FOCUS FWI N15

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FOCUS F ®

F.W.I

DÉCEMBRE- JANVIER 2018 #15 • GRATUIT

LE NOUVEAU C3 AIRCROSS Un style original et du caractère

LE PÈRE NOËL a proposé sa démission!

LA RÉVOLUTION NE SERA PAS TÉLÉVISÉE

L’exigence

de fraternité…

hasHtag BALANCE TON PORC

Patrick

SAINT-ELOI

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Profession : chasseur de paysages Partez chasser les plus beaux endroits du monde avec Corsair. 2 - FOCUS F.W.I


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l’édito

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es êtres parqués sur le bitume, des serfs serrant les crocs, étalés comme du bétail devant les plus offrants. Venez, il y a du Nègre à vendre, à dépecer, à déshumaniser. Point de fait historique, l’histoire se joue au 21e siècle. On reprend les mêmes pour reproduire l’histoire, pour reproduire le crime. Quelle dégelée, sans précédent, stupéfiante et démoralisatrice. Il y a du Nègre à vendre, du rien, de la crasse à main-d’œuvre, du peu pourvu qu’ils remplissent leurs tâches, celle de la servitude. La nouvelle est venue de CNN, elle a fait le délice de certains et provoqué l’effroi de nombreux autres, dans les journaux, sur les réseaux sociaux. Je l’ai découverte par ce dernier, je ne la cherchais pas, mais je suis tombé sur elle. Cédant à la stupeur, la colère, je me suis arrêté sur elle. J’ai voulu ignorer, le temps de réfléchir à cette séquence. Et tant pis, pour moi pauvre descendant bien loti et confortablement installé dans mon fauteuil, si je suis choqué, blessé, meurtri. Tant pis pour nous, tant pis pour vous. Devrais-je fermer les yeux ? Ou bien encore me transformer en auxiliaire de justice ? Questions provocatrices et difficiles. Et plus le temps passe, moins je me sens capable de la trancher nettement. « Et puis tu es français » me dit l’autre, et moi de lui répondre « mais je suis noir ». Noir de peau. Pas chocolat, mais noir. Ténébreux, magma, sauvage, rebelle à domestiquer. Pourtant, ne suis-je pas de la trempe de Solitude, d’Ignace, Massoto, Jean-Louis ? Je refuse de bifurquer et de revenir à des débats, des supposées valeurs étatiques et de rester docile. Le fait est que je suis noir, la seule supposée cause qui vaudrait ma capture, si j’étais là-bas. Dans les rédactions, il est coutume de préparer les nécrologies en avance. Il ne faut pas être pris de court. Normalité et immoralité, dans un monde du travail qui exige une réactivité de tous les instants. Oui, les bons soldats du journalisme doivent donner l’information plus vite que la concurrence. Dès lors, devrais-je annoncer la mort de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, réfuté le 1er décret d’abolition de l’esclavage de 1794, « désabolir » 1848, vandaliser la dépouille de Césaire, épingler Taubira… Cracher à la gueule de mon histoire. Ou faire comme Mathiasin, demander à la France de se remuer… N’est-elle pas la mère-patrie ? Le seul rempart ? Les ovations sont de bon augure. Tant pis pour eux, Tant pis pour nous… Dans le même temps, qui voudrait de migrants Africains, de Nègres envahisseurs ? Pas l’Europe, pas la France, pas même l’Allemagne qui voulait les accueillir un temps par milliers, pas même nous ici-bas outremer. Donc asservir, déshumaniser, reste la solution, dans un mode tout pourri. La régression est au paroxysme, on nous alerte.

— Ken Joseph, Rédacteur en Chef

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Ken Joseph | Focus FWI


GisèleWood FOCUS F.W.I - 11


FOCUS F.W.I

DÉCEMBRE - JANVIER 2018 www.focus-fwi.com

FOCUS / ÉDITION RUNWAY 97100 BASSE-TERRE m. contact@agence-runway.com Rédacteur en chef Ken Joseph ken.joseph@agence-runway.com Directeur de la Publication Mike Matthew mike.matthew@agence-runway.com Rédaction Pierre-Yves Chicot, Stéphanie Melyon Reinette, Raphaël Lapin, Danik Ibrahim Zandwonis, Thierry Aricique, Mary B, Ken Joseph. Ont collaboré à ce numéro Tanya St-Val Jocelyne Beroard Patrice Kancel Département artistique Agence Runway Photographes Éric Corbel Yvan Cimadure Xavier Dollin Régie publicitaire Guadeloupe : 0690 466 108 Crédits photos Mathieu Delors, Éric Corbel, Yvan Cimadure, Nadav Kander, Viviane Sassen, Brasserie d’Aumont, Les grands Verres, Les Résistants, Le Roch Hôtel & Spa, Hôtel Henriette, Mosquée de Paris, Medhi Mendas, Hillier Bartley, Cult Gaia, Alexander Mcqueen, Karl Lagerfeld, Dior, Fenty Beauty, Giuseppe Zanotti, Chanel, Bvlgari, Chaumet, Van Cleef & Arpels Impression Achevé d’imprimer Fabrication Printteam www.print-team.fr Imprimé et façonné en U.E., 4e trimestre 2017 Distribution : Colibri Distribution ISSN : 2425-729X

En couverture Brother Jimmy, Photographié par Yvan Cimadure et Mise en Beauté par Make Up For Ever. Retouches Xavier Dollin, Stylisme Ken Joseph et Réalisation Mike Matthew. Costume slim fit, chemise slim et nœud papillon, Mango. Studio Make Up For Ever. 12 - FOCUS F.W.I

Remerciements Patrick Saint-Eloi, Tanya St-Val, Patrice Kancel, Jocelyne Beroard Gilles De Lacroix, Meissa Gumbs, Marlène Ronaul, Sabine Wybo, Marjorie Silfille-Petit, Naomie, Rodrigue, Tahiana, Élodie Roques.


L’ART DE FÊTER À LA CRÉOLE

L A C R É O L E B E AC H H ÔT E L & S PA B P 61 - P O I N T E D E L A V E R D U R E - 97190 L E G O S I E R R E N S E I G N E M E N T S E T R É S E R VAT I O N S : 0 5 9 0 9 0 4 6 6 4 O U 4 6 7 3 E . M A I L : D I R E C T I O N . R E S TAU R AT I O N @ C R E O L E B E AC H . CO M - W W W . C R E O L E B E A C H . C O M FOCUS F.W.I - 13


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SOMMAIRE

Patrick SAINT-ELOI

MAGAZINE 18 Billet d’humeur : Le Grand Amour 20 L’époque 22 Mécanique du Temps La nouvelle BMW X3 COVER BOY 24 Patrick Saint-Eloi 30 Patrice Kancel, raconte Saint-Eloi GRAND FORMAT 32 Le Père Noël, a proposé sa démission 34 La Révolution ne sera pas télévisée 36 20 ans après, les médias audiovisuels pèsent-ils dans le débat politique. 38 Sylvie Gustave dit Duflot, La force d’un engagement. PHÉNOMÈNE 42 L’exigence de fraternité 46 Hashtag, balance ton porc 14 - FOCUS F.W.I

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La révolution ne sera pas télévisée


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16 - FOCUS F.W.I PLUS D’INFOS SUR WWW.CAPEXCELLENCE.NET OU SUR NOTRE PAGE


SOMMAIRE MOTEUR 50 Le nouveau SUV C3 Aircross AVANT-GARDE 52 Paris in love 53 Les bonnes tables 54 Hot Spot 54 Escapades

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NOUVEAU GENRE 56 Mode : Girl interupted 62 Montre : La passion du temps 64 Mode : Before Midnight 72 Mood 73 Montre : Green Screen 72 Mode : Coup d’éclat

Mode, Before Midnight

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Le nouveau SUV, C3 Aircross FOCUS F.W.I - 17


LE GRAND AMOUR Quel prix à payer ? billet d’humeur signée

MARY B. - photo TOO MANY PICTURES.

De nos jours, munis d’une connexion et d’un écran, l’on peut faire ses courses, acheter des places de concert, commander un livre à l’étranger, et parfois…. trouver l’Amour. Mais cette conquête amoureuse 2.0 est-elle aussi simple que la commande d’un livre en quelques clics ? Aimer avec un grand A, n’est-il pas devenu à l’ère du digital plus compliqué ou une question de mise en scène ? La quête de l’Amour avec un grand A, ne se vend

t’elle pas aussi comme un produit marketing ?

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n paie le prix pour mieux « se vendre ». Sur nos réseaux sociaux, nous comptons parfois plus de 500 voire 1000 amis et pourtant les relations humaines n’en sont pas plus porteuses ou plus fiables. Pour trouver le « grand Amour », il faut choisir la bonne photo, les bonnes qualités sur lesquelles communiquer, même nos défauts sont étudiés et valorisés, on se fait coacher pour présenter notre plus beau profil. Un parfum, ou un sourire doux n’ont plus leur place, puisque le seul sens stimulé est la vue ! Maintenant il faut compter avec ses followers et ses atouts virtuels. Dans cette même mouvance, des applications ont même vu le jour sur cet objectif, telles que TINDER, qui permet selon votre localisation de trouver des personnes avec qui « passer du temps » près de chez vous, en fonction de vos critères physiques et surtout géographiques. Lancé en 2012, son succès est grandissant, en particulier pour les 25-35ans. Mais pourquoi me direz –vous ? Un tel phénomène s’explique en partie par le manque d’espace de rencontres, formels ou informels, chez les 25-35, dévoilant le désarroi d’une génération qui se sent obligée de ne plus être seule. Aux Antilles, pour rencontrer notre partenaire de cœur, on reste encore davantage dans le cercle de nos proches. On pioche au sein des amis de nos amis en particulier sur Facebook. On y entame une discussion via Messenger, on se rencontre et plus si affinités. Mais cela reste encore très familial. Il n’en demeure pas moins que sur Internet tout semble rose, l’écran nous sert de bouclier contre les vraies turpitudes de la vie et malheureusement, c’est souvent la douche froide, quand on passe de l’autre côté du miroir, dans le quotidien… Les cartes sont faussées, on n’a plus les codes pour communiquer… On s’imagine alors qu’on trouvera l’amour à coup d’algorithmes et de formules. 18 - FOCUS F.W.I

C’est d’ailleurs le principe des questionnaires pré établis dans les agences matrimoniales. Certaines « formules » ont créé des couples qui durent, d’autres beaucoup de déceptions. Mais on n’est pas forcément sur la bonne piste, Madame Maquère Psychothérapeuthe nous le confirme, «dans la vraie on est davantage sur une sensation ! Les clips montrent souvent des gens refaits, on essaie alors de coller à un modèle qui n’existe pas dans la réalité, à une photo sublimée par des filtres sur Instagram ou Snapchat mais le plus important reste le toucher, le contact, une odeur ; une attitude… » On paie le prix pour se réconcilier. Aujourd’hui parmi sa patientèle, elle reçoit de plus en plus de couples, auparavant c’était souvent les femmes qui entraînaient leur conjoint, depuis deux ou trois années ce sont les hommes qui viennent car ils ne comprennent plus l’amour et les relations au sein du couple. Il y a vingt ans il y avait un dialogue réel, on posait des questions, de nos jours, il nous suffit de taper sur internet, on y trouve certes une multitude de réponses, mais souvent erronées ou pas adaptées à notre situation. Qu’est ce qui t’attire chez lui ? Il a un « je ne sais quoi…. ». In fine, un couple c’est une spontanéité, il y a une alchimie qui s’opère, et cette alchimie ne provient pas de la beauté, c’est un regard, une attitude. Ce n’est pas une beauté plastique que l’on poursuit, mais bien juste un feeling ! On est plus dans la rationalité, mais dans l’émotion, et çà ne se quantifie pas ou ne se programme pas. On paie le prix pour ramener l’être aimé : est-ce un dernier recours ou une démonstration de désespoir ? Cela traduit à coup sûr un manque de confiance en soi, mais cela peut-être aussi perçu comme une forme de prostitution, « je m’en sens pas capable alors j’achète ce que je ne peux pas posséder dans la vie », c’est comme un homme qui n’a pas d’estime pour lui qui va aller payer une femme de petite vertu. Cela fait aussi partie de notre culture d’avoir recours au fameux « GADET ZAFE », en lien avec nos racines africaines, c’est même une superstition, « si je ne le fais pas je n’aurais peut-être pas tout tenter ». Cela tient souvent parfois plus à une pression familiale, qu’un véritable besoin. Le manque de confiance nous amène parfois à penser que même un sentiment se monnaie, au même titre qu’une marchandise. On prie le prix pour pallier à son manque de confiance : les risques dans ce cas, sont d’avoir à faire à des gens qui pourrait faire des interprétations erronées. En psychothérapie, ce n’est par exemple pas anodin de dire à quelqu’un « on fait comme si ou comme ça ». Si vous commencez une thérapie de couple et qu’on vous promet une résolution en 10 séances avec un forfait, c’est louche, car on ne sait pas à l’avance. On ne peut pas dire, que ce soit en individuel ou en couple, qu’on va résoudre le problème en tant de temps. C’est la même problématique quand on vous demande de remplir un questionnaire, parce que justement il n’y a pas de critères, on fonctionne d’inconscient à inconscient, et pour tout cela il faut être patient, rejouer le jeu de la séduction, des petites attentions… Mon métier amène aussi des belles histoires, nous révèle Madame Maquère, « comme pour les couples qui me consultent en préventif, car chacun prend conscience de soi, car il y a de l’amour. Il y a encore de l’amour mais il ne peut pas se monnayer. L’Amour c’est juste du ressenti, du partage, « Comme un enfant qui souhaite qu’on le regarde qu’on partage du temps avec lui ». Il nous faut donc nous reconnecter avec la notion de partage de plaisir et d’échange, car c’est dans l’échange qu’on comprend, qu’on se retrouve. Car ce qu’on oublie de dire, est que : La plus belle histoire d’amour qu’on puisse avoir, commence par celle que l’on a avec soi, et ça, ça n’a pas de prix. « L’amour des autres, provient avant tout de l’intérieur. C’est d’abord en s’aimant en premier, que l’on donne ensuite aux autres l’autorisation de nous aimer à leur tour ». Deepak Chopra


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Hillary Clinton Ça s’est passé comme ça

ON CRAQUE

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lle était partie pour entrer dans l’histoire, en devenant la première femme présidente des États-Unis. Dix mois après sa défaite à l’élection présidentielle américaine, Hilary Clinton sort, enfin, du silence, avec la publication de ses mémoires de campagne intitulée « What happened », (Ça s’est passé comme ça, dans sa version française). 480 pages pour exorciser, en quelque sorte, l’inimaginable. « Il n’est jamais facile de perdre, mais perdre une course que vous avez vraiment cru gagner est consternant » (…) « Et, je savais que, avant d’aller mieux, j’irais encore plus mal ». Dans ce pavé « personnel », elle raconte de l’intérieur les coulisses d’une campagne marquée, selon elle, par la violence, la colère, le sexisme, des hauts grisants et des bas rageants... Mais aussi des retournements spectaculaires, les manipulations d’une puissance étrangère et, face à elle, un adversaire qui ne respecte aucune règle. Elle y explique, avant tout, le « choc» au soir du 8, de l’élection, lorsqu’elle apprend les résultats, dans sa chambre d’hôtel de New-York. Un sentiment d’être « vidée », une « tristesse » qui ne la quitta pas durant des semaines. En bref… Le livre alterne entre le personnel et le politique, avec des touches d'humour noir et d'autodérision, et quelques scènes tragicomiques, comme la cérémonie d'investiture de Donald Trump - qu'elle qualifie de “menteur”, “sexiste”, “indigne” et “incompétent” -, à laquelle elle a participé en tant qu'ancienne Première dame, une "expérience extracorporelle". La stupeur passée, Hillary Clinton fait son mea-culpa. Elle reconnaît que sa campagne « n'avait pas la même passion ou le même feu » que celle de son mari en 1992. « On continue à avancer ». C’est la dernière phrase du livre. Car bien sûr, elle s’est posé la question – et nous nous la sommes posée à sa place: que faire après une telle défaite ? Est-ce possible de poursuivre une carrière politique ? Aujourd'hui, Hillary Clinton, assure qu'elle ne se représentera plus. « Mais je ne vais ni bouder, ni disparaître. Je ferai tout pour soutenir les candidats démocrates ». Mais au-delà de la politique, Hillary Clinton reste mobilisée pour la cause des femmes, une cause pour laquelle elle a tant donné et qui lui tient à cœur. « Je crois toujours que faire progresser les droits des femmes et l’égalité des chances est le grand chantier du 21e siècle. Cela signifie entre autres réussir là où j’ai échoué, et voir un jour une femme à la Maison-Blanche ». Riche en révélations, le livre d’Hillary Clinton offre un récit inattendu, féroce, parfois drôle et souvent touchant d’un épisode décisif pour les États-Unis et pour le monde. Elle y évoque également les béquilles utilisées pour faire face à l’après – le yoga, la marche et « une bonne dose de chardonnay ». Ça s’est passé comme ça, Fayard, 480 p., 24,90 €. 20 - FOCUS F.W.I

Avec ce quatrième album intitulé TI GWADLOUPÉYEN, Soft marque son grand retour depuis 2009. Produit par Aztec Musique, réalisé par Fred Deshayes et Philip SADIKALAY, TI GWADLOUPÉYEN est un opus brillant et surprenant. Des textes forts, une musique acoustique moderne pour des chansons aux mélodies engageantes dont l’esthétique reste basée sur le GWO KA. Et si l’album fait la part belle à l’éclectisme, avec une instrumentation de la musique traditionnelle qui rappelle, dans la démarche, le « mouvement Americana » d’une Leyla McCalla, Soft c’est aussi les thèmes engagés, les prises de position, les réflexions qui dessinent chaque jour les contours du visage de l’Homme guadeloupéen. (Titre éponyme : Ti Gwadloupéyen). SOFT, c’est la réalité des Antilles du 21e siècle. L’album comporte 10 titres, dont 8 inédits et les deux reprises : Ain’t no shunshine (Bill Withers) revisité, et Amandine Street, un calypso présent sur le deuxième album (2007). Plusieurs artistes invités, parmi lesquels Arnaud Dolmen (batteur), Joby Julienne (Maître Ka), Jenna Legros, Claudine Pennont (chanteuses) ; Jacob Desvarieux, Happy Lewis (trompetiste originaire d’Antigue), Dominik Coco, Rosan Monza, mais aussi Denys Lable (guitariste de Cabrel) et Adriano DD Tenorio (jeune prodige brésilien des percussions) ...


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Initiatrice des Sports Activity Vehicle de milieu de gamme en 2003, La Nouvelle BMW X3 perpétue cette histoire à succès en se présentant avec un design dynamique encore plus marquant, des moteurs à la fois puissants et efficaces et une dotation luxueuse. Ainsi, La Nouvelle X3 fait rimer look tout terrain robuste et allure sportive avec finition haute de gamme et performances de haut vol. Un Design affûté. Dès le premier regard, La nouvelle X3 séduit par son allure athlétique avec une double calandre au traité tridimensionnel et ses antibrouillards qui adoptent un modèle hexagonal, du jamais vu sur un modèle X. En vue arrière, les optiques particulièrement expressives dans leur version Full LED optionnelle traitée en trois dimensions, le béquet de toit dont le galbe s’étire vers le bas et les deux sorties d’échappement disposées à droite et à gauche soulignent une approche dynamique du véhicule. Coté finition, trois versions sont disponibles : XL, Luxury et M Sport. Elles pourront être complétées par les propositions de BMW Individual, offrant de nombreuses possibilités de personnalisation. De plus, la Nouvelle BMW X3 démontre sa polyvalence exceptionnelle également par sa gamme d’accessoires. Que vous souhaitiez souligner sa vocation sportive, augmenter l’espace de chargement ou profiter d’encore plus de fonctions utiles : avec des accessoires d’origine BMW, vous trouverez l’accord parfait avec votre style de vie. Un confort sans limite. Se distinguant par une finition et des matériaux de haute qualité, l’habitable de la Nouvelle BMW X3 respire le luxe et la décontraction. Avec une multitude de nouveaux équipements de série ou optionnels tels que la climatisation automatique trois zones, aération active des sièges avant, banquette

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PATRICK

SAINT-ELOI Illustrations Mathieu Delord. Réalisation Ken Joseph

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arce qu’il est sans doute l’un des plus grands, des plus poétiques et humaniste. Patrick était ainsi fait: sensible, réservé, énigmatique, bienveillant et simple. Forcément émouvant et forcément dérangeant. Toute sa vie durant, il a voulu partager sa musique, ses textes et son envie d’aimer par sa tendresse, par cette sérénité qui lui était propre. Très prolifique, sa musique se déclame comme une poésie pour l’oreille. Des œuvres insaisissables et étonnantes, nourries de multiples influences, dont la beauté des textes rivalise avec celle des plus grands paroliers, ce qui en fait des créations ouvertes, de poésie pure. Berçant depuis les années 80 le monde de son inspiration et de son verbe poétique, PSE appartient à cette génération, qui au même titre que Jean-Philippe Marthely, a marqué une rupture drastique avec le Zouk antérieur en y introduisant une sensibilité, des mots créoles revêt d’une aura de noblesse, des mélodies d’alcôves susurrantes, inspirées de la soul nord-américaine qui, bien loin du « cuisse la » des Aiglons, apparaissent comme totalement nouvelle. Le passage d’une étape dans l’histoire du Zouk qui oscille entre le romantisme et la modernité poétique. Ainsi fut le Zouk Love, comme un idéal de clarté, un art poétique, un mouvement symboliste de la fin du XXe siècle. Une culture musicale hors des champs établis, brandie comme un étendard de l’amour ; la bande-son de notre époque. Auteur, compositeur d’exception, PSE a influencé tout un pan des musiciens qui l’ont côtoyé et tous ceux qui ont grandi en entendant ses mélodies pénétrantes et sa voix inspirée. Il nous a quitté sûrement trop tôt, à l’âge de 52 ans. Hélas ! Il ne reviendra plus sur scène. Il ne reviendra plus nous donner tout ce qu’il avait : son talent, sa force, son élan, sa générosité, son amour. Il ne chantera plus « Darling », ni « Chiré »… Comme une étoile, il a tiré sa révérence par un silence, il a filé par un merci. Cette histoire, son histoire… commence en 1958, à Pointe-à-Pitre. C’est l’histoire d’un petit garçon anonyme, qui par la musique, sa musique, a su exister, partager et s’ouvrir au monde. Et que rien ne prédestinait à un tel destin. « Je me rappellerai toujours de mon premier sentiment pour la musique: je voulais en faire, car j’aimais ça et pas parce que c’était un business. Bien sûr, je dois bien en vivre maintenant que j’en ai fait mon métier, mais c’est l’amour

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de la musique qui prime. Sans ça, on ne peut pas créer », avouait-il, en 2005, au magazine Pililibo. Parti pour Paris, en 1975, à l’âge de dix-sept ans dans le dessein de tenter sa chance et de faire carrière dans sa passion, la musique. Des cours de chant le conduisent à la rencontre de Georges Décimus, bassiste et dénicheur de talent du groupe Kassav’. Un temps leader du groupe Venus One, il intègre, en 1982, la formation Kassav, appelée à inventer le Zouk, comme choriste et devient rapidement l’une des voix majeures du big-bang guadeloupéo-martiniquais dont le succès ne faiblira pas vingt ans durant. « Kassav’ pour moi ça été ma fac, mon université, j’ai appris le métier avec Kassav’. Ça a été la rencontre avec l’Afrique, l’Asie, la Russie...On a fait plusieurs fois le tour du monde, on a vécu des rencontres très enrichissantes pour nous comme artistes » avait confié Patrick Saint Eloi à Grioo.com, en 2007. Il s’y forge alors une image de crooner et lover, usant du registre sensuel pour faire passer la musique zouk à un large public. Kassav’ remplit plusieurs fois le Zénith de Paris et multiplie les disques d’or. En 1985, le chanteur enregistre son premier album solo Mizik Sé Lanmou avec le tube « West Indies ». D’autres albums suivent, dévoilant peu à peu une personnalité plus riche et profonde de l’artiste : A La Demande en 1990, Bizouk en 1992, Zoukamine en 1994 puis Lovtans en 1998. Son premier Olympia donne lieu à une parution live en 2000, suivie de Swing Karaïb en 2002. À partir de cette date, il quitte définitivement Kassav’, de fait la métropole, et se concentre sur sa carrière solo, sortant Plézi, en 2005 et collaborant avec Gilberto Gil. Sa popularité allant grandissant, il remplit le Zénith de Paris en mai 2007 et sort la compilation Zoukolexion. L’année suivante sort un deuxième volume, Zoukolexion Vol. 2. Patrick Saint-Eloi, durant sa carrière n’a jamais cessé de se lancer dans de nouvelles aventures musicales. Car si l’amour, avec un grand A et son angoisse mélancolique, revenaient comme une antienne, il lui arrivait aussi de sortir de ses champs et d’aborder des sujets de société, comme avec les titres « Inceste » et « Réhabilitation ». « É mwen osi bizwen en ti pôz pou souflé »… Gageons que le temps de cette pause, que notre histoire avec lui ne se termine jamais… « Jòdi-la, mémwa ka nouri lespwa (…) Lespwa sé sa ka rété nou. Lè nou ped on zanmi, on frè, on lanmou. Rann chimen-la tibwen pli dou. Pou atann nou rouvwè on jou » (…) « Chak fwa, on nonm ka kité nou. Chagren é larm koulé pou vou. Pas ou sav, pas ou sav, sa ki ni pli lwen. Lavi ka fini é sav bien, nou ké rouvwè dèmen.» Woulo l’artiste !


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«Patrick est très important pour moi, il m’a beaucoup conseillé et épaulé. (…) Je l’ai connu quand j’étais plus jeune. (…) Plusieurs choses nous ont liés très tôt, et cela, bien au-delà de la musique. Pour souvenir, tous les jours, en allant à l’école, je le voyais sur son balcon, et de fil en aiguille nous avons très vite sympathisé. Il faut dire que sa famille connaissait très bien mon père qui travaillait, à l’époque, non loin de chez lui, chez les sapeurs-pompiers. (…) Quelques années plus tard, nous nous retrouvions dans des groupes de chœurs chez Henry Debs et Liso Musique. (…) Je me rappelle qu’avec Willy Salzedo et Christian Joseph Lockel, nous avions eu la chance d’entendre «Fabiola» jouée à la guitare par Patrick sur son balcon. (…) Je garde en souvenir un homme gentil, un peu énigmatique parce qu’il était très timide. On a d’ailleurs très vite compris qu’il était

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quelqu’un de très réservé, (…) qui, avant de parler ou encore de prendre une décision, réfléchissait beaucoup. (…) J’ai beaucoup aimé la chanson « West Indies », en revanche « You and Me » était l’une de ses chansons préférées. (…) Par sa musique, Patrick a su amener une autre vision de la femme en y apportant de la poésie. Avec lui, la femme n’a jamais été aussi sublimée. (…) Je garde un profond respect pour Patrick, de très bon souvenir. (…) Aujourd’hui, je pense que ses chansons devraient entrer dans notre patrimoine culturel, car il a apporté beaucoup de choses à notre musique. Avec Patrick, on s’est senti fier d’être créole. Fière d’être femme créole, aimée et chantée comme il l’a fait, c’était magnifique ». Tanya St Val


J

’ai vraiment connu Patrick en intégrant Kassav’. Je l’avais rencontré avant sans trop faire attention car je répétais dans une cave dont les frères Décimus étaient responsables, ils en avaient la clef. Patrick jouait dans le groupe de Georges avec César Durcin, et il paraît qu’ils assistaient à nos répétitions… en partie sans doute, car je m’en souviendrais. Etant timide et pas très sure de moi, il paraît que je frimais un peu à l’époque. C’est donc avec Kassav’ que j’ai appris à le connaître et l’apprécier. Je suis arrivée après lui. Mon premier contact avec Kassav’ était en 1980 pour faire les chœurs du deuxième album, mais je n’ai rejoins le groupe qu’en 83, et il était déjà là. J’adorais son premier album « Mizik sé lanmou », « Kriyé », composé par Georges était mon titre préféré à l’époque. Mais « West Indies » n’était pas en reste et est un classique que j’adore. Les chanteurs de Kassav’ se complétaient. Chacun avec un style. Chacun, donc Patrick a pris sa place sans problème. Jean Philippe, avec « Bel Kréati » a initié le zouklove et Patrick sur son deuxième album l’a confirmé avec « Balad Kréol ». Les deux amis-frères ont partagé 15 ans le même appartement et ont partagé deux albums, comme Georges et Jacob. Le style de Patrick était particulier. Mais là encore, tous les compositeurs de Kassav’ ont leur couleur propre. Le but était de faire de belles choses, de belles mélodies et de beaux textes. Donc il a apporté sa sensibilité, son regard sur le monde dans ses textes, et des mélodies riches, agréables ou énergiques qu’on a envie de fredonner, ou simplement envie d’entendre car elles vous

touchent. Il avait une manière de chanter qui en inspire plus d’un aujourd’hui encore, une voix aux sonorités particulières qui a aussi fait des adeptes. Je n’ai pas d’anecdote amusantes comme pourraient l’avoir Jean Philippe ou Georges. Les hommes du groupe étaient plus souvent entre eux ou avec leur femme et mes souvenirs sont professionnels ou des moments lors des tournées du groupe comme une ballade tous les deux dans une petite Méhari autour de St Barthélémy ou nous avons bien rigolé Patrick et moi. Mais ce qui me touchait le plus : il savait de temps en temps dire de gentils mots lorsqu’il sentait que c’était nécessaire, ou qu’on n’avait pas le moral. Nous avons accepté sans discuter son désir de stopper la folle vie de Kassav’ nous menant sans cesse autour du monde. Il m’en avait parlé un an avant, il voulait avoir le temps de rester un peu plus près de sa famille. Le groupe a toujours laissé à chacun sa liberté. Ce fut un choc et après son départ le groupe était comme une main à laquelle il manque un doigt. Il a fallu s’habituer, réarranger notre façon d’évoluer en scène. Personnellement je suis attachée à tous les membres du groupe. Ce sont mes frères. Et nous avons toujours eu du bonheur à nous revoir. Il est venu nous voir en scène lorsque c’était possible et nous avons aussi été le voir. J’ai fortement espéré qu’il débarque pour le Stade de France en 2009 parce qu’il avait sa place avec nous, personne ne peut la prendre. Son grand départ en 2010 a été bien plus douloureux…

Jocelyne Beroard

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Amour fraternel Patrice Kancel raconte Saint-Eloi ? propos recueillis par

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KEN JOSEPH. - photo YVAN CIMADURE.


V

ous êtes aujourd’hui l’un des humoristes les plus talentueux de votre génération. Mais dans la vie, êtes-vous aussi à l’image de ces personnages déjantés que vous incarnez dans vos spectacles ? Dans la vie de tous les jours, je suis plus sérieux. Mes personnages déjantés sont là pour dénoncer certains faits et gestes de la société sur un ton comique. Mais je dois quand même donner une image sérieuse de moi, ne serait-ce que vis-à-vis de mes enfants ! Parlez-nous de vos débuts et votre engouement ? J’ai commencé très tôt à être drôle (selon les dires de ma maman) et sur les bancs de l’école avec mon ami d’enfance Jak (Jacques TELL), nous amusions déjà la galerie. Ce qui nous a procuré pas mal de déboires avec les profs, mais tellement de bons souvenirs quand j’y repense… Poussés par les amis et la famille, on a donc décidé de faire notre premier spectacle en 1990. Ce fut un succès d’où notre engouement de poursuivre et d’arriver au summum pour nous avec entre autres la 1ère partie de Kassav’ au Zenith de Paris et ensuite notre 1er “L’Olympia”. Après plus de 20 ans de carrière, où et comment trouvez-vous encore l’inspiration pour continuer, sans fausse note, à faire rire ? L’inspiration est partout, autour de moi… Dans la rue, au supermarché, dans les soirées… Il suffit d’un mot, d’une blague, d’une gestuelle, d’une anecdote pour m’amener à réfléchir. Je vais ensuite, grossir la chose, caricaturer le personnage et faire passer le message à travers mes sketchs, car je veux qu’il y ait toujours une moralité au final. Peut-on rire de tout ? Moi, je dis que l’on peut rire de tout, mais tout dépend de l’angle que l’on aborde le sujet. Personnellement, j’évite les sujets sensibles comme la mort, la religion, mais mon public me suit toujours, car il me fait confiance depuis des années. J’essaie de tenir compte de la sensibilité de chacun et mes spectacles reflètent un mélange de tout cela… Votre prochain spectacle se tiendra le 27 décembre 2017, au Palais des Sports du Gosier, à quoi devons-nous nous attendre ? Le spectacle du 27 décembre, au palais des sports du gosier, c’est un nouveau challenge !!! Un show à l’américaine, du style “Marrakech du rire » ou le festival « Juste pour Rire », avec des artistes comiques de la caraïbe en stand-up, des DJs et des danseuses. La Martinique, la Guyane, Haïti et la Guadeloupe seront représentés. Pour cet événement, il y aura aussi une grande tombola où les spectateurs pourront repartir avec des lots comme des croisières, des voyages, des boissons pétillantes et festives, etc. Ce sera une grande fête pour remercier le public de leur soutien et de leurs encouragements. Derrière cette envie incessante du rire, qui est vraiment Patrice Kancel? “Je suis un homme seulement…” Avec mes qualités et mes défauts. J’essaie de faire avancer les choses dans mon domaine, tant dans le rire et qu’à la radio. Marié et père de famille, je réponds à mes devoirs de bons citoyens autant que faire se peut...Tout simplement. Parmi les personnes qui ont été importantes dans votre vie, il y a Patrick Saint-Eloi. En préparant ce numéro, nombreux sont ceux qui affirment que vous étiez l’un de ses amis les plus proches. Comment est née cette amitié ? C’est bien de dire l’un de ses amis….. car Fan de Patrick depuis gamin, j’ai eu la chance d’être présenté à lui lors d’un concert de Kassav’. Nous avons discuté, et il appréciait aussi ce que je faisais au sein du groupe Jak & Pat’. Les rencontres se sont enchaînées naturellement, nous avons pu faire les premières parties de Kassav’ au Zénith grâce à lui. Et à la fin des spectacles, je me retrouvais souvent à discuter de la vie avec lui, et ce, jusque très tard ou très tôt. Il m’a permis de faire ses premières parties en solo, il a également participé à mes spectacles en solo, en Guest et il m’a aidé à finir mon 1er album solo. Le lien de la famille, du réel, du vrai, je pense que c’est ce qui nous a rapprochés dans nos vies d’artistes un peu folle à l’époque.

« Nous avons vécu ensemble des bons et des mauvais moments et chacun de ces moments, nous faisaient avancer encore plus forts et encore plus loin. Cette amitié-là ne meurt pas. Et comme il le voulait on parle de lui toujours au présent donc il est là. (...) C’est un homme exceptionnel qui a marqué et marquera ma vie à tout jamais. Il m’arrive encore de lui demander conseil en levant les yeux vers le ciel…» À titre posthume, quelle est encore la valeur de cette amitié pour vous ? Patrick est pour moi comme un grand frère qui me donnait beaucoup de bons conseils, qui avait toujours une oreille à l’écoute de mes problèmes artistiques, comme familiale et j’essayais de lui rendre la pareille comme je pouvais. Comme il se plaisait à m’appeler, je suis et je resterais son «petit frère » à tout jamais. Nous avons vécu de bons et de mauvais moments, et chacun de ces moments nous a fait avancer encore plus forts et encore plus loin. Cette amitié-là ne meurt pas. Et comme il le voulait, on parle de lui toujours au présent donc il est là. Patrick possède un répertoire musical assez vaste, parmi toutes ses chansons lesquelles vous ont le plus touché et pourquoi ? « Réhabilitation» et « Ti Rakoon » pour la profondeur du message et « Sélébré » pour le texte qui a une grande valeur sentimentale pour moi Discret, réservé, timide, humble… Sont souvent les mots qui reviennent pour décrire Patrick. Mais vous, qui avez ce lien si fraternel avec lui, comment pourriez-vous le décrire ? En deux mots :… Humain et drôle. L’éloge de la femme revenait souvent dans ses chansons, quelle était sa vision de la femme ? Joker !!!... Une belle vision, je pense… Il disait qu’il aimait la spontanéité de nos femmes créoles. Et vous, quelle est votre approche de la femme créole ? Femme vaillante, courageuse et unique chacune en son genre. Qu’est-ce que vous aimiez chez Patrick et qui vous manque le plus aujourd’hui ? Nos petits-déjeuners en tête à tête qui se terminaient à 16h !!! Hormis la musique, qu’aimait-il faire ? Ses loisirs ? La pêche, le gros ka, et tout ce qui était en rapport avec la nature. Dans une interview accordée à Ayden sur TéléSud, il disait avoir beaucoup de choses à faire et à dire… Avait-il des projets en préparation qui malheureusement ne pourront voir le jour ? …Il est parti avec certains, mais en a laissé d’autres… Dans vos spectacles, vous arrive-t-il de lui rendre hommage ? Toujours ! Il a toujours été présent dans mes spectacles par une photo, une phrase et il le sera à jamais. Lui arrivait-il de partager des souvenirs d’enfance avec vous ? Non, il ne partageait pas ses souvenirs d’enfance avec moi…Peut-être parce qu’il pensait que j’étais trop jeune pour cela ! Quelle serait la meilleure façon de lui rendre hommage ? En le gardant à tout jamais dans nos cœurs, c’est le plus grand hommage que l’on puisse lui faire…Et de mettre en pratique les paroles de ses chansons. Quelle était la place de ses enfants dans sa vie ? En pole position. Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de Patrick ? Un grand «boulaguèl » à l’anniversaire de ma fille !!! Et le jour où nous avons chanté en duo « Voisin Voisine » sur mon album. C’est un homme exceptionnel qui a marqué et marquera ma vie à tout jamais. Il m’arrive encore de lui demander conseil en levant les yeux vers le ciel… FOCUS F.W.I - 31


Le Père Noël

a proposé sa démission! Après un chef du Gouvernement qui, sans aucune forme de retenue avait déclaré en Guadeloupe, en 2013 : « le Premier Ministre n’est pas un Père Noël », celui qui est décrit par le texte fondamental national comme le premier responsable politique du pays va user de la même formule, cette fois en Guyane. Nous sommes en 2017. par

PIERRE-YVES CHICOT, avocat à la cour, maître de conférence de droit public - habilité à diriger les recherches.

L

es enfants des outre-mers. Alors que JeanMarc Ayrault (Parti Socialiste) avait employé le présent de l’indicatif, le chef de l’Etat en exercice, Emmanuel Macron (La République En Marche) va déclarer : « je ne serai pas le Père Noël » (le futur). Sur le plan symbolique l’allusion au Père Noël, laisse aisément penser que ceux qui réclament du Premier Ministre ou du Président de la République d’être le Père Noël sont mutatis mutandis assimilés à des enfants. L’expression est tout de même risquée, même si assumée, parce que lorsque des citoyens sont comparés à des enfants, le registre auquel on a recours peut confiner à l’insulte. Autrement dit, blesser la dignité, l’honneur. Car en effet, l’usage d’une pareille formulation a constitué la réponse à des demandes légitimes d’intervention de l’Etat dans des domaines qui ressortent de sa compétence : la sécurité ; la santé publique ; l’Education Nationale ; la régulation des flux migratoires. Où est l’excès ? L’Etat ne peut certes plus tout d’après une volonté exprimée depuis quelques années, sur la base d’une idéologie construite et identifiable, mais est-il besoin de comparer la « demande d’Etat » à la réclamation de cadeaux de la part de ressortissants nationaux, qui du même coup sont traités de capricieux ? Une partie de français sis « outre-mer » voudrait soustraire une partie de l’argent d’une autre partie de français, celle-là située dans l’hexagone? On n’ignore pas qu’il existe depuis fort longtemps un courant cartiériste ou métropoliste qui considère que les territoires sis outre-mer sont davantage une charge qu’une chance, même si le contraire qui est soutenu dans les discours convenus. Alain Minc, dans son livre la « vengeance des Nations » présente les départements d’outre-mer comme des médailles de chocolat, dont la France devrait donc faire peu de cas. Où est-on aujourd’hui ? 32 - FOCUS F.W.I

Gérer la pénurie. L’Etat a déclaré depuis quelques années son impécuniosité. L’argent public se fait rare. Les fonctions publiques naguère nombreuses sont irrémédiablement réduites et la ressource humaine chargée d’en garantir l’effectivité fait l’objet d’une gestion caractérisée par le rétrécissement de ses effectifs. La fonction publique ne constitue plus alors l’eldorado rêvé, car défini comme le moyen de posséder un emploi à vie. L’externalisation des tâches, la rationalisation administrative dont la réduction des coûts est le premier marqueur est désormais le principal paradigme de l’ensemble des politiques publiques. Qu’on soigne, qu’on éduque, qu’on protège moins bien n’est plus d’une importance capitale pourvu que des économies soient réalisées, l’Etat ayant été trop dépensier par le passé. Cet Etat dépensier, cet Etat « Père Noël » est dès lors frappé par une obsolescence que les ressortissants nationaux résidant dans les outre-mer ne peuvent pas ne pas connaître. C’est vraisemblablement de cette manière qu’il faut comprendre la lassitude, voire la fureur des plus éminents gouvernants à notre endroit. La pénurie traduit l’insuffisance, le manque de ce qui est nécessaire, au premier rang duquel : l’argent. Ne pas vouloir être le Père Noël c’est aussi signifier qu’il n’y a rien dans la hotte. Par ailleurs, le Père Noël n’existe pas sauf pour les enfants crédules par nature, et qui, une fois devenus lucides, se rendent compte que le philanthrope de Laponie est un vrai mythe. L’invitation du chef de l’Etat est une exhortation à grandir vite pour se rendre compte de toutes les dimensions de la réalité de ce nouveau monde où l’Etat préfère l’agilité à l’intervention. Injure ou maladresse, le résultat est identique pour les populations d’outre-mer, notamment celles des collectivités de droit commun (Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion, Mayotte) qui n’ont guère d’autre choix que de s’adapter à une logique, où l’historique assimilation qui nourrit la solidarité nationale, est vélocement remplacée par la prise de responsabilité politique qui va alimenter un esprit d’autonomie dans l’action immédiate et prospective de ces territoires.


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La Révolution

ne sera pas télévisée. Le vendredi 22 septembre 2017 dernier nous avons assisté à la mise en scène télévisuelle de la signature des ordonnances réformant le code du travail par le Président de la République Emmanuel MACRON, symbole de sa révolution sociale en marche. PAR THIERRY ARICIQUE NADAV KANDER photos

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L

e recours aux ordonnances pour légiférer interroge nos institutions démocratiques tant dans sa forme que dans son contenu et suscite une vague continue de commentaires depuis sa conception jusqu’à sa publication, en passant par son élaboration. Le 1er janvier 2018 seront en vigueur les cinq ordonnances visant à « renforcer le dialogue social ». Est-ce comme certains l’ont exprimé un coup d’Etat social ou la refondation d’un nouveau modèle social ? Tout d’abord, il convient d’énoncer cette évidence, le choix du recours aux ordonnances est parfaitement légal et constitutionnel, lesquelles sont régies par l’article 38 de la Constitution. Certes le choix de recourir aux ordonnances peut être assimilé au contournement de deux principes fondamentaux : la séparation des pouvoirs, la hiérarchie des normes. Toutefois, le Constituant a établi deux gardes fous. D’une part le gouvernement doit avoir une habilitation préalable des assemblées législatives et d’autre part, les ordonnances doivent être ratifiées par le Parlement pour être appliquées et avoir force législative. La légitimité démocratique d’Emmanuel Macron de recourir aux ordonnances relève plus du contexte politique et sociale de notre société que de sa forme constitutionnelle. A l’ère de la transformation numérique dans une internationalisation de l’économie où la concurrence est féroce et destructrice d’emplois et de modèles sociaux, les notions de vitesse et de technicité deviennent une garantie d’efficacité. Le marché du travail doit être donc reformé sans attendre face à cette mondialisation sans visage. De fait, le gouvernement tend à réduire l’intervention des parlementaires dans la fabrique de la loi. Délibérer, argumenter, questionner au sein de l’hémicycle est devenu au fil du temps, une perte de temps. Le show est télévisé, les postures exagérées, la petite phrase sur les chaines hertziennes en boucle est répétée et nous, le peuple, nous sommes enchainés dans leur inertie dispersée. Toute la rhétorique d’Emmanuel Macron lors de son élection a été de dénoncer ces positionnements cyniques et hypocrites des partis politiques de droite comme de gauche, responsables d’un certain déclin de la France sur la scène mondiale. Fort de cette constatation, Emmanuel Macron a gagné l’élection en ayant clairement annoncé sa politique et sa méthode. En ce sens, le choix des ordonnances au-delà des notions d’urgence et d’efficacité est le symbole du respect de ses engagements. Nous ne pouvons pas évoquer aujourd’hui le problème central du rôle des parlementaires et du processus démocratique pluraliste qui oppose un monde bureaucratique au monde de l’entreprise. Mais interrogeons-nous sur l’apport des ordonnances dans leur contenu démocratique. Assistons-nous à cette avancée copernicienne de la démocratie sociale ? A cet effet, comment ne pas songer aux deux ordonnances emblématiques structurant notre système économique et social actuel, l’ordonnance du 4 octobre 1945 portant organisation de la sécurité sociale et l’ordonnance du 13 janvier 1982 relative à la durée du travail et aux congés payés.

Au regard de l’état du monde assistons-nous à cette révolution sociale ? La seconde évidence des ordonnances Macron est qu’elles ont été conçues pour les entreprises et non pour les salariés. Elles prétendent impulser un changement de paradigme en droit du travail et rénover le modèle en crise en remettant en cause notre droit du travail, supposé lourd et mal adapté aux exigences et à la réalité des entreprises. A cet effet, le projet d’Emmanuel Macron est de faire pénétrer l’esprit de démocratie dans les relations sociales, avec un fort vent de flexibilité. Certes, cette flexibilité ne remet pas en cause la place du CDI dans notre modèle mais apporte des assouplissements dans des domaines essentiels comme l’indemnisation du licenciement injustifié, le droit du licenciement économique et l’extension des contrats de chantiers. Le Président de La République veut croire au dialogue social en donnant sa confiance totale aux entreprises dans l’espoir de créer un climat de confiance entre l’employeur et les salariés. Le fondement ontologique du droit est de structurer la société, l’Etat avec des valeurs de liberté, d’égalité et de justice. Or toute la reforme a été marquée par une obsession du coût, en l’espèce réduire les coûts qui résultent des règles et qui leur sont imputables, dévalorisant inconsciemment une certaine idée du droit sans un progrès social tangible pour les salariés. La première obsession a été de réduire, plafonner le coût du licenciement en terme d’indemnité de chômage et de reclassement pour le rendre plus prévisible pour les entreprises. La seconde a été de modérer le coût de la représentation des salariés en réduisant le nombre de ses représentants, de leur moyen avec la mort annoncée du CHSCT (Comité d’Hygiène-de-Sécurité et des Conditions de travail) au détriment des conditions parfois difficiles des salariés. Certes, les ordonnances sont un mouvement de décentralisation du dialogue social avec une volonté affichée de mettre un point d’arrêt à la tendance de l’Etat à réguler les relations du travail à un niveau trop éloigné des salariés et des entreprises. A cet effet, c’est le principe de la compétence des accords d’entreprise, des acteurs au plus près du terrain qui prévaut et permet à ceux-ci de déterminer eux même les règles qui régissent leur relation. Mais comme le regrette l’économiste Thomas Piketty « le gouvernement n’a pas saisi cette occasion pour renforcer l’implication des salariés dans la gouvernance des entreprises ». En effet, les ordonnances sont silencieuses à penser et à appréhender la répartition du pouvoir entre le capital et le travail. Cette réforme aurait pu suivre le modèle germano-nordique et permettre l’augmentation substantielle des sièges réservés aux salariés dans les Conseils d’Administration, voire même l’élection des membres de ces conseils par une assemblée mixte actionnaires salariés. « Cela aurait permis de promouvoir un véritable modèle européen de démocratie économique ». Si nous devions juger aujourd’hui la politique d’Emmanuel MACRON à l’aune des ordonnances signées le 22 septembre, nous dirions que notre Président à l’esprit de la modernité démocratique et le cœur de l’ancien monde monarchique. Un monde de privilèges, une aristocratie des richesses, le maintien d’un ordre social et économique inéquitable, un monde de misère, la pérennisation d’un esclavage social invisible et moderne. Dans un monde de plus en plus individualiste qui a mis à mal toutes les formes de résistances sociales, où les gens se jalousent dans leur quête et leur rêve de sommet. Nous devrons donc nous mobiliser et rester mobilisés. Comme le chantait Gil SCOTT-HERON en 1970 « The Revolution Will Not Be Televised » La révolution ne sera pas télévisée, tu ne pourras pas rester chez toi, mon frère. La révolution ne sera pas télévisée parce que la révolution c’est maintenant, une révolution des esprits et du cœur par la solidarité mais c’est aussi un mouvement, une mobilisation de nos énergies créatrices de chacun et de tous les instants car demain « La révolution ne sera pas télévisée ». FOCUS F.W.I - 35


20 ANS APRÈS, LES MÉDIAS AUDIOVISUELS PÈSENT-ILS DANS LE DÉBAT POLITIQUE ? Selon la formule traditionnelle, c’est en fouillant dans mon grenier que je suis tombé sur un peu par hasard sur une vraie bonne enquête consacrée au Paysage Audiovisuel Guadeloupéen (PAG) de l’époque. Publié en décembre 1997 sous la plume de notre consœur MarieFrance Grugeaux dans « Sept Magazine « (un hebdo qui a depuis sombré corps et biens,) ce long papier très exhaustif passait au crible notre PAG, mais était curieusement très silencieux, sur les rapports entre médias et politique en Guadeloupe. Près de 20 ans après comment le PAG a-t-il évolué ? Quel est le poids de ces médias dans le débat politique ? par

DANIK IBRAHIM ZANDWONIS, directeur de créole média agency group et de caribcreolenew - illustration MATHIEU DELORD.

1997 : Un paysage audiovisuel atone. En décembre 1997 quand paraît l’article cité en référence, 4 chaînes privée made in Guadeloupe se partagent l’audience. Archipel 4 qui appartient à Jacques Fahed, un Guadeloupéen d’origine libanaise ne recueille que 1,6 % de part d’audience. TV Eclair, qui deviendra plus tard ETV, fait 1 %. Canal1O, chaîne de Michel Rodriguez est créditée elle de 3,6 % d’audience. L’A1 chaîne d’un consortium de chefs d’entreprise guadeloupéens (Jasor, Gaddarkan…) domine le lot des privées et, rassemble 19 % et dépasse très largement à l’époque la chaîne cryptée française Canal Plus qui ne fait que 6,7 %, et même RFO 2 qui totalise 5,3%. Mais à l’époque déjà RFO 1 avec 56,6 % écrase toutes les concurrentes. Si l’on s’arrête un bref instant sur le paysage radiophonique, 8 ans après le passage d’Hugo, RCI avec 47,6 % de part d’audience, s’est envolée laissant RFO Radio Guadeloupe à 18,4 %. Loin devant NRJ (8 %), MFM (2,3 %) et Zouk Radio (3,4 %). Tous ces chiffres, faut-il le préciser, sont issus de l’étude d’audience de septembre 1997 fournis par Métridom/Médiamétrie, un organisme franco- français qui fait à l’époque déjà la pluie et le beau temps dans le secteur médiatique. 1997 : Lucette Michaux Chevry encore 7 ans de pouvoir ! Si au plan médiatique, l’atonie est totale, il convient alors de s’inter36 - FOCUS F.W.I

roger sur le paysage politique guadeloupéen, d’avant le 21e siècle. Au plan politique, en 1997, la Guadeloupe est depuis 5 ans déjà sous la coupe de Lucette Michaux- Chevry (LMC). L’avocate Basse-Terrienne, on s’en souvient, en 1992 elle a très largement « bénéficié « de la querelle Fréderic Jalton / Dominique Larifla, deux leaders de la gauche réformiste, pour s’emparer de la présidence de la Région. L’histoire retiendra que Dominique Larifla n’aura pas été totalement étranger à la victoire de la « Dame de fer ». Fin 1997, soit un an avant les élections régionales, LMC s’apprête à rempiler pour encore six ans. En effet, en mars 1998, LMC est réélue dès le 1er tour avec 60 % des suffrages. Jacques Gillot, qui conduisait alors une liste de la gauche traditionnelle (GUSR, PPDG, PS) ne fait pas le poids, il ne totalisera que 9,76 % des voix. Le PCG (de Mona Cadoce) qui commence sérieusement à s’effriter arrivera tout juste à 5,29 % derrière le media -pitre Ibo Simon, qui lui fait tout de même 5,79 %. Enfin, Roland Thésauros, qui mène la liste des nationalistes-électoralistes de UPLG, ne rassemblera que 4,11 % des électeurs … Mais le poids politique de LMC peut expliquer cette atonie des médias. La présidente de la Région exerce en cette fin du 20e siècle un véritable pouvoir de… dissuasion sur une grande partie de la presse.


Qui contrôlait les médias ? Depuis son arrivée à La Région, en mars 1992, LMC qui a très vite compris l’importance et l’influence de la presse et des médias dans l’exercice du pouvoir politique, s’est attachée à les domestiquer. À Basse-Terre, ETV qui a été l’œuvre des frères Moradel, passe subrepticement sous le contrôle du clan Chevry. En effet, ETV change de braquet. Peu avant l’attribution d’une fréquence officielle par le CSA, le groupe Penchard (proche de LMC) entre puissamment dans le capital de la télévision Basse-Terrienne. Les Moradel sont désormais minoritaires dans leur propre chaîne. LMC est rassurée. L’A1TV chaîne privée dont le PDG n’est autre que José Gaddarkan, - un patron du BTP- ne cache pas sa proximité avec LMC. Le groupe Gaddarkan prospère et se développe rapidement, car il est très présent sur les marchés des équipements construits par la Région. RCI qui va toujours dans le sens du vent, fait aussi corps avec la politique régionale. Il en est de même pour la presse écrite. « Sept Mag » que dirige l’excellent Jacques Canneval de l’époque, est dans la mouvance régionale et donc très proche de LMC. Le quotidien France Antilles est lui aussi d’un bon soutien à la politique régionale. Bref, LMC peu avant l’an 2000, a réussi à « verrouiller » les médias les plus importants de l’époque. Il n’y qu’à RFO qu’on trouve parfois quelques journalistes en résistance. Mais l’arrivée de l’euro, de l’internet va progressivement contribuer à changer la donne. Car en dépit du silence ou de la complicité objective des médias cités, sur la politique régionale, le second et dernier mandat de LMC sera celui de sa chute politique. Même en ayant la mainmise sur la presque -totalité des médias, LMC ne réussira plus à s’imposer politiquement : pourquoi ? 2017 : Un paysage médiatique totalement bouleversé. 20 ans après. Les rapports entre médias et politique ont-ils alors vraiment changé ? Si on examine de très près le paysage médiatique guadeloupéen, force est de constater qu’il y a eu quelques « réaménagements ». Si Guadeloupe 1re ex RFO Guadeloupe, demeure en position dominante (53 % d’audience en Métridom avril/juin 2017). Il y a eu des bouleversements notables. Archipel 4 et l’A1TV ont disparu du PAG. GTV qui tentera de prendre la succession de l’ex A1TV ne fera pas non plus long feu. Victorin Lurel qui a succédé, en 2004 à LMC à La Région, après avoir assisté sans rien faire à l’agonie en live de l’A1TV de Gaddarkan, a lourdement soutenu et investi Guadeloupe Télévision (GTV en tentant d’en faire une chaine un media au service de la Région. Nouvel échec. Une fois de plus des investisseurs guadeloupéens, tout comme avant eux José Gaddarkan, sans grande expérience télévisuelle, ont voulu essayer, sur les cendres de l’A1TV de « faire » de la télé. Le résultat sera tout aussi catastrophique. GTV est liquidée en avril 2013, deux ans à peine après son lancement. On notera que depuis Felix Proto (Télé Caraïbe), LMC (A1TV) Lurel (GTV) les télés même soutenues et financées par la Région Guadeloupe ne tiennent jamais la route. C’est presque devenu une malédiction. Pourtant après une bataille politico-médiatique sans précédent et la disparition de GTV, la chaîne martiniquaise ATV, débarque en Guadeloupe en mars 2014. De son côté Victorin Lurel et ses proches, sans tenir compte des expériences antérieures, s’étaient remis à la manœuvre pour arracher au CSA une fréquence pour un projet qui s’appelait à l’époque Karukéra Télévision (KTV) Quelques mois plus tard en novembre 2014 KTV accouche d’Alizés TV une nouvelle chaîne privée dirigée par Robert Moy, un ancien du service public... Depuis, Alizés vivote sans jamais avoir réussi à se faire une vraie place dans un PAG déjà encombré. Il est vrai qu’Alizés qui devait bénéficier d’une puissante aide régionale débarque dans le paysage médiatique, au moment précisément où Lurel se fait lui débarquer de son fauteuil à la Région. ETV qui a quitté le sud Basse-Terrien pour s’exporter à Jarry n’a pas non plus fait la percée espérée dans le PAG et ce en dépit de l’entrée dans son capital de Bruno Blandin (Pdt du MEDEF). C’est une fois de plus la confirmation que les chefs d’entreprise ne maîtrisent aucunement l’audiovisuel en Guadeloupe. ATV (3,9 % d’audience) la chaîne martiniquaise installée en Guadeloupe, et diffusée sur le Sat bien que dirigée par Jacques Canneval, un business -journaliste d’expérience, stagne au même niveau d’audience que Canal 10 (3,8%). Très loin derrière, la chaîne de service public, qui a fait un bon mercato, avec l’arrivée à la rédaction en chef de Michel Reinette (ex France 3). On susurre même ici et là, que Reinette pourrait, peut-être, succéder à Sylvie Gengoul, dont le départ à France 0 a été souvent annoncé…

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édias, politiques et réseaux sociaux. L’arrivée à la Région d’Ary Chalus a presque coïncidé avec la montée en puissance des réseaux sociaux et du net, cela au détriment de la presse écrite. Le quotidien France -Antilles qui fut dans le passé un serviteur fidèle et le relais obligé des pouvoirs en place, (Etat/ région) n’est plus, en 2017, ce qu’il était. Le journal a connu de nombreuses crises, car faute d’innovation sur le plan rédactionnel, le quotidien cinquantenaire a perdu plus de la moitié de ses lecteurs et pas que… La plupart de ses cadres historiques ont quitté le navire : son rédacteur en chef, Pascal Le Moal, son second Martin Laventure, mais aussi Marcel Gervelas parmi les plus emblématiques… France -Antilles qui a été racheté est donc en état de survie. Les dernières élections régionales ont prouvé si besoin était que l’Internet avait pris une part très importante dans la communication et le débat d’idées. Facebook qui est souvent le siège de « fake news» et d’infos non vérifiées a malgré tout beaucoup pesé. Les médias traditionnels sont de plus en plus concurrencés par les sites internet d’actu, les pureplayers tels Médiaphore, ou Caribcreolenews diffusant l’info en temps réel vont aussi vite que la radio. Pas étonnant que RCI et Guadeloupe 1re les deux radios qui dominent le PAG aient décidé de se mettre, eux aussi, sur le net. La Guadeloupe vit à l’ère du transmedia. Mais derrière, les « deux grandes », il faut tout de même signaler la montée (relative) en puissance de Radio Haute Tension (RHT) ; une radio associative du sud Basse Terre. Elle a fait son trou depuis quelle est devenue la 3e radio pour le cyclisme. RHT est à notre connaissance la seule radio associative à être très présente sur les tours cyclistes de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, un créneau en or qui a boosté son audience à certaines périodes. Des pressions sur les médias ? On peut penser, que depuis que Lurel et LMC ont perdu leur poids politique, les médias et les journalistes semblent plus « apaisés » dans leur fonction. Les relations entre politiques et médias paraissent moins conflictuelles. Même si de temps à autre, tel responsable de com, ou tel dircab se sent obligé d’interpeller un journaliste pour un « papier » ou un reportage, mais il semble bien que les hommes politiques de la nouvelle génération, ont pour les médias et les journalistes beaucoup plus de respect. De plus, les journalistes ont depuis deux ans mis sur orbite leur bouclier. L’Union des Journalistes et des Médias Guadeloupéens, (UJMG) une institution, qui pèse dans le microcosme médiatique et qui donne effectivement du poids à la stature des médias et des journalistes. Faut-il dés lors penser qu’entre journalistes et classe politique le calumet de la paix a remplacé la hache de guerre ? Faut-il croire qu’il est devenu moins pesant, pour un journaliste guadeloupéen, d’exercer en toute quiétude son job ? Rien n’est moins sûr, car nombre de nos confrères pratiquent, sans doute à l’insu de leur plein gré, une forme d’auto-censure, et n’osent pas quand il s’agit d’aller à contre-courant, de dire vraiment ce qu’ils ont dans le ventre. Mais attendons les prochaines régionales de 2020 pour vérifier si les choses ont vraiment changé. FOCUS F.W.I - 37


Sylvie Gustave dit Duflot, la force d’un engagement.

Rencontre d’une femme engagée, aux multiples facettes, Vice-président du Conseil Régional, Président de la Commission environnement et cadre de vie et récemment élue président du Comité de l’eau et de la biodiversité. Parlons du tout-politique et du bilan Chalus... L’après deux ans... propos recueillis par

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KEN JOSEPH. - photos YVAN CIMADURE.


Voilà deux ans que vous faites partie de cette majorité, et l’on a un peu le sentiment de naviguer dans le flou, d’avancer à tâtons… On s’évertue à chercher le consensus pour ne pas blesser les egos, on travaille avec le Tout-Guadeloupe. Mais qu’en est-il de vos engagements ? Qu’avez-vous fait après 2 ans ? Quel est votre bilan ? Auriez-vous oublié les priorités des Guadeloupéens dont sont le chômage, l’eau, le transport et le pouvoir d’achat ? Notre équipe régionale parvient à la tête de la Collectivité régionale en décembre 2015, effectivement, deux années d’exercice du pouvoir régional. Deux années au cours desquelles, il fallut retrouver les marges budgétaires (dit de manière pus pragmatique, il fallut se serrer la ceinture) afin que nous puissions déployer le programme électoral pour lequel nous avions été élus. Une importante structuration des services régionaux a dû être également menée pour répondre aux nouveaux enjeux, aux nouvelles compétences de la collectivité et pour optimiser notre rôle d’autorité de gestion des fonds européens. De l’ancienne gouvernance régionale, rien n’avait été anticipé, et le budget électoraliste voté en 2015 mettait en difficulté la collectivité. Ainsi, de nouveaux services ont vu le jour : eau, transport, croissance bleue… et d’autres ont vu leur fonctionnement optimisé. Ces services sont donc aujourd’hui totalement opérationnels pour effectuer leurs missions. Parallèlement à ces actions, notre équipe régionale a instauré ses schémas directeurs sur l’économie, la formation, l’enseignement supérieur et l’innovation, la prévention et la gestion des déchets ménagers, tout en ayant des actions concrètes (cap des 500 mille formations, cap des 100 mille tonnes de banane, ouverture de bretelles d’accès pour désengorger la circulation, convention avec la BPI pour aider les porteurs de projets à financer leurs projets, accompagnement financier et technique des communes, aide à la réhabilitation des complexes sportifs …). Ce bilan serait incomplet, si nous n’évoquions les catastrophes naturelles auxquelles la collectivité dû faire face aux côtés de la population en cette année 2017. La gestion de crise suite aux passages des ouragans Irma et Maria a généré un investissement dans l’économie de plus de 10 millions d’euros de la part du Conseil régional. Des aides conséquentes ont été apportées aux agriculteurs, aux pêcheurs, aux entrepreneurs, aux communes ainsi qu’à la collectivité de St Martin. Les échouages massifs et récurrents des algues sargasses ont mobilisé également la collectivité aux côtés des entreprises et des communes impactées, par des aides financière et/ou technique. Des aides qui n’auraient pu être dégagées sans le tour de vis budgétaire opéré en 2016 et 2017. Vos deux années de retard seraient donc dues à la mauvaise gestion de l’équipe Lurel, dont vous faisiez également partie ? Pourquoi deux années de retard ? Une nouvelle équipe qui arrive à la tête de l’exécutif régional, c’est tout à fait normal qu’elle fasse un état des lieux de l’existant. Puis-je rappeler qu’en 2015, l’équipe Lurel votait un budget avoisinant les 700 millions d’euros avec un prêt de plus de 100 millions d’euros (censés aider au développement des communes (le fameux C2DT), mais utilisés à des fins purement électoralistes) alors que le budget de routine annuel de la collectivité est un peu plus de 500 millions d’euros. Les budgets votés en 2016 puis en 2017 ont témoigné de la volonté de notre équipe régionale à recadrer la machine régionale en direction de ses missions premières (développement économique, création d’emplois, soutien à la formation,…) et non plus une machine au service de la promotion d’un homme, d’une mégalomanie. Une différence fondamentale de fonctionnement entre Victorin Lurel et Ary Chalus est que Victorin Lurel gouvernait entouré de son staff administratif et de deux ou trois élus choisis, alors qu’Ary Chalus s’appuie et délègue à ses élus des dossiers en fonction de leur domaine de compétence. Oui, j’étais dans l’équipe Lurel, mais je n’avais aucune influence sur cette équipe d’où ma prise de distance dès la fin de l’année 2014. Pas d’échange, pas de partage avec les « petits élus » (ceux qui n’étaient pas dans la sphère décisionnelle), Victorin Lurel gouvernait avec sa cour de courtisans le coupant totalement des préoccupations quotidiennes de la population.

«Victorin Lurel gouvernait avec sa cour de courtisans le coupant totalement des préoccupations quotidiennes de la population.» Dans votre bilan, vous mettez « la gestion de crise suite aux passages des ouragans Irma et Maria », comme s’ils étaient des phénomènes anormaux. Pourtant, nous sommes dans une région cyclonique, avec des risques sismiques, volcaniques… En clair, face à cette réalité géographique, ne serait-il pas logique pour une collectivité comme la région d’avoir un fond alloué à la gestion des catastrophes naturelles ? Le dernier ouragan majeur qui a fortement impacté notre archipel est l’ouragan Hugo, en 1989. Et depuis peu de phénomènes climatiques jusqu’à cette année 2017. Dans ce contexte de réchauffement climatique, c’est vrai qu’il paraît judicieux de prévoir un fonds de secours pour faire face à ces évènements climatiques qui risquent de devenir récurrents. Nous y réfléchissons. Mais il ne faut pas non plus oublier le contexte budgétaire défini par le nouveau gouvernement, celui d’une économie de 13 milliards d’économies dans le fonctionnement des collectivités. Là encore, il nous faudra naviguer entre mesures anticipatoires et mesures d’économie. Vous dites que l’année 2018 sera une année décisive pour votre majorité, quels sont les projets majeurs que vous comptez conduire ? Nous avons travaillé d’arrache-pied à notre plan pluriannuel d’investissements et nos efforts vont s’amplifier en direction de l’eau, du transport, des déchets, et de l’emploi. Dans les mois à venir, des travaux structurants démarreront, c’est le cas de la rénovation des canalisations d’eau potable sur Capesterre, Petit-Bourg et Gourbeyre, le marché d’intérêt régional (un vieux serpent de mer qui date des années 1990 et qui se réalise enfin !), des déchetteries, le câblage en haut débit par fibres optiques des îles du sud, la mise en place du bus des mer, et la liste n’est point exhaustive. Comme vous le constatez actuellement, la politique régionale en matière de tourisme va en s’accélérant avec l’objectif d’atteindre le cap d’un million de visiteurs par an. Tous ces leviers doivent permettre la progression de l’emploi sur notre territoire. On leur propose quoi à ces un millions de visiteurs ? Tout d’abord, une destination de qualité avec une biodiversité exceptionnelle, une gastronomie qui est reconnue à l’international, des événements culturels (carnaval, chanté nwèl, concerts,…) qui promeuvent notre art de vivre. C’est aussi la possibilité pour le touriste de pouvoir diversifier son séjour avec des visites sur les îles du sud. La promotion de tous ces atouts est assurée de manière efficace au national et à l’international par le Comité de tourisme des Iles de Guadeloupe (CTIG) qui est le bras opérationnel de la collectivité. Par ailleurs, la collectivité s’est lancée dans la sauvegarde des lits d’hôtels en rachetant un certain nombre d’hôtels en difficulté, et subventionne la montée en gamme de ces établissements, tout en développant des partenariats avec les compagnies aériennes pour diversifier l’offre de voyage. La collectivité l’a inscrit dans son schéma de développement économique, le secteur touristique est un puissant levier économique car 1 milliards d’euros de retombés et 1 millier d’emplois pérennes sont attendus. FOCUS F.W.I - 39


Et qu’en est-il de la formation, qui jusqu’ici a été en totale inadéquation avec le marché de l’emploi ? Vous avez raison sur ce point, nos formations doivent être plus en adéquation avec notre projet de territoire. De manière simple, les investissements lourds que devront effectuer les collectivités portent sur la croissance verte (eau, assainissement, déchets, préservation et valorisation de la biodiversité) et bleue (tourisme, activités de pêche, d’activités nautiques,…) et nous continuons à former de manière massive au secrétariat, et à la comptabilité. Concrètement, nous avons besoin de techniciens, d’ingénieurs, de gestionnaires, de personnels formés à ces problématiques. Le schéma régional de la formation professionnelle que nous avons co-construit avec nos partenaires, porte, en son sein, cette évolution de l’offre de formation. Les Assises des Outre-mer, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, ayant pour objet de permettre aux outre-mer d’exprimer leurs volontés et de choisir leur développement ne semblent guère intéresser la population. Ne voyez-vous pas derrière ces assises un remake des États généraux de 2009, qui au final n’ont abouti en rien ? Même si les propositions concrètes des Etats généraux de 2009 ne furent pas appliquées et que la plus-value pour le territoire a été relativement faible, la politique de la chaise vide serait totalement préjudiciable à nos intérêts. Nous, territoires ultramarins, nous avons des enjeux et des prospectives de développement à faire entendre au niveau national, par conséquent, ces assises doivent être un des moyens pour faire entendre nos voix. Les conclusions qui seront formulées doivent être relayées par nos parlementaires et par les collectivités territoriales, de manière à ce que ces conclusions se traduisent formellement en projets de loi. Si nous, ultramarins, nous ne nous approprions pas ces assises et les conclusions tirées, il est fort probable que ces assises soient effectivement un « remake » des Etats généraux. La loi NOTRe a-t-elle réellement « changé la donne », en matière de responsabilité locale ? Peut-on alors dire que le débat sur l’évolution statutaire de la Guadeloupe n’a plus sa raison d’être ? La loi NOTRe porte une nouvelle organisation territoriale en confiant de nouvelles compétences aux régions, en les instituant chef de file du développement économique, alors que le département reste en charge des compétences de solidarité. Elle supprime la clause générale de compétences pour les régions et les départements, et renforce les intercommunalités. Cette nouvelle étape dans la décentralisation s’est faite sans évolution institutionnelle. La question reste donc posée la Guadeloupe souhaite-t-elle une évolution des collectivités majeures vers une collectivité unique et dans quel cadre institutionnel ? Voulons-nous une collectivité unique dans le cadre de l’article 73, comme c’est le cas en Martinique ou en Guyane ? Ou alors, souhaitons-nous une collectivité unique dans le cadre de l’article 74 qui offre un plus large périmètre en matière d’autonomie ? C’est aux guadeloupéens de trancher ce débat. En avril dernier, vous annonciez votre candidature aux législatives. Élection à laquelle vous obtenez que 7,84 % des suffrages exprimés. Fait surprenant, vous n’obtenez aucun soutien de la majorité régionale. Comment, expliquez-vous cela ? Pensiez-vous réellement gagner cette élection en ne misant que sur votre équation personnelle ? Il faut remettre en perspective les résultats obtenus lors des élections législatives d e juin 2017. Ce score de 7,84% est obtenu alors que les candidatures ont été pléthoriques (18 candidats au premier tour) et le taux d’abstention a atteint des niveaux record (49% au premier tour). Clairement, c’est un scrutin qui n’a pas mobilisé les électeurs. Et pourtant, il y avait matière à se mobiliser, car ce territoire du sud Basse-Terre est en grande difficulté et, subit une forte perte de sa population, en particulier, au niveau de la tranche d’âge 25 -30 ans, et le déséquilibre économique et structurel entre ce territoire et celui de CAP excellence (par exemple) s’est accéléré au cours de ces dernières années. Il y a donc urgence à réagir et à proposer de nouvelles actions politiques, une nouvelle vision politique que je voulais incarner au travers de ma candidature. La population n’a pas compris, la majorité régionale n’a pas suivi ! Qu’importe, lorsque l’on est une femme de convictions, on se tient debout derrière ses convictions. 40 - FOCUS F.W.I

Vous aviez pourtant tout pour réussir, le programme, le verbe, la méthode, vous êtes politique, technicienne. Mais qu’est-ce qui n’a pas fonctionné selon vous ? La preuve que tous ces éléments pourtant extrêmement positifs ne suffisent pas à gagner une élection (rire). Les vieux schémas politiques ont la peau coriace, des réseaux anciennement mis en place sont restés vivaces pour certains candidats, un certain conservatisme de l’électorat de la 4e circonscription qui a porté, au second tour des élections, deux des candidats les plus âgés et qui ont participé à l’action politique sans réussite de ce territoire aux cours de cette dernière décennie, et enfin le manque de soutien de ma majorité régionale, voici les ingrédients qui ont conduit à mon score aux élections législatives. N’avez-vous pas le sentiment d’avoir été dupée à nouveau ? Après la déception des socialistes lors des dernières départementales, voici celle du GUSR et de l’exécutif. Non pas du tout. À l’inverse du Parti socialiste, les termes du contrat ont toujours été très clairs avec le président de région. Il avait d’autres stratégies pour cette 4e circonscription et je ne rentrais pas dans l’équation. En ce qui concerne le GUSR, je ne suis pas adhérente à ce parti et donc aucun engagement n’avait été pris dans ce cadre. Vous qui avez travaillé au côté de Victorin Lurel, et aujourd’hui d’Ary Chalus, qu’est-ce qui selon vous oppose les deux hommes ? L’engagement et le pragmatisme. Le président, Ary Chalus, est un homme engagé à améliorer la vie quotidienne des guadeloupéens, il y met toute son énergie. Il n’est pas dans le jeu politique qui consiste à acquérir toujours plus de pouvoir au détriment de ses engagements vis-à-vis de la population. Et il est pragmatique. Travailler à ses côtés, c’est sortir de l’action politique théorique et intellectuelle (pas toujours en adéquation ave les besoins opérationnels du territoire), et de mesurer, en permanence, l’impact concret de nos décisions politiques. D’élection en élection, l’abstention et l’indécision semblent gagner du terrain et le vote FN se renforce considérablement dans nos territoires. Comment analysez-vous cette défiance de la population vis-à-vis du politique ? Le vote FN qui s’est particulièrement manifesté au cours des dernières élections présidentielles est surtout un vote contestataire. Le Guadeloupéen souffre dans son quotidien, et lorsque les élus en place n’entendent pas cette souffrance, l’électeur trouve refuge dans le vote FN. Tant que nous n’aurons pas apporté des solutions aux enjeux structurants comme la distribution de l’eau potable, la desserte en transport, la maîtrise des flux migratoires, il est vraisemblable que le vote FN continuera à flamber. Récemment, lors d’un voyage en Guyane, Emmanuel Macron, déclarait : « Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants »… Pourtant, l’homme politique dans sa nature agit comme tel. Il se veut chaleureux, généreux, protecteur, il promet des cadeaux, de meilleurs lendemains, de changer d’avenir… Que pensez-vous de cela et selon vous, quelle est la valeur de la parole et la promesse politique ? La parole et la promesse données en politique sont la colonne vertébrale qui charpente la femme ou l’homme politique qui les formule. Cette rigueur morale devrait être le dénominateur commun à l’ensemble de la classe politique, or ce n’est pas le cas. L’électeur devrait sanctionner cette absence de rigueur, il n’en fait rien. Plus les promesses sont irréalistes, plus les trahisons sont nombreuses, plus l’électeur continue à voter pour ces personnages jusqu’à ce que la déception prenne le pas et le détourne vers le vote extrémiste. C’est le paradoxe entre ce que l’électeur voudrait et ce qu’il met en pratique. Pour ma part, la parole donnée est ce qui structure l’honneur d’un individu, c’est parce que la parole donnée n’a pas été respectée que j’ai quitté le Parti socialiste.


«J’ai beaucoup de rêves pour la Guadeloupe. Trop peut-être! Je rêve d’une Guadeloupe où sa jeunesse serait le fer de lance, le moteur de l’économie, par l’innovation qu’elle pourrait apporter au développement de notre archipel. »

Que doit-on attendre du politique ? Moins de promesses et plus d’engagement, d’expertise dans ses dossiers à mener. Une vision, une planification à long terme de l’organisation du territoire. Que vous inspire la notion de pouvoir ? Vous considérez-vous comme une femme de pouvoir ? Le pouvoir c’est ce que l’on en fait ! Si le pouvoir qui vous est démocratiquement conféré par l’expression des urnes, vous l’utilisez à des fins de promotions personnelles, c’est un pouvoir corrompu et dévoyé. Si en revanche, ce pouvoir vous permet de faire progresser une société, votre population, nous sommes dans l’essence même de la démocratie. Je suis une démocrate et ce pouvoir tout relatif que je peux avoir en tant que vice-présidente de région (tout petit pouvoir, (rire)), je le mets résolument au service des causes qui doivent faire avancer ma population. Présidente de la Commission environnement et cadre de vie au Conseil Régional et récemment élue présidente du Comité de l’eau et de la biodiversité, comment comptez-vous réussir là où d’autres bien avant vous semblent avoir échoué ? Quelle est votre feuille de route ? Au sein la collectivité régionale, les actions que nous menons sur l’eau, les déchets, la biodiversité et dans bien d’autres domaines s’inscrivent dans l’opérationnalité. Avec mon accession à la présidence du Comité de l’eau et de la biodiversité, nous serons dans la planification et dans l’élaboration des schémas directeurs pour la décennie qui vient. C’est la volonté du président, Ary Chalus, que la collectivité régionale puisse agir sur tous ces leviers pour faire avancer notamment le dossier sur l’eau alors que nous n’avons pas ces compétences qui restent du domaine d’exercice des communautés d’agglomération. En attendant de pouvoir progresser sur la gouvernance de l’eau, notre équipe régionale envoie des signaux forts que nous sommes résolument impliqués à trouver des solutions pour amener l’eau dans le robinet des Guadeloupéens.

Depuis l’affaire Weinstein, l’hashtag #balancetonporc suscite une vague de témoignage sans précédent de femmes victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles. Que pensez-vous de ces femmes qui osent lever le voile sur un tabou mondial ? Avez-vous, vous-même été victime de ce genre de pratique ? Estce une évidence de dire que toutes les femmes, au moins une fois dans leur vie, ont eu à subir des comportements ou des attouchements non désirés. Je n’échappe pas à la règle. Je voulais devenir vulcanologue, je n’ai pu entamer ces études, car l’enseignant de géologie, à l’époque, notait en fonction de la longueur de la jupe que vous portiez et si vous acceptiez de subir ses attouchements et ses fantasmes sexuels. Il n’était pas le seul, d’autres enseignants sur le Campus de Fouillole procédaient de la même manière. Entre étudiants, nous en parlions, on s’arrangeait pour ne pas rencontrer ces enseignants seuls dans les couloirs, pour ne pas rester tardivement dans les séances de travaux pratiques. Je n’en ai jamais parlé à mes parents, j’ai simplement pris la décision d’orienter mes études différemment. En tant qu’enseignante, j’ai eu moi-même à accompagner une étudiante victime de harcèlement sexuel par un professeur de médecine lors de son stage de master 1, en psychologie, à l’Université d’Aix-Marseille I. Tout le personnel médical savait, et personne n’a prévenu ou aidé cette jeune étudiante à s’en sortir alors qu’elle s’enfonçait lentement dans la dépression et les comportements suicidaires. Je suis d’accord, il ne faut plus se taire, et livrer sur la place publique ces harceleurs. Ce n’est pas une question d’homme ou de femme, c’est une question de pouvoir, car j’ai connu une professeure d’université, cheffe de laboratoire, exiger la promotion canapé à toutes ses nouvelles recrues homme. Oui, définitivement, il ne faut plus se taire… Des marchés d’esclaves en Libye ? Evidemment, horrifiée par les images produites par la chaîne CNN. C’est une séquence que j’ai regardée avec mes enfants pour leur rappeler que leurs droits inaliénables ne sont jamais garantis et que c’est un combat de tous les instants. Très belle intervention de notre député Max Mathiasin à l’Assemblée nationale sur ce sujet. Son intervention et d’autres ont obligé le gouvernement à se rappeler que la France est un phare international en matière des droits de l’Homme, et qu’elle se doit de prendre l’initiative pour arrêter cette inhumanité. Enfin, de quoi rêvez-vous pour la Guadeloupe ? J’ai beaucoup de rêves pour la Guadeloupe. Trop peut-être (rire) ! Je rêve d’une Guadeloupe où sa jeunesse serait le fer de lance, le moteur de l’économie, par l’innovation qu’elle pourrait apporter au développement de notre archipel. Une Rachel Lollia, une Naomi Martino, une Paméla Obertan, une Betty Fausta sont des jeunes femmes très inspirantes et qui font évoluer notre société, notre mentalité vers ce qu’il y a de plus positifs en nous : le dépassement de soi au service d’une cause collective. FOCUS F.W.I - 41


L’exigence de fraternité. par

RAPHAËL LAPIN - photo VIVIANE SASSEN

« Le goût que les hommes ont pour la liberté et celui qu’ils ressentent pour l’égalité sont, deux choses distinctes. » Alexis De Tocqueville, De la démocratie en Amérique

Ces deux valeurs républicaines sont souvent opposées dans la conduite des politiques gouvernementales. C’est d’ailleurs, sur leur opposition que repose le clivage politique classique entre d’une part, le libéralisme économique souvent prôné par la droite et d’autre part, la quête permanente d’une égalité sociale dont la condition nécessaire est la régulation économique, traditionnellement mise en musique par la gauche et plus particulièrement par les socialistes. Ò péyi Gwadloup, la question de l’égalité ou de la liberté se pose avec une saveur particulière qui transforme profondément le clivage idéologique. C’est le lien avec l’ancienne métropole qui va alors le structurer en grande partie. Un État fort et fort présent est la garantie, pour certains, d’une égalité sociale entre les français de Guadeloupe et les français de l’hexagone. Tandis que pour d’autres, moins il y a d’État et mieux les talents du pays peuvent s’exprimer et fructifier. Cette ligne de tension est-celle que nous avons choisis d’emprunter pour traiter la question de savoir quelle répartition des pouvoirs entre la collectivité Guadeloupéenne et l’État dans le seul objectif : développer notre pays. Afin d’y répondre, un regard vers le passé nous permettra d’apercevoir la route qui a été parcourue aussi bien sur le plan politique que sur le plan juridique dans la perspective de domicilier les pouvoirs en Guadeloupe et d’envisager ensuite, la domiciliation des pouvoirs telle que nous la croyons la plus juste pour le devenir de notre peuple. 42 - FOCUS F.W.I


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es divergences idéologiques en Guadeloupe et leurs traductions juridiques. Historiquement, on distingue à l’instar de Rosan GIRARD en son temps, trois courants. Il y a d’un côté, les assimilationnistes, pour lesquels la loi doit être strictement la même ici et là-bas, sauf à ce qu’il y ait des adaptations marginales. Girard les qualifiait comme « les partisans avérés du statu-quo ». Ils fournissaient à l’époque le gros des troupes locales du R.P.R et l’U.D.F et d’une partie des divers courants socialistes. Ils ont constitué l’idéologie dominante depuis que les colonies ont été érigées en départements par la loi du 19 mars 1946. Le fait particulier et dominant qui singularise cette idéologie, c’est l’égalité des conditions. Alors l’égalité entre le département de la Guadeloupe se mesure par comparaison aux autres départements français. Le dernier acte juridique en date réside dans la loi du 28 février 2017 dite loi égalité réelle, adoptée après le très important rapport de l’Homme Toto sur le même sujet. De manière assez paradoxale, ce texte qui s’inscrit pleinement dans le de statu quo de la doctrine politique assimilationiste, prône un ultime mouvement, celui d’une convergence désirée. Pourtant, il nous inscrit, nous fige, nous statufie, là-encore, dans la quête d’une égalité jamais réalisée. Pour parvenir à cette utopie, il faudrait toujours plus de présence de l’État au niveau local comme pour entonner un refrain qui nous rapprocherait « plus près de toi mon dieu, plus près de toi ! »1 comme disait Césaire, alors que l’air du temps n’y est pas. Il y a ensuite tous les partisans du changement en tête desquels figuraient les indépendantistes incarnés dans un premier temps par le Groupement d’organisation nationale Guadeloupéen dit le GONG, puis par l’Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe (l’UPLG) et ensuite, à partir de 1989 par le Parti Communiste Guadeloupéen après que celui-ci ne se soit dans un premier temps prononcé en faveur de la départementalisation et de l’assimilation mais avant que celui-ci n’adoucisse ses positions sur la question statutaire2. Tous ceux-là, réclament la libération pure et simple de la Guadeloupe, mais dans l’écho déjà lointain de leur voix, on perçoit le caractère encore lointain d’une liberté toujours plus lente à traverser les océans. Entre les deux, il y a eu pendant longtemps ceux que Girard nomme « la foule des hésitants, des irrésolus3 » que les intérêts patrimoniaux lient à une présence certaine de l’État mais que la rationalité d’une gouvernance locale avait déjà interrogé. L’idéologie schizophrène provoquée par cet antagonisme aura été le terreau d’un schisme politique qui a permis de recréer au local des idéaux existant à l’échelle nationale tout en les assaisonnant du piment statutaire. C’est ainsi que sont nés en 1991 le PPDG et quelques années plus tard le GUSR. Dans les faits, bien que le pouvoir central ne soit demeuré le lieu d’impulsion principal de la décision publique comme l’écrit si bien Pierre-Yves CHICOT4, les choses politiques ont peu à peu évolué et les cartes des pouvoirs ont été redistribuées dans un sens qui nous semble plus favorable. De manière assez paradoxale, au niveau national, les socialistes ont fait montre d’une audace girondine qui s’est traduite par la loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions, qui constitue, avec la quarantaine de lois d’accompagnement, l’« acte I » de la

1. Du pire et du meilleur, Le progressiste, 7 février 1959, in. A. CÉSAIRE, Écrits politiques, 1957-1971, Jean Michel Place, p. 83. 2. Depuis lors, le P.C.G a de nouveau fait disparaître de ses statuts la volonté de marcher « vers l’indépendance » mettant ainsi en sourdine les dernières velléités indépendantistes guadeloupéennes ou les confinant à la lutte syndicale. 3. R. GIRARD, Pour un sursaut guadeloupéen, L’Harmattan. 4. Le Monnervillien, Institut Gaston Monnerville, le 07 octobre 2017, n°1, p. 5. 5. Pourtant, on peut encore lire aujourd’hui dans la charte du socialisme la formulation de l’idéologie suivante : « Nous plaidons pour un nouvel interventionnisme de la puissance publique, pour un Etat allié aux collectivités territoriales et d’abord aux Régions qui, sans se substituer à l’initiative privée, fixe des priorités, permet la stabilité, conçoit des instruments, apporte des financements, garantit une formation digne de ce nom, des services publics de qualité en métropole et dans les Outremers, une fiscalité favorable à l’acte de produire ». Cf. http://www.parti-socialiste.fr/les-socialistes/nos-valeurs/charte-des-socialistes-pour-le-progres-humain/. 6. Parallèlement, d’autres évolutions locales telles que la loi organique de 1996 et la loi Constitutionnelle de 1998 ont fait bouger les statuts des collectivités du Pacifique vers une autonomie sur mesure. La Corse se renforçait elle aussi progresivement.

décentralisation, puis la loi du 6 février 1992 relative à l’administration territoriale de la République, renforçant la décentralisation, la déconcentration et la coopération locale. Et plus récemment encore, en faisant voter la loi du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral et la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe)5. Ces différents actes de décentralisation et celui qui s’est ouvert ces trois dernières années permettent aux collectivités territoriales de gagner en pouvoirs. Dans le même temps, celle que l’on nomme la dame de fer est venue troubler un peu plus le jeu sur le côté droit de l’échiquier politique, d’abord avec la déclaration de Basse-Terre en 1999 puis avec la création du parti politique Objectif Guadeloupe en l’an 2000 et enfin avec l’organisation du référendum de 2003 qui pour objectif faire évoluer la collectivité guadeloupéenne sur les questions de gouvernance. Sur le plan juridique, la période de prospérité de la droite chiraquienne été marquée par la révision constitutionnelle du 28 mars 2003 complétée par celle du 23 juillet 2008 qui sont venues renforcer les possibilités d’adaptation des règles de droits aux spécificités locales avec en plus la possibilité de demander des habilitations législatives qui a été conférées aux collectivités territoriales6. Cette épopée politique dont les péripéties sont contradictoires entre un désir d’égalité et le goût de la liberté exige que nous clarifiions aujourd’hui les orientations politiques que nous voulons donner à la Guadeloupe.

« Ce décalage entre l’illusion du développement économique, social, dans lequel nous avons été plongés par le calquage d’une société de consommation venue d’un autre monde sur un pays à l’identité peu affirmée, constitue ce que je décris comme une bulle sociétale de laquelle il faut craindre qu’elle ne se crash à chaque instant ». FOCUS F.W.I - 43


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lors, quel pouvoir pour les guadeloupéens? Pour livrer une analyse objective, nous dirons que l’assimilationnisme a porté quelques fruits, après l’égalité civique provoquée par le décret du 28 avril 1848 – et nous parlons ici d’égalité civique et non pas de libération à dessein – l’égalité sociale a été amenée progressivement par le principe d’identité législative de l’article 73 ainsi que par de nombreux textes qui ont permis le rattrapage des guadeloupéens sur les français de l’hexagone lorsque certaines inégalités subsistaient, il en est ainsi par exemple de la mise à niveau du SMIG dans les années 90, ou encore de la plus récente mise à niveau des allocations familiales. Grâce à ces dispositifs, la Guadeloupe est un pays qui vit dans l’illusion d’un développement social. Les garanties apportées par l’importance de l’emploi public sur le territoire, les facilités d’accès au crédit à la consommation, l’existence des minimas sociaux, maintiennent, autant que faire se peut, le niveau de vie de nombreux guadeloupéens. Dans le même temps, les subventions françaises et européennes dans certaines productions ou dans l’agriculture suscitent le mirage d’un développement économique. Et nous avons alors le sentiment de vivre dans un pays riche. Ces acquis paraissent donc importants pour la collectivité. Pourtant le malaise subsiste dans la société guadeloupéenne. Et après 71 ans de départementalisation, le chômage s’élève encore à 23% des actifs, et à 56% des moins de 25 ans. Nous demeurons l’un des départements les plus criminogènes de France et l’ensemble des indicateurs aussi bien humain qu’économique continuent de révéler les retards accusés par le pays sur l’ensemble de la République. Trop nombreux sont les guadeloupéens qui vivent encore dans l’indigence, dans la misère. En bref, l’égalité n’a jamais été réalisée alors qu’elle était l’objet même de cette loi de 1946 et un objectif réaffirmé de la loi de 2017. Ce décalage entre l’illusion du développement économique, social, dans lequel nous avons été plongés par le calquage d’une société de consommation venue d’un autre monde sur un pays à l’identité peu affirmée, constitue ce que je décris comme une bulle sociétale de laquelle il faut craindre qu’elle ne se crash à chaque instant. Et nous connaissons des cracs sociétaux à chaque instant. La grenouille qui se veut plus grosse que le bœuf éclate… A chaque fait de violence, à chaque meurtre… C’est alors la bulle d’une société transfusée qui s’effondre7. Nous avons construit une égalité sociale sur les braises brûlantes d’une société coloniale ; sans penser que l’égalité ne pourrait être réelle qu’à partir du moment où elle s’appliquerait à des hommes émancipés dans un pays où le cri de Delgrès et des siens : « Vivre libre ou mourir » résonne pourtant encore. Ce malaise traduit ce que Césaire nomme une improbité intellectuelle. Improbité, sur laquelle repose le régime de l’assimilation et comme lui, je me demande, si les lois qui nous sont appliquées sont faites pour nous autres Guadeloupéens ? Alors, je lis Durkheim et Montesquieu qui me disent combien il est important qu’existe une alchimie entre un peuple et le droit qui le régit. J’en tire mes conclusions. La loi ne saurait être faite à 6745 km du cœur battant de la Guadeloupe et s’y appliquer en méconnaissance totale du peuple qui y vit. C’est la raison pour laquelle, dans notre vision, le peuple guadeloupéen doit jouir d’un pouvoir législatif dans certains domaines de compétence. Notre assemblée législative prendrait place, par exemple dans l’hémicycle de l’actuel conseil régional. Mais à côté du pouvoir législatif, il doit y avoir un pouvoir exécutif puisqu’il faudra bien que nous fassions exécuter les textes que nous adopterons. Le Gouvernement chargé d’exécuter les lois du pays prendra place au palais du conseil départemental. Dans nos compétences, il nous faudra avoir des administrations auxquelles nous autres guadeloupéens, participerons. Et nous y veillerons. Certes, Rome ne s’est pas construite en un jour et nous ne construirons pas totalement la Guadeloupe autonome au soir où nous écrivons, mais compétence après compétence nous pourrions faire bouger les lignes ; Alors quelles compétences voulons-nous d’abord ? 44 - FOCUS F.W.I

7. Tocqueville pensait que les peuples démocratiques aiment l’égalité dans tous les temps, mais il est de certaines époques où ils poussent jusqu’au délire la passion qu’ils ressentent pour elle. Ceci arrive au moment où l’ancienne hiérarchie sociale, longtemps menacée, achève de se détruire, après une dernière lutte intestine, et que les barrières qui séparaient les citoyens sont enfin renversées. Les hommes se précipitent alors sur l’égalité comme sur une conquête, et ils s’y attachent comme à un bien précieux qu’on veut leur ravir. La passion d’égalité pénètre de toutes parts dans le cœur humain, elle s’y étend, elle le remplit tout entier. Ne dites point aux hommes qu’en se livrant aussi aveuglément à une passion exclusive, ils compromettent leurs intérêts les plus chers ; ils sont sourds. Ne leur montrez pas la liberté qui s’échappe de leurs mains, tandis qu’ils regardent ailleurs ; ils sont aveugles, ou plutôt ils n’aperçoivent dans tout l’univers qu’un seul bien digne d’envie.

Notre vision du pays est celle d’un peuple fier, d’un peuple heureux d’être ce qu’il est. Conscient d’où il vient. Volontaire face à son destin. Nous croyons, à la manière de Montesquieu, que le premier chef d’attention dans un pays est donc l’éducation. Nous aurons donc une compétence afin de modifier les programmes scolaires pour que toutes les matières depuis la biologie jusqu’à l’éducation civique, en passant nécessairement par l’histoire et la géographie, ne soient enseignées avec le prisme guadeloupéen. Nous orienterons nos enfants vers des voies où ils sont certains de trouver de l’emploi et qui correspondent aux besoins de notre société. Voilà des éléments de réflexion pour penser notre identité dans une République plurielle. Nous connaître, nous permettra de mieux nous enraciner dans notre région et de mieux prendre conscience par exemple, de l’impératif écologique. Par ailleurs, parce que nous sommes conscients qu’une société ne saurait avancer uniquement avec une identité claire et forte, nous revendiquons ensuite, une compétence fiscale compensée afin d’éviter l’impair de Saint-Martin. Ainsi, nous pourrions par exemple, abolir la T.V.A qui est un impôt qui ne reste pas dans le pays et nous renforceront l’Octroi de mer. Voyons comment nous gérons ces premières compétences ensuite réclamons, la compétence en matière économique. Nous pourrons ainsi adopter une loi du pays qui permettra de lutter vigoureusement contre les effets des situations monopolistiques. Cette loi pourrait également prévoir la création d’une autorité locale de la concurrence qui serait chargée de mettre en œuvre et d’appliquer enfin un droit de la concurrence dans notre pays de Guadeloupe à l’instar de ce qui est fait en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Comme si l’égalité sociale que pourrait porter une régulation économique locale pouvait passer par plus de liberté par rapport à l’État central. Afin de rassurer les craintifs, nous donnerons aux différents pouvoirs domiciliés en Guadeloupe des moyens de contrôle les uns sur les autres car disons-le disons d’emblée, la responsabilité est la condition essentielle de la liberté. Nous plaidons alors non pas tant pour plus de liberté – bien que nous en ayons le goût – dans un pays entravé par le principe d’assimilation, non pas non plus pour moins d’égalité – nous savons la confiance qu’elle fonde chez les compatriotes guadeloupéens – mais en faveur de plus de responsabilités. L’exercice d’un pouvoir exige le respect d’un principe de responsabilité. Ce plaidoyer pour plus de responsabilité pour le peuple Guadeloupéen est un hymne en faveur d’une nouvelle idéologie politique locale non plus tant fondée sur l’antagonisme entre l’égalité et la liberté entre lesquelles nous aurions personnellement beaucoup de mal à choisir. Nous voudrions plus de l’une sans moins de l’autre. En définitive, nous prendrons le parti de plus de fraternité. Un frère ou une sœur, on l’aime, on le protège et on le respecte. On le laisse grandir, poursuivre la route qui est sienne et on lui vient en aide quand il en a besoin. Voilà de quoi sortir d’une vision paternaliste de l’État et infantilisante de nos pays qui est entretenue dans l’imaginaire collectif depuis trop longtemps. Peut-être cette dernière valeur de la devise républicaine que nous avons trop tendance à oublier renferme le souffle essentiel d’une refondation politique des relations entre notre pays et l’État.


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Balance Ton Porc Par STÉPHANIE MELYON REINETTE Sociologue et artiviste - Photos YVAN CIMADURE

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ameux infâmes. Polanski. Cantat. Allen. DSK. Weinstein. Cosby. Trump. Ces noms vous évoquent forcément des sensations extrêmes. Passions du 7ème Art! Du génie. Des fous-rire et de l’adrénaline. De la fascination ! Et … du dégoût! Devenus synonymes de déviances et de perversité, ils affichent des palmarès à coups d’incestes, d’attouchements, de harcèlement sexuel, de groping, de viols et d’injures en tout genre. « When you’re a star they let you do it » (Quand vous êtes une star elles vous laissent faire) déclarait le Président Trump. Cette seule phrase traduit l’état d’esprit de nombreux hommes célèbres. Qu’ils soient des dinosaures ou des dandys du politique, du Commerce international ou de la Finance, des super étoiles hollywoodiennes, tout leur est permis, car ils ont pouvoir, sex appeal (corollaire de la richesse en vrai) et puissance politique (même le monde du cinéma est politique !). Leur pouvoir et leur influence sont au fondement de toutes les formes de violences qu’ils ont pu imposer. C’est jouissif, comme le sentiment d’impunité que leur procure leur position de dominant est incontestablement addictif. On met la main au panier, mais on dirige une nation. On tue sa femme à mains nues mais on fait les couvertures de magazine. Walk of Shame et Walk of Fame, c’est kiff-kiff. La déviance relève du sensationnel, le moche divertit et fait bander la presse et la jeunesse (et pas que, les vieux aussi). Le vil excitant assouvit la soif de voyeurismes en tous genres. Oui, car le voyeur c’est vous, c’est nous, c’est tous. Épier, observer, taguer, et commenter l’autre. Il faut de la chair, fraiche ou putride, c’est selon. C’est idem. C’est bon. On transfère, on fait circuler, on se gosse, on y va de son analyse. Dans ce contexte de délabrement moral, des mouvements s’organisent et prennent chair dans le virtuel, pour déchouker le mâle, arracher le mal par la racine. Tout commence avec l’affaire Weinstein, et depuis c’est l’avalanche. Depuis quelques semaines, des noms tombent comme des fruits qui attendaient d’être cueillis. Principe de réalité est justice tout de même, non?! Ça ne pouvait pas continuer comme ça, sans séquelles ni conséquences. Des noms s’égrainent au fur et à mesure que les langues se délient pour laisser couler le jus de l’opprobre. Ils avaient un peu trop la gaule facile ces lascars ; alors, elles, femmes, donzelles, sextoys, se saisissent de leur grande gaule pour secouer et déloger ces fruits blets, ces fruits véreux forgés dans le capitalisme puant que la société engendre. Quand vous êtes une star elles vous laissent faire. Non, plus maintenant. Le glas sonne, et les Porcs tremblent et crient ne sachant pas à quelle sauce ils vont être mangés à Noël. C’est samedi ! Et chaque cochon doit se présenter pour payer le tribut du couperet. Les stars balancent leur porc ! La quidam de la rue, les femmes ordinaires, balancent aussi ! Elles se sentent autorisées enfin à les ‘donner’… Une délation salvatrice contre un bourreau trop longtemps jouisseur. Hashtag, BalanceTonPorc. Tague en Recours Collectif ! Sur la toile, c’est un déferlement de laideurs et de douleurs. Des femmes vomissent le poids qui pesait sur leur poitrine, l’étau qui enserrait leur gorge, la nausée qui tenaillait et vrillait leurs tripes tout ce temps. Dans le purgatoire de la respectabilité et de la honte. Anecdotes après anecdotes, on découvre l’ampleur d’un phénomène à travers le

mot-dièse – oui c’est la traduction française non utilisée – « BalanceTonPorc». Et quel phénomène ! Parce qu’a priori, on ne savait pas. Aujourd’hui, en effet, le Hashtag est l’outil incontournable pour le développement d’un mouvement, planétaire. Des actions contestataires et révolutionnaires commencent dans la rue et s’inventent un mot-dièse pour donner de l’amplitude à leur voix, en s’adjoignant celles d’autres, d’elles, d’eux, de tou.te.s. Ils sont les porte-voix d’un procès sociopolitique qui se joue en audience publique, et tous les supporters ou les témoins qui font leurs cette lutte se constituent en recours collectif. Un procès dans les nouvelles règles de l’art : le huis clos de la salle du tribunal est obsolète ; maintenant est venu le temps de la crucifixion publique. On expose vos méfaits, et adieux diffamation et confidentialité, clauses et contrats de non-divulgation. La puissance du hashtag est incontestable. C’est la nouvelle arme d’information et de mobilisation massive : slogan, étendard, cheval de bataille, mode de vie. Il est créé, puis lâché sur la toile via twitter (berceau du mot-dièse) et contamine toute la toile. C’est le but recherché. Ils sont plus que des étiquettes de métadonnées – en quête d’informations – mais une espèce de mot-stickers en contexte. Il sert un objectif précis, d’où l’efficacité de sa concision. Il est «ad hoc, incontrôlé, dynamique, et sert une tendance symbolico-politique». #OccupyWallStreet #BringBackOurGirls #BlackGirlsMagic #BlackGirlsRock #IslandGirlsRock #MillionWomenMarch #BlackLivesMatter #OuvrirLaVoix (Excuse my French ! Oui, je cite ceux qui me parlent le plus, of course). Et ils sont suffisamment forts pour dépasser leurs cercles d’origine. Et ne nous leurrons pas l’internet n’est pas un espace de libre circulation. On peut rencontrer l’autre, dépasser la frontière, sauf quand les grands manitous derrière leur petit écran décident qu’il faut payer pour dépasser ta zone French. Bref, autre, vaste sujet. Donc le hashtag est puissant. Il contamine positivement : il libère les voix. Beaucoup de ces hashtags nous ont mobilisé.e.s et motivé.e.s jusqu’à créer des avatars français des mouvements étatsuniens. L’impact est bien réel.

« Sur la toile, c’est un déferlement de laideurs et de douleurs. Des femmes vomissent le poids qui pesait sur leur poitrine, l’étau qui enserrait leur gorge, la nausée qui tenaillait et vrillait leurs tripes tout ce temps ». FOCUS F.W.I - 47


Solidaires #BalanceTonPorc, à l’inverse, nait sur la toile. Du #MyHarveyWeinstein, la journaliste Sandra Muller traduit #BalanceTonPorc et appelle aux témoignages via la plateforme twitter « toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends ». C’était le 13 octobre 2017. Il était 8:06AM, à Manhattan. 533 likes, 377 partages, 83 commentaires. Elle raconte elle-même – donnant le La – sa mésaventure : « Tu as de gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais et faire jouir toute la nuit ». Le ton est donné. Et plus tard, le flux. Ça saigne. Nombreuses, elles livrent leur #MyHarveyWeinstein : Angelina, Lupita, Gwyneth, Cara, Rosana, Paz de la Huerta…et elles sont presque 50 à raconter leur Harvey. Célébrités, Célébrités ! New York, New York ! C’est Glam non ? Les nombreuses séries faites pour la ménagère en mal de sensations fortes ne sont-elles pas l’illustration parfaite que le sordide plait (oui, là je pense à Brooke Logan-Spencer-Forrester). Oui le sordide, le sexy, le romantique des vies de stars. Le public s’en repait. Et pour cause, un site est né, à peine un mois après les premières révélations sur Harvey (je le tutoie, on peut lui retirer toute déférence due à son ancien rang). Balancetonporc.com est une invitation à laisser ton témoignage et se vend comme étant le « seul site qui permet aux victimes de harcèlement sexuel, d’agression sexuelle ou de vol de poster anonymement leu témoignage et d’échanger ensemble ». On y trouve une succession d’anecdotes classées par rubriques circonstancielles documentant la géographie du mal : cercle familial, au travail, milieu médical, etc. Où et quand ? Comment ? Mon amant, ce porc. Un crocodile à l’université. La grande porcherie. Médecin peloteur. Le clergé…. Et j’en passe et des meilleures…C’est une invitation également à se délecter de ce que d’autres voient comme de l’impudeur. On surfe sur cette déferlante mi-safari de l’abject, mi-montagnes-russes des mœurs, et on a le tournis, la nausée, l’envie de vomir. Mais combien d’autres se moquent, rétorquent, attaquent, et toc ! Au regard des commentaires, on comprend que les haters sont là, les femmes hyper-machistes, et des victimes qui parfois n’en sont pas… Déballer son sac et après ? #BalanceTonPorc a eu le mérite – avalisé par le prime-hashtag #MyHarveyWeinstein et les voix de femmes célèbres – d’ouvrir la voix de milliers d’anonymes en France. C’est tout de même merveilleux que les femmes se sentent le droit soudainement de tout dire. #BalanceTonPorc a eu le mérite de démontrer l’étendue du phénomène qui ne connaît aucune frontière : éthique, familiale, déontologique, filiale, maritale, morale, légale... #BalanceTonPorc a eu le mérite de révéler notre hypocrisie face à la prédation masculine. Combien d’entre nous préfèrent ignorer une telle situation de peur de se retrouver mêlé.e.s à de l’inextricable violence ? Combien d’entre nous jugent les femmes violentées ? Combien d’entre nous questionnent leur légitimité à se plaindre d’un assaillant proche ? Combien d’entre nous préfèrent préserver la quiétude du statu quo, parce que … c’est plus simple, ou a pa zòt ki voyé’y la ? Finalement, BalanceTonPorc fait-il de chacun.e un.e responsable de l’expérience singulière de la victime ? Cela changera-t-il concrètement les comportements délétères et phagocytaires du bien-être de tou.te.s ? Car accepter ou cautionner en ne se positionnant pas permet la reproduction séculaire, trans48 - FOCUS F.W.I

générationnelle de ces comportements. Un mot-dièse suffit-il à réellement se positionner et à changer les comportements ? Combien ont-ils/elles de nouveau fermé les yeux après avoir posté leurs commentaires, mis un like, un cœur, commenté avec un peu de baume virtuel ? Combien de femmes ont fait que l’impunité demain sera reléguée au musée des Droits Humains. Ci-git l’impunité. Aucune. Anonymement signifie ni victime, ni agresseur à présenter à un tribunal. #BalanceTonPorc a croisé #MeToo, et l’amalgame est suffisant : Moi aussi, et j’ai vécu ça. Mais, je le laisse courir… Libre et assez heureux de jouir encore de son impunité. D’aucuns s’y sont reconnus et se sont gossés d’un « et alors ? Je peux aussi #BalancerMaTruie !». #BalanceTonPorc c’est une soupape de cocotte (hey-minute !) qui une fois toute la pression, relâchée, se retrouve ouverte révélant son nannan, son for intérieur, et le feu cuisant évaporé, dans la nature. Frais. Avocate du diable, certes. Pour fuir le binarisme, l’irresponsabilisation, l’ignorance et l’impuissance. L’impunité doit être morte et enterrée. Écrirons-nous son épitaphe ? Déballer et alors ? Si le hashtag a une grande capacité mobilisatrice, il ne devrait pas être un masque, mais un bouclier pour avancer à visage protégé mais découvert. Boxeuses sur le ring. L’internet offre une agora illimitée et anonyme, mais c’est aussi le balai de l’éthique. Impunité et internet rime par essence. C’est une arme fondamentale et nécessaire pour faire campagne. Mais c’est aussi le rempart des faibles (haters et pseudonymes !). Mais dans ce flow continu et incessant d’informations qui nous poussent aux posts en état d’ébriété (addiction quand tu nous tient), notre raison fait parfois défaut. C’est fantastique comme ce mot se répand ! Tiens, partage aussi et intègre un mouvement, positionne-toi. Moi aussi j’ai posté mon #MeToo, mais je n’ai raconté aucune anecdote, car celles-là, je les ai réglées : j’ai tantôt accepté ma responsabilité dans mon non-positionnement face à mon bourreau, tantôt j’ai été jusqu’au commissariat. Et heureusement, maman m’a appris cela. Sondage et revue de presse. Si certains bonshommes ont fait un mea culpa s’interrogeant sur leur éventuelle attitude porcine, les autres extrêmement plus nombreux s’en dédouanent et accusent leurs assaillantes. #ParitéInversée #MoiAussi. Raconter ne suffit pas. Il faut nommer. Porter plainte. Aller au bout pour abattre l’impunité. Et là, on fera réellement bouger les lignes. Le tsunami communicationnel de l’internet aura tôt fait de balayer cet énième scandale. Qui se souvient encore de BokoHaram ? Le tremblement de terre ? Demain est un autre jour et comme dit Noam Chomsky (en gros, je résume) : la TV (ou l’internet) est un divertissement et vous empêche de voir les enjeux réels. Même sous prétexte de se battre, on passe à côté, car derrière des manettes, on ne fait que jouer à un jeu de TV réalité. Tu #OnBalanceDéjàPlusLesPorcs. Le nouvel hashtag a déjà remisé Bibi & Co aux oubliettes. Ah tiens ! On reste tout de même dans le thème = #Moià11ans. Quand apprendras-tu à ta fille à posséder son corps et son NON et sa voix ? Si Weinstein a été privé de ses galons, trophées, et titres, il n’est pas encore en prison. Mais certaines d’entre elles ont porté plainte… pas toutes. Si la notoriété est à double tranchant, chez les gens ordinaires l’impunité semble plus grande encore… Hashtag, DansLaVraieVie. #LesLoisDuGenreEtNous.


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Le C3 AIRCROSS,

un style original et du caractère

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vec sa morphologie unique et son attitude pleine de force et de fraîcheur, Le nouveau C3 Aircross marque l’arrivée de Citroën sur le segment très tendance des SUV de ville. Long de 4,15 m, le nouveau C3 Aircross possède tous les attributs d’un véhicule robuste et protecteur : garde au sol surélevé, position de conduite haute, sabots avant et arrière, grandes roues et élargisseurs d’ailes. Visant une clientèle branchée qui cherche une certaine originalité, le C3 Aircross se démarque également par une large offre de personnalisation, avec pas moins de 90 combinaisons, pensée dans les moindres détails : vitres de custodes avec effet persienne et barre de toit viennent s’ajouter aux touches colorées des coques de rétroviseurs, enjoliveurs de projecteurs et des centres de roues. Elle se joue également à l’intérieur avec 5 ambiances très différenciées au choix, sans compter également au niveau des roues. Doté d’une architecture ingénieuse, le nouveau C3 Air Cross est pratique et facile à vivre au quotidien. A l’intérieur, il a été imaginé sans compromis sur le confort et sa fonctionnalité. Grâce à son empattement de 2,6 m, l’habitacle se singularise avec une habitabilité très grande s’illustrant par : la meilleure hauteur sous pavillon, un espace aux jambes généreux, des sièges aux assises aussi larges que confortables, une acoustique soignée et un volume de coffre exceptionnel ( de 410 à 1289 litres). Véritable leitmotiv de la marque, le confort du nouveau C3 Aircross se traduit également par une suspension souple qui absorbe parfaitement les irrégularités de la chaussée et vous offre un confort de voyage incroyable . Ultra connecté, il met en avant des technologies intuitives qui assurent sérénité et sécurité au volant : Alerte de franchissement involontaire de ligne, lecture instantanée des panneaux de limitations de vitesse, Coffee Break Alert, Affichage tête haute couleur, Active Safety Brake, Commutation automatique des feux de route, système de surveillance d’angle mort, et possibilité de dupliquer l’écran de son smartphone sur celui de la tablette tactile flottante de 7 pouces, concourant à rendre chaque trajet plus sûr. Pour simplifier votre vie au quotidien, le nouveau SUV propose également un accès et démarrage mains libres, Park Assust ou Caméra de recul avec Top Rear Vision. Coté moteur, ce SUV propose d’une large gamme de motorisations sobres et efficientes de dernière génération : 3 motorisations Essence Pure Tech (82, 110 et 130 ch) et 2 motorisations Diesel Blue Hdi (100 et 120 ch)., ainsi qu’une boite de vitesses automatique EAT6. Sur la version avec boite automatique (6 rapports), un système électronique de Grip Contrôle aide à traverser une zone sableuse ou boueuse sans encombre alors que le système Hill Descent Assist freine automatique le véhicule dans les fortes pentes, comme le Land Rover Freelander. Ainsi, e nouveau C3 Aircross donne envie de quitter la route pour escalader les chemins. CITROËN GUADELOUPE Zi des Pères Blancs - 97123 Baillif T. 0590 410 101 Carrefour Grand-Camp - 97151 Pointe-à-Pitre T. 0590 212 733 FOCUS F.W.I - 51


Paris in love...

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onsidérée depuis des années comme la capitale mondiale de la gastronomie, de la mode, du luxe et de l’art de vivre, Paris ne serait plus ce qu’elle était. Comme un symbole de la morosité qui touche la France depuis la fin des années 2000, la Ville Lumière a perdu ses titres de gloire. La mode ? C’est désormais New-York qui trône en haut du classement des villes les plus influentes de la fashion industry. La gastronomie ? Le premier restaurant parisien se hisse péniblement en 11e position du – très controversé – World’s Best 50, loin derrière l’élite scandinave, catalane ou britannique sans parler du Michelin qui a adoubé Tokyo, en y faisant pleuvoir les macarons. Et même le titre honorifique de « ville la plus touristique au monde » semble échapper à Paris au détriment de Londres désormais destinations touristiques favorites des visiteurs étrangers. Doit-on aussi parler du climat d’insécurité qui cristallise Paris depuis les attaques de Charlie, du Bataclan, de Nice… ? Mais cette avalanche de nouvelles maussades ne doit pas faire oublier une réalité : Paris reste bel et bien l’une des plus belles et plus fascinantes villes au monde avec une histoire, un patrimoine et une offre culturelle d’une richesse rarement égalée. Quelle autre ville que Paris peut prétendre proposer à ses visiteurs une telle unité architecturale ? autant de très grands musées ? des perspectives aussi belles sur son fleuve ? une telle concentration de quartiers et de

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monuments exceptionnels ? Sans tomber dans un chauvinisme dont on ne saurait être suspect, il faut reconnaître à Paris ses qualités immenses. Et les défauts dans tout ça ? Il est bon aloi de penser que Paris subit le même sort que Venise, se vidant peu à peu de ses habitants chassés par des loyers toujours plus élevés, se transformant ainsi en ville-musée. Mais cette vision simpliste colportée par de malheureux Cassandre est plus jamais infirmée par les faits et la réalité de la ville. Depuis quelques années, la capitale se montre à la hauteur du dynamisme de Londres ou Berlin : multiplication d’ouvertures d’incubateurs de start-ups (la Station F), projets innovants dans les transports (AutoLib) et surtout une explosion du nombre d’initiatives dans le domaine des loisirs et de l’art de vivre. Les brasseries aux serveurs mal aimables ? Remplacées par des néobistrots créatifs, une street food inventive ou une cuisine d’auteur ambitieuse. Les cafés poussiéreux ? Transformé en coffe shops branchés par les baristas inspirés. Les hôtels vieillissants du centre historique ? Rénovés sous forme de boutiques hotels qui n’ont rien à envier aux meilleures adresses européennes. Et même la nuit parisienne que l’on disait morte et enterrée paraît plus vigoureuse que jamais sous l’impulsion de collectifs électro – Concrete, Blank, Peacok Society entre autres – qui multiplient les projets les plus excitants les uns que les autres sans oublier les speakeasies et rooftops importés avec un succès de New-York, Londres ou Barcelone. Décidément, Paris n’a jamais été aussi séduisante qu’aujourd’hui.


escapade La Brasserie D’Aumont – Au cœur du Crillon. Après quatre ans de restauration minutieuse, l’Hôtel de Crillon a rouvert ses portes le 5 juillet dernier, place de la Concorde à Paris. Entre cour (d’honneur) et jardin (de la cour Gabriel), c’est un petit coup de théâtre qui se joue. Qui l’eut rêvé ? Une brasserie parisienne ouverte de 7 heures à 22 h 30, au cœur même de l’Hôtel de Crillon ! Crudo Bar, en marbre et bois de rose, avec tabourets et chaises en cuir tressé, banquettes de velours grège et lichen, plafond en feuilles d’argent patiné… Le lieu est signé Tristan Auer. Grâce à son approche discrète et moderne, ainsi qu’à la créativité de son chef Julien Schmidt, la Brasserie d’Aumont propose des plats traditionnels remis au goût du jour, comme sa fameuse tête de veau sauce Orly. Pâté en croûte, où se dessine à l’encre de seiche la skyline de Paris, œuf mimosa, saumon à l’oseille, tartare… Tout le répertoire bistrotier est là, mais brassé avec les codes de la haute gastronomie. BRASSERIE D’AUMONT, Hôtel de Crillon, A Rosewood Hotel, 10 Place de la Concorde, 75008 Paris.

LES BONNES TABLES

Les Grands Verres – Palais de Tokyo. Difficile d’échapper aux Grands Verres qui s’affichent partout, réseaux sociaux, chroniques gastronomiques, presse grand public… Il faut dire que le nouveau restaurant du Palais de Tokyo (remplaçant le Tokyo Eat) était attendu au tournant par tout ce que la scène food parisienne compte d’acteurs. Dans un espace XXL conçu comme une grande nef par l’agence d’architecture parisienne Lina Ghotmeh, une pluie de petites lampes habille la magistrale hauteur sous plafond et surplombe un décor de bois brut et de métaux patinés où trône un imposant bar qui propose des cocktails étonnants. Valorisant au maximum l’upcycling, certains ingrédients du menu deviennent source d’inspiration : le pain de la veille détourné en sirop ou le jus des aubergines s’invitent ainsi dans les cocktails. Le chef américain Preston Miller signe quant à lui une carte généreuse aux accents méditerranéens: melons et tomates à l’ancienne, artichaut entier cuit au four à charbon ou foie d’agneau rôti. Les créations savoureuses offrent un véritable voyage culinaire, loin des brasseries parisiennes traditionnelles. LES GRANDS VERRES au Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, 75008 Paris.

Les Résistants – Healthy Paris. Cette table, aux allures de maison de campagne, a été initiée par un trio de jeunes gastronomes fous de la France et de ses terroirs. Tout y arrive en ligne directe de petits producteurs. Tout y est cuisiné, au jour le jour et à l’inspiration, par Clément Desbans (passé, entre autres, par Loiseau Rive Gauche). Bref, ici, ce sont d’abord et avant tout les produits - 100 % français, issus d’une agriculture responsable, humaine, allant bien au-delà d’un simple label bio - qui tiennent le haut de l’affiche. Le chef en est le faire-valoir. Et les plats qui défilent sur la table d’hôte vous donnent délicieusement envie d’entrer en résistance. LES RÉSISTANTS, 16-18 rue du Chaâteau-d’eau, 75010 Paris. FOCUS F.W.I - 53


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HOT SPOT

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u nord l’Opéra Garnier, au sud Le Louvre, à l’est la Comédie Française, le Palais Royal, à l’ouest la place de la Concorde, au bout de la rue, le romantique jardin des Tuileries, les musées du Jeu de Paume et de l’Orangerie. Qu’il s’agisse de Beaux Arts, de musique, ou de théâtre, Le Roch Hôtel & Spa ne saurait être mieux placé. Membre de Design HotelsTM, le Roch Hôtel & Spa rejoint le portefeuille d’établissements qui offre l’inattendu et l’original, ainsi qu’un accueil sincère, une authenticité culturelle, un design et une architecture qui marquent les esprits. C’est le lieu de séjour privilégié des vrais amoureux de Paris, ceux qui apprécient autant la richesse de son passé que l’effervescence de son présent. Ainsi, le Roch Hôtel & Spa offre-t-il une expérience parisienne 5 étoiles inoubliable au sein d’un environnement d’exception. Il est doté des meilleurs aménagements de confort et de bien-être : piscine et spa, jardin intérieur et terrasse ensoleillée. Un luxe insolite en plein cœur de la capitale. Les chambres et les suites dévoilent d’amples volumes vibrants de lumière, où matières et couleurs cisèlent l’espace et jouent la dualité. Tantôt chaleureuses et vitaminées, tantôt sobre et élégantes, elles répondent à cinq codes couleurs différents, iconiques des nuances chères à Sarah Lavoine, designer d’intérieur. Les 37 chambres et suites séduisent par une modernité et un confort qui ne concèdent rien aux charmes d’une décoration « haute-couture » tendue de tissus colorés. Et à tout moment, les équipements technologiques les plus récents sont à la disposition de chacun : TV écran plat, tablettes interactives multi-services, enceintes bluetooth, machines à café… Enchantement ultime, les suites bénéficient toutes d’un hammam privé pour des moments de détente et de bien-être inégalés. À l’image du quartier Saint-Roch / Saint-Honoré qui l’abrite, le Roch Hôtel & Spa est une référence en matière de gastronomie et de saveurs. Dans son restaurant, en terrasse, dans le jardin intérieur ou près de la cheminée, la magie gustative opère tout au long de la journée. Midi et soir, avec les plats imaginés par le chef Rémy Bererd, l’après-midi, avec un délicieux tea time, ou plus tard, avec une remarquable sélection de cocktails, vins, champagnes et spiritueux d’exception. Le Roch Hotel & Spa, 28 rue Saint Roch, 75001 Paris. Dès 300 € la nuit.

_ Hôtel Henriette. Au calme dans une petite rue pavée à deux pas du quartier Mouffetard, l’hôtel Henriette dépoussière les codes du savoir recevoir. Trente-deux chambres toutes singulières, renouvellent sans cesse l’expérience du visiteur. #emotions. Un salon avec une playlist de used books, un jardin d’hiver cosy vintage, des petits-déjeuners servis comme à la maison et un service de city #conciergerie qui offre une veille amicale en sélectionnant les bons vernissages, les derniers lieux de bistronomie ou autres opening et soirées à Paris. Une déco broc’n’roll totalement addictive que l’on doit à la décoratrice Vanessa Scoffier : un lieu bohême-parisien et inédit. S’inviter dans une chambre d’amis... Voilà le statement chez Henriette. À la fois accessible et exclusif, cet hôtel se fait l’apanage d’un luxe cool et désirable. #ILoveHenriette Hôtel Henriette, 9 rue des Gobelins, 75013 Paris. Dès 89 € la nuit.


_Shopping. Haut-lieu de la mode et du luxe, Paris est une ville qui ne manque pas d’attraits lorsqu’il s’agit de faire du shopping et c’est sans conteste avec Londres la ville d’Europe la mieux achalandée. Entre boutiques de designers et concept stores, Grands Magasins et marchés, passages couverts et rue branchées, il n’est pas forcément simple de s’y retrouver. Et afin de vous y aider, nous vous proposons une liste, non exhaustive, de quelques-uns des meilleurs spots parisiens. La rue Saint Honoré est l’une des principales rues commerçantes de Paris, elle accueille nombre de boutiques haut de gammes tels que la boutique-boudoir de Chantal Thomas, Ballenciaga, la bijouterie Dodo et ses insolites bijoux en forme d’animaux, la célèbre maison de malles et de maroquinerie Goyard ou encore la très originale boutique de John Galliano et le flagship store de Longchamp. Après la rue Royale, la rue Saint Honoré se transforme en rue du Faubourg Saint Honoré. On trouve alors sur les quelques premiers mètres, l’une des plus grandes concentrations de boutiques de luxe de la capitale : Gucci, Lanvin, Hermès, Loro Piana, Chanel, Berluti, La Perla, Hogan, Christian Louboutin, etc. Et si les Champs-Elysées sont tournés vers le grand public, l’avenue Montaigne est définitivement consacrée au luxe. Prêt-à-porter, haute-couture, joaillerie, de Louis Vuitton à Harry Winston en passant par Jimmy Choo, Diane von Furstenberg ou Loro Piana. Et Comment ne pas parler des grands magasins, ces temples de la consommation moderne, quand on parle de shopping à Paris ? Ils sont au nombre de quatre : trois Rive Droite, les Galeries Lafayette, le Printemps Haussmann, et le Bazar de l’Hôtel de Ville (BHV) et un Rive Gauche, le Bon Marché. Vous pourrez également flâner dans les passages couverts parisiens tels que la galerie Vivienne, Véro-Dodat et le passage des Panoramas. Et que dire du Marais, devenu un des quartiers de prédilection des Parisiens pour le shopping. Marques à la mode, boutiques de créateurs, bars trendy, concept-stores et showrooms design cohabitent désormais avec les restaurants juifs de la rue du Rosier ou les bars gays de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie.

_Night-Life. Qu’on se le dise, la nuit parisienne n’est pas morte. Elle a pourtant été donné agonisante il n’y a pas si longtemps, les fermetures de bars et clubs se multipliant, les regards se tournant de plus en plus vers les capitales plus accueillantes pour les noctambules, Berlin et Londres en tête. Pourtant, un vent nouveau semble souffler sur la capitale. Si la cohabitation entre lieux de vie nocturne et riverains n’est pas toujours simple, la relève est là. Soirées électro d’inspiration berlinoise, bars à cocktails new-york style, clubs trendy, bistrots dansants, rooftops, musées qui ouvrent leurs portes aux clubbers ou dancefloors installés sur la Seine, il n’y a jamais eu d’autant d’innovations et d’excitation dans le monde de la nuit parisienne que ces deux dernières années. Où aller : Aux folies Belleville, bar mythique de la capitale. Le Perchoir du Marais, un rooftop hip qui se trouve sur le toit du célèbre BHV. Le Silencio un club chic et intimiste qui se trouve cinq étages sous terre dans le quartier du Sentier, qui propose une playlist éclectique, mélangeant hit des années 80’s et électro, disco version Daft Punk.

escapades

_Paris inattendu. La Tour Eiffel, le Louvre, Beaubourg, les Champs-Élysées ou Notre-Dame, entre autres, sont évidemment les lieux de passage les plus prisés des visiteurs de passage pour quelques jours dans la Villes Lumière. Mais derrière cette longue liste de monuments et quartiers incontournables se cachent des trésors. Souvent, plus authentiques, toujours plus inattendus, ils sont délaissés des touristes mais généralement très appréciés des autochtones ou des connaisseurs. Entre adresses insolites et quartiers incontournables du moment, nous vous proposons une sélection de trois lieux enthousiasmants où bat aussi le cœur de Paris. Dans le 5e arrondissement, à deux pas du Jardin des Plantes, Paris vous propose une escale orientale par la visite de la Mosquée de Paris, l’une des plus grandes du pays. Et pas besoin de traverser l’Atlantique pour voir d’imposants squelettes de dinosaures ou de mammouths. Le Muséum National d’Histoire Naturelle, qui jouxte le Jardin des Plantes ravira les petits comme les plus grands. Au milieu du bitume, il vous sera également possible de vous balader, ou encore pique-niquer dans le peu touristique 19e arrondissement, dans le parc des Buttes-Chaumont, dans 25 hectares de verdures façonné sous la houlette de Napoléon III.

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Girl

interupted. Photographe Éric Corbel. Réalisation et Stylisme Ken Joseph. Assistant réalisation Mike Matthew. Maquillage Make Up For Ever Chemise blanche col à ornements et sandales noires, JOUR ET NUIT.

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Chemise blanche, JOUR ET NUIT et Boucles d’oreilles en Or 750, BIJOUTERIE CARAT, 228 ¤. PAGE DE DROITE, Chemise décontractée, EMPORIO ARMANI et Jean cigarette noir, MANGO. Manteau réversible et Sandales noires vernis, JOUR ET NUIT. Boucles d’oreilles en Or 750, BIJOUTERIE CARAT, 228 ¤. 58 - FOCUS F.W.I


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Manteau réversible, pantalon noire à motif et top noir, JOUR ET NUIT. PAGE DE GAUCHE, Montre La D de Dior, DIOR, 8.300,00 ¤, BIJOUTERIE CARAT. FOCUS F.W.I - 61


LA PASSION

DU TEMPS 62 - FOCUS F.W.I


PIAGET, Montre Altiplano38 mm. Boîtier en or blanc 18k et bracelet en cuir d’alligator.

CARTIER Montre Drive Phases Lune, 40mm. Boîtier en acier et bracelet enalligator.

LES PENDULES À L’HEURE

BLANCPAIN, Montre Carrousel volant une minute. Boîtier en platine et bracelet en cuir d’alligator.

MONTBLANC, Montre Star traditional Twin Moonphase « Carpe Diem Edition ». Boitier 41-43 mm en acier inoxidable.

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Before Midnight Photographe Éric Corbel. Réalisation Mike Matthew et Stylisme Ken Joseph. Maquillage Élodie Roques. Lieu Auberge de la Vielle Tour.

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Chemise regular-fit coton à rayures, Ceinture tressé empiècements cuir et Pantalon coton velours côtelé, MANGO.

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Chemise slim-fit à rayures, veste et gilet slim-fit structurée, Jean Dylan skinny à déchirures, MANGO. Nœud papillon et Chelsea boots en cuir, DEVRED 1902. Montre, CALVIN KLEIN, 255 ¤, BIJOUTERIE POINT OR.

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Veste de costume superslim, Chemise slim-fit, pantalon chino pincé à contraste grenat et Cravate structuré, MANGO. Richelieu cuir bordeaux à détails ajourés, ERAM. 68 - FOCUS F.W.I


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Costume en jersey et Pull RDC, DEVRED 1902. Montre, HUBLOT, 19.600 €, BIJOUTERIE POINT OR. page de droite, Veste de costume structurée, MANGO. Pantalon ville, Chemise ville à rayure, nœud papillon et Richelieu en cuir, DEVRED 1902. Montre, TISSOT, 1.950 €, BIJOUTERIE POINT OR.

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Mood KISSKISS CONFORT ET VELOUTÉ La palette de contouring KissKiss from Paris renferme un primer et trois teintes pour dessiner une bouche ultra sophistiquée. Une palette pour tous les baisers de Paris, du plus doux au plus passionné... Les trois teintes permettent de dessiner le contour des lèvres et créer un dégradé de couleurs pour un effet repulpant et une bouche irrésistible ! Cette palette existe en deux harmonies: pour une bouche romantique ou passionnée. KissKiss From Paris, Guerlain, dès 59,00 euros.

Fievre Disco

Lady Gaga, Jessica Alba et Kate Hudson ont toutes été aperçues portant les sandales Betty de Giuseppe Zanotti. Cette paire vertigineuse, inspirée des années 70, est revêtue de paillettes par milliers, agrémentée de finitions en cuir verni et pourvue de plates-formes épaisses. Misez sur un T-shirt et un pantalon en cuir raccourci pour la laisser briller de tout son éclat. Sandales plates-formes en cuir à paillettes, Giuseppe Zanotti dès 625,00 euros. 72 - FOCUS F.W.I

SUBSTANCE FLORAL LA COMPOSITION SOLAIRE

C’est un pur floral. Une fleur solaire construite autour de 4 fleurs blanches, 4 points lumineux rappelant les angles du flacon. Un cœur de jasmin exotique onctueux et enveloppant. À ses côtés scintillent les notes vertes, fruitées de l’ylang-ylang. Puis vibre la fleur d’oranger, fraîche et pétillante. Pour laisser entrevoir la tubéreuse de Grasse captée dans son habit le plus précieux. C’est la fleur absolue, une fleur Chanel rayonnante et étincelante, purement féminine. Un hommage vibrant à Gabrielle Chanel. Eau de Parfum, Gabriller Chanel, 100 ml dès 138,00 euros.

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MATCH PARFAIT

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Déclinées en quatre teintes brillantes en édition limitée, les micropaillettes ultra-colorées de Starlit reflètent l’éclat chromé d’un bijou que vous pouvez travailler jusqu’à obtenir l’impact désiré. Grâce à leur texture crémeuse irrésistible, vous bénéficiez de tous les avantages sans les inconvénients, pour des lèvres à la beauté cosmique. Starlit Hyper-Glitz Lipstick, Rouge à lèvres Ultra Pailleté Fenty Beauty By Rihana, 17,95 euros.


DIOR, Montre Dior Grand Bal Plume,Boîtier 36 mm en acier inoxydable poli, lunette en acier sertie de diamants et ornée d’une bague en or rose, glace saphir traitée antireflet, couronne en acier gravée « CD », fond en cristal saphir transparent avec une métallisation dorée et un dégradé bleu.

GREEN

SCREEN

BVLGARI, Montre Serpenti, mouvement à quartz. Boîtier de 27 mm courbe en or rose 18 K sertie d’une rubellite rose taille cabochon. Cadron laqué vert avec traitement guilloché soleil. Bracelet deux tours en cuir karrung vert.

VAN CLEEF & ARPELS, Montre Lady Arpels Zodiac Capricorn. Boîtier 38 mm, or blanc, lunette or blanc, diamants ronds, étoiles or jaune et bracelet alligator vert foncé brillant.

CHAUMET, Montre Hortensia Eden Petit Modèle. Boîtier or rose 5N 18 carats, lunette sertie de 27 diamants taille brillant (0,40 ct) et décorée de 3 fleurs sculptées en or rose 18 carats, serties de 21 diamants taille brillant (0,06 ct).

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Coup d’éclat Photographe Éric Corbel. Réalisation Mike Matthew et Stylisme Ken Joseph. Maquillage Élodie Roques. Coiffure Janet Benoît. Lieu Auberge de la Vielle Tour.

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Ensemble maille, ROMMANE et Boucles d’oreilles MANGO. FOCUS F.W.I - 75


Veste, Short à imprimé et Boucles d’oreilles, FLEUR DE CANNE BY DENIS DEVAED. Top manche longue, MANGO et Boots, ERAM. 76 - FOCUS F.W.I


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Kimono à imprimés, Pantalon fluide et Colliers, FLEUR DE CANNE BY DENIS DEVAED. Body jaspé, MANGO et Sandales bordeaux en velours, SANDRO PARIS. page de droite, Robe à sequins noires, MANGO et Escarpin Stiletto cuir rose, ERAM. Boucles d’oreilles Curve earing, APM MONACO, BIJOUTERIE POINT OR. 78 - FOCUS F.W.I


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Ensemble Magic glitter et Boucles d’oreilles, MANGO. page de gauche. Body jaspé et Pantalon velours évasé rose, MANGO. Sandales imprimés fleur, ZARA. Boucles d’oreilles et Collier, SHOWROOM B. FOCUS F.W.I - 81


CARNET D’ADRESSES AUBERGE DE LA VEILLE TOUR Montauban 97190 LE GOSIER T. 0590 842 323

ERAM Centre commercial Jardiland 97122 Baie-Mahault T. 0590 958 136

BCA-BMW 3 Bd de Houelbourg ZI de Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 269 775

JAD’HAIR Centre commercial Coeur de Jarry 97122 Baie-Mahault T.0690 442 932

BOUTIQUE FLEUR DE CANNE BY DENIS DEVAED Galerie de Houelbourg 97122 Baie-Mahault T. 0677 245 467

JOUR ET NUIT 1476 rue H. Becquerel Imm. Sas. ZI Jarry 97122 Baie-Mahault T. 0590 996 214

CARAT Centre commercial Destreland 97122 Baie-Mahault T. 0590 260 198

MAKE UP FOR EVER Galleries de Houelbourg 97122 Baie-Mahault T. 0590 388 417

CELINE LINGERIE 22 rue Baudot 97100 Basse-Terre T.0590 956 286

MANGO Centre commercial Destreland 97122 Baie-Mahault T. 0590 418 644

CITROËN GUADELOUPE Zi des Pères Blancs - 97123 Baillif T. 0590 410 101 Carrefour Grand-Camp - 97151 Pointe-à-Pitre T. 0590 212 733

POINT OR Centre Commercial Bas-du-Fort 97190 Le Gosier T. 0590 909 344

CRÉOLE BEACH HÔTEL & SPA Pointe de la verdure 97190 Le Gosier T. 0590 904 673 DEVRED 1902 Centre commercial Destreland 97122 Baie-Mahault T. 0590 385 392

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ROMMANE C.C Géant Casino - Bas-du-Fort 97190 Le Gosier T. 0590 886 508 SHOWROOM B 5 rue du Docteur Cabre 97100 Basse-Terre T. 0590 988 535


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