Les Fiches du Cinéma #2114 OCTOBRE 2017

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n°2114

Un beau soleil intérieur de Claire Denis

Le Sens de la fête de Éric Toledano et Olivier Nakache Demain et tous les autres jours de Noémie Lvovsky

RencontRes

avec

Michael Haneke pour Happy End Matthieu Lucci pour L’Atelier de Laurent Cantet

N°2114 • 27 SEPTEMBRE 2017 • SORTIES DES 27 SEPTEMBRE / 4 / 11 OCTOBRE 2017 • 6,00 €


2114 - 02- Grille_Mise en page 1 21/09/2017 17:50 Page1

H A Ciambra (n°2113)

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À l’ouest du Jourdain (n°2114)

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L’Atelier (n°2114)

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Barbara (n°2113)

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120 battements par minute (n°2112)

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Le Château de verre (n°2114) Confident royal (n°2114)

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Les Étoiles de la Rédaction

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Demain et tous les autres jours (n°2114)

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Des rêves sans étoiles (n°2113)

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Détroit (n°2114)

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L’École buissonnière (n°2114)

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Espèces menacées (n°2114) Faute d’amour (n°2113)

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Good Time (n°2113)

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Les Grands esprits (n°2113) Happy End (n°2114)

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Le Jeune Karl Marx (n°2114)

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Kiss & Cry (n°2113)

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Latifa (n°2114)

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Laetitia (n°2113)

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Le Maître est l’enfant (n°2114) Mary (n°2113)

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Money (n°2114)

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Nos années folles (n°2113)

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Numéro une (n°2114) Ôtez-moi d’un doute (n°2113)

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The Party (n°2113) HHHH

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Taxi Sofia (n°2114)

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Un beau soleil intérieur (n°2114)

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L’Un dans l’autre (n°2114)

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Une famille syrienne (n°2114)

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Une suite qui dérange (n°2114)

H un film passable

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HH un film honorable

les films préférés de la rédaction

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HHH un bon film

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Téhéran tabou (n°2114)

m un mauvais film

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Pop Aye (n°2113) Le Sens de la fête (n°2114)

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Le Petit Spirou (n°2114) Le Redoutable (n°2113)

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La Passion Van Gogh (n°2114)

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Mother ! (n°2114)

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Kingsman : Le Cercle d’or (n°2114)

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HHHH un excellent film

§ le coup de cœur


ÉDITO

LES FICHES DU CINÉMA 26, rue Pradier 75019 Paris Administration & Rédaction : 01.42.36.20.70 Fax : 09.55.63.49.46 .............................................................. RÉDACTEUR EN CHEF Nicolas Marcadé redaction@fichesducinema.com RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Michael Ghennam michael@fichesducinema.com SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Thomas Fouet thomas@fichesducinema.com .............................................................. ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO François Barge-Prieur, Isabelle Boudet, Delphine Cazus, Jef Costello, Maxime Duchâteau, Alexis Duval, Paul Fabreuil, Thomas Fouet, Michael Ghennam, Roland Hélié, Simon Hoareau, Aude Jouanne, Cyrille Latour, Corentin Lê, Amélie Leray, Jacques-Antoine Maisonobe, Nicolas Marcadé, Marine Quinchon, Gaël Reyre, Chloé Rolland, Ghislaine Tabareau(-Desseux), Gilles Tourman, Jonathan Trullard, Valentine Verhague, Nathalie Zimra. Les commentaires des «Fiches» reflètent l’avis général du comité .............................................................. PRÉSIDENT François Barge-Prieur ADMINISTRATRICE Chloé Rolland administration@fichesducinema.com TRÉSORIER Guillaume de Lagasnerie Conception Graphique 5h55 www.5h55.net IMPRESSION Compédit Beauregard 61600 La Ferté-Macé Tél : 02.33.37.08.33 .............................................................. DÉPÔT LÉGAL Septembre 2017 COMMISSION PARITAIRE 0320 G 86313 - ISSN 0336-9331 «Les Fiches du Cinéma». Tous droits réservés. Toute reproduction même partielle des textes est soumise à autorisation. Photo de couverture : Un beau soleil intérieur (Ad Vitam) © Curiosa Films WWW.FICHESDUCINEMA.COM

Cronenberg en creux Dans son savoureux ouvrage Qu’est-ce qu’un bon film ? (Éd. La Dispute), Laurent Jullier n’a pas son pareil pour remettre dans le droit chemin de la subjectivité le critique égaré en quête de l’argument d’autorité, du critère objectif, de l’expertise ultime. Il faut bien l’admettre, serait-ce la mort dans l’âme : l’œil absolu n’existe pas, et tant qu’il y aura des photogrammes, les cinéphiles se disputeront sur ce qu’est ou n’est pas un “bon film”. Et pourtant, face à un film que l’on juge particulièrement réussi, on ne peut parfois s’empêcher de lâcher la bride à sa fougue théoricienne, et l’on se laisse aller aux affirmations. Tombons donc une nouvelle fois dans le panneau, ici au sujet de Dead Zone (1983), premier film américain de David Cronenberg, qui ressort en salles ce 27 septembre. Plus de trente ans plus tard, force est de constater l’intensité intacte de ce thriller fantastique perturbant. Victime d’un terrible accident de la route, Johnny Smith plonge dans le coma. À son réveil, il se retrouve la proie d’intenses visions immersives du passé, du présent et du futur de ceux qu’il touche. Le moins que l’on puisse dire, c’est que de bien sinistres révélations sont à la clé... Au menu, pas de mouvements de caméra ébouriffants, pas d’intrigue alambiquée épate-critique, pas de démonstration de force pyrotechnique ou de plans-séquences sans fin. Juste la maîtrise parfaite de ses outils par un cinéaste en pleine possession de ses moyens. Aux effusions organiques délirantes de Scanners (1981) ou de Videodrome (1983) répondent ici l’ombre dans le regard de Christopher Walken, la froideur des couleurs, l’implacable scansion du récit. Servi en cela par la musique d’un Michael Kamen sobre et inspiré, le film diffuse un trouble et une inquiétude grandissants à mesure que se dessine le destin tragique de Johnny. La mise en scène de Cronenberg brille ici par son économie de moyens. Composition des plans, sens du travelling, ellipses, épure : le maître canadien, avec ce film de commande, réalisait finalement l’une de ses œuvres les plus magistrales. En éliminant tout artifice inutile, en réduisant l’intrigue à sa substantifique moelle, Cronenberg révèle tout le suc noir de son sujet. Pas d’épate, pas de gras. C’est sec et revigorant comme une brise d’hiver au petit matin. On tremble d’imaginer ce que ferait aujourd’hui Hollywood du scénario de Dead Zone... Et l’on soupire d’aise à l’idée d’échapper à l’indigeste “gougnafierie” pixelotractée à laquelle nous aurions probablement droit. Aussi élégant que redoutablement efficace, cet obscur petit bijou tire aussi sa force de l’interprétation simplement parfaite de Christopher Walken en médium torturé ainsi que de celle, flippante à souhait, de Martin Sheen en inquiétant démagogue en pleine campagne électorale. Somme toute, Dead Zone est l’une des toutes meilleures adaptations cinématographiques d’un roman de Stephen King, et demeure, objectivement, une incontestable réussite formelle. GAËL REYRE


Mother ! (Mother !) de Darren Aronofsky Le quotidien d’un écrivain reclus et de sa femme est bouleversé par l’arrivée d’un couple. Cette proposition radicale d’Aronofsky est un leurre brillant et parfaitement orchestré, où s’incarnent et s’imbriquent angoisses, symboles et furie.

© Protozoa Pictures

HHH Cinq jours. C’est, selon ses propres dires, le temps qu’il aura fallu à Darren Aronofsky pour écrire le scénario de Mother ! : cinq jours qui, après trois mois de répétitions, se sont matérialisés en deux heures d’un film inclassable, dense, hautement déstabilisant, qui fausse toutes les attentes et crée de toutes pièces son propre genre, au-delà du thriller horrifique. Métaphore d’un monde en bout de course autant que mise en image du déclin d’un couple à bout de souffle, Mother ! est aussi une réflexion puissante sur la création et ses dynamiques. Dans cet imbroglio de pistes narratives, les angoisses profondes de son réalisateur s’entremêlent aux rites tribaux et croyances païennes, auxquels s’ajoute une forte symbolique religieuse. Aronofsky, en véritable Créateur, construit son mythe patiemment, installe dans la première partie du film une tension qui monte crescendo, avant de basculer brusquement dans le chaos. Sa Genèse est une succession de scènes intimes de la vie d’un couple, son Apocalypse une explosion visuelle hystérique des pulsions humaines les plus sombres. Huis clos suffocant, Mother ! se renferme sur le couple formé par Jennifer Lawrence, à la fois muse et mère, et Javier Bardem, inquiétant, qui n’a qu’une obsession, “faire rentrer la vie” dans son foyer, quitte à le détruire. Les deux évoluent selon une chorégraphie visuelle extrêmement maîtrisée, où la caméra flottante suit les déplacements de Mother dans un parcours labyrinthique qui la mène jusqu’à la folie. Évoquant Rosemary’s Baby de Polanski ou Antichrist de Lars von Trier, Mother ! s’achève finalement sur une vision de cauchemar qui fait appel à nos peurs viscérales. _A.Jo.

THRILLER PARANOÏAQUE Adultes / Grands Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Jennifer Lawrence (Mother), Javier Bardem (Lui), Ed Harris (l’homme), Michelle Pfeiffer (la femme), Brian Gleeson (le frère cadet), Domhnall Gleeson (le frère aîné), Stephen McHattie (le zélote), Kristen Wiig (le héraut), Jovan Adepo (l’échanson), Amanda Chiu, Patricia Summersett, Eric Davis, Raphael GroszHarvey, Emily Hampshire, Abraham Aronofsky, Luis Oliva, Stephanie Ng Wan, Chris Gartin, Ambrosio De Luca, Gregg Bello, Arthur Holden, Henry Kwok, Alex Bisping, Koumba Ball, Robert Higden, Elizabeth Neale, Scott Humphrey, Marcia Jean Kurtz, Anton Koval, Carolyn Fe, Anana Rydvald, Cristina Rosato, Pierre Simpson, Mylène Savoie, Gitz Crazyboy, Shaun O’Hagan, Sabrina Campilii, Stanley Herman, Mizinga Mwinga, Genti Bejko, Andreas Apergis, Julianne Jain, Julien Irwin Dupuy, Bronwen Mantel. Scénario : Darren Aronofsky Images : Matthew Libatique Montage : Andrew Weisblum 1er assistant réal. : Michael Lerman Scripte : Lorette Leblanc Son : Craig Henighan et Paula Fairfield Décors : Philip Messina Costumes : Danny Glicker Effets spéciaux : Mario Dumont Dir. artistique : Isabelle Guay Maquillage : Judy Chin Casting : Lindsay Graham et Mary Vernieu Production : Protozoa Pictures Producteurs : Scott Franklin, Ari Handel et Darren Aronofsky Producteurs exécutifs : Jeff Waxman, Josh Stern et Mark Heyman Distributeur : Paramount Pictures.

115 minutes. États-Unis, 2017 Sortie France : 13 septembre 2017

u RÉSUMÉ Mother se réveille. Avec son mari Lui, écrivain à succès qui peine à retrouver l’inspiration, elle vit une vie paisible, isolée du reste du monde. Mother occupe ses journées à rebâtir leur maison, qui a brûlé lors d’un incendie dans lequel Lui a perdu sa première femme. Un soir, un homme frappe à leur porte, pensant être arrivé dans une chambre d’hôte. Comprenant sa méprise, il souhaite partir mais Lui le retient et lui propose de l’héberger. Sa femme arrive le lendemain, sans que Mother n’ait été avertie. SUITE... Mother tombe enceinte, ce qui inspire Lui à écrire. Au cours d’une balade, Lui apprend que l’homme est en fait un de ses admirateurs qui, se sachant très malade, souhaitait le rencontrer avant de mourir. Le fils cadet de l’homme arrive, rapidement suivi de son aîné, qui accuse son père de l’avoir lésé dans l’héritage. Une violente dispute éclate entre frères, et l’aîné blesse grièvement le cadet. Lui l’emmène à l’hopital, où il décède. La veillée funèbre est organisée dans la maison de Mother et Lui, mais les choses dégénèrent. Mother chasse les invités. Quelques mois plus tard, la maison est envahie de fans de Lui qui se mettent à saccagger les lieux. Mother accouche dans le chaos, et son enfant est tué. Dans un accès de rage, elle fait exploser la maison. Lui la récupère dans les décombres, et lui prend son cœur. Mother morte, Lui utilise le cœur pour régénérer sa maison. Au matin, dans une maison en parfait état, une autre Mother se réveille...

Visa d’exploitation : 147132. Interdit aux moins de 12 ans. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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© les Fiches du Cinéma 2017


L’Un dans l’autre de Bruno Chiche Deux amants qui s’apprêtent à rompre se retrouvent coincés dans le corps de l’autre. Louise Bourgoin et Stéphane de Groodt, secondés par Pierre-François Martin-Laval et Aure Atika, s’en donnent à cœur joie dans cette comédie potache sans grand intérêt.

© Vendôme Prod.

m Prenez le postulat de départ de Freaky Friday, teen movie de 2003 (lui-même remake d’Un vendredi dingue, dingue, dingue de Gary Nelson, 1976) dans lequel Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan interprètent une mère et sa fille dont les corps sont échangés afin de faciliter leur entente mutuelle. Appliquez-le à un couple d’amants (Louise Bourgoin et Stéphane de Groodt), à qui le destin fait vivre cette expérience dans le seul but de découvrir que non, ils ne sont pas heureux dans leurs couples respectifs, et que oui, ils doivent être ensemble. Vous obtenez L’Un dans l’autre, nouveau-né de Bruno Chiche (Barnie et ses petites contrariétés, Je n’ai rien oublié). Présenté comme un savant mélange de comédie pure et de comédie romantique, le film est uniquement composé de situations prévisibles, vues et revues, qui s’enchaînent sans vraiment faire rire. Le scénario est plus à blâmer que les acteurs, qui font le job sans retenue et avec un plaisir certain - le jeu de Louise Bourgoin, un peu poussif, agace tout de même. Entre deux sketches, le sujet pouvait être propice à des réflexions plus subtiles sur les éternelles questions liées au couple. Ici, il semble que la peur de basculer dans la candeur ait poussé Bruno Chiche vers la vulgarité. Si le film est plutôt court, le chemin parcouru par les deux principaux protagonistes, lui, semble interminable. D’autant plus pour parvenir à un dénouement aussi simpliste, bâclé, et que l’on peut anticiper dès les premières minutes. Sans aspirer à une intellectualisation permanente de la comédie française, on espérait un peu mieux de L’Un dans l’autre pour rendre service au genre. _A.L.

COMÉDIE FANTASTIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Louise Bourgoin (Pénélope), Stéphane de Groodt (Pierre), Aure Atika (Aimée), Pierre-François Martin-Laval (Éric), Anne Benoît (Françoise), Elliot Daurat (Antoine), Joud Geistlich (Louise), Philippe Vieux (Philippe), Constance Labbé (Julie), Ludivine de Chastenet (Bénédicte), Philippe Soutan (le chef d’atelier), Rani Bheemuck (la vendeuse), Ginnie Watson (Diane Lelong), Hocine Choutri (Dédé), Jean-Benoît Ugeux (le psychologue), Bertrand Combe, Jean-Paul Muel et Anne Cressent (les médecins), Jean Franco (le conducteur). Scénario : Bruno Chiche, Nicolas Mercier et Fabrice Roger-Lacan, avec la collaboration de Clément Peny Images : Nicolas Brunet Montage : Sylvie Landra 1er assistant réal. : Mathias Honoré Scripte : Virginie Le Pionnier Musique : Philippe Rombi Son : Lucien Balibar, Alexandre Fleurant et Dominique Gaborieau Décors : Pierre Du Boisberranger Costumes : Isabelle Mathieu Production : Vendôme Production Production associée : Universal Pictures Coproduction : Nexus Factory, uMedia et Les Films Jouror Producteurs : Philippe Rousselet et Laetitia Galitzine Coproducteurs : Sylvain Goldberg et Serge de Poucques Dir. de production : Olivier Lagny Distributeur : Universal Pictures.

85 minutes. France - Belgique, 2017 Sortie France : 20 septembre 2017

u RÉSUMÉ Éric et Pénélope tentent d’adopter un enfant et annoncent leur mariage à un couple d’amis, Aimée et Pierre. Éric travaille avec Pierre. Pénélope et Pierre ont une liaison. Pénélope veut y mettre un terme, lui non. Ils s’offrent une dernière nuit d’amour. Le lendemain matin, chacun se réveille dans le corps de l’autre. Victime d’un accident, le fils de Pierre se retrouve à l’hôpital. Pénélope, coincée dans le corps de Pierre, doit y aller. Pierre, dans le corps de Pénélope, doit continuer sa vie avec Éric. Les deux amants vont chercher de l’aide chez le médecin, en vain. Ils tentent de refaire l’amour, en vain. Chacun gâche la réunion de travail de l’autre. SUITE... Pierre, qui a une phobie du sang, fait un malaise lorsqu’il a les règles de Pénélope. Il se rend à un rendezvous déterminant pour l’adoption avec Éric, mais il insulte le décisionnaire. Éric se confie à Pénélope/Pierre sur son malaise au travail. Aimée, dentiste, reçoit Pénélope/ Pierre en consultation et lui avoue qu’elle le trompe avec un collègue. Pénélope apprend que Pierre a ruiné ses chances d’adopter et ne veut plus le voir. Pierre obtient un nouveau rendez-vous et arrange tout. Pierre frôle la noyade. Pénélope le sauve et ils retrouvent leurs corps. Le jour du mariage, Éric renonce car il pense avoir une attirance pour Pierre. Aimée découvre qu’il la trompe avec Pénélope. Les deux amants terminent en couple : Pénélope est enceinte.

Visa d’exploitation : 124503. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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© les Fiches du Cinéma 2017


Une famille syrienne (Insyriated) de Philippe Van Leeuw Huis clos étouffant dans un appartement de Damas pendant la guerre en Syrie, Une famille syrienne parvient à nous rendre palpable la perte de tous les repères du quotidien, et la détresse qui en découle. Un film parfois scolaire, mais poignant.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Hiam Abbass (Oum Yazan), Diamand Abou Abboud (Halima), Juliette Navis (Delhani), Mohsen Abbas (Abou Monzer), Moustapha Al Kar (Samir), Elias Khatter (Karim), Alissar Kaghadou (Yara), Ninar Halabi (Aliya), Mohammad Jihad Sleik (Yazan), Husam Chadat et Orwa Khultum (les hommes). Scénario : Philippe Van Leeuw Images : Virginie Surdej Montage : Gladys Joujou 1er assistant réal. : Jean-François Ravagnan Musique : Jean-Luc Fafchamps Son : Chadi Roukoz, Paul Heymans et Alek Goosse Décors : Kathy Lebrun Costumes : Claire Dubien Casting : Annette Trumel et Najat Adem Production : Altitude 100 Production et Liaison Cinématographique Coproduction : Minds Meet, Versus Production, VOO, BeTV et Né à Beyrouth Films Producteurs : Guillaume Malandrin et Serge Zeitoun Coproducteur : Tomas Leyers Producteur associé : Philippe Logie Dir. de production : Sophie Casse et Marianne Katra Distributeur : KMBO.

© Virginie Surdej / Altitude 100 - Liaison Cinématographique

HH Après Le Jour où Dieu est parti en voyage (2009), Philippe Van Leuuw (ancien chef op’, notamment sur La Vie de Jésus de Bruno Dumont) réalise ici son deuxième long métrage, et adopte un parti-pris fort et singulier : filmer la guerre (en l’occurrence celle de la Syrie des années 2010), non pas du point de vue des combattants, mais de celui des habitants confinés dans Damas. Unité de lieu et de temps donc (le film s’étalant sur une durée de 24 heures) pour un huis clos oppressant, filmé au plus près des différents membres d’une famille étendue (grand-père, enfants et voisins compris), réunie dans l’appartement de Oum Yazan, femme courageuse et attentionnée, déployant une énergie folle à maintenir un semblant de vie normale - préparer les repas, s’occuper du bain des enfants ou leur faire apprendre leurs leçons devenant autant d’actes de résistance face au chaos du monde extérieur. L’horreur de la guerre est ici maintenue à distance, et l’intelligence du film est sans doute de ne tenter aucune explication, ni même identification des différents “camps” ou groupuscules impliqués. Par la fenêtre, on peut voir un bout de rue en ruines ; régulièrement, le sol tremble sous le coup des bombes ; des inconnus s’introduisent dans l’appartement. Il faut alors s’interrompre, se cacher dans la cuisine, et attendre que ça passe... Dans l’écriture comme dans le dispositif, Une famille syrienne a parfois les défauts d’une copie trop scolaire. Mais le réalisateur réussit le pari de rendre le spectateur proche des membres de cette famille - des quidams secoués par une guerre dont les conséquences sont si dangereusement concrètes que ne se pose même plus la question de son origine ou de ses enjeux. _F.B-P.

86 minutes. Belgique - France, 2016 Sortie France : 6 septembre 2017

u RÉSUMÉ Damas. Au petit matin, dans une rue dévastée par la guerre, un tir de sniper disperse quelques habitants venus acheter des légumes. Dans un appartement, Halima et son mari, Samir, hébergés chez leur voisine Oum Yazan, prévoient de fuir le pays le soir même avec leur bébé. Mais Samir se fait tirer dessus en partant travailler, et reste immobile au sol. Delhani, l’aide ménagère de la maison, voit la scène par la fenêtre. Elle en informe Oum Yazan, qui lui intime l’ordre de garder le secret. Oum Yazan essaye de maintenir un semblant de vie dans l’appartement, et s’occupe de ses enfants ainsi que de son beau-père, Abou Monzer. Régulièrement, des tirs ou des bombardements les font se réfugier dans la cuisine. Deux hommes frappent à plusieurs reprises à sa porte, mais elle leur demande de les laisser tranquilles. SUITE... La journée passe lentement. Les deux hommes reviennent, et se font plus menaçants : ils semblent appartenir à une milice d’État. Finalement, l’un d’eux passe par la fenêtre et ouvre à l’autre. Halima, qui n’a pas eu le temps de se réfugier dans la cuisine, refuse de leur dire qui habite dans l’appartement. Elle se fait violer par l’un d’entre eux. Après leur départ, Oum Yazan lui annonce que Samir a été touché par un tir. Halima se précipite pour le relever : il vit encore. Oum Yazan appelle des amis de son mari qui viennent chercher Samir dans la nuit afin de l’amener se faire soigner. Le matin se lève sur Damas.

Visa d’exploitation : 144414. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Le Château de verre (The Glass Castle) de Destin Daniel Cretton En retranscrivant l’enfance hors-norme de l’écrivaine Jeannette Walls, Le Château de verre, secondé par un excellent casting, dépasse la simple adaptation biographique en livrant un propos poignant sur les limites inhérentes à chaque éducation.

© Metropolitan

HHH Après States of Grace (2013), Destin Daniel Cretton adapte le roman éponyme de Jeannette Walls, dans lequel elle relate son enfance vagabonde, toute aussi captivante que malheureuse. Déscolarisés, avec un père indéniablement charismatique mais franchement alcoolique, et une mère artiste et excentrique, Jeannette et sa fratrie ont sillonné les États-Unis - contraints d’échapper à leurs créanciers - à la recherche d’un pied-à-terre afin d’y construire un château de verre. Bien que l’érudition ne manque pas à Rex - le père -, ce rêve architectural ne dépassera jamais le stade du plan, minutieusement peaufiné mais jamais concrétisé, symbolisant l’utopie d’une famille renfermée sur elle-même, et dont l’hypothétique réalisation contrecarrerait les limites de cette éducation fantasque. Si la construction du film est plutôt classique (le présent, lors duquel Jeannette est désormais une chroniqueuse mondaine, est entrecoupé de flash-backs), elle se conforme logiquement au chemin de la construction, puis à celui de la déconstruction, du piédestal parental. Tout en gardant notre regard extérieur, on épouse naturellement celui de Jeannette enfant ; comment ne pas succomber au charme de Rex, dont les paroles saillantes peuvent tantôt envoûter, tantôt agacer ? Le contraste ainsi obtenu - ce à quoi Jeannette était supposément vouée et ce qu’elle est devenue - témoigne de cette indiscipline universelle - momentanée ou définitive - à l’encontre du schéma parental, mais qui est difficilement radicale ; renier notre éducation signifierait, finalement, se renier soi-même. Ainsi, le film se dénoue par la reconstruction de cette image parentale, dont il est nécessaire de ne pas renier le bon et, tout en le gardant à l’esprit, se protéger du mauvais. _V.V.

RÉCIT BIOGRAPHIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Brie Larson (Jeannette), Woody Harrelson (Rex), Naomi Watts (Rose Mary), Ella Anderson (Jeannette, jeune), Chandler Head (Jeannette, enfant), Max Greenfield (David), Josh Caras (Brian), Charlie Shotwell (Brian, jeune), Iain Armitage (Brian, enfant), Sarah Snook (Lori), Sadie Sink (Lori, jeune), Olivia Kate Rice (Lori, enfant), Brigette Lundy-Paine (Maureen), Shree Grace Crooks (Maureen, jeune), Eden Grace Redfield (Maureen, enfant), Robin Bartlett (Emma), Joe Pingue (l’oncle Stanley), A.J. Henderson (le grand-père Walls), Dominic Bogart (Robbie), Chris Gillett, Tessa Mossey, Brenda Kamino, Vlasta Vrana, Andrew Shaver, Sandra Flores, Kyra Harper, Sabrina Campilii, Francesca Barcenas, Brian Walls (lui-même), Jeannette Walls (elle-même), Lori Walls (elle-même), Rose Mary Walls (elle-même). Scénario : Destin Daniel Cretton et Andrew Lanham D’après : l’ouvrage de Jeannette Walls (2005) Images : Bret Pawlak Montage : Nat Sanders 1er assistant réal. : Richard L. Fox Musique : Joel P. West Son : Claude La Haye et Onnalee Blank Costumes : Mirren Gordon-Crozier et Joy Hanae Lani Cretton Effets spéciaux : Louis Craig Effets visuels : Ray McIntyre Jr. Dir. artistique : Nicolas Lepage Maquillage : Annick Chartier Casting : Ronna Kress Production : Netter Productions Pour : Lionsgate Producteurs : Gil Netter et Ken Kao Distributeur : Metropolitan Filmexport.

127 minutes. États-Unis, 2017 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ New York, 1989. Jeannette Walls, chroniqueuse mondaine, est fiancée à David, un analyste financier. Pourtant, son éducation était à l’opposé de sa vie actuelle : avec des parents sans-le-sou, obligés de fuir leurs créanciers, la famille Walls a parcouru les États-Unis afin de trouver le lieu idéal pour y construire un château de verre, projet farfelu de Rex, le père. Lui et sa femme, Rose Mary, artiste excentrique, refusent de scolariser Jeannette, ses sœurs Lori et Maureen et son frère Brian. Alcoolique, Rex déçoit Jeannette qui décide, adolescente, de s’émanciper du schéma parental. SUITE... Dans le présent, Jeannette apprend ses fiançailles à sa mère. Plus tard, Jeannette et David dînent dans le squat de Rex et de Rose Mary. Sachant son père hostile à son fiancé, Jeannette est irritable. Après une dispute entre David et Rex, Jeannette apprend à ce dernier qu’elle est fiancée. Lors de sa soirée de fiançailles, ses parents débarquent à l’improviste. Rose Mary lui demande un prêt d’argent pour racheter la partie d’un terrain familial au Texas, dont elle possède l’autre, d’une valeur d’un million de dollars. Jeannette réalise qu’en vendant ce terrain ses parents auraient pu offrir une vie différente à leurs enfants. Hors d’elle, Jeanne rompt les liens avec son père. Des mois passent. Jeannette apprend que Rex est malade. Elle finit par lui rendre visite. Ils se réconcilient. Plus tard, les Walls se réunissent sans Rex, décédé. Jeannette a divorcé de David et est écrivaine.

Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Demain et tous les autres jours de Noémie Lvovsky Une fillette vit au rythme des crises de folie de sa mère. Retenant un peu les chevaux de son style emporté, Noémie Lvovsky signe un film personnel, pudique, juste et délicat, dont l’aspect austère se fissure lentement pour laisser place à l’émotion.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Luce Rodriguez (Mathilde), Noémie Lvovsky (la mère), Mathieu Amalric (le père), Anaïs Demoustier (Mathilde, adulte), India Hair (la psychologue), Julie-Marie Parmentier (Madame Lesieur), Francis Leplay (Monsieur Lesieur), Elsa Amiel (l’institutrice), la voix de Micha Lescot (l’oiseau). Scénario : Noémie Lvovsky et Florence Seyvos Images : Jean-Marc Fabre Montage : Annette Dutertre et Annette Weil 1ers assistants réal. : Marion Dehaene, Elsa Amiel et Franklin Ohannessian Son : Jean-Pierre Duret, Olivier Mauvezin, Sylvain Mabrant, Nicolas Moreau et Stéphane Thiébaut Décors : Yves Fournier et Brigitte Brassard Costumes : Yvett Rotscheid Effets spéciaux : Georges Demétrau Casting : Constance Demontoy et Alexandre Nazarian Production : F Comme Film et Gaumont Coproduction : France 2 Cinéma Producteurs : Jean-Louis Livi et Sidonie Dumas Producteurs associés : Philippe Carcassonne et Francis Boespflug Dir. de production : Johanna Colboc, Olivier Hélie et Albert Blasius Distributeur : Gaumont.

© Gaumont

HHH Passé un générique semblant recoller à l’énergie de La Vie ne me fait pas peur, ce nouveau film de Noémie Lvovsky peut déconcerter par une forme de retenue et de gravité. Il faut dire que la cinéaste aborde ici de manière frontale le thème de la folie, qui jusqu’alors traversait en filigrane toute sa filmographie, mais qu’elle semblait toujours essayer de tenir un peu à distance par l’humour ou la violence. Au départ le film semble parler à voix basse, comme pour lui-même. Ce qui le rend d’un abord pas immédiatement séduisant. Mais peu à peu, sa poésie minimaliste infuse et opère. Car Lvovsky trouve une distance extrêmement juste par rapport à ses personnages, en n’étant ni dans l’empathie hystérique ni dans la psychologie clinique. Rien n’est explicitement dit des antécédents psychiatriques de la mère, mais on peut ressentir, sans juger ou même comprendre, le drame de son irrémédiable glissement hors de la raison. Sa fille, portée par le fier charisme de l’épatante Luce Rodriguez, n’est jamais victimisée. L’oiseau qui est son ami imaginaire assume son statut de personnage “disneyien”, sans encombrer le film de facéties inutiles. Enfin le personnage du père, bien qu’entrant à pas de loups dans le récit, s’y impose avec une justesse bouleversante en esquivant gracieusement les clichés (il n’est jamais, par exemple, l’alter-ego du spectateur, regardant avec lucidité la folie en vase-clos dans laquelle vivent la mère et la fille). De son histoire d’amour avec la mère, rien n’est dit et pourtant l’essentiel se devine. Epuré et droit dans ses bottes, Demain et tous les autres jours est un mélo avançant sur une corde fragile, mais dont la vibration n’est alors que plus émouvante. _N.M .

95 minutes. France, 2017 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ Mathilde, 9 ans, est dans le bureau de la psychologue de l’école, avec sa mère, qui divague puis reconnaît ne pas être à la hauteur. Toutes deux vivent ensemble au rythme des crises de folie de la mère. Une journée, elle sort d’une boutique avec la robe de mariée qu’elle était en train d’essayer et se promène longuement dans les rues de Paris. La nuit, Mathilde rêve d’une petite fille allongée sous l’eau... Sa mère lui offre un oiseau. Il se met à parler avec elle et devient son confident. À la chorale de l’école, la mère, bouleversée par le chant de sa fille, monte sur scène. Mathilde l’éloigne et quitte le spectacle. À Noël, la mère disparaît encore. La petite, qui avait préparé repas, décoration et cadeau, met le feu aux rideaux. SUITE... Puis, la mère se met en tête qu’il faut vite déménager et demande à Mathilde de rassembler toutes ses affaires. Elles se rendent à un appartement où la mère tente de déloger ses locataires pour s’y installer. Ceux-ci appellent la police. Le père vient dormir dans l’appartement pour veiller sur elles. Il convient avec la mère de l’hospitaliser et de garder Mathilde. La petite arrivera trop tard pour s’y opposer. Des années plus tard, Mathilde, devenue une jolie jeune femme, vient rendre visite à sa mère dans sa résidence hospitalière. Sous l’œil de l’oiseau et sous la pluie, mère et fille dansent ensemble. Puis elles inventent un poème et Mathilde repart légère. La fille allongée sous l’eau se redresse enfin et reprend sa respiration...

Visa d’exploitation : 142784. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Des trésors plein ma poche Film collectif Six courts métrages et autant de pépites, qui allient scénarios bien ficelés et styles d’animation variés. Et les petits spectateurs pourront s’inspirer des héros astucieux et tenaces pour vivre leurs rêves.

© Folimage

HHH À l’origine de ce programme de six courts métrages : Folimage, le studio de production fondé par Jacques-Rémy Girerd (Mia et le Migou, La Prophétie des grenouilles) en 1981. Ces œuvres ont pour premier point commun d’être toutes réalisées par des jeunes professionnelles, originaires de Russie mais aussi de Géorgie et de Suisse. Autre point de convergence, elles sont toutes produites en 2D, dans un “esprit de résistance” revendiqué contre une 3D dominante et un tropisme au formatage de nombreuses productions. Et c’est vrai que chaque film impose une délicatesse et une intelligence gracile qui font du bien, et, nous dirions même plus, qui reposent nos esprits abrutis par la course à l’action de trop nombreux dessins animés (du petit écran en tout cas). Les héros des historiettes partagent, enfin, trois qualités intéressantes à montrer à notre chère progéniture (à partir de 3 ans) : l’astuce, la ténacité, et le sens de la solidarité. Ainsi, ce petit bonhomme de poche pas impressionné par un géant maladroit, ou cette poulette déterminée à voler, autant que cet écureuil à glisser, ou cette araignée à tisser. Chacun est servi par un scénario original, particulièrement en phase avec le style d’animation choisi. Quoi de mieux que le papier découpé pour raconter ce bonhomme de poche qui vit dans une sorte de “tiroir à pêle-mêle” ; et le trait si fin noir sur fond blanc suffit à “tricoter” un monde à l’araignée ; les décors “crayonnés” d’À tire d’aile imposent d’emblée une basse-cour vue à hauteur d’enfant. Bref, n’hésitez à venir respirer le bon air frais de Des trésors plein ma poche. _I.B.

ANIMATION Enfants

u GÉNÉRIQUE 1. Le Petit bonhomme de poche de Ana Chubinidze (7’12 - France Suisse - Géorgie, 2016. Visa : 145485) 2. Toile d’araignée (Spider Web) de Natalia Chernysheva (4’05 - Russie, 2015) 3. Le Dragon et la musique de Camille Müller (8’26 - Suisse, 2015) 4. À tire d’aile (Perelyotnaya) de Vera Myakisheva (5’45 - Russie, 2012) 5. Le Nuage et la baleine de Alena Tomilova (3’35 - Russie, 2016) 6. La Luge (Belchonok i sanki) de Olesya Shchukina (4’19 - Russie, 2016) Avec : 4. Sasha Pushkina. Scénario : Ana Chubinidze (1), Yulia Aronova (4) Montage : Vera Myakisheva (4) Animation : Yael Schärer et Justine Klaiber (2), Evgeniy Ivanov, Dmitriy Kulikov et Gennady Logunov (4) Musique : Yan Volsy (1), Thierry Epiney (2), Dmitriy Selipanov (4), Lev Slepner (6) Son : Thomas Gassmann (2), Anastasija Pasenchuk (4), Andrey Guryanov (6) Dir. artistique : Dina Velikovskaya (4) Production : Folimage (1), Pchela (2, 4, 5), Studio GDS (3), Soyuzmultfilm (6) Coproduction : Nadasdy Film et Kvali XXI (1), RTS et Hochschule Luzern (3) Producteurs : Réginald de Guillebon (1), Georges Schwizgebel (2), Vladimir Gassiyev (4), Anastasiya Lunkova, Gleb Davydov et Andrey Dobrunov (6) Distributeur : Folimage.

35 minutes. France - Suisse - Géorgie - Russie, 2014-2016 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ 1. Un petit bonhomme vit dans une valise posée sur un trottoir. Il récupère les objets tombés des poches. Bousculé par un passant inattentif, il découvre que c’est un aveugle. Il va finir par l’aider grâce à sa trompette. 2. Une mamie tricote chez elle. Dérangée par une araignée, elle la chasse avant de devenir amie avec cette tricoteuse émérite, qui tisse une extraordinaire toile. 3. Le roi oblige tout le monde à jouer de la musique militaire, au grand dam d’un dragon violoniste et d’une jeune flûtiste. Chassée dans la forêt, la seconde devient amie du premier. Les gardes les font prisonniers avant d’être charmés par leurs mélodies. Tous finissent par donner un grand concert harmonieux auquel même le roi participe. 4. Une petite poule rêve de savoir voler mais ne trouve personne pour lui enseigner. Une famille d’oiseaux migrateurs la prend sous son aile et la fait voler en parapluie. La famille poule est épatée. 5. Un nuage devient ami avec une baleine. Quand celleci échoue sur un rocher, il la sauve en grossissant pour la remettre à l’eau. 6. Petit écureuil découvre une luge. Les oiseaux se moquent de ses chutes, mais il finit par maîtriser l’objet et glisse à merveille. Puis il aide sa maman à transporter les noisettes dans le nid, et accepte de faire de la luge avec les oiseaux.

Visa d’exploitation : voir ci-dessus. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 50 copies (vf).

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Especes menacées de Gilles Bourdos Joséphine et Tomasz se marient. Lorsque Tomasz change de comportement, le bonheur vire au cauchemar pour Joséphine... Malgré son ambition et sa mise en scène originale, Espèces menacées reste en surface et ne rend pas justice à ses personnages.

© Mars Films

H Adapté des nouvelles de l’écrivain américain Richard Bausch, spécialiste des rapports familiaux complexes et des couples qui se déchirent, Espèces menacées de Gilles Bourdos (Renoir, Et après...) croise les trajectoires de ses personnages à la manière d’un jeu de 7 familles. Après une introduction centrée sur le mariage chaotique de Joséphine (Alice Isaaz) et Tomasz (Vincent Rottiers), entre en piste une galerie d’êtres humains à la dérive et qui, dès lors, ne cesseront de se croiser sans vraiment se rencontrer. Film choral en apparence, Espèces menacées veut en réalité se démarquer de la construction classique du genre en se contentant d’un simple fil rouge, plutôt qu’en créant une ou plusieurs séquences qui rassembleraient les personnages. Ce fil rouge, c’est le couple de Joséphine et Tomasz, qui cristallise les tensions tout au long du film, et matérialise les thèmes de la violence conjugale, de l’aliénation et de la filiation. Autour d’eux, Gilles Bourdos fait graviter une série de seconds rôles qui incarnent chacun une réaction face à ce drame, la peur de Vincent (Éric Elmosnino), voisin du couple qui n’ose pas s’interposer, ou encore l’impuissance des parents de Joséphine. Malheureusement, ce concept de film “mosaïque”, où les scénettes s’enchaînent sans être liées, handicape le processus d’attachement aux personnages. Alors que le film ne manque pas au premier abord de sensibilité, les personnages finissent par devenir caricaturaux, cantonnés à un traitement de surface, faute d’un espace à même de les laisser se développer pleinement. Reste la beauté des images, qui ne compensera pas cependant les lacunes de cette mise en scène disparate. _A.Jo.

DRAME CHORAL Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Alice Isaaz (Joséphine Kaufman), Vincent Rottiers (Tomasz), Grégory Gadebois (Joseph Kaufman), Suzanne Clément (Edith Kaufman), Éric Elmosnino (Vincent Lamblin), Alice de Lencquesaing (Mélanie Lamblin), Carlo Brandt (Yann Petersen), Agathe Dronne (Marie Lamblin), Damien Chapelle (Anthony Gardet), Brigitte Catillon (Nicole Gardet), Pauline Étienne (Anna), Frédéric Pierrot (Laurent Gardet). Scénario : Michel Spinosa et Gilles Bourdos D’après : le recueil de nouvelles The Short Stories of Richard Bausch de Richard Bausch (2003) Images : Mark Lee Ping-bing Montage : Valérie Deloof 1er assistant réal. : Renaud Gast Musique : Alexandre Desplat Son : François Waledisch Décors : Guillaume Deviercy Costumes : Virginie Montel Effets visuels : Philippe Frère et Cyrille Bonjean Maquillage : Oriane Cattiaux Casting : Richard Rousseau Production : Les Films du Lendemain et Les Films du Fleuve Coproduction : Mars Films et Proximus Productrice : Kristina Larsen Coproducteurs : Jean-Pierre & Luc Dardenne et Delphine Tomson Dir. de production : Albert Blasius Distributeur : Mars Films.

105 minutes. France - Belgique, 2017 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ Joséphine et Tomasz se marient. Au cours de la nuit de noces, Tomasz, qui ne plaît pas aux parents de Joséphine, tient des propos violents envers sa femme. Profondément jaloux, il isole Joséphine de sa famille. Vincent, en instance de divorce, apprend que sa fille Mélanie, âgé d’une vingtaine d’années, va se marier à son professeur d’histoire, de trente ans son aîné et dont elle est enceinte. Anthony, thésard malheureux en amour, a des difficultés à se lancer dans la vie active. Après le départ de son père, il doit s’occuper de sa mère, atteinte de démence. Joseph, le père de Joséphine, suit sa fille au supermarché pour lui parler mais la jeune fille s’enfuit. SUITE... Joséphine vit recluse dans un minuscule appartement où Tomasz la brutalise quotidiennement. Enfin divorcé, Vincent emménage dans l’appartement adjacent à celui du couple. Témoin des violences que subit Joséphine, il saisit l’occasion de la fête de Noël organisée chez eux pour encourager Joséphine à contacter son ex-femme, Marie, qui travaille pour une association de femmes battues. Joséphine profite d’une absence de Tomasz pour rencontrer Marie mais elle s’enfuit quand Tomasz, furieux, l’appelle pour savoir où elle est. Anthony, qui a placé sa mère dans un hôpital psychiatrique, vient lui rendre visite. Ils finissent par s’enfuir tous les deux. Vincent, poussé par sa femme, suit Tomasz et lui tire dessus. Tomasz meurt. Quelques mois plus tard. Joséphine, qui a repris le travail, est sur le point d’accoucher.

Visa d’exploitation : 143502. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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L’Intelligence des arbres (Intelligente Bäume) de Julia Dordel et Guido Tölke Selon une trame classique, L’Intelligence des arbres présente un hymne au monde végétal, ponctué de témoignages d’experts ayant accompli des avancées conséquentes dans l’étude des forêts et des plantes. Avec un rappel : la nature est plus grande que nous.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE En complément de programme : La Vie cachée des plantes Scénario : Julia Dordel et Guido Tölke Images : Guido Tölke Montage : Guido Tölke Production : Dorcon Film Coproduction : Nordmedia et Film-und-Mediengesellschaft Niedersachsen/ Bremen Productrice : Julia Dordel Producteur exécutif : Les Lavkulich Distributeur : Jupiter Films.

© Dorcon Film

HH En 2015 était publié La Vie secrète des arbres de l’Allemand Peter Wohlleben. Vendu à plus d’un million d’exemplaires, l’ouvrage écrit par le garde-forestier a apporté de précieuses informations sur l’incroyable interaction existant entre les arbres. À travers un discours tantôt scientifique, tantôt écologique, il est démontré que les racines constituent un véritable réseau grâce auquel les arbres se protègent et se nourrissent mutuellement. Ils échangent un certain nombre de ressources énergétiques, que les arbres sains peuvent par exemple fournir à des arbres malades. Encore plus sidérant, il apparaît que les arbres possèdent une sorte de conscience, de telle sorte qu’un arbre dit “mère” peut juger si l’environnement est propice au développement d’un nouvel arbre. Si le discours scientifique gagnerait à être davantage vulgarisé en vue d’une compréhension détaillée par le public, les interventions des différents acteurs de l’étude des arbres éclairent une multitude d’aspects que celle-ci peut englober : la communication entre les arbres, la compréhension des écosystèmes des forêts et l’ingénierie forestière, à travers le témoignage de Wohlleben lui-même. Sur l’aspect formel, L’Intelligence des arbres présente une structure plutôt classique et didactique - le documentaire constitue un support pédagogique de qualité. Certains plans récurrents, comme ceux d’une femme errant à travers la forêt dans une sorte de quête spirituelle, sont inutiles et peu esthétiques, et déséquilibrent l’ensemble. Le fil conducteur du film est clair : il s’agit d’une volonté d’éveiller les consciences sur l’intérêt fondamental de la forêt. La démonstration n’est pas seulement effectuée à travers le prisme écologique ; elle

45 minutes (progamme : 75). Allemagne, 2016 Sortie France : 27 septembre 2017

porte aussi l’attention sur l’aspect pratique. Combien de fois sommes-nous en contact avec le bois dans notre quotidien ? Les forêts, poumon vert de la planète, fournissent la matière première qu’est le bois et constituent une énergie renouvelable majeure que l’humain met trop à mal depuis quelques années. Sans traiter le sujet de façon aussi culpabilisante qu’Al Gore dans Une vérité qui dérange, L’Intelligence des arbres tire la sonnette d’alarme de manière pacifique, mais ferme, sur l’urgence de redonner à la nature sa place et le respect qu’elle mérite. En écho à ces découvertes sur le fonctionnement synergique des arbres, Les Trésors cachés des plantes vient compléter ces nouveaux savoirs sur le monde végétal. Paysagistes, chercheurs, agronomes et énergéticiens mettent en lumière leurs observations insoupçonnées sur les plantes qui, elles aussi, sont en forte interaction avec leur environnement direct. Entraide, protection du danger : le monde végétal est sous-estimé dans sa globalité. Hors de tout discours scientifique, Laure Charrin, chanteuse et énergéticienne, trouve des réponses à ses questions dans le message des plantes, qu’elle décrypte par des tests de kinésiologie. Une façon pour l’humain de vivre en harmonie avec la nature, qui semble ne demander que cela. D’une tout autre manière, Darren Aronofsky tente de nous faire passer le même message dans son dernier film... _A.L.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 50 copies (vo).

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Le Jeune Karl Marx de Raoul Peck Années 1840 : alors que l’Europe industrielle et capitaliste pressure les ouvriers, Karl Marx commence à côtoyer les milieux révolutionnaires avec sa femme. Il rencontre Engels. Plus qu’un biopic : une leçon d’histoire humaine et politique.

© Kris Dewitte

HHH Comment, sans l’ennuyer ni sombrer dans le biopic édulcoré ou apologétique made in USA, intéresser un large public à une figure aussi iconique que celle de Karl Marx, dont la pensée complexe aura été déformée, récupérée et dévoyée comme rarement ? Reprenant ce qui a fait la force de son formidable I Am Not Your Negro (2016), Raoul Peck apporte sa réponse, d’une puissance édifiante : en partant de l’instant où Marx a commencé à construire sa pensée, tout en restant aussi près que possible de l’humain - via l’évocation de sa vie privée - et en replongeant l’homme et ses réflexions dans son temps, afin de mieux appréhender le tout. Si le résultat est formellement plus sage qu’avec son précédent film, sur le fond, ce retour aux fondamentaux de l’auteur du Capital et du Manifeste du Parti communiste (avec Engels) est d’une luminosité exemplaire ! Sa parfaite reconstitution de l’Europe industrielle de 1840, son scrupuleux souci d’authenticité, son indéniable connaissance du sujet et l’extraordinaire intégration des textes du philosophe, homme politique et économiste font de ce spectacle engagé et néanmoins digeste une très pertinente analyse, semée de malins clins d’œil à l’actualité. Ainsi, l’entrevue avec le PDG de fonderies Naylor justifiant l’emploi d’enfants pour lutter contre la concurrence... Vous avez dit “mondialisation” ? L’autre point positif, c’est le refus du réalisateur de s’embarrasser d’artifices dramatiques : non, Engels et Jenny Marx ne fricoteront pas pour faire monter la tension car tel ne fut pas le cas. On en ressort nourri et avec une furieuse envie de défendre la légitimité (a minima historique) des “acquis sociaux”. _G.To.

RÉCIT BIOGRAPHIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : August Diehl (Karl Marx), Stefan Konarske (Friedrich Engels), Vicky Krieps (Jenny von Westphalen Marx), Hannah Steele (Mary Burns), Olivier Gourmet (Pierre-Joseph Proudhon), Alexander Scheer (Wilhelm Weitling), Marie Meinzenbach (Lenchen), Wiebke Adam (Madame Ruge), Ivan Franek (Bakunin), Stephen Hogan (Thomas Naylor), Rolf Kanies (Moses Hess), Annabelle Lewiston (Lizzy Burns), Damien Marchal (Pavel Annenkov), Elsa Mollien (Sybille Hess), Denis Lyons (James), Ulrich Brandhoff (Herrmann Kriege), Aran Bertetto (Paddy), Éric Godon (le contremaître), Niels-Bruno Schmidt (Karl Grün), Inga R. Kammerer (la vieille femme), Torsten Ranft, Jürgen Rissmann. Scénario : Pascal Bonitzer et Raoul Peck Images : Kolja Brandt Montage : Frédérique Broos Scripte : Marie Chaduc Musique : Alexei Aigui Son : Jörg Theil, Benoît Biral et Felix Andriessens Décors : Benoît Barouh et Christophe Couzon Costumes : Paule Mangenot Effets visuels : Philippe Frère et Manfred Büttner Dir. artistique : Merlin Ortner Maquillage : Anne Moralis Casting : Sylvie Brocheré et Kristin Diehle Production : Agat Films & Cie et Velvet Film Coproduction : Rohfilm, Artémis Productions, France 3 Cinéma, Jouror et SWR Producteurs : Nicolas Blanc, Rémi Grellety, Robert Guédiguian et Raoul Peck Coproducteurs : Benny Drechsel, Karsten Stöter et Patrick Quinet Distributeur : Diaphana.

118 minutes. France - Allemagne - Belgique, 2016 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ Cologne, avril 1843. Tandis que les pauvres qui ramassent du bois en forêt sont réprimés “pour vol”, Karl Marx, 25 ans, s’oppose à ses collègues de la Gazette rhénane qu’il trouve trop timorés face aux injustices. Arrêté, il émigre à Paris avec sa femme Jenny et leur fille en bas âge. Simultanément, à Manchester, Friedrich Engels, 23 ans, s’éprend de Mary Burns que son père, patron de filatures, a licenciée pour avoir mené un mouvement de grève. Grâce à elle, il fréquente le milieu ouvrier. Peu après, Marx et Engels se rencontrent à Paris, chez l’ancien directeur de la Gazette rhénane, émigré lui aussi. Après s’être titillés verbalement, une course-poursuite contre la police et une nuit de beuverie, ils deviennent amis. SUITE... Lors d’un banquet républicain, ils croisent Proudhon et Bakounine. Dès lors, vivant chichement de leurs articles, épaulés par leurs femmes malgré leur vie privée difficile, parcourant les capitales européennes et les réunions publiques, Marx et Engels forgent de concert leur pensée visant à défendre les ouvriers et à organiser la révolution. Engels s’émancipe aussi de son père. En 1846, la Ligue des Justes, une “fraternité humaine”, leur confie sa réorganisation. Au congrès de celle-ci, ils imposent le slogan “Prolétaires de tous les pays, unissez-vous” et un nom : La ligue des communistes. Un an plus tard, les deux hommes éditent leur célèbre Manifeste. Peu après éclate le “Printemps des peuples” : les Révolutions de 1848.

Visa d’exploitation : 114370. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Le Maître est l’enfant de Alexandre Mourot Attention promo ! Si Le Maître est l’enfant transmet avec clarté une immersion pédagogique, son apologie de la méthode Montessori semble mésestimer toute autre forme d’éducation, passant sous silence d’éventuels témoignages sur ses résultats réels.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec les voix de : Anny Duperey (Maria Montessori), Alexandre Mourot, Christian Maréchal. Images : Alexandre Mourot Montage : Catherine Mamecier Musique : Damien Salançon Son : Alexandre Mourot Production : Dans le Sens de la Vie Distributeur : Dans le Sens de la Vie.

© Dans le Sens de la Vie

H Avant de se retrouver dans la plus ancienne école Montessori de France, à Roubaix, Le Maître est l’enfant débute sur les questionnements naissants d’Alexandre Mourot, réalisateur et jeune père d’une petite fille. En filmant celle-ci grandir, il s’aperçoit que laisser sa fille agir seule semble être, selon lui, le meilleur moyen pour elle d’apprendre vite et en toute liberté. Ce sont ces réflexions nouvelles de jeune parent qui l’amènent par la suite à s’intéresser à la méthode de Maria Montessori, qui est connue pour avoir expérimenté, au début du XXe siècle, une nouvelle méthode éducative portant désormais son nom. De ces pistes lancées par la pédagogue italienne, Alexandre Mourot réalise l’importance de laisser à l’enfant un espace sans intervention de l’adulte et décide, en cela, de se plonger au cœur de la méthode : dans la classe de Christian Maréchal, éducateur Montessori, où des enfants de 3 à 6 ans vaquent eux-mêmes aux différentes activités proposées par le matériel à leur disposition. Cette volonté du jeune père de s’introduire au beau milieu d’une méthode aurait pu s’avérer intéressante si seulement il n’était pas déjà entièrement convaincu par celle-ci avant d’y entrer. La démarche a, certes, toute l’humilité d’un film purement pédagogique, lançant des sujets de réflexion intéressants à destination des parents (à partir de quel moment faut-il intervenir ? Doit-on laisser l’enfant s’intéresser lui-même à cet apprentissage ?), mais elle est également polluée par une apologie sans nuance de l’éducation Montessori. En clamant haut et fort que celle-ci est la solution à tous les maux de notre société (concurrence, violence, mépris, avidité, ignorance),

101 minutes. France, 2016 Sortie France : 27 septembre 2017

Mourot oublie trop souvent que, oui, on peut être issu d’une scolarité classique sans être ni un élève traumatisé par l’éducation nationale, ni un chien de garde du capitalisme sauvage. Il aurait été intéressant en cela de connaître l’avis des parents, qu’ils insèrent ou qu’ils retirent leur enfant de cette école, ou même de rencontrer un ancien élève Montessori pour savoir si, oui ou non, cette méthode, par ailleurs très coûteuse (ce dont le film ne parle évidemment pas), a fait de lui une personne meilleure. Pour un film qui aurait pu s’intituler “Montessori, le film” (c’est le titre que se donnent toutes ses composantes promotionnelles : site web, adresses mail), Le Maître est l’enfant paraît un peu léger dans sa volonté d’expliquer dans sa globalité quels sont les tenants et aboutissants de cette méthode. Quels sont les enfants qui accèdent à cette éducation ? Quels adultes deviennent-ils ensuite ? Sur ces questions, aucune réponse n’est donnée. L’idée de nous immerger au cœur de la classe, pendant plus d’une heure et demi, avec les enfants, permet, certes, de nous montrer clairement et simplement en quoi consiste, dans les faits, cette méthode (et c’est en cela que le projet du film fait sens), mais laisse un aperçu très réducteur de l’impact qu’a cette éducation sur le long terme et ne peut, en cela, aucunement nous convaincre. L’enfant est-il maître ? La question reste en suspens. _C.Lê.

Visa d’exploitation : 146970. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 100 copies.

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Money de Géla Babluani Autour d’un canevas de thriller - trafics, maîtreschanteurs et prise d’otage sont au programme -, Money dépense beaucoup d’énergie à essayer de justifier sa cohérence, au prix de la crédibilité de ses personnages. Un film sans grande envergure.

THRILLER Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : George Babluani (Danis), Vincent Rottiers (Éric), Charlotte Van Bervesselès (Alexandra), Louis-Do de Lencquesaing (Mercier), Benoît Magimel (Vincent), Anouk Grinberg (Anaïs), Olivier Rabourdin (Charles), Arben Bajraktaraj (Goran), Jean-Michel Correia (Didier), Féodor Atkine (Jean-Philippe), Didier Ferrari (Laurent Santucci), Mathias Cayuela (Antoine Santucci), Émilie Gavois-Kahn (Camille). Scénario : Géla Babluani Images : Tariel Meliava Montage : Laurent Rouan 1er assistant réal. : Laurent Barbier Scripte : Julia Colin Son : Ludovic Elias Costumes : Mahémiti Deregnaucourt Effets visuels : Sébastien Drouin Maquillage : Magalie Dumas Production : Electrick Films et Les Films de la Strada Coproduction : Jerico et Orange Studio Producteur : Géla Babluani Producteurs délégués : Hubert Caillard et Dominique Boutonnat Producteurs associés : Alain Attal et Grégoire Melin Dir. de production : Damien Saussol et Thierry Muscat Distributeur : Océan Films.

© Océan Films

H En mettant les très côtés Vincent Rottiers et Benoît Magimel à l’affiche de son nouveau thriller, Gel Babluani ne manque pas d’ambition. En proposant un scénario dense et de nombreux rebondissements inattendus faisant parfois penser à certaines séries américaines à la mode, on peut s’attendre à ce que Money se tienne de lui-même et que sa seule dynamique entretienne l’envie de savoir ce qui va arriver à chacun des protagonistes. Hélas... Sur fond de tension sociale entre classe dominante riche, puissante (et donc corrompue) jusqu’à l’os et une classe ouvrière qui ne peut s’en sortir qu’en volant son prochain ou en réalisant des petits trafics, difficile d’éviter les clichés. Si la profondeur et la complexité du personnage interprété par Louis-Do de Lencqesaing est notable, tous les autres protagonistes pêchent inévitablement par défaut ou par excès. Ici, Vincent, personnage mi-Terminator/miFrançois Damiens, atteint son paroxysme de méchanceté dans une scène pour laquelle les enjeux ne méritaient pas le quart de la violence mise en jeu. Là, Éric, un jeune paumé qui s’improvise voleur, a des réactions parfois incompréhensibles mais qui permettent de justifier en grande partie le déroulement du film. Et c’est bien sur ce point que Money pêche le plus : la volonté de cohérence jusqu’au-boutiste, assurée tout au long du film par des gros plans sur des détails que l’on aurait volontiers accepté de ne pas voir dans le fil de la narration, et qui va jusqu’à sacrifier une dernière scène logique au profit d’un plan fixe ultra minimaliste sur des personnages pour lesquels aucune émotion - ni curiosité - de la part du spectateur n’était à attendre. _J-A.M.

90 minutes. France, 2016 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ Éric, Danis et Didier sont mécanos au Havre. Par l’intermédiaire de Charles, Laurent et Antoine Santucci font chanter Mercier, secrétaire d’État à la sécurité, afin qu’il les aide dans un trafic. Son salaire : une mallette de billets. Alex, la sœur d’Éric, voit les billets et file Mercier. Charles dénonce les Santucci. Alex, Éric et Danis décident de voler Mercier. Ils trouvent, chez lui, un échafaud : Mercier se pend. Les trois voleurs le sauvent et lui demandent l’argent. Mercier s’exécute. Le butin partagé, Éric et Alex retournent chez Mercier. Charles offre à Mercier d’échanger les preuves qui l’incriminent contre l’argent. Danis se fait détrousser par Goran, un truand pour qui il travaille. Danis le tue et fuit avec sa mère, Anaïs, et son fils. SUITE... Mercier prend Alex en otage : Éric doit récupérer la part de Danis. Il le retrouve à la gare mais refuse de lui donner sa part. Éric tend un piège à Mercier, qui lui envoie Vincent, un assassin. Éric lui dit où trouver Danis. Alex se libère: Mercier l’abat. Vincent rattrape le train de Danis. Menaçant de défenestrer son petit-fils, Anaïs donne l’argent à Vincent. Danis se lance à sa poursuite. Éric arrive chez Mercier et retrouve Danis. Ils découvrent le corps d’Alex. Une fusillade éclate : Mercier est pendu ; Éric, touché, meurt. La police arrive et arrête Charles ; Danis s’enfuit avec l’argent. Anaïs lui demande de ne pas revenir. Vincent et l’acolyte de Charles attendent des nouvelles de leurs chefs respectifs.

Visa d’exploitation : 142241. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Le Petit Spirou de Nicolas Bary Alors qu’il doit intégrer l’école des grooms pour suivre le modèle familial, le Petit Spirou décide de faire le tour du monde. Comédie bon enfant mais très marketée, Le Petit Spirou restitue l’essence de la bande dessinée en se permettant quelques libertés.

© Thibault Grabherr

HH Après les adaptations de deux romans pour enfants, Les Enfants de Timpelbach d’Henry Winterfield et Au bonheur des ogres de Daniel Pennac, Nicolas Bary s’attaque à la bande dessinée en transposant à l’écran les aventures du Petit Spirou. Au lieu d’adapter fidèlement l’un des albums du duo Tome & Janry, le réalisateur a choisi de se restreindre à quelques gags intégrés à son récit. Une entorse qui s’applique également aux personnages, dont l’apparence physique et les traits de caractère ont été revus pour mieux s’adapter aux codes du cinéma. Les amateurs de la BD retrouveront avec plaisir un Monsieur Mégot - qui n’en a plus que le nom, jeune public oblige toujours aussi truculent mais plus touchant, incarné par François Damiens, habitué du genre, un Grand-Papy pétillant et roublard joué par Pierre Richard, et un Langélusse métalleux, trouvaille savoureuse de Nicolas Bary, qui a confié le rôle à Philippe Katerine. Baskets aux pieds et sweat à capuche sous l’uniforme de groom, le Petit Spirou et sa bande de copains ont quant à eux été largement modernisés pour plaire aux pré-adolescents. Visuellement, Nicolas Bary conserve l’esthétique enfantine et colorée de ses précédents longs métrages, esthétique ici renforcé par les décors imaginés par Stéphane Rozenbaum, chef décorateur de Michel Gondry. Si l’ensemble ainsi constitué se révèle bon enfant, le choix de supprimer la dimension grivoise inhérente à l’univers de la bande dessinée supprime également la double lecture pour les plus grands voulue par Tome & Janry. Le Petit Spirou est, de fait, un film avant tout destiné à un jeune public, où les placements de produits leur étant destinés sont légion. _A.Jo.

COMÉDIE Famille

u GÉNÉRIQUE Avec : Sacha Pinault (le Petit Spirou), Pierre Richard (Grand Papy), François Damiens (Monsieur Mégot), Natacha Régnier (la mère du Petit Spirou), Gwendolyn Gourvenec (Mademoiselle Chiffre), Philippe Katerine (Langélusse), Armelle (la voyante), Mahé Laridan (Vertignasse), Timothée Moffen (Cassius), Gwendal Maguid-Salvatore (Ponchelot), Aaron Denis (André Baptiste), Maghogany-Elfie Elis (Éléonore), Pierre Gommé (Jim Brioul), Tom Grilmplet (le masseur), Virginie Hocq (la directrice de l’école de grooms). Scénario : Laurent Turner et Nicolas Bary D’après : la série de bandes dessinées de Tome et Janry (créée en 1990) Images : Vincent Gallot Montage : Véronique Lange Musique : Rolfe Kent Chanson : Vianney, Si on chantait Son : Paul Heymans, Quentin Collette, Charles de Ville et Roland Voglaire Décors : Stéphane Rozenbaum Costumes : Agnès Béziers Effets visuels : Alain Carsoux Production : Les Films du Cap et Les Partenaires Coproduction : Belvision, France 2 Cinéma, Voo et BeTV Producteurs : Jean Cottin, Nathanaël La Combe et Nicolas Bary Coproducteur : Léon Pérahia Distributeur : La Belle Company.

86 minutes. France - Belgique, 2017 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ La fin de l’année scolaire approche pour le Petit Spirou et ses amis Vertignasse, Cassius et Ponchelo. Il intègrera à la rentrée l’école des grooms, comme chacun des membres de sa famille avant lui. Mademoiselle Chiffre, sa maîtresse, demande à toute sa classe de rendre une rédaction où les élèves doivent imaginer ce qu’ils seront à 30 ans. Inquiet de quitter ses copains à la rentrée, le Petit Spirou s’interroge sur ce qu’il veut vraiment être quand il sera grand. Il va consulter une voyante qui lui prédit des aventures dans des pays lointains. Il rentre chez lui faire part de la nouvelle à son Grand-Papy. Connaissant la voyante, Grand-Papy conduit à nouveau le Petit Spirou chez elle et demande discrètement à cette dernière de lui dire qu’il va devenir groom. SUITE... Résigné, le Petit Spirou veut quand même faire le tour du monde avant d’aller à l’école des grooms, et il propose à Suzette, son amoureuse, de l’accompagner. Le jour J, il rend sa rédaction à Mademoiselle Chiffre, où il décrit son envie de voyager. Puis c’est le grand départ. À la lecture du devoir, Mademoiselle Chiffre craint que le Petit Spirou ne fugue vraiment. Elle demande à Monsieur Mégot, le prof de sport, de l’aider à retrouver le Petit Spirou et prévient la mère de l’enfant. Celui-ci fait en réalité le tour de la ville, où Vertignasse a construit de faux décors de pays lointains. Sa mère le retrouve enfin et, comprenant qu’il ne veut pas être groom, le laisse libre de décider de son avenir.

Visa d’exploitation : 140276. Format : n.c. - Couleur - Son : Dolby SRD. 500 copies.

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Stupid Things (Dayveon) de Amman Abbasi Grâce à un casting de talentueux acteurs non professionnels, le réalisateur américain Amman Abbasi signe un premier long métrage réussi autour du mal-être adolescent dans une communauté afro-américaine en proie à la criminalité.

CHRONIQUE INITIATIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Devin Blackmon (Dayveon), Kordell “KD” Johnson (Brayden), Dontrell Bright (Bryan), Chasity Moore (Kim), Lachion Buckingham (Mook), Marquell Manning (Country), Shavidee Trotter (Show D). Scénario : Amman Abbasi Images : Dustin Lane Montage : Michael Carter et Dominic LaPerriere 1er assistant réal. : Chelsea Donison Musique : Amman Abbasi Son : Ryan Billia Costumes : Tiffany Barry Casting : Karmen Leech et John Williams Production : Mama Bear Studios, Meridian Entertainment et Muskat Filmed Properties Coproduction : Rough House Pictures, Salem Street Entertainment et Symbolic Exchange Producteurs : Amman Abbasi, Lachion Buckingham et Alexander Uhlmann Producteurs délégués : David Gordon Green, Jody Hill, Danny McBride, Brandon James, Lisa Muskat, James Schamus, Joe Pirro, Todd Remis, Isaiah Smallman et Barlow Jacobs Coproducteur : Steven Reneau Distributeur : The Jokers.

© The Jokers

HH “Everything’s stupid”. Tout est stupide. C’est par ces paroles désabusées, prononcés par Dayveon, le personnage principal, alors sur son vélo, que débute Stupid Things. Contrairement à ce que les thèmes qu’il aborde peuvent laisser croire (banditisme, drogue, criminalité, gangs), le premier long métrage du jeune réalisateur américain Amman Abbasi - après un court métrage, Bad Water, en 2013 - ne peut être réduit à l’étiquette de film sur les gangs dans une communauté afro-américaine d’une petite ville de l’Arkansas. Plaidoyer contre l’usage des armes à feu, il raconte surtout l’histoire d’un jeune adolescent désespéré, en proie à la mélancolie et qui ne sait vers qui se tourner. Souvent filmé en cadrage serré caméra à l’épaule, Stupid Things est une immersion sociale forte et sombre. Il donne ainsi à voir une solitude, celle de Dayveon, qui, sans être seul au monde (il vit avec sa soeur, son beau-frère et son neveu), est isolé. Le jeune Devin Blackmon, qui, comme le reste du casting, n’est à l’origine pas un acteur professionnel, campe avec naturel ce personnage en quête de hauteur, d’identité, d’estime de soi. En cela, le film, remarqué aux festivals de Sundance et de Deauville, constitue comme un écho à Moonlight de Barry Jenkins, Oscar du meilleur film cette année. S’il n’en a pas la puissance transcendante, Stupid Things n’en demeure pas moins une oeuvre forte. Court (il dure 75 minutes), il condense l’action pour n’en garder que la chair. Si Stupid Things ne parvient pas totalement à déjouer les clichés inhérents aux sujets autour desquels il gravite, il reste un premier coup d’essai sincère et poignant. _A.D.

75 minutes. États-Unis - Royaume-Uni, 2017 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ À tout juste 13 ans, Dayveon, jeune Afro-Américain, qui vit dans l’Arkansas avec sa sœur et son beau-frère, Brian, a déjà connu la mort. Celle de son frère, qu’il admirait. Dans sa petite ville de l’Amérique rurale, Dayveon se cherche une place. Sur son vélo, il traîne sa mélancolie et ressasse ses souvenirs. Pour se prouver à lui-même qu’il a de la valeur, il va à la rencontre des Blood, le gang local, et leur fait part de sa volonté d’être des leurs. Les membres du gang, la vingtaine, le malmènent, lui arrachent son tee-shirt et le frappent : Dayveon a passé le rituel de bizutage et fait désormais partie des Blood. Lorsqu’il apprend que l’adolescent traîne avec eux, Brian le réprimande. Mais Dayveon continuee à fréquenter les membres du gang, qui l’initient à la consommation de drogue et au deal. SUITE... Avec un de ses amis, qui ne fait pas partie du gang et qui a été blessé par une arme à feu, Dayveon se rend sur un terrain vague et s’essaie à l’usage d’un pistolet. Un soir, alors qu’ils sont en voiture avec un des membres du gang, tous deux assistent au braquage d’une épicerie. Quelques jours plus tard, Dayveon participe à un vol à main armée au cours duquel il braque, avec l’aide d’un malfrat, plusieurs hommes alors que ces derniers pariaient de l’argent aux dés. Parmi eux figure son beau-frère, qui a reconnu son jeune agresseur. Après l’agression, Brian convainc Dayveon, qui se rend compte de son méfait, de se débarrasser de son arme et ne plus fréquenter le gang.

Visa d’exploitation : 147153. Format : 1,33 - Couleur - Son : Dolby SRD. 30 copies (vo).

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Un beau soleil intérieur de Claire Denis Divorcée, Isabelle cherche l’amour. Les hommes dont elle s’entiche la déçoivent... Avec l’appui de Christine Angot, coscénariste, Claire Denis signe sa première comédie : une chronique douce-amère et aérienne, à l’image de son interprète.

COMÉDIE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Juliette Binoche (Isabelle), Xavier Beauvois (Vincent, le banquier), Philippe Katerine (Mathieu), Josiane Balasko (Maxime), Sandrine Dumas (l’amie), Nicolas Duvauchelle (l’acteur), Alex Descas (Marc), Laurent Grévill (François), Bruno Podalydès (Fabrice), Paul Blain (Sylvain), Valeria Bruni-Tedeschi (la femme de la voiture), Gérard Depardieu (le voyant), Claire Tran. Scénario : Claire Denis et Christine Angot Images : Agnès Godard Montage : Guy Lecorne 1er assistant réal. : Joseph Rapp Scripte : Zoé Zurstrassen Musique : Stuart A. Staples Son : Jean-Paul Mugel Décors : Arnaud de Moleron Costumes : Judy Shrewsbury Casting : Stéphane Batut Production : Curiosa Films Coproduction : FD Production, Ad Vitam et Versus Production Producteur : Olivier Delbosc Productrice exécutive : Christine de Jekel Producteur associé : Émilien Bignon Dir. de production : Olivier Helie Distributeur : Ad Vitam.

© Curiosa Films

HHH Quel bel et curieux objet qu’Un beau soleil intérieur, titre que porte fort bien cette première irruption de Claire Denis dans le registre de la comédie et pour laquelle elle a sollicité la collaboration, à l’écriture, d’une nouvelle venue dans le clan que forme la cinéaste depuis des années, à savoir Christine Angot. C’est-à-dire, d’une personnalité de la littérature, d’un style, de préoccupations, d’une présence dans notre environnement esthétique et intellectuel dont l’innocuité n’est pas exactement le propre, le contraire d’un prête-nom inconsistant si l’on veut. Il en résulte, comme rarement, un sentiment d’assemblage de deux langages, le plan ici, la phrase là. Comme si la juxtaposition de deux profils allait donner un visage, la réunion d’un côté cour et d’un côté jardin, une pièce. Et étonnamment, le charme opère, une œuvre prend forme. Dans ce théâtre émotionnel où l’âge avance sans qu’on y prête assez garde, une femme mûre tient à vivre une histoire d’amour, la dernière qui sait... Un personnage qu’on devine armé des principaux acquis de la lutte des femmes, des éclairages de la psychanalyse, d’une certaine conscience de ce que parler veut dire, de cette farce entre deux interlocuteurs à laquelle peut très vite s’apparenter le langage. Ce qui en fait un film drôle - pour une comédie, ce n’est pas un luxe - qui incontestablement enregistre quelque chose du langage que nous parlons aujourd’hui, on pourrait dire dans l’heure tant le film nous est contemporain, des modalités de la conversation telle que nous la pratiquons au jour le jour, qui témoigne de la façon dont nous nous parlons, ne nous parlons pas serait peut-être plus juste encore. Ce qui ne va pas sans l’inquiète intuition, qu’un jour, Un beau soleil intérieur pourrait se révéler totalement incompréhensible. _R.H.

94 minutes. France, 2017 Sortie France : 27 septembre 2017

u RÉSUMÉ Paris. Isabelle est artiste, mère d’une adolescente et divorcée de François. Elle couche avec son amant Vincent. Puis Vincent raconte à Isabelle que François a couché avec Maxime, une galeriste avec laquelle elle s’apprête à travailler. Vincent promet d’appeler Isabelle le week-end suivant. Il ne le fait pas... Après avoir croisé l’étrange Mathieu chez la poissonnière, Isabelle se rend chez Vincent, qui ne s’excuse pas. Elle s’en va, furieuse. Un soir, elle retrouve un acteur, après la pièce de théâtre de ce dernier. Il est à la fois bavard et hésitant, mais ils finissent par aller chez elle et coucher ensemble. SUITE... Le lendemain, l’acteur regrette. Lors d’un rendezvous devant finaliser leur collaboration, Isabelle questionne Maxime sur sa supposée liaison avec François. Vincent passe à l’improviste à l’atelier d’Isabelle : elle le congédie fermement. Puis elle recouche avec François, mais lui fait une remarque déplacée au lit. Elle recroise Mathieu, avant de se disputer violemment avec François. Sous l’impulsion de Maxime, elle se rend à un festival dans le Lot, où elle retrouve d’autres artistes : Marc et Fabrice. Dans une boîte, elle rencontre Sylvain. De retour à Paris, Isabelle déjeune avec Fabrice, que la relation qu’elle a entamée avec Sylvain est vouée à l’échec, car il est d’un niveau social et culturel trop inférieur au sien. Lorsqu’elle fait part de ses doutes à Sylvain, il est déçu et part. Ne sachant plus que faire, Isabelle va consulter un voyant.

Visa d’exploitation : 146341. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD. 180 copies.

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Une suite qui dérange Le Temps de l’action de Bonni Cohen et Jon Shenk

(An Inconvenient Sequel - Truth to Power)

Une décennie après Une vérité qui dérange, Al Gore continue sa lutte pour sauvegarder la planète. Ce nouveau documentaire fait le bilan de dix années de tentatives, de stagnation, d’avancées, mais néglige un peu trop la forme.

DOCUMENTAIRE MILITANT Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Al Gore. D’après : le film Une vérité qui dérange de Davis Guggenheim (2006) Images : Jon Shenk Montage : Don Bernier et Colin Nusbaum Musique : Jeff Beal Son : Kent Sparling Effets visuels : Henry L. Chen et Riccardo Kovacs Production : Actual Films Pour : Paramount Pictures et Participant Media Producteurs : Richard Berge et Diane Weyermann Producteurs exécutifs : Jeff Skoll, Davis Guggenheim, Laurie David, Scott Z. Burns et Lesley Chilcott Coproductrice : Sara Dosa Distributeur : Paramount Pictures.

© Paramount

HH En 2006, Al Gore, vice-président des États-Unis sous les mandats de Bill Clinton et candidat malheureux face à George W. Bush en 2000, était la vedette d’Une vérité qui dérange de Davis Guggenheim. L’homme politique s’y révélait un militant ardent de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous voici dix ans plus tard, avec Une suite qui dérange, signé Bonni Cohen et Jon Shenk. Le titre vient le souligner : en dix ans, peu de choses ont changé. Tourné essentiellement au cours de l’année 2015, alors que Gore prépare la COP21 à Paris, le tableau que dresse le documentaire est alarmiste : la planète continue de se réchauffer de façon délirante. La preuve ? Les tempêtes gagnent en force, les inondations qu’elles provoquent dans certaines régions - et les sécheresses dans d’autres - s’en trouvent exacerbées. Les populations, qu’elles soient riches ou pauvres, de pays économiquement établis ou en cours de développement, sont touchées. Le Groenland se réchauffe, les calottes glacières fondent à un rythme inquiétant, risquant de provoquer une montée drastique du niveau des océans... Tout cela, Al Gore l’évoque lors des conférences qu’il anime pour préparer les militants de son organisation : le Climate Reality Project. Ces séminaires ont un but précis : que les membres de l’organisation soient en mesure de débattre et de convaincre les réticents les plus extrêmes, ceux qui rejettent en bloc les données scientifiques. Alors, Gore tient un discours pédagogue, basé sur des faits. Son but n’est pas de tirer la sonnette d’alarme comme un forcené, mais d’étudier les causes, les conséquences, et les solutions qui ont émergé depuis dix ans. Pour l’illustrer, les cinéastes le suivent lorsqu’il fait fi des clivages politiques

100 minutes. États-Unis, 2017 Sortie France : 27 septembre 2017

aux États-Unis et part à la rencontre d’un maire texan et pro-Trump, qui a équipé sa ville en énergies renouvelables - tout simplement parce que c’était dans l’intérêt de ses administrés ! Lors de la COP21, face aux réticences des dirigeants indiens (dont la population nécessite une énergie bon marché, donc le très polluant charbon), il se bat pour trouver un arrangement en faveur du pays, en jouant de ses contacts dans les entreprises innovantes. Au point de contribuer à la signature de l’accord sur le climat en 2015. Les limites du film sont certainement de privilégier le fond à la forme, et d’idéaliser Al Gore et son combat. En le suivant dans les coulisses de la COP21, les réalisateurs veulent le montrer dans son intimité, mais échouent à dissiper l’aura symbolique de l’ex-candidat à la présidence. Pire, ils donnent par moments le sentiment que Gore cherche à se mettre en scène (lors de la nuit du 13-Novembre, en particulier) - ce que l’intervenant veut justement éviter en faisant toujours passer le message avant l’individu. Heureusement, l’ancien vice-président américain, par son savoir-faire médiatique, sa connaissance approfondie du sujet et son investissement de tous les instants, incarne littéralement la lutte contre le réchauffement climatique, à un moment crucial pour la planète... et où le président américain en exercice prétend ne pas considérer cette crise écologique, puisqu’elle n’existe pas à ses yeux. _Mi.G.

Visa d’exploitation : 147048. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Capitaine Superslip (Captain Underpants - The First Epic Movie) de David Soren Hymne à l’humour régressif, critique de l’austérité scolaire, cette histoire d’enfants bédéistes créant un anti-superhéros en slip joue adroitement de l’autodérision mais n’évite pas un certain nombre de situations stéréotypées. Dommage.

© DreamWorks Animation

HH On aurait pu croire que DreamWorks et les autres géants de l’animation avaient imité ou détourné tous les genres de films pour adultes en films d’animation accessibles aux plus jeunes. Mais il manquait à leur panel les films à humour régressif, ceux dans lesquels on peut voir, par exemple, Ben Stiller ou Jim Carrey. Pourtant, George et Harold, les deux amis de l’école élémentaire, sont plus malins que Dumb & Dumber, et le directeur Chonchon - transformé en Capitaine Superslip -, même s’il s’habille comme Pascal Brutal, a un comportement plus candide, celui d’un enfant de maternelle. C’est normal, puisque les deux jeunes héros du film, inspirés par l’œuvre de Dav Pilkey, écrivent des BD délirantes, parfois loufoques, parfois ratées, mais toujours pleines d’autodérision... et qui ont la faculté de prendre vie. Ce principe scénaristique donne lieu à des scènes aux dessins naïfs très amusantes, commentées par les enfants, et aussi à quelques séquences au comique jubilatoire, comme l’hymne au samedi matin chanté faux et fort debout sur le fauteuil du salon en pyjama, ou le concert de coussins péteurs. Malheureusement, sa limite est atteinte avec le personnage du Professeur Croteaufesse, dont l’hystérie devient vite pénible. Là, l’histoire s’éloigne de l’autodérision pour sombrer dans un classique affrontement entre le bien et le mal. Néanmoins la critique de l’austérité de l’école et de ceux qui tentent d’inhiber l’humour et la créativité des plus jeunes est plutôt bienvenue, et la traduction française est convaincante. Mais ce qui aurait pu être un film tout public ne s’adresse, en définitive, qu’aux petits. On espère que le prochain opus de DreamWorks conservera son sens de l’autodérision tout en se délestant de ses stéréotypes. _G.T.

COMÉDIE FANTASTIQUE Famille

u GÉNÉRIQUE Avec les voix originales de : Kevin Hart (Georges), Ed Helms (Capitaine Superslip / Monsieur Chonchon), Nick Kroll (le professeur Croteaufaisse), Thomas Middleditch (Harold), Jordan Peele (Édouard Binoclar), Kristen Schaal (Édith). Et les voix françaises de : Loup-Denis Elion (Georges), David Krüger (Capitaine Superslip / Monsieur Chonchon), Mark Lesser (le professeur Croteaufaisse), Benjamin Bollen (Harold), Olivier Chauvel (Édouard Binoclar), Sophie Arthuys (Édith). Scénario : Nicholas Stoller D’après : l’ouvrage Les Aventures de Superslip de Dav Pilkey (1997) Montage : Matthew Landon Animation : Philippe Zerounian, Boris Plateau, Taran Matharu, Jean Hemez, Samy Fecih et Frédéric Côté Musique : Theodore Shapiro Son : Michael Babcock Décors : Nate Wragg Effets visuels : David Dulac Casting : Leslee Feldman, Jeanne McCarthy, Christi Soper Hilt et Nicole Abellera Production : DreamWorks Animation Producteurs : Mireille Soria et Mark Swift Producteurs exécutifs : Dav Pilkey et Rob Letterman Dir. de production : Emily Nordwind Distributeur : 20th Century Fox.

84 minutes. États-Unis, 2017 Sortie France : 4 octobre 2017

u RÉSUMÉ George et Harold font des blagues, au risque d’être punis par le sévère directeur Chonchon. Quand ils ne sont pas dans leur austère école élémentaire, seulement appréciée d’Édouard Binoclar, ces amis inséparables créent des BD dans leur cabane. Leur héros s’appelle Capitaine Superslip. Après avoir saboté l’interminable concours d’inventions du samedi et le WC électronique d’Édouard, ils évitent la punition suprême - être mis dans des classes séparées - avec la bague hypnotisante d’Harold qui transforme Chonchon en leur super-héros. SUITE... Sauveur maladroit, il enchaîne les catastrophes, fait de la cour une dangereuse fête foraine et, pire, embauche un savant-fou comme professeur. George et Harold découvrent que Chonchon redevient Capitaine Superslip s’ils claquent des doigts, tandis qu’avec un peu d’eau, il est à nouveau Chonchon. Attristés par la solitude du directeur, les amis organisent un rendez-vous avec Édith, la cantinière. Le professeur Croteaufaisse, inventeur d’un réducteur/ amplificateur d’objets et de gens, humilié par les fous rires que provoque son nom, cherche à détruire la zone du rire dans le cerveau des enfants. Il se sert pour cela d’Édouard, mais Harold et George parviennent à le contrer en se souvenant d’une blague de maternelle. Puis ils réduisent Croteaufaisse. La rencontre entre Chonchon et Édith est une réussite. Mais Chonchon doit redevenir Capitaine Superslip, car ils sont attaqués par des petits WC.

Visa d’exploitation : 147141. Format : 1,85 (2D / 3D) - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos.

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Confident royal (Victoria & Abdul) de Stephen Frears Judy Dench fournit le minimum syndical dans ce téléfilm de luxe où elle interprète la reine Victoria aux côtés d’un Indien béat. Trop consensuel et académique, Confident royal en devient anecdotique. On aura connu Stephen Frears plus inspiré.

© Universal

H Les costumes sont peaufinés jusqu’au dernier. L’image, elle, est calibrée et soigneusement étalonnée. Les acteurs récitent leurs textes et leurs blagues potaches avec justesse. Mais malgré cette reconstitution impressionnante, le film lui-même ne peut s’empêcher de rester d’une morose platitude. Confident royal pourrait pourtant sembler intéressant à première vue : au XIXe siècle, un Indien - musulman de surcroît - débarque à la cour d’Angleterre et sympathise avec la reine Victoria. Il deviendra son munshi, son “professeur spirituel” et, comme le titre l’indique, son confident, en dépit de l’indignation que cette nouvelle amitié provoque dans l’entourage royal. Si l’intérêt de cette anecdote historique est tout à fait légitime à l’écran, son traitement, d’un académisme lisse, fait de Confident royal une énième chronique historique. Une de plus parmi tant d’autres qui, elles aussi, ont tenté de satisfaire tout le monde en jouant sur tous les tableaux : un peu d’humour, un peu d’histoire, un peu de sentiments, un peu de politique, un peu de passion, pour au final plus grand-chose. Cas d’école : le film manque ainsi d’une force narrative mais aussi historique. En insistant dès le départ (via un carton maladroit) sur l’approximation des faits reconstitués, on ne peut faire confiance à ce biopic dont la dramatisation exagérée n’aura, en fin de compte, jamais l’impact souhaité. De plus, en assumant ses écarts avec la réalité, le film s’en dédouane lâchement sous couvert d’une dramaturgie de téléfilm. La débauche de moyens déployée à l’écran aura donc beau tenter de faire diversion, le cœur du film reste, lui, banal et prévisible. _C.Lê.

DRAME HISTORIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Judi Dench (la reine Victoria), Ali Fazal (Abdul Karim), Eddie Izzard (Bertie, le prince de Galles), Adeel Akhtar (Mohammed), Tim Pigott-Smith (Sir Henry Ponsonby), Olivia Williams (Lady Churchill), Fenella Woolgar (Miss Phipps), Paul Higgins (le docteur Reid), Robin Soans (Arthur Bigge), Julian Wadham (Alick Yorke), Simon Callow (Puccini), Michael Gambon (Lord Salisbury), Deano Bugatti (le servant de la reine Victoria), Lasco Atkins (le valet de pied de la reine Victoria), Benjamin Haigh (le page), Jonathan Harden (le kaiser Wilhelm II), Sukh Ojla (Mrs. Karim), Penny Ryder (la grande duchesse Sophie), Sophie Trott (la princesse Helena), Martyn Mayger, Paul Redfern, Rita McDonald Damper, Will Christopherson, James Thomas Scott, Nigel Black, Jeff Layfield. Scénario : Lee Hall D’après : l’ouvrage de Shrabani Basu (2011) Images : Danny Cohen Montage : Melanie Ann Oliver 1re assistante réal. : Deborah Saban Scripte : Sue Hills Musique : Thomas Newman Son : Peter Lindsay et Dafydd Archard Décors : Alan MacDonald Costumes : Consolata Boyle Effets visuels : Adam Gascoyne Dir. artistique : Sarah Finlay et Adam Squires Maquillage : Daniel Phillips Production : Working Title et BBC Films Pour : Focus Features Coproduction : Cross Street Films et Perfect World Pictures Producteurs : Tim Bevan, Eric Fellner, Beeban Kidron et Tracey Seaward Distributeur : Universal Pictures.

112 minutes. Royaume-Uni - États-Unis, 2017 Sortie France : 4 octobre 2017

u RÉSUMÉ En 1887, le greffier d’une prison d’Agra, Abdul Karim, est envoyé en Angleterre pour participer au jubilé d’or de la reine Victoria. Lors des cérémonies, le jeune Indien se fait remarquer par la reine. Malgré l’étonnement que cela suscite, celle-ci souhaite rencontrer Abdul. Ils passent du temps ensemble et, au fil des semaines, leur relation s’intensifie jusqu’à devenir une véritable amitié, que l’entourage royal voit d’un très mauvais œil. SUITE... Au fil du temps, Abdul devient le munshi de la reine, un professeur spirituel ayant le rôle de confident. La reine apprend le urdu, une langue indienne, et fait construire un darbar, une salle consacrée aux Indes. Un soir, au cours d’un voyage à Florence, la reine apprend qu’Abdul est musulman et marié. Elle lui demande alors de faire venir sa femme au plus vite. Celle-ci vient en Angleterre accompagnée de sa mère, toutes deux voilées, ce qui déplaît à la cour et tout particulièrement au fils de la reine, Bertie, prince de Galles et futur roi Edward VII. Le prince et l’entourage de la reine tentent de faire partir Abdul au plus vite. Une mutinerie a même lieu, suite à l’annonce faite par la reine de promouvoir Abdul au rang de chevalier. Contre toute attente, la reine l’élève au rang de commandeur de l’ordre royal. Quelques mois plus tard, elle décède, laissant Abdul à la merci du roi Edward VII qui s’empresse de détruire toutes leurs correspondances et de renvoyer le munshi en Inde, où il finira ses jours.

Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Dans la forêt enchantée de Oukybouky (Dyrene i Hakkebakkeskogen) de Rasmus A. Sivertsen Sur le ton de la fable, cette adaptation d’un conte pour enfants populaire en Norvège met en scène les thématiques habituelles (notamment le conflit éternel entre les prédateurs et les proies) à travers une animation en volume dynamique et colorée.

© Qvisten Animation

HH Né d’un best-seller pour enfants, vendu par milliers depuis sa publication il y a plus de cinquante ans en Norvège, Dans la forêt enchantée de Oukybouky, du studio Qvitsen Animation, condense à peu près toutes les problématiques inhérentes aux films d’animation animaliers, dont la plus récurrente : comment vivre ensemble alors que la nature nous a fait différents ? Ce joli film réalisé en stop-motion s’attarde ainsi à montrer les limites supposées du “vivre ensemble” dans une communauté peuplée de souris, d’écureuils, de lapins et de renards, où les intérêts divergent. Et c’est au fil des différentes scénettes, ayant chacune une ambition éducative, que Dans la forêt enchantée de Oukybouky se révèle peu à peu comme un véritable apologue sur les inégalités animales (entre les carnivores et les proies), les vices (le vol, le racket, le meurtre) et les menaces de leur monde (surtout celle des hommes). Si le vol ou le crime sont vite expédiés, via un texte de loi rédigé par l’une des souris, fatiguée de devoir toujours courir pour sauver sa peau face à Marvin le Renard, la menace de l’homme, elle, ne sera jamais résolue. Au-delà de cette évidence écologique qui veut que l’activité humaine soit nuisible à la forêt et à l’équilibre naturel qui s’y opère (même si, dans le cas de cette forêt, l’équilibre naît d’une juridiction en apparence contre-nature), tout le film souhaite surtout souligner une belle morale que Lafontaine avait su énoncer très simplement dès le premier vers de L’Âne et le chien, du Livre VII des fameuses fables, et dont certains devraient se rappeler plus souvent : “Il faut s’entraider, c’est la loi de la nature”. _C.Lê.

CONTE Enfants

u GÉNÉRIQUE Avec les voix françaises de : Erwin Grunspan (Marvin), Maxime Donnay (Sam-la-vadrouille), Mikaël Sladden (Sam-la-vadrouille (chant)), Damien Loqueneux (Lucien), Patrick Waleffe (Maître Lièvre), Stanny Mannaert (Papa Ours) Olivier Premel (Barnabé), Philippe Resimont (Horace), Nathalie Stas (Maman Ours), Nathalie Hons (la fermière), Léonce Wapelhorst (la grand-mère d’Horace), Nancy Philippot (la souris), Ambre Grouwels (Lisa), Noé Marchand (Tom), Zion Percy (Petit Ours), Patrick Brüll (Monsieur Écureuil). Scénario : Karsten Fullu D’après : l’ouvrage Klatremus og de andre dyrene i Hakkebakkeskogen de Thorbjørn Egner (1953) Images : Morten Skallerud et Janne K. Hansen Montage : Rasmus A. Sivertsen et Zaklina Stojcevska Animation : Todor Iliev Musique : Gaute Storaas Chansons : Katzenjammer Son : Tormod Ringnes et Baard Haugan Ingebretsen Décors : Sylvia Bjerknes Clausen Effets visuels : Alvaro Lomba Dir. artistique : Are Austnes Production : Qvisten Animation AS Producteurs : Ove Heiborg, Elisabeth Opdal et Eirik Smidesang Slåen Producteur exécutif : Kjetil Omberg Coproducteurs : Bjørn Egner, Per Arnstein Aamot, Paul Mathot et Peter Mansfelt Distributeur : KMBO.

72 minutes. Norvège, 2016 Sortie France : 4 octobre 217

u RÉSUMÉ La souris candide Sam la Vadrouille, le pâtissier Maître lièvre ainsi que tous les animaux vivent ensemble dans la forêt de Oukybouky. Mais les souris sont lassées de devoir échapper constamment aux prédateurs, Marvin le renard et Horace le hérisson. Il en est de même pour Maître lièvre, que Marvin rackette, ou pour l’écureuil, qui, chaque nuit, se fait voler des glands dans sa réserve. Pour remédier à cela, Lucien, l’une des souris, rédige un texte de loi, avec le soutien de Papa ours, respecté de tous, exigeant aux animaux d’être tous amis et leur interdisant de manger ou de voler d’autres animaux. SUITE... Deux jours plus tard, si Horace a réussi à commencer un régime à base de baies, Marvin, quant à lui, affamé, se voit contraint d’aller voler un énorme jambon dans le gardemanger de la ferme voisine. Suite à ce vol, les fermiers décident d’aller se venger en chassant le voleur. Mais ils choisissent, en trouvant Petit Ours, l’ourson, de le kidnapper dans le but de le vendre à un cirque. Suite à la disparition de Petit Ours, Marvin est immédiatement suspecté mais, grâce à son flair, il parvient à trouver les véritables ravisseurs. Les souris Sam et Lucien, plus petites et pouvant agir discrètement, décident donc d’aller sauver Petit Ours. Lorsqu’elles sont repérées par le chien, Marvin leur vient en aide en faisant diversion. Sam et Lucien parviennent à sauver Petit Ours avec l’aide d’une souris de maison. Enfin, ils peuvent fêter l’anniversaire de Papa ours ensemble.

Visa d’exploitation : 146837. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Fantasmes et fantômes de Noël Herpe Assemblage de trois courts métrages voués à rendre hommage à une forme de théâtre désuète, Fantasmes et fantômes ne parvient pas à nous faire partager l’enthousiasme de son réalisateur, Noël Herpe, historien de cinéma réputé, pour celle-ci.

COMÉDIES DRAMATIQUES Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE 1. Mentons bleus ! 2. Au téléphone 3. Le Système du docteur Goudron Avec : Paul Chassaing, Vincent Chenille, Arthur Dreyfus, Cyril Duret, Michelle Herpe-Voslinsky, Noël Herpe, Émile Janvier, Thibaud Jara-Ureta, Alain Keit, Élise Lacroix, Christophe Nivelle, Nils Ramme, Sylvie Robic, Laurent Talon, Mathias Turcaud, Martin Yoyotte-Husson. Scénario : Noël Herpe D’après : les pièces Mentons bleus de Georges Courteline et Dominique Bonnaud (1906), Au téléphone de André de Lorde et Charles Foley (1901) et Le Système du docteur Goudron de André de Lorde (1903) Images : Laurent Coltelloni, Nils Warolin et Pierre Warolin Montage : Emmanuelle Gachet Musique : François Regis Son : Pascal Ribier et Clément Chassaing Décors : Cyril Duret Costumes : Cyril Duret Production : Tamara Films Distributeur : Tamara Films.

© Tamara Films

m Agrégat de trois courts métrages introduits comme des récits de rêves - mais des rêves qui n’en sont pas, des rêves sans aucune dimension onirique - Fantasmes et fantômes a pour intention de rendre hommage au “répertoire théâtral du XIXe siècle, et du premier XXe siècle” dont s’est entiché, dès le lycée, le réalisateur Noël Herpe, célèbre historien du cinéma, “dans la mesure où il met en scène des passions primordiales, des situations pathétiques, un excès et une outrance qui font primer le principe de plaisir”. Comprenne qui pourra en quoi consiste ledit “principe de plaisir...”. Adaptation de trois courtes pièces - Mentons bleus ! de Georges Courteline et Dominique Bonnaud ; Au téléphone de André de Lorde et Charles Foley ; Le Système du docteur Goudron de André de Lorde, d’après une nouvelle d’Edgar Allan Poe - Fantasmes et fantômes s’appuie sur des décors minimalistes (faute de moyens ?) repose sur des textes devenus relativement anachroniques et, pour ce qui relève des comédiens, sur un style de jeu dramatique d’un autre âge. Bref, Noël Herpe de toute évidence avait envie de se faire plaisir. Mais qu’est-ce que ces textes, ces partis pris de mise en scène, sont susceptibles de raconter au spectateur d’aujourd’hui ? Bien malin qui le dira ! Il est manifeste en revanche que Noël Herpe entend donner à ces œuvrettes balayées, ou peu s’en faut, par l’histoire de l’art théâtral, une seconde jeunesse sur les écrans du cinématographe. En vain ! La fontaine de Jouvence reste un mythe. Fantasmes et fantômes, très ennuyeux et totalement artificiel, ne parvient pas à donner sens, ni intérêt d’aucune sorte à ce qui, par conséquent, ne semble être qu’une bizarre toquade. _R.H.

77 minutes. France, 2017 Sortie France : 4 octobre 2017

u RÉSUMÉ 1. Écran noir. Une voix décrit un rêve. 27 décembre. Un décor d’estaminet du début du siècle plus exactement, et sa clientèle. Puis apparaît une carte postale du Café de la Gare d’Athis-Mons, à l’aube du siècle dernier, dont certains des personnages bientôt se colorisent et s’animent. Un client, Rapetaux, comédien, sinon inconnu, oublié, prend à parti l’un des consommateurs accoudés au bar, Monsieur Réfléchi, pour déplorer l’état calamiteux de l’art dramatique et lui raconter ses moments de gloire et de succès dérisoires. Quand arrive, l’une de ses vieilles connaissances, Rondouille. Lequel en a un tout autre souvenir. 2. Écran noir. Une voix décrit un rêve. Un 28 décembre, dans une maison isolée à la campagne, à la tombée de la nuit. Après le départ du maître de maison, parti à Paris régler une importante affaire, deux femmes, son épouse et sa gouvernante, se laissent peu à peu gagner par l’angoisse. 3. Écran noir. Une voix décrit un rêve. 29 décembre. Le narrateur explore le rayon Psychiatrie d’une bibliothèque où il reconnaît un ouvrage : Le Système du docteur Goudron. Dans une institution psychiatrique “où les fous vivent presque en liberté”, deux journalistes arrivent pour rencontrer l’aliéniste réputé qui le dirige et rendre compte de la thérapie que celui-ci a mis en œuvre. Pendant leur visite, qui révèlera que les fous ne sont pas nécessairement ceux que l’on croyait, des patients s’évadent.

Visa d’exploitation : en cours. Format : n.c. - Couleur - Son : n.c.

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Grandeur et décadence d’un petit commerce de cinéma de Jean-Luc Godard Tourné en 1986 pour la télévision, ce film part d’un roman policier de Chase pour aller en fait vers une sorte de poème intime et mélancolique. Un inédit de Godard radical et austère, et pourtant étonnamment émouvant.

ESSAI Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Jean-Pierre Léaud (Gaspard Bazin), Marie Valera (Eurydice), Jean-Pierre Mocky (Jean Almereyda), Caroline Champetier (Carol), Anne Carrel, Françoise Desprote, Jean-Pierre Delamour, Jacques Pena, Jean Grécault, Jean Brisa, Nathalie Richard, Jean-Luc Godard [n.c.]. Scénario : Jean-Luc Godard D’après : le roman Chantons en chœur ! de James Hadley Chase (1964) Images : Caroline Champetier et Serge Lefrançois 1ers assistants réal. : Renald Calcagni, MarieChristine Barrière et Richard Debuisne Son : François Musy et Pierre-Alain Besse Production : TF1, Hamster Productions, TSR et JLG Films Coproduction : RTL Producteurs : Pierre Grimblat et Jean-Luc Godard Distributeur : Capricci Films.

© Capricci Films

HHH Ce film de 1986, inédit en salles, s’inscrit dans la longue série de ce que l’on pourrait appeler les cambriolages de Godard. En effet, JLG s’est souvent servi de son nom, et du pouvoir d’attraction qu’il suscite, comme d’un pied-de-biche lui permettant d’ouvrir les coffre-forts de filières de production a priori peu vouées à financer un cinéma comme le sien. En l’occurrence c’est de TF1, alors chaîne publique en voie de privatisation, qu’il s’agit. Pierre Grimblat y produisait alors une série d’adaptations de la Série noire, diffusée en prime-time le samedi. Invité à y participer, Godard se proposa d’adapter un roman de Chase (Tous en chœur), puis, fidèle à lui-même, fit en définitive ce qu’il voulait, c’est-à-dire à peu près totalement autre chose. Si cette stratégie godardienne consistant à vendre un film et à en faire un autre a pu donner lieu à des exercices de style un peu vains (King Lear), ce n’est pas le cas ici. Bien sûr il est drôle d’imaginer le public de TF1 se retrouvant un samedi à 20h30 face à un objet pareil (car Godard n’y est pas allé de main morte sur la radicalité et la noirceur !). Mais le film ne se limite pas pour autant à un pur geste dadaïste. Au contraire il s’agit d’une œuvre intime, fragile et mélancolique, à la limite de la confession. Grandeur et décadence... est un film hanté par les morts. Les producteurs J-P. Rassam, suicidé un an plus tôt, en 1985, et G. Lebovici, assassiné en 1984, sont explicitement cités. Et on ne peut s’empêcher de penser que l’ombre de Truffaut, mort également en 84, plane aussi sur le film. Ces morts objectives renvoient, à travers la déchéance d’un producteur débrouillard n’arrivant plus à se débrouiller (Mocky) et d’un cinéaste devenu fou (Léaud), à la mort d’un certain cinéma,

92 minutes. France - Suisse, 1986 Sortie France : 4 octobre 2017

vaincu par l’avènement de la télévision. En effet, le film s’inscrit également dans la très longue et très compliquée relation de Godard avec la télé. Car si peu de cinéastes ont autant attaqué la télévision, peu se sont autant intéressés à elle. On peut même dire qu’il y a eu chez Godard une sorte d’utopie de la télévision envisagée comme outil pédagogique, avec des projets comme Le Gai savoir (1968), Six fois deux (1976) ou France tour détour (1978). Mais dès les années 1980 la télévision n’intervient plus dans son discours que liée à l’idée de la mort du cinéma. Juste après Grandeur et décadence..., il entamera d’ailleurs, pour la télévision, le sublime éloge funèbre que sont les Histoire(s) du cinéma... Sombre et clairvoyant, Grandeur et décadence... saisit la dépression d’un moment de bascule et pourrait se définir par un adjectif inattendu : sincère. Au centre du film, trône une très longue scène de casting où des figurants défilent à la queue leu leu en récitant une phrase de Faulkner, sous l’œil de Caroline Champetier et sur fond d’Arvo Pärt. On est à la limite de la parodie. Mais l’authentique mélancolie qui habite la séquence fait que finalement la pièce tombe du côté de la pure poésie et non du côté du ridicule. Message dans une bouteille lancé depuis la télévision en 1986, ce film pourra peut-être, en touchant les rivages des cinémas et de 2017, trouver enfin des destinataires capables de le lire. _N.M.

Visa d’exploitation : 96383. Format : 1,33 - Couleur - Son : Mono.

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Happy End de Michael Haneke Suite à l’hospitalisation de sa mère, divorcée, Ève, 13 ans, est confiée à son père, qui vit aurpès de son père et de sa sœur à Calais. Elle assiste au délitement progressif de cette famille bourgeoise et fortunée. Une œuvre ironique d’une grande actualité.

© Les Films du Losange

HHH Après deux sélections en forme d’apothéose (Le Ruban blanc et Amour, opus majeurs couronnés de prix majeurs : deux Palmes d’or consécutives), Michael Haneke est revenu à Cannes avec un film qui apparaît comme mineur au sein d’une filmographie pourtant implacable. D’ailleurs, Happy End ne cesse de faire des aller-retours avec l’œuvre passée de son auteur : montage puzzle façon 71 fragments d’une chronologie du hasard, intrusion d’images filmées au téléphone portable comme une réactualisation des vidéos amateurs de Benny’s Video, jeux d’amour retors version La Pianiste par le biais des réseaux sociaux, ou choix de Jean-Louis Trintignant dans un rôle proche de celui d’Amour. On le sait, c’est la marque des grands auteurs - ce qui fait que, au moins, on les reconnaît comme tels - que de creuser, de film en film, les mêmes obsessions à travers des partis pris identifiables. En portant sa caméra-scalpel dans les plaies de la bourgeoisie calaisienne, Haneke pratique certes l’autopsie à vif d’une classe aveugle et suicidaire - miroir tendu à notre bonne conscience -, mais en jouant exclusivement sur les effets d’une compilation de son cinéma. Et, quand il tente une approche nouvelle, sa saillie tombe dans le ridicule (inviter des migrants à un repas de mariage : on a vu plus subtil pour épater le bourgeois). Mais peut-être, au fond, son film est-il porté par la même morgue que celle qui anime ses personnages ? Une sorte de bilan dévitalisé pour accompagner ces êtres conscients de devoir en finir. Film-pastiche, Happy End est la preuve, au choix, d’une cruelle panne d’inspiration ou d’un sens savoureux et particulièrement cynique de l’autodérision. _C.L.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Isabelle Huppert (Anne Laurent), Jean-Louis Trintignant (Georges Laurent), Mathieu Kassovitz (Thomas Laurent), Fantine Harduin (Ève Laurent), Franz Rogowski (Pierre Laurent), Laura Verlinden (Anaïs), Aurélia Petit (Nathalie), Toby Jones (Lawrence), Hille Perl (la gambiste), Hassam Ghancy (Rachid), Nabiha Akkari (Jamila), Joud Geistlich (Selin), Philippe du Janerand (Maître Barin), Dominique Besnehard (Marcel le coiffeur), Bruno Tuchszer et Alexandre Carrière (les inspecteurs), Nathalie Richard (l’agent immobilier), David Yelland, Waël Sersoub, Marie-Pierre Feringue, Florence Masure, Maryline Even, Maëlle Bellec, David El Hakim, Frédéric Lampire, Timothé “Tim” Buquen. Scénario : Michael Haneke Images : Christian Berger Montage : Monika Willi 1er assistant réal. : Alain Olivieri Scripte : Maggie Perlado Son : Guillaume Sciamma Décors : Olivier Radot Costumes : Catherine Leterrier Effets spéciaux : Jean-Baptiste Bonetto, Christian Rivet et Rémi Canaple Maquillage : Thi Loan & Thi Thanh Tu Nguyen Casting : Kris Portier de Bellair, Markus Schleinzer, David El Hakim et Colomba Falcucci Production : Les Films du Losange, X Filme Creative Pool et Wega Film Coproduction : Arte France Cinéma, France 3 Cinéma, WDR, BR et Arte Producteurs : Margaret Menegoz, Stefan Arndt, Veit Heiduscka et Michael Katz Distributeur : Les Films du Losange.

107 minutes. France - Allemagne - Autriche, 2017 Sortie France : 4 octobre 2017

u RÉSUMÉ Ève filme et commente avec son smartphone le quotidien de sa mère ou encore la mort de son hamster auquel elle a donné les médicaments de sa mère. Elle est hospitalisée pour avoir avalé des antidépresseurs. Ève rejoint Thomas Laurent, son père, à Calais. Remarié à Anaïs de qui il a eu Paul (1 an et demi), Thomas vit avec sa sœur Anne, laquelle tient son monde avec énergie : Pierre, son fils, et leur père Georges. Pierre est censé reprendre l’entreprise familiale du bâtiment qu’en secret Anne tente d’agrandir en faisant entrer une banque comme actionnaire, via son amant anglais. Mais un éboulement vient tout contrarier. SUITE... Tandis qu’Ève s’intègre peu à peu, Georges tente de se suicider au volant d’un véhicule de la société. Il n’a qu’une jambe cassée. Ève découvre que son père a une maîtresse avec qui il échange des propos salaces par Internet. S’étant fait tabasser par le fils d’une victime de l’éboulement, Pierre jette les gants au (bref) désarroi d’Anne qui conclut le partenariat et évince son fils. La mère d’Ève meurt. Craignant que son père ne l’abandonne, Ève tente de se suicider. Incapable de la rassurer, Thomas demande à son père de le faire. Georges en profite pour demander à Ève de l’aider à se suicider. Lors du repas de fiançailles d’Anne, Ève pousse Georges vers la mer dans son fauteuil roulant. Mais alors qu’elle le filme entrant dans l’eau, Anne et Thomas surgissent pour tenter de le sauver.

Visa d’exploitation : 143805. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 180 copies.

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Rencontre avec Michael Haneke

Un regard sur l’ironie de la vie j’aime bien travailler avec eux. S’ils sont talentueux, ils te donnent énormément : on reçoit des cadeaux inattendus. Je dis toujours que si je demande à un acteur d’interpréter un lion, il joue le lion. L’enfant, lui, “est” le lion. Il a un autre accès à sa fantaisie. En plus, des enfants, il y a dans notre société, enfin pas que notre société, une hiérarchie de pouvoir : l’homme, puis en-dessous la femme, puis en-dessous l’enfant, et enfin l’animal. Si on parle d’une société, on est forcé d’utiliser les exemples les plus efficaces. Avec les animaux, c’est plus difficiles, bien qu’il y en ait souvent dans mes films. D’un point de vue dramaturgique, les victimes sont beaucoup plus intéressantes que les bourreaux. Dans le cinéma américain, les rôles de bourreaux sont pourtant les plus désirés. Ce que je ne comprends pas...

On retrouve, dans Happy End, beaucoup de références à vos anciens films : le suicide de la fin rappelle celui du 7ème continent, l’enfant meurtrier celui de Benny’s Video... Je n’y ai pas pensé... La seule référence dont j’étais conscient, c’était celle à Amour puisque Jean-Louis [Trintignant, ndlr] raconte la même histoire. La fin d’Amour est plutôt métaphorique parce que c’est une histoire qui m’a beaucoup tourmenté dans ma vie privée. J’ai eu besoin d’en parler encore une fois. Mais c’est plus une question de sujet personnel qu’une auto référence. Pour les autres cas, je pense que c’est parce que c’est toujours la même tête qui fait les films, qui est intriguée, obsédée par les mêmes choses (rires). Mon univers est limité, il est donc inévitable que les mêmes choses reviennent. Le suicide, par exemple, c’est presque dans tous mes films. Mais ce n’est pas pour faire des clins d’œil auto référentiels. C’est juste que c’est quelque chose qui me turlupine.

J’avais interprété le prologue d’Amour (avec la porte fracturée) comme une métaphore de l’entrée par effraction de la maladie qui va voler les souvenirs d’Anne. Les migrants sont-ils, à leur tour, l’entrée par effraction de Happy End ? Comme une force vive ? Je n’ai rien contre votre interprétation d’Amour mais, dans Happy End, ce n’est pas une force vive qui arrive. Ils sont là, très présents. On les voit plusieurs fois, discrètement, à l’arrière-plan, quand ils passent sur la plage par exemple, ou quand ils croisent Jean-Louis en fauteuil roulant. À la fin, ils sont amenés par le fils, qui les utilise pour gâcher la fête de fiançailles de sa mère. C’est-à-dire qu’ils sont réduits au statut objets. Pour comble d’ironie, le couple les invite à table. Ce n’est, naturellement, que pure hypocrisie : les migrants ne sont pas vraiment là, ils sont à l’arrière-plan. Comme dans notre vie en Europe : on sait qu’ils sont là, à nos portes, mais on en a peur, on préfère les ignorer. Parce qu’on veut aussi ignorer pourquoi ils sont là : à cause d’un passé qui est aussi un peu notre faute. Le film parle de cette indifférence de nous mais pas que vis-à-vis des immigrants ! Mais aussi dans notre famille, envers nos proches... C’est tout ça qui est dedans. J’ai lu que c’était un film sur les migrants. J’étais furieux, c’est un grand malentendu. Je n’ai jamais voulu faire un film sur eux. Je ne les connais pas, je n’ai pas vécu avec eux. Tout ce que je connais, c’est notre comportement vis-à-vis d’eux. D’ailleurs, en Autriche et en Allemagne, c’est la même chose qu’ici. C’est très complexe. Moi, je n’oserais jamais faire un film sur les migrants. Happy End est une satire, d’une famille, de nous, de notre façon de nous occuper de notre propre nombril...

Vous avez envisagé de devenir pasteur, votre père l’était. Quelle incidence cela a-t-il eu sur votre questionnement autour du mal, de la violence et de la conscience que doit avoir le spectateur ? J’ai en effet songé à devenir pasteur, le temps de ma puberté. Très vite, ça a changé, à cause des filles (rires). C’est un désir qu’on a quand on est jeune homme. Je suis de père allemand et protestant, je n’ai pas grandi chez lui mais chez ma mère et ma tante, en Autriche. Tout le monde y est catholique. J’ai eu une position spéciale à l’école, car j’étais le seul protestant, ça m’a donné une certaine importance (rires). La question de la culpabilité, puisque vous en parlez, je ne me rends pas compte si ça vient de là. Peut-être. On me parle toujours de ça mais j’ai grandi dans un endroit complètement catholique. J’ai trouvé le protestantisme toujours plus intrigant, plus intéressant, parce qu’on est forcé, comme chez les Juifs, de se pardonner soi-même. Il n’y a pas quelqu’un que je puisse aller voir pour qu’il me donne des prières et me dise qu’après, tout sera OK. Je trouve ça un peu malhonnête. Le problème de la culpabilité m’a toujours intéressé. Car, quand on est coupable, on est abandonné. Et on ne peut pas vivre sans devenir coupable. C’est un problème fondamental de l’être humain de pouvoir se rendre compte de ce qu’il fait. C’est un drame existentiel. Si on veut parler un peu plus sérieusement de la vie on ne peut pas éviter d’en parler. Il ne faut surtout pas le surinterpréter comme un désir de religieux. Mais il est possible qu’il y ait une imprégnation... Dans votre œuvre, les enfants sont soit meurtriers, soit martyrisés, comme dans Le Ruban blanc. Pourquoi ? Ils sont même parfois les deux (rires) ! Un enfant, c’est toujours plus pur, moins réfléchi dans ses actes, qu’un adulte, lequel peut, plus facilement, cacher ses désirs. Dans un film, un enfant est donc plus utile comme indicateur de la société. Et puis,

La violence paraît plus diffuse que dans vos autres œuvres, à quelques passages près... C’est une violence spirituelle. Dans la scène avec les migrants, justement, il s’agit de celle du fils envers sa mère et son futur beau-père. Il utilise les migrants, de pauvres gens qui

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n’ont pas conscience de ce dont il s’agit. On ne le sait pas, mais peut leur a-t-il dit : “Je veux faire quelque chose pour vous, je peux vous aider, je connais des gens qui ont beaucoup d’influence, venez avec moi...” Ils sont à Calais, mais ils ne parlent ni l’anglais, ni le français. Ils ne comprennent pas. C’est très sarcastique, naturellement. Ils sont réduits à l’état d’objet. Cela dit, dans mes films, en général, il y a très peu de violence physique. Même dans Funny Games, qui est certainement mon film le plus violent, il n’y a que deux scènes violentes : quand on lui casse le genou et quand la femme se jette sur lui. Mais là, c’était fait exprès. C’était une scène de torture. Dans Le Ruban blanc, elle est présente, mais c’est très discret. À part, au début, cet accident avec le cheval. Quand le père fouette le garçon, on ne le voit pas non plus. Disons que la violence est plus “insidieuse” dans Happy End.

joueront pas sur les champs de bataille, mais sur Internet. Si j’arrive à couper l’électricité dans tel ou tel pays, alors celui-ci est foutu. Il n’est plus nécessaire de tuer quelqu’un. Et, par rapport à ce que vous disiez, sur le fait de se rendre important avec ça, si les gens en ont besoin !... Ça existe dans les journaux. Il y a des pages où les gens peuvent dire ce qu’ils pensent. Ce sont des cloaques. Mais ça a toujours existé. Jadis, on pouvait dénoncer quelqu’un en glissant un mot dans une boîte aux lettres... Rien n’a changé de ce côté-là. C’est juste plus visible, amplifié. Pour conclure sur Happy End, on a l’impression que la mort est devenue une marchandise comme une autre, que ce soit par suicide ou par euthanasie... Oui. La Suisse en est la preuve ! Mais je vois ça d’une manière assez ambiguë parce que, spécialement dans les pays germanophones, on a un certain passé avec l’euthanasie, alors je sais combien il est délicat d’en parler. D’un autre côté, si quelqu’un a 90 ans, qu’il souffre physiquement, qu’il a perdu ses amis... alors pourquoi n’aurait-il pas le droit de se suicider ? C’est également un thème qui me turlupine beaucoup.

Que pense l’homme - et le cinéaste - de la multiplication des écrans donnant à chacun la sensation d’être cinéaste ? Le côté positif, c’est que tout le monde peut faire un film. Ça va peut-être éduquer tous ceux qui ne peuvent pas aller dans une école de cinéma, c’est une sorte de démocratisation des moyens de production. Le côté négatif, c’est qu’on peut l’utiliser d’une manière idiote. Comme tous les media ! Quand j’ai fait Benny’s Video, c’était la même chose avec la vidéo, on pouvait faire de très bonnes choses avec elle, ou de très mauvaises. Ce n’est pas le médium en soi qui est négatif ou positif, ce sont les gens qui l’utilisent. Et naturellement, il y a un danger avec n’importe quel médium. Par exemple, le plus grand danger avec Internet, c’est que nous en sommes tous dépendants ! La moindre catastrophe, une panne d’électricité par exemple, et c’est la fin du monde. Il y a encore 50 ans, on pouvait, relativement vite, reprendre les affaires publiques. Maintenant, c’est fini. Et ça, c’est inquiétant. Ce n’est pas le sujet du film, mais je trouve ça très inquiétant. Les guerres du futur ne se

Et demander à un enfant de l’aider ? Non, mais il ne va pas... Ça reste ouvert (rires). Mais je pense que c’est vraiment sa décision... ça devrait l’être en tout cas. Le film montre qu’il n’y arrive pas, il y a là quelque chose de ridicule : à quatre reprises, il essaie, et il n’y arrive pas. C’est le côté ironique du film. D’ou le “happy end” du titre ? Oui, c’est un happy end. Pas pour lui, mais pour les autres. Mais il hésite, dans l’eau, dans sa chaise roulante. Ce n’est pas si facile.

Propos recueillis par Gilles Tourman

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Latifa Le Cœur au combat de Olivier Peyon et Cyril Brody Après l’assassinat de son fils Imad par Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten fait de sa douleur le bras armé d’un combat pour la jeunesse et la paix. Un constat terrifiant pour ce qu’il dit de la France, mais aussi bouleversant par le personnage qu’il donne à voir.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Latifa Ibn Ziaten. Scénario : Olivier Peyon et Cyril Brody Images : Olivier Peyon et Cyril Brody Montage : Lizi Gelber Musique : Mike & Fabien Kourtzer Production : Haut et Court Producteurs : Carole Scotta, Laurence Petit et Julie Billy Producteurs associés : Simon Arnal et Caroline Benjo Distributeur : Haut et Court.

© Haut et Court

HHH Le 11 mars 2012, Latifa Ibn Ziaten apprend que son fils Imad, adjudant dans l’armée française, vient d’être assassiné à Toulouse par Mohamed Merah, un jeune Français radicalisé. Il va tuer encore deux autres militaires, trois enfants et un professeur dans une école juive. Ne recevant l’aide ni l’écoute de personne sinon celles des habitants du village marocain de M’Diq où son fils a été inhumé, cette Française musulmane d’origine marocaine, ainsi qu’elle se définit, fonde alors l’Association Imad, pour la jeunesse et la Paix, appelant au dialogue et à la tolérance autour des valeurs républicaines. Autant dire qu’Olivier Peyron et Cyril Brody jouaient gros avec un tel sujet, qu’on redoute du fait même qu’on souhaite l’aimer. Et entre les écoles ou autres lieux où Latifa est invitée, les moments de vie privée et ses confidences, on se demande où va le film. Puis les questions abordées deviennent brûlantes et le constat terrible et consternant. Moins par ce qui est montré et dit que par ce qui se dégage en creux : une France repliée sur ses peurs et incapable d’intégrer ses jeunes. “Quand on est arrivés en 1960, se souvient-elle avec peut-être un peu trop d’idéalisme, la France était généreuse”. Cinquante-deux ans plus tard, le policier qui lui annonce la mort de son fils, pourtant militaire, accuse celui-ci d’être un dealer du seul fait qu’il était musulman ! Grâce soit donc rendue aux monteurs, Dominique Vieillard et Lizi Gelber, qui ont su rythmer le récit en alternant, sur un tempo sans faiblesse, séquences publiques, moments intimes et défilés de paysages sur une tension allant crescendo jusqu’au bouleversant finale où Latifa accueille, le 19 février 2017 à Paris, et malgré toutes les oppositions, 30 jeunes Palestiniens et Israéliens.

97 minutes. France, 2017 Sortie France : 4 octobre 2017

Ce double portrait d’un pays dont tous les repères sont à reconsidérer, à commencer par “la famille”, et de cette femme née le 1er janvier 1960 à Tétouan, au nord d’un Maroc qu’elle a fui en 1976 pour échapper à un mariage forcé, alliant les quatre vertus cardinales (tempérance, prudence, force d’âme et justice) donne lieu à des moments très forts : rencontre avec des jeunes en détention, échanges de sourds à l’Assemblée Nationale autour de la laïcité, accusation par une jeune fille de Tanger d’être “la success story qu’on aime à présenter”, réception comme citoyen d’honneur du petit village de Hessin Coupigny, en plein fief de Marine Le Pen ! Jamais victimaire, exhortant à la responsabilité et à l’ouverture vers l’autre légitimée par son seul drame personnel (“J’ai payé le plus cher”, dit-elle souvent), elle trouve auprès des jeunes l’attention et le respect qu’ont perdus nos politiques. Mais à quel prix ! “Après mon frère j’ai perdu ma mère [...] Sur un trimestre, je la vois une fois par mois”, regrette sa fille, qui ajoute : “C’est Gandhi”. On la suit en effet de villes (Rouen, Caen, Paris...) en villages français mais aussi en Palestine, en Israël, et même en Chine. On ressort de ce film réalisé sur plus d’un an et produit pour un budget de 549 375 euros - dont 80 000 par financement participatif avec un mélange d’admiration et de rage devant les murs d’inertie, voire de bêtise, qu’il met en évidence. Une totale réussite, donc. _G.To.

Visa d’exploitation : 145646. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Le Sens de la fête de Éric Toledano et Olivier Nakache Le temps d’une noce, l’équipe d’un fournisseur de mariages clés en main fait son possible pour accomplir sa mission... Toledano et Nakache reviennent à leur meilleure veine (le film choral) pour un résultat charmant mais un peu mécanique.

© Thibault Grabherr

HH Après Samba, où il s’étaient laissés aller à se prendre un peu pour les prêcheurs que le succès d’Intouchables voulait faire d’eux, Éric Toledano et Olivier Nakache reviennent ici à leurs fondamentaux. Ce que, dans le vocabulaire fleuri de l’époque, on appelle le “vivre ensemble” a toujours été le thème fétiche du duo. À chaque fois, il s’agit de démontrer qu’il vaut mieux être mal accompagné que tout seul, et de montrer comment les différences entre les gens, après avoir fait quelques grumeaux, peuvent s’homogénéiser en formant un groupe, qu’il soit duo (Je préfère qu’on reste amis, Intouchables), famille (Tellement proches) ou “team” (Nos jours heureux, Le Sens de la fête). Eux-mêmes appliquent ici leur principe en composant un casting jouant astucieusement sur le mélange des genres (Gilles Lelouche voisine avec Vincent Macaigne, les têtes d’affiches et les nouveaux visages se partagent la vedette). Pourtant, malgré un bon esprit incontestable, un sens du gag et de la répartie toujours vifs, la sauce, cette fois, ne prend pas totalement. Même si on imagine sans peine que le récit de cette cérémonie de mariage peut se lire comme la transcription assez fidèle de ce qu’est le tournage d’un film, on ne peut s’empêcher de penser qu’il manque au Sens de la fête un peu de la dimension autobiographique qui irriguait les excellents Nos jours heureux et Tellement proches. Car, ici, les différents protagonistes, souvent très schématiques, n’évoluent pas, ou alors trop vite. On sent les auteurs plus attentifs à la construction d’une mécanique scénaristique d’ensemble que véritablement attachés à des personnages en particulier. Et alors, en se professionnalisant, la fête perd un peu en authenticité. _N.M.

COMÉDIE CHORALE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Jean-Pierre Bacri (Max), Jean-Paul Rouve (Guy), Gilles Lellouche (James), Vincent Macaigne (Julien), Eye Haidara (Adèle), Suzanne Clément (Josiane), Alban Ivanov (Samy), Hélène Vincent (la mère de Pierre), Benjamin Lavernhe (Pierre), Judith Chemla (Héléna), William Lebghil (Seb), Kevin Azaïs (Patrice), Antoine Chappey (Henri), Manmathan Basky (Roshan), Khereddine Ennasri (Nabil), Gabriel Naccache (Bastien), Nicky Marbot (Bernard), Manickam Sritharan (Kathir), Jackee Toto (Nico), Grégoire Bonnet (Laprade). Scénario : Éric Toledano et Olivier Nakache Images : David Chizallet Montage : Dorian Rigal Ansoub 1er assistant réal. : Arnaud Esterez Scripte : Christelle Meaux Musique : Avishai Cohen Son : Pascal Armant, Selim Azzazi et Jean-Paul Hurier Décors : Nicolas de Boiscuille Costumes : Isabelle Pannetier Dir. artistique : Mathieu Vadepied Casting : Élodie Demey, Natacha Kossmann et MarieFrance Michel Production : Quad et Ten Coproduction : Gaumont, TF1 Films Production, Main Journey, Panache Productions et La Compagnie Cinématographique Producteurs : Nicolas Duva Adassovsky, Yann Zenou et Laurent Zeitoun Dir. de production : Laurent Sivot Distributeur : Gaumont.

117 minutes. France - Belgique, 2017 Sortie France : 4 octobre 2017

u RÉSUMÉ Paris, samedi matin. Max, organisateur de mariage, passe prendre Julien, son beau-frère dépressif et employé, pour se rendre ensemble dans un beau château où va se dérouler, en fin d’après-midi, la réception de mariage de Pierre et Héléna. D’ici là, Max doit s’assurer que tout est en ordre, alors qu’il n’arrive pas à joindre sa femme. Sa seconde, Adèle, vient d’engager un ami en extra : le maladroit Samy. Max doit composer avec les disputes entre Adèle et James, le DJ de la soirée, qui ne se supportent pas, la désinvolture de Guy, le photographe, le comportement distant de Josiane, sa maîtresse... et le passage de Pierre, très pointilleux. Julien découvre qu’il connaît Héléna : c’est une ancienne collègue, dont il est toujours amoureux. Il se fait passer pour l’un des convives lorsqu’il le peut. SUITE... Samy ayant débranché le camion réfrigéré, la viande du dîner est immangeable. Grâce à un collègue, Max se fournit en viande, profitant du long discours de Pierre pour retarder le dîner. Un homme, Laprade, rôde autour de la réception : il est venu négocier le rachat de l’entreprise de Max et lui fait une offre. Pendant ce temps, Guy séduit la mère de Pierre, et Adèle et James s’embrassent. Après le dîner, le réseau électrique saute. Grâce aux plongeurs, un peu musiciens, la fête continue aux bougies. Héléna est aux anges, et Pierre ne fait aucune remarque. Max arrive à joindre sa femme, qui le quitte. Il renoue avec Josiane. Au matin, il jette la proposition de rachat de Laprade.

Visa d’exploitation : 144002. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Téhéran tabou (Tehran Taboo) de Ali Soozandeh Dans Téhéran, des portraits se croisent : ceux de femmes tentant de s’émanciper, d’un musicien rêveur rattrapé par la réalité iranienne... Malgré sa fragilité, la justesse et l’honnêteté qui se dégagent du film en font un témoignage percutant.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Elmira Rafizadeh (Pari), Zar Amir Ebrahimi (Sara), Arash Marandi (Babak), Bilal Yasar (Elias), Negar Mona Alizadeh (Donya), Payam Madjlessi (Ahmad / Punter / le basiji). Scénario : Ali Soozandeh, avec la colloration de Grit Kienzlen Images : Martin Gschlacht Montage : Frank Geiger et Andrea Mertens 1er assistant réal. : Manuel Siebert Scripte : Barbara Musger Musique : Ali N. Askin Son : Janis Grossmann Costumes : Erika Navas Effets visuels : Ali Samadi Ahadi et Christin “Pingo” Schiffler Dir. artistique : Ali Soozandeh Maquillage : Willi Derschmidt Production : Little Dream Entertainment Coproduction : Coop99 Filmproduktion, ORF et ZDF Producteurs : Frank Geiger, Ali Samadi Ahadi, Mark Fencer et Armin Hofmann Coproducteurs : Antonin Svoboda et Bruno Wagner Distributeur : ARP Sélection.

© Little Dream Ent.

HH Installé depuis les années 1990 en Allemagne, le réalisateur iranien Ali Soozandeh, familier de l’animation, propose pour sa première réalisation une immersion dans sa ville de jeunesse. Le procédé de la rotoscopie fait suite à l’impossibilité de tourner de telles scènes en Iran : il a donc filmé ses acteurs sur fond vert. C’est aussi un moyen de répondre à l’envie de retranscrire la vie de Téhéran et non sa simple imitation tournée au Maroc ou en Jordanie, comme c’est le cas dans la plupart des films aujourd’hui. Si le résultat esthétique n’est pas forcément réussi, cette quête de l’animation réaliste est en accord avec le propos même du film : les quatre portraits entrecroisés qui nous sont présentés semblent vouloir être les témoins d’une société iranienne tiraillée entre ses interdits religieux et sociétaux (engendrant de nombreux tabous) et l’excès de corruption. De l’absence de liberté découle indubitablement une double vie, une schizophrénie généralisée et à durée indéterminée, de la jeune femme faisant passer ses avortements pour des fausses couches au vieillard regardant en cachette des vidéos érotiques. Ces personnages et leurs histoires s’entremêlent avec fluidité tout au long du film, et la banalité de leurs rêves créé de l’empathie. De notre œil occidental, ce film ne va pas forcément nous surprendre ou nous sembler enchaîner suffisamment les rebondissements scénaristiques, pourtant il n’en constitue pas moins un témoignage inédit et nécessaire. Oscillant entre fiction et témoignage réaliste, Téhéran tabou nous rappelle ce que vivre en Iran implique dans la vie quotidienne, sans pour autant tomber dans un ton larmoyant. _D.C.

96 minutes. Autriche - Allemagne, 2017 Sortie France : 4 octobre 2017

u RÉSUMÉ Prostituée à Téhéran, Pari tente d’obtenir le divorce de son mari incarcéré. Le juge en charge de son affaire profite de ses faveurs sexuelles sans pour autant lui donner l’autorisation pour que son fils puisse aller à l’école. S’installant dans un nouveau logement, elle y rencontre une voisine, Sara, qui, mariée et vivant chez ses beauxparents, est enceinte. Malgré les apparences, Sara a du mal à étouffer les tensions familiales : elle voudrait travailler mais son mari ne veut pas lui signer l’autorisation nécessaire, et elle dit avoir eu plusieurs fausses couches, alors qu’elle a avorté à chaque fois. Les deux femmes passent du temps ensemble, sans pour autant se révéler leurs secrets : Pari s’est ainsi présentée comme infirmière... SUITE... Parallèlement, le jeune Babak, musicien, vit dans le même lotissement. Après avoir couché avec une jeune femme en boîte, il s’avère que celle-ci va bientôt se marier et doit absolument reconstruire son hymen. Babak n’a pas d’autre choix que de l’aider et trouver l’argent pour l’opération. Donya n’est en réalité pas une future mariée : aidée par Pari, que Babak a rencontré dans son quartier, Donya lui confie qu’elle est promise pour une belle somme à des Saoudiens à la recherche d’Iraniennes vierges. Finalement, Babak quitte le pays avec l’argent réuni. Alors que Pari obtient enfin l’autorisation pour que son fils entre à l’école, Sara se tue du haut de l’immeuble après avoir révélé ses avortements à son mari.

Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Vienne avant la nuit de Robert Bober Robert Bober rend hommage à la mémoire de son arrière-grand-père et reconstitue la ville de Vienne au début du XXe siècle. Un essai intime et original, qui questionne l’histoire des lieux et des personnes qui, jadis, les ont habités.

ESSAI DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Scénario : Robert Bober Images : Giovanni Donfrancesco Montage : Catherine Zins Archives : Véronique Nowak et Jérôme Segal Son : Benjamin Bober Production : Les Films du Poisson Coproduction : Riva Filmproduktion et KGP Production Producteurs : Estelle Fialon, Michael Eckelt et Gabriele Kranzelbinder Distributeur : Vendredi Distribution.

© Les Films du Poisson

HHH Comment parler de nos ancêtres, alors même que nous les avons jamais connus, mais à l’égard desquels nous nous sentons intimement liés ? Comment rendre hommage à leur mémoire ? C’est ce que tente d’accomplir Robert Bober en réalisant ce documentaire sur son arrièregrand-père, Wolf Leib Frankel, lequel passa cinquante années de sa vie dans un village polonais, Przemysl, et qui tenta ensuite sa chance à New York en 1904, tentative qui échoua puisqu’il fut refoulé aux contrôles d’Ellis Island. Du Nouveau Monde, il n’aura aperçu que les tours de Manhattan emmitouflées dans la brume et, au lieu de retourner dans son village natal, il s’installera à Vienne, ville cosmopolite et hospitalière. Tout cela nous est narré par la voix pondérée de Bober, tandis que l’on observe le paysage - que la neige recouvre d’un beau manteau blanc défiler à travers la fenêtre du train qui nous emmène à Vienne, comme si nous accompagnions effectivement Bober. Ce documentaire, qui s’apparente à un essai cinématographique, à la fois biographique et historique, se nourrit d’un corpus varié (photographies et films d’archives, peintures, dessins), mais dont l’hétérogénéité est unifiée par le monologue du réalisateur. Parfois, le rythme va peut-être un peu trop vite tant l’on a envie de ruminer ses paroles, belles et percutantes ; mais s’il faut alors rattraper le train en marche, des moments de répit nous sont accordés comme lorsque, par exemple, la caméra, à bord d’une calèche, nous fait visiter la Vienne d’aujourd’hui. Seulement, nous ferons aussi des sauts dans le passé, notamment avec un film des frères Lumière sur le Ring, le principal boulevard qui contourne le centre-ville historique

80 minutes. France - Autriche - Allemagne, 2016 Sortie France : 4 octobre 2017

de la capitale. Car il s’agit finalement d’une ballade dans le temps et dans l’espace, comme semble nous l’annoncer le conteur dans l’extrait de La Ronde de Max Ophüls qui ouvre Vienne avant la nuit, où nous passons d’une scène de théâtre à un studio, puis à une rue viennoise en 1900 : “J’adore le passé. C’est tellement plus reposant que le présent ! Et tellement plus sûr que l’avenir...” Nous aussi, nous passons du passé au présent, ce retour au passé étant une édification de la mémoire puisque, au-delà du portrait de Wolf Leib Frankel, il s’agit aussi de faire celui de la ville ; le titre du documentaire ferait donc écho à ce que fut Vienne avant l’Anschluss en 1938, où son multiculturalisme fut sanctionné par un antisémitisme affirmé. Affirmé car, comme Robert Bober nous le rappelle, l’antisémitisme autrichien était déjà bien implanté ; le maire qui était au pouvoir de 1897 à 1910, Karl Lueger, dont l’antisémitisme inspira Hitler, est toujours l’effigie d’un monument sur une place qui porte également son nom... Tout cela amène Bober à parler et à citer des écrivains autrichiens - la plupart exilés et suicidés -, comme Stefan Zweig, Joseph Roth, Arthur Schnitzler ou encore Thomas Berhardt, dont la lecture lui offre le sentiment de se rapprocher de cette époque, et ainsi de s’imprégner des lieux, foulés par ces hommes devenus fantômes, tel son arrière-grand-père, dont la trace aurait été perdue sans ce documentaire. _V.V.

Visa d’exploitation : 140703. Format : n.c. - Couleur et Noir & Blanc - Son : Dolby SRD. 80 copies.

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À l’ouest du Jourdain de Amos Gitaï Toujours engagé et révolté, Amos Gitaï retourne dans les territoires occupés pour témoigner des actions de citoyens israéliens et palestiniens qui tentent de dépasser les conséquences d’une occupation qui dure depuis maintenant cinquante ans.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Scénario : Amos Gitaï Images : Oded Kirma, Eitan Hal et Vladimir Truchovski Montage : Tal Zana, Vincent Schmitt et Yuval Orr 1re assistante réal. : Mira Bauer Musique : Amit Poznansky Son : Amos Zipori, Nir Alon et Yishal Ilan Production : Nilaya Productions et Agav Films Coproduction : France Télévisions Production exécutive : Macha Prod Producteur : Amos Gitaï Productrice déléguée : Patricia Boutinard Rouelle Producteurs exécutifs : Stéphanie Schorter, Shuki Friedman et Laurent Truchot Distributeur : Sophie Dulac Distribution.

© Nilaya Prod. - Agav Films

HH Pour comprendre une situation, il faut parfois creuser comme un archéologue. Fort de cette conviction, Amos Gitaï sonde ici encore les strates de la société israélienne. Cherchant toujours les “fissures dans le mur”, il revient sur ce qui déchire à la fois son pays et son cœur : l’occupation de la Palestine et l’absence revendiquée - et souvent assumée - de solutions politiques pour résoudre la question. Seuls les consciences civiques, l’engagement individuel et les convictions intimes portent désormais une volonté de réconciliation. Pour leur offrir une tribune, et trente-cinq ans après Journal de campagne, troisième volet d’une trilogie composée de House (1980) et Wadi (1981), Gitaï décide de retourner en Cisjordanie poser des questions qu’on ne pose pas d’habitude et notamment pas un Israélien. Avec une petite équipe composée d’un cameraman et d’un ingénieur du son, il se rend dans des villes comme Hébron, observe, interroge, questionne, enregistre et montre les liens qui se tissent entre des militants des droits de l’homme (B’Tselem, Centre Israélien d’Information sur les Droits de l’Homme dans les Territoires Occupés qui documente les violations des droits de l’homme, en informe le public et les politiciens israéliens et lutte contre le déni qui prévaut parmi le public israélien), des journalistes (dont Gideon Levy, journaliste israélien qui, dans le quotidien Haaretz, tient une chronique hebdomadaire sur les activités de l’armée israélienne dans les territoires, intitulée Twilight Zone, “zone grise”, pour dénoncer la politique israélienne en Cisjordanie), des militaires (Breaking The Silence, organisation non gouvernementale israélienne créée par des soldats et vétérans de l’armée israélienne pour “forcer

84 minutes. France - Israël, 2017 Sortie France : 11 octobre 2017

la société israélienne à se confronter à la réalité qu’elle a créée et à faire face à la vérité sur les abus vis-à-vis des Palestiniens”), des mères en deuil (The Parents Circle - Families Forum, organisation qui réunit des familles israéliennes et palestiniennes ayant perdu l’un des leurs en raison du conflit et qui veulent démontrer que la réconciliation, possible, est un préalable indispensable pour parvenir à une paix durable) et même des colons (Mihal Froman, 32 ans, juive observante et militante, et qui continue à croire que Juifs et Arabes peuvent vivre ensemble). Le combat de ces associations n’est pas facile et suscite beaucoup d’antagonisme en Israël, quand ce n’est pas de la haine. Toutes soulèvent des questions d’éthique et de morale qui trouvent parfois un écho dans un pays, rappelons-le démocratique - qui conserve une capacité à s’interroger mais qu’il faut toutefois maintenir vive. En leur donnant ici la parole, Gitaï livre une œuvre, forte, belle et utile, et rappelle que le pays n’appartient pas à ses seuls responsables politiques mais aussi à sa société civile, et que c’est sans doute par elle qu’il se réformera en profondeur. Moins donneur de leçon que de coutume, il livre ici une réflexion plus pondérée et ce faisant plus fine et ouvre des perspectives qui permettent d’envisager la réconciliation comme alternative à la haine et à la vengeance, et ainsi de se projeter vers la prochaine étape : bâtir un futur commun. _N.Z.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies.

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L’Atelier de Laurent Cantet Mal dans sa peau, un jeune en insertion provoque ses camarades et l’écrivaine chargée de mener leur atelier d’écriture. Laurent Cantet signe un beau portrait de groupe très contemporain, qui bascule curieusement dans le thriller trop classique.

© Jérôme Prébois

HH Dans une villa, sur les hauteurs de Marseille, Olivia, une romancière, anime un atelier d’écriture pour un groupe de jeunes en insertion. Parmi eux, Antoine se fait remarquer par son comportement hostile et ses provocations islamophobes. Le nouveau film de Laurent Cantet se présente avec des faux airs d’Entre les murs, mais cette fois hors les murs institutionnels. Les premières séquences réactivent le ping-pong verbal intergénérationnel déjà à l’œuvre dans le film palmé à Cannes en 2008, mettant en face à face un sachant et des jeunes. Sans tarder, le film évoque les attaques du 13-Novembre, marquant ainsi la volonté de coller au plus près de la réalité contemporaine, voire de se coltiner les principaux faits sociétaux d’aujourd’hui. La conduite chorale du récit va pourtant être reléguée au second plan au profit de l’affrontement entre Antoine et Olivia. C’est paradoxalement au moment où le récit échappe au dispositif qu’il devient plus mécanique, soutenu par le scénario après l’avoir été par la parole. L’atmosphère de thriller qui colore la deuxième partie paraît plus convenue. Entre les deux personnages, comme dans le film, quelque chose se fige, Antoine et Olivia ne peuvent se détacher de leurs statuts d’échantillon de classe sociale, l’une étant l’incarnation du système, d’une certaine classe cultivée et humaniste, et l’autre, le jeune désoeuvré qui se trompe de colère. D’une grande richesse d’intentions, le film a tendance à se délester progressivement de ce qu’il annonçait au départ. On regrette la contemporanéité, un temps effleurée, puis abandonnée au profit de jeux d’ambiances plus classiques. _J.C.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Marina Foïs (Olivia Dejazet), Matthieu Lucci (Antoine), Warda Rammach (Malika), Issam Talbi (Fadi), Florian Beaujean (Étienne), Mamadou Doumbia (Boubacar), Julien Souve (Benjamin), Mélissa Guilbert (Lola), Olivier Touret (Teddy), Lény Sellam (Boris), Charlie Bardé (Jessica), Marie Tarabella (Mathilde), Youcef Agal (Romain), Marianne Esposito (Claudia), Thibaut Hernandez (Alex), Axel Caillet (Yohan), Anne-Sophie Fayolle (la mère d’Antoine), Cédric Martinez (le père d’Antoine), Chiara Fauvel (la sœur d’Antoine), Jorys Leuthreau (Théo), Pierre Bouvier (Monsieur Rinaldi), Téva Agobian (l’ouvrier du yacht), Patrick Albenque (le journaliste littéraire), François Cottrelle (Luc Borel), Franck Libert (le journaliste TV), Véronique Delclos (la directrice de communication TV), Jonathan Trullard (le caméraman TV). Scénario : Robin Campillo et Laurent Cantet Images : Pierre Milon Montage : Mathilde Muyard 1re assistante réal. : Delphine Daull Musique : Bedis Tir et Édouard Pons Son : Olivier Mauvezin et Mélissa Petitjean Décors : Serge Borgel Costumes : Agnès Giudicelli Maquillage : Valérie Tranier Casting : Sarah Teper Production : Archipel 35 Coproduction : France 2 Cinéma Producteur : Denis Freyd Dir. de production : Michel Dubois Distributeur : Diaphana.

113 minutes. France, 2017 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ La Ciotat, été 2016. Antoine se rend à un atelier d’écriture supervisé par Olivia, une romancière célèbre. Avec d’autres jeunes en insertion, il doit écrire un roman noir. Alors que le groupe tente d’établir le contexte spatio-temporel et la nature du crime, des tensions se font sentir. Le lendemain, Antoine s’attire les foudres du groupe lorsqu’il décrit son crime idéal. Olivia calme le jeu. Un matin, le groupe visite le chantier naval de La Ciotat, en quête d’inspiration. Antoine s’emporte, vexé de ne pas être écouté par les autres. Le lendemain, le groupe engage un débat sur la radicalisation et les attentats terroristes. Antoine dérape, contraignant Olivia à annuler son cours. SUITE... Un après-midi, Antoine espionne longuement Olivia. Le soir, il s’entraîne, avec son cousin et des amis, au tir. Pendant l’atelier suivant, le jeune homme critique une œuvre d’Olivia. Vexée, elle le renvoie. Le soir, la romancière inspecte le profil Facebook d’Antoine. Elle découvre qu’il adhère aux idées d’un penseur extrémiste. Un jour, elle souhaite l’interviewer pour les besoins de son prochain roman. D’abord hésitant, ce dernier accepte. Mais Antoine se rend compte qu’Olivia s’est déjà documentée sur lui. Le soir, il pénètre chez elle, armé d’un pistolet. Il la force à prendre la voiture. Arrivés au bord d’une falaise, il laisse partir la femme et jette l’arme à la mer. Le lendemain, il rejoint l’atelier et lit un texte d’adieu au groupe. Quelques mois plus tard, il est devenu marin et quitte La Ciotat.

Visa d’exploitation : 144207. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Rencontre avec Matthieu Lucci

Naissance d’un acteur Absent à Cannes depuis sa Palme d’or en 2008, Laurent Cantet y fit son retour cette année dans la section Un Certain Regard avec L’Atelier. Ce film sombre et poétique sur une jeunesse cherchant sa place et sur la possibilité du groupe - thématique chère au cinéaste depuis toujours - est impeccablement porté par Marina Foïs et Matthieu Lucci, jeune garçon de 19 ans casté devant son lycée à La Ciotat, petite ville portuaire et balnéaire des Bouches-du-Rhône où se situe le film. Non professionnel, le jeune homme incarne avec une justesse déconcertante le jeune Antoine, un garçon solitaire aux prises avec l’extrémisme le plus noir. Et comme avec Jalil Lespert en 2000 dans Ressources humaines, on a le sentiment, à la fin du film, d’avoir assisté collectivement à une naissance : celle d’un acteur. Foïs, c’était intimidant et génial à la fois d’être avec elle. Les premiers jours de tournage ont été difficiles pour moi, je les ai mal vécus, je n’étais pas satisfait de ce que je donnais et j’étais intimidé, gêné, je ne comprenais pas ce qui se passait, je me sentais paumé.

C’est Marie Cantet [fille du cinéaste, ndlr] qui vous a repéré à la sortie de votre lycée. Exactement ! À la pause clope, une femme vient nous voir avec des papiers pour nous proposer un casting... Et nous, on prenait ça plutôt à la rigolade, en nous demandant ce que nous avions à y gagner ! C’est seulement à partir du premier ou du deuxième call-back que j’ai commencé à prendre ça au sérieux, je crois. Ce milieu me semblait inaccessible, c’est dur d’imaginer tout ça quand on est un jeune qui se demande ce qu’il va faire le lendemain.

Comment avez-vous été dirigé, vous-même et les autres jeunes non professionnels ? Il fallait que le texte écrit sorte, mais en dehors de ça on avait une grande marge d’improvisation, entre les phrases par exemple, ou sur la prononciation. Laurent nous dirigeait en prenant un peu de nous pour rajouter ça au personnage. On ne se permettait pas trop de proposer des choses au début, c’est-à-dire pour les scènes d’atelier, puisque l’on a commencé par celles-là. Par la suite je me suis senti plus à l’aise, je me suis parfois permis quelque propositions. Cependant, avant le tournage, Laurent nous demandait souvent comment on dirait une chose ou une autre, sachant que certaines phrases pouvaient être mal écrites.

Connaissiez-vous Laurent Cantet ? Oui, j’avais vu Entre les murs et Foxfire, mais j’étais pas en mode “Putain, Laurent Cantet ! ”. Disons que, quand on est néophyte de ce milieu, même la Palme d’or, on ne sait pas ce que ça représente. On sait que c’est cool, comme lorsque quelqu’un nous dit qu’il a reçu un prix que l’on ne connaît pas : on dit que c’est bien... tout en s’en foutant un peu. Quel était votre rapport au cinéma avant ce film ? J’adorais le cinéma mais ma cinéphilie était restreinte aux grands réalisateurs ou à certains films de genres. Je cherche à la développer depuis cette expérience. J’aimerais dire que je voulais devenir acteur, mais je n’aurais jamais osé l’exprimer, je n’avais pas le courage de me lancer dans ce milieu. Je n’avais pas de projets précis pour après le bac, comme la plupart des gens à mon âge. Postez-vous à une sortie de lycée et demandez ce que les jeunes de mon âge envisagent de faire : personne ne sait !

Qu’y a t-il d’Antoine chez vous ? Il y a d’Antoine chez moi, ce qu’il y a d’Antoine chez tous les jeunes : les questions existentielles. “Où je vais ?”, “Qu’est-ce que je fais dans ma vie ? Je m’ennuie...”. Mais je ne vais pas à l’île verte tirer sur des canettes ! (Rires). Globalement, il n’y a pas grand-chose de commun entre lui et moi, il est même à mon opposé, je crois. Il y a cependant des choses que je lui envie un peu : sa solitude, sa discrétion... parce que je me sens trop expansif.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous êtes arrivé sur un tel projet, en étant novice en cinéma? Vous êtes-vous demandé pourquoi on s’intéressait à vous ? Je me suis longtemps demandé “Pourquoi moi ? ”, oui ! Aujourd’hui encore, même ! J’ai découvert l’intégralité du scénario assez tard, quelques semaines seulement avant les répétitions, et bien après le casting. C’était très impressionnant de se retrouver devant quelqu’un comme Laurent, qui a une vision artistique. Il se met à notre niveau pour nous parler, mais on comprend qu’il a une pensée structurée, très intéressante. Pour ce qui est de Marina

Connaissez-vous beaucoup d’“Antoine”? En plus modérés, oui. Disons que beaucoup de jeunes connaissent le début de cheminement de pensée d’Antoine. Beaucoup sont attirés par les extrêmes, mais en réalité ils veulent juste que ça bouge. La politique vous intéresse t-elle ? J’ai un rapport lointain à la politique. Je ne suis pas militant, je suis pas là-dedans. J’aimerais bien quelque part, je pense, mais je ne m’y intéresse pas assez et je suis trop occupé à voir des films en ce moment ! (Rires)

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© Jérôme Prébois

enchaîner les castings et les projets. J’ai passé un casting

Votre personnage renvoie une image morne de La Ciotat, où les jeunes peuvent se perdre facilement dans leur vie. Vous êtes vous-même ciotaden, partagez-vous la même vision de cette ville ? Oui, pour y avoir grandi, c’est un peu l’image que j’en ai. Mais c’est une ville en transition, on passe d’une cité ouvrière à une station balnéaire, et la population n’est pas trop adaptée pour ça. Il n’y a pas grand-chose pour s’amuser, même si la ville fait des démarches pour évoluer. Très vite, on en a fait le tour et, très tôt, à l’adolescence, on traîne dans la rue à ne rien faire. Après, il y a sûrement plein de villes qui sont dans le même cas. Mais je pense que La Ciotat est un exemple très intéressant parce que c’est assez flagrant, de par l’histoire des chantiers, mais aussi par son décor. Il y a d’abord cette ambiance de station balnéaire, lorsqu’on arrive avec les gens en tongs sur la plage, et puis, juste à côté, on aperçoit ce chantier naval énorme et presque en ruine, avec de la rouille... On comprend qu’il y a un passé particulier et on se demande ce qu’est cet endroit. Je trouve ça très représentatif des villes qui peuvent vivre ce genre de transition aujourd’hui.

récemment à Paris pour un court métrage, je l’ai obtenu et le tournage est pour bientôt. Qu’en est-il de Cannes : appréhendiez-vous de venir ? Ou estce plutôt la sortie du film en salles que vous redoutez ? Je n’avais pas peur de venir ici parce que je ne connaissais rien de Cannes. Je n’étais jamais venu et ne regardais pas trop d’émissions dessus à la TV. Je connaissais tellement pas que je ne savais pas à quoi m’attendre. Cependant, j’étais très excité et impatient, je n’arrivais pas à penser à autre chose. Je n’arrive pas à m’empêcher de lire tout ce que les gens disent sur le film, et sur moi par conséquent. Je dirais que je suis cependant plus impatient d’avoir les retours des gens que je connais que ceux des critiques. Les critiques ne me connaissent pas et peuvent me complimenter juste parce qu’ils ont aimé le film dans sa globalité. J’ai la sensation que mes proches seront, eux, plus à même de savoir si j’ai bien joué ou non, car s’ils me disent “On t’a pas reconnu”, alors je saurai que j’ai fait

Vous vivez désormais à Paris, vous avez un agent... Souhaitez-vous désormais vous tourner entièrement vers le cinéma ? J’aimerais bien, mais je ne sais pas si ce sera faisable. J’ai eu mon bac pendant le casting du film l’an dernier, et le tournage a commencé fin août. Après, j’ai déménagé pour Paris. Cette année, je vais reprendre un cursus d’études normal : je me suis inscrit en fac de cinéma mais j’espère

quelque chose de bon ! Je suis donc plus sensible au jugement de mes proches qu’à ceux des critiques, et si ma mère, après la projection, vient me voir en me disant que j’ai été incroyable, je chialerai pendant deux jours.

Propos recueillis à Cannes par Jonathan Trullard

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Des lois et des hommes de Loïc Jourdain En s’intéressant aux pêcheurs insulaires irlandais du Donegal partis en croisade contre le rouleau compresseur de l’Europe, Loïc Jourdain (L’Homme des îles) signe un film de citoyen européen humaniste et intelligent.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Scénario : Loïc Jourdain et Mirjam Strugalla Images : Tristan Clamorgan et Loïc Jourdain Montage : Mirjam Strugalla Musique : Guillaume Beauron Son : Guillaume Beauron, Matteo de Pelligrini, Ed Humm et Seán de Brún Production : Lugh Films Coproduction : Idée Originale, South Wind Blows, France 3 Corse Via Stella, Production France 3 et The Irish Film Board Distributeur : Docks 66.

© Lugh Films

HHH “Huit ans c’est long, mais c’est peu dans la vie d’un homme”, souligne le documentariste Loïc Jourdain (L’Homme des îles, 2006). Pendant huit ans, ce dernier a filmé son voisin, John O’Brien, un pêcheur irlandais de l’île d’Inishboffin. Des côtes du Donegal aux couloirs du Parlement européen, Jourdain a capturé pendant huit ans le combat de John, fédérant ONG, pêcheurs de toute l’Europe et simples citoyens, pour prouver qu’une autre Europe était possible. À l’origine du film : une rencontre sur un quai de port. D’un côté, Jourdain, cinéaste ayant déjà réalisé deux documentaires sur l’île de Tory - située à quelques kilomètres de celle d’Inishboffin -, et déjà considéré comme un “insulaire” aux yeux des locaux. De l’autre, John O’Brien, pêcheur humble mais déterminé à en découdre pour continuer à vivre comme avant. De voisins, ils sont devenus amis et John, ce personnage qui n’avait pas l’étoffe d’un héros, est rapidement devenu le sujet principal du film. Au début des années 2000, une nouvelle législation européenne interdit la pêche par filets suivant le courant. Premier coup dur pour les pêcheurs d’Inishboffin, cette pratique faisant partie de leurs traditions. Puis, la pêche au saumon leur a été interdite. Puis celle du cabillaud. Et ainsi de suite, pour ne leur laisser guère d’autre choix pour survivre que de pratiquer la pêche intensive de crustacés. John décide de rejoindre un mouvement fédérant des pêcheurs insulaires d’Irlande, et même de France, dont il devient rapidement le président. Quand les ministères laissent leurs revendications lettre morte,

106 minutes. France - Irlande, 2016 Sortie France : 11 octobre 2017

la prochaine étape consiste à se rendre au Parlement européen. De 2012 à 2015, John va enchaîner les allers-retours à Bruxelles, comptant sur le soutien d’ONG et d’élus pour faire passer une loi prenant en compte la particularité des insulaires. Et il y parvient. À travers le regard sobre et bienveillant de la caméra de Jourdain, le spectateur découvre un propos universel pétri de patience et de clairvoyance, mais surtout un film humaniste, intelligent, philosophe et humble, à l’image de John O’Brien. Des Lois et des hommes est un film profondément humain, constatant, sans forcément critiquer, les absurdités et les détours pouvant pervertir certaines législations européennes et que l’on applique de force à tous les types de population. Sur ces petites îles insulaires dénuées de tourisme, d’arbres ou d’industries, la pêche constitue la seule alternative. Pourtant, on interdit à ces pêcheurs aux petits bateaux (de 3 à 10 mètres) la pêche sur leurs côtes alors que des navires-usines chalutent à 30 miles de là. Que faire quand on est victime d’un système politique national ou européen inadapté à notre situation ? Comment un simple citoyen peut tenter de changer la situation et d’enrayer un processus qui est en train de le broyer ? Des Lois et des hommes répond à ces questions avec justesse et humanité. _M.Du.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 15 copies.

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Détroit (Detroit) de Kathryn Bigelow Durant les émeutes de Détroit, en 1967, un contrôle de police dégénère et tourne au fait divers. Une reconstitution soignée , mais qui, en préférant exposer un dossier plutôt qu’un point de vue, perd en impact.

© Mars Films

HH Poursuivant dans sa nouvelle vocation de chroniqueuse sociale, Kathryn Bigelow quitte ici le domaine de l’actualité brûlante – la guerre d’Irak (Démineurs), la traque de Ben Laden (Zero Dark Thirty) – pour la reconstitution d’événements survenus il y a 50 ans, durant les émeutes de Détroit. On peut d’ailleurs s’interroger sur ce choix du thème historique et se demander de quoi parle réellement le film. En effet, peut-on encore réellement considérer que la dénonciation du racisme et des violences policières, dont nous n’ignorons pas vraiment qu’ils existent, peuvent encore constituer un sujet à part entière ? Le phénomène des émeutes, cette violence légitime mais dont on ne sait jamais où elle va s’arrêter, ce serait un sujet. On se prend même à rêver que ce soit celui du film dans une première partie séduisante, captant l’embrasement en mêlant étroitement images d’archives et reconstitution. Le personnage du flic zélé jusqu’au délire ce serait un sujet. Le jeune policier devenant criminel par discipline ce serait un sujet. Le chanteur, dont la confrontation avec la violence raciste fait basculer le destin a priori tout tracé, ce serait un sujet. Mais dès lors que le film, plutôt que de se concentrer sur l’une ou l’autre de ces options, choisit de les compiler pour composer une reconstitution se voulant précise et complète, il restreint son propos à un exercice de devoir de mémoire un peu vain. Certes il y a une certaine habileté dans la façon dont Bigelow combine la grammaire du cinéma de genre avec celle du documentaire. Certes, le scénario s’efforce de restituer une forme de complexité des choses. Mais en l’absence de personnages incarnés et d’un propos précis, tout cela ne mène pas bien loin. _N.M.

DRAME HISTORIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : John Boyega (Dismukes), Will Poulter (Krauss), Algee Smith (Larry), Jacob Latimore (Fred Temple), Jason Mitchell (Carl Cooper), Hannah Murray (Julie), Jack Reynor (Demens), Kaitlyn Dever (Karen), Ben O’Toole (Flynn), John Krasinski (Maître Auerbach), Anthony Mackie (Greene), Nathan Davis Jr. (Aubrey Pollard), Peyton Alexander Smith (Lee), Malcolm David Kelley (Michael Clark), Joseph David-Jones (Morris), Laz Alonso (Conyers), Ephraim Sykes (Jimmy), Leon Thomas III (Darryl), Gbenga Akinnagbe (Aubrey Pollard Sr.), Chris Chalk (l’agent Frank), Jeremy Strong (Maître Lang), Austin Hébert (l’adjudant Roberts), Miguel Pimentel (Malcom), Samira Wiley (Vanessa), Tyler James Williams, Mason Alban, Bennett Deady, Tokunbo Joshua Olumide, Benz Veal, Dennis Staroselsky, Darren Goldstein, Karen Pittman. Scénario : Mark Boal Images : Barry Ackroyd Montage : William Goldenberg et Harry Yoon 1er assistant réal. : Simon Warnock Musique : James Newton Howard Son : Paul N.J. Ottosson Décors : Jeremy Hindle Costumes : Francine Jamison-Tanchuck Effets visuels : Sean Devereaux Dir. artistique : Greg Berry Maquillage : Whitney James Casting : Victoria Thomas Production : First Light Production et Page 1 Pour : Annapurna Pictures Producteurs : Megan Ellison, Kathryn Bigelow, Mark Boal, Colin Wilson et Matthew Budman Distributeur : Mars Films.

143 minutes. États-Unis, 2017 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ Détroit, 1967. Alors que les violences policières à l’encontre de la communauté noire génèrent une forte tension, l’évacuation abusive d’une boîte de nuit met le feu aux poudres. Les émeutes embrasent la ville. Krauss, policier zélé, blesse un pilleur en lui tirant dans le dos. Il est averti par son supérieur. Larry, leader du groupe vocal The Dramatics s’apprête à passer sur scène devant les cadres de la Motown. Mais le concert est annulé en raison des émeutes. Il se rend avec son ami Fred à l’Algiers Motel. Là, ils rencontrent deux jeunes blanches, Julie et Karen, et se joignent avec elles à une fête. Des coups de feu sont tirés près d’une base de la garde nationale. Les détonations semblent venir de l’Algiers, qui est alors encerclé. SUITE... Krauss et ses hommes entrent dans l’hôtel et tuent un homme porteur d’un revolver en plastique. Puis ils commencent à torturer, physiquement et mentalement, Larry et les autres pour leur faire avouer qui est le tireur. Dismukes, un policier noir tente de jouer un rôle diplomatique. Mais la situation dégénère. Demens, un des policiers, tue un homme. Krauss fait évacuer les autres contre la promesse de leur silence. Fred refuse et est abattu. Le lendemain, Demens et un autre collègue, sont interrogés et avouent. Mais lors du procès, leur avocat démontre que ces aveux ne sont pas juridiquement recevables. Les policiers sont acquittés. Ne pouvant plus jouer pour les blancs, Larry quitte son groupe.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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L’École buissonnière de Nicolas Vanier Paris, 1930. Un jeune orphelin est accueilli dans une famille modeste. Il y découvrira le monde de la nature dans un domaine de Sologne ainsi que ses propres origines. Un film plein de bons sentiments qui n’en reste pas moins prévisible et ennuyeux.

CHRONIQUE INITIATIQUE Famille

u GÉNÉRIQUE Avec : François Cluzet (Totoche), Jean Scandel (Paul), Éric Elmosnino (Borel), François Berléand (le comte de la Fresnaye), Valérie Karsenti (Célestine), Thomas Durand (Bertrand), Ilona Cabrera (Bella), Frédéric Saurel (Dédé), Urban Cancelier (Lucien), Murielle Huet des Aunay (Montaine), Thierry Robard (Armand), Caroline Jurszak (Florence), Afif Ben Badra (le chef des gitans), Claudine Baschet (la mémé gitane), Christine Joly (Madeleine), Laurent Gerra (le gendarme). Scénario : Jérôme Tonnerre et Nicolas Vanier Images : Éric Guichard Montage : Raphaëlle Urtin 1er assistant réal. : Olivier Horlait Scripte : Valentine Traclet Musique : Armand Amar Son : Emmanuel Hachette Décors : Sébastian Birchler Costumes : Adélaïde Gosselin Effets spéciaux : Guy Monbillard Effets visuels : Alain Carsoux Maquillage : Thi Thanh Tu Nguyen Production : Radar Films Coproduction : StudioCanal et France 2 Cinéma Producteurs : Clément Miserez et Matthieu Warter Distributeur : StudioCanal.

© Eric Travers / Radar Films

H Grand passionné des vastes espaces et sensible à la défense de la nature, Nicolas Vannier semble s’être fait plaisir en réalisant ce long métrage. En effet, il nous délivre des images très léchées de sa Sologne d’enfance : rivières, forêt, animaux en tout genre. On peut dire que le réalisateur n’a pas été avare en séquences sur la nature. Même si on ne peut nier la qualité de ces images, elles ne sont que des prises de vues et pourraient être tout autant appréciées dans un documentaire animalier. L’histoire du petit Paul vient s’ajouter à cela comme un prétexte et les clichés se succèdent, allant du plus anodin (le comique de répétition avec le garde-chasse bourru qui ne parvient jamais à attraper le braconnier) au plus flagrant (le dénouement du film). De nombreux personnages sont inutiles à la narration et se rajoutent maladroitement au cheminement de Paul : c’est le cas par exemple de la jeune gitane qui représente sans beaucoup de finesse les premiers émois de la jeunesse. Tout est à la limite du vaudeville (comme l’histoire extra conjugale de Célestine avec Totoche, l’ennemi juré de son mari) alors que l’intention première du réalisateur semblait plutôt de nous tenir en haleine, ou du moins de nous enjoindre à suivre les différentes intrigues avec hâte. Même le personnage de Totoche, interprété par un François Cluzet à la limite de la caricature, est rapidement ennuyeux. Ce que l’on finit par attendre avec impatience, c’est le classique retournement de situation (c’est-à-dire : Paul n’est pas un orphelin ruiné mais le riche héritier d’un domaine majestueux...), pour venir à bout de cette histoire à la limite du grotesque. _D.C.

116 minutes. France, 2016 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ Célestine a l’habitude d’accueillir des enfants. Mais lorsqu’un orphelinat de Paris lui demande de recueillir un orphelin de guerre, elle refuse. Elle finit cependant par le prendre, lorsqu’elle découvre ses conditions de vie. Paul n’est pas loquace mais s’habitue très vite à ce nouveau cadre de vie : Célestine est domestique pour le comte de la Freysney, et Borel, son mari, est le garde-chasse du domaine. Paul passe ses journées avec Totoche, l’ennemi juré de Borel, le braconnier du territoire (mais dont la présence est tolérée par le comte). C’est aux côtés de cet homme bourru et solitaire que Paul apprend tout de ce royaume : les oiseaux, la pêche et surtout les cerfs. Depuis la mort de sa fille en couches, le comte ne supporte plus la présence d’enfants. Pourtant, il croise fortuitement Paul et semble l’apprécier. SUITE... Lors d’une chasse à cour, le comte décide de gracier le plus grand cerf du domaine, qu’il avait pourtant réussi à cerner. Après cela, une chute à cheval l’alite, et c’est mourant qu’il se confie à Paul, qui n’est autre que son petit-fils. Après sa mort, l’arrogant fils du comte ordonne de cloisonner le lieu, ce qui va à l’encontre de l’idée de liberté que son père se faisait du domaine. Borel et Totoche font pour la première fois équipe contre l’héritier. Finalement, à la lecture du testament, Paul apprend qu’il est le propriétaire des lieux, ce qui force son oncle à partir. Tout revient dans l’ordre. Paul nomme Borel et Totoche gardes-chasse.

Visa d’exploitation : 142606. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Kingsman : Le Cercle d’or (Kingsman : The Golden Circle) de Matthew Vaughn Les nouvelles aventures d’Eggsy et de l’agence Kingsman. Au menu, pas de grande surprise, mais la promesse d’un divertissement de qualité, élégant et déjanté. Porté par son casting, ce deuxième volet fait montre d’un humour jubilatoire.

© 20th Century Fox

HHH Quelque temps après avoir vaincu le gangster de la technologie Valentine, Eggsy compte désormais parmi les meilleurs agents de Kingsman. Ce deuxième volet, intitulé Le Cercle d’or, est à l’image du premier : élégamment déjanté. Des scènes d’action parfaitement chorégraphiées, une mise en scène franchement marquée, un rythme impeccable et un casting haut de gamme ; Kingsman : Le Cercle d’or est un divertissement brillant. Évidemment, l’effet de surprise et de découverte n’est plus là, mais qu’importe. L’humour british est toujours plus piquant, et l’on retrouve avec plaisir un Colin Firth miraculé - grâce à un tour de passe-passe scénaristique alambiqué, mais on prend. L’incursion des agents britanniques au pays de l’Oncle Sam apporte un vent de fraîcheur et permet d’introduire d’éventuels nouveaux personnages récurrents, tout en confirmant le talent de Channing Tatum dans des rôles secondaires décalés. Le jeune Taron Edgerton excelle en James Bond nouvelle génération, et forme une parfaite équipe avec ses partenaires. Et Julianne Moore, que l’on n’attendait pas ici, est divine en brillante psychopathe aux sombres desseins. Le schéma structurel reste le même et fait progresser le récit de manière tout à fait classique : d’un problème découle une enquête semée d’embûches, pour arriver au sauvetage final. Mais l’ensemble est d’un panache et d’un dynamisme tels que le charme opère une nouvelle fois. Le clou du spectacle ? Le running gag autour d’Elton John, dont on ne se lasse pas une seule fois. Sans aucun doute, la comédie d’action britannique a encore de beaux jours devant elle. _A.L.

COMÉDIE D’ACTION Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Taron Egerton (Gary “Eggsy” Unwin), Colin Firth (Harry Hart), Julianne Moore (Poppy Adams), Mark Strong (Merlin), Pedro Pascal (Jack Daniels / Whiskey), Halle Berry (Ginger Ale), Jeff Bridges (Champagne “Champ”), Channing Tatum (Tequila), Hanna Alström (la princesse Tilde), Edward Holcroft (Charlie Hesketh), Elton John (lui-même), Bruce Greenwood (le président des États-Unis), Emily Watson (Fox, la directrice de cabinet du président), Michael Gambon (Arthur), Poppy Delevingne (Clara von Gluckfberg), Sophie Cookson (Roxanne “Roxy” Morton), Björn Granath (le roi de Suède), Lena Endre (la reine de Suède), Tom Benedict Knight. Scénario : Jane Goldman et Matthew Vaughn D’après : la bande dessinée Kingsman de Mark Millar et Dave Gibbons (2012) et le film Kingsman de Matthew Vaughn (2014) Images : George Richmond Montage : Eddie Hamilton 1er assistant réal. : Jack Ravenscroft et Luigi Spoletini Scripte : Lucy Ward Musique : Henry Jackman et Matthew Margeson Son : Matthew Collinge et Rob Prynne Décors : Darren Gilford Costumes : Arianne Phillips Effets spéciaux : Steven Warner Effets visuels : Angus Bickerton Dir. artistique : Grant Armstrong Casting : Reg Poerscout-Edgerton Production : Cloudy Pour : 20th Century Fox Production associée : Marv Films et TSG Entertainment Producteurs : Matthew Vaughn, David Reid et Adam Bohling Distributeur : 20th Century Fox.

141 minutes. Royaume-Uni - États-Unis, 2017 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ Eggsy est attaqué par Charlie, ancien prétendant recalé de Kingsman. Aidé à distance par Merlin, Eggsy s’en sort. Il vit avec la princesse Tilde. Au Cambodge, Poppy est à la tête du plus gros cartel de drogue au monde : le Cercle d’or. Quand Eggsy dîne avec les parents de Tilde en Suède, les agents Kingsman, dont Roxy, sont tués par l’explosion de leurs maisons. C’est l’œuvre de Charlie, qui travaille pour Poppy, et dont le bras bionique avait piraté des informations de Kingsman. Une piste conduit Eggsy et Merlin, qui a survécu, dans le Kentucky, où ils découvrent une agence sœur, Statesman, et les agents Tequila, Whiskey et Ginger. SUITE... Ils retrouvent Harry, sauvé par un gel régénérant et amnésique. Eggsy pose un mouchard sur Clara, petite amie de Charlie. Poppy annonce à la télévision qu’elle a empoisonné toutes ses drogues importées, et que les victimes mourront peu à peu. Elle livrera l’antidote si le président des États-Unis légalise l’usage des drogues. Harry retrouve la mémoire. Charlie retrouve Clara en Italie pour lui donner l’antidote. Eggsy, Harry et Whiskey s’y rendent. Harry se méfie de Whiskey : il l’abat mais il est “régénéré” par Statesman. Eggsy, Harry et Merlin se rendent au QG de Poppy. Ayant marché sur une mine, Merlin se sacrifie. Eggsy et Harry obtiennent de Poppy, droguée, le mot de passe pour livrer l’antidote. Poppy meurt d’une overdose. Le tandem élimine Whiskey, qui voulait empêcher la livraison. Le monde est sauvé. Tilde et Eggsy se marient.

Visa d’exploitation : 147277. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos.

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Numéro une de Tonie Marshall La course au pouvoir d’une ingénieure dans un univers marqué par l’hégémonie masculine. L’intelligence avec laquelle T. Marshall aborde son sujet et l’impeccable casting féminin font oublier les quelques maladresses de forme du film.

© Tabo Tabo Films

HHH Tonie Marshall n’a pas peur de passer d’un genre à l’autre. Après les personnages paumés et attachants de Vénus Beauté (Institut), le road movie Passe-passe et la comédie romantique Tu veux ou tu veux pas ?, Numéro une nous plonge dans l’univers impitoyable de la course au pouvoir au sein de l’entreprise. Mais pas n’importe quelle course : celle d’Emmanuelle, brillante ingénieure, qui tente de devenir la première femme à diriger une société du CAC 40. Dans un monde empreint de misogynie, le chemin sera long et éprouvant. Malgré quelques maladresses structurelles - parmi tous les aspects traités, le récit semble parfois s’éparpiller -, le film aborde intelligemment un sujet trop rare dans le cinéma français. Sans clichés, avec une justesse de ton et un rythme impeccables, Tonie Marshall retranscrit la difficulté des femmes à accéder à des postes automatiquement légués aux hommes. Cruauté des méthodes et des propos, problématiques professionnelles et personnelles intrinsèquement liées, tout y est. La réalisatrice a mené un véritable travail de fond et s’est appuyée sur un casting fort, clairement mené par les personnages féminins interprétés par Emmanuelle Devos, Suzanne Clément, Francine Bergé et Anne Azoulay. Les figures masculines, un peu trop en retrait (un choix assumé ?), sont malgré tout omniprésentes car incarnées par les “gueules” Richard Berry, Benjamin Biolay et Sami Frey. Servi par une mise en scène soignée et un scénario nourri du réel, Numéro une est un passionnant film de conquête qui, sans tomber dans l’utopie, aspire à un changement nécessaire des mentalités. _A.L.

DRAME SOCIAL Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Emmanuelle Devos (Emmanuelle Blachey), Suzanne Clément (Véra Jacob), Richard Berry (Jean Beaumel), Sami Frey (Henri Blachey), Benjamin Biolay (Marc Ronsin), Francine Bergé (Adrienne Postel-Devaux), Anne Azoulay (Claire Dormoy), John Lynch (Gary Adams), Bernard Verley (Jean Archambault), Jérôme Deschamps (le PDG de Theorès), Avy Marciano (Yves Lafferière), Patrick Ligardes (le numéro 2 de Theorès), Guillaume Pottier (Denis), Lucie Borleteau (Laure Marty), Zoé Caron (Louise), Hyam Zaytoun (Sonia), Winston Ong (Monsieur Wang), Olivier Claverie, Song Li, Ping Huang, Xizhong Qian, Clara Gaymard, Loulou Hanssen, Lydie Muller, Philippe Dusseau, Bruno Fleury, Raphaël Cohen, Juliette Besson, Valérie Tréjean, Souhade Temimi. Scénario : Tonie Marshall, Marion Doussot, avec la collaboration de Raphaëlle Bacqué Images : Julien Roux Montage : MariePierre Frappier 1er assistant réal. : Hadrien Bichet Scripte : Bénédicte Darblay Musique : Mike & Fabien Kourtzer Son : JeanJacques Ferran, Ingrid Ralet, Valérie Ledocte et Luc Thomas Décors : Anna Falguères Costumes : Élisabeth Tavernier Casting : Brigitte Moidon et Valérie Trajanovski Production : Tabo Tabo Films Coproduction : Versus Production, France 3 Cinéma, CN7 Productions, VOO, BeTV et Noodles Production Producteurs : Tonie Marshall et Véronique Zerdoun Distributeur : Pyramide.

110 minutes. France - Belgique, 2017 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ Emmanuelle Blachey, brillante ingénieure, travaille pour Theores. Lors du Women’s Forum de Deauville, elle est approchée par Adrienne Postel-Devaux, Vera Jacob et Claire Dormoy, du réseau de femmes d’influences Olympe. Elles souhaitent mener Emmanuelle à la tête d’Anthea, entreprise du CAC 40, dont le patron est mourant. Tiraillée entre ses enfants, le deuil inachevé de sa mère, le récent AVC de son père et son poste actuel très prenant, Emmanuelle hésite. De leur côté, Jean Beaumel et Marc Ronsin, d’un réseau d’influence misogyne, ont eux aussi leur candidat. Après un dîner au cours duquel elle négocie des clauses importantes avec des clients chinois, Emmanuelle décide de mener le combat d’Olympe. Son mari Gary n’est pas ravi. SUITE... Adrienne, Vera et Claire lui organisent tout un plan de bataille pour parvenir à la victoire. Jean tente de la déstabiliser par tous les moyens : provocations, chantage à la vie privée de ses alliées, renvoi de Gary du cabinet d’avocats où il travaillait, fausse affaire de corruption... Emmanuelle envisage d’abandonner. Adrienne meurt dans un accident de voiture. Son ami Archambault avait compilé un dossier compromettant sur Jean. L’Élysée soutient la candidature d’Emmanuelle, et Marc, lassé des humiliations de son patron, lui propose une alliance. Gary accepte un job de six mois en Italie. Emmanuelle obtient le poste et intervient au Forum de Deauville.

Visa d’exploitation : 144735. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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La Passion Van Gogh (Loving Vincent) de Dorota Kobiela et Hugh Welchman Prouesse picturale fascinante, cette première fiction de D. Kobiela et H. Welchman anime la peinture de Van Gogh dans une enquête posthume sur sa mort, qui permet de comprendre mais surtout de ressentir son œuvre.

© La Belle Company

HHHH Les réalisateurs Dorota Kobiela et Hugh Welchman reviennent sur la troublante fin de vie de Vincent Van Gogh et son génie artistique, comme l’a fait Pialat mais cette fois sous forme d’une enquête partie d’une lettre à porter, avec comme technique : la peinture animée. À l’instar de Miss Hokusai, délicieuse plongée dans l’univers du peintre japonais et son œuvre, la surprenante immersion dans les tableaux du peintre néerlandais happe littéralement. S’appuyant sur les 800 lettres écrites par Vincent à son frère Théo, les informations recueillies auprès des proches de Van Gogh par le fils du postier nous permettent de comprendre les causes et circonstances de sa mort, mais surtout qui il était et comment il percevait la vie. On est peu à peu captivé par l’histoire du peintre, comme le devient ce personnage... Van Gogh s’est-il vraiment suicidé ? Était-il fou, simplement original, bourru, gentil, hypersensible, fragile ? Ces questions rendent l’enquête passionnante, d’autant que les images, pleines de mouvements et de vie, même quand elles sont fixes, d’épaisseur, de couleurs, bien sûr - sublimes, en définitive - nous transportent dans chaque lieu peint par Van Gogh, les champs, les chambres, les cieux étoilés, les visages sur lesquels on peut percevoir ce qu’ils ont fait ressentir à l’artiste. C’est ainsi que l’on nous fait peu à peu vivre sa peinture dans toute sa profondeur. Ce qui pourrait sembler au début reposer sur des procédés (scénaristiques et techniques) un peu fragiles s’avère pénétrant. Le film nous fait toucher du bout du doigt et de l’œil le caractère mystérieux du génie de Van Gogh. _G.T.

ENQUÊTE BIOGRAPHIQUE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Douglas Booth (Armand Roulin), Saoirse Ronan (Marguerite Gachet), Aidan Turner (le batelier), Helen McCrory (Louise Chevalier), Eleanor Tomlinson (Adeline Ravoux), Chris O’Dowd (Joseph Roulin), Jerome Flynn (le docteur Gachet), Robert Gulaczyk (Vincent Van Gogh), John Sessions (le Père Tanguy), Richard Banks (Ravoux), Bill Thomas (Mazery), Robin Hodges. Et les voix françaises de : Pierre Niney (Armand Roulin), Chloé Berthier (Marguerite Gachet), Xavier Fagnon (le batelier), Danièle Douet (Louise Chevalier), Delphine Rivière (Adeline Ravoux), Gérard Boucaron (Joseph Roulin), Gabriel Le Doze (le docteur Gachet), François Delaive (Vincent Van Gogh), Philippe Catoire (le Père Tanguy), Jérôme Wiggins (Ravoux), Philippe Ariotti (Mazery), Guillaume Lebon. Scénario : Dorota Kobiela et Hugh Welchman Images : Tristan Oliver et Lukasz Zal Montage : Justyna Wierszynska et Dorota Kobiela Scripte : Rebecca Sheridan Musique : Clint Mansell Son : Michal Fojcik et Michal Jankowski Costumes : Dorota Roqueplo Dir. artistique : Daniela Faggio Casting : Jennifer Duffy Production : BreakThru Productions et Trademark Films Production associée : Silver Reel Coproduction : Odra Film et Centrum Technologii Audiowizualnych Producteurs : Hugh Welchman, Sean Bobbitt et Ivan MacTaggart Distributeur : La Belle Company

88 minutes. Royaume-Uni - Pologne, 2017 Sortie France : 11 octobre 217

u RÉSUMÉ Après un séjour à l’hôpital psychiatrique, Vincent Van Gogh s’est suicidé en 1890. Un an plus tard, son ami Roulin, le postier d’Arles, charge son fils Armand de remettre à Théo, le frère du peintre, une lettre retrouvée dans sa chambre. Armand part à contre-cœur. Découvrant que Théo est décédé, il poursuit sa route jusqu’à Auvers-sur-Oise où Van Gogh a vécu ses derniers temps. Il rencontre la gouvernante du docteur Régat, son médecin et ami, sa fille, puis la jeune aubergiste chez qui il loge. Chacun raconte sa version des dernières semaines de Van Gogh. Il découvre que six semaines avant son suicide, il se disait heureux. Pour l’aubergiste, il était gentil et peignait tout le temps ; pour la gouvernante, il a semé le trouble chez les Régat. SUITE... La fille Régat avoue qu’elle a eu une liaison avec lui mais que son père lui a demandé de ne plus le fréquenter. Mais un autre docteur affirme qu’il n’a pas pu se tirer une balle dans le ventre. Armand apprend que Van Gogh fréquentait le turbulent René, qui avait une arme. L’oncle de l’idiot du village a entendu un coup de feu dans la grange, tandis que Van Gogh a été déclaré mort dans le champ où on n’a trouvé ni arme, ni affaires de peinture... Ce jour-là, ils avaient bu mais Van Gogh venait de se disputer avec le Dr Régat. Celui-ci avoue à Armand qu’à cause de sa maladie, Van Gogh pouvait basculer dans la dépression très vite, qu’il lui a annoncé la syphilis de son frère pendant la dispute, et que c’est à cause de lui qu’il s’est tué.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,33 - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Quel cirque ! Film collectif Consacré à l’univers du cirque, ce programme de courts invite à (re)découvrir trois grands auteurs du cinéma d’animation tchèque. Des regards colorés, tendres, mus par une poésie presque surannée, qui ne laisseront pas insensible le jeune public.

CONTES Enfants

u GÉNÉRIQUE 1. Le Petit parapluie (Paraplícko) de Bretislav Pojar (16’ - 1957) 2. Deux cœurs en piste (Komu patri její srdce) de Zdenek Ostrcil (9’ - 1983) 3. Monsieur Prokouk acrobate (Pan Prokouk akrobatem) de Karel Zeman (11’ - 1959) Scénario : Vratislav Blazek et Bretislav Pojar (1), Karel Zeman (3) Images : Emanuel Franek et Ludvík Hájek (1) Montage : Marie Kopecká (1) Animation : Karel Zeman (3) Musique : Milos Vacek (1) Distributeur : Malavida.

© Malavida

HHH Couvé par la maison de distribution Malavida Films, Quel cirque ! réunit pour la première fois trois pépites d’animation tchèques : Le Petit parapluie de Bretislav Pojar (1957), Deux cœurs en piste de Zdenek Ostrčil (1983) et Monsieur Prokouk acrobate de Karel Zeman (1959). Semblant sortir d’une tout autre époque, cette anthologie, à la topologie burlesque, dénote dans le paysage des productions actuelles - bien moins artisanales. En ce sens, l’œuvre de Pojar est une curieuse entrée en matière. Onirique, son court métrage interpelle davantage par sa force évocatrice que par le spectacle sus-cité. De l’histoire de ce drôle de lutin, le (jeune) spectateur - invité privilégié et quelque peu voyeur - n’apprendra finalement que peu de choses. De cet exercice de style cérémonieux, priment alors des numéros souvent cocasses, parfois tragiques. Formellement moins expérimental, Deux cœurs en piste met en miroir des rivalités amoureuses et des numéros spectaculaires. Naïve, sa morale n’en reste pas moins aimable (il faut parfois risquer sa vie pour vivre le grand amour). Derrière ses maladresses, le clown d’Ostrcil s’impose comme une figure malheureuse mais dont l’irrévérence se révélera salvatrice. La jolie mise en abîme du film devient alors une ode à la transgression des normes. Lauréat d’une médaille d’argent au festival de Vancouver de 1960, Monsieur Prokouk acrobate amuse par ses excentricités. L’arrivée de la troupe sur l’eau - dont la représentation en verre plissé est éblouissante - séduit par sa poésie et préfigure des tableaux plus loufoques les uns que les autres. À l’arrivée, ce triptyque peut sembler court mais il n’en reste pas moins une expérience trop rare pour être boudée. _S.H.

36 minutes. Tchécoslovaquie, 1957-1983 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ 1. À minuit, un lutin descend du ciel à l’aide d’un parapluie magique. Il s’impatiente devant une chambre d’enfants. Une fois ses occupants endormis, il anime, à l’aide d’une montre à gousset, les jouets de la pièce. Tous entreprennent une série de numéros de cirque. Mais un numéro dérape et les hôtes sont réveillés. La mère entre dans la chambre : le lutin est déjà parti. Les jouets ont quant à eux retrouvé leur place initiale. 2. Dans un cirque ambulant, un clown s’éprend d’une jeune acrobate. Il lui fait la cour mais s’attire les foudres des autres hommes de la troupe, jaloux. Le propriétaire du cirque, Monsieur Loyal, les assaille de corvées. Lors de la représentation, le clown ne baisse pas les bras. En coulisses, Monsieur Loyal sabote les numéros du clown. Aidé de son chien, le héros rebondit et offre un numéro spectaculaire. Devant la persévérance et le succès du clown, la troupe se voit contrainte d’accepter la relation amoureuse. 3. Aux abords de la ville, une compagnie de cirque fait son entrée par la voie fluviale. Parmi les artistes, Monsieur Prokouk est accompagné de son lion. Le soir, le duo réalise un numéro de patinage. En sortant de la piste, le lion avale le chapeau de Monsieur Prokouk. L’homme tente de faire cracher le lion mais ce dernier, borné, l’avale à son tour. Le reste de la troupe use de subterfuges pour libérer l’acrobate. Ils réussissent à temps pour la fin du spectacle.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,77 - Couleur - Son : Mono.

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La Quête d’Alain Ducasse de Gilles de Maistre À l’aube de l’ouverture de son nouveau restaurant au Château de Versailles, Alain Ducasse continue de sillonner le monde à la recherche d’harmonies gustatives inédites. Un documentaire aux saveurs élogieuses mais à l’apport instructif limité.

DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Alain Ducasse. Scénario : Éric Roux et Gilles de Maistre Images : Gilles de Maistre Montage : Michèle Hollander Musique : Armand Amar Son : Vincent Cosson Production : Outside Films Coproduction : Pathé, Jouror Films et Someci Producteurs : Gilles de Maistre et Stéphane Simon Productrice exécutive : Catherine Camborde Distributeur : Pathé.

© Pathé

m “Quelle peut être la quête d’Alain Ducasse, le petit garçon des Landes devenu aujourd’hui le chef et mentor le plus reconnu de la cuisine dans le monde ? Que cherche un homme qui semble avoir déjà tout ? ” : telles sont les questions que se pose le cinéaste Gilles De Maistre, également narrateur de ce curieux projet. Reconnu pour ses immersions sociétales et politiques, le journalistedocumentariste s’amourache cette fois-ci de l’univers complexe et gourmand de la gastronomie. Et plus particulièrement de celui d’un homme mondialement connu mais pourtant si secret. Propriétaire de 23 restaurants dans le monde et détenteur de 18 étoiles Michelin, Ducasse prépare sans relâche l’inauguration de son prochain restaurant, Ore, dans le Château de Versailles. Une relecture contemporaine des Dîners des Rois que certains qualifient de “lubie de chef”. De ces préparatifs qui dureront deux ans, Gilles De Maistre fera le fil conducteur de son projet. Quand il ne supervise pas sa carte et ses brigades, le pape de la gastronomie parcourt le monde en quête d’inédit. “Je veux goûter des choses que je n’ai pas encore goûtées”, affirme-t-il tout sourire. De Paris jusqu’à Tokyo, en passant par Rio, les États-Unis, les Philippines, la Chine ou encore la Mongolie, les périples de ce gourmet gourmand sont jalonnés d’émerveillements gustatifs et d’initiatives solidaires. En témoigne une séquence touchante à Manille où Ducasse rend visite à son école culinaire, formant de jeunes enfants sauvés de la rue. Plus tard, il rejoint le chef italien Massimo Bottura, au Brésil, dans le cadre du projet “Refetterio”. Ensemble, ils transforment le gaspillage alimentaire des Jeux olympiques en repas solidaires pour les démunis des

90 minutes. France, 2017 Sortie France : 11 octobre 2017

favelas de Rio. Entre deux initiatives, il rencontre François Hollande et lui propose de faire du dîner de la COP 21 un repas éco-responsable. Une proposition militante que l’ancien président de la République déclinera poliment. Engagée, la philosophie culinaire d’Alain Ducasse prône la “naturalité” dans les assiettes et l’excellence, du fermier au cuisinier. Elle brille également par ce qu’il appelle des “aspérités”, ces différences personnelles qui font tout. Pourtant, le documentaire n’aborde jamais le passé - et encore moins la vie privée - d’Alain Ducasse, à l’exception d’une brève scène où l’homme d’affaires évoque son accident d’avion dans les Alpes du Sud, dont il fut le seul rescapé. Si le personnage intrigue par son caractère étonnamment calme, presque insaisissable, son portrait manque quant à lui cruellement d’âme. Formellement aussi irréprochable que les assiettes fumantes au sortir des fourneaux, le documentaire de Gilles De Maistre souffre d’une substance traitée superficiellement. Sa narration, tantôt enlevée, tantôt laudative, n’arrange en rien la situation. Si bien qu’elle donne davantage l’impression de promouvoir que de raconter une histoire. Dommage, le silence se suffit parfois à lui-même. Les quelques séquences suscitées, aussi nobles qu’elles puissent être, peinent finalement à être appréciées à leur juste valeur. Gourmande sur le papier, cette quête ne relève, à l’écran, que de la préciosité institutionnelle. _S.H.

Visa d’exploitation : 143635. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 30 copies.

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Rahm La Clémence (Rahm) de Ahmed A. Jamal Adaptation soufie de la pièce de théâtre Mesure pour mesure de William Shakespeare, Rahm replace dans un cadre musulman islamique contemporain des problématiques du XVIIe siècle. Un appel à la tolérance à la réalisation ratée.

DRAME Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Sanam Saeed (Sameena), Sajid Hasan (le gouverneur / le fakir), Sunil Shankar (Qazi Ahad), Nayyar Ejaz (le conseiller Kamal), Khalid Butt (Nawab Sahib), Seerat Jafri (Marium). Scénario : Mahmood Jamal Images : Jono Smith Montage : Kant Pan Scripte : Zawar Hafeez Musique : David Heath Son : Faiz Zaidi Décors : Shehzad Shuja Production : Matteela Films Producteur : Mahmood Jamal Producteur exécutif : Mazhar Zaidi Coproducteur : David Shanks Producteur associé : Omar Shah Ahmed Distributeur : Jupiter Films.

© Matteela Films

m Aux yeux de Mahmood Jamal, auteur et producteur de Rahm, il est indéniable que le contexte dans lequel William Shakespeare a écrit Mesure pour mesure au début du XVIIe siècle est identique à celui du monde musulman contemporain. Le puritanisme des Protestants trouverait ainsi son écho chez les Musulmans islamistes d’aujourd’hui, obsédés par la punition, l’uniformité de la croyance et un rejet étouffant de la diversité. C’est pourquoi le réalisateur Ahmed Jamal a décidé de situer l’action de son film à Lahore, deuxième ville du Pakistan, à une époque “imaginaire”. Tourné entièrement à Lahore, le film capture dès ses premières images l’atmosphère d’une ville qui s’éveille, laissant miroiter qu’une transposition d’une histoire élisabéthaine dans cette ville fortifiée aux rues étroites pourrait être pertinente. Mais l’artifice ne dure que quelques minutes. Très vite, le voile tombe. À l’image des mesures instaurées par le député puritain cherchant à nettoyer la ville de sa dépravation omniprésente, le film semble avoir été purgé de (presque) tous les mécanismes de réalisation et de montage permettant une lecture fluide de l’intrigue. Véritable boîte de pétri colonisée aussi bien par une mise en scène bâclée frisant le kitschissime, une direction d’acteurs extrêmement inégale et un montage aussi haché que poreux, Rahm est un brouillon, à mille lieux d’un résultat correct. Car le potentiel est là. Oui, Protestants puritains et Musulmans islamistes sont comparables. Oui, l’idée de transposer un récit écrit au XVIIe siècle dans une société contemporaine peut être pertinent. Encore faut-il effectuer le traitement avec justesse et ingéniosité et non se contenter de reprendre des dialogues fidèles à l’original. _M.Du.

104 minutes. Pakistan - Royaume-Uni, 2016 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ Lahore, à une époque imaginaire. Après un accident cardiaque, le gouverneur bienveillant de la ville se retire dans la clandestinité et laisse la place à Qazi Ahad, député puritain souhaitant purger Lahore de ses mœurs amoraux. Sameena, jeune femme pieuse, découvre que son frère a été arrêté et qu’il doit être pendu pour avoir mis enceinte sa fiancée. Le conseiller Kamal lui suggère de rencontrer Ahad pour le convaincre de retirer la sentence. Ce dernier, frappé par sa beauté, lui fait la promesse que la vie de son frère sera épargnée si elle accepte de coucher avec lui... L’ancien gouverneur, se déguisant en fakir, apprend ce qui est arrivé et se rapproche de Sameena ainsi que de son frère. SUITE... Celui-ci, en apprenant la demande d’Ahad, demande à sa sœur d’y accéder par peur de mourir. Sameena se tourne vers le gouverneur/fakir qui, conjointement avec Marium, la femme délaissée d’Ahad, échafaude un plan pour piéger Ahad. Sameena accepte de coucher avec Ahad, selon certaines conditions. En réalité, c’est Marium qui rejoint Ahad dans son lit. Il demande à ce que l’exécution du frère de Sameena soit avancée. Après avoir empêché la pendaison de ce dernier, le gouverneur/fakir reprend ses fonctions et ordonne un procès opposant Qazi Ahad et Sameena. À l’issue du procès, le gouverneur révèle le rôle qu’il a joué et expose les crimes d’Ahad. Dévasté, Ahad accepte d’être pendu. Sameena lui pardonne, et le gouverneur le gracie.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 40 copies (vo).

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Taxi Sofia (Posoki) de Stephan Komandarev Le suicide d’un chauffeur de taxi provoque l’émoi en Bulgarie. Pendant ce temps, cinq de ses collègues et leurs clients font état de leurs peurs, espoirs, désillusions, colères... Un portrait éprouvant et écorché d’une société au bord de l’abîme.

DRAME CHORAL Adultes / Adolescents

u GÉNÉRIQUE Avec : Vassil Vassilev-Zuek (Misho), Ivan Barnev (Vlado), Assen Blatechki (Zhoro), Irini Zhambonos (Rada), Vasil Banov (Kosta), Troyan Gogov (Petar), Dobrin Dosev (Andrei), Guerassim Gueorguiev-Gero (Mitko), Dimitar Banenkin (Manol), Stefan Denolyubov (Nikola), Irini Jambonas (Rada), Georgi Kadurin (Popov), Anna Komandareva (Nikol), Borisleva Stratieva (Lora), Nikolai Urumov (Genadi), Julian Vergov (Rumen), Stefka Yanorova-Trenfafilova (Emilia). Scénario : Simeon Ventsislavov et Stephan Komandarev Images : Vesselin Hristov Montage : Nina Altaparmakova 1er assistant réal. : Borimir Ilkov Son : Markus Krohn Costumes : Zaklina Krstevska Maquillage : Martin Pavlovski Production : Argo Film, Aktis Film Production et Sektor Film Producteurs : Stephan Komandarev, Katya Trichkova, Stelios Ziannis, Vera Weit, Vladimir Anastasov et Angela Nestorovska Distributeur : Rezo Films.

© Selma Linski

HHH En 2015, Jafar Panahi s’improvisait chauffeur de taxi et signait, avec Taxi Téhéran, un brûlot politico-comique sur son pays natal, l’Iran. En 2017, Stephan Komandarev fait à son tour du transport payant un formidable instrument engagé. Si Taxi Sofia n’est en rien un docu-fiction, nombre de ses scènes - y compris sa tragique ouverture - sont inspirées de faits réels. Profondément plus sombres et confinées à l’espace des véhicules, les (més)aventures de ces chauffeurs bulgares étouffent d’abord. Avant de bouleverser. Tantôt attachants, tantôt misérables, Andrey, Rada, Kosta, Zhoro et Misho évoluent comme les témoins d’une société gangrenée par la misère et le désespoir. Le jour, certains sont enseignants, prêtres, scientifiques ou acteurs. La nuit, tous conduisent des taxis pour survivre. L’espoir dans tout cela ? “Tous les pessimistes et réalistes ont déjà quitté le pays. Ne sont restés que les optimistes”, lâche un chirurgien sur le départ. Dieu ? “Il a abandonné la Bulgarie depuis bien longtemps”, affirme un autre client. Si la légèreté et la résilience ont déserté les rues de Sofia au profit d’une nuit sombre et éternelle, la vie quotidienne des protagonistes puise dans une ironie cruelle. À l’image du malheureux Kosta, dont le fils vient de mourir. Méprisé par ses clients, le vieux solitaire trouve pour seule oreille un chien errant. Si les tableaux désabusés de Taxi Sofia sont d’une gravité éprouvante, la mise en scène immersive de Komandarev métamorphose les pérégrinations nocturnes en un habile film choral. Nourrie de plansséquences, elle jouit d’une authenticité admirable et s’impose naturellement comme l’écrin parfait de cette typologie de la douleur. _S.H.

103 minutes. Bulgarie - Allemagne - Macédoine, 2017 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ Menacé par des huissiers, Misho, entrepreneur et chauffeur de taxi, tente de sauver sa société. En rendez-vous avec son banquier, il apprend que le montant du pots-de-vin a doublé. Désespéré, Mischo abat le banquier et se suicide. La nuit, le drame gagne les ondes des radios libres bulgares. Pendant ce temps, cinq chauffeurs de taxi commencent leur service. Rada conduit un chirurgien cardiovasculaire à l’hôpital. Ce dernier lui apprend qu’il quitte bientôt le pays pour un avenir meilleur. Kosta prend un homme d’affaires, accompagné de sa maîtresse. Il leur confie la mort récente de son fils mais les clients restent indifférents. Zhoro croise Petar, un professeur désemparé, sur le point de se jeter d’un pont. Le chauffeur raisonne l’homme et le ramène à sa voiture. SUITE... Un autre chauffeur, Mitko, tente d’arnaquer Vlado, un juriste à l’humeur glaciale. La situation dégénère et les deux hommes se battent. Vlado blesse mortellement Mitko. Kosta conduit trois jeunes à une boîte de nuit. Saouls, les adolescents se moquent de son deuil. À l’aéroport, Rada se confronte à un nouveau client : Manol, un cadre qui a brisé sa carrière universitaire. Elle le prend en otage et le conduit dans un quartier sombre pour le tuer. Mais elle finit par l’abandonner. Kosta s’arrête pour nourrir un chien errant et finit par craquer. Prêtre le jour, Andrey escorte Nikola jusqu’à l’hôpital. Sur le point de recevoir un nouveau cœur, ce dernier exprime son mépris envers Dieu.

Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

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Un conte peut en cacher un autre (Revolting Rhymes : Part One & Part Two) de Jakob Schuh et Jan Lachauer Un loup raconte à une baby-sitter les “vraies” versions de célèbres contes. Le studio derrière l’adaptation animée du Gruffalo propose deux petits programmes inspirés des nouvelles du génial Roald Dahl. Un plaisir enchanteur.

CONTE FANTAISISTE Enfants

u GÉNÉRIQUE Avec les voix originales de : Dominic West (le loup), Gemma Chan (Blanche-Neige), Rose Leslie (le Petit Chaperon rouge), Isaac Hempstead Wright (Jack), Bel Powley (Cendrillon), Rob Brydon (Monsieur Cochonnet), Tamsin Greig (Demoiselle Maclahose). Et les voix françaises de : Philippe Resimont (le loup), Sophie Frison (Blanche-Neige), Nancy Philippot (le Petit Chaperon rouge), Thibaut Delmotte (Jack), Noah Lecot et Claire Tefnin (Cendrillon), Michel Hinderijkx (Monsieur Cochonnet), Myriem Akhediou (Demoiselle Maclahose). Coréal. : Bin-han To Scénario : Jakob Schuh et Jan Lachauer D’après : le recueil de nouvelles de Roald Dahl (1982) Montage : Benjamin Quabeck et Jan Lachauer Musique : Ben Locket Son : Adrian Rhodes Casting : Karen Lindsay-Stewart Production : Magic Light Pictures Producteurs : Martin Pope et Michael Rose Producteurs délégués : Elizabeth Kilgarriff et Dominic Gregory Coproducteur : Mike Buckland Dir. de production : Adriana Piasek-Wanski Distributeur : Les Films du Préau.

© Magic Light Pictures

HHH Après le succès (critique et public) des adaptations sur grand écran des Gruffalo et de La Sorcière dans les airs, la maison de production Magic Light s’attaque à un “bon gros géant” de la littérature jeunesse : Roald Dahl, déjà maintes fois adapté au cinéma. Fidèle au ton acidulé de l’écrivain britannique, le loup narrateur précise bien vite qu’il est là pour raconter les “vraies” histoires du Petit Chaperon rouge et consorts, bien plus noires que les versions “mollassonnes et niaisouillardes” habituellement perpétuées. Sont ici convoqués le Petit Chaperon rouge, donc, Blanche-Neige, Jack et son haricot magique, Cendrillon et les trois petits cochons. Ces célèbres contes se trouvent habilement imbriqués dans un scénario à tiroirs qui instaure un vrai suspense. Le jeu des histoires croisées offre l’occasion de redécouvrir ces personnages classiques et leurs récits rabâchés sous un jour contemporain. Ainsi, le Petit Chaperon rouge perd son innocence pour devenir une impitoyable tueuse à gage, digne héritière d’Uma Thurman dans Kill Bill ; Blanche-Neige se révèle actrice de son destin, et non plus passive princesse à la merci d’une belle-mère ou d’un prince. Les réalisateurs Jakob Schuh et Jan Lachauer, piliers de l’écurie Magic Light, signent, comme à leur habitude, une animation soignée, toute en densité et profondeur. Et si on perd l’aspérité savoureuse de Quentin Blake, l’illustrateur des ouvrages de Dahl, on goûte la précision des détails dans les couleurs et les décors et cet humour des visages et des expressions déjà à l’œuvre dans les Gruffalo et La Sorcière dans les airs. Ce conte en cache bien un autre, profond et facétieux, noir et drôle à la fois. Une réussite. _I.B.

61 minutes. Royaume-Uni, 2016 Sortie France : 11 octobre 2017

u RÉSUMÉ Première partie. Mademoiselle Hunt, baby-sitter, attend dans un café d’aller garder deux adorables enfants, quand un loup vient lui parler. Voyant son goût pour les contes, il lui raconte la “vraie” histoire du Petit Chaperon Rouge et de Blanche-Neige, qui étaient très amies enfants. Mais quand la seconde eut 18 ans, sa terrible marâtre jalouse la fit enlever, sous les yeux de Petit Chaperon. Traumatisée, celle-ci tua ensuite le loup qui avait dévoré sa grand-mère, puis celui qui avait mangé deux cochons - et qui n’étaient autres que les neveux du loup narrateur -, ainsi qu’un cochon banquier véreux. Blanche-Neige a survécu, recueillie par les 7 nains. Grâce au miroir magique dérobé à sa belle-mère, ils deviennent riches. Et les deux amies se retrouvent. Deuxième partie. Quelques années plus tard. Les deux amies sortent, bien que la baby-sitter qui doit garder les enfants de Mademoiselle Rouge soit en retard. Arrive le loup, qui a pris la place (et les habits) de Mademoiselle Hunt. Les enfants, pas dupes, lui ouvrent et réclament deux histoires du soir. Le loup cède et raconte sa version de l’histoire de Jack, qui devient riche grâce à un haricot magique, et de celle de sa voisine, Cendrillon, qui réussit à aller au bal séduire le prince mais renonce à l’épouser en voyant que c’est un fou coupeur de têtes. Elle retrouve Jack : ils se marient et ont beaucoup d’enfants. Le loup constate que les bambins se sont endormis. Il renonce à se venger et à les manger. Il salue Rouge, de retour, et retourne dans les bois.

Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies (vo / vf).

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2114 - 46-47-ARTICLE-Tourneur_Mise en page 1 21/09/2017 18:01 Page1

Rétrospective Jacques Tourneur

Un cinéma de l’ambigüité Il a déclaré, en novembre 1971, à Bertrand Tavernier (Positif n° 132) : “(…) je n’emploie jamais d’objectifs inusités, (...) je déteste les cadrages trop recherchés”. Et aussi : “Tout doit venir de l’intérieur. Il ne faut pas que cela soit superficiel : je déteste les angles bizarres, les objectifs déformants”. Alors pas d’images choc pour garder l’attention du spectateur ? “Moins on voit, plus on croit. Il ne faut jamais imposer sa vision au spectateur, plutôt l’infiltrer petit à petit”. Mais la bandeson ? À fond quand même, non ? “J’ai toujours essayé de contrôler le son, et surtout les silences de mes films”. Et la musique, plein les oreilles ? “Dans Cat People, le musicien voulait une partition tonitruante. Je m’y suis opposé”. Ainsi parlait Jacques Tourneur, l’un des cinéastes les plus fins, les plus subtils, les plus délicats qu’Hollywood ait fait travailler. Il est encore temps d’aller voir la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque française à Paris pour s’abandonner au charme si singulier de son cinéma (jusqu’au 8 octobre). Cinéaste hollywoodien, il l’a été, mais il a contourné la doxa hollywoodienne, en tournant le dos à toutes exagération et grandiloquence. Rien pour surligner dans son style, qui se sert des acquis du grand cinéma classique américain tout en les bridant, s’approche le plus possible de la neutralité de ton. Les acteurs ne doivent pas avoir peur de parler bas, voire de murmurer si besoin. La violence n’est pas magnifiée. Il escamote souvent les scènes de bagarre, de meurtre ou les expédie en deux plans trois mouvements. C’est le cas, dans le western Wichita, de la scène où Earp donne une correction au cow-boy lui ayant volé ses économies et de celle où il déjoue une tentative de holdup. Elles durent juste le temps d’indiquer de quelle action il s’agit. Dans L’Homme-léopard, on ne voit pas les morts successives des trois victimes, mais seulement l’amorce de chaque scène. De même, dans Le Passage du canyon, l’assassinat par le banquier véreux d’un chercheur d’or a lieu hors champ, ainsi que l’incendie du magasin de Logan Stewart, seules les ruines fumantes étant filmées. Dans La Griffe du passé, ce sont les meurtres de l’avocat Eels et de Meta Carson qui sont exclus de toute représentation. Les exemples abondent. Surfaces souvent dépouillées C’est pourquoi aussi le cadrage laisse parfois une zone peu remplie, peu habitée, comme dans Wichita, où le Cinemascope, alors déséquilibré, n’est pas utilisé pour en mettre plein la vue. Il ne s’agit, ni par le cadrage, ni par le montage, de saisir la vérité des personnages, mais de la laisser affleurer, sourdre. La vérité des

personnages, c’est-à-dire leur mystère, leurs non-dits. Le cadre n’est pas exhibé comme contraignant mais doit permettre de rester dans un certain flottement en laissant un peu d’espace autour des personnages (pas trop, afin de ne pas diluer l’attention), filmés devant des surfaces souvent dépouillées, en tout cas sans fonction décorative, pour laisser cette vérité envahir le cadre. Nombre de plans chez Tourneur, s’ils sont d’une grande beauté plastique, dégagent en même temps une impression de banalité par amoindrissement de leurs lignes de force. Ils ne renferment aucune tension dramatique soutenue - elle est plutôt minorée -, mais de leur succession va pouvoir transparaître une certaine présence incertaine des personnages, enfin leur difficulté à être présent à eux-mêmes. Quant au montage, s’il peut assumer un rôle purement fonctionnel et donc respecter le modèle classique hollywoodien, il peut entrer dans une légère apesanteur quand Tourneur installe certains plans dans une durée supérieure à celle tolérée par la doxa hollywoodienne, preuve d’une confiance dans le regard porté sur ce qui est filmé. L’espace inscrit dans ces plans, souvent américains (les personnages sont coupés un peu au-dessus ou au-dessous des cuisses), dégage souvent une impression troublante de vacuité, évoquant celle des tableaux d’Edward Hopper. Car ce qui intéresse ce réalisateur d’origine française, c’est de se tenir aux aguets pour capter les signes attestant d’un monde tapi derrière les apparences de la réalité. Ce qui le fascine, c’est l’inexplicable, la part énigmatique qui est partout autour et au plus profond de nous, d’où remontent aléatoirement des forces terrifiantes et destructrices, telles les pulsions dans L’Homme-léopard, une grave pathologie dans Angoisse, une créature démoniaque dans Rendez-vous avec la peur. Style presque neutre Pour y parvenir, le cinéaste se met au service des genres cinématographiques de l’époque (film noir, d’épouvante, western...), qu’il aborde avec un style discret, presque neutre. Il exempte son cinéma de tout effet de signature. Et plus le cinéaste parvient à délaisser les marques apparentes de l’auteur, plus il devient singulier, par un retournement dialectique que l’on peut qualifier de “signature banale”. On peut rapprocher cette stylisation propre à Tourneur, en retrait, de l’écriture “blanche” qui a caractérisé une part de la littérature d’après 1945. Sa mise en scène est discrète, réfractaire à exhiber les stigmates de l’auteur, car ceux-ci pourraient parasiter ce qu’il veut filmer : l’arrière-monde.

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La Griffe du passé

l’obscurité dans L’Homme-léopard, peignoir lacéré dans La Féline. C’est ce qui fait vaciller la raison du spectateur, subjugué par ce qui reste hors de sa compréhension et conduit à accepter plusieurs interprétations possibles. Richesse très singulière Dans Vaudou, Tourneur pousse encore plus loin l’équivoque, et offre un film d’une richesse très singulière. Jessica est-elle victime d’une fièvre cérébrale ou d’un rite vaudou censé la punir d’avoir jeté la discorde entre deux frères par sa séduction ? Parfois, le cinéma de Tourneur fait mine de ne pas choisir clairement entre les points de vue objectif et subjectif, jouant de l’ambigüité. Le spectateur n’est plus sûr de ce qu’il a vu. Ne racontait-il pas, en février 1978, à la revue Cinéma 78, avoir filmé dans L’Homme-léopard “une jeune fille la nuit dans un cimetière. Tout à coup elle regarde en l’air, on voit une branche d’arbre qui se plie et qui craque, elle hurle et c’est fini, tout le monde a vu le léopard” ? Il laisse donc coexister les deux systèmes irréductibles de signification qui peuvent rendre compte de ce qui est vu et entendu. Il s’en sert pour faire avancer le récit. Pas d’explication d’un seul bloc, mais des bribes et des espaces d’incertitude par où le spectateur peut investir le film et tisser à son tour le récit. En cela, les films de Tourneur appartiennent au grand cinéma moderne.

Il lui faut donc réduire la pression, le tour d’écrou que le 7e art fait subir à la réalité, par le travail que nécessite son artificialité, la violence que le filmage exerce sur son objet. Le cinéma de Tourneur ne dit jamais mieux son projet que dans certaines scènes où le monde est en suspens, comme celles de la plage dans Vaudou, d’une rue déserte la nuit ou du cimetière dans L’Homme-léopard, de la lande dans L’Enquête est close. Il répugne la plupart du temps à lever les ambigüités. C’est l’une de ses caractéristiques principales, l’une de ses séductions essentielles. Mais alors comment interpréter le décès du professeur Harrington dans Rendez-vous avec la peur ? A-t-il été électrocuté par une ligne électrique tombée quand sa voiture a heurté un pylône ou tué par un démon surgi des ténèbres ? Dans La Féline, la silhouette qui semble rôder dans la piscine plongée dans l’obscurité appartient-elle à un fauve libéré par Irena ou à celle-ci transformée en panthère ? Dans Angoisse, la répétition de la pathologie transmise de père en fils chez les Bedereaux va-t-elle cesser ? Les trous dans le récit se transmuent en indices : feulements sourds dans la piscine dans La Féline, cris de femme étouffés dans Vaudou, récits odieux faits à un enfant écoutés d’une pièce voisine dans Angoisse. Ils sont déposés hors champ, et participent de cette maîtrise de la suggestion chez Tourneur. Mais ils figurent parfois bel et bien dans le champ : empreintes qui se creusent dans Rendezvous avec la peur, yeux brillants d’un fauve dans

PAUL FABREUIL

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N°2114

RETARDS

4 Mother ! de Darren Aronofsly .................................................................................HHH 5 L’Un dans l’autre de Bruno Chiche ..............................................................................m 6 Une famille syrienne de Philippe Van Leeuw ............................................................HH SORTIES DU 27 SEPTEMBRE

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Le Château de verre de Destin Daniel Cretton .......................................................HHH Demain et tous les autres jours de Noémie Lvovsky ............................................HHH Des trésors plein ma poche Film collectif ............................................................HHH Espèces menacées de Gilles Bourdos ......................................................................... H L’Intelligence des arbres de Julia Dordel et Guido Tölke ..........................................HH Le Jeune Karl Marx de Raoul Peck .......................................................................HHH Le Maître est l’enfant de Alexandre Mourot .................................................................H Money de Gela Babluani ...............................................................................................H Le Petit Spirou de Nicolas Bary ................................................................................HH Stupid Things de Amman Abbasi ..............................................................................HH Un beau soleil intérieur de Claire Denis ...............................................................HHH Une suite qui dérange de Bonni Cohen et Jon Shenk ................................................HH SORTIES DU 4 OCTOBRE

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Capitaine Superslip de David Soren .........................................................................HH Confident royal de Stephen Frears ..............................................................................H Dans la forêt enchantée de Oukybouky de Rasmus A. Sivertsen .............................HH Fantasmes et fantômes de Noël Herpe ......................................................................m Grandeur et décadence d’un petit commerce de cinéma de Jean-Luc Godard ...HHH Happy End de Michael Haneke ...............................................................................HHH Rencontre avec Michael Haneke Latifa de Olivier Peyon et Cyril Brody .......................................................................HHH Le Sens de la fête de Éric Toledano et Olivier Nakache ..............................................HH Téhéran tabou de Ali Soozandeh ...............................................................................HH Vienne avant la nuit de Robert Bober ....................................................................HHH SORTIES DU 11 OCTOBRE

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À l’ouest du Jourdain de Amos Gitaï ........................................................................HH L’Atelier de Laurent Cantet ........................................................................................HH Rencontre avec Matthieu Lucci Des lois et des hommes de Loïc Jourdain .............................................................HHH Détroit de Kathryn Bigelow ........................................................................................HH L’École buissonnière de Nicolas Vanier .......................................................................H Kingsman : Le Cercle d’or de Matthew Vaughn .....................................................HHH Numéro une de Tonie Marshall ..............................................................................HHH La Passion Van Gogh de Dorota Kobiela et Hugh Welchman ................................HHHH Quel cirque ! Film collectif .....................................................................................HHH La Quête d’Alain Ducasse de Gilles de Maistre ........................................................... m Rahm de Ahmed A. Jamal ............................................................................................ m Taxi Sofia de Stephan Komandarev .........................................................................HHH Un conte peut en cacher un autre de Jakob Schuh et Jan Lachauer .....................HHH

AUTRES FILMS... 4 octobre 2017

11 octobre 2017

Blade Runner 2049 > Visa : 146469 - Scope - Dolby SRD Atmos - Dist. : Sony Pictures Des clics de conscience > Visa : 146108 - 1,77 - Dolby SRD - Dist. : Ligne 7 Va, Toto ! > Visa : 143597 - 1,77 - Dolby SRD - Dist. : JHR Films Coexister > Visa : 145476 - Scope - Dolby SRD - Dist. : EuropaCorp Lego Ninjago > Visa : en cours - Scope (2D / 3D) - Dolby SRD Atmos - Dist. : Warner Bros. Ouvrir la voix > Visa : 146782 - Image : n.c. - Dolby SRD - Dist. : Bras de Fer Distribution

PROCHAIN NUMÉRO LE 18 OCTOBRE


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