel déjà identifiées (Leviathan, au large de Haifa et Tamar, entre Haifa et Tel-Aviv) peuvent laisser espérer d’autres découvertes d’ampleur. Depuis le début des

années 2000 par exemple, un gisement de 33 milliards de mètres cubes de gaz au large de Gaza attend d’être exploité. Il représente une valeur d’au moins 4 milliards d’euros et doit pouvoir rendre Gaza autosuffisant pour le prochain quart de siècle, mais se heurte à la stagnation de la situation politique. Mansour considère donc que cette zone maritime, qui pourrait révéler d’autres gisements est «la richesse des Palestiniens» : «À ceux qui continuent de nier que nous existons, nous voulons montrer d’une manière pacifique, légale, intelligente et réaliste que notre État grandit, qu’il grandit de façon responsable et qu’il défend aussi les droits de notre peuple en conformité avec les lois internationales.» En parallèle, Mahmoud Abbas tire à boulets rouges sur l’extrême droite israélienne, qui a pris des ministères clés dans le nouveau gouvernement Netanyahu. Présent au Parlement européen de Bruxelles le 23 juin dernier, Abbas a accusé des rabbins extrémistes cisjordaniens d’avoir demandé l’empoisonnement des puits utilisés par les Palestiniens afin de les éliminer; il a, dans la foulée, refusé de rencontrer le président israélien. L’heure est plus à la montée des enchères qu’à l’apaisement.

Le Brexit risque de causer un déficit de 145 millions d’euros pour les ONG britanniques Ben Parker IRIN En 2015, les ONG britanniques ont reçu 145 millions d’euros de l’Office humanitaire de la Communauté européenne (ECHO). Lorsque le Royaume-Uni quittera effectivement l’Union européenne (UE), les organismes à but non lucratif immatriculés dans ce pays ne pourront plus bénéficier de ces financements. Le budget annuel de l’ECHO risque lui aussi de se réduire en l’absence de contribution du Royaume-Uni. L’aide humanitaire publique britannique étant totalement «déliée» – c’est-àdire que les entreprises et organismes caritatifs britanniques ne peuvent prétendre à aucun avantage dans l’obtention de subventions – le renouvellement de la contribution du ministère britannique du Développement international (DFID) à l’ECHO ne pourra être garanti sans un changement majeur de politique. L’année dernière, les branches britanniques d’ONG internationales ou de fédérations d’ONG – dont le Comité international de secours, Oxfam et Save the Children – faisaient partie des principaux bénéficiaires du fi nancement de l’aide humanitaire versé par l’ECHO. Ces ONG ont des branches dans d’autres pays de l’UE. Selon Toby Porter, PDG d’HelpAge, ONG britannique ayant contracté une subvention de 1,6 million d’euros de l’ECHO en 2015, les regroupements internationaux d’ONG peuvent contourner le problème. «La solution la plus simple, a-t-il écrit dans un article de blogue, sera que les [organismes des grandes alliances mondiales immatriculés dans des pays membres de l’UE] reprennent les contrats de financement d’EuropeAid et de l’ECHO passés

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par leurs pendants britanniques.» Ceci étant dit, parmi les 25 organisations ayant reçu des fonds de l’ECHO l’année dernière, plusieurs ne disposent pas d’un dispositif réglementaire aussi élaboré. Les conséquences sont plus graves pour les petites ONG, dont une proportion plus importante du revenu provient de l’UE et qui risquent de devoir s’en passer. Un responsable d’une ONG britannique a dit à IRIN que son organisation faisait face

à une grande incertitude, que la perte de financement de la part de l’UE n’était que l’un des nombreux problèmes auxquels elle se retrouvait confrontée et que les fluctuations du taux de change en étaient un autre. IRIN a demandé à d’autres ONG de commenter la question, mais n’a reçu aucune réponse avant la publication de cet article. Les financements de l’ECHO ne représentent en moyenne que 6 % du revenu total des 25 bénéficiaires.

Le budget alloué par l’UE au développement international ne se limite pas aux dépenses de l’ECHO pour l’aide humanitaire d’urgence. Il finance aussi les organismes à but non lucratif et les fournisseurs britanniques. BOND, regroupement britannique d’ONG, a indiqué qu’en moyenne, 39 % du revenu de ses 400 membres provenaient de fonds publics, dont 12 % de l’UE. www.irinnews.org

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UN COMMERCE LUCRATIF Les centres de transplantation sont la principale source de revenus pour de nombreux hôpitaux. Le rapport révèle comment les hôpitaux ont agrandi leurs centres de transplantation, ce qui indique la prévision d’une source d’organes importante. Les frais d’hospitalisation sont d’au moins 123 440 $ CA pour une transplantation de foie et de 61 700 $ CA pour un rein, selon Huang Jiefu, le porte-parole du système de transplantation chinois. Il a déclaré que la transplantation d’organe était un moyen pour les hôpitaux de gagner de l’argent. De nombreux hôpitaux sont meublés comme des hôtels de luxe. Le Nanjing Drum Tower Hospital, affilié à la Nanjing University Medical School, possède un piano d’une valeur de 1 435 400 $ CA dans son entrée qui ressemble à celle d’un palace.

CAPTURE D’ÉCRAN/SOHU.COM

Des médecins chinois transportant des organes frais pour une transplantation, dans un hôpital de la province du Henan le 16 août 2012.

JUSQU'À 1,5 MILLION DE CHINOIS TUÉS POUR LEURS ORGANES Matthew Robertson Époque Times WASHINGTON – En Chine, les chirurgiens en transplantation sont submergés d’organes humains. Certains d’entre eux se plaignent de faire des journées de 24 heures pour effectuer des greffes d’organes à la chaîne. D’autres assurent qu’ils ont une banque d’organes fraîchement récoltés – juste au cas où. Certains hôpitaux peuvent même se procurer les organes nécessaires en seulement quelques heures, tandis que d’autres annoncent avoir deux, trois ou quatre organes en réserve au cas où le premier ne fonctionne pas. Tout cela se passe en Chine depuis plus d’une décennie, sans aucun système de don d’organes volontaire et avec seulement quelques milliers de prisonniers exécutés – la seule source d’organes officielle selon le régime chinois. Lors de conversations téléphoniques, des médecins chinois ont signalé que la vraie source des organes était un secret d’État. Pendant ce temps, les pratiquants de Falun Gong disparaissaient en grand nombre et ceux qui en ont réchappé ont déclaré avoir été soumis à des tests sanguins au cours de leur détention. Un rapport sans précédent, publié le 22 juin dernier par une équipe de chercheurs déterminés, révèle en détail l’écosystème de centaines d’hôpitaux et de centres de transplantation, fonctionnant en toute quiétude depuis les années 2000. Selon le rapport, l’ensemble de ces installations a été capable d’effectuer entre 1,5 et 2,5 millions de transplantations au cours des 16 dernières années. Les auteurs estiment que le chiff re réel se situe entre 60 000 et 100 000 greffes par an depuis 2000. «La conclusion finale de cette nouvelle étude, et de tout notre travail antérieur, est que la Chine est impliquée dans une hécatombe d’innocents», a déclaré David Matas, avocat spécialiste des droits de l’homme et coauteur du rapport, lors du lancement au National Press Club de Washington le 22 juin dernier. Le rapport intitulé Bloody Harvest/ The Slaughter : An Update (Prélèvements meurtriers/Le Massacre : mise à jour) se fonde sur les travaux antérieurs des auteurs. Publié peu de temps après l’adoption d’une résolution condamnant les prélèvements forcés d’organes en Chine par la Chambre des représentants des ÉtatsUnis, le rapport pose une question explosive : y a-t-il à l’heure actuelle en Chine un génocide médical à grande échelle? Des profits énormes L’Hôpital général de l’Armée populaire de libération (APL), dont la tâche principale consiste à prodiguer des soins médicaux aux hauts responsables du Parti communiste et de l’armée, compte parmi les hôpitaux les plus avancés et les mieux

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équipés de Chine. Le nombre de transplantations d’organes effectuées relève du secret militaire. Cependant, au début des années 2000, la plupart de ses bénéfices financiers provenaient de sa division clinique : l’Hôpital 309. «Ces dernières années, le centre de transplantation a été la principale unité médicale rentable, avec un revenu brut de 30 millions de yuans en 2006 et de 230 millions en 2010 – soit une multiplication par huit du bénéfice en cinq ans», peuton lire sur le site web du centre. C’est-àdire un bond de 6 millions à 44 millions de dollars. L’Hôpital général de l’APL n’a pas été le seul établissement médical à se saisir de cette occasion hautement lucrative. L’hôpital de Daping à Chongqing, une succursale de la Troisième université médicale militaire, a également augmenté son profit en passant de 36 millions de yuans à la fin des années 1990 (lorsqu’il venait juste de commencer à effectuer des transplantations), à près de 1 milliard de yuans en 2009 – soit 25 fois plus. Même Huang Jiefu, le porte-parole du ministère de la Santé chinois sur les transplantations d’organes, a déclaré en 2005 à la prestigieuse publication économique Caijing : «On constate que la transplantation d’organes devient un moyen de gagner de l’argent pour les hôpitaux.» Comment ces exploits financiers ontils pu être réalisés à travers toute la Chine sur une période si courte? Alors qu’il n’y avait pas de système de don d’organes volontaire, que le nombre de prisonniers condamnés à mort était en baisse et que le temps d’attente des patients désirant une transplantation se réduisait jusqu’à se mesurer en semaines, en jours ou même en heures… Tel est le sujet de ce nouveau rapport de plus de 800 pages. «C’est une recherche qui a été extrêmement difficile à mener», a conclu le professeur Li Huige du centre médical de l’université Johannes Gutenberg de Mayence en Allemagne et membre du conseil consultatif de l’ONG DAFOH (Doctors Against Forced Organ Harvesting – Médecins contre les prélèvements forcés d’organes) après avoir étudié le rapport. Le rapport contient une analyse détaillée de tous les centres de transplantation d’organes connus en Chine – il en existe plus de 700 – comprenant le nombre de lits, le taux de fréquentation, le personnel chirurgical, les programmes de formation, les nouvelles infrastructures, le temps d’attente des receveurs d’organes, le nombre de transplantations annoncé, l’utilisation des médicaments antirejet, etc. En s’appuyant sur ces données, les auteurs ont estimé le nombre total de greffes effectuées. Plus d’un million. Cette conclusion, cependant, n’est que la partie émergée de l’iceberg. «C’est un système gigantesque. Chaque hôpital a tant de médecins, d’infirmières

COURTESY OF ETHAN GUTMANN

«

Je ne pense pas qu’il n’y ait que le profit derrière, je pense qu’il y a aussi l’idéologie, l’hécatombe et la dissimulation d’un crime atroce – et le seul moyen pour le cacher, c’est de continuer à tuer les gens qui sont au courant.

»

— Ethan Gutmann, journaliste d'enquête

SOURCE DES ORGANES Les autorités chinoises affirment qu’il n’y a que 10 000 transplantations effectuées chaque année, mais le nouveau rapport précise une industrie de transplantation à grande échelle basée sur 60 000 à 100 000 opérations annuelles. La Chine n’en est qu’aux prémisses d’un système de don d’organes volontaire, et les taux d’exécutions de criminels semblent être restés stables ou même avoir chuté. La source de la majorité des transplantations a donc été enveloppée d’un mystère officiel. Pendant ce temps, l’industrie de la transplantation d’organes en Chine a explosé en 2000, après le début de la persécution du Falun Gong, alors qu’un grand nombre de pratiquants ont disparu dans le système de détention. et de chirurgiens. Cela n’est pas un problème en soi. La Chine est un grand pays», a expliqué le Dr Li lors d’un entretien téléphonique. «Mais d’où proviennent tous ces organes?» Des corps en captivité Les organes destinés à la transplantation ne peuvent pas être prélevés sur des dépouilles ou stockés dans un dépôt jusqu’à ce qu’on en ait besoin. Ils doivent être récupérés avant ou juste après la mort, puis être rapidement implantés dans un nouveau corps. Le délai est très court. Les questions logistiques qui accompagnent ce processus expliquent la complexité du problème de la compatibilité d’organes dans la plupart des pays. Hors de Chine, partout ailleurs, il existe des listes d’attente et des équipes dédiées pour encourager les membres de la famille des victimes d’accidents à faire don de leurs organes. Mais, en Chine, il semble que les donneurs sont en captivité pour qu’on vole leurs organes et qu’on les vende à des receveurs en attente de transplantation. L’hôpital de Changzheng à Shanghai, un important centre médical de l’APL, a confirmé avoir effectué «120 greffes de foie d’urgence» à partir d’avril 2006. Le terme «greffes de foie d’urgence» se réfère à la situation d’un patient admis à l’hôpital dans un état critique et qu’un organe compatible a été trouvé quelques heures ou quelques jours après. Une telle situation est très rare dans les autres pays. Toutefois, l’hôpital de Changzheng a publié un article dans le Journal of Clinical Surgery, une revue médicale chinoise. Cet article vante son succès dans le domaine des greffes d’urgence. «Le temps d’attente de la greffe le plus court, pour un patient après son admission à l’hôpital, n’a été que de quatre heures», peut-on lire dans cet article. Pendant la semaine du 22 au 30 avril 2005, l’hôpital a effectué 16 greffes de foie et 15 greffes de rein. Le Premier hôpital affi lié de l’université de Zhejiang a publié un rapport du même genre, annonçant qu’entre début 2000 et fin 2004, 46 patients ont subi une «greffe d’urgence de foie» – les receveurs ont trouvé les organes d’un donneur compatible dans les 72 heures. Même le registre officiel chinois de transplantation de foie, dans une série de diapositives présentant son rapport annuel de 2006, compare le nombre de greffes «sélectivement synchronisé» avec les greffes d’urgence. En 2006, on comptait 3181 transplantations «régulières» et 1150 greffes effectuées dans des conditions d’urgence – soit un peu plus d’un quart du nombre total. Ces phénomènes sont extrêmement difficiles, voire impossibles à expliquer en se fondant sur les déclarations officielles. Ils représentent les preuves prima facie de l’existence de «donneurs» retenus en captivité pour prélever leurs organes.

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MÉDICAMENTS É

UN SECRET D’ÉTAT La source des organes transplantés a été décrite par les médecins depuis 2006 comme «secret d’État». Certains médecins ont sous-entendu que la source était les pratiquants de Falun Gong, tandis que d’autres l’ont affirmé clairement lorsque des enquêteurs se sont présentés en se faisant passer pour des collègues médecins, des officiels du Parti ou des patients potentiels. Le régime chinois a nié l’allégation selon laquelle les pratiquants de Falun Gong seraient tués pour leurs organes. Il a en parallèle effacé et altéré les sources et les données en ligne que les enquêteurs ont citées dans leurs rapports.

Après que les taux de transplantation en Chine se sont envolés, il en a été de même pour la demande en médicaments immunosuppresseurs qui diminuent le risque de rejet d’organe. Les chercheurs en Chine ont répondu à cette demande en développant de nouvelles formes de ces médicaments, réduisant de beaucoup leurs coûts et permettant à un plus grand nombre d’opérations de transplantation d’être effectuées dans le pays. Le rapport révèle comment le marché intérieur pour ces médicaments a atteint 10 milliards de yuans (2,15 milliards $ CA) en 2006. Sans même prendre en considération la croissance de ce marché – 13 % par an de 2008 à 2014 – les enquêteurs ont estimé que cela nécessiterait 1 million de donneurs d’organes pour créer cette demande en 15 ans. Cette somme ne vaut que pour la demande intérieure. Elle n’inclut pas les patients chinois ayant acheté des médicaments fabriqués à l’étranger ou des receveurs d’organes internationaux étant revenus dans leur pays après leur opération.

«C’est très bouleversant pour moi», a confié Wendy Rogers, bioéthicienne à l’Université Macquarie en Australie, dont l’amie proche souff rait d’insuffisance rénale en raison d’une hépatite et avait besoin d’une greffe dans les trois jours pour rester en vie. «Elle a eu une chance extraordinaire d’avoir pu l’obtenir durant cette courte période», a déclaré Mme Rogers. «Mais de faire 46 greffes de suite? Il est difficile de trouver une autre explication qu’un meurtre sur commande.» Certaines parties du rapport, se basant sur les témoignages de lanceurs d’alerte et sur des documents médicaux chinois, indiquent que certains donneurs étaient encore en vie lorsque leurs organes ont été prélevés. Ainsi, un ancien officier de la police paramilitaire a été témoin d’une opération de prélèvement d’organes effectuée sans anesthésie sur une personne encore en vie. Un témoignage similaire provient d’un ancien employé médical de Jinan. Ciblés pour l’extermination Les auteurs du nouveau rapport, à partir des preuves antérieures et de nouvelles découvertes, expliquent que les premières victimes de ces prélèvements forcés sont les prisonniers d’opinion – en majorité des pratiquants de Falun Gong. Le Falun Gong est une discipline traditionnelle chinoise de l’école de Bouddha, devenue extrêmement populaire en Chine dans les années 1990. Il comprend des exercices méditatifs et des enseignements fondés sur les principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance. Le régime chinois a ouvertement soutenu le Falun Gong jusqu’à ce qu’une enquête révèle en 1999 que plus de 70 millions de Chinois pratiquaient cette discipline – un chiffre supérieur à celui des membres composant le Parti communiste. En juillet 1999, le dirigeant du régime chinois Jiang Zemin, envieux du succès rencontré par le Falun Gong, a lancé une campagne nationale visant à l’éradiquer. Rencontrant tout d’abord une opposition au plus haut niveau au sein du régime, il a utilisé la campagne anti-Falun Gong comme moyen de consolider son propre pouvoir dans le Parti. Par une campagne de terreur, il écarte les opposants, permettant ainsi à ses acolytes d’accroître leur pouvoir.

La Chine a construit des hôpitaux, formé du personnel et acheté des médicaments afin d'exécuter des millions de transplantations d'organes entre 2001 et 2016. Le régime prétend pourtant n'avoir fait qu'entre 150 000 et 300 000 transplantations. Analyse des chiffres.

Chaque personnage représente

VISITEURS ÉTRANGERS La Chine est devenue le centre mondial pour les transplantations d’organes payantes après 2000, lorsque les hôpitaux ont proclamé qu’ils étaient à même de fournir des organes aux patients en quelques semaines. De nouveaux centres de transplantation luxueux ont été construits pour accueillir les clients internationaux. Les touristes étrangers à transplanter sont souvent conduits par des courtiers dans les hôpitaux par petits groupes, recevant tous la même opération le même jour — huit transplantations de rein, un pour chacun — utilisant des organes apportés dans des glacières par des infirmières assignées à les récolter dans un emplacement proche.

Les prélèvements d’organes, pour exterminer les pratiquants de Falun Gong, semblent avoir commencé l’année suivante. Bien que des preuves de ces atrocités existent déjà depuis une dizaine d’années, c’est la première fois que l’estimation du nombre de morts est aussi élevée, que la quantité de preuves est aussi imposante et que le rôle central du régime chinois est aussi évident. Les trois auteurs du rapport – David Kilgour, David Matas et Ethan Gutmann – ont déjà publié d’autres rapports sur le sujet, mais c’est la première fois qu’ils mettent en commun le résultat de leurs recherches. Ils ont eux-mêmes été interloqués par les résultats de leur enquête. «Quand vous étiez enfant, vous est-il déjà arrivé de soulever une grosse roche et de voir toute la vie qui fourmille? C’était comme travailler sur ce rapport», affi rme Ethan Gutmann, un journaliste dont le livre sur les prélèvements d’organes, Th e Slaughter, a été publié en 2014. David Kilgour est un ex-député fédéral et David Matas est un avocat spécialiste des droits de l’homme de renom; ils ont publié en 2009 le livre Prélèvements meurtriers, qui a suivi un premier rapport-choc publié sous le même titre en 2006. Au cours des dernières années, plusieurs chercheurs sur les prélèvements d’organes forcés ont souvent eu l’impression que l’ampleur de ces prélèvements avait considérablement reculé, ou qu’au moins les pratiquants de Falun Gong et les autres prisonniers d’opinion n’étaient plus ciblés. Or, les auteurs du rapport ont découvert que ce n’était pas le cas. «Ils ont créé un mastodonte», a précisé Ethan Gutmann. «Nous voyons une machine gigantesque qu’ils n’arrivent probablement pas à arrêter. Je ne pense pas qu’il n’y ait que le profit derrière, je pense qu’il y a aussi l’idéologie, l’hécatombe et la dissimulation d’un crime atroce – et le seul moyen pour le cacher, c’est de continuer à tuer les gens qui sont au courant.» La partie principale du rapport consiste en un compte rendu sur chaque hôpital en Chine connu pour effectuer des greffes d’organes. Sur les 712 hôpitaux identifiés dans le rapport, 164 font l’objet d’une enquête spécifique et détaillée.

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DE TRANSPLANTATIONS D'ORGANES INEXPLIQUÉES SUR 15 ANS EN CHINE

Les hôpitaux habilités ont effectué la majeure partie des opérations étudiées dans le rapport – approximativement 475 par hôpital et par an, pour un total de 1 039 500 interventions sur 15 ans. Les hôpitaux non habilités ont opéré de 2001 à 2007 avec en moyenne 86 transplantations par hôpital et par an, pour un total de 339 850 interventions entre 2001 et 2007.

UNE ABONDANCE D’ORGANES Les centres de transplantation en Chine ont à disposition une profusion de reins et de foies qui peuvent être prélevés à la demande, révèle le rapport. Les médecins travaillent en roulement pour pouvoir effectuer des transplantations 24 heures sur 24, et les hôpitaux prélèvent parfois des organes supplémentaires pour en avoir à portée de main si des complications surviennent. «Si je ne suis pas à l’hôpital, je suis sur le lieu de prélèvement des reins. Si je ne suis pas sur le lieu de prélèvement des reins, je suis en chemin entre l’hôpital et le lieu de prélèvement des reins», déclare un membre de l’équipe de transplantation à l’hôpital Qilu de l’université du Shandong, dans un article sur le site Internet de l’hôpital détaillant comment l’équipe très occupée a dépassé son nombre de transplantations de l’année précédente.

1,4 MILLION

Les centres de prélèvement L’Hôpital général de Nankin, dans la région militaire de Nankin, est traité sur deux pages. Le rapport mentionne la carrière prolifique de Li Leishi, le fondateur du centre de recherche sur le rein (il existe même un document officiel du Parti communiste qui rend obligatoire l’étude du «modèle» qu’il a établi). Li Leishi a été acclamé par le régime pour avoir développé l’un des centres de transplantation rénale à plus forte croissance. Dans une interview de 2008, Li Leishi, alors âgé de 82 ans, a révélé que dans le passé il procédait généralement à 120 transplantations rénales par an, mais qu’il n’en faisait maintenant que 70. Un autre chirurgien en chef est présenté comme effectuant «des centaines de transplantations de rein par an» à partir de 2001. Avec 11 chefs et 6 chirurgiens associés engagés dans les transplantations de rein, la somme totale des transplantations annuelles serait d’environ 1000, selon le rapport. Un nombre impressionnant de transplantations de ce type apparaît à plusieurs reprises dans le rapport. À l’hôpital général de Fuzhou, également dans la région militaire de Nankin, le Dr Tan Jianming a personnellement dirigé 4200 transplantations de reins jusqu’en 2014, selon sa biographie disponible sur le site internet appartenant à l’Association chinoise de docteurs en médecine. L’Hôpital de Xinqiao, affi lié à la Troisième université médicale militaire, dans le sud-ouest de Chongqing, affi rme avoir réalisé 2590 transplantations de rein jusqu’en 2002, allant jusqu’à 24 transplantations par jour. Zhu Jiye, le directeur de l’Institut de transplantation d’organes de l’université de Pékin, a déclaré en 2013 : «Il y a eu une année durant laquelle notre hôpital a effectué 4000 transplantations de foie et de rein.» Une machine d’État à tuer La ligne officielle du régime chinois sur la source des organes a changé au fi l du temps. En 2001, lorsqu’un premier dissident sortant de Chine a affi rmé que le régime utilisait des prisonniers condamnés à mort comme sources d’organes, le porte-parole officiel du Parti l’a nié, en expliquant que la

= 5000 OPÉRATIONS DE TRANSPLANTATION Statistiques officielles

= Le régime prétend que 10 000 à 20 000 transplantations sont faites chaque année, arrondies ici à 225 000 sur 15 ans = Donneurs nécessaires pour les hôpitaux non homologués, totalisant 339 850, de 2001 à 2007 = Donneurs nécessaires pour les hôpitaux homologués, totalisant 1 039 350, de 2001 à 2016

=

1 PERSONNE

=

OU

UN REIN OU UN FOIE

La plupart des hôpitaux en Chine ne pratiquent que les transplantations de rein ou de foie. Ils ne prévoient que rarement de prélever plusieurs organes dans le but d’effectuer plusieurs transplantations, comme cela est couramment fait en Occident. Selon le rapport, cette limitation du nombre de transplantations qu’un hôpital peut effectuer serait attribuable à un manque de médecins et d’installations, et non à un manque d’organes. Cela mènerait à un «gâchis» d’organes, ce qui signifie que même si un donneur peut fournir différents organes pour plusieurs transplantations, il s’agit d’une opération chirurgicale se faisant au détriment d’une vie humaine dans la plupart des cas.

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INTERNATIONAL

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SUITE DE LA PAGE 5 Chine se basait essentiellement sur des donneurs volontaires. En 2005, les responsables ont commencé à faire entendre qu’il s’agissait bien de prisonniers condamnés. Après que des allégations de prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong ont été rendues publiques en 2006, les responsables chinois ont insisté sur le fait que la source principale était constituée de prisonniers condamnés à mort qui auraient consenti à faire don de leurs organes après leur mort. Cependant, une terrible conclusion est lentement apparue au fi l de l’enquête – qui rassemble près de 2000 annotations : cette industrie tout entière a été délibérément créée, presque du jour au lendemain, juste après qu’une nouvelle source d’organes est devenue disponible. Cela est induit par l’immense investissement de l’État dans cette industrie, aussi bien au niveau central que local. Au début des années 1990, le système de soins de santé chinois a été largement privatisé. L’État ne payait que les infrastructures tandis que les hôpitaux devaient s’autofi nancer. Le centre de transplantation de foie de l’Hôpital Renji a vu une augmentation croissante du nombre de lits pour les transplantations : de 13 en fin 2004, à 23 deux semaines plus tard, passant à 90 en 2007 et jusqu’à 110 en 2014. En 2006, l’Hôpital central de Tianjin s’est doté d’un bâtiment de 17 étages, avec 500 lits, uniquement destinés aux transplantations d’organes. Il y a de nombreux cas semblables; le rapport contient des photographies de ces édifices impressionnants. La transplantation d’organes est rapidement devenue une entreprise lucrative et les gouvernements central et locaux ont soutenu la recherche et le développement, la construction d’immenses nouvelles installations de transplantations et le financement des programmes de formation des médecins, dont la formation à l’étranger de centaines de chirurgiens de transplantation. Une industrie entière de médicaments antirejet a été mise sur le marché, tandis que les hôpitaux chinois ont commencé à développer leurs propres substances de conservation, des produits chimiques dans lesquels les organes sont gardés en attendant d’être transportés entre le donneur et le receveur. Comme le centre de transplantation associé à l’Université médicale de Chine à Shenyang le dit sur son site internet : «Pour être capables d’effectuer un si grand nombre d’opérations chirurgicales de transplantations d’organes chaque année, nous devons adresser tous nos remerciements au soutien donné par le gouvernement. En particulier, la Cour populaire suprême, le Parquet populaire suprême, le système de Sécurité publique, le système judiciaire, le ministère de la Santé et le ministère des Affaires civiles qui ont promulgué conjointement des lois pour que l’acquisition d’organes reçoive le soutien et la protection du gouvernement. C’est une

SIMON GROSS/ÉPOQUE TIMES

David Kilgour (à gauche), David Matas (au centre) et Ethan Gutmann (à droite), auteurs de Bloody Harvest/The Slaughter : An Update

première dans le monde.» Les auteurs du rapport n’ont pas voulu communiquer de chiff res précis sur le nombre de morts causées par les prélèvements forcés. Bien qu’il soit possible dans certains cas que plusieurs organes proviennent d’une seule victime, jusqu’en 2013 la Chine n’avait qu’un système ad hoc et localisé de recherche d’organes. Les chirurgiens chinois se sont aussi plaints du gâchis important dans l’industrie de la transplantation en Chine où, bien sou-

du 22 juin, a déclaré : «Le phénomène de plusieurs organes pris sur une seule personne a bien eu lieu, mais à une échelle statistiquement insignifiante.» Selon Lan Liugen, directeur adjoint de l’Hôpital 303 de l’APL de la province du Guangxi, au début 2013 il n’y avait que deux hôpitaux en Chine qui pouvaient se procurer et transplanter plusieurs organes venant d’un seul donneur. «De telles opérations chirurgicales sont la meilleure utilisation des ressources du

dégoûtés augmente. Récemment, la Chambre des Représentants des États-Unis a voté une résolution exprimant sa préoccupation quant aux pratiques de la Chine, que les membres du Congrès ont qualifiées de «morbides» et «répugnantes». Durant le dernier Parlement canadien, le Sous-comité des droits internationaux de la personne a également adopté à l’unanimité une motion condamnant les prélèvements d’organes forcés sur des prisonniers d’opinion en Chine. Un documentaire canadien sur le sujet, réalisé par le Vancouvérois Leon Lee, a remporté de nombreux prix, dont le prestigieux Peabody. M. Lee, d’origine chinoise, a été reconnu par la RBC en 2016 pour son travail en faveur des droits de la personne en Chine. Un documentaire de 2015 intitulé Hard to Believe, diff usé actuellement sur les chaînes PBS, traite de la manière dont la question a été reçue dans les milieux du journalisme et de la médecine. La gravité de ce qui se passe en Chine depuis 15 ans commence seulement à être révélée. Wendy Rogers, la bioéthicienne australienne, trouve que les gens ont des difficultés à saisir ce qui se passe. «J’ai dû l’expliquer en détail à une amie allemande qui est aussi bioéthicienne, qui s’occupe de gérer de nombreux sujets internationaux», a fait part Wendy Rogers. «Elle ne pouvait simplement pas me croire et m’a demandé : “Comment se fait-il que je ne sois pas au courant de cela?”»

La transplantation d’organes est rapidement devenue une entreprise lucrative et les gouvernements central et locaux ont soutenu la recherche et le développement, la construction d’immenses nouvelles installations de transplantations et le financement des programmes de formation des médecins. vent, un seul organe vient d’un seul donneur. Ainsi, si 60 000 à 100 000 opérations chirurgicales de transplantation ont été effectuées annuellement, le nombre de morts causées par les prélèvements forcés d’organes pourrait être de 1,5 million. Comme il est écrit dans un résumé sur l’industrie de la transplantation fin 2004 dans le China Medicine Report : «Actuellement, en raison du fait que la Chine n’a pas de système d’enregistrement interactif des organes, parfois il n’y a qu’un seul rein qui est pris à un donneur et les nombreux autres organes sont simplement gaspillés.» David Matas, à la conférence de presse

donneur», avait-il exprimé. «Actuellement, seuls des pays comme les ÉtatsUnis, l’Allemagne et le Japon peuvent faire simultanément plusieurs transplantations d’organes venant du même donneur.» Prise de conscience Les auteurs publient leurs découvertes à un moment où l’opinion publique semble plus réceptive à la question : des journalistes sont prêts à se pencher sur le sujet; des documentaires sont réalisés et remportent des prix et le nombre de médecins en transplantation et d’éthiciens qui découvrent le système chinois et en sont

Extrait des Neuf commentaires Depuis la publication des Neuf commentaires sur le Parti communiste en novembre 2004 par le Dajiyuan (édition chinoise d’Époque Times), plus de 242 605 000 personnes ont démissionné du Parti communiste chinois (PCC) et de ses organisations. Nous republions donc ces commentaires ayant déjà une portée historique. Leur intégralité est disponible sur le site [www.epoquetimes.com].

Troisième commentaire LA TYRANNIE DU PARTI COMMUNISTE CHINOIS I. LA RÉFORME AGRAIRE – ÉLIMINER LA CLASSE DES PROPRIÉTAIRES TERRIENS (suite) À partir de 1978, durant les cinq années qui suivirent le passage d’un système collectif à un système de contrat familial, certains parmi les 900 millions de paysans virent leur niveau de vie augmenter légèrement et leur statut social s’améliorer quelque peu. Cependant, un si maigre bénéfice ne résista pas à un système de prix favorisant les produits industriels au détriment des produits agricoles; une fois de plus les paysans retombèrent dans la pauvreté. L’écart de revenus entre la population rurale et la population urbaine s’est considérablement accru, les disparités économiques continuant d’augmenter. De nouveaux propriétaires et de riches fermiers sont apparus dans les régions rurales. L’agence de presse Xinhua, organe officiel du PCC, indique que, depuis 1997, «le revenu des paysans dans les principales régions de production céréalière et celui de la plupart des familles rurales ont stagné et ont même reculé dans certains cas». En d’autres termes, le revenu des paysans obtenu par la production agricole n’a pas augmenté. Au

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contraire, il a diminué. Le ratio revenu urbain/revenu rural est passé de 1,8 contre 1 au milieu des années 1980 à 3,1 contre 1 aujourd’hui. II. LES RÉFORMES DANS L’INDUSTR IE ET LE COMMERCE – ÉLIMINER LA CLASSE CAPITALISTE Le PCC voulait éliminer une autre classe, celle de la bourgeoisie nationale qui détenait un capital dans les villes et dans les agglomérations rurales. Alors qu’il réformait l’industrie et le commerce en Chine, le PCC prétendit que la classe capitaliste et la classe ouvrière étaient différentes par nature : la première était la classe exploitante alors que la seconde était non exploitante et contre l’exploitation. Selon cette logique, la classe capitaliste était née pour exploiter et ne cesserait de le faire jusqu’à ce qu’elle périsse; elle ne pouvait qu’être éliminée, pas réformée. À partir de telles prémisses, le PCC utilisa autant le meurtre que le lavage de cerveau pour transformer les capitalistes et les marchands. Le PCC recourut à sa vieille méthode de soutenir l’obéissant et de détruire ceux qui s’opposaient. Si vous remet-

tiez tous vos biens à l’État et souteniez le PCC, vous n’étiez considéré que comme un problème mineur parmi le peuple. Si, au contraire, vous n’étiez pas d’accord ou si vous vous plaigniez de la politique du PCC, vous étiez taxé de réactionnaire et deveniez la cible de la dictature draconienne du PCC. Pendant le règne de terreur qui découla de ces réformes, capitalistes et propriétaires d’entreprise, tous remirent leurs biens. Beaucoup ne supportèrent pas l’humiliation et mirent fin à leurs jours. Chen Yi, alors maire de Shanghai, demandait chaque jour : «Combien de parachutistes avons-nous eus aujourd’hui?», en faisant référence aux capitalistes qui s’étaient suicidés en se jetant du haut des immeubles ce jour-là. Voilà comment le PCC a éliminé la propriété privée en Chine, en seulement quelques années. Tout en exécutant ses programmes de réforme agraire et financière, le PCC a lancé de grands mouvements de persécution du peuple chinois. Ces mouvements comprenaient : la répression des «contre-révolutionnaires», les campagnes de réforme idéologique, la purge de la clique antiPCC conduite par Gao Gang et Rao Shushi, et l'enquête sur le groupe «contre-révolutionnaire» de Hu Feng1, ainsi que la «campagne des Trois Anti» et la «campagne des Cinq Anti», avec le but affirmé d’éliminer les contre-révolutionnaires. Le PCC a utilisé ces

mouvements pour cibler et persécuter brutalement un nombre incalculable de gens innocents. Dans chaque mouvement politique, le PCC a pleinement utilisé son contrôle des ressources gouvernementales, en accord avec les comités du Parti, ses sections et ses sous-sections. Trois membres du Parti formaient une petite force de frappe, infiltrant tous les villages et ses environs. Ces forces de frappe étaient omniprésentes, ne laissant pas une pierre non retournée. Ce réseau de contrôle du Parti profondément enraciné, héritage du réseau du PCC des «sections du Parti installées au sein de l’armée» pendant les années de guerre, a depuis lors joué un rôle majeur dans les mouvements politiques ultérieurs. III. RÉPRESSION SUR LES RELIGIONS ET LES GROUPES RELIGIEUX Le PCC a commis une autre atrocité dans la répression brutale des religions et l’interdiction complète de tous les groupes d’origine religieuse après la création de la République populaire de Chine. En 1950, le PCC a donné l’ordre aux autorités locales d’interdire toutes les croyances religieuses non officielles et les sociétés secrètes. Il affirmait que ces groupes souterrains «féodaux» étaient de simples instruments dans les mains des propriétaires terriens, des riches fermiers, des réactionnaires et des agents spé-

ciaux du KMT. Dans cette répression nationale, le gouvernement a mobilisé les classes auxquelles il faisait confiance pour identifier et persécuter les membres de groupes religieux. Les autorités, à différents niveaux, étaient impliquées directement dans la dissolution de «groupes superstitieux» comme les communautés chrétiennes, catholiques, taoïstes (en particulier ceux qui croyaient en Yi Guan Dao) et bouddhistes. Elles ordonnaient à tous les membres de ces Églises, temples et sociétés religieuses de s’inscrire auprès des agences gouvernementales et de se repentir de leur implication. S’y soustraire entraînait une lourde punition. En 1951, le gouvernement promulgua officiellement des règlements menaçant d’emprisonnement à vie ou de peine de mort ceux qui poursuivraient leurs activités dans des groupes religieux non officiels. 1. Gao Gang et Rao Shushi étaient membres du Comité central. En 1954, après une tentative infructueuse dans une lutte de pouvoir, ils ont été accusés d’avoir comploté pour diviser le Parti et en ont été expulsés par la suite. Hu Feng, un érudit et critique littéraire, était opposé à la politique littéraire stérile du PCC. Il a été expulsé du Parti en 1955 et condamné à quatorze ans de prison. De 1951 à 1952, le PCC a initié la «campagne des Trois Anti» et la «campagne des Cinq Anti» avec le but énoncé d’éliminer la corruption, le gâchis et la bureaucratie à l’intérieur du Parti, du gouvernement, de l’armée et des grandes organisations.

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Immobilier

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NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES

La chambre à coucher principale NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES

▲ Détail de la salle de bain, avec le lavabo en pierre massive. ◄ La maison d’Aviram et de Lorraine-Barsha et ses arrondis

Une maison de paille en construction autogérée NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES

Nathalie Dieul Époque Times Lorsque l’on discute avec Aviram et Lorraine-Barsha, on a l’impression qu’ils ont toujours été très impliqués dans l’écologie. Et pourtant, c’est tout le processus de préparation et de construction de leur maison en paille sur le bord d’un lac dans les Laurentides qui les a amenés à s’intéresser à l’écologie, entre autres pour la santé du lac. «Et quand tu fais une maison en paille, il y a plein de choses d’une maison conventionnelle que tu ne peux plus faire. Donc, de cette façon, tu es poussé vers l’écologie», précise Aviram. Comment ont-ils eu l’idée de se bâtir en paille? Personne ne le saura probablement jamais, puisqu’il est persuadé que c’est sa femme qui lui en a parlé pour la première fois en 2001, alors qu’elle pense que c’est lui qui a soumis cette idée. Peu importe, le concept les a suffisamment intéressés tous les deux pour qu’ils suivent une formation avec André Fauteux, éditeur et rédacteur en chef du magazine la Maison du 21e siècle. Lors de cette journée, le journaliste spécialisé dans les maisons saines et écologiques leur a présenté plusieurs techniques différentes de construction écologique, dont la paille. «Finalement, ce n’est pas une décision rationnelle : c’est plutôt une décision émotionnelle reliée à la beauté. Ça sent bon, j’aime la paille», reconnaît Aviram. «J’ai embarqué là-dedans parce que l’idée me plaisait», ajoute Lorraine-Barsha avec enthousiasme. Préparation du projet À l’époque de l’achat du terrain en 2002, Aviram suit un cours sur la construction des maisons en paille avec Michel Bergeron, membre fondateur d’Archibio. C’est là qu’il apprend que la paille est extrêmement isolante et qu’une maison de paille ne bouge pas par grand vent, contrairement aux maisons québécoises conventionnelles. Ayant tous les deux un côté artistique très développé, ils dessinent les plans de leur future maison en pensant principalement aux côtés design et esthétique. Originaires d’Europe – Aviram est allemand et Lorraine-Barsha est suisse – ils trouvent que l’hiver est long au Québec. Ils prévoient donc un salon qui leur permet d’avoir beaucoup de contacts avec l’extérieur, sans nécessairement passer beaucoup de temps dehors à la saison froide. Ils imaginent donc 14 fenêtres au salon, orienté sud. Cela leur donne aussi tous les avantages du chauffage passif solaire, qui s’avérera très utile pour chauffer la mai-

Un solarium est situé à l’étage.

son, principalement pendant les périodes de novembre à décembre, mais aussi de février à avril. Une fois les premiers plans dessinés, il faut trouver un architecte pour vérifier la statique. Ils trouvent Isabelle Gauthier, architecte à Bromont, qui a bâti sa propre maison en paille. Elle leur permet de visiter sa maison et ils discutent de toutes sortes de sujets. «Et là, dans cette maison qui était faite différemment, nous avons justement ressenti cet état de la maison vivante qui respire, c’est devenu très clair que c’est ça que nous allions faire ça», se souvient Aviram. L’architecte refait les plans et les étampe, avant d’aller demander le permis de construire à la Ville. Selon Aviram, les municipalités au Québec ont habituellement beaucoup de réticence à donner des permis pour des constructions alternatives. Pourtant, il considère que le code du bâtiment sur lequel se basent les municipalités n’est pas bon, puisque ses normes font en sorte qu’une maison ne dure que 20 ans. Après cette période, il est indispensable de faire de grosses rénovations. «Ça n’a aucun sens. Je ne connais pas ça de l’Europe», remarque le nouvel écologiste. La municipalité ayant la garantie que les assurances professionnelles de l’architecte assumaient les risques, le permis est accordé rapidement. L’étape suivante est très difficile : trouver un entrepreneur. La moitié des entrepreneurs ne voulaient pas construire en paille. L’autre moitié, ouverte à cette idée, ne l’était pourtant pas à celle de construire avec des arrondis. NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES

La cuisine

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«Mais on voulait quand même des arrondis parce que, pour nous, l’écologie doit se marier avec l’esthétisme», justifie Aviram. Il existe deux manières de construire une maison de paille : l’une avec des ballots qui se chevauchent, l’autre en réalisant d’abord une structure en bois, dans laquelle sont insérés les ballots de paille. Après avoir opté pour la seconde, le couple a finalement trouvé deux charpentiers qui acceptaient le défi. La construction C’est ainsi que le chantier a commencé au début juillet 2003, sous la forme d’un chantier autogéré. Aviram aide autant qu’il le peut, puisqu’il continue sa profession de créateur de fontaines, tandis que sa conjointe fait toute la gérance du projet. «Quand je gérais le chantier, je proposais des choses. Avec Aviram, j’osais des choses que je n’aurais pas faites toute seule, et il me disait : pourquoi pas?», se souvient la psychothérapeute, heureuse des résultats. Il faut ensuite trouver de la paille, pas n’importe quelle paille puisqu’elle doit être serrée avec beaucoup de pression afin qu’elle ne se compacte pas davantage une fois dans les murs. Un fournisseur est déniché en Mauricie.

La construction est rapide. Le crépi recouvrant la paille, à l’extérieur comme à l’intérieur, est composé de six portions de sable pour une portion de ciment et une de chaux. Ce crépi permet des formes plus organiques que d’autres sortes de revêtement. Au mois d’août, la propriétaire de la maison que le couple loue leur annonce qu’il faut qu’ils quittent les lieux le 3 septembre. À la date du déménagement, les murs et le toit sont faits, mais les portes et les fenêtres ne sont pas encore arrivées. Malgré les planches pour boucher les orifices, un raton laveur mange leur nourriture. Le lendemain, les portes et les fenêtres sont livrées, puis posées. Tout l’intérieur est fini pendant l’année qui suit, ensuite c’est l’aménagement du terrain. Changements? S’il devait construire à nouveau, Aviram, maintenant designer d’écovillages et titulaire d’un certificat en écoconstruction, emploierait plusieurs façons de construire. Il garderait la paille pour les murs sud, est et sud-ouest, et utiliserait la méthode du earthship pour le mur arrière – un mur de pneus avec de la terre à l’intérieur. Mais, surtout, il construirait plus petit que les 1800 pieds carrés de la maison actuelle. En terme pratique, ainsi que pour les côtés écologique et économique, une maison plus compacte n’a presque pas besoin d’être chauffée lorsqu’elle est bien isolée et bien orientée pour utiliser l’énergie solaire passive. En attendant les maisons du futur qui utiliseront la technologie de l’énergie libre de Keshe, dont Aviram est en train de devenir un spécialiste, le couple est heureux dans sa maison en paille «dans laquelle il est très agréable de vivre. Autrement, je serais déjà parti!», s’exclame l’écologiste.

La chambre d’amis au rez-de-chaussée : une des rares pièces fermées de la maison

Location La maison d’Aviram et de Lorraine-Barsha est parfois à louer pour une partie de l’hiver. Le couple loue aussi une chambre sur AirBnB, en formule tout inclus. Contact : lorraine@karajaal.com NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES

À l’extérieur, un caveau construit avec la technique du earthship (des pneus remplis de terre) permet de conserver les légumes pendant tout l’hiver.

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Vivre

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« Faire une grande marche comme on le propose, ça fait du bien à l’esprit, à l’âme et à la santé. »

Nathalie Dieul Époque Times

Saviez-vous qu’en plus d’être bonne pour la santé et de permettre de découvrir des paysages difficiles d’accès, la marche longue durée permet de prendre le temps de réflé– Stéphane Pinel, cofondateur du Chemin de Saint-Rémi chir sur sa vie, ce qui peut être le point de départ de grands changements? C’est l’expérience que Louise Bourgeois et Stéphane Pinel, après l’avoir vécue, proposent aux du billet d’avion pour traverser l’AtlanQuébécois de découvrir sur le parcours du tique, et l’accueil dans le haut-pays sera Chemin de Saint-Rémi, le nouveau chemin incomparable. «C’est ça qui est extraorde Compostelle québécois inauguré à la fin dinaire à vivre : les cœurs de villages. Ce mai 2016. sont les échanges, vivre au gré du temps, «Nous avons non seulement bâti un chetoute cette magie-là», assure le cofondamin au cours des quatre dernières années, teur du Chemin. mais nous en avons vécu un», assure StéPréparation et suivi phane Pinel, cofondateur du Chemin de Saint-Rémi. «Quand on dit vivre un chePour s’assurer que les marcheurs min, les gens qui ont marché Compostelle vivent une belle expérience, le service ou qui ont marché un chemin de longue est personnalisé dès le premier contact durée savent ce que cela veut dire : ça veut avec le bureau du Chemin de Saint-Rémi. dire des remises en question profondes, des Vous serez conseillé pour éventuellement La randonnée longue durée permet de prendre le temps de réfléchir à sa vie. transformations.» construire le forfait qui vous convient, et En effet, marcher pendant quatre à huit vous pourrez aussi suivre des ateliers de préparation. heures par jour, pendant plus de sept jours d’affilée, permet de réaliser que des choses se passent. Il auberges de chemin, devrait voir le jour prochainement. Un accompagnement est également prévu à la suite d’un est enfin possible de réfléchir à des questionnements que Peu importe où vous dormirez, il est certain que vous pèlerinage comme celui-ci – même si ce n’est pas un pèleriles gens n’ont pas le temps d’aborder dans leur train de allez pouvoir développer des relations privilégiées avec les nage religieux, les cofondateurs le positionnent comme un vie quotidien, et une paix s’installe en eux. «Quand on vit villageois qui vous accueilleront avec un service person- pèlerinage spirituel puisqu’il permet de se retrouver avec soi. Ce suivi est important parce que les gens qui font de cette remise en question sur ce type de chemin, en étant nalisé et vous concocteront de bons petits plats. la marche longue durée vivent des expériences très proen pleine nature, avec les oiseaux, […] cela nous ramène à fondes et intenses. l’authenticité», affirme M. Pinel. Faire une grande marche Revitalisation des villages Se retrouver avec des gens qui ont vécu la même chose L’un des objectifs du Chemin de Saint-Rémi, c’est de comme on le propose, ça fait du bien à l’esprit, à l’âme et donner un coup de pouce aux petits villages traversés. permet de faire la transition nécessaire afin de pouvoir à la santé.» En plus d’être dans la nature, les marcheurs du Chemin «Avec 1 $, on fait une pierre deux coups : avec 1 $, on se reprendre contact avec la réalité. Cela permet de partager de Saint-Rémi côtoient au quotidien les villageois, «des fait du bien à soi et, avec 1 $, on fait du bien à nos villages, ses interrogations : «Est-ce qu’on remet nos anciens sougens de cœur». En étant en interaction avec les valeurs ici, au Québec», insiste M. Pinel. En effet, sur les 54 villages liers qu’on portait avant de partir sur le chemin ou bien qu’ont les gens qui les reçoivent chez eux, «ça fait écho traversés, la plupart sont en plein défi de revitalisation. on fait nôtres les nouveaux souliers qu’on vient d’intégrer en nous et ça nous ramène à l’essence de ce que l’on est.» Nombre d’entre eux n’ont plus d’épicerie, de station- pendant ce chemin?», résume M. Pinel. Ces valeurs, qui ont inspiré Stéphane Pinel et Louise service, parfois même plus de dépanneur. «On veut faire battre à nouveau le cœur des villages Réservations Bourgeois depuis le début de l’aventure, ce sont le resAu moment d’écrire ces lignes, déjà près de 250 réserpect, l’authenticité, la simplicité et la solidarité. Toutes pour qu’il y ait, éventuellement, un petit café qui s’ouvre, les personnes qui s’associent au Chemin de Saint-Rémi une boulangerie, un peu comme à Compostelle», conti- vations pour l’été et l’automne 2016 ont été enregistrées nue le marcheur passionné. adhèrent à ces valeurs. en plus des nombreuses demandes d’information : un sucIl est certain que pour arriver à cet objectif et faire véri- cès pour cette année de rodage pour laquelle les organiSelon les villages, l’hébergement se fait en différentes formules : gîtes, hôtels ou résidences de tourisme là où tablement une différence dans ces villages, il ne faut pas sateurs ont comme objectif d’avoir 500 marcheurs sur le ils sont disponibles; directement chez les villageois qui voyager avec un budget réduit comme il est possible de Chemin. D’autant plus que les premiers Européens arrivent vous accueilleront chez eux; ou, à l’occasion, l’héberge- le faire sur le chemin de Compostelle, où vous pouvez cet automne pour marcher avec les couleurs, dont des ment libre-service. Dans ce dernier cas, vous serez logé dépenser 20 € (environ 30 $) par jour dans la partie espa- Français qui ont écrit aux organisateurs seulement cinq dans un appartement ou un dortoir, avec accès à la cui- gnole du tracé. minutes après que le site Internet a été mis en ligne en sine ou la possibilité de vous restaurer dans le village. Une Par contre, à une moyenne de 75 $ par jour pour le Che- décembre dernier! autre possibilité exclusivement réservée aux marcheurs, les min de Saint-Rémi, vous n’aurez pas le coût additionnel Pour en savoir davantage : www.cheminstremi.quebec CHEMIN DE SAINTRÉMI

Le village de Saint-Adriende-Ham, en Estrie, est le point de départ du Chemin de Saint-Rémi.

L’origine du Chemin de Saint-Rémi C’est toute une série de coïncidences, «si l’on peut appeler cela des coïncidences», qui ont conduit les deux cofondateurs à créer le chemin de Saint-Rémi après avoir marché le chemin de Compostelle. «Nous avons été beaucoup guidés et inspirés par la vie, par Dieu, par les anges – peu importe comment on les appelle», raconte Stéphane Pinel. Pour Louise Bourgeois, ancienne gestionnaire chez Desjardins, ça a été un virage à 180 degrés dans sa vie. Son cousin l’avait invitée à venir découvrir son village, Saint-Adrien-de-Ham, lui donnant rendez-vous sur… le chemin de Saint-Rémi, qui allait devenir la première portion du Chemin à prendre au départ de cette municipalité dont la devise est «marchons ensemble». C’est donc ce nom qui allait par la suite être retenu pour ce nouveau Compostelle québécois, d’autant plus que le père de Mme Bourgeois s’appelait Rémi. Alors, ne cherchez pas sur la carte un village du nom de Saint-Rémi traversé par le chemin du même nom : le tracé passe par de nombreux Saint et Sainte quelque chose, mais pas par Saint-Rémi!

Le Chemin de Saint-Rémi en résumé • 820 kilomètres entre Saint-Adrien-de-Ham dans les Cantons de l’Est et Sainte-Florence en Gaspésie • 54 villages • 200 à 800 habitants pour la majorité des villages traversés • La ville la plus grande du parcours : Sainte-Mariede-Beauce (13 000 habitants) • Aucune chaîne de restauration rapide sur le Chemin, à part un Tim Horton au kilomètre 500 • Une moyenne de 500 à 700 mètres de dénivelés par jour • 7 jours : minimum de jours pour pouvoir s’inscrire et commencer à ressentir les bienfaits de la marche longue durée • 42 jours : nombre de jours pour marcher la totalité du tracé, à raison d’environ 20 km par jour (6 à 8 h de marche) • 54 jours : nombre de jours pour marcher la totalité du tracé, à raison de 12 à 15 km par jour (environ 4 h de marche) • Budget à prévoir : une moyenne de 75 $ par personne et par nuit, comprenant un repas copieux le matin et un repas le soir, plus 75 $ de frais de réservation et environ 25 ou 30 $ de frais pour la navette entre la ville la plus proche et le village de départ.

Environ 75 % du tracé du Chemin de Saint-Rémi est composé de rangs de campagne en gravier ou en terre battue.

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De nouvelles pistes dans la recherche des insaisissables villages vikings Tara MacIsaac Époque Times Dans Au-delà de la science, Époque Times explore les recherches et les récits examinant les phénomènes et les théories qui posent un défi aux connaissances actuelles. Nous nous penchons sur les idées stimulant l’imagination et ouvrant de nouvelles possibilités. Partagez vos idées avec nous sur ces sujets, parfois controversés. CODROY VALLEY, Terre-Neuve-etLabrador – Une histoire transmise dans ma famille depuis des générations pourrait être un indice dans les recherches d’un village viking. Le seul village viking du Nouveau Monde confirmé jusqu’à maintenant par les archéologues se trouve à l’Anse-auxMeadows, sur la pointe nord de TerreNeuve, au Canada. Mais les Sagas vikings parlent d’autres expéditions de colonisation. Au cours de l’été 2015, les archéologues ont annoncé avoir trouvé des vestiges de présence viking – un âtre utilisé pour chauffer l’hématite brune, qui est la première étape de la production du fer – à Pointe Rosée, au sud de Terre-Neuve. Mon oncle, Wayne MacIsaac, était si excité qu’il m’a confié n’avoir pu fermer l’œil pendant trois jours. Il a senti que ces trouvailles confirmaient la théorie qu’il chérit, bien qu’elle soit ignorée de tous depuis longtemps, sur le fait qu’il aurait trouvé un ancien site viking près de Codroy Valley, son village. Ses tentatives précédentes pour attirer les archéologues sur ce site ont toujours échoué mais, maintenant, tout pourrait changer. Une équipe internationale d’archéologues devrait venir examiner le site en juillet 2016. Un bateau étrange Mon arrière-grand-père, le grand-père MacIsaac, avait l’habitude de parler d’un étrange bateau qui avait été trouvé dans la région de Codroy Valley lorsqu’il était enfant. Une tempête avait déplacé un haut fond à l’embouchure de la rivière Little Codroy, révélant un bateau de bois qui n’avait aucune ressemblance avec le style de construction navale connue par les gens du coin. Trois grands squelettes humains ainsi que des pointes de flèches en pierre avaient été découverts sous la structure. À cette époque, personne n’a pensé à préserver cette trouvaille comme artéfact archéologique. Mais, à partir du moment où MacIsaac s’est intéressé à la saga viking, il a commencé à faire des parallèles étonnants entre les descriptions d’un village viking et l’endroit où le bateau avait été trouvé. Une des histoires raconte que trois

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Wayne MacIssac se tient devant ce qu’il estime être les vestiges d’un mur de fortification viking.

TARA MACISSAC/ÉPOQUE TIMES

Vue d’une partie de ce que Wayne MacIssac croit être un village viking, une bande littorale où un bateau, possiblement d’origine scandinave, a été retrouvé il y plus d’un siècle.

Vikings du village auraient été tués par des autochtones. MacIsaac se demanda si ces trois squelettes n’auraient pas pu être ceux de ces trois colons vikings. Les pointes de flèches en pierre présentes près des corps pourraient indiquer que les victimes auraient pu tomber sous les projectiles des archers autochtones. Les autochtones occupant ce territoire ne fabriquaient que des bateaux en peau d’animaux ou en écorce de bouleaux, ce qui indique que le bateau de planches était d’origine européenne. Cependant, il n’avait aucune ressemblance avec ce qui était connu par les colons français, irlandais, écossais ou anglais du temps de mon arrière-grand-père. MacIsaac a découvert que les sagas décrivent une chaîne de montagnes qui s’étendrait au nord d’un village. Les montagnes Long Range s’étendent effectivement au nord de Codroy Valley. Les sagas décrivent aussi une rivière qui se déverse dans un lac qui, lui-même, se déverse dans la mer; elles décrivent aussi une bande lit-

TARA MACISSAC/ÉPOQUE TIMES

Un monticule de forme carrée que Wayne MacIsaac attribue à une structure viking.

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torale de sable qui ne pouvait être traversée qu’à marée haute. Tout ceci, ainsi que d’autres détails des sagas, décrit une partie de la Codroy Valley. MacIsaac pense avoir trouvé l’endroit qui correspondrait le mieux à la description, il y a aussi découvert ce qu’il croit être les vestiges d’un ancien village. MacIsaac n’a pas divulgué l’endroit précis publiquement par peur que des archéologues amateurs viennent déranger les lieux. Mais, il m’y a emmenée. Au départ, il m’a montré ce qu’il croit être un mur de fortification mentionné dans les sagas. Après mille ans, il est difficile pour mes yeux inexpérimentés d’identifier avec certitude un mur qui aurait possiblement été construit avec des matériaux organiques. Ce que j’ai vu est une élévation du sol de plus d’un mètre, longue et étroite, qui s’étend sur des dizaines de mètres. Si ce monticule a jadis été un mur, il a été recouvert de terre et de végétation à un degré qui rend difficile la prise de photos qui pourraient montrer les formes qu’on peut discerner sur le terrain. Nous nous sommes déplacés à un autre endroit, où MacIsaac avait découvert des monticules et, plus précisément, un monticule qui paraît avoir une configuration artificiellement carrée. MacIsaac explique que, même si certains monticules du site peuvent s’être formés naturellement, la forme d’autres monticules – comme celui-ci – l’amène à croire que des structures vikings existent à cet endroit. Il a demandé à des résidents du coin, âgés entre 80 et 90 ans, s’ils avaient eu connaissance de structures construites localement depuis que les Écossais et les Français s’y étaient établis au début du XIXe siècle. Ils lui ont répondu que le territoire n’avait pas été utilisé, ce qui peut laisser à penser que les vestiges des structures de ce site ne sont pas modernes.

Interprétations contradictoires Douglas Bolender, un archéologue de l’université de Boston au Massachusetts, ayant étudié le site de Pointe Rosée au cours de l’été 2015, a discuté avec MacIsaac à cette époque. Il était intrigué par sa théorie. «Il pourrait y avoir une colonie viking dans la Codroy Valley (plus de fouilles doivent certainement être faites)», m’a-t-il écrit dans un courriel. «Mais, je ne baserais pas cela sur les descriptions de la saga. Elles sont trop vagues et contradictoires», a-t-il indiqué. MacIsaac a dit au sujet des sagas : «Il existe des versions et des traductions différentes, certaines d’entre elles incluent des détails que d’autres n’ont pas.» Les détails qu’il a trouvés qui concordaient avec le site de Codroy Valley ont été extraits de différentes versions. Cette colonie que les sagas décrivent s’est formée grâce à Thornfinn Karlsefni (9801007), qui a mené une expédition de colonisation dans le Nouveau Monde après la découverte du territoire par Leif Eriksson. Le village de Karlsefni est décrit dans la Saga d’Eirik le Rouge : «Karlsefni est parti vers le sud le long de la côte, avec Snorri et Bjarni et le reste de la compagnie. Ils ont navigué longtemps jusqu’à ce qu’ils arrivent à une rivière qui se jetait dans un lac et de là dans la mer. Il y avait de grands bancs de sable au-delà de l’embouchure de la rivière et ils ne pouvaient pénétrer la rivière qu’à marée haute. Karlsefni et ses compagnons ont navigué dans la lagune et ils ont nommé cette terre Hóp (cuvette de marée). Ils ont trouvé des champs de blé sauvage dans les terres basses et des vignes dans les collines. Tous les ruisseaux regorgeaient de poissons. Ils ont creusé des fossés à la hauteur des marques de marée haute et, lorsque la marée est descendue, il y avait du flétan dans les fossés. Il y avait plusieurs espèces de chevreuils dans la forêt.» Cet extrait est un passage de la traduction de Keneva Kunz : «Hóp» (Le lagon des marées), tiré de La saga d’Eirik le Rouge, publié en 2000 et traduit de l’anglais par l’équipe des Grands Mystères de l’histoire canadienne. La version anglaise des volumes Hreinsson a été publiée en 1997. Ces documents font partie des Sagas des Islandais et constituent, selon Boender, les récits principaux au sujet des colonies secondaires de Karlsefni. «Les gens ont utilisé ce texte pour localiser la colonie presque n’importe où sur la côte est américaine», dit Bolender. «En 1830, Carl Refn situait ces endroits à Cape Cod et au Rhode Island. D’autres les ont situés près de Boston, au Maine, en Nouvelle-Écosse et même sur la côte pacifique de la Colombie-Britannique!» Il a aussi noté que les vignes, mentionnées dans l’histoire, font référence au raisin, qui ne pousse pas à Terre-Neuve. Il a demandé à des botanistes, du Centre de données sur la conservation du Canada atlantique, ce qu’ils pensaient des références au raisin. Pourraient-elles décrire une plante qui aurait existé à Terre-Neuve il y a 1000 ans, particulièrement dans la région de la Codroy Valley? Le botaniste David Mazerolle a répondu dans un courriel : «Notre raisin indigène (le raisin Riverbank, Vitis riparia) ne se retrouve pas à Terre-Neuve et, selon moi, il est fort peu probable que des espèces aient pu croître là, il y a mille ans.» «Il y a quelques mois, j’ai aussi entendu une histoire similaire concernant ce même village viking dans une vallée où il y avait du “raisin”. La théorie était que cette description pourrait indiquer un endroit situé dans la vallée de la rivière Miramichi, au Nouveau-Brunswick, qui supporte la croissance du raisin Riverbank.» Suite en page 10 (VIKINGS)

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La Saint-Jean et la fête du Canada : les grands défilés traditionnels Les 24 juin et 1er juillet sont des dates qui marquent le début de l’été et des vacances. Ce sont aussi des occasions pour la population d’occuper la rue Sainte-Catherine. Celle-ci est partiellement fermée à la circulation lors des grands défi lés qui célèbrent respectivement le Québec et le Canada. Cette année, c’est sous un soleil radieux que les participants ont fièrement défilé devant des dizaines de milliers de personnes, sur un parcours d’environ deux kilomètres.

NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES

La fanfare Terre divine, avec ses costumes inspirés des soldats de la dynastie Tang, a participé aux deux défilés.

COLLABORATION SPÉCIALE GILLES PROULX

Les Premières Nations étaient à l’honneur lors du défilé de la fête nationale.

GEORGES SU/ÉPOQUE TIMES

Une fleur de lys géante sur un char allégorique. NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES

Des reines de beauté ont défilé en l’honneur du Canada.

VIKINGS (Suite de la page 9) Le botaniste Alain Belliveau ajoute à la réponse de Mazerolle : «La glycine tubéreuse (Apios americana, ou haricot sauvage) est une autre vigne de la côte Atlantique du Canada qui représentait une source de nourriture importante pour les Premières Nations et aurait été cultivée le long des vallées près des rivières, mais la distribution de cette plante est similaire à celle du raisin Riverbank; il est peu probable qu’elle ait pu inclure Terre-Neuve il

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y a mille ans.» MacIsaac attend les investigations des archéologues cet été. Il aimerait que des images satellites soient utilisées lors de ces recherches. C’est de cette façon que le site de Pointe Rosée a été identifié. TED a octroyé 1 million de dollars en prix à l’archéologue Sarah Parcak pour qu’elle utilise un satellite de surveillance dans la recherche et le suivi d’anciens sites. J’ai demandé à MacIsaac comment il réagirait si on découvrait que le site de Codroy Valley, après tout, ne contient

pas les vestiges d’un village viking. Il a répondu : «Je serais très désappointé, mais j’essaie de me préparer à cette éventualité parce qu’il est possible que ce ne soit pas ce que je crois – malgré tous les parallèles avec les sagas, malgré toutes les preuves sur le terrain que je peux moimême confirmer et malgré un fort pressentiment au sujet de ce qui a été presque confirmé comme étant le site d’une ferronnerie viking.» «Peut-être que ce sont des formations naturelles, mais j’en doute fort», ajoute-t-il.

S’il s’avère que ce site est un site viking, cela aura un impact substantiel sur Codroy Valley, une ville de 2000 habitants. Les fouilles archéologiques vont certainement bouleverser la petite ville et les trouvailles pourraient attirer des touristes. «Je veux voir tout cela, je n’ai aucun problème avec quoi que ce soit là-dedans», dit MacIsaac. «L’archéologie est mon intérêt principal, mais… cet endroit pourrait certainement bénéficier de retombées économiques [liées au tourisme] quelles qu’elles soient.»

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Inspirations et découvertes

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Époque Times cherche pour vous des activités originales à Montréal et ses environs.

HUGUETTE VÉZINA  ALPA

ANTOINE DESILETS

WIKIMEDIA CC  UWE SCHMIDT

VICTORIA AND ALBERT MUSEUM, LONDRES

Festival International de Percussions

Circuit : Les ruelles de nos quartiers

Conférence-atelier : chauves-souris en péril

Projection du documentaire Made in Italy

La 15e édition du Festival International de Percussions a lieu dans l’arrondissement de Verdun, en bordure du fleuve Saint-Laurent. Au programme : des rythmes du monde de tous les styles et pour tous les goûts. Des artistes de France, Australie, Brésil, Mexique, Espagne, Japon et Cuba seront à l’honneur. La scène mondiale accueillera, entre autres, Lynda Thalie (porte-parole du festival, elle vous fera voyager en Afrique du Nord), la Mexicaine Mamselle Ruiz (révélation Radio-Canada musique du monde 2013-2014), le Québécois Robert Déthier (qui vous fera vivre un «jam collectif») et l’impressionnant groupe de tambours japonais Arashi Daiko. La scène des découvertes permettra à de nombreux artistes professionnels et émergents de vous faire voyager et vibrer au rythme de leurs instruments. Entre autres, vous pourrez y découvrir Yordan Martinez et The Cuban Martinez Show, gagnant du groupe de salsa au «Premios Latin Award du Canada» en 2015. De nombreux ateliers d’initiation à la danse et aux percussions du monde seront offerts tout au long de la journée, certains étant conçus spécialement pour les enfants. Des structures gonflables seront aussi sur place. De plus, petits et grands pourront fabriquer leurs percussions à partir de matériel recyclé.

Ce circuit d’exploration urbaine vous permettra de visiter la ville derrière la ville à travers ses ruelles. Vous découvrirez leur histoire depuis leur naissance au XIXe siècle dans les quartiers bourgeois anglophones, dans les années 1890 dans les quartiers populaires, ou encore dès le XVIIe siècle dans le Vieux-Montréal. Aujourd’hui, certaines ruelles sont transformées en ruelles vertes. Des îlots de verdure y sont aménagés et des projets artistiques y sont réalisés. Pendant 3 heures et demie, ce circuit en autobus vous fera visiter différents quartiers de Montréal : le Square Mile, la Petite-Bourgogne, Griffintown, le Vieux-Montréal, le Centre-Sud et le Plateau-Mont-Royal. Il fait partie d’une programmation grand public, offerte de juin à août 2016, concoctée par Montréal Explorations, organisme d’Éducation populaire et d’animation à but non lucratif. Les circuits guidés de cette programmation visent à mettre en valeur les patrimoines en aiguisant l’observation et l’analyse tout en sortant des sentiers battus. Certains circuits se font à pied et d’autres en autobus.

La conférence-atelier sur les chauves-souris, qui sont en péril au Québec tout comme au parc La Fontaine, sera donnée par le biologiste Michel Delorme, reconnu comme expert mondial de ces mammifères volants. Les chauves-souris, paisibles et avides d’insectes, sont indispensables aux écosystèmes urbains et ruraux. En Amérique du Nord, elles sont victimes du syndrome du museau blanc qui a tué près de 6 millions de ces mammifères nocturnes depuis 2006, préoccupant les experts. La première partie de l’activité se déroulera sous la forme d’une conférence, pendant laquelle M. Delorme présentera le monde des chauves-souris en général et plus particulièrement les huit espèces de ces mammifères volants du Québec. Grâce à des détecteurs d’ultrasons qui rendent audibles les cris de ces mammifères, vous pourrez écouter des enregistrements de ces cris qui sont un système d’écholocalisation sophistiqué. L’expert vous expliquera comment les observer, dans le parc et dans la nature. Dans une deuxième partie, les participants sortiront pour vivre, dans le parc La Fontaine, une expérience d’observation et d’écoute de cris de chauves-souris grâce à un détecteur d’écholocalisation. Michel Delorme, Ph. D., est l’ancien chef de division des collections vivantes et de la recherche au Biodôme de Montréal, il est un membre de l’équipe d’experts sur le rétablissement des chauves-souris du Québec.

Simonetta, Gucci, Versace… découvrez tout le développement de la mode italienne à travers le documentaire Made in Italy, à partir de 1940 à Rome et son déplacement par la suite vers Milan. Produit par la chaîne européenne Arte, ce documentaire vous permettra de suivre l’aventure des petites entreprises familiales qui sont devenues des grands noms de la mode internationalement connus. Images d’archives et entretiens exclusifs avec les grands créateurs dressent un portrait émouvant de l’histoire de la mode italienne. La projection de ce documentaire s’inscrit en complément de l’exposition Eleganza, exclusivité canadienne présentée au Musée McCord. La mode est d’ailleurs au cœur des intérêts de ce musée montréalais, puisqu’il est détenteur de la plus importante collection de mode et de costumes canadiens. Eleganza, organisée par le Victoria and Albert Museum de Londres et présentée par Holt Renfrew, dresse un portrait global de la mode italienne de 1945 à aujourd’hui.

Quand : du 7 au 10 juillet Où : parc Arthur-Therrien et auditorium de Verdun, 3750 boul. Gaétan-Laberge, Verdun Métro : environ 10 minutes à pied des métros LaSalle ou de L’Église Tarif : spectacles et ateliers gratuits Renseignements : www.percussions.ca ou tél. : 450 463-2692 ou 1 888 463 2692

Quand : dimanche 10 juillet de 13 h 30 à 17 h (reprise le dimanche 31 juillet à 13 h 30) Où : départ au square Saint-Louis, près de la rue Saint-Denis Métro : Sherbrooke Tarif : 20 $ (réservez vos places) Renseignements : www.montrealexplorations.org ou tél. : 514 524-0210

Quand : mercredi 13 juillet à 20 h Où : espace La Fontaine, dans le parc La Fontaine Métro : Mont-Royal ou Sherbrooke Tarif : gratuit (réservation fortement recommandée – places limitées) Renseignements : 514 280-2525 ou info@espacelafontaine.com

Quand : documentaire : les mercredis 13 juillet, 24 août et 14 septembre, à 18 h (durée : 53 minutes). L’exposition Eleganza est en place jusqu’au 25 septembre Où : théâtre J.A. Bombardier du Musée McCord, 690 rue Sherbrooke Ouest Métro : McGill Tarif : projection gratuite. Tarifs pour l’exposition Eleganza : 20 $ (régulier); 13 $ (étudiants 13 à 17 ans); gratuit (enfants de moins de 12 ans) Renseignements : www.mccord-museum.qc.ca ou tél. : 514 398-7100

DISTRIBUTION ET PRÉSENTOIRS

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L’excellent potentiel thérapeutique du clou de girofle Cyril Belan et Catherine Keller Époque Times

Utilisé depuis l’Antiquité Dans les temps anciens, les clous de girofle jouissaient d’une excellente répu-

La réponse à toutes les questions? L’huile de clou de girofle contient de l’eugénol en grande quantité (60-90 %), qui est antifongique, analgésique, antiparasitaire, antioxydant et antiseptique. C’est aussi une source de manganèse, ce qui est important pour le métabolisme, l’activité des systèmes enzymatiques et le maintien de la résistance osseuse. Il contient encore du calcium, magnésium, phosphore, potassium, sodium, vitamine A, vitamine B, vitamine C, oméga-3 (acides gras), fibres alimentaires et autres phytonutriments également présents dans l’ongle. Les chercheurs ont découvert que l’in-

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Les clous frais sont des bourgeons de fleurs roses cultivées en Asie, ils sont collectés avant leur épanouissement.

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Vous avez peut-être entendu dire que certains dentistes utilisent de l’huile essentielle de clou de girofle comme anesthésiant et antiseptique. Toutefois, cela ne représente qu’une petite partie des effets que la nature a donnés aux clous de girofle. Le clou de girofle est aussi un antifongique, antiviral et antibactérien ainsi qu’un antioxydant incroyable. Le giroflier est un arbre à feuilles persistantes, son nom latin est Eugenia Caryophyllum aromaticus. Il pousse en Inde, en Indonésie, aux Philippines et au Zanzibar. À l’heure actuelle, le Zanzibar conserve le leadership dans l’approvisionnement des clous de girofle. Les clous frais sont des bourgeons de fleurs roses, ils sont collectés avant épanouissement. Séchés, ces bourgeons contiennent une huile essentielle utilisée dans la cuisine ainsi que pour l’amélioration de la santé.

tation en Orient. Dans la Chine ancienne au cours de la dynastie des Han (de 207 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.), tous ceux qui voulaient obtenir une audience auprès de l’empereur étaient obligés de garder un clou de girofle dans la bouche pour éliminer la mauvaise haleine. En Inde, les médecins l’utilisaient pour traiter les affections respiratoires et digestives ainsi que les maladies infectieuses comme le paludisme, le choléra et la tuberculose.

halation de l’arôme épicé du girofle réduit la somnolence, l’irritabilité, soulage les maux de tête. Il stimule l’activité mentale et améliore la mémoire. Une goutte d’huile de clou de girofle, appliquée sur la bouche, peut instantanément soulager certains maux de tête. Pour remonter le moral, soigner le blues hivernal et se débarrasser de la dépression, on peut utiliser un mélange d’huile de clou de girofle et de cannelle, une orange, de la noix de muscade ou de l’huile de vanille. L’aromathérapie utilise cette composition pour vivifier l’esprit. Comme analgésique, ajoutez trois gouttes d’huile de clou de girofle à 1 cuillère à café d’huile d’olive ou de noix de coco. Ce mélange d’huiles est également utilisé par voie topique. On utilise cette prescription également contre la mycose des ongles et de la peau des pieds. À appliquer quotidiennement jusqu’à guérison. En hygiène bucco-dentaire, ses propriétés antiseptiques en ont fait un ingrédient important dans les bains de bouche et quelques compositions d’analgésiques. Selon une étude de l’Iowa State University, elle a une haute activité contre les bactéries associées à la formation de la plaque dentaire et l’inflammation des gencives. Pour soulager les maux de dents, tremper une boule de coton dans l’huile de clou de girofle et l’appliquer sur la dent ou le tissu environnant. Ce traitement ne doit pas durer plus d’une semaine. Cette huile stimule également la circulation sanguine au niveau de la peau, ce qui est idéal pour les personnes qui ont froid aux membres. Grâce à son activité

antibactérienne et antivirale, on l’utilise contre les rhumes, les grippes ou les bronchites. Soulageant les spasmes des muscles lisses du tube digestif, elle normalise le péristaltisme. Quelques gouttes d’huile diluées arrêtent les vomissements. La tisane de clou de girofle soulage de la diarrhée, des flatulences, des ballonnements, des crampes et des nausées. Mélangée aux huiles essentielles d’agrumes, c’est un répulsif efficace contre les insectes. En cuisine, piquer des clous dans un oignon par exemple quand vous faites mijoter vos viandes. Les clous de girofle sont utilisés pour la préparation de nombreux plats partout dans le monde. Avertissement Cet article est à titre indicatif et n’est en aucun cas une prescription. C’est un remède naturel efficace pour de nombreuses maladies. Il est déconseillé de l’utiliser sur le long terme, car il y a risque d’intoxiquer le foie et les reins. De la même façon pour un surdosage et par sécurité, utilisez l’infusion de clou de girofle par voie interne et l’huile essentielle diluée dans une autre huile pour l’application locale. Il augmente l’effet anticoagulant des médicaments et ne doit pas être pris en même temps que des anti-inflammatoires. Il est déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux enfants de moins de 2 ans.

Prévention de la fatigue oculaire Époque Times

À l’ère de la technologie, la fatigue oculaire arrive rapidement, c’est vraiment désagréable. Même si vous ne travaillez pas sur un ordinateur, vous passez sans doute souvent du temps à lire des livres électroniques ou à clavarder sur des réseaux sociaux par le biais des médias électroniques, ou à regarder la télévision. Bien que l’on se détende, les yeux continuent à travailler et presque personne ne pense aux normes d’hygiène qui recommandent une certaine distance entre l’œil et l’écran ou le téléphone intelligent. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes viennent consulter l’ophtalmologiste pour des problèmes oculaires : douleur, inconfort, rougeurs, inflammation, maux de tête. Auparavant, c’étaient les personnes âgées qui souffraient de maux similaires, maintenant ce sont les jeunes. C’est en partie attribuable à une certaine négligence à l’égard de leur propre santé ou à une mauvaise hygiène de vie. Des exercices pour enlever la fatigue visuelle Pour éviter une fatigue oculaire permanente, prêtez attention au mode de vie, à la routine quotidienne et à l’alimentation. Il est utile de passer du temps en plein air, de manger des fruits et légumes et de prendre des complexes multivitaminés. Même sous une lourde charge de travail, prenez de petites pauses pour reposer vos yeux de l’écran. À ce moment, faites des exercices pour les yeux fatigués. Fermez les paupières et, avec les yeux, faites des mouvements circulaires, d’abord dans le sens horaire, puis dans le sens antihoraire. Ensuite, ouvrez les yeux et regardez vers le bas, à gauche, en haut, à droite. Loucher fortement est aussi utile, puis ouvrez les yeux et clignez plusieurs fois rapidement. Il est recommandé de pratiquer ces exercices plusieurs fois par jour. Pour développer l’acuité visuelle, répétez l’exercice suivant : concentrez le regard sur un objet proche de vos yeux, puis détournez le regard vers l’horizon. Le massage En plus des exercices oculaires, vous pouvez aussi faire un massage pour prévenir la fatigue oculaire. Avant le massage, appliquez une crème hydratante anti-allergène pour les paupières. Tout contact avec les yeux doit être doux, ne pas étirer la peau des paupières. Chassez la tension en mettant les paumes de vos mains en forme de cuillère sur vos yeux fermés pour les réchauffer. Puis, frottez doucement vos yeux pour améliorer l’approvisionnement en sang. Massez la paupière supérieure à partir du coin interne de l’œil vers l’extérieur, et la partie inférieure à partir du coin externe ou extérieur vers l’intérieur.

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Pour éviter une fatigue oculaire permanente, prêtez attention au mode de vie, à la routine quotidienne et à l’alimentation. PIXABAY.COM

2016-07-06 10:08 PM


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