FOCUS F.W.I N 9

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F.W.I

MARS - AVRIL 2016 #9 • GRATUIT

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B E A U T Y

L O U N G E

by Karine Gatibelza

SOIN DU VISAGE ET DU CORPS | MAKE UP | DERMOGRAPHIE BEAUTÉ MAINS ET PIEDS | EXTENSION DE CILS | VERNIS SEMI PERMANENT

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ÉDITO

N o s politiques nous promettent tous d’inverser la courbe du chômage, en scellant leurs candidatures par un contrat morale-institutionnelle. Mais nous savons que le coup de canif dans le contrat est une spécialité politicienne. Dans la « guerre » qu’il fait mine de livrer au chômage depuis quatre ans, le chef de l’État, François Hollande, a endossé, le 18 janvier, sa tenue de camouflage. Le plan d’urgence pour l’emploi qu’il a exposé devant le Conseil économique, social et environnemental laisse espérer quelques réformes structurelles depuis longtemps attendus par les employeurs afin d’embaucher : le plafonnement des indemnités de licenciement, la possibilité de moduler le temps de travail dans l’entreprise non plus seulement sur l’année mais sur plusieurs années… Pour l’essentiel, toutefois, c’est bien à une opération de dissimulation que se livre le chef de l’exécutif. Confronté, à un peu près d’un an de la fin de son mandat, à un échec cuisant sur l’inversion de la courbe des inscriptions à Pôle emploi – résultat en l’absence duquel il a exclu de pouvoir être candidat à sa succession – François Hollande tente de camoufler la réalité du chômage derrière une illusion statistique. Dans l’improvisation la plus totale, l’organisme de formation des adultes, Pôle emploi, les régions et l’État lui-même sont priés de vite trouver des activités pour former 350.000 chômeurs supplémentaires…. La plupart de ces formations vont être bricolées et ne seront pas évaluées, mais peut importe, semble-t-il, pourvu qu’ils disparaissent de la catégorie A, celle qui sert de référence… Cette grossière utilisation de la politique de l’emploi à des fins électorales vise aussi à camoufler un bilan désastreux. En effet, on ne compte plus, depuis 1977, les dispositifs testés à droite et à gauche pour faire baisser le chômage. Nous assistons ainsi, impuissants, aux querelles intestines, aux débordements, au gâchis économique. La France est malade de ses dirigeants, malade de son impuissance à se réformer. Un sabotage en règle qui va de l’Éducation nationale aux entreprises en passant par l’immobilier. Pendant des années, nos politiques ont divisé pour mieux régner. Créer la complexité fut de règle pour garder le pouvoir, celui de promettre et de nommer est peut-être le seul qui perdure.

Donner un bout de gras à ceux qui se révoltent (syndicats, associations, patronat…) pour les tenir à sa merci. Gageons que le monde de la politique n’échappera pas à l’« uberisation ». Comme les chauffeurs de taxis, les politiques de métier vont payer cher le fait de n’avoir pas voulu évoluer ni se remettre en question pour garder leurs ‘’jobs ‘‘. Les citoyens en ont assez des chasses gardées et des prés carrés, ils veulent une nouvelle offre qui corresponde à leurs attentes. Ils recherchent l’efficacité. La classe politique traditionnelle, de gauche comme de droite, est en faillite et les électeurs se sont jetés sur une nouvelle offre que personne n’a encore expérimenté, peu importe le contenu : ‘’au moins c’est nouveau’’. Les monopoles, qu’ils soient idéologiques, politiques ou commerciaux, sont devenus insupportables. C’est la volonté inextinguible d’une nouvelle forme d’abolition des privilèges qui se propage et le rejet de tout ce qui s’apparente au ‘’système’’. L’électeur vote ‘’contre’’ faute de pouvoir voter ‘’pour’’, on élimine au lieu d’élire… et forcément on perd confiance. Il ne reste que l’abstention, ou des extrêmes encore en piste qui menacent et proposent une braderie du grand n’importe quoi. Un rejet amplifié par l’impression d’impuissance tant vis-à-vis des grands sujets économiques, comme la lutte contre le chômage, que des sujets sociétaux comme la montée des communautarismes ou la question de l’identité… Cette ubérisation politique est peut-être finalement la seule voie vers un changement salutaire. Puisque les partis sont des forteresses destinées à sauvegarder leurs acquis, les électeurs vont passer outre pour des candidats libres. N’est-il pas significatif que l’homme politique le plus populaire de la Guadeloupe soit Ary Chalus, sans étiquette, non professionnel de la politique, …. et qui n’aurait donc à satisfaire que l’intérêt général ? L’avenir le dira. Le lecteur (vous) assommé incrimine les journaux, les journaux (moi) assommés incriminent les politiques, les acteurs politiques (eux) disent refléter l’opinion (nous-vous). Le problème, c’est qu’on n’est jamais content…. J’ai déposé ceci-là, on m’incriminera certainement de « politique bashing » ou d’avoir affiché ma position alors qu’ici je ne propose que d’ouvrir le débat.

— Ken Joseph, Rédacteur en Chef

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MARS - AVRIL 2016 www.focus-fwi.com

FOCUS / ÉDITION RUNWAY 97100 BASSE-TERRE m. contact@agence-runway.com Rédacteur en chef Ken Joseph ken.joseph@agence-runway.com Directeur de la Publication Mike Matthew mike.matthew@agence-runway.com Rédaction Pierre-Yves Chicot, Sarah Gaspard, Thierry Aricique, Salomé. B, Michel Girdary, Caroline Lacoma, Bruno. G, Ken Joseph. Ont aussi collaboré à ce numéro Vincent Tacita, Stéphanie Melyon Reinette. Département artistique Agence Runway Photographes Éric Corbel, Cédrick Isham Calvados, Georges-Emmanuel Arnaud. Régie publicitaire Guadeloupe : 0690 589 688 Crédits photos Éric Corbel, Cédrick Isham Calvados, Georges-Emmanuel Arnaud, AFP, Carlos Baria, Fore, Evagency, Apple, Lenovo, Polaroid, BlackBerry, Google, Jbl, DS, le Sereno, Bucsemi, Saint-Laurent, Burberry, Tom Ford, Mulberry, Dior Homme, Valentino Garavini, Berlubiti, Jean-Paul Gauthier, Hermès, Aqua di Parma, Aesop, Pamkhurst Londre, Clinique for men, Dr Jackson, Perricone MD, Marc Jacobs, Christian Louboutin, Chanel, Yves Saint-Laurent, Nars, Make up for ever, Chaumet, Cartier, Dior, Louis Vuitton, Hublot, Bvlgari, Sandro, Dolce & Gabbana, Valentino, Neoclaim, Nova production, Ralph Wenig / Bureau 233, XL Recording, Ed. Autrement, Sippa Press, Christine Gueniot. Impression : En Union européenne Distribution : Colibri Distribution ISSN : 2425-729X

En couverture, Ary Chalus, Photographié par Éric Corbel, Mise en beauté Make Up For Ever, Stylisme Ken Joseph | Réalisation Mike Matthew, Chemise, cravate et ceinture Mango, Costume noir, Serge Blanco. Montre Tank Solo XL automatique, Cartier, Carat. 6 - FOCUS F.W.I

Remerciements Teddy Charles Bernadotte, Karine Gatibelza, Meissa Gumbs Jasor, Loic Sheikboudhou, Charlène Maurin, Sophie Corvo, Juliette Alimanda, Lionel Laurendot, Vincent Tacita, Jessica Brudey, Johan Dolmare, Rudy Damase, le Sereno.


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PRO MAKE UP

S T U D I O

ECOLE DE MAQUILLAGE PROFESSIONNEL 8 - FOCUS F.W.I


ED ITIO N 2016

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LA GRANDE INTERVIEW : ARY CHALUS

Sommaire 24

CHRISTIANE TAUBIRA, ILS L’ONT TANT AIMÉ

MAGAZINE 14 Billet d’humeur : Le mal du pays 16 Talent Brut : Harry Roselmack - Neoclaim 17 Obsession Focus 20 Mécanique du temps DÉCRYPTAGE 22 Problématique des sargasses et voies de valorisation 24 Christiane Taubira, ils l’ont tant aimé 28 Ma fille, tu ne seras pas une femme potomitan GRAND FORMAT 30 Chalus politicus 34 La grande interview : Ary Chalus

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MA FILLE, TU NE SERAS PAS UNE FEMME POTOMITAN 10 - FOCUS F.W.I

QUARTIER LIBRE 42 Évolution institutionnelle à défaut de révolution institutionnelle ? 44 Qui sont nos Héros ? PHÉNOMÈNE 48 Cas d’emploi 50 Les promesses du président François Hollande face à la réalité du terrain économique


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52 L’alternance, outil d’insertion 53 Salariés en alternance et fiers de l’être ENTREPRENDRE 54 Génération, Yes we can! 57 La CCI IG, au coeur de la création d’entreprise 58 Interview : Jessica Brudey ENTRE-DEUX 60 Littérature 62 Musique 63 La minute High-Tech

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UNIQUE, NEW DS 4

MOTEUR 64 Unique new DS 4 AVANT-GARDE 68 Room service : le Sereno 71 La sélection, prestige spiritueux NOUVEAU GENRE 72 Accessoires : Carry On 74 Parfums : The grand seduction 75 Les as du grooming 76 Beauté : Beauty Radar 78 Horlogerie : Précieux design 79 Accessoires : Oh my bag ! 80 Mode : Strike A Pose

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ROOM SERVICE, le Sereno

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BILLET D’HUMEUR

LE MAL DU PAYS. Par Thierry Aricique.

Un vent nouveau souffle sur la Guadeloupe depuis ce 13 Décembre 2015. Si dans la France hexagonale nous avons aperçu une légère éclaircie dans la défaite du FN lors des dernières élections régionales, ici l’arrivée d’Ary CHALUS à la tête de la Région marque un tournant, un changement de perspective. Est-ce l’alizé d’un regain de dynamisme de fraicheur ou la brise annonciatrice d’une tempête à venir ? Personne ne le sait. En tout cas nous ne sommes pas là pour juger l’action de l’ancien dépositaire de la fonction de Président de Région, sur l’usure de l’exercice de son pouvoir, ni entrer dans des emphases stériles et idéologiques, ni même disserter sur l’incompréhension d’un tel rejet du Lurelisme. Non ! Nous devons nous interroger sur cet élan, cette capacité, cette facilité, cette créativité guadeloupéenne à s’unir contre un homme. En effet, nous avons pu observer pendant toute la campagne électorale la résurgence des aigreurs du passé, la reconnaissance des rancœurs des anciens alliés, la survivance de ces nuits conspiratrices dans l’azur de nos rêves révolutionnaires. Ce plaisir jubilatoire ancestral ancré en chacun de nous, de voir la chute d’un homme qui se prenait pour Dieu tout en rêvant inconsciemment d’être, un jour, cet homme qui se rapproche de Dieu. Il est plus facile de s’organiser contre une personne que de s’entendre pour construire un projet ensemble. Car, nul ne peut contester que la liste d’Ary CHALUS rassemble plutôt un agglomérat d’hommes et de femmes aux parcours et aux idées différentes, opposées, antagonistes, soutenu par des personnes ayant connus des antécédents judiciaires. Plus que la victoire d’Ary CHALUS, nous avons assisté à la défaite sévère de Victorin LUREL. Nous pouvons tous être raisonnablement unis contre ce dernier mais serions nous tous solidairement ensemble sur un projet concret et ambitieux pour la Guadeloupe. Or c’est bien là « le mal du pays » avec son fend-tchouisme local, existant et persistant. Comme dans un Pitt à coqs, il nous faut montrer à l’assemblée que l’on est le plus fort, le plus rock, le plus stratège le plus malin même si on doit détruit l’intérêt commun. De fait, les coups bas sont devenus Rois. Nous jouons dans un bal masqué dans une délinquance relationnelle banalisée à peine voilée. Nous avons tous connus cette sensation de malaise, de malconfort dans nos relations avec l’autre. Qu’est ce que « le mal du pays » si ce n’est cette nostalgie, cette mélancolie, ce sentiment d’avoir quitté ce pays 14 - FOCUS F.W.I

d’origine, ce pays rêvé, ce pays fantasmé, ce pays à la douce solidarité. Car nous regrettons tous ce paradis perdu enfoui dans nos souvenirs les plus tenus. Qui n’a pas un jour entendu à la lisière des bayahondes, les citoyens guadeloupéens, fiers s’exprimaient sur ce temps, « an tan lontan » où les enfants sans moyen, sans argent fabriquaient vonvons, cerfs volants, toupis défiant l’ennui, la misère dans un sentiment de joie, d’unité et de simplicité. Qui n’a pas un jour entendu sous les ajoupas en fleur les palabres de nos aïeux à coups de dominos, de métaphores et de jeux de mots chanter cette Guadeloupe belle et ingénieuse, belle et talentueuse en comparaison avec celle qui est devenue individualiste dans sa marche rampante et triomphante. Qui n’a pas un jour entendu conter cette période « an tan Sorin », expression d’une mémoire collective d’autrefois, durant la période la plus difficile de la Deuxième Guerre mondiale à cause du blocus maritime anglo-américains, ce moment très dur qui révéla aussi le courage, la capacité, la créativité de nous, guadeloupéens. En effet, ces derniers s’étaient mis au travail, faisaient du savon avec du coco, se débrouillaient avec les produits et moyens locaux. Nous ressentons tous « ce mal du pays» ce malaise comme si nous avions quitté notre pays d’origine du passé où le mot solidarité avait son verbe et se conjuguait avec réalité. Et j’ai mal à mon corps, à mon pays, dans ma chair et dans mon esprit quand je nous vois davantage dans l’entrain de la destruction que de la construction, harponné dans les jeux de la médisance plus que de la confiance. Tel sera demain le challenge d’Ary CHALUS qui a tant vanté sa Guadeloupe, désireux de rendre la Guadeloupe au guadeloupéen. Il devra redonner corps et vie à cette mémoire pour que nous retrouvions ensemble, cette confiance et une maturité collective. Mais nous même, ne devons nous pas cesser de tout espérer d’un homme. Notre jeunesse est en mouvement et ne peut plus attendre la venue de ce héraut libérateur. Nous devons être en koudmen tous des petits colibris, des gouverneurs de la rosée, des artisans du présent avec une conscience et une confiance inaltérables pour nos lendemains. « Le vent charrie du lointain, une rafale de voix et de battement infatigable du tambour. Depuis plus d’un mois les habitants travaillent en coumbite ».


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TALENT BRUT

‘‘NEOCLAIM’’

LE NOUVEAU DISCOURS COSMÉTIQUE.

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Savoir s’appuyer sur nos différences pour s’enrichir les uns, les autres... Savoir les dépasser pour avancer d’un même pas, dans la même direction... NEOCLAIM correspond parfaitement à cette formule. Par l’efficacité des produits et le positionnement de la marque, NEOCLAIM doit être l’un des symboles du monde que nous avons à construire. Le monde de tous où chacun est traité en fonction de ce qu’il est.» C’est ainsi que Harry Roselmack nous définit sa nouvelle marque : NEOCLAIM , l’expert des peaux denses, mates et foncées. NEOCLAIM c’est l’histoire d’une rencontre, de deux ambitions, et d’une opportunité de marché dans un secteur (la cosmétique) qui a longtemps sous-évalué les problématiques propres aux peaux noires et mates. Cette rencontre fondatrice est celle de Harry Roselmack, le célèbre journaliste français, et Thibaut Perrin Faivre, un expert du marché des cosmétiques et des parfums. L’un sensibilisé par son combat pour la prise en compte des diversités ; l’autre porté par sa connaissance du secteur, des problématiques du soin et des réponses apportées par les acteurs de ce marché, tombent rapidement d’accord sur le fait de proposer une offre nouvelle, basée sur un nouveau discours : ce sera NEOCLAIM (NEO pour nouveau et CLAIM pour discours). La philosophie de la marque n’est ni exclusive, ni communautaire. Il s’agit au contraire d’apporter à chacun des produits qui respectent la nature de sa peau. Et ces peaux denses, qui connaissent des problématiques spécifiques constituent un vaste ensemble géographique qui dépasse les ethnies, les nationalités, les continents. Ainsi, après avoir lancé une étude validant la nécessité de réponse différenciée selon la structure de la peau et à la suite de 3 années de recherches, deux programmes de soins pour hommes et femmes ont été développés. D’une part, la gamme « Peau Sublime » pour femme, comprend un programme en 5 étapes pour retrouver une texture de peau parfaite. D’autre part, la gamme pour homme comprend un programme étudié spécifiquement pour les peaux denses, difficiles à raser et sujettes aux irritations. En clair, NEOCLAIM est une ligne de produits spécifique et révolutionnaire qui répond aux attentes de toutes les peaux denses. Alors n’attendez plus et laissez-vous séduire par ce nouveau discours cosmétique !!!

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(OBSESSION FOCUS)

CECI N’EST PAS...

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(MÉCANIQUE DU TEMPS)

LE CHIFFRE

190 000

Sur CNN, M. Trump a été interrogé sur le soutien reçu de la part de David Duke, ancien dirigeant du Ku Klux Klan, révisionniste assumé et défenseur de la supériorité de la race blanche. Le journaliste lui demande s’il « condamnait explicitement David Duke » et s’il refusait son soutien. Le milliardaire, qui n’est jamais aussi à l’aise que lorsqu’il joue avec les médias, a louvoyé, affirmant : « Je ne connais rien de David Duke (…) Je ne connais pas ce groupe ». « Le Ku Klux Klan ? », répond, incrédule, le journaliste. « Vous ne voudriez pas que je condamne un groupe dont je ne connais rien. Il faudrait que je me renseigne », répond M. Trump. Sa position dépend de qui l’interroge, car sur Bloomberg, il disait « ne pas avoir besoin de son soutien, je n’en voudrais certainement pas. Je n’ai besoin d’aucun soutien ». Pour « renseigner » M. Trump, plusieurs médias ont rappelé que son père, Fred Trump, avait été arrêté en 1927 après avoir participé à une manifestation du Klu Klux Klan et d’un mouvement fasciste d’émigrés italiens qui a dégénéré en émeute. Samedi dernier, 89 ans après, trois personnes ont été blessées en Californie lors d’affrontements entre membres du Ku Klux Klan et manifestants.

Elle a osé le dire ? « EN TANT QUE MINISTRE DE LA JUSTICE, CHRISTIANE TAUBIRA NE RESTERA PAS DANS L’HISTOIRE » Rachida Dati, Ancienne Garde des Sceaux, ministre de la Justice.

C’est le nombre d’offres d’emploi non pourvues en 2015. Selon les chiffres basés sur une enquête intitulée « Besoin de main-d’œuvre » et publiée, le 24 février, par Pôle emploi, près de 190 000 offres d’emploi n’ont pas été pourvues en 2015. Cette enquête annuelle, réalisée auprès de plus de 400 000 entreprises sur toute la France, montre que 43 000 propositions de postes ont été annulées par les recruteurs; dans la moitié des cas, cette décision a été prise du fait de l’absence de candidats correspondant au profil recherché. C’est en Île-deFrance, en Auvergne-Rhône-Alpes et ProvenceAlpes-Côte d’Azur que les difficultés ont été les plus grandes, avec respectivement 38 300, 28 200 et 20 500 offres non pourvues.

La frondeuse de l’intérieur... ”Cohérence, fidélité à moi-même, à mes engagements, à ma vie, à ceux qui croient en moi” : les mots de Christiane Taubira, prélevés dans ses Murmures à la jeunesse, énoncent l’écart qui la sépare aujourd’hui de nombre d’hommes et femmes politiques. Alors que les élites dirigeantes s’accommodent des reniements et des capitulations, l’exgarde des Sceaux, affligée par la déchéance de nationalité proposée par François Hollande, a préféré le sacrifice de l’exercice du pouvoir. “Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience”, écrit-elle dans un ouvrage qui s’arrache en librairie et dont la sortie a été orchestrée dans le plus grand secret par l’éditeur Philippe Rey. L’info continue page 24 : Christiane Taubira, ils l’ont tant aimé.

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MOUSTIQUES « AEDES », FAUT-IL LES CRAINDRE ? Aedes aegypti, Aedes albopictus… Ces deux noms latins cachent des bestioles aussi inquiétantes que mystérieuses. Ainsi, la Terre compte quelques 3500 espèces de moustiques. Parmi elles, seule une centaine sont « anthropophiles », autrement dit se gavent de sang humain. Et, au sein de cette minorité, deux espèces véhiculent la fièvre jaune, la dengue, le chikungunya et le Zika, tuant environ 60 000 personnes chaque année. En termes de mortalité humaine, on reste loin de l’hécatombe provoquée par les moustiques du genre anophèle, vecteurs du paludisme et responsable de 430 00 morts en 2015. Mais la plasticité de ces incestes, le nombre de virus dangereux qu’ils transportent et leur expansion à travers le monde à la faveur du réchauffement climatique et de la mondialisation des échanges rendent urgente la compréhension du phénomène. Au commencement était la forêt. La canopée africaine pour aegypti, la jungle asiatique pour albopictus (le moustique-tigre). Comme d’autres espèces du genre Aedes, les deux cousins se nourrissaient de sucs de plante, sauf qu’avant la ponte les femelles allaient se gorger de sang animal, essentiellement les singes, pour disposer des protéines nécessaires. Quand sont apparus les terribles virus ? On l’ignore, mais il est clair qu’ils ont trouvé avec Aedes un hôte de choix. « C’est ce qu’on appelle une coévolution » explique Anna-Bella Failloux, responsable du groupe arbovirus et insectes vecteurs à l’Institut Pasteur. Ingéré lors du repas sanguin par le moustique, le virus doit, pour prospérer, franchir une double barrière en principe hermétique. Sauf à disposer de la bonne clé. « Les deux se sont trouvés, le virus a pu passer de l’estomac au sang du moustique, l’infecter sans le tuer, puis dans les glandes salivaires, prêt à contaminer une prochaine victime », poursuit la chercheuse. Quand les hommes sont entrés dans la forêt, « certains moustiques en ont profité, se sont spécialisés, raconte Frédéric Simard, entomologiste à l’IRD de Montpellier. Avec la destruction forestière, ils ont gagné la ville et trouvé là un supermarché à portée de la trompe. Une source de nourriture inépui-

sable, pas ou peu de prédateurs et des gîtes larvaires à profusion. » En effet, les moustiques pondent dans de petites réserves d’eau où les larves se développeront. En forêt, ce sont les trous d’arbres, où des prédateurs les menacent. En ville, les pots de fleurs, les gouttières ou l’intérieur des vieux pneus… Encore fallait-il s’adapter à ce nouveau milieu. « Les Aedes sont très forts. Ils ont vaincu les polluants comme ils se jouent aujourd’hui des insecticides », souligne Frédéric Simard. Ne s’éloignant pas de plus de 300 mètres de leur base, ils ont su profiter des échanges internationaux pour se répandre. Partis d’Afrique, les aegypti, ou plutôt leurs œufs (capables de rester au sec de longs mois avant d’éclore en milieu humide), ont gagné l’Asie par la route du commerce et l’Amérique du Sud dans les bateaux chargés d’esclaves, tandis que les albopictus quittaient l’Asie pour l’Afrique, l’Amérique, puis l’Europe. « Ils seraient arrivés des États-Unis à Gênes dans un stock de pneus », assure Anna-Bella Failloux. Si la chercheuse emploie un conditionnent, c’est que la connaissance reste parcellaire. Réalisée en 2005, la synthèse du génome d’aegypti a laissé de nombreux points obscurs. Celle d’albopctus n’est toujours pas achevée. Parcellaire et évolutive. Il y a encore vingt ans, aegypti, identifié dès 1900 comme vecteur de la fièvre jaune, puis de la dengue, semblait la menace la plus sérieuse. « On s’est aperçu que pour la dengue et le chikungunya albopictus était au moins aussi performant dans la transmission et qu’en il était capable de s’adapter aux climats tempérés, ajoute Frédéric Simard. Avec Zika, c’est la même chose. On l’a d’abord retrouvé chez aegypti. Mais nos travaux de 2014 montrent que lors de l’épidémie de dengue de 2007, au Gabon, il y avait Zika, et que le coupable était albopictus. » Entre les deux moustiques, le match est donc ouvert. Il a déjà fait exploser l’épidémie de la dengue. Avec Zika, ils ont trouvé un nouveau terrain de jeu. Sources : Institut Pasteur, www.siganelemnt-moutique.fr, le journal le Monde, france-science, science mag. FOCUS F.W.I - 21


L’AIR DU TEMPS

PROBLEMATIQUE DES SARGASSES ET VOIES DE VALORISATION Par Sarah Gaspard – Illustration Cédrick Isham Calvados.

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es algues sargasses s’échouant sur les côtes de la Guadeloupe et des autres îles de la caraïbe sont les espèces Sargassum natans et Sargassum fluitans. Ces végétaux sont maintenus à la surface des océans par de petites poches sphériques remplies d’un gaz produit par l’algue elle-même. Elles peuvent ainsi croître et se diviser au large sans se fixer, et survivre sur de longues distances. Des études récentes utilisant l’analyse d’images satellitaires ont montré que ces sargasses ne proviennent pas de la mer des sargasses comme on pourrait le supposer à priori. Ces amas d’algues proviennent d’une nouvelle région située au nord de l’estuaire de l’Amazone, au Brésil. Elles sont ensuite poussées par les courants océaniques et le vent des systèmes dépressionnaires de la zone de convergence intertropicale. Elles bénéficient pour se reproduire d’une température océanique élevée et d’un apport en nutriments des fleuves Amazone et Congo. Compte tenu de la destruction massive de la mangrove d’Amérique latine, qui permettait auparavant de retenir une grande partie des nutriments provenant des fleuves, les nutriments contenus dans l’eau de l’Amazone et L’Orénoque sont déversés en quantité importante aux embouchures de ces fleuves et favorisent la croissance de ces algues. Les sargasses remontent ensuite le long de l’Amérique du sud grâce au courant nord brésilien et rejoignent finalement les côtes d’Amérique Centrale et du Golfe du Mexique d’une part, mais aussi l’autre côté de l’Atlantique atteignant depuis 2011, les côtes du continent africain, du Sénégal au Nigeria. En mer, ces algues, peuvent constituer des niches de protection pour les juvéniles de poissons et crustacés comme pour les tortues marines. Mais arrivées sur la frange littorale, elles forment un barrage difficilement franchissable pour les tortues marines, empêchant les tortues adultes de venir pondre et les tortillons de rejoindre la mer lorsqu’ils sont sortis du nid. Les coraux, ne pouvant plus recevoir de lumière sont aussi affectés indirectement par la présence de ces épais bancs de sargasses en surface. Arrivées sur les côtes, ces algues s’accumulent et appauvrissent le milieu en oxygène, elles se décomposent sur les plages, et produisent de l’hydrogène sulfuré, un gaz présentant une odeur nauséabonde et des risques pour la santé. Il est alors recommandé aux personnes vulnérables (enfants, personnes âgées ou malades) d’éviter les zones de décomposition. Ainsi, depuis 2011, les côtes des îles de l’arc caribéen ont connu des échouages massifs et successifs de sargasses, qui se sont ensuite reproduits, en 2012 et 2014, puis 2015. Ainsi de mars à Aout 2015, les côtes des Antilles ont été particulièrement affectées conduisant à des conséquences majeures sur divers secteurs de l’économie locale, tels que la pêche et le tourisme balnéaire. Aussi, en Guadeloupe et Martinique, a été mis en place par les pouvoirs publics, un plan ayant pour objectif de mener des actions de lutte coordonnées contre l’invasion des

sargasses et ses conséquences. Il prévoit le soutien de projets prévenant l’échouage des sargasses, et permettant leur collecte en mer ou au sol grâce à des techniques respectueuses de l’environnement. L’autre aspect des actions soutenues concerne la valorisation des sargasses qui peut être aussi considérée non plus comme un déchet, mais comme une nouvelle matière première renouvelable. Les voies de valorisation envisagées sont potentiellement multiples. L’alimentation animale, ou la production d’engrais à base de sargasses est une filière envisagée. Il est cependant nécessaire que les concentrations en métaux lourds ou composés organiques polluants de la biomasse échouée soit mesurée, afin d’éviter toute propagation des polluants accumulés par les algues lors de leur trajet. Les sargasses sont aussi susceptibles de constituer un réservoir de molécules biologiques d’intérêt : agar, alginates et carraghénanes. Il s’agit d’agents gélifiant, épaississant, et stabilisateur utilisés dans l’agro-alimentaire, ou encore de molécules dont les applications dans des secteurs divers allant l’industrie pharmaceutique à la cosmétique sont connues. Les sargasses pourraient enfin être utilisées pour la production d’énergie à partir des procédés de méthanisation ou de carbonisation, et elles pourraient être transformées en matériaux à forte valeur ajoutée pour le traitement des pollutions. En effet, le nombre d'études sur l'utilisation de biomatériaux pour la fixation des polluants a fortement augmenté au cours des dernières années. Ces procédés attirent considérablement l’attention des chercheurs travaillant dans le domaine du traitement de l'eau, car ils présentent de nombreux avantages (matériaux renouvelables et peu coûteux), et possèdent une bonne aptitude à la concentration de composés organiques ou métalliques. L’envahissement par ces algues sargasse constitue un phénomène nuisible non seulement pour l’environnement, la faune, la flore, mais aussi, les humains, avec aussi des conséquences notoire sur l’économie locale et la santé. Il s’agit d’un fléau, qui compte-tenu de son origine, sera certainement massif et récurrent. Des solutions rapides et économiquement viables doivent donc être trouvées de toute urgence. Relever ce challenge nécessite, la coopération des Etats concernés dans la recherche de solutions et de repenser le modèle d’exploitation des ressources actuelles, en envisageant les sargasses comme une ressource, une source de matière première. Dans le contexte mondial ou parmi d’autres, deux des défis majeurs sont la production d'énergie durable et l'approvisionnement en eau de bonne qualité, une biomasse renouvelable telle que la sargasse peut constituer à la fois une source d'énergie durable et une alternative viable aux technologies de dépollution coûteuses. Par ailleurs, ce phénomène démontre encore une fois si cela était nécessaire, l’interdépendance des Etats dans les choix économiques, leurs conséquences et dans la gestion des crises environnementales. FOCUS F.W.I - 23


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« JE QUITTE LE GOUVERNEMENT SUR UN DÉSACCORD POLITIQUE MAJEUR. JE CHOISIS D’ÊTRE FIDÈLE À MOI-MÊME, À MES ENGAGEMENTS, À MES COMBATS, À MON RAPPORT AUX AUTRES, FIDÈLE À NOUS TELS QUE JE NOUS COMPRENDS.»

ÉVÉNEMENT

CHRISTIANE TAUBIRA,

ILS L’ONT TANT AIMÉ. Par Ken JOSEPH et Salomé. B – Illustrations Ralph Wenig - Bureau 233.

« PARFOIS RÉSISTER C’EST RESTER, PARFOIS RÉSISTER C’EST PARTIR. PAR FIDÉLITÉ À SOI, À NOUS. POUR LE DERNIER MOT À L’ÉTHIQUE ET AU DROIT ». Le Tweet a claqué à toute volée. En quelques mots sibyllins, registre devenu sa signature depuis son entrée au gouvernement, Christiane Taubira résume ce qui a manifestement toujours guidé son itinéraire politique : ne jamais se laisser enfermer dans une case, quitte à dérouter son monde. « Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir ». Une phrase avec trois verbes : Résister, rester et partir. Une alternative : dedans ou dehors, comme réponse à ce dilemme qui la taraudait depuis son ultime camouflet: l’annonce de l’abandon de la déchéance de nationalité démentie dès le lendemain par l’Élysée. « C’est une mesure à caractère hautement symbolique, une sanction lourde que la Nation est légitimement en droit d’infliger à celui qui la trahit au plus haut point », déclarait le Premier ministre lors d’une conférence de presse. Ainsi, comme le rappelle Le Monde, l’exécutif suit l’avis du Conseil d’État, qui ne s’était pas opposé à une mesure avant tout symbolique. Devenue une icône en défendant courageusement et non sans talent la « réforme de civilisation » du quinquennat que fut l’adoption du mariage pour tous, cible de toutes les outrances, Christiane Taubira n’a pas volé son statut d’exception. Un statut qui lui aura permis de s’affranchir de la plupart des règles gouvernementales en vigueur pendant de très longs mois, au prix de nombreuses couleuvres avalées. Il y a eu les divergences économiques comme lors du débat sur la loi Macron ou après le virage social-libéral de 2014 qui a conduit Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti hors du gouvernement. Il y a également eu les différends sur la politique sécuritaire et judiciaire du gouvernement comme lors de la loi renseignement, contre laquelle elle aurait sans doute manifesté si

elle n’avait pas été ministre. Mais c’est finalement la réforme constitutionnelle qui aura eu raison de la présence de l’ancienne candidate à la présidentielle - c’était en 2002 - place Vendôme. Et sans doute plus précisément la question d’étendre la déchéance de nationalité à tous les binationaux, même ceux nés français. En effet, l’affaire de la déchéance de nationalité aura été le point d’orgue qui l’a contraint à quitter son poste de Garde des Sceaux qu’elle occupait depuis plus de 3 ans… Ainsi donc, la capacité de résistance de Christiane Taubira avait des limites... Elle a pris tout le monde par surprise. À gauche, plus grand monde ne s’attendait à voir Christiane Taubira démissionner. Et de l’autre côté, les ténors de la droite et de l’extrême droite qui réclamaient à intervalles réguliers son départ n’imaginaient plus à voir ce plaisir avant la fin du quinquennat. Coïncidence ? Le départ de la Garde des Sceaux intervient le jour où le Premier ministre vient présenter le projet définitif du texte sur la déchéance de nationalité à la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale. « Je pars sur un désaccord politique majeur », dit-elle à cet instant, se targuant d’être « fidèle à elle-même ». À la fois souriante et comme soulagée avant de s’envoler pour les États-Unis... en voyage privé. Un nœud en moins pour elle. Un nœud en plus pour le Président... Le mystère Taubira tient autant à l’ambiguïté poétique de ses tweets qu’à sa position de frondeuse ministérielle, condamnée à n’exprimer ses désaccords, souvent publiquement, que pour perdre ses arbitrages dans le bureau présidentiel. « Parfois résister c’est partir ». Le plus important réside peut-être dans la suite du message : « Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit ». Et pour réussir sa sortie. Notons, qu’il y a un point sur lequel Christiane Taubira fait l’unanimité: elle est une personnalité imprévisible. FOCUS F.W.I - 25


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on avenir politique. Pour le moment, on ne sait pas les suites qu’elle entend donner à sa carrière, elle qui n’a désormais aucun mandat. Se présentera-t-elle à la primaire de la gauche, contre François Hollande ? Quittera-t-elle la vie politique ? L’avenir le dira. Toutefois, lors de son voyage à New York, quelques jours après son départ du ministère de la Justice, à des journalistes lui posant la question d’une possible candidature à la présidentielle de 2017, elle a déclaré : « Je ne réponds pas à cette question parce qu’elle est nulle et non avenue. (…) Je participerai à la campagne. Comment ? Vous verrez bien ! », semblant agacée par ce feu de questions sur son avenir politique. « (…) J’ai une vie politique depuis plusieurs années. Il y a des choses qui se sont arrêtées, il y en a d’autres qui continuent : les engagements, les prises de parole publiques, les choses que j’écris. Je me crée des espaces d’expression et de combat.», a martelé l’ex-ministre. À gauche du PS, beaucoup semblent déjà prêts à faire de Christiane Taubira leur championne. Mais jusqu’au sommet de l’Etat pas sûr. D’autant que les socialistes ne manqueront pas de lui rappeler l’expérience malheureuse de 2002. À l’époque, Mme Taubira, qui défendait les couleurs du Parti radical de gauche, fut accusée, avec ses 2,32 %, d’avoir contribué à l’élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle. Son réquisitoire contre la déchéance. « Les choses que j’écris ». Oui, les choses qu’elle écrit. Cette envie de se créer son espace d’expression et de combat. Le verbe, toujours le verbe… C’est en se sens que Christiane Taubira quelques jours après sa démission surprend encore, avec la sortie d’un livre ‘‘Murmures à la jeunesse’’ Ed. Philippe Rey. Un objet littéraire non identifié, dans la galaxie des livres politiques qui paraissent à un rythme accéléré en ce début d’année 2016. Pas une petite phrase assassine, pas le moindre mea culpa, pas même une promesse ni un renoncement qui pourrait laisser croire à un quelconque agenda électoral. Un court réquisitoire de 96 pages contre la déchéance de la nationalité dans lequel l’ancienne garde des Sceaux explicite son opposition à cette mesure emblématique qui a précipité son départ du gouvernement. Des pages truffées de références littéraires et poétiques, marquées de ce style tantôt charnel, tantôt éthéré qui est devenu la signature de Christiane Taubira dans ses écrits comme sur les réseaux sociaux. Aux antipodes des autres livres qui annoncent ou succèdent à des candidatures, «Murmures pour la jeunesse» ne revendique qu’un seul objet : convaincre le lecteur que face à l’abomination du terrorisme, la déchéance de la nationalité ne peut et ne doit pas constituer une arme de dissua-

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« NE VOUS EN FAITES PAS POUR MOI, JE N’AURAI AUCUN BLUES, MÊME S’IL EST FORCÉMENT DIFFICILE DE QUITTER UN MINISTÈRE AU MOMENT OÙ VIENT LA RÉCOLTE DES FRUITS DU TRAVAIL FOURNI. »

sion massive. Convaincre par l’argumentation et non l’anathème. « Je prétends, là, éclairer. Non par la Vérité, car je ne sais si elle est majuscule ou singulière. Mais par la cohérence et la fidélité à moi-même», prévient Christiane Taubira qui consacre presque le tiers de son ouvrage à décortiquer méthodiquement les ressorts néfastes d’une déchéance jugée inopérante dans son application, inique dans son principe et destructrice par son symbole et ce qu’elle autorise pour la suite. « Il est des choses trop inflammables pour s’en approcher sans méfiance avec deux silex à la main. L’un des silex est cette déchéance de nationalité, l’autre est la triste et possible capacité pour la cheffe d’un juteux négoce familial d’accéder au pouvoir suprême », conclut-elle en évoquant Marine Le Pen dans cet ouvrage rédigé peu avant son départ du gouvernement. On ignore justement si la rédaction de ce livre préfigurait sa démission ou bien si elle l’a précipitée. «Murmures pour la jeunesse» n’a en tout cas rien d’un règlement de comptes. C’est là une autre marque de sa singularité dans un quinquennat où les ministres sortants ou sortis n’ont que rarement retenu leurs coups à l’endroit du président qui les avait nommés. On ne retrouve ni la déception froide de Cécile Duflot (« De l’intérieur. Voyage au pays de la désillusion ») ni la colère revancharde de Delphine Batho (« Insoumise») chez Christiane Taubira. Peut-être l’ex-garde des Sceaux y viendra-t-elle plus tard, un autre livre devant paraître dans moins de deux mois. Aux antipodes, là encore, du dogmatisme que lui prêtent ses adversaires, celle-ci semble douter encore sur la nécessité de s’opposer frontalement à une mesure qui pourrait ne jamais s’appliquer. « Je ne suis sûre de rien. Peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose», reconnaît-elle. « Lorsqu’un pays est blessé, qu’il saigne encore, qu’il est tout de courbatures et d’ecchymoses, ne faut-il pas marcher sur la pointe des pieds, chuchoter et laisser faire en se défaussant sur le temps ? », esquisse-t-elle encore. Avant de conclure : « Je ne suis sûre de rien sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience ». Toutefois, la publication surprise de son livre est une nouvelle occasion pour les Républicains de dénoncer le bilan de l’ancienne garde des Sceaux. «Quand vous avez quelqu’un qui prend le temps d’écrire un livre, qui est apparemment un livre de contestation de la politique menée par Manuel Valls, ça veut dire qu’il n’y avait plus de ministre de la Justice », a dénoncé l’eurodéputée Rachida Dati sur BFMTV et RMC. En somme, avec son livre l’ex-garde des sceaux veut manifestement peser dans les débats : « J’espère que la déchéance de nationalité ne sera pas inscrite dans la Constitution. Oui, j’espère très sincèrement que la gauche n’aura pas à assumer une telle décision. » Y croit-elle ? « Je ne suis pas seule à l’œuvre, assure-t-elle. Il y a une dynamique. J’ai vu des députés pourtant archi-loyaux à l’égard de la majorité avoir le courage d’écrire des tribunes en ce sens dans la presse de leur circonscription. La gauche, ce n’est pas un chef bonapartiste ! C’est un mouvement et le sens de la délibération collective. »


Du Taubira bashing au laxisme. Elle a été ciblée tout au long de son passage au gouvernement. Un procès en grande partie nourri de fantasme. Dans un dernier cri de joie, la droite et l’extrême droite saluent en fanfare la fin d’une ère de laxisme à la chancellerie. Rien de surprenant puisque pendant presque quatre ans, la ministre de la Justice a été leur cible. Avec une confondante mauvaise foi. Icône pour une partie de la gauche, détestée par une partie de la droite, Christiane Taubira a cristallisé l’attention médiatique et politique depuis son arrivée en 2012 place Vendôme au ministère de la Justice. Adepte du bon mot, l’ancienne députée de la Guyane a toujours défendu fermement son bilan face aux critiques. Mais son bilan à la tête de la chancellerie peut-il se résumer à une réforme sociétale comme le mariage pour tous, si emblématique soit-elle ? Non avenue, à quelques heures de la passation de pouvoir le 27 janvier dernier, l’ex-ministre a défendu son action, en mettant en avant « un travail législatif considérable: plus de 25 textes de lois en trois ans et demi. Le mariage pour tous, la réforme pénale, [une] politique très volontaire d’aide et de suivi individualisé des victimes, la réforme de la justice pour le XXIe siècle ». Autre avancée : « Le budget de la justice augmente de 450 millions d’euros en trois ans », s’est-elle félicitée. « Les recrutements ont été augmentés et, surtout, nous avons travaillé dans la sérénité. Elle a eu un vrai respect pour l’indépendance de la justice et pour l’action des magistrats », dit Cécile Parisot, secrétaire générale de l’Union syndicale des magistrats (USM). « Elle a inscrit son nom dans un grand texte de la République, qui restera gravé dans le marbre », estime quant à lui Pierre-Olivier Sur, ancien bâtonnier du barreau de paris de 2014 à 2016, en évoquant le mariage pour tous. Sa loi du 15 août 2014 relative à l’individualisation des peines et à la prévention de la récidive a aussi supprimé les peines planchers, mises en place sous Nicolas Sarkozy et très critiquées à gauche. Ce texte a aussi créé une nouvelle peine en milieu ouvert, la contrainte pénale, qui vise à éviter les sorties de prison sans mesure d’accompagnement. Une disposition dénoncée par la droite, qui n’a eu de cesse d’attaquer le « laxisme » de la ministre. « Elle a fait preuve de maestria de panache et de talent, mais ses résultats ne sont pas à la hauteur des espérances, reconnaît Pierre-Olivier Sur. Le bilan de cette icône est très décevant. Elle a perdu beaucoup d’arbitrages. Résultat, les grandes réformes n’ont pas été menées à terme. » Ainsi, le projet de réforme intitulé « la justice du XXIe siècle », après avoir été maintes

fois retardé, a été adopté au Sénat le 5 novembre mais ne figure toujours pas au calendrier de l’Assemblée. La réforme de la justice des mineurs n’a pas été présentée en Conseil des ministres et a désormais très peu de chance d’aboutir. Jean-Jacques Urvoas, le nouveau garde des Sceaux, l’a implicitement enterrée le jour de la passation. « Christiane Taubira n’a pas cassé le lien entre le ministère et le parquet, comme François Hollande s’y était engagé, déplore la secrétaire générale de l’USM. Ce fut pour beaucoup un ministre de la parole, mais nettement moins celle de l’action », résume-t-elle. Pendant ces quatre ans, toutes les professions juridiques, ou presque, se sont mises en grève. Les notaires contre la loi Macron sur les professions réglementées ; les huissiers contre le projet de justice du XXIe siècle ; les juges, le personnel pénitentiaire et les Spip contre le manque latent de moyens; les avocats contre la réforme du financement de l’aide juridictionnelle. Christiane Taubira était vouée à devenir une grande ministre de la Justice. Mais accablée par l’opposition et surtout par son propre camp, elle part en laissant un grand goût d’inachevé à la chancellerie. Ministre emblématique des gouvernements Ayrault puis Valls, elle a été l’objet d’attaques d’une telle violence de l’extrême droite mais également de toute une partie de la droite parlementaire qu’elle en était devenue une icône pour la gauche. Et de ce fait, une caution pour le gouvernement de Manuel Valls qui s’est progressivement coupé de l’aile gauche du PS. Par fidélité à soi, à vous. « Ne vous en faites pas pour moi, je n’aurai aucun blues, même s’il est forcément difficile de quitter un ministère au moment où vient la récolte des fruits du travail fourni. Mais je n’ai pas été seule à le faire et cette frustration peut être partagée par mes équipes. », dit-elle au cours d’une interview accordée au journal le Monde. La question qui se pose est la suivante: Comment expliquer qu’elle, la femme de convictions, ait tant toléré sans tirer les conséquences de son isolement plutôt ? Toutefois, en cas de réélection de François Hollande, ne soyons pas étonné de revoir Christiane Taubira sur les bancs des ministres. Surpris ? Non, car il aura – s’il est le candidat désigné par le PS - comme en 2012 besoin de cette gauche profonde pour espérer gagner en 2017. Là voilà enfin « libre » comme elle se plaît à le proclamer. « Femme, noire, pauvre, quel fabuleux capital ! Tous les défis à relever. Une vie d’épuisement en promesse. » Christiane Taubira. FOCUS F.W.I - 27


CHRONIQUE D’UNE FILLE NEXT DOOR

MA FILLE, TU NE SERAS PAS

UNE FEMME POTOMITAN. Par Caroline Lacoma – Illustration Carlos Barria.

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« Le rôle de la femme aux Antilles est fragmenté par cette atmosphère sociale qui la réduit inévitablement à être "un poto-mitan" familial et par cette liberté partielle qui l'autorise à vivre ses passions et ses désirs. »

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e modèle de la femme poto-mitan a traversé les générations en s’ancrant dans nos idéaux en passant par les cuisines et les chambres des enfants; lieux phares de cette femme Pilier. Ce « CDI de femme Potomitan » a été souvent vu comme la couronne qui orne la tête de la mère, Reine du Foyer mais n’est-il pas en réalité les chaînes qui la condamneront à être l’esclave de cette société patriarcale ? Cette expression a en réalité une résonance très trompeuse. À première vue, ce terme « Potomitan » semble renvoyer à quelque chose de très symbolique, presque féministe «Mère Courage », « Famn Doubout ». Le poteau de cette fondation ancestrale qu’est la famille. Mais il suffit de regarder de plus près pour comprendre que ce rôle n’est qu’une énième clause abusive qui attache la femme à son contrat de mère et d’épouse. Ce modèle familial a émergé à l’époque post coloniale où se sont imposées par la même occasion la figure de l’homme « semeur de graines » et de la femme prenant ses responsabilités sans jamais faiblir. Femme courage, père déserteur. Ce rôle d’héroïne sociale n'est finalement que subalterne. La femme ne doit se donner le droit d'exister qu'à travers le prisme de la maternité et éventuellement, celui du mariage. Si on accorde à la femme, cette qualité qu'est le courage il faut reconnaître que cette réaction n'est que la résultante du choix de l'homme. Elle prend la relève après son départ sans avoir eu réellement la possibilité de choisir. L'homme aurait donc le droit d'être incertain et léger tandis que la femme devrait se tenir prête à en assumer les conséquences. L'homme a le droit de partir, la femme a le devoir de rester, "c'est comme ça". Du moins, c'est ce que l'on observe et cautionne sans trop se poser de questions. Bien que ce modèle archaïque tend à se moderniser de plus en plus et que les rôles, parfois, s'inversent la femme reste encore jugée bonne ou mauvaise en fonction de son rapport à sa famille. Ce qui est paradoxal voire hypocrite, dans nos sociétés antillaises ,est que l'on est prêt à reconnaître à la femme des qualités de leader mais essentiellement dans un contexte familial. « Fo on madanm tchenn plas ay ». Aujourd'hui, les Antilles représentent un espace social où modernités et traditions se confondent et s'entrechoquent. Bien que timide on remarque une évolution étouffée par des contradictions tenaces. Cette

contradiction s'exprime surtout dans le choix de nos modèles. D'un coté, on admire ces femmes de caractère qui ont su s'imposer dans un milieu d'hommes telles que Lucette Michaux-Chevry, Christiane Taubira ou encore Gerty Archimède mais de l'autre on fait l'amalgame entre fort caractère et réelle émancipation féminine. Il suffit de voir les nouvelles représentations de la femme noire dans les séries télé. L'une est certes, brillante, mais reste la maîtresse du Président, la femme de l'ombre, l'autre a bâti son empire à partir d'un trafique de drogues. En effet, la femme est encouragée à aller le plus loin possible dans ses études mais doit garder en tête comme une échéance fatidique le jour où elle sera mère et épouse. Elle est appuyée dans son désir d'indépendance financière, mais pas trop, de peur de vexer l'homme qui est ou sera avec elle. Dans l'une de ses chansons, le chanteur Kalash dépeint le visage ou plutôt le stéréotype de la nouvelle image de la femme antillaise : l'Independant Gyal. Elle a la trentaine, et est représentée par une chef d'entreprise intransigeante, "matérialiste qui n'aurait besoin de personne". On pourrait opposer cette définition de l’indépendance féminine à celle de la femme poto-mitan,pourtant ces deux aspects de la femme se ressemblent plus qu'ils ne s'affrontent. La femme poto-mitan et l'independant gyal sont soumises au regard et aux attentes masculins, et là encore, être une "independant gyal" ne reviendrait qu'à donner vie à un fantasme inventé par les hommes, le terme "gyal" étant péjoratif et dégradant. Le rôle de la femme aux Antilles est fragmenté par cette atmosphère sociale qui la réduit inévitablement à être "un poto-mitan" familial et par cette liberté partielle qui l'autorise à vivre ses passions et ses désirs. Alors, peut-on parler véritablement d'émancipation féminine ? La question doit se poser surtout, lorsque de plus en plus, l'image de la femme noire antillaise est un concentré de concours de Miss et de figurantes dans les clips musicaux. Ce phénomène ralentit l'évolution et n'est pas sans rappeler le mouvement « Sois belle et tais-toi ». De plus, encourager la femme à mesurer sa beauté face à celle de d'autres femmes ne fait que les objetiser et les réduire au statut de fantasmes et de canons de beauté. Ces contradictions et ces confusions dans la question du rôle social de la femme est le résultat d'une éducation souvent basée sous le signe de la bienséance et du paraître. Elle "se doit d'être comme cela ou comme ceci", mais il serait temps d'accorder à la femme le doit d'être, tout simplement, et celui d'exister par et pour elle-même. FOCUS F.W.I - 29


GRAND FORMAT

CHALUS

POLITICUS Par Vincent Tacita – Illustrations Cédrick Isham Calvados.

Les élections régionales de Guadeloupe ont rendu leur verdict avec une victoire nette (plus de 25 000 voix d’avance) de la liste « Changer d’avenir » conduite par Ary Chalus sur la liste « La Guadeloupe toujours mieux » conduite par Victorin Lurel. Victoire surprise pour certains, logique pour d’autres. Surprise pour certains tant Victorin Lurel était présenté partout comme étant l’homme fort de la Guadeloupe. Il est vrai que son CV plaide encore pour lui : ancien locataire de la rue Oudinot, ancien député, 2 mandatures à la tête de la Région Guadeloupe. L’homme fort de la fédération du Parti Socialiste est également celui qui a inauguré le très reconnu Mémorial ACTe en présence d’un parterre de personnalités politiques venues de partout, qui a accompagné la mobilisation populaire pour la mise en place en Guadeloupe d’un Tep-Scan et d’un cyclotron, qui a de plus une loi et un décret à son nom. Enfin, sa culture et sa gouaille sont pour lui autant d’atouts qui lui ont permis d’apparaître comme étant incontournable lors de la campagne. C’est ainsi que l’intelligentsia de Guadeloupe, la majorité du paysage médiatique Guadeloupéen, sans parler du paysage politique Guadeloupéen, attendaient relati30 - FOCUS F.W.I

vement sereinement la victoire du président sortant. Son parti et ses alliés venaient de s’imposer en faisant élire Josette Borel Lincertin à la présidence du conseil départemental. Victoire logique pour d’autres, tant les indicateurs montraient depuis plus de 3 ans la montée en puissance d’Ary Chalus, celui-ci étant très largement au dessus de la classe politique en termes de scores de confiance. L’homme est à la fois populaire et dynamique, réélu très confortablement maire d’une des plus grosses communes de l’île, élu en 2012 député de la 3e circonscription de Guadeloupe. C’est d’ailleurs lors de cette campagne législative que les 1ères passes d’arme entre les Victorin Lurel et Ary Chalus, alors proches furent observées. Le 1er, soutien de Max Mathiasin – alors 1er secrétaire de la Fédération Socialiste - n’a pas hésité à qualifié Ary Chalus de « député de Baie- Mahault », laissant entendre par là qu’il n’avait certainement pas les épaules assez larges pour occuper un siège au palais Bourbon. Enfin, bien qu’Ary Chalus ne bénéficiait pas du soutien de la plupart des politiques, il pouvait compter sur celui, affiché du GUSR, mais également d’une partie de la droite Guadeloupéenne, sa part « Chevryste » pour ses élections.


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La campagne a donc été dure, marquée par cette bipolarisation régulièrement observée dans nos scrutins. Cette âpreté de la campagne était nourrie par le fait que les 2 adversaires aient longtemps été amis politiques au sein du désormais feu socle de gauche. Les divorces sont toujours douloureux...Et en pareil cas, c’est toujours celui qui s’estime victime qui fait preuve de maladresse. C’est ainsi que l’équipe de Victorin Lurel a d’abord sous-estimé Ary Chalus, essayant de faire passer dans l’opinion publique que ce dernier n’était pas qualifié pour conduire la région Guadeloupe. « Y’a pas photo, y’a que toto ! » clamaient alors ses soutiens, laissant entendre que sans Toto, c’est le déluge. Il s’agissait alors tant d’une erreur de forme que de fond. On ne peut pas disqualifier un adversaire a priori, d’autant qu’il est un politique de 1er plan en Guadeloupe dont le travail est apprécié de ses administrés. Cette tentative de disqualification sonnait aussi, en creux, comme une discrimination intellectuelle: « on ti élèktrisyen pé pa jéré péyi an nou ! » entendait-on alors. Avec le désamour que porte une grande partie de la Guadeloupe profonde pour ses intellectuels, leur semblant hautains et déconnectés du «pays réel », on sait que cette arme risquait de se retourner contre ceux qui l’ont employée. Une déconnection avec ce qu’éprouvait le « pays réel » et qui se retrouvait dans le slogan officiel de campagne « La Guadeloupe toujours mieux ». Slogan qui a été tourné en dérision sur les réseaux sociaux, très actifs pendant la campagne avec des contributeurs des deux camps, suivis, féroces et avertis. La maladresse de l’équipe du président sortant a atteint son pinacle lors de ce que l’on a appelé « l’affaire de Grand-Bourg ». On se souvient que sur le marché de Grand Bourg et en pleine campagne électorale, Victorin Lurel y est allé de son bébélé de mots acides à l’encontre de Maryse Etzol, incontournable sur l’île. On imagine le retour de bâton après ces propos : il a eu lieu dans les urnes, de façon spectaculaire ! Les journalistes et les sondeurs ont également reçu leur lot de critiques, les uns pour leur manque d’objectivité (critique recevable mais que l’ont pouvait plutôt attendre des autres concurrents), les autres pour avoir tenté de manipuler l’opinion. Le président de la fédération locale du PS et son candidat n’ont pas hésité à saturer les médias à coups de communiqués pour condamner le parti pris (?) de QualiStat, laissant entendre qu’ils saisiraient la commission des sondages. La précision des résultats de QualiStat a été un cinglant désaveu pour l’équipe sortante. Est-il encore nécessaire de rappeler que les sondages sont des instruments ne permettant de connaître l’état de l’opinion qu’à un instant précis ? L’agitation de l’équipe sortante qui se renforçait à l’approche du 1er tour s’est transformée en nervosité entre les 2 tours. Sommés de s’expliquer, les maires des grandes villes ont multiplié les bourdes à l’instar du désormais célèbre « sauvez-moi ! Sauvez votre Maire» d’Eric Jalton. Les soutiens n’étaient pas en reste : le Mémorial acte allait fermer, les travaux de la piscine de Ravine Chaude, Ary Chalus ne présiderait pas la Région en cas de victoire, etc. En face, l’équipe Chalus, toute heureuse et peut-être surprise de ce qu’elle voyait sur le terrain lors de la campagne décidait de ne pas répondre aux attaques et d’en faire le moins possible. Une proposition phare de son programme déclinée à l’envie, « une région stratège, une Guadeloupe inscrite dans la croissance verte et la croissance bleue », une présence active sur le terrain - renforçant son image de 32 - FOCUS F.W.I

proximité déjà forte - une relative absence dans le grands médias... Il est vrai que le débat organisé sur la chaine publique avant le 1er tour n’avait pas clairement été à son avantage. Cette campagne simple, dynamisée sur le terrain par une jeunesse active a remarquablement porté ses fruits. Au final, c’est vraisemblablement le président sortant lui même et une partie de son bilan qui auront été sanctionnés. Victorin Lurel est resté clivant. Ses 2 victoires précédentes avaient été acquises à des moments bien particuliers. En 2004 il a surfé sur le « non » Guadeloupéen de 2003, puis en 2009 il s’est opposé aux acteurs du mouvement social pour être triomphalement réélu l’année suivante. Ce faisant, il nourrissait des inimitiés peu oublieuses. Ses coups de menton « je reviens mettre de l’ordre » quand il quitte le ministère n’ont pas non plus été oubliés. D’un autre côté, si ses actions ont été réelles, sa notoriété et son omniprésence ont fait cristalliser sur lui toutes les insatisfactions de la population. Et elles sont nombreuses ! Sur fond de chômage persistant, les problèmes d’eau, de transport, de déchets (qui pourtant ne relevaient pas directement de ses compétences) et bien sûr de pouvoir d’achat continuent de préoccuper les Guadeloupéens. « La Guadeloupe toujours mieux » en a alors fait les frais. Se pose aujourd’hui la question de la conduite de la Guadeloupe par l’équipe Chalus. Une région n’est pas une commune, disaient ses détracteurs, lesquels avaient oublié que Toto était maire de Vieux-Habitants avant de piloter le conseil Régional. Son équipe est composée de bric et de broc pestent encore d’autres, oublieux que le président sortant parvenait à fédérer une ex-personnalité éminente de la droite locale, Gabrielle Louis Carabin, mais également, récemment, un ex opposant forcené, Cédric Cornet, alors empêtré dans une affaire de mœurs. Bref, on sait aujourd’hui qu’un bon leader parvient à manager ses troupes et à faire preuve de suffisamment de charisme pour les motiver. C’est avant tout, peut-être, une façon de pratiquer la politique qui changera à la région. Davantage d’écoute, de proximité, de prise en compte de ce que souhaite vraiment la population. Le nouvel homme fort de la région Guadeloupe ne connaîtra pas d’état de grâce. Entre ceux qui le trouveront quoiqu’il fasse illégitime et les fortes attentes de la population, il faudra se retrousser les manches, et vite ! La demande de renouvellement déjà observée à l’occasion des élections municipale est toujours prégnante au sein de l’électorat Guadeloupéen. En cela, le temps politique se réduit, ici comme ailleurs considérablement, obligeant son personnel à avoir des résultats rapides. Le temps politique est donc devenu un temps de consommation, les clivages traditionnels sautent - l’exemple récent en Martinique le montre- et seule compte alors la capacité du candidat telle que la perçoit l’électeur. Le manque de résultat se paie donc cash et les jeunes politiques (les quadras comme ceux briguant un 1er mandat important) peuvent sereinement envisager l’avenir. En cas de manque de résultat de l’équipe Chalus, qu’ils soient de droite ou de gauche, pour peu qu’ils parviennent à toucher le cœur et l’âme de l’électeur, l’alternance viendra rapidement. Cette alternance interdira de plus en plus le retour au 1er plan des « vieux chevaux », ceux-ci ayant déjà fait leur temps, à l’image de ce que l’on perçoit dans les grandes démocraties modernes. La globalisation, c’est aussi ça !


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Ary

LA GRANDE INTERVIEW

Chalus Propos recueillis par Ken Joseph – Photographe Éric Corbel Stylisme Ken Joseph | Réalisation Mike Matthew | Mise en beauté Laetitia Alvarade pour Make Up For Ever | Studio Make Up For Ever

Certaines personnes ont le don de susciter l’espoir chez leurs congénères, alors que tout semble perdu. Le député de la 3e circonscription a su effacer de nombreux compétiteurs et, avec l’appréciable humilité réaliste de celui qui préfère l’action raisonnée à l’agitation brouillonne, il entend occuper la fonction de président de Région en réinventant l’offre politique. Ainsi, par son élection et sa vision de l’appareil, Ary Chalus semble redonner du sens et de la crédibilité à l’action politique. Dans son entourage on le présente comme un homme nouveau avec un style différent, un programme créatif et novateur pour un projet censé répondre aux grands défis de notre société. Mais, la question est de savoir, au-delà du style –et des erreurs de style–, si Ary Chalus incarne vraiment la nouveauté et à quel titre, il changerait de paradigme et sortirait du cadre ? Ainsi, aurait-il l’audace d’un sauveur, celui que tous ceux croyant en l’homme providentiel attendent depuis tant d’années ? Obtiendra-t-il ne serait-ce que l’espace pour affirmer et imposer les vues de sa politique, sans décevoir une population inévitablement lassée par ses représentants ? Réussira-t-il à fuir le mimétisme « petit bras » de ses prédécesseurs ? 34 - FOCUS F.W.I


Chemise slim-fit blanche et Cravate structurĂŠe noire, Mango. Costume structurĂŠ noir, Serge Blanco. Montre Tank Solo XL automatique, Cartier, Carat. FOCUS F.W.I - 35


« Certains ont voulu tout régenter et choisir ceux qui sont DOCILES ET SE DÉBARRASSER DES AUTRES. À l’inverse, notre majorité régionale est réunie autour d’un projet et des méthodes de travail qui en garantissent la pérennité.»

La rupture assumée du GUSR au socle de gauche due à la discorde opposant Victorin Lurel et Jacques Gillot entraînant à la tête du Conseil Départemental Mme Josette Borel Lincertin, a-t-elle été votre principal leitmotiv afin de vous présenter au régionale de 2015 ? La situation de la Guadeloupe exige que nous ayons une vision plus large que le simple différent entre deux décideurs politiques. De plus, j'ai toujours été animé d'une unique ambition ; le développement harmonieux et durable de la Guadeloupe et contribuer à ce que chaque guadeloupéen vive dignement grâce à son travail et puisse s'épanouir ici en Guadeloupe ! Je n’ai jamais été candidat à une élection pour des raisons négatives. J’ai décidé, avec mes colistiers, d’être candidat à la présidence de la Région parce que j’étais porteur d’un projet positif pour la Guadeloupe, un projet destiné à sortir notre archipel de la torpeur. Et si nous étions nombreux à partager le diagnostic d'une région trop immobile face aux nombreux défis qui nous frappent, j'ai pensé qu'il fallait proposer aux guadeloupéens un projet, une alternative démocratique au projet porté par l'ancien président de région qui me paraissait marqué par un certain conservatisme. Ce projet s'appuie sur une nouvelle approche du pilotage des affaires régionales et invitait chaque guadeloupéen à prendre en main l'avenir de notre archipel. La population l’a compris et m’a suivi. Cette alliance gauche-droite caractérisée par votre ancien adversaire de « migan de mauvais goût » était-ce le seul moyen pour vous de gagner ces élections ? C’est une question qu’il aurait fallu aussi poser au président sortant, qui dans son appréciation se pose en expert en cuisine de mauvais goût, puisqu'il comptait des élus de droite sur sa liste en 2010 et en 2015. Notre liste a été composée d’hommes et femmes qui ont décidé de s'engager pour porter ce projet de changement. 36 - FOCUS F.W.I

Aux alliances convenues ou de circonstances nous avons préféré un pacte moral pour servir les guadeloupéens. C'est le projet qui importe, rien en dehors du projet et rien au-dessus du projet. Notre méthode consiste à permettre à tous, citoyens ou élus, de prendre part à la décision au lieu de la subir. Ce projet n'est pas celui d'un homme, mais celui d’une équipe de femmes et d'hommes au service d’une même cause, soucieux de la réussite de la Guadeloupe, à travers l’adhésion à ce dessein commun. En prenant pour exemple le socle de gauche, aujourd’hui décimé. Peut-on réellement croire en cette union d’hommes et de femmes de tous bords ? En politique, c’est la volonté des hommes qui prime. Le socle de gauche s’est rompu parce que saboté par ceux qui voulaient assurer leur main mise sur les deux assemblées, et donc mettre la Guadeloupe en coupe réglée. Certains ont voulu tout régenter et choisir ceux qui sont dociles et se débarrasser des autres. A l’inverse, notre majorité régionale est réunie autour d’un projet et des méthodes de travail qui en garantissent la pérennité. Si un élu se sent en opposition avec le groupe, il en sortira individuellement. Et l’équipe continuera d’assumer ses missions au service de la Guadeloupe, sur la base du programme validé le 13 décembre 2015. On a souvent du mal à vous encarter à une idéologie politique… Aujourd’hui êtes-vous en mesure de clarifier les choses? Vouloir ce qu’il y a de mieux pour mes compatriotes, pour tous les Guadeloupéens ; cela a toujours été mon «idéologie politique ». Aucun parti politique ne détient à lui seul une «solution absolue » aux problèmes de notre archipel. Je n’ai jamais hésité, dès lors que cela semblait utile à la Guadeloupe, à faire appel à tous ceux qui proposaient de vraies solutions !


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Vous avez fait de la problématique de l’eau l’un des piliers de votre campagne. Pour mémoire vous avez été vice-président du Conseil Général de 2004 à 2012, pourquoi n’avez vous rien fait à ce moment? Nous pourrions également prendre pour exemple les questions des déchets, du transport, de la dépendance des personnes âgées, de l’exclusion sociale… Peut-on à juste titre parler d’immobilisme ? Nous proposons aux guadeloupéens de mettre en place une collectivité régionale stratège. Cela signifie anticiper, s'appuyer sur les grands schémas de prospective (le SAR, schéma régional de développement économique remis à jour en 2010) pour rattraper les retards pris et préparer la Guadeloupe de demain (horizon 2030). C'est ce qui n’a pas été fait dans la gestion des grandes politiques de l'eau, des déchets et des transports. Il faut sortir de l'urgence, des politiques précaires pour offrir de nouvelles perspectives, et cela à plusieurs niveaux : Il faut, d'une part, une maîtrise absolue des finances régionales et d'autre part, œuvrer à un rééquilibrage plus juste et harmonieux de tout notre territoire. Si les politiques publiques mises au profit des guadeloupéens fonctionnent, notre territoire va redevenir attractif y compris pour les touristes. Le bilan de votre adversaire a lourdement été critiqué par votre équipe de campagne. Pourtant en 2010, vous étiez sur la liste de ce même candidat et avez soutenu sa politique. À quel moment avez-vous perçu un décalage entre vous et la politique de Victorin Lurel ? Je n’ai pas siégé à la Région de 2010 à 2015. Cependant, en qualité de maire, puis de député, j’ai suivi la mise en œuvre du programme qui avait été proposé en 2010. Et j’ai constaté l’écart de plus en plus grand avec les attentes de la population. J’ai également été témoin de la dérive autocratique du chef de l’exécutif régional. Et j’ai vu à quel point l’intérêt personnel pouvait l’emporter sur l’intérêt général. On dit que les grands événements comme les grands hommes arrivent deux fois dans l’histoire, la première comme une tragédie et la deuxième comme une farce. Aujourd’hui, à trois mois de votre élection comment qualifiez-vous cette dernière? Je ne suis pas certain que l’on puisse qualifier un renouvellement normal et démocratique des conseillers régionaux de la Guadeloupe comme un grand événement. En ce qui me concerne, la population vit le résultat du scrutin comme une chance, comme une espérance que nous ne devons pas décevoir. Durant ces élections vous avez été attaqué de tout bord, notamment sur vos compétences à gérer le Conseil Régional, sur votre rapport à la religion juxtaposé à la politique ou encore sur votre profession d’origine… Comment avez-vous vécu cela? Je suis au coté de la population depuis plus de trente ans, dont quinze à la tête de la ville de Baie-Mahault et trois ans en qualité de député de la Guadeloupe ! J’ai l’audace de penser que mon action en qualité de maire, puis de député a été positive, d’ailleurs, mes adversaires politiques le reconnaissent, cela a même été un 38 - FOCUS F.W.I

argument dans leur tentative, paradoxale, de démobilisation de l’électorat Baie-Mahaultien : vous avez un bon député-maire, gardez le à Baie-Mahault... Mes compétences, je n’ai pas eu à les déclamer, ma proximité avec notre population lui a permis de juger ma capacité à gérer les affaires régionales. Sur ma religion, tout le monde le sait, je suis croyant. En conséquence je ne dis pas n’importe quoi sur ma foi, ni sur les croyances des autres. Je ne suis pas un missionnaire de Dieu en politique. Je suis charge d’une mission par les électeurs et eux seuls . Par ailleurs, je vous rappelle que la République est laïque ; la laïcité édicte le respect des convictions de chacun. Cela ne doit pas constituer un argument électoral. 98 466 voix, soit 57,49 % des suffrages exprimés. Une victoire écrasante. Toutefois, ne craignez-vous pas que votre élection ne soit que le résultat d’un vote sanction à l’encontre de Victorin Lurel qu’un vote d’adhésion ? Il ne s'agit pas d'une victoire écrasante, c'est une élection qui s'est jouée sur deux tours ! Une majorité nette des électeurs s'est prononcée pour notre liste et le projet que nous proposions. Ce résultat m'engage personnellement à continuer à œuvrer, à la tête de l'exécutif régional, à redresser la situation de la Guadeloupe sur tous les fronts en lien direct avec les compétences régionales. Mais je m'attends aussi à être sollicité et n'hésiterai pas non plus à intervenir sur tous les sujets qui touchent aux intérêts de la Guadeloupe et des guadeloupéens. Au-delà de votre élection, le vote Front National semble s’implanter de façon très franche en Guadeloupe et en Outre-mer. Si bien, qu’aux dernières régionales que la liste FN conduite par Stepahn Viennet devançait le PCG et l’UPLG avec 1,40 % des suffrages exprimés. Comment expliquez-vous cela ? Nous devons, plus que jamais, être vigilant à l'évolution de la situation du monde en général et de la France en particulier. Notre vigilance, quand à la défense des valeurs sur lesquelles se fondent notre société, doit être redoubler. Les responsables politiques doivent obtenir des résultats, cela devient urgent face aux sirènes qui semblent venir de partout et qui chantent le repli sur-soi et l'exclusion de l'autre. En lisant votre programme on a le sentiment que vous balayez à coup de propositions toutes les problématiques de notre temps : l’agriculture, l’écologie, le tourisme, la formation, l’entrepreneuriat... Aujourd’hui, après le temps électoral avezvous réellement les moyens de mettre en œuvre ces mesures ? Lors d’une élection, il faut répondre aux attentes de la population. Pour prétendre à diriger l’exécutif régional, il fallait proposer un projet qui couvre le champ de compétence de la Région. Nous avons un mandat jusqu’en 2021 et nous aurons à voter plusieurs budgets. C’est vrai que par ailleurs, nous héritons d’un lourd passif, avec des engagements importants, parfois pris au dernier moment, juste avant le scrutin. Pour autant, nous engagerons tous les chantiers indiqués pendant la campagne. Je présenterai un bilan annuel à l’Assemblée régionale devant la population. Et enfin, en 2020, nous rendrons compte du bilan de notre mandat.


Un changement d’avenir pour la Guadeloupe, doit-il passer par une évolution statutaire ayant pour finalité une indépendance totale ? Ainsi, jugez-vous opportun comme Marie-Christine Mirre Quidal et Mona Cadoce, de rouvrir le débat sur l’indépendance de la Guadeloupe ? Cette question n’est pas au centre des réflexions des électeurs. La loi NOTRe à changé la donne en matière de responsabilité locale, appliquons-nous à en tirer le maximum pour la Guadeloupe. Vous avez porté durant ces élections un projet de rupture. Au point que beaucoup vous qualifient d’utopiste et de démagogue. Vous définiriez-vous comme « thatchérien » : symbole de la relance économique britannique ? Si ceux qui me qualifient d’utopiste étaient majoritaires je ne serais pas le Président de la Région. La population a trouvé notre projet crédible. Mieux, elle l’a trouvé plus crédible que les autres. Quant à la démagogie, elle consiste à dire qu’on continue la même politique, celle qui n’a pas marché, en affirmant que cette fois là, ça va marcher. Notre proposition repose sur trois piliers : Premièrement, sur une vision prospective qui repose sur l'innovation et l'audace pour sortir l’action publique de l’urgence et de la précarité. Deuxièmement, sur un modèle économique, qui met l'économie au service des guadeloupéens en agissant par exemple pour que la commande publique soit au service de l'emploi. Et enfin, transformer le "je" en "nous" pour permettre aux citoyens de prendre part à la décision au lieu de la subir.

« La Guadeloupe a été une puissance agricole, elle peut le redevenir. » Quelles sont les principales faiblesses de notre économie ? Nos faiblesses on les connaît depuis plus d’un demi siècle. Un marché restreint, des sources d’approvisionnement lointaines, pas de matières premières stratégiques, du moins à première vue, des productions agricoles fortement concurrencées, une main d’œuvre coûteuse comparativement à certains de nos voisins et concurrents… etc...Une de nos faiblesses emblématiques, est l’insuffisante exploitation des secteurs traditionnels vitaux comme l’agriculture et la pêche. C’est précisément pour cela que nous croyons en l’avenir d’une croissance verte et bleue en Guadeloupe, source d’emplois durables, de sécurité alimentaire et d’un développement harmonieux respectueux de notre environnement. La Guadeloupe possède-t-elle malgré tout des atouts ? La Guadeloupe regorge d’atouts ! Sa jeunesse d’abord ; plutôt que de nous demander ce que nous pourrions faire pour la jeunesse, nous devrions plutôt nous intéresser à ce que notre jeunesse peut faire pour la Guadeloupe et accompagner leur ambition. Nous avons aussi basé notre projet de reconquête économique sur ce que nous avons appelé la croissance verte et bleue qui s’appuie sur notre biodiversité, notre caractère archipélagique et nos ressources énergétiques endogènes qui de surcroit sont renouvelables. Par exemple, la Guadeloupe a été une puissance agricole, elle peut le redevenir.

Vivement critiquer lors de la campagne et peu présenter durant cette dernière. Aujourd’hui, pouvez-vous nous définir clairement les tenants et les aboutissants de ce que vous qualifiez de nouveau modèle économique régional pour la Guadeloupe ? Nous avons pourtant largement imprimé et distribué notre programme ! Donc nous avons amplement et clairement présenté ce nouveau modèle économique. Je note aussi que pratiquement partout dans le monde, surtout en Europe et en France, les responsables politiques en appellent à renouveler le modèle économique. Notre objectif, au travers de ce nouveau modèle économique, c’est mettre l’économie au service des guadeloupéens et agir de manière à ce que la commande publique soit au service de l'emploi. Nous aurions aimé entendre ceux qui ont fustigé notre proposition de changer notre modèle économique sur les taux de chômage, notamment celui des jeunes de l’île, qui eux, ravagent notre modèle social. Tout cela, dans un contexte de réduction de la dépense publique : 11 milliards d'euros d'économies imposées à toutes les collectivités dans les prochaines années ; ceci alors même que la demande sociale ne cesse de croître. Ces contraintes financières nous obligent à plus d’audace. Autrement l'action des élus se réduira à gérer la misère sociale ! L'épuisement de notre modèle économique met en péril notre modèle social, pouvions nous continuer avec ce dernier ? Notre programme économique consiste, dans un premier temps à investir sur celles et ceux qui créent les emplois. Car sans emploi, il n’y a pas de société dont on puisse garantir la cohésion. Notre avenir repose sur notre capacité à encourager la création de valeur et d’emploi. Miser sur l'innovation et la formation pour soutenir les entreprises fait partie de ce nouvel ordre économique : Ainsi, à travers ses fonds d'investissement, la Région prendra des participations en capital dans les entreprises stratégiques démontrant un potentiel de développement avéré. Aussi, en dimensionnant des fonds d'amorçage pour les primo- créateurs. Une des clés pour l’emploi et pour faire repartir l’ascenseur social est de rendre accessible la formation tout au long de la vie. C’est un droit pour l'épanouissement de chacun d'abord, mais c’est aussi une clef pour la création de richesses dans un monde où la compétence est la principale valeur ajoutée. Et enfin, promouvoir la recherche, c'est réussir la Guadeloupe de demain. Le développement économique de la Guadeloupe peut-il s’inscrire sur le développement de la croissance verte et la croissance bleue ? Notre développement ne peut que s'inscrire dans le cadre d'une croissance verte et bleue ! Lorsque l'on regarde notre archipel, ce sont ces couleurs qui dominent : notre développement, que nous souhaitons endogène pour qu'il contribue à l'épanouissement de tous les guadeloupéens, doit s'appuyer sur nos atouts ! Nos femmes et nos hommes de Guadeloupe bien-sûr. Notre jeunesse, qui bien formée, sera le principal vecteur de cette croissance verte et bleue. La croissance verte, qui s'appuiera sur notre agriculture, mettra à profit la fertilité de nos sols. Une agriculture saine, au service de la santé et de la sécurité alimentaire des guadeloupéens et qui contribue à tendre vers notre souveraineté alimentaire. C'est aussi accompagner les nouvelles TPE qui œuvrent dans l'agro-transformation et la recherche de produits à forte valeur ajoutée (cacao, fruits.....), La croissance verte encore, dans la valorisation de nos atouts naturels, nos énergies renouvelables à l'instar de la géothermie. L'utilisation raisonnée de la richesse de notre biodiversité pourrait nous assurer un véritable développement durable. Promouvoir la croissance bleue, c'est soutenir la pêche, les nouveaux métiers de la mer, la valorisation du littoral tout en préservant l'environnement. Notre littoral et notre espace maritime regorgent de trésors enviés par le monde entier. FOCUS F.W.I - 39


« Sans emploi, il n’y a pas de société dont on puisse garantir la cohésion. » À vous entendre lors des élections régionales, il semblerait que le chômage persistant soit l’un des tombeaux de Victorin Lurel. Ainsi, diriez-vous que ce dernier n’ait rien fait pour lutter contre ce fléau ? En onze ans, des choses ont été faites bien entendu. Après, il faut analyser, en termes d’opportunité, de priorité ou de rapport coût efficacité. La lutte contre le chômage doit s’apprécier en fonction des résultats. De toute façon, c’est aux électeurs qu’il appartient de juger l’écart entre les promesses et les réalisations. Leur jugement à été clair et net. Un chômage élevé, une classe moyenne devenue pauvre, un désintérêt marqué pour la politique, une disparité des richesses de plus en plus flagrante, un coût de la vie qui ne cesse d’augmenter... On a l’impression que toutes les données sont réunies pour assister à une véritable explosion sociale. Croyez-vous-en une révolution possible ? On annonce cette révolution sociale depuis un demi siècle. La situation sociale difficile que vous décrivez est très ancienne. Une poussée de fièvre est toujours possible comme ce fut le cas en 2009. Notre contribution, nous hommes politiques, consiste précisément à porter des améliorations à la situation pour plus d’équité, pour une société plus équilibrée. Le président de la République a présenté, au mois de janvier dernier, des mesures visant à « inverser la courbe du chômage» avant 2017. Selon vous, le président peut-il réussir son pari ? Le plan présenté par le Président de la République vise à atteindre, par des mesures d’offres de formation, 500 000 personnes sans emploi. Il faut espérer qu’il permettra d’aider ceux qui sont dans la détresse. Nous attendons d’entre connaître les détails pour en mesurer l’impact sur la Guadeloupe. Pour autant, nous n’avons pas attendu cette annonce pour faire de la formation tout au long de la vie, l’une de nos priorités. 40 - FOCUS F.W.I

De votre coté, quels sont les mesures que vous comptez mettre en place dans l’immédiat afin enrayer ce mal du XXIe siècle ? La meilleure arme contre le chômage, c’est la création d’emploi. La mission de la Région consiste à améliorer l‘environnement dans lequel évoluent les entreprises. C’est ce programme que la population a validé qui contribuera au développement économique et à la lutte pour promouvoir l’emploi. Il existe en France « un apartheid territorial, social, ethnique » ce sont les mots employés par Manuel Valls lors de ses vœux à la presse en 2015. Considérez-vous que cette situation d’apartheid décrite par Valls corresponde particulièrement aux Outre-Mer plus précisément en Guadeloupe comme a pu le faire l’historien Pascal Blanchard ? Si les mots ont un sens, l‘apartheid correspond à une situation de discrimination inscrite dans la loi. Rien de tel ici. En revanche, il s’agit de dérive, d’une situation dans laquelle les handicaps ont tendance à se concentrer dans des zones géographiques, c’est un phénomène que nous observons avec gravité et qui menace de s’étendre. Peut-on également parler de fracture coloniale ? Les déclarations du Premier ministre que vous avez évoqués visaient des quartiers de villes en France hexagonale. Elles concernent la période actuelle. Toutefois, il est vrai que certaines situations en Guadeloupe étaient déjà connues avant la départementalisation. Il y a fracture sociale, économique voire culturelle. Le fait qu’elles soient anciennes est un motif supplémentaire pour s’atteler à les combattre. Comment envisagez -vous le rééquilibrage territorial ? C’est l’une des missions de la Région, notamment à travers l’élaboration du schéma d’aménagement régional. Nous connaissons déjà certains objectifs à atteindre car nous connaissons les zones en retard de développement, à commencer par nos îles, Marie Galante, les Saintes et La Désirade. Cela passe par des projets spécifiques aux zones défavorisées ou encore par la qualité du transport. Le rééquilibrage est à organiser avec les collectivités concernées et les communautés d’agglomération. Dans une interview accordée à Guadeloupe 1ère vous avez déclaré que l’institution Régionale se portait très mal en vous appuyant sur le dernier rapport de la chambre régionale des comptes. Dans quel état avez-vous trouver l’hôtel de Région ? La Chambre régionale des comptes s’est intéressée à deux domaines seulement : les finances et la formation professionnelle. Elle a dénoncé de graves dysfonctionnements à corriger. Il nous faut aller plus loin et auditer les autres domaines de responsabilités de la Région pour identifier les autres problèmes à résoudre et les solutions à y apporter. En outre, dès les premiers jours, nous avons trouvé des dossiers à corriger dans l’urgence. Nous avons repris le dossier de la rencontre de Coupe Davis entre la France et le Canada. Il en est de même de la délibération de fixation des taux d’octroi de mer que nous avons dû annuler afin de réexaminer la question. Enfin, nous avons trouvé une administration en attente de directive et qui était parfois laissée à l’écart de certaines décisions et de certains dossiers. Cette administration est à nouveau prête à se mettre au service des Guadeloupéens.


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ÉVOLUTION

INSTITUTIONNELLE À DÉFAUT DE RÉVOLUTION INSTITUTIONNELLE? Par Pierre-Yves Chicot.

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ourquoi est-il a priori si difficile de parler de l’extinction du modèle départemental? Au début des années 80, lorsque François Mitterrand envisage de mettre en place une assemblée unique dans les départements d’outre-mer pour ne pas faire coexister sur le même territoire un conseil général et un conseil régional, l’unanimité n’est pas de mise dans l’outre-mer de droit commun (Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion). En effet, celui qui sera le premier Président de la République de gauche sous la Cinquième République nourrit l’ambition de faire de la région une collectivité territoriale. Avec le concours de Gaston Defferre, Ministre de l’Intérieur, le vœu sera parfaitement exaucé par la mise en œuvre de la décentralisation. Compte tenu des vives contestations politiques qui se sont élevées contre l’assemblée unique, celle-ci demeurera au stade de projet non consommé. Le coup de grâce est donné par le Conseil Constitutionnel le 2 décembre 1982, estimant que l’assemblée unique Mitterrandienne ne respectait pas la représentation cantonale et crée une tendance non dissimulée à la disparition du département. Les départementalistes, assimilant l’idée de l’assemblée unique au début d’un processus de largage des départements d’outre-mer de la République se battent avec une rare opiniâtreté. Il ne faut pas perdre de vue que la transformation des quatre vieilles colonies en départements d’outremer en 1946 ne doit pas simplement être interprétée comme une conquête politico-juridique, mais comme une avancée historique de grande envergure. C’est la consécration de la récompense du prix du sang payé par les guadeloupéens, guyanais, martiniquais et réunionnais à l’occasion des deux guerres mondiales. Après la fin de l’époque servile, l’accession à la citoyenneté, la départementalisation constitue un saut qualitatif d’importance pour ce qui concerne la volonté d’une appartenance pleine et entière à la communauté nationale. Quelques années plus tard, des départementalistes qui se sont convertis du reste, à l’évolution des institutions locales, notamment en Guadeloupe, avoueront qu’ils avaient peur que la « gauche socialiste » octroie l’indépendance à des terres qui sont françaises depuis des siècles. La peur ! L’expression est livrée ! Par quoi est-elle animée ? Bien qu’intégrées à la République depuis 1946 et arrimées à la France depuis le XVIème siècle, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion, dans une moindre mesure, ont connu des mouvements de revendication anticolonialistes, qui à défaut, d’avoir conquis le pouvoir politique majeur dans les urnes (sauf en Martinique avec le Mouvement Indépendantiste Martiniquais de Alfred Marie-Jeanne) ont considérablement influencé leur société, notoirement sur le plan de l’affirmation identitaire. Beaucoup de comportements classiques afférents à l’héritage colonial ont été déconstruits, combinés à une réappropriation de la culture immatérielle (langue et musique par exemples). Ces changements sociaux facilités également par les décolonisations en Afrique, en Asie et dans la Caraïbe n’ont pas pour autant fait disparaître le processus d’assimilation dont les racines les plus profondes sont d’abord psychologiques, créant alors un phénomène d’aliénation de masse qui n’a absolument pas disparu. Pour autant, les gouvernants français ont, eux aussi, peur.

Au travers de la formule apparemment anodine qui est la suivante « Nos départements d’outre-mer », le pouvoir central perpétue subtilement au travers des mots, l’assimilation coloniale, et manifeste en même temps sa crainte de la contagion indépendantiste. Mais de manière grossière, mais non moins efficace, le pouvoir central, quelque soit sa couleur politique entretient la confusion entre « accès à l’indépendance » et « ventres vides ». Ainsi, les modèles que ces départements-régions d’outre-mer ou régions monodépartementales sont invités à ne pas suivre sont : Haïti et la Dominique. Le discours selon lequel, il est d’une chance inestimable d’être français est parfaitement relayé par des chantres locaux, qu’ils soient politiques, surtout, mais aussi hommes de foi et des instituteurs. L’histoire va s’emballer à la fin des années 90 car le contexte politique mondial est aussi affecté par d’autres vicissitudes. La décolonisation des années 60 correspond à l’affirmation de l’État-nation. Les territoires sous tutelles, sous la férule des mouvements de libération nationale et, à la faveur du droit (résolution 1514 (XV) de l’Assemblée Générale des Nations-Unies du 14 décembre 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux peuples coloniaux) parviennent à arracher dans bien des cas la pleine souveraineté juridique, car dans les faits, dans nombres d’endroits c’est un néocolonialisme qui succède au système colonial. A la fin des années 80, l’Etat perd de sa superbe en raison du succès de la philosophie économique libérale qui trouve insupportable la conception d’un Etat omnipotent et omniscient. La remise en cause d’une telle approche va profiter aux pouvoirs économiques privés, thuriféraires de la déréglementation et aux territoires locaux qui souhaitent faire prévaloir plus encore leur identité, en particulier au sein de l’État. C’est ainsi qu’en 1999, la Déclaration de Basse-Terre va relancer le cours historique d’une autre voie à trouver au support institutionnel classique : le département et la région. Il est fort précieux de faire observer que le phénomène de la décentralisation sérieusement initié à partir de 1982, provoque non seulement des transferts de compétences de l’État vers l’échelon local accompagnant ainsi leur maturité dans l’art de décider, mais instaure en même temps un état d’esprit caractérisé par la responsabilité locale. Le couple « libertés locales » (1982) et « responsabilités locales » (2003-2004) constitue le signe tangible d’une affirmation de l’autonomie locale dans l’univers des collectivités territoriales, y compris bien sûr dans l’outre-mer de droit commun. Même si le discours politique, par obscurantisme, ignorance, calcul, vision court-termiste refuse, à l’exception d’une petite poignée, d’en faire référence, il n’en demeure pas moins vrai que la réalité est éblouissante. Les peuples en sont conscients, mais démobilisés et décontenancés par ce qu’ils considèrent être des faibles résultats obtenus par l’action politique ne souhaitent ni centraliser le pouvoir politique périphérique dans « un seul panier », ni voir l’État, jugé plus impartial, s’éloigner trop loin des affaires publiques locales. FOCUS F.W.I - 43


ENTRÉE LIBRE

QUI SONT NOS HÉROS ? Par Stéphanie Melyon Reinette, Sociologue et Artiviste Illustrations Nova Production.

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antôt acclamée, tantôt honnie, elle a déserté le pays depuis quelques décennies déjà. Elle écrit ceci dans l’un de ses derniers ouvrages : « Je n’étais pas seulement orpheline ; j’étais apatride, une SDF sans terre d’origine, ni lieu d’appartenance. En même temps, cependant, j’éprouvais une impression de libération qui n’était pas entièrement désagréable : celle d’être désormais à l’abris de tous jugements ». Ce sont là les mots de Maryse Condé, dans « La vie sans fard ». À travers ce roman biographique, on suit ses pérégrinations de la Guadeloupe aux Etats-Unis en passant par la France hexagonale et l’Afrique… Une quête identitaire pour achever sa complétude. On peut aisément comprendre son sentiment de libération face à une société qui ne l’a vraisemblablement pas reconnue dans ses œuvres, qui l’a mal jugée. On ne peut nier que les médisances ont bien cours chez nous… Et pour un peuple représentatif du métissage, la différence n’est pas un apanage. Je me demande encore quelles sont les raisons qui ont présidé à cette relation de détestation entre Maryse Condé et son pays ? À quoi est dû le rejet qu’elle évoque ? Était-ce le colorisme – attitude, propre aux sociétés postcoloniales, consistant à juger et préjuger de l’autre en fonction de sa carnation, de son teint, de son degré de négritude – qui opérait, néfaste ? Ou alors est-ce le regard négatif que d’aucuns portent sur les intellectuels dans ce pays ? Les intellectuels réputés plus « francisés », pédants, prétentieux, ‘blanchis’... Frantz Fanon qui évoque le dit ‘négropolitain’, ou « bounty » qui roule les « R »: « Le colonisé se sera d’autant plus échappé de sa brousse qu’il aura fait siennes les valeurs culturelles de la métropole. Il sera d’autant plus blanc qu’il aura rejeté sa noirceur, sa brousse ». Maryse Condé, négresse et écrivaine reconnue mondialement, devait incontestablement être vue comme l’Autre, nomade, altérisée. Condé est incontestablement l’écrivaine guadeloupéenne la plus reconnue dans le monde. Alors, pourquoi la jeunesse guadeloupéenne délaisse-t-elle ses artistes et ses intellectuels ? Pourquoi les jeunes guadeloupéens se réclament-ils de personnalités et de stars étrangères telles que Beyoncé, Oprah ou Obama ? La jeunesse guadeloupéenne, disons les 15-30 ans, trouve ses modèles dans les rangs des personnalités américaines, et plus singulièrement parmi les stars africaines-américaines, qu’elles soient des médias, de la politique ou de l’Entertainement. Ils participent tous d’un même tendance et attitude d’afro-américanisation. Je les ai classés comme suit : la génération McHammer, née entre fin 1970 et début 1980, la génération Pimper, née entre fin 1980 et début 1990 et la génération Bieber, 1990-2000. Si la première est conscientisée les deux dernières le sont moins ou pas du tout. Les McHammer sont héritiers d’une identité afro-américanisée au travers de la musique qu’ils écoutent et dont ils réclament les valeurs. Le Possee, Crew, le Mic, l’arène, la rue, le mur ; le Rap, le Break, le Graffitti… C’est aussi l’heure du Reggae, du Raggamuffin, de l’émancipation par la musique avec Bob Marley, Peter Tosh, Arrested Development, Tonton David, NTM, IAM, etc. La jugulaire est américaine ou anglo-caribéenne mais il y a une veine française dans l’influence musicale de cette génération. Et oui! Le vecteur d’acculturation est la musique, par le biais de la radio ou de la télévision. On en arrivait également à lire les ouvrages sur les leaders noirs, notamment le mouvement des droits civiques. Et s’imposent ensuite le Rastafarisme et le Reggae, et la légende de

l’Éthiopie invaincue. Le Rap et le Reggae avaient une réelle valeur de révolte, d’anticonformisme, de révolte. Le discours émis contre le système de gouvernemental, policier, judiciaire français et américain (occidental, dominant, mainstream) séduit et fait écho à la réalité vécue aux Antilles Françaises : le néocolonialisme. Mais, la génération Pimper – en résonance aux titres Pimper’s Paradise de Bob Marley «Pimp » de 50Cent – est abreuvée d’une masse d’informations, encore plus grande et disparate, avec l’imposition de l’internet durant leur adolescence. C’est un raz-de-marée d’influences qui les submergent. Une génération de garçons et de filles qui se nourrissent de plaisirs artificiels, de mondes virtuels et de valeurs tout aussi superficielles. Leurs modèles : Pimp (proxénète) et la Bitch (Pute)! Le Rap et le R’n’BSoul que cette génération Pimper écoute et dont elle se réclame est le résultat d’une mercantilisation et industrialisation de cette musique noire. Exit Kriss Kross, Queen Latifah, Mc Lyte, Salt’n’Pepa, Missy Elliott, Nas, (yeah ! she’s back ! I know !), etc. et bonjour 50Cents et consorts du Gangsta Rap. C’est une tendance, un mood… Point de recul. Une révolution déconscientisée dont les effets pervers mènent à une génération nouvellement assimilée « à l’afro-américanisme ». Les McHammer ne sont incontestablement guère engagés dans une révolte par l’acte militant au sens de leurs pères, mais par une action artistique porteuse d’un discours identitaire, de réaffirmation culturelle et de rappropriation de sa créolité : métissage des courants importés, appropriation d’une codification Noire-Américaine ou Caribéenne/Jamaïcaine. Les cultures d’autres ghettos. Toutefois, émergeront des artistes qui influenceront les scènes caribéennes et francophones : Tiwony, Typical Fefe, Karukera Sound System, Jahlawa Sound System, Admiral T, etc. Pour les Pimper, hélas, la conscience de soi n’échappe pas ou peu à la pression du mercantilisme et du consumérisme, principaux motifs dans leurs discours artistiques, quand il en est : money, booty, and let’s shake ‘em both. Quant aux Bieber, ce sont les enfants du consumérisme, de l’hypersexualisation et des addictions (tendances notamment) décomplexés. En somme, la grande différence entre ces 3 générations et celles qui leur donnèrent la vie tient en une dilatation de la conscience de soi dans et pour le peuple au profit d’une conscience de soi pour l’ego. Les valeurs héritées de l’insoumission de nos pairs, de nos aïeuls se sont émoussées face à l’érosion produite par les apports extérieurs toujours plus conséquents. En effet, la départementalisation, la fin de la 2ème Guerre Mondiale, la fin du Tan Sorin, amènent également la décolonisation, mais aussi une multiplication exponentielle des échanges commerciaux : la globalisation. Pour une société comme la nôtre, à peine sortie de l’esclavage pour plonger dans une République qui ne nous reconnaît citoyenneté qu’à demi-mots, et par là-même ne vectoriser ses échanges qu’avec une aire étrangère et éloignée, se nourrir de principes exogènes, ne peut mener qu’à l’aliénation. Les actions des mouvements indépendantistes prônant l’autodétermination ont été oblitérées, tant par le gouvernement que par la population, par crainte de représailles. Il faut dire que les années 1950-80 n’ont pas été douces aux Antilles. « Les balles de ce passé grandiose ont eu peu de lendemains » écrivait Chamoiseau. Peu de lendemains immédiats dirions-nous. Car il y a quelques sursauts. Mais s’il est vrai, selon Jacques Bousquet, que « chaque pays doit trouver son modèle et son style propre d’après les ressources dont il dispose, les besoins qu’il ressent, les caractéristiques de sa culture, les structures de pensée et d’actions qui sont les siennes », la Guadeloupe n’a pas encore pu être ‘pays’ au sens géopolitique du terme, bien qu’elle le soit spirituellement, comme elle n’a pu explorer ses désirs profonds, n’ayant jamais été face à elle-même, sans tutelle. FOCUS F.W.I - 45


Assimilation & Tropismes : L’Autre Toujours. « L’indigène est un opprimé dont le rêve permanent est de devenir le persécuteur » (Frantz Fanon). Initialement, le terme « tropisme » est un concept biologique. Biologiquement, il se définit comme une « réaction aux agents physiques ou chimiques se traduisant par une orientation et une locomotion déterminées ». Au sens où nous l’entendons, il renvoie à une «force irrésistible et inconsciente qui pousse à prendre telle orientation, à agir de telle façon ». On parle ici d’une orientation inconsciente qui présage d’un conditionnement. C’est le terme exact. Conditionnement, réflexe, ou automatisme. Il existe une corrélation entre la xénophilie (l’amour de l’autre) et l’image négative de la « noirceur » ou de la «négrité ». Incarner, intégrer les traits de l’autre induit de se délester du poids de sa négritude. Allant dans ce sens, Fanon de dire: « Quand les nègres abordent le monde blanc, il y a une certaine action sensibilisante. Si la structure psychologique se révèle fragile, on assiste à un écroulement du Moi. Le Noir cesse de se comporter en individu actionnel. Le but de son action sera Autrui (sous la forme du Blanc), car Autrui seul peut le valoriser. » (Peaux Noires, Masques Blancs). En bref ! Le propos est clair : il y eut une surdétermination des valeurs et du modèle français amenant le Noir Antillais à rejeter ce qu’il est, ou à renier ce qu’il aurait pu advenir : la littérature française, les artistes africains américains et leurs leaders charismatiques. Le Triangle de l’Émancipation culturelle. Lorsque des fenêtres se sont ouvertes sur le monde, il a pu redéfinir son identité : la Négritude de Césaire, l’Antillanité, la Caribéanité, la Créolité… Toutes ces identités ont pu émerger parce que le Noir Antillais a lu, rencontré le Noir Américain, puis l’Africain en dignité. Au temps de la Décolonisation et des guerres d’indépendance – époque également du Mouvement des Droits Civiques – les Nègres sont debout partout. Et le panafricanisme a encore de beaux jours devant lui. Et les légendes de la lutte d’émancipation des noirs se forgent, se distinguent. Au cours de mes recherches sur les musiques noires (Jazz, Poésie noire), j’ai pu constater que tous les artistes se sont d’abord réclamés de références africaines-américaines, puis africaines (on peut mettre Hailé Selassié dans cette catégorie) pour finalement développer leur propre expression. Une expression singulièrement et formellement empreinte de ces influences précédentes. Le triangle de l’émancipation retrace le périple du Passage du Milieu inversé. Détachement de la France, Identifications à l’Amérique noire, à l’Afrique, pour un retour chez soi nourri de tout cela. Pour se libérer de l’ « arsenal complexuel1 » développé par l’Esclavage, le Noir Antillais a dû s’éloigner pour mieux s’ancrer. Si la génération Rupaire reconnaissait ses pairs – LEURS combattants – la dernière génération les méconnait. Les hauts faits des Africains-Américains, liés aux musiques de contestation, ont tôt fait de faire de l’ombre à NOS freedom fighters. Leur envergure internationale et leurs symboles de lutte devenus universels, étendards appropriés par bien d’autres opprimés, ont forcé l’admiration et l’adhésion de notre peuple, à proprement parler luimême opprimé. Il fallait à cette dernière génération des symboles qui transcendaient leur insularité. Il faut tout de même rompre avec ses pères pour s’émanciper !

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Globalisation, Nouvelles technologies & Inculture. « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission la remplir ou la trahir » (Frantz Fanon). Les dernières générations ont-elles trouvé ou entrepris de trouver leur mission pour la société guadeloupéenne? Ne se sont-elles pas démissionnées simplement ? Une génération qui pense que l’avenir lui est dû, que la réussite lui doit être livrée en remboursement. La mélopée douce qui prévaut dans le pays Guadeloupe « Il n’y a rien en Guadeloupe ». Alors que le pays est une pépite de luxuriance et de ressources que nous ne nous approprions pas entièrement. Un pays que l’on doit construire pour nous… La globalisation et les nouvelles technologies sont une porte vers des mines culturelles qui pourtant ne seront peut-être jamais exploitées par nos jeunes tant elles sont à profusion et tant les mauvais indices et autres #hastags qui leur sont semés ne les mèneront pas nécessairement à l’émancipation réelle. Oui, les potentialités sont là, mais l’étroitesse des réseaux sociaux – exponentiels pourtant – interdit l’évasion par des « prêt-à-penser », « prêt-à-choisir », et autres costumes habillant nos egos au quotidien. Noam Chomsky dit que « l’internet pourrait être un pas positif vers l’éducation, l’organisation et la participation dans une société qui ferait sens ». Mais dans nos sociétés, les nouvelles technologies sont incontestablement l’arme la plus cultuellement mortelle de conformisation et de contrôle. Dans notre pays Guadeloupe encore en lutte pour recouvrer la mémoire, ce sont des armes de destructions massives qui plongent nos mémoires dans le néant. L’ailleurs semble plus glorieux et plus glamour, perversité-même de ces interfaces personnalisables : « … Tu croules sous le déversement massif, quotidien, d’une manière d’être idéalisée qui démantèle la tienne. Tes martyrs sont indiscernables, les attentats que tu subis n’émeuvent même pas les merles endémiques, tes héros n’atteignent pas le socle des statues et leur résistance bien peu spectaculaire t’est quasiment opaque… ». (Chamoiseau) Enfin et surtout, oserais-je dire, ces assimilations susmentionnées ne nous ont-elles pas enseigné notre insignifiance ? Comment valoriser des intellectuels fondés dans la République française et grâce à ses armes ? Qui écrit dans la langue de la subordination ? D’aucuns n’y voient aucune grandeur, tant ils sont conditionnés par les nouveaux discours négristes, africanistes, ou khémites. J’ai parfois entendu dire que Césaire avait trahi les peuples antillais en requérant la Départementalisation... Mais ces derniers n’oublieraient-ils pas de re-contextualiser les faits. Comment rivaliser avec les grands leaders africains-américains qui ont mené des millions d’hommes à marcher sur les capitales du Monde-Libre ? En effet, la réponse que nous cherchions est résumée en un mot « aliénation ». Et la désaliénation ne peut être achevée que par une prise de conscience réelle de ceux et celles que nous sommes, de ce que nos histoires recèlent de richesses et de héros « endogènes ». Nous ne cesserons de nous identifier à l’autre – même s’il nous ressemble – tant que nous ne saurons pas apprécier et valoriser la grandeur qui réside en chacun de nous et en chacun de nos pairs. Alors, il est temps de laisser surgir la beauté du pays, de laisser fleurir nos œuvres, d’embrasser nos pères et mères et de conquérir nos avenirs : « Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui s’interroge ! » •


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CAS D’EMPLOI

57 090

Le nombre de demandeurs d’emploi fin décembre 2015, en Guadeloupe, tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A). Ce nombre baisse de 0,5 % sur un mois (soit –260 personnes), de 0,9 % sur trois mois et de 0,6 % sur un an.

Part des principales catégories de la demande d’emploi depuis 2004 Au 31/12

2004

2006

2008

2010

2012

2014

DEFM ABC

53 197

52 855

51 502

59 627

66 766

69 937

Moins de 25 ans

13,2%

13,0%

13,1%

13,2%

13,3%

12,1%

50 ans et plus

10,0%

11,4%

13,7%

17,4%

21,4%

26,0%

SOURCE : DARES STMT, PÔLE EMPLOI

LES MAUX DU CHÔMAGE FRANÇAIS Un marché du travail concentré sur les trentenaires et les quadras TAUX D’EMPLOI SELON L’ÂGE 2014

L’apprentissage en retard DONNÉES 2013 France

80,4%

438 143 apprentis 58,7% 1 430 977 apprentis

24,4% 15 - 24 ans

25 - 49 ans

50 - 64 ans

Allemagne

SOURCE : INSEE

SOURCE : INSITITUT MONTAIGNE

Un coût élevé du travail EN EUROS PAR HEURE EN 2014 dont cotisations

France

11,4

Allemagne

7

Italie

8

Royaume-Uni Espagne

34,4 31,4 28,3

3,7

22,3

5

Une usine à gaz de dispositif en faveur de l’emploi 80 DISPOSITIFS PUBLICS EN FAVEUR DE L’EMPLOI

€ €

85,7

MILLIARDS D’EUROS DE DÉPENSES

21,3

(DONNÉES 2012)

SOURCE : EUROSTAT

SOURCE : DARES

Les créations d’emplois en zone euro

EN MILLIERS DE PERSONNES DE JUILLET 2013 À SEPTEMBRE 2015 792

Espagne

651 290 724

Allemagne France TOTAL

482 290 57 HORS SECTEUR PUBLIC

«LES ÉCHOS» / SOURCE : EUROSTAT, STANDARD & POOR’S

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#EMPLOI / PLAN D’URGENCE [ ASSOUPLIR LES 35 HEURES ] Le projet de loi El Khomri assouplira les 35 heures sans les supprimer : contrairement à ce que voulait Emmanuel Macron, le seuil de majoration minimale des heures supplémentaires restera fixé à 10%. Mais le gouvernement veut autoriser les entreprises à descendre, par accord, sous les seuils fixés par les accords de branche, qui atteignent parfois 25 % de majoration. Un geste fort est aussi prévu pour les PME de moins de 20 salariés, qui seront autorisées à faire passer des salariés volontaires en forfait jours sans avoir à passer par un accord collectif. [ FORMER 500.000 CHÔMEURS DE PLUS ] C’est la principale mesure, avec l’aide à l’embauche pour les PME, du plan d’urgence pour l’emploi dévoilé mi-janvier par François Hollande. 500.000 formations supplémentaires de chômeurs doivent intervenir d’ici à la fin du quinquennat, portant à 1 million le nombre de demandeurs d’emploi en bénéficiant. De quoi tenter de rattraper un retard certain : la France forme actuellement un chômeur sur dix par an, contre un sur cinq en Allemagne. L’État, les régions et des fonds paritaires vont y consacrer 1,3 millions d’euros, un budget à priori suffisant. Mais le défi est avant tout opérationnel, pour assurer à la fois la quantité et la qualité. [ RÉFORMER L’ASSURANCE-CHÔMAGE ] Officiellement, le dossier est du ressort des syndicats et du patronat, gestionnaire de l’Unédic. Mais avant même le début des discussions, le 22 février, le gouvernement a déjà martelé la nécessité de réduire le déficit du régime et a même pointé les pistes d’économies, comme rendre les droits dégressifs. La négociation doit aboutir avant fin juin. L’État devra alors agréer la convention Unédic qui en sortira... et assumer le poids politique d’éventuels reculs des droits des chômeurs. En cas d’échec des discussions, il devra reprendre lui-même le dossier. Soucieux de ne pas connaître un nouveau conflit avec le monde de la culture, il gardera aussi un œil attentif au sort réservé spécifique des intermittents du spectacle. [ RÉÉCRIRE LE CODE DU TRAVAIL ] Réaffirmer, d’une part, les droits fondamentaux pour garantir l’égalité et la cohésion sociale, mais, d’autre part, simplifier et assouplir le reste en renforçant la place et le poids des accords de branche et d’entreprise dans l’application du droit. Le président a confirmé que des référendums auprès des salariés seraient instaurés pour valider des accords minoritaires dans les entreprises, notamment sur le travail du dimanche.


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PHÉNOMÈNE

LES PROMESSES DU PRESIDENT FRANCOIS HOLLANDE

FACE À LA RÉALITÉ DU TERRAIN ÉCONOMIQUE.

E

Par Michel Girdary.

ntre inverser ou redresser la courbe du chômage, le président de la République, François Hollande ne sait plus tout à fait ou donner de la tête. Pourtant, dès son arrivée au pouvoir le 6 Mai 2012, il avait clairement affiché sa détermination de livrer une guerre sans merci contre le chômage. Lors de son discours télévisé le 9 Septembre 2012, il déclarait « Mais moi, je considère que je suis en situation de combat et à partir de là, je ne veux pas simplement regarder le passé. Le passé, il compte, il pèse mais je dois engager l’avenir ». Beaucoup d’observateurs, et non moins bien commentateurs lui prêtent un discours va-t’en-guerre contre le chômage et singulièrement le 18 Janvier 2016, lors de la présentation de ses vœux au monde économique lorsqu’il décrétait un « état d’urgence économique et social ». Comment ne pas voir une liaison directe entre les attentats du 13 Novembre 2015, qui ont fait 130 morts, 352 blessés et l’état d’urgence économique et social ? Dès le début de son quinquennat, le chef de l’État, qui est aussi le chef des armées avait revêtu ses habits de parades militaires et entrait en guerre ouverte contre le chômage, lequel fait plusieurs millions de victimes en France depuis plusieurs années. Le 6 Mai 2015, trois ans après l’arrivée de François Hollande, le chômage a progressé de 21%, soit

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614 000 chômeurs en plus qui sont venus garnir les rangs de Pôle emploi, le nouveau record du chômage s’est établi à 5,344 millions en France métropolitaine et 5.645 millions en comptabilisant les départements d’outre-mer. La Guadeloupe n’est pas en reste, ici plus qu’ailleurs le contexte économique est plus alarmant, les chiffres du chômage explosent littéralement sous les effets combinés de l’étroitesse des marchés qui se caractérise en outre par la faiblesse de l’activité, aux fortes augmentations de la population active, à l’important retard des niveaux de formation, à l’insularité, d’une forte dépendance aux importations, d’une exportation marginalisée … En 2014 le taux de chômage en Guadeloupe était de 23,7% contre 9,9% à la même période en France métropolitaine, au-dessus de la Guyane 22,3% et de la Martinique 19,4%. Pour l’année 2015, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à pôle emploi de catégorie A s’établissait à 57 090 en Guadeloupe. Et de 65 120 demandeurs d’emploi pour les catégories ABC, fin décembre 2015, ce chiffre progresse de +0.9% sur un an. La catégorie A recense les demandeurs d’emploi tenus d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi. La catégorie B correspond aux demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (78 heures ou moins au cours du mois). Enfin la catégorie C, correspond aux demandeurs d’emploi tenus de réaliser des actes positifs d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures au cours du mois).


L

e plan de la dernière chance avant les élections présidentielles de 2017. Face à cette situation de crise persistante, le président de la République ne s’avoue pas vaincu, le 18 Janvier 2016, il lançait au pas de charge son nouveau plan pour l’emploi évalué à 2 milliards d’euros dans l’ultime optique, cette fois-ci de changer la donne dans un pays miné par un chômage de masse. Pour le moment il est difficile de préjuger de l’efficacité des mesures annoncées, et cela est d’autant plus vrai que les dispositifs précédents n’ont pas réussi à inverser, ni à redresser la courbe du chômage. Néanmoins, l’analyse des mesures proposées par François Hollande entraîne d’emblée de nombreux questionnements entre l’objectif visé avec ostentation par rapport aux véritables besoins des entreprises, et plus singulièrement des TPE et des PME (Très Petites Entreprises, et les Petites et Moyennes Entreprises), qui sont plus aptes à créer de l’activité et par effet ricochet de relancer la croissance économique Française. La France, contrairement à ses partenaires Européens a très peu profité de la baisse du prix du baril du pétrole qui s’est accélérée durant ces derniers mois, du ralentissement de la croissance Chinoise entre d’autres facteurs favorables aux économies mondiales. En effet, de lourds handicaps continuent de peser sur notre pays parce que nos dirigeants politiques manquent d’audace et de courage pour lancer enfin le train des grandes réformes nécessaires au soutien et à la relance de la croissance économique, dont on peut citer l’indispensable simplification du code du travail, la baisse du niveau des charges sociales et salariales. En parallèle, d’autres agrégats économiques comme le PIB par exemple (Produit Intérieur Brut), soulignent le degré de morosité de l’activité économique en France : En 2015, l’activité a progressé de 1,1% en France, c’est bien moins que la plupart de ses partenaires et concurrents européens. L’Allemagne a vu son PIB (Produit Intérieur Brut) progressé de 1,7%, au Royaume-Uni c’est une hausse de 2,2% qui a été observée alors que l’Espagne affiche au compteur une croissance soutenue de 3,2%. Des points de croissance en moins, ont mécaniquement un impact sur le niveau du chômage, c’est ainsi que le taux de chômage en Allemagne est de 4,5% comparé au 10,8% en France en 2015. Le CICE (Crédit Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) est un avantage fiscal qui concerne les entreprises employant des salariés et équivaut à une baisse de leurs charges sociales. Le dispositif du CICE s’attaque, il est vrai à la problématique récurrente des charges sociales, en revanche sa mise en œuvre reste d’une remarquable complexité, une usine à gaz et, de ce fait il est jugé comme rédhibitoire par les chefs d’entreprises. Si le CICE avait été conçu de manière plus simplifiée, il aurait gagné en efficacité et permis de booster une croissance économique en berne.

Les principales mesures du plan de François Hollande estimées à plus de 2 Milliards d’euros. • Le CICE est transformé en « baisse définitive des charges sociales », • Une prime d’embauche immédiate de 2.000 euros par an pour les PME (Petites et Moyennes Entreprises) jusqu’à 1,3 le SMIC, • 1 Milliard pour former 500.000 chômeurs, • Augmentation des contrats de professionnalisation, qui devraient passer de 50.000 bénéficiaires, contre 8.000 actuellement, • Étendre les compétences des régions en matière de formation et d’apprentissage, • La future réforme du Code du travail accordera aux entreprises de nouveaux assouplissements sur le temps de travail, • Le crédit impôt recherche sera « pérennisé » Les effets prévisibles du plan de François Hollande en Guadeloupe. En Guadeloupe, le marché de l’emploi est nettement plus exposé qu’en France métropolitaine, les chiffres du chômage témoignent de graves difficultés endogènes qui nécessitent de prime abord une démarche plus volontariste, plus adaptée aux contraintes insulaires, des moyens financiers taillés sur mesure, ainsi qu’une montée en charge efficiente et rapide de la synergie Etat/Région en matière de formation professionnelle. En la matière, François Hollande s’est dit « prêt à modifier la loi nécessaire » pour « étendre les compétences des régions » sur la formation et l’apprentissage. « Je sais que les présidents des régions souhaitent faire des propositions, voire expérimenter de nouveaux dispositifs(…). Le gouvernement est prêt à faciliter toutes les expérimentations possibles, et même à modifier la loi si c’est nécessaire pour étendre les compétences de ces grandes collectivités », a-t-il déclaré, rappelant que les régions disposaient de « compétences importantes » en matière de formation et d’apprentissage. En conclusion, la région Guadeloupe devra, elle, s’accaparer de toute urgence du vaste et impérieux chantier de la formation professionnelle, de l’apprentissage en formulant très rapidement une feuille route et des propositions à la carte au président de la République et au gouvernement. La voie est désormais ouverte, Ary Chalus, élu nouvellement à la présidence de la région Guadeloupe dispose par l’intermédiaire de l’adaptation de la loi de moyens d’actions nouveaux pour faire reculer le chômage qui frôle, ici dangereusement la barre des 30 %. Par cette fenêtre ouverte, la décentralisation est renforcée, en outre les présidents de régions ne pourront plus se cacher derrière l’État pour justifier de la morosité économique de leurs régions, en feignant de prétexter que l’emploi relèverait du monopole des compétences régaliennes de l’État. Par ailleurs, la nouvelle loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) promulguée le 7 Août 2015 érige La région en mini-gouvernement de plein exercice. Toutes ces mesures combinées devraient à terme, permettre de redéfinir et repenser des formations spécifiquement adaptées aux territoires et ainsi décongestionner le marché de l’emploi qui souffre encore trop fortement de l’inadéquation patente du catalogue de formation et des offres d’emploi disponibles. FOCUS F.W.I - 51


LE CHIFFRE

6 620

le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) en Guadeloupe fin décembre 2015.

L’ALTERNANCE,

OUTIL D’INSERTION. Par Bruno G.

Aujourd’hui, tous les acteurs des mondes politique, économique, syndical… tentent chacun dans sa sphère de compétence à trouver des solutions pour annihiler ce fléau des temps modernes qui affecte la cohésion sociale, pénalise la croissance et la dynamique de l’économie française. Un chômage aux causes multiples, mais fortement induit par la désindustrialisation et la perte de compétitivité de notre économie. L’apprentissage, qui alterne enseignement et formation professionnels, à l’école et en entreprise, est-il la clé pour en finir avec le chômage de masse des jeunes ? Étudiants, professeurs, entreprises et pouvoirs publics : tout le monde s’accorde sur les vertus de l’alternance, qu’elle prenne la forme d’un contrat d’apprentissage ou d’un contrat de professionnalisation. À l ‘heure où le chômage des jeunes demeure une plaie sociétale, l’apprentissage constitue en outre un excellent outil d’insertion : 70 % des alternants sont embauchés en CDI six mois après la fin de leur formation. Pourquoi autant d’attention portée à une méthode d’enseignement qui existe depuis de nombreuses années ? Parce que l’alternance offre aux jeunes la possibilité de se former théoriquement et de façon pratique pour être immédiatement opérationnel dès leur embauche. Parce que les taux de placement après l’obtention de diplôme en alternance sont significatifs et parce que les jeunes sont globalement satisfaits de leurs années d’alternance. Aujourd’hui, l’alternance ne se limite plus aux diplômes de niveau V et IV et cette formation n’est plus réservée aux jeunes en échec scolaire. Les diplômes de 3ème cycle se multiplient et attirent des jeunes étudiants qui ont souvent suivi une formation initiale classique, mais qui ont compris tout l’intérêt de profiter d’un enseignement pratique en plus de celui théorique, qu’ils avaient déjà suivi. Rémunérés, rodés aux pratiques du monde du travail, prêts à se mettre au travail dès leur embauche, habitués au rythme du travail de l’entreprise, les 52 - FOCUS F.W.I

jeunes alternants ont tout bon … Ils mettent toutes les chances de leur côté à un moment où les jeunes sont souvent désorientés face aux exigences du monde de l’emploi et connaissent des difficultés à y trouver leur place. D’autre part l’institut Montaigne vient de sortir une étude intéressante sur l’apprentissage. Elle contient un graphique montrant que plus la part de l’apprentissage dans l’enseignement secondaire est élevée, plus le chômage des jeunes est bas. Les trois champions sont l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse ; le chômage des jeunes y est quatre fois moins élevé et le taux d’apprentissage quatre fois plus fort qu’en France. C’est trois pays ont chacun un message fondamental à nous adresser. Les Pays-Bas sont convaincus que la filière technique est la filière d’excellence. Pour eux, dans la période actuelle, seuls progresseront les pays qui tiendront la route sur le plan technologique. La Suisse, c’est un autre message : l’apprentissage doit être décentralisé, comme l’enseignement secondaire, parce que l’efficacité de l’interaction établissement éducatif-entreprise réclame une très grande proximité entre techniciens de l’entreprise et les enseignants. Quant à l’Allemagne, c’est très structurant : à partir du moment où l’enseignement technique est considéré comme une filière d’excellence, on peut y envoyer les élèves plus jeunes au lieu de les sélectionner, comme en France, tard et, bien trop souvent, sur la base d’un échec dans la filière générale. Au vu de la performance plus que moyenne de notre système éducatif avec les conséquences que l’on connaît sur le chômage des jeunes, il est du devoir de nos enseignants et de leurs dirigeants de se remettre en question ? Dans un monde en mutation, les entreprises les plus solidement établies ont appris à se réinventer et à utiliser les « best practices » des meilleures d’entre elles et des start-up, culturellement en avance. Alors pourquoi la vénérable institution qu’est notre Éducation nationale ne ferait-elle pas, de même pour se réoxygéner ?


SALARIÉS EN ALTERNANCE ET FIERS DE L’ÊTRE. Propos recueillis par Ken Joseph – Illustration Christine Gueniot.

L’alternance c’est encore ceux qui la vivent qui en parlent le mieux. Ainsi, nous sommes partis à la rencontre de Salomé Mayenaquiby et Luidgi Valverde, salariés en alternance évoluant au centre de formation FORE en partenariat avec l’IUT Aix/Marseille et P+ Consultant suivant tout deux une Licence Management Des Organisations, Pilotage et Contrôle de la Performance. Pourquoi le choix de l’alternance ? Salomé Mayenaquiby : Face à un marché du travail exigeant où il est demandé aux candidats d’avoir une formation supérieure et de l’expérience, l’alternance par le biais d’un contrat de professionnalisation reste pour ma part la meilleure solution. Elle permet de continuer à accumuler des connaissances en s’affranchissant du carcan un peu rébarbatif du ‘’tout-scolaire’’. C’est finalement un compromis intéressant et puis cela à bonne réputation auprès des recruteurs. L’alternance m’a également permis de grandir, de m’affirmer et de mieux comprendre et d’appréhender les attentes du milieu du travail. Quels-y -sont les inconvénients/contraintes ? Luidgi Valverde : Au début, c’était difficile de tenir le rythme, mais je me suis accroché et je continue à m’accrocher. Pour que ça marche, il faut savoir ce qu’on veut vraiment faire, avoir un

projet et pas juste voir le salaire qui tombe à la fin du mois. On est tout de suite dans le bain, il faut s’investir à fond et donc réfléchir avant de se lancer. Mais dans l’alternance le plus dur est de trouver une entreprise prête à nous accueillir, les places y sont rares et les candidats nombreux. Quel est l’impact sur vos pratiques professionnelles ? L. V : Le fait d’être en alternance, nous permet de confronter directement la théorie acquise à la pratique. On se rend compte qu’il existe une distorsion énorme entre la théorie et les spécificités de chaque secteur. Je sais aujourd’hui quels sont mes points forts, mes faiblesses et je peux les faire valoir en entretien. J’ai gagné en maturité et en autonomie progressivement. J’ai appris à travailler en équipe car je n’en avais pas vraiment eu l’occasion avant. Il y a une dimension passionnelle à l’alternance, dans la mesure où l’on vit nos premiers émois professionnels. Pourquoi cette Licence ? S. B : Parcours logique après un BTS, manager et piloter une entreprise sont des points qui me conviennent. Je souhaite poursuivre dans cette filière et en sortir, prêt à exercer un métier passionnant. L. V : Cette formation permet de former des futurs cadres polyvalents. Elle nous permet de toucher plein de service et secteurs dans l’entreprise. De plus, qu’aujourd’hui, la polyvalence est indispensable pour une meilleure intégration dans l’entreprise. FOCUS F.W.I - 53


ENTREPRENDRE

GENERATION, YES WE CAN !

Le goût de l’entrepreneuriat se développe et transcende les classes sociales, dans un contexte de chômage élevé. Par Ken Joseph et Bruno.G

54 - FOCUS F.W.I


E

n octobre 2015, Johan Dolmare lançait son entreprise. Il n’a que 29 ans et un Bac STI électronique, mais sa force de persuasion, son envie, son énergie balaient tout scepticisme. Sans doute sera-t-elle un succès, cette boutique en ligne d’épicerie fine antillaise qui livre à domicile, épargnant ainsi aux résidents et aux expatriés de pénible expédition, à la recherche de produit introuvable en supermarché ou sur la Métropole. Les produits présents, sur Trankilous.com, sont majoritairement issus du terroir guadeloupéen, une façon pour Johan de soutenir la production locale et de faire connaître ces saveurs d’exception au monde. « Ce n’est pas de tout repos, admet Johan. Mais le travail, ça paie. Je suis un meneur, j’aime les challenges, j’ai cette soif d’être libre et utile. » Les tempéraments de cette trempe ne sont pas rares en Guadeloupe. Les derniers sondages le confirment, estimant qu’environ 50 % des jeunes ont l’intention de créer leur entreprise, d’ici cinq ans au moins pour une majorité. C’est davantage qu’en 2005 (ils étaient 41 % à l’envisager), d’avantage aussi que dans la population française dans son ensemble (30 %). En 2002, 20 % des entreprises créées en France l’étaient par des moins de 20 ans. En 2013, cette proportion s’est élevées à plus de 25 %, selon l’Insee. Quand un jeune sur quatre est au chômage, quasiment un sur deux dans certains quartiers; quand s’enchaînent, au mieux intérim, stages, emplois précaires (contrats aidés…) et CDD, la question de la création d’entreprise semble une solution grandissante. On y voit ainsi une ‘’nouvelle rationalité’’ de temps de crise, surtout si les jeunes sont correctement accompagnés. Depuis 2009, le statut d’autoentrepreneur a simplifié leurs démarches. Les outils informatiques leur donnent accès à l’information, au marché mondial, et leur permettent surtout de créer des services nécessitant peu d’apport de fonds initial. Leur mobilité internationale est une source d’inspiration. Rudy Damase, par exemple, nous raconte qu’en revenant d’un séjour en Colombie, qu’il a décidé de créer un service de livraison nocturne de boissons à domicile ( Tropik Drink), même service qu’il a utilisé lors de son déplacement. Dans les quartiers, le mimétisme joue, les mentalités changent.

Réussir ne se résume plus à décrocher un poste de cadre supérieur ou de haut fonctionnaire. Les jeunes entrepreneurs fournissent d’autres modèles, que valorisent cependant très peu les pouvoirs publics. L’aspiration est forte, mais le passage à l’acte demeure compliqué. Johan et Rudy ont créé leurs entreprises pour ce gout de l’autonomie, se faire une « place » et cette méfiance de la grande entreprise. Toutefois, ces derniers affirment que malgré les difficultés du quotidien, leur action d’entreprendre leurs ont permis de s’éloigner de cette crise qui touche de nombreux jeunes et ainsi créer leur emploi (75 % des chômeurs créateurs l’indiquent comme prioritaire). Cependant, ils regrettent le manque d’accompagnement et la complexité des aides. En effet, les dispositifs foisonnent, sous forme de bourses, concours, programmes d’accompagnement, financements variés, couveuses, incubateurs… Mais faudrait-il encore que ces derniers soient en phase avec la réalité des entrepreneurs et de leurs temps. Dans un contexte national de hausse du chômage en particulier chez les jeunes, la création d’entreprise apparaît comme une solution et un correctif aux imperfections du marché du travail. Notons qu’entre 2003 et 2015 le secteur privé en France n’a créé que 57 000 emplois, soit dix fois moins que l’Allemagne et l’Espagne. En revanche, elle a créé près 230 000 emplois dans le secteur public – fonctionnaires et emplois aidés. Les entreprises ne se développent pas mais les administrations grossissent ce qui ne fait que grandir le déficit public comme les prélèvements sociaux et conduisent inéluctablement à affaiblir le potentiel de croissance. Le énième « nouveau » plan d’urgence contre le chômage n’y changera rien. Un coût - 2 milliards d’euros - pour rien : Former 500 000 chômeurs : même si la formation des chômeurs peu qualifiés est nécessaire et indispensable pour leur permettre de trouver un emploi. Ce n’est pas cela qui va créer des emplois dans le secteur privé, mais encore un peu plus d’emplois publics. L’apprentissage : là encore une mesure indispensable pour l’avenir et qu’il est bien dommage qu’on ait pas mise en œuvre plutôt, mais c’est encore de nouvelles aides qui vont peser sur les comptes publics. La prime à l’embauche de 2000 euros par an pour les PME ne créera pas non plus de nouveaux emplois, les PME n’embaucheront pas parce qu’une prime est accordée mais parce que le besoin d’un salarié supplémentaire est nécessaire (un nouvel emploi s’est créé). C’est la demande qui crée l’activité et l’activité qui crée les emplois. Il faut donc relancer l’activité des entreprises du secteur privé. Des mesures favorisant les travaux d’économies d’énergie dans le logement ou la construction de logements sociaux supplémentaires vont par exemple développer l’activité du bâtiment. C’est la création d’entreprises qui crée des emplois. Il est donc fort utile de favoriser la création d’entreprise nouvelles ou la reprise d’entreprises existantes qui vont disparaître faute de repreneur. Voici-là une piste pour inverser la courbe du chômage. FOCUS F.W.I - 55


CHEFS D’ENTREPRISES

Le Centre de Formation d’Apprentis de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Région des Îles de Guadeloupe vous propose des actions de formation

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PUBLI-REPORTAGE

LA CCI I G , AU CŒUR DE LA

CRÉATION D’ENTREPRISE.

L

’accompagnement des entreprises et des porteurs de projets est au cœur des missions de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Région des Iles de Guadeloupe (CCI IG). Pour ce faire, la CCI IG a développé depuis de nombreuses années divers dispositifs qui répondent aux besoins des porteurs de projets. L’accueil des porteurs de projets et des chefs d’entreprise est effectué sans rendez-vous tous les matins et l’après-midi sur rendez-vous. 85 % des personnes reçues sont des porteurs de projets, et 15 % sont des chefs d’entreprise. La plupart sont intéressés par le secteur du commerce (69 %), des services (19 %) et du tourisme (10 %). L’offre de la CCI IG en matière d’accompagnement à la création recouvre les produits suivants: les Mardis du Tourisme, les Mercredis de la Création d’entreprise, les 5 Jours pour entreprendre et le Club des entrepreneurs. LES MARDIS DU TOURISME. Les Objectifs : - Comment créer son entreprise dans le secteur touristique - Connaître la réglementation des activités touristiques - S’informer sur les classements et labels - Connaitre les aides affectées au tourisme LES MERCREDIS DE LA CRÉATION D’ENTREPRISE Ces matinées d’information gratuites ont lieu 2 mercredis par mois à la CCI IG à Pointe-à-Pitre et 1 mercredi par mois à Basse-Terre. Ces sessions visent un triple objectif : - Situer la future activité de ces porteurs de projets, dans le contexte de la concurrence, qu’il s’agisse d’un projet de Commerce ou de prestation de services. - Orienter leur choix en fonction des dispositions contractuelles et réglementaires qui régissent l’activité commerciale et le statut du chef d’entreprise.

- Découvrir la démarche et disposer des éléments d’analyse leur permettant d’investir dans la formalisation de leur projet et d’en pré-évaluer la faisabilité. Le stage « 5 JOURS POUR ENTREPRENDRE » est un produit du réseau national CCI ENTREPRENDRE EN FRANCE, qui complète utilement l’offre d’accompagnement des futurs créateurs d’entreprises, mise en œuvre par le Département Entrepreneuriat, Commerce, Animation Territoriale et Affaires Internationales de la CCI IG. Les sessions « 5 jours pour entreprendre » permettent aux porteurs de projets : - D’acquérir la connaissance pour concevoir et modéliser un projet de création d’entreprise - D’être sensibilisés aux fondamentaux du pilotage et de la gestion d’entreprise. Cette formation payante, est destinée à tous les porteurs de projets qui souhaitent préparer efficacement leur projet de création d’entreprise (plan d’affaires, et/ou prévisionnel d’activité, choix du statut juridique, financement, aide à l’embauche, etc.). La grande majorité des stagiaires de ces sessions a déjà participé aux « Mercredi de la création d’entreprise». A l’issue de la formation, ils doivent être en capacité de pouvoir créer une entreprise. LE CLUB DES ENTREPRENEURS. Afin d’assurer un suivi des porteurs de projets et des primo créateurs ayant participé aux sessions « 5 jours pour entreprendre », grâce à la collaboration de nos partenaires, nous avons mis en place un « Club des entrepreneurs ». Il ne s’agit pas d’une association mais d’un espace d’échange d’expériences, dont les réunions se tiennent à la CCI IG. Depuis son lancement, différents thèmes ont été abordés, notamment« La direction commerciale partagée » ou encore « Comment négocier avec son banquier ?».

POUR PLUS D’INFORMATIONS CONTACTEZ : Cédric ANGOLE, Conseiller Technique, Tél. 0590 937 741, c.angole@guadeloupe.cci.fr Claude-Henri SAINT-ANDRE, Assistant Technique, Tél. 0590 937 734, c.saint-andre@guadeloupe.cci.fr Elodie ESTHER, Chargée de mission Tourisme, Tél. 0590 937 711, e.esther@guadeloupe.cci.fr FOCUS F.W.I - 57


« La culture de l’entreprise n’est pas du tout intrinsèque aux Antilles. La voie royale est celle du fonctionnariat qui assure la sécurité de l’emploi et des avantages non négligeables. »

LA RENCONTRE

JESSICA BRUDEY, UNE ENTREPRENEURE RÉSOLUMENT DIGITAL... Propos recueillis par Ken Joseph – Photographe Evagency

58 - FOCUS F.W.I


Quel a été votre parcours jusqu’à la création de Foodîles ? Comme beaucoup d’entre nous, j’ai eu un parcours assez classique. Mes parents voulaient que je sois fonctionnaire, j’aimais les enfants alors j’ai choisi de devenir professeur des écoles. Après deux échecs au concours, j’ai eu la chance de côtoyer le monde du journalisme, de la culture et du digital. J’ai alors repris mes études et obtenu un Master en Information, Communication et Patrimoine. Dans une logique entrepreneuriale vous avez créé Foodîles. D’où vous est venue cette envie de créer votre entreprise ? L’année 2012 fut pour moi riche car j’ai non seulement obtenu mon diplôme mais également eu ma fille. Pendant ma grossesse, amoureuse de bons restaurants et gourmet invétérée, j’ai créé un groupe sur Facebook : « Où fait-il bon manger en Guadeloupe ? ». L’idée était d’y partager des bonnes adresses, des photos et des avis. Face au succès rencontré et constatant que ce problème est important malgré les nombreux annuaires existants, j’ai décidé de créer Foodîles. C’est d’ailleurs le groupe qui a trouvé le nom. Foodîles est un guide digital au service des gourmets de la Guadeloupe. Grâce à une application et à un site web, les utilisateurs (locaux ou touristes) ont accès à une liste d’établissements rigoureusement sélectionnés, géolocalisés et pour lesquels ils peuvent partager des photos, des avis et télécharger des offres de réduction. Depuis peu, je propose également la réservation en ligne. Quelles-sont les difficultés que vous rencontrés sur le terrain ? Le digital est nouveau aux Antilles-Guyane et si faire comprendre son impact aux jeunes restaurateurs est assez facile, ça l’est beaucoup moins pour les restaurants tenus par des personnes d’âge mûr. D’autre part, le marché est saturé d’offres commerciales et beaucoup de restaurateurs échaudés par des pratiques douteuses font beaucoup moins confiance. Est-il judicieux de vouloir lancer un nouveau business en période de crise ? Ne dit-on pas que du chaos naissent les étoiles ? Notre société fait face à de nouveaux problèmes et a donc besoin de nouveaux entrepreneurs avec de nouvelles solutions. Mais, il est important de penser son business à N+10 et pas dans l’immédiateté. Il faut avoir plusieurs plans en tête. On dit souvent que, pour créer une entreprise, il vaut mieux avoir un problème qu’une idée… C’est essentiel car les idées ne valent rien. Tout est dans l’exécution. Des centaines de milliards d’idées vagabondent dans les esprits tous les jours mais combien résolvent à un problème à la fois réel, général et de façon rentable ? On parle de plus en plus de « métier d’entrepreneur » et de formation entrepreneuriale. Pensez-vous qu’il soit important de se former pour entreprendre ? Je le pense réellement. Je regrette de n’avoir pas été touchée par la fièvre entrepreneuriale plus tôt. Des études de commerce m’auraient certainement rendues plus aguerri sur le terrain. S’il n’est pas indispensable de se former, je pense qu’il est fondamental d’être bien entouré. La jungle entrepreneuriale est profonde et sournoise et il est important de ne pas prendre ce chemin seul.

Avez-vous suivi une formation dans ce cadre ? Même si je n’ai pas eu de formation dans ce domaine, je me nourrie des parcours d’entrepreneurs locaux, nationaux ou internationaux à succès. Il existe également pléthore de sites et de Mooc permettant d’être suffisamment pointu sur le sujet. Mais, rien ne vaut la réalité du terrain. C’est en étant au contact de mes clients et de mes utilisateurs que j’adapte mon produit et mes offres. Il est important de garder l’esprit ouvert. Après plus d’un an d’existence, comment comptez-vous vous développer dans les années à venir ? Après un an et demi d’existence, Foodîles continue à développer ses évolutions et à proposer ses services aux restaurateurs. Nous terminons quelques évolutions et seront bientôt prêts à toucher de nouveaux territoires et à proposer de nouveaux services. À quoi reconnaît-on un entrepreneur ? L’entrepreneur est guidé par la passion et par l’audace. Si l’on veut être sûr de manger tous les jours, dormir 8 heures par nuit et toucher un salaire de façon régulière chaque mois, il ne faut pas choisir l’entrepreneuriat. Cette définition d’un entrepreneur de Reid Hoffman (fondateur de LinkledIn) me parle beaucoup : « C’est quelqu’un qui saute de la falaise et construit un plan au cours de la descente ». Rien n’est écrit, rien ne fonctionne comme on le prédit… Un entrepreneur pense 24h/24 à son entreprise, à apporter des réponses efficaces aux problèmes de ses clients, à rendre son entreprise pérenne. Le meilleur entrepreneur est celui qui apprend de ses échecs. Peut-on dire qu’il manque aux Antilles une culture de l’entreprise? La culture de l’entreprise n’est pas du tout intrinsèque aux Antilles. La voie royale est celle du fonctionnariat qui assure la sécurité de l’emploi et des avantages non négligeables. A l’heure où le chômage touche plus de 25% de nos jeunes, je ne peux blâmer les parents qui poussaient dans cette voie. Par contre, je demande aux jeunes parents de mon époque de faire confiance à leurs enfants, de leur dire qu’ils sont capables de grande chose. Il est important de leur inculquer très tôt que le monde leur appartient et qu’ils peuvent devenir ce qu’ils veulent être à force de passion et d’audace. Avez-vous bénéficié d’accompagnement dans le cadre de la création de votre entreprise ? Etant inscrite au Pôle Emploi, j’ai eu l’opportunité de bénéficier de l’accompagnement à la création d’entreprise et également du suivi d’Initiative Guadeloupe. Pensez-vous que les dispositifs d’aides et/ou d’accompagnements mises en place par les différentes institutions sont en adéquation avec les besoins des entrepreneurs ? Les dispositifs d’accompagnement à la création sont très nombreux mais évoluant dans le digital, je n’ai pu trouver d’intervenants qualifiés sur le sujet. Enfin, les aides sont importantes mais encore trop confidentielles. Ces dispositifs ont le mérite d’exister car les banques sont extrêmement frileuses. Par contre, il est indispensable que l’entrepreneur qui débute sache qu’il ne doit pas attendre sur des subventions pour créer et faire vivre son entreprise. FOCUS F.W.I - 59


LITTÉRATURE

biographie

Parce qu’ils ont marqué son parcours, Audrey Pulvar brosse le portrait d’une vingtaine d’hommes aux destins exceptionnels qui ont fait des choix allant à l’encontre de leur époque et des conventions sociales. D’Alexandre Dumas à Salman Rushdie, en passant par Albert Camus, James Baldwin ou Martin Luther King, ces hommes se sont imposés comme de véritables pionniers. En prenant le risque de s’affranchir de leur temps, ils ont écrit l’histoire et contribué à la défense des libertés. Audrey Pulvar les raconte avec toute la force de ses convictions et son attachement profond à chacun d’entre eux.

ENTRETIEN AVEC

AUDREY PULVAR

Cet ouvrage est-il le pendant masculin de votre précédent ouvrage Libres comme elles ? L’actualité nous montre à quel point les valeurs de la République doivent encore être défendues. Il me semble indispensable dans ce contexte de rappeler un certain nombre de combats menés pour la liberté. Ce que j’avais fait dans Libres comme elles en présentant une vingtaine de femmes qui ont marqué leur temps. Et que je fais à nouveau en rendant hommage à un ensemble d’hommes qui ont contribué à la défense des libertés. Qui sont-ils ? Ce sont des artistes, des écrivains, des compositeurs, des esprits aux aguets dont la liste semblera forcément incomplète et arbitraire. Comme pour les femmes, ces hommes Libres et insoumis ont beaucoup compté pour moi à un moment donné de mon parcours, ils ont construit ma vision épistémologique du monde. Ce sont des architectes de l’humanité, bien plus politiques que beaucoup de gouvernants, car eux savent convoquer la beauté en tout espace et délivrer en nous, même au plus sombre de la tyrannie, l’étincelle qui saura mobiliser les forces inaliénables de la condition humaine. Libres et insoumis, de Audrey Pulvar, édition de la Martinière, 35 €. 60 - FOCUS F.W.I

Audrey Pulvar a intégré l’école Supérieure de Journalisme de Paris dont elle sort major en 1994. Elle débute à Antilles Télévision, en Martinique, chaine dont elle deviendra la directrice de la rédaction entre 1999 et 2002. En 2003, elle rejoint France 3 où elle présentera notamment le Soir 3 et le 1920, avant de rejoindre i-Télé en 2009. Aujourd’hui, Audrey Pulvar présente le Grand JT et anime le débat « On Ne Va Pas Se Mentir » sur I-télé. Elle collabore également au « Grand 8 » de Laurence Ferrari sur D8. L’Enfant bois, son premier roman, est paru au Mercure de France en 2004 et a obtenu le Prix Carbet des Lycéens. Audrey Pulvar a reçu le trophée des femmes en Or (catégorie média) en 2008.

Extrait Parce qu’ils ne voulaient pas se contenter de vivre telles des fourmis satisfaites, parce que l’histoire leur commanda un engagement total pour défendre l’humain en eux et donc en chacun de nous. Parce qu’ils sont ceux qui, aux côtés de Barbara, Angela Davis, ou Doris Lessing, se rappellent à mon souvenir dans l’exercice quotidien de l’existence, ceux dont je relis les œuvres, me berce des chansons, m’inspire au jour le jour, les xapri des indien yanomani, ces esprits magnifiques et puissants descendant régulièrement de la montagne jusqu’à eux, au cœur de leur terre-forêt. Parce que poètes, selon le mot de Shelley, sont les o÷÷législateurs secret du monde... (...) Après le goût du combat pour la liberté d’être-soi, défendu par Elles, j’ai voulu transmettre le sens de l’universel défendu par Eux. Celles-là structurent ma pensée féministe et ma relation politique à l’autre, ceux-ci construisent ma vision épistémologique de l’existant. Archipel, lieu, Tout-Monde, horizon: « L’unique hurlement est en toi », écrit Chamoiseau.

DU MÊME AUTEUR L’ENFANT-BOIS (2003)

LIBRES COMME ELLES (2014)


(COUP DE CŒUR)

TA-NEHISI COATES UNE COLÈRE NOIRE

Le corps des Noirs, marqué par l’esclavage, continue d’être violenté au nom du rêve américain. Avec cet appel criant à l’adresse de son fils, un écrivain est né. « Je te le dis : cette question — comment vivre avec un corps noir dans un pays perdu dans le Rêve — est la question de toute ma vie. » Poignante lettre adressée par Ta-Nehisi Coates à son fils de 15 ans, Une colère noire a connu, depuis l’été 2015, un succès fracassant aux États-Unis, faisant de l’auteur, jeune journaliste à The Atlantic, l’un des intellectuels les plus écoutés du moment. Récompensé par le National Book Award, le livre a surtout été adoubé par la romancière Toni Morrison, qui a accueilli Ta-Nehisi Coates, né à Baltimore en 1975, comme la nouvelle voix capable de remplir le vide causé par la mort de l’écrivain James Baldwin en 1987. C’est à une série de gouffres que s’attaque Une colère noire : celui qui sépare d’abord le mirage du rêve américain, son prétendu confort égalitaire et protecteur (ses « belles pelouses » et ses « allées privées »), de la réalité de l’injustice et de la peur ressenties par l’auteur tout au long de sa vie. Une insécurité physique, viscérale, « terreur pure de la désincarnation, de la perte de mon corps », allant de la violence de la rue, des couteaux et armes à feu aux arrestations et fouilles arbitraires, en passant par le tout-venant des vexations racistes (ainsi cette femme qui, par une petite tape dans le dos doublée d’un « Allez ! », s’en prend au fils de Ta-Nehisi Coates qui, à l’âge de 5 ans, lambinait dans un cinéma). Cette permanente dépossession de soi est un héritage de la fabrique raciste, autre gouffre qui désunira à jamais les Noirs des Blancs — « ils ont transformé nos corps pour en faire du sucre, du tabac, du coton et de l’or » : « N’oublie jamais que nous avons été esclaves dans ce pays plus longtemps que

nous n’avons été libres. » Cette longue histoire pleine de cicatrices ne souffre aucune compensation. Dans ce livre, passation générationnelle si tragique, le père ne laisse donc pas d’espoir à son fils, qui aura toujours « le vent de face et les chiens sur les talons » : « Ne détourne jamais les yeux de cette réalité. » Les victimes se nomment Michael Brown, Eric Garner ou Trayvon Martin. Gouvernée par un président noir, l’Amérique a connu une recrudescence de violences perpétrées par des policiers souvent acquittés, meurtres racistes systémiques, « carburant » qui alimente, encore et toujours, « la machine américaine » de destruction du corps noir. Ce gouffre, c’est finalement celui qui sépare l’auteur du monde, vertige que Ta-Nehisi Coates a choisi, dans ses articles et essais, de décrypter, sans passer sous silence la froideur qu’il a par exemple ressentie devant les ruines du 11 Septembre : « J’avais mes propres désastres à affronter »... Voilà pourquoi le titre américain, Between the world and me (entre le monde et moi), s’avère bien plus riche que le cliché français de la «colère noire » — sans compter que la figure du Black enragé (homme ou femme...) est l’un des stéréotypes racistes les plus tenaces outre-Atlantique. Si l’écriture compense en partie la blessure de la dépossession de soi, c’est qu’elle s’incarne dans l’épaisseur d’une vie, qui éclot dans le Baltimore des années 1970, se confronte à la rue et à l’école, les « deux bras d’un même monstre », à l’identification avec Malcolm X, pour trouver une voie à l’université Howard à Washington, « La Mecque, carrefour de la diaspora noire », puis dans le journalisme. Jusqu’à cette déclaration d’amour, désespérément lyrique, à son fils : « Je devais, je dois survivre pour toi. » | Between the worl and me, traduit de l’anglais par Thomas Chaumont, préface d’Alain Mabanckou, ed. Autrement, 202 pages, 17 €. FOCUS F.W.I - 61


MUSIQUE

ADELE

The Queen is back !!! Elle a conquis la planète avec son timbre de contralto, ses chansons introspectives et ce côté décalé très British, toujours dans l’autodérision. Après trois ans de silence, Adele revient avec un album très attendu, « 25 ». Dans le clip de son premier single pop-soul, « Hello », la star britannique est filmée par Xavier Dolan : maquillage minimaliste, regard bleu pâle translucide d’icône hitchcockienne, elle apparaît comme l’héroïne d’un film noir, un téléphone à clapet très rétro à la main, une larme imbue de Rimmel et le silence à l’autre bout du fil. Le single triomphe immédiatement, se classant numéro un dans tous les charts du monde. « Son chant laisse une trace », avait dit en 2010 la chanteuse Amy Winehouse, à laquelle Adele a été comparée à ses débuts. Leurs looks étaient différents, mais leurs voix ont fait trembler d’émotion la planète. Tout comme Amy, qui lui manque, dit-elle, Adele aurait pu s’écrouler sous son succès vertigineux : 9 Grammy Awards, plus de 30 millions d’exemplaires écoulés avec son dernier album « 21 » en 2011..., et l’oscar de la Meilleure Chanson originale pour l’avant-dernier James Bond, « Skyfall ». « Être célèbre est effrayant... Tout cela est allé tellement vite », déclare aujourd’hui la chanteuse de 27 ans. Adele affirme être toujours cette fille née dans le quartier multiethnique et pauvre de Tottenham, abandonnée par son père à 4 ans, et qui a composé sa première chanson à 16 ans sur sa guitare. Puisant toujours dans son vécu, elle n’hésitera pas à livrer des chroniques déchirantes de ses ruptures amoureuses, à l’image de « Someone Like You ». Si les morceaux de « 25 » sont traversés d’une même mélancolie cathartique, ses mélodies, elles, savent désormais se draper de rythmes accrocheurs. Dans « River Lea », en duo avec le DJ et producteur Danger Mouse, elle chante sur un chœur de claviers créés à partir de sa voix. « Water Under the Bridge » évoque les ballades entraînantes de Michael Jackson et « Million Years Ago » sonne comme un tube des années 1990 de Madonna mixé au groove de « The Girl from Ipanema ». Admirée par Aretha Franklin, Beyoncé, Kate Bush et Stevie Nicks, son idole, Adele ne chante pas, elle incarne. Elle n’interprète pas, elle est... 25, Adele (XL Recording).

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Une ligne de vêtement XXL

Après un grand succès musical la chanteuse Adele se dirige vers d’autres horizons. Selon le site NME, qui reprend les informations de l’hebdomadaire « Now Magazine », la star britannique envisagerait désormais d’ouvrir sa ligne de vêtement XXL. L’interprète a décidé de créer des vêtements spécialement conçus pour les femmes rondes et actives qui se veulent stylées et chics. La jeune femme de 27 ans a de l’ambition et elle compte bien en profiter pour obtenir du succès.

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TECHNO

LA MINUTE HIGH-TECH

Les nouveautés qui nous font désirer le progrès

iPad Pro, Apple, à partir de 919€

Yoga 3 14 pouce, LENOVO, à partir de 699€

Smartphone PRIV, BlackBerry, à partir de 799€

Appareil photo numérique instantané, Polaroid Snap, 99,99€

Enceinte portable Pulse 2, JBL, 190€

Chromecast Audio, Google, 78€ FOCUS F.W.I - 63


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UNIQUE NEW DS 4

Puissance des lignes, personnalité affirmée... Nouvelle DS 4 associe élégance et sportivité... Berline premium, elle offre également des sensations de conduite inédites et un intérieur raffiné, issu du meilleur savoir-faire à la française, qui en font un véhicule d’exception. Nouvelle DS 4 ne se prête à aucune comparaison.

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La Nouvelle DS 4 associe élégance et sportivité… Berline prémium, elle offre également des sensations de conduite inédites et un intérieur raffiné, issu du meilleur savoir-faire à la française qui en font un véhicule d’exception. Nouvelle DS 4 a réussi donc son pari du chic et du raffinement en embarquant à son bord, le savoir – faire des maisons de luxe parisiennes. Du jamais vu dans le monde de l’automobile, La Nouvelle DS 4 s’inscrit ainsi parfaitement dans la philosophie de la marque DS, où le luxe se conjugue à la distinction. Elle offre une morphologie unique, des lignes fluides, sculptées et élégantes, avec notamment des signatures chromées sur la carrosserie (calandre et bouclier avant et arrière, baguettes latérales, contour des vitres …). Embellie de nouveaux codes esthétiques, elle adopte les projecteurs DS LED VISION et la calandre DS Wings déjà présents sur Nouvelle DS 5. Dynamique, avec une nouvelle assiette plus affirmée, renforcée par des roues larges, aux quatre coins, et au style remarquable, lui confère une allure plus sportive et racée. Cette nouvelle DS 4 possède tous les attributs de la berline premium et promet des sensations et du plaisir de conduite. Afin de parfaire la qualité de vie à bord, DS se devait d’innover et de proposer de nouvelles expériences technologiques. Le Nouvel écran tactile 7 pouces couleur vous permet d’utiliser le GPS, mais aussi plusieurs fonc66 - FOCUS F.W.I

tions relatives à l’audio ou bien encore la connectivité (tuner numérique, jukebox intégré de 7gb, prise jack, bluetooth, prise usb et lecteur CD). Cette navigation tactile avec fonction Mirror Screen (qui inclut les protocoles Mirror Link et Car play) est aussi couplé à la caméra de rucul. Pour rassurer la sécurité et sérénité, la Nouvelle DS 4 bénéficie également de l’offre DS Connect Box avec le pack SOS & Assistance, un système précurseur qui permet l’appel automatique d’urgence et l’assistance localisée avec envoie de secours adéquats en cas de problème. De nouvelles motorisations sobres et puissantes placent la Nouvelle DS4 au niveau des meilleurs de la concurrence prémium. Réconcilier l’inconciliable : De l’essence au Diesel, l’ensemble des moteurs proposés offre puissance (de 120 à 210 ch), une consommation sobre (entre 3,7 l/100 et 5,9 l / 100 l) et respect de l’environnement (entre 97 et 138 g/km de CO2) . Nouvelle DS 4 27 500 € TTC. DS AUTOMOBILES SHOWROOM ZI des Pères Blancs - 97123 Baillif T. 0590 410 101 Carrefour Grand-Camp - 97151 Pointe-à-Pitre T. 0590 212 733


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ROOM SERVICE

le Sereno. SAINT-BARTHÉLÉMY

S

aint-Barth est l’une des destinations-vacances les plus en vue et exclusives du monde. Située dans les Antilles françaises, cette île ne fait que 21 kilomètres carrés, mais sa superficie réduite est largement compensée par son style, sa sophistication et son luxe décontracté. Dotée d’une personnalité et d’une sensibilité bien particulières, Saint-Barth s’adapte aisément à tout style de vie et offre naturellement un lieu où chacun peut jouir du meilleur des mondes. Le Sereno est le point de départ parfait pour découvrir tout ce que Saint-Barth peut offrir. Le Sereno est un hôtel intimiste de 36 suites et un SPA sur front de plage ainsi que de trois grandes villas de quatre chambres à coucher avec une vue exceptionnelle sur le lagon de Grand-Cul-deSac. Inspiré par le fabuleux cocktail de luxe et de simplicité propre à cette île, le célèbre designer parisien Christian Liaigre en a fait le plus élégant et exclusif des sanctuaires parmi les prestigieux hôtels implantés à Saint-Barth. Les suites du Sereno s’étendent le long de 180 mètres de plage à Grand Cul-de-Sac et offrent, ainsi que les Villas les surplombants, de somptueux panoramas sur les eaux turquoise de la mer des Caraïbes. Soucieux d’offrir un service personnalisé, notre personnel parfaitement formé et disponible 24h/24 met un point d’honneur à anticiper et satisfaire le moindre souhait de nos invités via divers équipements et services dédiés au ‘luxe décontracté’. Lieu idéal pour découvrir toutes les merveilles de Saint-Barth, Le Sereno dépasse les attentes en sublimant l’esprit et l’énergie de l’île. 68 - FOCUS F.W.I


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LE RESTAURANT

SERENO Le restaurant du Sereno offre une élégante cuisine méditerranéenne dans un style décontracté, profitant des trésors de la mer des Caraïbes avec un accent italien en clin d’œil à l’hôtel Il Sereno situé au Lac de Come ainsi que les nationalités italienne des propriétaires et du Chef. Le Chef Alex Simone offre aux clients des expériences uniques avec des plats diversifiés. Les recettes traditionnelles méditerranéennes comme le Vitello Tonnato sont transformées par le Chef en plats d’exceptions grâce aux produits les plus frais, sans oublier l’emplacement d’exception du restaurant, face au lagon et à sa plage de rêve. Le menu met en évidence un éventail de vibrantes saveurs, comme le poisson en croûte de sel et ses herbes aromatiques du lac de Come, ainsi que des noix de saint-jacques aux herbes avec du safran. L’accent italien se ressentira et se goutera dans tous les recoins du menu, tout particulièrement dans le plat signature du restaurant Le Sereno, le fameux Gnocchi, traditionnel du Lac de Come, fait à partir de farine de sarrasin avec de la sauce tomate aromatisée à la sauge. (La sauge est une herbe aromatique typique du lac de Come). Sans oublier le fameux homard linguine du Il Baretto, fait maison avec du homard frais qui arrive quotidiennement sur la plage privé de l’hôtel Sereno.

le sereno. Hotel and Villas Le Sereno | Saint-Barthélemy FWI Grand Cul de Sac BP 19 info@lesereno.com T. +59 (05) 90 29 83 00 www.lesereno.com 70 - FOCUS F.W.I


FLACONS AMBRÉS

LA SÉLECTION,

PRESTIGE SPIRITUEUX KARUKERA CUVÉE CHRISTOPHE COLOMB

Fruit d’un subtil assemblage de rhums hors d’âge, la Cuvée Christophe Colomb 1493 exprime au plus haut point le caractère riche et complexe des rhums Karukera. Mise en carafe au Domaine, cette cuvée célèbre, plus d’un demi-millénaire après sa découverte par Christophe Colomb, « l’île aux belles eaux » (la Guadeloupe), connue des Amérindiens sous le nom de Karukera. Environ 189 euros l’unité.

PÈRE LABAT 8 ANS TRÈS VIEUX

Située depuis 1863 sur l’île de Marie-Galante, à Grand Bourg, la petite distillerie Poisson élabore un rhum agricole très célèbre. Baptisé Père Labat, en hommage à un moine missionnaire connu pour avoir non seulement relaté ses aventures antillaises au 17e siècle, mais aussi amélioré le fonctionnement des alambics utilisés à cette époque, il est considéré par les puristes comme l’un des meilleurs au monde. Environ 129 euros l’unité.

NEISSON 1995 JOINT BOTTLING VELIER

Depuis sa création en 1931, la distillerie familiale Neisson élabore des rhums agricoles dans la plus pure tradition martiniquaise. Sélectionnée en partenariat avec Luca Gargano (rhums Velier), cette vénérable version de 19 ans brave avec fierté toutes les épreuves du temps. La manière dont les notes de chêne se réduisent en une fine poussière boisée pour mieux laisser s’exprimer les fruits et les épices, est un pur moment de poésie. Environ 565 euros l’unité.

BIELLE 2007

Mis en vieillissement en 2007 dans les chais de la distillerie Bielle, au cœur de Marie Galante, cette version illustre le style à la fois limpide et complexe des rhums vieux agricoles Bielle. Embouteillé au degré naturel, « brut de fût », BIELLE 2007 offre une concentration aromatique d’exception. Environ 95 euros l’unité.

L’ABUS DE L’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ À CONSOMMER AVEC MODÉRATION. FOCUS F.W.I - 71


Sac à dos Aero, Buscemi, 3 500€

Carry On THE LINE-UP

Meilleur compagnon de nos années collège, le sac à dos n’est pourtant plus réservé aux bancs de l’école. Après avoir fait son come back il y a quelques saisons, il poursuit son ascension mode sur notre dos. Coloré, en cuir ou minimaliste on l’adopte sans tarder. Zoom sur 8 sacs à dos aussi cool que chic.

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Sac à dos Hunting Line, Saint-Laurent, 680€

LE VESTIAIRE

Sac à dos, Burberry, 925€

Sac à dos Ligth Weight, Tom Ford, 2 750€

Sac à dos Small Marty, Mulberry, 995€

Sac à dos, Dior Homme, 2 300€

Sac à dos Camouflage, Valentino Garavini, 1 700€

Sac à dos Horizon, Berluti, 2 760€ FOCUS F.W.I - 73


THE GRAND SEDUCTION Eau de toilette intense Le Mâle Ultra, Jean-Paul Gauthier Eau de parfum Terre d’Hermès, Hermès Eau de toilette Uomo Édition noire, Valentino Colonia Club, Aqua Di Parma

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Crème nettoyante purifiante pour visage, Aesop, 31€ les 100 ml

Kit rasage, Pankhurst Londre, 300,90€

Serum Hydratant non gras pour le visage, Aesop, 51€ les 100 ml

LES AS DU GROOMING C’est l’une des tendances de la consommation actuelle, valable pour toutes les générations. Les hommes ont envie de vivre l’expérience de l’art de prendre soin de soi. Retour sur les temps forts du grooming au masculin....

Crème anti-âge Hydratante, Clinique for Men, 37,76€ les 100 ml

Huile pour visage 03, Dr Jackson, 35€ les 25 ml

Crème raffermissante eyes, Perricone MD, 62,24€ les 15 ml

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BEAUTY RADAR Par Ken Joseph – Photographe Georges-Emmanuel Arnaud.

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A DECADENT LIFE Decadence est une fragrance boisée sensuelle et opulente. Le parfum captive par ses notes suaves de prune italienne succulente et de safran doré. Eau de Parfum, Decadence, Marc Jacobs, 121,95 les 100ml.

LE RITUEL La crème d’exception nouvelle génération, enrichie des Éphémères de Planifolia : des molécules rares et puissantes qui disparaissent presque aussi vite qu’elles apparaissent, au cours de la maturation du fruit. Éphémères dans la nature, éternelles au cœur de la formule, ces molécules extraordinaires transmettent à la peau leur infini pouvoir de régénération. Intensément revitalisée, elle retrouve sa force, son éclat, sa perfection. Sublimage La Crème, Chanel, 320,00€

ROUGE SATIN

L’INALTÉRABLE Léger comme une plume. Inaltérable comme une encre. Yves Saint Laurent révèle un blush capable de tout exprimer, sans compromis. Avec leurs couleurs ultra longue durée, et leur sensation aussi légère qu’une plume sur la peau, les quatre teintes couture offrent au visage une harmonie élégante et sophistiquée. Le Blush Teint Encre de Peau offre aux joues ce que Le Teint Encre de Peau procure au teint. Une tenue irréprochable pendant 12 heures. Le Blush Teint Encre De Peau, Yves Saint-Laurent, 32,80€

L’IRRÉSISTIBLE

Le rouge à lèvres Satin Soyeux, une couleur profonde et généreuse alliée à un effet onctueux. Rouge Louboutin Satin Soyeux, Christian Louboutin, 80€

HOT SPOT Votre peau, presque nue, mais en mieux. Cette formule élaborée sans huile offre un voile translucide de couleur et de protection solaire tout en réduisant visiblement l’hyperpigmentation et les taches en à peine quatre semaines. Infusée avec des ingrédients dérivés de produits botaniques pour immédiatement hydrater la peau desséchée. Les koparas de Polynésie française et l’eau de mer riche en minerais raniment et reminéralisent la peau pour un éclat plus doux, plus lisse, plus rayonnant et plus naturel. Pure Radiant Tinted Moisturizer, Nars, 38,00€

Lumineux et irrésistible, ROUGE COCO décline en 24 nouvelles teintes uniques, qui sont autant de coups de foudre et de love story à venir. Avec sa nouvelle texture, il glisse voluptueusement sur les lèvres pour un effet satiné, une couleur vibrante et une hydratation tout au long de la journée.. Rouge Coco, Chanel, 38,00€

ARME ABSOLUE Arme absolue d’un regard irrésistible, le mascara volume AQUA SMOKY EXTRAVAGANT réunit à lui seul tous les désirs. L’impact bluffant de ses pigments ultra intenses rend le regard inévitable. Aqua Smoky Extravagant, Make Up For Ever, 23,50€

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PRÉCIEUX DESIGN

Jouant de la géométrie, réconciliant faste et épure, les nouvelles créations horlogères imposent leur ultramoderne sophistication. 1. Chaumet, Montre Joséphine Grand Modèle. 2. Cartier, Montre Baignoire Grand Modèle 3. Chaumet chez cadrans, Montre Liens. 4. Dior, Montre Mini D Serti Neige. 5. Louis Vuitton, Montre Tambour Monogram. 6. Chanel, Montre Première Acier Serti. 7. Hublot, Montre Classic Fusion Titanium Diamonds. 8. Dior, Montre VII Grand Bal Drapée. 9. Bvlgari, Montre Full Diamond Tourbillon.

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HERMÈS, SAC BIRKIN, PRIX N.C.

CHANEL, SAC BOY, PRIX N.C.

Oh my BAG !!! SANDRO, SAC ADULA, 295,00€

DOLCE & GABBANA, BORSA A TRACOLLA PELLE DOLCE BAG, 995,00€

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STRIKE A POSE NO TREND JUST FOCUS Photographe Éric Corbel | Stylisme Ken Joseph | Réalisation Mike Matthew. Mise en beauté Karine Gatibelza pour Make Up Box | Hair Charlène Maurin | Studio Make Up For Ever Modèles : Juliette Alimanda, Lionel Laurendot et Sophie Corvo.

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T-shirt bicolore jaune et Jupe midi portefeuille, Mango. Collier tribal, Showroom B. Jonc argent dorĂŠ tĂŞte de tigre, Carat. 82 - FOCUS F.W.I


Maillot de bain asymétrique noir, Rommane. Collier torque tribal, Showroom B. Montre cuir doré, Lip et Bagues Freywille, Carat.

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Robe mi-longue bleue, Rommane. Collier or avec cordon bleu avec lapis naturelle, Point Or et Bracelets, Christian Lacroix, Point Or.

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Ensemble short et t-shirt en dentelle rouge, Jour Et Nuit. Bague céramique blanc or gris et diamants, Guy Laroche et Montre cuivrée, Lip, Carat.

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Chemise slim-fit Ă carreaux en coton vermillon, Gilet chambray poches bleu indigo, Ceinture fine en cuir marron et Chino slim-fit coton gris glacĂŠ, Mango. Montre acier, Pequignet, Carat. FOCUS F.W.I - 87


Chemise slim-fit blanche, Veste slim-fit à carreaux, Chino slim-fit coton orange et Ceinture croûte de cuir marron, Mango. Chelsea Boots cousu blake noir, Eram. Montre ronde solo or rose, Cartier, Carat. Bracelet argent obsidienne noire, Thomas Sabo, Point Or et Chevalière carré onyxe, Point Or. 88 - FOCUS F.W.I


Combinaison noire, Jour Et Nuit. Collier, Showroom B. Manchette argentée, Jo Boutique. Sandales effets python irisé, Eram.

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Robe longue lamée noire et argentée, Jour Et Nuit. Collier argent pendentif ajouré, Carat.

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Salopette bleu marine, Jour Et Nuit. Sandales à franges jaune, Eram. Créoles classiques or jaune diamètre 5,5 cm, Collier grain d’or avec barillet or jaune, bracelet grain d’or jaune, Carat. Montre dame dorée, Herbelin, Carat.

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Chemise slim-fit blanche, Veste slim-fit grise, Nœud papillon structuré bleu, Ceinture cuire grainé marron moyen et Bermuda coton à revers bleu nuit, Mango. Montre jaune, Tissot, Carat. FOCUS F.W.I - 93


Top noir, H&M. Jupe plissé rétro fleurie, Jo Boutique. Bague florale argent plaqué jaune, APM Monaco, Point Or.

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T-shirt bicolore et Jean skinny Belle black denim, Mango et Sandales, Jo Boutique. Collier plaquĂŠ or, maille ovale, Bracelet symphonie florale et Bracelet symphonie safari, Freywille, Carat. FOCUS F.W.I - 95


Chemise Tailored slim-fit coton bleu ciel, Blazer déstructurée en maille bleu encre, Cravate soie structurée bleu marine, T-shirt col tunisien gris chiné moyen et Jean Jude skinny bleu marine foncé, Mango. Montre acier noir 1974, Lip, Carat. . 96 - FOCUS F.W.I


Gilet long masculin, Mango. Boucles d’oreille, Collier cordon noir et pie martelÊ or jaune et Bracelet, Dinhvan, Carat. Sandales Jaune, JustFab. FOCUS F.W.I - 97


CARNET D’ADRESSES

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CARAT Centre commercial Destreland 97122 Baie-Mahault T. 0590 217 370

MANGO Centre commercial Destreland 97122 Baie-Mahault T. 0590 418 644

ERAM Jardi Village 97122 Baie-Mahault T. 0590 958 136

POINT OR C.C Géant Casino - Bas-du-Fort 97190 Le Gosier T. 0590 909 344

JO BOUTIQUE Bd de Houelbourg - ZI Jarry 97122 Baie-Mhault T. 0590 867 334 36 avenue Hegesippe Ibene 97180 Sainte-Anne T. 0590 887 832

ROMMANE C.C Géant Casino - Bas-du-Fort 97190 Le Gosier T. 0590 886 508 SERGE BLANCO Les Galeries de Houelbourg 97122 Baie-Mahault T. 0590 418 644

JOUR ET NUIT 1476 rue H. Becquerel Imm. Sas. ZI Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 996 214

SHOWROOM B 5 rue du Docteur Cabre 97100 Basse-Terre T. 0590 988 535

MAKE UP BOX Imm. Technopolis 2 - ZI Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 810 495

TALONS AIGUILLES SUITE Les Galeries de Houelbourg 97122 Baie-Mahault T. 0590 926 214

MAKE UP FOR EVER Gallerie de Houelbourg ZI Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 388 417

TROPIK DRINK Ho chi mîn 97100 Basse-Terre T. 0690 331 569


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L’INSPIRATION PEUT VOUS CONDUIRE ENCORE PLUS LOIN.

DS 4 CROSSBACK

Né pour l’évasion, DS 4 Crossback vous permet d’explorer de nouveaux territoires. Grâce à son Contrôle de Traction Intelligent et ses motorisations efficientes, votre plaisir est garanti aussi bien en ville que lors de vos envies d’aventures.

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D S A U T O M O B I L E S C H E Z A U T O G U A D E L O U P E À P O I N T E - À - P I T R E 0590 21 27 33


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