36 ans d'athlétisme à Louis-II

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D’ATHLÉTISME À LOUIS-II



HERCULIS, 36 ANS D’ATHLÉTISME À LOUIS-II



“A l’athlétisme, aux champions, aux hommes et aux femmes qui le font…”

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“Le monde de l’athlétisme à Monaco” L’histoire et les histoires de l’athlétisme sur le nouveau stade Louis-II, de 1985 à aujourd’hui. Sourires amusés, regards complices et commentaires tantôt moqueurs, tantôt émerveillés quand SAS le Prince Albert II, Bernard Fautrier et Jean-Pierre Schoebel ouvrent leur livre de ces années d’Herculis, prolongement d’une longue tradition d’athlétisme à Monaco. Deux matches internationaux proposés sitôt l’inauguration du nouveau stade en 1985 auront été une prise de marques discrète pour un élan qui allait conduire les soirées monégasques à la première place mondiale en 1998, 2008, 2011, 2014, 2015, 2018 et 2020. Des premières foulées hésitantes à la consécration, le récit de ces belles histoires pour une aventure d’hommes et de femmes, de champions et de héros, avec des joies et des pleurs, des triomphes et des échecs… Un roman en trente chapitres, commencé un soir de l’automne 1986, à la fin d’une réunion de la Fédération monégasque d’athlétisme. Comment s’est décidée la création d’un meeting ? SAS le Prince ALBERT II. Nous nous étions franchement ennuyés lors de la deuxième rencontre internationale en 1986 sous un ciel gris et pluvieux ce qui est tout de même très rare, ici, en mai. Il fallait autre chose pour attirer un peu plus que la centaine de spectateurs qui nous avaient accompagnés les deux premières années. C’était une nécessité. Nous cherchions une formule et je me suis permis d’évoquer une voie un peu plus ambitieuse... Pourquoi ne pas rêver et essayer d’inviter les meilleurs athlètes du monde dans ce très beau stade ?

Bernard FAUTRIER (1). Il y avait la volonté d’utiliser ce bel équipement pour lequel certains s’étaient bagarrés afin qu’il y ait une piste d’athlétisme ce qui n’était pas évident pour tout le monde. Après l’inauguration, le 25 janvier 1985 par SAS le Prince Rainier-III, il nous avait semblé qu’un match entre plusieurs grands pays offrirait d’emblée une reconnaissance internationale. Le week end fut pour le moins mitigé. Après le second match, en 1986, il est apparu qu’un évènement sur une journée serait probablement mieux adapté. Autre considération importante, il y avait Nikaïa à Nice, alors au somment de la hiérarchie d’un circuit mondial en plein essor et comme nous entretenions de bonnes relations avec Robert Bertojo, nous ne souhaitions pas donner l’impression de détourner les athlètes. Il fallait éviter qu’on


suppose une rivalité, mais nous avions un équipement à valoriser et le meeting était le seul moyen d’y parvenir. Jean-Pierre SCHOEBEL (2). La décision fut prise dans la salle de réunion de notre nouvelle Fédération créée le 11 mai 1984 et reconnue par l’IAAF (Association des Fédérations internationales d’athlétisme) lors de son Congrès à Los Angeles le 31 juillet 1984. Mais ce Conseil d’administration fut assez animé car si nous disposions d’un outil magnifique, bien des réticences pour ne pas dire plus ont été évoquées. C’était mon cas. J’essayais d’imaginer l’ampleur de la tâche mais la détermination, souriante mais ferme de SAS le Prince Albert, a balayé toutes les hésitations et inquiétudes.

Après le football, le basket et la natation, c’était assoir un peu plus la présence sportive de Monaco dans le monde du sport ? SAS le Prince ALBERT II. Parce que d’abord, j’aime l’athlétisme. Ensuite, il est bon de rappeler que, dès 1890, la gymnastique, la natation et l’athlétisme furent pratiqués au sein de l’ “Etoile de Monaco” avant qu’un autre club se créé et prenne le nom d’Herculis… Très vite les meilleurs athlètes vinrent à Monaco : Jean Bouin, Joseph Guillemot, Gaston Reiff, Abdou Seye, Victor Sillon, Michel Jazy, Livio Berruti, Roger Bambuck, Colette Besson et Guy Drut. Dès 1939 une

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piste d’athlétisme était construite et elle permit le développement de l’athlétisme tant dans les écoles que dans notre club. Nous avons d’ailleurs maintenu cette dimension populaire dans Herculis avec le succès des 1000 m qui toute la journée du meeting permettent d’accueillir plus d’un millier de coureurs dans quarante courses! Enfin, la création en 1985 des Jeux des Petits Etats nous permet d’entretenir et de valoriser une section d’athlétisme indispensable pour notre présence dans cette compétition.

Un coup de cœur de toutes ces années…

Bernard FAUTRIER. S’ajoutait à cette démarche la dimension internationale que prit Monaco avec la création d’une Fédération en 1984 sous l’impulsion du Prince Rainier. Se nouèrent immédiatement des contacts avec la Fédération internationale et Primo Nebiolo nous a encouragé à créer dès la fin de 1984 la Fondation de la Fédération internationale. Ce contexte international qui plaidait en faveur de Monaco nous a incité à faire un peu plus avec ce meeting qui est la convergence de tous ces facteurs.

SAS le Prince ALBERT II. La fluidité et la puissance de Carl Lewis dans une tenue invraisemblable, celle de son club le Santa Monica Track Club pour le record du monde du 4 x 100 m en 1991. C’était Le geste. Une figure géométrique parfaite, un corps pétrifié dans la beauté. J’ai aussi le sentiment que pendant toutes ces années malgré des déviances et des manipulations condamnables, nous avons bien servi l’athlétisme. L’image de ces soirées est particulièrement valorisante.

Jean-Pierre SCHOEBEL. Après avoir un peu piétiné lors des deux premières années et proposer des matches internationaux sans grande passion, nous avons aussi accepté une organisation d’envergure internationale avec le troisième championnat du monde des 15 kilomètres des femmes, le 21 novembre 1987 entre le port et la plage du Larvoto. La satisfaction unanime, nous a fait franchir le pas. Nous entrions alors, véritablement, dans une dimension internationale.

Bernard FAUTRIER. Le record du 4 x 100  m ! Indiscutablement… A cette époque, la réputation d’Herculis s’appuyait sur quelques performances mais ce relais a propulsé notre meeting dans le gotha. Nous pouvions présenter, organiser et réussir un exploit. Nous avons accompagné un mouvement bourré d’émotions.

Pourquoi le nom d’Herculis ? SAS le Prince ALBERT II. Dans la même mouvance que Nikaïa à Nice, une démarche toute romaine nous a poussé vers cette appellation. Et puis aussi parce qu’Hercule est partie intégrante de la Principauté pour y avoir, dit-on, accompli un de ses travaux. Le port de Monaco porte son nom et il est aussi sur le blason de la section d’athlétisme, tenant une masse à la main. Bernard FAUTRIER. Et la première société sportive de Monaco s’appelait Herculis. D’ailleurs ce nom, lors de la réunion initiale de mise en place du meeting, est sorti, en même temps, de nos deux bouches. Il n’y avait plus qu’à convaincre les athlètes. Jean-Pierre SCHOEBEL. Au début, c’était vraiment très amateur… Le premier meeting n’était même pas de niveau européen. Certes, il s’appuyait sur le “Challenge mondial de l’Heure” mais les autres épreuves ne dépassaient pas le cadre national… Puis, on nous accorda le statut européen, ensuite IAAF et enfin on nous intégra dans le Grand Prix Mobil en 1991. Là, les taches et les contraintes ont considérablement

augmenté mais nous grandissions. Plus tard, l’IAAF nous a confié la finale du Grand Prix, la soirée de gala sur la piste ! Et maintenant c’est la Diamond League avec une professionnalisation extrême.

“Carl Lewis, c’était Le geste. Une figure géométrique parfaite, un corps pétrifié dans la beauté”

Jean-Pierre SCHOEBEL. Ce soir-là, Herculis est passé dans une autre dimension et puis Marie-José Pérec a beaucoup fait pour notre notoriété. Sa venue, quelques jours après son titre olympique de Barcelone en 1992 a été un formidable coup d’accélérateur. Herculis est bâti avec un club qui se sert de cette vitrine pour un transfert entre toutes les pratiques même si je regrette souvent, aujourd’hui, certaines dérives que nous devons subir avec l’évolution et les exigences parfois déraisonnables des managers. Il y a dix ou vingt ans on pouvait inviter tous les meilleurs athlètes, maintenant, il faut choisir... J’ai deux images de toutes ces années qui permettent d’oublier tous les doutes, toutes les inquiétudes et les peines et déceptions de certains moments. D’abord, le 1500 m de huit femmes en moins de quatre minutes (1998) alors que je rêvais d’en voir une, un jour, sous cette limite ; ensuite, une conférence de presse, la même année, avec autour de moi, Hicham El Guerrouj, Jonathan Edwards, Marion Jones et Michael Johnson. Là, j’ai réalisé que nous avions réussi, que le monde de l’athlétisme, un soir, courait, sautait et lançait à Monaco… (1)

Vice-président d’Herculis

(2)

Directeur d’Herculis

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1985 - 1986 - 1987 - 1988 - 1989 - 1990 1991 - 1992 - 1993 - 1994 - 1995 - 1996 1997 - 1998 - 1999 - 2000 - 2001 - 2002 2003 - 2004 - 2005 - 2006 - 2007 - 2008 2009 - 2010 - 2011 - 2012 - 2013 - 2014 2015 - 2016 - 2017 - 2018 - 2019 - 2020


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Samedi 11 et dimanche 12 mai Temps froid et pluvieux. 15°

FRANCE ITALIE RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE ALLEMANDE ETATS-UNIS

U

n an après les JO de Los Angeles, pour les premières foulées dans le nouveau stade, la France surprend tout le monde avec quatre victoires en dix épreuves dont trois doublés : Antoine Richard devant Bruno Marie-Rose au 100 m (10’’59 et 10’’62 contre un vent de 1,30 m/s) ; Pascal Thiébaut devant José Marajo au 1500 m (3’45’’95 et 3’46’’02) ; Serge Ferreira devant Philippe Collet à la perche (5,30 m et 5,15 m) ; un magnifique 4 x 100 m (39’’11 pour Daniel Sangouma, Jean-Jacques Boussemart, Bruno MarieRose et Antoine Richard). Ce sera toutefois insuffisant pour conserver l’avantage le deuxième jour, malgré le record de France de Charlus Bertimon et le doublé au 3000 m steeple. De retour d’un stage au Mexique, Joseph Mahmoud, médaillé d’argent à Los Angeles, l’emporte devant Pascal Debacker (8’29’’67 et 8’30’’84). La RFA (Allemagne de l’Ouest) s’impose finalement (189 points) devant la France (174 points), les Etats-Unis (170,5 points) et l’Italie (166,5 points).

Performances mondiales pour les Allemands Harald Schmid (48’’85 au 400 m haies) et Christoph Sahner (77,36 m au marteau), l’Américain Charles Simpkins et le champion olympique italien du poids, Alessandro Andrei (21,16 m).

Charlus Bertimon, premier de cordée L

e calme du Guadeloupéen tranche avec le lieu plein d’effervescence et de fastes. Charlus Michel Bertimon aurait pourtant de bonnes raisons de plonger dans le brouhaha d’une soirée si peu habituelle après le premier record de France battu sur ce nouveau stade (88,20 m au javelot). “C’est de la magie pour moi, tout cela me dépasse un peu… Ce palace


“Je n’ai pas été très régulier au début du concours, impressionné par les Allemands Gambke (4e aux JO de 1984) et Tafelmeyer. Mais quand ils m’ont fait une révérence au pied du podium, j’étais dans un rêve…” Charlus Bertimon

pour nous accueillir, cette réception et ce luxe, ce n’est pas vraiment le quotidien de l’athlé’”. Mais le gaillard (1,87 m et 88 kilos) vient de donner un sacré coup de patte à une équipe de France survoltée et récompensée. “Je ne m’attendais pas trop à un tel jet, insiste Charlus Bertimon (28 ans) car après un stage à Gujan-Mestras (Gironde), j’ai enchaîné trois compétitions autour de 84 m et je reviens d’un séjour aux Antilles et à Cayenne. C’est peut-être ce qui m’a permis d’être aussi relâché ! Tout cela pour un quatrième essai (88,20 m) qui pulvérisait son record, vieux de 18 mois (86 m). “J’étais sur un nuage mais on m’a privé de deux centimètres ! Le jet fut mesuré à 88,20 m avec un ruban et 88,22 m avec un appareillage électronique qui était en expérimentation… Mais bon, en

1982, je n’avais pas encore dépassé les 80 m… Et quand le lendemain, en écoutant la question d’un jeu à la radio qui demandait “qui était le nouveau recordman de France du lancer de javelot”, je pensais que j’allais être connu dans toute la France. Ce fut le cas, au moins sur les stades, avec un nouveau record en juillet (88,52 m), avant une lente et difficile adaptation à un javelot piqueur imposé pour des mesures de sécurité car les 100 m étaient prochains. “Techniquement, tout était à reprendre et psychologiquement, il n’était pas évident d’admettre la régression…” Ce qui n’empêchera pas Charlus Bertimon d’ajouter à son palmarès un titre et des records de France en 1986 et 1988 (81,26 m).

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LE TÉMOIN

(Francis Laforest de Minotty)

Primo Nebiolo, le mécanicien

“N

ous n’avions pas de planning, de grilles de rotation et les chauffeurs étaient souvent les enfants ou des amis récupérés à la hâte à qui nous “confisquions” les véhicules…” C’était avant que Jules Rapetto, moustache frémissante et pouces dans les bretelles n’impose sa voix tonitruante sur l’esplanade de l’hôtel de l’organisation. “La première année, Madeleine, nouvelle conductrice et petite voiture prêtée par les parents, avait en charge Primo Nebiolo et sa femme qu’elle devait prendre à l’aéroport de Nice pour les conduire à Monaco. Il n’y avait pas l’autoroute, raconte Francis Laforest, programmant les transports pendant trente ans, et il fallait passer par la Promenade des Anglais. Concentrée mais aussi inquiète, Madeleine est bloquée. Voulant se dégager rapidement, elle ne peut anticiper le ralentissement du trafic et elle heurte la voiture qui la précède. Et pendant le constat, c’est Monsieur Nebiolo qui tenta de rafistoler le parechoc pour ne pas le laisser sur le trottoir. Mais, l’année suivante, il demanda un ancrage dans le port de Monaco pour son bateau. “Il y eut bien d’autres aventures. Il était demandé de récupérer promptement les perches au cas où les athlètes voudraient aller au stade dès leur arrivée. Tout ce qui était dans un fourreau était immédiatement embarqué. Un jour, un était en trop à l’hôtel… On l’ouvre et y était plié un deltaplane pour un touriste qui venait dans l’arrière-pays niçois !! Retour à l’aéroport, excuses et invitation au meeting…”


ENTRE LES COULOIRS

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Charlus Bertimon est le frère de Léone, recordwoman de France du poids de 1976 à 1983.

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Incontestable leader du 1500 m français, Pascal Thiébaut (3’34’’08 en 1992) s’impose grâce à un dernier 500 m époustouflant en 1’05’’ (3’45”95). >

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L’Américain Charles Simpkins (21 ans) qui n’avait jamais dépassé les 17 m au triple saut (16,76 m en 1984), enchaîne cet été, les bonds au-delà de cette limite : 17,52 m en juin, 17,39 m au premier essai à Monaco et il sera le 2 septembre, champion du monde universitaire à Kobé avec un record personnel (17,86 m) puis, plus tard, vice-champion olympique (1992).

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Quelques médaillés olympiques de Los Angeles (1984) manquent à l’appel dont les champions Dietmar Moegenburg (hauteur), Alberto Cova (10000 m) et Pierre Quinon (perche).

1985 c’est aussi... … la création du Grand Prix Mobil avec 14 meetings (San José, Eugene, Moscou, Prague, Stockholm, Helsinki, Nice, Talbot Games à Londres, Oslo, IAC Londres, Budapest, Zurich, Berlin, Cologne, Bruxelles) et la finale à Rome (7 septembre). … le 25 janvier, l’inauguration par SAS le Prince Souverain Rainier III, du nouveau stade Louis-II sur les 22 hectares de l’espace de Fontvieille gagnés sur la mer. … les 18 et 19 mars à Paris, les premiers Jeux mondiaux en salle. … le 13 juillet, le premier saut à 6 m de Sergey Bubka au stade Jean-Bouin (Paris). … le 16 juillet, à Nice, le premier 1500 m en moins de 3’30’’ (3’29’’67) par Steve Cram devant Saïd Aouita (3’29’’71). … le 11 août à Donetsk (URSS), le saut de Rudolf Povarnitsyn (URSS), premier homme à 2,40 m.

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Samedi 5 et dimanche 6 juillet Temps frais, humide et vent parfois violent

FRANCE-ESPAGNE-ITALIE-POLOGNE

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arfois supérieur à 3 m/s, le vent ne gêne guère les Français (212 points), vainqueurs des Italiens (195 points), des Polonais (179 points) et des Espagnols (137 points). Avec 11 victoires sur 21 épreuves et trois doublés (Richard et Marie-Rose au 100 m, Quentrec et Canti au 400 m, Vigneron et Abada à la perche), les Français font un parcours sans faute.

Le meilleur, au milieu des bourrasques, est Stéphane Caristan (13’’44) à un centième de son record personnel. Autres vainqueurs, Pascal Barré (21’’04…mais contre un vent de 3,21 m/s), Philippe Collard (1’46’’87 au 800 m), Charlus Bertimon (77,66 m), Yann Quentrec (45’’54 au 400 m), Walter Ciofani (74,72 m au marteau). Antoine Richard et Bruno Marie-Rose séparés par un centième (10’’32 et 10’’33 contre un vent de 0,72 m/s), Raymond Pannier qui surprend l’Italien Alessandro Lambruschini (3000 m steeple), Thierry Vigneron avec un nouveau saut à cinq mètres et demi et les relais 4 x 100 m (39’’45) et 4 x 400 m (3’06’’99) excellents dans un stade hélas, quasi-désert. De quoi remplir cependant et symboliquement, une coupe, et ne laisser que quelques gouttes, à Jose Maria Abascal (3’38’’69 au 1500 m), au marcheur Italien Maurizio Damilano (10 kilomètres) et au lanceur polonais Helmut Krieger (19,58 m).

Stéphane Caristan, l’artisan dans le vent “C

’est incroyable, plus je travaille mon départ, moins je pars bien…” Stéphane Caristan voit bien au-delà des points précieux apportés à l’équipe de France. Il veut être champion d’Europe du 110 m haies en septembre et ses 13’’44, à un centième de son record personnel ne lui suffisent


Vainqueur en 13’’44, Stéphane Caristan n’était pas satisfait de son temps, alors qu’il avait largement dominé Carlos Sala (à droite), deuxième en 13’’67 et Gianni Tozzi (à gauche), sixième en 13’’91.

pas… “Le vent m’a peut-être un peu gêné car j’ai voulu le contrôler tant il soufflait dans notre dos (+ 2,43 m/s) mais je n’ai pas su faire… Heureusement, j’ai mieux enchaîné sur l’obstacle et dans les intervalles pour être en 6’’5 à la mi-course…” “J’ai couru en 13’’3 à La Seyne-sur-Mer, en 13’’ (manuel) à Créteil et je suis dégoûté !” Rien moins. A 22 ans, Caristan ne cache pas son ambition, toute légitime. L’année précédente, il a fini sixième de la course olympique à Los Angeles. “Entre les deux villes, il y a le faste, le rêve et les éclats. On y rêve de gloire… Monaco, c’est aussi tout cela et pour moi qui suis passionné par les voitures, c’est aussi le bruit, la fureur et le triomphe au bout du risque… Tout ce qu’est parfois le 110 m haies. C’est pour cela que je trouve ma course inachevée. Pour l’instant, je suis dans le

schéma de la course rapide, pas seulement de la “gagne”. Parfois, il faut savoir se contenter de gagner…” Ce qu’il a déjà fait en devenant champion du monde (1985) et d’Europe en salle (1986). Mais il sait qu’il peut aller plus vite, que les sensations mais plus encore, les temps intermédiaires des derniers entraînements sont formels, “ça va, ça doit passer !” Ce sera à la fin du mois (13’’38) puis mieux encore à Stuttgart pour un titre et un record d’Europe (13’’20). L’impatience monégasque renverra ainsi le hurdler à une réplique cinglante et moqueuse de Guy Drut quand le jeune Caristan lui demanda un jour, “comment bien courir quand on ne sent pas bien du tout ou qu’on ne semble pas y être ?” “Tu cours” répondit le champion olympique de 1976.

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LE TÉMOIN (René Clerissi)

Whitney Houston sur la piste du Loews

“P

our avoir été dans l’équipe qui créa la fédération monégasque d’athlétisme, j’ai tout de suite été investi de mission avec l’accueil des invités. Ni simple ni facile. Je me souviens d’interminables palabres avec Joe Douglas, le manager de Carl Lewis que nous étions allés voir à Lausanne et d’une longue heure de discussions sur un banc, dans les jardins de la place Masséna, avant un Nikaïa, avec Sergey Bubka, très peu tenté par Monaco. Douze ans plus tard, il s’installait pourtant en Principauté…

“Il y eut aussi des invités surprise sourit, malicieux, René Clerissi, l’ancien footballeur, en charge du protocole. La soirée se terminait dans le hall du Loews et par je ne sais quelle magie, ou quelle invitation, Whitney Houston qui rentrait d’un spectacle au Sporting, se retrouva près du piano du bar, au milieu d’une bande d’athlètes à qui elle offrit une heure de récital. “En 1987, il n’y avait qu’une seule grande vedette internationale, Ben Johnson. Je préviens les personnes chargées de l’accueillir à Nice de l’importance du champion qu’elles devaient emmener jusqu’à l’hélicoptère. On me prévient, alors : “Tout va bien, il est dans l’hélico !” Une demi-heure après, dans le hall de l’Hermitage que j’arpentais avec impatience, je vois arriver Monsieur Ben Johnson. Un Canadien, blond comme les blés qui se rendait à… Cannes et était tout étonné de cet accueil empressé. On l’a remis dans un hélicoptère, conduit à son hôtel près de Cagnes et il restait à récupérer Ben Johnson, le coureur, qui attendait patiemment à l’aéroport.»


ENTRE LES COULOIRS

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Franck Verzy ne s’est pas contenté d’une troisième place en hauteur (2,22 m), cinq ans, jour pour jour après son premier record de France (2,28 m) qu’il a ensuite porté à 2,32 m(1983). Il est allé dans la soirée au casino où il a empoché près de 7000 francs (1060 euros).

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Deuxième victoire en deux ans pour Charlus Bertimon, auteur l’an dernier d’un record de France (88,20 m) et qui parvient à se familiariser avec un nouveau javelot qui lui vaudra un nouveau record en septembre... avec 80,76 m, à Sarrebourg le 7 septembre. >

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Les Goodwill Games à Moscou et quelques meetings d’un Grand Prix naissant ont retenu vers d’autres stades de nombreux athlètes de premier plan.

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Vainqueurs incontestables, les Français ont nettement dominé les Italiens, les devançant dans quinze épreuves sur vingt et une, les Polonais (15-6 également) et les Espagnols (18-3).

1986 c’est aussi... … le 23 mars à Colombier (Suisse), le deuxième titre mondial consécutif de cross de la Sud-Africaine Zola Budd, qui courait pieds nus. … le 6 juin à Neubrandenburg (RDA), le jet au disque de Jürgen Schult (74,08 m), le plus ancien record du monde. … le 5 juillet à Oslo (Norvège), le record du monde du 10000 m par la Norvégienne Ingrid Kristiansen (30’13’’75), déjà détentrice de la meilleure performance mondiale du marathon (2 h 21’06’’). … du 16 au 20 juillet à Athènes (Grèce), les premiers championnats du monde juniors. Zola Budd

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Samedi 19 septembre Temps chaud. 31°. Léger vent.

TROPHÉE DE L’HEURE

L

e premier Herculis espère relancer le grand fond avec un critérium mondial de l’heure disputé en fin d’après-midi, deux semaines après les championnats du monde de Rome (28 aout-6 septembre). Mais les 12000 dollars offerts au vainqueur ne suffisent pas pour attirer les coureurs, impressionnés par le record du monde de Jos Hermens (20,944 kilomètres en 1976, soit deux 10000 m en 28’50’’), but avoué de la compétition. Beaucoup de forfaits dont John Ngugi, mais un beau vainqueur, l’Anglais Carl Thackery (25 ans), déjà devant tout le monde dans le 10000 m du meeting de Paris (27’59’’24) le 16 juillet et numéro 1 mondial de l’année du semi-marathon (61’04’’). Le Portugais Fernando Mamede, recordman du monde du 10000  m (27’13’’81) monte discrètement sur la pelouse après 35 minutes de course. Carl Thackery (dossard 6) accélère au 15e kilomètre (44’54’’), lâche l’Allemand Christophe Herlé, le Kenyan Koskei et l’Irlandais John Treacy pour être le seul à dépasser les 20 kilomètres (20,075 kilomètres).

Un Certificat de grand fond Les autres épreuves sont bien plus qu’un accompagnement avec Ben Johnson (10’’16 au 100 m et - 0,75 m/s de vent), Merlene Ottey (10’’99 et - 1 m/s de vent), Thierry Vigneron et Earl Bell départagés aux essais (5,72 m) et un trio offensif sur 110 m haies : Mark McKoy (Canada), Tonie Campbell (EU) et Colin Jackson (GB), chronométrés en 13’’35, 13’’38 et 13’’39 contre le vent (-1,1 m/s).

“L

’initiative de lancer, sur le circuit mondial, une course de l’Heure était originale et pleine de générosité mais je venais juste d’arrêter de courir et je n’y ai donc pas participé. Cette épreuve est mythique… Elle reste d’ailleurs ce qu’était le marathon dans les années 60… On ne sait pas trop comment l’aborder. Il y a la préparation et la gestion de ces 60 minutes. “Habituellement, on cherche, dans les épreuves de fond à faire des tours de piste en un certain temps, là ce serait plutôt de faire une certaine distance par tranche de temps. Autour


Avec deux records du monde le Néerlandais Jos Hermens (dossard 407) fut un des plus grands spécialistes de la course de l’heure.

de 350 mètres par minute. Au-delà de ces paramètres difficilement abordables, cette course a toujours attiré les plus grands coureurs trouvant dans cet effort hors normes, une sorte de légitimité, un certificat de héros du grand fond” s’enthousiasme le Néerlandais Jos Hermens, recordman du monde de 1975 à 1991 (1). Jean Bouin, Paavo Nurmi, Emile Zatopek, le premier à courir plus de 20 Kilomètres (20,052 kms en 1951), Ron Clarke, Gaston Roelants et plus tard Haile Gebrselassie, tous champions ou médaillés olympiques s’y sont risqués. “Exactement comme l’ont fait Coppi, Anquetil et Merckx sur un vélo” poursuit Hermens qui améliora deux fois le record mondial à 25 ans, n’hésitant pas à multiplier les tentatives : quatre en deux ans ! Le 13 septembre 1975, il perd pied après trois quarts d’heure malgré le record du monde du 10 miles. Quinze jours plus tard, il parvient à ses fins et sept mois après il fera encore mieux.

“Je m’entraînais tellement que la compétition était un divertissement, s’amuse celui qui n’aura jamais connu un podium olympique sur lequel il était attendu à Munich (1972), se retirant de la compétition au lendemain de l’attentat dans le village olympique. Je courais jusqu’à 50 kilomètres par jour en quatre ou cinq séances et plus j’en faisais, plus je progressais. Je suivais les principes d’Arthur Lydiard, un entraîneur néo-zélandais d’exception. Et pour éviter la monotonie de ces tours de piste, j’avais enregistré des cassettes avec des musiques qui me permettaient de relancer le rythme”. La fougue du rocker pour la solitude du grand fond avec Pink Floyd, David Bowie et l’incontournable “Born to run” de Bruce Sprinsteen. (1)20,907 kms le 28 septembre 1975 et 20,944 kms le 1 mai 1976 à Papendal (Pays-Bas).

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LE TÉMOIN

(Thierry Vigneron)

Un sautoir difficile

“I

l s’agit de ma meilleure année… L’hiver, j’ai remporté un troisième titre européen en salle, une médaille de bronze aux Mondiaux à Indianapolis et enfin, l’argent, à Rome, sur mon sautoir fétiche, quinze jours plus tôt aux deuxième championnats du monde en plein air…” Mais outre l’aspect comptable avec ces podiums, il y a les sensations et les gestes. “Depuis le stage de printemps à Los Angeles, il a acquis davantage de vitesse, de détente, de force explosive et il est aussi plus calme, plus clairvoyant. Il est au sommet de sa forme” insiste Jean-Claude Perrin. “Je contrôle parfaitement la technique et je prends un immense plaisir à enchaîner les compétitions. Y compris sur des sautoirs difficiles comme peut l’être parfois celui de Monaco. Ce qui ne m’empêche pas d’y gagner une nouvelle fois. Deux concours (1986 et 1987) et deux victoires, c’est parfait…” “Et ce qui me ravit, au-delà d’un succès sur Bell (5,72  m pour les deux hommes), Tarpenning et Tully, c’est d’avoir su maîtriser un petit vent tourbillonnant et irrégulier avec trois barres (5,52 m, 5,62 m et 5,72 m) avant de m’attaquer une fois encore à mon record de France (5,91 m) qui aura été record du monde quelques minutes, trois ans auparavant, à Rome.” “Jouer avec les conditions a souvent été une motivation supplémentaire et réussir cet examen était une expérience précieuse, même à 27 ans, près de dix ans après un record du monde junior (5,61 m en 1979).”


ENTRE LES COULOIRS

3 4

Carl Thackery courra beaucoup plus vite en 1990 à La Flèche (France) : 20,885 kilomètres dans l’heure pour être encore dans le Top 5 mondial, un quart de siècle plus tard.

5

Thierry Vigneron n’a jamais oublié la soudaine et inopportune musique protocolaire au moment de son élan pour tenter d’améliorer son dernier record de France (5,91 m), le 31 aout 1984 à Rome.

6

Pas de course de demi-fond pour permettre à Ingrid Kristiansen, la plus grande athlète des années 80, recordwoman du monde du 5000 m, du 10000 m et du marathon de courir sur la piste de Louis-II. La Norvégienne viendra pourtant à Monaco le 21 novembre, pour remporter le 5e championnat du monde féminin des 15 kms (47’17’’) entre le port et la plage du Larvotto et la Monégasque Piera Parodi terminera 93e. >

Troisième du Critérium de l’heure, l’Irlandais John Treacy a été champion du monde de crosscountry (1978 et 1979) puis champion olympique du marathon (1984).

1987 c’est aussi...

Edwin Moses

… le 22 mars, à Varsovie (Pologne), la victoire d’Annette Sergent, première Française championne du monde de cross-country. … le 4 juin, à Madrid (Espagne), la défaite d’Edwin Moses après 122 succès consécutifs sur 400 m haies (9 ans, 9 mois et 9 jours d’invincibilité) concédée à son compatriote Danny Harris (47’’69 et 47’’56). … le 22 juillet, à Rome (Italie), Saïd Aouita, premier homme en moins de 13’ au 5000 m (12’58’’39). … le 12 août, à Viareggio (Italie), trois records du monde pour le lanceur de poids Alessandro Andréi : 22,72 m, 22,84 m et 22,91 m.

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Mardi 2 août Beau temps chaud.

GATORADE HERCULIS

80 236 points (n°15 du classement mondial des meeting)

A

50 jours des Jeux Olympiques de Séoul (17 septembre-2 octobre) et en l’absence de nombreux Américains récupérant des Trials, le 200 m est un des moments très attendus de la soirée avec Gilles Quénéhervé contre Calvin Smith, le double champion du monde (1983 et 1987) qui l’a devancé de quatre millièmes, le 3 septembre 1987, à Rome, pour le titre mondial. Deux accélérations du Parisien, en sortie de virage et à 20 m du but, mettent Smith à distance (20’’53) mais en pleine piste, Quénéhervé ne se méfie pas du fantasque météore James Butler (EU) qui le devance de deux centièmes (20’’42 contre 20’’44). Outre les 8,50 m en longueur de Larry Myricks (EU), de beaux éclairs avec Johnny Gray (1’44’’91 au 800 m), Sydney Maree (EU), meilleur finisseur du 3000 m (7’42’’94) devant Pierre Delèze (Suisse) et Vincent Rousseau (Belgique) ; Danny Harris (EU) 48’’57 au 400 m haies ; Wolfgang Schmidt (RDA), 66,20 m au disque ; Betty Cuthbert (Jamaïque) loin devant le peloton sur 100 m (11’’12) tandis que Stefka Kostadinova (Bulgarie),

Larry Myricks, le maudit S

oixante et un centimètres ! Le plus grand écart enregistré à cette époque dans un concours de longueur. C’est ce qui sépare l’Américain Larry Myricks et son suivant, le Bordelais Franck Lestage… 8,50 m contre 7,89 m. En cet été orageux, l’homme du Mississippi n’a qu’un adversaire, Carl Lewis. “Ce n’est pas que j’ignore les autres mais ils sont loin”, s’excuse Myricks. Alors que “lui” est toujours là. Physiquement mais aussi dans la tête. Voilà plus de cinq ans qu’il fait avec le phénomène (Carl Lewis) “qui saute en sprintant”.

“Ce soir, j’ai fait comme s’il était dans le concours avec un premier saut à fond.” Mordu…et sans doute plus de 8,40 m. Le deuxième est beau : 8,41 m. Le troisième est mieux encore : 8,50 m. Puis il range soigneusement ses affaires. “J’ai fait le job et je suis prêt…” Nous sommes à cinquante jours des JO de Séoul où Myricks ramassera sa seule médaille olympique (3e) dans les traces de Lewis et Powell. “Je ne suis pas venu au bon moment, sourit-il et je gagne quand l’un et l’autre ne sont pas là…” Parfois en allant très loin. Le 18 juillet, à Indianapolis, il reste suspendu dans les airs : 8,74 m. Top 5 mondial à l’époque. Mais deuxième derrière Lewis (8,76 m). “Depuis 1981, il est devant moi.” Cela durera 13 ans. “Mon heure est passée…” Ce devait être en 1976 aux JO de Montréal dont il était le favori mais il se brisa la cheville à l’échauffement. Il revint sur ce sautoir trois ans plus tard pour le deuxième saut de l’histoire derrière les 8,90 m de Beamon (8,52 m). Privé de Jeux en 1980, il sautera ensuite pour des accessits malgré deux titres mondiaux en salle (1987 et 1989) et une dernière envolée, à 35 ans, dans le sable noir de Tokyo, au Mondial 91 pour le plus grand concours de l’histoire : 8,42 m. Troisième derrière Powell (8,95 m) et Lewis (8,91 m).

auréolée de son record du monde de la hauteur l’année précédente (2,09 m), se contente de 1,95 m; échec enfin des perchistes Français Serge Ferreira et Philippe Collet qui sautent 5,60 m mais sont battus aux essais par Kory Tarpenning (EU).


“Je n’ai fait qu’ accompagner l’histoire, je ne l’ai pas faite…” Larry Myricks

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LE TÉMOIN

(Gilles Quénéhervé)

Seul le temps comptait

“C

’est peut-être la seule défaite qui m’ait été agréable… Je venais de me qualifier pour les Jeux. J’aurais dû y parvenir beaucoup plus tôt mais comme souvent en athlétisme, un jour, il y avait du vent, un autre, il pleuvait et parfois c’était un manque de motivation… En outre, avec les Jeux en octobre, tout était décalé. “Cette saison a été bien difficile à gérer... Ce n’était pas comme après 2000 où tous les acteurs sont devenus des professionnels. Je n’avais pas de piste couverte pour m’entraîner l’hiver et avec Jacky (Desprez), mon entraîneur, nous commencions la vitesse au printemps, à quelques jours des interclubs !» Quand il arrive à Monaco, Gilles Quénéhervé, médaillé d’argent mondial l’année précédente derrière le petit Américain Calvin Smith ne pense même pas à la revanche. “J’avais demandé un couloir extérieur mais en ce temps-là, ils étaient automatiquement attribué à la performance, donc, j’étais bien servi.” Course limpide “malgré un petit moment de flottement dans la ligne droite, sans doute à cause du public que je n’imaginais pas si pressant.» Devant Smith, “pour une revanche mondiale qui n’en n’était pas vraiment une”, il concède toutefois deux centième à James Butler. “Mais j’allais aux Jeux, c’était l’essentiel. Le bonheur…” Pour une sixième place dans le 200 m et une inoubliable médaille de bronze avec Max Morinière, Daniel Sangouma et Bruno Marie-Rose, à l’issue du 4 x 100 m.


ENTRE LES COULOIRS

3

Danny Harris est un vainqueur triste du 400 m haies. Vice-champion olympique en 1984 et du monde, l’année dernière, toujours derrière Edwin Moses qu’il a néanmoins battu en 1987 à Madrid, après dix années d’invincibilité, Harris ne participera pas aux JO de Séoul pour avoir raté les sélections américaines (5e).

4

Gilles Quénéhervé rêve d’un podium olympique et ne pense pas encore à sa reconversion qu’il entreprendra en 2001 en reprenant des études qui lui permettront d’intégrer l’ENA en 2010 et d’en sortir deux ans plus tard (promotion Marie-Curie) pour occuper des postes à Vesoul et Saint-Brieuc avant d’être nommé secrétaire général de la préfecture du Lot, à Cahors, à l’automne 2015.

5

Le Marocain Saïd Aouita, invaincu en 44 courses entre juillet 1985 et septembre 1987 est forfait pour une blessure qui le handicapera aux JO de Séoul où il se contentera d’une médaille de bronze (800 m). Il inaugure alors, le TNR (train navette rapide) entre le port de Casablanca et la Médina de Kénitra, qui s’appelle désormais l’ “Aouita”. >

6

106 coureurs participent aux premiers “1000 m Herculis” proposés à tous ceux qui ont entre 8 et 88 ans. Trente-six courses se succèdent entre 10 heures et 18 heures 20.

1988 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 11 juin, à Léningrad (URSS), les 7,52 m (vent : + 1,4 m/s) en longueur de Galina Chistyakova, l’un des cinq plus vieux records du monde vingt cinq ans plus tard.

eG

c

… le centenaire de la première épreuve de grand fond hors stade, entre Londres et York (650 kilomètres, aller-retour), remportée par l’ Anglais Foster Powell en 5 jours 5 heures et 15 minutes.

IS

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… le 28 septembre, à Séoul (Corée du Sud), le seul titre olympique de la perche pour Sergey Bubka.

C arl LE W Flo r

… le 16 juillet, à Indianapolis (Etats-Unis), le record du monde du 100 m (10’’49, vent nul) pour Florence Griffith-Joyner contre 10’’76 à Evelyn Ashford.

RIF

F IT H - J O Y N E R

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Vendredi 1er septembre Beau temps. 23° - 17 740 spectateurs

FINALE DU GRAND PRIX MOBIL

U

n gros orage pour éloigner les nuages, une magnifique pelouse avec une herbe d’un golf californien pour 1,7 million de francs, Monaco ouvre les coffres pour une mémorable finale, à l’issue des 14 meetings de la saison : 4,580  millions de francs de récompenses pour les meilleurs athlètes. Le Marocain Saïd Aouita remporte le 5000 m (13’06’’36) et la Roumaine Paula Ivan fait diversion avec un mile (1609,34 m) pour tenter d’offrir un premier record du monde au stade Louis-II, après son récent exploit de Nice (4’15’’61 le 10 aout). Il n’en est rien (4’24’’96), la saison est longue et les lièvres trop timorés. Pas de répit, en revanche, sur 110 m haies (- 0,3 m/s) où Tonie Campbell et Colin Jackson ne peuvent être séparés (13’’22) devant Roger Kingdom (13’’24).

Tandis que Merlene Ottey (11’’04 au 100 m), Ana Quirot (1’59’’02 au 800 m) et Sandra Farmer-Patrick (54’’60 au 400 m haies) devant Anita Protti (54’’71) et Sally Gunnell (54’’96) terminent leur saison invaincues au galop, Carl Lewis (100 m) et Harry Butch Reynolds (400 m) trébuchent (troisième et deuxième en 10’’30 et 45’’06) dans des courses remportées par le Jamaïcain Ray Stewart (10’’13) et l’Américain Danny Everett (44’’59). Exploit pour Daniel Sangouma dans le 200 m. En 20’’26 (- 0,19 m/s) grâce à un superbe virage, il domine le Brésilien Robson Da Silva.

La terre promise de Saïd Aouita “L

a piste est mon royaume” dit-il, toute modestie contenue… Il a brûlé toutes celles sur lesquelles il a posé les pieds, dévoré le temps et broyé les prétentions adverses. Habile tacticien, doté d’une connaissance exceptionnelle de l’allure, redoutable finisseur, il a une foulée à la fois ample et nerveuse. Son panache fait le reste. Et ce soir, pour sa troisième victoire dans le Grand Prix (1986, 1988 et 1989), il ne compte


pas. Tout à fond. D’abord derrière Pascal Clouvel (5’12’’35 au 2000 m) puis dans les pas de Cheruyiot (7’47’’68). Deux secondes d’avance sur son record du monde. Enfin, seul… “Mais j’ai hésité pour la première fois de ma vie. C’était la fin de la saison, je ne savais plus si je pouvais le faire” reconnait-il. En 13’06’’36 -troisième performance de sa carrière-, il laisse Barrios, le récent recordman du monde du 10000 m (27’08”23), Maree et N’Gugi, le champion olympique, à 15 secondes et plus ! Signature prestigieuse au bas de son palmarès pour une 115e victoire en 119 courses depuis septembre 1983. Et dix ans d’invincibilité sur 5000 m. Une réputation que le frêle Aouita (1,75 m et 65 kilos) étendra en défiant les coureurs de 800 m aux JO de

Séoul (3e) après avoir remporté l’or sur 5000 m quatre ans plus tôt, en s’essayant au 10000 m (27’26’’11) après avoir débuté par le cross-country, en s’appropriant les records du monde du 2000 m (4’50’’81) et du 5000 m (12’58’’39) en une semaine de juillet 1987, et y ajoutant à Cologne, il y a dix jours celui du 3000 m (7’29’’45) pour gommer cette incroyable année 85. “J’ai battu les records du 1500 m (3’29’’46 le 23 aout) et du 5000 m (13’00’’40 le 27 juillet) mais je crois qu’on se souvient surtout de ma défaite contre Cram le 16 juillet à Nice quand j’échoue à trente centimètres (3’29’’67 contre 3’29’’71) et qu’il est le premier sous les 3’30’’.”

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LE TÉMOIN

(Jacques Candusso)

Au nom des femmes

“C

’est la rencontre la plus émouvante que j’ai faite sur un stade. C’était en 1997, dans un couloir en rencontrant les filles qui partaient au départ du 1500 m. Je suis face à Hassiba Boulmerka. Ce que représente cette jeune femme est immense. Première Africaine championne du monde (1991 et 1995), première Algérienne championne olympique (1992), elle doit pourtant faire front car elle est la cible des extrémistes que j’avais croisés lors d’un cross avec des athlètes monégasques en décembre 1989, à Biskra, à 800 kilomètres au sud d’Alger. “Son tour d’honneur, enveloppée dans le drapeau algérien à Barcelone, l’incessant rappel qu’elle fait de sa croyance n’y changent rien. Elle doit se cacher et fuir son pays pour s’entraîner. Elle a même été licenciée de son travail “pour absences répétées” dans les semaines précédant son sacre olympique (1992)… Et bien qu’elle s’apprête à entrer sur la piste, je ne peux me retenir : “Madame, je vous admire beaucoup pour vos résultats et pour ce que vous représentez pour votre pays et les femmes algériennes…” Son regard noir s’est figé. Elle était émue et elle n’a pas pu parler. Et nous ne nous sommes jamais revus.” Hassiba Boulmerka ne cessera de répéter “qu’aussi vrai qu’il est impossible de se rendre à la mosquée en short, il est impossible de courir en hijab”, jusqu’à la tribune du CIO où elle fut à la commission des athlètes de haut niveau (1996-2000) en déclarant “qu’un pays qui n’envoie pas de femmes, ne doit pas participer aux Jeux Olympiques.”


ENTRE LES COULOIRS

3 4

Daniel Sangouma domine le Brésilien Robson Da Silva, troisième de l’épreuve aux Jeux Olympiques de Séoul (1988), qui a couru la semaine dernière à Bruxelles en 19’’96 et qui concède sa seule défaite de l’année.

5

Arsène Wenger avait prévu un footing de récupération, sur la pelouse de Louis-II, deux jours avant la finale d’athlétisme. Et si José Touré, le plus appliqué des footballeurs de l’ASM, sua longtemps sous un soleil de plomb, il resta prudemment à l’écart des foulées des deux seuls athlètes à trottiner : Saïd Aouita et Arturo Barrios, les recordmen du monde des 5000 m et 10000 m.

6

Un mile est organisé, avant la soirée, à l’intention des journalistes qui courent devant une tribune où quelques consultants auraient pu animer la course avec brio, tels Franco Fava, Jos Hermens, José Luis Abascal ou Sebastien Coe, tous avec un crayon ou un micro en mains.

7

Invaincue et meilleure coureuse de 400m haies (53’’37), la Jamaïcaine Sandra Patrick- Farmer - Américaine l’année suivante - multiplia les bonds et les cris au milieu de la nuit dans le casino du Loews. Elle venait de jouer 300 francs dans une machine à sous et empochait le Jackpot (20 000 francs). Belle soirée pour celle qui venait déjà de récupérer, sur la piste, 60 000 francs (9150 euros) pour sa troisième place dans le Grand Prix.

Pour conduire la voiture électrique transportant un caméraman de télévision qui suit les coureurs de demi-fond, un expert du volant, Jean-Claude Andruet. >

1989 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 19 mars, à Stavanger (Norvège), le quatrième titre mondial consécutif en crosscountry pour le Kenyan John Ngugi et le deuxième titre pour Annette Sergent.

A n a Fi d e l i a Q

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… le 20 septembre, à Cologne (Allemagne), le record du monde du 3000 m (7’29’’45) de Saïd Aouita qui détient ainsi tous les records du monde en distance métrique, du 1500 m au 5000 m.

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… le 1er septembre, Gladys Prieur, née aux EtatsUnis, formée au Santa Monica Track Club revenue pour quatre ans chez son oncle Robert Enrietti, dirigeant de l’AS Monaco, et première athlète du club à remporter un “1000 m Herculis” (2’48’’27).

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… le 20 novembre, à Paris, le centenaire de la création de l’Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques qui deviendra la FFA en 1920.

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1990 Dimanche 12 août Beau temps. 25°

HERCULIS IAAF 82 310 points (n°14)

D

eux jours après Bruxelles et trois jours avant Zurich, les forfaits s’accumulent dans les dernières heures (Michael Johnson après Carl Lewis, Sergey Bubka et Leroy Burrell).

La sensation est française avec la victoire de Philippe Tourret (110 m haies) tandis que la revanche du 400 m de la coupe du monde à Barcelone de 1989 tourne nettement à l’avantage d’Ana Quirot (50’’52), loin devant Marie-José Pérec (4e en 51’’35).

Philippe Tourret, une victoire olympique C

’est sans doute, le 110 m haies de l’année… Au départ, Roger Kingdom, le maître. Champion olympique en 1984 et 1988, recordman du monde depuis l’été 1989 (12’’92). Et encore Greg Foster, champion du monde en 1983 et 1987 -et en 1991-, deuxième des JO de1984. Et puis aussi Jack Pierce qui sera deuxième au Mondial de Tokyo (1991), Tony Dees (13’’12), futur argenté olympique (1992). Sans oublier Arthur Blake (13’’24 en 1988). “Et moi, j’ai trois titres de champion de France (1988, 89 et 90) avec un record à 13’’34” sourit Philippe Tourret. “Et tout d’un coup, je me retrouve dans une authentique finale olympique ! C’est incroyable, j’ai 23 ans, une quatrième place au Mondial junior en 1986 dans la musette, et deux dixièmes de retard sur ces balèzes ! Un autre monde. Je ne cesse de me répéter qu’il ne faut pas être impressionné, que je dois oublier que cinq ans plus tôt, j’étais fasciné devant ma télé’ par ces types qui taquinaient les 13’’ à Zurich…”

Laurence Bily approche de cinq centièmes son record de France du 100 m (11’’09 avec un vent favorable (1,30 m /s), William Tanui est sans rival sur 800 m (1’44’’49), Kriss Akabusi mate Samuel Matete dans le 400 m haies (48’’77), Randy Barnes, qui vient de dépasser les 23 m à deux reprises, n’a que trois centimètres d’avance sur son compatriote Jim Doehring qui bat son record (21,46 m contre 21,43 m) et Petra Felke (RDA), recordwoman du monde depuis deux ans (80 m), lance son javelot à 69,66 m. 17 m au triple saut pour Serge Hélan (deuxième essai avec un vent défavorable de 0,90 m/s) alors que le 400 m est exceptionnel : victoire pour le Cubain Roberto Hernandez (44’’30) devant Danny Everett (44’’35) et Harry Butch Reynolds (44’’95) surpris par un contrôle anti-dopage qui sera positif.

Et une quinzaine de secondes plus tard, Philippe Tourret de Tonneins (Lot-et-Garonne) les a battus ! Il met une claque à son record (13’’28) malgré le vent (- 1 m/s). “Je savais que Foster allait faire un faux départ, c’est son truc… Mais je suis resté concentré. J’étais persuadé de réussir une perf ’, il fallait que ça passe un jour”. Avant de partir de Créteil, Jacques Piasenta a été formel : “Il va faire moins de 13’’30, il a battu tous ses records à l’entraînement”. “Et puis tous ces champions ont couru à Setrière il y a quatre jours. Avec le froid, l’altitude et le voyage, je me suis dit que c’est maintenant qu’il faut en profiter. Je suis très bien parti, je suis avec eux à mi-course, et puis ils accusent le coup, Kingdom tape la dernière haie et moi, au couloir 7, je ne vois plus personne… Premier et 13’’28 ! J’ai rejoints Drut (1975). En prime, la meilleure performance de la soirée à la table hongroise. Du délire… Le plus fort moment de ma carrière.”


“Je ne ressemble à rien au milieu de ces balèzes avec mon mètre soixante dix huit et mes 64 kilos” Philippe Tourret

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1990 LE TÉMOIN (Piera Parodi)

Le système D

“J

e venais d’être embauchée pour quelques opérations ponctuelles à la Fédération et nous travaillions dans des conditions vraiment très particulières. Et en prêtant main forte à l’organisation de la finale du Grand Prix Mobil de 1989, je découvrais un monde d’urgences, de débrouillardises et aussi de grands fou-rires ! C’était d’ailleurs indispensable car avec Jean-Pierre (Schoebel) et Fred (Frédéric Choquard) qui m’avait précédé un an plus tôt, c’était le système D au fond du couloir du troisième étage des bureaux du stade” raconte Piera Parodi occupée à régler une partie de l’intendance depuis les années 2000. “Une pièce de 15 m2, un seul bureau, les garçons faceà-face et moi en bout de table avec le soleil tout l’aprèsmidi qui inondait l’espace dépourvu de climatisation ! Il y avait un téléphone, pas de fax, pas d’ordinateur. Même pas de machine à écrire. Je me suis donc empressée d’aller chercher ma machine avant de m’offrir un prototype d’ordinateur Amstrad qui servait à tout… La préhistoire. Mais sur la piste, tout roulait et courait, c’était un sansfaute ! Puis nous avons changé de bureau et enfin d’étage. Nous avons pris de la hauteur, comme le meeting…”


ENTRE LES COULOIRS

3 4 5 6 7

Le Cubain Roberto Hernandez vainqueur du 400 m (44’’30) après avoir porté son record à 44’’14, le 30 mai à Séville, court pour la quinzième fois de l’année en moins de 45’’. Quatrième des Mondiaux en 1985 et 1987, il restera le plus rapide non Américains jusqu’en 2006. Concours tronqué pour Serge Hélan. Après deux essais réussis (16,91 m et 17 m), il se blesse lors du dernier bond de sa troisième tentative. Mais le premier Français à plus de 17 m (17,13 m en 1986) se reprendra plus tard en allant jusqu’à 17,55 m (1994). Deuxième du 100 m (11’’09) au milieu des Américaines Sheila Echols (11’’06), Michel Finn (11’’19) et Gwen Torrence (11’’32), Laurence Bily vient de fêter son cinquième titre national du 100 m et approche son record de France (11’’04 en 1989). Il s’agit de la meilleure performance, en meeting, de la médaillée d’argent européenne du 60 m (1989 et 1990). Trois jours avant Monaco, Randy Barnes était persuadé de battre son récent record du monde (23,12 m le 20 mai à Los Angeles). Il lança si loin jeudi, à Malmö (Suède) lors de l’échauffement, qu’il se précipita vers l’impact et l’effaça rapidement. “Près de 23,50 m” assura un des rares témoins. > Trois entrainements hebdomadaires seulement, pour Philippe Tourret car il passait une partie de ses nuits, au printemps, avec ses bouquins pour un baccalauréat, à 17 ans, avec la mention “très bien”.

1990 c’est aussi...

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… le 19 mai, à Los Angeles (Etats-Unis), le record du monde du poids (23,12 m) de Randy Barnes, suspendu ensuite 27 mois, de retour pour le titre olympique en 1996 avant un nouveau contrôle positif qui le mettra hors stade, à vie. … le 21 juin, les 30 ans du premier 100 m en 10’’ (chronométrage électrique) par l’Allemand Harmin Hary, à Zurich (Suisse). … le 20 juillet, à Londres (Grande-Bretagne), le premier jet de javelot à plus de 90 m (90,98 m) par le Britannique Steve Backley. … le 1er septembre, à Split (Yougoslavie), le record du monde du 4 x 100 m pour une équipe de France : Max Morinière, Daniel Sangouma, Jean-Charles Trouabal et Bruno Maris-Rose sont champions d’Europe en 37’’79. … le 6 septembre, l’anniversaire du premier 400 m en moins de 45’’ avec l’Américain Ottis Davis et l’Allemand Carl Kaufmann (44’’9 pour les deux hommes) en finale des JO de Rome (1960).

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

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1991 Samedi 3 août Beau temps chaud.

GRAND PRIX MOBIL 84 481 points (n°2)

L

e record du monde du 4 x 100 m du Santa Monica Track Club et la chaleur qui réchauffe les muscles après une escapade à Sestrière (2050 m d’altitude) pour les sauteurs et les sprinters, fait grimper la cote d’Herculis qui talonne Zurich (85018 points), trois semaines avant les Mondiaux de Tokyo (23 aout-1 septembre). Les éclairs se multiplient avec Sergey Bubka (5,90 m) qui fait trois tentatives à 6,10 m ; Heike Henkel (2,04 m) qui dépossède Ulrike Meyfarth d’un record d’Allemagne vieux de huit ans; le premier 200 m de l’année en moins de 22’’ de Merlene Ottey; le record de Sally Gunnell au 400 m haies (53’’78) ; les 20’’05 de Michael Johnson (200 m) et les 13’’19 de Ronaldo Nehemiah (110 m haies) contre le vent (- 0,40 m/s) ; la faute de Danny Harris sur le dernier obstacle du 400 m haies qui permet à Samuel Matete (Zambie) de s’envoler (47’’87 contre 48’’31) ; et aussi un 100 m de dames pressées (Gwen Torrence devant Evelyn Ashford et Juliet Cuthbert) : 11’’12, 11’’20, 11’’22 (vent - 0,60 m/s). Deux grands affrontements enfin, sur 1500 m et en longueur : Noureddine Morceli remporte une des plus belles courses de ces trois dernières années (3’32’’04 devant Saïd Aouita, 3’33’’28, David Kibet, 3’33’’92 et Steve Cram, 3’34’’96) tandis que Mike Powell, qui vient de sauter 8,73 m dans le froid à Sestrière (+ 2,60 m/s de vent), n’a qu’un centimètre d’avance sur Larry Myricks (8,45 m et 8,44 m).

Carl Lewis joue du bâton S

’il ravit l’Amérique, il n’en est pas son héros… Et si les stades d’Europe lui déroulent des pistes d’or pour ses pieds illustres, il ne peut dissiper une étrange ambigüité où se percutent l’orgueil démesuré d’un champion, la foi d’un Témoin du Christ, un goût jamais caché pour le gain, l’obsession de la performance, la froideur de ses propos et la haute estime qu’il a de lui, s’amusant à citer les présidents américains “qui durent moins longtemps” et croisés durant sa carrière. Mais quand les lumières s’allument, c’est un ravissement. Il incarne


Un record du monde égalé pour le Santa Monica Track Club avec Floyd Heard, Carl Lewis, Leroy Burrell et Mike Marsh

la perfection technique. La violence de l’effort ne trouble pas l’harmonie gestuelle. “Carl, c’est le sprint, dit Tom Tellez, son seul entraîneur. Il a un ordinateur dans la tête, il maîtrise toutes les composantes de la course, il analyse ses erreurs en quatre-cinq secondes et il les rectifie !”

saison chez nous, puis nous nous sommes entrainés, l’été, à Paris, à Sestrière et avant-hier, nous sommes restés deux heures et demie sur le stade de Monaco” précise Lewis. A l’arrivée, ils égalent, sublime élégance ou plutôt coïncidence, le record des Français.

En cette année, Frederick Carlton Lewis a 30 ans et il reprend “son” record du monde (9’’86) que lui a emprunté deux mois plus tôt son coéquipier Leroy Burrell (9’’90). Comment dès lors, s’étonner qu’avec Mike Marsh au départ et Floyd Heard entre eux deux, le Santa Monica Track Club ne fassent la fête et donnent du bâton à LouisII devant une équipe de France qui a crânement relevé le défi, gonflée par son record du monde(37’’79) des championnats d’Europe de Split l’année précédente ?

Puis avec Dennis Mitchell, les Etats-Unis cette fois, et non une équipe de club, feront mieux dans les trois semaines suivantes (37”67 puis 37’’50). Il n’aura fallu que trois ans d’Herculis pour que Monaco décroche un record du monde par la grâce d’un champion d’exception converti au collectif jusque dans la tenue, avec une combinaison en mailles noires…Mais pour ce champion aux mille facettes (sprint, relais et longueur), il n’y avait, sur la piste qu’élégance et raffinement, efficacité et gloire : 9 titres olympiques, 8 titres mondiaux et 11 records du monde.

Mais les Américains ont bien préparé leur course. “Au printemps, nous avions participé aux relais de début de

34 I 35


1991 LE TÉMOIN

(Bruno Marie-Rose)

Trop forts, trop tôt

“O

n n’aurait peut-être pas dû les provoquer en leur piquant le record du monde» assure l’un d’eux. “Nous avons surtout poussé les Américains à prendre conscience qu’ils étaient vulnérables, estime Bruno Marie-Rose… Ils ont soudain réalisé que Max (Morinière), (Daniel) Sangouma, Jean-Charles (Trouabal) et moi, étions allés plus vite (37’’79 le 1er septembre 1990) que Smith, Lewis et compagnie à Los Angeles pour leur titre olympique ! Mais à Monaco, il y avait un énorme décalage. “L’année précédente, nous étions en grande forme lors de notre record. Pas cette fois. Notre cohésion et notre complicité ne pouvait suffire. Alors, nous avons joué sur un autre registre, notre conception de l’athlétisme. D’un côté les pros avec les paillettes et leur suffisance, de l’autre, les “Frenchies en culottes courtes”, orgueilleux et sans peur. Mais entre ce qu’on prétendait vouloir faire et ce qu’on valait il y eut un bâton de relais qui n’est jamais passé entre Gilles (Quénéhervé) et Daniel (Sangouma). Les Américains ont fait trois cents mètres sans opposition.” Ce qui a sauvé leur record du monde, seulement égalé. Cruelle désillusion toutefois, pour Marie-Rose, recordman du monde du 200 m en salle (20’’36 en 1987) qui s’empressera d’inciter ses malheureux coéquipiers d’un soir, à renoncer à leur prime d’engagement avant de se lancer aux trousses des Américains, trois semaines plus tard, lors des Mondiaux de Tokyo (2e).


ENTRE LES COULOIRS

3 4

L’année des records pour Sergey Bubka : 6,12 m à Grenoble (en salle) le 23 mars, 6,07 m, 6,08 m, 6,09 m en mai, juin et juillet. Il franchit deux barres à ses premiers essais à Monaco, celles posées à 5,70 m (19 h 45) et à 5,90 m (21 h) avant trois échecs à 6,10 m…hauteur qu’il réussit une semaine plus tard à Malmö.

5

Heike Henkel a franchi 2 m pour la première fois l’année dernière et l’ancienne gymnaste, escrimeuse puis basketteuse, est au sommet de sa forme en accumulant les titres : européen (1990), mondial (1991) et olympique (1992). Cela fait deux ans qu’une sauteuse n’est pas allée aussi haut.

6

Rendez-vous raté pour le 4 x 100 m Français, le premier relayeur français n’arrive pas à transmettre le témoin au deuxième qui est parti trop tôt, trompé par le rythme de Leroy Burrell dans le couloir voisin.

7

Dans trois semaines, à Tokyo, lors d’une finale sulfureuse du 100 m des Mondiaux, Carl Lewis va connaitre sa plus grande vitesse de course, entre les 70 et 80 m, couvrant la distance à plus de 12 m/s.

Premier homme à moins de 13’’ au 110 m haies (12’’93 le 19 aout 1981 à Zurich), Ronaldo Nehemiah, s’écarte des pistes pendant quatre ans et s’engage avec les footballeurs américains des 49 ers de San Fransisco pour 3 millions de francs. Il est dans l’équipe qui gagne le Super Bowl en 1984…et il revient en piste en 1986 et réussit le meilleur temps de sa deuxième carrière à Monaco (13’’19, - 0,4 m/s) devant Mark McKoy et Jack Pierce.

1991 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 24 mars, à Héricourt (France), les records du monde des 30 kilomètres (2 h 03’56’’5) et des deux heures (28,090 kilomètres) pour le marcheur Thierry Toutain.

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… le 25 août, à Tokyo (Japon), troisième titre mondial pour Carl Lewis sur 100 m avec un nouveau record du monde (9’’86).

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… le 2 juin, à Punkalaidun (Finlande), le dernier record du monde du javelot avant l’utilisation d’un engin au centre de gravité déplacé pour aller moins loin. Le Finlandais Seppo Raty fait passer la meilleure marque de 91,98 m à 96,96 m.

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… le 30 août, à Tokyo, Bob Beamon (8,90 m à Mexico, en 1968), est dépassé par Mike Powell (8,95 m) et Carl Lewis (8,91 m).

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1992 Mardi 11 août

Très beau temps - 19 992 spectateurs

GATORADE HERCULIS (Grand Prix) 85 284 points (n°2)

Q

uatorze champions des JO de Barcelone à peine terminés (25 juillet-9 aout) sont sur le stade.

Pendant que Noureddine Morceli court son 1500 m le plus rapide de l’été (3’32’’75) entraînant Pascal Thiébaut vers un record personnel (4e en 3’34’’08), Sergey Bubka (5,90 m) et Colin Jackson (13’’12, vent nul) atténuent leurs déceptions olympiques : ils devancent Maksim Tarasov (5,80 m) et Mark McKoy (13’’23) sous la menace de Jean Galfione (5,80 m) et de Tony Dees (13’’23). Moses Kiptanui (3000 m steeple) l’emporte devant les trois coureurs du podium catalan. Kevin Young (47’’60 au 400 m haies), Heike Drechsler (7,33 m en longueur), Telena Romanova (4’00’’91 au 1500 m) sont des champions olympiques comblés, alors que Marie-José Pérec se risque sur 200 m après son titre

olympique (400 m). Elle approche son record de France de trois centièmes (22’’29) et n’en concède qu’une poignée à Irina Privalova (22’’07) et Merlene Ottey (22’’08). Diagana, essouflé après Barcelone (4e), termine à la même place (48’’90), Carl Lewis et Frank Fredericks (2e du 100 m et du 200 m à Barcelone) s’amusent sur 100 m et 200 m (10’’15 et 20’’18). Jan Zelezny, confirme bien qu’il est le meilleur (82,28 m) tandis que Richard Chelimo (13’10’’46 au 5000 m) offre un record de France à Tony Martins (13’14’’47).

Les feux de l’été pour Heike Drechsler L’

Allemande est persuadée de reprendre son record du monde de la longueur. C’est son bien. Et une question de jour. “Je l’ai perdu il y a cinq ans, mais je crois pouvoir le retrouver bientôt», osera-t-elle, au soir de son succès à


Barcelone (7,14 m). Privée des JO de 1984 puis battue à Séoul par Jackie Joyner-Kersee qui avait égalé son record du monde (7,45 m) en 1987, Heike Drechsler accumule les performances avec une élégance et un sourire qui traversent le temps. Fin mai, elle prend ses marques à Iena (7,36 m). Un mois plus tard, elle insiste à Séville (7,33 m). Le 8 juillet, à Lausanne, elle atterrit à quatre centimètres (7,48 m, vent + 0,4 m/s) du record de Galyna Chistyakova. Le 21 juillet, croyant profiter de l’altitude de Sestrière, elle trouve surtout le vent (+ 2,1 m/s) pour que ses 7,63 m ne soient pas homologués ! Mais elle a décidé de brûler les planches cet été. Pas de chance, à Fontvieille, le vent est contraire (- 0,3 m/s). Faible, mais suffisant pour que le bond s’arrête à 7,33 m. “C’était le bon jour, c’est sûr, mais

le vent a tourné…” Elle n’ira plus jamais aussi loin mais signera un été exceptionnel avant quatre années qui en feront la sauteuse de cette fin de siècle, remportant titre mondial (1993), européen (1994) et à nouveau olympique (2000), à 35 ans, après des opérations à un genou et à un tendon d’Achille en 1997. Elle clôturait un palmarès unique avec un premier titre mondial en 1983 (7,27 m à 19 ans), deux records du monde en 1986 (7,45 m et 21’’71 au 200 m), 240 victoires en 330 compétitions sur les sautoirs et 409 sauts à plus de 7 m en 160 concours entre 1982 et 2000. Cette renversante constance au haut niveau, de la junior prodige à la championne éblouissante, gracieuse et élégante, en fait l’une des grandes artistes de l’histoire.

38 I 39


1992

LE TÉMOIN (Sergey Bubka)

Le maître à la baguette

“J

’ai réussi ma meilleure saison l’an passé” affirme Sergey Bubka. Avec deux titres mondiaux, en salle puis en plein air, huit records du monde -quatre en salle, quatre en plein air-, dix sauts à 6 m et plus et 25 victoires en 27 concours, le bilan est vertigineux. “Cette année, j’ai débuté avec un record en salle (6,13 m) et en juillet, je mets le record en plein air à 6,11 m (le 13 juin à Dijon). Et soudain, le trou…” L’homme qui d’ordinaire à réponse à tout et à tous, est en plein désarroi. A mi-chemin entre son premier saut à 6 m (1985) et son élection au CIO (1999), Bubka évoque “un vent tourbillonnant et des juges obnubilés par les deux minutes accordés aux sauteurs” pour expliquer son échec à Barcelone, avant une analyse plus sereine : “J’ai accumulé des petites

fautes avec trop de décontraction et de nervosité à la fois…” A Monaco, il retrouve toute sa maîtrise avec un maillot rouge et blanc aux couleurs de la Principauté : 5,70 m et 5,90 m avant de retrouver des airs qu’il est le seul à connaitre. Son premier essai à 6,12 m fait frémir d’aise le stade. Mais “ça ne passe pas…” Plus fort et plus rapide que les autres, avec une technique très personnelle, il reprend la discipline d’une main de fer. Une main qu’il ne tendait jamais à ses adversaires, avouant, bien plus tard, une croyance qui lui aurait fait ainsi transmettre son énergie. Celle qui lui vaudra trois victoires à Herculis (1992, 93 et 94) en neuf participations, 109 concours au-delà de 5,90 m, 46 sauts à plus de 6 mètres et six titres mondiaux.


ENTRE LES COULOIRS

3

Retour au premier plan d’Heike Drechsler (27 ans) qui a égalé en juillet à Lausanne, son record (7,48 m en 1988) puis été championne olympique, la semaine dernière (7,14 m).

4

Le Marocain Khalid Skah doit quitter précipitamment la Principauté sans courir le 5000 m, pour se rendre à Rabat où le roi du Maroc recevait ses champions des Jeux (trois médailles), l’athlète étant le seul à avoir remporté l’or à Barcelone.

5

Pas vraiment troublé par la non homologation de son record du monde (94,74 m à Oslo le 4 juillet), le Tchèque Jan Zelezny qui vient de remporter le premier de ses trois titres olympiques (1992, 1996 et 2000), n’infirme pas qu’une fine pellicule de carbone a pu recouvrir son javelot en Suède afin de contrarier les vibrations de l’engin. >

6

L’IAAF annonce que la désignation des champions de l’année aura lieu à Stockholm où seront célébrés, à l’automne, les 80 ans de la création de la Fédération internationale, le 17 juillet 1912.

1992 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 14 février, à Madrid (Espagne), les records du monde du 60 m pour l’Américain Andre Cason (6’’41) et la Jamaïcaine Merlene Ottey (6’’96). … le 21 mars, à Boston (Etats-Unis), le cinquième titre mondial de cross-country pour John Ngugi et le troisième consécutif pour l’Américaine Lynn Jennings.

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… le 6 août, à Barcelone (Espagne), le titre olympique et le record du monde du 400 m haies (46’’78) pour Kevin Young qui dépasse Edwin Moses (47’’02), les deux hommes restant les meilleurs performers pendant un quart de siècle.

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… le 20 septembre, à Newcastle (Angleterre), le premier championnat du monde de semimarathon remporté par Benson Masya (Kenya) et Liz McCoghlan (Royaume-Uni).

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1993 Samedi 7 août

Beau temps chaud et humide. 26° - 19 810 spectateurs

GATORADE HERCULIS (Grand Prix) 85 188 points (n°3)

D

ernières prises de marques et réglages, huit jours avant une semaine mondiale à Stuttgart (13-22 aout) fraîche et pluvieuse. Merlene Ottey n’hésite pas à doubler (100 m et 200 m en 10’’90 et 21’’77) en écartant Irina Privalova (11’’09 et 22’’22), Gwen Torrence s’échappe vers le 400 m et une meilleure performance mondiale (49’’83), Carl Lewis boude (4e du 200 m en 20’’31), loin de Daniel Effiong (Nigeria) qui bat son record (20’’16 avec un vent défavorable de 0,60 m/s), de Frank Fredericks (20’’ 17) et de John Regis (20’’27). Matete profite d’une blessure de Kevin Young qui heurte une haie (47’’94 contre 48’’10), Tony Dees survole le 110 m haies (13’’12) devant Jack Pierce (13’’22), Bubka écrase la concurrence (5,94 m) et domine Rodion Gataulin pour la 26e fois, Heike Drechsler approche les 7 m

Eternelle Merlene Ottey

(6,94 m), Gail Devers tricote sur les haies (12’’77) face au vent (- 0,60 m/s) et Noureddine Morceli hausse le ton et rate pour 28 centièmes le record du monde du 3000 m (7’29’’24 contre 7’28’’96 à Moses Kiptanui), une distance qu’il n’a pas courue depuis trois ans. 100 m mouvementé avec John Drummond (10’’05), Leroy Burrell (10’’12) et Bruny Surin (10’’14), photo finish enfin, pour le 400 m avec Quincy Watts (44’’67), Steve Lewis (44’’71) et Samson Kitur (44’’80).

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ublime de grâce et de talent, d’aisance et de supériorité, éclatante dans ce maillot d’or ceinturé de rouge, démarche chaloupée toute caribéenne, la Jamaïcaine (33 ans), lève un bras sans remuer un cil. Merlene Ottey, étincelante sur la piste, théâtrale ensuite, se nimbe dans un mystère qu’elle aime entretenir. A une semaine des Mondiaux de Stuttgart, elle est imbattable, laissant Irena Privalova à deux mètres sur 100 m (10’’90), malgré le vent (- 0,6 m/s) puis doublant l’écart en fin


Merlene Ottey (dossard 32) domine nettement le 200 m (21’’77) devant Irina Privalova (dossard 47), deuxième (22’’22), Mary Onyali (absente sur la photo), troisième (22’’32), Galina Malchugina (49), quatrième ( 22’’63), Dannett Young (69) cinquième (22’’66) et Inger Miller (68), sixième (22’’68).

de séance sur 200 m pour une meilleure performance mondiale (21’’77). En Allemagne, il lui manquera pourtant quatre millièmes dans le 100 m avant de de se consoler avec un premier titre mondial individuel dans le 200 m. “J’ai commencé l’athlétisme avant qu’il y ait les championnats du monde -3e du 200 m aux JO de Moscou (1980)- et nous n’avions que les Jeux, tous les quatre ans pour valider une domination. A quoi cela sert-il de s’entraîner s’il n’y a pas de médaille pour récompense ? Les meetings, c’est extraordinaire, mais c’est pour vivre.” A quinze ou vingt mille dollars, la Belle avale les meetings, une vingtaine par an, entasse les dollars et passe son temps sur la piste et dans sa chambre d’hôtel, y prenant même parfois, ses repas.

“Je veux être une professionnelle exemplaire. On nous paie pour ça… Mais un seul or me manque, celui des Jeux.” Elle n’y parviendra jamais. De Moscou, pour ses 20 ans, à Athènes (demi-finaliste à 44 ans sur 100 m et 200 m), elle participa à sept Jeux Olympiques, accumulant un étonnant chapelet de médailles : 37 dont 14 aux championnats du monde, neuf aux JO (trois argent et six bronze) après quatorze années sous les 11 secondes, de 1985 à 2000, devenant la plus âgée des médaillées olympiques en 2000 (3e du 4 x 100 m à 40 ans), avant de devenir Slovène le jour de ses 42 ans. Merlene Ottey a banalisé des trajectoires d’une incroyable pureté : «J’ai appris à courir avec un livre offert par ma mère quand j’étais enfant, j’ai aimé le sprint avec Don Quarrie - champion olympique du 200 m en 1976-, mais je crois que j’étais trop petite (1,74 m et 56 kilos) pour lutter avec certaines.”

42 I 43


1993 LE TÉMOIN (Bernard Fautrier)

“ Rien ne pourra effacer 1991 !”

“L

a seule présence de Carl Lewis est un évènement. Il s’agit de l’un des athlètes du siècle et sa présence n’est pas anecdotique même si, cette année, il ne cache pas sa mauvaise humeur, pour, dit-il, le départ anticipé d’un des coureurs du 200 m. Absent du podium (4e en 20’’31), il s’éclipsera rapidement… Mais je reste sous le charme du Santa Monica Track Club, en 1991, lorsqu’il nous offrit avec ses copains de club, notre premier record du monde.

Ils avaient très bien préparé leur course en souhaitant venir s’entraîner pendant plusieurs jours avant celle-ci. Le 4 x 100 m est le symbole de la toute -puissance des Etats-Unis et ses coureurs, plutôt méprisants pour leurs rivaux, sont assez surpris que ces Français aient pu faire mieux que l’équipe championne olympique en 1984. Aucun d’eux ne participe d’ailleurs à une course individuelle. Tout pour le relais. “De la régie où je coordonne les annonces pour les speakers qui ne sont pas encore des animateurs et les informations de la chronométrie, je préviens Jean-Pierre (Schoebel) qu’il y a un record du monde puis je demande à René Clerissi qui accompagne les athlètes vers le podium de les diriger vers la loge où il y a, ce soir-là, SAS le Prince Rainier. Lewis, Marsh, Heard et Burrell traversent alors le public et ils apparaissent soudain en loge princière où ils reçoivent un trophée, échangent quelques mots avec le souverain qui, amusé, sourit en découvrant leur tenue, une combinaison en maille noire et marron, une sorte de toile d’araignée à laquelle l’adversaire ne peut échapper…”


ENTRE LES COULOIRS

3

Rentrée dans le rang après ses médailles d’argent à Barcelone (100 m et 200 m), la Jamaïcaine Juliet Cuthbert (10’’83 et 21’’75 en 1992) change de scène dans la soirée où elle fait un show impromptu avec les musiciens du bar du Loews qui pensent, un instant, jouer avec Whitney Houston, tant la voix est ressemblante.

4

Le siège de l’IAAF va quitter Londres. Une semaine avant que le Congrès ne vote son installation à Monaco en 1994, Primo Nebiolo annonce que les bureaux seront près du stade et la Présidence dans la villa Miraflorès (ci-contre) où était auparavant, l’Office des timbres monégasques. >

5

Le Russe Rodion Gataullin, deuxième performer de la saison avec 6 m -après un saut à 6,02 m en février-, hauteur qu’il est le seul à avoir franchi avec Bubka, ne sera pas aux championnats du monde. Il n’ a terminé que quatrième des championnats de Russie derrière Maksim Tarasov et Igor Trandenkov - les deux premiers des JO de Barceloneet Denis Petushinskiy, tous trois ayant sauté 5,90 m à Moscou.

6

Marathon princier pour SAS le Prince Héréditaire Albert autour d’Herculis : vendredi soir, il présidait au Sporting, le bal de la Croix Rouge, samedi matin il était à Bruxelles pour les obsèques du roi Baudouin, l’après-midi au stade puis le soir au diner de gala avant de s’envoler dimanche matin pour la Suisse et un stage de l’équipe de bobsleigh.

1993 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 17 janvier, la suspension à vie de Ben Johnson. … le 21 mars, à Donetsk (Ukraine), le plus haut saut de Sergey Bubka (6,15 m).

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… le 27 juillet, à Salamanque (Espagne), le Cubain Javier Sotomayor qui franchit 2,23 m, 2,32 m et 2,38 m - hauteurs franchies au premier essai -, avant de battre le record du monde (2,45 m au 2e essai).

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… le 8 septembre, à Pékin (Chine), le record du monde du 10000 m de Wang Junxia (29’31’’78), qui, les 12 et 13 septembre, améliore celui du 3000 m (8’12’’19 et 8’06’’11) après que Qu Yunxia se soit emparé de celui du 1500 m le 11 septembre (3’50’’46).

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1994 Mardi 2 août

GATORADE HERCULIS (Grand Prix) 84 938 points (n°4)

A

cinq jours des championnats d’Europe d’Helsinki, deuxième record du monde avec Noureddine Morceli (3000 m). Du plus vite au plus bas avec la sensation au saut à la perche ! Cinquante cinq heures après un historique record du monde (6,14 m), Sergey Bubka se contente de 5,70 m (2e essai). Trois tentatives ratées à 5,90 m, et il est battu aux essais par l’Américain Kory Tarpenning. Michael Johnson réussit l’un de ses plus beaux 200 m (19’’94),- le meilleur de l’année au niveau de la mer, loin devant John Regis (20’’01), tandis que Marie-José Pérec

se rassure pleinement sur le tour de piste (49’’95) avant d’être disqualifiée quelques jours plus tard pour avoir posé un pied dans le couloir voisin…et de remporter ensuite son premier titre européen. Svetla Dimitrova (Bulgarie) sera aussi championne d’Europe à Stuttgart et elle remporte le 100 m haies en 12’’53 (record personnel). Nouvelles victoires pour Samuel Matete (47’’90 au 400 m haies) devant Derrick Adkins (47’’94), Heike Drechsler (7,15 m en longueur), Gwen Torrence (10’’ 87 au 100 m) et meilleure performance mondiale pour Wilson Kipketer (1’43’’68 au 800 m) dont c’est la première victoire sur cette piste.

Noureddine Morceli, le prince du désert

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l n’est pas question qu’il renouvelle l’erreur de l’année dernière quand il eut, aux 2000 m, quatre secondes d’avance sur le record du 3000 m avant de le rater pour 24 centièmes”. Alors, Amar Brahmia remet chacun à sa place. Entraineur, conseiller, manager avant l’heure, intendant, apportant même souvent les réponses aux questions pour le


champion, il lui arrive aussi de raconter les courses à la première personne ! “Noureddine court, Abderamane (le frère) lace les chaussures et moi, je m’occupe de tout” répète, malicieux, l’avocat algérien. L’entreprise marche à merveille. Des lièvres dans le tempo (2’29’’5 au 1000 m, 5’01’’3 au 2000m) et le moteur, bridé jusqu’alors, se lâche. Un dernier kilomètre en 2’23’’8. Tout en accélération, foulée souple et élastique, et un dernier tour en 59’’34. Le record du monde de Moses Kiptanui est battu de 3’’85 : 7’25’’11. Le plus gros écart qu’on ait vu depuis Kip Keino en 1965… Et vingt ans plus tard, la performance est toujours dans le top 5. Dos voûté, regard sombre et froid, Noureddine Morceli (1,72 m et 62 kilos) n’est pas bavard. Brahmia prétend que c’est à cause de son mauvais français. “Je suis arrivé au mauvais moment à l’école. On nous a appris l’arabe sans dire s’il fallait toujours utiliser le français, raconte

Morceli. Puis, je suis parti étudier aux Etats-Unis, mais en deux ans, on n’apprend pas une langue.” Une indication pour aborder une personnalité discrète et mystérieuse qui sourit à la signification de ses noms : “la clarté de la religion” pour Noureddine, “celui qui a été envoyé” pour Morceli. Un prince du désert pour réduire le temps. L’homme de Ténès - à 200 kilomètres d’Alger- est un formidable coureur, débutant par le cross (9e d’un Mondial junior) et finissant sa carrière après avoir détenu sept records du monde, remporté quatre titres mondiaux du 1500  m, l’or olympique (1996) dans une course tumultueuse, et assuré une constance dans l’exploit en terminant, cinq années de suite, meilleur performer sur 1500 m (1990 à 1995), invaincu, enfin, sur 1500 m ou le mile de 1993 à 1996 pendant 60 courses !

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1994 LE TÉMOIN (Chantal Franzi)

L’endroit de la médaille

D

anseuse lors d’une fête sportive dans l’ancien stade Louis-II, plus tard, athlète puis vice-présidente au printemps 1984 à la création de la Fédération monégasque, Chantal Franzi fut aussi l’une des premières à fouler la nouvelle piste lors de l’inauguration avant d’accompagner toutes les personnalités au pied des podiums, le regard chaque fois émerveillé par le lieu. “Je suis sous le charme du nouveau stade. La splendeur et l’originalité de ses arches m’impressionnent sans cesse. Un enchantement…” Une source d’inspiration pour cette artiste qui aime tant dessiner : “Je m’étais proposée pour la création de la médaille que nous voulions remettre aux trois premiers de chaque épreuve. Sur l’envers, il y est gravé le nom de da discipline mais sur l’endroit il fallait que ce soit sobre mais aussi symbolique. Et pour ce simple souvenir, nous avions multiplié les réunions avec Bernard Fautrier, Jean-Pierre Schoebel et Frédéric Choquard car il n’était pas facile d’harmoniser les arches, le Rocher et l’année de la compétition. Il fallait que cette médaille en main, les athlètes, ressentent l’âme de cette compétition et je n’oublierai pas la tête des enfants de la tribune d’arrivée quand Michael Johnson, en 1998, s’est approché et leur a jeté cette médaille. Herculis était alors partagé par tous…”


ENTRE LES COULOIRS

3

Sergey Bubka qui a battu deux jours plus tôt à Sestrière (Italie), son dernier record du monde à 31 ans (6,14 m à 2 050 m d’altitude), n’a pas rejoint Monaco avec la Ferrari qui était le prix de son exploit. “D’ailleurs, il faudra que j’aille à Maranello, dit-il, pour apprendre à la conduire.” Son voyage entre la station de ski italienne et la Principauté fut beaucoup plus rapide puisqu’effectué en hélicoptère.

4

William Sigeï (25 ans) veut s’attaquer au record du monde battu le 5 juin par Haile Gebrselassie (12’’56’’96) mais le Kenyan qui a battu celui du 10000 m le 22 juillet (26’52’’23) est à bout de souffle. Après ses titres mondiaux de cross en 1993 et 1994 et surtout couru sept 10000 m en huit semaines en 1993, il ne peut empêcher son compatriote Simon Chemwoiyo de s’échapper à 1500 m de l’arrivée. Quatre secondes sépareront les deux hommes malgré un sprint impressionnant de Sigeï : 13’07’’57 et 13’11’’46.

5

Victime en juin d’une fracture d’un orteil “qui a rencontré le pied d’une chaise”, Marie-José Pérec a pris son temps pour se soigner et son retour est convaincant : “Pendant 200 m, j’ai cru que je volais ! Maintenant je veux remporter à Helsinki, le seul titre (européen) qui me manque”. Championne du monde (1991) et olympique (1992), elle y parviendra magnifiquement, y ajoutant le titre du relais 4 x 400 m.

6

En mai, Alain Leclercq, international junior du triple saut en 1961 et 14,61 m en 1966 - record de la ligue succède à Bernard Fautrier, l’ancien sprinter et sauteur, à la présidence de l’AS Monaco, créée le 23 aout 1924.

1994 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 4 juin, à Hengelo (Pays-Bas), Heile Gebrselassie, premier Ethiopien à battre un record du monde sur la piste avec un 5000 m en 12’56’’96.

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… le 31 juillet, à Sestrière (Italie), le 35e et dernier record du monde pour Sergey Bubka (6,14 m).

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… le 10 juin, l’inauguration par le prince Rainier III, accompagné de SAS le Prince Héréditaire Albert, de Juan Antonio Samaranch, président du CIO, de Primo Nebiolo, président de l’IAAF et de Carl Lewis, du nouveau siège de l’IAAF à Monaco, précédemment installé en Suède (1912-1946) puis en Angleterre (1946-1993).

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O R C E LI

… le 7 août, aux championnats d’Europe à Helsinki (Finlande), le triple saut féminin est au programme et les pays de l’ex-URSS et de l’ex-Yougoslavie participent sous leur nouvelle identité.

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1995 84 794 points (n°6)

Ivan Pedroso dans le vent

oureddine Morceli est à 15 centièmes de son récent record du monde du 1500 m (3’27’’37, le 12 juillet à Nice) avec un dernier 800 m en 1’51’’5 !

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Mardi 25 juillet

Beau temps - 17 282 spectateurs

HERCULIS VITTEL (Grand Prix)

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Moses Kiptanui s’approche à deux secondes de celui du 3000 m de… Morceli (7’27’’18 contre 7’25’’11) entrainant un peloton survolté avec onze coureurs à moins de 7’39’’ et parmi eux, le junior Kenyan Philip Mosima (7e et record du monde en 7’37’’58); Maria Mutola (Mozambique) peine pour contenir la revenante Ana Quirot (1’57’’40 contre 1’57’’69) devant cinq femmes en moins de deux minutes dont Patricia Djaté-Taillard (4e en 1’59’’09) ; le Danois Wilson Kipketer éblouit sur 800 m (1’42’’87) ;

e saut en longueur est une discipline d‘intelligence. Il faut réfléchir et s’adapter…” Le Cubain Ivan Pedroso a vite résumé l’exercice. Lui qui a dominé sans faiblir les concours en salle avec cinq titres mondiaux (1993, 1995, 1997, 1999 et 2001), aime se promener sur le stade, le regard scrutant le ciel. Cette année plus que jamais… “Je n’ai peut-être jamais été aussi fort, mais il faut composer avec le vent car un mètre dans un sens ou dans l’autre peut changer une vie...” Il n’oublie pas ce saut à 8,79 m, le 21 mai 1992 ! A La Havane qui plus est… Il n’avait pas encore 20 ans, mais ce saut ne sera qu’anecdote. Vent trop favorable (+ 3 m/s). L’ancien coureur de demi-fond multiplie alors les concours pour bien gérer les circonstances.

Il y a une semaine, il a sauté 8,71 m à Salamanque - ce qui restera son record- et le vent coquin de Monaco ne le trouble guère : après 8,25 m pour vérifier son élan (- 0,4 m/s), il franchit 8,46 m (- 0,3 m/s) et 8,58 m (- 0,8 m/s). L’un de ses 22 sauts de la saison au-delà des 8,50 m. Puis il prend des risques et rate ses trois dernières tentatives, alors qu’il devient un spécialiste du dernier essai pour s’imposer : dix défaites seulement en 72 concours de 1993 à 2000 !

Sonia O’Sullivan réussit le meilleur temps de l’année sur 1500 m (3’58’’85) ; Eliud Barngetuny règle le peloton kenyan du 3000 steeple (8’05’’01) ; Ivan Pedroso (8,58 m face à un vent de 0,80 m/s) et Steinar Hoen (2,32 m) décollent tandis que Sergey Bubka se contente de 5,70 m (4e), à dix centimètres de Dean Starkey (EU). Lars Riedel lance le disque à 69,08 m, Donovan Bailey (Canada) est plus prompt qu’ Ato Boldon (10’’05 et 10’’10), Gwen Torrence s’affirme reine du 200 m (21’’81) devant Irina Privalova (21’’87) et Merlene Ottey (22’’13). Défaite sur 400 m pour Marie-José Pérec (6e en 50’’88), dominée par Cathy Freeman (50’’34), Stéphane Diagana (3e en 48’’36) est à bonne distance de Derrek Adkins (47’’79) tandis qu’Olga Shishigina remporte le 100 m haies (12’’61).

Le souvenir d’un saut à 9,03 m, dans le vent (+ 3 m/s), le plus long jamais mesuré, lors des Jeux Panaméricains en mars à Mar del Plata, le rapproche de l’exploit qu’il aurait pu réussir quatre jours après Monaco, à Sestrière, avec un record du monde à 8,96 m…rapidement annulé pour la présence de l’ancien perchiste italien Luciano Gamello devant l’anémomètre ! Ivan Pedroso se consolera avec un nouveau titre mondial en plein air (8,70 m), le premier d’une série qui se prolongera jusqu’en 2001 et une 84e victoire en 99 concours depuis 1997.


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1995 LE COUP DE CŒUR (Lars Riedel)

Le seigneur de l’anneau A

deux semaines du troisième de ses cinq titres mondiaux (1991, 1993, 1995, 1997 et 2001), Lars Riedel ne rate pas l’occasion. “Il n’y a guère qu’à Zurich où on nous donne les clés du stade quand les tribunes sont pleines. En attendant Morceli, Pedroso et les sprinters, à nous d’en profiter…” Ce qu’il fait avec gourmandise. Il y a six ans qu’un disque n’est pas allé aussi loin. Tout près de cette ligne mythique des 70 m (69,08 m) qu’il franchira en 1996. Certes, à bonne distance du jet “hors norme” de son ancien compatriote de la RDA, Jürgen Schult (74,08 m en 1986), mais Riedel (28 ans) peut rouler des biscoteaux, il épate l’assistance. Il est avec sa prestance et ses résultats, le discobole des années 90, même s’il devra se contenter d’un seul titre olympique (1996) - et l’argent en 2000-, acceptant justement le surnom de “seigneur de l’anneau” en référence au cercle de lancer, ce qui l’incitera à poser nu, les 110 kilos de muscles et les 199 centimètres de sa stature entièrement dorés, pour la page d’ouverture de son site internet. Avec quatre jets encore au-delà des 68 m, l’homme de Chenmitz - alors en RDA- est au milieu d’une formidable carrière, sur tous les podiums olympiques et mondiaux de 1991 à 2000, lançant encore à 70 m à l’entraînement en 2007, dix ans après son record (71,50 m), mais renonçant en 2008 à cause d’un dos bien endommagé.


ENTRE LES COULOIRS

4

Noureddine Morceli confie à son frère Ali le soin de lancer le 1500 m (55’’21 au 400 m et 1’51’’96 au 800 m) pour fluidifier la course. Ce qui n’empêchera pas qu’un Kenyan surgisse pour bousculer le lièvre…avant de se retrouver lâché tout aussitôt. Et Morceli dut faire 700 m seul, devant le peloton.

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Bousculades et chutes perturbent les 800 m et 1500 m des femmes. Maria Mutola, Ana Fidelia Quirot et Patricia Djaté (800 m) évitent les obstacles mais pas l’Algérienne Hassiba Boulmerka dans le 1500 m, championne du monde (1991) et olympique (1992) qui tombe lourdement mais sans conséquence puisqu’elle s’imposera aux championnats du monde.

6

Victime des sélections américaines, Mark Crear (110 m haies) et écarté du Mondial, fait la course en tête (13’’15) et Allen Johnson, bientôt champion du monde est quatrième.

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3

Marie-José Pérec s’amuse beaucoup à faire diversion vers le 400 m haies : “A Oslo (record de France en 53’’92 le 21 juillet) elles attendaient toutes que je me casse la gueule et ce sont elles qui ont fait des fautes.” Avant de remporter un nouveau titre mondial (400 m), à Goteborg, la Guadeloupéenne qui a enchaîné en quatre jours, la course d’Oslo, deux 200 m à Paris et le 400 m de Monaco est victime d’une contracture et termine seulement 6e (50’’88). Il y a quatre ans qu’elle n’a pas été battue sur le tour de piste. >

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1995 Samedi 9 septembre Beau temps chaud. 30°

FINALE DU GRAND PRIX IAAF MOBIL

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inale du dixième anniversaire du circuit mondial, un mois après les championnats du monde de Göteborg (5-13 aout). Maria Mutola qui domine sans partage le 800 m depuis deux ans, et Moses Kiptanui - triple champion du monde et recordman du steeple (7’59’’18) - remportent le 800 m

Les pointes en or de Michael Johnson A

vec un 200 m en 19’’93 contre un léger vent (- 0,3 m/s), Michael Johnson court pour la onzième fois en moins de 20’’. Personne n’a fait çà… Pas même Carl Lewis. “Qui çà ? gronde-t-il. Mais ce qui compte, c’est ce qui se passera dans onze mois”. A un an des Jeux d’Atlanta, Johnson a tout prévu, tout organisé. Il a obtenu de l’IAAF, une modification du programme des Mondiaux de Göteborg il y a un mois pour participer au 400 m puis au 200 m. Il en a effectué la répétition lors des championnats américains en juin, devenant le premier à remporter les deux titres nationaux depuis Maxey Long, en 1899 ! Mieux, il court en moins de 20’’ et de 44’’.

(1’55’’72) et le steeple (8’02’’45), le Grand Prix et les 100 000 dollars pour avoir le plus souvent devancés leurs rivaux, alors que Michael Johnson est le héros du jour (19’’93) avec Noureddine Morceli (3’28’’37 au 1500 m), en avance sur son record à 60 m de l’arrivée. Haile Gebrselassie conserve le minimum - un centième ! pour gagner le 3000  m (7’35’’90) devant Vénuste Nyongabo (Burundi). Okkert Brits (Afrique du sud) qui a sauté 6,03 m à Cologne le 18 aout assure 5,95 m devant Sergey Bubka (5 ,90 m) ; Ivan Pedroso est toujours devant Kareem Streete-Thompson (8,49 m et 8,46 m), Jan Zelezny est seul au javelot (92,28 m), Mark Crear et Allen Johnson sont ensemble sur 110 m haies (13’’07 et 13’’09) et il n’y a que le diamètre d’un disque entre Dmitry Shevchenko (Russie) et Lars Riedel (67,94 m contre 67,78 m). Autres performances mondiales avec Astrid Kumbernuss (20,20 m au poids), Inga Babakova (Ukraine, 2,03 m en hauteur), et avec le meilleur temps de l’année, Maria Mutola permet à Patricia Djaté-Taillard d’améliorer son record de France (1’56’’53).

“Le 200 m est bestial, il faut foncer… Le 400 m est plus stratégique et quand vous avez la possibilité d’accélérer brusquement, c’est plus simple.” Bien sûr. Et Johnson ne s’en prive pas. A Monaco, Fredericks et Da Silva restent à distance (20’’21 et 20’’27). A 28 ans, Johnson qui se rêvait architecte, n’en est qu’aux fondations d’un énorme palmarès. Champion du monde du 200 m (1991) puis du 400 m (1993) avec le tour de piste le plus rapide dans le relais - 42’’93 lancé -, du 200 m et du 400 m il y a trois semaines, il construit son rêve. “Courir est la seule chose que je sais faire et gagner est la seule motivation du sport” dit-il encore. Avec sa foulée de 2,30 m - “moins longue que celle de Pérec” souligne-t-il -, son buste droit, quand d’autres cherchent à augmenter l’amplitude de la foulée, lui gagne en vélocité et en puissance ce qu’il perd en élégance. L’efficacité reste son credo. Neuf courses en neuf jours à Göteborg le consacrent définitivement avant son triomphe olympique de 1996 et ses records du 200 m (19’’66 puis 19’’32), pointes d’or aux pieds et lingots dans les poches avec des revenus de trois millions d’euros par an. Ce qui lui permet de mettre son nom en entier dans ses autographes alors qu’il se contentait, jusqu’alors, de signer “MJ”. “Comme Michael Jackson ou Magic Johnson” s’amuse-t-il. Avec huit titres mondiaux et quatre olympiques en moins de dix ans, il est en tête partout.


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1995 LE COUP DE CŒUR (Maria Mutola)

Des jambes et du cœur M

aria Mutola amasse les titres et les médailles. D’aout 1992 à aout de 1996, entre deux défaites olympiques (5e à Barcelone et 3e à Atlanta), personne ne sera devant elle en 50 courses. Comme à Louis-II. Après avoir dominé Ana Fidelia Quirot fin juillet, elle domine Kelly Holmes en septembre. La Cubaine vient de la devancer pour le titre mondial et la Britannique n’est pas encore championne olympique. Pour cette finale, la Mozambicaine ne musarde pas : 1’55’’72, le quatrième temps d’une carrière de vingt ans, ébauchée près d’Eugene (Etats-Unis), quand elle refusa à 15 ans, de devenir footballeuse au Benfica de Lisbonne, courant pieds nus sur la piste olympique de Séoul. L’ envol d’une championne sous l’étrange drapeau frappé d’une kalachnikov d’un pays à qui elle offrira des titres mondiaux (1993, 2001,2003), olympique (2000) et un peu de rêve. En neuf courses à Monaco, elle imposera cette force virile qui fait son style, à six reprises, de 1995 à 2003. “Chez moi, tout est une histoire de muscles, que ce soient ceux de mes jambes ou ceux du cœur.” Avec les premiers, Maria Mutola éreinte tous les pelotons qui ne voient que ce dos large et puissant qui s’éloigne ; avec les seconds, elle dépense pour oublier la misère de Chamanculo, son bidonville natal, en apportant, vingt ans plus tard, sourires et soulagement à des gamins abandonnés dans un pays agité par l’insécurité, gérant une fondation pour que le plus grand nombre profite de ce million de dollars gagné avec le jackpot de la Golden League en 2003.


ENTRE LES COULOIRS

3 4 5 6 7

L’Ukrainienne Inga Babakova (27 ans), sur tous les podiums mondiaux de 1995 (3e) à 2001 (2e) et championn en 1999, entrera dans le top 10 de l’histoire, six jours après Herculis en s’imposant à Tokyo avec 2,05 m. Seules, Stefka Kostadinova (2,09 m en 1987), Lyudmila Andonova (2,08 m), Heike Henkel (2,07 m) ont alors fait mieux. Moses Kiptanui, le triple champion du monde (1991, 1993, 1995) et recordman du monde du 3000 m steeple (7’59’’18) qui dit vouloir s’orienter vers le 5000 m et le 10000 m “pour davantage de reconnaissance”, mais se contentera des deuxièmes places des JO d’Atlanta (1996) et des Mondiaux d’Athènes (1997) sur le steeple, n’a qu’une hâte, rejoindre le Kenya pour découvrir son dernier né. Troisième saison et près de soixante courses sans défaite pour Noureddine Morceli hormis un 800 m de reprise en 1994 qui réussit à Monaco son troisième meilleure temps. Avec un officieux total de 86332 points, la finale aurait occupé la deuxième place du classement du Grand Prix. Jean-Charles Trouabal, l’un des ex-recordmen du monde du 4 x 100 m (37’’79 en 1990), blessé lors des Mondiaux de Göteborg et en vacances à Fréjus, est venu en spectateur, un pied dans le plâtre après une intervention sur l’un de ses tendons d’Achille.

1995 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 9 avril, la victoire du Kenyan Douglas Wakiihuri dansle marathon de la coupe du monde sur le circuit originel entre Marathon et Athènes (Grèce). … le 19 mai, à Houston (Etats-Unis), trois hommes en 9’’7 au 100 m - dernier chronométrage manuel à ce niveau - : Donovan Powell (Jamaïque), Carl Lewis (Etats-Unis) et Olapade Adeniken (Nigeria), avec un vent favorable de 1,90 m/s.

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… le 7 août, à Göteborg (Suède), les records du monde du triple saut de Jonathan Edwards, premier homme à dépasser les 18 m : 18,16 m au premier essai et 18,29 m au deuxième (vent, + 1,3 m/s).

G w e n TO R R an E

… le 7 août également, le troisième titre mondial consécutif pour l’Américain Dan O’Brien (8695 points), le décathlonien le plus complet de l’histoire avec trois titres mondiaux (1991, 1993, 1995), un titre olympique (1996) et un record du monde (8891 points en 1992).

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… le 13 août, le troisième titre mondial consécutif pour Morceli (1500 m) et un triplé pour Michael Johnson (200 m, 400 m et 4 x 400 m). … le 16 août, à Zurich (Suisse), Moses Kiptanui (Kenya), le premier coureur à moins de 8’ au 3000 m steeple 7’59’’18). … le 18 août, à Cologne (Allemagne), Okker Brits (Afrique du Sud), troisième homme à plus de six mètres (6,03 m), dix ans après que Sergey Bubka ait franchi cette hauteur.

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1996 Samedi 10 août

Beau temps. - 18 850 spectateurs

HERCULIS VITTEL (Grand Prix) 86 531 points (n°2)

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ne semaine après les JO d’Atlanta (19 juillet-4 aout), Marie-José Pérec, superbe, s’impose après quelques déconvenues monégasques passées. Il manque seulement cinq centièmes à Daniel Komen (Kenya) pour améliorer le record du monde du 3000 m de Morceli (7’25’’16 contre 7’25’’11) qu’il pulvérisera trois semaines plus tard à Rieti (7’20’’67). Quatre de ses compatriotes terminent en moins de 7’30’’. Soirée kenyane avec le meilleur temps de l’année sur 3000 m steeple pour Joseph Keter (8’05’’99) devant six compatriotes tandis que Wilson Kipketer (1’42’’59), désormais Danois, est étouffé par ses anciens compatriotes dans un peloton trop important. Neuvième à 250 m du but, il se dégage et approche son record de huit centièmes. Autres meilleurs temps de l’année pour Svetlana Masterkova (1’56’’04 au 800 m) devant Ana Quirot

Ah ! Marie-Jo...

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lle m’épate chaque jour un peu plus. Sa course, c’est le mouvement perpétuel. A Atlanta, elle aurait pu tenir 30 m de plus…” John Smith qui en a pourtant vu des coureurs, ne seraitce que Maurice Greene et Ato Boldon, n’en finit plus de vanter Marie-José Pérec. Il y a dix jours, la flamboyante Guadeloupéenne avait émerveillé le stade d’Atlanta avec une remontée éblouissante pour plonger Merlene Ottey dans le désarroi. Titre du 200 m, trois jours après celui du 400 m -tant attendu- et un record de France (48’’25). Troisième or olympique. Et puis la Belle apparait. Mine des mauvais jours, boudeuse, elle gronde. Le couloir, accepté la veille pour son 400 m, ne lui convient plus. Colère, menace, forfait, tout y passe… Et à 20 h 15, tout va bien. Joyeuse, tout sourire, démarche lascive, elle prend son temps pour répondre au starter après avoir été la première à entrer sur la piste, laissant à un public record le soin de découvrir une nouvelle tenue : maillot au ras du cou, blanc devant, bleu nuit derrière. “Une tenue furtive pour que les filles perdent la tête” s’amusera-t-elle ensuite. Sa course est une merveille. Oubliées les heures d’insomnies depuis la Géorgie, le trop plein d’émotions et les exigences publicitaires. “Quand je dis qu’elle m’impressionne” s’enthousiasme encore John Smith… Partie prudemment, Marie-José Pérec contrôle toute la course et s’impose devant toutes ses rivales des JO, exception faite de Cathy Freeman. “Elle n’est pas venue mais elle avait déjà suffisamment dérouillé cette année” tranchera la championne olympique.

(1’56’’29) tandis que Stephen Kipkorir (3’32’’17) provoque une avalanche de records, le quatorzième terminant en 3’36’’10. Cinq sauteurs franchissent 5,80 m (Maksim Tarasov, Igor Trandenkov, Dmitriy Markov, Andrei Tivontchik, Pyotr Bochkariov), Donovan Bailey gagne le 100 m devant Ato Boldon (10’’06 et 10’’09), Allen Johnson le 110 m haies (13’’27), Kenny Harrison le triple saut (17,42 m), Raymond Hecht le javelot (90,20 m), Gwen Torrence le 100 m devant Gail Devers (10’’92 et 10’’98), Gabriela Szabo (Roumanie) le 3000 m (8’36’’07), Inna Lasovskaya (Russie) réussit 14,74 m au triple saut et Inga Babakova (Ukraine) 2,02 m en hauteur.

La ligne franchie, elle trébuche sur un starting block, jetant d’un geste las un bouquet trop lourd, s’affalant comme au temps de ses plus belles défaillances, elle ne veut pas croire le chronométrage : “49’’18… Impossible.” Tantôt fantasque, parfois torturée, souvent féline et impitoyable, ange et démon au palmarès unique et à la personnalité multiple, elle prolonge une année 1996 de toutes les folies et de toutes les réussites. 49’’18 restera son quatrième temps après ceux de ses titres, mondiaux ou olympiques d’Atlanta, de Barcelone et de Tokyo. Heureux Monégasques, ce soir…


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1996 LE TÉMOIN (Gwenn Torrence)

“Toutes derrières !”

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lle a couru avec toutes celles qui ont fait l’histoire du 100 m, d’Evelyne Ashford, la championne olympique de 1976, à Gail Devers qui lui chipa le titre en 1996. Mais Gwendolyn Lenna Torrence (31 ans) n’a jamais levé le pied, devançant, au fil des ans, dans les 100 m ou 200 m d’Herculis, Juliet Cuthbert, Katrin Krabbe, Irina Privalova, Merlene Ottey ou Heike Drechsler, croisant aussi Florence Griffith et Marion Jones, défiant encore Jearl Miles la championne du monde 1993 du 400 m. “Un super souvenir ! J’ai gagné (49’’83) ! Mais ce n’est pas pour moi, il est trop difficile de récupérer. Le 100 m, c’est plus excitant avec parfois deux courses dans la journée. “Et on corrige plus vite ses erreurs. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui pour effacer les deux centièmes d’Atlanta” grimace-t-elle, essuyant un maquillage glamour hollywoodien au goût incertain. Deux centièmes, ceux qui séparaient Gail Devers de Gwenn Torrence (10’’94 contre 10’’96). Deux centièmes entre l’or et le bronze, Merlene Ottey se faufilant entre elles. “J’ai montré que je pouvais aller plus vite (10’’92)” assène-t-elle en égrenant quelques victimes de ses succès monégasques : Ashford, Cuthbert et Drechsler en 1991 (100 m), Restrepo, Miles et Richards sur le tour de piste (1993), tout le sprint mondial pour les deux épisodes de 1995 (200 m) et cette fois Devers, Privalova, Miller, Onyali, Pintusevitch et Cuthbert ! Et deux mois plus tard, elle range les pointes, agacée par les rumeurs qui enflent.


ENTRE LES COULOIRS

3 4

De nouvelles mesures de sécurité imposent que les places de virages disposent désormais de sièges. Et la capacité de Louis-II, ainsi réaménagé, passe de 20 000 à 18 000 places.

Jean Galfione (9ème avec 5,60 m) n’est pas le seul champion olympique battu : Derek Adkins (2ème du 400 m haies derrière Samuel Matete), Stefka Kostadinova (2ème en hauteur avec 2,02 m, la même hauteur que Inga Babakova) et Jan Zelezny (5ème au javelot avec 86 m) sont aussi à la peine.

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Gwen Torrence qui n’a pu empêcher Gail Devers de remporter son deuxième titre olympique consécutif (100 m) devance de six centièmes sa rivale (10’’92 contre 10.98) après qu’Irina Privalova ait fait la course en tête avant de fléchir (11’’03).

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Wilson Kipketer avait raison. Après avoir échoué contre le record du 800 m de Sebastien Coe (1’41’’73 en 1981), le grand absent des JO d’Atlanta regrettait qu’il y ait eu 12 concurrents dans la course (1’42’’59) : “Un mètre perdu à cette allure ne se rattrape jamais.” Le mois suivant, à Rieti, avec seulement six coureurs, il se rapprochera un peu plus de l’Anglais (1’41’’83).

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Huitième du 800 m des championnats du monde à Tokyo (1991), la Sibérienne Svetlana Masterkova s’est arrêtée deux ans (1994 et 1995) pour des blessures et la naissance de sa fille, avant de revenir en piste pour un étonnant doublé olympique à Atlanta (800 m et 1500 m).

1996 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 18 février, à Liévin (France), le premier 200 m en moins de 20’’ sur une piste couverte (19’’92) par le Namibien Franck Fredericks.

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… le 29 juillet, à Atlanta (Etats-Unis), le quatrième titre olympique consécutif de la longueur pour Carl Lewis, égalant ainsi son compatriote Al Oerter (disque). Il remporte ainsi son 9ème titre olympique, comme Paavo Nurmi (Finlande, athlétisme), Mark Spitz (Etats-Unis, natation) et Larissa Latynina (URSS, gymnastique). … le 1 août, Marie-José Pérec et Michael Johnson qui réussissent le doublé 400 m-200 m, l’Américain y ajoutant le record du monde (19’’32). er

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… le 2 août, le titre olympique de la perche pour Jean Galfione (5,92 m), douze ans après Pierre Quinon, déjà sacré aux Etats-Unis (Los Angeles).

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1997 Samedi 16 août

Très beau temps. - 15 689 spectateurs

HERCULIS ZEPTER (Grand Prix) 87 112 points (n°3)

M

onaco fête les athlètes, le dixième Herculis et le 700e anniversaire de la dynastie des Grimaldi, une semaine après les Mondiaux d’Athènes (1-10 aout). Ce sont les coureurs de demi-fond qui portent les fleurs avec Wilson Kipketer (1’42’’77 au 800 m) et un palpitant 1500 m un peu trop vite emballé (53’’62 pour Kibet au 400 m). Noureddine Morceli est asphyxié (12e en 3’33’’98), Daniel Komen bat le record du Kenya (3’29’’46) entrainant quinze coureurs sous les 3’35’’ dont Nadir Bosch (14e en 3’34’’10) et Kader Chekhemani (16e en 3’34’’52). Douze jours après son titre mondial, Stéphane Diagana (47’’77 et 4e temps de sa carrière) ne peut retenir Bryan Bronson qui bat son record et le meilleur temps de l’année (47’’64), alors que Marion Jones devance Merlene Ottey (21’’92 et 22’’06 au 200 m), que Gwen Torrence se claque après 30 m de course, qu’Ivan Pedroso réussit l’un de ses 20 sauts à 8,50 m, que Tim Montgomery (9’’99, + 0,4 m/s) et Frank Fredericks (19’’93, + 0,5 m/s) sont les plus rapides, Maksim Tarasov le plus haut (5,90 m) devant Jean Galfione (5,80 m) tandis que la Portugaise Carla Sacramento est la dernière à mater les Africaines sur 1500 m (4’01’’86, record).

Wilson Kipketer dans la maison

C Sprints des dames encore avec le 400  m (Falilat Ogunkoya et Sanya Richards en 49’’48 et 49’’80), le 800 m avec Maria Mutola (1’56’’79) devant Anna Quirot (1’56’’90) et le 400 m haies (Kim Batten devant Deon Hemmings en 53’’06 et 53’’22).

e n’est pas la course la plus aboutie de sa carrière - il dira quinze ans plus tard que ce fut celle, toujours à Monaco, de 1999- mais sa quatrième victoire à Louis-II (1’42’’77) a une saveur toute particulière : “Tout me réussit enfin…” Wilson Kosgei Kipketer a toujours été un homme de silence et de sourires, offrant sa candeur à une vie de roman. C’est l’illustre Kip Keino qui le découvrit très tôt, l’orienta vers le célèbre Saint Patrick College. Puis Kipketer quitta Iten


dans les bagages d’un rabatteur de coureurs immigrés qui l’installera au Danemark où le Kenyan dira même être venu par amour. Mais si sa foulée, longue et féline pour une aussi frêle carcasse (1,72 m et 64 kilos), fait merveille dès 1990, il lui faut attendre cinq ans pour être naturalisé. Privé des JO de 1996, Kipketer gagnera ses quatorze 800 m de l’année. Puis treize en 1997. En mars, à Paris, il bat deux fois le record du monde, début juillet, il égale celui de Sebastien Coe (1’41’’73), le 4 aout il est champion du monde pour la deuxième fois avant l’exploit à Cologne le 24 aout (1‘41’’11). “Monaco est une répétition avant le record en Allemagne, dit-il après sa victoire monégasque. J’avais besoin de retrouver des habitudes. Celles des courses que j’impose,

celles des regards du quotidien. Ici, je connais tout le monde. Ce stade, c’est ma maison…” Il s’éloigne parfois dans la pinède de Boulouris, parfois jusqu’à Faro au Portugal pour ses travaux de l’été… “Mais mon appartement monégasque est sans égal. Avec Isinbayeva et Ottey, je suis au stade tous les jours, je connais tous les coins et recoins, chaque travée est un repère. Je sais où accélérer et c’est ici que je ferai ma dernière course… En attendant, il y aura d’autres 800 m. Une course où il faut se méfier de tout le monde. Il y a huit coureurs et huit vainqueurs potentiels… Quant au record du monde, ça n’a pas grand sens. L’important, c’est mon record personnel. Ca, personne ne me le prendra….” Et Wilson Kipketer sourit.

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1997

LE TÉMOIN

Diagana, l’âge d’or

“A

l’échauffement, j’ai vite compris que Bryan Bronson n’avait pas envie de traîner et qu’après avoir dominé toute la saison, il a mal accepté sa défaite aux championnats du monde (3ème) douze jours plus tôt…”

Le vainqueur en est Stéphane Diagana et l’Américain a encore accumulé les fautes comme à Atlanta (1996) quand il était le favori (5ème). “C’est toute la richesse du 400 m haies, un seul essai et dix occasions de faire une faute” dit encore Fernand Urtebise, l’entraîneur. “Je n’ai pas gagné une seule de mes vingt courses de l’année - dont dix 400 m haies - car il me fallait retrouver des automatismes après deux années de blessures et un record

d’Europe (47’’37 en 1995), mais j’ai remporté celles qu’il fallait, en série, demie et finale d’Athènes. Il me faut être à la hauteur de ce titre.” Avec le dossard 97, clin d’œil à cette année en or, le champion du monde se bat. Tous les meilleurs sont là, “c’est l’âge d’or du 400 haies !” Départ prudent, puis retour énergique et final “où on oublie tout. Ces 35 mètres entre les trois derniers obstacles, il fallait que je les fasse sans y penser et escamoter les obstacles sans les voir…” A l’arrivée Bronson réussit la meilleure performance de l’année (47’’64), Diagana, le quatrième temps de sa carrière (47’’77), Mori et Matete sont sous les 48 s (47’’79 et 47’’84) ! “Quelle époque, il ne fallait pas traîner pour grimper sur les podiums.”


ENTRE LES COULOIRS

3

Pour sa dernière année à plus de 6 mètres -6,01 m à Athènes pour son sixième titre mondial et 6,05 m à Fukuoka lors de la finale du Grand Prix-, Sergey Bubka ne peut franchir sa première barre, à 5,70 m.

4

Médaillée de bronze aux JO d’Atlanta puis d’argent au Mondial d’Athènes sur 5000 m, l’Italienne Roberta Brunet domine la championne du monde du 10000 m d’Athènes, encore junior, Sally Barsosio (8’35’’65 et 8’35’’89) dans le 3000 m. Les deux femmes n’iront jamais plus vite. >

5

“L’essentiel, c’était Athènes et le titre (400 m haies)… Maintenant, je veux être à la hauteur et si je pars plus prudemment, c’est aussi un nouveau choix tactique afin de préparer de nouvelles stratégies de course. Mais ce titre me donne des ailes” assure Stéphane Diagana.

1997 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 4 juillet, à Oslo (Norvège), le record du monde d’Haile Gebrselassie au 10000 m (26’31’’32) deux ans après celui du 5000 m (12’44’’39). … le 10 août, à Athènes (Grèce), un sixième titre mondial consécutif à la perche pour Sergey Bubka.

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… le 23 novembre, le premier marathon de Monaco et des Riviera qui traverse trois pays : Monaco, la France et l’Italie. Le Kenyan Ezekiel Bitok (2 h 12’30’’) et l’Italienne Maura Viceconte (2 h 28’16’’) sont les premiers vainqueurs.

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… le 13 août, une exceptionnelle soirée à Zurich (Suisse) avec trois records du monde grâce au Danois Wilson Kipketer (1’41’’24 au 800 m), à l’Ethiopien Haile Gebrselassie (12’41’’86 au 5000 m) et au Kenyan Wilson Boit Kipketer (7’59’’08 au 3000 m steeple).

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1998 Samedi 8 août

Temps chaud. 28° - 14 788 spectateurs

HERCULIS ZEPTER (Golden League) 87 748 points (n°1)

L

a consécration pour la soirée, première du classement mondial avec 108 points d’avance sur Zurich.

Trois prétendants au jackpot de la saison perdent leurs chances : trois essais ratés pour Jonathan Edwards (triple saut), un 1500 m trop rapide pour Svetlana Masterkova battue par une pimpante Gabriela Szabo (3’56’’97 et 3’57’’11) et une accélération défaillante pour Frank Fredericks (10’’02, vent + 0,7 m/s), devancé par Ato Boldon (9’’92) et Donovan Bailey (9’’96) ruinent leurs espoirs.

Invincibilité prolongée pour Marion Jones (10’’72) qui court pour la onzième fois en moins de 10’’90, et record d’Ethiopie pour Haile Gebrselassie dans le 3000  m (7’27’’59), ses sept suivants battant eux aussi leurs records en moins de 7’31’’ ! Hicham El Guerrouj domine le 1500 m (3’28’’37) avec quinze coureurs en moins de 3’34’’40. Mustapha Essaïd et Driss Maazouzi profitent de ces lièvres pour améliorer deux records de France : 7’30’’78 (3000 m) et 3’31’’59 (1500 m). Record d’Afrique pour la Nigériane Glory Alozie (12’’44 au 100 m haies) et performances mondiales encore pour Michael Johnson (43’’96), Maksim Tarasov (5,90 m), Kim Batten (52’’74 au 400 m haies) et Bernard Barsamai (8’01’’57 au 3000 m steeple) tandis que Wilson Kipketer a parfaitement récupéré de sa malaria avec le meilleur temps de l’année (1’43’’74).

Le casse de l’été pour Gabriela Szabo

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n mètre cinquante huit, quarante deux kilos, une chevelure de paille qui tressaute au rythme de sa course et une énergie de colosse. Ainsi trotte la roumaine Gabriela


Szabo, dernière Européenne avec Paula Radcliffe à se faufiler dans les Top 10 des courses de demi-fond. Cette année, rien ne lui résiste, personne ne suit et elle cavale pour contribuer, largement,au succès d’Herculis. Un 1500 m rondement mené fait l’affaire : 2’04’’98 au 800 m, 2’56’’ à la cloche et un dernier tour en 61’’ conclut le plus rapide 1500 m de l’année (3’56’’97) avec huit femmes en moins de 3’59’’ et un camouflet inattendu pour Svetlana Masterkova, championne olympique à Atlanta (800 m et 1500 m), étouffée dans ce tourbillon. “Je n’aime pas être derrière quelqu’un, avoue, candide, la Roumaine. Ni pendant la course, ni à l’arrivée…” Voilà qui aide à comprendre sa stratégie. Féroce et appliquée. Et rien

n’arrête Gabriela Szabo aux lointaines origines hongroises. Championne du monde en 1997 - en salle et en plein air-, elle s’offre cette année les meilleures performances mondiales du 1500 m, du mile, du 2000 m, du 3000 m et du 5000 m, avec un record d’Europe sur cette dernière distance pour oublier l’échec des championnats d’Europe (2ème du 1500 m derrière Kelly Holmes). “Mais avec tous ses repères, je vais pouvoir tenir jusqu’aux Jeux (Sydney) en toute confiance…” Ce sera le cas. Invaincue en 1999, championne du monde, évidemment, elle remportera le 5000 m aux JO de 2000, avant que le moteur ait des ratés en 2005 et qu’elle aille récupérer dans un fauteuil, celui de ministre des sports en 2014.

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1998 LE COUP DE CŒUR (Haile Gebrselassie)

Le roi des rois

I

l mène sa vie au rythme de ses courses. A grand train et en accélérant pour finir… Il y a deux ans, il a coiffé sa première couronne olympique (10000 m). “Mon premier grand rêve mais j’aurais aimé faire le doublé avec le 5000 m. Trop éprouvant avec séries, demifinales et finales…” Pour l’heure, Haile Gebrselassie (25 ans) met des repères à coups de record du monde (26 dans sa carrière) et des courses à grand spectacle avec des derniers 200 m de sprinter. “J’ai regardé des films, étudié des courses et il n’est plus possible de lâcher ses adversaires au train. Il faut donc travailler sa vitesse et surgir au bon moment… Même si mon père n’avait pas aimé ma victoire au Mondial, l’an passé (1995) me reprochant ma joie après avoir battu “un type qui avait mené toute la course !”” Le petit homme (1,64 m et 53 kilos) au grand destin gère méticuleusement sa carrière. “Le 3000 m est une course de référence” sourit-il. Après ses records du monde de juin (26’22’’75 au 10000 m et 12’39’’36 au 5000 m), le 3000 m monégasque est un défi. “On a plutôt tendance à aller du plus court au plus long, j’ai voulu faire l’inverse…” La course est d’une limpidité incroyable et le résultat effarant : 7’25’’54 ! Luke Kipkosgei est à deux secondes et huit hommes courent en moins de 7’31’’. “Je suis dans une telle forme que je peux tout oser…” Et tout aussitôt parler de marathon. Pour dépasser Nurmi qui n’a jamais osé et Zatopek qui fut un marathonien de circonstance.


ENTRE LES COULOIRS

3

Haile Gebrselassie se contente d’un record national sur 3000 m mais il est vrai que le record d’Afrique - et du monde - établi par Daniel Komen à 20 ans (7’20’’67, le 1er septembre 1996) est l’un des plus impressionnant puisqu’encore d’actualité vingt ans après.

4

En concédant 14 centièmes lors de sa mise en action du 100 m, Christine Arron (11’’19), trois jours après son record de France de Montauban (10’’85), ne peut rien faire face à Marion Jones (10’’72) qui approche son record d’alors, d’un centième. >

5

Irène Tiendrebeogo est championne de France de la hauteur à Bordeaux le 15 février (1,81 m), deux ans après avoir remporté pour le Burkina Faso le titre de championne d’Afrique alors qu’elle était junior. Elle portera son record à 1,94 m en étant championne de France en plein air, l’année suivante à Niort.

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Lors des “1000 m Herculis”, Florent Lacasse, emmené par Mohamed Ghanem (AS Monaco) améliore le record de France cadet (2’22’’22) avant de remporter à Shangaï, le 800 m des Gymnasiades (1’49’’6).

1998 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… la création de la Golden League (Oslo, Zurich, Bruxelles, Berlin, Monaco et Rome) que Paris rejoindra en 1999. … le 21 mars, à Marrackech (Maroc), le premier cross court (4 kilomètres) au programme du Mondial de cross remporté par le Kenyan John Kibowen, tandis que Paul Tergat s’impose pour la quatrième fois consécutive dans la course longue et l’Irlandaise Sonia O’Sullivan réussit le doublé (cross court et cross long).

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… le 13 juin, à Helsinki (Finlande), le record du 5000 m pour l’Ethiopien Haile Gebrselassie (12’39’’36), douze jours après avoir amélioré celui du 10000 m (26’22’’75 à Hengelo).

M ario n JO

R S E L A S SI E

… le 20 septembre, à Berlin (Allemagne), le premier marathon à plus de 20 km/heure avec le Brésilien Ronaldo Costa (2 h 06’05’’).

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1999 Mercredi 4 août

Temps chaud et orageux - 14 982 spectateurs

HERCULIS ZEPTER (Golden League) 87 201 points (n°2)

A

vant les Mondiaux de Séville (20-29 aout), premier 3000 m steeple de la saison en moins de 8’’ avec Bernard Barmasai (7’58’’98) que laisse filer le futur champion du monde Christopher Kosgei (8’10’’69). Records continentaux pour la Sud-africaine Hestrie Cloete en hauteur (2,02 m puis 2,04 m), l’Australien Dmitiry Markov (5,95 m à la perche) quoique battu, et trois autres meilleures performances de l’année. D’abord avec Wilson Kipketer (1’42’’57), ensuite avec Cathy Freeman (49’’76) qui n’était pas allée aussi vite depuis plus d’un an pour dominer Falilat Ogunkoya (‘49’’90) et Jearl Miles-Clark (49’’98), enfin, avec la Roumaine Violetta Szekely (4’01’’49 au 1500 m) devant Anita Weyermann (4’01’’66). Superbe 200  m (+ 0,2  m/s) avec Maurice Greene (19’’92) devant Frank Fredericks (19’’93), vingtième

Tarasov, 6 mètres et puis s’en va “U

n énorme concours” jubile Jean Galfione. Le champion olympique n’est pourtant que quatrième. “Oui, mais en franchissant 5,90 m au premier essai… Ce n’est tout de même pas banal.” L’Américain Jeff Hartwig (3ème) franchit 5,95 m. Comme le Bélarusse Dimitri Markov, Australien depuis le mois de mai. Mais Maksim Tarasov est plus haut encore : 6 m. Deux sauts pour cette hauteur et le grand blond (1,94 m et 82 kilos) range les gaules. “Nous sommes à trois semaines des Mondiaux et je sais où j’en suis. Désolé pour le spectacle…” Le Russe fait plus qu’assurer l’intérim de Bubka, blessé. Il est libéré. “En 1992, j’avais été totalement désemparé quand Sergey (Bubka) avait raté les Jeux, mais j’ai grandi.” A bientôt 29 ans, il est le plus régulier des perchistes à 5,90 m et après avoir franchi une première fois 6 m en 1997, il n’a plus le vertige. Le 16 juin, à Athènes il a grimpé à 6,05 m. Quinze ans plus tard, ils ne sont que trois à être allés plus haut… Il escamote aussi bien les barres que les haies de ses premières années de stade, avant qu’il ne devienne le recordman du monde de toutes les catégories, de 16 à 19 ans entre 1987 et 1990.

victoire consécutive de Marion Jones sur la même distance (22’’15), poussée par la Jamaïcaine Inger Miller (22’’26) et envolées des habitués du lieu : Mark Crear devant Colin Jackson au 110 m haies (13’’14 et 13’’18), Angelo Taylor (48’’41 au 400 m haies), Maria Mutola (1’56’’99 au 800 m), James Beckford (8,40 m en longueur) et Gabriela Szabo (8’28’’36 au 3000 m) sous le regard de Maksim Tarasov perché à 6 m en trois barrres (5,70 m, 5,90 m et 6 m) et un étonnant tiercé du 1500 m : Noah Ngeny (3’29’’79), Bernard Lagat (3’30’’61) et Noureddine Morceli (3’30’’95).

“Cette année 1999 aura été magnifique, sans doute la plus belle de ma carrière” confiera-t-il alors. Incontestablement… Cinq sauts à plus de 6 m dans la saison, 13 au-delà de 5,90 m et neuf victoires en 13 concours. Avec le couronnement dans la chaleur étouffante de Séville (6,02 m).


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1999 LE TÉMOIN

(Frédéric Choquard)

La reconnaissance

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e ne me suis pas décidé en cavalant dans les escaliers du stade comme il m’est arrivé de le faire entre un match de basket et un 110 m haies d’interclubs, mais j’ai rapidement choisi. J’allais partir jouer à Berck en Pro D2, je pouvais être enseignant d’EPS, et donc éloigné, où je restais un Français à Monaco où je suis né. J’ai donc dit “oui” à Jean-Pierre (Schoebel) et je me suis retrouvé dans un gagibi de cinq mètres carrés pour l’aider en 1988. “Nous sommes ensuite passés au 4ème étage avec le prêt du télex de la Fondation et Jean-Pierre venait alors passer des nuits au bureau pour communiquer directement avec les Etats-Unis et convaincre les athlètes. Sans parler des nuits pour imprimer les programmes ! Des moments de fou rire et aussi de sacrés coups de chaud ! Pas de climatisation dans le bureau et un jour, j’ai choqué un proche de SAS le Prince Albert quand il est arrivé à une réunion de la Fédération. J’étais en short… Tout s’est ensuite amélioré et nous avons aussi évolué. Notamment avec la finale de 1989 en travaillant avec l’IAAF et ISL. Quelles leçons… “Je ne me suis plus contenté de jouer les agents immobiliers lors de visites d’appartements pour Bubka à la Condamine ou en aidant Merlene Ottey à déménager à Fontvielle, nous avons professionnalisé nos actions, ne serait-ce qu’en proposant des dossards que tout le monde utilise désormais en Diamond League ou en imposant les panneaux led pour la publicité que l’IAAF a adopté à Beijing en 2015. “J’ai réalisé ce qu’était Herculis dans le circuit mondial, en 1997, pour notre intégration à la Golden League ave Oslo, Rome, Zurich, Bruxelles et Berlin. Ress Brügger, très distant jusqu’alors, s’approcha de Jean-Pierre et moi, et il nous salua chaleureusement.”


ENTRE LES COULOIRS

33 4 4 5 56 67

Le Kenyan Benjamin Limo (25 ans) a découvert l’athlétisme il y a 18 mois et s’il remporte au sprint le 3000 m devant Hissou, Lahlafi et Komen, il manquera d’expérience à Séville, battu au sprint dans le 5000 m des Mondiaux par…Salah Hissou (12’58’’13 contre 12’58’’72). > Jean Galfione n’est pas déçu par sa quatrième place (5,90 m) derrière Maksim Tarasov (6 m), Dimitry Markov (5,95 m) et Jeff Hartwig (5,90 m). Il s’était donné une entorse cervicale trois jours plus tôt. Stéphane Diagana choisit le couloir 4, eu égard à son titre mondial de 1997. “La seule fois où on me l’a proposé, j’en ai été ravi puisque c’était à Lausanne, en 1995, avec le record d’Europe (47’’37) en bout de piste”. Quatrième du 5000 m des championnats d’Europe en 1998, le Grenoblois Mustapha Essaïd est empêché de courir le 3000 m par la Fédération française parce qu’il a refusé de participer le week-end dernier aux championnats de France. Marie-José Pérec qui a couru la veille à Malmö est bien sur la pelouse de Louis-II… pour récompenser les meilleurs d’un 100 m handisport, parrainé par le Groupement des athlètes français.

1999 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 6 mars, à Maebashi (Japon), le titre mondial en salle de Jean Galfione, premier Français à 6 m. … du 16 au 18 juillet, les premiers championnats du monde des cadets à Bydgoszcz (Pologne).

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… le 29 août, un troisième titre mondial dans la semaine pour Maurice Greene, celui du 4 x 100 m après ceux du 100 m et 200 m et Michael Johnson devient le recordman des titres mondiaux (9) avec celui du 4 x 400 m.

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… le 26 août, à Séville (Espagne), le quatrième titre mondial consécutif sur 400 m avec un record du monde (43’’18) pour Michael Johnson.

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… le 7 novembre, le décès de Primo Nebiolo, président de l’IAAF depuis 1981, à qui succède, en décembre, le Sénégalais Lamine Diack.

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2000 Vendredi 18 août

Temps chaud et orageux - 14 762 spectateurs

HERCULIS ZEPTER (Golden League) 86 704 points (n°2)

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oirée électrique un mois avant les premières épreuves olympiques de Sydney (15 septembre-1 octobre).

Cathy Freeman fait un pas de plus vers le titre du 400 m avec son deuxième temps de l’été (49’’48) en dominant nettement Jearl Miles-Clark (50’’04) dont ce sera la meilleure et dernière course de l’été et Lorraine Graham (50’’08), deuxième à Sydney. Maurice Greene et Inge Miller se moquent du vent (- 0,1 m/s et - 0,3 m/s) sur 100 m (10’’01 et 10’’91) et Gail Devers ne piétine pas (12’’54 au 100 m haies). Pas plus que Bernard Barmasai (8’02’’76) qui offre à son compatriote Raymond Yator le record du monde junior (3e en 8’03’’74), devancé par le Marocain Brahim Boulami (8’02’’90). Alors qu’Irina Privalova apprivoise de mieux en mieux le 400 m haies (54’’06), Tatyana Shikolenko (Russie) devance Trine Hattestad (Norvège) avec le nouveau javelot (67,20 m et 66,73 m) et les Algériens Djabir Saïd Guerni et Ali Saïdi Sief surprennent les pelotons du 800 m (1’43’’79) et du 3000 m (7’25’’02) ce qui permet au Belge Mohamet Mourhit d’améliorer le record d’Europe (7’26’’62).

Victoires encore pour Javier Sotomayor (2,30 m) et Michael Stoll (5,95 m) qui n’ira jamais plus haut, et pour la surprenante Suédoise Erica Johansson devant Heike Drechsler (6,81 m contre 6,78 m) avant que l’Allemande l’emporte à Sydney.

Maurice Greene en scène D

epuis son record du monde du 60 m en salle (6’’39 en 1998) qui confortait une mise en action innovante, Maurice Lamont Greene écrase le 100 m et réduit “l’espacetemps”. Tirant la langue, hochant la tête et agitant les bras pour mieux animer un pittbull tatoué sur le biceps gauche et un lion sur celui de droite, Greene n’a jamais fait dans la discrétion. Ni dans l’allure, ni dans le propos : “Je suis le sprint, résume-t-il brutalement, roulant un regard amusé. C’est un jeu et un défi.


Cinq centièmes d’avance pour Maurice Greene devant Obadele Thompson (dossard 36), 10’’01 et 10’’06, loins devant Darren Campbell (31), troisième (10’’19) et Tim Montgomery (33), quatrième (10’’20).

Un coureur de demi-fond ou un sauteur ont tout leur temps, nous n’avons que quelques secondes, alors il faut faire fort !” Aussi irritant qu’attachant, le sprinter américain est recordman du monde du 100 m depuis quinze mois (9’’79), sur la piste d’Athènes où il devint champion du monde en 1997, et l’an passé il a réussi un épatant triplé mondial à Séville (100 m, 200 m et 4 x 100 m), approchant encore son record du monde à Zurich (9’’80). Et il ne ralentit pas en ce début de saison olympique : 9’’91 dès le 13 mai à Osaka, six courses en 17 jours en juin, neuf en moins de 9’’90. “Je suis le Mohamed Ali des pistes, rien ne peut me résister” dit-il encore, projetant un nouveau tatouage, “GOAT”, pour “greatest of all time” sous son lion rugissant…

Ce soir, sans vent (- 0,1 m/s), il assure un spectacle parfait : “Après un faux départ, je suis bien parti, j’ai accéléré sans forcer (10’’01). Je ne pouvais pas compter sur le vent pour aller vite, alors autant chercher à faire bien. Surtout à un mois des Jeux». “Le 100 m est une maîtrise technique et émotionnelle des trente premiers mètres, décisifs quand l’athlète atteint 95 % de sa vélocité” prétend John Smith son entraîneur. “En scène, un acteur ne doit pas avoir de faiblesse, reprend Greene. Il faut explorer toutes les facettes du jeu…” Etonnant destin pour cet ancien vendeur de pizzas à Kansas City et bientôt champion olympique à Sydney (100 m et 4 x 100 m).

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2000 LE COUP DE CŒUR (Cathy Freeman)

Une nuit pour l’éternité

L

a réussite absolue. Trois courses, trois victoires ! En 1995, Cathy Freeman (22 ans) ne se soucie guère de ménager la mécanique à un mois du Mondial et elle bat Richards, Miles, Malone et Pérec (6ème) - future championne du monde - en 50’’34 ; en 1999, Ogunkoya, Miles et Graham doivent la laisser filer (49’’76) ; et cette fois, elle hausse encore le rythme (49’’48) devant Miles, Graham et Guevara qui la reverront - mais de loin - sur l’anneau olympique de Sydney. Car là est la destinée de l’Australienne, devant la plus grande assemblée que l’on ait vu (112 254 spectateurs !). Elle ne fera pas une course historique, mais une course pour l’Histoire. Elle est le symbole d’un pays et de ses Jeux. L’athlète aborigène allumera la flamme olympique et vaincra la malédiction qui s’acharne sur ces artificiers puisqu’ aucun n’était ensuite parvenu à remporter l’or des Jeux. Tous sauf elle, étouffant dans sa combinaison intégrale, argent, blanche et verte, cagoulée et trépignant dans la dernière ligne droite quand elle était si forte et si puissante dans ses courses d’avant… Elle apportera la 100ème médaille d’or à un pays réconcilié avec son histoire, faisant le tour du stade avec les drapeaux australien et aborigène. “Je sais quelle pression j’aurai, c’est pour cela que j’ai adopté une stratégie de course sans surprise, toujours à la même allure. Je dois y arriver, quelle que soit la course des autres, quel que soit le bruit, l’excitation et la passion ambiantes, imagine-t-elle à un mois des Jeux. Ce soir, j’ai mis un pied dans l’éternité…”


ENTRE LES COULOIRS

3

“Etre accueillie ainsi, avec d’inoubliables secondes d’applaudissements, c’est étrange alors que vous pourriez être inquiets pour Pérec…” Cathy Freeman ne cache pas son étonnement après sa victoire (49’’48) qui lui ouvre toutes grandes les portes de l’Olympe.

4

Neuvième et dernière participation de Sergey Bubka pas toujours heureux sur son terrain d’entraînement : trois victoires seulement en 1991 (5,92 m), 1992 (5 ,90 m) et 1993 (5,94 m).

5

Dominée en 1998 par Christine Arron, persuadée que Marion Jones est inabordable à Sydney, Irina Privalova est rassurée pour l’un de ses cinq 400 m haies seulement, avant les Jeux, s’imposant en 54’’06, son troisième temps de l’année. Et elle sera championne olympique en 53’’. >

6

Records pour Herculis, avec quatre heures de direct avec Canal +, près de trois heures avec TMC et 90 millions de téléspectateurs dans 104 pays.

2000 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 24 mars, à Pretoria (Afrique du sud), un record inattendu pour Michael Johnson avec l’aide de l’altitude (1 400 m) : celui du 300 m (30’’85). … le 12 juin, 80 000 coureurs pour un semimarathon qui emprunte le nouveau pont reliant Copenhague (Danemark) à Malmoe (Suède).

M ario n JO

… le 25 septembre, à Sydney (Australie), Michael Johnson, est le premier coureur de 400 m à conserver son titre olympique.

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… le 29 septembre, à Sydney, un doublé pour le marcheur Polonais Robert Korzeniowski, champion olympique du 50 kilomètres, une semaine après avoir gagné le 20 kilomètres. Il est le premier à réussir ce doublé.

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… le 31 décembre, à Sao Paulo (Brésil), record pour le Kenyan Paul Tergat qui remporte pour la cinquième fois la corrida.

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2001 Vendredi 20 juillet Beau temps - 14 120 spectateurs

HERCULIS ZEPTER (Golden League) 86 134 points (n°3)

A

deux semaines des championnats du monde d’Edmonton (3-12 aout), un concours de perche débordant d’émotions et de sensations revient à l’Australien Dmitriy Markov qui égale son record (5,95 m) et est l’une des six meilleures performances mondiales de la soirée qui font oublier les forfaits de dernières minutes de Maurice Greene et d’Hicham El Guerrouj ou les piétinements d’Ato Boldon (5ème en 10’’23), une semaine après ses 9’’88 d’Oslo ! Un 100 m (+ 0,5 m/s) remporté par Bernard Williams (10’’08) devant John Drummond (10’’09). Nouvelles victoires pour Maria Mutola (1’57’’11 au 800 m) et Violetta Szekely (3’59’’35 au 1500 m) devant Natalya Gorelova (3’59’’70) pour les deux meilleurs temps de l’été ; coude à coude entre Allen Johnson et Anier Garcia (Cuba) au 110 m haies (13’’18 et 13’’19), affirmation d’André Bucher (Suisse) - le prochain champion du monde- et de Yuriy Borzakovskiy (Pologne) sur 800 m (1’42’’90 et 1’43’’17) avec six hommes sont sous les 1’44’’. Kajsa Bergqvist (Suède) approche les 2 m (1,99 m), le 3000 m avec ou sans obstacle, restant Kenyan avec Paul Bitok (7’32’’11) et Wilson Boit Kipketer (8’01’’73).

Galfione tombe du toit

I

l a été l’un des premiers à arriver au stade. Et il sera l’un des premiers à revenir à l’hôtel. A l’heure de la présentation des champions de la soirée, il avait déjà enlevé ses pointes, froissé son dossard 129 qui sera peut-être le dernier… Patricia Girard, en fin d’échauffement de son 100 m haies lui claquera la bise sans un mot et lui tiendra une main pendant quelques instants. Jean Galfione, effondré mais fier, restera près d’une heure sans un geste, assis sur la pelouse fraîche avant de s’éclipser discrètement. Trois sauts ratés à 5,40 m, bien loin de la barre de qualification pour le Mondial (5,75 m), précipitent la dégringolade du champion olympique d’Atlanta (1996) alors en plein ascension (6 m et champion du monde en mars 1999). Sa détresse est maintenant immense. “Après un pneumothorax en mai 2000, j’ai voulu trop en faire, et cet hiver, j’ai passé mon temps à me soigner pour essayer de soulager un tendon d’Achille auquel il fallait trois quarts d’heure d’étirements, le matin, pour qu’il me permette de marcher normalement ! J’ai tout essayé, les cataplasmes de choux, l’hypnose, des aimants dans les chaussures, je me suis fait limer les dents, je suis allé voir un médecin chinois, près de Metz qui avait soigné David Douillet avant Sydney et un médecin finlandais prescrit par Bubka… Rien. “Je ne sais plus ce que je fais… Une chose est sûre, j’en ai marre, je pars. Loin…” Lui qui a poussé tant de portes, grimpé sur tant de toits de stades, détenu les records de France de toutes les catégories, escaladé tous les podiums, du titre mondial junior (1990) à celui des JO, sauté le mur de l’INSEP à 14 ans pour des entraînements “clandestins” avec Maurice Houvion, gagnant un demi-mètre (5,16 m) à 17 ans pour un premier record de France, part en douce, sans jamais avoir gagné à Louis-II mais après avoir vécu une heure de folie dans un concours historique, deux ans plus tôt : “Inoubliable. On était quatre à six mètres ! Tarasov a réussi, Markov, Hartwig (5,95 m) et moi (5,90 m) nous sommes restés en bas…”


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2001 LE TÉMOIN

(Jean-Pierre Schoebel)

Le mur des 4 minutes !

“D

mitriy Markov faillit être le premier à franchir 6 m à Monaco, Wilson Boit Kipketer approcha son record du monde du steeple (7’59’’08) mais les barrières, ces seuils de performances qu’on dit historiques n’étaient pas franchis. D’autres l’avaient été assez rapidement : Merlene Ottey courut ainsi en 10’’99 dès 1987. L’année suivante, Myricks réussissait exactement “huit mètres et demi”. Puis, Michael Johnson avala un demitour de piste en 19’’94 en 1994 et en 1995, L’Irlandaise Sonia O’Sullivan remporta le seul 1500 m de la saison en moins de quatre minutes (3’58’’95) dans la quasiindifférence à cause de la chute d’Hassiba Boulmerka ! “Mais ces quatre minutes aux 1500 m, j’en ai toujours rêvé et j’ai toujours apporté un grand soin à organiser cette course. Ce soir, c’est un feu d’artifice. Il est presque 22 heures et les meilleures du monde sont là… Mais Gabriela Szabo est imbattable. Sa foulée sautillante se détache dans les 300 derniers mètres et Svetlana Masterkova, la championne olympique et la Kenyane Jackline Maranga n’y peuvent rien. Carla Sacramento et Anita Weyermann, qui l’accompagneront sur le podium européen sont à bonne distance ! Quelle course. Et en voyant défiler le chronomètre, je m’aperçois qu’elles sont sous les quatre minutes. Quand les résultats se précisent, c’est encore plus grand ! Huit femmes sous les 3’59’’ ! Un immense bonheur…” Comme ceux, brefs et intimes “avec David Oliver, un gars extrêmement attachant qui détonne dans un univers devenu très business ou Alyson Felix, la seule qui m’ait un jour invité à dîner avec son frère manager…”

La russe Natalya Gorelova (n°253) devant la roumaine Violeta Szekely (n°25)


ENTRE LES COULOIRS

3 4 5 6 7

Tombant dans le butoir après un saut escamoté à 5,85 m, Maksim Tarasov -5e du concours cependant avec 5,70 m-, fut rapidement évacué du stade et opéré tout aussitôt d’une luxation sous-astragalienne de la cheville gauche. Un accident qui va précipiter la retraite du champion olympique de 1992, encore sur le podium en 2000 (3ème).

Dernière mise au point convaincante pour le Suisse André Bucher qui bat son record du 800 m (1’42’’90) devant cinq autres coureurs sous les 1’44’’ dont Yuriy Borzakovskiy (20 ans, 1’43’’17) champion olympique en 2004.

Premier 1500 m féminin de l’année en moins de quatre minutes avec la Roumaine Violeta Szekely (3’59’’35) devant la Russe Natalya Gorelova (3’59’’70) mais elles se contenteront de l’argent et du bronze à Edmonton, battues par Gabriela Szabo. Quatrième des JO de Sydney (2000), Mehdi Baala revient d’un long stage à Font-Romeu et son record personnel sur 1500 m (3’31’’97) lui permet d’espérer une place d’honneur aux Mondiaux, hélas ruinée par une bousculade en série qu’un repêchage, après son élimination, ne parviendra pas à effacer. Jean-Pierre Schoebel ne tait pas une grosse colère contre l’organisateur londonien, l’Ecossais Ian Stewart, médaillé de bronze dans le 5000 m des JO de Munich (1972) et contre l’IAAF qui s’empressera d’ailleurs de modifier certains détails du règlement de participation aux meetings que doivent signer les athlètes. En effet, le meeting de Londres oblige les athlètes à être à la conférence de presse, 48 heures avant la compétition. Le jour des épreuves d’Herculis !

2001 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 27 mai, à Götzis (Autriche), le premier décathlon à plus de 9000 points pour le Tchèque

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Roman Sreble (9026 points). … le 9 juin, à Palo Alto (Etats-Unis), deux records

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du monde pour l’Américaine Stacy Dragila avec des sauts à 4,71 m et 4,81 m. … le 10 août, à Edmonton (Canada), un premier titre mondial (400 m haies) pour Felix Sanchez

… le 26 septembre, à Berlin (Allemagne), le premier marathon féminin en moins de 2 h

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et la République Dominicaine.

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L GU ERRO UJ

20’ pour la Japonaise Naoko Takahashi (2 h 19’46’’).

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2002 Vendredi 19 juillet

Beau temps. 25° - 14 866 spectateurs

HERCULIS ZEPTER (Golden League) 86 905 points (n°2)

U

n des sommets de la Golden League, dans la foulée d’Hicham El Guerrouj (3’27’’54 au 1500 m). Pour sa seule course sur piste de l’année depuis sa victoire dans le marathon de Londres (2 h 18’56’’, à 7’’ du record du monde de Catherine Ndereba), Paula Radcliffe impose un dernier kilomètre époustouflant dans le 3000 m mais Gabriela Szabo s’impose et améliore le record d’Europe (8’21’’42). L’Anglaise se contente d’un record personnel (8’22’’20), la Kenyane Edith Masai (35 ans) établissant un record d’Afrique (8’23’’23). Record d’Europe encore, plus surprenant, avec le Hollandais Simon Vroemen, troisième du 3000 m steeple (8’06’’91) derrière Brahim Boulami (7’58’’09) écarté des pistes un mois plus tard et Stephen Cherono… Avalanche de records dans le 1500 m derrière El Guerrouj et Bernard Lagat (3’27’’91) avec le Portugais Rui Silva (3’30’’07), le Kenyan Cornelius Chirchir (3’30’’24, record du monde junior) qui en restera là, et Driss Maazouzi (3’31’’45, record de France). Douzième victoire consécutive pour Felix Sanchez (47’’86) devant Stéphane Diagana (48’’11), et succès

Hicham El Guerrouj, l’excellence L pour Wilson Kipketer (1’43’’6), Svetlana Feofanova (4,69 m), Gail Devers (12’’42 sur 100 m haies), Ana Guevara (49’’25 au 400 m), Benjamin Limo (7’34’’72 au 3000 m), Marion Jones (10’’84), Christian Olsson (Suède) devant Jonathan Edwards (17,63 m et 17,59 m) et Maurice Greene (9’’97).

e mouvement est un délice. Il est LA course… L’harmonie absolue, le geste parfait. Jambes nerveuses, bras cadencés, torse et poumons gonflés, regard noir aux aguets, Hicham El Guerrouj est le prototype du coureur de demi-fond, l’héritier des foulées de légende qui étaient celles de Jules Ladoumègue et de Jim Ryun. Trois fois champion du monde du 1500 m à 28 ans, il poursuit son rêve olympique qui l’a laissé en larmes à Sydney (2e)


deux ans plus tôt. “J’ai alors décidé d’oublier mon record du monde (3’26’’ en 1998). Mes adversaires, eux, ne l’ignoraient pas. Pour maintenir cet avantage, je me suis efforcé d’être sans cesse à l’avant avec des courses très rapides grâce à des lièvres dévoués. Et tout le monde en a profité” dit amusé le Marocain… Ce soir, la chasse s’est organisée avec Bernard Lagat, plus Kenyan mais pas encore Américain. Le rythme est celui d’un record du monde avec le Kenyan Kisilu. Une seconde d’avance au 800 m. A 300 m du but, le félin prend le volant et a encore une demie seconde d’avance. Mais Lagat ne perd pas pied. El Guerrouj toujours aussi magnifique, grimace à peine et dans le virage rien ne trahit le léger fléchissement. L’élégance le dispute à l’efficacité, mais, course gagnée et opposition contenue, le recordman

du monde exulte : 3’27’’34. Le septième “chrono” de sa carrière, l’une de ses douze victoires - en douze coursesde l’année. L’excellence au quotidien, celle qui lui permet d’enchaîner 31 courses en moins de 3’30’’ et 89 succès entre 1995 et 2003 pour trois défaites. Il détient les records du monde du 1500 m, du mile et du 2000 m. Parce qu’il a su entretenir une endurance et une résistance précoces trouvées dans le cross, il prépare déjà son couronnement avec un somptueux doublé olympique en 2004 : 1500 m puis 5000 m. “Dieu a ensuite voulu que je mette “pied à terre” et quand je suis revenu à Helsinki, j’ai pu regarder la statue de Nurmi à l’entrée du stade. Avant, je baissais la tête en passant devant, cette fois, je l’ai regardée. J’avais fait comme lui, 80 ans après…”

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2002 LE COUP DE CŒUR (Paula Radcliffe)

Courir libre

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londes toutes les deux, même tenue, noire avec un liseré orange pour le short et la brassière d’un sponsor commun. Mais c’est tout. Quand la grande Paula Radcliffe allonge sa foulée à l’avant du peloton, Gabriela Szabo, la frêle roumaine, plus économe, tricote à l’abri. Ce soir, l’Anglaise a décidé de prendre le large : “Je cours comme je suis et si ce n’est pas très joli, tant pis, cela montre que ce sport est difficile… Et puis si je suis devant, c’est que j’aime aller à mon rythme. Je suis grande, j’ai une foulée assez longue et parfois au milieu du peloton, je prends des coups. Alors, je vais devant. La course, c’est la liberté…” Où et quand elle veut.

Titre mondial de cross en mars, débuts impressionnants à Londres sur le marathon un mois plus tard, et avant un titre du Commonwealth (5000 m), un autre, européen (10000 m), le mois prochain, elle choisit le 3000 m monégasque. Un régal. Visage grimaçant, bras écartés, épaules et buste raides, tête dodelinent d’avant en arrière, Paula Radcliffe, opiniâtre, obstinée, s’échappe. Il faudra toute l’énergie de Szabo, dans les derniers mètres pour lui chiper un record d’Europe (8’21’’42 contre 8’22’’20) qui leur vaut de se faufiler dans un top 10 mondial qui fait grincer des dents à l’Anglaise : “J’ai couru avec les Chinoises après mon titre mondial junior de cross (1992) et elles étaient loin derrière. Et un jour, elles nous ont ridiculisées avec leurs records. J’ai même cru que leur piste était trop courte.» C’était tout le sens de sa démarche quand en 2001, lors du Mondial d’Edmonton, elle tenta d’agiter une banderole qui dénonçait le dopage.


ENTRE LES COULOIRS

33 4 4 5 6 7

Nouvelle victoire de Christian Olsson (22 ans) contre Jonathan Edwards (17,63 m au 3e essai) pour le champion d’Europe junior de …la hauteur, trois ans plus tôt. Le Suédois confirmera sa domination aux championnats d’Europe de Munich le mois suivant et aux JO d’Athènes en 2004. > Troisième record de France du 1500 m -3’31’’59 déjà à Monaco en 1998, 3’31’’51 en 1999 et 3’31’’45 au coeur du peloton cette fois- pour le Stéphanois Driss Maazouzi, sept fois champion de France de la spécialité et médaillé de bronze aux Mondiaux d’Edmonton. Emotion pendant la minute de silence précédant la compétition, en hommage à Eugène Gastaud, secrétaire général de la Fédération monégasque, organisateur avec quelques amis des meetings dans l’ancien stade Louis-II, décédé dans les locaux de la Fédération, quelques jours avant Herculis dont il était l’un des créateurs il y a 18 ans. Il était également vice-président de l’ASM et dirigeant du prestigieux Automobile Club. Encore “une grande foulée” franchie avec 40 courses et 778 coureurs classés, des poussins aux vétérans lors des “1000 m Herculis”. Directeur technique de la fédération monégasque depuis 1984 et d’Herculis depuis 1987, Jean-Pierre Schoebel, décathlonien sélectionné aux JO de Munich (1972), année de son record personnel (7628 points), est détaché par le ministère de l’Education nationale auprès de la Fédération monégasque d’athlétisme.

2002 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 16 juillet, à Stockholm (Suède), les 4,78 m de la Russe Svetlana Feofanova, dernier des huit records d’Europe ou du monde en salle ou en plein air qu’elle bat cette année, à l’issue d’une série commencée le 25 janvier à Dortmund (4,66 m).

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… à Paris, le 120e anniversaire d’officieux Jeux Olympiques féminins après que le baron Pierre de Coubertin ait refusé les femmes aux JO d’Anvers (1920) et qu’Alice Milliat ait proposé des jeux mondiaux féminins en 1921, à Monte Carlo.

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Hic

… le 27 octobre, à Scanzorosciate (Italie), les records du monde de Viktor Ginko et de sa femme Yelena, les Biélorusses marchant 100 et 50 kilomètres en 8 h 38’07’’ et 4 h 19’13’’.

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… le 8 août, à Munich (Allemagne), le plus mince écart dans un 1500 m avec deux millièmes de seconde entre le Français Mehdi Baala et l’Espagnol Reyes Esteves à l’arrivée du championnat d’Europe.

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L GU ERRO UJ

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2003 Samedi 13 et dimanche 14 septembre Beau temps ensoleillé. 24° et 26° 26 316 spectateurs

FINALE MONDIALE DU GRAND PRIX

L

es lumières de Monaco sont celles des bougies d’anniversaire et deux sauteuses font la fête : la SudAfricaine Hestrie Cloete (2,01 m), grande gagnante de la soirée, et Eunice Barber, championne du monde de la longueur à Paris (23-31 aout), bat le record de France à son dernier essai (7 ,05 m). Record aussi, pour l’Américaine Chryste Gaines - le jour de ses 33 ans - qui remporte le 100 m (10’’86, vent + 1,2 m/s)

devant Christine Arron (11’’04), Torri Edwards (11’’06) et Kelli White (11’’08) et meilleur temps de l’année pour Gail Devers au 100 m haies (12’’45, vent + 1,3 m/s). Record d’Asie avec Saif Saaeed Shaheen (7’57’’38) qui conserve quatre centièmes d’avance dans le 3000 m steeple sur son ex-compatriote Paul Kipsiele Koech (Kenya). Vingt sixième victoire consécutive de Maria Mutola (1’59’’59 au 800 m), 32e succès de Felix Sanchez (47’’80 au 400 m haies) et 13’’11 pour Allen Johnson contre le vent (- 1,5 m/s). Quant au récent champion du monde de la perche, l’Allemand Tim Lobinger, il franchit 5,91 m, sa meilleure performance depuis cinq ans. Succès de prestige encore pour Wilfred Bungei (1’45’’97 au 800 m), Kenenisa Bekele (7’36’’98 au 3000 m), Vigilijus Alekna (68,30 m au disque), Ana Guevara (49’’34 au 400 m), Tatyana Lebedeva (15,13 m au triple saut) et Yipsi Moreno (73,42 m au marteau).

Elle saute, elle saute, Hestrie Cloete “I

l me reste un an pour accomplir mes projets sportifs car après je veux des enfants. Je ne vais pas passer ma vie en petite tenue sur un stade.” Hestrie Cloete, jeune mariée avec un carrossier sud-africain s’applique, pour l’instant, à occuper le plus longtemps possible tous les stades où elle défie les barres. De plus en plus hautes.


Trois semaines après ses 25 ans, la fermière de Germiston à une vingtaine de kilomètres de Johannesburg, ne fait même pas trembler les barres. Toutes franchies au premier essai. Dix ! Et 2,04 m pour finir ! Meilleure performance mondiale et record d’Afrique. Une fois encore, son duel avec la Suédoise Kajsa Bergqvist tourne à son avantage. Mais en dépit de son application et de ses nombreux concours -21 victoires en 25 compétitions-, Hestrie Cloete (1,85 m et 68 kilos), au style peu académique avec ses moulinets de bras en fin de course d’élan, ne parvient pas à dépasser Stefka Kostadinova (2,09 m le 30 aout 1987 à Rome). “Dix ans après le record de la Bulgare, j’étais la meilleure junior du monde (1,94 m), deux ans après, la meilleure des seniors (2,04 m en 1999) mais peut-être qu’elle était allée trop haut pour moi…

“J’ai fait neuf fois plus de deux mètres dans l’année mais je devrai me contenter d’être la meilleure du moment” admet-elle ensuite. Deux fois championne du monde (2001 et 2003), deux fois battue aux JO (2e en 2000 et 2004), elle survole pourtant tous les nuages de l’été avec une incroyable série entre ses 2,01 m de Stockholm (5 aout) et de Monaco : 2,02 m à Londres, 2,05 m à Berlin, 2,03 m à Zurich et à Bruxelles avec un chef d’œuvre lors du Mondial parisien (31 aout) quand elle fait durer le spectacle avec huit barres franchies entre 1,85 m et 2,06 m ! Hestrie Cloete a bien mérité de rejoindre les illustres personnages de sa ville, l’une des plus riches du pays avec ses mines d’or. Ils ont nom, Sydney Brenner, prix Nobel de médecine en 2002, et le golfeur Ernie Els.

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2003 LE TÉMOIN (Allen Johnson)

Une marge de deux pouces

“L

e 110  m haies, c’est d’abord de la technique, explique Allen Johnson. Etre rapide, grand ou fort ne suffit pas. Les haies, c’est d’abord un geste, une course au centimètre.

Que je coure en 13’’ ou 13’’50, je pose toujours le pied au même endroit avec une marge de moins de deux pouces (1) pour les 51 foulées…” Même s’il avoue, “être toujours effrayé par la première haie qui va tout conditionner”, le récital est un chef d’œuvre et le vent (- 1,5 m/s) porte en haut des gradins le pas saccadé des coureurs : 13’’11 pour l’Américain qui remporte la première de ses trois finales monégasques. Six victoires et deux deuxièmes places, entre 1995 et 2005. Le plus beau palmarès d’Herculis. Trammell, Olijar et Liu ne peuvent rien contre le virtuose, champion du monde à Paris pour la quatrième fois (1995, 1997, 2001 et 2003), invaincu en 14 finales de l’année. Et aussi champion olympique en 1996. “Mais jamais recordman du monde, regrette-t-il, malgré deux chronos en 12’’92 (1996) à un centième de Jackson…” Lui qui rêvait de se faire un prénom après Ben et Michael en quittant les sautoirs où il réussit 2,11 m et 8,14 m, lui qui rafla huit meilleures performances de l’année en vingt ans de carrière, courut 11 fois sous les 13 secondes, insiste sur “cette course qui n’est pas fonction de la vitesse mais de la rapidité avec laquelle vous bougez les pieds avec l’obligation de rester en l’air le moins longtemps possible. Une furie contrôlée en somme…” (1) un pouce= 2,54 cm


ENTRE LES COULOIRS

3

Huitième et dernier succès pour le fidèle Wilson Kipketer qui aura disputé dix courses à Louis-II, l’emportant à quatre reprises en moins de 1’43’’: 1’42’’57 en 1999, 1’42’’59 en 1996, 1’42’’77 en 1997 et 1’42’’87 en 1995.

4

Après avoir raté un essai à 5,91 m, Tim Lobinger voit son deuxième refusé car l’Allemand a reposé la barre avec la main. Furieux, il franchit la hauteur à sa troisième tentative, agrémentant sa réussite d’un bras d’honneur à l’intention des juges et en retombant vers le tapis, il baissa son caleçon… ce qui lui valut une forte amende. >

5

Précieux soutien pour Eunice Barber qui bat son record de France (7,05 m) lors de son dernier essai, avec la présence de son entraîneur, Claude Monot, juge-arbitre sur la pelouse monégasque pour pallier la défaillance d’un délégué technique de l’IAAF.

6

Anniversaires pour Hicham El Guerrouj (1974), au chaud dans la tribune à cause d’un rhume et pour Chryste Gaines (1970), championne olympique du 4 x 100 m (1996) et numéro 2 de l’année sur la distance (10’’86) derrière sa compatriote Kelli White (10’’85).

2003 c’est aussi...

“Ni Fogiel, ni Ruquier, ni les paillettes, seulement de l’ocre. Celle de la piste.” Mais le verdict est cruel pour Marc Raquil, vice-champion du monde du 400 m (44’’79) et champion du monde du monde du 4 x 400 m le mois précédent à Paris, seulement 6ème (45’’96).

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 27 février, à Moscou (Russie), quatre femmes à 2 m dans le même concours : Yelena Yelesina (2,02 m), Anna Chicherova (2,02 m), Marina Kuptsova et Svetlana Lapina (2 m).

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… le 25 août également, la victoire en hauteur, de Jacques Freitag (Afrique du sud), premier athlète à gagner un titre mondial senior (2,35 m) après avoir remporté ceux des cadets puis des juniors.

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… le 25 août, à Paris Saint-Denis (France), aucun Américain sur le podium du 100 m des championnats du monde remporté par Kim Collins (Saint-Kitts-et-Nevis).

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… le 28 septembre, à Berlin (Allemagne), Paul Tergat devient le premier coureur à courir le marathon en moins de 2 h 5 mn (2 h 04’55’’).

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2004 Samedi 18 et dimanche 19 septembre Temps chaud. 27° 26 448 spectateurs

FINALE MONDIALE DU GRAND PRIX

J

ournées de fête pour 21 champions olympiques d’Athènes (13-29 aout), douze s’imposant lors de cette deuxième finale mondiale (ex-finale du Grand Prix). Timothy Mack entraine tout le monde dans les étoiles avec 6,01 m ; doublé (100 m-200 m) des jeunes Jamaïcains Asafa Powell (9’’98 au 100 m contre un vent de 1,6 m/s et 20’’06 au 200 m) et Veronica Campbell (10’’91 et 22’’64 contre un vent de 2,2 m/s) ; succès incontestables de Christian Olsson (17,66 m au triple saut), Bershawn Jackson (EU) au 400 m haies (47’’86), Kelly Holmes (GB), la double championne olympique (800 m et 1500 m)

avec un 1500 m en 4’04’’55, Stefan Holm (2,33 m), Yelena Slesarenko (2,01 m) en hauteur, Breaux Greer (EU), 87,68 m au javelot et record continental, Saïf Shaaeen Shaheen, numéro 1 du steeple (7’56’’94), et Joachim Olsen (Danemark ) 21,46 m au poids, tandis que l’Ethiopie domine le 5000 m avec Sileshi Sihine (13’06’’95) le vice-champion olympique. L’Ukrainien Ivan Heshko surprend le peloton kenyan (Kipchirchir, Rotich et Lagat) du 1500 m (3’44’’92). Frank Fredericks fait un tour d’honneur au milieu des autres concurrents pour ses adieux à la compétition (2ème du 200 m en 20’’31), et Yelena Isinbayeva fatiguée, tient pourtant à sauter, soucieuse de participer à cette soirée de gala (4,83 m).

Garde d’honneur pour Franck Fredericks

I

l les a tous croisé, battu ou menacé… il a été de toutes les grandes finales et sur tous les podiums de 1990 à 2004. Carl Lewis, Linford Christie, Michael Johnson, Maurice Greene, Donovan Bailey, Asafa Powell et Usain Bolt, se sont un jour, accroupis près de lui. Une longue histoire, une aventure de quinze ans que le Namibien savoure à petits pas, dodelinant


Franck Fredericks (n° 94) termine deuxième du 200 m (20“31), battu par Asafa Powell (n°53, 20“06), loin devant Francis Obikwelu (n°101), quatrième en 20“58.

de la tête, bouche ouverte, accompagné de quelques-uns de ceux qui viennent de courir le 200 m à ses côtés dans cette chaude après-midi.

de l’Afrique du sud qui devint la Namibie quand j’avais 13 ans…”

Un énième tour d’honneur. Le dernier à Monaco où il débuta en 1991 (2ème en 20’’13 derrière Michael Johnson, 20’’05), y achevant sa carrière à 37 ans, en 20’’31. Deuxième. Comme en 1993, 1995 et 1999. Pour couper court à la malédiction, il insiste sur quelques succès “en 1992, 1995 et 1997. En 19’’93… A cette époque, les moins de 20’’ n’étaient pas fréquents.”

Franck Fredericks quitta alors le maillot springbock, enfila celui des Cougars de Provo (Etats-Unis) qui lui offraient une bourse et il s’envola sur les pistes, “souvent sur 200 m, plus relax que le 100 m qui use nerveusement…” On ne le surprit jamais dans le jeu des grimaces et des provocations de bon nombre de sprinters de la fin des années 90. “J’avais besoin de toute mon énergie pour courir”. Souvent très vite, toujours à l’avant.

Et le premier qui mit fin à une série de 21 victoires sur 200 m de Michael Johnson le 5 juillet 1996 à Oslo, de raconter ses années d’errance entre l’Afrique et Monaco, un temps son repaire, Paris et les Etats-Unis. “Je n’ai pas grandi avec le rêve olympique mais j’ai lutté pour ma scolarité, pour mieux vivre, pour m’élever dans ce nord

Quatre fois médaillé d’argent aux JO (1992 et 1996), champion du monde 1993 (200 m), 27 courses en moins de 10’’ et 24 en moins de 20’’, un record d’Afrique du 200 m en 1996 (19’’68), toujours dans le top 10…vingt ans après, un record du monde en salle (19’’92) et un dernier 200 m sur la piste de Louis-II.

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2004 LE TÉMOIN (Timothy Mack)

L’année en or...

“O

n parle beaucoup d’écoles ou de méthodes. En fait, il n’y a que des principes… Et chacun les adapte à ses moyens, que ce soit la force ou la vitesse. J’ai mis longtemps à comprendre cette évidence et suis resté hors du circuit. Plus je regardais Bubka, Tarasov, Brits et d’autres, plus j’étais embrouillé. J’ai décidé de moins réfléchir, moins analysé et mieux sentir la perche…” Courir vite, bien plier l’engin et vouloir aller haut. Des règles basiques efficaces dont Timothy Mack, fera grand usage remportant tous ses concours de l’année. “Une année en or, rit-il, lancée aux sélections américaines avec un record (5,90 m). A Athènes, je n’ai pas douté : 5,90 m puis 5,95 m”. L’or en poche le 27 aout, il le fait briller à Rieti et à Berlin et quand beaucoup craignent la compétition de trop, Mack reste accroché aux nuages. Concours gagné à 5,86 m, il fait monter la barre à 6,01 m. Aussitôt demandé, aussitôt réussi (3e essai).

Il y a trois ans qu’un homme n’est pas allé aussi haut en plein air et iI est le 12e à franchir cette hauteur mythique de 6 mètres. Il demande 6,06 m puis s’offre pour ses 32 ans, fêtés quatre jours plus tôt, deux tentatives à 6,16 m.


ENTRE LES COULOIRS

3

Onzième des JO d’Athènes (5,55 m), l’Allemand Tim Lobinger ne connait pas la fatigue. Quatrième du concours (5,60 m), il disputait à Monaco, son 39ème concours de l’année !

4

Première défaite en sept meetings pour Christine Arron, pourtant la plus applaudie de la soirée (4e du 100 m en 11’’23). Une défaite de la Guadeloupéenne (1,78 m) concédée aux petits gabarits que sont la Jamaïcaine Veronica Campbell (1,63 m), trois fois médaillée olympique à Athènes (or sur 200 m et 4 x 100 m, bronze sur 100 m) et l’Américaine Lauryn Williams (1,57 m), plus tard championne du monde du 100 m (2005), olympique à Londres en 2012 (4 x 100 m) et enfin, en bobsleigh, à Sotchi (2014).

5 6 7

Après sa course monégasque, Frank Fredericks mettra un dernier dossard pour un 100 m à Yokohama le 23 septembre et deviendra membre du CIO. > Kenenisa Bekele, double champion du monde de cross (court et long) en mars à Bruxelles, auteur ensuite, des records du monde du 5000 m et du 10000 m à neuf jours d’intervalle (31 mai et 8 juin), double médaillé des JO (or sur 10000 m et argent sur 5000 m), assurait “avoir tout donné” lors des mois précédents pour expliquer son forfait. Brice Etes devient le recordman des victoires des 1000 m Herculis en remportant l’épreuve des seniors pour la cinquième fois (1995, 1996, 1997, 2003 et 2004).

2004 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 8 juin, à Ostrava (République Tchèque), un record du monde du 10000 m pour l’Ethiopien Kenenisa Bekele (26’20’’21), neuf jours après avoir battu celui du 5000 m (12’37’’35). … le 23 août, à Athènes (Grèce), le titre pour l’Américain Jeremy Wariner (20 ans), plus jeune champion olympique du 400 m (44’’).

VA

… le 3 septembre, à Bruxelles (Belgique), le record du monde du 3000 m steeple (7’53’’63) pour le Kenyan Stephen Cherono devenu le Quatarien Saïf Saaeed Shaheen, et interdit de JO par son ancienne fédération.

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Ke

… le 28 août, à Athènes, une consécration pour le Marocain Hicham El Guerrouj, qui, en remportant le 1500 m puis le 5000 m, rejoint le Finlandais Paavo Nurmi vainqueur de ces deux épreuves lors des JO de 1924.

Ye l e n a I S I N BA YE

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2005 Samedi 8 et dimanche 9 septembre Beau temps chaud. 24° - 16 654 spectateurs

FINALE MONDIALE DU GRAND PRIX

L

e duel de la saison entre Veronica Campbell, la vice-championne du monde d’Helsinki (6-14 aout) du 100 m derrière l’Américaine Lauryn Williams, et Christine Arron qui améliore d’un centième son record de l’année (10’’92 contre un vent de 0,2 m/s). Mais pour sa septième course de l’été en moins de 11’’, la Française est battue par la Jamaïcaine (10’’91). Les performances s’enchainent pour ce baisser de rideau avec le doublé de Meseret Defar (Ethiopie) sur 3000 m et 5000 m, les lanceurs de javelot Tero Pitkämäki (Finlande), 91,33 m - à 20 centimètres de son record- et

Andreas Thorkildsen (Norvège), 89,60 m, Allen Johnson (110 m haies) et Tyson Gay (200 m) qui se moquent du vent (13 ‘’09 et - 1,4 m/s pour l’un , 19’’96 et - 1,5 m/s pour l’autre) et Tyree Washington (44’’51) dans un 400 m où sombre le champion du monde Jeremy Wariner (8ème en 46’’37). Kajsa Bergqvist et Yelena Isinbayeva préservent leur invincibilité (2 m et 4,74 m), Dwight Philipps (8,46 m en longueur) et Adam Nelson voient loin (21,92 m au poids), tandis qu’Allison Felix et Sanya Richards évitent les coups de vent (22’’27 au 200 m et 49’’52 au 400 m), laissant Maryam Yusuf Jamal (Barhein) y résister (3’59’’35 au 1500 m), tandis que le Cubain Victor Moya, vice-champion du monde, améliore deux fois son record de la hauteur (2,32 m et 2,35 m).

Le doublé de Meseret Defar T

yson Gay, Allen Johnson, Mike Philipps et Brad Walker vont à l’essentiel avec des performances du top 10 de l’année sans rester trop longtemps sur le stade et ces Dames, d’une foulée alerte et pleine d’assurance, n’hésitent pas à faire le spectacle. Meseret Defar, la championne olympique du 5000 m à Athènes (2004) que rien n’effraie, épate en accumulant les tours de


Deux courses en deux jours, et deux victoires pour l’Ethiopienne Meseret Defar (dossard 3)

piste. Vingt en deux jours pour une demi-heure de gloire avec d’abord, un 3000 m solitaire (8’47’’28) et ensuite un 5000 m au goût de revanche mondiale, remportée devant sa compatriote Tirunesh Dibaba (14’45’’87 et 14’46’’84) qui a pourtant réussit un doublé historique (5000 m-10000 m) en Finlande. “Je n’ai rien à prouver, se défend timidement l’héroïne de ce baisser de rideau sur la saison internationale mais j’ai été malade à Helsinki (2e du 5000 m) et j’ai simplement montré que j’ai toujours ma place dans ce peloton d’Ethiopiennes qui dominent le fond mondial…”

autre athlète de course, avec quatre titres mondiaux en salle, les records du monde des 3000 m et 5000 m en salle et en plein air de 2006 à 2009, avant de de composter un second titre olympique du 5000 m en 2012, ajoutant une naissance à l’adoption de deux enfants et un militantisme pour la femme éthiopienne qu’elle clama en 2007, en recevant le trophée de championne de l’année, le dédiant “à toutes les femmes de mon pays qui se réveillent chaque jour en ayant faim et travaillent dur pour simplement survivre…”

Voilà qui est fait, et bien fait, pour la jeune Africaine (22 ans en novembre) qui va repartir en conquête et remporter plus de titres en salle et en plein air qu’aucune

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2005 LE TÉMOIN

(Christine Arron) Un bel anniversaire !

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ire canaille et joli phrasé, la belle chabine prend son temps… “L’école est finie” s’amuse-t-elle. La saison s’achève avec un bulletin d’excellence. Septième course de l’année en moins de 11’’. “Et mon 21ème chrono sous cette limite, sourit-elle. Dommage que je sois battue.” Ce qui ne remet pas en cause son statut de numéro 1 mondiale de l’année sur 100 m. “Mais je ne fais que troisième des Mondiaux (100 m et 200 m) il y a un mois, rectifie-t-elle. J’ai les mêmes sensations qu’en 1998, la même impression de pouvoir accélérer quand je veux, ce qui est très excitant, mais bon, je ne suis pas championne du monde… “J’ai toutefois compris une erreur dans mon entraînement. Pas assez de repos… ou de récupération ! Ici, j’arrive sans grand entraînement depuis un mois, je dors, je me repose et j’ai un tonus qui me permet d’être au top et d’améliorer d’un centième mon meilleur temps de l’année. Je crois que je pouvais faire encore mieux. “Tout comme sur 200 m (3ème). Ce ne sont pas des regrets mais des constats et l’analyse va me permettre d’orienter différemment ma préparation…” Christine Arron n’ira toutefois, jamais plus aussi vite, et la recordwoman d’Europe (10’’73 en 1998) qui remportera onze 100 m de la Golden League, fêtera cette soirée avec trois copines dont Eunice Barber dans la nuit monégasque en précipitant de 48 heures son anniversaire…


ENTRE LES COULOIRS

2 3 4 5 6 7 6 8

Vice-champion du monde de la hauteur, le Cubain Victor Moya (22 ans) s’impose avec 2,35 m, devant Vyacheslav Voronin, Yaroslav Rybakov et Stefan Holm en ajoutant dix centimètres à son record de 2004. En remportant le 3000 m et le 5000 m, Meseret Defar (22 ans) renouvelle sa performance des Mondiaux juniors de Kingston (2002) quand elle avait aussi remporté les deux titres, deux jours de suite. Quinze champions du monde participent avec des fortunes diverses puisque huit d’entre eux, seulement, s’imposent : Bershaw Jackson (400 m haies), Dwight Philipps (longueur), Allyson Felix (200 m), Zulia Catalyud (800 m), Michelle Perry (100 m haies), Docus Inzikuru (3000 m steeple), Kajsa Bergqvist (hauteur), et Olisdeilys Menendez (marteau). Les Américains dominent avec 12 victoires (8 hommes et 4 femmes) dans les 36 épreuves et les Cubains en remportent cinq avec Victor Moya (hauteur), Yoandris Betanzos (triple saut), Zulia Catalayud (800 m), Yipsi Moreno (marteau) et Olisdeilys Menedez (marteau). Après Merlene Ottey, Sergey Bubka, Kajsa Bergqvist, Wilson Kipketer, Mark McKoy, Christian Olsson et Yelena Isinbayeva, c’est au tour de Paula Radcliffe de s’installer et de s’entraîner à Monaco. Une équipe qui n’aurait pas d’équivalent pour les interclubs. L’IAAF annonce que les trois prochaines finales du Grand Prix quitteront Monaco pour Stuttgart (Allemagne) mais sans toutefois réintégrer Herculis dans la Golden League. Kenenisa Bekele et Yelena Isinbayeva ont brillé tout au long de la saison. L’Ethiopien a remporté, en mars, les deux titres mondiaux individuels de cross à Saint-Galmier (France), ajouté un titre mondial du 10000 m à son palmarès avant d’en améliorer le record (26’17’’53) qui résistera au temps qui passe. La Russe a remporté son premier titre mondial en laissant sa rivale à 41 centimètres, battu quatre records en salle et cinq en plein air dont un, mythique, à 5 m, avant de finir la saison à 5,01 m.

2005 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE Ye l e n a I S I N BA YE

VA

… le 6 mars, à Madrid (Espagne), un saut à 2,40 m pour le Suédois Stefan Holm, soit 59 centimètres au-dessus de sa taille. Comme l’Américain Franklin Jacobs (2,32 m en 1978). … le 6 avril, à Monaco, le décès de SAS le Prince Rainier III, à qui succède le Prince Albert. … le 22 juillet, à Londres (Grande-Bretagne), deux records du monde dans la soirée pour la Russe Yelena Isinbayeva qui devient la première femme à franchir 5 m.

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… le 11 août, à Helsinki (Finlande), le premier quadruplé de l’histoire aux championnats du monde avec les coureurs de 200 m des Etats-Unis : Justin Gatlin (20’’04) devant Wallace Spearmon (20’’20), John Capel (20’’31) et Tyson Gay (20’’34) le vainqueur du 100 m.

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2006 Dimanche 20 août Temps frais - 11 783 spectateurs

HERCULIS (Super Grand Prix) 84 793 points (n°11)

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etour en Super Grand Prix pour une fin d’aprèsmidi où le Russe Andrey Silnov (21 ans), champion

d’Europe de la hauteur n’a pas le vertige et ajoute un centimètre à sa meilleure performance (2,37  m au troisième essai). Il n’en était qu’à 2,32 m en juin et seul, Yaroslav Rybakov (2,38 m), est allé plus haut depuis cinq ans. Onze centimètres gagnés à la perche pour la Brésilienne Fabiana Murer qui fait grimper le record d’Amérique du Sud à 4,61 m puis à 4,66 m ; avantage à Mbulaeni Mulaudzi (Afrique du sud) devant William Yiampoy (Kenya) dans un 800 m (1’44’’14 et 1’44’’31) avec cinq hommes sous les 1’45’’; Marian Opréa (Roumanie) s’éloigne de la planche d’appel (17 ,33 m) ; Ronald Pognon est dans le vent (10’’18, vent - 0,7 m/s) et menace Shawn Crawford (10’’14) devant Olusojo Fasuba (10’’19) ; Périklis Iakovakis déboule sur 400 m haies (48’’27) ; Tiffany Ross-Williams (53’’79), Tatyana Tereshchuk (54’’12) et Lashinda Demus (54’’48) piétinent devant les obstacles du 400 m haies, tandis que Dayron Robles (19 ans) fait des débuts étincelants sur 110 m (13’’14) en laissant Aries Merritt à dix centièmes, LaShaw Merritt ne préservant qu’un minimum pour dominer sur 400 m le Jamaïcain Michael Blackwood (44’’78 et 44’’89) loin devant Leslie Djhone (45’’45) et Marc Raquil (46’’27).

Dayron Robles, le décathlonien

“I

l faut toujours regarder dans le couloir d’à côté” répète inlassablement, tout entraîneur de haies. Mais il faut revoir plusieurs fois le film du record du monde de Liu Xiang, le 11 juillet à Lausanne (12’’88) pour surprendre au couloir 6, le jeune Cubain Dayron Robles (13’’04). Il n’a pas 20 ans et en ce début de saison, s’il confirme sa brusque apparition chez les grands (13’’46 en 2005), il n’est pas encore dans la foulée


Premières haies au côte à côte pour Dayron Robles (à gauche) et Terrence Trammell.

du Chinois. “Comme tous les Cubains, c’est un athlète explosif, très souple avec une belle technique. Il va vite progresser et fera bientôt 13’’» assure pourtant Stéphane Caristan. Cinq semaines après la course de Lausanne, Robles remporte sa première victoire en Golden League à Monaco : 13’’14. Devant Merritt qui l’avait devancé deux ans plus tôt pour le titre mondial des juniors, et Oliver. Une fulgurante ascension que le Cubain prend plaisir à raconter : “Les courses de haies sont les plus techniques de l’athlétisme. Il faut franchir les obstacles en courant et non en les sautant. C’est la foulée du franchissement qui commande... La grande différence entre les très bons coureurs et les autres est leur faculté à enchaîner avec

fluidité. Ce soir, j’ai eu un fléchissement, cela a suffi pour perdre deux dixièmes…” Un écart qu’il récupérera vingt jours plus tard (13’’ à Stuttgart), en conclusion d’une saison qui lui aura permis de courir huit fois en moins de 13’’14. “Et ce n’est pas fini” prévient Santiago Antunes qui a veillé sur deux générations de hurdlers cubains et sut détourner du saut en hauteur dont il rêvait, le jeune Robles qui avait encore tâté du basket, du taekwondo, de la lutte, du judo, de la boxe et du volley. “Sur cinq sauts enchaînés il est meilleur que Sotomayor et Pedroso ! Et il a la musique des haies dans la tête. Il est plus puissant que n’importe qui…” Et bientôt plus rapide. Avec, en 2008, un record du monde (12’’93) et un titre olympique.

98 I 99


2006 LE TÉMOIN (Ronald Pognon)

De bon pied

“J

’étais rentré de Martinique avec une révélation… J’étais ambidextre ! Je pouvais partir indifféremment du pied gauche ou du droit à l’avant de mon starting block. C’est un ostéopathe antillais qui a découvert ce qui était parfois la cause de tracas lors des mises en action. “On ne peut pas vraiment parler de déstabilisation mais il m’arrivait d’être sur la ligne de départ et de m’interroger sur la position à prendre… Nous étions deux ou trois dans ce cas. Il y avait un Américain et un Jamaïcain…” Dix ans après, Pognon sourit à l’évocation de cette particularité.

La veille de la course, il se rend sur le stade pour vérifier “et choisir le meilleur pied”. Le premier Français à moins de 10’’ au 100 m y obtient alors son meilleur résultat pour éloigner les regrets d’une quatrième place aux championnats d’Europe après son 9’’99 de juillet : deuxième (10’’18) contre le vent (- 0,7 m/s) derrière Crawford (10’’14). Thomas et Burns, 5ème et 7ème du Mondial de l’année précédente sont derrière lui. Comme Fasuba et Obikwelu, le recordman d’Europe. “C’est pourtant la course de 2005 qui reste mon meilleur souvenir. La plus belle dans laquelle j’ai joué ! Burns gagne en 10’’, Thomas est battu (10’’), Zakari, tout près (10’’01) et en 10’’07, je ne suis que cinquième. C’était fou. Mais, j’avais beaucoup, beaucoup aimé…”


ENTRE LES COULOIRS

23 3 4 5 6 67

Dans un concours qui réunit onze sauteurs à 2,30 m ou plus, le Russe Andrey Silnov (22 ans) confirme sa supériorité actuelle qui le mènera au titre olympique à Pékin (2008). Outre Silnov (hauteur), la Biélorusse Alesya Turova (9’20’’16), championne d’Europe du steeple, l’Américaine Tiffany Ross-Williams (53’’79 au 400 m haies) et la Brésilienne Fabiana Murer (4,66 m à la perche) réussissent une performance du top 10 de l’année. Numéro 1 mondial de l’année sur 400 m haies (53’’02), l’Américaine Lashinda Demus avait cinq mètres d’avance en entrant dans la dernière ligne droite mais en piétinant sur le dernier obstacle, elle fut rejointe et dépassée par Tiffany Ross-Wiliams et Tatyana Tereshchuk (54’’12). Quatre des champions d’Europe de Goteborg (7-13 aout) s’imposent : le Russe Andrey Silnov (hauteur), le Grec Periklis Iakovakis (400 m haies), l’Allemande Steffi Nerius (javelot) et la recordwoman du monde du steeple, la Russe Alesya Turova. Les vainqueurs des “1000m Herculis” sont récompensés sur des podiums par d’anciens champions du club dont Emile Battaglia, Sonia Delprête, Irène Augier et Philippe Fargère. Le circuit est sous le choc du contrôle positif à l’EPO lors des sélections américaines à Indianapolis (22-25 juin) de Marion Jones (30 ans), révélé quelques jours plus tôt, et quelques semaines après celui de Justin Gatlin.

2006 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 2 avril, à Fukuoka (Japon), un cinquième doublé consécutif (cross court-cross long) pour l’Ethiopien Kenenisa Bekele (23 ans).

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… le 5 août, le 70e anniversaire du premier 200 m en moins de 21’’ (20’’7), par Jesse Owens, aux JO de Berlin (Allemagne). … le 18 août, à Zurich (Suisse), Asafa Powell, égale pour la deuxième fois de l’année son record du monde du 100 m (9’’77) établi en 1997 à Athènes.

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… le 2 septembre, à Fresno (Etats-Unis), le décès de Bob Mathias, le plus jeune champion olympique de l’histoire de l’athlétisme à 17 ans et demi (1952), titre qu’il conservera en 1956. Recordman du monde à trois reprises, il quittera les stades en étant invaincu.

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2007 Vendredi 25 juillet

Beau temps. 25° - 12 286 spectateurs

HERCULIS (Super Grand Prix) 85 253 points (n°4)

R

etour au premier plan à 37 jours de l’ouverture des Mondiaux à Osaka (25 aout-2 septembre) pour l’Ethiopien Kenenisa Bekele qui répète ses gammes : 7’29’’32 au 3000 m avant un troisième titre mondial du 10000 m en précédant une révélation de 20 ans, l’Ougandais Moses Kipsiro (7’32’’03). Premier 800 m de l’année en moins de 1’44’’ pour le SudAfricain Mbulaeni Mulaudzi (1’43’’74), magnifique victoire pour Christine Arron (11’’06) devant Carmelita Jeter (11’’11) et Me’Lisa Barber (11’’17). Si Jana Pittman (Australie) remporte le 400 m haies (53’’46), les Américains sont les plus habiles sur l’obstacle : doublé au 100 m haies avec Damu Cherry-Mitchell (12’’74) et Lolo Jones (12’’78) et au 400 m haies avec Angelo Taylor (48’’45) et Kerron Clement (48’’47). Blanka Vlasic (Croatie) s’installe en hauteur (2,03 m) devant Kajsa Bergqvist (2 m), Tatyana Lebedeva n’ en finit pas de rebondir (15,10 m), Daniel Ecker (Allemagne) et Steven Hooker (Australie) partagent l’intérim à

Kenenisa Bekele, le prodige S

ur une distance, le 3000 m, où il n’est pas à l’abri d’un miler en reconversion, l’Ethiopien Kenenisa Bekele aiguise ses pointes pour les Mondiaux. En 2003, il avait déjà dominé le 3000 m monégasque après son coup d’éclat du Mondial à Paris quand à 21 ans, il remporta le 10000 m sans oser un regard vers le modèle envahissant qu’était Haile Gebrselassie. Cette fois, le petit homme (1,62 m et 54 kilos) à l’immense palmarès avec à ce jour, dix titres mondiaux de cross, deux mondiaux et un olympique sur 10000 m (1), n’a qu’une idée, “améliorer sa vitesse terminale et essayer d’accélérer brusquement ou progressivement. Le 3000 m est la distance idéale…” Et un régal pour les yeux. Il y a quatre ans, il avait émerveillé le stade avec un dernier tour du 3000 m en 51’’75 et un ultime 200 m en 26’’60 (7’36’’98). Cette fois, il éblouit l’assistance en 7’29’’32, finissant presqu’aussi vite pour l’une des courses les plus rapides qu’il ait faite. Avec une aisance stupéfiante. Et c’est sans doute là, que se situent les paramètres de sa réussite. Personne n’a cette puissance et cette fluidité. Il a un style très performant avec une foulée longue et économe. Ses cuisses très musclées sont celles d’un miler et il a une qualité de pied hors norme, il appuie fort et longtemps sur le sol. Sa course respire l’élégance et l’efficacité. “Je ne crois pourtant pas être aussi doué sur la piste qu’en cross” dit-il à l’énoncé de ses 28 titres majeurs, de ses records du monde, inaccessibles dix ans plus tard (12’37’’35 en 2004 sur 5000 m et 26’17’’33 sur 10000 m en 2005) et de son invincibilité en 27 courses de 2001 à 2007. “Mon talent est un don de Dieu et il a m’a choisi.” Une aubaine pour le garçon, champion d’Ethiopie de cross à 16 ans, héritier de la légende des grands coureurs d’un pays où les hommes n’ont souvent que leurs jambes pour toute richesse.

(1) il remportera encore cinq titres mondiaux sur piste et un doublé olympique (2008)

la perche (5,87 m) devant Romain Mesnil (5,82 m); LaShaw Merritt (44’’39 au 400 m) avertit -à distanceJeremy Wariner avec l’une de ses onze courses en moins de 45’’ de l’été. Mais à la fin, au Japon, c’est Wariner qui gagnera.


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2007

LE TÉMOIN (Blanka Vlasic)

La saison parfaite

E

lle est toujours au-dessus des autres. Par la taille (1,93 m) mais aussi pour les barres escamotées. Ce soir, elle les accumule : 1,85 m, 1,90 m, 1,94 m, 1,97 m, 2,01 m et 2,03 m. Tout au premier essai. Et en baisser de rideau, quelques pas de danse en guise de salut… Regard bleu acier scintillant, elle s’attarde : “Ce n’est pas de la facilité mais de la régularité. J’ai appris pendant toutes ces années qu’on pouvait dominer, remporter toutes les compétitions de la saison et rater celle pour laquelle on fait tout çà…”

Depuis une sixième place au Mondial de 2001 à 18 ans, la Croate a accumulé les performances et connu des échecs retentissants. A 20 ans, elle franchit 2 m mais aux JO d’Athènes, elle est 11ème. En 2006, elle monte à 2,05 m mais n’est que 4ème aux championnats d’Europe.

“Il fallait plus de travail, davantage d’application. Des gens pensent que ma taille est un avantage mais c’est aussi plus de poids et il faut hisser ce grand corps audessus de la barre !» A 23 ans et demi, tout est en ordre : 19 compétitions dans l’année, 19 victoires, cinq concours en six semaines entre 2,05 m et un record à 2,07 m avant un titre mondial le 2 septembre. Et surtout 24 tentatives, en 2007, à 2,10 m contre le si vieux record de Steka Kostandinova (2,09 m en 1987). Avec ses pas de géant, bien aidés par un 44,5 pour le sport “mais 42 pour la ville” rectifie-t-elle, elle prend son élan vers des marques inouïes : 85 victoires en 100 concours en quatre ans, 101 concours à plus de 2 m.


ENTRE LES COULOIRS

33 4 5 6 67

Après trois faux départs dans ses trois précédents meetings - non éliminatoires, alors -, Christine Arron, retrouve santé et forme en remportant le 100 m (11’’06) devant Carmelita Jeter (11’’11) qui finira pourtant sur le podium à Osaka (3e), la meilleure sprinteuse française de l’histoire s’y classant sixième. Révision studieuse pour Kenenisa Bekele et Blanka Vlasic, couronnés sans surprise (10000 m et hauteur) au Japon et pour Maryam Yusuf Jamal (23 ans). L’Africaine, Ethiopienne puis Barheïnoise en janvier 2005, emballe le 1500 m (4’00’’43), laissant à plus de trois secondes un peloton qui ne pourra rien contre elle au Japon. Le Sud-africain Mbulaeni Mulaudzi remporte le 800 m le plus rapide de l’année (1’43’’74) mais il ne terminera que septième au Mondial et il devra patienter deux ans pour remporter le titre à Berlin et porter son record à 1’42’’86. Il décèdera dans un accident de voiture le 24 octobre 2014. La Russe Tatyana Lebedeva dépasse les 15 m (15,10 m) avec deux sauts à 14,90 m et 14,96 m en approchant sa meilleure performance de l’année (15,14 m) mais elle sera battue par la Cubaine Yargelis Savigne à Osaka (15,28 m contre 15,07 m). Dix jours après avoir porté son record du 3000 m à 7’26’’69, et deux semaines avant de faire encore mieux avec un record du monde à Stockholm (7’25’’79), Kenenisa Békelé réussit le troisième temps de l’année sur la distance (7’29’’32).

2007 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 27 juin, à Ostrava (République tchèque), deux nouveaux records pour l’Ethiopien Haile Gebrselassie, ceux des 20 kilomètres (56’25’’98) et de l’heure (21,285 kilomètres). … le 13 juillet, à Rome (Italie), le quatrième accident sur les stades en un an quand le sauteur en longueur français Salim Sdiri est transpercé par un javelot lancé par le Finlandais Tero Pitkämäki.

E FA

R

… le 1 octobre, le décès de Al Oerter (quatre fois champion olympique du disque entre 1956 et 1968), après ceux de Parry O’Brien (15 records du monde du poids entre 1953 et 1959) le 21 avril puis de Gyula Zsivotzky (recordman du monde du marteau en 1965 et 1968) le 29 septembre. er

on

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… le 30 août, à Osaka (Japon), un doublé de l’Américain Tyson Gay rejoignant ses compatriotes Maurice Greene et Justin Gatlin, champions du monde des 100 m et 200 m en 1999 et 2005.

M es e r e t D

G AY

104 I 105


2008 Mardi 29 juillet

Beau temps. 26° - 13 822 spectateurs

HERCULIS (Super Grand Prix) 85 870 points (n°1)

T

roisième record du monde avec Yelena Isinbayeva (5,04 m au 3ème essai), et retour à la première place d’Herculis au classement des meetings. La dernière étape avant les JO de Pékin (8-24 aout) rassure des têtes plus ou moins fragiles et des jambes impatientes : Asafa Powell est le plus intrépide (9’’82 et vent nul), la Portugaise Naide Gomes trépigne (7,12 m) pour arriver favorite à Pékin, le Russe Yuriy Borzakowskiy s’épuise pour devancer le Bahreïni Saad Yusuf Kamel dans

le même temps (1’42’’79), Melaine Walker (EU) ne bronche pas sur les haies (53’’48) avant de l’emporter en Chine. Ce qui n’est pas le cas des dominateurs du 1500 m -Daniel Chipchirchir Komen en 3’31’’49- et du 3000 m -l’Ethiopienne Wude Ayalew (8’35’’50) et l’Espagnole Dolores Checa (8’37’’78)- qui n’iront jamais plus vite. Brigitte Foster-Hylton (Jamaïque) impressionne dans le 100  m haies (12’’49) devant l’Australienne Sally McLellan (12’’53) mais elles craqueront aux JO devant Dawn Harper (EU, 12’’54). Leslie Djhone court le 400 m en 44’’95 (3ème) avant une cinquième place olympique devant le vainqueur du soir (Martyn Rooney, 44’’72), et Mahiedine MekhissiBenabbad est un vainqueur discret du steeple (8’17’’22) avant son coup d’éclat en Chine avec une médaille d’argent.

Yelena Isinbayeva, un modèle au top E

n cet été olympique, il n’y a que Yelena Isinbayeva sur le sautoir. Elle y est souvent seule. Et ce soir, elle a un regard plus amusé qu’inquiet devant une barre à 4,41 m trop haute pour la plupart des concurrentes, tandis qu’elle fait un tour de piste dans une voiture de collection de SAS Rainier III, échangeant rires et blagues avec Asafa Powell. La Tsarine débute à 4,71  m. Monika Pyrek et Yiulia Golubchnikova rangent leurs pointes tandis qu’Isinbayeva s’offre un essai supplémentaire. “Ce fut pourtant un concours


interminable” dit-elle en pointant ses ratés : 4,71 m, 4,83 m et 4,93 m aux deuxièmes essais. “J’ai rarement fait autant de sauts en compétition. Neuf, c’est énorme.” Comme si le dernier ne suffisait pas à son bonheur. 5,04 m… Record du monde. Le deuxième d’Herculis, mais le 26ème -en salle et en plein air- pour celle qui habite tout près de la piste. Elevée à Volgograd dans la rigueur de la gymnastique puis de la GRS, princesse d’une ville qui eut cinq champions olympiques en 2004, l’année de son premier sacre à 22 ans, dont Tatiana Lebedeva et Yelena Slesarenko, elle n’aime pas badiner sur les sautoirs. Sauf, pour les saluts, spectacle achevé, mains et bras agités avec grâce, maquillée sans retenue, le cheveu de jais toujours lissé, regard bleu d’acier sous la peau brune, héritage de Gadji, son père, moustachu musulman venu du Daguestan.

“Ce soir, j’ai appris à gérer une situation nouvelle, je peux rater des sauts et battre le record du monde.” Comme deux semaines plus tôt à Rome (5,03 m). Comme dans trois semaines, à Pékin, pour un second sacre olympique (5,05 m). Devant tant de maîtrise et d’élégance pour cette athlètemannequin, courtisée par les plus grandes fortunes de la planète qui voudraient en faire leur égérie, Yelena Isinbayeva oppose souvent une moue boudeuse, quelques minauderies et des caprices vite pardonnés. Elle est la dernière star du circuit, changeant d’entraineur au lendemain de ses 5 m, mais le retrouvant huit ans plus tard en lui demandant pardon le jour du Noël orthodoxe, s’installant au gré de ses humeurs en Ukraine, en Italie, à Volgograd ou à Monaco. Tout ça vite balayé par une pirouette : “ma maison est un stade.”

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2008 LE TÉMOIN (Asafa Powell)

Le roi sans couronne

O

ubliées les blessures de février (genou) et de juin (pectoraux) et depuis les sélections jamaïcaines assurées par le duo Bolt-Powell (9’’85 et 9’’97), place aux Jeux ! Mais coup de tonnerre, la semaine dernière, à Stockholm quand Powell a battu Bolt (9’’88 et 9’’89). Il a cédé son record du monde (9’’74 en 2007) à Bolt (9’’72 en mai) mais il veut surtout rompre avec ses habituels échecs en grande compétition.

Sur le synthétique monégasque brûlant, Asafa Powell (26 ans) surgit pour faire monter la pression : 9’’82 ! Patton -9’’89 en juin- est à 16 centièmes, Carter, à 20 centièmes ! Sûr, c’est enfin l’heure. Powell peut battre Usain Bolt après ses défaites de 2004 à Athènes (5ème) où il était arrivé invaincu, et de 2007 à Osaka (3ème), accumulant alors les chronos : quatre en 9’’77 et sept en moins de 9’’90. “Je ne sais pas ce qui m’est arrivé ces deux années-là. Je ne suis peut-être qu’un coureur de meeting, je dois avoir un problème psychologique avec ces grands moments… Ce n’est pas la première fois que je rate un championnat, alors c’est plus facile à gérer…” Ce ne sera pas à Pékin où il se prendra encore les pieds dans le tartan (5ème), revenant en fin de saison pour améliorer son record (9’’72) et affoler les statistiques, devenant plus tard l’homme qui aura couru le plus de 100 m en moins de 10’’ - près d’une centaine -, sans un titre majeur malgré trois victoires en relais, un olympique (2008) et deux mondiaux (2009 et 2015), invaincu à Monaco et auteur d’un spectaculaire doublé en 2004 (9’’98 et 20’’06).


ENTRE LES COULOIRS

3

“J’arrive…” dit Asafa Powell après son meilleur temps de l’année alors (9’’82 avant ses 9’’72 de Lausanne et 9’’77 de Rieti, après les JO), à l’intention d’Usain Bolt et de Tyson Gay. Il devra pourtant se contenter d’une 5e place dans le 100 m de Pékin, comme à Sydney (2000) et se consolera avec le titre du 4 x 100 m.

4

Porte drapeau du Cap Vert pour les JO de Sydney où elle participe au 100 m haies, Naide Gomes décide de concourir pour le Portugal à partir de 2001 et en 2004 puis 2008, elle est championne du monde en salle de la longueur avant de remporter les épreuves du Grand Prix, à Stockholm (7,04 m) et à Monaco (7,12 m) où elle établit la meilleure performance mondiale de l’été. Mais à Pékin, elle se précipite lors des qualifications où elle est éliminée, avec deux essais à plus de sept mètres “mordus” et une troisième tentative, retenue, à 6,29 m.

5

Champion du monde junior à Bydgoszcz avec 17,33 m (vent, + 2,1 m/s), 20 centimètres au-delà du minimum olympique, Teddy Tamgho ne fera pas fléchir la commission de sélection française aux JO. Ses 17,19 m, contre un léger vent (- 0,4 m/s) sont réalisés trois jours après la date limite. >

6

Année olympique oblige, douze records du monde sont améliorés dans la saison : sept pour les hommes dont quatre avec Usain Bolt et cinq pour les femmes, dont Yelena Isinbayeva, Tirunesh Dibaba et Barbora Spotakova.

2008 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… l’entrée, il y a 80 ans, de l’athlétisme féminin, aux JO d’Amsterdam (Pays-Bas).

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… le 5 janvier, à Xiamen (Chine), la victoire, le lendemain de ses 18 ans, de Zhang Yiugying devant 30 000 marathoniennes de 38 pays avec un officieux record du monde junior (2 h 22’38’’). … le 11 janvier, à New York (Etats-Unis), la condamnation de Marion Jones à six mois de prison et 800 heures de travaux d’intérêt général pour mensonges dans l’enquête sur son dopage.

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Yel

… le 5 septembre, à Bruxelles (Belgique), le Jackpot d’un million de dollars (685 000 euros) pour la Kenyane Pamela Jelimo, championne olympique du 800 m, la seule à avoir remporté les six étapes de la Golden League.

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I N B AY E V A 108 I 109


2009 Mardi 28 juillet

Beau temps doux. 23° - 15 619 spectateurs

HERCULIS (Super Grand Prix) 86 686 points (n°2)

A

trois semaines des Mondiaux de Berlin (15-23 aout), les dernières mises au point sont parfois des leurres : troisième performer mondial de l’année, Mehdi Baala (3’30’’96) ne prolongera pas la formidable impression du jour, LJ Louis Van Zyl (Afrique du sud) avec une victoire en 47’’94 (400 m haies) ne sera pas en finale mondiale pour rivaliser avec Kerron Clement (EU), Javier Culson (Porto Rico), Bershawn Jackson, dans

cet ordre sur le podium allemand mais bien relâchés sur la piste de Louis-II (6ème, 4ème et 2ème). Le Soudanais Aboubaker Kaki (1’43’’50), le Russe Yuriy Borzakowskiy (1’43’’58), l’Américain Nick Symmonds (1’43’’83) et le Polonais Marcin Lewandowski (1’43’’84) réussissent l’un des plus beaux 800 m de l’été, mais aucun d’eux ne sera sur le podium mondial. Dayron Robles (13’’09, vent 0,9 m/s) n’entend pas l’opposition, à 25 centièmes et plus, mais il rejoindra Liu Xiang à l’infirmerie en se blessant en demi-finale mondiale. Renaud Lavillenie se contente du quotidien (5,88 m) et ce sont les dames qui ajustent le mieux leurs marques. Shelly-Ann Fraser domine le 100 m (10’’91), Blanca Vlasic se venge de sa seule défaite de l’été, en juin, contre Ariane Friedrich (2,03 m) avant son titre mondial et un saut à 2,08 m le 31 aout. Quant à Lashinda Demus (400 m haies) elle laisse Melaine Walker à cinq mètres (52’’63 contre 54’’20)… mais c’est l’Américaine qui gagnera en Allemagne.

La retenue de Mehdi Baala “I

l y a des jours où je me dis que je n’ai plus trop ma place dans ce type de peloton. La blessure m’a fait entrer dans un mode de préparation inédit et je ne sais vraiment pas où je vais…” La faute à une racine sur un chemin balisé dont il connait chaque mètre à Font-Romeu. Ce matin du 24 mai, Mehdi Baala ne voit pas l’obstacle. Entorse de la cheville et muscles du mollet gauche endommagés. Trois semaines de repos, préparation perturbée, programme bouleversé.


“Et tout d’un coup, je me retrouve devant tout le monde avec la troisième perf ’ mondiale de l’année (3’30’’96) à un peu plus de deux semaines des Mondiaux. C’est incroyable…” L’Alsacien hésite entre incrédulité et triomphalisme. “Je suis seulement satisfait. Je vis désormais dans l’adaptation et j’ai hésité à venir car ici, il y a tout le monde. Le 1500 m y est toujours l’un des meilleurs de l’année. En gagnant le championnat de France devant Bob (Tahri), je me suis un peu rassuré et tout d’un coup, je fais une des plus belles courses de ma carrière ! Sans doute parce que j’étais un peu plus décontracté que certaines fois, mais j’ai surtout suivi le plan élaboré , dans la foulée d’Iguider et Mekonen. Quand le Marocain a attaqué à la cloche, j’ai eu envie d’y aller…

Puis je me suis souvenu d’une course ici en 2001 où j’avais payé cher sur la fin. Je me suis retenu...” Baala attend donc les deux cents derniers mètres pour se dégager, accélérer, grimacer un peu et devancer Kamel (Barheïn), le futur champion du monde (4ème) en bouclant les 300 derniers mètres aussi vite que lors de son record de France (3’28’’98 en 2003). “Sur une course, je suis sans doute aussi fort qu’à ce moment-là, mais avec ma blessure du printemps, il va falloir que je sois capable d’enchaîner trois courses à Berlin et c’est l’inconnu.” Le médaillé de bronze olympique (Pékin) ne sortira pas, hélas du peloton (7ème), se contentant de cette belle soirée monégasque, “le seul meeting où on battra le record du monde du 1500 m…”

110 I 111


2009 LE COUP DE CŒUR (Shelly-Ann Fraser)

De toutes les couleurs !

“E

n 2007, nous l’avons emmené aux championnats du monde car elle ne comprenait rien à ce que je lui demandais à l’entraînement. J’ai pensé qu’avec les meilleures, elle finirait son apprentissage car il était tout aussi évident qu’elle avait du talent” explique sans ménagement Stephen Francis. La jeune Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser, sans rien changer à son départ d’une rare explosivité, va améliorer sa fréquence de course qui lui permettra, quelques années plus tard, couronnes de fleurs, roses, jaunes ou vertes dans ses tresses étincelantes, de faire jeu égal avec Usain Bolt, seuls à remporter deux titres olympiques (2008 et 2012) et trois mondiaux (2009, 2013 et 2015). Etonnant parcours pour cette gamine d’un mètre cinquantesix, que sa mère, ancienne athlète, éloigna de l’un des pires

quartiers de Kingston en la poussant sur une piste. Le séjour japonais fut donc bénéfique. Oubliées les courses de relais “boys and girls” de ses 12 ans, courues souvent pieds nus et même le bronze de ses 15 ans aux Carifta Games. De remplaçante du relais jamaïcain d’Osaka elle devint titulaire du 100 m, un an plus tard aux JO de Pékin. Et elle l‘emporta ! Et l’application, la sérénité et l’assurance qu’elle mit à répéter sa tactique de course ne laissent guère de doute sur ses victoires à Berlin (100 m et 4 x 100 m). Et aux minauderies, sourires crispées et piaillement de poupée qui accompagnent ses bonds et autres sauteries, elle répond qu’ “il n’est pas si facile d’exister dans le sprint de Jamaïque !”


ENTRE LES COULOIRS

3

La proximité des Mondiaux empêche toute course au-delà du 3000 m pour les hommes et du 1500 m pour les dames. Mais les deux vainqueurs du jour, Moses Kipsiro (7’30’’95) et Maryam Yusuf Jamal (3’58’’83), quatrième et cinquième performance de la saison continueront pourtant sur leur lancée en Allemagne : l’Ougandais sera 4ème d’un final au sprint dans le 5000 m et la Barheïnoise, championne du monde du 1500 m.

4

Bouabdellah Tahri se mêle au sprint du 3000 m (4ème en 7’33’’02), pas très loin du record de France de Mustapha Essaïd, établi sur cette piste en 1998 (7’30’’78). En améliorant de près de dix secondes son record personnel, il a parfaitement préparé sa médaille de bronze mondiale derrière un triplé kenyan.

5

Deux ans après son titre mondial et un record à 6,04 m en 2008, l’Américain Brad Walker (5,80 m) se blesse à son deuxième essai à 5,95 m mais il est néanmoins deuxième du concours entre Renaud Lavillenie (5,88 m) et Romain Mesnil (5,80 m).

6

Dominant Pamela Jelimo, la championne olympique de Pékin (800 m) lors du Classic Prefontaine d’Eugene en juin, mais quatrième des sélections américaines, la Californienne Maggie Vessey doit à sa victoire monégasque et sa première course en moins de deux minutes (1’57’’84), un repêchage pour les Mondiaux où elle sera éliminée en demi-finale. >

2009 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 16 août, à Berlin (Allemagne), un an jour pour jour après son précédent record (9’’69 à Pékin), le nouveau record du 100 m (9’’58, vent + 0,9 m/s) pour Usain Bolt.

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… le 28 août, à Zurich (Suisse), le 27ème record du monde pour Yelena Isinbayeva avec un saut à 5,06 m.

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… le 22 août, deux jours après un titre mondial et un record du monde du 200 m (19’’19, vent -0,3 m/s), Usain Bolt réussit un nouveau triplé avec le 4 x 100 m de la Jamaïque (37’’31).

B OL T

… le 31 août, à Zagreb (Croatie), Blanka Vlasic (2,08 m) à un centimètre du record du monde de Stefka Kostadinova (2,09 m en 1987).

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Jeudi 22 juillet Temps chaud. 27°

HERCULIS (Diamond League) 86 030 points (n°2)

L

’Américain David Oliver est inaccessible sur 110 m haies (13’’01, vent + 1 m/s) et son aisance est source d’inspiration pour Silas Kiplagat (Kenya) qui fête ses 22 ans avec le meilleur temps de l’année sur 1500 m (3’29’’27). Personne n’est allé aussi vite depuis quatre ans et ils sont nombreux à sauter dans le train : le Marocain Amine Laâlou (3’29’’53), le Kenyan Augustine Choge (3’30’’22), l’Américain Andrew Wheating qui passe de 3’37’’52 à 3’30’’90 et le junior Australien Ryan Gregson (3’31’’06). Pressé par Yohan Blake (19’’78) qui pulvérise son record (20’’60), Tyson Gay doit accélérer (19’’72) tandis que Carmelita Jeter domine nettement Veronica Campbell-Brown (10’’82 et 10’’98). Coude-à-coude entre les Américains Bershaw Jackson et Angelo Taylor (47’’79 et 47’’85 au 400 m haies), envols pour la Cubaine Yargelis Savigne (15,09 m au triple saut), pour Dwight Phillips (8,46 m en longueur) et Ivan Ukhov (2,34 m en hauteur).

Lolo Jones (EU) domine le 100 m haies (12’’63) et Nadeshda Ostapchuk (Biélorussie) reprend la suprématie au poids (20,23 m) devant Valérie Adams (20,20 m), toutes les deux, se partageant, à égalité, les 22 jets de l’année à plus de 20 m. Trois autres meilleures performances mondiales avec les révélations Alysia Johnson (EU, 1’57’’34 au 800 m), Jermaine Gonzales (Jamaïque, 44’’40 au 400 m) et Sentayehu Ejigu (Ethiopie, 8’28’’41 au 3000 m).

Intraitable David Oliver R

ien ni personne ne saurait lui résister. David Oliver est imbattable. “Je suis passé de huit à sept foulées pour attaquer le premier obstacle, mais cela n’explique pas tout…” Les chiffres sont plus éloquents. L’Américain (28 ans) remporte ses quinze compétitions de la saison ; il court à quinze reprises en moins de 13’’30 ; il est le seul à réussir moins de 13’’ cet été, ce qu’il fera cinq fois. Il accumule onze des quatorze meilleurs


temps légaux de l’année et pour son record (12’’89) à Paris-Saint-Denis, six jours avant Monaco, il bénéficie du plus faible souffle de vent (+ 0,3 m/s) de sa saison…

m’a alors conseillé les haies avec un minimum de repères : “dix obstacles, quatre foulées entre les haies et tu vas au bout !” J’ai gagné la course.»

“Dommage qu’il n’y ait pas un grand championnat cet été, je me contenterai donc d’une médaille mondiale en bronze cet hiver” regrette à mi-voix, le médaillé de bronze des JO de Pékin. “Je n’étais pas prêt car s’il faut être agressif, il est nécessaire d’être aussi très vigilant. Les haies hautes sont un exercice très périlleux.” Et sa mère (Brenda Chambers), pré-sélectionnée olympique en 1980 sur 400 m haies ne cessa de lui répéter quand il décida d’abandonner le football américain où sa stature était appréciée (1,88 m et 95 kilos), pour la longueur et le triple saut. “J’étais très mauvais, s’amuse-t-il. Un coach

“Le 110 m haies se construit par palier. Pour le rythme, pour le chrono et pour la notoriété… En 2005, je courais en 13’’29 et je ne gagnais pas 100 dollars.” Les temps ont changé et les succès accumulés ont gonflé le palmarès et le porte-monnaie du bolide de Denver dominateur comme personne ne l’a encore été sur la distance. «Mais je regrette de ne pas avoir battu mon record ici. Il y avait tout pour bien faire, le ciel, la piste et le vent (+ 1 m/s). Et je fais 13’’01 ! J’étais sûr de valoir le record du monde (12’’87). Deux centièmes à gagner… Mais le 110 m haies est une course d’obstacles parfois insaisissable.”

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LE TÉMOIN (Brice Etes)

“Un peu perdu...”

“J

’en avais tellement envie que j’y ai toujours cru… Mais la piste vous ramène à la réalité. Herculis, c’est une autre dimension. Avec ma meilleure performance (1’47’’03), je ne suis pas grand-chose. Et mon record national monégasque (1’47’’61) est une sacrée récompense. Je n’ai pas été ridicule et je méritais bien d’être dans la course A. En 2006, j’avais déjà été invité dans la soirée mais c’était en course B conclue déjà, avec un record (1’48’’69) en étant aidé par Marc de Marino. Cette fois, c’est le top mondial comme souvent dans le 800 m ! Avec Kaki et Lalang (deux fois champions du monde en salle) et Mulaudzi (2ème des JO de 2004), une seule tactique, “serrer les dents et foncer” ! Je sais que je vais passer au 400 m deux secondes plus vite que d’habitude mais je suis chez moi, c’est mon stade d’entraînement… Sur la piste, je suis quand même un peu perdu, ce ne sont pas les repères habituels. Le bruit, les lumières, le stade plein, c’est totalement différent. Oublié mon record de cinq victoires dans les “1000 m Herculis” ou mes succès dans les 800 m des “Jeux des Petits Etats” ! Mais je n’ai pas fini dernier malgré une bousculade et une chaussure déchirée. “C’est ce qui va me permettre de justifier ma sélection pour les Mondiaux de Daegu (2011) puis les JO de Londres en cherchant d’autres pistes, à l’entrainement, avec Philippe Collard à Saint-Etienne ou Wilson Kipketer, à Monaco” après tant d’années avec Jacques (Candusso) qui fut le premier, en 1995, à lui accrocher un dossard, à 11 ans. Pour un “1000 m Herculis”.


ENTRE LES COULOIRS

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Création de la Golden League Samsung avec 32 épreuves réparties pour moitié dans sept des quatorze grandes étapes du circuit (Doha, Shangaï, Oslo, Rome, New York, Eugene, Lausanne, Gateshead, Paris, Monaco, Stockholm, Londres, Zurich et Bruxelles). Hors les primes d’engagements négociés de gré à gré, huit millions de dollars constituent le montant cumulé des primes d’arrivée pour chacune des étapes. Chaque vainqueur du classement général de chaque discipline se voit attribuer 40 000 dollars… Et 50 000 dollars peuvent s’ajouter pour un record du monde. Sixième course de l’été en moins de 11’’ pour Carmelita Jeter (10’’82) qui devance Veronica Campbell (10’’98) et Kelly-Ann Baptiste (11’’03). Ce sera le podium des championnats du monde de…2011 à Daegu. Après avoir amélioré le très anecdotique record du monde du 200 m en ligne droite (19’’41), à Manchester le 16 mai, Tyson Gay domine celui d’Herculis (19’’72, vent + 0,1 m/s) et entre à la dernière place du Top 20 de tous les temps en rejoignant Walter Dix (EU) qui avait bénéficié, au début du mois, à Eugene d’un fort vent (+ 1,8 m /s) et Pietro Mennea qui avait pulvérisé le record du monde le 12 septembre 1979 à Mexico avec le même vent (+ 1,8 m/s) et en altitude (2247 m). Jermaine Gonzales (26 ans) améliore encore son record personnel (44’’40), six jours après l’avoir porté à 44’’63 à Saint-Denis. Il sera désigné athlète jamaïcain de l’année avec Veronica Campbell. Neuvième du 800 m, Brice Etès s’approprie le record national de Monaco puis il sera demi-finaliste des championnats d’Europe après la chute de plusieurs concurrents de sa série et il remportera le 800 m des Jeux des Petits Etats en 2011 où il s’était déjà imposé en 2005 et 2007. Troisième réfection -complète cette fois-, en juin et juillet de la piste monégasque après celles de 1995 et de 2001 (surfaçage).

2010 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 14 mars, à Doha (Qatar), le record du monde en salle de Teddy Tamgho (20 ans) au triple saut (17,90 m). … le 28 mars, à Bydgoszcz (Pologne), la victoire absolue du Kenya avec, pour la première fois, tous les titres individuels et par équipes -cross long et court, hommes, femmes et juniorsaux championnats du monde de cross-country.

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… le 22 mai, le cinquantième anniversaire, du dernier des onze records de France à la perche de Victor Sillon (de 4,09 m à 4,41 m), battu sur l’ancien stade Louis-II.

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… le 9 juillet, à Valence (France), un Français, Christophe Lemaître, premier sprinter blanc à courir le 100 m en moins de 10 secondes (9’’98).

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Vendredi 22 juillet 17 783 spectateurs

HERCULIS (Diamond League) 86 698 points (n°1)

L

e meeting de l’année ! Herculis, numéro 1 mondial pour la troisième fois, un mois avant le Mondial coréen de Daegu (27 aout - 4 septembre). Usain Bolt doit cavaler pour devancer son compatriote Nesta Carter (9’’88 et 9’’90, vent + 1m/s) et Michael Rodgers (9’’96), tandis que Brimin Kipruto, le champion olympique du steeple, bloqué jusqu’alors à 8’’, rate pour un malheureux centième (7’53’’ 64) le record du monde du steeple avec Bouabdellah Tahri aux avants postes (4ème en 8’05’’72). David Rudisha réussit son deuxième chrono de l’année avec grâce et sourires (1’42’’61) ; Silas Kiplagat domine un 1500 m turbulent (3’30’’47) et Mo Farah (GB) prépare déjà son doublé olympique londonien (5000 m-10000 m) - et son prochain titre mondial du 5000 m -, en l’emportant en 12’53’’11 devant Bernard Lagat (12’53’’60) et une meute africaine.

Enfin Usain Bolt !

Carmelita Jeter qui rêve d’un doublé mondial - elle gagnera le 100 m et terminera deuxième du 200 mplonge Allyson Felix dans le doute (22’’20 et 22’’32), d’autant qu’Amantel Montsho (Botswana) qui la devancera aussi à Daegu, s’impose sur 400 m (49’’71) et Renaud Lavillenie saute 5,90 m -5,75 m pour Möhr-, le meilleur saut mondial de l’été avant de fléchir en Corée (3ème). Deux centimètres séparent Rees Hoffa et Christian Cantwell au poids (21,25 m et 21,23 m), la Tchèque Barbora Spotakova approchant les 70 m au javelot (69,45 m).

A

u couloir 3, la piste est brûlante et les pieds de Bolt ne s’y attardent pas. Ils la martèlent avec frénésie car le peloton lui colle aux trousses. Le maillot blanc frappé d’un soleil a beau accélérer, l’écart est infime. Usain Bolt a le visage des mauvais jours. Il est crispé et s’il sait que Christophe Lemaître, dans le couloir voisin est en retrait (5ème en 10’’03) et il regarde vers le couloir 7 où son compatriote Nesta Carter se jette sur le fil (2ème en 9’’90). Victoire pour deux centièmes. Au-delà de ce piétinement, John Smith est impressionné par le Jamaïcain. “Il est la révolution du sprint, mais l’essentiel, c’est sa taille (1,96 m). Il court comme un garçon de 1,80 m. Il


a un système neuro-musculaire qui lui permet d’être en tête après vingt mètres et ensuite, l’équation est simple : l’amplitude métrique de sa foulée (2,70 m) multipliée par la fréquence (4,7 foulées par seconde), tout s’explique. On est à 45 à l’heure…” La vitesse d’Usain Bolt entre les 60 et 80 m de son record du monde du 100 m à Berlin (9’’58 le 16 aout 2009). Une vitesse qu’il conserve encore sur 200 m (19’’19 le 19 aout 2009) pour des moyennes équivalentes (37,578 et 37,519 km/h). Un cours de biomécanique pour un éclairage sur la progression du champion qui n’a pas encore 25 ans mais déjà dix ans d’expérience internationale. A 14 ans, il courait un 400 m en 48’’28 ; à 15 ans, il était champion du monde junior du 200 m ; à 18 ans, recordman du monde junior (19’’93). L’énigmatique

Glen Mills apparut alors, mettant de l’ordre dans cette formidable mécanique avec un titre olympique du 100 m en 2008 pour sa 13ème course sur la distance et des chevauchées époustouflantes qui ont fait sa gloire et sa fortune. “Ses records sont hors normes mais la machine l’est tout autant assure l’entraîneur, insistant sur ces pieds (taille 47) qui regroupent le quart des os du squelette humain et le propulsent dans une autre dimension avec une force, une souplesse et une mobilité inouïes lui permettant de s’alléger au moment de la reprise d’appui”. Le moteur était un peu grippé dans la nuit chaude de la Côte (9’’88 avec + 1m/s de vent) mais il se ressaisira pour écrire sa légende avec un nouveau triplé olympique en 2012 et mondial en 2015 et olympique, pour la troisième fois, en 2016.

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LE COUP DE CŒUR (David Rudisha)

Dans la peau !

L

e 800 m à Monaco, c’est d’abord Wilson Kipketer… “C’était avant qu’il arrive, convient le Danois, maître de Monaco… Avant moi, il y avait eu Coe et désormais, c’est lui.” Lui, c’est David Rudisha, Kenyan, pas encore 21 ans et déjà deux records du monde au compteur (1’41’’09 et 1’41’’01 en 2010). Trop jeune encore pour les couronnes mondiales et anneaux olympiques mais champion du monde junior à 16 ans et invaincu depuis aout 2009. Un début. “Le 800 m, c’est l’endurance d’un coureur de 5000 m et la vélocité d’un spécialiste de 400 m” affirme Sebastien Coe. “Cette course est magique” ajoute Alberto Juantorena qui en fut le champion olympique (1976)… pour préparer le 400 m. L’impossible équation, Rudisha va la résoudre avec une habileté étincelante.

Il réussit, pour l’heure, son deuxième temps de l’année, l’une de ses neuf courses en moins de 1’44’’ dans la saison, essoufflant ses lièvres (48’’ au 400 m), avant de maintenir le rythme quand les autres s’alourdissent, de garder la tête haute et le geste sûr en dévalant sur le tapis roulant. Pour le fils du médaillé de bronze du 4 x 400 m de Los Angeles, qui débuta sur 200 m, se risqua sur 400 m et osa même du décathlon, il n’y a pas de secret. “Le secret, c’est qu’il n’y en pas” s’amusent Coe et Kipketer. Il sait tout du 800 m, il est le 800 m.”


ENTRE LES COULOIRS

3

L’Américaine Brittney Reese (longueur) sera la seule des quatre sauteurs vainqueurs de la soirée à remporter le titre mondial à Daegu, mais Phillips Idowu (2ème du triple saut), Renaud Lavellinie (3ème de la perche), et Blanka Vlacic (2ème en hauteur) seront toutefois sur le podium coréen. >

4

Après un record d’Europe du 10000 m (26’46’’57 à Eugene) au printemps, le Britannique Mo Farah, athlète européen de l’année devant le sprinter Christophe Lemaitre et son compatriote David Greene, champion du monde du 400 m haies, cherche à améliorer ses fins de course. Et c’est au sprint qu’il domine Bernard Lagat (3’26’’34 au 1500 m en 2001) dans les derniers mètres du 5000 m…comme il le fera en Corée où les trois premiers seront classés dans la même seconde.

5

Pour une claque où se mélangent dépit, félicitation et moquerie, Mehdi Baala et Mahiedine Mekhissi-Benabbad entreprennent un vilain jeu de mains et de tête à l’arrivée du 1500 m, sur la piste devant spectateurs et caméras de télévision. Ils écoperont de dix mois de suspension (dont cinq avec sursis avec trois ans de mise à l’épreuve), de cinquante heures de travaux d’intérêt général et d’une amende de 1500 euros sans être toutefois, privés des prochains championnats du monde.

6

Le 25 juin, à Eugene (Etats-Unis), en gagnant le 400 m (50’’40) des championnats américains, Allyson Felix est la première athlète à remporter les titres du 100 m, du 200 m et du 400 m.

2011 c’est aussi...

“Usain (Bolt) sait s’imposer… Pour lui, peu importe le temps, il veut d’abord passer la ligne en premier, et le jour J, il est le meilleur” Asafa Powell

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 9 février, à Banska Bystrica (Slovaquie), le plus grand différentiel taille-performance pour une sauteuse, avec l’Italienne Antonietta Di Martino (1,69 m), pour un saut à 2,04 m.

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… le 7 août, à Kragujevac (Serbie), la longévité récompensée pour Dragutin Topic, qui, 21 ans après avoir battu le record du monde junior de la hauteur (2,37 m), améliore celui des plus de 40 ans (2,24 m).

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… le 24 août, à Daegu (Corée du sud), le quatrième mandat de quatre ans pour Lamine Diack, élu en 2001 président de l’IAAF, puis réélu en 2003 et 2007.

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B OL T

… le 2 septembre, à Daegu, le quatrième titre mondial de la longueur avec 8,45 m pour l’Américain Dwight Philipps, après ceux de Paris (2003), Helsinki (2005) et Berlin (2005).

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Vendredi 20 juillet

Beau temps, chaud et orageux. 17 497 spectateurs

HERCULIS (Diamond League) 86 432 points (n°3)

D

eux semaines avant les épreuves olympiques de Londres (27 juillet-12 aout), Aries Merritt ne laisse aucune chance à ses rivaux. Il est le meilleur hurdler de la planète (12’’93, vent nul), loin devant Jason Richardson (13’’07) qui sera son dauphin à Londres.

Le champion du monde du 1500 m, Asbel Kiprop (23 ans) ne fait pas mystère de son ambition dans un 1500 m à toute allure avec six des dix meilleurs temps de la saison. 3’28’’88 (5ème temps de l’histoire) pour le Kenyan devant son compatriote Nixon Chepcheba (3’29’’77), Nick Willis (Nouvelle-Zélande, 3’30’’35), Amine Laâlou (Maroc, 3’30’’54) et Taoufik Makhloufi (Algérie, 3’30’’80), l’inquiétant prochain champion olympique, et Bethwel Birgen (Kenya, 3’31’’). Les juniors kenyans profitent de la porte entrouverte : 1’43’’13 pour Abraham Kipchirchir Rotich et 1’43’’40 pour Leonard Konsecha au 800 m, 8’03’’49 pour Consesius Kipruto au 3000 m steeple devant Paul Koech (8’03’’90) et le stupéfiant Américain Evan Jager qui améliore de près de 11’’ son record (8’06’’81) ; Silke Spiegelburg (Allemagne) grimpe jusqu’aux anneaux olympiques (4,82 m) qu’elle ne fera qu’approcher (4ème) ; excellente répétition en outre, pour le 4 x 100 m français (38’’73) derrière des formations mixtes mais inquiétudes pour Yelena Isinbayeva - non classée -, Caster Semenya (9ème du 800 m) et LaShaw Merritt (blessé dans le 400 m).

Aries Merritt déchire le rideau L

es autres n’y ont vu que du bleu. Comme sa combinaison et ses chaussures rehaussées par un trait de jaune comme l’or promis à Londres. Aries Merritt file, loin devant tout le monde : 12’’93 pour son 110 m haies et 14 centièmes d’avance sur son copain Jason Richardson, champion du monde l’année précédente et sous les 13 secondes cet été. Merritt va plus vite que tout le monde. C’est sa troisième course de l’année en


12’’93 après les sélections américaines et le meeting de Londres. A six centièmes du record du monde de Dayron Robles.

Où Merritt, ainsi prénommé en hommage à une grandmère hellène, ne laissera aucun espoir à l’opposition : 13’’07, 13’’23, 12’’94 et 12’’92.

Pendant qu’il reprend un souffle à peine égaré, Colin Jackson -recordman du monde en 12’’91 il y a 19 ansdéballe son enthousiasme : “Le 110 m haies, c’est la régularité et c’est son cas. Quand on est aussi le meilleur partant et qu’on enchaîne aussi vite, rien ne peut vous arriver.”

Le meilleur temps de chacun des tours et pour conclure, un titre empoché devant Richardson à 12 centièmes. “Il saluait le public et nous étions derrière le rideau” dira l’un des suivants.

L’ Américain (1,88 m et 75 kilos) intervient avec retenue : “J’ai fait une faute énorme à mi-course et je n’arrive pas à croire que j’ai réussi un tel temps. Mais c’est néanmoins très encourageant pour la dernière course avant les Jeux…”

En septembre, il regrettera que l’été soit fini : “Je venais de battre le record du monde à Bruxelles (12’’80 le 7 septembre), c’était ma huitième course de l’année en moins de 13’’, et je me suis demandé pourquoi c’était déjà fini… Depuis Monaco avec une aussi grosse erreur, je sais que je suis loin de mes limites.”

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LE TÉMOIN (Alain Leclercq)

Le cartable beige

“I

l y a certains soirs où j’en viens presque à regretter ceux d’antan… Sitôt les courses terminées, raconte Alain Leclercq, en charge des finances du meeting et du paiement des athlètes, je me précipitais au Loews aujourd’hui le Fairmont -, je récupérais dans un coffre de l’hôtel, un cartable beige qui a beaucoup amusé mes amis. Puis je recevais dans le fameux salon “Naïades” pour le paiement des athlètes. Cela durait parfois jusqu’à l’aube avec les athlètes eux-mêmes, parfois les entraîneurs puis vint le temps des managers… “Après être allé voir Raymon Lorre à Jean-Bouin (Paris) et Jacky Delapierre à Lausanne, qui nous a beaucoup aidé, il y eut quelques moments épiques, des règlements loufoques avec des discussions et des négociations sans fin. Nous distribuions alors un million de dollars ! Joe Douglas, le manager de Carl Lewis et son avocat d’alors, David Greifinger, prenaient grand plaisir à recompter les 120000 dollars. Comme il s’agissait de liasses de billets souvent neufs, nous notions tous les numéros… Ce qui nous a permis parfois de rectifier des oublis ! “Cela a duré ainsi, une dizaine d’années et une fois, entre l’accord de l’athlète au printemps et la compétition de l’été, le dollar était passé de cinq à six francs ! Un million de francs perdu… Puis il y eut la réglementation avec une loi sur la circulation de l’argent et vint l’heure des chèques. Plus simple mais parfois rocambolesque avec cet athlète tout penaud qui vint nous dire un jour qu’il avait mis le sien (500 000 francs)…à la poubelle ! Maintenant, c’est le transfert bancaire, il n’y a que quelques voyages à rembourser, et je peux tranquillement assister au meeting et à la soirée de gala…”


ENTRE LES COULOIRS

3

Depuis huit ans, pas un coureur de 1500 m n’est allé aussi vite qu’Asbel Kiprop. Mais en devenant le cinquième de l’histoire derrière Hicham El Guerrouj (3’26’’), Bernard Lagat (3’26’’34), Noureddine Morceli (3’27’’37) et Noah Ngeny (3’28’’12), le Kenyan a ressenti une douleur à une cuisse qui ne fera que s’accentuer et le privera de tout rêve olympique, terminant la finale de Londres au pas (12ème en 3’43’’83).

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37’’61 ! Le 4 x 100 m le plus rapide de l’histoire hors championnat. Trell Kimmons, Justin Gatlin, Tyson Gay et Ryan Bailey, c’est l’équipe que Jon Drummond tint secrète jusqu’au dernier moment. Les quatre hommes iront encore plus vite le 11 aout à Londres (37’’04) en finale olympique, mais ils seront battus par les Jamaïcains Nesta Carter, Michael Frater, Yoan Blake et Usain Bolt (36’’84, record du monde)... avant que la médaille d’argent leur soit retirée pour le contrôle positif de Tyson Gay le 23 mai 2013.

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Bien qu’elle ait sauté à 40 reprises plus haut que les 4,83 m de l’Américaine Jennifer Suhr -meilleure performance mondiale de l’été-, Yelena Isinbayeva restera de longues secondes en larmes au pied du sautoir. Aucune barre franchie. “Je suis inquiète pour Londres”. Elle a raison, elle n’y terminera que troisième (4,70 m) devancée par Jennifer Suhr et la Cubaine Yarisley Silva (4,75 m). > Après huit succès consécutifs, LaShaw Merritt, champion olympique du 400 m à Pékin, est victime de crampes qui le forcent à l’abandon avant que des douleurs aux deux tendons d’Achille le pénalisent dès les séries olympiques à Londres. Un record avec 1203 coureurs classés dans les différentes courses des “1000 m Herculis”.

2012 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 6 août, à Londres (Angleterre), un nouveau titre, à 35 ans, pour le Dominicain Felix Sanchez, déjà champion olympique du 400 m haies en 2004. … le 9 août, l’exploit du Kenyan David Rudisha avec le record du monde du 800 m en finale olympique. … le 10 août, le Français Renaud Lavillenie réussit un triplé inédit au cours de la même année, avec un titre mondial en salle, un titre européen en plein air et un titre olympique.

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… le 11 août, un deuxième triplé olympique pour le Jamaïcain Usain Bolt, déjà vainqueur du 100 m et du 200 m et couronné avec le 4 x 100 m (record du monde en 36’’84).

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… le 24 novembre, à Barcelone (Espagne), la célébration du Centenaire de l’IAAF créée le 17 juillet 1912, à Stockholm (Suède).

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Vendredi 19 juillet

Beau temps chaud. 27° - 17 732 spectateurs

HERCULIS (Diamond League) 86 209 points (n°5)

A

trois semaines des Mondiaux de Moscou (10-18 aout), le 1500 m est le plus rapide depuis neuf ans, dominé par Asbel Kiprop (3’27’’72). La mise en route

d’Andrew Kiptoo (1’50’’40 au 800 m) permet à Mo Farah d’améliorer le record d’Europe (3’28’’81) avant son doublé mondial à Moscou (5000 m-10000 m), et d’entraîner Caled Ndiku (Kenya, 20 ans, 3’29’’50), Bethwel Birgen (Kenya, 3’30’’77), Ilham Tanui Ozbilen (Turquie, 3’31’’30), Collins Cheboi (Kenya, 3’31’’53) et Bouabdellah Tahri (34 ans, 3’32’’73). Le 5000 m est tout aussi impressionnant avec Edwin Soi (Kenya, 12’51’’34), Albert Rop (Barheïn, 12’51’’96), Isiah Koech (Kenya, 21 ans, 12’56’’08) et Thomas Longasiwa (Kenya, 21 ans, 12’58’’81). Renaud Lavillenie ne tremble pas en trois sauts (5,76 m, 5,86 m et 5,96 m à ses premiers essais), Jimmy Vicaut (9’’99, vent - 0,4 m/s) n’est pas loin de Justin Gatlin (9’’94) et de Dentarius Locke (EU, 9’’96), Murielle Ahouré (Côte d’Ivoire) et Amantle Montsho (Botswana) n’iront jamais aussi vite (22’’24 et 49’’33) et seront battus en Russie tandis que les Etats-Unis clôturent leur stage monégasque avec des 4 x 100 m (37’’58 et 41’’75) préfigurant leurs succès mondiaux alors que quatre centièmes seulement, séparent l’Américain Duane Solomon (1’43’’72) et Pierre-Ambroise Bosse (1’43’’76), l’un devant l’autre, encore à Moscou (6ème et 7ème).

L’audace de Renaud Lavillenie “I

l y a bien eu un petit vent de face mais cela m’a obligé à un peu plus de vigilance… Comme je reste sur une série convaincante, la confiance a pris le dessus. En deux semaines, je viens d’enchaîner 5,92 m à Saint-Denis, 5,95 m à Charléty et 5,96 m ici, malgré une blessure à la main aux championnats de France, il y a une semaine…” Renaud Lavillenie (25 ans), champion olympique l’année dernière, balaie toutes les craintes ou gênes en trois sauts : 5 ,70 m, 5,86 m et 5,96 m aux


premiers essais et il est tout près de s’approprier le record du stade à sa deuxième tentative à 6,02 m. “Ce stade me réussit. J’y ai toujours gagné (5,88 m en 2009, 5,90 m en 2011 et plus tard 5,92 m en 2015) car c’est à un moment de la saison où je suis à mon maximum, à une ou deux semaines du championnat. Aujourd’hui, j’ai insisté sur une stratégie qui peut paraitre audacieuse mais néanmoins très réfléchie. Je n’ai pas l’habitude de commencer à 5,70 m mais il est important de l’envisager… Cela oblige à décaler mon concours par rapport aux adversaires et à enchaîner ensuite les sauts s’il ne reste plus grand opposition”. Une démarche imaginée, élaborée et appliquée au fil des ans par ce Charentais qui se rêvait basketteur avec son gabarit de meneur de jeu (1,76 m et 72 kilos) mais qui

se jeta définitivement sur les sautoirs le jour de 2004, où, à Niort, il passa 4,50 m “pour devenir le recordman de la famille. Mon père était resté à 4,41 m et mon grandpère, plus loin encore… Et c’est sur le même sautoir, pas très loin de la maison, qu’en 2007, aux championnats de France (5,45 m), j’ai compris le geste et tout ce qui faisait le charme de l’exercice”. Un an plus tard, il réussit huit sauts entre 5,60 m et 5,65 m ; en 2009, il était le 17ème sauteur à 6 m ; en 2012, l’or olympique lui pendait au cou; en mars de cette année, à Goteborg une barre capricieuse sort des taquets après un saut réussi puis annulé à 6,07 m… Et le 15 février 2014, il grimpe au plafond de la salle de Donetsk en dépassant Sergey Bubka (6,16 m).

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LE TÉMOIN (Jimmy Vicaut)

Lucky Luke dans l’arêne

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e n’est pas ma première compétition internationale mais là, ça en jette… Waouh ! Je suis dans une autre dimension. Et puis j’ai laissé le cheval dehors, à côté de tous ceux qui sont alignés sous les capots du parking de l’hotel…” Drôle de raccourci pour Jimmy Vicaut que ses copains de foot du stade Pershing avaient surnommé Lucky Luke. A 10 ans, il décide qu’il allait courir sans ballon. Entre deux lignes blanches, entre pelouse et tribunes. Celles qui ceinturent ce soir l’arêne, surveillent ce maillot jaune éclatant dans lequel s’est glissé un authentique titi du XIe parisien, regardant sans broncher le couloir voisin et la musculature débordante de Justin Gatlin. Il y a là, tous les

bolides de l’été, les Américains qui vont aller à Moscou et les héritiers Jamaïcains de Bolt. “Pas question de faire comme l’autre jour à Lausanne quand je me suis pris la tête parce que je voulais trop bien et tout faire. Guy (Ontanon) m’a rappelé des éléments essentiels : plaisir et relâchement. Bon, mais quand on sort des “starts”, ce n’est pas un pas de danse !” Troisième. A cinq centièmes de Gatlin (9’’94), qui, cette année, a vu qui donc était ce jeune Français (21 ans), qui en est à sa troisième course sous les 10’’ en huit jours et avait été, à 19 ans, en 2011, le deuxième plus jeune sprinter à entrer dans une finale mondiale après un titre européen junior.


ENTRE LES COULOIRS

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Brigetta Barrett (23 ans) qui a remporté le saut en hauteur (2,01 m) à l’issue d’un concours sans faute (sept barres franchies à ses premiers essais) devant Anna Chicherova et Blanka Vlacic (1,98 m) offre un joli divertissement entre l’argent aux JO de Londres et au Mondial de Moscou, revenant sur le sautoir, en chanteuse et accompagnée des danseuses de l’animation, pour interpréter, superbement, “For once in my life” une chanson de Stevie Wonder, créé en 1968. Troisième du 100 m (9’’99) avec une troisième course en moins de 10’’ en une semaine, Jimmy Vicaut devance les Jamaïcains Kemar Bailey-Cole, Nickel Ashmede et l’Américain Michael Rodgers qui seront 4ème, 5ème et 6ème du 100 m à Moscou. Une finale que le Français ne disputera pas, éliminé pour un centième en demi-finale.

Le Tchèque Viteslav Vesely (30 ans) ne veut pas qu’une douleur à un adducteur le prive du Mondial. Il se contente de deux jets, au javelot et l’emporte avec 87,68 m. Et sa prudence sera récompensée avec le titre mondial.

Nouveau record personnel au 1500 m (7ème de la course en 3’32’’73) pour Bouaddellah Tahri (34 ans) qui devient le sixième performer français derrière Mehdi Baala (3’28’’68 en 2003), Fouad Chouki (3’30’’83), Driss Maazouzi (3’31’’45 en 2002 à Monaco), Nadir Bosch (3’32’’06) et Eric Dubus (3’32’’37 en 1995). Mo Farah n’en finit pas d’élargir son registre. Athlète européen en 2011 et 2012, le double champion olympique (5000 m et 10000 m), recordman d’Europe du 10000 m (26’46’’57 en 2011) et donc du 1500 m rejoint le Finlandais Paavo Nurmi (1924) et le Hongrois Sandor Iharos (1955) les seuls à avoir détenu ces deux records.

2013 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 15 avril, à Boston (Etats-Unis), deux bombes à l’arrivée du 117ème marathon, qui tuent trois personnes et en blessent 176 autres. … le 26 juillet, le 30ème anniversaire du plus vieux

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record du monde féminin, celui du 800 m (1’53’’28) par Jarmilla Kratochvilova à Munich.

et 4 x 100 m) et un troisième titre de la semaine pour sa compatriote Shelly-Ann Fraser-Pryce

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après Berlin (2009), pour Usain Bolt (100 m, 200 m

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… le 18 août, un deuxième triplé mondial,

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(100 m, 200 m, 4 x 100 m). … la première fois depuis 40 ans, qu’aucun record du monde n’est battu dans la saison.

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Vendredi 18 juillet

Beau temps. 26° - 16 587 spectateurs

HERCULIS (Diamond League) 95 486 points (n°1)

D

éfaites inattendues de David Rudisha (5ème du 800 m en 1’42’’98) et d’Asbel Kiprop (2ème du 1500 m en 3’28’’45) et impatience contenue en hauteur. Le record ne sera pas pour ce soir. Bohdan Bondarenko passe 2,25 m (2ème essai) puis 2,34 m et 2,40 m (1er essai) mais pas 2,43 m ; Mutaz Essa Barshim reste à 2,37 m ; Ivan Ukhov, Eryk Kynard, Dereck Drouin et Andriy Protsenko se contentent de 2,34 m. Depuis le 13 aout 1997, soirée de grande cavalerie à Zurich, il n’y a jamais eu autant d’excellence dans une soirée de meeting : sept meilleures performances mondiales, deux records de France, neuf autres records nationaux, trois records continentaux et un record du monde juniors ! Du jamais vu pour le meilleur meeting de la saison avec un total jamais enregistré depuis 2001 ! Les Américains Tori Bowie (23 ans) et Justin Gatlin (32 ans), brillent. L’ancienne joueuse de basket du Mississippi, également sauteuse en longueur (6,95 m), améliore son record de 11 centièmes (10’’’80, vent + 0,8 m/s) devant Veronica Campbell-Brown (10’’96), Murielle Ahouré et Blessing Okagbaré (10’’97). Myriam Soumaré suit (11’’03). Justin Gatlin bat son record du 200 m (19’’68, vent - 0,5 m/s) pour une saison euphorique (19 courses, 19 victoires). Autres performances mondiales du soir : Nigel Amos (Botswana) 1’42’’45 au 800  m, Gentzebe Dibaba (Ethiopie) 14’28’’88 au 5000  m, Caterin Ibarguen (Colombie) 15,31 m au triple saut (vent nul), Silas Kiplagat (Kenya) 3’27’’64 au 1500 m et Ajee Wilson (Etats-Unis) 1’57’’67 au 800 m.

Pascal Martinot-Lagarde avec deux ailes I

l va vite. Très vite… Dix haies de 1,06 m avalées, et les espaces entre les obstacles engloutis tout aussi prestement, Pascal Martinot-Lagarde plonge alors dans l’analyse : “Je sais depuis quelques temps que les treize secondes ne sont plus


Moins de 13 secondes (12”95) pour Pascal Martinot-Lagarde devant le Cubain Orlando Ortega (13”01) et le Russe Sergey Shubenkov (13”14) en maillot vert.

un objectif mais une étape. En 2013, après le meeting de Paris (13’’12) où j’avais pulvérisé ma marque précédente (13’’33), je rêvais d’y arriver mais je n’étais pas totalement convaincu.” “Quand je suis arrivé à Monaco, j’étais sûr du coup ! J’avais fait 13’’05 à Paris derrière le Jamaïcain Hansle Parchment (numéro 1 de l’année avec 12’’94), j’avais gagné à Eugene, Oslo et Lausanne, puis j’ai compris aux championnats de France (13’’10) qu’il fallait “beaucoup en mettre” sans dégrader la technique. “Ce soir, c’était géant, l’apothéose ! Tout le monde était là, et j’avais à côté de moi Aries Merritt, le champion olympique (2012), recordman du monde (12’’80), et de la piste monégasque (12’’93 en 2012) ! A l’échauffement, j’ai

senti quelque chose… Une sensation étrange et grisante. Mon corps me poussait. L’euphorie et en même temps, beaucoup de contrôle. J’avais des ailes…” “Pourtant je tape généreusement la neuvième haie et ensuite je me déconcentre en voulant regarder les centièmes défiler sur le chrono. En plus, je ne casse pas suffisamment ! Mais je gagne, il y a moins de 13’’, un record de France (12’’95), le 12ème temps mondial et le 2ème en Europe derrière Colin Jackson (12’’91 en 1993)”. Tout cela en une poignée de secondes. Ce qui lui vaudra un tweet d’Allen Johnson, la référence de la discipline : “Welcome to the sub 13 club !” De quoi faire pousser les ailes à ce show man, plein d’humeurs et de rires qui, ce soir, claque la porte des 13’’ au nez d’Ortega, Shubenkov, Oliver et Merritt.

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LE TÉMOIN (Bruno Gajer)

Bosse, grand joueur

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l a couru pour gagner dans ce combat d’homme à homme. Pierre-Ambroise a été à la hauteur, explique Bruno Gajer, l’entraîneur de Bosse (22 ans), deuxième d’un 800 m (1’42’’53 et nouveau record de France) avec les meilleurs mondiaux.

Il avait battu Nijel Amos (2ème des JO de Londres) en 2013, il a fait peur à Aman (champion du monde 2013) sur 1000 m à Ostrava en juin et dépassé David Rudisha à Eugene en mai. C’étaient autant de repères et il a montré qu’il croyait en lui.” Remarquablement placé dès le départ, le coureur du bassin d’Arcachon suit Rudisha quand il accélère aux 500 m et s’il parait gêné par le dépassement d’Amos à l’entrée du dernier virage, le furtif ralentissement n’est pas un handicap : “Il aurait pu attaquer Rudisha qui peinait à faire la différence mais il n’aurait pas été aussi fort dans les derniers cinquante mètres» dit encore l’entraîneur. “Je savais qu’il allait se passer quelque chose. J’ai voulu montrer que je suis aussi joueur qu’eux ! Je me sentais voler même si les ailes n’ont pas encore poussé ( !) et je suis surtout ravi de ma fin de course. J’ai eu de grandes sensations, c’est follement excitant” jubile-t-il pour ce coup d’éclat qui en fait le 11e mondial de tous les temps et le 4ème européen derrière Kipketer, Coe et Borzakovky ! “Cette soirée de demi-fond, quel régal, se réjouit Bruno Gajer ! Ils se sont tous fait plaisir et bien amusés. Dans le 800 m et le 1500 m, personne n’a attendu les cinquante derniers mètres. Deux courses monumentales relancées par des champions qui ne doutent pas. Jamais.”


ENTRE LES COULOIRS

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53ème victoire consécutive de Valérie Adams au poids (20,38 m et trois jets à plus de 20,30 m) ce qui lui vaudra d’être à la table princière pour le dîner de gala au Fairmont. Le Kenyan Ronald Kwemoi - pas encore 19 ans - est le premier junior à courir le 1500 m en moins de 3’30’’ avec un record du monde de la catégorie (3’28’’81 et troisième de la course).

“La première fois où on essaie de battre le record du monde, on se dit pourquoi pas… A la dixième, on se demande pourquoi ce serait aujourd’hui…”

Les six sauteurs qui ont franchi 2,40 m ou plus cette année sont sur la piste : Bohdan Bondarenko, Ivan Ukhov, Mutaz Essa Barshim, Derek Drouin, Andriy Protsenko et Aleksey Dmitrick. La veille du meeting, David Rudisha se dit incapable de menacer Asbel Kiprop sur 1500 m. “Dans ce cas, je te propose d’être mon lièvre !” suggéra le champion olympique de la distance en 2008. Mutaz Barshim est catégorique, “le prochain record du monde durera moins longtemps que le précédent” (2,45 m par Javier Sotomayor le 27 juillet 1993 à Salamanque).

2014 c’est aussi...

Bohdan Bondarenko, co-recordman d’Europe de la hauteur avec 2,42 m depuis le 4 juin à New York

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 15 février, à Donetsk (Ukraine), le saut de Renaud Lavillenie (6,16 m) pour succéder à Sergey Bubka (6,15 m le 21 février 1993 à Donetsk et 6,14 m le 31 juillet 1994 à Sestrière).

… le 4 juillet, le centenaire du premier record du monde, officiel, du 200 m par l’Anglais Willie Applegarth (21’’2) à Londres.

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… les 24 et 25 mai, trois records du monde à Nassau (Bahamas) pour la renaissance des grands relais mondiaux, initiés en 1975 à Bourges (France) : 1’18’’63 pour le 4 x 200 m de la Jamaïque (Ashmeade, Weir, Brown et Blake), 14’22’’22 et 16’33’’58 pour les 4 x 1500 m hommes et femmes du Kenya.

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… le 2 novembre, à New York (Etats-Unis), la victoire dans le marathon, du Kenyan Wilson Kipsang qui est le premier à remporter les trois plus prestigieuses courses dans l’année (Londres, Berlin et New York).

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Vendredi 17 juillet

Temps chaud. 28° - 17 897 spectateurs

HERCULIS (Diamond League) 95 949 points (n°1)

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es foulées de rêves et d’exploits de Genzebe Dibaba et d’Asbel Kiprop ont renvoyé aux rangs de seconds rôles d’authentiques performances mondiales à un mois des Mondiaux de Pékin (22-30 aout). Et pourtant… En 9’’78 (vent - 0,3 m/s), Justin Gatlin a couru son quatrième 100 m de l’année en 9’’7 loin devant Tyson Gay (9’’97) et Jimmy Vicaut (10’’03). Deux sauts (5,82 m et 5,92 m) ont suffi à Renaud Lavillenie pour tenir à distance Konstantinos Filippidis, Sam Kendricks et Pawel Wojciechowski (5,82 m), Brad Walker, Jian Kudlicka et Raphael Holzdeppe étant plus loin encore (5,72 m). Exploit encore, pour Joe Kovacs au poids (22,56 m). Deux centimètres séparent Christian Taylor et Pedro Pablo Pichardo (17,75 m et 17,73 m. Sensation avec le Bosniaque Amel Tuka (24 ans), médaillé de bronze des championnats d’Europe espoirs de 2013 qui profite du train de Bosse pour finir plus vite que tout le monde : 1’42’’51 et deux autres coureurs en moins de 1’43’’ (Nijel Amos, 1’42’’66 et Ayanleh Souleiman, 1’42’’97), sept en moins de 1’44’’ ! Meilleurs performances mondiales encore pour Caleb Ndiku (7’35’’13 au 3000 m), Francena McCorory (49’’83 au 400 m) et Habiba Ghribi (9’11’’28 au 3000 m steeple). Confirmations de Bershaw Jackson (48’’23 au 400 m haies), de Tero Pitkamaki (88,67 m au javelot), de Mariya Kuchina (2  m en hauteur) et des relais 4 x 100 m américains : 37’’87 pour les hommes (Bromell, Gatlin, Gay et Rodgers) et 41’’96 pour les femmes.

1500 m à la Une !

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es foulées de géant pour des 1500 m de légende. Un record du monde pour l’Ethiopienne Genzebe Dibaba (3’50‘’07) et le troisième temps de l’histoire pour le policier kenyan Asbel Kiprop. La course la plus rapide depuis sept ans (3’26’’69), à 69 centièmes du record d’El Guerrouj… Et bien sûr, une avalanche de records avec dix hommes en 3’30’’ dont quatre sous les 3’29’’. Taoufik Makhloufi (Algérie) et Abdelaati Iguider (Maroc), champion olympique et troisième à Londres sont à deux secondes (3’28’’75 et 3’28’’79), Mo Farah (3’28’’93), champion olympique des 5000 m et 10000 m, mais aussi recordman d’Europe du 1500 m, est le seul des douze premiers à ne pas améliorer son record, tandis que le Néo-Zélandais Nick Willis bat son record d’Océanie (3’29’’66). Un feu d’artifice.


Une heure plus tard, c’est l’apothéose avec la cadette de la famille Dibaba... Il y avait Ejegayehu, 2ème des JO d’Athènes (10000 m) ; puis, Tirunesh et ses trois titres olympiques (5000 m et 10000 m en 2008, 10000 m en 2012) ; maintenant, Genzebe. Sur 1500  m, pour prolonger les ors d’une famille incroyable puisque cousines de Derartu Tulu, la première africaine noire, championne olympique du 10000 m en 1992. Et tout ce beau monde vient de Bekoji, à 260 kilomètres à l’est d’Addis-Abeba, terre d’un autre héros éthiopien, Kenenisa Bekele. En 3’50’’07, la frêle et jolie Genzebe Dibaba (1,68 m) déchire une page sombre de l’athlétisme quand en 1993, l’armée chinoise de l’entraineur Ma Junren déferla sur les pistes sous l’emprise du sang de tortue ! Pas un record de demi-fond ne résista. Celui du 3000 m est toujours d’actualité.

“Je connais les temps mais pas l’histoire de ces records. Ce que je sais, c’est ce que je fais et j’aimerais profiter un peu de ce moment” souligne l’Ethiopienne. Double championne du monde en salle (1500 m en 2012 et 3000 m en 2014), recordwoman du monde des 1500 m et 3000 m en salle en une semaine de mars 2014 (3’55’’17) puis du 5000 m, toujours en salle (14’18 ‘’86 en février 2015), Genzebe Dibaba a envie de prendre l’air. Au gré de stages en Suède, au Kenya, à Barcelone ou en Irlande du nord et pour combler les secondes qui la séparent du record du 5000 m de Tirunesh, son aînée (14’11’’15 en 2008). Avec un clin d’œil à l’histoire. En battant le record du 1500 m à Monaco, l’Ethiopienne est allée plus vite que le légendaire Paavo Nurmi (1924) et elle n’est qu’à une seconde de Jules Ladoumègue.

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LE COUP DE CŒUR (Joe Kovacs)

Le Kid de Nazareth

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hampion des Etats-Unis en 2014 et 2015, Joe Kovacs (24 ans en juin) dit avoir trouvé la clé : “La régularité est essentielle. C’est là qu’est le succès…” Et de citer Tomasz Majewski, le Polonais, champion olympique à Londres. “Vingt-trois compétitions à 20,80 m dans l’année.” Le gaillard (1,85 m et 121 kilos) de Pennsylvanie, né à Bethlehem et vivant à Nazareth, ne cache pas sa joie avec son nouveau record (22,56 m) qui en fait le septième de l’histoire : “à l’échauffement, j’ai remarqué que quelques gars m’ont regardé avec étonnement et inquiétude, souritil. J’ai commencé avec 21,53 m. Puis 22,56 m ! Là, je n’ai pas bougé… Je voulais faire mieux mais je termine quand même à 21,91 m.”

En trois saisons, l’Américain s’est installé à l’avant du cercle. “Quand j’ai fait 2ème à Paris en 2012 (20,44 m), j’ai pensé que je pourrais faire quelque chose. Jusqu’alors, j’étais un lanceur-étudiant qui avait la chance d’être conseillé par une mère ancienne lanceuse. Là, je devenais un professionnel. “Amplitude, vitesse et équilibre sont différents dans chaque lancer mais au final, il y a le lâcher. Mon geste en rotation est une synthèse...” Kovacs, c’est la nouvelle génération, avec David Storl (Allemagne) et Tom Walsh (Nouvelle-Zélande), lancée à la poursuite des sulfureux 23,12 m de Randy Barnes (1990). A Monaco, Joseph Mathias Kovacs a lancé plus loin que tout le monde depuis 2003 et Christian Cantwell (21,24 m) et Reese Hoffa (21,08 m) ont applaudi.


ENTRE LES COULOIRS

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48 heures avant le meeting, Valentin Lavillenie a ajouté une séance de sauts à Louis-II, la veille de ses 24 ans. Mais en brisant une perche lors d’une impulsion, il s’est fracturé deux métatarses de la main gauche. Saison terminée. Le même accident était arrivé à son frère, Renaud, en décembre 2011 et sept mois plus tard, il était champion olympique. Sur le terrain d’échauffement avec ses coéquipiers du 4 x 100 m, Emmanuel Biron (27 ans, 10’’22 en 2013) fut invité à se présenter au départ du 100 m, le Quatari Femi Ogunode (9’’91) étant forfait. Septième (10’’17), Biron améliore son record de cinq centièmes. “Je suis inquiet, je ne passe plus 6 m, c’est dramatique” ironisa Renaud Lavillenie après deux échecs en Diamond League (Paris et Lausanne) et un concours monégasque exceptionnel où il échoua de peu à 6,02 m. Un drone au-dessus du stade… C’était pour les besoins de la télévision. Une initiative qui valut aux organisateurs quelques remarques des services de sécurité, le survol du public par ces engins étant strictement réglementé. Avec 95 949 points, Herculis établit un nouveau record de points en Ligue de diamant. Tyson Gay n’était pas prévu dans le 100 m. En stage à Monaco avec le relais américain, il sollicita les organisateurs qui s’empressèrent de lui trouver un couloir.

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Le nombre de fois où Monaco a terminé premier du classement  des meetings à égalité avec Bruxelles, à bonne distance de Zurich (13 fois numéro 1).

2015 c’est aussi...

«Jimmy (Vicaut) est un adversaire redoutable. Il vient d’égaler le record d’Europe (9’’86). Il s’entraine dur, si dur, que parfois il se blesse…” Justin Gatlin, la veille de la compétition, en soulignant les blessures du sprinter français.

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 10 mai, l’annonce par Haile Gebrselassie (42 ans), deux fois champion olympique du 10000 m (1996 et 2000), quatre fois champion du monde de 1993 à 1999, l’homme aux 27 records du monde - du 2 miles au marathon -, de la fin de sa carrière.

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… le 11 avril, à Monaco, l’inauguration des nouveaux bureaux de l’IAAF quai Antoine Ier par SAS le prince Albert II et Lamine Diack en présence de Thomas Bach, le Président du CIO.

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… le 19 août, l’élection à Pékin (Chine) de Lord Sebastien Coe (58 ans), sixième président de l’IAAF, avec 115 voix contre 92 à Sergey Bubka qui devient premier vice-président.

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… le 29 août, le seul record du monde des Mondiaux de Pékin, celui d’Ashton Eaton au décathlon (9045 points).

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Vendredi 15 juillet

Beau temps chaud. 23° - 13 932 spectateurs

HERCULIS (Diamond League) 93 377 points (n°6)

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rois semaines avant les Jeux Olympiques de Rio (5-21 aout), et surtout cinq jours après la fin des championnats d’Europe et les sélections américaines et jamaïcaines, il a parfois été difficile de trouver des athlètes pour occuper chacun des couloirs.

A La Sud-Africaine Caster Semenya, la meilleure performance et un nouveau record d’Afrique (1’55’’33). Après l’argent mondial et olympique (2011 et 2012) et avant l’or de Rio, elle est sans rivale, se détachant après la mi-course (57’’), jouant le lièvre pour Francine Nionsaba (1’56’’24), Margaret Wambui (1’56’’64) et six autres athlètes en moins de deux minutes. Demifond à plusieurs vitesses avec une photo sur 800 m pour départager Kipketer (1’44’’47), Ksczot (1’44”48) et Lewandowski (1’44’’59) ; l’effondrement de Kiprop dans le 1500 m (6e en 3’32’’03), loin de Kwemo (3’30’’49), Manangoi (3’31’’19) , Makhloufi (3’31’’35), Iguider (3’31’’54) et même Farah (3’31’’74) ; seul Conseslus Kipruto était insaisissable (8’08’’11 au 3000 m steeple) devant Paul Koech (8’08’’32) . L’Afrique du sud encore et l’accélération soudaine du champion du monde du 400 m et prochain champion olympique, Wayde van Niekerk (44’’12) quand Machel Cedenio (44’’34) et Bralon Taplin (44’’38) croyaient en leurs chances. Dix centimètres d’avance pour Katerina Stefanidi à la perche (4,81 m), près de vingt centièmes pour Dafne Schippers (10’’94, vent – 0,5 m/s, devant Veronica Campbell-Brown, (11’’12) tandis que Christophe Lemaître (20’’24) bat le récent champion d’Europe du 200 m, Churandy Martina (20’’29) mais céde devant le Panaméen Alonso Edward (20’’10). Une semaine après son titre européen du 110 m haies, Dimitri Bascou confirme ses ambitions olympiques (13’’12) seulement devancé par le néo-Espagnol Orlando Ortega (13’’04) et devant Pascal Martinot-Lagarde (13’’17) tandis que le Jamaïcain Omar Mc Leod, futur champion olympique, chute après avoir heurté plusieurs haies.

Tamberi tombe de haut “Deux mètres quarante, ce sera la médaille d’or aux Jeux et je veux les franchir avant de partir pour Rio. Avec ma forme actuelle, ce peut être demain…” Lors d’une conférence de presse joyeuse et débridée la vielle du meeting, le bouillant Italien Gianmarco Tamberi ne cachait pas ses ambitions sous le regard amusé de Mutaz Essa Barshim qui avait franchi cette hauteur en juin, après avoir été le plus près du record de Javier Sotomayor (2,45 m en 1993) avec ses 2,43 m de 2014 : “Tu verras, c’est haut, très haut…” “Je n’ai pas le vertige” rétorqua le Transalpin. Le spectacle, sur la piste, fut à la hauteur des intentions. Tandis que Mutaz


Barshim, Robbie Grabarz et Donald Thomas (2,31 m) et plus encore Derek Drouin (2,27 m) écourtèrent leur participation, il n’y eut que le Syrien Majed Aldin Ghazal (3e avec 2,34 m) et l’Ukrainien Bohdan Bondarenko (2e avec 2,37 m) pour accompagner le show du malheureux Tamberi. Arrivé sur le sautoir en bondissant, chignon ficelé sur le haut du crâne, barbe et moustache sur une moitié du visage, il passe ses premières barres avec un short de basketteur. “Un clin d’œil à ce sport que j’adore. Et j’ai même franchi 2,29 m ainsi. Cela m’oblige à être plus vigilant techniquement. Le saut a beaucoup évolué… Avant, on misait sur la force pour l’impulsion et on s’oriente désormais sur une plus grande vitesse d’approche” expliquait-il, la veille sous l’œil du paternel, recordman d’Italie dans les années 80 (2,27 m). Hauteur que le fils réussit à 19 ans.

Cinquième des championnats d’Europe d’Helsinki (2011) pour sa première sélection, il trépigna ensuite (2,30 m en salle le 6 février 2013), avant de s’installer sur les nuages le 1er juillet 2015 (2,34 m à Cologne) et de grimper, un mois plus tard, à 2,37 m. Cet hiver, il franchit 2,38 m, fut champion du monde et tenta 2,40 m ou 2,41 m à quinze reprises pour rejoindre le très fermé “G 16” des hommes à plus de 2,40 m. Ce qu’il essaya encore, comme il l’avait dit, à Monaco, après onze sauts et un record d’Italie à 2,39 m. Mais à son deuxième essai à 2,41 m, concours gagné, il alla encore plus vite que d’habitude, et escamota son envol en réalisant qu’il était trop près du sautoir. Tentant un freinage désespéré, la cheville, tordue, lâcha. En larmes au pied du tapis contre lequel il resta de longues minutes, Tamberi quitta le stade sur une civière et sous les ovations, vainqueur abattu, articulation distendue et rêves olympiques brisés.

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LE TÉMOIN (Didier Boinon)

La piste aux étoiles Il est arrivé à Monaco en 1984, dans les pas de Jacques Candusso, un sac et une paire de chaussures à pointes pour vivre une aventure de coureur en Principauté. Trente ans plus tard, il est l’homme de terrain de Louis-II. “Pour le meeting, il faut, certes, des athlètes, mais aussi des installations irreprochables et Didier (Boinon) en est le metteur en scène” assure Frédéric Choquard, le directeur adjoint d’Herculis. Champion de France junior du steeple en 1983 avant un record à 8’37’’26 -à Pau en 1990-, il commença même par être un lièvre patenté d’Herculis en 1987 et 1988, permettant à Bruno Le Stum de se qualifier pour Séoul. Puis, il est monté sur la pelouse. Celles de la Principauté dont il s’occupa comme jardinier, puis celle de Louis-II,

en devenant entraîneur puis en intégrant la Fédération monégasque à l’occasion des 700 ans de Monaco, participant encore avec Philippe Fargère à la création du marathon de Monaco puis de devenir le directeur de Monaco Run. C’est à lui que revient la mission de veiller sur tout le matériel installé. “Entre 48 et 72 heures de manœuvres et de manipulations pour équiper tous les secteurs d’activités du stade, haies, startings blocks mais aussi tapis de sauts, cages des lancers longs et lourdes barrières de steeple, énonce l’ancien coureur. Mais le plus délicat concerne la chronométrie, l’informatique et ces fameux panneaux led pour l’affichage de la publicité. Ce sont trois semiremorques qui suivent la Ligue de Diamant et qu’il faut loger après un accès très particulier au terrain.” Une logistique qui ne va pas sans frayeur ou surprise : “Lors de la dernière réfection de la piste, il y eut un problème dans le dosage des ingrédients du synthétique et en certains endroits, la piste n’était plus souple ou élastique, mais collante ! Cette année, c’est un poteau de la cage du disque qu’il a fallu changer car la nuit précédente, il avait été tordu par une tente qui l’avait percuté à cause du vent. Et au moment de l’échauffement des sauteurs de la hauteur, on s’est aperçu qu’un taquet sur lequel repose la barre était cassé. Nous, n’avons eu que trente minutes pour bricoler une réparation, qui plus est, réglementaire…”


ENTRE LES COULOIRS

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SAS le Prince Albert II a décidé qu’en hommage aux victimes de l’attentat de Nice la nuit précédente, un ruban blanc ou noir, serait accroché aux dossards des athlètes, un noir autour d’un bras des juges et que musique, animation, feu d’artifice et dîner de gala après le meeting seraient annulés, tandis qu’était déjà évoqué le report d’Herculis 2017 du 14 au 21 juillet.

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Entraineur du club de Marcigny (Saône-et-Loire), Robert Marchand avait offert à une dizaine de jeunes du club, une participation aux “1000 m Herculis”, mais ce voyage de fête, s’est achevé tragiquement sur la Promenade des Anglais où l’éducateur a été fauché par le camion fou.

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Retour au premier plan de la double championne olympique du poids, Valérie Adams qui a dominé l’ensemble de ses rivales -sauf la Chinoise Ljiuao Gong absente- avec 20,05 m, une distance qu’elle n’avait pas atteinte depuis deux ans et trois opérations à un coude, une épaule et un genou.

Le décathlonien montpelliérain Kevin Mayer est venu compléter le concours de la longueur (7,51 m à 14 cm de son record) en s’échauffant avec un maillot de l’équipe de France de football “en hommage aux victimes de Nice”. Battue par Olga Rypakova le 5 juin après 34 victoires consécutives depuis aout 2012, la Colombienne Caterine Ibargüen, championne du monde du triple saut (2013 et 2015) et bientôt championne olympique, a pris sa revanche sur l’athlète du Kazakhstan (13,97 m, 6e), s’imposant une troisième fois à Monaco, au 6e essai (14,96 m, vent – 0,2 m/s).

2016 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

… le 2 mars, la décision de remplacer le meeting de New York par celui de Rabat et l’Afrique est ainsi le quatrième continent représenté dans la Diamond League. … le 11 mars, le décès de la Roumaine Iolanda Balas (79 ans), championne olympique de la hauteur (1960 et 1964), invaincue de 1957 à 1967, victorieuse de 140 concours et auteur de 14 records du monde jusqu’à 1,91 m (16 juillet 1961).

… le 17 juin, à Vienne (Autriche), la décision de l’IAAF de suspendre la participation des athlètes russes aux Jeux Olympiques de Rio.

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… le 12 mars, à Bloemfontein (Afrique du sud), un 100 m en 9”98 pour Wayne van Niekerk (23 ans) qui devient le premier homme à moins de 10” au 100 m, de 20” au 200 m (19”94 en 2015) et de 44” au 400 m (43”98 en 2015).

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… le 15 aout à Rio (Brésil), le troisième record du monde en trois jours aux Jeux Olympiques avec la Polonaise Anita Wlodarczyk (82,29 m au marteau), après l’Ethiopienne Almaz Ayana (29’17”45 au 10000 m) et le Sud-africain Wayde van Niekerk (43’’03 au 400 m).

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Vendredi 21 juillet

Temps chaud et lourd. 27° - 18 007 spectateurs

HERCULIS EBS (Diamond League) 93 360 points (n°5)

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ne vraie valse à deux tours, celle des records à l’issue du 800 m féminin. Il y a bien sûr le record d’Afrique du sud de Caster Semenya (1’55’’27, meilleur temps de l’année) qui n’avait qu’une tactique, “éviter que Niyonsaba prenne la tête de la course”, en suivant un lièvre idéal,“ce qui n’est pas évident mais ce fut parfait avec un passage en 56’’ à la micourse”. Ensuite, il fallait tenir, car la Burundaise (Francine Niyonsaba) resta jusqu’au bout sur ses talons (1’55’’47), entraînant l’Américaine Ajee Wilson vers un nouveau record des Amériques (1’55’’61) devant la Néerlandaise Sifan Hassan (1’56’’81) et la Canadienne Melissa Bishop (1’57’’01). Sept records personnels ! Gerbes de fleurs et de records comme dans le 3000 m féminin avec la Kenyane Hellen Obiri (8’23’’14) et ses neuf suivantes sous les 8’38’’ . Formidable tour de piste avec deux des quatre meilleures performances de l’année, Wayde Van Neekerk (43”73) devançant avec peine les Botswanais Isaac Makawala (43”84) et Baboloki Thebe (44”26). Outre les adieux victorieux d’Usain Bolt (9”95, vent + 0,7 m/s) avec trois centièmes d’avance sur l’Américain Isiah Young, il y eut encore les trois centimètres séparant, au triple saut ; la Colombienne Caterine Ibarguen et la Vénézuelienne Yulimar Rojas (14,86 m et 14,83 m) ; le coup d’éclat de l’Américain Evan Jager faussant compagnie à l’habituel et intraitable peloton de Kenyans sur 3000 m steeple (8’01”29, meilleure performance mondiale de l’année) terminant avec plus de six secondes d’avance ; les sauts de l’inégalable Mariya Lasitskene (2,05 m), la cavalcade d’Emmanuel Korir (1’43”10 au 800 m) et comme souvent à Monaco, un 1500 m d’exception avec les deux meilleures performances mondiales de la saison pour ceux qui seront les deux premiers de la course aux Mondiaux de Londres (4-13 aout), Elijah Manangoi (3’28”80) et Timothy Cheruiyot (3’29”10) .

Un Hercule en or Il faut faire durer le plaisir… Celui de voir, apercevoir, croiser ou, exceptionnelle opportunité, bavarder -jamais très longtemps- avec Lui. Le phénomène ne montre le bout de ses pointes que cinq à six fois l’an et en vingt ans de sprints, entre les Caraïbes, le Japon ou l’Australie, il n’y eut qu’une trentaine de chevauchées en Europe. Quatre à Paris, une à Monaco, en 2011. Jusqu’à ce soir. D’où la bousculade et l’attente. D’autant qu’à deux semaines de ses derniers championnats (1), le secret est éventé. Usain Bolt va disputer à Monaco son dernier meeting. Dans un 100 m sur mesure, mais l’engouement est à la démesure du personnage. Ses proches assurent la permanence dans l’hôtel ou alentour pour tromper l’impatience. En première ligne, son agent, l’Irlandais Ricky Simms qui vit une partie de l’année à Monaco. “ “Il” n’a rien changé à ses habitudes. La routine. Il passe ses dernières 24 heures dans sa chambre -en l’occurrence une suite-, se fait monter à manger, plaisante, joue sur un ordinateur ou aux dominos et danse. Puis, se


Pour sa dernière course hors championnat, Usain Bolt s’est précipité au milieu des danseuses monégasques pour quelques pas bien rythmés avant un Mondial à Londres où il dut se contenter du bronze sur 100 m derrière Gatlin et Coleman.

concentre. Banal…” Ce qui l’est moins, c’est la présence de Glen Mills, son entraîneur depuis 2005 : “On me voit peu, c’est vrai, mais je suis toujours avec lui pour les deux dernières semaines avant un championnat ou les Jeux…” Nugent Walker surgit alors. Bolt et lui, se sont connus à six ans, allaient à l’école ensemble et il est aussi l’assistant, homme de confiance et à tout faire du champion, vit avec lui dans un quartier chic de Kingston avec un cuisinier : “Il court dans quelques heures, là, il dort…” Au tour du patron de Nike qui l’a fait entrer dans le top 30 des sportifs les mieux payés, mais l’entretien tourne court. Aucune confirmation des chiffres. Mais pas de démenti. Quinze millions de dollars pour l’équipementier, autant pour une douzaine d’autres partenaires au Japon, en Afrique du Sud ou aux Caraïbes. Dix fois plus que ses gains sur la piste. Pour cette “dernière mondiale”, ce baisser de rideau exceptionnel, le cachet (près de 300 000 dollars), trois fois plus élevé que celui de Carl Lewis, a été pris en charge par un site de poker en ligne. C’est le prix d’un champion de cette envergure qui ravit le stade avec une course au couloir 4 (9”95, vent + 0,7 m/s) devant Isiah Young (EU) 9”98 au 2 et Akani

Simbine (Afsud) au 5, (10”02) dans un 100 m avec quatre coureurs à moins de 10” cette année. “J’avais commencé la saison à Kingston le 10 juin (10 ‘’ 03) et tout se met en place pour Londres”. Il a parlé ! Mais à l’issue de sa 50e course en moins de 10’’, il ne pouvait y avoir, comme souvent, plus banal. Comme si les trois centièmes d’avance sur les autres pouvaient le rassurer. Autographes, hommages sur un écran géant, micros, bousculades, podium, danse bien sûr avec les pom-pom girls, et Hercule d’or remis par le prince Albert II. Un des rares moments où Usain Bolt admit qu’il pouvait être un phénomène. Confirmation dans la nuit : “Je n’aime guère ce mot, j’ai surtout cherché toute ma vie d’athlète à rester moi, simple, drôle et heureux. Au début de ma carrière, un type a craché dans mon couloir avant un départ ! Ce n’est pas çà l’athlétisme. Pas plus que les provocations verbales ou les cris de fauves. Je suis pour le sport et la joie.” Avant une course, à l’arrivée souvent victorieuse. Avec les cameramen et les photographes. Et le public qui lui rend bien. Allez, musique… Onze titres mondiaux depuis 2009, sur 100 m (3), 200 m (4) et 4 x 100 m (4) et troisième à Londres (100 m) en 2017.

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LE COUP DE CŒUR (Vénuste Nyongabo)

“Le plus grand, c’est Haile...”

L

e phrasé est aussi velouté que la foulée. Sobre, délicat, charmeur et efficace, il est aussi un témoin de la piste et des vestiaires de ces trente dernières années. “Je ne pensais vraiment pas faire carrière dans le sport et puis le destin s’en est mêlé” aime-t-il raconter. Deux mois d’hôpital en pleine adolescence pour des rhumatismes et le fils d’un infirmier vétérinaire et d’une enseignante se voit imposer un peu plus de sport que le football, partagé avec les gosses d’un village du sud du Burundi. “Je me suis mis à la course, c’était le plus facile”. Victoires et trophées en font vite un solide espoir qui n’hésite pas, à 19 ans, à suivre l’envoûtant Enrico Dionisi qui ne se prive pas de clamer que, depuis 1984, il a toujours eu une médaille olympique dans son écurie. En 1996, Vénuste Niyongabo est champion olympique du 5000 m à Atlanta. “C’est allé vite, trop vite, dit-il aujourd’hui, installé à Bologne avec femme et enfant, et surtout responsable pour Nike de l’Italie. Champion olympique à 22 ans, j’ai perdu pied... J’ai changé d’entraîneur, modifié mon comportement et plouf…” Le temps d’aller à ses limites sur 1500 m (3’29’’18 en 1997), performance du Top 15 actuel, sur 3000 m (7’34’’03 en 96), sur 5000 m (13’03’’29 avec une victoire à Saint-Denis en 1996) et d’observer, étudier et analyser ce monde de l’athlétisme en pleine ébullition. “J’ai vécu avec Lewis, Bubka, Morceli, El Guerrouj et Gebrselassie, j’ai été témoin et acteur de la révolution de ce sport, c’est magnifique. Et je me suis souvent trouvé sur le champ de bataille qu’est le 3000 m avec les spécialistes du 1500 m et du 5000 m.” “J’ai participé à des courses fantastiques. L’une d’elles, ce fut à Monaco ! Le 9 septembre 1995.” Un 3000 m terminé au coude-à-coude avec Haile Gebrselassie… 7’35’’90 pour Niyongabo et 7’35’’91 pour l’Ethiopien. “C’est l’une de mes belles victoires car Haile est le plus grand coureur qui ait existé. Malgré Hicham (El Guerrouj) qui n’avait comme tactique que le chronomètre et suivait qui pouvait.

Malgré Nourredine (Morceli), très grand tacticien, secret et méticuleux, stratège impitoyable et triomphant.” “Aujourd’hui, je crois beaucoup en Asbel (Kiprop) qui a besoin d’une référence chronométrique pour qu’il soit convaincu de sa supériorité. Dommage qu’il ait raté le record du monde du 1500 m en 2015, à Monaco… Je l’avais un peu “titillé”, il y a deux ans en lui disant qu’il était champion olympique (2008), trois fois champion du monde…mais que j’avais, depuis 20 ans, un meilleur record que le sien ! Ces garçons, sont toutefois en retrait de Haile (Gebrselassie). C’est le plus grand avec 24 records du monde du 2 miles, du 5000 m, du 10000 m et du marathon, ses titres olympiques et mondiaux et sa réussite professionnelle. Il a toujours dit ce qu’il voulait et il a fait ce qu’il voulait…”


ENTRE LES COULOIRS

3 4

Coup de frein pour Lavillenie après quelques semaines de haute voltige (5,87 m à Lausanne le 5 juillet). Il doit se contenter de 5,72 m et d’une cinquième place, à 10 centimètres de Lisek, battu aux essais, par ses jeunes compatriotes Kevin Ménaldo et Axel Chapelle. “Incompréhensible, grondait ensuite le Clermontois. Plus de jambes. Je n’avais jamais connu ce genre de problème.” Vice-champion olympique du 3000 m steeple, l’Américain Evan Jager s’est très vite dégagé du peloton de Kenyans, perturbés par l’absence de leur leader, le champion olympique Conseslus Kipruto, blessé puis champion du monde à Londres : “J’avais décidé d’attendre Monaco pour entrer en piste et je me doutais que les Africains ne se méfieraient pas, confiait Jager. En 2012, j’avais battu à Monaco le record des Amériques (8’06”81), cette fois, c’est la meilleure performance mondiale (8’01”29). J’attends tranquillement la course du Mondial de Londres”. Qu’il terminera à la troisième place devant Mahiedine Mekhissi.

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Un 800 m tout en prudence pour Pierre-Ambroise Bosse, avant tout préoccupé par sa qualification pour les Mondiaux (1’45”60) qu’il obtiendra en terminant quatrième (1’44”72), à bonne distance d’Emmanuel Korir (1’43”10) qui conservera cette meilleure performance mondiale de l’année malgré une élimination en demi-finale des Mondiaux.

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Invaincus sur la piste monégasque, les sprinters américains du 4 x 100 m (Rodgers, Coleman, Bacon et Belcher) sont devancés par un quatuor chinois (38’’19 contre 38’’30) mais avec le renfort de Gatlin à la place de Belcher, ils termineront deuxième (37’’52) aux Mondiaux derrière les Anglais (37’’47).

2017 c’est aussi...

“Etre meilleur à Londres qu’aujourd’hui, c’est possible, mais ce serait un miracle…” Pierre-Ambroise Bosse, champion du monde du 800 m, trois semaines plus tard à Londres.

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

…le 15 janvier, à Porto de Mos (Portugal), le premier record du monde du 50 kilomètres marche des dames, par la Portugaise Ines Henriques (4h08‘26‘’). …le 4 février à Mondeville (France), le record du monde du 60m (6‘’52) des “40 ans” de Kim Collins

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(Saint Kitt et Nivels).

femmes). …le 14 juillet, à Madrid (Espagne) - 40° et 640 m

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- avec 42 440 arrivants (32 103 hommes et 10 337

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Lonyangata (2h06‘10‘’) et Purity Rionoripo (2h20‘55‘’)

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de Paris -remportés par le couple Kenyan Paul

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…le 3 avril, un record d’Europe pour le marathon

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d’altitude -, Isaac Makwala (Botswana) est le premier homme a courir un 400 m en moins de 44‘’ (43‘’92) et un 200 m en moins de 20‘’ (19‘’77) avec un intervalle de 75 minutes.

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Vendredi 20 juillet Temps chaud et humide, bourrasques de vent. 27° 15 654 spectateurs

HERCULIS EBS (Diamond League) 95 985 points (n°1)

C

’est une orgie athlétique à deux semaines de l’Euro (612 aout à Berlin) : six records du meeting, quatorze records nationaux, quatre records continentaux et un mondial avec la surprenante Beatrice Chepkoech (Kenya) à l’issue d’un 3000  m steeple (8’44”32), entraînant neuf autre athlètes à moins de 9’10”. Mais c’est l’homogénéité des épreuves qui fait de cette soirée la meilleure de l’année : onze femmes en moins de deux minutes au 800 m derrière Caster Semenya (1’54”60) à 35 centièmes de son record, suivie par la Burundaise Francine Niyonsaba (1’55”96), la Jamaïcaine Natalya Goule (1’56”15), l’Américaine Ajee Wilson (1’56’’45) et l’Ethiopienne Habitam Alemu (1’56”71).

L’Américain Noah Lyles fête ses 21 ans -avec deux jours de retard- à l’issue du huitième 200 m de tous les temps (19”65, + 0,9 m/s) devant le Turc Ramil Guliyev (19”99) et l’Equatorien Alex Quinonez (20”03). Ils sont cinq à moins de 1’44” dans le 800 m derrière le Botswanais Nijel Amos (1’42”14) et devant PierreAmbroise Bosse (1’44”20)  : McBride, Ordonez, Tuwei et Kitilit terminent au coude-à-coude en 71 centièmes. Huit, achèvent un 1500 m en moins de 3’32”, Cheruuiyot l’emportant (3’28”41) devant Manangoi (3’29”64) et les frères Ingerbrigtsen (3’30”01 pour Filip, 3’31”18 pour Jakob). Christian Taylor domine le triple saut (17,86 m, +2,1  m/s) devant Pichardo (17,67  m, +2,4 m/s). L’Ivoirienne Marie-José Ta Lou (10”89) écarte sa compatriote Murielle Ahouré (11”01) et la Jamaïcaine Elaine Thompson (11”02); la Russe Anzhelika Sidorova (4,85 m) mate Yarisley Silva, Ekaterini Stefanidi, Sandi Morris (4,80 m), Katie Nageotte, Eliza Mc Cartney et Jean Suhr (4,75 m), avant les coups d’éclats du Marocain Soufiane Elbakkali (7’58”15) qui surprend Evan Jager (8’01”02) sur 3000 m steeple, de la Chinois Lijiao Gong (20,31 m au poids), de Sergey Chubenkov (13”07 au 110 m haies), de l’Américaine Queen Harrisson (12”64 sur 100 m haies), du duel Miller-Uibo-Naser pendant 400 m et les 2,40 m de Danyl Lysenko.

Sidérante Beatrice Chepkoech “Je voulais battre ce record du monde, Monaco était la meilleure piste pour y parvenir. C’était mon objectif depuis deux ans. A l’époque, je n’en n’étais pas capable mais cette année oui !” Tout cela dit paisiblement mais sûrement… Comme si la performance, tonitruante, ne la surprenait guère. 8’44”32, c’est près de neuf secondes de moins que la précédente marque de la Barheïenie Ruth Jebet, championne olympique à Rio, coïncidence, suspendue, le matin, de la course monégasque par la nouvelle “Unité d’intégrité de


L’ équilibre parfait de Béatrice Chepkoech à la reprise de la course après le franchissement de la rivière est l’un des aspects techniques essentiel de son exploit.

l’athlétisme” qui a révélé une liste de 100 noms faisant l’objet d’une procédure disciplinaire ! “Je ne ferai aucun commentaire, Jebet n’est plus kenyane, on ne s’entraîne plus ensemble” réplique Beatrice Chepkoech (26 ans), large sourire, maillot noir scintillant dans la nuit monégasque, poussée à en dire davantage sur son exploit sidérant. C’est tout de même une minute de moins que le premier record homologué de la Roumaine Cristina Casandra (9’43”64 le 7 aout 2000 à Bucarest). Quelques 400 m d’écart, qui repousse encore plus dans l’ombre, la première référence internationale de Courtney Meldrum, la jeune championne américaine de cross (21 ans), qui, peu avant les JO d’Atlanta, boucla ce “3000 m avec obstacles” en 10’23”47 le 23 juin 1996. Beatrice Chepkoech avait 20 ans quand elle réussit cette performance… à 2000 m d’altitude. “Avec ma taille

(1,72 m), j’étais plutôt à l’aise sur les barrières.” Mais, c’est sur la route que la Kenyane fera ses débuts internationaux trois ans plus tard. En 2015, retour au steeple et première médaille aux Jeux Africains (3e à Brazzaville) avant de rater le podium des Jeux de Rio. Une quatrième place qui l’éloigne des grands honneurs et sera encore celle du meeting de Eugene (2016), à l’issue de l’une des courses les plus rapides de l’histoire (9’17”41), et surtout celle des Mondiaux de Londres (2017), quand, après avoir approché les 9’ au printemps - 9’01”57 puis 9’00”70 en mai -, elle rate à nouveau le podium. Passant à côté de la première rivière alors qu’elle était la favorite pour le titre, elle fit demi-tour, la franchit, courant cinquante mètres supplémentaires. Quatrième donc, une fois encore. « Une grosse erreur qui ne m’a pas empêché de croire en moi. Et aujourd’hui, ce sont les autres qui croient en moi…”

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LE COUP DE CŒUR (Shaunae Miller-Uibo) Shaunae Miller-Uibo est éclatante. De couleurs, d’allure, de grâce et de classe. Depuis ses titres mondiaux cadets et juniors en 2010 et 2011, la sculpturale Bahaméenne (1,85 m et 59 kilos) multiplie les audaces et les défis. 200 m ou 400 m ? “J’aime ces deux courses”. A 16 ans, elle est la meilleure du monde sur les deux distances en junior. A 22 ans, elle

brise le beau rêve d’Allyson Felix en lui chipant le titre olympique du 400 m (49”44) grâce à un plongeon mémorable sur la ligne d’arrivée. L’année suivante (2017) elle remporte la Ligue de Diamant sur 200 et 400 m. L’hiver dernier, elle change de statut, avec un anecdotique mais toujours valorisant record du monde (300 m), puis demande une

dérogation à l’IAAF pour participer à l’heptathlon des Mondiaux, histoire de fêter son année de mariage avec le décathlonien estonien Maicel Uibo. Refus. Qu’importe, ils se couvriront d’  argent, à quelques minutes d’intervalle, aux Mondiaux de 2019 à Doha, à l’issue du 400 m et du décathlon. Or, argent, diamant et records sont le quotidien de Shaunae Miller-Uibo qui côtoie les prestigieux élèves de Lance Brauman (Veronica Campbell, Torie Bowie, Tyson Gay et Noah Lyles). Et pour mieux se distinguer dans cette troupe prestigieuse, elle change de perruques éclatantes à chaque course, sans s’écarter de l’essentiel, “être la meilleure. Le sport reste un jeu et un défi humain. J’ai eu la chance de me faire remarquer, je fais ce métier avec sérieux et application, et comme je suis heureuse, je le montre, avec des rires et des couleurs.” Sans oublier les chronos. Six des onze meilleurs 200 m de l’histoire sur 200 m cette année et 48”97 à Louis-II, dixième performance de tous les temps. Il y a neuf ans qu’une femme n’était pas allée aussi vite sur le tour de piste. Un feu d’artifice.


ENTRE LES COULOIRS

3 4

Inspirés par leur mise en scène sur le port Hercule la veille du meeting, les lanceurs de poids s’amusent à faire trembler l’esplanade entre piscine et bateaux, sept d’entre eux dépassant les 21 mètres derrière Ryan Crouser (22,05 m). Anzhelika Sidorova (27 ans), l’une des trois premières russes autorisées à participer à des compétitions internationales sous la bannière d’ “athlètes neutres” depuis la suspension de la Russie en 2017, domine le concours de perche (4,85 m) après avoir porté son record à 4,90 m en mars à Birmingham.

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Deuxième record de France en deux semaines pour la perchiste berruyère Ninon Guillon-Romarin (22 ans) : 4,73 m à Albi et 4,75 m cette fois (8e), dans l’un des concours les plus denses de ces dernières années. L’ancienne gymnaste, poussée vers les sautoirs par Agnès Liverbardon (4,40 m en 2003) a gagné 15 centimètres en un an et devient la 11e perchiste de l’année dans un concours qui réunissait les huit meilleurs de la saison.

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Quatrième du 1500 m derrière son frère Filip (3’30”01) qui chipe le record de Norvège à Henrik, le troisième frère (!), le Norvégien Jakob Ingebrigsten (17 ans et onze mois), bat le record d’Europe junior du 1500 m (3’31”18), une semaine après celui du 5 000 m (13’20”78).

2018 c’est aussi...

“Ça m’arrange qu’elle (Caster Semenya) soit là, car je n’ai pas à me soucier du rythme et suis sûre de courir en moins de deux minutes” Rénelle Lamotte, 9e du 800 m (1’58”83)

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

…le 18 février, à Albuquerque (Etats-Unis), avec l’indéniable avantage d’une piste à 1513 m d’altitude, le record du monde du 60 m de Christian Coleman (21 ans) en 6“34.

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…le 3 avril, la disparition, à Oxford, de sir Roger Bannister (88 ans), le premier homme à avoir couru le mile (1609,34 m), en moins de quatre minutes le 6 mai 1954 (3‘59“4) sur la piste d’Iffley Road à Oxford.

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…les 15 et 16 septembre, à Talence (France), Kevin Mayer (26 ans) améliore le record du monde du décathlon (9126 points) avec deux journées identiques (4563 points chaque jour).

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…le 29 juin, le décès à Varsovie (Pologne) d’Iréna Szewinska (72 ans), la seule athlète à avoir détenu les records du monde des 100 m, 200 m et 400 m, outre des titres olympiques (200 m en 1968 et 400 m en 1976) et 13 records mondiaux.

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…le 4 novembre, record absolu pour le 48e marathon de New York (52 812 arrivants, 30 669 hommes et 22 143 femmes) dominé par l’Ethiopien Lelisa Desisa (2h05‘59“) et la Kenyane Mary Keitany (2 h 22 ‘ 48 “).

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Vendredi 12 juillet

Temps chaud et orageux. 27° - 15 822 spectateurs

HERCULIS EBS (Diamond League) 94 998 points (n°4)

A

bonne distance des championnats du monde de Doha (27 septembre - 6 octobre), les coureurs de demi-fond, une fois encore, cavalent sans retenue : le fantasque Nijel Amos (Botswana), si souvent annoncé sur les podiums depuis sa médaille d’argent olympique à 18 ans derrière David Rudisha (2012), remporte sa cinquième course de l’été (1’41”89), à 13 centièmes de son record (2012). De quoi surprendre le Kenyan Cheruiyot Ferguson Rotich (1’42”54) qui changea un jour son prénom pour honorer l’entraineur de Manchester United, sir Alex Ferguson, le Bosniaque Amel Tuka (1’43”62), le Kenyan Michael Saruni (1’43”62) et le Canadien Brandon McBride (1’43”83). Le 1500 m est encore plus dense avec huit coureurs en moins de 3’32”, tous derrière Timothy Cheruyot (3’29”97) qui laisse le jeune Jakob Ingerbrigtsen a une demi-seconde, et plus loin encore l’Ougandais Ronald Musagala (3’30”58) et l’Anglais Charlie Da’Vall Grice (3’30”62). Treizième victoire en Ligue de Diamant pour le Kenyan (23 ans) depuis trois ans. Quatrième du 3000 m steeple à Rio puis 2e aux Mondiaux de Londres (2017), Soufiane El Bakkali (Maroc) devient le leader mondial (8’04”82), dominant Kigen (Kenyan), Wale (Ethiopie), Carro (Espagne) et Kibiwot (Kenya), à moins d’une seconde ! Avec un record du monde féminin du mile en point d’orgue, il y a encore trois perchistes tentant 6,02 m, Christian Taylor, (triple saut) qui atterrit à 17,82 m (+ 0,2 m/s), obligeant Will Claye (17,75 m, - 0,3 m/s) à “arrêter” le match après trois sauts ; Sydney McLaughlin (19 ans), meilleur temps mondial du 400 m haies (53”32) ; la métronome russe, Mariya Lasitskène (26 ans) encore à 2 m, sept ans après les avoir franchi pour la première fois ; la Bahaméenne Shaunae Miller-Uibo, cheveux rose et brassière bleu ciel devant la championne olympique jamaïquaine Elaine Thompson (22”09 et 22”44 sur 200 m) et la Néerlandaise Dafne Schippers (22”45) ; et clap de fin avec Justin Gatlin (37 ans) bien meilleur finisseur que Noah Lyles (9”91 et 9”92).

Sifan Hassan en avait sous le pied Sifan Hassan n’était pas née quand Hassiba Boulmerka devint à Barcelone en 1992, la première championne olympique algérienne. La Néerlandaise, née il y a 26 ans en Ethiopie réussit ce temps (3’55”30), au centième près, au passage du 1500 m lors mile monégasque (1609,34 m) ! Et Hassan parvint à courir encore plus de 100 m au même rythme pour un record du monde voulu, programmé, orchestré mais tout près de capoter (4’12”33 pour effacer les 4’12”56 de Svetlana Masterkova le 14 aout 1996 à Zurich). “Quand j’ai vu que nous passions à la mi-course en 2’08”20, je me suis dit que c’était perdu, que je ne pourrai même pas améliorer mon record. J’avais annoncé la veille de la course avec assurance que j’allais battre mon record (4’14”71) de trois ou quatre secondes. Je me suis dit qu’il ne fallait pas lâcher. D’abord, tenir ce rythme, se persuader que c’était encore possible, puis


La Néerlandaise prit la tête du mile dès la mi-course quand elle s’aperçut que le lièvre était en retard sur les temps de passage prévus.

relancer, accélérer… J’étais quand même venue pour battre ce record avec quelques analyses de mes dernières courses.” Des performances prometteuses, du record du monde du 5 kilomètres sur route (14’44”), le 17 février dans les rues de Monaco à ce 1 500 m de toutes les promesses à Rabat le 12 juin (3’55”93) en passant par un record d’Europe du 3 000 m, deux semaines plus tôt à Eugene (8’18”48), une performance jamais approchée depuis 25 ans et les Chinoises nourries au sang de tortues ! Des repères qui lui permettaient d’évoquer des prétentions toutes légitimes en dépit donc, d’une première moitié de course catastrophique. A grands coups de moulinet parasites avec ce bras droit qui pouvait la déséquilibrer, la fragile Hassan (1,70 m et 48 kilos) allongea la foulée, plus ample et plus nerveuse, jusqu’à la ramener dans le rythme espéré. “Les 800 m derniers mètres les plus difficiles de ma vie…” Sifan Hassan avait pourtant été champion d’Europe de cross et du 5 000 m (14’22”34) mais ce faux rythme monégasque l’obligea à un effort qu’elle n’avait jamais supposé.

“Je suis une femme d’honneur, j’avais promis, je m’étais mentalement programmée, je ne pouvais échouer” asséna-t-elle quelques heures plus tard. Seule en tête depuis le kilomètre, bouclant les deux derniers tours en 2’01”, avec un dernier en moins d’une minute. Du jamais vu… D’abord incrédule, elle croisa ses jambes, longues et d’apparence fragiles, sourit, s’accouda sur le chronomètre géant scellant son exploit, ôta le bandeau qui maintenait sa chevelure “afro” et s’offrit une brève cavalcade dans ses rêves d’enfant, quand elle quitta à 15 ans, son Ethiopie natale pour les Pays-Bas, dans le sillage de parents réfugiés ; ses premières course, ses premiers honneurs, un titre européen -espoir- de cross un mois après sa naturalisation, un échec cuisant aux Jeux de Rio, et son installation aux Etats-Unis près du sulfureux Alberto Salazar et d’un généreux soutien, celui de Nike qui en fit son égérie dès 2018, avec les prototypes de chaussures révolutionnaires associant dans la semelle une plaque de carbone et une mousse très dense, une “assistance technique” controversée puis réglementée, mais qui n’explique pas tout. Pas ses victoires ensuite aux Mondiaux dans le 10 000 m puis le 1 500 m. Pas le talent, en tout cas.

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LE COUP DE CŒUR (Sydney McLaughlin) Dans une discipline assez récente -officielle en 1976 et olympique en 1984-, le 400 m haies féminin n’a pourtant pas manqué de fortes personnalités comme Nawal El Moutawakel, première africaine championne olympique (54”61 en 1984) et Sandra Farmer-Patrick (52”79 en 1993) qui courait souvent en tutu jaune ou rouge. Marie José Pérec s’y risqua même au mieux de sa forme (53”21 en 1995). Il est vrai que la hauteur des haies (0,76 m) ne gênait guère une excellente sprinteuse. Sydney McLaughlin écoute attentivement cette brève leçon d’histoire. Ces illustres devancières sont d’autres époques et sa seule référence est l’idole de ses débuts, Allyson Félix. A 17 ans McLaughlin allait déjà plus vite que la Marocaine (El Mourawakel) après des titres

De nouvelles jambes et un nouveau visage pour l’athlétisme américain.

mondiaux en cadette et en junior, pour ses 18 ans, elle débordait la Française (Pérec) et avant ses 20 ans, devançait l’Américaine FarmerPatrick). McLaughlin (1,75  m et 60 kilos) fait merveille dans un athlétisme américain en quête de nouveaux visages et sa précocité est un indéniable atout. A 16 ans, elle s’était qualifiée pour les JO de Rio. Du jamais vu aux Etats-Unis depuis 1972 et la sélection de Cindy Gilbert (15 ans) en hauteur. “Ce n’était pas le meilleur endroit pour découvrir le haut niveau mais la famille m’a expliqué.” Cette année-là, Taylor, le frère était vice-champion du

monde junior du 400 m haies, trente ans après que le père ait été un des meilleurs spécialistes américains ! Révélation mondiale en 2018 pour l’IAAF avec un époustouflant record du monde junior (52”75) et d’un 400  m retentissant (50”08), elle a battu Dalilah Muhammad à Oslo en juin, avant ces 53”32 de Monaco qui en font la plus rapide du monde un mois avant ses 20 ans. “Je vais écrire tout ça dans mon journal… C’est inoubliable.” Elle y aura sans doute ajouté qu’à Doha, elle obligea Muhammad à battre le record du monde pour la devancer (52”16 et 52”23) avant que les deux se retrouvent pour le titre du 4 x 400 m.


ENTRE LES COULOIRS 2 3

Deux ans de travaux destinés à la construction de loges en haut de la tribune opposée et dissimulées par une immense bâche rouge ont réduit la capacité du stade Louis-II qui est passé de 18 500 à 16 500 places. Renaud Lavillenie a remis une combinaison rouge et blanche, spécialement créée par Nike en 2017. “J’avais été tellement mauvais (5e avec 5,72 m) que personne ne l’avait vue”, s’amusait le Clermontois (5,82 m cette fois) qui, méticuleux, trouva aussi des pointes aux couleurs monégasques ! “J’adore ces clins d’oeil aux lieux et à l’histoire du sport : en 2018, j’avais sauté à Londres avec le maillot des footballeurs français champions du monde huit jours plus tôt”.

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Après les perchistes (2017) et les lanceurs de poids (2018), les triple sauteuses se sont retrouvées sur l’esplanade du port Hercule, la veille d’Herculis, devant une tribune de sauteurs patentés aux côtés du prince Albert II et de Sebastien Coe : Ivan Pedroso, Robert Emmian, Sergueï Bubka et Renaud Lavillenie mais encore Tony Yoka, autre champion olympique, de boxe. La championne du monde (2017) vénézuélienne Yumilar Rojas (23 ans) a égalé la performance (14,98 m) qui lui permit de remporter l’argent olympique à Rio (2016) en devançant la Cubaine Liadagmis Povea (14,71 m). Trois hommes seulement précédent Nigel Amos dans le bilan du 800 m mondial, David Rudisha (1’40”91), Wilson Kipketer (1’41”11) et Sebastian Coe (1’41”73). Le mile était un hommage à l’Américaine Gabriele Grunewald décédée en juin à 32 ans après dix années de lutte contre plusieurs cancers qui ne l’empêchèrent pas de participer aux Jeux Olympiques ou aux championnats du monde, terminant aussi cinquième du 1 500 m d’Herculis 2013 (4’01”48). “J’étais spectateur, je regardais autour de moi et je butinais chez chacun…” Kevin Mayer a néanmoins vite compris ce qui faisait la réussite des meilleurs lanceurs de javelot. S’appliquant a bien lancer sur trois essais -comme dans un décathlon-, le recordman du monde réussit 67,52 m à son troisième essai, le lendemain d’une éprouvante séance de sauts à la perche. Ladji Doucouré (36 ans), champion du monde du 110 m haies et du 4 x 100 m (2005) faisait ses débuts de consultant avec Canal Plus devant une piste où Pascal Martinot-Lagarde lui ravit le record de France (12”95 le 18 juillet 2014 contre 12”97 le15 juillet 2005).

2019 c’est aussi...

LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE

…le 9 juin, l’approbation par le conseil de l’IAAF, réuni à Monaco, du nouveau nom de la Fédération internationale devenue en octobre, World Athletics.

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…le 30 juillet, le douloureux feuilleton scientifique qui oppose les règlements de l’IAAF et Caster Semenya (28 ans), double championne olympique (2012 et 2016) et triple championne du monde (2009, 2011 et 2017) vainqueur en mai à Doha de son 30e 800 mètres consécutif, à propos de son hyperandrogénie, prend fin avec l’adoption d’un traitement que l’athlète sud-africaine repoussera avant un rejet de l’appel en septembre 2020.

IPC

…le 5 octobre à Doha (Qatar), Joë Kovacs (EU) domine le plus grand concours de poids de l’histoire en lançant à 22,911 m devançant Tom Walsh (NZ) (22,908 m) et Ryan Crouser (EU) (22,907 m) !

H OG E

…le 12 octobre à Vienne (Autriche), la performance exceptionnelle du Kenyan Eliud Kipchoge (1h59‘41“) au marathon (42,195 kilomètres) dans des conditions très particulières - chaussures “expérimentales” et lièvres courant en éventail pour abriter le champion du vent - qui empêcheront l’homologation. …le 24 décembre, la signature d’un partenariat de dix ans entre la multinationale chinoise Wanda Group et la Diamond League.

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2020 Vendredi 14 août

Temps beau et chaud, sans vent. 27° - 5 000 spectateurs (jauge maximum autorisée par les autorités sanitaires)

HERCULIS EBS (Wanda Diamond League) 91 251 points (n°1)

C

ent trente athlètes au lieu des 180 régulièrement invités, un entourage réduit, l’ouverture de la Wanda Diamond League s’est faite masquée et à Monaco, quand l’étape azuréenne, initialement prévue le 10 juillet, se situe au milieu des 14 meetings de la saison, à deux ou trois semaines de l’évènement de l’été (Jeux Olympiques ou Mondiaux).

Avec seulement un tiers du public habituel, “ c’est un meeting totalement réinventé avec un budget revu et corrigé (un million au lieu de deux)” selon Jean-Pierre Schoebel, son directeur, qui a ouvert la saison. Avec fracas et exploits. Sans Jeux Olympiques (24 juillet - 9 aout), après un confinement mondial, les athlètes ont, soudain, retrouvé jambes et envies. Pour preuve, un septième record du monde, celui du 5000 m avec Joshua Cheptogei (23 ans) après plus de deux kilomètres en solitaire. Puis, deuxième performance de sa carrière pour le recordman d’Europe norvégien du 400 m haies Karsten Warholm. Un autre Norvégien, Jakob Ingebrigsten, pas encore 20 ans, bat, lors de sa première course de la saison, le record d’Europe du 1500 m (3’28”68 contre 3’28”81 à Mo Farah, déjà à Monaco), les deux terminant deuxièmes. Farah derrière Asbel Kiprop en 2013, le Norvégien derrière Timothy Cheruiyot, le champion du monde, vainqueur pour la troisième fois à Monaco (3’28”45), à quatre centièmes de son record monégasque (2018). Sept coureurs sont en moins de 3’34”avec notamment l’Anglais Jake Wightman (3’29”47) et Filip Ingebrigsten (3’30”25). Envolées encore pour les Américains Donavan Brazier et Bryce Hoppel dans le 800 m (1’43”15 et 1’43”23), Noah Lyles sur 200 m (19”76, + 0,7 m/s), la Kenyane Hellen Obiri (14’22”12 au 5000 m), le duel ukrainien Mahuchikh (19 ans) - Levchenko à 1,98 m, le Suédois Armand Duplantis (6 m), Soufiane El Bakkali (8’08”04 au 3000 m steeple, Yulimar Rojas (14,27 m au triple saut) et un trio sur 110 haies au faite mondial (Ortega vainqueur en 13”11 devant Pozzi 13”14 et Belocian 13”18). Les Français Djilali Bedrani (3e en 8’13”43) et Jimmy Gressier (7e en 13’15”77) font une place à deux révélations de 22 ans, les Toulousains Benjamin Robert (4e du 800 m, 1’44”56) et Pierrick Jocteur-Monrozier (9e du 1500 m en 3’35”).

Cheptegei, plus vite que son ombre Il n’a même pas entendu les cris et les applaudissements de Julien Wanders à qui il a ravi le record du monde du 5 kilomètres sur route, lorsqu’il l’a dépassé à 200 m de l’arrivée. Le FrancoSuisse (24 ans) s’est écarté dans le deuxième couloir pour laisser filer ce bolide griffant la piste avec une férocité et une amplitude de foulée exceptionnelle qui ne l’empêche toutefois pas d’accélérer. Joshua Cheptegei (23 ans) corps lustré par la sueur et l’humidité, n’entend plus rien. « Si ce n’est quelques messages dans ma tête » dira-t-il sans plus de précision. Encore moins les auteurs. L’Ougandais n’a qu’un but, avaler en une minute les tours de la nouvelle piste aussi révolutionnaire que ses chaussures qui ont tant fait débat en début d’année mais sont désormais réglementées. “La piste ? Oui. Magnifique, on se sent bien dessus, mais le moins longtemps possible…” Ce qu’il a fait. Aucun coureur de 5 000 m n’est allé aussi vite. Aouita, le premier à moins de 13’ (1987) est à près de 200 m, Gebrselassié (1998) à 30 m et le sprinter Békelé (2004) s’époumone à 15 m. Ce qu’a fait Cheptegei est énorme. “Je rêvais de briller un jour. Ici, plus qu’ailleurs… J’ai mes raisons. Cette fois, la lumière est pour moi…” Et celles du bord de piste, vertes, sont toujours restées derrière sa longue et puissante foulée. Innovation technologique, cet éclairage clignotant suivait le rythme souhaité par le coureur. Cheptegei alla bien plus vite que cette ombre virtuelle. “Dès ma victoire il y a exactement six mois (16 février), lors du 5 kilomètres dans les rues de Monaco, qui m’a permis de battre le record du monde (12’51”), j’ai cru à cette performance sur la piste.” Bras écartés comme s’il avait voulu serrer chacun des témoins, il posa ses mains sur sa tête, les joignit sur sa poitrine pour une furtive prière, cédant enfin à la fatigue en s’agenouillant devant un panneau Herculis. “Je voulais remercier les organisateurs qui avaient monté cette course pour moi…” Peutêtre alors, pensait-il aussi à l’incroyable épopée qui lui permit de rejoindre Louis-II : sept heures de route pour rejoindre Kampala, puis, le lendemain, un avion affrété par la présidence de la République


L’ année de tous les records pour l’ Ougandais qui s’est un temps entraîné au Kenya avant de réussir un double exploit à Monaco, sur la route en février, puis sur la piste de Louis-II, profitant de circonstances idéales (piste nouvelle, chaussures de dernière génération et technologie grâce à un guidage lumineux en bord de piste) pour un exploit déconcertant.

pour rejoindre Nairobi, puis Istanbul et 22 heures de transit avant de rallier Nice. “Après ce que nous avons vécu cette année, c’est peu de chose et puis j’ai moins voyagé que d’habitude, moins de fatigue. S’il y a avait une année pour s’attaquer à ce record, c’était maintenant. Et un stade, Monaco” dit encore celui qui s’est longtemps entraîné au Kenya avec

Patrick Sang avant de devenir champion du monde de cross (Aarhus) et du 10 000 m (Doha) en 2019. Joshua Cheptegei, se releva, attrapa un drapeau ougandais et s’élança, langue tirée, yeux grands ouverts pour un tour de piste. Sans savoir que le premier athlète de l’histoire à effectuer un tour d’honneur, drapeau en main, s’appelait John Akïi-Bua, aux Jeux de Munich (1972) quand il battit le record du monde du 400 m haies. Il était Ougandais.

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2020 LE COUP DE CŒUR (Karsten Warholm)

A

u couloir 7 qu’il affectionne particulièrement et qui lui avait été élégamment attribué, le Norvégien montra en quelques foulées qu’il n’avait aucune intention de badiner. Ce grand amateur de Lego, - “un passe temps qui tranche avec les consoles de mes compagnons de stade” s’amuse-t-il -, tenait à suivre les plans d’une course très exigeante. Physiquement, bien sûr, mais mentalement, aussi avec une cadence et une longueur de foulées qu’il n’est pas question de subir, mais d’imposer. “En Norvège, le confinement a été moins contraignant qu’ailleurs et si je me suis beaucoup entraîné dans des parcs d’Oslo, je n’ai pas tardé à retrouver mes habitudes. Comme je m’étais préparé tout l’hiver pour les Jeux, le foncier était là. Il restait à trouver les compétitions ! C’est alors que j’ai eu l’idée de proposer à Remy Charpentier, le responsable monégasques des invitations, un cadeau d’anniversaire : il ajoutait un 400 m haies au programme et j’offrais ma participation, prise en charge par mes sponsors…” Marché conclu. Deux mois plus tard, Warholm était sur la piste. Il avait dit qu’il aborderait cette course comme s’il s’agissait de la dernière de la saison, “comme si c’était la finale des Jeux” et il mit moteur au rythme de ses mots. Avec treize foulées entre chaque haie sans avoir à forcer la mécanique, Warholm se retrouva en mesure d’accélérer à chaque reprise d’appui et ce fut un régal.

Une course quasi-parfaite, un équilibre de tous les instants, pas ou peu de gestes parasites, il pouvait hurler de plaisir en se tournant vers le panneau chronométrique. 47”10, c’était le deuxième chrono de sa vie d’athlète, à 18 centièmes de son dernier record d’Europe (2019), tout près, une fois encore, des 46”78 de l’Américain Kevin Young (1992). “C’est bien sûr, un but… Je cours pour progresser, m’améliorer, corriger quelques fautes et quand tout sera au point, on verra bien ce que dira le chrono.” Décidément, Karsten Wharholm n’a pas que les jambes en équilibre. La tête aussi, va bien.


ENTRE LES COULOIRS 3 4 5 6 7 8

Six jours avant Herculis, le Kenyan Conseslus Kipruto (25 ans), champion olympique (2016) et du monde (2017 et 2019) du 3000 steeple, vainqueur de sa première course sur le circuit à Monaco, annonce son forfait parce que positif à un test de la Covid-19. Vingt quatre heures avant la compétition, alors que Renaud Lavillenie, Christophe Lemaitre, Pascal Martinot-Lagarde ont dû renoncer, blessés, Valentin Lavillenie se retire, parce que positif, à son tour. La vice-championne olympique du disque, Mélina Robert-Michon qui avait déjà été au micro de Canal Plus en 2018, un mois après la naissance de sa deuxième fille, se retrouve une fois encore dans la tribune de presse pour un duo de haut niveau avec Ladji Doucouré. L’épreuve de disque, initialement programmée, a été annulée pour que la pelouse serve de chambre d’appel. Ancienne heptathlète et volleyeuse, Héléna Duplantis n’a pas hésité à faire 28 heures de voiture, entre la Suède et Monaco, pour amener à son fils, recordman du monde (6,18 m), les perches, souvent bloquées aux portes des soutes d’avion. Sam Kendricks, dont les perches sont arrivées en retard, a dû renoncer à concourir. L’ Américain Noah Lyles, champion du monde du 200 m a montré son attachement au mouvement Black Lives Matter en levant un poing ganté de noir, tête baissée, au départ d’une course qu’il remporta en 19”76 (+ 0,7 m/s).

L’arrêt des compétitions de football a permis d’entreprendre en avril les travaux de réfection de la piste pour un coût de 5 millions d’euros. “Une course contre la montre car la piste a été livrée 8 jours avant Herculis. C’est la première fois après quatre opérations de surfaçage depuis 1993, qu’est enlevée la sous-couche, précise Jean-Pierre Schoebel. Il a fallu dégager des tonnes de matériau en creusant à dix centimètres de profondeur pour refaire la dalle et l’étanchéité”. Quatre entreprises se sont relayées avant que Conica pose un nouveau produit synthétique appelé Vmax, de couleur ocre pour la piste et grise pour les aires de lancers. Une société australienne l’a créé et Monaco a expérimenté avec succès un procédé créant les bruits et les encouragements d’un public…absent pour raison sanitaire. Réussite totale avec un réglage minutieux de cette foule virtuelle qui accompagnait les athlètes qui ont unanimement apprécié.

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...l’année du report des Jeux Olympiques (24 juillet- 9 aout à Tokyo), des championnats du monde en salle (13-15 mars Nanjing), de l’annulation des championnats d’Europe (25-30 aout Paris) et du remplacement, parfois, par une compétition en ville de neuf des 14 étapes de la Wanda Diamond League, Monaco, Stockholm, Rome et Doha étant les seuls à présenter une soirée classique.

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LES ATHLÈTES DE L’ANNÉE AR M A N

2020 c’est aussi...

…les 8 et 15 février, les records du monde du saut à la perche (6,17 m à Torun, Pologne puis 6,18 m à Glasgow, Ecosse) du Suédois Armand Duplantis (21 ans) …le 16 février, dans les rues de Monaco, l’Ougandais Joshua Cheptegei bat le record du monde du 5 kilomètres sur route (12‘51“), le Français Jimmy Gressier améliore celui d’Europe (13‘18“) et Liv Westphal, celui de France (15‘31“).

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…le 7 octobre, à Valence (Espagne), Joshua Cheptegei (24 ans) bat le record du monde du 10 000 m (26’11) et devient le dixième coureur à détenir simultanément ceux du 5 000 m et du 10 000 m après Jean Bouin, Paavo Nurmi, Emil Zatopek, Vladimir Kuts, Ron Clarke, Lasse Viren, Henry Rono, Helle Gebrselassie et Kenenisa Bekele.

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…le 20 juin, décès du Norvégien Svein Arne Hansen, président de l’AEA (fédération européenne) depuis 2015, ancien directeur du meeting d’Oslo et expert philatélique.

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Merci à ceux qui nous ont permis de rassembler les souvenirs de 30 ans d’Herculis et d’athlétisme au stade Louis-II : Jacques Candusso, Gladys Chai von der Laage, Brigitte Cœur, Sébastien Darrasse, Jean-Pierre Durand, Etienne Fiacre, Philippe Fitte, Charly Gallo, Nicolas Herbelot, Gilbert Iundt, Mirko Jalava, Jean-Philippe Leclaire, Anna Legnani, Gaëtan Luci, Peter Matthews, MC Clic, Marjorie Michel, Robert Parienté, Presse Sports Mark Shearman, Marc Ventouillac, Pierre Weiss... … et des pensées émues pour ceux qui nous ont longtemps accompagné puis quitté : Georges Bertellotti, Jacqueline Berti, Eugène Gastaud, Georges Giauffret, Claudine Laforest, Armand Noaro, Serge Prémont.

Publication : Fédération Monégasque d’Athlétisme Rédaction : Michel Fradet Création graphique et mise en page : Federall, Monaco



Herculis a 36 ans Plus de trente ans de compétitions, de rencontres, de records, d’exploits et d’échecs avec tous les plus grands champions qui ont foulé la piste du nouveau stade Louis-II depuis 1985 jusqu’à faire d’Herculis, le meilleur meeting du monde à maintes reprises (1998, 2008, 2011, 2014, 2015, 2018, 2020). C’est pour cela que la Fédération Monégasque d’Athlétisme, son président, le Prince Albert II, Jean-Pierre Schoebel, le directeur d’Herculis et Michel Fradet, témoin de tous ces instants, vous proposent de descendre sur la piste et de revivre, au milieu de ses héros, ces soirées magnifiques avec des coups de coeur et des anecdotes, les heures qui ont fait l’histoire d’Herculis depuis plus de 30 ans.

N° ISBN : 978-2-9529352-1-0

30,00 e TTC


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