FOCUS F.W.I N12

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FOCUS ®

F.W.I

DÉC - JANV 2017 #12 • GRATUIT

HARRY DURIMEL LA GRANDE INTERVIEW

LE PARI RÉUSSI DE

Grégory BAUGÉ L’âme d’un champion

DONALD TRUMP

FRANÇOIS PREMIER

On n’a rien vu venir

LE LABO

LA COURBE TANT ATTENDUE

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DS DS33GIVENCHY GIVENCHY

Édition ÉditionLimitée Limitéeàà600 600exemplaires exemplaires

Teinte Teinte de de caisse caisse texturée texturée Blanc Blanc Opalin Opalin et pavillon et pavillon Whisper Whisper Bandeau Bandeau de de planche planche de de bord bord rose rose poudré poudré - Kit - Kit de de maquillage maquillage dans dans l’accoudoir l’accoudoir avant avant siglé siglé Givenchy Givenchy Projecteurs Projecteurs DSDS LED LED Vision Vision - Jantes - Jantes alliage alliage 17’’ 17’’ diamantées diamantées - Navigation - Navigation tactile tactile (2) (2) Noir Noir Basalte Basalte Sièges Sièges cuircuir

Spirit Spirit of avant-garde of avant-garde = L’esprit = L’esprit d’avant-garde d’avant-garde 3 DS : DE3 3,0 : DEÀ3,0 5,6ÀL/100 5,6 L/100 KM ET KM DEET79DEÀ 79 129À G/KM 129 G/KM CONSOMMATIONS CONSOMMATIONS MIXTES MIXTES ET ÉMISSIONS ET ÉMISSIONS DE CO DE2 DE CODS 2 DE 2 - FOCUS F.W.I


D S ADUS TAOUMTO OBMI LOEBSI LCEHS ECZ HAEUZT A OUGT U O AGDUEAL O D EULPOE UÀP EP OÀ I N PO T EI N - ÀT-EP-IÀT -RPEI T0590 R E 0590 21 27213327 33 FOCUS F.W.I - 3


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JUST LIVE JUST DREAM JUST LOVE JUST SMILLE JUST be in PEACE JUST HAPpiness JUST feel good just breathe JUST 2017

Que soit votre année ! — Ken Joseph, Rédacteur en Chef

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DÉCEMBRE - JANVIER 2017 www.focus-fwi.com

FOCUS / ÉDITION RUNWAY 97100 BASSE-TERRE m. contact@agence-runway.com Rédacteur en chef Ken Joseph ken.joseph@agence-runway.com Directeur de la Publication Mike Matthew mike.matthew@agence-runway.com Rédaction Pierre-Yves Chicot, Stéphanie Melyon Reinette, Salomé. B, Fred Martin, Carole De Lacroix, Marc Lantin Bruno. G, Thierry Aricique, Leila. B, Ken Joseph. A collaboré à ce numéro Xavier Dollin Département artistique Agence Runway Photographe Éric Corbel Régie publicitaire Guadeloupe : 0690 589 688 Crédits photos Éric Corbel, Xavier Dollin, AFP, Citroën, Lokin Ogunbanwo, Zadig et Voltaire, Yves Saint-Laurent, Vogue us, Tom Pennington, Getty Images, Julie Dermonsky, Jamelle Bouie, Joel Saget, Revelli-Beaumont/Sipa, Widescreen, Grasset, Stock, Gallimard, Solange Knowles, Alicia Keys, B&O Play, Nikon, Gramovox, Canon, Samsung, Mama Shelter, Messika, Chanel, Bulgari, Cartier, Mauboussin, Pomellato, Guerlain, Givenchy, Lancôme, Gucci, Edie Parker, Fendi, Dolce & Gabbana, Boucheron, MontBlanc, Paul Smith, Santoni, Rubinacci, Grenson, Jhon Lobb, Diesel, Dior. Impression : En Union européenne Distribution : Colibri Distribution ISSN : 2425-729X Remerciements Gregory Baugé, Rebecca Marival, Meissa Gumbs, Karine Gatibelza, Stéphane Blondeau, Sabine Wybo, Naomi Taurus, Lionel Lorendot, Laetitia Alvarade Ophély Mezino, L’Habitation l’Oiseau. En couverture Gréogory Baugé, Photographié par Éric Cobel, Mise en Beauté Make Up Box, Stylisme Ken Joseph, Réalisation Mike Matthew. Chemise unie oxford et Costume deux pièces, SERGE BLANCO. Ceinture MONTBLANC et Montre Rotonde CARTIER, GRAIN D’OR. 8 - FOCUS F.W.I


L’ART DE FÊTER À LA CRÉOLE

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LA GRANDE INTERVIEW : ARY CHALUS

SOMMAIRE 14 16 18 20 22

MAGAZINE Billet d’humeur signé Thierry Aricique Mécanique du temps L’Obsession L’Époque Le Décodeur

COVER BOY 24 Grégory Baugé, l’âme d’un champion GRAND FORMAT 32 Kill da bro’ Trump! 34 Le pari réussi de Donald Trump 36 Marine Le Pen, l’illusionniste PHÉNOMÈNE 38 François Premier, on n’a rien vu venir LA GRANDE INTERVIEW 42 Harry Durimel, le culte du jusqu’au-boutisme QUARTIER LIBRE 48 La guerre des Femmes. #7novembre16h36

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LE LABO 50 Chômage, la tendance à la baisse se confirme 52 Selfie d’entrepreneur ENTRE-DEUX 56 Littérature 58 Ma boîte à musique 59 La minute High-Tech MOTEUR 60 Nouvelle Citroën C3 AVANT-GARDE 64 Lyon la belle 66 Room Service : Mama Shelter 68 70 71 72 74 75 76 84 90

NOUVEAU GENRE Bijoux Mood Accessoires : Oh my bag ! Les pendules à l’heure Le Vestiaire Mood Mode : The Modern Muse Mode : La Chambre du Maître Mode : Une Partition de Style

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PRÉSIDENCE

FRANÇAISE Billet d’humeur signé Thierry Aricique.

A

l’aube énigmatique de l’élection présidentielle française et au crépuscule nébuleux de la célébration du nouveau Président américain Donald TRUMP, force est de constater que nous nous arrimons à un monde au devenir profondément inconnu et imprévisible. Jamais la démocratie n’est apparue aussi forte et aussi affaiblie, si prompte aux changements se manifestant par un repli sur soi dans le même temps. Jamais l’élection à la Présidence française n’a été aussi indécise. Nous voyons fleurir une ribambelle de candidats à la candidature, des primaires aux belles aventures, d’hommes politiques parés pour de nouvelles aventures personnelles… Comme ils aiment tant l’exprimer, l’élection présidentielle c’est la rencontre d’un homme et d’un pays avec son peuple. De fait, il doit tisser un lien avec son pays, un lien de charisme et de séduction, d’opportunisme et d’ambition. Amarrés aux sondages prédicateurs, ces hommes et ces femmes politiques sont eux-mêmes confrontés aux tensions contradictoires, la raison et l’émotion, la conquête du pouvoir et l’exercice du pouvoir. Si la raison est la faculté propre à l’esprit humain de distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux, l’émotion est soumise aux agitations passagères causées par les sentiments de joie ou de peur. Le citoyen est torturé entre son cœur et sa raison, ses rêves et sa réalité dans un environnement toujours complexe. Qu’en est-il de la gestion de ces émotions dans la démocratie française, de son histoire, de son peuple au regard de la mondialisation et ses échanges inévitables commerciaux et internationaux ? Face à la crise migratoire, les séismes de certaines élections démocratiques, le discours et la parole politique vacillent. Face à l’émergence des réseaux sociaux, le buzz est devenu la norme, l’outrance un outil de communication accélérateur de popularité. Donald TRUMP a compris et maîtrise à merveille ce nouvel « écosystème médiatique ». L’important est de susciter des émotions, qu’importe si les informations soient vraies ou fausses. Caricaturer, agresser, heurter les sensibilités de l’autre est plus simple que d’expliquer, argumenter et trouver des solutions pérennes. De fait, il devient difficile d’être modéré et éligible. Nous avons pu constater en France depuis quelques années l’apparition de ces discours tremblotants sur des notions d’État-Nation et de laïcité. Pour exemple nous assistons à une remise en cause directe et discrète de la conception subjective de l’État-Nation de la démocratie républicaine française. En effet, tout au long des 18ème et 19ème siècles, deux conceptions s’opposent sur l’idée de nation qui signifie étymologiquement « naître ». Il 14 - FOCUS F.W.I

existe d’une part une vision objective allemande de l’État-Nation qui repose sur des caractères communs (race, langue, religion, etc. …) avec une tradition commune, des usages communs et une culture commune ; et d’autre part une vision subjective française, politique et civique institué sur ce « désir de vivre ensemble » expression d’Ernest RENAN dans son discours à la Sorbonne en 1882 intitulé « Qu’est ce que la Nation ? », « La Nation, c’est une âme, un principe spirituel, c’est la volonté de vivre ensemble, c’est un plébiscite de tous les jours ». Evidemment, ce discours justifiait l’expansion coloniale française, la grandeur de la France dans le monde. Or aujourd’hui discourir sur nos ancêtres les gaulois, sur la colonisation heureuse, sur l’assimilation, en niant la diversité culturelle de la France revient à remettre en cause cette conception historique, fondatrice de l’État-Nation, socle identitaire de notre démocratie. La France est métissée du fait de son histoire, constituée sur une conception civique de l’ensemble de la communauté nationale où chaque citoyen a la responsabilité de faire vivre la totalité de la communauté laïque. En France comme aux États-Unis, certains citoyens ont un sentiment de déclassement social. Donald TRUMP s’est appuyé sur la rhétorique politique de déclassement de la puissance américaine. Ce discours sous-entend une conception conservatrice de la citoyenneté fondée sur une hiérarchie raciale et sociale. Ces citoyens français ressentent cette même nostalgie d’une situation qui n’a jamais été réelle. L’occident s’effrite devant la montée en puissance de la Chine, l’Asie et l’Inde. De même, les printemps arabes ont déstabilisé les relations diplomatiques entre les pays du Nord et les pays du Sud. L’appel au bien-être, au bonheur à la démocratie de tous ces peuples du monde qui veulent aussi bénéficier du train de la croissance, bouleversent les démographies américaines et européennes. Les différents attentats terrorismes sur le sol français ont réveillé cette même Nation sur l’état du monde actuel. Longtemps, le peuple français s’est senti protégé, s’est senti épargné, s’est senti éloigné des problématiques politiques économiques et sociales de ces différents pays du Sud, parfois en état de guerre, de pauvreté et de lamentations. Quand trouverons-nous des hommes avec le courage d’affronter ces difficultés sans recourir à des mythes anciens dépassés qui ne sont plus en conformité avec notre réalité tangible ? Le développement graduel de l’égalité des conditions est un fait providentiel comme l’a bien montré Alexis de Tocqueville. Il est universel, durable et échappe chaque jour à la puissance humaine. Il porte en lui un caractère inéluctable. Les peuples du monde souhaitent aussi logiquement accéder à cette égalité de condition. Or, l’esprit d’égalité favorise une autre conception métaphysique : l’individualisme. Le paradoxe de l’individualisme démocratique fait que chaque homme tourne ses sentiments vers lui seul. « Il abandonne la grande société à elle-même ». De fait, il doit parfois se confronter au retour du réel. Ériger des murs est une réponse émotionnelle irréelle qui répond à un sentiment d’insécurité d’une population mais n’est pas une réponse raisonnable cohérente au regard de l’état du monde et son besoin d’équité et d’une plus juste répartition des richesses. Cette même dichotomie entre la raison et l’émotion se retrouve dans la nécessité d’une amélioration des services publics, notamment par le recrutement de juges et de policiers et le dénigrement de l’impôt. Nous voulons plus de sécurité sans vouloir forcement payé le prix de la paix. Ces problématiques sont aujourd’hui au cœur de l’Europe et des institutions européennes avec en outre la difficulté de se doter d’une défense commune faute de moyens consacrés aux budgets des Armées. A cet effet, l’élection de Donald TRUMP relance la question de défense de l’Union Européenne car il estime l’Alliance atlantique « obsolète et coûteuse ». Les Etats européens privilégient aujourd’hui le financement de leur modèle social. Mais la disparité de la répartition des richesses est toujours de plus en plus béante. La moitié des richesses est détenue par un pour cent de la population. Cette désillusion renforce le découragement, le désir de tout casser. Le notable démagogue a encore de beaux jours devant lui car il est plus facile de détruire que de construire. Par son discours il pourra tout promettre, tout et son contraire, dans un Monde au devenir profondément inconnu et imprévisible fait de bouleversements, de tremblements, de profonds changements sociaux économiques, politiques et militaires.


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LE MAGAZINE D’UNE GÉNÉRATION NO ZONE

« JE NE PEUX APPORTER DE CONNAISSANCE À UN HOMME, MAIS JE PEUX LE FAIRE RÉFLÉCHIR » - SOCRATE -

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#WTF!!! MÉCANIQUE DU TEMPS

MOOD

QUE SON ÂME POLITIQUE REPOSE EN PAIX L’ancien président de la République avait osé, après sa défaite de 2012, prendre le risque d’une reconquête des Français. « Vous allez voir, je vais poser mon hélicoptère dans la plaine. Et quand je sortirais je dirai : qui m’aime me suive. Et vous verrez que tout le monde se rangera derrière moi. » Ainsi parlait Nicolas Sarkozy en janvier 2014, à quelques mois de son retour sur le devant de la scène politique. « Je suis inébranlable. […] je suis le rempart, contre ce monsieur Hollande et madame Le Pen », confiait-il en privé le 9 octobre, au soir d’un meeting. Hélas, le verdict fût aussi brutal qu’humiliant : Il se retrouve éliminé dès le premier tour, plus de 20 points derrière son ancien Premier ministre. L’aspect référendum pour ou contre Nicolas Sarkozy de la primaire a joué à plein. Au-delà de son noyau dur d’inconditionnels, l’ex-chef de l’État n’a pas réussi à séduire dans son propre camp, où beaucoup ont voté contre l’homme et son style clivant et volontier provocateur. L’homme qui se croyait encore aimé des Français a dû prendre acte, la voix blanchie par l’émotion, que sa popularité s’était éteinte, et que, de revanche, il n’en aurait point. La politique est en effet le rejeton moderne de la tragédie, elle réserve son lot de rebondissement et de dénouements cruels. Et une interrogation : que va faire le jeune retraité de 61 ans ? « Il est temps pour moi d’aborder une vie avec plus de passion privée et moins de passion publique », a lancé l’ex-chef de l’État, depuis son QG. Cette question, Nicolas Sarkozy a déjà eu l’occasion de se la poser. En 2012, salle de la Mutualité, il annonçait à ses militants : « Je resterai l’un des vôtres (...) Ma place ne pourra plus être la même. Après 35 ans de mandats politiques, mon engagement dans la vie de mon pays sera désormais différent ». Cette fois-ci, c’est peut-être vraiment la fin. Que son âme politique repose en paix. 16 - FOCUS F.W.I

‘‘Quand la politique produit monstres et monstruosités, c’est l’éthique qui défaille en elle mais c’est surtout son âme : la beauté...’’ Patrick Chamoiseau, Auteur.

SCANDAL VOLEUR COL BLANC Quand on parle de délinquance, on en revient toujours aux jeunes ou encore à l’étranger. Il est en effet plus facile de leur jeter l’opprobre. Mais qui oserait porter le regard sur ses hommes en col blanc ou ses politiques qui nous gouverne. Ceux qui par leur passe-droit se croient tout permis. Comment un homme aux responsabilités dû au peuple peut-il oublier sa fonction première ? Bref, il est bon de se fournir en sac de marque, de payer pour détourner des enveloppes de façon artisanale, soudoyer un policier, un assesseur… Pour ensuite venir à la gueule du peuple en lui parlant du vivre ensemble ou encore de valeur. La soif du pouvoir comme le besoin d’exister est le mal du noir. Deux ans de prison ferme pour avoir volé un sac de riz et quoi au juste pour l’autre, celui qui a le pouvoir ? Rien. Voici la justice qui nous est servie. En 2017, il ne sera pas bon d’être « no body ».


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a

l’OBSESSION

QUI VEUT LA PEAU DE VICTORIN LUREL ? VRAI DIRE, ILS SONT NOMBREUX À LA VOULOIR. Et pour cause, en coulisse, les alliances, les petits calculs et les stratégies politiciennes se peaufinent. Le but étant d’abattre celui qu’on appelait jadis l’homme fort de la Guadeloupe. L’année 2017, en effet, scellera ou pas son avenir politique. À lui, se présentera deux défis, d’une part celui des présidentielles où il aura la lourde tâche de faire gagner la gauche et enfin celui des législatives. Mais l’homme est-il en pole position pour réussir le pari de la gauche ? Pourra-t-il conserver son statut de Député ? Qu’on le veuille ou pas tous les regards seront portés vers lui. Lui, qui a été déchu de la haute présidence régionale, celui qu’on disait régner en maître-seigneur sous les coups d’une dictature sans vergogne, celui qui fut Ministre et qui est entré dans l’histoire par Chavez. Victorin Lurel, pourra-t-il brisé ce plafond de verre qui semble s’installer au-dessus de sa tête. Oui, ils sont nombreux à prévoir sa chute : ces anciens répudiés, ses acolytes d’autrefois, ses amis d’un temps… Les songeurs de vengeance sont donc en marche de guerre. La peau de l’ours est à vendre, jetée en pâturage sur la place publique. « Vengeance», s’écrit dame Chevry ! « Je le ferais au nom de ma mère » se dit Penchard en rêvant du grand soir. Duflo, affûte ses armes. Adémar revient des morts, les évadés de Guantanamo se politisent, le couple GillotLarifla pense et Chalus observe… Ils sont nombreux à vouloir sa peau. Il faut dire que Victorin Lurel, n’y a pas été de main morte avec ceux qui ont osé défier sa toute-puissance. C’est ce même front qui s’est dressé contre lui lors des régionales de 2015 et qu’a connu également Lucette Michaux-Chevry qu’il devra affronter en 2017. En vérité, il n’y a guère de différence entre ces deux protagonistes. Ils sont tous deux de véritable machine politique, de fin stratège, d’excellent orateur et surtout ils ont tous deux sombré dans les forces obscures du pouvoir et connus le désamour de la population. Exception faite, si Lucette Michaux-Chevry a pu rebondir sur la marie de Basse-Terre et la communauté d’agglomération du Sud Basse-Terre qu’elle dirige depuis la nuit des temps, la question est la suivante : Que fera Lurel en cas d’échec en 2017 ? Pondre ses mémoires, enseigner ou encore jouer au marionnettiste ? Et pourquoi pas mécène – n’est-il pas millionnaire ? Mais, ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il est ambitieux Lurel, pugnace cultivant le culte du jusqu’au-boutisme… Il rêve d’un retour comme l’a fait Nicolas Sarkozy avant les primaires de la droite et du centre en espérant ne pas subir le même sort. Il sait que la bataille sera rude et qu’il risquerait d’y laisser sa peau. Mais il pourra compter sur sa garde rapprochée et sa horde de militant. L’homme n’est pas mort, il est bien paré au combat… Sauf, s’il décide de renoncer à la course «syndrome Hollande ». Affaire à suivre.

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COUP DE CŒUR Issu d’une famille de musiciens, depuis plusieurs générations, Thierry Fanfant célèbre bassiste et contrebassiste ayant participé à plus de huit cents albums, nous présente en cette fin d’année un album best Of. Un opus réunissant des titres phares qu’il a composé et où il a effectué des lignes de basses. CHANTÉ ET MIZIK est ainsi composé de deux CD où l’on retrouve dans le premier les voix de sa fille Michelle, d’Érik Pédurand, Ralph Thamar, Gordon Henderson, Fanny J, Jocelyne Beroard, Gilles Floro ou encore Jean-Philippe Marthély. Le second album très musical renferme des mélodies reprises de ces trois précédents opus : Intimes, Simen Lanmou et Frères. Vous y découvrez également un titre inédit au tendance groove, Caribbean Beach extrait du répertoire Grooves Bones – l’un des groupes de Thierry Fanfant. C’est aussi l’occasion de découvrir le titre l’Écorce, écrit par la journaliste Kareen Guiock. Un album somme toute jazzique avec des musiciens de talents tels que Linley Marthe, Mario Canonge, David Fackeure, Alain Jean-Marie et bien d’autres. Voici un album que vous aurez plaisir d’écouter ou à offrir; un florilège musical des plus représentatifs de la carrière de ce grand nom de la musique.


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THIS BOY

l’époque

Le 23 Novembre dernier, s’est tenue la grande finale de la 33ème édition du prestigieux concours de mannequin Elite Model Look dans le somptueux Campo Pequeno au Portugal dans la ville de Lisbonne. Et, c’est parmi 62 modèles, tous finalistes dans leurs pays respectifs, que Davidson Obennobo, d’origine nigériane et âgé de 20 ans, a su séduire le jury et ainsi devenir le premier noir à remporter le concours depuis sa création en 1983. C’est en effet une première dans l’histoire d’Élite Model look qui fera du bien à la planète mode international. Regards sombre, bouche boudeuse, caméléon de la mode au style fantaisiste, il incarne désormais la nouvelle philosophie d’Élite World, qui se targue de repousser les frontières, de célébrer l’individualité et d’exalter la personnalité. Go BOY !

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ledécodeur

MICHELLE OBAMA,

AU-DELÀ D’UNE FIRST LADY

C

Par Leila B - Photo Vogue US.

’est l’heure. Je pense que notre démocratie a vu juste: deux mandats, huit ans. C’est assez », confie Michelle Obama dans les colonnes du magazine Vogue US. Elle avoue : « La vie à la Maison-Blanche isole. […] Barack et moi, parce que nous sommes un peu têtus, avons maintenu une certaine normalité, principalement en raison de l’âge de nos enfants ». « Je sors dîner avec mes copines, je vais au match de Sasha… », insiste celle qui dit adopter « la même démarche en partant qu’en arrivant ». Ses premiers pas à Washington n’ont pourtant pas été si sûrs « Je ne savais pas ce que j’allais faire avant d’arriver, je n’avais jamais été First Lady des États-Unis d’Amérique. » Née le 17 janvier 1964, Michelle Obama a grandi à Chicago dans le South Side, quartier communautaire, au sein d’un foyer uni. Son parcours ? En 1981, elle entre à l’université de Princeton. Une admission qui réside, selon elle, moins dans l’exercice de la discrimination positive que dans le fait que son frère, Craig, qui y avait obtenu une bourse, était devenu la star de l’équipe de basket. Au sein du campus encore trop monocolore, elle se sent « comme une visiteuse». Une isolation qui la pousse à traiter de la division raciale. Une thèse que les Obama ont tenté de garder sous scellé jusqu’au lendemain de l’élection. Mais face à la pression médiatique, Michelle a été forcée de publier le texte, qui révèle un scepticisme, une amertume. Sa conclusion est frappante : son diplôme de Princeton lui permettra au mieux de s’installer à « la périphérie de la société ». Elle ne sera jamais « une participante à part entière. » Son destin en a décidé autrement. Après Princeton, Michelle entre à la faculté de droit de Harvard et commence à suivre le chemin, a priori tracé pour l’élite blanche. À sa sortie, elle devient avocate dans un cabinet d’affaire de Chicago. Un été, elle est chargée de s’occuper d’un stagiaire tout juste diplômé de Harvard. Un stagiaire qui ne cessera de lui tourner autour, et qui n’est autre que Barack Obama. Au départ réticente, Michelle finit par craquer : ils se marient en 1992, donnent naissance à Malia en 1998 et à Sacha en 2001. Après avoir rencontrée Barack, Michelle quitte le privé pour entrer à la mairie de Chicago, puis à l’hôpital universitaire en tant que vice-présidente chargée des relations extérieures, jusqu’à la campagne électorale. 22 - FOCUS F.W.I

Sa vie d’avant, elle a mis une croix dessus quand Barack Obama a été élu président . « Michelle n’a jamais demandé à être première dame » explique pour sa part Barack Obama dans l’interview accordée au Vogue US. « Comme beaucoup de femmes politiques, elle a dû endosser ce rôle. Mais j’ai toujours su qu’elle serait incroyable et qu’elle laisserait son empreinte dans ce travail ». « Car, vous voyez qui elle est — une femme brillante, drôle, généreuse […]. Je pense que les gens sont attirés par elle car ils se voient en elle — une mère dévouée, une bonne amie et quelqu’un qui n’a pas peur de faire preuve d’autodérision de temps en temps. » Les démocrates l’adulent, les républicains la redoutent. Et les américains se plaisent à l’imaginer, un jour faire de la politique. Michelle Obama est incontestablement la vedette des élections de 2016. Tout au long de la campagne, elle, qui n’a fait qu’une poignée d’interventions, a affiché une popularité à faire pâlir d’envie les deux prétendants : 64 % d’opinions favorables, soit 10 points de plus que son mari. Huit ans après avoir été dépeinte comme une femme noire en colère, « Michelle » s’est fait un prénom, et fait désormais l’unanimité. Une popularité qu’elle doit, en partie, au fait de n’avoir pas voulu jouer un rôle partisan à la Maison-Blanche, à la différence d’Hillary Clinton dans les années 90. Elle s’est pliée avec enthousiasme aux contraintes protocolaires de la fonction, faisant campagne sur des sujets consensuels comme la lutte contre l’obésité, l’éducation, ou en faveur des anciens combattants. Avec sa façon de prendre les gens dans ses bras plutôt que de leur serrer la main, ou de retirer ses chaussures pour danser avec les enfants en voyage officiel, elle a construit une image de simplicité et de spontanéité qui vaut aujourd’hui un vrai capital sympathie auprès des électeurs des deux camps. Elle a aussi naturellement adopté les réseaux sociaux et fait quelques apparitions dans les talk-shows télévisés dont les Américains raffolent. Cette popularité, Hillary Clinton a su l’utiliser dans les dernières semaines de la campagne, en faisant intervenir la première dame dans les États clef, comme la Caroline du Nord, ou juste après la diffusion d’une vidéo dans laquelle Trump tient des propos obscènes sur les femmes. Chaque fois, ses discours émouvants, prononcés sans notes, ont fait mouche et imposé le silence. Le pouvoir de conviction de Michelle Obama n’est pas nouveau. En 2008, les conseillers du président américain avaient remarqué qu’après ses interventions, les appels de bénévoles désirant s’impliquer dans la campagne explosaient. Pas étonnant que la presse américaine spécule sur son éventuel avenir politique, évoquant une candidature au Sénat ou même à la Maison-Blanche. Ce que l’intéressée exclut catégoriquement, affirmant vouloir se consacrer à ses filles. « Je ne me présenterais pas à la présidence, a-t-elle coupé court il y a quelques mois. Non, non, pas moyen. » Et pourtant, une partie de la population semble voir les choses autrement, car depuis quelques semaines, « #Michelle2020 » est devenu un hashtag très populaire sur les réseaux sociaux. Pour beaucoup, il faudrait que FLOTUS (First Lady of The United States) devienne POTUS (Président of The United States) à l’horizon 2020 ou d’ici 2024. Après tout l'Amérique adore les dynasties ! Et Michelle Obama pourrait avoir de l'appétit. Première First Lady afro-américaine, Michelle Obama, restera le symbole de toute une génération. Son rôle à la Maison Blanche fut double : non seulement, elle a dû se tenir au côté de son mari, mais aussi rassurer son pays tout entier sur le fait qu'une femme noire et au physique particulièrement imposant, n'est pas seulement « douée pour l’athlétisme. » Durant 8 ans, elle nous aura vendu du rêve, que se soit par sa prestance, son style et ses engagements…Elle nous aura montré et démontré que tout était possible. Certes, au vu de ses dernières élections, Barack Obama manquera au monde entier, mais Michelle nous manquera également.


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L’âme d’un champion

GRÉGORY BAUGÉ Photographe Éric Corbel | Retouches Photos Xavier Dollin | Stylisme Ken Joseph Réalisation Mike Matthew | Mise en beauté Karine Gatibelza pour Make Up Box Studio Make Up For Ever

Mental d’acier, élégance farouche, pistard incandescent… À 31 ans, Grégory Baugé a su déployer sans fin la palette de ses talents avec comme seule ambition être le meilleur. Avec plus de 20 titres à son actif, il est aujourd’hui l’un des cyclistes sur piste les plus titrés de sa génération. En 2009, il devient d’ailleurs le deuxième coureur noir, après l’Américain Major Taylor – premier sportif noir professionnel surnommé le « Nègre volant » ou encore « Black Cyclone » - en 1899 à devenir champion du monde de vitesse. S’il a connu les grands titres, il a aussi écumé les défaites notamment lors des Jeux Olympiques de Rio en individuel. L’or, il en rêvait depuis toujours mais encore plus depuis sa dernière participation au JO de Londres où il a obtenu l’argent. Mais l’homme qu’on aime à surnommer le Tigre n’a pas su affûté ses griffes et décrocher le graal tant rêvé à Rio. Mais sa détermination lui vaudra le bronze en équipe. Et au-delà de ce physique de colosse se laisse découvrir un homme au parcours personnel édenté par des événements qui ont fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. Ce passionné de musique et de voiture, à la tête bien pleine avec un tour de cuisse égal au tour de taille Kate Moss est avant tout un amoureux inconditionnel de la Guadeloupe. C’est ainsi qu’après son retour de Rio et un repos bien mérité que ce champion Olympique a posé ses valises sur notre archipel pour se ressourcer et voir ses proches. Et c’est par la même occasion que nous avons profité de ce break pour le convier au sein de notre rédaction. Le contact fut fluide et j’ai pu découvrir malgré mes appréhensions un homme timide, discret et proche de sa famille, mais au caractère bien trempé et une assurance de bloc. Point d’arrogance, juste un homme droit dans ses baskets, qui s’est laissé prêter au principe de la ‘’Cover’’. Rencontre avec Grégory Baugé pour une interview « hors-piste ». 24 - FOCUS F.W.I


Chemise unie oxford et Pantalon de costume, SERGE BLANCO. Ceinture MONTBLANC et Montre Rotonde CARTIER, GRAIN D’OR.

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Pantalon de costume, MANGO. Montre 12.12, LACOSTE, EUROGOLD. 26 - FOCUS F.W.I


Chemise unie oxford et Costume deux pièces, SERGE BLANCO. Ceinture MONTBLANC et Montre Rotonde CARTIER, GRAIN D’OR. FOCUS F.W.I - 27


Veste structurée et chemise slim-fit denim moyen, MANGO. Noeud papillon et Chino noir, SERGE BLANCO. Ceinture MONTBLANC et Montre PEQUIGNET, GRAIN D’OR. 28 - FOCUS F.W.I


‘‘Ma mère nous a laissé mon père, mes deux sœurs et moi alors que j’avais à peine un an. Donc oui cela n’a pas été facile, mais mon père a pu combler ce manque.’’ __Vous avez grandi sans votre mère, est-il difficile de se construire sans une présence maternelle ? Ma mère nous a laissé mon père, mes deux sœurs et moi alors que j’avais à peine un an. Donc oui cela n’a pas été facile, mais mon père a pu combler ce manque. Et j’ai pu également compter sur le soutien de mes tantes et de ma grand-mère. __Comment était la vie avec votre père ? Je n’étais pas malheureux... __À vous entendre, il semblerait que vous lui vouez une grande admiration.. Oui, carrément. Un homme avec trois enfants, je vous laisse imaginer. Mon père a du mérite pour ce qu’il a fait pour gérer cette situation et quand je vois comment il a su faire de mes sœurs et moi , des gens socialement intégrés , je lui dis Bravo. __Quelle sont les valeurs qu’il vous a inculqué dont vous vous servez encore aujourd’hui ? Le respect, le travail, la détermination et surtout le fait de toujours croire en soi. __Enfant, étiez-vous plutôt calme ou turbulent ? Je dirais turbulent (mdr). __Regrettez-vous cette époque d’insouciance ? Non, aucun regret. __Il parait que petit que vous vous cachiez pour regarder des films interdit aux moins de 18 ans ? Comme tout le monde (mdr). __Avec les filles, vous étiez plutôt timide ou séducteur ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, j’étais un grand timide. __Et aujourd’hui? Rien à changer. __On parle souvent des difficultés rencontrées par les jeunes de banlieue. Pour vous qui avez grandi en banlieue parisienne, quel a été votre rapport avec la banlieue ? Êtes-vous un modèle d’exception de la réussite banlieusarde ? Je ne pense pas qu’il faille parler de modèle d’exception. Le sport m’a permis d’être occupé à un moment où j’aurais peut-être pu traîner avec les copains et surement prendre un autre chemin qui aurait pu être celui de la rue ou pas. __Avoir un père présent vous a-t-il aidé à garder le cap ? C’est surtout par rapport à notre histoire familiale que je me devais de garder le cap. Donc depuis tout jeune j’étais obligé d’avoir une certaine rigueur. __La notion de famille vous semble très chère … Tout à fait. Et cela est du au fait d’avoir vécu des moments durs et de voir

comment nous sommes soudés avec mon père et mes sœurs. __Lors d’une interview accordée au magazine Paris Match, vous déclariez toujours voyager avec votre bible. Pourquoi ? Parce pour moi la bible c’est sacré. Je dirais que c’est un rapport assez personnel. __Le premier sport que vous ayez pratiqué était le football à l’âge de 8 ans, mais cela n’a duré qu’un mois. Il parait que vous étiez trop frileux pour les entraînements en plein air ? Effectivement, je déteste le froid. Il faut dire qu’à l’époque que je faisais du foot pour être avec mes copains et non par passion, contrairement au vélo. __À quel moment avez-vous eu le déclic pour le vélo ? Il se dit que votre père y-était réticent ? Un an ou deux ans après le foot. C’est arrivé en regardant le Tour de France et aussi le Tour de la Guadeloupe. Oui, mon père ne voulait pas trop puisque il avait déjà payé une licence de football pour quatre mois. __Du simple loisir au sport de haut niveau. Comment expliquez-vous votre fulgurante ascension ? L’abnégation, à partir du moment où j’ai eu ma première victoire , j’ai voulu goûter encore et encore au succès. Je n’ai jamais rien lâché. Je pense aussi que sans talent ça n’aurait pas été facile. __Comment se déroule une journée type d’entraînement ? Mon entraînement c’est du « bi-quotidien ». Je mange généralement 2h à 3h avant mon entraînement qui commence à 10h. J’arrête à midi et je reprends à 16h45 jusqu’à 18h30 l’après midi avec une collation à 15h. __ Muhammad Ali disait : « J’ai détesté chaque minute de chaque entraînement ». Diriez-vous pareil ? Non pas chaque minute, mais cela m’est arrivé de détester certaine séance. __En 2012, vous avez été déchu de deux de vos titres mondiaux — conquis à Apeldoorn, en vitesse individuelle et par équipe — à cause d’une suspension rétroactive pour manquement aux obligations de localisation. Peut-on dire que vous avez à ce moment payé le prix de la négligence ? Oui, c’était de la négligence que j’ai fort bien payé. __Quels ont été les moments les plus intenses pour vous à Rio ? La médaille de bronze par équipe et mon élimination en individuel. __Lors d’une interview accordée à Rmc Sport vous déclariez être « Depuis 2009, le meilleur de votre discipline » et poursuiviez en disant « si je suis le meilleur je dois être champion olympique ». Après deux participations en vitesse individuelle aux Jeux Olympiques de Londres où vous remportez l’argent et à Rio où vous finissez 7ème, pouvez-vous encore dire que vous êtes le meilleur ? Au vue de mes résultats de 2016, je ne peux dire cela. FOCUS F.W.I - 29


‘‘J’ai toujours les crocs et les griffes affûtées.’’

__Il vous manquait quoi pour décrocher l’or lors des JO de Rio? Plus de préparation ? Pour parler que de moi je pense que j’aurai dû me concentrer uniquement sur ma personne et prendre plaisir à ce que je faisais lors de ma préparation. __N’avez-vous pas le sentiment parfois de vous mettre trop de pression à force de perfectionnisme ? Non, le plus dur c’est d’avoir de grands objectifs et que les personnes qui doivent vous accompagner ne soient pas sur la même longueur d’onde que toi. __Peut-on encore vous surnommer le « Tigre » ? Bien sur que oui. J’ai toujours les crocs et les griffes affûtées. __« Peut-être que le staff fera son bilan aussi… Il faudra se poser les bonnes questions. Avant de penser à la suite, il faut analyser cette olympiade, les bonnes et mauvaises choses. Moi je vais la faire, les athlètes vont la faire, mais bizarrement on n’a jamais la même analyse [qu’eux]. Quand on arrivera à avancer tous ensemble (...) Est-ce que ce sont les coureurs qui ne sont plus bons, est ce que c’est le staff… Il va falloir faire l’analyse. Il y a eu des moyens financiers et des moyens humains, mais est-ce que les moyens humains étaient bons, je ne sais pas.» Avec ces propos, êtes-vous entrain de mettre votre échec sur le compte de vos encadrants ? Non, j’ai voulu faire prendre conscience à ceux qui nous suivent que notre préparation n’a pas été optimale, notamment à cause des problèmes de management. __Doit-il y avoir une réorganisation des instances du cyclisme ? Et comment voyez-vous l’avenir de votre sport ? Oui et je dirais même du sport Français. Ma vision est de réaliser des projets pour mon sport, chaque personne à une responsabilité. On a tous un rôle à jouer. __Certains vous reproche votre arrogance démesurée… Est-ce une façon pour vous de vous protéger ou simplement de vous dire que tout est possible ? Oui en France c’est de l’arrogance, mais pour moi c’est ma façon de voir les choses, je ne fais pas du sport de haut niveau pour me cacher. De là, je ne vois pas où est le problème quand tu dis : « Je suis fort et je veux être champion Olympique ». 30 - FOCUS F.W.I

__Comment expliquez vous le fait d’avoir été écarté des Championnats d’Europe de St Quentin en Yvelines en octobre dernier ? Je n’est pas été écarté car je n’avais pas envisagé d’y participer. __Que pensez-vous de ces sportifs de haut-niveau qui vivent avec moins de 500 euros par mois ? Est-ce une réalité que vous avez connu ou que vous vivez encore aujourd’hui ? On parle de quels sportifs ? Attention à ne pas confondre car il y a des sportifs de haut niveau et de très haut niveau. Mais c’est une réalité que je reconnais et je pense qu’il faudrait voir à l’avenir pour changer cela. __L’idée de mettre fin à votre carrière vous fait-elle peur ? Non pas du tout, je sais que je ne suis pas éternel et qu’il faudra vite passer à autre chose. __Qu’allez-vous faire après votre retraite ? Devenir entraineur un jour, peut-être ? J’ai beaucoup de projets en tête, devenir entraineur pourquoi pas. __Quel autre sport auriez-vous pu pratiquez, si vous n’étiez pas cycliste sur piste ? Cela pourra sûrement surprendre, mais je dirai sprinter en athlétisme. __ Vous êtes également employé du Conseil Départemental du val de marne. Comment arrivez-vous à concilier votre carrière de sportif de haut niveau et votre vie privée ? J’arrive à concilier les deux car le Val de marne me libère par rapport à mon sport mais j’ai quand même des obligations dans l’année __« Le style, c’est l’homme », c’est quoi le style Grégory Baugé ? J’aime bien porter de beaux vêtements, par exemple des costumes bien taillé. __Il semblerait que votre tour de cuisse équivaut au tour de taille de Kate Moss ? Oui, j’en ai entendu parler (mdr). __Donald Trump président des États-Unis ? Plus rien ne me surprend dans ce monde. __La Guadeloupe pour vous ? C’est dans mon sang , ce sont mes racines , une plus-value pour moi. Une terre de champions inexploitée, c’est aussi là où est toute une partie des Baugé, aux Abymes plus précisément. Un jour, j’aurai l’occasion d’y vivre si Dieu veut.


SON PORTRAIT CHINOIS

Cardigan en laine, Chemise oxford et Short, SERGE BLANCO. Montre T-Race, TISSOT GRAIN D’OR.

Un souvenir marquant : La victoire de Tony Yoka puisque j’y étais. Voir ces parents heureux c’était un très grand moment. Un lieu qui vous inspire : Chez ma grand mère à petit bourg, c’est un endroit reposant. Pour recharger mes batteries c’est le meilleur endroit. Un rituel quotidien : Je fais ma prière Votre devise : Dans le sport « No pressure just pressure. » Dans la vie qui ne tente rien n’a rien. Un plat préféré : Le court-bouillon de poisson. Le désert qui console : Un fondant au chocolat. Un modèle qui inspire : Mon père. Si vous étiez une femme : Beyonce. Un film : American gangster. Un livre : La bible. Un parfum : Dior sauvage. Un pouvoir magique : Arrêter les guerres. Vous êtes un tweet en 140 caractères : J’ai vérifié et ça fait exactement 140 caractères . « Bonjour à tous. J’espère que les lecteurs vont appréciés ce numéro du mois de décembre et me découvrir un peu plus en dehors de mon sport ...» Un plaisir coupable : Les sucreries. La dernière photo prise avec votre smartphone : Avec un magnum de Marie Césaire. Un regret : Ne pas être plus souvent en Guadeloupe. Jamais sans : Ma bible et c’est vrai. Le principal trait de votre caractère : La détermination. Votre principal défaut : Têtu. Votre héros dans la fiction : Batman. Votre héros dans la vie réelle : Mon père . Un métier que vous n’auriez pas aimé faire : Un métier qui n’a rien à voir avec le sport. FOCUS F.W.I - 31


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KILL DA BRO’ TRUMP !


« Nous avons montré à l’Amérique que la majorité silencieuse n’est plus silencieuse. Aujourd’hui, nous avons créé une Amérique qui GAGNE de nouveau. Aujourd’hui, nous avons fait de nos espoirs, nos rêves – notre potentiel sans limite – une réalité. Aujourd’hui, nous avons écrit l’histoire. Aujourd’hui, nous avons créé un gouvernement qui est, une fois encore, du, par et pour le peuple». Ces mots signés Donald Trump viennent conclure et couronner une campagne présidentielle qui aura tenu les Américains et le monde en haleine, et dont l’issue en aura abasourdi plus d’un. Une claque en pleine figure : l’Amérique serait-elle revenue à ses travers les plus sombres ? À ses heures les plus violentes ?

O

n the TrumpSide of the street. On parle de violences policières, mais la violence psychologique que provoque l’élection de Donald Trump aux plus hautes fonctions de l’Etat américain est palpable. Sur les fils d’actualités, le matraquage des hastags #Trumpés, #Trumperie, etc. La stupeur, l’effarement… Personne ne croyait à l’élection du freak. Et pourtant le voir arriver en tête de lice pour le camp républicain aurait dû mettre la puce à l’oreille et donner un frisson dans le dos… Surprise générale et inconsistance du système, puisque le vote populaire va à Hillary, quand les grands électeurs plébiscitent Trump. Toutefois, les conditions étaient toutes réunies pour favoriser le retour des Républicains au sommet de la chaine alimentaire (géo)politique : un candidat encensé par les suprématistes blancs et une ère présidentielle qui en a horripilé plus d’un. Le mythe fondateur américain de la « frontière » a toujours été synonyme de progrès, d’avancée, de conquête: la conquête de l’Ouest, la guerre des étoiles et l’alunissage, la Guerre Froide et le rayonnement d’idéologies opposées... Le Rêve Américain en a attiré plus d’un dans l’El Dorado et les Sanctuary Cities : les villes sanctuaires (villes étatsuniennes ayant une politique de protection des aliens – immigrants illégaux). L’El Dorado ou la quête de devises. Et, avec Trump, deviser de ‘frontière’ c’est la repenser, non pas comme un horizon à atteindre, mais comme un mur pour occulter l’horizon de l’autre… Trump a fait de l’abolition des sanctuaires un des points forts de sa campagne : « When politicians talk about immigration reform, they usually mean the following : amnesty, open borders, and lower wages » (Quand les politiciens parlent de réforme de l’immigration, généralement ils font référence à ce qui suit : amnistie, frontières décloisonnées et salaires réduits). Lui,. Aussi le puritanisme, que Trump veut incarner en citant la Bible – apparemment de manière assez confuse et fumeuse – est une autre fondation de cette société qui estampille ses billets du nom de Dieu. White AngloSaxon and Protestant – WASP – et capitaliste. C’est là l’essence de l’identité américaine mainstream, cette majorité silencieuse: « Remember that time is money Remember that credit is money Remember that money is of the prolific, generating nature. Money can beget money, and its offspring can beget more and more. » (Président Benjamin Franklin) Le temps c’est de l’argent. Le crédit c’est de l’argent. Et l’argent engendre l’argent… Voilà l’ethos de l’esprit du capitalisme révélé par Franklin. Et Trump, idéalement WASP et capitaliste forcené, adhère, incarne cet idéal encore. Comme Obama fut, lors de son élection, le symbole d’un renouveau pour la communauté noire et une tragédie pour certains blancs, Trump symbolise un renouveau pour la communauté blanche et une tragédie pour la communauté noire.

Par Stéphanie Melyon Reinette, Sociologue et Artiviste - Photo Tom Pennington.

Affirmative Action & Alternance politique. La légende des États-Unis tient des luttes pour les Droits Civiques, souvent inspirantes pour les opprimés. Cela impliquait un état de non-droit préalable. À l’échelle de l’Histoire du monde moderne, c’était hier la ségrégation comme l’Apartheid ! Aux USA, le 6 mars 1961, le président JFK signe l’Executive Order 10925 mettant en place l’Affirmative Action (Discrimination Positive), assurant un traitement égal aux minorités sur le marché du travail sans discrimination de race, de croyance, de couleur ou d’origine nationale et une politique de quotas, qui sera toujours contesté, décrié. Et puis, la relativité du temps : nous considérons que parce que nous vieillissons et mûrissons avec le temps, qu’il en est de même des mentalités. Tout ne peut que s’améliorer. Obama a été élu deux fois, ce ne peut-être que mieux après lui… L’histoire a démontré que la perte des acquis sociaux est toujours possible et le recul d’une société aussi. Est-ce là où nous en sommes avec la monte générale des nationalismes ? La linéarité n’est pas de ce monde. Tout y est circulaire, cyclique. Le politique est cycle aussi. On parle d’alternance politique. Dans la pratique, l’alternance politique implique un renversement de la majorité politique lors d’élections législatives et/ou présidentielles. Et ce 8 novembre 2016, selon Cornel West, les Américains avaient le choix entre « une catastrophe néofasciste et un désastre néolibéral ». En somme, c’était bonnet blanc et blanc bonnet, Menm bèt et menm pwèl. Pour les African-Americans, voter pour l’une ou l’autre, c’était tomber de Charybde en Scylla. Entre deux maux, choisir le moindre ? Lequel ? C’était kiffe-kiffe. Kill the bros. Le politologue André Mathiot affirmait que « Toute l’histoire politique américaine montre comment le bipartisme lui-même est né de l’esprit de compromis et de conciliation », soulignant encore qu’« une véritable alternance au pouvoir est ainsi bien moins fréquente et frappante, moins nécessaire aussi aux États-Unis, que la coopération recherchée des deux partis et des diverses tendances à la réalisation d’une politique nationale, susceptible de satisfaire approximativement tous les intérêts... ». Aujourd’hui, historiquement, il y a alternance, renversement politique : d’élire un Président noir deux fois, à élire un fasciste, le grand écart est consommé. Et finalement, la vocation de l’administration de Trump est de détruire l’empreinte d’Obama sur le pays, révoquer les acquis sociaux, remettre en question ses actions : KILL THE BRO, Trump ! Il dit : « We will terminate the Obama administration’s deadly, non-enforcement policies … ». Nous mettrons un terme aux politiques mortifères de l’administration Obama… La vocation d’une Amérique blanche qui prend sa revanche sur huit années de confiscation du pouvoir par un Président Noir qui a non seulement rendu la présidence cool et sexy, mais a par-dessus tout travaillé à développer des acquis sociaux pour les minorités. Cette Amérique silencieuse s’exprime à travers ce croque-mitaine qui réveille en tous des peurs primales, tout comme son accession au pouvoir a été annoncée par les tueries impunies d’hommes et de femmes noir.e.s par les forces de police, #BlackLivesMatter. L’Amérique glissait très sûrement vers une fascisation de ses organes de pouvoir et une instillation d’une justification de celle-ci par le peuple et pour le peuple. Hail Hitler, isn’t it ? Non, point d’étonnement car depuis quelques mois déjà, they Kill da Bros’ ! FOCUS F.W.I - 33


LE PARI RÉUSSI DE

DONALD TRUMP Pierre-Yves Chicot, Maître de conférence de droit public | Avocat du Barreau de la Guadeloupe - Photos Julie Dermansky et Jamelle Bouie.

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À

l’issue de l’élection de Donald Trump, l’amie d’enfance me confesse : « l’Amérique a montré son vrai visage ». Et pourtant avons-nous oublié que ce pays du monde présenté comme l’une des plus grandes démocraties du monde occidental a une histoire ruisselante de beaucoup de sang ? Le sang des millions d’indiens massacrés pour leur voler leur terre, le sang de ces millions d’africains déportés mis aux fers, « animalisés », méprisés, violés etc. A-t-on oublié que nombre d’Etats du Sud ont converti les arbres en potences destinés à accueillir les dépouilles d’individus simplement parce qu’ils étaient des nègres ? A-t-on oublié que des valeureux militants (es) nègres ont du faire œuvre de résistance active ou passive pour faire reconnaître leurs droits civiques ? A-t-on oublié que dans l’histoire récente du monde que la ségrégation raciale effective a été le fait de l’Afrique du Sud, mais aussi des Etats-Unis d’Amérique ? On peut comprendre que le réveil soit douloureux parce que ce grand pays avait eu l’outrecuidance, oui l’outrecuidance de désigner à sa tête un président d’origine africaine. On a cru à tort que l’élection de Barack Obama aurait balayé de quelques coups de gomme une histoire longue, caractérisée par une vision ethnocentriste. Or le soubassement même de la création des Etats-Unis d’Amérique ne procède pas d’une inspiration humanitaire mais d’une inspiration guerrière conduite par celui qui se dit civilisé et blanc, en considérant que tous les autres hommes sont beaucoup moins que lui. À certains égards, c’est précisément ce discours qui a été développé par le candidat Donald Trump, lui permettant de s’attirer les faveurs de l’insoutenable existence encore aujourd’hui, du Ku Klux Klan. Les « spin doctors » de Donald Trump ont

Dieu à qui on réclame la bénédiction céleste ? À moins que ce Dieu ne soit pas celui auquel font référence les chrétiens et les personnes d’obédience christiques. L’élection à la présidence, de Donald Trump, souligne l’importance de la dimension religieuse dans cette société qui ne rechigne pas à glorifier les « self-made man » qui sont devenus très riches, tout en valorisant le supra-terrestre confinant au divin, comme un élément structurant de son ordre social. Ceux qu’il est possible de désigner comme « les intégristes de la laïcité» et qui ont pignon sur rue désormais en France par exemple, ne semblent pas avoir d’homologues aussi nombreux dans la société « Etats-uniennes ». Il n’est alors pas inepte d’établir un rapprochement entre le nouveau réveil des thuriféraires de l’ordre moral en France et ailleurs, avec l’alternance finalement prévisible, qui vient de se produire aux États-Unis. Le monde privé de sens dans lequel nous vivons depuis quelques années, cupide, lubrique et décadent n’octroie pas le bonheur attendu par les hommes, qui du même coup, sont en quête d’un modèle politique, économique, social et moral différent. Car en effet, si on peut estimer que le conflit est consubstantiel à la condition humaine (« l’homme est un loup pour l’homme »), le désir de prospérité dans la pacification et la stabilité individuelle et familiale sont tout aussi ardents. Donald Trump a pris le parti d’un discours rassérénant sur la politique intérieure en ne jetant pas aux orties certains préceptes de la doctrine économique protectionniste honni par la globalisation des marchés domestiques. On observe, avec une intensité qu’on a encore du mal à mesurer, le rejet d’une politique économique internationale caractérisée par le décloisonnement des frontières, provoquant des conséquences fâcheuses, parmi lesquelles des délocalisations au détriment des États-Unis et au profit de la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie etc. Donald Trump s’est mué, tout en étant candidat, en commandant en chef, se proposant de combattre avec force conviction le terrorisme qui a gagné le sol des États-Unis, non pas en prolongeant les occupations mais en rétablis‘‘Donald Trump a aussi mis en lumière le fait que pour gagner sur le terrain extérieures sant par exemple un dialogue politique, il ne suffisait plus simplement de parler d’économie et de croissance, plus fructueux avec la Russie et orthodoxe. En ne mais aussi d’une vision particulière de la société dont les racines sont enfouies blanche considérant pas non plus, par ailleurs, que Bachar El Assad dans le droit canonique, voire même dans les textes bibliques.’’ est un affreux dictateur mais bien compris que l’identité blanche menacée par la démographie véloce des avant tout comme un protecteur des chrétiens d’Orient, comme l’ont été en nègres et des latinos devait être mise en évidence au cours de la campagne. leur temps Saddam Hussein et Tarek Aziz. Les analystes ont très peu noté Les déshérités blancs ainsi que les possédants blancs ont cherché en Donald cette rupture du Parti Républicain dans la manière d’envisager désormais la Trump le réconfort dont ils ont besoin pour garantir une continuité histo- politique diplomatique avec le monde arabe et perse. Il s’est aussi proposé rique de ce pays, commencé il y a quelques siècles, avec l’arrivée de l’homme d’être le défenseur de son territoire national menacé par une immigration, blanc. Parallèlement, dans le cadre de l’entreprise de conquête du pouvoir la qui trop massive et mal contrôlé, risque de changer l’âme des États-Unis, tout stratégie ne pouvait se contenter de séduire les seuls blancs. Aussi, fallait-il en mettant au grand jour les faiblesses de l’appareil régalien dont le premier également produire et populariser un discours dit « conservateur » sur les objectif est la protection de la patrie. La « Trump-isation » du monde prend valeurs morales qui obtiendrait une écoute qualitative et une adhésion des la forme du retour d’un discours patriotique qui peut être tenu aussi bien populations noires et latinos. En récusant l’avortement et le mariage homo- par des modérés que des extrémistes. C’est d’une certaine manière le « come sexuel, Donald Trump a aussi mis en lumière le fait que pour gagner sur le back » de l’État sans altérer l’autorégulation sociale qui conforte la liberté, terrain politique, il ne suffisait plus simplement de parler d’économie et de notamment celle d’entreprendre. A la vérité on peut se demander si Donald croissance, mais aussi d’une vision particulière de la société dont les racines Trump innove ou restaure-t-il tout simplement un modèle qu’on avait cru sont enfouies dans le droit canonique, voire même dans les textes bibliques. éculé avec la chute du mur de Berlin ? La deuxième emporte notre conviction En effet, le président élu des Etats-Unis d’Amérique ne prête-t-il pas serment nous conduisant à citer une nouvelle fois Paul Valéry : « si l’État est fort, il nous la main posée sur la bible ? De même, comment peut-on répéter depuis des écrase, s’il est faible nous périssons ». Les États-Unis d’Amérique ont peut-être lustres : « que Dieu bénisse l’Amérique», et dans le même laps temps défier ce tout simplement voulu dire qu’ils ne souhaitent pas périr et leur pays avec ! FOCUS F.W.I - 35


L’ILLUSIONNISTE

HIER, NIGEL FARAGE, AUJOURD’HUI DONALD TRUMP ET DEMAIN, MARINE LE PEN ?

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Par Carole De Lacroix et Ken Joseph - Photo Revelli-Beaumont/Sipa

n juin 2015, Donald Trump qualifiait les politiciens américains ‘’d’imbéciles’’, tous ‘’incapables de conduire le peuple américain vers la Terre promise’’. ‘’Nous avons besoin d’un leader qui rendra l’Amérique à nouveau grande, je serai le plus grand président créateur d’emploi de l’histoire.’’ Ainsi annonçait-il une candidature qui n’était pas réellement une surprise tant les ambitions politiques de ce dernier venaient de loin. Mais que tous les observateurs — y compris nous— ont d’abord pris à la légère, jusqu’à la nuit du 8 au 9 novembre 2016. C’est pour oublier ce principe simple qu’une situation ‘’improbable’’ n’est pas une situation ‘’impossible’’ que Donald Trump est aujourd’hui président des État-Unis. On comprend mieux pourquoi Marine Le Pen s’est empressée de déclarer que cette élection était ‘’une bonne nouvelle pour la France’’, c’est-à-dire pour elle-même. À y regarder de près, ce serait en effet une lourde erreur de penser que la présidente du Front National ne puisse pas devenir la première femme présidente de la République française. Cette situation, encore largement improbable, n’est pas totalement impossible. « L’information principale pour nous Français, c’est que Marine Le Pen peut gagner en France ». À l’instar de l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, la déflagration provoquée par la victoire de Donald Trump a rapidement inspiré la même conclusion à la quasi-totalité de la classe politique :

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et si l’extrême droite, donnée battue au second tour par toutes les enquêtes d’opinion, l’emporterait finalement? Hier, Nigel Farage, aujourd’hui Donald Trump et demain, Marine Le Pen ? De Jean-Christophe Cambadélis à Alain Juppé en passant par Xavier Bertrand, l’avertissement Trump est pris très au sérieux. L’inquiétude est d’autant plus palpable que le triomphe surprise du populiste américain est perçu comme une réplique de la victoire du Brexit au Royaume-Uni, un autre phénomène passé totalement en-dessous des radars sondagiers. D’un scrutin à l’autre, d’un continent à l’autre, les agents du péril nationaliste avancent leurs pions poussés par la grande colère des peuples trompés et méprisés. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’engrenage semble inéluctable. En France, les premiers effets de ce forfait se sont fait sentir lors du référendum sur le traité de Maastricht en septembre 1992. Ils se sont amplifiés dix ans plus tard avec l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, le 21 avril 2002, avant de triompher lors du rejet, en mai 2005, du traité constitutionnel européen. Depuis, les effets de la grande crise de 2008 ont fait exploser les inégalités jusqu’à un seuil intolérable, les vagues migratoires ont attisé de légitimes angoisses identitaires, et la menace terroriste installe au cœur même de nos démocraties affaiblies le dangereux germe de la guerre civile. Dans l’entourage de la présidente du Front National, la conclusion est la même : le succès du candidat anti-système américain


démontre qu’une victoire de Marine Le Pen est possible quoi qu’en disent les enquêtes d’opinion et la presse, considérées comme majoritairement hostiles. « 95 % des médias américains faisaient campagne contre Trump. Ça vous rappelle pas quelqu’un ? », a ironisé le vice-président du FN Steeve Briois, avant de se réjouir de la ‘’gifle’’ infligée ‘’ aux journalistes et experts de la pensée unique, méprisants pour les peuples’’. Ainsi, la question mérite d’être posée: Peut-on encore croire les sondages qui donnent Marine Le Pen — largement — battue en cas de second tour face à un candidat de droite ou de gauche? Pour y répondre, il faut d’abord comprendre les raisons de l’incapacité des sondages à évaluer précisément ces mouvements d’opinion et déterminer si ces raisons s’appliquent à Marine Le Pen. S’agissant du Brexit comme de Donald Trump, les analystes s’accordent déjà sur le principe d’un ‘’vote caché’’ suffisamment diffus pour ne pas être capté par les sondages et à la fois suffisamment puissant pour inverser le rapport de force initialement prévu. Un phénomène exacerbé par la nature même du Brexit ou de la campagne totalement iconoclaste de Donald Trump, tous deux incarnant un rejet radical d’un ordre établi. À l’évidence, Marine Le Pen espère s’emparer de ce ‘’vote caché’’ pour déjouer tous les pronostics en 2017. N’a-t-elle pas défendu le Brexit et la candidature de Donald Trump face à l’unanimisme de la classe politique française en faveur de Hillary Clinton ? N’incarne-t-elle pas, à l’image du milliardaire américain, la candidature anti-système capable de faire trembler la Ve République sur ses fondations ? S’il convient de manier les prédictions sondagières avec précaution, reste le contexte politique qui là encore sert les intérêts de l‘extrême droite française. Le Front National, où l’on mise sur les expériences étrangères pour dédramatiser l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen en 2017, assure que la dynamique populiste à l’oeuvre dans la quasi-totalité des démocraties occidentales lui ouvrira prochainement les portes du pouvoir. ‘’ Le référendum français de 2005, grec de 2015, les récents succès électoraux des patriotes dans différents pays d’Europe, le vote massif des Britanniques en faveur du Brexit et maintenant Donald Trump, ce sont autant de choix démocratiques qui enterrent l’ordre ancien et autant de pierres qui construisent le monde de demain’’ a prophétisé Marine Le Pen. Consécration de Viktor Orban en Hongrie, victoire du parti conservateur et eurosceptique Droit et Justice (PiS) en Pologne, poussée du parti anti-migrants AFD en Allemagne… Le prochain scrutin français s’inscrit à l’évidence dans un contexte très favorable aux mouvements anti-systèmes et xénophobes. À tel point que Marine Le Pen semble d’ores et déjà qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle. Mais ça aussi, ce sont les sondages qui le disent. LE PARALLÈLE TRUMP-LE PEN. Et, s’il ne fait guère de doute que l’élection de Donald Trump crée une dynamique favorable au Front National, la route vers le pouvoir exécutif pour Marine Le Pen pourrait s’avérer plus difficile que pour Trump. Et pour cause, les modalités pour arriver à un tel poste sont radicalement différentes en France et aux États-Unis, avec notamment l’importance des ‘’grands électeurs’’ pour ce dernier. Si bien que, Donald Trump a été élu alors qu’il est arrivé deuxième en nombre total de voix, derrière Hillary Clinton. En France, les règles de la présidentielle rendent cela impossible. D’autre part, aux États-Unis, la présidentielle n’a qu’un seul tour de vote, tandis qu’en France, elle est à deux tours, ce qui permet notamment aux électeurs des candidats non finalistes de se reporter sur l’un des deux qualifiés pour faire barrage à l’autre. Ainsi, contrairement à Donald Trump, Marine

‘‘Vive Trump. La dédiabolisation est une foutaise et une impasse. Les peuples ont besoin de vérité et de courage. Bravo l’Amérique !’’

Le Pen est donc exposée à la perspective d’un ‘’Tout sauf Le Pen’’, du fait même de l’existence d’un second tour rendant possible ce type de front uni. Par parenthèse, déduire du Brexit que Marine Le Pen peut gagner la présidentielle française est une erreur de raisonnement. En effet, les électeurs, qui ont voté en faveur du Brexit ont par ailleurs des idées politiques qui les empêchent de voter pour le même parti : certains préfèrent le parti xénophobe UKIP, alors que d’autres préfèrent le Labour dans sa version fortement ancrée à gauche de Jeremy Corbyn. Similairement, raisonner ainsi c’est croire que tous les électeurs ayant voté Non à la Constitution européenne de 2005 pourraient voter en bloc pour le FN, ce qui est évidemment faux. De plus, aux États-Unis, les premières statistiques électorales disponibles indiquent très clairement une polarisation extrême entre un vote masculin pour Donald Trump, et un vote féminin pour Hillary Clinton. Cette polarisation est si forte que le «vote de genre» a été l’un des plus puissants facteurs aboutissant à la victoire de Donald Trump. Or, en France, cela fait déjà plusieurs scrutins présidentiels que l’on n’observe plus d’écart significatif entre le vote des hommes et celui des femmes. Contrairement à Donald Trump, Marine Le Pen ne peut donc pas s’appuyer sur un «vote de genre» qui la conduirait à la victoire. Par ailleurs, aux Etats-Unis, des lois de ségrégation raciste instaurant un régime d’apartheid ont existé jusqu’aux années 1960, c’est-à-dire il y a à peine plus d’un demi-siècle. La culture politique ségrégationniste reste même revendiquée jusqu’à nos jours dans de nombreuses régions du pays, notamment en affichant encore le drapeau confédéré du Sud esclavagiste de l’époque de la Guerre de Sécession. En France, les dernières lois de racisme d’État – exception faite des colonies – étaient celles du régime de Vichy collaborant avec l’Allemagne nazie ; et elles font jusqu’à nos jours l’objet d’un profond traumatisme national. Il s’ensuit que le racisme et plus largement la xénophobie sont beaucoup moins acceptés dans la vie politique de la France que dans celle des États-Unis. Ainsi, à l’opposé de Donald Trump, Marine Le Pen est donc estropiée dans ses ambitions électorales par un antiracisme qui reste encore puissant – même s’il décline – dans l’électorat français. De plus, transformer «les sondages n’ont pas prévu la victoire de Donald Trump» en «la victoire de Marine Le Pen est possible», c’est une erreur de raisonnement d’un strict point de vue logique. En effet, ce n’est pas parce que l’événement A n’a pas été prévu par les sondages que cela rend plus probable l’événement B dans un autre pays. Tout ce que cela prouve, c’est que les sondages peuvent se tromper ; et non pas que Marine Le Pen peut gagner. Identifier les bouleversements possibles du paysage politique français, c’est une chose. Crier au loup en faisant des analogies massivement tirées par les cheveux, c’en est une autre. En l’occurrence, confondre les chances de succès de Marine Le Pen avec celles de Donald Trump malgré toutes les lourdes différences entre leurs situations, c’est commettre une énorme erreur d’analyse. « Vive Trump. La dédiabolisation est une foutaise et une impasse. Les peuples ont besoin de vérité et de courage. Bravo l’Amérique ! » a lâché Jean-Marie Le Pen sur twitter. Reste à savoir si cette élection ne signerait pas le retour du Père et de ses idéologies lissées par la Fille. C’est pour oublier ce principe simple qu’une situation ‘’improbable’’ n’est pas une situation ‘’impossible’’ que comme Donald Trump que Marine Le Pen peut être un jour présidente de la République française. Mais, et il y aura plusieurs « mais », car la route de Marine Le Pen vers l’Élysée semble s’avérer très difficile. Même s’il est « mal » de reconnaître que cette dernière est de loin l’une des femmes les plus stratèges et politiques du 21e siècle. FOCUS F.W.I - 37


FRANÇOIS

PREMIER

On n’a rien vu venir... Par Marc Lantin - Photos Joel Saget/AFP

Personne n’avait prévu sa victoire, ni même sa présence au second tour. Sa présence était devenue une candidature de témoignage, poursuivie dans une sorte d’indifférence jusqu’à ce dernier mois. Les plus compatissants la voyaient dictée par le regret, peut-être le remord, de n’avoir pas donnée sa pleine mesure lorsqu’il était Premier ministre. Les autres spéculaient déjà sur l’accord qu’il passerait pour une retraite heureuse. Même les plus hardis, les plus culottés se gardaient bien de miser sur une autre configuration que le duel tant attendu ; ce serait Alain Juppé contre Nicolas Sarkozy. Comment pouvait-il en être autrement ? L’un et l’autre divergeaient si bien, le rassembleur et le clivant, le calme contre l’agité. La France apaisée contre la France révoltée. Puis vint la surprise. Le canevas écrit à l’avance par les imprudents se retrouve sabré, tailladé, brisé… 38 - FOCUS F.W.I


Et l’on peut tortiller les explications dans tous les sens, le résultat est le même: on n’a rien vu venir. Ni l’élimination de Nicolas Sarkozy par un électorat somme toute de droite ni, bien sûr, le raz de marée Fillon. On a rien vu venir, parce que le système des primaires instaure une règle démocratique à laquelle nous ne sommes pas habitués : ce sont les électeurs — loin des tambouilles électorales et des sondages— qui choisissent leur candidat. Et après avoir réalisé un score surprenant au premier tour (plus de 44%), le candidat sur lequel personne ne misait pendant la campagne a transformé l’essai lors du second tour en enregistrant une victoire écrasante avec 66,5 % des voix contre 33,5 % pour Alain Juppé. François Fillon est ainsi devenu le vainqueur incontesté de la primaire de la droite, le candidat de son camp à la présidentielle et le favori pour remporter le scrutin de 2017 face à un Front National dynamique et une gauche atomisée.

Mais comment expliquer l’écrasante victoire de cet homme, plutôt associé au second rôle, qu’aucun sondage n’avait prévu depuis des mois ? Et que dit cette razzia de la recomposition de la droite française qui a balayé en l’espace d’une semaine à la fois le sarkozysme, en ne permettant pas à l’ancien président d’accéder au deuxième tour, et le chiraquisme, en préférant largement François Fillon à Alain Juppé au second tour des primaires ? En premier lieu, le député de Paris a pleinement profité des débats télévisés pour se démarquer de ses adversaires et cela à deux niveaux. Premièrement par la personnalité, où il est apparu calme, serein, sérieux, honnête et franc, mettant habilement en avant sa volonté de ne pas tomber dans la « politique spectacle »; bref, d’abonder dans l’exact opposé de Nicolas Sarkozy. Et enfin, celui des idées, où il a opté pour le programme le plus radical en matière économique tout en faisant une synthèse entre la modération d’Alain Juppé et la surenchère de Nicolas Sarkozy sur les thématiques identitaires. Moins extravagant que Nicolas Sarkozy mais plus à droite qu’Alain Juppé, l’ancien Premier ministre est apparu comme la meilleure solution pour contrer l’ancien président, dont les Français ne voulaient clairement plus, sans pour autant renier une volonté de revenir à une droite plus à droite. Notons, que si Nicolas Sarkozy avait, sans doute, la bonne stratégie, il n’était pas le bon stratège. Le maire de Bordeaux était, quant à lui, beaucoup trop marqué au centre-droit pour incarner une droite qui, sans tomber dans le populisme, est phagocytée par des courants réactionnaires. Ainsi, en assumant le bilan du quinquennat Sarkozy, tout en faisant habilement remarquer qu’il aurait fait les choses autrement s’il avait eu les manettes, le Sarthois a profité des faiblesses de ses adversaires qui, additionnées à la déroute de Bruno Lemaire, lui ont laissé un large couloir pour s’imposer comme la meilleure alternative. Tout en s’appuyant sur deux électorats extrêmement importants à droite : celui des entrepreneurs, séduit par son programme de désétatisation ; et celui des catholiques séduit par ses convictions religieuses. En prenant la défense des chrétiens d’Orient, en appelant à « vaincre le totalitarisme islamique », en promouvant une alliance solide avec la Russie, l’ancien Premier ministre s’est également démarqué de ses concurrents en matière de politique étrangère, ce qui a certainement participé à sa large victoire. Il suffit en effet de lire la presse française dite de droite pour remarquer à quel point ses thèmes deviennent récurrents au

sein de cette tendance politique. Il y a dans la performance de François Fillon, de la maestria tactique face à un électorat volatil, mais aussi le triomphe d’un style et d’une méthode, placides et posés : l’élimination de Nicolas Sarkozy et la consécration de son ancien Premier ministre, sont le choix du policé contre le populiste. À la faveur de sa campagne, Fillon a attiré différentes sortes d’électeurs qui, s’ils ne partagent pas toutes ses opinons, lui reconnaissent quelques mérites : la consistance, l’audace, le refus d’un alignement géopolitique sur les États-Unis et de la politique spectacle. Ainsi, retrouve-t-on parmi ceux qui ont voté pour lui outre les catholiques et les conservateurs sociétaux, les chevènementistes, des sympathisants d’Arnaud Montebourg, des orphelins du séguinisme, des pourfendeurs de l’hégémonie américaine — pas forcément mécontents de l’élection de Donald Trump—, des partisans de la « souveraineté monétaire européenne », des libéraux économiques tendance Thatcher, des identitaires fatigués des zigzags de Sarkozy, d’anciens électeurs FN qui goûtent de moins en moins de rester à la marge, des pro-russes, pro-Poutine… François Fillon a ainsi réussi une synthèse inédite et composite. En somme, celui que Nicolas Sarkozy appelait son « collaborateur », pour mieux le remettre à sa place, a pris une revanche sur toute sa famille politique. Et se place désormais comme le favori de la course à l’Élysée. Pour le plus grand bonheur du Parti socialiste qui, malgré son effritement, pourra jouer sur la peur d’un deuxième tour entre un candidat très à droite et une candidate de l’extrême droite. Et au grand dam du Front national, qui pourrait se faire siphonner une partie de ses voix par un candidat qui est attaché, tout comme le FN, à une certaine idée de la France catholique. Reste à savoir si l’ultralibéralisme de M. Fillon, qui a séduit les électeurs de la primaire, ne va pas rebuter une grande partie de l’électorat, moins intégrée et réclamant, au contraire, plus de protection étatique. Combien de voix peut-il gagner sur l’extrême droite et combien de voix va-t-il perdre au centre et à gauche ? Telle est la nouvelle équation que doit résoudre le nouveau favori de la course à la présidentielle. Une chose est sûre : les commentateurs n’en sont pas devenus plus modestes. Les mêmes qui nous expliquaient hier que son échec était prévisible nous disent aujourd’hui pourquoi sa victoire était inéluctable. Ceux qui l’ont abandonné, du premier au dernier mois, commencent déjà à lui tresser des couronnes dans l’espoir d’une bonne place. C’est ce qu’on appelle la vie politique… FOCUS F.W.I - 39


UN PROGRAMME LIBÉRAL ET CONSERVATEUR. Ne parlez pas de « réformes » à François Fillon, il préfère revendiquer sans détour « une transformation économique et sociale ». Et c’est bien un programme radicalement à droite qu’assume ce dernier : libéral, voire thatchérien, sur le plan économique, traditionaliste et conservateur sur les questions de société, realpolitik en politique étrangère. Focus sur les principales mesures de François Fillon. Une allocation sociale unique. Pour un « meilleur contrôle des aides », mais aussi pour réaliser des économies, lui qui en promet 100 milliards d'euros sur la durée du quinquennat, François Fillon veut mettre en place une « allocation sociale unique » (ASU) qui regrouperait le RSA, l'allocation spécifique de solidarité, la nouvelle prime d'activité, les allocations logement. Cette ASU intégrerait les « montants versés au titre des autres prestations sociales et des allocations chômage » et serait plafonnée. Cela afin qu'il soit plus « payant», dit le candidat, de travailler. Cette aide unique serait centralisée dans un même organisme, qui connaîtrait la situation fiscale du foyer. Encore une fois dans un souci de contrôle. Aussi, le député de Paris souhaite non seulement plafonner les allocations chômage afin que le taux de remplacement net du revenu n'excède pas 75 % mais aussi y introduire une « dose de dégressivité.» Il avance également que la règle selon laquelle deux refus d'offres d'emploi dites raisonnables entraînent la perte des droits au chômage doit être strictement appliquée. Un Code du travail allégé. « Il existe en France une peur d'embaucher qui est liée à la rigidité et à la complexité du droit du travail », écrit François Fillon dans son programme. Pour y remédier, le député de Paris entend « recentrer 40 - FOCUS F.W.I

le Code du travail sur les normes sociales fondamentales, qui ne représentent qu'environ 150 pages sur 3.400. » Le reste incomberait à la négociation au niveau de l'entreprise ou des branches. Un programme qui correspond à ce que demande le patronat. François Fillon veut aussi mettre un terme au monopole syndical au premier tour des élections professionnelles. Cela reviendrait à instituer une liberté de candidature individuelle, sans nécessairement être adossé à un syndicat. Un vrai bouleversement. Pour lever les freins à la création d'emplois, l'ancien Premier ministre compte sur l'instauration d'un «contrat de travail avec des modalités de rupture prédéfinies et progressives». François Fillon entend également « introduire le motif de réorganisation de l'entreprise dans les procédures de licenciement collectif ». Le vainqueur de la primaire veut également relever les seuils sociaux de 10 à 50 salariés et de 50 à 100 salariés. Le départ à la retraite reporté à 65 ans. François Fillon veut reporter l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans d'ici à 2022 pour sauver le financement du régime général des retraites. « C'est la condition pour qu'à l'avenir les retraites ne diminuent pas », explique-t-il. Il veut aussi « harmoniser graduellement » les régimes privés, publics et spéciaux (RATP, SNCF...) : même âge de départ, mêmes modalités de calcul alors qu'aujourd'hui on se réfère aux six derniers mois de la carrière d'un fonctionnaire, mais aux 25 meilleures années d'un salarié du privé. A long terme, les retraites de base et complémentaires devront, selon lui, fusionner pour constituer un régime par points, où l'âge de départ n'est pas le même pour tous. Enfin, François Fillon souhaite mettre en place un étage de retraite par capitalisation « de type Perco-PERP » pour compléter le régime par répartition.


La TVA sociale. C'est une nouvelle hausse de TVA qui attend les Français en cas d'alternance en mai 2017. François Fillon promet une hausse de 2 points à la fois du taux normal et du taux intermédiaire, déjà relevés respectivement à 20 % et 10 % en 2014. Cela rapporterait 16 milliards d'euros de recettes supplémentaires pour financer une baisse des charges patronales sur l'ensemble des salaires, et pas uniquement sur les bas salaires comme cela a été fait sous ce quinquennat. A quoi viendrait s'ajouter la suppression de 15 milliards de taxes assises sur la masse salariale, de type versement transport ou cotisations FNAL. Une baisse du taux de l'impôt sur les sociétés à 25 % est envisagée mais elle serait en partie compensée par des mesures visant à accroître l'assiette, réputée pour être « mitée » en France. Reste à voir comment cette proposition évoluera durant la campagne, sachant qu'Alain Juppé était plutôt favorable à une hausse de 1 point de la TVA, qui aurait moins d'effet sur la consommation. L’allègement de la fiscalité du capital. Pour la première fois depuis 1986, la droite est prête à faire tomber le totem de l'ISF. François Fillon annonce la suppression de cet impôt, qui rapporte tout de même 5 milliards à l’État. « Il suffit d'aller à Bruxelles ou à Genève pour voir ce que coûte cet impôt à notre économie », a-t-il lancé lors du débat de jeudi soir . Pour pallier la disparition de l'ISF-PME, dont vivent certains fonds d'investissement, il est prévu de créer un dispositif pour inciter à investir dans des PME, sur le modèle du dispositif Madelin, mais avec un plafond et une déduction bien plus élevés: il est question de permettre une réduction d'impôt à hauteur de 30 % des investissements, jusqu'à 1 million d'euros investi. Enfin, le projet du député de Paris prévoit de revenir à une taxation forfaitaire des revenus du capital, au taux de 30 % (prélèvements sociaux inclus). François Fillon entend ainsi s'attaquer à l'une des mesures symboliques prise par la gauche en début de quinquennat, la taxation au barème de l'impôt des revenus tirés des placements financiers, qui avait soulevé le mouvement des « pigeons » et placé la France parmi les pays européens où le capital est le plus imposé. 500 000 fonctionnaires de moins. Lorsqu'il était à Matignon, il avait supprimé près de 150.000 postes de fonctionnaires. François Fillon promet presque quatre fois plus s'il s'installe à l’Élysée, avec la réduction d'un demi-million du nombre d'agents publics entre 2017 et 2022. Sur le papier, l'exercice est jouable si l'on ne renouvelle aucun des postes de contractuel qui arrivent à leur terme entre 2017 et 2022 en plus de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Mais on peut se demander si l'ancien Premier ministre n'a pas un peu surdimensionné sa proposition. Son calcul vaut dans le scénario d'un âge légal de retraite de 62 ans et non de 65 ans... Il suppose en outre que les collectivités locales, sur lesquelles l’État n'a pas l'autorité, jouent le jeu. Et que l'on supprime beaucoup de postes à l'hôpital, ce qui ne s'est jamais fait. La fin des 35 heures. François Fillon a les 35 heures dans le collimateur. Mais pas seulement. C'est la logique même de la fixation par la loi d'une durée légale qu'il veut supprimer du Code du travail, où seules subsisteraient les durées maximales issues de la réglementation européenne de 44 et 48 heures hebdomadaires. L'ancien Premier ministre veut renvoyer à la négociation dans l'entreprise la détermination de l'horaire collectif de travail à compter duquel se déclenchent les heures supplémentaires dans le secteur privé. Mais que se passera-t-il si l'employeur et les représentants des salariés ne parviennent pas à un accord ? Quelle durée du travail s'appliquera? Pour l'heure, le flou domine sur les modalités d'application concrètes de la réforme. Du côté des fonctionnaires, François Fillon veut appliquer une règle simple : passer tout le monde à 39 heures, dès 2017. Et ce alors même qu'un récent rapport a rappelé l'extrême diversité des temps de travail dans la fonction publique, liée notamment à l'existence de sujétions particulières. Se pose la question du coût budgétaire d'une hausse du temps de travail des fonctionnaires, alors que les baisses d'effectif s'étaleraient, elles, sur cinq ans. Si François Fillon exclut de discuter durée du travail, la contrepartie salariale de la hausse du temps de travail pourrait être négociée. Un statut de prestataire indépendant. C'est l'un des chevaux de bataille du candidat. Sur les conseils d'Hervé Novelli, ancien secrétaire d'Etat au

Commerce et initiateur du statut d'autoentrepreneur, François Fillon entend créer un statut de prestataire indépendant. Celui-ci serait « irrévocable » pendant trois ans, c'est-à-dire que l'Inspection du travail ne pourrait pas requalifier ce statut en contrat de travail, même si la totalité du chiffre d'affaires est effectué avec une seule entreprise. L'objectif affiché est de créer 1 million d'emplois en trois ans. Parallèlement, le plafond de chiffre d'affaires autorisé par autoentrepreneur serait revu à la hausse. Et les jeunes pourraient, dès 16 ans, devenir autoentrepreneurs. L'idée est de profiter à fond de la révolution numérique, censée créer des emplois tout en ayant besoin de flexibilité supplémentaire. Les artisans et les commerçants pourraient bénéficier d'une franchise de TVA au même niveau que les autoentrepreneurs, jusqu'à 50.000 euros de chiffre d'affaires dans les services et 120.000 dans les activités d'achat-revente. Un effort de 12 milliards pour la sécurité. L'ancien Premier ministre a promis d'investir 12 milliards supplémentaires dans la défense, la police et la justice. L'accent mis sur la « réponse pénale » impliquera davantage de magistrats mais aussi la construction de 16.000 places supplémentaires de prison. François Fillon veut aussi faire porter l'effort sur les matériels dans la police, lui qui veut que la police municipale soit armée et puisse effectuer des contrôles d'identité pour en faire une « vraie police de proximité ». Il veut créer un grand ministère de l'Intérieur qui réunirait police, gendarmerie, administration pénitentiaire, douanes. ET L’OUTRE-MER. François Fillon ne veut pas voir l’Outre-mer comme "une charge budgétaire" mais plutôt comme "un atout pour le redressement du pays" et même "un antidote de la petite France’’. C’est en ce sens, qu’il a pondu sa vision pour nos régions « Un nouveau cap pour les Outre-mer dans la République », un fascicule de 12 pages. En voici quelques grandes idées. En matière de sécurité et d’immigration, il souhaite dans un premier temps entrer dans une logique de moyens, de résultats et de performances en renforçant le contrôle des frontières maritimes et terrestres, en donnant également plus de moyens à la police judiciaire et en rétablissant le contrôle des armes. Dans un second temps, il souhaite stopper l’immigration irrégulière qui selon lui est dévastatrice pour la cohésion sociale par le développement des patrouilles mixtes terrestres et maritimes. L’ancien Premier ministre souhaite faire de l’éducation une priorité en outremer durant son quinquennat en comptant sur des mesures efficaces : redonner et renforcer l’enseignement de la lecture et du français dès la maternelle en avançant à l’âge de 5 ans la scolarité obligatoire, laisser plus de marge aux chefs d’établissement afin d’adapter leurs formations aux besoins, développer les outils et les formations numériques. Sa principale motivation : redémarrer le moteur économique pour lutter contre le fléau du chômage. Ainsi le candidat Les Républicains souhaite redonner des marges de manœuvre aux entreprises et libérer la croissance en allégeant les impôts directs pensant sur les entreprises et en réduisant le coût du travail grâce aux allègements de charges sociales. Il souhaite également mettre en place un « Small Business Act », en adaptant le code des marchés publics, de sorte que les TPE ne puissent pas être écartées des marchés publics locaux en raison de leur petite taille et puissent plus facilement bénéficier des offres partenariales entre « grands comptes » et TPE ou startups… Il ambitionne également d’attirer dans les outre-mer les talents et les capitaux par l’orientation de l’épargne nationale vers le financement des PME des régions d’outre-mer, la création des zones franches d’attractivité et développer les échanges commerciaux. Il propose d’autre part de consolider les secteurs traditionnels que sont l’agriculture et le BTP. D’un point de vue environnementale, il souhaite favoriser de grands projets qui préparent les outre-mer aux enjeux du XXIème siècles en développant un plan simple et ambitieux permettant d’atteindre un nouveau cap de politique énergétique « 0 » charbon et « 0 » fuel en 2025; en favorisant la conversion des centrales à charbon actuelles et celle des centrales à fuel ainsi que le développement accéléré des énergies renouvelables, en développant et modernisant les projets de traitement et valorisation des déchets ménagers. FOCUS F.W.I - 41


LA GRANDE INTERVIEW

Harry Durimel,

le culte du jusqu’au-boutisme. Propos recueillis par Ken Joseph – Photographe Éric Corbel

StylismeKen Joseph |Réalisation MikeMatthew|Mise enbeautéMakeUpBox|StudioMake UpForEver 42 - FOCUS F.W.I


I

l y a les guerres frontales et les guerres de tranchées. On découvre aussi les combats par défaut. Ces guerriers qui tracent leur route en pariant sur la déliquescence de l’adversaire, qui rêvent de ce moment où ils n’auront plus qu’à s’imposer faute de mieux. À vrai dire, il est peut-être le seul à y croire. Mais Harry Durimel à un rêve: le pouvoir. Pas le pouvoir pour le pouvoir, mais l’obtention du graal qui lui permettrait de confronter ses idées à la réalité, comme dirait l’autre : Travailler pour le Pays Guadeloupe. Servir le peuple… Candidat malheureux tout au long de son engagement politique, Harry Durimel apparait aujourd’hui en un homme changé, ayant appris du passé et ayant l’ambition d’enfin réussir. Et son prochain défi? La 1ère circonscription, fief Jaltoniste. Optimiste ? Surement. Mais s’il faut lui reconnaître une qualité c’est d’aller au bout des choses donc de son engagement. Il est comme ça Harry Durimiel, jusque-boutiste et il apparait tel qu’en lui-même, direct, déterminé, et en même temps joyeusement épanoui dans sa vie. À croire que contrairement à certains, lui, se refuse à la politique carriériste. Et quand caractériellement, je me laisse à le comparer à Jean-Luc Mélanchon, il préfère en rire (jaune) et me réponds d’un air solennel « Au rêve du grand soir qu’entretient Jean-Luc Mélanchon, je préfère le réalisme des petit matins d’un Dany Cohn Bendit». Pas étonnant pour ce militant écologiste de premier plan. Il est comme ça, Harry Durimel, écolo… Conseiller régional, conseiller communautaire, conseiller communal et porte parole de Caraïbes Écologie - Les Verts Guadeloupe, Harry Durimel est l’homme qui alerte, dénonce; il faut dire qu’il ne pratique pas la langue de bois. Il fait bouger les lignes par sa liberté de parole, son inventivité et sa volonté de faire. Vingt ans de vie politique et il reste tout de même un mystère ou plutôt un miroir; chacun y projette ce qu’il veut — ou redoute. Pour lui il ne s’agit pas de séduire mais de dire la vérité : Rupture politico-politicienne ? Son erreur ? Surement son encartage écolo-socialiste-gauchiste. Rencontre avec Harry Durimel ou la personnification du jusqu’au-boutisme.

‘‘Vous savez, les gens qui disent vrai, qui n’ont pas la langue de bois et qui ne sont tenus en laisse par aucun mentor ont du mal à percer en politique.’’ __De quoi rêviez-vous quand vous étiez enfant ? Je rêvais d’être avocat car j’ai toujours été habité par l’instinct de défense. Depuis l’adolescence, une de mes grandes parentes surnommée « Afi » trouvait que j’étais toujours sur la défensive, pour moi même et pour les autres, et prédisait que je serais avocat. Elle a fini par m’en persuader. __Pourtant, outre votre brillante carrière d’avocat vous avez fait le choix de la politique. Pourquoi ? Ma fibre militante est peut-être un trait génétique que je tiens de mon grand-père, Amédée Fengarol, qui a été un vaillant militant communiste, un éducateur du peuple et un homme politique célèbre. En outre, l’action associative trouvant ses limites là où commence la compétence de l’élu et des organes délibérants, c’est tout naturellement que je suis passé de la vie associative au militantisme politique.

__D’aucuns disent que vous avez les idées, le programme, l’ambition, que vous êtes un homme de terrain… Pourtant, depuis vos débuts en politique vous n’avez jamais gagné une élections. Comment expliquez-vous cela ? Vous savez, les gens qui disent vrai, qui n’ont pas la langue de bois et qui ne sont tenus en laisse par aucun mentor ont du mal à percer en politique. Mais avec patience et persévérance, si vous êtes convaincu de vos idées, tôt ou tard, votre légitimité finit par être reconnue. __À quel moment pensez-vous avoir fait une erreur ? On ne peut pas parler d’erreur, tant qu’il n’y a pas de compromission. Or, je n’ai jamais trahi ni mes valeurs ni mes convictions, même si en politique il faut parfois accepter des compromis. Quand vous dites « erreur », faites vous allusion à ceux qui disent que si je n’avais pas quitté Morne-à-L’eau, je serais déjà Maire de cette commune à laquelle je suis très attachée ? Peut-être ! Mais quand j’ai commencé la politique à Morne-à-l’eau, je supportais mal que mes amis me disent qu’ils ne me voient pas assez au quotidien dans cette commune où je suis né mais où je passe peu de temps, à cause de mes activités professionnelles à Pointe-à-Pitre. J’ai donc pris la décision d’ancrer mon engagement politique municipal à Pointe-à-Pitre, ville d’un côté de mes ancêtres paternels et d’une partie de mon enfance. __Peut-on alors parler d’erreurs de communication ou encore de style, donc, plus que des erreurs de fond ? Non, nous les écologistes avons simplement eu tort d’avoir raison trop tôt. L’écologie a mis du temps à être reconnue comme une préoccupation légitime des citoyens et gouvernants. Au début, quand nous avons créé ici Génération Ecologie en 1992, puis Les Verts Guadeloupe en 1997, on nous prenait pour des rêveurs, des défenseurs de la chlorophylle et des petits oiseaux. Il est vrai que nous avions du pain sur la planche, en terme de pollutions et d’abus en toute sorte à dénoncer. Alors, notre engagement se manifestait systématiquement par la protestation. De fait, comme nous n’étions pas nombreux, il nous fallait parler fort et faire du bruit pour être entendus. C’est ainsi, par exemple, qu’avec une petite poignée de membres des Verts Guadeloupe, nous avons contraint la Mairie du Moule à faire la distillerie Damoiseau cesser le déversement de sa vinasse dans la mangrove qui provoquait une odeur pestilentielle à l’entrée de la Baie. Vous comprenez pourquoi toutes ces actions, les barrages de routes, les descentes dans les assemblées délibérantes, les tracts et autres manifs ont fini par me donner une image d’homme aigri, écorché à vif, qui ne m’a pas fait que des amis. Peut-être que cette façon d’agir a pu être qualifiée d’erreur de communication. __Militant écologiste politique et associatif, n’avez vous pas le sentiment d’être seul, voir cloisonné par cette idéologie du « tout pour l’environnement » ? En clair, votre parti a t-il une vraie place dans le champ politique? Aujourd’hui on ne peut plus dire çà ! Avec le processus de réchauffement climatique qui est en cours, ce que les gestionnaires publiques auront à gérer ce sont les fléaux suivants : Élévation du niveau de la mer provoquant des inondations des zones côtières, à cause de la fonte des glaciers et de l'augmentation de la température de l'eau, baisse de la ressource en eau potable et alimentaire, extinction d'espèces qui ne pourront pas s'adapter au changement climatique, acidification des océans, recrudescence de maladies infectieuses… Dans un tel contexte, quel développement économique, quelle politique sanitaire et sociale serait concevable sans approche écologique ? Aujourd’hui l’écologie s’est imposée comme la seule science ou philosophie politique de ce 21ème siècle répondant aux réalités de l’Homme dans son environnement. Au point qu’on parle d’urgence et de transition écologiques. L’écologie politique se doit d’être un laboratoire d’idées pour comprendre et penser le développement durable. FOCUS F.W.I - 43


__Pourquoi en Allemagne et en Autriche les écologistes émergent alors qu’en France ces derniers peinent à s’imposer. Est-ce dû à votre rapport au gauchisme, au pouvoir ou simplement à votre façon d’aborder le sujet en faisant de la politique ? Peut-être que vous avez raison de penser que le gauchisme est un obstacle à l’émergence de Verts en France comme en Allemagne. Vous n’êtes pas le seul à le dire. Certains se demandent si les enjeux du changement climatique, de la protection des ressources naturelles, la lutte contre toutes les formes de pollutions ne mériteraient-ils pas une prise en charge unitaire, loin du clivage DroiteGauche. C’est vrai que les Grünen ont toujours affirmé que leur indépendance, leur autonomie, leur permettaient, au cas par cas, des alliances, notamment avec les chrétiens-démocrates qui sont à droite. Ils travaillent avec la gauche à Francfort, avec la droite à Hambourg. Selon Dany Cohn-Bendit, “le système électoral français est simplificateur et dommageable pour la démocratie. Car les Verts français se trouvent amarrés à gauche”. Par ailleurs, dès lors que de nombreuses mesures proposées depuis des années par les écologistes sont retenues par le gouvernement, certains s’interrogent sur l’utilité des mouvements écologistes sur le plan politique, comme si on voudrait faire de l’écologie sans les écologistes. Pour autant, l’écologie politique a un véritable avenir, à condition de savoir transformer notre posture de contestation systématique, en un mouvement dynamique et tolérant. Nous devons nous renouveler profondément, sans renier les acquis de nos luttes. __Ce qui expliquerait votre choix de ne pas participer à la primaire d’Europe Ecologie - Les Verts ? Non, je pense que dans un contexte de percée du populisme et des idées extrémistes du Front national, chacun doit éviter tout émiettement des forces socialistes, humanistes et écologistes afin de ne pas provoquer un deuxième tour cauchemardesque aux prochaines élections présidentielles. C’est pour cela que j’étais plutôt partisan

de négocier une répartition équitable des circonscriptions entres lesdites forces de gauche, au lieu d’une simple candidature écologiste de témoignage à haut risque… __Jean-Luc Mélenchon ne serait-il pas aujourd’hui celui qui incarne le mieux l’écologie? Alors là pas du tout ! Et je pense même que Cécile Duflot paye par son élimination à la primaire des Verts son rapprochement avec Mélenchon et l’extrême gauche. __Pensez-vous réellement que notre société soit prête pour une mutation écologique ? Globalement, la population a pris conscience de l’impact de l’Homme sur son environnement et chacun sait que la pollution, d’où qu’elle vienne, peut finir dans notre assiette. Quant au monde économique, une bonne partie a compris les opportunités liées à l’apparition du marché des nouvelles technologies environnementales, de l’économie verte, dit-on. Et certains hommes politiques savent que, d’une part, l’urgence écologique est une réalité et, d’autre part, notre biodiversité une vraie richesse à préserver et promouvoir. On pourrait même parler d’un soudain engouement pour l’environnement de la part des hommes politiques de tout bord. Mais au-delà de cet engouement en parole, ce domaine reste le parent pauvre, la variable d’ajustement, des budgets de l’État et de nombreuses collectivités. Dès lors, la tâche de l’écologie politique est précisément de penser un projet cohérent, global, et de proposer les solutions à la fois économiques et politiques permettant d’y parvenir. J’ai même l’audace d’affirmer que les écologistes sont aujourd'hui les seuls porteurs d'une véritable stratégie de développement, là où toutes les autres forces politiques ont depuis longtemps renoncé ? __Dans quel état se trouve votre parti Caraïbes Écologie - Les Verts Guadeloupe ? Comme beaucoup de partis politiques et tout organe exerçant des activités bénévoles, Caraïbe Ecologie Les Verts Guadeloupe peine à recruter auprès des jeunes générations. Néanmoins, les vifs encouragements que nous exprime la popu-

‘‘ Quoi que puissent dire les esprits chagrins, nous n’avons pas vendu notre âme et nous ne nous sommes pas alliés au diable ! Malgré les couleuvres que nous avons du avaler pendant la mandature, nous avons pu faire de belles choses à la Région.’’

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lation et la passion qui anime le noyau dur de nos adhérents et sympathisants nous permettent de compenser notre faible nombre. __Mr Durimel, comment expliquez-vous que suite à votre défaite aux régionales de 2004 sous la bannière des Verts, que vous ayez décidé de vous inscrire sous la bannière du PS au coté de Victorin Lurel ? Peut-on traduire cela par de l’opportunisme ? Cela fait plus de 20 ans que je me suis engagé en politique. Sous notre bannière, « L’écologie-les Verts », et forts du slogan « Pa ni konbin’ », nous avons systématiquement refusé toute alliance. Pour ma part, j’ai bravé tous les dangers et tous les poncifs, pour faire entendre la voix de l’Écologie. Convaincu que seules les urnes peuvent consacrer une certaine légitimité, dans une société démocratique, j’ai participé à beaucoup d’élections. Toujours avec de faibles moyens mais avec une grande détermination, nous avons imposé la présence des VERTS sur la scène politique locale. Les élections européennes du mois de juin 2009 qui, malgré une forte abstention, ont été couronnées d’un incontestable succès (51% des suffrages exprimés), constituèrent un tournant dans mon parcours politique. Avec 51% en Guadeloupe, 30% dans la section atlantique de la circonscription outre-mer, tout en ayant gagné, j’ai perdu !!! J’ai alors compris que la politique avait ses règles, qui n’ont rien à voir avec la philosophie, l’œcuménisme ou la vie associative. Et l’accession au pouvoir, par la voie légale, obéit à une logique qui vous oblige à rechercher des alliances, des compromis. Surtout que dans une société marquée du sceau de la diversité comme la nôtre, nul ne peut prétendre avoir le monopole de l’intelligence ni de la vérité. C’est ainsi que, à l’approche des élections régionales de 2010, nous avons convenu, au terme de longs débats, qu’il fallait rechercher la meilleure alliance, pour faire peser l’écologie dans les politiques publiques relevant de la compétence de cette collectivité majeure. Face à l’urgence écologique, cette stratégie s’est imposée à nous comme un devoir, et nullement par un quelconque opportunisme. Nous savions que, malgré la reconnaissance unanime de la pertinence de nos idées, nous aurions du mal, si nous nous étions présentés seuls, à avoir des élus dans l’assemblée régionale. C’est donc au terme d’une longue expérience, d’une réflexion approfondie et d’un processus démocratique rare dans les partis politiques, que nous avons pris l’option d’intégrer l’alliance PS-PPDG-VERTS. Quoi que puissent dire les esprits chagrins, nous n’avons pas vendu notre âme et nous ne nous sommes pas alliés au diable ! Malgré les couleuvres que nous avons du avaler pendant la mandature, nous avons pu faire de belles choses à la Région, pour lesquelles nous avions longuement milité auparavant.


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’un point de vue politique, l’offre Durimel, quelle est-elle ? Quelle que soit l’instance politique dans laquelle je siège, mon implication tend toujours vers les objectifs suivants : Agir pour l’environnement, en intégrant au cœur de toute politique publique la protection des écosystèmes et de la diversité biologique ainsi que la prévention des risques naturels. Promouvoir les énergies renouvelables en vue d’atteindre l’autonomie énergétique. Favoriser les transports alternatifs (ferroviaires et maritimes). Développer les emplois utiles écologiquement et socialement. Développer une agriculture et une pêche durables, respectueuses de l’environnement et garantissant une alimentation sûre. Encourager l’économie sociale et solidaire; Défendre les intérêts spécifiques de notre région insulaire; Encourager l’intégration de la Guadeloupe dans son environnement géographique; Favoriser les échanges, la diversité culturelle, l’apprentissage des langues régionales et l’éducation à l’écologie et lutter contre toutes les discriminations. __Vous êtes en effet candidat aux législatives de 2017 dans la 1ère circonscription, quelles sont vos motivations? Je souhaite continuer à œuvrer, au niveau de l’Assemblée nationale, avec d’autres moyens et d’une autre manière, pour les mêmes valeurs et les mêmes objectifs rappelés ci-dessus. Conseiller Régional et Conseiller municipal de la minorité à Pointe-à-Pitre, aucun de ces mandats ne m’a encore permis pleinement de m’affirmer et de concrétiser les valeurs et les idées que j’émets depuis tantôt, en tant que militant et élu minoritaire. C’est le Parlement qui fait la loi et exerce donc le Pouvoir législatif, autrement dit, c’est le législateur. En tant qu’avocat, praticien du Droit, je crois être le plus apte à défendre les intérêts de la Guadeloupe et veiller à l’adéquation des lois à nos spécificités à l’Assemblée Nationale. __Face aux deux machines politiques que sont la FRAPP et EKO ZABYM, pensez-vous sincèrement avoir une chance de gagner ces élections ? Candidat malheureux à deux reprises aux élections européennes, alors que j’étais largement victorieux dans toute la zone atlantique de la circonscription Outre-Mer, j'espère que l'adhésion populaire, qui m'a été exprimée à ces deux occasions, en 2004 et 2009, contre tous les grands partis et même la Ministre de l'Outre Mer, Marie-Luce Penchard, se répétera à l’occasion des élections législatives de l’an prochain. Regardez bien ce qui s’est passé en Grèce, en Italie, en Espagne, en Angleterre, aux USA. Ce sont les peuples qui ont fait la différence. Et au vu de la sympathie et des encouragements que m’expriment mes compatriotes, j’ai de bonnes raisons d’être optimiste. __De là, envisagez-vous un consensus avec vos alliés du Parti Socialiste ? De tout temps, le PS a toujours été l’allié privilégié des Verts. C’est pour cela que j’espère qu’un partenariat sera recherché, notamment dans la 1ère circonscription où j’ai battu, en 2012, le candidat PS et mis en ballottage le Député sortant, Eric Jalton. Je suis donc en droit d’espérer qu’au vu de la loyauté dont j’ai fait preuve jusqu’au bout lors des dernières élections régionales, le PS consentira à faire tandem avec nous ou nous soutenir tout court. 46 - FOCUS F.W.I

__Si vous êtes élu, quelles seront vos priorités ? Ce n’est pas “si”, mais quand, je serai Député de la première circonscription, je ferai de la problématique du chlordécone un axe majeur de ma mandature, notamment en faisant voter une “Loi chlordécone” ayant pour objet l’indemnisation et les mesures de préventives des risques liés à la contamination de nos sols. Je me mettrai au service de tous les corps constitués, les artisans, les agriculteurs, les commerçants, professions libérales, fonctionnaires et autres acteurs de la vie artistique et socio-économique, la jeunesse, pour faire entendre leur voix au niveau national. La réévaluation des pensions de retraites et l’exonération totale d’impôts locaux en faveur des personnes âgées de plus de 70 ans. D’une manière générale, mon obsession ce sera d’être un élu exemplaire, et de réussir à restaurer la confiance des guadeloupéens en leurs élus. __Quelles sont selon vous les verrous qu’ils restent encore à faire sauter dans notre société ? Nous croyons sincèrement que l’écologie comporte la réponse à notre légitime aspiration à réduire notre dépendance envers l’extérieur. Oui, l’écologie est émancipatrice, en ce qu’elle vise à nous libérer, non seulement de la domination extérieure, mais aussi de l’emprise d’une société de consommation qui accroît la dépendance vis-à-vis de biens et de valeurs importés, au détriment de notre culture et nos traditions, dè mès é labitid an nou. Oui, l’Écologie politique est émancipatrice, en ce qu’elle offre de nouveaux cadres d'action et de légitimation qui transcendent, sans l’exclure, la problématique statutaire. L’autonomie énergétique, l’autosuffisance alimentaire, la préservation et la valorisation de notre biodiversité, la coopération régionale, l’économie sociale et solidaire sont de vrais sujets à appréhender de toute urgence, si nous voulons bâtir une société à notre échelle et échapper à l’uniformisation impulsée par une mondialisation féroce. Du point de vue de la méthode, nous les Verts, nous proposons d’inverser l’ordre habituel des débats, sortir de la logique de campagnes d’information, du prosélytisme de ceux qui croient porter la bonne parole. Il est temps de faire la place à la parole du peuple, donner la parole au peuple avant d’élaborer les options politiques à soumettre ensuite à son vote, à son approbation. Au lieu de stigmatiser sa peur du largage qui le fera toujours voter « NON » à tout changement, il convient d’essayer de la comprendre, cette peur et de s’attaquer à ses causes. __Ainsi, l’offre politique menée aujourd’hui en Guadeloupe correspondelle aux attentes de la population ? L’offre politique est tellement inadaptée à la société actuelle qu’elle suscite non seulement l’abstention, mais une véritable hostilité à l’égard du jeu politique et des hommes politiques, voire même du système politico administratif. Nombreux signes montrent aujourd’hui un affaiblissement certain de la participation politique: les effectifs des partis politiques décroissent et vieillissent tandis que leurs éventuels succès électoraux sont entachés de l’impact de l’abstention. En ce sens, l’abstention participe à l’affaiblissement de la légitimité du pouvoir politique issu des urnes, dès lors qu’elle facilite le maintien au pouvoir de personnes élues par une minorité de l’électorat, mais qui nous représentent, aménagent et administrent le pays. __Le véritable problème de la Guadeloupe n’est-il pas le manque de renouvellement de sa classe politique ? Tout à fait! Des rentes de situation atomisent le jeu politique au grand damn de la démocratie.


__Lors du dernier mandat de Victorin Lurel au Conseil Régional vous faisiez parti de la majorité. Aujourd’hui assumez-vous le bilan de ce dernier et son échec aux dernières régionales ? Même si nous sommes restés fidèles et loyaux envers Victorin Lurel, jusqu’au bout, nous avons eu l’occasion d’exprimer franchement notre désaccord avec un mode de gouvernance personnalisant trop l’action régionale et les erreurs commises, notamment dans la crise relative à l’interdiction de l’épandage aérien. Associés au PS, au PPDG et au GUSR dans cette mandature, nous avons été jusqu’au bout de notre contrat et avons mené ensemble le combat jusqu’au dernier souffle, dans notre camp, fier de notre bilan dans le domaine de l’énergie, et solidaire pour le reste. Grâce à l’habilitation, la Région fait la loi en matière d’énergie. C’est ainsi que nous avons voté une trentaine de délibérations ayant valeur de loi ou de règlement spécifiques à notre territoire. Citons en quelques exemples :l’ élaboration de la première réglementation thermique adaptée au contexte tropical concernant le logement et les bâtiments tertiaires, la mise en place des diagnostics de performance énergétique en Guadeloupe (DPEG) : plus de 1000 DPEG réalisés, 46 diagnostiqueurs agréés par le dispositif régional. L’élaboration d’une grille d’analyse des projets et mise en place d’une Commission photovoltaïque et éolienne qui analyse et valide ou désapprouve les projets, la limitation des centrales photovoltaïques au sol à 1,5 MW. Grâce à notre engagement et notre dynamisme, la transition énergétique est déjà une réalité en Guadeloupe, comme l’a reconnu la Ministre Ségolène Royal, lors de son passage en Guadeloupe: 24% d’énergies renouvelables dans le mix électrique de la Guadeloupe en 2014 (12% en 2009) et une croissance de la consommation maîtrisée autour de 0,2% (depuis 2011) au lieu des 3-4% en 2008. __Que pensez-vous de la loi Lurel sur l’égalité réelle ? En tant que député auriez-vous voté cette loi ? Le titre même de cette loi trahit une imposture : l’égalité de tous les citoyens étant un principe fondamental de la République française, voter en 2016 une loi qui promet l’égalité réelle – comme si elle avait été jusqu’ici fausse – est un aveu de discrimination ou une tentative de séduction en des temps pré-électoraux. __À quelques mois du scrutin présidentiel, quel bilan faites vous du quinquennat de François Hollande ? Ce dernier a t-il tenu ses engagements vis-a-vis de l’Outre-Mer ? Pour moi François Hollande n’a pas été un bon Président, tant pour la France que pour l’Outre-mer. Il s’est aligné sur la politique d’austérité commandée par Bruxelles et ses autres financeurs. Lui qui s’était présenté, pendant la campagne des élections présidentielles de 2012, comme l’ennemi de la finance, s’est vite aligné sur les positions ultra-libérales des lobbies. Pour moi Hollande, il est carbonisé et il va bien falloir qu’un consensus soit trouvé entre les écologistes et les forces de gauche et de progrès, pour contenir la montée du FN.

‘‘Le titre même de cette loi trahit une imposture : l’égalité de tous les citoyens étant un principe fondamental de la République française, voter en 2016 une loi qui promet l’égalité réelle est un aveu de discrimination ou une tentative de séduction en des temps préélectoraux.’’ __Vous vous dites défenseur de l’identité Guadeloupéenne, comment définiriez vous cette dernière ? Et comment peut-elle exister dans un monde perpétuellement en mouvement soumis au conformisme de la mondialisation ? Notre identité ne peut se concevoir sans référence à notre histoire, à notre culture, à nos mœurs et habitudes qui sont singulières dans cette république française composite. Un peuple qui ignore son histoire, disait Marcus Garvey, c’est comme un arbre sans racine. D’où notre devoir de mémoire. Devoir de mémoire, non pas pour sombrer dans le ressentiment et la surenchère, mais pour se projeter dans l’avenir, oser penser et concevoir un projet de développement de la Guadeloupe, insérée dans son environnement caribéen et assumant son histoire avec ses souffrances et ses réjouissances. C’est à juste titre que vous avez soulevé le phénomène du conformisme auquel nous avons du mal à résister, dans un monde où les technologies de l’information ont abattu toutes les frontières. Mais même quand on aura tout oublié, il restera la culture qui portera toujours la marque de ce que l’histoire et la géographie ont fait de nous. __Enfin, comment voyez-vous votre avenir politique ? Si vous n’êtes pas élu aux prochaines législatives, allez-vous arrêter la politique ? Aujourd’hui, face à la crise multiforme, tout particulièrement à la crise de la démocratie représentative, je ressens le besoin de m’ouvrir à d’autres thématiques incluant certes l’écologie, mais qui ne s’y limitent pas. Je souhaite m’engager, au-delà de tout cadre partisan, à réhabiliter la politique et à susciter l’engagement du plus grand nombre de nos concitoyens. D’où l’idée de créer une nouvelle structure, qui ne prétende pas remplacer Caraïbe Ecologie – Les Verts, afin d’initier de nouvelles formes de participation citoyenne et refonder l’offre politique locale. C’est pour cela que j’ai lancé, il y quelque temps, une invitation à quelques personnes en vue de la création d’un groupe politique de réflexion et d’action, baptisé : « R.E.V GUADELOUPE » (Rassemblement écologiste et volontariste pour la Guadeloupe). __La quête du pouvoir est-elle plus forte que la raison ? Si j’aspire à accéder à la gouvernance de mon pays, ce n’est point de la déraison. Je ne cherche pas à avoir le pouvoir pour le pouvoir, ni pour préparer des chausse-trappes à des adversaires visibles ou anonymes, potentiels ou déclarés, en vue des prochaines élections, ni dans une logique de carrière politique ou de clan, ni pour bidouiller à la hâte des déclarations de circonstance pour faire de la com, mais pour mettre en œuvre des politiques publiques qui traduisent dans la réalité les idées que je promeus depuis tantôt. FOCUS F.W.I - 47


LA GUERRE

DES FEMMES... Par Salomé. B - Illustration Widescreen.

#7NOVEMBRE16H34. Si les femmes étaient payées autant que les hommes, elles auraient pu s’arrêter de travailler en novembre, à savoir le 7 à 16h34 et 7,5 secondes et ce pour le restant de l’année. Ou, pour dire autrement, en France, en 2016, une femme doit travailler 38 jours de plus qu’un homme pour toucher le même salaire. 48 - FOCUS F.W.I


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et écart de salaire pénalise peu ou prou 14 millions de travailleuses, soit 48 % de la population active en France. C’est le constat choc que dresse le site féministe « Les Glorieuses », qui enjoint, dans une lettre d’information, l’ensemble des Français à protester contre cette « situation intolérable ». L’initiative des Glorieuses est directement inspirée d’un mouvement venu d’Islande. Le 24 octobre, les citoyennes ont été invitées à quitter leur poste à 14h38, heure à laquelle, sur une journée de 8 heures, elles ne sont plus payées. Alors que les hommes, eux, seraient payés jusqu’à 17 heures. De tels appels avaient déjà été formulés en 2005 et 2010. Pourquoi le 24 octobre ? Parce que, selon le calcul des féministes islandaises, c’est la date symbolique de l’année où, compte tenu de cette inégalité, les hommes ont obtenu ce que les femmes gagnent en un an. Cette date célèbre aussi l’anniversaire du « Kvennafrídagurin » ou « journée sans les femmes » de 1975, où 90 % des femmes avaient pris un jour de congé et décidé de n’occuper aucune tâche chez elles. Au total, 30 000 femmes avaient manifesté ce jour-là. En France, l’association féministe Les Glorieuses a fixé cette date au 7 novembre, à 16H34, et donc appelé les femmes à cesser le travail et à se réunir à ce moment précis, en signe de protestation. Et même si, les experts chipotent sur l’exactitude de ce calcul, le principe, lui reste tristement immuable, ce qui explique l’écho rencontré par cette initiative sur les réseaux sociaux. Selon les chiffres d’Eurostat, en 2014, dernière année pour laquelle ces données sont disponibles, l’écart salarial entre les hommes et les femmes en France s’élevait encore à 15,5 %. En réalité , le constat est bien plus grave que cela. Si l’on tient compte, non plus du salaire horaire, mais du salaire mensuel, on arrive à un écart de l’ordre de 25 %. On peut, bien sûr, arguer d’une tendance à l’amélioration par rapport au siècle dernier. On peut faire valoir qu’en Europe, les Françaises ne sont pas les plus mal loties : chez leurs voisines allemandes, cet écart était, toujours en 2014, de 22,3 % et au Royaume-Uni de 20,9 %. On peut également souligner que d’autres catégories de la société souffrent aussi de discriminations. Il reste que, sur le plan des principes, une telle inégalité entre les deux moitiés de la population est tout simplement inadmissible, a fortiori dans des pays démocratiques et des économies développées. Et en particulier en France, où la participation des femmes au monde du travail est l’une des plus importantes en Europe. Concrètement, si un homme gagne 100 dans le monde, la femme ne touche que 59, malgré « de plus longues heures de travail ». D’après les chiffres d’Eurostat datant de 2014 et repris par Le Parisien, pour 100 euros versés à un homme, une Française touchera 84,5 euros. En Europe, c’est en Roumanie que l’écart serait le moins grand puisqu’une femme toucherait 95,5 euros. L’Allemagne, en revanche, fait figure de mauvais élève. Une femme ne toucherait que 77,7 euros contre 100 pour un homme. Cette inégalité de traitement s’explique par la double peine qui pèse sur les femmes dans l’accès au monde du travail. D’une part, « le fait que les femmes subissent plus que les hommes le temps partiel dans des emplois peu qualifiés, sans perspective de promotion », souligne Rebecca Amsellem, économiste et fondatrice des Glorieuse. D’autre part, il existe une forme de ségrégation professionnelle qui cantonne les femmes à certains emplois dans des secteurs moins reconnus et donc moins rémunérés, comme ceux du soins à la personne, de la santé, du secrétariat et du nettoyage. Mais

même en tenant compte de ces deux facteurs, il reste environ 10% d’écart salarial qui relève d’une discrimination plus pernicieuse encore, souvent liée à la maternité, et qui pénalise fortement les femmes dans leur évolution de carrière. Les disparités entre pays sont évidement considérables: en Inde, les femmes travaillent près de deux heures de plus que les hommes chaque jour, tandis que les Suédoises arrivent à travailler un peu moins que leurs collègues masculins. La journée de travail des Françaises est, elle plus longue d’une demi-heure.

IL FAUDRAIT 170 ANS POUR ATTEINDRE UNE ÉGALITÉ RÉELLE AVEC LES HOMMES, C’EST-À-DIRE EN 2186. Tout ceci explique que malgré un nombre impressionnant de textes législatifs, et en dépit de quelques progrès notables -notamment en matière d’accès aux diplômes et de mixité dans certaines professions - on est encore loin de l’égalité réelle. Selon l’étude menée chaque année par le Forum économique mondial, publiée en octobre dernier, les progrès dans ce domaine sont même en recul : en prenant en compte l’évolution dans quatre secteurs — la santé, l’éducation, l’égalité économique et la politique — les chercheurs du Forum ont calculé qu’il faudrait 170 ans pour atteindre une égalité réelle avec les hommes, c’est-à-dire en 2186. À titre de comparaison, l’an dernier, la même étude prévoyait que cette égalité pourrait être atteinte dans 118 ans. Dans un tel contexte, on ne peut que remercier les Glorieuses d’avoir, le 7 novembre à 16h34, attiré l’attention sur l’une des injustices les mieux tolérées de l’humanité. « Pour progresser, il faudrait remplacer le slogan « À travail égal, salaire égal » par la formule « un salaire égal pour un travail de valeur égale » inscrite dans la loi depuis 1972 mais qui peine à produire des effets », souligne Séverine Lemière, maîtresse de conférences à Paris Descartes. « Il est en effet urgent de revaloriser des métiers très féminins dont on ne reconnaît pas assez les compétences mises en œuvre », poursuit-elle. Un autre chantier concerne les entreprises que la loi contraint à signer des accords sur l’égalité salariale sous peine d’être sanctionnées, mais qui continuent de traîner des pieds, sans doute parce que la conjoncture économique ne se prête guère aux augmentations. La CGT s'est réjouie de l'initiative, envisageant l'idée d'une journée d'action et de grève pour les droits des femmes, à l'occasion du 8 mars (Journée internationale des Droits des Femmes) par exemple". Les ministres Laurence Rossignol (Droits des femmes) et Myriam El Khomri (Travail) ont souligné dans un communiqué commun "l'engagement du gouvernement en faveur de l'égalité salariale" depuis 2012. Elles ont précisé que 107 entreprises ont été sanctionnées depuis 2013 pour ne pas avoir respecté leurs obligations. "L'égalité femmes-hommes doit être au coeur de la République. A tous les instants", a tweeté le Premier ministre Manuel Valls. L'initiative a conquis des politiques de tous bords: Marine Le Pen (FN), Valérie Pécresse (LR), Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, Alain Juppé et Jean-François Copé (LR), ou encore Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ont affiché leur soutien sur Twitter. A l'heure H, la députée socialiste de Gironde Sandrine Doucet, a relayé dans l'hémicycle l'appel pour l'égalité salariale, lors du débat budgétaire. À savoir, si le mouvement prendra aux Antilles, destinations de toutes les inégalités... Tellement silencieuse. FOCUS F.W.I - 49


LE LABO

Chômage, la tendance à la baisse se confirme... Les demandeurs d’emplois en Guadeloupe, catégorie A,B,C

Les demandeurs d’emplois en Guadeloupe, catégorie A

sources : Dieccte Guadeloupe | Pôle emploi

sources : Dieccte Guadeloupe | Pôle emploi

63 920

55 550

en octobre 2016

en octobre 2016

61 370 en mai 2012

52 070 en mai 2012

57 410

+ 2,80 %

64 330

en octobre 2015

sur 1 an

en octobre 2013

2016

2012

65 210

en octobre 2015

2016

2012

7 250

9 000

en octobre 2016

6 000

8 390

en octobre 2014

6 480

en octobre 2016

8 210

en octobre 2013

3000 2012

2016 Les demandeurs d’emplois de moins de 25 en Guadeloupe, catégorie ABC Les demandeurs d’emplois de moins de 25 en Guadeloupe, catégorie A

sources : Dieccte Guadeloupe | Pôle emploi

50 - FOCUS F.W.I


LA COURBE TANT ATTENDUE. Depuis 2012, par cinq fois, le chef de l’État a lié sa candidature à une baisse du chômage. Une promesse d’abord prise pour l’année 2013, puis repoussée, le 18 avril 2014, pour 2016. Ce jour-là, à Clermont-Ferrand, il déclare: « Je n’ai, ou aucune raison d’être candidat ou aucune chance d’être réélu si le chômage ne baisse pas d’ici 2017 ». Avant de préciser, en juillet, que « c’est dans l’année 2016 que cette baisse crédible doit apparaître ». L’heure est donc au verdict. Où en est-on précisément, 53 mois après l’élection de François Hollande? A-t-il tenu sa promesse d’inverser la courbe du chômage ? Oui, à en croire les chiffres de Pôle emploi publiés fin novembre, — derniers avant sa décision de se lancer dans la course des présidentielles. Ainsi, fin octobre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A — la plus observée —, c’est-à-dire sans aucune activité, a diminué de 11 700 par rapport au mois de septembre, soit une baisse de 0,3 % en France métropolitaine. Une diminution, certes très légère, mais qui vient s’ajouter à la forte baisse de 66 300 du nombre d’inscrits, dans la même catégorie, le mois précédent. Et devrait donc suffire au président de la République, pour justifier cette « tendance » à la baisse. Au total, 101 300 personnes ont quitté la catégorie A en un an, soit une baisse de 2,8 %. L’amélioration est encore plus nette pour les jeunes, avec une baisse des inscrits en catégorie A de 8,2 %. Toutefois, la même catégorie augmente cependant de 1,6 % en un an concernant les personnes âgées de 50 ans et plus. L’année 2016, bien que non achevée, est donc marquée, pour l’heure, par une légère, mais indéniable inversion de la courbe du chômage des demandeurs d’emploi de catégorie A. De quoi conforter la ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui évoque une baisse au « caractère structurel » et précise que « Sur un an, les données de l’Insee (-118 000 chômeurs) et de Pôle emploi (-101 300 demandeur d’emploi catégorie A) convergent et confirment la baisse du chômage qui ne cessait d’augmenter depuis plus de huit ans ». Preuve, selon elle, de la reprise des créations d’emploi et surtout de l’emploi salarié marchand, mais aussi de l’efficacité « des mesures de soutien à l’activité et au développement de l’emploi mis en œuvre depuis 2012 ». Néanmoins, tous les indicateurs ne sont pas au beau fixe. En effet, les résultats sont moins satisfaisants quand sont prises en compte les catégories de chômeurs tenus de rechercher un emploi mais ayant exercés une activité réduite dans le mois (soit les catégories B et C). Ainsi, la catégorie B, composée de chômeurs, qui pour certains n’ont travaillé qu’une poignée d’heures, a ainsi grimpé de 19 400 en un an ( -1,3% en octobre). Quant à la C, elle a, explosé, avec 55 500 inscrits en plus ( +0,2 % en octobre). Cumulées, les trois catégories n’ont pas enregistré de baisse, mais une légère hausse de l’ordre de 0,4%. Une tendance qui se confirme également en Guadeloupe. Au cours du mois d’octobre, leur nombre a baissé de 1,3 % soit une baisse de 760 demandeurs d’emploi pour la catégorie A. Cette baisse s’inscrit dans la durée, avec un recul de 0,5% sur trois mois et de 3,2 % sur an. Sur le mois, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans dans cette même catégorie a diminué de 3 % et de 0,1 % chez les 50 ans ou plus. La tendance sur un an est comparable pour les moins de 25 ans, avec un recul de 4,7 %. Néanmoins, pour les 50 ans ou plus elle augmente de 3,3 %. De façon générale, cette baisse

se fait également ressentir sur l’ensemble des catégories A,B et C soit 1,3% sur le mois et de 1,9 % sur un an. D’autre part, si le nombre de chômeurs a bien baissé en 2016, le nombre d’inscrits, en catégorie A, est toujours bien plus haut qu’en début de quinquennat. Soit 556 700 demandeurs d’emploi en métropole et 3 480 pour la Guadeloupe de plus depuis 2012. Beaucoup trop pour quelqu’un qui, dans la position de challenger il y a 5 ans, demandait au président sortant de ne pas se présenter vu le niveau de son passif. Mais, pour avoir une vision complète, il ne faut pas regarder les chiffres du chômage en statistique, mais en dynamique. Et là, l’angle de vue est différent. En tendance et en se basant sur la seule catégorie A, l’inversion de la courbe est bel et bien une réalité. « La bataille est longue, elle est engagée maintenant depuis plusieurs années » mais « elle porte ses fruits » alors que « depuis le début de l’année, le chômage baisse même s’il reste trop élevé », a déclaré François Hollande, peu avant la publication des chiffres. Des aides et beaucoup de formation. Les politiques de soutien à l’emploi ont aussi porté leurs fruits. « On le constate surtout sur l’emploi des jeunes, relève Carole Tuchszirer, chercheuse au centre d’étude de l’emploi et du travail (CEET, un programme du Cnam). Le nombre de jeunes, de moins de 25 ans inscrits en catégorie A a baissé de 8 % en un an ( 4,4 % pour la Guadeloupe ndlr ), grâce aux dispositifs mis en œuvre tel que la garantie jeune ou les emplois d’avenir. » Mais l’amélioration des statistiques est due aussi en grande partie aux efforts fournis en matière de formation. Les chiffres détaillés publiés le 24 novembre par le ministère du travail le montrent bien: si le nombre de chômeurs sans aucune activité a baissé de 2,8 % en métropole et de 3,2 % en Guadeloupe, depuis un an, celui des demandeurs d’emploi inscrits dans la catégorie D, c’est-à-dire notamment en formation, a grimpé de plus de 16% en métropole mais a connu une forte baisse de 7,6 % en Guadeloupe. D’autre part, si l’on prend les motifs de sorties des catégories A, B et C sur un an, le retour à l’emploi a enregistré une belle progression de10 % pour la métropole, contre 30,8 % pour la Guadeloupe. Mais l’entrée en formation a augmenté dans le même temps de 71 % en métropole et 66,7 % en Guadeloupe. Les statistiques reflètent aussi les effets du plan « 500 000 formations supplémentaires », qui montent en puissance depuis son lancement en janvier dernier. À cette époque l’opposition avait accusé le gouvernement de vouloir embellir ainsi son bilan en matière d’emploi. « Ce plan de formation associe étroitement les partenaires sociaux, l’État et les régions, y compris celles dirigées par l’opposition, relève cependant Carole Tuchszirer. Et on ne peut pas reprocher à la fois au gouvernement de ne rien faire pour la formation professionnelle des chômeurs et l’accuser en même temps de faire du traitement social du chômage quand les gens entrent en formation ». « On ne pourra juger de la pertinence de ce plan que dans quelques mois », ajoute-t-elle. La CFDT demande d’ailleurs au gouvernement de poursuivre ce plan qui « permet dès à présent l’entrée en formation de chômeurs qui traditionnellement n’y ont pas accès », comme les demandeurs de longue durée ou non qualifiés. À l’inverse, la CGT dénonce la qualité des formations proposées par certains centres et affirme que ce plan sert uniquement à faire baisser le nombre de chômeurs en catégorie A. Néanmoins, le bilan de François Hollande restera entaché par une hausse très importante du chômage depuis le début du quinquennat, que les baisses récentes ne sauront effacer. Et à quelques mois des présidentielles, alors que le scrutin apparaît très ouvert, nul ne peut s’aventurer à miser sur un avenir particulièrement incertain et cela même pour le Président le plus impopulaire de la Ve République qui a annoncé, à la surprise générale ne pas se présenter pour un second mandat, malgré cette baisse intervenue sûrement trop tard. Au revoir, au revoir, Président... Par Bruno. G. FOCUS F.W.I - 51


Rainer BOUCARD L’aventurier visionnaire. SELFIE D’ENTREPRENEUR

Propos recueillis par Ken Joseph – Photographe Éric Corbel

Stylisme Ken Joseph | Mise en beauté Make Up Box | Studio Make Up For Ever

Après avoir été apporteur d’affaires, assistant coiffeur à St Barth, steward, conseiller clientèle bancaire, co-gérant d’une boîte de nuit, négociateur immobilier et mannequin international… À 37 ans, Rainer Boucard fait désormais partie de cette génération « Yes We Can ». Une génération qui ose, qui innove, qui bouscule les codes d’un entrepreneuriat traditionnel et qui croit que tout est possible et cela même dans un climat économique incertain. Son leitmotiv: Réussir. Pionnier des métiers du bar et de la mixologie, le créateur de The Bartender fait rimer valeur et entrepreneuriat. Rencontre en toute décontraction d’un chef d’entreprise au parcours atypique engagé et engageant. 52 - FOCUS F.W.I


FOCUS F.W.I - 53


Chemise slim-fit, Zara. Costume deux pièces noire, SERGE BLANCO. Montre TISSOT. 54 - FOCUS F.W.I


C

omment vous est venue l’idée de créer The Bartender ? Je faisais des extras à l’hôtel La Cocoteraie à Saint-François, passer derrière le bar a réveillé ma passion. C’est donc naturellement que j’ai eu l’envie de créer The Bartrender qui propose des services de traiteur du bar, consulting et de formation. J’organise depuis 2010 le concours du meilleur barman des Îles de Guadeloupe, en 2015 j’ai créé la « Cocktail Week » afin de continuer à promouvoir le cocktail dans toutes les îles de Guadeloupe. Cette année le concours s’est tenue du 10 au 17 décembre 2016. L’événement a été clôturé avec le concours et la soirée Cocktail On Fire, le 17 décembre à la Créole Beach hôtel au Gosier. __D’aucuns disent que l’une des causes au non passage à la création d’entreprises serait la peur de l’échec. Avez-vous également connu ce sentiment de peur ? Le sentiment qui me motive est l’envie de réussir, c’est mon leitmotiv. En faisant les choses avec passion, on ne pense pas à l’échec, on doit minimiser les risques. __Selon vous, comment surmonter cette peur ? En laissant la place à nos envies, nos objectifs et notre désir de réussir. __La réalité d’une gestion d’entreprise correspond-elle à ce que vous vous imaginiez ? La réalité est toujours différente de ce que l’on attend. On peut se préparer, mais il y a toujours des surprises, des bonnes et des moins bonnes. C’est ce qui fait la beauté de entrepreneuriat. Il est important de toujours rester optimiste. __Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez dû faire face ? Trouver le financement et créer ma place sur le marché. J’étais le seul à démarrer sur ce secteur en 2010. Il était compliqué de montrer l’intérêt d’une telle activité. Aujourd’hui, cela semble évident qu’en organisant un événement qu’il faille un barman pour faire des mojitos mais à l’époque ce n’était pas une mince affaire. Il a fallu travailler afin de valoriser la profession au travers de manifestations pour montrer la différence. __Peut-on dire qu’être entrepreneur, c’est être aventurier ? Bien sur, les entrepreneurs sont des aventuriers, mais ce sont surtout des visionnaires. Ma citation préférée pour illustrer cette aventure : « Un entrepreneur est quelqu’un qui se jette d’une falaise et construit un avion sur le chemin de la descente. » __En tant qu’entrepreneur, comment faite-vous face aux exigences d’un contexte économique incertain ? Il y a toujours des imprévus donc il faut toujours anticiper, rester informer sur les tendances du marché. __Quelles sont les qualités essentielles pour entreprendre ? Passion, Envie, Volonté, Persévérance, Motivation, Détermination. __Le financement est le nerf de la guerre pour bon nombre d’entrepreneur. Comment avez-vous financé votre projet d’entreprise ? J’ai financé mon projet avec mes économies (100 €).

__Depuis 1999, les structures d’accompagnement se sont multipliées sur le département. Pensez-vous que ces dernières répondent réellement aux besoins des porteurs de projet et des entrepreneurs ? Je sors mon « Joker ». Après avoir participé à de nombreux concours et effectué des demandes de soutien, aucunes n’ont abouti. Mais cela n’a jamais été un frein pour moi . __Peut-on dire qu’il existe en Guadeloupe une culture entrepreneuriale? Avec le nombre croissant d’ entrepreneurs et les mesures qui sont prises on peut considérer que cette culture existe. Il est important de comprendre que plus il y aura cette culture et plus nous pourrons alimenter les idées pour favoriser la croissance de notre économie. L’entrepreneuriat permet d’augmenter les richesses avec des perspectives différentes pour chacun. Il est important de voir grand, nous avons déjà la base -nos îles-, à nous de les valoriser afin que chacun puisse en tirer un avantage. __La Guadeloupe est-elle en mesure d’offrir de réelles opportunités aux chefs d’entreprise ? Oui il y a beaucoup de choses à développer en Guadeloupe. Beaucoup se plaignent en ne voyant que les points négatifs, mais ils devraient davantage se pencher sur tous les points à améliorer pour faciliter et rendre la vie de nos compatriotes plus agréable.

‘‘Les entrepreneurs sont des aventuriers, mais ce sont surtout des visionnaires.’’

__Qu’est ce qui vous plaît le plus dans votre entreprise? Le fait d’être libre, de pouvoir voyager, rencontrer des gens, travailler avec ceux qui partagent mes valeurs. __La création d’entreprise est bien souvent un parcours semé d’embûches. Quels conseils donneriez-vous à un porteur de projet ? Se fixer des objectifs à court, moyen et long termes. Il est important d’avoir de la visibilité. Savoir où on va, pour que lorsque les embûches arrivent on puisse garder le cap malgré les difficultés. __Comment comptez-vous développer votre structure dans les deux à trois prochaines années ? Je souhaite développer la Cocktail Week des Îles de Guadeloupe pour faire briller nos Îles dans la caraïbe et à travers le monde. Nous devons être l’étape incontournable pour la culture du bar dans la caraïbe. Pour franchir ces étapes nous avons besoin de partenaires engagés ayant les mêmes ambitions. __Votre plus grande fierté dans cette aventure entrepreneuriale ? Réussir là où certains pensaient que j’échouerai. Voir la culture cocktail se développer à cette vitesse. La qualité primant devant la quantité. FOCUS F.W.I - 55


LITTÉRATURE

ALAIN MABANCKOU

LE MONDE EST MON LANGAGE À l’heure du grand déversement de la rentrée littéraire et de l’inévitable guerre des prix, la découverte du Monde est mon langage a quelque chose de réjouissant : elle adoucit le climat des lettres à coups d’anecdotes, de conseils littéraires, de références à de grands auteurs et transforme son lecteur en un flâneur nonchalant. Ici, on picore et savoure, à dose homéopathique et dans une attention flottante, des histoires courtes, des réflexions éclairées sur la littérature africaine, mais pas seulement. L’auteur Alain Mabanckou, d’origine congolaise et professeur à l’université de Californie, dresse une cartographie sensible de ses influences culturelles. Il évoque son espace intime à travers ses écrivains préférés, ses coups de cœur et rencontres. Voyage aux confins de son imaginaire, entre Pointe-à-Pitre, Buenos Aires, Doula et Pointe-Noire. Mêlant ses souvenirs à une fine analyse du monde des lettres, Alain Mabanckou, prix Renaudot 2006, nous livre un autoportrait de son imaginaire plein de fantaisie et de sérieux. À Paris, on le retrouve endormi sur les bancs de l’auditorium du Louvre où il est venu assister, assommé de fatigue par le décalage horaire, à une conférence de Jean-Marie Le Clézio, auteur qu’il admire. Rien ne réjouit plus que les anecdotes personnelles, à la recherche d’un Sony Labou Tansi sur un 56 - FOCUS F.W.I

terrain de soccer, à Brazzaville ou dans l’attente d’un poulet préparé à Montréal par Dany Laferrière. On lira avec émotion le chapitre consacré à Pointe Noire, au Congo, où il a grandi. Il n’y retournera que deux décennies plus tard, pour « retrouver les ombres de mon enfance, les silhouettes à peine tapies dans les cendres des souvenirs qui, à chacun de mes pas, réveillaient cette intranquillité qui précède la gestation d’un livre. » On préférera ses expériences intimes, livrées avec la plume gouailleuse qu’on lui connaît, au ton plus professoral parfois employé qui pourrait rebuter les lecteurs non familiers des auteurs mentionnés: Camara Laye, Suzanne Kala-Lobè, Tchicaya U Tam’si, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, pour ne citer qu’eux. Alain Mabanckou convie à son salon littéraire ces passeurs qui ont tissé des liens entre les mondes noir, antillais et américain. En dépit d’une liste de noms prestigieux, Le monde est mon langage peut parfois lasser, à la manière d’un cours universitaire trop hermétique. L’une des singularités de l’aventure, à saluer, reste son approche de la diversité littéraire, réunissant Européens et Africains pour révéler la créativité africaine passée et présente. Le monde est mon langage, Alain Mabanckou, Grasset, 19 €.


Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame. À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant. 18 € chez votre libraire.

PHÉNOMÈNE ÉDITORIAL

« UN PRÉSIDENT NE DEVRAIT PAS DIRE ÇA ». Napoléon convoquait David pour immortaliser son sacre. François Hollande, lui, fait appel à des journalistes pour soigner sa sortie. Mais quel besoin a-t-il de passer à confesse ? « Tout est dans le titre! », se désolent, depuis quelques semaines, les derniers soutiens de François Hollande, effarés par le contenu du livre-confessions du chef de l’État. « Un président ne devrait pas dire ça», donc : critiquer les footballeurs ou les magistrats, dévoiler des secrets d’État, raconter en privé l’inverse de ce qu’il promet publiquement... Et si ce dernier a eu beau tenter de s’expliquer, en évoquant des « phrases sorties de leur contexte», chaque jour apporte son lot de polémiques depuis la publication du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Toutefois, nous vous conseillons de lire « Un président ne devrait pas dire ça… Les Secrets d’un quinquennat » chez Stock, car au-delà des phrases chocs qui ont fait les délices des réseaux sociaux et de la presse, nous voilà connectés au cerveau de François Hollande, conduits au cœur même des coulisses du pouvoir. On y découvre le drame de ce président si impopulaire, incapable de parler aux Français. Sa hantise? Qu’il ne reste rien de son mandat. Il livre ainsi ce qui pourrait être son épitaphe : « J’aimerais que l’on dise de moi, puisque c’est la vérité, que j’ai été courageux. » Au fil des pages, qui réservent maintes révélations, il admet avoir eu la main trop lourde sur les impôts, se dit favorable

à la PMA et hostile à la déchéance de nationalité à titre personnel… En revanche, Il a la dent dure contre ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues. Les Verts ? « Des cyniques et emmerdeurs. » Les députés récalcitrants ? « Une agrégation de gens intelligents peut faire une foule idiote. ». Nicolas Sarkozy qui se drape dans le costume de sauveur des Français ? « C’est le petit de Gaulle. On a eu Napoléon le petit, eh bien là, ce serait de Gaulle le petit. » L’ancien président est l’ombre chinoise de ce livre. Omniprésent. Hollande éprouve une aversion viscérale, une obsession pour ce « lapin Duracell, toujours en train de s’agiter ». Intarissable, il abhorre son goût de l’argent, « sa grossièreté, sa méchanceté, son cynisme ». À la lecture des 663 pages, on n’a plus guère de doutes : oui, Hollande sera candidat. Il ne le dit pas aussi clairement, mais il explique les raisons qui le feraient rempiler : « Je ne regarderai qu’une chose : [...] est-ce qu’il y a quelqu’un à gauche qui peut faire mieux ? » Au vu des sondages, non. Et s’il n’y allait pas, c’est à Valls qu’il passerait le flambeau. Un Premier ministre dont il vante la « loyauté absolue». Pas comme le félon Emmanuel Macron, dont il a cru jusqu’au bout qu’il était un « garçon gentil », «authentiquement de gauche ». Peut-être parce qu’il s’identifiait au jeune ambitieux. « Emmanuel Macron, c’est moi », dit-il, drôlement. En effet « Un président ne devrait pas dire ça », mais on y apprends tout… du moins son essentiel.

Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin – d’instinct. Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d’un hameau perdu, Brabek l’ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l’amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, à la fois sœur, amante, mère. « C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation. Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubresauts de l’Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l’immense roman de l’épreuve du monde. 22 € chez votre libraire. FOCUS F.W.I - 57


MA BOÎTE À MUSIQUE

COUP DE CŒUR

ALICIA KEYS

HERE

SOLANGE KNOWLES A SEAT AT THE TABLE

Le 11 septembre dernier, Solange racontait, sur son site, comment des femmes blanches lui avaient jeté à la tête les restes des citrons qui nageaient dans leur cocktail pendant qu’elle assistait à un concert de Kraftwerk. Et comment, dans des lieux principalement fréquentés par des Blancs, il n’était pas rare qu’elle s’entende traité de nègre, de prostituée, ou qu’on touche sa chevelure soit-disant « différente ». Quatre ans après True, un EP extrêmement bien produit dans lequel elle montrait qu’elle était dotée d’une grande musicalité et d’un univers bien à elle, Solange est revenue en cette fin d’année avec A Seat At The Table, un projet encore plus ambitieux, aussi bien dans les sujets qu’elle aborde que musicalement. Et si « l’identité, l’émancipation, l’indépendance, le deuil et la guérison » sont les termes qu’elle utilise pour définir son disque, il n’en reste pas moins que le sujet principal est bel est bien la cause noire, le racisme qui sévit de nos jours, l’acceptation de soi en tant que noire-s et l’acceptation des autres. A Seat At Table, par traduction : « Une place à table » pourrait vouloir dire « Une place à la table de l’humanité ». Même si les chansons peuvent paraître personnelle de prime abord, notamment par l’emploi du « je » ou par la présence de Tina Lawson et Mathew Knowles, ses parents, A Seat At The Table est un projet plus large puisqu’il se veut plus que jamais engagé et ancré dans son époque. L’ALBUM - Ainsi avec son crew de collaborateurs 58 - FOCUS F.W.I

virtuoses et érudits (Sampha, Raphaël Saadiq, Dev Hynes de Blood Orange…), Solange parle du RESPECT, celui des noir-e-s avec « Don’t Touch My Hair » où elle fait le parallèle entre le cheveux des noir-e-s et leur âme. D’intégration, de ségrégation et de racisme avec « Mad et Junie ». Son titre « F.U.B.U » renvoit au black empowerment : Pour nous, par nous. Le thème de la polémique y est aussi présenté avec « All live matters » et «Black live matters » (Interlude: Tina Taught Me – «célébrer la culture noire ne veut pas dire que tu n’aimes pas la culture blanche »). La paix intérieure « Cranes in The Sky », la solitude « Weary », la liberté de pensée et d’avoir des convictions « Don’t You Wait » et l’avenir « Where Do We Go » sont également très présent. A Seat at the Table évoque les douleurs, les joies et les interrogations d’une femme noire dans la société actuelle, en se basant sur des faits historiques. Vous l’aurez compris, les paroles sont très riches, les messages sont parfois cachés et les sous-entendus sont nombreux, l’album est à décortiquer, à digérer et à explorer. Enfin, un dernier mot pour parler de la voix de Solange qui est absolument délicieuse sur ce disque, moins poussive que sur Sol-Angel And The Hadley St. Dreams, utilisée à meilleur escient : dans la subtilité. Solange n’a pas une grande voix à la Beyoncé ou à la Mary J. Blige, sa force réside dans sa sobriété et elle l’a bien compris sur A Seat At The Table réside dans sa sobriété et elle l’a bien compris sur A Seat At The Table.

Comment oublier la voix puissante d’Alicia Keys dans son dernier album Girl on Fire ? Après le succès démesuré du titre de 2012, elle a préféré s’éloigner de la grande scène et se consacrer à sa vie de famille. La chanteuse revient quatre ans après pour le plus grand plaisir de nos oreilles avec un nouvel opus, des plus envoûtants. Authentique, Alicia Keys se dévoile dans ce nouvel album, qui apparaît comme un renouveau pour la diva. «Avant de travailler sur mon nouvel album, j’ai écrit une liste de toutes les choses dont je suis fatiguée. Et l’une d’elle, c’était de voir à quel point les femmes subissent un lavage de cerveau pour leur donner l’impression qu’elles doivent être minces, sexy, désirables ou parfaites.» , explique-t-elle sur le site féministe de Lena Dunham. Belle et simple, Alicia Keys apparaît décoiffée et sans artifices, sur la cover de son album entièrement noire et blanche. La femme à l’honneur — L’artiste défend avec virulence l’individualité de la femme et revendique l’expression et l’acceptation de soi, notamment à travers la chanson Girl Can’t Be Her Self. Quelques notes plus loin, le titre She Don’t Really Care incite la femme à devenir plus indépendante et à ignorer les diktats de la société. Here, produit notamment par Mark Batson, Illangelo et Jimmy Napes, est un réel bijou musical, qui allie la sobriété et la voie puissante d’Alicia Keys. Comme aime le préciser la chanteuse, « je pense avoir créé quelque chose d’intemporel, une musique qui pourrait sortir aujourd’hui ou dans 30 ans. Elle restera puissante. » Harlem peut être fier.


LA MINUTE

HIGH-TECH

Les nouveautés qui nous font désirer le progrès

Caméra portable KeyMission, Nikon, 300,00 €.

Enceinte portable BeoPlay A1, B&O Play, 250,00 €.

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Appareil Photo PowerShot SX620 HS, Canon, 260,99 €.

Gear S2, Samsung, 388,00 €. FOCUS F.W.I - 59


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NOUVELLE C3

UNIQUE PARCEQUE VOUS L’ÊTES FOCUS F.W.I - 61


Une petite sœur pour la C4 cactus, voilà comment Citroën présente la troisième génération de sa citadine C3, un modèle à la personnalité affirmée. Le lancement de cette nouvelle C3 marque le début d’une nouvelle ère pour Citroën, qui souhaite se forger sa propre identité face aux marques sœurs tels que DS et Peugeot. Ainsi, cette nouvelle C3 porte en elle tous les codes qui définiront désormais une Citroën.

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n effet, inspirée par la C4 Cactus, la petite C3 ne passe pas inaperçue dans la catégorie des citadines polyvalentes comme les Renault Clio, Peugeot 208 ouVW Polo. Son originalité réside dans sa signature lumineuse à double étage, constituée de projecteurs surmontés de feux diurnes séparés et dans ses Airbump, ces protections latérales en plastique façon « papier bulle » réservées à la finition la plus haute du modèle. Pour ceux qui voudraient y ajouter leur touche personnelle, la C3 peut aussi adopter une peinture bi-ton, permettant de combiner neuf teintes de carrosserie et trois de pavillon (blanc, noir ou rouge). L’effet obtenu est d’autant plus réussi que les montants de pare-brise et de custodes noires créent alors un effet de pavillon flottant, comme si celui-ci était rapporté sur le reste de la carrosserie. Enfin, quatre selleries sont proposées pour l’habitacle. La C3 se voit dotée des derniers raffinements en vogue, tels 62 - FOCUS F.W.I

qu’une navigation 3D à reconnaissance vocale, une surveillance des angles morts ou une caméra de recul. Plus original, elle peut aussi être équipée d’une « ConnectedCam », permettant de prendre en photo et filmer tout ce que voit le conducteur, les images pouvant être transférées par mail ou via Facebook. En cas d’accident, le déclenchement de la caméra est même automatique. On n’arrête pas le progrès. Larges et très moelleux, les sièges de la C3 garantissent un excellent confort d’approche et une posture très ergonomique pour le conducteur. L’habitabilité progresse aussi bien nettement à l’arrière par rapport au modèle précédent, aussi bien en espace aux jambes — l’empattement a gagné 7,5 centimètres — qu’en largeur aux épaules. Accordée aux sièges, la suspension souple absorbe en douceur bosses et nids-de-poule sans pour autant se désunir lorsque le rythme augmente. Le petit 3-cylindres Puretech de 82 chevaux se montre à la hauteur de la tâche. Ceux qui en voudraient plus peuvent opter pour une version turbo de 110 chevaux et les gros rouleurs pour le diesel I,6 BlueHDi de 100 chevaux. La nouvelle Citroën C3 est en effet proposée en 5 motorisations réparties en 3 essence et 2 diesel. Le Puretech est décliné en 68 et 82 ch, le haut de gamme étant animé par la version turbo du 1,2 L de 110 ch. La boite est soit manuelle, soit automatique EAT6. Pour le diesel, la C3 de troisième génération se décline en 75 et 100 ch autour du 1,6 L BlueHDi. Confortable, originale et largement personnalisable, la nouvelle C3 demeure accessible au plus grand nombre. Si, comme nous l’avons entrevu, son excentricité est perçue comme une qualité, nous lui prédisons un bel avenir.

CITROËN SHOWROOM - Carrefour de Gramp-Camp 97110 Pointe-à-Pitre T. 0590 212 733

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LYON LA BELLE

Il faut avouer que nous-même, nous ne pensions pas à Lyon comme une destination de voyage. Mais heureusement, nous avons saisi une opportunité d’affaire pour découvrir cette ville. Et nous avons été fort surpris de ces atouts et de la chaleur humaine qui y règne. Ainsi dans cet article nous vous donnerons les raison de visiter Lyon, cet autre capitale de FRAnce...

POURQUOI ALLER À LYON ? Pour sa facilité d’accès. Deux heures depuis Paris en TGV (Et si vous vous y prenez un bon mois à l’avance, vous pourrez trouver des billets aller-retour pour 80 euros! ). Pour manger et boire du bon vin! Pour prendre un bon bol d’air frais dans les parcs et le long du Rhône. Et, oui même en ville! Pour passer un bon moment, sans stresser, avec des Lyonnais toujours agréables! Pour son architecture : entre églises, petites ruelles et ses quartiers beaucoup plus contemporains… Pour apprendre une ville aux multiples facettes… Pour sa mobilité. En effet, il est possible d’aller partout en un clin d’œil grâce à des transports en commun bien pensés et peu chers. Pour un week-end ? C’est donc parfait ! Ainsi, nous vous proposons maintenant de vous donner les bons plans de Lyon et les lieux à visiter le temps d’un week-end…

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LE VIEUX LYON ET SES TRABOULES. Le quartier du vieux Lyon est un endroit agréable où se promener. Des ruelles pavées, étroites, emplies de magasins et de bouchons. Quoi ? bouchons ? Vous verrez plus loin… On s’aventure dans les rues pour finalement débarquer sur un espace plus ouvert, la place Saint-Jean avec sa jolie cathédrale. On se retourne et on voit apparaître la basilique de Fourvière. Elle nous nargue de sa hauteur mais pas pour longtemps, le funiculaire n’est qu’à deux pas…Vous pouvez aussi partir à la découverte des traboules, ces passages étroits entre deux rues qui s’immiscent dans les cours intérieures des habitants. Avant, c’était le lieu de commerce illégal mais aussi un bon moyen pour les résistants et révolutionnaires de passer en toute discrétion d’un endroit à l’autre… SE BALADER AU PARC DE LA TÊTE D’OR ET RENCONTRER DES GIRAFES. Le parc de la Tête d’Or, c’est le poumon de Lyon et un des plus grands parcs urbains de France. On y trouve de tout: un zoo gratuit, des serres, des roseraies, un lac avec pédalos, un grand enclos avec des biches, des manèges, des restaurants et snacks… Bref de quoi y perdre son temps avec bonheur! Nous avions fait « quelques » provisions au marché pour un énorme pique-nique dans le parc et une longue balade digestive…


LYON CAPITALE GASTRONOMIQUE. Nous ne pouvons pas parler d’une ville sans évoquer ses saveurs… Mais là avec Lyon, nous avons été servi. C’est après que l’on nous murmura que Lyon est la capitale française de la gastronomie. Nous vous parlions de « Bouchons », qu’est que c’est ? Le bouchon est un restaurant typique et convivial où l’on y mange des spécialités de la région. Et quelles spécialités à Lyon, me direz-vous ? La quenelle : une panade de semoule de blé ou de farine cuite à l’eau et où on peut incorporer du brochet, souvent accompagnée de sauce Nantua. L’andouillette : composée d’abats. Grattons : comme des rillettes mais plus fermes, moins cuits. Les fromages : le Saint-Marcelin, le Saint-Félicien, la cervelle de Canut. Toutes sortes de délicieux saucissons… Sans oublier le vin! Lyon c’est la ville du Beaujolais et du Côte du Rhône… Au delà du traditionnel, nous nous sommes arrêtés à un bar à mozzarella, le Mozzato (63, Rue Mercière) où nous avons pu dégusté toutes sortes de mozzarella sur un seul plateau accompagné de légumes grillés, beurre à la truffe, pesto, charcuteries… Une tuerie! Leur singularité. DÉBUSQUER LE STREET ART LYONNAIS. Lyon est aussi la capitale du trompe-l’œil… La plus célèbre de Lyon et la plus grande d’Europe (1200m²) est « le Mur des Canuts » représentant le quartier typique de la Croix-Rousse et de ses ouvriers tisseurs. Cette peinture murale ouvre une perspective originale sur un pan de mur autrefois aveugle, donnant une remarquable illusion de profondeur. Au-delà des fresques « trompe-l’œil », le street-art est présent partout dans la ville pour le bonheur des amoureux de l’art.

LE MUSÉE DE LA MINIATURE ET DU CINÉMA. Il faut savoir que Lyon est la capitale des Lumières. Aux alentours du 8 décembre, il y a la bien connue fête des Lumières, célébrant à la base la vierge Marie et illuminant toute la ville durant 4 jours. Mais c’est aussi la capitale des frères Lumières! Les inventeurs du cinéma ou plus particulièrement du cinématographe. En effet, c’est dans le quartier Monplaisir, qu’a été tourné le premier film, « La sortie de l’usine Lumière à Lyon ». C’est là aussi qu’on peut y trouver l’institut Lumière et un musée… Mais ce n’est pas de ce musée que nous allons vous parler… Mais du musée des miniatures et du cinéma l’on découvre l’évolution des techniques des effets spéciaux appuyés par de nombreux « objets à effet très spécial » comme des corps sans vie, des armes en mousse, des maquettes, la tête de Terminator, la Reine d’Alien, les Gremlins… Il y a aussi les décors entièrement reconstruits et utilisés originellement dans les films. Le musée change régulièrement, obtient de nouvelles pièces, décors,… D’autre part, une autre partie du musée est consacrée aux miniatures. Et même si la partie cinéma nous intéressait davantage, nous avons été bluffé par la qualité et la finesse du travail! Bref, un musée à ne pas manquer. DÉCOUVRIR LE QUARTIER DE CONFLUENCE. Comme dans toute grande ville, vous trouverez des quartiers bien différents. Après le typique Vieux Lyon, visiter le quartier de Confluence est un petit choc! Cela plaît ou alors pas du tout… Ce quartier, qui avant était destiné aux activités industrielles, est en pleine mutation. Avant, c’était un peu les « docks » de Lyon. Aujourd’hui, il est devenu un quartier résidentiel gentrifié avec des bureaux de grandes entreprises, comme EuroNews, et des centres commerciaux. C’est aussi dans ce quartier que l’on peut visiter le musée des Confluences à l’architecture futuriste. C’est un musée à la confluence des savoirs : techniques, sciences et sociétés. Nous vous avouons ne pas l’avoir visité. Mais sans y entrer, cela reste une belle curiosité architecturale! SE PROMENER LE LONG DE LA SAÔNE ET DU RHÔNE. Si vous prenez l’option « tout à pied », vous vous baladerez le long du Rhône et de la Saône qui traversent pas mal de quartiers. Vous y découvrirez des péniches verdoyantes, des ponts tout mignons, des joueurs de pétanque, des saules pleureurs, le soleil se réfléchissant sur l’eau… Rien de plus simple mais tellement efficace pour passer un bon week-end! Alors, est-ce que vous vous laisserez tenter par un week-end à Lyon ?

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ROOM SERVICE

MAMA SHELTER LYON

La ville des Lumières accueille l’un des hôtels les plus branchés du moment! Cadre coloré, cosy et design. Né de la rencontre entre le designer Philippe Starck et la famille Trigano, c’est un concept unique proposant une offre hôtelière basée sur le vécu d’une expérience inédite à des prix très attractifs pour une prestation de service haut de gamme. L‘établissement est à la croisée de trois chemins : celui de Gerland avec ses industries qui font de Lyon une place mondiale du progrès ; celui de la faculté des lumières qui près des quais fait revivre les personnages d’hier et sculpte les esprits d’aujourd’hui ; et celui de la Guillotière, terre de mixité et d’immigration où les peuples du monde se retrouvent sur la place Djebrail Bahadourian. À deux pas de la place Jean Macé et de son métro qui vous emmène vers la gare Part-Dieu, le Mama Shelter est posé sur un îlot à trois rues, tel un triangle. Son entrée fait face à un terrain de basket ball grillagé qui suggère un territoire résolument urbain, « un je ne sais quoi » de Brooklyn. Le bâtiment abrite derrière sa façade qui s’impose par une forme de gravité, 156 chambres - de 17 à 21m2 - ultra confortables et équipées avec leur iMac 27’’ (VOD gratuite, photobooth et videobooth, internet, télévision, ordinateur) et une literie digne d’un 5 étoiles. Le Mama Shelter compte 8 salles de séminaire pouvant accueillir jusqu’à 120 personnes, un bar et un restaurant avec terrasse ouvert 7/7, une conciergerie ouverte 24/24, une scène musicale proposant des animations tous les jeudis, vendredis et samedis soirs ! Un concept étonnant qui saura vous surprendre ! MAMA CUISINE POUR VOUS – Une carte sublimant les spécialités lyonnaises pour vous livrer une cuisine simple, savoureuse et moderne. Quelques soient vos goûts, vous trouverez ici votre bonheur : ardoise de rillettes de la Mama à partager, tartare de bœuf au couteau ou bien les ribs de porc laqués aux épices, pomme de terre en robe des champs… Le Mama Shelter vous accueille sous la devise « Mama loves you, Mama feeds you » ! 66 - FOCUS F.W.I


MAMA SHELTER

13, rue Domer Lyon 7ème 69007 LYON reception.lyon@mamashelter.com T. 0478 025 800 www.mamashelter.com

Chambres : à partir de 69,00 € Petit-déjeuner : à partir de 16,00 € Services : WiFi gratuit, Voiturier, Mini-bar, Business corner, Pressing, Conciergerie virtuelle, iMac 27 avec TV, Vidéo à la demande, Bureau de travail, Concerts Lives, Spectacles...

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PURITY OF

DIAMOND Océane Bélénus - Mise en Beauté Make Up Box – Hair Janet Benoît – Photographe Éric Corbel.

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MUST HAVE Ces bagues diamants en or jaune, or rose et or blanc18 carats entièrement réalisée à la main et sertie de trois diamants taille brillant en mouvement font partie de la collection Move Joaillerie, icône de la Maison Messika. Graphisme épuré, lignes essentielles, la collection symbole de l’amour d’hier, d’aujourd’hui et de demain poursuit ses audaces en mariant son design unique à une élégance intemporelle . Bagues Move Joillerie S, Messika, dès 2 490,00 €.

CHANEL POUR GABRIELLE

L’AUDACIEUSE Bulgari présente la bague B.zero 1 perfect mistake, une audacieuse combinaison de différentes nuances d’or née du hasard, et malgré tout parfaite. Cette emblématique bague spirale B.zero 1, rehaussée d’une association d’ors inattendue, est marquée par une géométrie unique cachée dans un jeu gracieux de parfaite symétrie. Bague B.zero 1 , Bulgari, dès 4.410,00 €.

L’IMAGINAIRE Symbole d’optimisme et de vivacité, cet oiseau volubile, pavé de diamants, entrouvre la porte de cette cage d’or pour gagner le ciel. Un oiseau épris de liberté, imaginé en 1942 et aujourd’hui revisité pour donner naissance à une broche précieuse aux couleurs vibrantes. Collier les oiseaux libérés, Cartier, prix sur demande.

Une discrétion qui attire les regards. Un mystérieux mélange d’assurance et de délicatesse, d’audace et de sobriété. L’évidence d’une présence qui se mesure à l’essentiel. La maison Chanel propose ici la version Tweed petit modèle de sa montre Boy-Friend. Du tweed et de l’acier comme un travelling sur l’histoire de Mademoiselle. Cette version petit modèle de la montre Boy-Friend twiste les matières pour en faire un objet envoûtant. Un bracelet en tweed vient enserrer et boucler le poignet des femmes éveillant par là même le charme de son allure garçonne. Boy-Friend tweed petit modèle, Chanel, 4.250,00 €.

L’HYPNOTISANT La nouvelle collection Serpenti rend hommage à la beauté unique de chaque femme à travers des pierres précieuses aussi exceptionnelles qu’elles. C’est le caractère unique d’un regard qui fait sa beauté. Bracelet Serpenti , Bulgari, prix sur demande.

LE VICE

ET LA VERTU Symbole de Passion...

Nacre blanche, laque noire, diamants éclatants, le monde est fait de Bien, de Mal, de Pureté, tantôt symbole de vertu, tantôt symbole de vice, toujours symbole de passion. La femme que l’on recherche est cet incroyable dilemme qui tantôt nous attire par sa vertu, tantôt nous intrigue par son vice, toujours nous inspire par le Vice et la Vertu. Boucles d’oreilles Le Vice, Mauboussin, 9.300,00 €.

LA CONSTELLATION Un bracelet avec cinq grands maillons entièrement constellés de diamants au centre et une chaîne en or sur les côtés. Bracelet Tango, Pomellato, prix sur demande.

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Mood

BIBLIOTHÈQUE DES SENTEURS.

COLOUR COLLECTION

L L’OBSESSION

ARCHI TECTONIC

Posez un autre regard sur Noël avec la Création Exclusive ARCHITECTONIC, une palette ombres à paupières qui s’inspire des couleurs de la ville pour un regard architectural. L’harmonie bleu-argent des 5 fards à paupières se décline en teintes mates et satinées. Osez un bleu nuit mat, un bleu métallisé, un gris platine, un gris béton ou un gris miroir. Le résultat maquillage est impactant, d’une intensité et d’une lumière vibrante. Palette Ombres à Paupières, Chanel, dès 57,00 €.

L’INCONTOURNABLE

HAUTE TENUE

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La plus belle découverte depuis le soleil !... Avec la nouvelle Poudre Bonne Mine, première poudre sans talc, Givenchy Croisière révèle le « sans effet matière » pour un «nude» ensoleillé, invisible et impalpable... Une texture aérienne pour un fini extrêmement naturel, et un effet seconde peau. Le teint s’illumine naturellement, la peau est unifiée. Un vrai produit d’été éternel. La poudre s’applique à volonté, tout au long de la journée sur le visage, le cou et le décolleté à l’aide d’un pinceau Kabuki. Pour un effet plus naturel, vous pouvez l’appliquer après Mister Radiant. Poudre Bonne Mine Croisière, Givenchy, 45,00 €.

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’illustre maison de parfums décline en couleurs et en grand format son flacon-joyau Quadrilobé créé en 1908 par Baccarat. La collection se joue des correspondances entre pierres précieuses, couleurs et parfums, et abrite cinq créations extraites de la collection Les Exclusifs : Spiritueuse Double Vanille qui exprime la sensualité rayonnante de la précieuse matière dans toute sa splendeur. Un élixir vibrant qui marie le rhum, le cèdre et les épices. Santal Royal lui nous entraîne dans un univers boisé, au cœur des mystères de l’Orient. Un jeu de contraste entre l’envoûtement du santal, l’éclat du jasmin et de la rose, et le charme ténébreux des accords de cuir et de oud. L’heure de nuit est un hommage contemporain qui nous plonge dans l’enchantement du « Paris by Night ». Un équilibre délicat entre tendresse et lumière, où se mêlent la fleur d’oranger, la vanille et les muscs. L’Oriental Brûlant au couleur de la passion exprime toute la sensualité d’une étreinte torride. Un cocktail d’épices, de fèves tonka et de notes baumées au sillage voluptueux et charnel. Et enfin L’eau de parfum 68 une alliance de rouge et de bleu qui traduit le contraste entre le chaud et le froid de cette fragrance affirmée; où l’immortelle se lie à la rose, sur un fond enveloppant d’héliotrope, de cèdre et de benjoin. Pour cette précieuse édition limitée, Guerlain s’inspire de façon inédite d’un phénomène encore mystérieux, la synesthésie, selon lequel « La couleur a une odeur ». De somptueuses nuances de gemme qui expriment la quintessence de cinq fragrances, choisies parmi Les Exclusifs de Guerlain. Ultime touche de raffinement, le col du flacon se pare d’un fil de soie orange, méticuleusement noué et peigné à la main selon la technique dite du barbichage, selon un savoir-faire traditionnel perpétué par les Dames de Table de Guerlain. Quadrilobé, Colour Collection, Guerlain, 650 € le flacon de 125 ml. En édition limitée dans les boutiques Guerlain.

L’INNOVATION

EFFET SOLEIL

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Ce fluide léger Belle Mine rehausseur de teint est composé d’une formule tri-phasée unique: la phase d’huiles garantit le confort, la phase aqueuse offre fraîcheur et légèreté, et la phase nacrée longue-tenue prolonge l’éclat. Il suffit d’agiter le produit pour mélanger les 3 phases et révéler un fluide subtilement irisé. Avec seulement quelques gouttes, la peau est ornée d’un effet halé idéal, lumineux : un effet soleil instantané. Belle De Teint Trio Fluide Belle Mine, Lancôme, 38,00 €.


EDIE PARKER POCHETTE BOÎTIER EN ACRYLIQUE À PAILLETTES «JEAN RAD», 1.350,00€

GUCCI, SAC À MAIN EN CUIR GAUFFRÉ IMPRIMÉ «GUCCIGHOST LEATHER», 2.490,00€

Oh my BAG !!!

FENDI, SAC PORTÉ ÉPAULE CUIR À ORNEMENTS «BAGUETTE MINI», 1.950,00€

DOLCE & GABBANA, SAC PORTÉ ÉPAULE EN CUIR IMPRIMÉ À ORNEMENTS DOLCE ROSARIA, 2.450,00€ FOCUS F.W.I - 71


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StylismeÉric KenCorbel. Joseph – Stylisme Ken Joseph – Photographe Photographe Éric Corbel. Montre UNICO Big Bang Titane 45mm, Hublot, POINT Montre OR. UNICO Big Bang Titane 45 mm, HUBLOT, POINT OR - 18 600 €.


CHANEL, Montre Monsieur Chanel.

BOUCHERON, Montre Epure.

LES PENDULES À L’HEURE

MONTBLANC, Montre 4810 Tourbillon Slim.

CARTIER, Montre Drive Tourbillon Volant. FOCUS F.W.I - 73


Mocassins en cuir Horsebit, Gucci, 595,00€

LE VESTIAIRE

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Mocassins en cuir poli Tossel, Paul Smith, 375,00€

Micassins en cuir Kilte, Santoni, 690,00€

Mocassins en cuir poli, Paul Smith, 375,00€

Mocassins en daim, Rubinacci, 490,00€

Mocassins en cuir, Grenson, 270,00€

Mocassins en cuir, Jhon Lobb, 1.300,00€


Mood INSOLENT, ADDICTIF ET IRRÉSISTIBLE Diesel Bad interpelle et évoque cette attraction irrésistible pour un homme imprévisible..

Habillé d’une matière dont le toucher nous rappelle la veste en cuir du bad boy, le flacon Diesel BAD affiche un look masculin et séduisant. Il incarne une virilité mystérieuse et troublante. Signature olfactive audacieuse et sophistiquée, Diesel Bad est le premier parfum à allier des accords de tabac et de caviar pour créer un sillage boisé, addictif, à la fois vibrant et frais. Bad, Diesel, 125 ml dès 87 euros.

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SUBSTANCE ACTIVE L’HOMME DE CARTIER S’affranchir des sensations connues, c’est là tout le pouvoir du parfum masculin L’Envol de Cartier. Un nectar au goût de bois de Gaïac et de notes miellées, élevé d’un musc vaporeux. Une substance active pour prendre son envol. Ultra design, ce flacon encapsule la fragrance telle une ampoule vitale. Cet objet précieux s’inscrit dans la grande tradition stylistique de Cartier, celle du guillochage, dont le bouchon reprend le célèbre motif. Le format 100ml est rechargeable, grâce à l’ampoule qui s’extrait du dôme de verre. Eau de Parfum, L’Envol de Cartier, 100 ml dès 116 euros.

MATCH PARFAIT

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Texture légère, pénétration instantanée, fini zéro brillance : idéal pour les peaux sèches de façon ponctuelle ou régulière, le Baume nourrissant régénérant Dior Homme Dermo System hydrate et réconforte instantanément. Enrichi d’un trio d’actifs spécifiques, il protège la peau en ne laissant aucune sensation de gras. La peau retrouve souplesse et confort dès l’application. Nourrie, tonique et hydratée, elle est douce et reposée. À appliquer matin et/ou soir sur une peau nettoyée avec le Gel nettoyant micro-purifiant. Baume nourrissant régénérant, Dior Homme Dermo System, Dior, dès 71,50 euros les 50 ml.

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THE MODERN MUSE Photographe Éric Corbel | Retouches Photos Xavier Dollin | Stylisme Ken Joseph Réalisation Mike Matthew | Mise en beauté Karine Gatibelza pour Make Up Box Hair Stéphane Blondeau | Habitation l’Oiseau | Modèle : Ophély

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Collier SHOWROOM B. Cardigan en coton texturé, T-shirt coton imprimé Coca-Cola, Jean Homme Tim slim-fit délavé moyen et Escarpins, MANGO. FOCUS F.W.I - 77


Pull et Jupe rétro argentée, JOUR ET NUIT. Tennis scratch argentée irisée, ERAM.

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Robe message noire, MANGO. Boucles d’oreilles, Collier et Bracelets, SHOWROOM B.

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Chemise et Jupe, JOUR ET NUIT. 80 - FOCUS F.W.I


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Blouse brodée et Pantalon palazzo imprimé, MANGO. Sandale Juliette Swildens métallisé doré doré, ERAM. Boucles d’oreilles, SHOWROOM B. 82 - FOCUS F.W.I


Pull crop top et Jupe en CUIR, JO BOUTIQUE. Escarpin emboîtant boucle, ERAM. Boucles d’oreilles, SHOWROOM B.

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La Chambre Du Maître Photographe Éric Corbel | Retouches Photos Xavier Dollin | Stylisme Ken Joseph Réalisation Mike Matthew | Mise en beauté Karine Gatibelza pour Make Up Box Habitation l’Oiseau | Modèle : Lionel Laurendot

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Costume slim-fit, MANGO. Chemise, SERGE BLANCO. Noeud papillon, ZARA. FOCUS F.W.I - 85


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Costume regular-fit carreaux, MANGO. Chemise unie en Oxford, SERGE BLANCO. Boots Chelsea cuir noir, ERAM.

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Costume noir ajusté et Chemise unie en Oxford, SERGE BLANCO. Cravate structurée noire, ZARA.. 88 - FOCUS F.W.I


Blazer, Chemise en popeline et Cravate, SERGE BLANCO. Chino slim-fit coton, MANGO.

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Une

partition de style Photographe Éric Corbel | Retouches Photos Xavier Dollin | Stylisme Ken Joseph Réalisation Mike Matthew | Mise en beauté Karine Gatibelza pour Make Up Box Hair Stéphane Blondeau | Habitation l’Oiseau | Modèle : Ophély et Naomi.

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Robe longue, ROMMANE. Collier et Bracelets, SHOWROOM B

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Combishort ROMMANE, Collier et Bagues, SHOWROOM B. Sandales, TALONS AIGUILLES SUITE.

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Robe, ROMMANE. Collier, SHOWROOM B.

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Robe, ROMMANE. Collier, Boucles d’oreilles, Bracelet, SHOWROOM B. Sandales , TALONS AIGUILLES SUITE. FOCUS F.W.I - 95


Robe, ROMMANE. Boucles d’oreilles et Bagues, SHOWROOM B. 96 - FOCUS F.W.I


Robe, ROMMANE. Bracelet, SHOWROOM B.

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CARNET D’ADRESSES

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