Construction&Bâtiment. Octobre 2020

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CONS TRUCTION  & BÂTI  MENT PROJETS ET CHANTIERS DES PROFESSIONNELS DU BÂTIMENT

HORS-SÉRIE

CHF 8.–


À propos de savoir-faire C’est un mot qui revient plusieurs fois dans cette édition. Ce n’est pas surprenant s’agissant de formation ou d’ingénierie, de bâtiment ou d’ouvrage de génie civil ; le savoir-faire est la pierre angulaire et le socle sur lequel repose tout projet de construction. Ce savoir-faire, c’est celui des architectes et des ingénieurs, mais aussi celui des entreprises et des artisans grâce à leurs connaissances et à leurs compétences manuelles. Cette qualité et ce savoir-faire ont bien résisté à un double assaut : la quête des prix bas et la volonté d’aller de plus en plus vite. Certes, nous possédons un maillage de règlements et de normes qui constituent un bon filet de sécurité. Des signes montrent que l’activité du secteur de la construction devrait bientôt se stabiliser, voire légèrement ralentir. Au troisième trimestre 2020, l’indice de la construction a perdu 1 % de plus. Il est ainsi inférieur de 8,6 % à celui de 2019 à la même période. Rien d’étonnant, la construction n’échappe pas au coronavirus, elle non plus. Ce ralentissement était cependant attendu, bien avant la crise. Ce qui importe c’est que cette « stabilisation » va probablement épargner une surchauffe et ainsi permettre une progression stable et pérenne. Ce qui est la meilleure garantie pour favoriser des investissements dans la formation et dans la préservation des savoir-faire, tous les savoir-faire. Maroun Zahar, Rédacteur en chef

ÉDITO CONSTRUCTION & BÂTIMENT

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CONSTRUCTION & BÂTIMENT 02/20

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Édito

ACTUALITÉS 12 La culture du bâti à l’honneur 14 Le défi de l’agrandissement du Théâtre de Vidy 16 La politique immobilière du canton de Vaud INTERVIEW 22 La formation, un enjeu de taille pour la Fédération vaudoise des entrepreneurs REPORTAGES 24 À Saint-Maurice, les Maisons Duc revisitent le passé 32 Surélever, un exercice architectural complexe TECHNIQUES DU BÂTIMENT 46 Incendie, les normes de sécurité 52 Carrelage, les prouesses de la céramique

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58 Une nouvelle direction chez MP Ingénieurs Conseils 60 La façade au cœur des réflexions sur le bâtiment PROJETS 78 Une nouvelle infrastructure pour l’aéroport de Genève 90 À Écublens, un établissement sur mesure pour Afiro 96 Un écoquartier d’avant-garde à Romont 102 L’agrandissement du collège Sous-Ville à Avenches 110 À Épalinges, le site Biopôle poursuit son développement 118 La rénovation de la Vallée de la Jeunesse mixe durabilité et art ENTREPRISE 126 Zoom sur des entreprises locales AGENDA 130 Les manifestations annoncées pour fin 2020 et pour 2021

CONSTRUCTION & BÂTIMENT SOMMAIRE


VAUD, UN ÉTAT BÂTISSEUR Avec un parc immobilier d’une valeur de 5,5 milliards de francs, le canton de Vaud est un propriétaire foncier important. Il vient de publier sa Stratégie immobilière à l’horizon 2030, un document qui définit les lignes directrices de la gestion de ce patrimoine.

© Fernando Guerra

Patricia Lunghi

Le Vortex, architectes Dürig AG + IttenBrechbühl SA, Chavannes-près-Renens, 2019


© Rémy Gindroz

© Rémy Gindroz © Rémy Gindroz

Le nouveau Parlement vaudois, Lausanne, 2017

Dans le contexte complexe de notre société marquée par des enjeux majeurs tels que les perspectives environnementales, la croissance démographique ou la transition numérique, l’État se doit d’être exemplaire. Et le domaine de l’immobilier n’est pas en reste. Les priorités, les missions et les objectifs sont désormais fixés noir sur blanc sur un document officiel qui vient d’être publié par la DGIP, Direction générale des immeubles et du patrimoine, qui représente le canton de Vaud en sa qualité de propriétaire et de maître d’ouvrage. La « Stratégie immobilière de l’État de Vaud » s’applique à l’ensemble des bâtiments propriété de l’État, ainsi qu’aux monuments et au patrimoine culturel. Elle établit les lignes directrices permettant de prendre des décisions et de poser la base d’une gestion cohérente de l’immobilier cantonal sur le long terme. Cette charte indique non seulement dans quelle direction le canton entend se développer, mais revient aussi sur le bilan de la décennie précédente.

BILAN 2010-2019 L’inventaire résume en faits et chiffres les résultats d’une période active et témoigne du dynamisme d’un canton qui, en dix ans, a mis sur pied 45 concours d’architecture pour d’importantes réalisations. Côté dépenses, il lui en a coûté quelque 414 millions de francs, investis dans l’entretien courant du patrimoine immobilier, auxquels s’ajoutent 1,7 milliard pour les nouvelles constructions ; cela sans oublier les millions engagés dans les chantiers permanents de conservation que sont la Cathédrale de Lausanne, le Château de Chillon ou le Théâtre romain d’Avenches. Un patrimoine riche et varié mais coûteux, notamment en ce qui concerne un des axes principaux de la gestion patrimoniale : l’assainissement énergétique. Ici le montant globalement investi par l’État depuis 2010 dépasse les 150 millions pour seulement 14 bâtiments, mais reste largement insuffisant. Et l’un des objectifs majeurs de la prochaine décennie est l’accélération de l’assainissement énergétique du parc immobilier de l’État.

REPORTAGE

CONSTRUCTION & BÂTIMENT

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LA JUSTE MESURE DU TEMPS ET DE L’ESPACE En Valais, à l’articulation entre la Grand-Rue et l’abbaye de Saint-Maurice, les Maisons Duc font cohabiter les programmes, les publics et les époques sur un palimpseste harmonieux conçu par les architectes Catherine Gay et Götz Menzel.

Une porte monumentale ouvre la galerie sur la place en lien avec l’abbaye.

© Eik Frenzel

Héloïse Gailing


© Séverine Rouiller

Deux pièces en double hauteur structurent l’espace d’exposition. Leur disposition et les percements créés les relient aux ateliers à l’étage.

REPORTAGE

CONSTRUCTION & BÂTIMENT

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Véritable enjeu urbanistique, la densification des villes passe par le remplissage des dents creuses et la surélévation des bâtiments. Cette politique de l'ajout permet de préserver les qualités sociales et patrimoniales de quartiers qui, à d'autres époques, auraient pu tout aussi bien disparaître. En dehors des centres, ce mode d'extension devient un outil de valorisation de biens fonciers et d'expérimentation de modes de vie. Mais la surélévation est avant tout un exercice architectural complexe qui convoque composition, structure et matérialité. L'architecte qui entreprend de prolonger un objet conçu comme fini doit se positionner vis à vis de l'existant. Voici trois projets qui explorent trois échelles et qui sont aussi trois postures assumées. Héloïse Gailing

HAUT ALLER PLUS 32

CONSTRUCTION & BÂTIMENT

REPORTAGE


©  Olivier Di Giambattista


Ecole et centre sportif Reposoir, Nyon Itten & Brechbuehl Architectes


FAÇADES

© Thomas Jantscher

DES ÉPIDERMES À DOUBLE PEAU


Des enjeux et des techniques Partie la plus représentée mais aussi la plus présente dans l’espace public, la façade a souvent occupé le devant de la scène dans le débat architectural. Aujourd’hui encore, elle continue de mobiliser les efforts des architectes et d’incarner les évolutions de la pensée ou de la mode architecturale. Cependant, depuis quelques années, la façade occupe le cœur des réflexions sur le bâtiment pour d’autres raisons. Notamment des enjeux environnementaux. En effet, l’amélioration de la performance de l’enveloppe est le moyen le plus rapide, le plus efficace et le plus simple à mettre en œuvre pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et ralentir ainsi le changement climatique.

Cet enjeu est synchrone avec les développements technologiques autant au niveau des systèmes constructifs que dans le domaine de la conception : logiciels permettant de représenter des façades complexes, des effets de transparence, de translucidité, de brillance, d’opalescence, des filtres successifs, de végétation, de modification de la lumière, et des rendus architecturaux favorisant des approches conceptuelles plus élaborées et sophistiquées. Ainsi entre le développement des outils technologiques, des nouveaux matériaux et techniques de bâtiment et les enjeux environnementaux, la question du rapport entre l’enveloppe et le squelette se complexifie et dépasse largement les préoccupations architecturales et urbaines. Le travail sur l’épiderme du bâtiment s’élargit considérablement. Des dispositifs d’isolation, d’ombrage (stores, prismes), de ventilation (doubles peaux, brise-soleil), de production d’énergie renouvelable (capteurs solaires, micro-éoliennes), de régulation

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CONSTRUCTION & BÂTIMENT

hygrothermique (matériaux à changement de phase, végétalisation), etc. viennent se rajouter sur l’enveloppe de la construction. L’architecte doit déborder de créativité pour être au niveau des enjeux environnementaux, culturels et esthétiques que portent les façades. La difficulté est sans doute de mener de concert ce double processus, soit travailler simultanément à toutes les échelles et réaliser une conception architecturale qui soit à la hauteur. C’est ainsi que l’on voit se développer des bureaux d’ingénieurs consultants spécialistes dans les façades (certains existent déjà depuis deux ou trois décennies). Ils proposent leur expertise et leur savoir-faire aux architectes, depuis la phase de conception jusqu’à la réalisation finale. Pages suivantes, présentation de bureaux d’études et d’entreprises œuvrant dans ce domaine et réalisations traduisant différentes approches. Maroun Zahar

TECHNIQUES DU BÂTIMENT


© Thomas Jantscher

Ancienne Préfecture de Versoix Trebeljahr Cathrin Architectes


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