ÉDITION MONTRÉALAISE • 13E ANNÉE NO 3 • 3 AU 30 AVRIL 2017 • WWW.EPOQUETIMES.COM
Cultiver les légumes anciens Ayant failli disparaitre, plusieurs légumes du patrimoine reviennent aujourd’hui au menu. En plus d’être savoureux et amusants avec leurs formes et leurs couleurs insolites, ils auraient aussi des capacités uniques pouvant aider l’humanité à s’adapter au changement climatique.
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Crise des opioïdes Une des solutions à cette problématique d'envergure pourrait être bien simple et peu coûteuse. Des recherches démontrent que les groupes de soutien sont un puissant remède pour combattre la dépendance.
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Alice D’Arpino de Mansfield, Massachusetts, tient une photo de son frère Emmett Scannell qui est décédé d’une surdose d’héroïne, tandis que sa mère, Aimee Manzoni-D’Arpino, parle lors d’une conférence de presse sur l’épidémie d’opioïdes, au Capitole en mai 2016. ALEX WONG/GETTY IMAGES
Catastrophe humanitaire et sécuritaire
Est-il possible de bien faire plus d’une chose à la fois? À l’ère de la technologie, beaucoup croient que oui, mais des experts disent que le multitâche peut nous jouer des tours.
Le Yémen fait face à une grave crise humanitaire alors que la situation avec les groupes armés et la nature régionale du conflit est loin de se résorber.
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Le grand ménage du printemps avec vos enfants
Le mythe du multitâche
Sept façons d’encourager vos enfants à ranger
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De la fumée s’élève derrière un édifice après une probable frappe aérienne le 22 janvier 2017.
MOHAMMED HUWAIS/AFP/GETTY IMAGES
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Avec la plus faible densité de population du pays, la Mazurie et ses grands paysages noyés de verts invitent à déconnecter.
La Mazurie, au pays des «Cittaslow», des villes lentes Voyage | PAGE 12
CHARLES MAHAUX
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ACTUALITÉ
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L’entraide : une voie pour sortir de la crise des opioïdes Les toxicomanes en rétablissement sont une ressource importante pour contrer l’épidémie de dépendance aux opioïdes
JOHN MOORE/GETTY IMAGES
Petr Svab Époque Times L’Amérique du Nord est aux prises avec une crise des opioïdes. Au Canada, le gouvernement fédéral veut faire adopter une loi pour qu’il soit plus difficile d’expédier des médicaments par la poste et d’importer des presses pour fabriquer des pilules. Il a également lancé un plan d’action national sur la mauvaise utilisation des opioïdes qui vise, entre autres, les pratiques de prescription inadéquates et de meilleures options de traitement. Les gouvernements provinciaux ont également lancé une grande quantité de programmes visant à s’attaquer au nombre de décès grandissant, qui est particulièrement élevé en Colombie-Britannique en raison de sa proximité relative avec la Chine et puisqu’elle est le port d’entrée principal pour le fentanyl et d’autres opioïdes synthétiques. La Colombie-Britannique a déclaré l’utilisation d’opioïdes une situation d’urgence reliée à la santé publique et a demandé à Ottawa de faire de même, comme l’avait fait un rapport parlementaire du Comité permanent de la Santé en 2016. Aux États-Unis, les gouvernements fédéral et étatiques ont investi des centaines de millions de dollars dans le traitement de la dépendance, tandis que le médecin-chef américain encourage la retenue chez les médecins qui prescrivent des antidouleurs. Le gouvernement fédéral impose également des contrôles plus stricts sur sa frontière sud pour endiguer le flot d’héroïne. La dépendance aux opioïdes est également un moteur du crime, de la prostitution au vol. Il existe toutefois déjà au sein de la société une puissante force de guérison capable de vaincre une maladie aussi tenace que la dépendance, et elle est alimentée par les toxicomanes eux-mêmes.
TORONTO 418, Consumers Road Toronto ON M2J 1P8 Tél. : 416 298-1933 Fax : 416 298-1299 VANCOUVER 530, E Kent S Avenue Vancouver BC V5X 4V6 Tél. : 604 439-9777 Fax : 604 438-8173 OTTAWA 988, Pinecrest Road Ottawa ON K2B 6B5 Tél. : 613 820-2580 Fax : 613 820-8107 EDMONTON #202, 10940 - 166A Street Edmonton AB T5P 3V5 Tél. : 780 428-8657 Fax : 780 988-5911 CALGARY #3, 1916 - 30 Ave NE Calgary AB T2E 7B2 Tél. : 403 616-8968 Fax : 403 250-5943
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cheurs en dépendance affirme que peu d’attention a été accordée jusqu’à maintenant au rôle joué par les organisations de rétablissement comme NA et à ce qu’elles pourraient faire de plus, dans la réponse nationale à la dépendance aux opioïdes. «La réduction potentielle des coûts sociaux reliés à la dépendance aux opioïdes est substantielle, étant donné la contribution de NA au rétablissement à long terme, sa disponibilité géographique et son accessibilité 24 heures sur 24 sans coût associé pour le gouvernement ou les assureurs privés», affirment les auteurs. Il y a environ 30 000 groupes de NA qui tiennent des rencontres à travers le Canada et les ÉtatsUnis, avec des milliers d’autres dans plus de 130 pays. Les sessions sont gratuites et ouvertes à tous ceux qui veulent arrêter de
La plupart des membres en tirent quelque chose parce que les groupes mobilisent les mêmes mécanismes utilisés par les thérapeutes professionnels, expliquet-il. «Ça aide les gens à changer leur réseau social pour un réseau qui est plus propice et qui encourage la sobriété et l’abstinence. Ça les aide à développer des mécanismes de résilience, ça les aide à bâtir... leur confiance dans leur capacité à demeurer sobres, ça les motive et ça diminue l’envie et l’impulsivité», mentionne M. Kelly. De plus, les toxicomanes en rétablissement peuvent offrir quelque chose qu’on ne peut apprendre en formation, soit une expérience commune. «La crédibilité de Narcotiques Anonymes est [démontrée] lorsque j’entends quelqu’un raconter [son histoire de vie qui est similaire à] mon histoire. Si cette personne est capable de le faire, alors moi aussi», explique Wilvena. «Je ne vou la is pas écouter quelqu’un qui avait un diplôme en dépendance, parce qu’il n’était pas passé par le même chemin que moi.»
« La racine spirituelle de notre maladie est l’égoïsme. Tendre la main aux autres est ce qui nous garde spirituellement sains et heureux d’être en vie. »
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ÉDITIONS AU CANADA
Kim Sullivan et Mark Comparone déposent des fleurs sur la tombe de leur fils Benjamin, décédé d’une surdose d’héroïne à l’âge de 27 ans en 2015, au Connecticut — mars 2016
Groupes de guérison mutuelle Les toxicomanes en rétablissement se montrent très efficaces pour aider d’autres toxicomanes à arrêter et demeurer sobres. Des groupes comme Narcotiques Anonymes (NA) utilisent cette ressource depuis des décennies et une récente recherche indique qu’elle fonctionne aussi bien que les interventions psychologiques professionnelles, sinon mieux. Alors que les scientifiques aimeraient obtenir plus de données sur l’efficacité des groupes de guérison mutuelle, l’urgence causée par la crise d’opioïdes incite des experts à demander plus de soutien à cette approche. Dans un article publié en octobre dernier dans Alcoholism Treatment Quarterly, un groupe expérimenté de cher-
consommer. Narcotiques Anonymes est basé sur les 12 étapes de rétablissement développées dans les années 1930 par Bill Wilson et Robert Smith pour leur organisation Alcooliques Anonymes (AA). Les 12 étapes, combinées à d’autres éléments, fournissent une structure qui aide les toxicomanes à organiser des rencontres pour discuter de leurs efforts visant à demeurer sobres. Les AA et d’autres groupes qui suivent 12 étapes ont parfois été qualifiés de religieux, entre autres pour leur invocation de «Dieu tel que nous LE concevions» dans leur matériel. Cependant, autant les participants de NA et les chercheurs externes affirment que le sens est plus large que la religion. Moins du tiers des membres de NA se décrivent comme religieux, alors que près du deux tiers se décrivent comme «spirituels, mais non religieux», selon une étude de 2013 publiée par l’American Society of Addiction Medicine. «La spiritualité dans notre programme signifie essentiellement définir quelque chose qui est plus grand que soi», indique Wilvena G., une bénévole de Narcotiques Anonymes à New York qui est clean depuis 30 ans. «Quand on vient ici pour la première fois, ça pourrait juste être le groupe», affirme-t-elle. Ça doit juste être «quelque chose qui est aimant et attentionné». En pratique, seule une minorité de membres de groupes à 12 étapes – habituellement ceux qui ont des problèmes plus graves – se libèrent de la dépendance par la spiritualité, selon John Kelly, professeur de psychiatrie et de médecine de la dépendance à la Harvard Medical School.
Donner au suivant De plus, aider les autres est une partie intégrale de guérison dans les programmes à 12 étapes. «La racine spirituelle de notre maladie est l’égoïsme», affirme Wilvena. «Tendre la main aux autres est ce qui nous garde spirituellement sains et heureux d’être en vie.» Des décennies de recherche confirment qu’«aider les autres, c’est s’aider soi-même», affirme Keith Humphreys, professeur de psychiatrie et de science du comportement à l’Université Stanford. «Ça semble être dans notre nature, il y a quelque chose à propos de l’expérience de connecter avec une autre personne en l’aidant qui est bénéfique pour nous», ajoute M. Humphreys. Lauren R. a trouvé de l’aide dans un Dunkin' Donuts. Lauren, qui se décrit comme «très juive, de la classe moyenne élevée», ne se considérait pas comme une toxicomane. Après tout, à 21 ans elle avait une voiture, un appartement et un diplôme universitaire – elle n’était assurément pas dans la rue. Mais elle ne pouvait cesser de consommer. Lors d’une pause cigarette à son travail dans un restaurant, elle a éclaté en sanglots en racontant à ses collègues qu’elle ne voulait pas rentrer chez elle. «Si je rentre, je vais consommer parce que j’ai du stock là. Et je ne sais pas quoi faire», se remémore-t-elle. Mais vouloir arrêter et arrêter pour vrai, ce sont deux mondes à part. Elle est retournée chez elle et a consommé à nouveau. Au cours des mois suivants, elle a rencontré un jeune homme qui
travaillait au Dunkin' Donuts et elle y est retournée à plusieurs reprises juste pour jaser avec lui. «Je pense qu’il savait que je consommais», remarque-t-elle. Un jour, il lui a dit : «Il y a une rencontre [de Narcotiques Anonymes] vendredi soir. Tu devrais venir.» «Si vous m’aviez dit que ce serait le dernier jour que je consommerais, je ne l’aurais pas cru. Mais c’est le cas», indique Lauren. Elle est sobre depuis cinq ans. Le jeune homme l’a aidée et maintenant Lauren aide les autres en faisant du bénévolat pour NA. Reprogrammer le cerveau Aider les autres aide aussi à changer son caractère, qui devient déformé par la dépendance, mentionne Carolyn Liot, directrice clinique à The Dunes, une résidence de traitement de la dépendance à East Hampton, New York, qui utilise l’approche en 12 étapes. «Il y a toutes sortes de choses qui se passent dans la tête d’un toxicomane qui sont toutes très centrées sur soi, qui sont sournoises, malhonnêtes, calculatrices, manipulatrices, toutes visant à préserver la dépendance. Et ce n’est pas parce que c’est ce qu’ils veulent, mais parce qu’ils sont maintenant esclaves», ajoute Mme Liot. «Toutes ces voies neurales, elles doivent toutes être reprogrammées.» Il ne s’agit pas d’une métaphore. Des recherches exhaustives démontrent que la consommation répétitive de drogues reprogramme le système de récompense du cerveau. Ce système s’affaisse avec le temps et les toxicomanes développent une réduction globale de la sensibilité au système de récompense, indique un rapport de 2016 du médecinchef américain. Les consommateurs perdent le sens du plaisir qu’ils retiraient autrefois des autres activités, comme regarder un film ou manger des plats délicieux. L’usage des drogues active également la partie du cerveau qui nous aide à développer des habitudes et il supprime la partie qui aide au contrôle de soi. Il active même des neurotransmetteurs qui font sentir mal le toxicomane lorsqu’il ne consomme pas. Mais lorsque les gens vivent une expérience de guérison, ils sentent naturellement le besoin de la partager. Leurs pensées passent de l’égoïsme à l’altruisme, souvent sans le réaliser, explique Mme Liot. «Si vous êtes assez chanceux pour trouver votre chemin, quel genre de personne seriez-vous si vous n’aidiez pas d’autres personnes à s’en sortir également?», remarque un ex-client des Dunes qui a choisi de conserver l’anonymat. Bien que les 12 étapes ne soient qu’une partie de l’approche des Dunes, Mme Liot recommande à tous ses clients de les essayer. «Même si elles semblent un peu vieillottes, elles ont quelque chose de très intemporel et universel», ajoute-t-elle. «Essayez-les.»
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INTERNATIONAL
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Le Yémen passe de la crise à la catastrophe Joshua Philipp Époque Times Le Yémen est en crise. Les civils font face à la famine, les groupes terroristes comme Daesh et Al-Qaïda établissent des camps d’entraînement, et des gouvernements étrangers s’ingèrent et soutiennent des milices locales. Les forces armées américaines maintenaient autrefois une présence sécuritaire au Yémen, jusqu’à leur retrait graduel sous l’administration Obama. En mars 2015, les États-Unis ont évacué ce qui restait de leurs troupes alors que des groupes comme les rebelles houthis, Al-Qaïda et Daesh ont mené à la détérioration de la situation sur le plan de la sécurité. Depuis, la situation ne s’est qu’aggravée. ReliefWeb, un service de l’agence humanitaire des Nations Unies, a rapporté à la fin mars que les combats ont augmenté sur la côte ouest. «La situation pour les civils est grave, et des millions de personnes font face à la famine», mentionne ReliefWeb. L’agence souligne que 70 % des Yéménites dépendent de l’aide humanitaire pour survivre. Les combats ont détruit les routes et d’autres infrastructures et les organisations peinent à fournir une aide appropriée en raison d’obstacles bureaucratiques. Avec la perspective de famine à grande échelle, le ministre des Affaires étrangères allemand, Sigmar Gabriel, a déclaré qu’il n’y a plus beaucoup de temps pour éviter cette catastrophe.
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Une Yéménite brandit un fusil durant une manifestation en face de l’ambassade de l’Arabie saoudite à Sanaa le 18 mars 2017.
Un conflit plus large La situation au Yémen est liée au conflit plus profond qui touche la Syrie, selon Robert J. Bunker, professeur auxiliaire de recherche au Strategic Studies Institute du U.S. Army War College. Il affirme que l’Arabie saoudite et l’Iran sont «impliqués dans une lutte géopolitique sunnite contre chiite pour l’influence dans le Moyen-Orient, avec la Syrie et le Yémen représentant deux fronts» d’un conflit. Au Yémen, les États-Unis soutiennent l’Arabie saoudite et l’Iran soutient les rebelles houthis. Pour compliquer le tout, Daesh lutte également contre les houthis, tandis qu’Al-Qaïda (AQ) tente d’attirer les combattants de Daesh dans ses rangs. Les groupes terroristes sont actifs depuis assez longtemps dans la région pour établir une solide présence. Daesh a affirmé avoir établi un camp d’entraînement au Yémen en juillet 2015, selon Vocativ, et le groupe a publié des photos en ligne montrant ses combattants prétendument en entraînement. De l’autre côté, AQ maintient une présence de longue date au Yémen avec son plus puissant groupe affi lié, AlQaida dans la péninsule arabique (AQPA). «C’est l’apogée de l’État en déroute», affirme Drew Berquist, expert en antiterrorisme et fondateur d’OpsLens, un site spécialisé en sécurité nationale. «C’est une situa-
tion dangereuse. Nous sommes sortis et notre présence est beaucoup plus faible qu’elle devrait l’être.» «Nous voyons ce genre de situation encore et encore», ajoute-t-il. «Vous donnez aux gens le temps et l’espace pour planifier et opérer, ils prennent contrôle et ensuite ils posent une menace plus grande pour l’Occident et les autres.» Attention renouvelée Les forces d’élite de SEAL Team 6 ont pris d’assaut un complexe terroriste au Yémen le 29 janvier dernier dans l’une des rares opérations terrestres des États-Unis dans le pays. C’était également le premier raid antiterroriste conduit sous l’administration Trump. Sean Spicer, porte-parole de la Maison-Blanche, a indiqué le 7 février que l’opération visait à recueillir des renseignements. La mission s’est toutefois mal déroulée. Le SEAL Willian «Ryan» Owens a péri et un aéronef de 75 millions de dollars a été détruit. Trump a vanté la mission et Owens durant son discours devant le Congrès le 28 février, affirmant que «Ryan est mort comme il a vécu, comme un guerrier et un héros, combattant le terrorisme et protégeant notre pays». Selon le Washington Times, la mission n’aurait pas été
compromise comme il a été indiqué par d’autres médias, mais «l’ennemi était mieux préparé à combattre que prévu» et «des femmes dans un édifice ont surpris les commandos en faisant feu». Le reportage indique qu’une maison dans le complexe était réservée pour les membres de famille des terroristes et n’avait pas été évaluée comme posant une menace importante. Cette perception a changé lorsque «les femmes ont pris les armes et ont commencé à faire feu». «Ces [missions] ne se déroulent pas toujours comme prévu», affirme M. Berquist, soulignant que c’est juste que «les gens n’en entendent pas toujours parler». Selon CNN, Trump aurait autorisé le Pentagone à mener d’autres raids en Somalie et en Libye. Il n’est pas clair s’il s’agit d’opérations terrestres ou de frappes par drones. Selon le quotidien The Independent, les ÉtatsUnis auraient mené 40 frappes aériennes au Yémen entre le 1er et le 15 mars. À l’avenir, M. Bunker affirme qu’il est probable que les États-Unis continuent à lancer d’autres missions au Yémen pour cibler des terroristes ou à recueillir des renseignements, mais il ne croit pas que des opérations à grande échelle seront menées.
La révolution numérique de l’industrie des cosmétiques Comment les géants des cosmétiques réinventent leurs modèles commerciaux pour accroître les ventes par des abonnements numériques
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Les vedettes de YouTube Les médias sociaux, en particulier YouTube, ont créé des centaines de célébrités de la beauté, y compris les vlogueurs Michelle Phan, Kandee Johnson et Bethany Mota, au cours des dernières années. Les leçons de maquillage de ces vlogueurs sont parmi les vidéos les plus courues dans la catégorie beauté sur YouTube et ont une influence directe sur les acheteurs. Selon une enquête commandée par Variety et menée auprès de 1500 adolescentes âgées de 13 à 18 ans, les vedettes de YouTube seraient plus populaires que les célébrités hollywoodiennes chez les adolescentes américaines. De plus, certaines de ces vedettes des médias sociaux ont créé leur propre marque de produits de beauté. Kylie Jenner, qui figurait parmi les 10 célébrités les plus suivies d’Instagram l’année dernière, a lancé sa propre ligne de cosmétiques en 2015.
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Emboîter le pas au Nouveau Monde Pour rivaliser avec ces jeunes vedettes, de grandes entreprises comme L’Oréal et Estée Lauder doivent regarder au-delà des médias traditionnels, tels que les magazines ou les publicités en plein air. Elles doivent s’adapter aux nouvelles Jane Lauder, tendances présidente et maîtride la marque ser de nouinternationale velles techClinique et niques pour petite-fille maintenir leur part du d’Estée Lauder marché. «Quand on regarde les ÉtatsUnis et de nombreux marchés occidentaux, FaceOM RC book, YouTube et DE U LA T ÉE Google sont les prinE ES H T É DE G R AC IEUS E T cipaux domaines qui attirent notre attention», indique Jane Lauder. Instagram ainsi que Snapchat sont également en croissance, dit-elle. Clinique et d’autres grandes marques ont réagi à la tendance YouTube en signant NI
Les plateformes sociales telles que YouTube sont en train de bouleverser l’industrie de la beauté en permettant à des marques peu connues ou à des vedettes de l’internet d’obtenir une visibilité, de connecter avec des auditoires de manières inédites. Par contre, pour les géants de l’industrie cosmétique, effectuer une percée dans ce tintamarre numérique constitue un défi majeur. «Nous essayons de suivre, mais tout évolue si vite. Chaque jour est différent et tout change constamment», déclare Jane Lauder, présidente de la marque de cosmétiques Clinique et petite-fi lle d’Estée Lauder, fondatrice d’Estée Lauder Companies inc. Selon Jane Lauder, les habitudes d’achat des jeunes clientes sont très différentes de celles des baby-boomers et de la génération X. «Ma génération [Gen X] et les plus âgés voient probablement une publicité, s’informent, vont dans un magasin et achètent le produit. Mais les habitudes d’achat des jeunes générations sont différentes. Elles font plus de recherches, elles sont armées d’informations et elles prennent les décisions seules, plutôt que de chercher des conseils au point de vente», souligne-t-elle. La jeune clientèle est plus influencée par leurs amies et les médias sociaux. Elle fait confiance aux personnes d’influence sur YouTube, ou aux soi-disant vlogueurs (blogueurs vidéo), dont la portée et l’influence est énorme. Les clientes de 18 à 34 ans représentent près de 29 % du marché des produits de beauté, selon Karen Grant, une analyste de l’industrie mondiale des cosmétiques du Group e NPD, une société d’études du marché. «Il s’agit d’un segment démographique important et en croissance rapide que les grandes marques essaient encore de comprendre», dit-elle. «L’un des grands défis aujourd’hui, c’est qu’il y a tant de voix», précise Karen Grant. «Dans le passé, les grandes marques étaient le porte-parole. Elles pouvaient se
permettre d’être dans les magazines pour avoir plus de visibilité. Aujourd’hui, tout le monde peut être en ligne. Vous ne possédez donc plus l’espace. Vous ne pouvez pas attirer plus d’attention parce que vous êtes une grande marque», précise-t-elle.
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Emel Akan Époque Times
Les clientes de 18 à 34 ans représentent maintenant près de 29 % du marché des produits de beauté. KELLY SULLIVAN/GETTY IMAGES
des accords ou en s’associant avec des vedettes numériques. Selon Mme Lauder, le contenu généré par l’utilisateur offre également une grande opportunité pour le marketing. «Nous nous efforçons d’encourager davantage le contenu généré par les utilisateurs. J’ai récemment fait une vidéo moimême. C’est difficile, ce n’est pas si facile à faire. Nous encourageons donc les clients à soumettre des vidéos», dit-elle. Les jeunes consommateurs recherchent constamment ce qui est nouveau et ce qui est différent, de sorte que les marques de niche peuvent être plus attrayantes pour eux, dit Mme Grant. En conséquence, les géants des cosmétiques transfèrent leurs médias traditionnels et leurs budgets publicitaires vers le numérique. Et pour éviter de perdre des parts du marché face à de nouvelles marques indépendantes, L’Oréal et Estée Lauder achètent de petites entreprises. Fondée en 1946, la célèbre société des produits de beauté Estée Lauder possède aujourd’hui 29 marques dont Bobbi Brown, Clinique, Estée Lauder, MAC, Origins et Lab Series. La société a récemment ajouté les marques Too Faced et Becca à son portefeuille. Depuis quelques années, les habitudes des jeunes consommatrices se sont concentrées plutôt sur le maquillage que les crèmes anti-âge. «Nous n’avons pas vu de croissance dans la catégorie des produits contre le vieillissement au cours des deux dernières années. Mais nous avons observé un boom énorme dans les produits de maquillage et pour le teint», précise Karen Grant. Plus de 70 % de la croissance des ventes de produits de beauté provient du maquillage et cette tendance est principalement attribuée aux jeunes consommatrices et aux personnes d’influence sur les médias sociaux, dit-elle.
L’efficacité du bouche-à-oreille Estée Lauder, célèbre fondatrice de la compagnie, était une vendeuse naturelle et experte en marketing. Aujourd’hui, de nombreuses stratégies de marketing que son entreprise utilise sont toujours en accord avec sa stratégie de vente et sa philosophie. «Selon ma grand-mère, si elle a eu du succès, c’est parce qu’elle comprenait ses clientes. Elle passait beaucoup de temps dans les magasins à l’époque. C’est de cette façon que vous pouviez vraiment connaître vos clientes», raconte Jane Lauder. De nos jours, les médias sociaux permettent aux consommatrices d’exprimer leur opinion en ligne, ce qui est une bonne occasion pour les marques de mieux connaître leur marché cible. «Plus vous comprendrez votre clientèle, plus vous serez en mesure de créer des produits attrayants», explique Jane Lauder. Des décennies avant les médias sociaux, la grand-mère de Jane a cru en l’efficacité du bouche-à-oreille. Elle savait que les femmes qui aimaient ses produits en parleraient. Son expression célèbre était «téléphonez, télégraphiez, dites-le à une femme». Les médias sociaux ont aidé le boucheà-oreille à retrouver son efficacité. Selon Jane Lauder, le bouche-à-oreille est encore la forme la plus efficace de marketing, et sa compagnie peut l’exploiter avec les médias sociaux. Clinique, par exemple, a adopté une façon unique de partager les connaissances sur sa marque : ses consultantes en beauté, qui travaillent au point de vente dans les magasins, travaillent aussi à promouvoir la marque sur les médias numériques et sociaux. Elles ont des vlogs et des blogs qui couvrent des conseils de beauté et tous les aspects des soins de la peau. «Les activités peuvent changer, mais les pensées restent les mêmes», souligne Jane Lauder.
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OPINION
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L’IMPASSE DU
COMMUNISME Pourquoi nous ne pouvons pas considérer le communisme simplement comme un autre instrument dans l’arsenal idéologique de l’histoire
Des paysans debout devant des restes humains durant la famine en Russie. Pendant cette famine, qui a duré de 1921 à 1922, le cannibalisme était largement répandu.
Joshua Philipp et John Nania Époque Times On peut juger de la droiture d’un chemin par la qualité de ses dirigeants et les fruits auxquels il conduit. En retraçant des écrits historiques, on se rend compte que les figures les plus importantes du communisme étaient tous des hommes sournois qui, derrière d’éloquentes paroles, cachaient une véritable haine envers l’humanité. Depuis 100 ans, des régimes communistes existent et leurs fruits ont toujours été les mêmes : le désespoir, la destruction et la mort. Une idéologie de destruction Au début de l’industrialisation et du déclin des monarques, l’homme s’est vu offrir un pacte faustien : abandonne tes traditions, ta conscience et entre dans un nouvel âge. La promesse était celle d’un «paradis sur terre» et le prix à payer était de joindre le mouvement de destruction et de déshumanisation – ainsi que quiconque s’opposerait à cela. Les idées du communisme, et les différentes écoles qui se basaient sur cette idée, avaient déjà fortement imprégné les sociétés européennes avant la Révolution d’octobre 1917 en Russie. Différentes figures militantes les présentaient comme une manière de mettre fin à la souffrance dans le monde, avec des rêves idylliques : il n’y aurait plus de pauvreté ni de faim. Toutefois, en étudiant des écrits de Karl Marx, théoricien du communisme, il semble que son but d’instaurer cette idéologie n’ait pas été fondé sur le souhait d’aider l’humanité, mais plutôt sur le ressentiment et un souhait de vengeance. Dans son poème Invocation d’un désespéré, Marx a écrit sur sa volonté d’établir un nouveau système. Il écrit : «Alors un dieu m’a dépourvu de tout […] Il ne me reste que la vengeance!» Pour se venger, Marx indique dans le poème qu’il va «construire [son] trône tout en haut». Sur ce trône, il écrit : «Froid, immense sera son sommet. Comme rempart – la crainte du superstitieux, Comme maréchal – l’agonie la plus sombre. Celui qui l’observera d’un œil en santé, S’en retournera pâle d’effroi et imbécile.» Marx a plusieurs écrits semblables, dont plusieurs suggèrent que son but d’utiliser le communisme n’a jamais été d’aider l’humanité, mais plutôt de se venger en quelque sorte du ciel. Dans sa pièce de 1839, Oulanem, qui pourrait être la prononciation à l’envers d’Emmanuel, un nom biblique alternatif pour Dieu, Marx entame avec «Bientôt j’embrasserai sur mon sein l’éternité, Bientôt je proférerai sur l’humanité d’horribles malédictions […] S’il y a quelque chose capable de détruire, Je m’y jetterai à corps perdu, Quitte à mener le monde à la ruine. Oui, ce monde qui fait écran entre moi et l’abîme, Je le fracasserai en mille morceaux.» Dans le livre The Making of Modern Economics, Mark Skousen écrit qu’un pacte avec le diable est un thème central dans Oulanem. Tout comme son personnage Oulanem, Marx démontre dans ses écrits un désir de non seulement se détruire, mais aussi de détruire l’humanité. Dans son poème Le Ménestrel de 1841, Marx écrit : «Regarde, mon épée noircie par le sang va poignarder. Infailliblement au fond de mon âme. Dieu ne connaît ni honore l’art. Les vapeurs infernales me montent au cerveau. Jusqu’à la folie et
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KARL MARX (1818–1883)
«[Marx] avait la vision du monde du diable et sa malfaisance. Parfois, il semblait savoir qu’il œuvrait pour le mal.» – Robert Payne, auteur
« Marx appréciait clairement les horreurs qu’il dépeignait et nous le verrons apprécier de la même manière la destruction de classes entières dans le Manifeste du parti communiste. Il s’agissait d’un homme avec cette faculté étrange de se délecter des désastres. » Du livre Marx par Robert Payne
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Campagnes de misère Ce que Marx et Friedrich Engels ont lancé en 1848 avec le Manifeste du parti communiste, c’est une idéologie basée sur la lutte qui, selon leurs propres mots, «abolit toute religion et toute moralité». Ils considéraient leurs croyances comme absolues – l’apogée du progrès humain – et demandent que toutes autres croyances devraient être détruites par une révolution violente. Ils ont basé leur version du communisme sur le concept de «matérialisme dialectique», l’idée absolue selon laquelle la lutte est source de tout développement et la vie n’est rien d’autre que matière. Un des effets de cette croyance a été le mépris de la vie humaine par tous les dirigeants communistes. En 1906, Vladimir Lénine a écrit dans le magazine Prolétaire qu’il envisageait la lutte armée, visant à «assassiner des gens, des chefs et des subordonnés dans l’armée et la police», ainsi qu’à saisir l’argent des gouvernements et des particuliers. Après avoir pris le pouvoir en 1917, Lénine a mis en pratique ces concepts. Des milliers de personnes s’opposant au nouveau régime ont été arrêtées et un grand nombre d’entre elles ont été torturées et exécutées. Lénine et ses partisans ont «décidé d’éliminer, par voies légale et physique, toute opposition ou résistance, même passive, à leur pouvoir absolu», selon le Livre noir du communisme. «Cette stratégie ne s’appliquait pas seulement aux groupes ayant des positions politiques différentes, mais aussi aux groupes sociaux comme la noblesse, la classe moyenne, l’intelligentsia et le clergé ainsi qu’à des groupes professionnels comme les officiers militaires et la police» [tr. libre], mentionne ce livre. Lénine avait également aboli la propriété privée, et les paysans à travers la Russie ont
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VLADIMIR LENIN (1870–1924)
« J’ai commis une grave erreur. Mon cauchemar est d’avoir le sentiment que je suis perdu dans un océan de sang des victimes innombrables. – Lenin, sur son lit de mort
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mon cœur est complètement changé.» Il poursuit : «Cette épée, c’est le prince des Ténèbres qui me l’a vendue» et «Plus en plus téméraire je joue la danse de la mort.» Une analyse de ce poème par le biographe Robert Payne, dans son livre Marx publié en 1968, mentionne que «ce que Marx célèbre ici est un mystère satanique, car le ménestrel est clairement Lucifer ou Méphistophélès [un démon faustien], et ce qu’il joue avec une telle frénésie est la musique qui accompagne la fin du monde». Il ajoute : «Marx appréciait clairement les horreurs qu’il dépeignait et nous le verrons apprécier de la même manière la destruction de classes entières dans le Manifeste du parti communiste. Il s’agissait d’un homme avec cette faculté étrange de se délecter des désastres.» «Il fait très peu de doute que ces histoires interminables étaient autobiographiques», écrit Payne. «[Marx] avait la vision du monde du diable et sa malfaisance. Parfois, il semblait savoir qu’il œuvrait pour le mal.» Nonobstant à quel point étaient étranges les premières œuvres de Marx, ses affirmations et objectifs n’étaient pas si loin de la réalité qu’il a créée : un système qui, durant un seul siècle, a provoqué un nombre de morts sans précédent. Les estimations varient mais, selon les recherches combinées d’historiens – dont Aleksandr Solzhenitsyn, Jung Chang et Jon Halliday, ainsi que les chiffres compilés par le Livre noir du communisme publié par Harvard University Press en 1999 –, ce nombre environne les 150 millions de victimes.
vu l’État s’emparer de leurs biens. Lénine avait établi des quotas stricts sur la quantité des produits alimentaires à être confisquée; quand il s’est rendu compte que ces quotas n’étaient pas atteints, il a donné l’ordre de saisir même les semences. Étant donné que les paysans ne pouvaient semer de nouvelles cultures, et sans surplus de nourriture pour l’hiver, une famine créée par l’homme a affligé la Russie en 1921 et en 1922. Selon le Hoover Institute, la famine a tué entre 5 et 10 millions de personnes. Lénine était absolument ravi. Selon le Livre noir du communisme, un de ses amis s’est plus tard rappelé que Lénine «avait le courage de dire ouvertement que la famine aurait plusieurs conséquences positives», il affirmait qu’elle «amènerait plus rapidement le prochain stade, celui du socialisme qui suit nécessairement le capitalisme». «La famine ne détruirait pas seulement la foi dans le tsar, mais en Dieu également», a-t-il ajouté. L’historien de l’ère soviétique Richard Pipes a écrit dans son livre The Unknown Lenin que Lénine avait provoqué la famine intentionnellement. «Pour l’humanité en général, Lénine n’avait que du mépris», affirme-t-il. L’histoire s’est répétée sous Joseph Staline à la suite de la mort de Lénine le 21 janvier 1924. Staline a commencé son règne de 29 ans de l’Union soviétique en consolidant son pouvoir et en arrêtant et en exécutant ses opposants. En 1929, Staline a lancé un programme sous la bannière du «collectivisme» afin de non seulement s’emparer des biens des paysans, mais aussi de leurs terres et de détruire leur capacité de vendre leurs récoltes. Il a envoyé l’Armée rouge pour confisquer leurs biens, y compris leur moyens de production. Une famine a de nouveau balayé le pays. En Ukraine, entre 7 et 10 millions de personnes ont péri, selon une estimation des Nations Unies publiée en novembre 2003. Au Kazakhstan, environ 1,5 million de personnes sont mortes de faim, selon le Wilson Center. Entre-temps, les paysans qui se sont opposés au programme de collectivisme de Staline ont été étiquetés de kulaks («poings» en russe) et des milliers d’entre eux ont été arrêtés et exécutés. Staline a également profité de cette occasion pour s’attaquer à d’autres ennemis de sa révolution, dont les prêtres et les croyants. Tout comme Lénine, Staline a plus tard déclaré son programme un succès. Au cours de cette campagne, ainsi que de nombreuses autres qui l’ont suivie, Staline a tué entre 60 et 66 millions de personnes, estime le célèbre écrivain et historien russe Solzhenitsyn. L’héritage ensanglanté de Staline a été éclipsé seulement par celui de Mao Zedong, dictateur à la tête du Parti communiste chinois. Avec un programme de collectivisme semblable, Mao a lancé son Grand bond en avant en 1958 et a également déclenché une famine qui, dans l’espace de quatre ans, a tué au moins 45 millions de personnes, selon le livre Mao’s Great Famine de l’historien Frank Dikotter. Le cannibalisme était courant durant cette famine. Des documents découverts par des chercheurs chinois et occidentaux, ainsi que par le Washington Post en 1994, donnent des indices de ce qui est survenu : «Dans la commune de Damiao, Chen Zhangying et son mari Zhao Xizhen ont tué et mangé Xiao Qing, leur fils de 8 ans.» «Dans la commune de Wudian, Wang Lanying ramassait non seulement les
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JOSEF STALIN
MAO ZEDONG
Sous la bannière du « collectivisme » ainsi que de nombreuses autres campagnes qui l’ont suivie, Staline a tué entre 60 et 66 millions de personnes, estime le célèbre écrivain et historien russe Solzhenitsyn.
Mao a lancé son Grand bond en avant en 1958 et a également déclenché une famine qui, dans l’espace de quatre ans, a tué au moins 45 millions de personnes. Sous son régime, 80 millions de personnes aurait été tuées.
(1878–1953)
(1893–1976)
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OPINION
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Un propriétaire terrien est exécuté par un soldat communiste à Fukang, en Chine.
Sans croire que le bien est rétribué par le bien et le mal par le mal, les dirigeants et les partisans du communisme ont commis atrocité après atrocité. dépouilles humaines pour manger, mais il a aussi vendu deux jins [2,2 livres] de chair humaine en la faisant passer pour du porc.» Tout comme Staline et Lénine, Mao a justifié ces morts explique l’historien et auteur Harun Yahya. Mao et ses partisans considéraient que les paysans avaient été punis parce qu’ils n’obéissaient pas assez au Parti communiste chinois. En 1957, un an avant le Grand bond en avant, Mao a lancé sa campagne des Cent fleurs, invitant les intellectuels à critiquer le régime. Il a par la suite utilisé ces critiques comme des aveux de culpabilité pour punir ces gens. Selon le livre Red Holocaust de Steven Rosefielde, Mao a étiqueté environ 550 000 intellectuels de «droitistes» et ils ont été humiliés, congédiés, emprisonnés, torturés ou tués sous ses ordres. Dans le livre Mao : The Unknown Story, les auteurs et historiens Chang et Halliday démontrent que Mao est responsable de la mort d’au moins 70 millions de personnes. Intentions cachées Sous les régimes communistes, avec leur idéologie de lutte, les enfants dénonçaient leurs parents, les étudiants tabassaient et torturaient leurs enseignants, les jeunes s’en prenaient aux vieux et les voisins s’attaquaient entre eux. Ce concept se manifeste clairement dans les effets du communisme, qui a tout d’abord brisé l’esprit des gens par la famine pour ensuite les étourdir avec des exécutions publiques et le harcèlement. Tout cela a détourné les gens de leur moralité et de leurs croyances. Selon The Great War and the Origins of Humanitarianism, 1918-1924 de Bruno Cabanes, on pouvait l’observer tout de suite après la prise de pouvoir par Lénine. «Ces “guerres de paysans” ont déchaîné des démons des deux côtés : les communistes contre les “propriétaires” et les “ennemis du peuple”; les paysans contre tous les signes de la collectivisation», écrit Cabanes. Durant la famine sous Staline, il y a eu des cas de gens qui mangeaient de la chair de personnes décédées ou qui kidnappaient des enfants pour les manger. Des cas semblables de cannibalisme ont été enregistrés pendant le Grand bond en avant de Mao, qui a opposé davantage les gens les uns aux autres par le biais d’autres campagnes. Durant les dix ans de sa Révolution culturelle (1966-1976), les enfants battaient leurs parents, les étudiants arrêtaient des gens dans la rue pour les interroger sur les enseignements de Mao et les tabassaient s’ils ne répondaient pas correctement, les enseignants, les propriétaires et les intellectuels étaient pourchassés, humiliés publiquement ou tués par les Gardes rouges. La Révolution culturelle a détruit et endommagé une grande quantité d’œuvres de la culture traditionnelle chinoise, telles que les œuvres d’art, les temples, les musées et les écrits. Elle a également laissé un vide spirituel, puisque les Chinois ont perdu le lien avec leur propre histoire et l’héritage de 5000 ans de civilisation chinoise ainsi qu’avec leurs riches traditions bouddhistes et taoïstes. Michael Walsh, auteur de The Devil’s Pleasure Palace, a affirmé lors d’un entretien téléphonique que les écrits de Marx sont semblables à l’histoire de Lucifer dans le Paradis perdu de John Milton. Alors que Lucifer se rend compte qu’il ne peut vaincre Dieu, il trouve un moyen de se venger en détruisant les créations de Dieu. «C’est cette notion de transcendance que le communisme met de l’avant, mais qu’il n’a jamais atteinte. Il veut la mort et il crée la mort. La mort est le but de tout système communiste et c’est l’objectif de Satan», affirme Walsh. «Le communisme, c’est la revanche des
« Il veut la mort et il crée la mort. La mort est le but de tout système communiste et c’est l’objectif de Satan. » Michael Walsh, auteur de The Devil’s Pleasure Palace
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Des statues bouddhistes brûlées durant la Révolution culturelle en Chine dans les années 1960 et 1970. Les régimes communistes cherchent à détruire les cultures traditionnelles, particulièrement les religions et leurs artéfacts.
perdants. Ça joue sur le sentiment des gens de se sentir lésés et leur désir de vengeance», dit-il. «Marx était le plus grand des perdants. C’était un fainéant qui exploitait ses amis. Il était fou. C’est un culte de la folie, du sentiment d’être lésé et de vengeance.» Walsh souligne que les valeurs qui sont au cœur de la religion sont partagées dans presque toutes les sociétés à travers l’histoire et que le communisme a ciblé cette racine humaine pour manipuler l’humanité. «Tout le monde veut être le héros de sa propre histoire», dit-il. «[Le communisme] s’appuie sur les sentiments les plus mauvais de l’humanité, comme la jalousie, pour inciter à la révolution – tous les jeunes veulent se révolter contre l’ordre établi – afin d’obtenir ce qu’on désire», affirme Walsh. «Si le communisme proclame “de chacun selon ses habiletés, à chacun selon ses besoins”, on découvre soudainement que personne n’a d’habiletés et que tout le monde a beaucoup de besoins. C’est ça la faille de ce principe.» Le communisme a profité de l’aspiration humaine à un avenir radieux et a détruit la religion pour s’installer à sa place. Selon The White Nights du Dr Boris Sokoloff, en octobre 1919, Lénine a rendu visite au scientifique Ivan Pavlov, reconnu pour ses expériences sur le réflexe conditionné des animaux. Par la suite, Lénine a utilisé les méthodes d’entraînement des animaux de Pavlov pour former les gens dans le système d’éducation soviétique. Selon Sokoloff, Lénine croyait qu’en «conditionnant ses réflexes, l’homme pouvait être standardisé et pouvait être dirigé à penser et à agir selon le modèle requis». Lénine a dit qu’au lieu de l’individualisme, «je veux que les masses populaires de Russie suivent un modèle de pensée et de réaction communiste». L’impasse À chaque endroit où les idées du communisme ont été adoptées, les religions traditionnelles ont été ciblées les premières. Ce fut le cas de l’Union soviétique, qui a réprimé l’Église orthodoxe et le catholicisme, ainsi qu’en Chine, où le Parti communiste chinois réprime les religions occidentales, le bouddhisme et le taoïsme. Le Livre noir du communisme contient des estimations non officielles du nombre de morts sous d’autres régimes communistes, soit 1 million au Vietnam, 2 millions au Cambodge, 1,7 million en Afrique, 1,5 million en Afghanistan, 1 million en Europe de l’Est et 150 000 en Amérique latine. Selon ce livre, le mouvement com-
muniste international et les partis communistes qui ne sont pas arrivés au pouvoir seraient responsables de 10 000 morts. Dans Marx and Satan, Richard Wurmbrand soulève une question que plusieurs se posent : après l’abolition de la religion et de la culture, que reste-t-il? La réponse simple : il ne reste qu’un peuple dépourvu de capacité de se maîtriser et, par extension, de se gouverner. Une telle situation crée des gens qui voient dans les dirigeants le pouvoir suprême et qui ne connaissent pas d’autres idéaux que ceux propagés par l’État. Ils deviennent alors dépendants de l’État. L’abandon de la moralité est également à la base de la violence des dirigeants communistes et de leurs partisans dévoués. Sans croyance dans l’existence de l’âme, du bien et du mal ou du ciel et de l’enfer, leur seule ambition était celle de leur parti, et le concept du bien et du mal était réduit à soutenir ou à s’opposer à la révolution. Sans croire que le bien est rétribué par le bien et le mal par le mal, les dirigeants et les partisans du communisme ont commis atrocité après atrocité. La grande tromperie Il y avait une blague qui circulait parmi les lecteurs du quotidien soviétique officiel La Pravda (la vérité, en russe) : «La seule vraie chose dans l’édition d’aujourd’hui est la date.» Il s’est avéré que le communisme a été une grande tromperie, une arnaque dans l’histoire humaine. Cette théorie est perverse et chaque fois qu’elle a été mise en pratique, elle détruisait la vie et la moralité, dès ses débuts sous la forme de la Commune de Paris, en passant par l’Union soviétique et en arrivant à la Chine d’aujourd’hui. Après plus de 140 ans de communisme mis en pratique, nous pouvons certainement juger par ses fruits plutôt que par ses promesses. Aucun être humain raisonnable ne suivrait un tel chemin. L’humanité pourra respirer librement lorsque le «spectre du communisme» mentionné par Karl Marx dans son Manifeste du Parti communiste, quittera enfin la planète. On estime que le communisme a tué au moins 100 millions de personnes, bien que ses crimes ne soient pas recensés et que cette idéologie persiste toujours. Époque Times tâche d’exposer l’histoire et les croyances de cette doctrine, qui a servi de base à la tyrannie et à la destruction des peuples depuis son émergence. AP PHOTO/CHRISTOPH FROEHDER
Un soldat khmer rouge brandit son pistolet et ordonne à des commerçants de quitter leurs boutiques à Phnom Penh au Cambodge, le 17 avril 1975, alors que la capitale tombait aux mains des forces communistes. Une grande partie de la population a été forcée d’évacuer.
La publication des Neuf commentaires sur le Parti communiste reprendra dans la prochaine édition du journal Époque Times.
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Trouver dans le passé les racines de l’avenir KATYA KONIOUKHOVA
Comment les semences ancestrales favorisent la résilience des écosystèmes et des communautés Frédérique Binette Époque Times C’est bien connu, au cours du siècle dernier, les Canadiens-Français étaient nombreux à être agriculteurs. Chaque maisonnée avait son jardin et, même si les oranges n’étaient offertes qu’à Noël, même si l’hiver pouvait être long à ne manger que des légumes-racines, il y avait, en contrepartie, pour une même espèce bien plus de variétés. J’ai entendu un jour ma grand-mère dire qu’en son temps, les légumes étaient plus savoureux, qu’ils se conservaient plus longtemps. Une allégation que je n’ai pas pris le temps de corroborer avec la littérature scientifique, mais j’aurais tendance à croire que c’est vrai… En explorant le thème des semences artisanales, on apprend que notre biodiversité agricole se perd, que le phénomène est mondial. Or, des gens passionnés réussissent in extremis à sauver de l’extinction plusieurs variétés patrimoniales, à les conserver et les faire revivre. Par ailleurs, ces variétés anciennes auraient une capacité unique à faire face à l’adversité – celle d’un climat changeant ou extrême, ou l’arrivée de nouveaux pathogènes. Se pourrait-il alors que ces semences ancestrales soient en fait de petits lingots d’or? En voie d’extinction Le saviez-vous? Au Canada, des 7098 variétés de pommes recensées entre 1804 et 1904, 86 % auraient disparu. Quant aux choux, aux pois, au maïs et aux tomates, la proportion de cultivars canadiens anciens éteints varie de 81 % à 95 % selon les espèces, relève l’organisme Semences du patrimoine, spécialisé dans la conservation et la mise en valeur des semences ancestrales. À l’échelle mondiale, c’est 75 % de la diversité des cultures qui aurait disparu au cours du XXe siècle, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Pollinisation libre c. hybrides À travers le temps et leurs parcours migratoires, des plantes sauvages ont été domestiquées et façonnées par nos ancêtres ce qui a permis le développement d’innombrables cultivars adaptés à des conditions locales spécifiques et aux préférences culinaires de leurs propriétaires. «Les semences ancestrales sont des semences familiales qui répondent à une localité très précise et à un goût», explique la semencière artisanale de Terre Promise, Lyne Bellemare. Avec leurs parents sauvages, ces variétés cultivées seraient les plus riches dépositaires de la diversité génétique, selon la FAO. Pour être fécondées, le pollen de ces variétés anciennes, ou cultivars à pollinisation libre, est transporté par le vent, les abeilles ou d’autres pollinisateurs indigènes. Ces semences peuvent être ressemées d’une année à l’autre et sont fidèles au plant mère. Or, dès les années 1950, les cultivars à pollinisation libre ont graduellement été délaissés au profit de variétés dites «hybrides», c’est-à-dire d’un croisement entre deux lignées pures et exigeant le plus souvent le concours de l’homme. Ils ont l’avantage d’être «vigoureux» (phénomène hétérosis), mais leurs descendants seront éclectiques et instables, raison pour laquelle les agriculteurs rachètent le plus souvent des semences l’année suivante. Rapidement, le processus d’hybridation permet de développer les caractéristiques voulues chez une plante, par rapport à la pollinisation libre. Pourquoi les avoir préférées? Les variétés hybrides ont été développées au cours de la Révolution verte et ont été sélectionnées pour leur compatibilité avec une agriculture de type industriel. Elles ont certainement des avantages : «Les hybrides que je cultive – parce que j’en cultive quelques uns – peuvent donner certaines performances intéressantes. […] C’est plus facile de planifier un calendrier de production avec les hybrides, il y a plus de précision sur le temps pour arriver à maturité», explique Yves Gagnon qui, de pair avec sa conjointe Diane Mackay, a mis sur pied l’une des premières semencières artisanales du Québec, Les Jar-
Mme Lyne Bellemare, propriétaire de la semencière artisanale Terre Promise située à l’Île Bizarre, à l’ouest de Montréal.
dins du Grand-Portage. «Les hybrides sont plus stables et uniformes. Et de nos jours, c’est ce qu’on recherche en agriculture : il faut que ça rentre dans le tracteur, que ce soit prêt en même temps, que la tomate soit ronde et supporte bien le transport», poursuit Mme Bellemare. Elles sont donc commodes ces hybrides. Là où il y a avantage, il y a inconvénient Or, que ce soit parce qu’ils ont été sélectionnés pour leur haut rendement ou parce qu’ils sont exposés à plus d’engrais, il semblerait que les cultivars modernes qui poussent plus vite et qui sont plus gros n’acquièrent pas nécessairement des nutriments à un taux aussi rapide que leur croissance, selon le Dr Donald R. Davis, dans son article intitulé Trade-Offs in Agriculture and Nutrition. Ce dernier a étudié la composition nutritionnelle de fruits et de légumes de 43 jardins aux États-Unis, de 1950 à 1999. Il aurait observé que, pour 13 nutriments étudiés, 6 ont vu leur concentration médiane diminuer : protéines (-6 %), phosphore (-9 %), fer (-15 %), calcium (-16 %), vitamine C (-20 %), riboflavine (-38 %). Les plantes feraient des compromis; par exemple, entre le nombre de leurs graines et leur grosseur ou entre le taux de croissance et la résistance aux maladies. Pour une agriculture écologique et de proximité Du côté des semenciers artisanaux, d’autres critères sont importants : «Mes critères sont d’abord la saveur, l’adaptation à la culture biologique et la rusticité, c’està-dire l’adaptation aux conditions froides parce que je travaille en zone 4», note M. Gagnon. «J’aime les variétés qui produisent, mais qui résistent aussi et dont la production va s’échelonner sur une longue période», relate Mme Bellemare. «Ce n’est pas du tout la même approche. La raison pour laquelle on ne retrouve pas la tomate Savignac [variété ancienne] dans les épiceries, c’est parce qu’elle n’a pas une si bonne conservation. Elle est plus sensible aux difformités, au craquement. C’est ce qui va faire en sorte que c’est un cultivar très bien adapté aux circuits courts, pas à des circuits conventionnels de mise en marché», explique M. Gagnon. La même semence pour tout le monde Aujourd’hui, trois compagnies semencières détiennent plus de la moitié du marché mondial des semences conventionnelles, selon USC Canada. Or, «Une grande compagnie semencière ne produira pas 20 000 variétés de concombres pour répondre à chaque localité spécifique, elle en produira 500 pour la planète entière», note Mme Bellemare. Elles sont donc des «règles générales» et non des «cas particuliers». «Je prends toujours l’exemple du vélo Bixi. À Montréal, le Bixi est bon pour la moyenne des gens, mais ce n’est pas idéal pour faire le Tour de France ou, même, monter la côte sur la rue Sherbrooke [rires]! Quand il y a de petites excentricités qui ne répondent pas à la norme, c’est fichu. Pour les semences, c’est le même principe. Ce sera la même semence pour les villes de Québec et Vancouver, pourtant les conditions de culture seront très différentes», illustre Mme Bellemare.
Les coups de cœur des semenciers [et leur histoire] Double coup de cœur pour Lyne et Yves : la tomate Savignac [texte d’Yves Gagnon] «Le frère Armand Savignac était un clerc de SaintViateur résidant au Centre de réflexion chrétienne de Joliette. Condamné à l’âge de 42 ans par la médecine conventionnelle à cause de problèmes de digestion chronique, il a quitté l’enseignement pour se consacrer à temps plein au jardinage. Suite aux conseils de naturopathes, il a suivi un régime principalement frugivore ce qui lui a permis de vivre jusqu’à l’âge de 95 ans. Alors qu’en 1948, il s’initie à la méthode de compostage «Indore» avec Alphonse Dufresne de Saint-Félixde-Valois, il rencontre Raymond, le frère d’Alphonse, qui lui remet des semences d’une tomate rose que le frère Armand sèmera l’année suivante. Il est tellement impressionné par la vigueur des plants produits ainsi que par la succulence des fruits récoltés qu’il abandonne tous les cultivars qu’il avait expérimentés jusque-là pour se consacrer exclusivement à la culture de cette tomate qu’il baptisa la Dufresne en l’honneur de celui qui lui avait offert les semences.
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La capacité d’adaptation Et alors, les cultivars à pollinisation libre sauront-ils mieux répondre aux «petites – et moins petites – excentricités» du climat induites par le changement climatique? «C’est une des forces des cultivars anciens, de la génétique patrimoniale : leur capacité d’adaptation qui s’est développée au fil des siècles. Je suis convaincu que cette capacité d’adaptation est beaucoup plus présente dans les cultivars patrimoniaux que dans les hybrides modernes», défend M. Gagnon. «Il y a des études qui montrent qu’assurément, les variétés à pollinisation ouverte ont une plus grande capacité d’évolution parce qu’elles ont moins d’uniformité génétique. Quand l’environnement change, la population de la variété change aussi, elle a le potentiel génétique de changer», explique Mme Helen Jensen, doctorante de l’Université McGill où elle a étudié l’évolution et la génétique des variétés d’orge traditionnelles au Maroc et coordonnatrice pour le Québec de l’Initiative de la famille Bauta sur la sécurité des semences1. Cultiver la biodiversité Si auparavant l’agriculteur était au centre de tout le cycle de culture, de la plantation à la récolte des semences, aujourd’hui l’utilisation de semences hybrides interrompt ce cycle. Quant aux cultivars à pollinisation libre, des banques de semences ont été créées pour les conserver mais «la biodiversité cultivée n’est plus dans les champs des paysans, elle est gelée, elle n’est plus en évolution, elle n’est plus en train de s’adapter», déplore la Dre Goldringer, chercheure à l’Institut national de la recherche agronomique en France, dans sa présentation Sélection participative de la biodiversité cultivée. Pour cette dernière, la prédominance de quelques variétés de cultivars, leur homogénéité génétique et les pratiques agricoles qui leur sont associées sont des facteurs qui les rendent vulnérables. C’est une situation à laquelle Lyne Bellemare souhaite remédier en offrant des formations sur la reproduction de semences à pollinisation libre : «Ça fait partie de ma mission. Je dois non seulement rendre les semences disponibles, mais aussi montrer aux gens comment les reproduire […] Les banques de semences c’est un back-up. Les semences sont vivantes et, même congelées, elles ont une durée de vie», explique Mme Bellemare. Et ne négligeons pas l’impact des petites surfaces! «Les champs de maïs et de soya transgéniques de la vallée du Saint-Laurent n’ont aucune diversité génétique, ils n’ont pas de capacité d’adaptation à grand-chose si on les compare à la diversité génétique de mon petit jardin d’un hectare!», s’exclame M. Gagnon. Le vent dans les voiles Par ailleurs, l’intérêt pour les semences du terroir croît: «Je pense qu’il y aura de plus en plus de productions de cultivars à pollinisation libre parce qu’il y a une demande pour des aliments plus goûteux et les gens sont fascinés par la diversité des formes, des couleurs, etc. On est maintenant une quinzaine de semencières artisanales au Québec et la diversité de l’offre est assez surprenante. Depuis 10 ans, il y a sans aucun doute quelque chose d’intéressant en train de se passer», conclut M. Gagnon.
KATYA KONIOUKHOVA
KATYA KONIOUKHOVA
D’un rouge tirant sur le rose, la tomate Savignac a le goût de la tomate d’autrefois. Elle est résistante et assez productive.
»Lorsque j’ai rencontré le frère Savignac dans son jardin en 1985 alors qu’il comptait presque 90 années, je fus sidéré par la qualité de ses 200 plants de tomates qui atteignaient 3 mètres, tout comme la qualité des nombreux fruits qu’ils portaient. J’ai rapporté des semences chez moi et cultive cette tomate depuis ce temps. Je l’ai baptisée «Savignac» en l’honneur du frère Armand qui l’a sauvée de l’extinction tout en l’améliorant par une sélection patiente et méticuleuse.»
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Coup de cœur d’Yves : le melon Oka [adaptation d’un écrit d’Yves Gagnon] L’aventure débute avec le mythique melon de Montréal. Déjà, en 1684, on sait qu’à Québec, les Jésuites produisaient un gros melon au goût de muscade qui en était sans doute l’ancêtre. Dans les années 1800, les familles Décarie et Groman cultivaient cette souche sur le flanc sud du Mont-Royal. Protubérant, à chaire verte et musquée, on rapporte que vers 1905, ses fruits pouvaient atteindre 12 kg et se détaillaient 15 $ la douzaine sur le marché américain – une petite fortune à l’époque! Or, en 1920, la famille Décarie dut vendre sa ferme pour que l’autoroute soit construite et la culture du melon mythique fut abandonnée. Ce n’est qu’en 1996, qu’un journaliste du journal The Gazette retraça les graines dans une banque de semences de l’Iowa aux États-Unis et Ken Taylor, propriétaire d’une ferme à Notre-Dame-de-l’Île-
Perrot, reçut le mandat de les semer. Une seule graine sur les 200 récupérées germa, mais le melon fut sauvé de l’extinction. Imposant, résistant mal au transport, de culture complexe, friand de chaleur et long à mûrir, la culture du melon de Montréal pouvait difficilement être réussie ailleurs que sur l’île de Montréal. C’est ainsi que vers 1910, le père trappiste Athanase, des Cisterciens d’Oka et directeur de l’Institut agricole d’Oka, le croisa avec le melon américain Banana. Il en résulta un melon brodé à chair orange très parfumée, mais moins corpulent que le melon de Montréal et, surtout, moins capricieux. Par une sélection laborieuse des descendants de cet hybride, on réussit à en stabiliser la génétique et en faire un cultivar à pollinisation libre. Ainsi naquit le melon Oka. Toutefois, à la fermeture de l’Institut en 1962, le cultivar fut presque perdu. Heureusement, on en retrouva des semences chez un jardinier de L’ÎleBizard ce qui permit de le sauver in extremis. On le cultive maintenant dans plusieurs régions du Québec. Issu du croisement entre le melon de Montréal et le melon Banana, le melon Oka a la chair orange et est très parfumé. YVES GAGNON
Coup de cœur d’Yves : le concombre Tante Alice [adaptation d’un écrit d’Yves Gagnon] «Mme Marie-Alice Laflamme, née Gosselin en février 1910 à Saint-Lazarre de Bellechasse, est dixième d’une famille de onze. Toute jeune, elle se passionne pour le jardinage et récoltera des semences de nombreux légumes, notamment celles d’un concombre peu amer, très digeste,
d’une vitalité surprenante, résistant et adapté au climat septentrional. En 1995, son neveu, Marcel Gosselin, offrit les semences de sa tante à Antoine D’Avignon, membre fondateur et représentant du Québec à l’organisme Semences du patrimoine, qui produisit des semences à son tour et les ajouta au catalogue de l’organisme. Le cultivar de concombre Tante Alice est maintenant largement disponible. Marie-Alice Laflamme est décédée en 2005, et Antoine d’Avignon est décédé prématurément en 2003.»
Peu amer, très digeste, résistant et rustique, le concombre Tante Alice est un incontournable des jardins du Québec. LYNE BELLEMARE
MATHIEU BOYD
Coup de cœur de Lyne : le maïs canadien blanc [texte de Lyne Bellemare]
L’abeille et les pollinisateurs indigènes jouent un rôle essentiel pour le maintien de la biodiversité.
La récolte des semences KATYA KONIOUKHOVA
cet été là, Antoine en parle à son amie, Mme France Bouffard, qui le prie de lui donner quelques graines. Hésitant, car il en a très peu, il finit par lui laisser 6 semences. Celle-ci les cultive et les multiplie, puis en fait de la farine pour ses crêpes. «Antoine D’Avignon était un passionné »Plus récemment, Mme Bouffard prend des légumes anciens. Précurseur au Qué- contact avec moi, qui travaille alors aux bec dans la sauvegarde des semences du Semences du patrimoine. Nous parpatrimoine, il a récolté, cultivé et partagé lons. Elle aborde le maïs, puis m’en fait plusieurs variétés qui, sans lui, auraient parvenir par la poste. Ayant eu une belle aujourd’hui été oubliées. Par exemple, la première récolte, nous pouvons donc vous pomme de terre Crotte d’ours de Louis- l’offrir à notre tour. Comble de chance, Marie, la tomate Ice Grow (de Suzanne Antoine avait donné des graines à un autre Bourgeois), le blé Huron, et… ce maïs. de ses amis, René Paquet, qui a jusqu’à ce »Lors d’une entrevue médiatisée à la fin jour gardé l’enveloppe du maïs. Et, sur l’endes années 1990, il lance un appel à tous : le veloppe, un nom. maïs québécois que nos grand-mères culti»Anita Fournier, de Nicolet – Nous vaient n’existe plus. Personne ne fait plus sommes à la recherche de cette dame (probapousser du maïs à farine. Après l’entrevue, blement décédée aujourd’hui) ou de sa desune dame, téléphone à la station de radio cendance. Prière de nous informer si vous pour dire qu’elle avait en sa possession des la connaissez. Prendre note qu’une partie semences de maïs à farine cultivé dans sa des semences a été envoyée aux Semences famille depuis des lustres. du patrimoine pour conservation. En espé»Et c’est ainsi qu’elle a partagé rant que vous contribuerez vous aussi à avec Antoine son précieux trésor. Puis ajouter un nouveau chapitre à l’histoire.» LYNE BELLEMARE
Le haricot Thibodeau est une variété familiale de la Beauce. À essayer en fèves au lard.
Coup de cœur de Lyne : le haricot Thibodeau [Texte de Lyne Bellemare] «Ancien cultivar nain provenant de la Beauce au Québec, ce haricot se mange frais ou sec. Ses cosses vertes sont striées de violet. Selon plusieurs, il fait les meilleures fèves au lard, mais les partisans du haricot Famille Boucher ne sont pas d’accord. La solution? Mélangez les deux.
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»La Beauce était un territoire autrefois occupé par la nation iroquoise du Saint-Laurent. Il serait donc possible que ce soit un descendant des haricots que ce peuple cultivait. Lors de l’arrivée des premiers colons, beaucoup d’échanges se fi rent entre les deux populations, et les haricots se transmirent ainsi aux nouveaux arrivants. Ceux-ci, par contre, en sélectionnèrent par la suite plusieurs variétés sur de longues années, ce qui favorisa l’apparition de nouvelles lignées dans les variétés.»
Le maïs canadien blanc est un maïs à farine idéal pour les crêpes du samedi! 1. Initiative de la famille Bauta sur la sécurité des semences au Canada : www.seedsecurity.ca/fr/ dans les variétés.
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Vivre
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Le mythe du multitâche Est-il possible de bien faire plus d’une chose à la fois? Conan Milner Époque Times Le multitâche est un mauvais tour que nous nous jouons à nous-mêmes – comme nous accomplissons plusieurs tâches à la fois, nous croyons être plus productifs, mais les experts affirment le contraire. Selon l’American Psychological Association, le multitâche peut faire gaspiller «jusqu’à 40 % du temps productif d’une personne». Les ordinateurs et les téléphones intelligents offrent plus d’occasions de multitâches que jamais auparavant. Ils permettent d’envoyer un message, de publier sur Instagram, de jouer à un jeu et de regarder une vidéo sur le même écran. On pourrait penser que notre savoir-faire technologique devrait nous rendre plus efficaces dans les multitâches, mais il a été démontré que dans les faits il peut affaiblir nos capacités mentales. Des chercheurs de l’université de Stanford ont constaté que les élèves qui avaient pris l’habitude d’interagir avec plusieurs flux de médias possédaient une concentration inférieure et une durée d’attention plus courte que leurs pairs qui ont maintenu la technologie multitâche à une utilisation minimale. Au cœur de notre insuffisance dans les multitâches se trouvent les limites de notre biologie. Seuls les ordinateurs peuvent faire plusieurs calculs à la fois – la nature de l’attention humaine requiert une seule cible, selon la neuroscientifique Susana Martinez-Conde. «Les circuits neuronaux qui suscitent la concentration sont des circuits destructeurs», dit-elle. «Si vous partagez votre attention entre deux tâches ou plus, elles se suppriment mutuellement, parce que le fait de porter attention à quelque chose implique que vous supprimiez autre chose.» Cela suggère que le multitâche – du moins pour les êtres humains – est impossible, parce que notre cerveau ne peut pas porter attention à deux tâches en même temps. Un terme plus précis peut être «la commutation de tâche», mais la plupart d’entre nous sont plutôt médiocres en la UNSPLASH.COM matière. Les experts estiment que moins de 2 % La plupart des gens ont besoin de fournir beaucoup d’effort mental pour passer d’une tâche à une autre. de la population est efficace lors de la commutation des tâches. Tous les autres ont besoin de fournir beaucoup d’effort men- neuroscientifique et son collègue Stephen d’autres tâches qui demandent une atten- bureau exécuté auparavant par trois, cinq, tal pour passer d’une tâche à une autre, et L. Macknik démontrent que ce sont les tion particulière. Après quelques minutes, parfois dix personnes à temps plein», a-tplus une tâche exige de l’attention, plus il mêmes subterfuges qui sont utilisés dans la une alarme ou un bip vous avertit que vous il dit. M. Lamas affirme que les organisations avez un message insest difficile de comtantané, un texto ou investiront chez des professionnels aux muter. une mise à jour de tâches bien ciblées seulement lorsqu’ils Coordonner des profil Facebook vous y verront un intérêt particulier. Margaactivités qui nécessitent peu d’atteninvitant à passer à ret King ajoute que selon une analyste l’action. En effet, ces culturelle qui étudie les comportements tion, comme manger distractions semblent humains dans les grandes entreprises, les un sandwich, consulsi minimes que nous employeurs échouent dans leur vision du ter vos courriels et regarder une émis– Margaret King, directrice, Centre d’études culturelles d’analyse pensons qu’elles ont multitâche parce qu’ils ne mesurent pas les peu d’impact sur conséquences négatives sur la productivité. sion peut être réalinotre travail. PourAu service à la clientèle, par exemple, les sable, mais les conséquences peuvent être préjudiciables lorsque magie sur scène que ceux qui nous rendent tant, elles grugent notre temps et notre employés doivent répondre au téléphone, servir les clients en personne, utiliser l’ordivous accomplissez des tâches qui requièrent aveugles au multitâche tellement la chose concentration. «Chaque fois que vous faites cela, vous nateur et aller à l’entrepôt pour vérifier une une plus grande attention, comme écrire nous fascine. «C’est essentiellement la stratégie du perdez du temps, entre 30 secondes et 5 commande. Toutes ces actions s’accomun texto et conduire. Une étude a constaté minutes, mais ces pertes de temps se seront pagnent de défis individuels, mais passer que la performance des gens qui condui- “diviser pour régner”», a-t-elle dit. Puisque notre constamment d’une saient en téléphonant (même en mains tâche à une autre libres) était aussi médiocre que celle d’un attention est optidemande plus que male lorsque nous la conducteur ivre. concentrons sur une du temps. Fascinés par le multitâche seule cible, le magi«Dans les entreprises où il faut Si les humains sont si médiocres dans cien utilise souvent – Susana Martinez-Conde, neuroscientifique faire beaucoup de le multitâche, pourquoi adoptons-nous ce plusieurs distractions pour dissimutâches différentes, les comportement? Mme Martinez-Condé a abordé ce sujet ler les détails d’un tour de magie, créant accumulées à la fin de la journée», a pré- employés surmenés finissent par s’épuiser cisé Mme Martinez-Conde. et par démissionner», a souligné Mme King. en étudiant le monde des magiciens. Dans ainsi une illusion parfaite. Dans un monde où les gens s’attendent «On fatigue notre cerveau en lui imposant Un scénario identique se crée lorsque son livre Ceci n’est pas un lapin – Quand les neurosciences dévoilent les secrets des vous êtes à l’ordinateur et que vous tra- à des réponses rapides, il y a beaucoup de de faire beaucoup de tâches différentes en magiciens qui bernent notre cerveau, la vaillez, payez des factures, ou effectuez pression sociale qui nous pousse à rester même temps.» connectés à nos appareils. Cependant, être toujours connecté crée une dépendance et Définir ses limites sape encore plus notre concentration. La réalisation d’un projet demande du Une recherche de l’Ohio State Univer- temps et de l’attention. Toutefois, beaucoup sity a révélé que les étudiants étaient plus d’employés travaillent dans des endroits où susceptibles aux distractions numériques il y a beaucoup de distractions, ce qui ne quand ils devaient étudier. Les élèves ont pu leur permet pas d’accomplir leurs tâches. SAMEDI le 3 et avant le 15 avril 2017 constater que ce comportement les ralentis- C’est pourquoi Mme King voit beaucoup DIMANCHE le 4 juin 2017 sait dans l’atteinte de leurs objectifs, mais d’employés apporter du travail à la maison. Appor tez cette habitude de multitâche les faisait se «Au travail, vous ne pouvez pas dire à votre pique-nique sentir plus satisfaits émotionnellement pen- votre patron : “Je ne peux pas vous parler dant leurs périodes d’étude. en ce moment.” À la maison, si votre famille Les psychologues parlent de ce genre comprend votre situation ou si vous vivez Équid’habitude comme capable de générer seul, vous n’êtes pas obligé de socialiser. UIS DEP 7 un «renforcement intermittent». C’est le Et vous pouvez enfin vous concentrer», a ...le choix de tes 5 19 même mécanisme qui rend dépendant au expliqué Mme King. activités préférées jeu. Par exemple, lorsque nous consultons Les architectes qui ont la productivité à Équitation, tennis, tir à l'arc, chaloupe, pédalo, constamment les médias sociaux, en géné- l’esprit réinventent maintenant les espaces mini-ferme (chèvres, chiens, chats, lapins, cochons, ral, il n’y a pas de nouveauté. Puis, finale- de bureau qui sont plus orientés vers la moutons, paons, poules, etc.), natation, canot, ment, quelque chose de nouveau surgit et concentration et moins vers la socialisation. escalade, hébertisme, excursions, athlétisme, nous pousse à répondre immédiatement. En attendant, les experts recommandent artisanat, feux de camp et soirées animées, bricolage, sciences naturelles, mini-golf, Cette récompense occasionnelle et impré- de bannir les distractions que vous poujeux (ballon, badminton, jeux coopératifs, etc.). visible nous maintient dans un état d’anti- vez contrôler. Et plein, plein d'autres découvertes! «Il y a un combat continuel pour capter cipation même si la plupart du temps il n’y ...et même devenir a rien d’intéressant à voir. notre attention, donc vous devez contrômonitrice si tu le veux! «À cause de la façon dont nos cerveaux ler l’environnement qui vous entoure», a Programme de formationpour sont programmés, cette récompense est précisé Mme Martinez-Conde. «Si j’ai un aspirante-monitrice (PAM) très puissante», a fait observer Mme Mar- travail à accomplir, je ferme ma boîte de tinez-Conde. courriels ainsi que Facebook et je baisse le FILLES 4 – 16 ANS volume de mon téléphone cellulaire. Sinon, GARÇONS 4 – 12 ANS Nous embauchons des personnes mul- je sais que je vais continuer à les consulter et à me laisser distraire.» titâches Pour Margaret King, la clé de la gestion Les employeurs sont également fascinés par l’attrait du multitâche. Selon Conrado du temps est de fi xer des priorités. Au Lamas, responsable du marketing dans une lieu d’essayer de tout faire à la fois, idenjeune firme de technologie en Espagne, les tifiez ce qui est le plus important et metentreprises pensent faire de grosses écono- tez toute votre énergie dans l’atteinte de ce mies avec les travailleurs qui peuvent pas- seul objectif. CAMP MÈRE CLARAC - SAINT-DONAT ser d’une tâche à l’autre. «Si vous concentrez toute votre attenwww.campclarac.ca info@campclarac.ca «Au cours des dernières décennies, la tion sur la priorité absolue, tout le reste technologie a pu concentrer le travail de s’ajuste», dit-elle.
« Dans les entreprises où il faut faire beaucoup de tâches différentes, les employés surmenés finissent par s’épuiser et par démissionner. »
« Si vous partagez votre attention entre deux tâches ou plus, elles se suppriment mutuellement. »
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Le chardon-Marie guérit le foie, le protège et agit comme antidote Conan Milner Époque Times Dans plusieurs cultures anciennes, les plantes épineuses qu’on appelle les chardons sont un symbole de protection et de respect. Mais cette plante a beaucoup plus à offrir que ses piquants. Le chardon-Marie en particulier a été utilisé par les médecins pendant au moins 2000 ans comme un remède pour protéger, désengorger et régénérer le foie. Le chardon-Marie tient son nom d’une légende qui raconte que Marie aurait donné le sein à l’Enfant Jésus, près d’un bosquet de chardons. Quelques gouttes de son lait tombèrent sur les feuilles, d’où les nervures blanches caractéristiques à cette espèce. Il a des fleurs rose vif ou pourpres qui deviennent des touffes duveteuses à la fin de l’été, ses graines sont disséminées dans l’air par le vent. Le nom botanique pour le chardon-Marie, qui est Silybum marianum, vient du mot grec sillybon qui signifie «touffe». Dans les années 1960, des scientifiques allemands ont identifié dans le chardonMarie un groupe de flavonoïdes connu sous le nom de silymarine, qui est considéré comme le principe actif permettant au foie de retrouver ses capacités de régénération. La silymarine se trouve en plus grande concentration dans les graines, qui sont récoltées de la fin de l’été jusqu’au début de l’automne, juste avant qu’elles ne mûrissent. L’engorgement du foie Les herboristes, autant les anciens que ceux d’aujourd’hui, recommandent le chardon-Marie pour les problèmes du foie. La Commission allemande E, l’agence gouvernementale qui évalue les plantes médicinales, approuve l’extrait de graine de chardon-Marie normalisé pour les maladies inflammatoires chroniques du foie et la cirrhose. Mais vous n’avez pas besoin d’avoir des problèmes de foie extrêmes pour profiter des bienfaits du chardon-Marie. Chacun peut avoir besoin d’un peu d’aide de temps en temps au niveau du foie. Le foie sert de filtre pour notre corps, évacuant les poisons, l’excès d’hormones et les autres impuretés de notre sang. Le foie produit aussi la bile pour nous aider à digérer les graisses et les protéines. Quand cet organe est saturé, une variété de maladies en résultent : maux de tête, problèmes menstruels, inflammation systémique, hémorroïdes, varices et problèmes digestifs. Ce ne sont là que quelques maladies pour lesquelles le chardon-Marie est utilisé. Pour les médecins de l’Antiquité, les problèmes de foie dépassent le corps physique et s’étendent même au domaine de l’âme et de l’esprit. Dans la médecine traditionnelle chinoise, par exemple, le foie et la vésicule biliaire sont responsables de la bonne circulation du qi (l’énergie) partout dans le corps. Selon ce système, le qi stagnant dans le foie se manifeste souvent par de la colère, de la frustration et de la dépression. Une idée semblable a été décrite en Europe à la fin des années 1500, quand l’herboriste et botaniste londonien John Gerard a déclaré que le chardon-Marie était le «meilleur remède pour les maladies mélancoliques». Le chardon-Marie a plusieurs caractéristiques particulières qui font de lui l’ami du foie. Cette plante riche en antioxydants a montré qu’elle régénère les cellules de foie, renforce les parois cellulaires dans le foie, réduit l’inflammation dans le foie et la vésicule biliaire et dissout les calculs biliaires pour que la bile puisse circuler librement. La silymarine a aussi montré qu’elle augmente la production de glutathion, un complexe d’acides aminés qui aide le corps dans de nombreuses fonctions métaboliques et protège des cellules contre des toxines. Protection contre le poison Étant donné le pouvoir protecteur du foie du chardon-Marie, certaines personnes prennent cette plante quotidiennement pour se prémunir contre les toxines environnementales, comme les pesticides, la pollu-
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Illustration de chardon-Marie, par William Curtis, 1778-1781
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tion automobile et les produits chimiques des produits nettoyants. Parce que l’abus d’alcool est notoirement difficile pour le foie, il est facile de voir pourquoi le chardon-Marie est souvent recommandé à ceux qui boivent trop. Les études sur la silymarine ont démontré une amélioration significative des fonctions hépatiques pour ceux qui souffrent de maladies mineures du foie reliées à l’alcool, mais elle serait moins efficace pour les cas plus graves. Pour ceux qui boivent seulement de temps en temps, l’extrait de chardon-Marie peut aider à éviter la gueule de bois. Dans l’Europe ancienne, le chardon-Marie était privilégié comme un antidote au venin de serpent et à d’autres poisons. Aujourd’hui, un nombre croissant de médecins croit que la silymarine peut offrir la meilleure protection contre l’amanite phalloïde, un champignon potentiellement mortel, et d’autres variétés de champignons fortement toxiques. En 2011, quatre cas d’empoisonnement à l’amanite phalloïde ont été traités à l’hôpital universitaire de Georgetown avec des injections d’un extrait de chardon-Marie appelé la silibinine. Tous les patients ont connu un rétablissement complet. Les chercheurs croient que le chardonMarie travaille en empêchant les toxines d’entrer dans les cellules du foie ou en les éliminant avant qu’ils causent des dommages. Cancer La silymarine et d’autres composés phytochimiques à base de chardon-Marie ont semblé prometteurs dans des études préliminaires pour prévenir certains types de cancers, comme ceux de la peau, de la langue, de la vessie, de la prostate, du colon et de l’intestin grêle. Selon l’Institut national du cancer, la recherche sur le chardon-Marie indique que cette plante a le potentiel de rendre la chimiothérapie moins toxique et plus efficace, de ralentir la croissance de cellules cancéreuses et d’aider à réparer les tissus du foie. Comment l’utiliser Pour une plante aussi puissante, le chardon-Marie a un goût plutôt doux et un peu amer, rappelant la noisette. La Food and Drug Administration américaine reconnaît le chardon-Marie comme sûr et non toxique. Cependant, il peut y avoir une réaction pour ceux qui sont allergiques aux plantes de la famille des composées (le tournesol, la pâquerette, l’aster, etc.) En Allemagne, où la plupart des recherches ont été effectuées, les médecins recommandent d’utiliser les extraits de chardon-Marie qui sont normalisés à 80 % de silymarine. La silymarine n’étant pas soluble dans l’eau, un thé de chardon-Marie ne fournira pas ce complexe de flavonoïdes, mais il y a d’autres composés bénéfiques dans cette plante que l’eau peut extraire. Consultez un naturopathe qualifié pour connaître la dose et la meilleure utilisation de cette plante pour votre condition. Cependant, pour la protection quotidienne du foie, vous pouvez simplement suivre la posologie qui est sur le contenant. Vous pouvez prendre le chardon-Marie seul, ou combiné dans une formule avec le pissenlit, le fenouil, le buplèvre, le curcuma, ou d’autres plantes ayant la réputation de nettoyer le foie. Une autre façon de prendre le chardonMarie est de le manger. Cette plante a été une source de nourriture dans certaines parties de l’Europe pendant des centaines d’années. Une fois les piquants enlevés, les feuilles sont un légume vert nourrissant. La racine peut être rôtie ou bouillie. Les graines peuvent être infusées pour faire une boisson semblable au café. La tige est censée être supérieure au meilleur des choux, et le bourgeon floral – qui ressemble à un petit artichaut – peut être consommé de la même façon.
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Le chardon-Marie a été utilisé par les médecins pendant au moins 2000 ans comme un remède pour protéger, désengorger et régénérer le foie.
Société Philharmonique de Montréal – 35e anniversaire Direction : Arthur Perkins et Guillaume Couture (1875-1899) Miklós Takács (1982-2015) ; Pascal Côté (depuis 2015)
Grand concert Vendredi saint 14 AVRIL 2017, 20 H ÉGLISE SAINT-JEAN-BAPTISTE 309, RUE RACHEL EST, MÉTRO MONT-ROYAL
BEETHOVEN ERIC CHAMPAGNE Finale Neuvième Symphonie
Te Deum Création Montréal-New York à la mémoire de Miklós Takács
Direction Pascal Côté Chantal Dionne, soprano | Claudine Ledoux, mezzo-soprano Philippe Gagné, ténor | Vincent Ranallo, baryton
Chœur de l’UQAM Chœurs de l’École Joseph-François-Perrault
Orchestre de la Société Philharmonique de Montréal
Billets : section Privilège 250 $, 130 $ (places réservées, reçus d’impôt) • Admission générale 35 $ Réseau Admission (1-855-790-1245) et à l’entrée de l’église, une heure avant le concert. www.philharmontreal.com
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Chine ancienne
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L’empereur Jaune, l’ancêtre de la civilisation chinoise David Wu Époque Times La culture de la Chine ancienne est un trésor millénaire légué par les sages d’un lointain passé. Elle fut basée sur ce que l’humanité a de meilleur, Époque Times souhaite en faire découvrir la richesse en présentant ses traditions, ses valeurs, ses mythes et ses légendes. Selon la mythologie chinoise, l’empereur Jaune (2698-2598 av. J.-C.) a conduit la civilisation chinoise de la barbarie à l’état civilisé, le peuple chinois le considère comme l’ancêtre de leur civilisation. L’empereur Jaune a succédé à Shen Nong1 pour assumer la responsabilité de maintenir la stabilité sur l’ensemble du territoire. Il a amené le peuple de l’époque à s’installer dans le bassin de la rivière Jaune et a changé son mode de vie de chasseur nomade en construisant des maisons, en domestiquant le bétail et en cultivant des céréales. Sous le règne de l’empereur Jaune, le peuple chinois a bénéficié d’une société stable, la culture s’est développée grâce à de nombreuses inventions, telles que : les bateaux, le chariot pointant le sud, les moyens de transport terrestre, les armes, l’écriture, la musique, le calendrier, les palais, les vêtements, la médecine, l’arithmétique, la poterie, l’élevage du ver à soie et beaucoup d’autres encore. C’est pourquoi le peuple chinois a considéré le règne de l’empereur Jaune comme celui de la fondation de la civilisation chinoise. De nom-
breux empereurs lui ont succédé, comme Yao, Shun et Yu, Tang. Ils étaient tous ses descendants. Il existe de nombreuses légendes concernant la manière dont l’empereur Jaune a suivi la Voie (le Tao). L’historien Sima Qian, dans ses recueils historiques, relate que l’empereur Jaune avait obtenu un chaudron précieux et bénéficié d’un accompagnement divin. Il considérait l’empereur Jaune comme un pratiquant ayant atteint l’éveil. Selon la légende, après avoir atteint l’éveil, il a gouverné son empire tout en pratiquant l’alchimie et la méditation. En 2598 av. J.-C., l’empereur Jaune a forgé un grand trépied au pied du mont Qiao. Au moment même où le trépied a été forgé, le paradis s’est ouvert et le dragon Jaune, Huanglong, est descendu des cieux pour l’accueillir. À cet instant, l’empereur Jaune a chevauché le dragon Jaune en compagnie de 70 de ses sujets les plus proches – il s’est élevé en plein jour ayant atteint l’éveil avec succès. Au même moment, 10 000 personnes ont été témoins de cette spectaculaire scène divine. Les hauts dignitaires et les sujets qui n’ont pas pu le suivre ont enterré, avec un grand respect, ses vêtements au pied du mont Qiao. C’est ce qui constitue de nos jours le cénotaphe élevé à la mémoire de l’empereur Jaune dans le comté de Huangling, à Shaanxi. La légende a été transmise de génération en génération, les Chinois ont acquis la croyance que l’être humain montera au
Sagesse des anciens Époque Times
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Selon la légende, après avoir atteint l’éveil, l’empereur Jaune a gouverné son empire tout en pratiquant l’alchimie et la méditation.
ciel à la fin d’une vie accomplie. Ainsi, ils croient que leurs ancêtres, après être montés au paradis, prennent soin d’eux depuis les cieux. C’est pourquoi le peuple chinois les vénère et leur dédie des cérémonies ou des fêtes particulières. À certaines occasions, les Chinois construisent des sanctuaires dédiés à leurs ancêtres de manière à pouvoir les vénérer ensemble. La vénération respectueuse des ancêtres est devenue l’un des aspects majeurs de la culture chinoise. 1. Shen Nong : Le dieu laboureur fait partie des trois Augustes de la Chine. Il est l’inventeur de l’agriculture. Il est souvent représenté comme le laboureur divin.
Apprendre le chinois est plus facile que vous ne le pensez
Su Dongpo était un poète célèbre de la dynastie Song (960-1279), il était très intéressé par le bouddhisme. Un jour, alors qu’il étudiait les Écritures, il sentit qu’il s’était éveillé et n’avait plus aucune pensée parasite à l’esprit. Ravi, il écrivit un poème disant qu’il était solide comme un roc, qu’il ne pouvait être perturbé par aucune de ces huit choses : le gain, la perte, la calomnie, la flatterie, les louanges, le ridicule, la peur ou la joie. Tout de suite après, il envoya un messager porter le poème à son ami, un moine vivant de l’autre côté de la rivière, car il voulait savoir ce qu’il en pensait. Le moine écrivit sur le poème «Absurde», puis le lui renvoya. Le poète se mit en colère et prit le bateau pour aller voir le moine. Quand il arriva sur le quai, le moine l’attendait. Le poète lui demanda : «Pourquoi dis-tu que mon poème est absurde?» Le moine sourit et répondit : «Dans ton poème, tu dis que tu ne seras pas perturbé par le gain, la perte, la calomnie, la flatterie, la louange, le ridicule, la peur ou la joie. Pourquoi es-tu alors perturbé par un seul mot?»
Découvrez ici quatre preuves concrètes Léo Timm Époque Times Lorsqu’on aborde la question de la langue chinoise, généralement les gens sont découragés par son système d’écriture qui, diton, nécessite la connaissance de dizaines de milliers de caractères uniques. En réalité, l’écriture chinoise n’est pas aussi effrayante qu’elle peut paraître et la langue chinoise ne se révèle pas être le défi insurmontable qui lui est généralement attribué. 1. Vous n’avez pas besoin de mémoriser autant de caractères L’un des premiers arguments avancés par les critiques de la langue chinoise est le trop grand nombre de caractères à mémoriser. Quel casse-tête de devoir mémoriser des milliers de symboles complètement différents, alors que la langue française ne compte que 26 lettres! Cet obstacle serait toutefois surestimé. Strictement parlant, la langue chinoise compte plus de 50 000 caractères, mais la grande majorité n’est en fait que des variantes d’idéogrammes les plus couramment utilisés. D’autres sont simplement tombés en désuétude. Même parmi les 5000 caractères effectivement utilisés, seule environ la moitié peut être considérée comme d’usage courant. Une autre comparaison habituellement faite – et qui n’en est pas vraiment une – consiste à opposer les caractères chinois à l’alphabet phonétique. Tout comme tous les mots français sont composés de lettres, chaque caractère chinois est composé de traits ou de combinaisons de traits, appelés radicaux. Il y a quelques dizaines de traits différents, pour 200 radicaux, qui jouent un rôle similaire à celui des suffixes et des préfixes dans la langue française. Certains caractères sont formés de radicaux doubles. L’étudiant qui maîtrise les traits et les radicaux ne verra pas 5000 symboles oppressants, mais une famille liée, même lorsque les mots sont encore inconnus. 2. Le vocabulaire chinois est intuitif Heureusement pour les étudiants étran-
gers, le vocabulaire chinois est étonnamment logique et, dans la plupart des cas, systématiquement ordonné. Tout comme les traits et les radicaux s’assemblent pour former les caractères, les caractères représentant les significations simples ou de base sont utilisés successivement pour former des concepts plus élaborés, plus techniques ou abstraits. Le mot chinois pour «réfrigérateur» en est un exemple. En chinois, il s’écrit «ġӕġ» et combine les caractères «glace» et «boîte». Dans d’autres combinaisons, c’est la poésie unique de la langue chinoise qui se reflète. Alors que «jumeau identique» a une consonance clinique avec les caractères «double embryon-ventre», «frères et sœurs jumeaux», se dit «embryon-dragon-phénix». Sur le plan pratique, les nombreux caractères chinois individuels peuvent s’assembler pour donner un grand nombre de variations subtiles, impossibles à obtenir dans d’autres langues avec le même souci de concision. Le nombre de traits dans un caractère peut être complexe, mais sa prononciation sera toujours celle d’une seule syllabe. Le mot « Ᏺ », qui signifie «guide», combiné avec d’autres caractères permet d’obtenir le sens «causer» (Ᏺम), «mener» (ЕᏲ), «instruire ou éduquer» (ఀᏲ), «diriger [vers une destination ou un objectif]» (ࡾᏲ), et ainsi de suite. 3. Les règles grammaticales sont accessibles Alors que les langues européennes ont tendance à offrir l’information directement dans des mots clairs et précis, les frontières sont moins précises en chinois, car les mots ne sont pas séparés distinctement les uns des autres. De même, la classification des mots en différentes catégories – noms, verbes, adjectifs – est parfois ambiguë, puisque plusieurs termes peuvent être utilisés sans aucune modification dans des rôles différents. Les tournures idiomatiques figées de quatre caractères, qu’on appelle en chinois chengyu, sont formées selon ce principe. Les idiomes, les adjectifs fleuris, les rimes et même les fables et événements historiques peuvent être contenus dans les quatre syllabes d’un seul chengyu.
Selon les linguistes, la langue chinoise est une langue très analytique, car elle ne procède pas aux changements de temps, de genres ou de contexte en modifiant la forme des mots. Par contre, ces détails sont précisés par l’ajout de caractères pour qualifier l’énoncé. Cela différencie la langue chinoise des langues qui ont une grammaire très complexe, comme l’allemand ou le russe, qui peuvent avoir des dizaines de formes pour un seul verbe ou adjectif. Pour ceux dont le français est la langue maternelle, la syntaxe chinoise est familière puisqu’elle respecte l’ordre familier des mots : sujet-verbe-complément. 4. La lecture et l’écriture sont pragmatiques La langue française utilise plus ou moins la combinaison phonétique des lettres pour créer des mots, mais en réalité nous ne lisons pas forcément chaque lettre. Une fois qu’on lit couramment, les mots nous apparaissent plus comme des blocs dans la phrase – exactement ce que font les Chinois lorsqu’ils lisent les caractères. La différence réside dans le fait que le chinois, avec ses milliers de caractères, mais seulement quelques centaines de sons distincts, est d’abord et avant tout une langue visuelle, particulièrement adaptée pour la lecture et l’écriture. Au fil des derniers milliers d’années, les formes orales de la langue chinoise et des langues asiatiques qui utilisent le même système d’écriture ont probablement changé de manière radicale, mais les caractères n’ont presque pas bougé. Dans la mesure où les textes chinois mettent plus l’accent sur le sens plutôt que sur les sons, une connaissance courante des caractères permet de lire sans avoir à «réfléchir» aux sons et accéder directement à l’information. Le même principe vaut pour l’écriture. Des caractères totalement différents peuvent parfois avoir la même prononciation, obligeant de recourir à l’oral à des mots plus explicatifs pour assurer la compréhension. Ce type de précision serait superflu à l’écrit, où on peut se permettre une extrême concision puisque les mots sont directement accessibles aux yeux.
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Famille
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Le grand ménage du printemps avec vos enfants Sept façons d’encourager vos enfants à ranger Barbara Danza Époque Times
enthousiastes au sujet de votre journée de nettoyage.
Essayer d’encourager nos enfants à ranger sans toujours faire des histoires et critiquer, tel que nous nous l’étions promis, peut présenter tout un défi pour les parents. C’est certainement une lutte constante pour moi. Les enfants vivent dans le moment présent – avec plaisir, curiosité – le simple fait de jouer les entraîne incessamment d’une chose vers une autre. Pouvoir les inciter à ranger avant de partir vers la prochaine aventure prend un peu de formation et énormément de patience de la part des parents. Si vous êtes fatigués de vous entendre demander pour la millième fois : «Mes petits anges, s’il vous plaît, mettez vos chaussures dans le placard», «s’il vous plaît, ranger les vêtements que vous avez laissé traîner et mettez-les gentiment dans le panier» et «pour l’amour du ciel, petits chéris, s’il vous plaît, rangez vos Legos», voici des nouvelles stratégies que vous pouvez essayer. Au-delà de soulager la frustration du désordre récurrent est l’importance d’enseigner à nos enfants comment aimer leur espace et s’en occuper. Nous nous penchons sur des connaissances pratiques ici et nous, les parents, sommes responsables de leur transmettre ces connaissances. Le grand ménage du printemps est une excellente occasion d’orienter nos petits dans la bonne direction. Maintenant, ce projet est là devant vous, il vous offre une bonne occasion d’entamer des discussions avec les enfants et de les impliquer dans un effort qui se traduira par une grande satisfaction. Ce printemps, faisons du nettoyage une affaire de famille en suivant ces conseils :
Une bouchée à la fois Divisez les grandes tâches en petites portions. Ainsi, en utilisant l’exemple ci-dessus, visez à nettoyer la salle de jeux le samedi, et non à nettoyer toute la maison. Lorsque le samedi arrive, divisez cette tâche en petites tâches encore plus petites. Par exemple, relancez-les à réussir à nettoyer les étagères et à y mettre de l’ordre avant le petit-déjeuner. Puis, célébrez la tâche terminée avec beaucoup d’éloges et d’applaudissements suivis d’une pause pour le petit-déjeuner. Les aider à démarrer Pour les grandes tâches, sautez vous-mêmes dans le feu de l’action et aidez-les à faire des progrès rapides. Voyant que la tâche n’est pas si difficile et que les progrès sont vite réalisés, les enfants ne se sentiront pas dépassés.
Pour les grandes tâches, sautez vous-mêmes dans le feu de l’action et aidez-les à faire des progrès rapides.
Planifiez-le Plutôt que de surprendre les enfants avec des ordres tels que : «Arrêtez ce que vous faites. Il est temps de nettoyer et de ranger!», dites plutôt à vos enfants que le prochain samedi (ou le jour qui vous convient) vous allez donner un look formidable, incroyable, à la salle de jeux. Vous pouvez stimuler leur imagination avec des détails additionnels sur cette salle de jeux. Ils auraient plus d’espace pour jouer, plus de tables à dessin, moins d’encombrement, plus de place pour de futurs jouets qui pourraient arriver un jour [clin d’œil, clin d’œil]. La vision de ce que sera la salle de jeux une fois terminée motivera les enfants et pourra même les inciter à être
Faites-en un projet d’art Mes enfants adorent tout type de projet artistique. Comme vous avez l’intention de désencombrer, donnez-leur trois boîtes et dites-leur de les étiqueter respectivement : «Donner», «Remiser» et «Conserver». Dites-leur qu’ils peuvent décorer chaque boîte comme ils le souhaitent. Ils seront plus enthousiastes à s’engager avec des créations qu’ils viennent de produire lorsque la tâche de trier commencera. Transformez le nettoyage en jeu Envoyez-les mettre de l’ordre parmi autant de jouets qu’ils le peuvent en cinq minutes. Programmez le minuteur de votre téléphone et faites-les compter le nombre de jouets. Envoyez-les faire leur lit le plus rapidement possible. S’ils peuvent nettoyer leur chambre dans les quinze minutes, ils peuvent regarder leur émission de télévision préférée ou avoir une petite douceur à savourer. Vous savez ce qui motive vos enfants, les stratégies différeront selon les âges, mais transformer le nettoyage en jeu est un moyen de faire des progrès rapides tout en diminuant les plaintes.
Voyant que la tâche n’est pas si difficile et que les progrès sont vite réalisés, les enfants ne se sentiront pas dépassés.
Donnez des contenants en cadeau Oui vraiment! Si vous êtes devant une pièce qui a besoin d’être entièrement rafraîchie, vous allez probablement utiliser de nouveaux contenants pour remiser ou regrouper les choses que vous avez à trier. Donnez des contenants en cadeau à vos enfants pour leurs propres espaces. Expliquez ce que vous souhaiteriez voir et soyez également ouverts à
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leurs idées et propositions pour leur utilisation. Soyez positifs Débarrassez-vous de votre perfectionnisme et réjouissezvous de ce que vos enfants accomplissent. Résistez à l’envie de réorganiser, de replier ou de refaire leur travail et surtout dites-leur à quel point vous êtes fiers de leurs efforts. Célébrez le succès Que vous vous retrouviez avec une seule étagère propre, une seule pièce nettoyée ou une maison entièrement rafraîchie, célébrez le succès que vous avez tous atteint ensemble. Vos enfants vont certainement éprouver la clarté de l’esprit et la paix qui résulteront du désencombrement et du nettoyage d’un espace. Avec eux, tirez du plaisir de l’expérience. Ayez comme objectif qu’ils associent ce sentiment positif avec le nettoyage à l’avenir.
DISTRIBUTION ET PRÉSENTOIRS
DISTRIBUTION ET PRÉSENTOIRS Centre-ville • Second Cup, 2200, McGill College (coin Président-Kennedy) • YMCA Centre-ville, 1440, rue Stanley • Supermarché P.A., 1420, rue du Fort • Centre de commerce mondial, 747, rue du Square-Victoria Centre-ville est • La Tour Radio-Canada • DeSerres, 334, rue Sainte-Catherine Est • Cégep du Vieux Montreal, 255, rue Ontario Est Centre-ville nord • Les Galeries du Parc, 3275, avenue du Parc (3 présentoirs) Outremont • Caisse Desjardins, 1145, avenue Bernard • Bibliothèque Robert-Bourassa, 41, avenue Saint-Just • Bibliothèque Mile End, 5434, avenue du Parc • Banque Laurentienne, 1447, avenue Van Horne
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10 000 exemplaires distribués au cente-ville, à Outremont, sur le plateau Mont-Royal et au Quartier chinois/Vieux-Montréal
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Publié le premier lundi du mois
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Plateau Mont-Royal • L'intermarché Universel, 89, Mont-Royal Est • Café Noir, 440, Mont-Royal Est • Jean Coutu, 501, Mont-Royal Est (face station de métro) • Banque Laurentienne, 1100, Mont-Royal Est • Clinique médicale Plateau Mont-Royal, 1374, Mont-Royal Est (#103) • Rachelle-Béry, 505, rue Rachel Est • Resto Vego St-Denis, 1720, rue Saint-Denis • Restaurant Lafleur, 3620, rue Saint-Denis • Fameux Restaurant, 4500, rue Saint-Denis • L'intermarché 4 Frères, 3701, boul. Saint-Laurent • Édifice Berman, 4040, boul. Saint-Laurent • Marché Sabor Latino, 4387, boul. Saint-Laurent Quartier chinois/Vieux-Montréal • Société de développement de Montréal, 330, rue Champs-de-Mars • Palais de Justice • Édifice du 480 boul. Saint-Laurent • Banque de Montréal, 61, boul. René-Lévesque Ouest • Marcello's Marché et Déli, Guy-Favreau, 200, boul. René-Lévesque Ouest • YMCA Guy-Favreau, 200, boul. René-Lévesque Ouest • Café Dépôt, 150, Sainte-Catherine Ouest (Complexe Desjardins)
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Voyage
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La Mazurie, au pays des «Cittaslow», des villes lentes
CHARLES MAHAUX
À l’hôtel Palac Galiny, les voyageurs ont la possibilité de découvrir la campagne environnante au rythme de la calèche, une délicieuse manière de découvrir les traces de la culture de l’ancienne Pologne.
Christiane Goor Époque Times Elles sont déjà une vingtaine de municipalités dans la seule province de Warmie-Mazurie, au nord-est de la Vistule, le principal fleuve polonais situé au nord de la Pologne, à avoir été labellisées Citta Slow, à savoir des villes qui favorisent l’art de vivre en accordant le temps de profiter d’un cadre paysager bucolique, d’un patrimoine culturel et d’une offre culinaire locale. Ici point de centres commerciaux ni de routes encombrées. Juste le plaisir de couler des heures douces en faisant des découvertes inattendues. Tout a commencé en Italie, en 1986, quand Carlo Petrini a fondé l’association Slowfood pour promouvoir une nourriture respectueuse de la biodiversité et des traditions locales. En 1999 naissait Cittaslow dans la foulée de ce concept, en l’étendant cette fois à toutes les facettes de la vie en société. Les villes qui souscrivent à cette action s’engagent à promouvoir un rythme de vie plus lent, inspiré des habitudes des communautés rurales, pour permettre aux citoyens de profiter de leur propre ville de façon simple et agréable. Pas étonnant que la Warmie-Mazurie ait pu décrocher autant de labels! Au pays des bleuets et des coquelicots Baptisée «la région des 1000 lacs», la Warmie-Mazurie en recense bien plus, près de 2000 qui s’enlacent, s’effleurent, se poursuivent par des canaux et des rivières qui les relient. Pêcheurs à la ligne, mais aussi hérons cendrés, cormorans, canards et cygnes ne s’y trompent pas, se faufilant entre les ajoncs et les roseaux pour mieux traquer les poissons. Les plans d’eau sont partout dessinant une topographie compliquée qui donne au voyageur l’impression de s’égarer alors qu’il suffit de se laisser guider par les clochers des églises ou les nids de cigognes toujours proches des villages qui y voient d’ailleurs un signe de bonne fortune. Au gré des routes sinueuses, fleuries de coquelicots et de bleuets, la région est parsemée de bourgs pittoresques où le temps semble s’être figé au siècle dernier. Le clocher de l’église annonce le cœur du village. Des maisonnettes de briques rouges s’ouvrent sur des jardins potagers où des lignes de haricots et des carrés de choux côtoient des rangs de pivoines. La route se déroule presque au rythme d’une promenade dans un décor de campagne ondulante, de collines douces tapissées de céréales aux reflets dorés et de champs de lin mauves. Gizycko, idéalement située sur un isthme étroit entre deux lacs, s’est développée autour des plaisirs nautiques et a hérité du titre de capitale des loisirs lacustres de la Pologne d’autant qu’elle est au cœur d’un nœud de voies navigables. Quand on choisit de grimper au sommet de l’ancien château d’eau, on découvre combien les lacs abondent de voiles blanches et multico-
lores qui virevoltent au vent. Olsztyn qui s’étire sur les collines qui bordent la rivière Lyna permet de rejoindre une dizaine de lacs pour les amoureux de tourisme nautique. Toutefois, la ville chargée d’histoire mérite à elle seule une visite. Son château gothique du XIVe siècle voulait affirmer la puissance politique des évêques au détriment des chevaliers teutoniques. Nicolas Copernic qui y résida entre 1510 et 1519 y créa une table astronomique dont il reste un fragment sur un mur extérieur. L’élégante cathédrale de style gothique tardif abrite entre autres une surprenante statue du Christ dans la position du Penseur de Rodin. Enfin, la flânerie sur la place et dans les ruelles qui la ceinturent, toutes bordées de façades à pignons arrondis souvent décorés de fresques, surprend par le tourbillon d’une ambiance joyeuse et accueillante. Mener la vie de château en Mazurie Toute la région à l’est de la Vistule fut pendant des siècles le fief des Chevaliers teutoniques, sorte de moines-soldats qui ont laissé derrière eux d’audacieuses forteresses en briques rouges dont plusieurs sont aujourd’hui restaurées et aménagées en hôtels de charme. C’est le cas à Ryn où un spectaculaire château du XIVe siècle construit en carré autour d’une vaste cour transformée en restaurant abrite dans chacune de ses ailes des chambres décorées selon le thème du Chevalier, du Commandant, de la chasse ou de la prison, de quoi dépayser, voire surprendre les hôtes. Un autre château historique, l’hôtel Krasicki de Lidzbark, réussit plus heureusement le tour de force de marier des vieilles pierres avec des installations modernes pour un prix tout à fait acceptable. S’offrir un moment de lecture dans l’insolite bibliothèque, c’est découvrir comment le présent vit ici en parfaite harmonie avec le passé. Le Palais de Nakomiady appartient à la chaîne «Historic Hotels of Europe». Propriété d’une famille allemande qui dut fuir le pays durant la guerre, il a été entièrement restauré par un couple amoureux du site qui a su aménager chacune des vastes chambres de cette maison d’hôtes en un nid confortable et poétique, d’autant que le palais est au cœur d’un vaste parc arboré abritant une ancienne chapelle et un jardin baroque. Pour financer leurs travaux, les propriétaires ont eu l’idée ingénieuse de restaurer la fameuse manufacture de céramique Nakomiady. Aujourd’hui, des artisans y fabriquent à l’ancienne les célèbres poêles en faïence hauts et ronds que l’on trouve de Schönbrunn à Pouchkine. Autre séjour nature, le palais de Galiny qui fut un vaste domaine privé avant de tomber sous la tutelle communiste qui en fit un kolkhose peu entretenu. Depuis la libération, il a été acquis pour une bouchée de pain par une famille tout aussi passionnée et courageuse qui l’a transformé en un vaste domaine dédié au cheval. L’ancien petit palais abrite des chambres, la grange rustique est aménagée pour tenir lieu de réception, de bar et de restaurant
Infos pratiques Y aller : Wizzair www.wizzair.com propose des vols directs économiques vers Gdansk depuis l’aéroport de Charleroi www.charleroi-airport.com. La Mazurie est à deux heures de voiture de Gdansk. Informations : www.pologne.travel ou encore www.warmia.mazury.travel Se loger : Les palais-hôtels cités ont chacun leur site : www.rynskimlyn.pl, www.hotelkrasicki.pl, www.nakomiady.pl et www.palac-galiny.pl. Tous ces sites polonais sont également traduits en anglais et en allemand.
et les colossales écuries où logent 70 chevaux complètent le décor. Une balade en calèche permet de faire un tour de la propriété, entre bois, prairies et étangs dont l’un d’eux doté d’un plongeoir sert de piscine naturelle où les bains de minuit sont autorisés… La Tanière du Loup Qui se souvient que c’est ici, au cœur d’une forêt dense cernée de lacs et de marécages que se trouvait le QG polonais de Hitler où il vécut 800 jours, soit près de 3 ans? Un endroit stratégique invisible, à l’abri des raids de l’aviation alliée et proche du front russe, mais relié à Berlin par une voie de chemin de fer. C’est ici qu’il organisa l’invasion de l’URSS et concocta ses plans d’extermination des juifs. C’est aussi ici qu’eut lieu le 20 juillet 1944 l’attentat manqué contre le führer par le comte Claus von Stauffenberg,
devenu depuis un héros national. De ce qui était alors une véritable petite cité où vivaient 2000 personnes autour de leur dictateur, réparties dans 200 bâtiments cernés par une défense de pas moins de 54 000 mines, il ne reste que des blocs gigantesques de béton armé recouverts de végétation. Les murs du bunker d’Hitler construit à l’intérieur d’un autre bunker atteignaient 8 mètres d’épaisseur, une structure pratiquement indestructible. Le site était effectivement invisible depuis le ciel grâce aux toits creux où poussait la végétation et aux crépis à base d’algues et de plantes qui recouvraient toutes les constructions. Dynamité par les Allemands eux-mêmes à l’approche de l’Armée rouge, le lugubre site en ruines au cœur d’une forêt où piaillent les oiseaux n’en reste pas moins un lieu de triste mémoire qui mérite le pèlerinage.
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