Texte Godefroy Gordet
Music
Images Martine Pinnel
CHAILD
100% lui ÉLECTRO ÉMOTIVE
Qui s’évertue encore à faire semblant de ne pas connaître Chaild ? Le type est un incontournable de la scène émergente made in Grand Duchy… Logiquement entouré d’Edsun ou Maz, Adriano Lopes Da Silva, dans le civil, développe son projet avec beaucoup de sérieux. Il y a plus de deux ans maintenant, il balance coup sur coup plusieurs singles, dont les succès Sick Water en featuring avec le rappeur MAZ et Artificial, le faisant passer d’un premier projet vaporeux, à « Chaild », une vision bien plus fidèle de ce qu’il est vraiment et dans une dimension musicale nettement plus aboutie et stylisée. Aujourd’hui, après avoir signé avec la boîte de management Foqus, et soutenu par les grandes instances musicales luxembourgeoises, Chaild a de la motivation à revendre et d’immenses ambitions, largement à sa portée. ADRIANO « Ma mère est italienne et mon père portugais, j’ai grandi baigné dans ces deux cultures. Mon grand-père faisait un peu de musique, mais je ne viens pas d’une famille de musiciens ». Pourtant, très tôt, Adriano se met au piano, « je voulais faire du cornet, mais je pense que mes parents ne voulaient pas que je leur casse les oreilles… » Élève studieux jusqu’à ses 13 ans, le Luxembourgeois décroche du piano classique, lassé de constamment préparer des examens, et souhaitant trouver un espace de créativité plus libre. Et puis, l’adolescent a certaines choses qui commencent à sortir de lui-même, « c’était un âge où on a des choses à dire, où un certain malaise commence à se faire sentir ». Il commence ainsi à écrire ses premiers morceaux, comme « une machine », forgeant ainsi les prémices de ce que sera sa musique plus tard. Un processus long et douloureux. Après une première mention en piano classique au conservatoire, à 16 ans, il se met à chanter malgré les moqueries de ses camarades au lycée, « on m’insultait de pédé, ça m’a beaucoup bloqué. J’avais honte et en même temps j’étais fier de moi. Je sentais que j’avais du potentiel… » Passé très jeune d’une voix de castra à une voix très grave, il se résigne à reprendre les Marron Five ou Bruno Mars qu’il entend à la radio et, avec sa voix, se trouve forcé d’interpréter ses propres chansons, « comme je n'arrivais pas à chanter les chansons que j'entendais à la radio, j’écrivais pour moi, en anglais, comme pour cacher ce que j’avais à dire ». Alors, il se forme, suit des masterclass à la Rockhal, organisées par le Rocklab, et prend petit à petit plus de rigueur, « au début quand je chantais, j'avais beaucoup de maniérisme dans la voix, ça a pris du temps pour m’en défaire complètement ». 20
Et puis, vient le premier déclic. Il participe à l’Eurovision Gala Night, sa première vraie compétition, en présence d’invités prestigieux comme Conchita Wurtz, un challenge qui le conquiert et le pousse à imaginer des choses plus concrètes dans la musique, « ça m'a permis de montrer que j'existe, que la musique est une partie de moi, une façon de m'affirmer, de dire que je suis quelqu'un de spécial, que je ne suis pas comme les autres. Même si c'est très relatif, car tout le monde est spécial à sa façon… Mais c'est comme ça que je me voyais à ce moment-là ». Alors qu’Adriano avait conscience depuis longtemps que la musique ferait partie de sa vie, ce gala a été un déclencheur. Il participe ensuite au casting du IPOP, « il s’agissait de devenir la prochaine grande star, en vrai c’était une arnaque, mais j’ai été reçu ». Néanmoins, quand on lui annonce qu’il faudrait débourser 30 000 euros pour participer à la formation, il déchante, « je ne pouvais clairement pas me payer ça ». Finalement, l'organisation décide de lui offrir une semaine à Los Angeles, dans un environnement artistique complet, « c'est là que je me suis dit que je voulais faire ça de ma vie ». Il sort dans le top 3 des 500 participants et rentre au Luxembourg avec tristesse, mais une motivation inégalée. ADRIAN En 2017, il lance son premier projet concret, nommé Adrian, mais il a toujours du mal à se définir musicalement. « le rappeur luxembourgeois MAZ (que l’on vous présente dans notre édition 54 et avec qui il vit dorénavant en colocation à Bruxelles) est mon meilleur ami depuis le lycée, c’est lui qui, au début, m’a poussé à chanter au concours du lycée… » Les retombées sont telles, qu’Adriano trouve