FOTOLOFT
RESIST(E) II PRINTEMPS PHOTOGRAPHIQUE MEXIQUE
Galerie NegPos - Numéro 14
FATOUMATA DIABATÉ CECI N’EST PAS UNE PHOTO
Sommaire Agenda
PRINTEMPS PHOTOGRAPHIQUE MEXIQUE 2018 - RESIST(E) II ........................4 à 23 Patricia MENDOZA ..................................................................................5 Dante BUSQUEST - SATELUCO ...........................................................6 à 7 Rive DIAZ BERNAL - BACK TIME ..........................................................8 à 9 Pia ELIZONDO - THE FALL ..............................................................10 à 11 Federico GAMA - MAZAHUACHOLOSKATOPUNK ..........................12 à 13 Maya GODED - SANACION-CUERPO-TIERRA ..................................14 à 15
PRINTEMPS PHOTOGRAPHIQUE MEXIQUE 2018 - RESIST(E) II du vendredi 30 novembre 2018 au jeudi 31 janvier 2019. Certains lieux seront néanmoins fermés entre le 22/12/2018 et le 07/01/2019, en raisons des fêtes de fin d’année, veuillez appeler pour vérifier.
Lourdes GROBET EQUILIBRIO Y RESISTENCIA ......................................................16 à 17 Raul ORTEGA - CUBA : INTENSE ET MAGIQUE ...............................18 à 19 Javier RAMIREZ LIMON - LETTRES À PETRARQUE....................... ........20 à 21 Enrique METINIDES par Trisha ZIFF .......................................................22 à 23 Fatoumata DIABATÉ - MINI MONO .......................................................24 à 27
SÉMINAIRE À L’UNIVERSITÉ DE NÎMES Le vendredi 30 novembre 2018 à partir de 9h30 jusqu’à 16h30 À la Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Université de Nîmes, 1 rue du Dr Salan, Nîmes. Animé par Pia ELIZONDO, Javier RAMIREZ LIMON, Patrice LOUBON et Patricia MENDOZA. 14:30 Projection du film de Trisha ZIFF El Hombre Que Vio Demasiado (L’homme qui a trop vu), 89’, 2016.
FOTOLIMO 2018 .............................................................................................28 à 31 NEGPOS DANS LES QUARTIERS DES NOUVELLES DU MAS DE MINGUE ..........................................34 à 35 Daniela MONTECINOS - PEINTURES ET DESSINS............................... .36 à 39 DAZIBHAÏKUS - UN PROJET À LA MAISON D’ARRÊT DE NÎMES .....................40 à 41 Irène ATTINGER - SÉLECTION DE LIVRES ........................................42 à 43
JAVIER RAMIREZ LIMON + FEDERICO GAMA + PIA ELIZONDO Vernissage le vendredi 30 novembre 2018 à 12h30 Du jeudi 31 mai 2018 au samedi 21 juillet 2018. À la Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Université de Nîmes, 1 rue du Dr Salan, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 8h à 19h et le samedi de 9h à 12h30, tél : 04 66 36 45 40
RAUL ORTEGA + MAYA GODED Vernissage le vendredi 30 novembre 2018 à 19h À la galerie NEGPOS FOTOLOFT, 1, cours Némausus, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h, tél : 04 66 76 23 96
EQUIPE Direction artistique : Patrice Loubon
Formation impression 3D : Gauthier Quercia
Direction artistique Printemps photographique : Pia Elizondo
Graphisme : Vanessa Landeta
Régie technique : Nontsikelelo Veleko et Antonin Bost
Site web NegPos : Bruno Généré
DANTE BUSQUETS Visite accompagnée le samedi 1er décembre 2018 à 15h Au FABLAB NEGPOS, 34, promenade Newton, Nîmes Ouvert du lundi au vendredi de 14h à 18h et sur rdv au 06 71 08 08 16.
Crédit photo première de couverture : Federico GAMA au dos : Daniela MONTECINOS
© Pia ELIZONDO
La revue fotoloft est éditée par l’association NegPos qui bénéficie du soutien de :
1, COURS NEMAUSUS 30000 NÎMES - http://negpos.fr - contact@negpos.fr - T : 0466762396 - M : 0671080816
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#14
Agenda
Édito A
lors que les diverses situations, internationale, nationale et locale sont loin d’être rassurantes... Notre action culturelle et artistique est menacée comme jamais elle ne l’a été. La fin des emplois aidés, la réduction des financements publics qui fondent à l’oeil nu (réchauffement climatique oblige ?), rend absolument nécessaire notre devoir de résistance. Après avoir débuté la rentrée avec 2 manifestations marquantes : le festival FOTOLIMO (septembre 2018) et l’exposition monographique de Fatoumata DIABATÉ (oct-nov 2018), dont nous rendons compte dans ses pages, notre association poursuit courageusement sa mission et vous propose pour cette fin d’année, un feu d’artifice d’expositions, de films et de rencontres avec le meilleur de la photographie Mexicaine actuelle.
LOURDES GROBET Vernissage le lundi 3 décembre à 12h30 suivi d’une rencontre avec Lourdes GROBET autour de son dernier film. À l’Institut de Formation des Moniteurs Educateurs 2117, Chemin Bachas, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 8h à 18h tél : 04 66 68 99 60
Rive DIAZ BERNAL Vernissage le lundi 3 décembre à 18h30 Maison des Adolescents, 34ter rue Florian, Nîmes Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h tél : 04 66 05 23 46
Baptisé RESIST(E) II, cet événement donne suite à celui éponyme lancé l’an passé avec la photographie Sud-Africaine, durant le Printemps photographique que NegPos génère à présent depuis 13 éditions. Treize ans passés à amener aux publics de notre région et d’ailleurs, le meilleur de la photographie internationale et française émergente, treize ans à soulever des thématiques et des axes de réflexions qui font de la photographie à Nîmes l’un des éléments fondamentaux de son identité culturelle présente et future, treize ans dont deux à présents sans détours, résolument tournés vers la résistance à la médiocrité et à l’apathie intellectuelle. Le 30 novembre (à l’Université de Nîmes dans la journée et à la galerie NegPos Fotoloft en soirée), jour de l’inauguration du 13ème Printemps photographique Spécial Mexique, nous vous offrons l’occasion de découvrir des photographies et des histoires venues d’outreatlantique. Pas du grand empire étoilé, non. Largement méconnue en France, la photographie Mexicaine figure pourtant parmi l’une des plus riches et des plus dynamiques qui soit. Le séminaire animé par Pia Elizondo, Patricia Mendoza, Javier Ramirez Limon et moi-même vous permettra d’en savoir plus à ce sujet.
DAZIBHAÏKUS Exposition du mardi 2 avril au mardi 30 avril 2019 En partenariat avec le SPIP Gard/Lozère et la DRAC Occitanie. À la Médiathèque Carré d’Art, Place de la Maison Carrée, 30000 Nîmes. Ouvert du mardi au samedi, mardi, jeudi 10h-19h - Mercredi, vendredi, samedi 10h-18h, tél : 04 66 76 35 03
Daniela MONTECINOS CECI N’EST PAS UNE PHOTO Peintures et dessins
Du vendredi 8 février 2019 au vendredi 22 mars 2019 À la galerie NEGPOS FOTOLOFT, 1, cours Némausus, Nîmes. Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h, tél : 04 66 76 23 96
Ouvrant une nouvelle page dans sa programmation d’expositions, NegPos vous invite le 8 février 2019 à une rupture sémantique dans son habituelle perception du visible. Avec Ceci n’est pas une photo, notre espace ouvre « enfin » ses portes à la peinture et à l’art au sens large. Notre idée est de montrer le travail d’artistes qui introduisent dans leur oeuvre, un ou des lien.s à la photographie. La première d’entre elles se nomment Daniela MONTECINOS. Peintre et dessinatrice, sa pratique nous révèle beaucoup sur la relation que ses productions nouent avec la photographie, comme le note si finement Christian Skimao : « La photographie qui a toujours joué un grand rôle chez elle, lui sert de support visuel et mémoriel, elle nourrit son imaginaire de peintre grâce à ces clichés (...). » Comme vous le voyez, les métamorphoses sont constantes chez NegPos et nous sommes par ailleurs plus que jamais disposés à poursuivre cette mission d’éducation populaire qui nous a fondé. Ouverts à toutes les propositions d’interactions culturelles et aux médiations les plus expérimentales, nous vous attendons toujours plus nombreux, heureux et anxieux, pour contenter votre « goût de l’autre ».
Remerciements : L’association NegPos remercie particulièrement tou.te.s les bénévoles engagé.e.s auprès de nos actions ainsi que les personnes qui participent gracieusement à l’accueil des artistes.
Patrice Loubon
Président de l’association NegPos Directeur artistique Passages de l’image
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PRINTEMPS PHOTOGRAPHIQUE MEXIQUE 2018-RESIST(E) II PROJET SOUTENU PAR LE FONDS NATIONAL POUR LA CULTURE ET LES ARTS DU MEXIQUE Depuis 2007, NegPos propose et anime un ensemble d’expositions et d’activités photographiques dans le cadre du Printemps photographique. Celui-ci à l’origine positionné entre mai et juillet, existe aujourd’hui avec toujours plus d’intensité, de novembre à janvier de chaque année. Cette programmation se déroule dans les lieux gérés par l’association : la galerie NEGPOS-FOTOLOFT et le FAB LAB NEGPOS mais aussi à travers toute la ville dans plusieurs espaces institutionnels et éducatifs, partenaires réguliers de la manifestation : l’Université de Nîmes, la Maison des Adolescents du Gard et l’Institut de Formation des Moniteurs Educateurs. D’autre part, à travers un ancrage dans les quartiers populaires et périphériques de la ville de Nîmes, la mission socio-culturelle et éducative de notre association est au cœur de cet événement. Les expositions rayonnent localement auprès de publics nombreux et très différenciés en fonction des contextes.
Parmi les pays déjà invités figurent : le Maroc (2010), le Chili (2011) et l’Afrique du Sud (2017). Cette année, profitant d’une belle connivence, amicalement associés par cet événement, nous avons choisi le Mexique. D’une part, car nous travaillons ensemble depuis longtemps et aussi avec d’autres artistes Mexicains tels que Lourdes Grobet et Rive Diaz Bernal. D’autre part, car la photographie Mexicaine n’étant pas forcément bien connue dans sa pluralité et dans toute sa qualité en France, nous avons décidé d’en rendre compte de façon ample et diverse. Issu.e.s de diverses origines photographiques et d’esthétiques fort différentes : du reportage au conceptuel, du subjectif au documentaire, tous les courants sont balayés par le faisceau de notre sélection. Ainsi, les artistes invité.e.s sont Dante Busquets, Rive Diaz Bernal, Pia Elizondo, Federico Gama, Maya Goded, Lourdes Grobet, Raul Ortega et Javier Ramirez Limon ainsi que la spécialiste de l’histoire de la photographie au Mexique, Patricia Mendoza et la réalisatrice Trisha Ziff, Au programme bien sûr, des expositions, mais aussi un séminaire d’une journée et des projections de documents inédits en France.
Centré autour d’un groupe de photographes et/ou d’une thématique précise, le Printemps photographique a aussi permis de consolider des relations avec nos partenaires étrangers et de faire découvrir en France souvent pour la première fois, les photographes de plusieurs pays.
© Federico Gama
Pia ELIZONDO & Patrice LOUBON
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Patricia MENDOZA
Séminaire le vendredi 30 novembre 2018 à partir de 9h30 jusqu’à 16h30 à la Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Nîmes
HISTORIENNE SPÉCIALISTE DE LA PHOTOGRAPHIE MEXICAINE
© Lourdes Grobet
DANS UN MEXIQUE EN EFFERVESCENCE, DANS LEQUEL, DEPUIS SA NAISSANCE COMME NATION, LA PHOTOGRAPHIE EST UNE PART FONDAMENTALE DE SON HISTOIRE, CELLE-CI ACQUIERT AUJOURD’HUI, ENTRE LES MAINS DE LA SOCIÉTÉ, UNE DIMENSION DE MANIFESTE.
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Comme directrice du centre de l’Image elle crée et dirige le festival Fotoseptiembre dans ses premières émissions nationales et internationales (1993-2002). Elle co-fonde avec le groupe international de festivals, le Festival de la Luz, nom qui fut après repris par le festival de Buenos Aires. Elle fait revivre les Biennales Photographiques à México et réalise la Première Biennale Internationale en 1999. Fonde et dirige ZUL éditions. Elle dirige l’Institut d’Arts Graphiques du Maître Francisco Toledo et quelques autres espaces comme le Centro Fotografico Alvarez Bravo, dont elle est aussi fondatrice en 1996.
a variété et la richesse de l’image contem poraine en territoire mexicain est un océan divers en profondeur, mouvement et manifestation. Nous essaierons de naviguer et construire une cartographie de ce qui agite ces eaux.
Patricia Mendoza a fait des études d’Histoire de l’Art à l’Université Ibé roaméricaine, Institution dans laquelle elle fut professeur aussi bien qu’à la UNAM, ENCRYM et à l’INAH. Elle réalise la coordination du Second Colloque Latinoaméricain de Photographie, le Forum d’Art Contemporain et les Rencontres d’Arts Plastiques et Identité en Amérique Latine. Elle coordonne et fonde le Foro de Arte Michoacano et Los talleres à Coyoacan. Elle travaille à La Coordination de Danse et fonde et coordine Arte Actual dans la même institution. Elle fonde avec Pablo Ortiz Monasterio le Centre de l’Image à la Mexico.
Elle a participé comme jury dans des manifestations telles que Hasselblad (Suède), Mother Jones et Black Crows (USA) PhotoVision (Barcelona) FONCA (Mexique). Elle a réalisé plusieurs conférences et lectures de portfolios à la Triennale d’Odense, Arles, Buenos Aires, Sao Paolo, Rio de Janeiro, Bogota, Ping Yao, Photoespaña, Primavera de Barcelona, Mois de la Photo et Parisphoto, entre autres.
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Dante BUSQUETS
Visite accompagnée le samedi 1er décembre 2018 à 15h au FABLAB NEGPOS, Nîmes
SATELUCO
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indéfinie pour beaucoup de ses habi tants. Avec ce projet, Dante Busquets cherche à réaliser le portrait universel de la classe moyenne de la banlieue, en se basant sur l’observation et l’analyse du territoire que l’architecte Mario Pani a pensé et conçu, pour être la banlieue idéale de la capitale mexicaine.
ateluco se penche sur l’environnement urbain et les différents processus de transformation du contexte dans l’imagination juvénile de l’auteur. Pendant les années quatre-vingt est aménagée « Satélite » ; une zone de la banlieue nord de Mexico, connue sous son nom générique, et qui reste
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BIO Mexique D.F., 1969. Il a fait des études de photographie au San Francisco Art Institute, aux États-Unis. Il termine sa carrière tech nique avec le E.A.F. (Mexico). Il a participé à des ateliers de Susan Meiselas, Abbas, Joseph Rodríguez, Cristian Caujolle, Heidi Speaker et Gerhard Steidl. Son travail a été publié dans des livres, revues et magazines nationaux et internationaux. Il a exposé individuellement et participé à plus de 25 expositions collectives au Mexique et au étranger. Son projet Diario DeAntes a obtenu la bourse Jeunes Créateurs du FONCA (2000). Il est sélectionné dans plusiers éditions de la Biennale de Photographie, et a reçu une mention honorable en 1997 et l’Acquisition Award en 2006 pour son projet Sateluco. Il a également reçu la Bourse « Descubrimientos PHE México DF » du Festival PHE ‘09, et le festival Leica Scholarship FotoFest à Houston, États-Unis, 2008. Nommé Créateur artistique de l’édition 2011 du système national de Créateurs d’Art de FONCA, Mexique, avec son projet Falsa Memoria, basé sur le livre « Les veines ouvertes de l’Amérique latine » d’Eduardo Galeano. http://dante-busquets.net
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Rive DIAZ BERNAL
Vernissage le lundi 3 décembre à 18h30 à la Maison des Adolescents, Nîmes
BACK TIME
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ack Time est une série de photos documentaires qui se réfère au jeu de mots entre « remonter le temps » et « dos ». Elle a été réalisée dans les festivals de Heavy Metal en France, en Espagne, au Mexique et en Allemagne. A partir d’un point de vue anthropologique et artistique, l’auteur enquête sur les éléments qui constituent l’identité de ce genre musical. Depuis les années 70, le Heavy Metal, a vu s’ établir plus de 25 sous-genres, divisés par styles, idéologies, nationalités et esthétique. Une coutume répandue, est l’affichage sur le dos (back) des écussons, symboles, icônes ou phrases de vos groupes favoris, également sur les T-shirts et même parfois sur la peau avec des tatouages. A travers l’enregistrement photographico-ethnogra phique, Diaz Bernal produit une comparaison entre cette exaltation de l’identité et l’appartenance à un groupe social, dans ce cas à un courant musical et ses différents clans, tribus, hordes,
confréries, ordres reli gieux ou loges, présent à travers le monde et à travers l’histoire. La façon de décorer le dos et les corps, abou tissent à des compositions esthétiques intéressantes, certains parfaitement délimités et donnent à voir très clairement le sous-genre et l’idéologie à laquelle ils appartiennent. Cette coutume développée par les headban gers (fans de heavy metal), peut-être l’une des dernières survivances des rituels totémiques, qui prennent des éléments de folklore et des traditions ancestrales européennes. Cette série photographique adopte une certaine qualité ethnographique, où la sélection de centaines d’images collectées dans 5 festivals internationaux, de 2010 à 2016, qui ont été structurées et regroupées par thèmes, cherchant à produire une interprétation visuelle des éléments typiques et caractéristiques présents dans ces événements de groupes sociaux.
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BIO Il a étudié un diplôme en anthropologie sociale à l’Université Autonome de l’État de Mexique de 1994 à 1999. Par la suite, il s’est formé dans le domaine des arts, ateliers de disciplines telles que l’art vidéo, la production cinématographique, la performance, la photographie et la théorie de l’art contemporain, au Mexique et en Espagne entre 2001 et 2010 institutions telles que le Centre de l’Image, le Laboratoire d’Art d’Alameda, le Centre Arts, Musée Universitaire de Chopo UNAM, Centre Universitaire d’Etudes Cinématographique UNAM et Casa Encendida à Madrid en Espagne, pour n’en nommer que quelquesuns. Il a eu comme professeurs Lorena Wolffer, Mónica Mayer, Pancho López, Ximena Cuevas, Naief Yehya et Montserrat Soto. En 2003, il s’installe en France et en Espagne pour une période de 10 ans, où il concentre son travail sur la relation entre l’objet et la photographie, montrant son travail dans des expositions individuelles (Allemagne, France, Espagne). Plus tard en 2013, il retourne au Mexique, où il travaille et vit actuellement. De 2002 à 2006 il a produit plusieurs performances, des vidéo-actions
et des oeuvres d’art vidéo qu’il a pu présenter dans diverses expositions et festivals comme la XVè Exposition Internationale de Performance d’ExTeresa Arte Actual au CDMX, le Festival Photo España 06 avec l’exposition NTSC-MEX-PAL à l’Institut du Mexique (Espagne), au Festival international de la performance de BCN eBent 03 à Barcelone et VIè exposition internationale d’Art Action Containers 04 à Séville, en Espagne, pour nommer certains. Depuis 2010, il est représenté par la galerie NEGPOS (Nîmes, France). Son travail est basé sur la performance, l’art vidéo, la photographie, l’installation et le détournement d’objets. Il fait une critique subtile, mêlée d’ironie sur diverses questions telles que l’identité, la migration et notre relation à la technologie. Prix : Bourse d’études PECDA du Fonds spécial pour la culture et les arts de l’État de Mexico FOCAEM, 2015 Publications : Sans limites-Art contemporain à Mexico 2000-2010, Ed. Cubo Blanco, Mexique, 2014. https://www.rivediazbernal.com
Pia ELIZONDO
Vernissage le vendredi 30 novembre 2018 à 12h30 à la Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Nîmes
THE FALL
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ujourd’hui, l’appréhension des événements a cessé d’être directe et personnelle. Fondamentalement, notre expérience de l’action du monde est médiatisée, différée et fragmentée. Cette perception décalée est précisément le point de départ de Pía Elizondo dans sa série photographique sur Alep, une ville qui non seulement est le symbole de la guerre civile en Syrie, mais aussi la cible d’intérêts internationaux dans cette région du Moyen-Orient. Des vidéos de la bataille d’Alep transmises en janvier 2017 par la télévision et les réseaux de médias français, Elizondo extrait un ensemble d’instants fixes. Sa sélection répond à un besoin plus instinctif et subjectif que rationnel. Et sa logique de montage, à un ordre historique qui vient de l’affection personnelle avant le sentiment social transindividuel.
Nous ne sommes pas face à un montage de fragments épars et hétérogènes, mais face à un ensemble d’images jumelées par la même texture sensible, celle du noir et blanc et du vignettage dans le cadrage. Nous associons les images arrondies et concaves d’Elizondo à un tunnel, ou à l’ancien cadre sombre de la télévision analogique, ou encore au canon d’une arme. Mais surtout, ses images renvoient à l’intérieur de la chambre noire, un dispositif qui, comme le suggère Jean-Louis Déotte, fonctionne de manière immersive et affective. N’est-ce pas ce que cette série de Pía Elizondo nous demande, d’expérimenter l’image de l’intérieur, en tant qu’événement interne, affectif et compassionnel, plus que de l’extérieur, à partir de l’imaginaire médiatique ? Laura GONZALEZ
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BIO Ville de Mexico, 1963. Pía Elizondo est une photographe Franco-Mexicaine résidant à Paris depuis presque 15 ans. Son travail, sombre et poétique, a été exposé en Europe (Espagne, France, Norvège, Suisse, Angleterre), aux USA et en Amérique Latine. Elle utilise surtout le noir et blanc pour un travail personnel essentiellement centré sur la mémoire, et l’a-temporalité. Elle a reçu depuis 2003 plusieurs aides à la création de la part du Ministère de la Culture du Méxique pour la pro duction de projets personnels qui ont tous été exposés et publiés et parmi lesquels les plus importants sont “Los pasos de la memoria”, “Entre deux”, “Songe d’oubli”, The fall”. Le projet The Fall a été exposé en novembre 2017 à l’Institut Culturel du Mexique à Paris. Tous ces projets ont vu la lumière en tant que livres d’artiste, ou auto-édités. Depuis 2007, elle collabore dans de divers projets avec la Galerie Neg-Pos. En 2012 elle obtient le master par L’ENSP de Arles et depuis elle est maître de stage sur la formation continue à l’ENSP Louis Lumière de Paris. Son travail est distribué par l’agence VU. Elle a été boursée par quatre fois par le Sistema Nacional de Creadores à Mexico pour le développement de projets personnels qui ont donné vie à plusieurs livres dont la plupart auto-édités : « Los pasos de la memoria », « Songe d’oubli », « The devil’s playground », « De la possibilité du désir », « The fall ». Son travail peut être consulté sur les sites suivants : www.piaelizondo.com www.boxgalerie.be www.agencevu.com www.negpos.fr www.lensculture.com
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Federico GAMA
Vernissage le vendredi 30 novembre 2018 à 12h30 à la Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Nîmes
MAZAHUACHOLOSKATOPUNK
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azahuacholoskatopunk ouvre un débat de société sur la façon dont sont compris « les indigènes », les peuples indigènes, quelque chose qui n’est définitivement pas résolu dans les pays qui ont été colonisés et où les voix des indigènes ont été réduites au silence comme au Mexique. Aujourd’hui, les peuples autochtones cherchent à se fondre dans les grandes villes pour passer inaperçus, être des gens invisibles et ordinaires, parce que se distinguer, parler leur langue et porter leurs vêtements traditionnels dans les villes n’a de sens que pour se faire remarquer et faire haïr leur origine.
Dans ce projet, l’auteur montre comment les vêtements sont devenus les moyens d’expression des migrants d’origine indigène et rurale à la conquête de Mexico. Comment la recherche d’un look contre-culturel (cho los, skatos et punks) donne à ce groupe historiquement marginalisé et discriminé la sécurité nécessaire pour se sentir partie intégrante du contexte urbain. Suivant le fil de cette idée, l’auteur pratique le portrait dans le style de la photographie des défilés de mode et documente ainsi la façon de s’habiller, le langage corporel et la personnalité de cette nouvelle culture de la jeunesse urbaine hybride et métisse, à la mexicaine.
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BIO Ville de Mexico, 1963. Son travail s’est concentré ces 25 dernières années sur trois thèmes spécifiques : l’habillement en tant que forme d’expression, l’identité et les migrations culturelles. Des sujets qui lui ont permis d’aborder des concepts et des problèmes tels que la discrimination, le racisme, la violence, la religion, le crime et la masculinité. Il a été membre du Système National des Créateurs d’Art dans les périodes 2015-2018 et 2010-2013. Lauréat de la Xè Biennale de la Photographie et du prix spécial du public en 2002. En 1998, il a obtenu la première place à la Biennale de Photographie de Porto Rico. En 1999, le Prix national du journalisme culturel, Fernando Benítez décerné par la Foire internationale du livre. En 2009, il est finaliste du Grange Prize Art Gallery of Ontario (AGO) à Toronto, Canada. En 2009, il a remporté le prix National Faces of Discrimination dans la catégorie Television Report. En 1997, il était Fellow des Jeunes Créateurs du FONCA. Son travail fait partie de diverses collections privées, dans des musées et des galeries. Il a été jury dans différents concours de photographie et il a donné des cours et des conférences dans des universités telles que Stanford, UNAM, UAEM, UAM, ITESM, UCM ainsi que dans des écoles spécialis ées. Il est l’auteur des livres Historias en la piel (Arts du Mexique 2011) ; Mazahuacholoskatopunk (IMJUVE, 2009) et co-auteur de livres Jovenes y espacio publico (Edicions Bellaterra, Barcelone, Espagne 2012.) D. Mexique F. Then And Now (Salamandres Books, London, England 2009.) ; Jóvenes, cultura e identidades urbanas (Porrúa-UAM Iztapalapa, 2002) ; Cholos a la Neza, otra identidad de la migración (IMJuve, 2008), Tinta y Carne (Cultura Contracultura, 2009) y Mig ración procesos productivos,
identidad y estigmas sociales (UAEM/Juan Pablos Editores, 2010). Il travaille actuellement en tant que photographe indépendant. Jusqu’à présent, il a participé à 37 expositions individuelles et 67 expositions collectives au Mexique, en Argentine, en Colombie, au Guatemala, au Brésil, en Allemagne, en Autriche, en Chine, aux États-Unis, au Canada, en Espagne, au Portugal, en Irlande et en Belgique. http://www.federicogama.com.mx
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Maya GODED
Vernissage le vendredi 30 novembre 2018 à 19h à la galerie NEGPOS FOTOLOFT, Nîmes
SANACION-CUERPO-TIERRA
La guérison La pièce est plongée dans le noir. Au sol, un matelas et une petite table sur laquelle se trouve un autel avec l’archange Gabriel, un verre d’eau, un encensoir, des fleurs et les petits enfants (champignons). Frigida, une femme Mazatèque âgée de 40 ans, compte les champignons deux par deux et nous en donne 3 paires chacun ; elle mange aussi. Frigida, assise sur le bord de la chaise, s’approche le plus près possible de l’archange Gabriel et, comme pour lui murmurer quelque chose, commence à chanter en Mazatec à propos des montagnes, des rivières, s’insinuent peu à peu des phrases en espagnol qui font référenceà Jésus-Christ, au pardon, à notre culpabilité et au salut. La pièce s’assombrit, s’assombrit, ma respiration devient lourde, je sens une oppression dans mon cœur, je ne comprends pas ce que c’est. Anxiété ? Tristesse ? Violence ? Je vois Frigida concentrée, immergée dans ses chants, ses prières, elle commence à nager un
instant au milieu de toutes ces ténèbres. Je sens mon grand cœur, rouge, battre, il commence à se remplir de différents sentiments déconnectés, ils ne sont pas à moi, mais à différentes personnes. Tous les sentiments se rejoignent et font partie des fondations de la pièce, du plafond, de l’air, de la noirceur de la chambre. Je comprends que là où il y a guérison, ce sont des endroits sombres qui ont grand besoin d’être guéris, c’est pourquoi les guérisseurs doivent naviguer pour pouvoir guérir leur peuple. À l’intérieur de cette noirceur, sur le toit, une fissure s’ouvre à travers laquelle sont projetés des rayons lumineux. Maintenant, Frigida nage à travers cette masse noire. Au fur et à mesure qu’elle nage, elle dénoue des liens d’émotions le long de son parcours. Ma respiration est allégée, je comprends que c’est le mystère de la guérison, de l’esprit du champignon. Dès que je reprend raison, la lumière s’estompe, elle s’éteint. Si j’accepte, cela devient plus grand, ça se ravive.
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La lutte J’ai aidé à fonder certaines organisations de femmes pour trouver des ressources et j’étais celle qui parlait le plus l’espagnol et qui avait le plus de caractère. Toutes les femmes cherchaient que je sois un intermédiaire, que je participe aux assemblées en tant que leur représentant dans la municipalité. C’était quand ils m’ont passé le témoin. Les vieux le donnent, les chulcales, l’autorité traditionnelle. Avoir la canne signifie autorité pour la vie et parler avec la canne. Je l’ai rêvé avant qu’on me le donne. Ils nous ont amené un jour dans la brousse, un groupe de 5 femmes. Ils ont commencé à tirer des balles, à lancer des roquettes - c’était là dans la ville - ils m’ont frappé et ils ont pointé le fusil sur ma poitrine, ils m’ont donné des coups de pied et nous ont frappé avec un bâton. Quand je n’ai plus ressenti la douleur, je me suis évanoui. Les gens ont dit qu’ils nous avaient violés, mais ce n’est pas vrai, Dieu nous a soutenus et ils ne nous ont rien fait, ni à ma fille. Ils nous ont dit qu’ils ne voulaient pas que les femmes représentent l’autorité. Les hommes ne veulent pas que les femmes utilisent l’argent, ni qu’elles accèdent au pouvoir. Quand je suis né, mon père s’est rendu compte que je n’étais pas comme les autres et m’a couvert d’une couverture blanche, je viens d’une famille de guérisseurs. Je suis une intermédiaire, j’intercède, j’ai une grande foi, le don d’approcher Dieu, cela se produit souvent dans mes rêves, avant ou après la guérison. Parler avec Dieu, me fait sentir qu’il m’écoute, et il me donne la solution de ce que je demande, mes prières passent. Il m’utilise comme un instrument quand il guérit. Je suis heureux de savoir comment prier et guérir. Les femmes ne peuvent pas montrer qu’elles sont des guérisseuses. Ils pensent que nous allons faire le mal. Si quelqu’un pense que vous lui avez fait quelque chose, il peut même vous tuer.
Divinités forestières Quand j’étais petit, j’ai bu de l’eau sans produire le rituel nécessaire, j’ai fait du bruit, puis les divinités se sont émues et ont piégé mon esprit. Après cela, je ne voulais plus manger, je ne dormais pas, j’étais très pâle, j’étais triste. Ma famille était inquiète alors ils m’ont emmené chez le médecin, mais cela ne m’a pas guéri. Auparavant, de nombreux guérisseurs venaient d’un endroit appelé San Lucas. Il y en avait de très bons qui portaient des huaraches, vêtus de couvertures blanches et avec un petit sac rempli de choses. C’est alors que ma grandmère est venue avec un homme à la maison. Pour la guérison, il avait besoin d’un poulet vierge, de la plante nommée « rue », de cacao et d’herbes qui sentent fort. Le guérisseur ôta son chapeau, étendit son couvrelit et me nettoya pendant qu’il chantait à Mazatec, puis il tua le poulet et me donna à boire le sang d’une gourde et me donna à manger le cœur brisé. « Cette poule est seulement pour l’enfant », a-t-il dit à mes parents, « seul l’enfant peut manger la viande du poulet. » Puis il est revenu après 15 jours et je me sentais déjà mieux. Le guérisseur a dit que mon esprit avait été volé et que j’étais allé le récupérer avec des chants, des rituels et que je devais parler beaucoup avec la divinité de la femme de montagne, pour que mon esprit revienne. Je me souviens encore du guérisseur, il avait les sourcils du diable, une bouche énorme et quand il mangeait, il attrapait la nourriture avec ses mains sans ongles, comme de grosses griffes, comme celles des aigles, et il portait des guaraches (sandales typique du paysan mexicain) d’où ses doigts de pieds qui ressemblaient à ceux d’un ogre,sortaient. Ma famille l’a payé avec des poules.
BIO Ville de Mexico, 1967. A travers sa photographie, et maintenant ses films, Maya Goded aborde les questions de la sexualité féminine, de la prostitution et de la violence de genre dans une société où la définition du rôle des femmes est extrêmement étroite et la féminité est entourée des mythes de la chasteté, de la fragilité et de la maternité. Actuellement, elle mène un projet de recherche sur les communautés chamaniques des Amériques, de l’Alaska à la Terre de Feu, abordant ses aspects psychologiques, émotionnels, matériels et spirituels, et explorant sa relation avec la nature. Ses photographies ont été exposées aux États-Unis, en Amérique latine, en Europe, en Chine et en Afrique. Son travail a fait l’objet d’expositions individuelles dans les plus prestigieux musées et événements photographiques, et elle a reçu des prix, des bourses et des reconnaissances importantes dans différentes parties du monde, telles que : Mother Jones Fund (San Francisco) ; Eugene Smith Award et J. Simon Guggenheim (tous deux à New York) ; Prix Prince Claus Fund, (Amsterdam) et la bourse du Système national des créateurs d’art (Mexico) à quatre reprises. La Plaza de la Soledad, son premier long documentaire, a été présenté
en première internationale au Sundance Film Festival et a reçu plusieurs prix, dont : le Prix spécial du jury du nouveau Festival du film ibéroaméricain (La Havane) ; le prix du meilleur réalisateur au Cinema Tropical Festival (New York) et le prix du meilleur documentaire au Festival international du film de Guanajuato (Mexique). Le travail de Goded véhicule une sensation inhabituelle d’intimité et d’authenticité, résultat de la confiance qu’elle établie au fil des ans avec les personnes représentées. Cette synchronie, si évidente dans le langage des corps captés par son objectif, est ce qui suscite l’empathie du spectateur. Elle n’a pas peur de dépeindre des personnes dans des situations difficiles, que ce soit les plus courageux dont le refus de se soumettre, constitue une menace pour les normes établies, ou les plus vulnérables dont les vies sont perturbées par les concepts de pouvoir et de contrôle. Son regard pénétrant, sa remise en cause constante des idées préconçues, son effort pour révéler des réalités inconnues, son talent pour célébrer l’altérité et un humanisme qui transcende les barrières sociales, l’ont porté vers de nombreuses récompenses et une solide reconnaissance internationales. http://mayagoded.net/site/
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Lourdes GROBET
Vernissage le lundi 3 décembre à 12h30 à l’Institut de Formation des Moniteurs Educateurs, Nîmes
ÉQUILIBRE ET RÉSISTANCE - DÉTROIT DE BÉRING
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ace à un ordinateur, les distances sont aujourd’hui redéfinies. Qui est proche et qui est loin, quand le senti ment d’appartenance est défini par les espaces virtuels ? La possibilité de transcender la proximité physique par des moyens technologiques nous oblige à une réflexion constante sur la manière dont la conscience de notre propre place sur la planète est actuellement redessinée. Les identités sont construites au-delà des frontières ethniques et de la souveraineté nationale. La possibilité de se déplacer à la fois physiquement et virtuellement à travers la planète nous fait penser à la façon dont l’esprit nomade a fait se déplacer les premiers groupes humains à la recherche de nouveaux espaces. Au coeur d’un panorama dominé par le cyberespace, le cas de la colonisation de l’Amérique à travers la migration massive
de groupes humains venus d’Asie semble être le point de départ du débat idéologique. Or, il n’est pas seulement possible d’avoir aujourd’hui des preuves archéologiques qui affaiblissent cette hypothèse, mais elles nous forcent également à déconstruire les limites conceptuelles de l’idée de « colonisation ». Bien que la « colonisation » puisse se référer exclusivement aux structures de la domination politique, il est également important de la comprendre comme une dynamique de reformulation des espaces sociaux grâce à la migration et à l’interaction des différents groupes humains. En écrivant cela, nous ne souhaitons pas nier la violence qui a accompagné l’imposition de schémas politiques de domination, mais évoquer l’esprit des premiers groupes nomades pour souligner la manière dont l’espace virtuel redéfinit la mobilité des êtres humains à l’heure actuelle.
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BIO Mexico, 1940, Lourdes GROBET a étudié les arts plastiques à l’Université Iberoamericana, le design graphique et la photogra phie au Cardiff College of Art et au Derby College for Higher Education, au Royaume-Uni. Elle a participé à plus de cent expositions individuelles et collectives dans des centres tels le MoMA de New York et le MoMA de San Francisco. Elle a produit un très important travail autour de la Lucha Libre mexicaine qui fait référence et qui a été présenté en 2007 durant Foto España (Madrid) et au Pavillon Populaire (Montpellier) au printemps 2008.
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Elle a actuellement recours aux nouvelles techno l ogies comme outil pour mettre en valeur la théâtralité des scènes populaires. Ses clichés ont été publiés dans des ouvrages tels : Se escoge el tiempo (On choisit le temps) (1983), Luciérnagas (Lucioles) (1984), Bodas de Sangre (Noces de sang) (1987) et Lourdes Grobet (2004). http://www.lourdesgrobet.com http://www.thebottle.com.mx
Raul ORTEGA
Vernissage le vendredi 30 novembre 2018 à 19h à la galerie NEGPOS FOTOLOFT, Nîmes
CUBA : INTENSE ET MAGIQUE
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Au long d’une recherche approfondie, entreprise sur le terrain depuis plus de huit ans, Ortega a plongé dans le plus profond de la spiritualité cubaine, et cette exposition nous montre de précieux fragments du grand univers religieux capturé par sa lentille. En sa qualité d’observateur attentif des cultures indigènes, il décloisonne son regard pour réaffirmer son amour pour la photo, révélant de façon spectaculaire certains mystères du temps, de l’espace, de la lumière, de l’ombre et l’environnement de ces croyances. Il nous initie à un Cuba caché, spirituel et magique, où ses personnages expriment la douleur et le désespoir, mais où se perçoit dans leur foi, consolation et espoir. Il est important de noter la « naturalité » du photo graphe qui à partir de visages humains, d’animaux et d’objets saisis dans leur environnement, parvient à intégrer de façon cohérente les idées et les codes religieux. Ainsi le spectateur pénètre les différentes lectures symboliques de chaque composition. La raison est gardée face à ce monde intérieur d’où émerge un cri de désespoir face à l’indolence, implorant le respect, accla mant l’attention, l’amour et la vie. Ses images sont un « cri graphique » qui touche la fibre la plus sensible du spectateur qui parvient à déchiffrer son travail.
ar Natalia Bolívar Aróstegui. Dans les premières décennies du XVIe siècle, les navires négriers transportaient des esclaves, non seulement des hommes, des femmes et des enfants, mais aussi des dieux et des croyances. L’esclave africain déplacé, a abrité et ravivé son Afrique natale et l’a imbriqué dans tous les pays américains qui ont reçu ces cargaisons humaines asservies. Ces religions d’origine africaine ont été transmises oralement de génération en génération et avec elles des habitudes, des coutumes, des rites, des repas, des danses et de la musique, profondément enracinés dans l’âme cubaine. Ces croyances ont véhiculé une spiritualité d’une grande richesse d’où est sorti un code éthique qui conditionne les comportements actuels, les valeurs telles que la solidarité, le respect de l’environnement, la connaissance de la culture ancienne, l’amour de la famille, le sens de l’indépendance, entre autres. Cette Cuba intense et magique a ensorcelé le pho tographe Raul Ortega, qui avec son regard a réussi à capturer la grande harmonie du mystère, qui associe les races, les rythmes, les expressions, les gestes et les concepts, rarement entrevus par l’étranger au cours de son voyage à travers le pays.
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BIO Mexico, 1963. Raúl Ortega a étudié la photographie à l’école « Casa de las Imágenes » du District fédéral. Il a été photographe pour le journal La Jornada de 1986 à 2000 et, dans le même journal, coordinateur et éditeur du supplément photo. Il a collaboré avec les agences internationales Reuters, AP et AFP. Son travail de photographe a été reconnu par la National Association of Graphic Reporters en 1987 ; à la première Biennale de photojournalisme avec le Prix Spécial du Jury et mention honorable dans le domaine des Personnages en 1994 ; à la VIe Biennale de photographie en arts visuels avec le Prix du public et mention honorable en 1996 ; à la troisième Biennale du photojournalisme avec le Prix de la vie individuelle en 1999 ; à la IV Biennale du photojournalisme avec les prix individuels de photojournalisme et le prix du public en 2001 ; obtenu la troisième place au XXIe concours de photographie anthropologique en 2001 ; le grand prix du 11 Festival international de documentation « Santiago Álvarez » en 2010 ; Il a gagné une mention honorable au 4ème. Biennale de photographie du Chiapas, Mexique, en 2010 et la première place du concours « Le portrait comme identité du Cuba d’aujourd’hui » à La Havane, Cuba, en 2010. Il a environ soixante-dix expositions portant sur les individus et les groupes à la fois au Mexique et à l’étranger. Parmi eux : 150 ans de photographie au Mexique (Museum of Modern Art, Mexico, 1989) ; L’avenir aujourd’hui (Museo Mural Diego Rivera, Mexico, 1990) ; Au-delà de l’information (Museo Mural Diego Rivera, Mexico, 1993) ; VI Biennale de photographie (Centro de la Imagen, Mexico, 1994) ; Exposition photographique latino-américaine (Centro de la Imagen, Mexico, 1995 et 1997) ; Histoires de la ville, Pabellón Cero (Université de Baja California, 1997), Xiapas : L’indegenisme en marxa (Université de Valence et quinze villes valenciennes, Valence,
Espagne 2000-2001) ; Photographes mexicains (Houston Center Photography, 2002) ; Abc-DF (Mexique House Gallery, Paris, 2002) et d’autres pays comme l’Allemagne, la Belgique, la Hollande, l’Italie, la France, l’Espagne, États-Unis, la Chine et le Bangladesh. Son travail fait partie des collections de Bill Wittliff, à Southwest Texas State University ; de Carlos Monsiváis, dans la ville de Mexico ; du Centre de l’Image, Mexico et de la Photothèque Nationale de Cuba. Ses images ont été publiées dans de nombreux journaux et magazines au Mexique, ainsi qu’à l’étranger et dans des livres: les Mexicains se peignent, 1990 ; La photographie de presse au Mexique ; 40 photographes de presse, 1992 ; Chiapas, le soulèvement, 1994. Il est l’auteur des livres : Pavilion Cero, De fiesta et Cartagena, semaine de la passion. Et il a collaboré à environ 40 livres de photographie et / ou d’oeuvres littéraires. Il a participé en tant que jury au concours de photogra phie organisé par l’Université du cloître de Sor Juana, à Mexico en l’an 1996 ; dans la V Biennale d’Art en Basse-Californie, organisé par le UABC, l’année 1998, les subventions du jury aux jeunes artistes organisés par le FONCA (FNCA), 2017 et est membre du Conseil consultatif de la Biennale nationale de photojournalisme depuis 1998. Il a donné des cours, des conférences et des ateliers sur la photographie. Son travail à l’Université nationale autonome du Mexique, Tecnológico de Monterrey (Mexique Campus City), l’Université Veracruzana, Universidad Iberoamericana, Université de Valence, Université Cardenal Herrera, CEU, Valence, Espagne, et dans le Centre de l’image à Mexico. Actuellement, il est photographe indépendant. Il colla bore à des publications au Mexique et à l’étranger, mais réalise principalement des projets personnels à long terme.
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Javier RAMIREZ LIMON
Vernissage le vendredi 30 novembre 2018 à 12h30 à la Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Nîmes
LETTRES À PETRARQUE
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e 26 Avril 1336, François Pétrarque fait une ascension au Mont ventoux et écrit une lettre à son ami Dionigi da Borgo dans laquelle il raconte les détails de ce parc ours (Familiales, IV, 1). Mais Pétrarque a-t-il vraiment ascendu le Mont Vnetoux ? Vrai ou faux, la lettre déploie une dérive intertextuelle qui révèle une fragmentation du propre « Francesco », personnage même du récit de l’ascension. Dans « Lettres à Pétrarque », Javier Ramirez Limón à luimême écrit deux lettres qui racontent l’ascension au Cerro de la Campana, comme à fait Pétrarque 682 années auparavant après son ascension au Mont Ventoux. La surprise face à la singularité du paysage et de l’atmos phère est manifeste autant dans la lettre de Pétrarque que dans celles de Ramirez Limón. Ce travail, qui inclut des photographies, des vidéos, des lettres, des objets et un cahier, fait allusion à l’experience de notre entourage et à ses potentialités allégoriques.
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BIO Javier Ramírez Limón a exposé son travail en Alle magne, en Autriche, aux États-Unis, en Pologne, au Mexique et dans plusieurs pays d’Amérique latine. En 2009, il a obtenu le « Start up Award » décerné par le MACSD (Museum of Contemporary Art de San Diego) à un artiste exceptionnel de la région frontalière entre les ÉtatsUnis et le Mexique. Avec ce motif, il expose au MACSD : Mexican Quinceañera et From Altar to Sasabe. Expositions principales : exposition de photographie la tinoaméricaine, Mexico, 1996 ; Fotofest, Houston, 1998 ; Open Encounters of Photography, Buenos Aires, 2000 ; Fluss, Vienne, 2000 ; Visions : Photographie mexicaine contemporaine, New York, 2001 ; Dans cet endroit, New York, 2004 ; Viva Mexico, Varsovie, 2007 ; Laberinto de miradas, Mexico, 2008 ; Proyecto Cívico, Tijuana, 2008 ; Visions du Mexique, Valence, 2008 ; Subvision Kunst Festival Off, Hambourg, 2009 ; Livre d’artiste, Mexico ; Layer Cake, Chicago, 2009 ; Le paysage, la pièce, la personne, Managua, 2010 ; Tara, Hermosillo, 2012, Après Álvarez Bravo, Madrid, 2013 ; Projections avec Norte, Mexico, 2013 ; Future Timeline / Cronología Futura, Tijuana, 2015 ; Salon Acme, Mexico, 2016. En tant qu’éducateur, il a créé en 2011 le Programme de Photographie Contemporaine, PFC, un modèle éducatif qui est mis en oeuvre à Monterrey, NL, Conseil pour la Culture et les Arts de Nuevo León, 20112014, Pachuca, Hgo., Centre pour les Arts, 2013 -2014, Gymnase Art et Culture de Mexico, 2013 et Hermosillo, Son., Institut Sonoran de la Culture, 2014. En 2017, il a remporté le Prix de la Fondation BBVA Bancomer pour développer un Master de PFC dans la ville de Tijuana. En 2014, il a créé la Biennale nationale du paysage et en 2015 le Programme d’art contemporain, tous deux mis en oeuvre par l’Institut culturel de Sonoran.
Avec Sergio de la Torre, il présente le projet Existe lo que tiene nombre. La photographie contemporaine au Mexique, au San Francisco Camerawork CA, au Musée ASU à Phoenix, AZ et au Midwestern Unversity à Wichita Falls, TX, avec le soutien de la Fondation Andy Warhol pour les arts visuels, 2015-2016. Ramirez Limón a été responsable de 1998 à 2002 dans la Coordination éducative du Centre de l’Image à Mexico. En 2000 il développe un programme d’enseignement photographique dans l’Escuela-Albergue Tribu pápago dans la communauté de Duitovac, dans l’état de Sonora. De 2007 à 2009 il a eu à sa charge le Programme de professionalisation Artistique du Centre Culturel Tijuana. Il collabore avec Photoespaña et a été responsable de la Tierney fellowship pour le nord du mexique. Il a été jury du Programme BBVA-Museo de Arte Carrillo Gil Arte actual en 2014 et du Festival International de l’Image FINI et de la Biennale Miradas en 2016. Il a collaboré avec le Museo de Arte de Sonora en tant que commissaire dans diverses expositions comme Quantum Machine de Fernando Rascón et Dialogo con Bolaño de Allen Frame et Pez Banana, en 2014. L’oeuvre de ramirez Limón fait partie de la collection du MACSD, de la Collection de Photographie Contemporaine du Musée d’Art Moderne de Rio de janeiro, de la Collection d’Art du Musée Carrillo Gil et des archives photographiques de La Fondation Culturelle Televisa, du Musée d’Art de Sonora et de l’Institut Sonorense de Cultura. Il fait partie actuellement du Sistema Nacional de Creadores de Arte, Fonca, 2016-2019.
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L’homme qui a trop vu de Trisha ZIFF UN FILM SUR ENRIQUE METINIDES
le photographe Mexicain, Enrique Metinides
Notes de Trisha ZIFF
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l Hombre Que Vio Demasiado (L’homme qui a trop vu) aborde le travail « culte » du photographe mexicain Enrique Metinides qui a maintenant plus de quatre-vingts ans. À travers ses photographies, nous décou vrons une culture du sensationnalisme, qui est un fait Mexique beaucoup plus important que dans d’autres pays. Les images qui apparaissent quotidiennement sur la première page des journaux, l’attrait de voir les malheurs des autres forme un cocktail de sexe et de violence pour vendre des journaux. Metinides se concentre sur la fragilité de la vie, sur « l’imprévisible ». Il a commencé à photographier dès l’âge de 9 ans les accidents dans les rues de Mexico ainsi que le public qui assiste à ces « spectacles ». Notre film raconte l’histoire d’un homme dont les photos sont actuellement vendus en milliers de dollars et font partie des collections de musées internationaux et collectionneurs privés, mais pas encore considéré comme un artiste, à l’époque on vendait ces images au journal pour cinq pesos (25 cents). C’est un homme qui continu à se déplacer en métro malgré les moyens dont il dispose, car il est toujours en train de calculer la possibilité d’assister à un désastre. C’est un homme qui a toujours envisagé sa carrière comme un travail simple ! Au delà de l’oeuvre de Metinides, nous découvrons à travers ce film,
divers personnages qu’il a rencontrés tout au long de sa vie en quête d’accidents et d’images ; des sauveteurs de Mexico aux conservateurs de musée en passant par des collectionneurs internationaux, des proches des victimes que l’on retrouve dans les photographies, des rédacteurs des journaux et autres photographes qui voient aujourd’hui son travail comme celui d’un visionnaire. Il s’agit d’un film sur la vision, la fascination du regard, l’impact de ces images et un discours sur la vie dans la rue. Ce film soulève des questions liées à l’intime et à la transgression de la vie privée au domaine public. Qui a le droit de prendre ce genre de photographies ? Prendre ces photos alors que leur sujet se trouve dans la plus grande fragilité, lorsque la personne n’a plus sa propre voix, est-ce juste ? Ce film attend cela de son public, d’une analyse sur pourquoi nous arrêtons-nous de regarder et pourquoi aussi nous regardons, quel attrait y-a-t-il à contempler le malheur des autres ? Est-ce de l’empathie, de la compassion ou une confrontation à notre propre fragilité ? Enrique Metinides a plus de 80 ans. En son temps les photographies étaient faites d’une manière différente de celle d’aujourd’hui. En effet, de nos jours, nous avons tous la possibilité de documenter le moment devant nous avec nos téléphones. Le rôle du photographe a changé, actuellement la plupart d’entre nous quittons la maison avec un appareil photo en main, souhaitons nous l’utiliser ou non. Faire ce film maintenant,
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était la dernière occasion de travailler avec Metinides, d’examiner son travail dans le contexte de notre modernité. J’ai travaillé avec Metinides pendant huit ans. Mon travail de cinéaste documentaire se concentre sur l’image photographique, en tant que conservateur de musée et commissaire d’exposition, je pense que ce sujet est important. J’ai réalisé la rétrospective de Metinides en 2010 et une publication en 2011 dans trois langues différentes. Je connais probablement mieux son dossier que quiconque, nous partageons une longue histoire de confiance. Je suis impliqué dans la photographie
depuis plus de 25 ans et plus récemment en tant que réalisateur de documentaires. Je crois que l’ensemble de mes connaissances a permis une collaboration unique. Ce film n’est pas conçu pour critiquer moralement le travail de Metinides, il s’agit plutôt de refléter le processus d’attraction de l’image. Qu’estce qui nous pousse à regarder et une seconde plus tard à tourner les yeux, qu’est-ce que ça veut dire? Nous poursuivons notre chemin, nous soupirons de soulagement car ce n’est pas à propos de nous cette fois, mais quelle est cette morbidité qui nous rend si curieux?
Enrique Metinides et Trisha Ziff
BIO Trisha Ziff est la directrice fondatrice de 212BERLIN. Elle est réalisatrice de documentaires et conservatrice de photographie. Elle a été membre du collectif CAMERAWORK dans l’East End de Londres et a ensuite été l’un des fondateurs de CAMERAWORK DERRY dans le nord de l’Irlande, avant de déménager à Los Angeles et plus tard à Mexico. Elle travaille de manière indépendante en tant que conservatrice et éditrice de livres, collaborant avec des éditeurs internationaux et réalisant récemment des documentaires. Trisha a obtenu la bourse Guggenheim, Gulbenkian et de nombreux prix de différents horizons aux États-Unis, en Angleterre et au Mexique. Y compris la dotation nationale des sciences humaines, le Conseil des arts de Grande-Bretagne et FOPROCINE et IM CINE au Mexique. Elle a été conservatrice aux musées ICP de New York, au musée d’art de Santa Monica, au musée Cuatro Caminos, au centre d’images, au MUAC et à d’autres musées de Mexico. Le V & A London, Kilmainham, Dublin et de nombreux autres musées internationaux.
En tant que réalisatrice de documentaires, elle a débuté en 2008 avec Chevolution pour Netflix et Red Envelope. Elle a produit et dirigé la Valise mexicaine, une coproduction Mexique / Espagne 2011. Dirigée homme qui le film Saw Too (2015) qui lui a valu son premier Ariel pour le meilleur métrage documentaire et meilleure mu sique originale, a également reçu le prix pour le meilleur documentaire pour CANACINE et plusieurs autres prix. Elle a réalisé Pirate Stories en 2014, une série de courts métrages sur le piratage de films, tournés à Londres, en Palestine, à Dubaï et à Mexico. Récemment complété Witkin et Witkin (2017), une étude sur des jumeaux identiques ; le photographe Joel-Peter Witkin et son frère le peintre Jerome Witkin. Il développe, en collaboration avec Canana Films, le film White Wash, qui s’intéresse à l’histoire de la déportation mexicaine des États-Unis ; un projet en Israël, et Israela Talleen, de l’amitié entre deux femmes transgenre l’une israélienne l’autre, arabe, le projet a remporté le Prix Gabriel Figueroa pour le développement au Festival International du Film de Los Cabos, et sera co-produit avec Marcie Films Irlande.
le vendredi 30 novembre 2018 ,14h30 Projection du film L’homme qui a trop vu, 89’, 2016, à la Bibliothèque Universitaire Site Vauban, Nîmes
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Fatoumata DIABATÉ
Retour sur... l’exposition qui s’est tenue du 12/10/2018 au 23/11/2018 à la galerie NEGPOS FOTOLOFT, Nîmes
MINI MONO
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INI MONO est une forme de rétrospective d’une œuvre jeune et puissante, qui donne à découvrir l’immense talent de Fatoumata Diabaté. En effet si le travail de Fatoumata Diabaté rencontre aujourd’hui un succès mérité, c’est qu’il est tout d’abord d’une très haute qualité. Puisant à la fois dans le documentaire (Sutigi - À nous la nuit), le vernaculaire et l’imaginaire (l’Homme en animal, l’Homme en objet), sa dernière série « Caméléon » emprunte des voies plus contemporaines et critiques. Elle évoque à travers d’habiles travestissements et un jeu de rôle qui n’est pas sans rappeler l’œuvre de Cindy Sherman, le triste sort de femmes qui n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour des questions de « paraître », tentant désespérément de se blanchir la peau usant de lotions nocives.
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BIO Fatoumata DIABATÉ née le 19 septembre 1980 à Bamako, est une photographe malienne. En 2002, après avoir passé neuf mois au centre de formation audiovisuel Promo femmes à Bamako, Fatoumata Diabaté est l’une des premières à intégrer le Cadre de Promotion pour la Formation en Photographie de Bamako (CFP) qui vise à professionnaliser les photographes maliens, initialement pour un stage de deux semaines. Repérée pour sa motivation et son talent, elle y restera finalement deux ans. Elle complète ensuite sa formation en Suisse au Centre d’enseignement professionnel de Vevey, puis revient au CFP de Bamako où elle devient assistante technique de 2007 à 2009. Ses études lui ont donné l’occasion de se perfectionner dans la photographie argentique noir et blanc, et de participer à de nombreux ateliers au Mali ainsi qu’à l’étranger. Elle participe à plusieurs expositions collectives et individuelles et obtient plusieurs récompenses, notamment le Prix Afrique en création de l’Association Française d’Action Artistique (AFAA) obtenu
lors de l’édition 2005 des Rencontres africaines de la photographie à Bamako pour son œuvre Touaregs, en gestes et en mouvements. Fatoumata Diabaté a également réalisé des reportages pour World Press Photo6, Oxfam ou encore Rolex. Depuis, reconnue internationalement, elle participe aux expositions collectives et elle réalise des expositions individuelles. Portraitiste, photographe social, son travail se focalise principalement sur les femmes et les jeunes générations. Son projet actuel est le « Studio Photo de la Rue » qu’elle installe dans les lieux festifs, avec décors et accessoires. Monsieur et Madame tout-le-monde se font tirer le portrait dans les conditions des années 50-60 et repartent avec leur propre photo en « noir et blanc ». Elle est représentée en France par la galerie NegPos. http://fatoumatadiabate.com http://negpos.fr
Dernières expositions et nominations en raccourci... Expositions Femme photographe (6 décembre 2014 - 6 mai 2015), Hôtel Onomo Dakar Airport, Dakar. Bamako - Dakar (19 septembre 2014 - 23 novembre 2014), Stadthaus Ulm, Ulm. Bamako Photo in Paris (4 octobre 2013 - 7 décembre 2013), Pavillon Carré de Baudoin, Paris. The Night Belongs to Us / A nous la nuit (10 octobre 2013 – 1 décembre 2013), Galerie d’art Marabouparken, Sundbyberg. Photographing the Social Body: Malian Portraiture from the Studio to the Street (30 mars 2012 - 18 mai 2012), Carleton College Perlman Teaching Museum, Northfield. Rencontres africaines de la photographie (éditions 2011, 2009 et 2005), Bamako. Prix 2011 : Prix de la Fondation Blachère pour son œuvre L’Homme en Animal. 2005 : Prix « Afrique en création» de l’Association Française d’Action Artistique (AFAA) pour son œuvre «Touaregs, en gestes et en mouvements »
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FOTOLIMO 2018
Retour sur... le festival qui s’est déroulé du 19/09/2018 au 30/09/2018 à Cerbère et Portbou
LA FRONTIÈRE, UN ESPACE DE REPRÉSENTATION, UN ESPACE REPRÉSENTÉ
LA FRONTIÈRE EST CET ESPACE OÙ L’ON BASCULE D’UN CÔTÉ OU DE L’AUTRE, D’UN ÉTAT À UN AUTRE
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Pour revenir à ce qui nous a déjà largement préoccupé dans nos deux première éditions, l’exil dramatique de millions de personnes, les migrations et les mouvements humains sont aujourd’hui des phénomènes mondiaux médiatiquement saturés de représentations souvent stéréotypées. Celles-ci ne semblent pas malheureusement agir comme révélateurs de la conscience collective. Au mieux, elles émeuvent, dans la plupart des cas, elles laissent indifférentes et au pire, elles renforcent un sentiment négatif dans une partie de l’opinion publique : intrusions étrangères qui viendraient entre autres phénomènes, déstabiliser des contextes fragilisés par la crise économique mondiale. Les nationalismes et les replis exacerbés des temps actuels font surgir le spectre de situations conflictuelles inutiles en ce moment où l’unité devrait primer en faveur de la protection globale de la terre et de l’humanité. Les artistes ont un rôle à jouer dans ce combat visuel autour de la frontière et il est clef.
eut-elle revêtir une seule identité : géographique et territoriale ou est-elle parallèlement, simultanément, conjointement, ce territoire de transgression, cet immense lieu de potentialité sensible et esthétique. Cette scène ouverte où peuvent donc se dérouler d’innombrables scénarios ? Pouvons nous tout nous permettre en ce qui est de la tentative d’épuisement d’un tel concept ? Devons nous rester fixés sur des significations verrouillées qui viennent stigmatiser davantage ce mot-valise déjà bien chargé en ondes négatives ? Selon nous, la frontière est gazeuse, impalpable et éphémère dans sa nature même. Elle doit l’être. Et si elle dysfonctionne à cet endroit là, s’éternise alors le processus de sa traversée. Être bloqué à la frontière est le signe d’un trouble surnaturel. Le naturel, nous pensons, serait bien sûr de la traverser sans même s’en rendre compte. C’est à cela que nous aspirons tous.
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En multipliant les manières de voir, les approches plastiques, ils enrichissent notre imaginaire et nous font imperceptiblement basculer dans le sensible. Glisser d’un état à l’autre en nous confrontant à nos propres murs intérieurs et structurant un espace de réflexion nécessaire à la représentation. Car comment caractériser cet entre-deux qu’est la frontière, comment le représenter et qu’est-ce qui le peuple ? Les questions déferlent rapidement et les interprétations sont ainsi paradoxalement, sans frontières. Pour cette nouvelle édition de FotoLimo, nous avons donc ouvert le champ des possibles et retenu la plus grande diversité de propositions, à présent cap sur 2019 ! Patrice LOUBON
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Photographies par : JC LIEHN, Rodrigo GONSALEZ et Patrice LOUBON
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NEGPOS DANS LES QUARTIERS DES NOUVELLES DU MAS DE MINGUE EN PLEINE MUTATION URBAINE...
UN PROJET DE L’ASSOCIATION NEGPOS ANIMÉ PAR LAURENCE CHARRIÉ
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ans le cadre de l’opération ANRU au Mas de Mingue, de nouvelles actions voient le jour. En effet, accompagnant la Maison des projets et sa chargée de mission, Dolorès Roca, NegPos, via son animatrice Laurence Charrié, a créé des ateliers photos/mémoire au collège Jules Vallès. Ce sont 10 jeunes de 6ème et 5ème qui s’initient à la photographie et au reportage. Dès la rentrée d’automne, à l’école primaire Albert Camus, ce sont dix enfants de CE2 qui illustreront et par leurs photos et leurs interviews, l’histoire de leur quartier
aujourd’hui. Déjà, ces enfants ont apprivoisé le reportage lors de la fête de l’école en juin 2018 et de la pose de la première pierre du futur pôle éducatif d’Ormesson en septembre. Enfin, avec le comédien et metteur en scène Christian Gaboriau, s’élabore le projet photo/mémoire du quartier, « Femmes dans la cité ». Ainsi, au gré des démolitions -le collège, l’école primaire, un premier bâtiment (Aggripa d’Aubigné) - mais aussi de la reconstruction et de la rénovation, chacun va écrire le renouveau de la cité.
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Daniela MONTECINOS
Exposition du vendredi 8 février 2019 au vendredi 22 mars 2019 à la galerie NEGPOS FOTOLOFT, Nîmes
PEINTURES ET DESSINS
CECI N’EST PAS UNE PHOTO une proposition de Patrice LOUBON
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uvrant une nouvelle fenêtre d’exploration, la galerie NegPos dédie dès 2019 et ensuite chaque année aux mois de février-mars une invitation à la peinture et à l’art. Afin d’analyser ce qui lie art, peinture et photographie mais aussi de découvrir des artistes et des peintres de très haut niveau. Pour cette 1ère édition de Ceci n’est pas une photo nous donnons carte blanche à la peintre chilienne Daniela Montecinos. Patrice LOUBON
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« La peinture tend bien moins à voir le monde qu’à en créer un autre. » André Malraux.
ANIMUS / ANIMA Le travail récent de Daniela Montecinos interroge la mémoire des images au travers de ses toiles. Se servant de photographies d’acteurs ou d’actrices, d’écrivains ou de gens plus ou moins célèbres, elle opte pour un recadrage de ces personnages tout en leur assignant une nouvelle identité picturale. La photographie qui a toujours joué un grand rôle chez elle, lui sert de support visuel et mémoriel, elle nourrit son imaginaire de peintre grâce à ces clichés, les transforme radicalement en privilégiant des fragments. Les mains jouent un rôle important, croisées ou non, signifiantes et significatives, parfois les jambes et les chaussures, tandis que les têtes disparaissent, happées par le temps qui passe. L’artiste privilégie des poses qualifiables de banales mais où la reconnaissance par le visage n’est plus possible. Elle glisse vers une peinture d’éléments contrastés, servie par une dynamique interne, qui ouvre sur un univers onirique puissamment alimenté par l’inconscient. Les animaux qui passent (chien ou loup) traduisent l’errance, le mouvement, l’exil mais aussi une conscience toujours en éveil.
minutieuse de ses toiles où le fond, sorte d’inconscient contenant tous les possibles, fait matériellement de taches et de coulures, offre une première lecture sur laquelle va se bâtir l’œuvre en devenir. Interprétations personnelles qui serviront à une élaboration somme toute théâtrale. Ce décryptage invisible pour le spectateur, donne une grande épaisseur à son travail et nous emmène dans une exploration picturale qui part de l’abstraction pour aboutir à la figuration. La narration toujours présente dans les toiles de l’artiste raconte d’improbables rencontres entre des objets, des animaux et des personnages. Tous demeurent visibles bien que certains semblent déjà s’estomper. Il apparaît une tension extrêmement puissante qui oblige le spectateur à toujours se questionner sur les enjeux de ce qu’il regarde. Daniela Montecinos affirme son admiration pour l’œuvre puissante de Lucian Freud où les corps de peinture semblent annoncer des corps glorieux dans leur excès même. Portraits de portraits en quelque sorte. On remarque qu’un mouvement semble présent à l’intérieur de ses images fixes car leur paradoxale mobilité jouant avec la couleur et la lumière impose une tonalité très spécifique et aisément reconnaissable. Nous nous trouvons ainsi en présence d’une peinture créatrice de moments suspendus dans le temps et l’espace où prend place toute l’humanité du monde.
La présence d’une référence psychanalytique dans les œuvres de Daniela Montecinos leur donne au final une mélancolie, dans le sens où l’entendait subtilement Victor Hugo : Plastiquement, elle use de tons fanés qui nous font entrevoir un univers qui a cessé d’exister. Ou qui n’a jamais existé. Ou encore qui existera. Ce questionnement sur l’origine secrète des scènes ramène à une démarche qui part de la préparation
Christian SKIMAO
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BIO Daniela Montecinos née à Viñadel Mar, Chili 1964, elle vit en France depuis 2004.
En 2006 elle a été nommée au Chili pour le prestigieux prix ALTAZOR. En 2013 elle est invitée comme artiste en résidence à la faculté d’ Arts Plastiques de Loyola University à Chicago. Pendant le semestre, elle développe son travail de création pour l’exposition ‘Transits’. Elle aussi dirige un atelier de Dessin en 1ère année et intervienne dans des cours de peinture, dessin, français, langue espagnole et culture latinoaméricaine.
Après des études d’architecture et de graphisme à l’Université Catholique de Valparaíso (UCV, Chili) elle part en 1984 avec une bourse d’études au Mount Holyoke College (Massachusetts, Etats-Unis) où elle obtient son B.A. degré. avec mention. En 1986 elle s’installe à New York ou elle continue des études supérieures à l’Art Students’ League grâce à plusieurs bourses d’études. Fin 1993, elle rentre au Chili et entre 1996 et 2003 où elle travaille dans l’enseignement supérieur à l’Université Finis Terrae (Santiago) et dans son atelier.
Depuis 2016 elle enseigne dans la filiale Arts Appliquées de l’université de Nîmes. Ses oeuvres font partie des collections publiques au Chili : MAC (Musée d’Art Contemporain de Santiago), MAVI (Museo de ArtesVisuales), CCU (Compañía de CerveceríasUnidas), MAM (Museo de Arte Moderno de Chiloé), et des collections privées au Chili, en France, aux Etats-Unis, Allemagne, Belgique, Brésil, en Chine et Amérique Centrale.
Depuis 1988 elle expose régulièrement au Chili et à l’étranger : Philadelphie, Chicago, New York, en Amérique Centrale, et en France (Paris, Nîmes, Lyon, et Arles entre autres), à Hambourg et Berlin et à Bruxelles. Sa dernière exposition individuelle a lieu à Santiago du Chili en 2018.
Installée dans le sud de la France depuis 2004, elle continue à développer son oeuvre, à exposer et à donner des cours.
Elle a reçu le prix Liquitex à New York, a obtenu des bourses de la Fondation Amigos del Arte, prix RodoArte du Ministère de Transports du Chili, prix Marco Bontà au Chili, entre autres.
http://danielamontecinos.blogspot.com/ Atelier Le Consulat : 1, cours Némausus, B103, 30000 – Nîmes - tel : +33 698727945
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DAZIBHAÏKUS
Exposition du mardi 2 au mardi 30 avril 2019 Médiathèque Carré d’Art, Place de la Maison Carrée, Nîmes
UN PROJET À LA MAISON D’ARRÊT DE NÎMES avec Dimitri, Jean-Claude, Romaric, Azat, Mickaël, Houssni, Lilian, Mayron, Chwoix ZN et Ahmed.
UN PROJET DE PATRICE LOUBON ET JEAN-LOUIS BEC DANS LE CADRE D’UN ATELIER À LA MAISON D’ARRÊT DE NÎMES, EN PARTENARIAT AVEC LE SPIP GARD/LOZÈRE ET LA DRAC OCCITANIE
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i «La ville et les mots» a surgi telle une évidence cette année comme thème des Rencontres Images et Ville, c’est que nous avons plus besoin de mots et de temps aujourd’hui que de tweets et d’écrans. Les mots occupent la ville, souvent sous une forme autoritaire à travers les signes qui définissent les règles urbaines, manipulateurs tels les messages publicitaires omniprésents qui nous bombardent d’invectives commerciales, ou encore de l’un à l’autre, comme ces courts textes griffonnés sur des bouts de papiers et apposés sur des murs, des portes pour incriminer les incivilités ou parfois pour susciter la réflexion politique, les affiches, les graffitis de tout type qui se livrent un combat acharné dans les espaces disponibles et d’autres, illégalement intervenus. Les mots, pour finir, de ceux qui disent la ville, écrivains, chanteurs, conteurs et poètes. La démarche demandée aux participants de l’atelier DAZIBHAÏKUS était double, d’une part, faire acte d’engagement et de réflexion
dans l’élaboration des courts textes que nous leur avons proposé d’écrire, d’autre part, le collage de ses mêmes textes dans l’espace public est un acte qui met en jeu leur responsabilité d’être humain et leur parole. Que donner à lire à l’autre ? Comment vont réagir les passants à la lecture de ces mots ? Quelles traces l’œuvre collée laissera-t-elle ? Les sorties (accordées par la juge d’application des peines à quatre détenus sur les dix participants, selon des critères pénaux et de comportements) ont été l’occasion pour les participants de pratiquer le collage à des endroits sélectionnés précédemment mais aussi par alternance, de manipuler l’appareil photographique afin de saisir les différentes phases de l’action. Cet échange entre un extérieur, la rue en plein jour et un intérieur obscur, derrière les murs de la Maison d’arrêt, est une oscillation entre l’intime et le public. Une confrontation silencieuse des esprits d’êtres humains incarcérés, animés par le goût de dire leur relation à la ville et cet autre, le passant, le même finalement.
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La programmation culturelle développée par le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation Gard/Lozère s’inscrit dans le cadre d’objectifs définis par l’administration pénitentiaire, en tenant compte des spécificités locales et des publics pris en charge. La culture est un élément favorisant l’insertion ou la réinsertion d’une personne. Au même titre que l’accès à la santé, la formation, l’enseignement, la culture est un droit fondamental pour les personnes détenues (article D440 du Code de Procédure Pénal). Il s’agit notamment de développer leurs moyens d’expression, de connaissances et de limiter les effets désocialisant d’une incarcération. Cet axe est soutenu par les politiques publiques (appel à projets Culture/Justice DRAC, SACEM, Centre National du Livre...).
Depuis plusieurs années, le SPIP Gard/Lozère favorise le développement de l’action culturelle à l’égard du public incarcéré de la maison d’arrêt de Nîmes. Cela se traduit par le souhait d’élaborer une programmation culturelle annuelle de qualité (ateliers de pratique artistique, diffusion de spectacles, permissions de sorties collectives...), d’élargir l’éventail des disciplines représentées (cinéma, musique, photographie, écriture, lecture, street art, théâtre...), en co-construction avec les structures et les programmations du territoire (Carré d’Art, Paloma, Théâtre de Nîmes, NegPos, Da Storm, La Ruche...). Ces collaborations avec les acteurs culturels et les artistes permettent d’établir un lien avec le « dedans » et le « dehors », témoignant de l’importance d’un dialogue entre la prison et la société où la culture a une place majeure.
Présentation des SPIP : Les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), assurent le contrôle et le suivi des personnes placées sous main de justice. Afin de prévenir la récidive et de favoriser la réinsertion des personnes condamnées, ils concourent à l’individualisation des peines privatives de liberté et à la préparation des décisions de justice à caractère pénal. A cette fin, les personnels d’insertion et de probation accompagnent les personnes détenues à la préparation à la sortie de prison par le développement et la coordination d’un réseau de partenaires institutionnels et associatifs. Il s’agit alors de faciliter l’accès des personnes incarcérées aux dispositifs d’insertion de droit commun (logement, soin, formation, travail...), de contribuer à maintenir les liens familiaux et de favoriser l’accès à la culture.
Présentation de la maison d’arrêt : La maison d’arrêt de Nîmes a été mise en service en 1974 à la périphérie sud-est de la ville au lieu-dit Mas de Possac. La maison d’arrêt est le seul établissement pénitentiaire du Gard. Elle reçoit principalement les prévenus et les condamnés des tribunaux de Nîmes et d’Alès. D’une capacité théorique de 190 places, environ 450 détenus y sont écroués, femmes et hommes (majeurs). Une maison d’arrêt reçoit les prévenus (détenus en attente de jugement) ainsi que les condamnés dont le reliquat de peine n’excède pas, en principe, deux ans. Elle comprend plusieurs secteurs : quartier arrivants, quartier hommes, quartier femmes, quartier de semi-liberté. Le SPIP est chargé de rechercher à cet effet le concours d’intervenants extérieurs auxquels peut être confiée l’animation de certaines activités. » Art D441 du CP : « Une programmation culturelle résultant de la représentation la plus étendue des secteurs de la culture, est mise en œuvre dans chaque établissement. » Art D441- 1 du CPP : « Le SPIP en liaison avec le chef d’établissement est chargé de définir et d’organiser la programmation culturelle de l’établissement. »
Pour info : Art D440 du Code de Procédure Pénal : « Des activités culturelles et sportives sont organisées dans chaque établissement pénitentiaire. Elles ont notamment pour objet de développer les moyens d’expression, les connaissances et les aptitudes des détenus.
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LA SÉLECTION DE LIVRES
46750 João PINA
Texte de João Pina, poème de Viviane Salles Pour la version française, Loco, Paris, 2018
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transpirant de sueur et de peur. Une énergie vitale enflamme la favela dont les habitants savent d’expérience qu’ils ne feront pas de vieux os, car les petits caïds du trottoir tuent sans hésiter pour un regard de travers. Montée sur le toit de ses taudis, la misère s’offre le plus beau des spectacles, une baie pour les surfeurs, les filles à moitié nues et le sourire requin des petites frappes.
n 2007, Rio de Janeiro, au Brésil, a entamé un énorme processus de transformation pour accueillir la Coupe du monde de football 2014, puis les Jeux olympiques d’été de 2016. La flambée des prix des matières premières produites en très grande quantité par le Brésil crée, au début des années 2000, une situation économique favorable. Le pays engage d’énormes investissements dans des infrastructures sportives, alors qu’ils restent très faibles dans les services publics tels que le logement, la santé ou la sécurité.
Au fil des ans, ce travail a été publié dans des magazines tels que The New Yorker, Stern Magazine, El PaísSemanal, Le New York Times, et a reçu divers prix. Il prend la forme d’un livre dont la maquette, magnifique, est rythmée par les pages noires couvertes de chiffres blancs donnant la litanie des meurtres année par année, des pleines pages, qui se déplient, des pages découpées qui, parfois, portent au revers les poèmes de Viviane Salles : « J’ai déjà tout vu. / Le temps est passé. / Je suis Pierrot. / Mon épouse est morte, / Ma fille mariée, / Mon petit-fils est né. / Je suis vieux mais heureux. / Je fréquente une jeune femme de 30 ans. / Elle s’appelle Sonia. / Elle boit de la bière. / Et soutient le Vasco. / / Hier / J’ai tué un flic de merde / Avec mon revolver. / / J’ai tant vu / Qu’aujourd’hui, je peux mourir. »
Pendant la décennie de cette transformation, entre 2007 et 2016, l’agglomération métropolitaine de Rio de Janeiro a été le théâtre de 46 750 homicides. Une question reste en suspens : pourquoi le prix à payer pour les grands événements sportifs amène-t-il les villes à la faillite ? 46750 est un compte-rendu visuel de la dernière décennie, un reportage au long cours, impressionnant, un portrait de la soi-disant « ville merveilleuse », avec tous ses contrastes et ses complexités. Dans 46750, ça danse et meurt en gros plan, dans un noir et blanc
COCA CHE LUC CHESSEX
Editorial RM, Mexico, Barcelone, 2016.
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e photographe suisse, Luc Chessex, vit à Cuba depuis 1961, il y restera jusqu’en 1975. Il travaille alors au magazine Cuba Internacional. L’agence de presse cubaine Prensa Latina le nomme correspondant pour l’Amérique latine et l’envoie en mission avec son rédacteur en chef. Après un bref séjour au Chili, où Salvador Allende vient d’être élu président, il se rendent en Bolivie où le gouvernement vient juste de lever l’interdiction de voyage dans la zone où le petit groupe de Che Guevara est tombé dans une embuscade. Le Che fut blessé dans l’affrontement et assassiné le jour suivant. La photo de son cadavre, exposé pendant vingtquatre heures dans la buanderie de l’hôpital Vallegrande, a été diffusée dans le monde entier. Le gouvernement cubain désire trouver les restes du Che et lui donner un enterrement digne du rôle qu’il a joué à Cuba. Après trois mois consacrés à suivre son itinéraire bolivien, dans une ambiance hostile, tous les efforts n’aboutissent qu’à la découverte d’une montre-bracelet
et d’une pipe ayant appartenu au Che. Son corps n’a finalement été retrouvé qu’en 1997, dans un charnier près de l’aéroport Vallegrande. En plus de ces objets dérisoires, Luc Chessex revient à Cuba avec une interrogation : comment le Che, considéré comme le plus grand stratège de la guérilla, a pu commettre l’erreur fatale de tenter d’implanter la lutte armée sur un territoire où elle n’avait aucune chance de prendre racine ? Les seules relations des guérilleros avec les paysans se limitaient à la nourriture que ces derniers leur fournissaient avant d’informer l’armée dès qu’ils avaient tourné le dos. Comment le Che a pu se tromper à ce point ? Sur le chemin du retour à la Havane, il trouve l’image omniprésente du Che, flottant sur les champs et les rues des villes et villages latino-américains. « Deux icônes se disputaient ainsi la possession du paysage latinoaméricain : l’élixir inventé à Atlanta en 1886 par le pharmacien
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IRÈNE ATTINGER RESPONSABLE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE LA MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE
l’ordre établi. Selon Régis Debray, « un malentendu fertile » : « la révolte anti-autoritaire de 1968 a pris, de Paris à Berkeley, comme bannière ce partisan de l’autoritarisme à outrance. Une vague de sensibilité permissive et naturiste, a élevé au firmament un puritain dogmatique. » [Luc Chessex]
John Pemberton et l’image du révolutionnaire Che Guevara. D’un côté, « un signe de bon goût » et de l’autre, « Hasta la victoria siempre » « Créez deux, trois, beaucoup de Vietnam » comme une réponse à « les choses vont mieux avec le coca. » La lutte était féroce et sans quartier. L’homme qui, dans un suicide irrationnel / un sacrifice de soi, n’avait réussi qu’à provoquer la méfiance des campesinos boliviens était soudainement devenu le porteétendard d’une jeunesse bien décidée à rompre avec
Quarante-cinq ans après les événements, RM publie ce travail dans l’espace culturel hispanophone, en particulier en Amérique du Sud.
LE LIVRE DE LA JUNGLE HISTOIRES CONTEMPORAINES DE L’AMAZONIE ET DE SES PÉRIPHÉRIES YANN GROSS
Actes Sud Beaux Arts, Arles, juillet 2016 La maquette de ce livre a été lauréate, en 2015, du premier Dummy Book Award, un prix d’aide à la publication attribué par la Fondation Luma et les Rencontres d’Arles.
territoires défrichés par les monocultures de soja, de canne à sucre. Il cherche des histoires en décalage comme un concours de beauté dont le premier prix est une opération de chirurgie esthétique ou le groupe de rap indigène qui milite pour la démarcation des terres. Il réalise des mises en scène, tout ça pour faire apparaître l’histoire de la colonisation, l’exploitation du caoutchouc, de l’or, du pétrole. Chaque image semble un instantané, une fenêtre rapidement ouverte sur une réalité, mais le texte apporte son lot d’informations, une profondeur et quelquefois une autre lecture. La cascade du début du livre est menacée par un projet hydroélectrique chinois, les animaux de compagnie le restent jusqu’à ce qu’ils soient assez gros pour devenir des repas. « La question du développement est complexe. Nous ne devons pas projeter sur eux ce que nous ne sommes pas ; pourquoi un indigène refuserait-il un canot à moteur lui permettant d’effectuer un trajet en trois heures au lieu de quinze ? » [Yann Gross]
L
orsque Francisco de Orellana, conquistador espagnol, part à la recherche de canneliers en 1541, il ne se doute pas que le hasard le mènera jusque dans les méandres du plus grand cours d’eau du monde, l’Amazone. Campagnes d’évangélisation, construction de routes, fièvre du caoutchouc, extraction de pétrole ou ruée vers l’or : cette zone fluviale n’a cessé d’être un carrefour d’échanges et d’attirer les convoitises. En remontant les traces d’expéditions passées et grâce à des mises en scène discrètes, le livre révèle diverses facettes de l’Amazonie contemporaine et de ses périphéries. Cet univers domestiqué, photographié par Yann Gross, fait vite oublier les clichés romantiques des terres oubliées ou du bon sauvage. La jungle est faite d’agglomérats, de fantômes, de reconstruction et cette errance visuelle questionne plus largement la notion de progrès et de développement.
Avec une préface du journaliste et écrivain Arnaud Robert et une postface de Daniel Munduruku, pionnier de la littérature indigène, et de brefs texte de l’auteur comme, en face du portrait de PerperaSuruĩ (Lapentaha Brésil) :
En 2008, Yann Gross a effectué une partie de son service civil au Brésil, dans le cadre d’un programme de reforestation. Au contact des communautés indigènes, il découvre une population qui, à la fois, revendique sa culture indigène, mais a aussi adopté le mode de vie brésilien, le fitness, le foot, les sorties… En même temps, les gens parlent de leur identité perdue, des Blancs qui ont tout défait. Ils ont la nostalgie du passé et d’une vie simple où ils pouvaient vivre de la pêche. Pour Le Livre de la Jungle, Gross est descendu des montagnes, s’enfonçant au cœur de la forêt pour en ressortir sur les
« Une prophétie ancestrale racontait qu’un jour un serpent géant viendrait et engloutirait le peuple suruĭ en dévastant tout sur son passage. Ce serpent est arrivé en 1969 et s’appelait la Route transamazonienne. » Des légendes détaillées des images clôturent le livre et une carte insérée dans l’ouvrage permet de les localiser.
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