Être jeune L’autre jour, lors d’une soirée avec un ami, nous nous sommes amusés à chercher à quel moment on n’avait plus « été jeunes ». Comment cela avait-il pu nous arriver ? Et surtout, d’une manière plus large, qu’est-ce que cela signifiait d’être ou de ne plus « être jeune ». Cet ami, architecte, à la tête de l’un des bureaux les plus intéressants à Genève, me racontait comment Sigurd Lewerentz, un des grands noms de la modernité suédoise, avait démarré sa carrière à un âge tardif. D’ailleurs, Louis Kahn aussi avait commencé à se réaliser après 50 ans. Si j’en parle maintenant, c’est que le thème de notre cahier spécial traite des « jeunes architectes », de la nouvelle génération d’architectes. En termes sociologiques, ce serait celle des millennials, la génération Y, de ceux nés entre le début des années 80 et la fin des années 90. La génération d’Internet et des réseaux sociaux. Celle aussi qui a grandi dans un monde qui connaît des crises économiques, environnementales, identitaires et migratoires. En architecture, à quoi ressemble-t-elle cette génération ? Quels sont les enjeux, les facteurs qui déterminent son empreinte dans notre écosystème construit ? Quelle est sa contribution à notre environnement bâti ? Et comment le contexte actuel façonne-t-il sa pratique du métier ? La recherche et le travail nécessités par ce cahier révèlent un changement de perspective et d’attitude. Cette « nouvelle génération » est responsable, au sens écologique du terme, elle cultive une éthique propre. Elle prône une approche sociale et humaine. Elle veut expérimenter, toucher à tout et tout faire bouger. Finalement, si c’était ça « être jeune » ? Avoir tout simplement envie de changer le monde. Maroun Zahar Rédacteur en Chef
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illustration Giorgio Pesce
édito ESPACES CONTEMPORAINS