ÉDITION MONTRÉALAISE • 12E ANNÉE NO 19 • 19 SEPT. AU 2 OCT. 2016 • WWW.EPOQUETIMES.COM
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LILIA LUNA / ÉPOQUE TIMES
À la guerre sous une autre bannière Des centaines de combattants étrangers occidentaux ayant décidé d’aller combattre avec les forces kurdes contre le soi-disant État islamique ont été identifiés par un institut de recherche. Un devoir moral pour certains qui pourrait être lourd de conséquences, même si les gouvernements ferment les yeux sur le phénomène.
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Est-ce que la Chine va contrôler l’internet mondial ? PAGE 4
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Découvrez le chaga, un champignon du bouleau nordique PAGE 6
Partagez vos connaissances grâce à E-180 PAGE 11
Un agent de police paramilitaire chinoise essaie d’interrompre la prise de photos lors de la répétition du défilé militaire avant les Jeux olympiques de Pékin de 2008. MARK RALSTON/AFP/GETTY IMAGES SILVERLEAPERSCCFLICKR
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ÉDITIONS AU CANADA
Des centaines de combattants occidentaux anti-Daesh décident d’aller au front KURDISHTRUGGLE/FLICKR/CC BY
L’Américain Jordan Maston combat avec les Unités de protection du peuple (YPG) kurdes.
Genevieve Belmaker Époque Times Pour certains, il n’y aurait pire cauchemar que d’être envoyé au Moyen-Orient pour combattre les forces de Daesh sur le terrain. Pour d’autres, c’est un rêve devenu réalité. Que ce soit par devoir moral ou par soif de combattre, il y aurait au moins 300 combattants occidentaux anti-Daesh impliqués dans le conflit, dont plus d’une centaine proviennent des ÉtatsUnis. Ils sont principalement originaires de 20 pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et la Suède. Une recherche d’un an réalisée par l’Institute for Strategic Dialogue (ISD) de Londres a permis de les identifier. L’institut de recherche a également trouvé des volontaires aux quatre coins du monde, dans des pays aussi éloignés que la Corée du Sud, l’Indonésie et la Colombie. Son rapport, Shooting in the Right Direction: Anti-ISIS Foreign Fighters in Syria and Iraq (Tirer dans la bonne direction : les combattants étrangers anti-ISIS en Syrie et en Irak), a été publié en août dernier. «Les gens ont été un peu surpris de constater l’ampleur – [de constater] que nous avons été en mesure d’en identifier 300», explique Henry Tuck, coauteur du rapport et directeur de recherche à l’ISD. M. Tuck ajoute que le nombre d’anciens combattants est également surprenant. Beaucoup proviennent de pays qui ont été impliqués militairement dans la région au cours de la dernière décennie. Ce qui est le plus bizarre est la transparence avec laquelle ils discutent en ligne de leurs plans et intentions, comme en ce qui concerne les routes d’accès. Les Nord-Américains ont tendance à transiter par l’Europe et la Turquie pour rejoindre l’Irak. Une autre route les fait passer de l’Europe aux pays du Golfe, pour finalement atteindre
l’Irak. Une fois sur le terrain, ils utilisent un réseau de maisons de passeurs bien établi pour se déplacer. Tandis qu’en réalité beaucoup de volontaires ne prennent pas part aux combats, il est facile d’aboutir sur les lignes de front en suivant les discussions en ligne non protégées. «Nous avons été surpris par l’absence de secret [des communications]», affirme M. Tuck. «Ils parlent très ouvertement des routes qu’ils empruntent. Certains vendent même leurs biens pour acheter leur billet d’avion.» Devoir moral L’ISD a identifié et suivi 300 Occidentaux sur les réseaux sociaux, mais il estime qu’il pourrait y avoir jusqu’à 1000 combattants du genre. «Ce n’est pas un chiffre énorme», mentionne M. Tuck au sujet des militants – pour la plupart des hommes – qui expriment souvent une sorte de devoir moral d’aider à vaincre le groupe terroriste Daesh. Beaucoup sont des anciens combattants qui ont participé aux conflits en Irak et en Afghanistan et qui veulent voir des résultats. M. Tuck affirme que bien qu’ils n’aient pas l’autorisation de leurs gouvernements respectifs de prendre part aux hostilités, les autorités ont tendance à fermer les yeux lorsqu’ils retournent chez eux. «Ils ne sont pas perçus comme une menace – ils se battent du même côté que beaucoup de gouvernements», souligne-t-il. «Ils ne posent pas le même genre de menace que les combattants de Daesh qui reviennent, alors on passe sous silence.» On peut trouver beaucoup de ces combattants sur le web en l’espace de quelques minutes. Ces gens et leurs sympathisants sont très actifs sur Facebook et Twitter, beaucoup de groupes et d’individus affirment ouvertement leur intention d’aller combattre. Macer Gifford, un citoyen
britannique dont le compte Twitter le démontre combattant aux côtés des forces kurdes, déclare ouvertement son affiliation. Il se décrit comme un «militant pour les droits de l’homme et contre Daesh». M. Gifford publie souvent les hyperliens des entrevues qu’il a réalisées avec des médias internationaux ainsi que les dernières nouvelles au sujet de ce qu’il appelle les «volontaires internationaux». Dans un récent gazouillis, il a déploré la position turque selon laquelle les Britanniques combattant avec les Unités de protection du peuple (YPG) seraient considérés comme des «terroristes». «La Turquie menace des volontaires internationaux et nous qualifie de terroristes», a écrit M. Gifford sur Twitter. «Nous croyons en la démocratie et combattons Daesh. Quelle folie!» Macer Gifford, comme plusieurs identifiés dans le rapport de l’ISD, se croit investi d’une responsabilité morale d’intervenir personnellement sur le terrain, et le soutien du gouvernement ne semble pas important. «Vous utilisez le mot s’immiscer, j’utilise internationaliste, humanitaire et solidarité», écrit M. Gifford sur Twitter en réponse à un commentaire que les gens comme lui devraient rester à la maison. «De mauvaises choses surviennent quand les bonnes personnes ne font rien», ajoute-t-il. M. Gifford n’a pas répondu à une demande d’entrevue, mais il a interagi sur Twitter. Retour à la maison La réalité du retour à la maison fait contraste avec la perspective romantique du combat au front contre un ennemi détesté par pratiquement le monde entier. M. Tuck de l’ISD ainsi que plusieurs autres personnes mettent en garde qu’il est possible de souffrir toute sa vie des conséquences d’une telle décision, même si les autorités sont
prêtes à fermer les yeux. Michael Blais est un ancien combattant du Royal Canadian Regiment (RCR) et il est le président et fondateur de Canadian Veterans Advocacy. Le groupe œuvre pour le droit aux soins de santé des anciens combattants. M. Blais affirme avoir discuté personnellement avec plusieurs anciens combattants qui songeaient à s’impliquer dans le combat contre Daesh. Il dit ne pas savoir si certains d’entre eux ont décidé d’agir, bien qu’il soit inquiet des effets à long terme. «J’ai dû les avertir : “Qu’arrivera-t-il si tu participes à un combat et qu’un évènement catastrophique survient?”», a-til fait remarquer. «Tu dois réaliser que l’hôpital de campagne canadien n’est pas à distance d’un tour d’hélicoptère; il n’y aura pas quelqu’un pour s’occuper d’eux pour le restant de leurs vies.» Et s’il y a des blessures qui nécessitent des soins permanents, ça pourrait être pire en raison des risques psychologiques et émotionnels. «Le combat c’est le combat, la guerre c’est le traumatisme», affirme M. Blais. «Il y a un grand risque de blessures physiques et mentales.» Il ajoute qu’un hôpital canadien pour les anciens combattants refuserait probablement de soigner des blessures encourues lors de combats non autorisés contre Daesh. Tandis que M. Blais affirme que la question des combattants occidentaux anti-Daesh ne préoccupe pas les Canadiens, le souvenir de la dernière décennie de combat est encore vive. Pour certains anciens combattants, c’est ce souvenir qui les motive à retourner en Irak ou à aller en Syrie : ils veulent terminer le travail. «L’expérience canadienne en Afghanistan a été horrible», estime-t-il. «Nous n’avions pas été en guerre comme ça depuis la Corée. Ceux qui ont été libérés croient vraiment dans la mission.»
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Au cœur du centre des opérations de l’armée saoudienne Annie Slemrod IRIN «Notre position est très solide», a dit le lieutenant-général Fayyad al-Ruwaili. «Nous frappons des cibles militaires dans le camp [ennemi], leurs infrastructures, leurs lignes de communication… Ils finiront par perdre.» L’assurance avec laquelle le sous-chef d’État-Major des forces armées saoudiennes a présenté la position de son pays sonnait faux, compte tenu notamment de la tempête qui couve depuis le début de l’intervention militaire saoudienne au Yémen il y a 17 mois. La journaliste d’IRIN, qui a bénéficié d’un accès exceptionnel au ministère de la Défense saoudien et aux cellules spécialisées qui prennent les décisions de ciblage, a noté un décalage important entre les calculs froids des généraux à Riyad et les civils innocents, hommes, femmes, enfants, morts au Yémen. Lors de cette visite guidée, les responsables militaires saoudiens ont affirmé qu’ils choisissaient leurs cibles avec précision, qu’ils respectaient les règles de la guerre et qu’ils préparaient systématiquement leurs opérations pour éviter les victimes civiles. M. al-Ruwaili a expliqué qu’il ne fallait pas faire confiance aux chiff res des Nations Unies sur le nombre de victimes civiles. «Nous ne disons pas qu’il n’y a [pas de victimes civiles]. Tout assaut militaire lancé contre une guérilla provoque des dommages ou des effets collatéraux.» Mais il y a fort peu de victimes, a dit M. alRuwaili. «Nous choisissons nos cibles très soigneusement. Nous examinons minutieusement la liste des cibles… et nous avons une liste des non-cibles – il y en a des milliers – et nous évitons tous ces sites.» La majorité des décisions sont prises dans une salle d’opérations identifiée par un panneau indiquant, en anglais et en arabe, «Cellule de ciblage conjoint». Malgré son nom, seules les décisions concernant les non-cibles semblent y être prises. Des cartes topographiques sont suspendues à un mur et des hommes en uniforme sont installés devant des ordinateurs. Une carte du Yémen est projetée sur le côté d’un grand écran. Des logos colorés représentent les écoles, les hôpitaux et les positions connues des Nations Unies et des organisations non gouvernementales (ONG). Lorsque l’on zoome sur Sanaa, on peut voir les mêmes logos : un hôpital, un bâtiment du Croissant-Rouge et une université. Les coordonnées de ces sites sont fournies par les groupes eux-mêmes. La journaliste d’IRIN a pu voir un document émanant d’OCHA, l’agence de coordination de l’aide d’urgence des Nations Unies. Ce document détaillait avec précision l’organisation d’un convoi d’aide : durée du transport, coordonnées précises et photographies des véhicules. Un soldat a expliqué comment il s’en servait. Si une cible statique se trouve à moins de 500 mètres d’une zone d’«objectifs exclus» ou d’une zone peuplée, les avions ne la frappent pas ou ils utilisent une arme moins puissante. Cette cellule de «ciblage» est censée être en contact permanent avec les pilotes qui réalisent les frappes. Le lieutenant-colonel Turki al-Maliki de l’armée de l’air est sorti du bureau d’à côté pour répondre à d’autres questions sur les difficultés de la guerre asymétrique. En plaisantant, il a dit qu’il était «le gars le plus haï de toute l’armée de l’air», car c’est celui qui annule certaines frappes. M. alMaliki a dit que l’Arabie saoudite faisait de son mieux pour limiter les dommages collatéraux et «améliorait le processus» en permanence. «Est-ce que [notre] stratégie relative aux dommages collatéraux garantit une exécution sûre [de la guerre] pour les populations? Bien sûr», a-t-il dit avec assurance.
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Le lieutenant-général Fayyad al-Ruwaili à Riyad
Enquêtes en interne? Quand ils font des erreurs, ils en assument l’entière responsabilité, affirment les Saoudiens. «Nous sommes humains et nous commettons des erreurs», a dit M. al-Ruwaili. Dans de tels cas, «nous avons une équipe d’enquête indépendante qui [s’occupe] de l’affaire, et si nous commettons une erreur, nous… le reconnaissons.» Les enquêtes sont conduites par l’équipe d’évaluation conjointe des incidents (Joint Incident Assessment Team, JIAT). Au début du mois d’août, la JIAT, un groupe composé d’experts désignés de la région du Golfe, a publié un compte-rendu des huit enquêtes réalisées sur la base d’allégations selon lesquelles des attaques contraires au droit international avaient été perpétrées. Dans un cas – en juillet 2015, des frappes aériennes contre des immeubles résidentiels situés à proximité d’une centrale thermique auraient tué 65 civils, dont 10 enfants, selon Human Rights Watch – l’équipe a conclu que les frappes avaient été lancées sur la base de renseignements erronés et elle s’est engagée à verser des indemnités aux familles des victimes. Dans un autre cas – une frappe contre un hôpital de MSF à Saada – les enquêteurs ont conclu que les rebelles houthistes avaient utilisé le bâtiment, mais ils ont noté que l’armée aurait dû prévenir l’organisation médicale avant la frappe. Dans les autres dossiers, dont l’un concernait le bombardement d’un marché qui aurait fait 97 morts selon Human Rights Watch, 107 selon les Nations Unies et aucune selon la JIAT, la coalition a été mise hors de cause par les enquêteurs. M. al-Ruwaili a dit que la JIAT enquête actuellement sur sept autres dossiers. Mais les enquêtes internes ne suffisent pas, selon Human Rights Watch et d’autres détracteurs qui estiment que les Saoudiens devraient fournir des informations sur les membres du panel et des rapports complets pour chaque incident. Les Nations Unies ont également appelé à la réalisation d’enquêtes indépendantes. M. al-Ruwaili a affirmé que cela n’était pas nécessaire. L’équipe est dirigée par un général deux étoiles retraité de l’armée de l’air «qui ne travaille plus pour le gouvernement», a-til dit. «Il est indépendant.» Retour sur le terrain Le jour où la journaliste d’IRIN a visité le quartier général de guerre à Riyad – elle a pu entrer et se mettre à l’abri de la chaleur du désert après avoir répondu à des questions et après quelques coups de téléphone passés par un policier militaire coiffé d’un béret rouge – les Nations Unies ont revu le bilan des victimes à la hausse, parlant de 10 000 victimes au Yémen. Pen-
dant plusieurs mois, les chiffres officiels ont fait état d’environ 6000 victimes. Il devenait difficile d’y croire, vu l’ampleur des combats. Jusqu’en juin 2016, 82 % des personnes tuées ou blessées par les frappes aériennes de la coalition étaient des civils yéménites, selon Action on Armed Violence, une organisation qui recense les violences armées dans le monde et enquête sur le commerce des armes. Alors que le nombre de victimes s’alourdit, le commerce des armes – et ceux qui traitent avec l’Arabie saoudite – est de plus en plus surveillé. Ce ne sont pas seulement les frappes aériennes qui causent des souffrances. La guerre au Yémen, un pays déjà touché par une crise humanitaire avant le début du conflit, a donné lieu à une véritable catastrophe. Plus de la moitié de ses 26 millions d’habitants vit dans l’insécurité alimentaire; 2,8 millions de personnes (soit plus de 10 % de la population totale) ont été déplacées, et le secteur vital de la santé est quasi inexistant. Des groupes de surveillance ont accusé la coalition menée par l’Arabie saoudite de tuer des civils et de prendre pour cible des infrastructures civiles. Un rapport établi au début du mois d’août par le HautCommissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a fait état de frappes contre des cortèges de mariage, des maisons, des marchés et des infrastructures civiles. Il dresse également une liste des violences commises par les Houthis et d’autres parties au conflit, qui n’oppose plus seulement deux camps. En d’autres mots, il est devenu plus difficile d’ignorer la situation au Yémen. Récemment, la décision des Nations Unies de retirer l’Arabie saoudite de la liste des pays portant atteinte aux droits des enfants, prise en réponse à la menace saoudienne d’un retrait du financement de programmes humanitaires vitaux, a suscité une vive indignation. Une alliance se défait Derrière les hauts murs blanchis par le soleil du ministère de la Défense à Riyad, où l’État-major organise la campagne aérienne au Yémen, tout semblait calme. Tout le monde était sur la même longueur d’onde et, selon les responsables, la machine était bien huilée. Mais les évènements sur le terrain laissaient entrevoir une situation très différente. Un petit garçon de trois ans venait de mourir sous une bombe lancée par les Houthis sur la ville de Najran, à la frontière saoudienne; un attentat-suicide revendiqué par le prétendu État islamique faisait un «carnage» à Aden, une ville du sud du Yémen; et l’organisation médicale Médecins Sans Frontières annonçait son retrait du nord du Yémen après le bombardement d’un autre de ses bâtiments. M. al-Ruwaili, l’ancien chef de l’armée de l’air royale saoudienne, n’était visiblement pas bouleversé. Entouré de collègues en uniformes, M. al-Ruwaili, qui portait des lunettes et arborait une barbe soigneusement taillée, a évoqué la première grande guerre du royaume en des termes froids. Malgré les critiques croissantes concernant les ventes d’armes par le RoyaumeUni (elles ne causaient alors pas autant d’émoi qu’aujourd’hui), il s’est dit confiant du soutien des alliés de l’Arabie saoudite. «Nous apprécions le soutien et l’aide apportés par la communauté internationale, et les Américains et les Britanniques figurent en haut de la liste de nos amis.» «Ils comprennent les raisons de l’opération… ils apprécient la situation [et ce que] nous faisons.» Au début de la guerre, cela semblait être le cas. Soutenue par une coalition de 10 États, composée notamment de tous les pays du Golfe, l’Arabie saoudite a lancé ses premières frappes aériennes sur le Yémen à la fin du mois de
mars 2015, après l’assignation à résidence d’Abd Rabbu Mansour Hadi (président reconnu par la communauté internationale) par les rebelles houthistes dans la capitale Sanaa (M. Hadi a fini par prendre la fuite et trouver refuge en Arabie saoudite). Quand l’Arabie saoudite et ses alliés ont annoncé le lancement d’une intervention au nom du «gouvernement légitime du Yémen», un terme qu’ils continuent d’utiliser, les États-Unis et la Grande-Bretagne, ainsi que la majorité de la communauté internationale (à l’exception de l’Iran), lui ont exprimé leur appui. Le royaume sunnite dépeint aussi les Houthis chiites comme de dangereux alliés de l’Iran et comme une menace à leur frontière commune – M. al-Ruwaili a évoqué la menace d’un «nouveau Hezbollah». Au premier jour des frappes aériennes, un porte-parole du Conseil de sécurité des Nations Unies a dit que l’opération visait «à protéger la frontière saoudienne et à défendre le gouvernement légitime du Yémen». Les États-Unis se sont engagés à fournir un soutien logistique et une aide en matière de renseignements. La GrandeBretagne leur a emboîté le pas et la France a également proposé son aide. Washington et Londres n’ont pas changé de politique, mais les deux gouvernements font face à la pression croissante de leur population, et certains signes montrent que les alliances politiques et militaires commencent à se défaire au fur et à mesure que le bilan des victimes civiles s’alourdit. La guerre de propagande Mais si le malaise lié à la guerre est palpable dans les capitales étrangères, ce n’était pas du tout le cas au quartier général saoudien, où l’on défend l’idée que la guerre est menée pour, et non contre, le peuple yéménite. Évoquant les trois ou quatre millions de Yéménites qui vivent en Arabie saoudite et qui envoient de l’argent au pays, M. al-Ruwaili a dit : «Nous sommes là-bas pour aider la population yéménite.» «Je pense que la majorité des Yéménites considère que notre intervention vise à leur venir en aide, à stabiliser le Yémen, à instaurer un Yémen prospère gouverné par les Yéménites – dirigé par une personne qu’ils ont choisie.» Mais si certains Yéménites soutiennent l’action saoudienne, d’autres ne sont pas encore convaincus. Ainsi, des tracts ont été présentés à la journaliste d’IRIN lors de la visite du centre des opérations. Les responsables ont expliqué que les tracts étaient diff usés pour s’assurer l’adhésion de la population locale, tout comme les tracts exhortant les civils à ne pas s’approcher de cibles militaires spécifiques. Le matériel de propagande ou PSYOPS (opérations psychologiques) montré à la journaliste d’IRIN se présente sous la forme de bandes dessinées faciles à comprendre. Sur une planche à deux cases, la première présente un homme souriant qui porte un poignard yéménite traditionnel à la ceinture. À l’arrière-plan, on peut voir une petite fille heureuse avec un sac à dos et un petit garçon tout aussi réjoui avec un ballon. Le texte dit : «Avant le coup militaire des Houthis.» Dans la deuxième case, le même homme a une barbe de trois jours et une expression triste. Ses vêtements sont en lambeaux, il n’a plus de poignard, et les bâtiments devant lesquels les enfants passaient sont en flammes. Le texte dit : «Après le coup militaire des Houthis.» Le message n’est pas particulièrement subtil. C’était le but. L’un des tracts trouvés dans la «cellule de ciblage conjoint» était particulièrement frappant. En bas de la page, un bras recouvert d’une manche aux couleurs rouge, noir et blanc du drapeau yéménite se tend vers le ciel. Et en haut de la page, on voit un avant-bras recouvert d’une manche verte, la couleur du drapeau de l’Arabie saoudite. Les mains se serrent. Ce dessin montre comment l’Arabie saoudite veut que la population perçoive l’opération Tempête décisive au Yémen. Mais il semble très éloigné des réalités de la guerre dans les rues de Sanaa, Taïz et Aden. Source : www.irinnews.org
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La Chine pourrait contrôler er l’internet mondial après le 1 octobre Le transfert de contrôle sur l’ICANN, organe responsable des enregistrements sur l’internet, correspond à la stratégie du régime chinois qui cherche à déterminer le fonctionnement de l’internet Joshua Philipp Époque Times Selon le journal officiel China Daily, en novembre 2014, Li Yuxiao, un chercheur de l’Académie chinoise du cyberespace, a déclaré : «C’est le moment pour la Chine de réaliser ses responsabilités. Si les ÉtatsUnis sont prêts à renoncer à leur contrôle de l’internet, la question est de savoir qui va prendre le relais et comment il sera géré.» «Nous devrions d’abord défi nir nos objectifs dans le cyberespace et ensuite réfléchir à notre stratégie avant de commencer à ajuster notre législation», a-til ajouté. Les commentaires de Li Yuxiao ont suivi l’annonce, faite également en 2014, que les États-Unis renonceraient au contrôle du gouvernement fédéral sur l’internet en mettant fin au contrat entre leur Département du Commerce et Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), prévu pour le 1er octobre 2016. Comme les États-Unis ont l’intention d’abandonner leur contrôle de l’ICANN – et ainsi mettre fin entièrement au contrôle américain de l’internet – le régime chinois a réagi pour combler le vide. Au cours des deux dernières années, il a rédigé un grand nombre de lois autoritaires qui régissent toutes les facettes de l’internet. Le régime a également formé ou pris le contrôle sur les organismes nationaux et internationaux afin de faire passer ses nouvelles lois sur l’internet par les Nations Unies, à travers l’application nationale y compris sur les sociétés étrangères opérant en Chine ainsi qu’à travers les organisations créées spécialement pour établir des liens directs avec les grandes sociétés technologiques à l’étranger. L’ICANN est l’organe responsable des enregistrements sur l’internet qui s’assure en même temps que les utilisateurs ne soient pas redirigés vers les sites qu’ils ne veulent pas visiter. L’Union internationale des télécommunications (UIT), l’organe des Nations Unies chargé des questions liées à l’internet, réclame le contrôle sur l’ICANN, et la Chine entreprend des grands efforts pour contrôler l’UIT. La préparation du terrain Au cours des deux années qui ont suivi le discours de Li Yuxiao lors de la Conférence mondiale de l’internet ayant comme slogan «Un monde interconnecté partagé et régi par tous», le régime chinois a gagné du terrain dans le but de contrôler l’internet mondial, mentionné par Li Yuxiao. Cette conférence, tenue pendant trois jours à Wuzhen dans la province du Zhejiang, a réuni plus de 1000 sociétés d’internet de plus de 100 pays et régions. Li Yuxiao occupe actuellement le poste de secrétaire général de l’Association de la cybersécurité de Chine, présidée par Fang Binxing, créateur de la «Grande muraille du pare-feu» de Chine qui censure et surveille l’internet du pays. Bien que l’association utilise la «cybersécurité» comme façade, elle est chargée spécialement de l’application de la version du régime à propos de la législation sur l’internet. Le régime chinois a également commencé à amener les grandes sociétés technologiques américaines – y compris Microsoft, Intel, Cisco Systems et IBM – dans sa Commission technique 260 chargée, selon le Wall Street Journal, d’aider les autorités chinoises à élaborer les réglementations dans les domaines du cryptage, des grandes données et de la cybersécurité ainsi qu’à déterminer quelles technologies devraient être «sûres et contrôlables» pour le régime chinois. Ce régime a obligé tous les principaux systèmes d’infrastructure de réseau et d’information d’être «sûrs et contrôlables» dans le cadre de la loi sur la sécurité nationale de portée générale qui couvre tous les domaines de la culture à la politique ainsi que les secteurs spatial et militaire, l’économie, l’environnement et la technologie. Peu après l’adoption de cette loi le 1er juillet 2015, la Information Technology and Innovation Foundation l’a considérée comme «faisant partie d’une stratégie» visant à «supplanter les sociétés technologiques étrangères en Chine et sur les marchés du monde entier». Alors que le régime chinois a commencé à utiliser le terme «cybersécurité» pour dissimuler ses objectifs, les responsables du Parti communiste chinois (PCC) et de ses organes d’information contrôlés par l’État ont été très francs au sujet de leurs intentions lors de la Conférence mondiale de l’internet 2014. Le journal officiel China Daily a rapporté à l’époque que «les experts disent que la Chine utilise cette plateforme pour vendre au monde sa propre stratégie et ses règlements, une mission que la plus grande cyberpuissance mondiale avec la plupart des utilisateurs d’internet consi-
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ROSLAN RAHMAN/AFP/GETTY IMAGES
Le président de l’ICANN, Steve Crocker, prend la parole lors de l’ouverture de la conférence de l’ICANN à Singapour le 9 février 2015. L’intention des États-Unis de renoncer au contrôle de l’ICANN ouvre la voie pour la Chine d’accroître son influence sur l’internet mondial.
dèrent comme importante et urgente». Dans ses commentaires résumés par China Daily, le premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré que «la Chine envisage de créer ses propres règles dans le cyberespace» et que le PCC veut créer un «code commun de règlements» de l’internet. China Daily a ensuite cité Shen Yi, professeur agrégé en cybersécurité à l’Université Fudan, qui avait annoncé plus directement que «la Chine a maintenant la capacité de mettre en place des règlements internationaux du cyberespace et d’utiliser notre stratégie et nos règlements pour influencer le monde entier». Une décision controversée De nombreux fonctionnaires gouvernementaux, des organisations et des experts américains ont sonné l’alarme au sujet des plans des États-Unis d’abandonner le contrôle de l’ICANN. Ils craignent qu’une puissance autoritaire étrangère puisse essayer de faire précisément ce que le régime chinois a déjà commencé à faire. Le 8 juin dernier, les députés du Congrès américain Ted Cruz et Sean Duff y ont présenté un projet de loi Protecting Internet Freedom Act qui vise à empêcher le transfert de contrôle des États-Unis sur l’ICANN et à s’assurer que les États-Unis conservent la propriété exclusive sur les noms des domaines .com et .mil. Un message au sujet de ce projet de loi publié sur le site de Ted Cruz met en garde : «Si cette proposition [du retrait des États-Unis] est acceptée, des pays comme la Russie, la Chine et l’Iran pourraient censurer les échanges sur l’internet, y compris ici aux États-Unis, en bloquant l’accès aux sites qu’ils n’aiment pas.» Selon Chris Mattmann, qui a contribué à la création de certaines technologies de base de l’internet, ces préoccupations pourraient être bien fondées, car une partie des fonctions de l’ICANN consiste en gérance et coordination du domaine des noms (Domain Name System - DNS). Il a expliqué que si l’ICANN n’est plus contrôlé par les États-Unis, le processus de déterminer quels sites vous sont montrés lorsque vous entrez une URL «ne sera plus dirigé par le Département du Commerce américain» et pourrait être manipulé par des puissances étrangères pour effectuer quoi que ce soit – de la censure aux cyberattaques. Chris Mattmann a aidé à développer le fonctionnement des systèmes de courrier électronique selon la proposition de l’Internet Assigned Numbers Authority, un des départements de l’ICANN. Il a également contribué à la création de plusieurs systèmes Apache qui sont au cœur de l’internet; actuellement, il travaille dans le laboratoire Jet Propulsion de la NASA. «Je pense qu’il a besoin d’être strictement contrôlé», a-t-il précisé en se référant à l’ICANN. «Même si l’internet est décentralisé et se distribue lui-même, ce qui est le cas, il commence à se dégrader en absence d’un certain élément d’autorité centralisée.» Cette attitude est partagée par Philip Zimmermann, créateur de la norme de cryptage PGP, ainsi que chercheur principal et cofondateur de Silent Circle, une société spécialisée dans les communications sécurisées. Il pense que les États-Unis ont besoin de maintenir le contrôle sur l’internet, sinon «nous cédons le contrôle à un organe international qui peut être facilement influencé par des États membes qui sont des sociétés oppressives». «Vous savez que l’internet est censé donner une voix aux faibles. Si la Chine contrôle leurs propres domaines à l’intérieur de leur pays, il serait facile de réprimer l’opposition», a-t-il poursuivi. D’après Barney Warf, professeur de géographie à l’Université du Kansas qui
a publié une étude sur la liberté d’internet et la gouvernance mondiale, la Chine a «un régime fasciste, oppressif et violent qui a fait tout en son pouvoir pour violer les droits de l’homme». Pour lui, même la possibilité que le PCC puisse appliquer ses lois sur l’internet mondial serait une idée effrayante. Barney Warf pense que l’un des avantages de l’internet est le fait qu’il est géré par les États-Unis de façon informelle, sans le soumettre à un contrôle strict et que cela permet à l’innovation d’accroître. Il a précisé que l’absence de gouvernance stricte a offert la possibilité «d’expérimenter et de faire des erreurs» en ajoutant : «Je pense que l’internet a prospéré parce qu’il n’a pas de pouvoir centralisé.» Les lois pour l’internet En janvier 2014, l’Union internationale des télécommunications (UIT), organe des Nations Unies qui réclame la gérance de l’ICANN, a élu Houlin Zhao, un citoyen chinois, en tant que son secrétaire général. Houlin Zhao avait déclaré précédemment que la censure a une connotation subjective. Selon The New American, en octobre 2014, lorsque M. Zhao a été questionné au sujet du «régime de censure massive d’une dictature ciblant la dissidence, les dissidents et les idées qu’elle n’accepte pas», il a répondu d’une manière évasive : «Certaines formes de censure ne seraient pas anormales dans d’autres pays.» L’UIT a attiré l’attention internationale en 2012, lorsqu’elle a tenu une conférence internationale à huis clos visant à réécrire les règles qui régissent l’internet mondial. Cette conférence a été très critiquée par des groupes axés sur la technologie et les sites web. Cnet.com a fait part d’un document divulgué, où l’organisation onusienne proposait une taxe mondiale internet sur les fournisseurs de contenu, y compris Google, Facebook, Apple et Netflix. Le Center for Democracy and Technology a dévoilé une proposition adoptée par l’UIT qui, selon lui, «pourrait donner aux gouvernements et sociétés la possibilité de passer au crible tout trafic des utilisateurs d’internet – y compris les courriels, les transactions bancaires et les appels vocaux – sans garantie de confidentialité adéquate». Parallèlement à l’accroissement de son influence à l’UIT, le PCC a commencé à créer ses propres lois et organes pour faire adopter ses règlements à la fois en Chine et à l’étranger. En juillet 2015, le PCC a adopté la loi sur la sécurité nationale mentionnée ci-dessus, qui exige que certaines technologies soient «sûres et contrôlables». Le site d’information technologique TechDirt a noté à l’époque que le PCC n’a pas précisé les exigences exactes prévues pour les sociétés étrangères. Toutefois, le site a suggéré qu’elles pourraient être liées à la tentative précédente et controversée d’obliger les entreprises étrangères d’installer des «chevaux de Troie» dans leurs produits technologiques. En décembre 2015, le PCC a adopté la loi antiterroriste qui permet aux autorités chinoises de déchiffrer les informations pour prévenir le «terrorisme» ainsi que de surveiller les systèmes informatiques sous prétexte de prévenir la propagation d’information qui pourrait être utilisée pour le terrorisme ou «l’extrémisme» définis par le PCC. Xia Yiyang, directeur de la recherche et des politiques à Human Rights Law Foundation, a expliqué que les termes «terrorisme» et «extrémisme» sont des étiquettes politiques que le PCC colle aux dissidents chinois pour justifier ses violations des droits de l’homme. Actuellement, elles sont collées principalement aux musulmans ouïghours du Xinjiang, également
connu sous le nom de Turkestan oriental. «Il est facile d’étiqueter un groupe», a-til précisé. «De la même manière qu’avec les Tibétains, ils les étiquettent comme “séparatistes”. Actuellement, cette étiquette est devenue fi xe. Si on pense en Chine aux attaques terroristes, aux attaques terroristes internes, tout le monde pense aux Ouïghours. Si on parle de séparatistes, on pense aux Tibétains. Ce sont des étiquettes fi xes.» En juillet 2015, le PCC a également introduit sa loi sur la cybersécurité. Reuters a rapporté que cette loi prévoit que les opérateurs de réseaux «acceptent la supervision du gouvernement et du public» et qu’elle réitère les exigences que toutes les données personnelles sur les citoyens chinois ainsi que «les données sur les affaires importantes» soient stockées à l’intérieur du pays – ce qui expose davantage ces données à la surveillance du régime. Reuters a noté que cette loi avait été considérée comme controversée aux États-Unis et en Europe, car elle affecte les entreprises étrangères. Il a également noté qu’elle avait renforcé le pouvoir du PCC «d’accéder et de bloquer la diff usion d’information privée que la loi chinoise traite d’illégale» et que cela avait suscité l’inquiétude des gouvernements, des entreprises multinationales et des militants des droits de l’homme, étant donné que le PCC peut «interpréter la loi comme il l’entend». La liste des lois et règlements similaires est bien longue en Chine. En février 2016, le PCC a publié des règlements pour la publication en ligne. En mars 2016, il a rédigé des règlements pour les noms de domaines. Il a également publié des listes d’approvisionnement de l’État qui restreignent les fournisseurs étrangers, tandis que les lois sur les règlements de cryptage sont en en attente. L’Association de la cybersécurité de Chine Le 25 mars 2016, le PCC a créé l’Association de la cybersécurité de Chine qui prétend être une organisation nationale sans but lucratif (OSBL). Toutefois, selon un rapport du Center for Strategic & International Studies (CSIS), cette association relève directement du Groupe pilote sur la sécurité des réseaux et d’information présidé par le chef du PCC, Xi Jinping, et il est «responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre des lois et de la politique de la sécurité de l’information et de l’internet». Le rapport du CSIS avertit que le PCC «avance à une vitesse vertigineuse dans le développement des institutions ainsi que des mécanismes juridiques et réglementaires nécessaires pour renforcer la cybergouvernance». Il mentionne que l’Association de la cybersécurité mettra l’accent sur les questions de la sécurité de systèmes informatiques, de l’appui technologique, «de la supervision de l’opinion publique pour faciliter le contrôle de l’information et la propagande» ainsi que «de la protection des intérêts chinois fondamentaux à l’époque de la mondialisation et la promotion au niveau mondial des sociétés compétitives chinoises spécialisées en TI (technologies de l’information)». Selon Xia Yiyang de la Human Rights Law Foundation, la déclaration de «protéger les intérêts chinois fondamentaux à l’époque de la mondialisation» dissimule bien plus que ce qu’on peut voir. «Dans le langage du PCC, c’est un moyen de garder le PCC au pouvoir par toutes les voies possibles», a-t-il expliqué, en ajoutant : «Ils ont une définition très claire de leurs “intérêts fondamentaux”.» «Peu importe la politique, ce qui compte pour eux, c’est de préserver le PCC au pouvoir. C’est la seule raison de toute politique [sous la direction du PCC]», a poursuivi Xia Yiyang. Il a souligné que la politique du PCC hors de Chine sert également tout d’abord à «renforcer l’argumentation du PCC qu’il règne légalement la Chine». Le rapport du CSIS souligne que la création de l’Association de la cybersécurité chinoise offre pour la première fois au PCC «une institution qui peut s’engager dans la cyberdiplomatie internationale à des niveaux plus élevés» et que cela «conduira à la collaboration avec des associations industrielles, académiques et scientifiques internationales qui constituent l’écosystème de cybergouvernance mondial». Li Yuxiao, secrétaire général de cette association, a été étonnamment franc au sujet de ces objectifs. Dans une interview publiée le 18 décembre 2015 sur le site de la Conférence mondiale de l’internet, M. Li a déclaré qu’il était convaincu que puisque la plupart des internautes du monde se trouvent en Chine, elle devrait avoir le droit de «formuler les règles internationales de la gouvernance du cyberespace». Et il a ajouté : «L’élaboration de règles n’est que le début.»
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INTERNATIONAL
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Des avocats réussissent à défendre les enseignements du Falun Gong devant un tribunal chinois Dans un procès sans précédent, un juge a permis à des avocats de baser leur défense sur les principes du Falun Gong Larry Ong Époque Times Lorsque Zhou Xiangyang et Li Shanshan, deux pratiquants de Falun Gong persécutés pour leurs croyances en Chine, étaient devant un tribunal la dernière fois en décembre 2015, le juge avait empêché leurs avocats de les représenter et avait interdit au couple d’effectuer leur propre défense. Des organisations internationales des droits de l’homme se sont documentées sur la persécution subie par Zhou et Li, une saga particulièrement sévère, mais touchante, se déroulant sur près de 13 années. Par leur refus de renoncer à leurs croyances, le couple a été arrêté et détenu à plusieurs reprises. Il a été traîné devant des tribunaux fantoches et condamné selon des accusations bidon. La dernière audience du couple, le 13 septembre, a toutefois dévié du script habituel. À l’intérieur du Tribunal populaire de Dongli, dans la ville portuaire de Tianjin, le même juge qui avait bloqué les procédures judiciaires l’année dernière a permis, quoiqu’à contrecœur, aux avocats de Zhou et Li de présenter leur cause dans sa totalité. Les avocats ont plaidé l’innocence de leurs clients et se sont ensuite lancés dans une défense sans précédent du Falun Gong lui-même et de ses principes directeurs d’authenticité, de compassion et de tolérance. Il est très surprenant que ces avocats aient pu livrer une telle défense et qu’ils n’aient pas subi des représailles immédiates, à Tianjin de surcroît. Cette ville est un épicentre de la persécution du Falun Gong et l’endroit où plusieurs avocats et militants des droits de l’homme ont été arrêtés dans une grande campagne de répression l’année dernière. C’est aussi l’endroit où ils sont détenus et où ils subissent leur procès. Cette audience inhabituelle fait suite à une série d’autres gestes, à la fois subtils et surprenants, venant du dirigeant communiste Xi Jinping. Ils pourraient indiquer que le régime remet en question sa persécution du Falun Gong, une campagne politique violente lancée par l’ex-dirigeant Jiang Zemin. Valeurs universelles Zhou Xiangyang et Li Shanshan étaient représentés par quatre avocats : Zhang Zanning, aussi maître de conférences à l’Université Southeast de Nankin; Yu Wensheng, défenseur des droits de l’homme à Pékin; ainsi que Chang Bayang et Zhang Keke. Dans un plaidoyer intitulé Sauvegarder la justice et les valeurs universelles d’authenticité, de compassion et de tolérance, les avocats affi rment que leurs clients sont innocents parce que la Constitution chinoise garantit la liberté de croyance et d’expression. Les avocats ont également défendu les principes du Falun Gong. «Authenticité, compassion et tolérance sont les vertus traditionnelles les plus fondamentales et elles sont acceptées comme des valeurs universelles», indique le plaidoyer. «Si les pratiquants de Falun Gong adhèrent sincèrement aux valeurs d’authenticité, de compassion et de tolérance, donc la répression du Falun Gong est
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Les avocats Zhang Zanning, Chang Bayang, Yu Wensheng et Zhang Keke devant le tribunal de Dongli à Tianjin le 13 septembre 2016.
une répression de ces valeurs et un crime contre l’humanité.» Selon Xia Yiyang, directeur de la recherche et des politiques à la Human Rights Law Foundation, «bien qu’il y ait eu des mentions des principes suivis par les pratiquants de Falun Gong dans des procès précédents, c’est peut-être la première fois qu’un plaidoyer identifie clairement et défend les principes comme des valeurs universelles». L’importance de cette affi rmation est que la «persécution du Falun Gong n’est pas seulement une violation de la loi mais, plus important encore, elle s’oppose aux valeurs chéries par l’humanité», estime M. Xia. Habituellement, les avocats des droits de l’homme plaident non coupable pour les pratiquants sur la base que la persécution est inconstitutionnelle. Le premier plaidoyer de non-culpabilité bien rapporté est survenu en 2006 et «beaucoup d’avocats des droits ont perdu leur licence et ont été arrêtés, détenus et même torturés», rappelle Xia Yiyang.
d’autres agences de sécurité», affi rme le témoin s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Le juge Zhang Yaling, qui présidait en décembre 2015, était de retour à son poste. Durant la séance matinale, le juge Zhang interrompait sans cesse les avocats de la défense, particulièrement lorsqu’ils prononçaient les mots «Falun Gong», selon l’individu présent. Lorsque l’audience a été suspendue
Parti communiste, l’organe en charge des documents importants, a émis une note confidentielle à l’intention des autorités locales expliquant comment gérer le Falun Gong, selon Minghui.org, un site administré par les pratiquants de la discipline spirituelle qui publie des informations de première main sur la persécution. La note du Bureau général reconnaît que les pratiquants ont été «traités de manière injuste» durant les 17 dernières années et qu’ils ne subiront plus de pression s’ils renoncent au Falun Gong. Des a na lystes affirment que les responsables chinois hésiteront davantage à mener la persécution après la publication du document, car ils pourraient être impliqués dans le «traitement injuste» des pratiquants si le régime met un terme à la campagne de persécution. «Un procès injuste peut être considéré comme un traitement injuste», indique M. Xia. «Le juge a peut-être considéré sa responsabilité personnelle dans le procès en décidant de cesser d’interrompre les avocats.» Plus tôt cette année, Xi Jinping a semblé poser de nombreux gestes codés à proximité de dates importantes reliées à la persécution, ce qui suggère qu’il pourrait vouloir changer la position du régime. Toutefois, M. Xia fait remarquer que le changement de comportement du juge Zhang ne peut être vraiment confi rmé tant qu’il n’a pas rendu sa décision.
Plus tôt cette année, Xi Jinping a semblé poser de nombreux gestes codés à proximité de dates importantes reliées à la persécution, ce qui suggère qu’il pourrait vouloir changer la position du régime.
Changement Au départ, l’audience du 13 septembre semblait n’être qu’un autre épisode de procès truqués bien orchestrés. Selon une personne assistant à l’audience, il y avait une importante présence policière à l’extérieur du tribunal et l’atmosphère était tendue. «Il n’y avait pas seulement la police du tribunal, mais il semblait aussi y avoir des agents du Bureau de la sécurité intérieure et
pour dix minutes, Wang Shaoping, la mère de Zhou Xiangyang, âgée de 70 ans, s’est levée et a réprimandé le juge pour son incapacité à «appliquer la loi de manière impartiale», selon la source. Mme Wang a également crié des slogans proFalun Gong, mais elle n’a pas été arrêtée ni sortie de la cour, comme lors d’événements similaires dans le passé. Après la crise de M me Wang, le juge a cessé d’interrompre les avocats de la défense pour le reste de la séance de l’après-midi. Le vent tourne Le changement d’attitude du juge Zhang Yaling pourrait être inspiré par une nouvelle directive des dirigeants communistes, selon Xia Yiyang de la Human Rights Law Foundation. Début septembre, le Bureau général du
Extrait des Neuf commentaires Depuis la publication des Neuf commentaires sur le Parti communiste en novembre 2004 par le Dajiyuan (édition chinoise d’Époque Times), plus de 250 620 000 personnes ont démissionné du Parti communiste chinois (PCC) et de ses organisations. Nous republions donc ces commentaires ayant déjà une portée historique. Leur intégralité est disponible sur le site [www.epoquetimes.com].
Troisième commentaire LA TYRANNIE DU PARTI COMMUNISTE CHINOIS VI. L A R ÉVOLUTION CULTURELLE – LE MONDE BOULEVERSÉ PAR UNE POSSESSION MALIGNE (SUITE) À la suite de l’expulsion des Pékinois appartenant à la mauvaise classe sociale, les régions rurales commencèrent une autre série de persécution des éléments de mauvaises classes. Le 26 août 1966, un discours de Xie Fuzhi fut transmis au bureau de police de Daxing pendant leur réunion de travail. Xie ordonnait à la police d’aider les Gardes rouges à fouiller les maisons des «cinq classes noires» (propriétaires terriens, paysans riches, réactionnaires, mauvais éléments et droitiers) en fournissant conseils et informations et en les aidant dans leurs raids. L’abominable massacre de Daxing1 se produisit suite aux instructions directes des services de police; les organisateurs en étaient le directeur
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et le secrétaire du département de police du PCC, et les tueurs étaient pour la plupart des miliciens qui n’épargnèrent même pas les enfants. Beaucoup furent admis dans le PCC pour leur «bon comportement» durant les massacres. Selon des statistiques incomplètes de la province de Guangxi, environ 50 000 membres du PCC étaient impliqués dans les tueries. Parmi eux, plus de 9000 furent admis au Parti peu après avoir tué quelqu’un. Plus de 20 000 commirent des meurtres après avoir été admis au Parti et plus de 19 000 autres membres du Parti étaient impliqués dans les meurtres d’une manière ou d’une autre. Durant la Révolution culturelle, la théorie des classes s’appliquait aussi aux passages à tabac. Les méchants le méritaient s’ils étaient battus par les bons. C’était un honneur pour
une mauvaise personne de battre une autre mauvaise personne. C’était une erreur si une bonne personne frappait une autre bonne personne. Une telle théorie inventée par Mao était largement répandue dans les mouvements rebelles. La violence et le massacre étaient très répandus suivant la logique qui était que les ennemis de la lutte des classes méritaient la violence perpétrée contre eux. Du 13 août au 7 octobre 1967, les miliciens du canton de Dao de la province de Hunan massacrèrent les membres de l’organisation «Vent et orage de Xiangjiang» et ceux des «cinq classes noires». Le massacre dura 66 jours; plus de 4519 personnes de 2778 ménages furent tués dans 468 brigades (villages administratifs) de 36 communes populaires dans 10 districts. Au total, 9093 personnes furent tuées, parmi lesquelles 38 % faisaient partie des «cinq classes noires» et 44 % étaient leurs enfants. La victime la plus âgée avait 78 ans et la plus jeune, dix jours. Ce n’est qu’un seul cas de violence dans une petite région pendant la Révolution culturelle. En
Mongolie intérieure, après l’établissement du «Comité révolutionnaire» au début de 1968, le nettoyage de classes et la purge du parti fabriqué – le «Parti révolutionnaire du peuple de Mongolie intérieure» – tuèrent plus de 350 000 personnes. En 1968, des dizaines de milliers de gens dans la province de Guangxi participèrent au meurtre de masse de la faction rebelle de l’organisation «422», exterminant plus de 110 000 personnes. Ces cas indiquent que les principaux actes de massacres violents durant la Révolution culturelle provenaient tous des ordres et des instigations directes des chefs du PCC qui ont autorisé et utilisé la violence afin de persécuter et tuer les citoyens. Ces meurtriers directement impliqués dans l’ordre et l’exécution des massacres étaient pour la plupart de l’armée, de la police, de la milice armée ou des membres clés du Parti et de la Ligue de la jeunesse. Durant la réforme agraire, le PCC avait utilisé les paysans pour renverser les propriétaires afi n d’obtenir la terre; durant la Réforme industrielle et com-
merciale, il s’est servi de la classe ouvrière pour renverser les capitalistes et mettre la main sur leurs biens; durant le mouvement antidroitier, il a éliminé tous les intellectuels qui avaient des opinions opposées – alors quel était le but de tous les massacres de la Révolution culturelle? Le PCC a utilisé un groupe pour en tuer un autre, sans se fier à aucune classe. Même si vous étiez de la classe ouvrière ou paysanne sur lesquelles avait compté le Parti dans le passé, lorsque votre point de vue différait de celui du Parti, votre vie était en danger. Alors en fin de compte, pourquoi tout cela? 1. Le massacre de Daxing eut lieu au mois d’août 1966 lors du changement de gouvernement du Parti à Pékin. À ce moment-là, Xie Fuzhi, ministre de la Sécurité publique, a fait un discours lors d’une réunion du Bureau de la Sécurité publique à Pékin, préconisant la nonintervention face aux actions des Gardes rouges contre les «cinq classes noires». Ce discours a rapidement été retransmis à une réunion du Comité exécutif du Bureau de la Sécurité publique de Daxing. Après la réunion, le Bureau a immédiatement réagi et formé un plan pour inciter la foule du canton de Daxing à tuer les «cinq classes noires».
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Santé
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Découvrez le chaga, un champignon du bouleau nordique Conan Milner Époque Times
campagne observant les paysans russes utiliser le thé de chaga pour traiter leur maladie.
Jusqu’à récemment, le chaga était pour ainsi dire inconnu de quiconque vivait en dehors d’un climat froid. Aujourd’hui, il est largement promu sur internet comme un remède aux vertus miraculeuses pour tous les maux. Du mythe à la recherche, les acquis du chaga ont suffisamment été mis en valeur pour le sortir de l’ombre. De plus, on a aussi démontré l’authenticité de ses bienfaits. Ce champignon a une longue histoire d’usage traditionnel dans plusieurs cultures. À notre époque moderne, on lui reconnaît aussi son potentiel thérapeutique. Quoique qualifié par certains de champignon – à l’œil, le chaga ressemble plutôt à un grossier morceau de charbon de bois brulé avec un côté craquelé. Le chaga a été appelé cancer de l’arbre, son développement nous apparaît comme un film d’horreur qui se déroule au super ralenti. Ce champignon infecte les arbres profondément jusqu’au tronc. Il prend plusieurs années pour croître, il suinte à travers l’écorce, bourgeonnant en amas jusqu’à la mort de son hôte. Ce champignon peut affecter le charme, l’aulne et d’autres arbres, mais ce n’est qu’en étant récolté sur un bouleau vivant – particulièrement sur le bouleau à papier, noir ou jaune – qu’il est considéré comme médicinal. Dans la médecine populaire, le chaga a été utilisé pour les maux d’estomac et les problèmes de peau, mais il a surtout servi à ce qu’on appelle aujourd’hui un adaptogène – c’est-à-dire une plante aidant le corps humain à s’adapter au stress. Dans certaines cultures, on brûle le chaga, utilisant la fumée pour une purification rituelle, comme on le fait avec la sauge. En Finlande, il est utilisé comme un substitut au café. La plupart des connaissances relatives au chaga nous viennent de la Sibérie occidentale, on dit que les meilleurs spécimens s’y trouvent. Le romancier russe Alexandre Soljenitsyne est à l’origine de la popularisation de ce champignon. Dans son roman de 1968 Le Pavillon des cancéreux, l’auteur récompensé d’un prix Nobel raconte l’histoire d’un médecin de
Le mythe et la réalité Le chaga est riche en antioxydants, de nombreux sites internet en mentionnent une concentration énorme basée sur des études menées par l’Université de Tufts, mais cette université, selon ses propres dires, n’a jamais fait de recherche sur le chaga. La Russie et la Pologne ont été les premières à étudier le chaga, des études plus récentes proviennent d’Asie de l’Est. Des cliniques au Japon et en Corée traitent les patients avec des extraits de chaga. Le chaga attire également l’attention de la Chine, mais son lien avec la médecine ancienne chinoise pourrait être plus faible que ce qu’énoncent les rapports. De nombreux sites internet prétendent que Shen Nung, le père de l’agriculture chinoise, qualifiait le chaga de «roi des remèdes» et de «précieux don de la nature». Cependant, il est peu probable que Shen Nung ait été en contact avec le chaga, étant donné qu’il ne pousse qu’à l’extrême nord de la Chine. En approuvant un extrait pour la gastrite et pour les stades précoces du cancer en 1955, la Russie a été la première à reconnaître le chaga dans la médecine moderne. Cet extrait, qui aurait été préparé selon une recette ancienne, est encore disponible sous le nom de Befungin. Dans le plus vaste domaine de la science, les bénéfices du chaga restent hypothétiques. La recherche est beaucoup moins avancée que pour des champignons médicinaux mieux étudiés, comme le shiitake et le polypore versicolore, mais les observations augurent bien jusqu’à maintenant. Le USA Women and Cancer Fund recommande le chaga sibérien en se basant sur une littérature et des comptes rendus favorables. Dans le numéro d’automne 2014 du Journal of the American Herbalist Guild, un expert en champignons médicinaux, Christopher Hobbs, a classé le chaga comme une «espèce montante».
En approuvant un extrait pour la gastrite et pour les stades précoces du cancer en 1955, la Russie a été la première à reconnaître le chaga dans la médecine moderne.
Potentiel en médecine Les chercheurs ont identifié d’importants composés phytochimiques dans le
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Le chaga n’a pas un goût de champignon. En Finlande, il est utilisé comme un substitut au café.
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Le chaga se trouve sur le bouleau seulement sous les climats froids.
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À l’œil, le chaga ressemble à un morceau de bois craquelé et carbonisé.
chaga. Prises régulièrement, des doses modérées de chaga ne présenteraient aucun signe de toxicité. Comme d’autres champignons médicinaux, le chaga aide à renforcer l’immunité, mais il a des particularités que les autres champignons n’ont pas. Le chaga stimule la production de la superoxyde dismutase, un groupe spécial d’enzymes protégeant le corps contre l’oxydation dégénérative et les radicaux libres. Le chaga contient une bonne quantité de bêta-glucanes – un composé renforçant l’immunité se trouvant dans tous les champignons – et beaucoup de mélanine, un pigment chimique qui colore la peau et qui rend noir un côté du chaga. Cette forte concentration en mélanine contribue à son énorme contenu d’antioxydants et pourrait protéger le corps des dommages à l’ADN. Le chaga est utilisé aujourd’hui pour le bien-être général, en prévention du cancer et pour contrer les effets toxiques de
la chimiothérapie et de la radiothérapie. Il a également été démontré qu’il permet de réduire les tumeurs à des stades précoces de développement. La réputation du chaga comme antitumoral est liée à la bétuline et à l’acide bétulinique, que le champignon absorbe du bouleau. Ces composés ont une forte action antivirale, mais leur absorption est difficile pour l’humain. Une théorie qui prévaut est que le chaga concentre ces composés du bouleau en une forme facilement digestible. Production renouvelable Les experts en mycologie s’inquiètent de ce que la popularité croissante du chaga puisse amener à une surexploitation au détriment de l’environnement. Dans un article publié en 2012, le mycologiste Paul Stamets a encouragé les écologistes à mieux comprendre le rôle écologique à long terme du champignon : «Pour éviter d’apprendre par la suite que la récolte du chaga sauvage favoriserait des insectes nuisibles ou un autre déséquilibre écologique avec un impact imprévu en aval.» Stamets fait la promotion du chaga cultivé, non seulement parce qu’il est renouvelable, mais également parce qu’il est plus propre : il ne porte pas d’insectes ou de fèces et est moins susceptible d’absorber des métaux lourds venant de la pollution aérienne. Selon lui, le chaga cultivé présente des effets antioxydants similaires à ceux observés sur la variété sauvage, mais il pourrait être déficient sous d’autres aspects. Les chercheurs ont découvert que seul le chaga sauvage qui pousse dans des climats aux hivers rigoureux – comme en Alaska, dans la région montagneuse de Changbai en Chine ainsi qu’en Finlande – peut développer de puissants composés guérisseurs uniques au champignon, comme la betuline, l’acide bétulinique et la mélanine. Le chaga est disponible en morceaux, en teinture, en poudre ou en thé. Les meilleurs extraits préparés professionnellement sont reconnus comme ayant le meilleur des composés clés. Si vous êtes intéressé à faire votre propre préparation, faites attention à la source du champignon et à la méthode d’extraction. Les recettes disponibles sur internet varient fortement. Mise en garde : Pour tout problème de santé, veuillez consulter un professionnel de la santé avant de commencer un traitement.
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Au-delà de la science
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Quatre autres découvertes scientifiques révélées dans des rêves Tara MacIsaac Époque Times Dans Au-delà de la science, Époque Times explore les recherches et les récits examinant les phénomènes et les théories qui posent un défi aux connaissances actuelles. Nous nous penchons sur les idées stimulant l’imagination et ouvrant de nouvelles possibilités. Partagez vos idées avec nous sur ces sujets, parfois controversés. Quand un rêve n’est pas qu’un rêve… Les neurosciences sont nées Le Dr Otto Loewis, considéré comme le «père des neurosciences», avait une théorie selon laquelle il entrevoyait la possibilité de l’existence d’une transmission chimique de l’impulsion nerveuse, mais il ignorait comment en faire la preuve. En 1920, il a fait deux rêves, sur deux nuits consécutives, dans lesquels lui apparaissait le plan d’une expérience lui permettant de faire la preuve de sa théorie, selon la BBC. Ces rêves le propulsèrent sur le chemin de deux prix Nobel de la médecine en 1936. Une recette historique de produit de beauté M me C. J. Walker a été la première millionnaire afro-américaine en Amérique. Elle racontait que le secret de son succès lui est venu en rêve. Au début du XXe siècle, elle commençait à vendre les produits capillaires Madam Walker’s Wonderful Hair Grower, un conditionneur apaisant pour cuir chevelu. Elle avait commencé à perdre ses cheveux et, après avoir essayé en vain les produits disponibles sur le marché, elle avait décidé de développer ses propres produits. Elle avait confié à un journaliste, selon le livre Madam C. J. Walker: Entrepreneur écrit par A’Lelia Perry Bundles, «Dieu a répondu à mes prières. J’ai fait un rêve une nuit et, dans ce rêve, un grand homme noir m’est apparu et m’a dit quels produits je devais mélanger pour mes cheveux. Certains d’entre eux venaient d’Afrique, mais je les ai fait venir, je les ai combinés et j’ai appliqué ce mélange sur mon cuir chevelu. Quelques semaines plus tard, mes cheveux se sont mis à repousser plus rapidement que je ne les avais perdus. J’ai essayé le produit sur mes amies, ça les a aidées. J’ai donc décidé de commencer à le vendre.» Un étrange poisson Le biologiste et géologue Louis Agassiz (1807-1873) examinait l’énigmatique empreinte fossile d’un poisson dans une
KONRAD JACOBS/WIKIMEDIA COMMONS EDITED BY EPOCH TIMES
Srinivasa Ramanujan
pierre, sans en comprendre véritablement les caractéristiques. Craignant de causer des dommages irréparables au spécimen, il hésitait à marteler la pierre sans avoir une compréhension de la véritable structure du poisson. Il a fait trois rêves, sur trois nuits consécutives, au cours desquels il a vu le poisson avec toutes ses caractéristiques, rapporta sa femme, Elizabeth Agassiz dans le livre Louis Agassiz: His Life and Correspondence. Après les deux premières nuits, il ne pouvait garder en tête cette image au réveil. Toutefois, au matin de la troisième nuit, il était prêt à mettre sa vision sur papier. Sa femme écrit : «Il s’est précipité au Jardin des Plantes et, avec ses dessins comme guide, il a réussi à ciseler des morceaux de la pierre sous lesquels se trouvaient des portions du poisson. Exposés ensemble, les morceaux correspondaient à son rêve et à son dessin, il a alors réussi plus facilement la classification. Il parlait souvent de cela comme étant un bon exemple du fait que, lorsque le corps est au repos, le cerveau peut accomplir le travail qu’il refusait de réaliser auparavant.
Les visions d’un jeune villageois font de lui un grand mathématicien Srinivasa Ramanujan est né dans une famille pauvre du sud de l’Inde en 1887. La légende veut qu’une déesse soit venue le trouver dans ses rêves pour lui donner des formules mathématiques incompréhensibles pour ceux à qui il les a montrées en Inde, mais qui ont épaté G. H. Hardy, de l’Université de Cambridge en Angleterre, à qui Ramanujan avait écrit une lettre en 1913. Le mathématicien indo-américain Krishnaswami Alladi parle de ces évènements dans son article Srinivasa Ramanujan: Going Strong at 125, dans l’édition de décembre 2012 des Notices of the American Mathematical Society. Dans cet article, il décrit Ramanujan comme un «génie autodidacte… un des plus grands mathématiciens de l’histoire et un des personnages les plus romantiques du monde des mathématiques». La mère de Ramanujan a aussi fait un rêve qui a rendu possible le succès de son fils. Thayer Watkins, un professeur d’économies à l’Université de San José, a publié un article intitulé Srinivasa Ramanujan, a Mathematician Bril-
liant Beyond Comparison, dans lequel il parle d’un rêve qui a permis à Ramanujan d’aller à Cambridge : «La mère de Ramanujan a fait un rêve au cours duquel elle a vu son fils assis parmi un groupe d’Européens, un grand halo l’entourait. C’est ce qui l’a convaincue que d’envoyer son fils en Angleterre était une bonne chose.
Pour de plus amples informations : Elizabeth Cary Agassiz, Louis Agassiz: his life and correspondence (Les correspondances de Louis Agassiz) www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Pe rseus%3Atext%3A2001.05.0258%3Achapter %3D6 Srinivasa Ramanujan: Going Strong at 125 Srinivasa Ramanujan : encore plus fort à 125 http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/downlo ad?doi=10.1.1.252.5871&rep=rep1&type=pdf Srinivasa Ramanujan, a Mathematician Brilliant Beyond Comparison Srinivasa Ramanujan : un mathématicien incomparable www.sjsu.edu/faculty/watkins/ramanujan. htm
Gravure datant de 500 000 ans, la plus ancienne à ce jour selon les archéologues Tara MacIsaac Époque Times Une équipe internationale de chercheurs a publié ses recherches le 3 décembre 2014, ils expliquent que ce coquillage datant de 500 000 ans présente la gravure la plus ancienne jamais découverte – elle est quatre fois plus vieille que les gravures trouvées en Afrique qu’on considérait jusqu’alors les plus anciennes. Jose Joordens, une archéologue de l’Université de Leiden dans les PaysBas et auteure principale de l’article publié dans le journal Nature, affi rme dans un communiqué de presse : «Nous avons soudainement pris conscience que l’Homo erectus avait plus de capacités que ce que nous pensions jusqu’à maintenant. Les hypothèses en vigueur en archéologie concernant les premiers humains qui ont vécu de 1,9 million d’années à il y a environ 400 000 ans devront être revues.» Une gravure, faite par l’Homo sapiens (l’homme moderne), découverte sur un morceau d’ocre était considérée auparavant comme la plus ancienne et datait de 100 000 ans. Deux méthodes de datation placent cette simple gravure en zigzag sur
un coquillage entre 540 000 et 430 000 ans. Le coquillage vient d’un site d’excavation sur l’île indonésienne de Java et a fait partie d’une collection au centre Naturalis Biodiversity de Leiden pendant plus de cent ans — Wil Roebroeks, professeur d’archéologie avant d’être remarqué. paléolithique à l’Université de Leiden Les chercheurs travaillant avec les coquillages étudiaient la manière ingénieuse dont l’Homo erectus utilisait un outil tranchant, possiblement une dent de requin, pour trouver l’endroit précis sur un coquillage de mollusque où il faut appuyer pour le faire ouvrir. C’est en faisant ces expériences qu’ils ont aperçu cette gravure. Wil Roebroeks, professeur d’archéologie paléolithique à l’Université de Leiden, a déclaré dans un communiqué de presse : «C’est fantastique que ce coquillage gravé ait été découvert dans la collection d’un musée où il se trouvait depuis plus de cent ans. J’imagine que les gens peuvent se demander s’il peut s’agir d’une forme d’art primitif.» Il a continué : «À ce moment, nous n’avons aucune idée du sens qu’elle WIM LUSTENHOUWER/VU UNIVERSITY AMSTERDAM peut avoir ni de la raison pour laquelle La gravure en zigzag a été faite sur un coquillage de moule il y a plus de 500 000 ans. cette gravure peut avoir été faite.»
«C’est fantastique que ce coquillage gravé ait été découvert dans la collection d’un musée où il se trouvait depuis plus de cent ans. J’imagine que les gens peuvent se demander s’il peut s’agir d’une forme d’art primitif.»
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Le café Olimpico est considéré comme leur propre salon par certains habitants du Mile End.
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Les magasins de bagels ouverts 24 h sur 24 permettent aux Milendois de se sentir en sécurité.
Le Club Social est une des «institutions» du Mile End.
Le Mile End : rencontre avec ses amoureux fous Nathalie Dieul Époque Times
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Une boîte de livres à échanger devant un immeuble.
hockey chacun chez soi, les habitants du Mile End se réunissent dans les cafés pour voir les parties. Au Club Social, il y a même des tables où l’usage des ordinateurs est interdit pour faciliter les rencontres humaines. Le Mile End est un quartier où il est possible de s’habilPO QU ler comme vous en avez ET IM envie, souligne Guillaume ES Salmon, aussitôt approuvé par des rires qui en disent long sur la question. Selon ce père de famille célibataire, l’inconvénient majeur du quartier est que de moins en moins de jeunes femmes célibataires y habitent, résultat de l’embourgeoisement. Pandore Hobby, qui participe à la soirée tout en crochetant, travaille au centreville. Si elle y croise quelqu’un du Mile End, même si elle ne le connaît pas beaucoup et qu’il est de l’autre côté de la rue, ils vont se saluer «joyeusement, intensément», raconte-t-elle avec de grands gestes expressifs qui suscitent l’approbation de l’assemblée. TH NA
Le Mile End est un quartier bien particulier, où les habitants forment «une communauté pas juste tricotée serrée mais crochetée serrée», remarque la fée Patsy Van Roots. Hé oui, le Mile End n’est pas un quartier comme les autres : il a même une fée! Dès qu’Époque Times l’a contactée, elle a organisé tout spécialement une petite rencontre à laquelle une quinzaine d’amoureux fous du Mile End se sont joints. Tous ces amoureux, qu’ils y habitent depuis quelques mois ou depuis des dizaines d’années, s’entendent pour dire que le Mile End est comme un village dans Montréal. «C’est Montréal en miniature, avec tout ce qu’il y a de meilleur», reconnaît Ousmane Fall, arrivé en 1990 avec ses trois enfants qui ne sont, selon ses dires, jamais sortis du quartier. «Je n’ai
pas choisi le Mile End. C’est le Mile End qui m’a absorbé», ajoute-t-il, faisant rire toute l’assemblée. «Le Mile End, c’est mon cœur, c’est là que je suis devenue mère», ajoute Patsy Van Roots. L’un des secrets du Mile End? Les cafés! Par exemple, l’organisatrice de la soirée a demandé au patron du Dépanneur Café si c’était possible d’emprunter son café pour cette rencontre avec les journalistes d’Époque Times. La réponse a été oui tout de suite, et le patron a accepté de fermer le Dépanneur Café quelques heures plus tard que d’habitude spécialement pour le groupe, sans qu’il soit même question d’argent. Des institutions comme le Café Olimpico ou le Café Club Social, qui existent depuis des décennies, sont les organes du quartier. «Beaucoup de gens vont dire du Café Olimpico : c’est mon salon, c’est l’annexe à la maison. On peut même aller au café en pyjama», soutient Mirabelle Ricard. Par exemple, au lieu d’écouter le
Design urbain En matière d’urbanisme, plusieurs remarquent que le Mile End correspond encore exactement au modèle de design urbain à échelle humaine que les urbanistes essaient de reproduire. Tout est organisé pour être à proximité, avec des magasins en bas et des appartements audessus. Cette structure, avec ses ruelles et ses balcons, permet à la communauté de bien vivre, de rencontrer facilement ses voisins. D’ailleurs, parmi les amoureux du quartier présents, presque tous se déplacent principalement à pied ou à vélo et seulement deux personnes ont leur permis de conduire, dont l’une est apprentie depuis 12 ans. Il est par contre parfois difficile pour un Milendois d’aller d’un point A à un point B rapidement, même si la distance est courte, remarque Patrick Saad : il y rencontre à chaque coin de rue des gens qu’il connaît et avec qui discuter! Sécurité et entraide L’un des aspects qui ressort à plusieurs reprises lors de la soirée, c’est le sentiment de sécurité que le Mile End inspire. «Comme mère, aucune inquiétude. Avant, je vivais à Westmount, j’avais peur de sortir le soir. Il n’y a personne dans les rues», remarque Kate Herzberg, arrivée il y a cinq ans dans le quartier avec ses trois filles. Celles-ci veulent déjà y rester toute leur vie. «Je remercie beaucoup les bagels shops, les cafés et restaurants ouverts très tard, parfois 24 h. Ça crée une circulation constante, avec de la lumière», ajoute Marilyn Berzan-Montblanch, qui habite dans le Mile End depuis 40 ans. Quant à la fée Patsy, elle s’interroge : «Je fais des projets d’art où je suis amenée à entrer chez des gens que je ne connais pas. J’entre dans la chambre à coucher des gens. Où est-ce que je pourrais faire ça à Montréal?» La sécurité passe aussi par l’entraide : la communauté aide les vieilles dames portugaises, italiennes, chinoises, même si celles-ci ne parlent ni français ni anglais. Ainsi, Mirabelle Ricard pellette parfois l’entrée de sa voisine chinoise qui a 90 ans, ou bien elle aide la dame por-
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L’expérience que la fleuriste Tamey Lau, icône du Mile End, a vécue à la suite d’un incendie qui a ravagé sa boutique en 2013 prouve à quel point la communauté du quartier est soudée. Grâce à la mobilisation de tous, elle a pu rouvrir son commerce dès l’année suivante.
tugaise en faisant ses commissions quand ce n’est pas d’autres voisins qui le font. Lorsqu’elle passe à vélo, elle dit bonjour à l’une ou l’autre de ses voisines âgées : «Je dis trois mots d’italien, elle dit trois mots de français. On s’envoie la main comme ça depuis des années et des années. Elle est sur son balcon, elle est contente et c’est sympathique.» Les Milendois s’entraident aussi en ne jetant pas les choses : ils les donnent. Il y a les boîtes à livres, d’autres pour les objets divers à donner. Ou encore, ils mettent une boîte de carton en bas de leur escalier avec une note : à donner, fonctionne encore, pas de puces. Un paradis en péril? Ici, comme dans les autres quartiers centraux de Montréal, l’embourgeoisement met en péril toute cette belle mixité sociale qui fait du Mile End ce qu’il est. Le côté un peu bohème de ce coin de Montréal risque de se faire évincer par cet embourgeoisement si les artistes ne peuvent plus se permettre de payer les loyers en constante augmentation. «Moi, le quartier, sans Mira, sans Patsy, ça ne m’intéresse pas!», souligne Marie Sterlin, qui travaille sur un documentaire au sujet de l’embourgeoisement depuis deux ans. Le Mile End fait même maintenant partie du circuit touristique, avec des autobus entiers de touristes qui y débarquent, ce qui dérange les habitants. Quoi qu’il en soit, les Milendois qui habitent depuis longtemps dans le quartier et qui en sont amoureux fous sont attachés à leur vie de village. «Aussitôt qu’on revient au Mile End après en être sorti pour un moment, c’est un soulagement», résume Marilyn Berzan-Montblanch.
Pour en savoir davantage sur Patsy Van Roost, la célèbre fée du Mile End, lisez l’article Comment devenir une fée urbaine en 13 étapes dans notre prochaine édition!
Qualité supérieure
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La prospérité du Mile End relève de sa mixité : entrevue avec Richard Ryan ANDRÉANNE LECLERCMARCEAU
Frédérique Binette et Nathalie Dieul Époque Times Engagé et humain, connu pour être proche des citoyens, Richard Ryan est conseiller du district du Mile End. Il a été élu en 2009 et en est à son deuxième mandat. Ardent défenseur de l’environnement, il apprécie les artistes qu’il essaie de garder dans le quartier. Il habite dans le Mile End depuis plus de 25 ans.
Richard Ryan, conseiller municipal du Mile End
Époque Times (É.T.) : Parlez-nous du développement économique du quartier. Richard Ryan (R.R.) : À la fin des années 1980, avec l’ouverture des marchés, l’industrie du textile qui était dominante a commencé son déclin. Au sud de la voie ferrée, dans le secteur qu’on appelle «Saint-Viateur Est», des grands bâtiments qui avaient jusqu’à 12 étages et 3 millions de pi2 sont devenus des espaces industriels vacants et ont été occupés à la fin des années 1990 par des artistes et des petites entreprises qui y trouvaient leur compte. Au cours de ces décennies, beaucoup d’artistes sont venus d’ailleurs. Aussi, l’entreprise Ubisoft s’est développée au coin du boulevard Saint-Laurent et de la rue Saint-Viateur. En parallèle, une panoplie de petits ateliers, petites shops, artisans sont venus occuper ces locaux industriels de grande fenestration qui étaient très peu chers et adaptés à leurs besoins de création. À partir des années 2000, le Mile End commençait à être reconnu en ce qui concerne cette créativité. Cependant, l’attractivité du territoire a fait en sorte que ça a fait monter les valeurs foncières et que les artistes furent les premiers à être chassés, n’ayant pas les moyens de se payer les locaux qu’ils occupaient jusqu’alors. C’est là le grand danger du grand potentiel économique du Mile End.
« On voudrait protéger le parc locatif et empêcher les hausses abusives. »
Richard Ryan, conseiller du district du Mile End
É.T. : Cette attractivité du quartier pose-telle des défis pour se loger? R.R. : Je pense que c’est correct de reprendre un logement quand il y a des cas bien précis : famille, agrandissement, etc. Toutefois, en ce moment, il y a beaucoup de reprises abusives dans le but de mettre dehors des locataires qui ne paient pas assez cher [leur loyer] et c’est là que ça crée tout le problème. On voudrait protéger le parc locatif et empêcher les hausses abusives, et la Régie du logement est là pour protéger ces locataires. Cependant, dans les faits, très peu de gens vont aller jusqu’à la Régie. Ils vont se faire donner un chèque de 1000 $, 2000 $, 3000 $ et vont quitter ou ils vont se faire tellement embêter qu’ils vont quitter d’eux-mêmes. [Du côté des propriétaires] pour l’accès à la propriété, il faut en avoir les moyens... Le problème auquel font face ceux qui sont déjà propriétaires c’est l’augmentation des taxes municipales attribuable à la grande hausse de la valeur foncière. Pour un petit propriétaire, s’il veut rester dans le coin, LILIA LUNA/ÉPOQUE TIMES
mais que ses revenus n’augmentent pas et que son compte de taxes, ses taxes scolaires, etc. augmentent plus que le coût de la vie, c’est un peu catastrophique. Il se dit, la seule façon de m’en sortir c’est de vendre et d’aller ailleurs. Ça fait évoluer le tissu social du quartier. Pour ce qui est des commerces, la situation du bail est catastrophique actuellement. À cause de la hausse des loyers, plusieurs commerces ferment parce qu’ils sont ache-
tés par un seul propriétaire. Il y a toujours eu une évolution dans le commerce – des commerces qui ouvrent et qui ferment mais là, en l’espace de très peu de temps, il y a une transformation commerciale dans le but de répondre au besoin spéculatif de certains joueurs, c’est malsain pour une vision à long terme. É.T. : Quels sont les principaux avantages des saillies de trottoir, une mesure d’apaisement de la circulation qui est de plus en plus commune dans le Mile End? R.R. : La saillie de trottoir a trois grands objectifs. On va marquer le coin de rue et, en voyant ce réaménagement urbain, les autos vont ralentir. Donc, le premier objectif est la sécurisation de l’intersection. Le piéton a moins de temps de traverse sur la rue, puisque le trottoir NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES est allongé, et il y a une augmentation de la visibilité. C’est super important que les piétons et les automobilistes puissent se voir mutuellement. Deuxième objectif, on vient de se donner des nouveaux espaces de plantation dans un des quartiers les plus densément construits au Canada. Des carrés où on peut planter des plantes, arbres, etc. Déminéraliser et verdir, c’est important pour gérer la catastrophe des changements climatiques. Puis, le troisième objectif, la création d’un milieu de vie, animation, etc., avec des saillies en premier lieu près des CPE, des parcs, des écoles. C’était une révolution à Montréal. Certains l’ont nommée «la révolution du coin de rue» parce qu’on créait un petit milieu de vie au coin de la rue.
Les artistes laissent leurs marques un peu partout dans le Mile End.
Le mobilier urbain coloré et diversifié du Mile End invite les gens à s’y asseoir et à se rencontrer. NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES
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Le Champ des possibles
FACEBOOK/LES AMIS DU CHAMPS DES POSSIBLES
Le Champ des possibles est un espace vert de 1,4 hectare, près de la voie ferrée à l’angle de la rue Henri-Julien et Maguire, qui appartenait au Canadian Pacific et qui fut racheté par la Ville de Montréal en 2006. À la suite de la volonté des citoyens d’en préserver le caractère sauvage, le plan d’urbanisme de la Ville de Montréal fut modifié de manière à en changer le zonage et à en assurer la protection à perpétuité. En 2013, une entente de cogestion fut conclue entre la Ville de Montréal et l’organisme Les Amis du Champ des possibles, ce dernier s’engageant à y réaliser des activités d’éducation, d’animation et de conservation.
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La vie derrière les murs des carmÊlites Nathalie Dieul Époque Times Vous êtes-vous dÊjà demandÊ ce qu’il se passait derrière les grands murs de pierre du monastère des carmÊlites, situÊ entre la rue Saint-Denis et l’avenue Henri-Julien, à la hauteur de la rue Saint-Viateur? Y a-til encore, en 2016, des carmÊlites derrière ces murs? HÊ bien oui, il y a encore une quinzaine de religieuses qui continuent de vivre leur vie monastique dans ce lieu protÊgÊ de la folie des temps modernes. Les moniales vivant dans le silence et le recueillement. C’est grâce à un ami d’Époque Times que j’ai obtenu un rendez-vous avec sœur Marie-JosÊe, la prieure. Elle nous a chaleureusement reçus dans le parloir, à travers une grille qui tÊmoigne de l’Êvolution des règles monastiques. Il n’y a pas si longtemps, les barreaux de la grille Êtaient beaucoup plus serrÊs. Les religieuses ne pouvant même pas embrasser leur propre mère, ce qu’elles peuvent faire aujourd’hui. Un rideau fermÊ cachait aux visiteurs le visage des moniales, il n’Êtait ouvert que pour les membres de la famille des religieuses. Il n’existe plus de nos jours. La prieure Qu’est-ce qu’une prieure? Ça veut dire première parmi ses sœurs. Notre rôle est d’être une animatrice de la communautʝ, explique humblement sœur MarieJosÊe. La prieure, comme tout supÊrieur, devrait être un rassembleur pour que ça fonctionne bien dans la maison. Bien Êvidemment 14 femmes qui vivent toujours ensemble, en milieu fermÊ, cela peut donner des petits heurts qui perdurent et gâchent un peu la communautʝ. Alors le rôle de la prieure est de veiller à ce que les sœurs se raccommodent. Une fois les moniales rÊconciliÊes, elles ne s’aiment que davantage. Si on ne base pas notre vie communautaire sur le pardon, ça ne marche pas. On essaie beaucoup et, dans l’ensemble, on rÊussit bien, constatet-elle. Il y a un avantage de vieillir, c’est qu’on n’a plus la force de se fâcher autant et si longtemps. Et lorsque l’on a fait le choix de vivre avec le Seigneur, c’est plus facile de relativiser assure la prieure. Moyenne d’âge et nouvelles vocations La moyenne d’âge des carmÊlites du Mile End est d’environ 65 ans : la plus
âgÊe a 91 ans, la plus jeune, quant à elle, a seulement 25 ans, mais la suivante a 57 ans. Les carmÊlites ont longuement hÊsitÊ avant d’accueillir la jeune femme parmi elles puisque, même si elles sont encore très vaillantes, elles ont toutes l’âge d’être sa mère, sa grand-mère ou même son arrière-grand-mère. Elles lui ont expliquÊ leur rÊalitÊ, et la nouvelle est quand même venue faire un stage. Elle aime beaucoup les aÎnÊes, estimant que vivre avec elles la rend plus mÝre. Si les moniales prient pour que la jeune carmÊlite ait un jour une ou deux compagnes de son âge, la prieure est catÊgorique : On ne peut pas forcer les vocations. J’aime mieux fermer le monastère que d’accueillir des personnes qui ne sont pas faites pour nous. Elles vont être malheureuses et nous rendre malheureuses. Les religieuses n’envisagent pas non plus d’aller chercher des nouvelles vocations à l’Êtranger : il faudrait d’abord qu’une candidate soit bien intÊgrÊe à la vie et à la culture quÊbÊcoise avant de songer à s’adapter à la vie au Carmel. En effet, ce n’est pas tout le monde qui peut s’adapter à ce rythme de vie un peu monotone et bien rÊglÊ. Vie quotidienne Chaque moniale a son travail, et le fait seule dans le silence. Il y a la cuisinière, l’Êconome, l’infirmière, la secrÊtaire, celle qui s’occupe de la maintenance : de tout pour faire marcher une maison. De plus, il y a la fabrication des hosties, ce qui comprend la cuisson, le dÊcoupage et l’expÊdition des commandes. L’ÊtÊ, il faut aussi s’occuper du jardin. Les pÊriodes de rÊcrÊations sont utilisÊes principalement pour bavarder, se taquiner, parler un peu de tout, des nouvelles de la famille des sœurs, etc. Étant des sœurs cloÎtrÊes, les carmÊlites sortent de l’enceinte du monastère seulement pour des rendez-vous mÊdicaux, parfois pour des commissions, ou pour rendre visite à une sœur en convalescence. En janvier dernier, sœur Marie-JosÊe, en tant que conseillère d’une petite association des monastères des carmÊlites du QuÊbec, a reçu l’invitation de sa vie, de la part du Vatican, pour se rendre à une congrÊgation de religieux à Rome. Imaginez la grosse sortie pour celle qui est entrÊe dans les ordres il y a 42 ans, sans jamais quitter le monastère situÊ sur l’avenue du Carmel! Deux semaines après son retour, elle rêvait encore qu’elle Êtait dans l’avion.
Évolution Au XVIe siècle, sainte ThÊrèse d’Avila a rÊformÊ l’ordre du Carmel. D’après sœur Marie-JosÊe, ce qu’elle dÊsirait d’abord pour ses filles, ce n’Êtait pas tant l’austÊritÊ matÊrielle que la vertu, une capacitÊ de relations harmonieuses les unes avec les autres, une capacitÊ de savoir vivre. Il y a eu quelques adaptations par rapport aux traditions, les religieuses âgÊes ont vÊcu les effets du concile Vatican II (1962-1965), un dÊcret qui demandait à toutes les communautÊs religieuses de se renouveler selon l’Êpoque et les pays oÚ elles vivaient. Par exemple, sœur Lucile, qui s’est Êteinte rÊcemment à l’âge de 97 ans, avait tÊmoignÊ auprès de sœur Marie-JosÊe que les robes que portaient les religieuses Êtaient en bure, une Êtoffe rustique en laine. Elles Êtaient tellement Êpaisses et lourdes qu’elle a souvent prÊfÊrÊ se coucher toute habillÊe. La prieure actuelle n’a pas connu les robes de bure. Par contre, elle a connu la toque jusqu’en 1996 : c’Êtait une sorte de passemontagne, au lieu d’un petit collet comme elle le porte maintenant. La toque Êtait très chaude à porter, et toutes les religieuses Êtaient contentes de ce changement. Cependant, c’est principalement au niveau des relations fraternelles que l’Êvolution a ÊtÊ la plus flagrante. En 1974, quand sœur Marie-JosÊe est arrivÊe au monastère, c’Êtait beaucoup plus hiÊrarchique : il fallait agir en fonction de ce que la prieure avait dit. Venant d’une famille dont les parents demandaient l’avis à leurs enfants, la jeune femme a dÝ s’y habituer. L’Êvolution s’est faite progressivement et l’opinion des sœurs est de plus en plus demandÊe, un avis qui est respectÊ même s’il est diffÊrent de celui de la prieure. Ça a crÊÊ une plus grande communion fraternelle, moins hiÊrarchique, assure sœur Marie-JosÊe.
NOUS AVONS FAILLI PARTIR En 2003-2004, le mur qui sÊpare le monastère de l’avenue Henri-Julien devant être rÊparÊ, les carmÊlites ont entrepris des dÊmarches pour vendre le lieu et dÊmÊnager. Une levÊe de boucliers des citoyens et organismes a eu lieu, puis le gouvernement a offert de le classer monument historique, ce qui permettait à la congrÊgation religieuse de rester. Les religieuses ayant acceptÊ, après plusieurs dÊmarches et sept ans de rÊparations, le monastère construit en 1896 Êtait sauvÊ des mains du promoteur immobilier.
NATHALIE DIEUL/ÉPOQUE TIMES
Les carmÊlites se rencontrent six ou sept fois par jour au chœur pour chanter les louanges du Seigneur.
UNE JOURNÉE DANS LA VIE DES CARMÉLITES 5h30 : lever 6h : oraison silencieuse au chœur 7h : office des laudes (office chorale chantÊ, d’une durÊe d’environ 30 minutes) C’est la prière matinale oÚ, dans un certain sens, on offre au Seigneur toute la journÊe, la nôtre, mais aussi toute la journÊe du monde. 8h : eucharistie, prÊcÊdÊe par un petit office chantÊ appelÊ tierce, puis dÊjeuner 9h à 11h30 : travail 11h45 : office du sexte au chœur (trois courts psaumes chantÊs) 12h : repas du midi en silence, en Êcoutant la lecture des nouvelles internationales et ecclÊsiales lues par une lectrice, puis vaisselle, 20 minutes de rÊcrÊation et un petit office au chœur 13h30 à 14h15 : temps libre 14h15 : lecture spirituelle (chacune lit selon ses besoins) 15h à 16h30 : travail 16h30 : vêpres (office chorale chantÊ, un peu comme les laudes) On donne toute la journÊe qui vient de s’Êcouler avec les souffrances, les joies et les peines des gens. 17h à 18h : oraison silencieuse du soir 18h : souper et vaisselle 19h à 19h45 : rÊcrÊation 19h45 : office des lectures au chœur. C’est un office oÚ la parole de Dieu est plus ÊlaborÊe et oÚ il y a une lecture patristique, puis complies (dernier office du jour) 20h30 : prÊparation pour aller se coucher 21h30-21h45 : la majoritÊ des sœurs sont dans leur lit en train de s’endormir
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Partagez vos connaissances grâce à E-180 Pleen Le Jeune Collaboration spéciale
convertir à cette nouvelle façon de penser l’apprentissage». Ils transforment des participants en véritables acteurs.
Faciliter la prise de contact pour l’apprentissage par les pairs. Voici la mission de E-180, entreprise montréalaise ayant fait ses preuves pour des milliers de personnes depuis 2011, que ce soit à travers leur plateforme de jumelage ou encore leur intervention dans certains événements comme C2 Montréal.
Croyez-les, c’est fait pour vous! Comme il est fréquent de voir que des personnes sous-estiment leurs capacités, E-180 tient à rassurer chacun et chacune sur le fait qu’il n’y a «nul besoin d’être un “expert” pour aider un autre humain à apprendre quelque chose de nouveau : le débutant de l’un peut facilement être l’expert de l’autre». Ainsi chaque personne a quelque chose à apprendre à quelqu’un. Par là même, E-180 s’adresse à tout adulte qui souhaite participer à cette économie du partage. Pour des raisons légales et de sécurité, on comprendra par contre qu’il n’est pas possible pour des enfants de rencontrer des adultes sans surveillance parentale. Christine Renaud ayant originellement eu l’envie de développer une école alternative, E-180 a déjà expérimenté avec une école le développement de l’apprentissage par les pairs en créant un espace favorable. Si rien n’a abouti à ce jour, il reste probable que des choses se développent dans le cadre d’un groupe fermé ou d’une famille. La cofondatrice d’E-180 conserve l’idée d’avoir un réseau d’écoles alternatives sous réserve d’avoir l’aide d’une fondation par exemple.
Un fonctionnement simple et efficace D’un côté, le site internet : inscription gratuite et rapide qui nous donne accès à toutes les offres et demandes des milliers d’utilisateurs. Tous et toutes partagent la conviction de Christine Renaud, directrice générale et cofondatrice de l’entreprise E-180, que c’est avant tout grâce au soutien de la communauté que chaque individu pourra développer son plein potentiel. Ici, c’est la curiosité qui nous guide en nous permettant autant d’apprendre à brasser sa bière qu’organiser une stratégie de communication, tout en partageant soi-même les choses qu’on aime et sait faire. De l’autre, l’événementiel et leur application Braindater qualifiée souvent de «Tinder de l’échange de connaissances». Elle permet, lors d’événements où les gens se rassemblent autour d’un intérêt commun, de maximiser le partage les uns des autres. L’idée révolutionnaire? Il y a toujours une personne assise près de nous qui sera plus intéressante pour nos besoins que le conférencier ou la conférencière qui s’adresse à tout le monde. E-180 propose donc, avant tout, un service. En effet, les événements sont souvent très denses au point que les participants n’ont plus le temps de se parler. L’équipe d’E-180 s’investit d’une part pour aider les organisateurs à laisser une place pour les rencontres et les discussions, d’autre part pour développer une stratégie de communication : renverser le paradigme pour faire comprendre aux gens que chacun pourra apprendre non pas juste des conférenciers ou des ateliers, mais aussi de leurs pairs. Sur place, ils guident les participants dans l’utilisation des outils mis à leur disposition. Comme le mentionne Mme Renaud : «Au niveau technologique, ce n’est pas là où les défis sont les plus grands, c’est vraiment de
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Apprentissage de la méditation
De la suite dans les idées Comme nous le confie Mme Renaud : «le système est fait pour pouvoir ajouter des nouvelles langues rapidement». Ainsi, si la demande d’un événement est dans une autre langue, E-180 pourra relever le défi. Déjà trois langues sont employées : français, anglais et espagnol. E-180 a déjà eu des clients dans plusieurs pays dans le monde, ce qui leur crée à travers l’événementiel la principale source de revenus pour l’entreprise. L’entreprise travaille actuellement sur le lien entre les événements et le site originel : faire en sorte de donner envie aux participants qui auront déjà eu une première expérience positive avec le brain dating de continuer à travers le site E-180 leur apprentissage par les pairs. À terme, ce sont des millions d’utilisateurs dans le monde qui pourront profiter de ces outils. Cette nouvelle interface est prévue pour mai 2017. E180
Pour en savoir davantage : www.e-180.com
Apprentissage de la slackline
DISTRIBUTION ET PRÉSENTOIRS
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Café Dépôt, 150 Ste-Catherine Ouest, complexe Desjardins Palais de justice La tour Radio-Canada Galerie du Parc, 3575 Parc Métro McGill, sortie 20/20 Marché Tau, 4238 Saint-Denis Édifice Balfour, 3575 St-Laurent Centre de commerce mondial Édifice Berman, 4040 St-Laurent Le Commensal, 1204 McGill College Jean Coutu, Mont-Royal coin Berri Omer De Serres, 334 St-Catherine est Second Cup et Café Dépôt, Place Dupuis Guy-Favreau Y Centre, 200 boul. René-Lévèsque ouest Terra verde, 159 Saint Antoine ouest, Palais des Congres Pâtisserie St-Louis de France, 3575 Berri Métro Sherbrooke Café étudiant de L’Institut d’Hôtellerie, Métro Sherbrooke Second Cup, au coin des rues McGill et Président-Kennedy Café Suprême, Place Bonaventure, 800 rue de la Gauchetière Café Panfiore, 1080 Beaver Hall, coin Belmont, Métro Square-Victoria Vieux Duluth express, 800 rue de la Gauchetière, Métro Bonaventure Jardin du Plateau, 933 Mont-Royal est Boulangerie Premiere Moisson 860 Mont-Royal est Bibliotheque Mile End, 5434 av.du Parc Banque Laurentienne, 1100 Mont-Royal est YMCA, 1440 rue Stanley 5e étage Caisse populaire, 1145 Bernard ouest Bibliothèque publique d’Outremont, 41 St-Just Ave. Banque Laurentienne, 1447 av. Van Horne Clinique Medical Plateau Mont-Royal, 1374 Mont-Royal est, suite 103 Société de développement de Montréal, 330 rue Champs de Mars Édifice du 480, St-Laurent Restaurant Mr. Ma, 1, Place Ville-Marie Van Houte, 277, Ste-Catherine Est Boulangerie Samos, 4379, St-Laurent Marché Sabor Latino, 4387, St-Laurent Café Le Centre, 1999, ave des Canadiens-de-Montréal (Centre Bell)
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Voyage
12 | 19 SEPTEMBRE AU 2 O CTOBRE 2016
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L’Abitibi-Témiscamingue, le Far West du Québec Christiane Goor Époque Times
2e partie
CHARLES MAHAUX
La Cité de l’Or à Val d’Or plonge le visiteur au cœur même de l’exploitation d’une des mines les plus prolifiques du pays.
ABITIBI-TÉMISCAMINGUE PRATIQUE
Sur les traces des mineurs À Val-d’Or, le village Bourlamaque, classé site historique, est un bel exemple de ville minière de l’époque, une cité fermée qui comptait une soixantaine de coquettes maisonnettes en bois rond dont tous les aspects de la vie communautaire étaient régis par l’entreprise ontarienne, selon une stricte discipline de type anglo-saxon. L’aménagement de l’agglomération située à proximité immédiate du site d’exploitation reposait sur la conviction que des logements dans un environnement adéquat favorisaient la stabilité et la productivité des travailleurs. Un secteur situé sur une butte boisée était réservé aux cadres et à l’hôpital avec des résidences cossues. Les quartiers des ouvriers alignaient des habitations modestes mais confortables, toutes bordées de jardinets soigneusement entretenus. Aujourd’hui, dans ce village devenu résidentiel, une maison témoin est conservée pour attester de la vie des premiers mineurs. La mine, en activité de 1935 à 1985, a également été préservée comme patrimoine industriel et elle offre aux visiteurs la possibilité de devenir mineur en vivant l’expérience unique d’une descente sous terre, à une profondeur de 91 mètres dans les galeries de l’ancienne mine d’or. À l’autre bout de la faille, Noranda s’est construite sur le même schéma que Bourlamaque, à l’anglaise, carrée, organisée méthodiquement pour les ingénieurs, les cadres et les travailleurs. Par contre, de l’autre côté du lac Osisko, la ville des immigrés et des prospecteurs, des journaliers et des aventuriers de tout poil s’est développée de manière plus anarchique, avec des trottoirs en bois, des routes boueuses et de nombreux tenanciers qui en font la cité de tous les excès. Les travailleurs viennent de partout, des Polonais, des Ukrainiens, des Russes, des Finlandais, des Italiens, tous des mineurs expérimentés, des hommes du charbon qui vont partager leur expertise avec les Abitibiens. Les dangers de la mine rassemblent les hommes et on connaît ici une belle intégration de toutes ces cultures. Le site historique de l’église orthodoxe russe de RouynNoranda est un important symbole de la pluralité ethnique et religieuse de la région minière de l’Abitibi, il plonge le visiteur dans l’histoire encore proche de ces communautés qui ont migré ici entre 1930 et 1960. La Maison Dumulon établie à Rouyn témoigne de l’énergie d’une famille qui a créé, au début des années 1920, une compagnie qui assurait le transport des prospecteurs vers la région de Noranda. Installés sur une pointe de terre face au camp minier, ils construisirent le premier magasin général de la ville, en se servant du bois coupé sur place. Ils vont gérer toute l’activité commerciale de la nouvelle ville jusqu’au décès du père qui amène la famille à se concentrer sur l’activité du bureau de poste, essentielle à l’époque. La maison, remplie de produits et artéfacts d’époque, évoque la rudesse de l’existence en Abitibi il y a moins d’un siècle. Autant de plongées dans un passé proche, guidées par des jeunes soucieux de partager l’héritage de leurs grands-parents. Chacun en revient convaincu que l’Abitibi-Témiscamingue dispose d’une richesse unique, celle de réaliser les rêves les plus fous.
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Pour en apprendre davantage, deux sites incontournables : http://bonjourquebec.com/fr et www.tourisme-abitibi-temiscamingue.org. Des infos plus détaillées à découvrir sur la maison du Frère-Moffet, www.maisondufreremoffet.com, la Cité de l’Or avec une exposition riche en activités interactives pour découvrir la vie de ces mineurs valeureux, fiers bâtisseurs de l’Abitibi-Témiscamingue. www.citedelor.com, l’incontournable Musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue, installé à Malartic, en face d’une nouvelle mine à ciel ouvert, la plus grande du Canada, invite à un voyage au pays de la géologie. www.museemalartic.pc.ca, la Maison Dumulon www.maison-dumulon.ca. Y aller : Air Transat est spécialisé sur les vols charters vers le Québec avec un bon rapport qualité-prix. La classe économique est tout à fait confortable, mais l’option plus permet de gagner du temps à l’enregistrement et à l’embarquement et offre une franchise de bagage supplémentaire de 10 kg bien agréable avec les souvenirs de vacances www.airtransat. com. En plus de la voiture, deux autres options à conjuguer pour joindre l’Abitibi-Témiscamingue avec départ de Montréal : le train à l’aller MontréalSenneterre www.viarail.ca et le bus au retour. Sur place, l’idéal est de louer une voiture www.discountcar.com et de partir à l’aventure sur les très belles routes de la région, en vagabondant d’un site à l’autre. Quand y aller : À partir du 20 juin, une saison idéale pour participer aux nombreux festivals de plein air qui animent tout l’été. Dès la fin septembre la nature s’enflamme avec l’été indien. À cette époque, les musées se visitent sur rendez-vous. Se loger : Hôtel, motel, camping et gîte sont des types d’hébergement qu’on trouve en grand nombre en Abitibi-Témiscamingue. La formule «motel», avec la voiture garée en face de la porte de la chambre, donne l’impression de participer à un road movie, avec l’alignement de pick-up des nombreux travailleurs qui viennent s’y poser. Ce sont aussi des lieux de rencontres inoubliables, que ce soit sur le pas de la porte de sa chambre ou au bar du motel. Si vous rêvez de vivre au cœur de la nature, le Parc national d’Aiguebelle offre différentes formules d’hébergement, toujours au bord d’un lac, d’une rivière ou d’un marais. Marche, pêche, kayak, canot, vélo, découverte des animaux nordiques, autant d’activités avec la possibilité de louer sur place les équipements nécessaires. http://www.sepaq.com/pq/aig/ Se nourrir. Région jeune, l’Abitibi-Témiscamingue s’affiche résolument gastronome, avec à sa source une belle association entre des producteurs locaux et des cuisiniers de talent. Une Foire Gourmande annuelle mise sur pied en 2002 à l’initiative d’un Belge (!) installé à Ville-Marie, a mis en valeur la richesse du terroir abitibien et le savoir-faire de nombreux chefs, à découvrir au fil de la route. À retenir, entre autres, les tables de L’Entracte et de l’Hôtel Forestel à Val-d’Or, du Chat’O à Amos, du Champêtre de la Pourvoirie du lac Duparquet, du Bistro Jezz à Rouyn-Noranda et de La Bannik près de VilleMarie.
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