Aza mag n° 4

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AZA MAG est publié par WERY, WE Represent You Directrice de publication : Gabrielle SOKENG ; Rédactrice en chef : Davide SOKENG (GHANA) Rédaction : Carmelle TOWENDO (BENIN) ; ; Mahoua FOFANA (COTE D’IVOIRE) ; Michèle MOUANGOU (CONGO), ; Saran CAMARA (GUINÉE CONAKRY) ; Ngoya NDIAYE (SENEGAL) ; Fatimata LY (CANADA) ; Fanta DIALLO (SENEGAL) ; IBRAHIM Mmadi (COMORES) Graphisme et illustration : Dini Athoumani RAYYANE Correction : Etienne SOKENG Service Commercial & Marketing: WE Represent You 1, Avenue Cheikh Anta Diop Immeuble BARSALAM En face Paroisse Saint Joseph De Médina, 3ème Etage Tél: + 221 71 712 54 42 www.weryafrica.com / wery@weryafrica.com social@aza-mag.com


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Expressions

entez-vous ce vent de changement dans notre Afrique ? Je vous explique. Ce matin j’avais ce rendezvous professionnel là au centre ville. J’en suis sortie à l’heure du déjeuner. Je me suis dirigée vers le premier restaurant croisé qui se trouve être juste en face d’un collège. Une foule d’élèves se sont pressés autour de moi pour passer leur commande à la caisse. Je les ai regardé et j’ai noté une chose curieuse : nous étions à peu près une vingtaine dans le restaurant, mais il n’y avait que des femmes ! Je me suis même demandé si c’était un collège exclusivement féminin. Mais non, c’est bel et bien une école mixte.

Je suis sortie regarder la horde d’écoliers au portail de l’école et force est de constater que sur 50 élèves les 35 étaient des filles. Et j’étais fière ! Fière du chemin parcouru par ma chère Afrique. Et j’ai rêvé de l’avenir de ces bouts de femme là. Ce sont elles qui vont changer la donne demain.

Non pas qu’à notre niveau les choses n’évoluent pas. Non, notre génération a eu des parents exceptionnels qui ont bien voulu nous permettre de faire de grandes études pour nous donner les mêmes chances que les hommes. Et une fois encore Aza Mag vous présente ces femmes africaines qui se donnent entièrement à l’éducation de l’élite de demain. Elisabeth Ngonga-Neossi est une battante au nord du Cameroun qui dirige plusieurs écoles d’excellence, Evelyne Flora Noba quant à elle se donne corps et âme à son centre

de la seconde chance en Côte d’Ivoire.

Deux autres femmes qui ne déméritent pas : Florence Adu Ghanéenne vivant aux Etats Unis qui développent pour son pays des contenus vidéo, audio, de presse pour les enfants et les familles car elle veut lutter contre l’analphabétisme et augmenter la créativité chez les plus jeunes et Patricia Ronel Neldinar qui a une association apolitique qui œuvre dans le domaine de l’éducation pour encourager les parents à suivre l’évolution de leurs enfants dans leurs écoles. Et notre traditionnel « Les hommes nous accompagnent » concerne Chérif Ndiaye qui a la plateforme éducative «Ecole au Sénégal » qui met à disposition des élèves les cours en ligne de leur programme, qui à partir de ce numéro est écrit par un homme : Ibrahim Mmadi. Nous ne sommes plus que des rédactrices, nous avons maintenant un « rédacteur qui nous accompagne » depuis les Îles Comores.

Chers lectrices, chers lecteurs, nous espérons que ce numéro 4 ne vous décevra pas et vous invitons à partager le magazine autour de vous. Parlez-en et faites connaître votre passion pour l’Afrique qui se lève. Je vous souhaite une bonne lecture et vous donne rendez-vous au mois de juin. Gabrielle gabrielle@aza-mag.com Mauritanie



FUTURE AZA

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activités récréatives pour les enfants et a également un petits complexe sportif ou les enfants et les jeunes peuvent faire du sport. Nous appelons communément ce centre, le centre de la seconde chance parce que nous recevons en majorité des enfants n’ayant pas d’extrait de naissance et ayant passé l’âge normal d’aller à l’école. Depuis 1996 c’est plus de 10 000 enfants qui sont passées par le centre.

Motivations

J’aime beaucoup les enfants et cela me donne un réel plaisir de donner de l’éducation et surtout de voir que grâce à notre travail il y a une lueur d’espoir qui brille au fond des yeux d’un enfant en situation difficile. Lui aussi « il peut être quelqu’un demain »

Difficultés dans la réalisation des activités :

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Mlle NOBA Evelyne Flora

Présentation Future AZA

Etre directrice d’un tel centre n’est pas toujours une évidence dans l’environnement dans lequel nous exerçons. Nous avons un sérieux problème de suivi des enfants, vu que dans l’encadrement que nous apportons aux enfants ne se limite pas seulement en classe, mais au domicile ou ils sont parfois délaissés par les parents qui sont à la recherche du pain quotidien. Les parents ne visitent pas le centre pour le suivi des enfants. Ils ont toujours l’impression que nous sommes une école normale au lieu d’un centre éducatif géré par une ONG.

e suis madame NOBA Evelyne Flora née BANAH, mère de 2 filles. En 1994 j’ai obtenu ma Maitrise en Sociologie du travail et Vision à court, moyen et long des entreprises à l’Université d’Abidjan. Depuis Janvier 2007 je suis la directrice du Centre Amis termes pour votre centre de cœur pour le compte du MESAD (Mouvement Le système que nous utilisons pour contribuer à l’éducation des enfants, c’est un système de parpour l'Education, la Santé et l'Education). rainage et de plus les fonds se font rares au niveau de nos partenaires internationaux. Ma Présentation Entreprise vision à court terme c’est trouver des bailleurs loLe Centre Amis de Cœur est dans centre qui a caux pour soutenir notre action. été créé le 3 août 1996. C’est un centre d’éduca- Nous travaillons aujourd’hui à mobiliser des tion préscolaire et d’alphabétisation pour les en- fonds pour notre centre. Nous espérons qu’à trafants en situation difficile des quartiers précaires vers votre magazine des âmes bienfaitrices viende Yaoséhi et de Doukouré à Yopougon (Abidjan- dront nous rencontrer pour voir notre centre mais Côte d’Ivoire). Le centre propose également des aussi et surtout pour l’accompagner. 5


Business Que pensez-vous du leadership féminin ?

Le leadership féminin montre que nous les femmes, sommes autant capables de gérer une structure comme les hommes. Et peut-être même mieux car nous sommes pointilleuses et certains détails nous sautent vite aux yeux. Nous sommes déterminées. En général, une femme passionnée, déterminée et ambitieuse ne recule devant aucune difficulté. La société d’aujourd’hui a besoin de nous pour aller de l’avant.

Vous voulez aider le centre? Merci de noter les contacts Contacts Fixe de l'ONG: +225 21 351 661 Ligne directe du centre: +22501 500 399 Adresse postale: 18 BP Abidjan 18 Email: drp@mesad.org Mahoua Fofana mahoua@aza-mag.com Côte d’Ivoire 6


ENTREPRENEURE AZA

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Des Etats-Unis au Ghana

Qu’importent où elles se trouvent : en Amérique, Europe, en Afrique ou même en Asie les femmes entrepreneurs d'Afrique jouent chacune leur partition pour hisser leurs pays vers le haut et donner l'exemple aux générations futures. Femme de caractère et surtout très entreprenante, Florence Amerley Adu, PDG d'une entreprise ghanéenne de production média, LEAP TRANSMEDIA, s'active dans la lutte contre l'analphabétisme au Ghana. A travers cette entreprise elle cherche à transmettre toute son expertise accumulée au pays de l'oncle Sam à son cher Ghana pour de lendemains meilleurs. Retour sur les traces de cette femme aux multiples facettes.

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groupe et Makafuy qui joue au tam tam. Autour d’eux nous avons les oiseaux qui font les chœurs… Nous présentons les personnages aux enfants et leur apprenons comment interagir avec eux.

Parlez- nous de votre cursus scolaire et professionnel Je suis née aux Etats Unis et j’y ai fait tout mon cursus scolaire. J’ai eu ma licence à Stanford en Californie en ingénierie industrielle. En tant qu’africains, mes parents ont plus mis l’accent sur les filières scientifiques et me disaient que je serai un docteur et j’avais grandi avec cette idée jusqu’à ce que je me rende compte que je détestais les hôpitaux (rires). J’ai aussi fait de l’athlétisme, ce que j’ai beaucoup aimé à cause de la discipline et de l’organisation qui va avec. Je l’ai fait pendant de longues années. D’ailleurs, je cours toujours régulièrement aujourd’hui.

Après la licence, mon premier travail était pour un programme appelé Teach For America (un Pouvez-vous vous présenter programme de placement de professeurs dans les écoles des milieux défavorisés) pour lequel à nos lecteurs? j’ai enseigné les sciences pendant deux ans à e m’appelle Florence Amerley Adu et je suis Washington. Pendant cette expérience je me suis PDG et co-fondatrice de LEAP TRANSME- rendue compte que les enfants avaient du mal à DIA, une entreprise de production média se concentrer sur leurs études à cause des diffibasée à Accra au Ghana. Notre travail consiste cultés financières qu’ils vivaient chez eux. Le développer des contenus vidéo, audio, de chômage de leurs parents, le fait de ne pas avoir presse pour les enfants et les familles car nous accès à certaines infrastructures dans leurs comvoulons lutter contre l’analphabétisme et aug- munautés les affectaient beaucoup. menter la créativité chez les plus jeunes. Nous Vers la fin de mon contrat, je me suis demandé voulons évoluer pour devenir une entreprise de quelle était la suite. J’ai envisagé de travailler divertissement familial. pour l’administration puis je me suis dit que j’alNous avons un programme appelé 109 Alphabet lais continuer dans l’éducation, mais pour agir Street. A la radio, il s’agit d’émissions d’alphabé- non pas dans les salles de classe où mon champ tisation où les adultes et les enfants discutent. d’action serait limité. J’allais alors à l’université Par exemple, nous avons fait un programme pour de New York où j’étudiai les politiques urbaines les pêcheurs où, parmi d’autres choses, on leur et l’économie, ce qui me permis de comprendre fait comprendre que le mot anglais Fish (poisson) comment villes sont créées, comment cela est lié est toujours singulier et c’était une découverte ! à la culture et aux différentes vagues d’immi(rires) grants, comment des villes comme New York Pour ce qui est des animations, principalement sont devenues des melting pot… J’ai eu un menpour les enfants, nous avons un groupe d’ani- tor qui m’a pris sous son aile avec qui j’ai pu colmaux qui font des dialogues et qui racontent laborer dans la rédaction de la biographie de leurs histoires. Nous avons par exemple Borema, Robert Weaver, ministre du logement et de l’urqui signifie bavard en langue Ewe. C’est un lé- banisme. Ensuite j’ai fait du développement écozard vantard qui joue à la flute. Nous avons le nomique pour la ville de New York. Après cela je bébé chèvre Assadé qui est la chanteuse du décidais de me mettre à mon compte.

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Parlez-nous de votre entreprise et les raisons de sa mise sur pied.

Vous savez, mes parents ne m’ont pas appris à parler Ga, qui est notre langue. Au fur et à mesure que j’allais au Ghana, je réalisais que j’avais un handicap et qu’il y a des choses que nous pouvons véhiculer dans nos langues locales et que nous ne pouvons pas forcément traduire en anglais. Aussi on apprend beaucoup plus facilement lorsque l’enseignement se fait dans la langue native.

Et au Ghana, les enfants apprennent immédiatement l’anglais à l’école sans qu’au préalable on leur apprenne comment lire ou écrire dans leurs propres langues. Aussi, beaucoup de gens viennent aux Etats Unis pour apprendre l’anglais ou travailler et la majeure partie du temps, ce sont des dialogues, des animations qui sont utilisés pour leur apprentissage. Alors je me suis dit « Et si on appliquait cela au Ghana ? ». J’en ai parlé autour de moi et j’ai pu trouver un partenaire. Mon partenaire et moi avons des compétences complémentaires. A nous deux, nous avons des diplômes en science de l’éducation, planification et développement économique. Pour établir notre entreprise au Ghana, il nous a fallu d’abord comprendre les règles de loi en vigueur qui facilitent la création d’entreprise. Il le fallait parce que pour investir dans l’éducation, particulièrement dans l’éducation des langues locales, il y avait ce travail à faire en amont. D’abord nous sommes entrés en contact avec Ghana Education Services (Services d’Education du Ghana). Cela leur a permis de connaître notre existence et de savoir que nous voulons fournir des outils de renforcement de capacités des enseignants. Ensuite, nous nous sommes tournés vers le secteur privé parce que bien sûr et malheureusement, les Services d’Education du Ghana n’avaient pas les fonds pour nous recruter, même s’ils reconnaissaient la pertinence de notre offre. A la limite, ils nous demandaient des fonds pour mettre en place notre projet (rires) ! C’est ainsi que nous nous sommes adressés aux partenaires financiers qui reconnaissent que le gouvernement n’a pas souvent certaines capacités innovatrices dont le secteur de l’éducation a

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besoin, et que des initiatives locales comme les nôtres peuvent avoir pour améliorer le degré d’alphabétisation chez les enfants. Par exemple, nous avons pu bénéficier d’un financement de l’USAID et avons pu mettre en place nos activités à Koforidua dans l’est du Ghana, avec notre programme Zeleap. L’objectif était de renforcer les capacités des communautés « Zongo » . Ce sont des communautés souvent marginalisées et on dit d’eux qu’ils ne s’intéressent pas à l’éducation, ils sont pauvres pour la plupart du temps et qu’ils sont en majorité analphabètes. Avec l’aide du Service d’Education du Ghana qui a un département d’éducation islamique, nous avons pu dresser une liste d’écoles et créer pour eux des supports éducatifs en langue locale. Aussi nous formons les professeurs à enseigner en langue locale, car ce n’est pas un domaine dans lequel ils sont formés. Nous leur fournissons aussi le matériel didactique qui leur manque pour enseigner efficacement. Nous utilisons aussi les réseaux sociaux, les médias, les sms pour communiquer avec les parents, les informer sur l’importance d’aider l’enfant à étudier, pour qu’ils comprennent qu’il ne s’agit pas seulement de payer les frais de scolarité. Et on le fait dans leurs langues pour qu’ils puissent mieux comprendre et aider leurs enfants.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez du faire face?

Vous savez, produire des supports didactiques de ce genre coûte assez cher. Alors, lorsque nous ne trouvons pas de bailleurs, nous finançons nous même nos contenus. De plus, le travail que nous faisons a un volet humanitaire, nous sommes une entreprise sociale qui est utile à la communauté. L’idéal aurait été pour nous que nos autorités comprennent l’importance et achètent les contenus pour les différents établissements du Ghana. Pour le moment nous ne générons pas de revenus. Et comme je l’ai dit tantôt, les parents se disent qu’investir dans l’éducation des enfants se fait en payant les frais de scolarité, rien d’autre. Dans d’autres pays ils achètent des livres, des jeux, bref tout ce qu’ils jugent utile à l’épanouissement scolaire de leurs enfants.

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Il y a donc un réel travail de plaidoyer à faire en ce sens !

Exactement. Il y a besoin de faire comprendre à la communauté et aux dirigeants l’importance de cet autre aspect de l’éducation scolaire. Il y a une différence entre l’apprentissage et l’éducation. L’apprentissage, c’est le fait d’acquérir des connaissances et l’éducation c’est l’ensemble de travail qui facilite cette acquisition de connaissance. Donc nous voulons renforcer les capacités des apprenants pour qu’ils puissent tirer le maximum de profit de leurs capacités. Il est difficile de faire changer les mentalités car les gens ont déjà leur propre façon de voir et de faire les choses. Même la façon de faire le marketing est différente. Nous voulons montrer que si un enfant est mis en contact avec un certain type de contenus, il va développer son imagination et que ça marche.

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dans les villages pour pourvoir créer des emplois, et traiter et produire à partir de nos ressources naturelles pour améliorer leur qualité de vie, et réduire ainsi l’encombrement des villes.

Avez-vous rencontre des difficultés liées à votre statut de femme ou votre couleur de peau dans la recherche de financement ou de partenariats?

Je dirai oui et non. Trouver des financements est une préoccupation quotidienne, parce que jusqu’ici nous nous finançons nous-mêmes. Et vu la nature de notre affaire et l’étape à laquelle nous sommes quand à notre modèle d’entreprise, nous ne pouvons pas encore prendre des prêts. Et même si on le voulait, les taux d’intérêts Quelle est votre vision sur élevés (qui peuvent aller jusqu’à 30%) et les exigences requises pour avoir un prêt au Ghana ne l’entreprenariat en Afrique, sont pas du tout encourageants. Ce type de prêts particulièrement sur l’entre- est un frein à notre entreprise et c’est malheureusement le cas de la majorité des entrepreneurs prenariat féminin? et des PME. Je pense qu’il est clairement démontré que Les types de partenaires financiers dont nous lorsque nous finançons l’entrepreneuriat féminin, avons besoin à la phase où nous sommes sont nous obtenons des innovations qui offrent des plus intéressés par le côté marketing et rentabilité solutions aux problèmes de tous les jours et qui ou des programmes et politiques d’aide spécipermettent de réduire l’écart entre les riches et fiques. les pauvres. D’un autre côté, il est difficile de trouver des insL’Afrique est pleine de femmes entrepreneures. titutions financières qui sont prêts à investir direcCe sont les vendeuses des marchés et les com- tement sur l’éducation des enfants, à travers des merçantes qui animent un segment important de matériaux didactiques différents de ceux habil’économie de nombreux pays. A bien des tuels comme les bâtiments ou les équipements… égards, ce type d’entrepreneuriat est le résultat En matière de genre, je dirai que dans mon trades politiques de développement au niveau qui vail je collabore en majorité avec des hommes, facilitent le commerce des importations et des et parfois cela pose problème pour faire avancer produits bruts en Afrique, plutôt que d’investir les choses, donc je suis toujours à l’affût d’opporhonnêtement et de stimuler l’innovation dans la tunités pour impliquer plus de femmes dans notre production de plus de produits à valeur ajoutée. projet. C’est toujours rafraîchissant de rencontrer Ce que je voudrai voir, c’est un partenariat crois- des femmes de tête qui ont à cœur l’éducation, sant entre les anciens acteurs économiques qui ce qui facilite la collaboration. ont l’expérience des affaires et les nouveaux entrepreneurs qui ont la formation qu’il faut pour Pensez-vous que le fait de réaméliorer des choses. J’aimerai aussi voir l’émergence de nouveaux marchés sûrs et pro- sider au pays de l’oncle Sam pres et où le commerce peut se faire par l’inter- soit un avantage dans la médiaire de téléphones portables alimentés par le biogaz ou le solaire ; des usines installées consécration de vos projets?

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Oui, je le pense. Je pense que si j’étais seule- entrepreneur, quoi d’autre ? ment en Afrique, mon expérience serait difféJe suis aussi une chanteuse en herbe ! (rires) rente. Bien sûr il y a beaucoup d’entreprises à succès au Ghana. Mais je pense que j’ai l’avantage d’avoir été exposé à la culture occidentale, Comment faites-vous pour alet de comprendre comment s’organiser et établir lier votre privée et votre vie des objectifs différemment.

professionnelle sans que Dites-nous une chose que l’une ne prenne le dessus sur vous auriez changée en l’autre? Je pense que j’ai organisé ma vie de sorte qu’il y Afrique. a des moments où je sais que je dois m’asseoir pour rédiger, créer quelque chose. Pour le côté social, je vais à des événements où je sais que telle ou telle personne viendra, pour pouvoir profiter de leur présence et m’assurer leur appui. C’est un mélange de travail et de distraction Quels sont vos projets pour le comme ça je ne me plains pas que je ne sors pas assez. Cette année, c’était la première fois, trois court et long terme? ans après avoir commencé mon aventure entrePour le court terme, j’aimerai fonder une famille preneuriale, que je prenais des vacances. J’ai dans les deux prochaines années. Qui sait ? pris deux semaines où j’ai profité de ma famille Peut-être qu’avoir des enfants me permettra sans penser au travail. Deux semaines c’était d’aborder mon travail différemment. Quelque tout ce que je pouvais prendre. Voyager m’aide part, mes enfants pourront devenir ma muse. également à me clarifier les idées. Je suis réguEn tant qu’entrepreneur j’aimerai véhiculer mon lièrement entre Brooklyn et Accra et je visite message de façon plus efficace et cela veut dire aussi la famille à Londres et en France. faire comprendre aux gens que l’éducation est C’est pour cela que travailler pour soi-même est un bien public et qu’ils devraient y investir, aussi intéressant parce que tu reste maître de ton bien au niveau individuel qu’institutionnel. temps. Pour le long terme, on aimerait créer des contenus qui changent vraiment l’imagination des en- Que pensez-vous de cette fants sur eux même, sur leur environnement, de sorte que de plus en plus de personnes rejoi- nouvelle vague de femmes gnent notre école de pensée. africaines qui prônent Question difficile ; il y a tant de choses à changer ! Une chose que j’aurai changé c’est de faire que les africains se déplacent plus facilement, que chacun puisse aller où il veut sans contraintes.

le retour à nos sources et au Etes-vous mariée ou un cœur naturel? à prendre? Je pense que la façon dont on se coiffe est une Non je ne suis pas mariée. Et oui je suis un cœur à prendre… à moi-même ! Vous savez, les femmes ne comprennent pas que pour trouver l’amour de notre vie, nous avons besoin de nous aimer nous même d’abord, de reconnaître ce que nous sommes. J’essaie vraiment de bien traiter ma personne, d’être patiente avec moi-même, et d’être critique envers ma personne, juste de me donner du répit quand il le faut.

Vous êtes athlète, designer et

décision personnelle. Je ne dirai pas aux gens ne vous défrisez pas les cheveux parce que ça ne fait pas noir ou africain. Déjà dans nos traditions, on a différents styles de coiffure, on porte des chapeaux différents. Pour ma part je porte des chapeaux, des tissages, mais c’est juste pour avoir un look différent. Moi j’ai choisi de garder mes cheveux naturels parce que je trouve que c’est plus facile pour moi de les entretenir ainsi. Ma maman coiffe très bien donc depuis notre jeune âge, elle nous appris à le faire ma sœur et moi.

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Par contre nous avons perdu notre façon traditionnelle de prendre soin de nos cheveux, comme nos grand-mères le faisaient donc on ne peut pas s’attendre à ce que les gens sachent comment faire leurs cheveux. Cela m’inspire, si ça se trouve vous venez juste de me donner une idée pour mon entreprise (rires), apprendre aux filles comment prendre soin de leurs cheveux. Au Ghana, les écolières ont la tête rasée et la première chose qu’ils font quand ils finissent le collège, c’est de se défriser les cheveux parce qu’ils ne savent pas s’en occuper autrement. Tout est question d’éducation. On doit juste apprendre aux jeunes filles comment on s’occupe de ses cheveux au naturel et elles feront elles mêmes le choix qu’elles voudront.

Quels sont vos hobbies?

J’aime écouter la musique. Je fais du yoga. J’adore danser donc je sors souvent danser. J’aime aussi écrire.

Quel est votre plat préféré?

Ça, ça dépend de là où je suis ! Ici aux USA, j’adore les glaces, particulièrement les glaces au coco. C’est aussi une idée qui m’inspire beaucoup parce qu’en Afrique, nous avons du coco partout ! Ça sera donc ma prochaine entreprise. Au Ghana, mon plat préféré c’est le red red (haricot et riz gras) et du plantain bouilli.

Un message pour la jeunesse Quelle est votre routine africaine particulièrement aux femmes africaines au beauté au quotidien? Je commence ma journée par un bain de vapeur lendemain du 8 mars?

sur mon visage, juste de l’eau chaude ou parfois avec des essences, pour 10mn. Je fais bouillir de l’eau moi-même, je sais que ça fait un peu vieux jeu, car j’aurai pu simplement acheter la machine à vapeur, mais bon j’aime bouillir mon eau (rires). Ensuite j’utilise un citron comme astringent, ensuite je mets de l’eau de rose puis je vais courir. Courir me permet de méditer, de décompresser. Pour ce qui est du bain, j’utilise du savon noir et du Bio Oil ou de l’huile de coco pour ma peau. Pour mes cheveux, je fais des twists, et si quelque chose de spécial je fais une autre coiffure. Pour ce qui est du maquillage, j’utilise des huiles essentielles, du mascara ou des faux cils en fonction du jour quand je sors je mets des fars à paupière et du rouge à lèvre. J’aime les rouges à lèvres, j’en porte de plusieurs teintes. Rien de compliqué, ma mise en beauté.

Je dirai aux femmes de juste croire en elles. C’est la chose la plus importante. Nous sommes si puissantes lorsque nous croyons en nous comprenons qui nous sommes ! Donc croire en soi c’est accomplir ses rêves.

Quelle est votre plus grande fierté? Ma mère ! Elle est la plus jeune de sa famille et a beaucoup fait pour tout le monde. Voir la personne spéciale qu’elle est m’inspire tous les jours. J’attends avec impatience le jour où je prendrai soin d’elle. Article coécrit par Tima Ly et Davide Sokeng Canada – Ghana

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Le Tchad à l'heure des télécommunications

Patricia Ronel Neldingar

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs? Je m’appelle Patricia Ronel Neldingar, je suis ingénieur des travaux en informatique et présidente de l’Association pour le Développement des Technologies de l’Information et de la Communication (ADTIC), dans le cadre de l’entreprenariat social.

Promouvoir l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans le milieu éducatif tchadien, tel est le pari que s'est lancé la jeune ingénieure des travaux en informatique Patricia Ronel Neldingar, avec l'appui de son Association pour le Développement des Technologies de l'Information et de la Communication(ADTIC). Coup de projecteur sur cette entrepreneure passionnée d'informatique.

grace au soutien de REACH FOR CHANGE ET de TIGO à qui nous disons un grand MERCI. L’application permet de suivre l’enfant en temps réel à l’école. Grace à elle, les parents ont l’œil sur ce que leurs progénitures réalisent lorsqu’ils sont loin d’eux.

Qu'est ce qui vous a motivé à créer cette association?

J’ai constaté que le taux de chômage ne cesse d’augmenter et que l’Etat ne peut pas absorber Parlez-nous un peu de votre tous les jeunes diplômés dans la fonction publique. Je me suis alors dit qu'il fallait trouver un cursus scolaire et profess- cadre d’échanges entre les jeunes qui nous permettrait de sortir le meilleur qui est en nous, sursionnel. tout face au fléau de la baisse de niveau qui J'ai fait l'école primaire à SOURCE DE PROgangrène notre système éducatif. Il fallait réfléGRES à N’Djamena. Mon cursus secondaire, je chir pour aider les enfants et les parents pour l'ai fait au COLLEGE EVANGELIQUE, toujours qu’ensemble, nous arrivions à rehausser le nià N’Djamena, où j'ai obtenu mon baccalauréat en veau éducatif du pays. Série C en Juin 2008. Passionnée d’informatique, j’ai continué mes études au Burkina Faso à l’Institut Supérieur d’Informatique et Gestion Quelles sont les difficultes (ISIG) aujourd’hui devenue Université AUBE auxquelles vous avez fait face NOUVELLE où j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur. Voilà donc un concentrée mon parcours depuis le début de votre (rires). aventure?

Parlez-nous de votre association.

Mon association est apolitique et œuvre dans le domaine de l’éducation pour encourager les parents à suivre l’évolution de leurs enfants dans les écoles. Nous prônons l’innovation numérique dans les écoles afin d’être proche des enfants. Cela nous a permis de créer une application,

Comme vous le savez, tout début est difficile et nos difficultés sont de diverse nature. L'un des problèmes auxquels nous sommes régulièrement confrontés est celui de la communication avec les chefs d’établissements qui sont pour la plupart hostiles au changement. Il nous a fallu beaucoup de courage pour continuer à avancer. Il y a aussi le problème de connexion internet qui est un peu général dans mon pays.

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Quels sont les cibles de votre jeure tranche de la population qui n'a pas été initiée à l'outil association? Les établissements primaires et secondaires informatique? ainsi que les parents d’élèves.

Pensez-vous avoir atteint vos objectifs de vos débuts à aujourd'hui?

Oui nous avons atteint quelques uns, comme entre autre la réussite de la phase expérimentale avec certaines écoles à N’Djamena, ce qui nous a permis de corriger au fur à mesure notre application. Nous avons également pu avoir des partenariats avec certaines institutions pour l’éducation des enfants.

Pour ce qui est de l’accès à internet, l’Etat a mis en place une stratégie pour en améliorer l’accès, notamment un haut débit numérique et l’extension du réseau national à fibre optique (des réalisations en cours). Il est vrai que la majeure tranche de la population n’a pas eu une initiation à cet outil, mais nous sommes entrain de pallier cela, surtout mon association, en créant des centres informatiques dans les écoles. Nous souhaitons que dès le départ, l’enfant se familiarise avec les TIC pour un meilleur futur, mais nous sommes malheureusement limités financièrement.

Quelle analyse faites-vous de Avez-vous des difficultés dans l'entrepreunariat féminin au la recherche de partenaires? Pour le moment nous avons deux partenaires à Tchad? savoir REACH FOR CHANGE et TIGO qui nous L’entreprenariat féminin au Tchad commence à avoir une image positive selon moi, même s'il y a beaucoup à faire encore. Je pense qu'il faut qu'on arrive à créer un cadre dynamique et à organiser des formations pour booster les femmes.

Comment se porte le secteur des technologies de l'information et de la communication au Tchad?

aident énormément. Nous avons beaucoup de réalisations à faire pour améliorer le secteur éducatif mais nous n’avons pas de financements. Je profite pour lancer un appel à tous les bailleurs qui peuvent nous apporter leur soutien, l'avenir de l'Afrique se fera grace à l'éducation.

Avez-vous un message à addresser aux femmes d'Afrique, particulièrement à celles qui comme vous, désirent se lancer dans l'entrepreunariat?

Le secteur des technologies de l’information et de la communication au Tchad est encore à un état embryonnaire. Mais les choses commencent à bouger un peu. Il faut vraiment que les diriIl faut savoir que de nos jours, lorsqu’une femme geants redoublent d’efforts pour y améliorer ce décide d’entreprendre elle a plus de chance de secteur. réussite que les hommes (rires). Nous avons une grande capacité de faire face aux difficultés, Quelles sont les stratégies donc n’ayons pas peur. A toutes les femmes qui mises en place pour faire face sont dans le doute je leur dit que l’espoir est permis et que c’est encore possible. Changeons aux difficultés rencontrés l’image de notre continent et travaillons ensemdans ce secteur, notamment bles. Tima Ly celles d'acces à internet et de tyma@aza-mag.com Canada l'analphabétisme de la ma-

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ENTREPRISE AZA

Elisabeth Ngonga-Neossi

Elisabeth Ngonga-Neossi, un modèle de réussite féminin dans l’éducation

Tout au long de l'Histoire, les Femmes ont marqué la société par leurs contributions extraordinaires. Pour ce quatrième numéro, votre rubrique Entreprise AZA rend hommage à Elisabeth NgongaNeossi, une Femme qui continue de marquer le cours de l’histoire dans son pays, le Cameroun. Après des études supérieures en communication audiovisuelle option "Réalisation", Elisabeth Ngonga-Neossi est la Promotrice du Groupe Scolaire Bilingue la Victoire de N’Gaoundéré. Un groupe de 06 écoles à travers son pays natal. Avant de parler des exploits et actes posés par cette brave dame, rappelons qu’Elisabeth Ngonga-Neossi a commencé sa carrière audiovisuelle au sein du service de communication du Ministère de l’éducation de base. Dans sa mission dans ce département, elle travaillait réguliè-

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rement avec des écoles, où elle côtoyait des enfants en âge scolaire pour réaliser des documentaires. C’est ainsi qu’elle se rendit compte qu’il y avait encore beaucoup à faire pour améliorer l’éducation au Cameroun. Et progressivement, elle s’intéressa à ce secteur éducatif qui est aujourd'hui sa première activité. En 2008 Elisabeth Ngonga-Neossi se déplace à N'Gaoundéré dans le nord du Cameroun, suite à l'affectation de son mari. Sur place, sa première remarque est que le besoin à l’éducation se fait encore plus ressentir dans cette zone. Ce fut pour elle le déclic, le moment de se lancer et de s’investir à fond dans l’Education. C'est ainsi qu'elle ouvre en 2011, avec très peu de moyens, sa première école bilingue nommée "La Victoire". A N’Gaoundéré dame Elisabeth se heurtera à la réticence de la population à scolariser les enfants. Une sensibilisation s’impose alors pour vaincre cet obstacle. Pour l'année scolaire 2011-2012, La victoire ouvre ses portes aux nouveaux élèves avec deux types d'enseignements : * 7h30-14h30 : pour les enfants de la maternelle et du primaire. * 18h-21h : les cours d’alphabétisation pour les adultes et les adolescents qui n'ont jamais eu la chance d’aller à l’école. Avec la force, le courage, la passion et la détermination qui ont toujours habités cette femme, très vite les populations ont compris l'utilité de son travail et lui ont fait confiance. Ainsi plusieurs arrondissements solliciteront auprès d’Elisabeth l'ouverture d'une école dans leur zone. L’aventure avait désormais tout son gout. Elisabeth Ngonga-Neossi possède de nos jours, 3 écoles maternelles et primaires, un collège d'enseignement secondaire, un cours du soir, et une ENIEG (École Normale des instituteurs des enseignements générale). En s’investissant dans sa passion, elle a su se battre, et accomplir des choses extraordinaires. Tant de choses qui forcent le respect et l'admiration à son égard même si elle estime que beaucoup reste encore à faire dans ce secteur. 15


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Le groupe scolaire bilingue « La Victoire » a pour objectif d'apporter à ses apprenants des connaissances et des compétences nécessaires pour leur insertion socio-professionnelle. C’est pourquoi il compte mettre en place très prochainement une bibliothèque, un laboratoire scientifique, une salle multimédia dans chacune de ses institutions d’enseignement du pays. Ce projet vise à promouvoir l’intellect en favorisant les recherches. La nécessité de s’entourer d'un personnel qualifié dont la formation continue est prise en charge s’impose également à la fondatrice. Cette sélection d’encadreurs avertis aura pour principale mission de déceler les talents de chaque apprenant et de l’accompagner dans le domaine où il peut exceller ou vers son choix. Le secteur de l’enseignement n’est pas en général un domaine de prédilection pour la gente féminine camerounaise. Le choix de Elisabeth Ngonga-Neossi d’œuvrer dans ce secteur se justifie par : - le manque des cadres sérieux et le manque d'un encadrement de proximité pour les enfants et les jeunes dont le nombre augmente chaque année - la volonté de donner une chance aux adolescents hommes et femmes analphabètes pour qu'ils puissent avoir la chance d’espérer à un avenir meilleur et apporter leur contribution à la société. Très dynamique, Elisabeth Ngonga-Neossi assure n’être qu'au début de sa carrière. Vu les défis qui s’imposent pour l’atteinte des objectifs du millénaire en matière d’enseignement et d’éducation, elle estime que beaucoup de chose reste encore à faire. Les difficultés qui se posent dans l’immédiat restent le besoin de construire de nouvelles salles de classe, de mieux équiper les bibliothèques, les laboratoires et les salles multimédia. L’autre contrainte est de réussir à établir des partenariats avec les autres écoles, collèges et universités pour l'orientation des élèves issus des écoles « La Victoire ». Avec toutes ses différentes réalisations, Elisabe`entreprenariat privé. Saran CAMARA saran@aza-mag.com Guinée Conakry

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Business

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FILLE ET ECOLE

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Le Sénégal, quel taux de scolarisation pour les filles ?

eulement 43,3% de la population sénégalaise est alphabétisée, c'est à dire qu'elle connaît les rudiments de la lecture et de l'écriture (chiffres 2009). On peut donc considérer que l'illettrisme touche plus de 50% de la population. Ce sont évidemment les femmes qui rendent ces chiffres si faibles puisque 51.1% de hommes sont alphabétisés (presque un sur deux) alors que chez les femmes ce chiffre est de 29,2% (une sur cinq). En effet, les jeunes filles ont souvent moins de chance d'aller à l'école. Les raisons de ce phénomène sont les suivantes: -Facteurs socioculturels: analphabétisme des parents, tradition, inconscience et refus des parents de scolariser les filles, orphelinat, contraintes domestiques (ménage), maladies, relâchement de l'autorité parentale, curiosité, naïveté, mimétisme, manque de repères ou de références …

Dossier

gement, manque de motivation et issue incertaine, complexe de redoublement de classe… -Facteurs économiques: manque de matériel didactique, pauvreté de la famille, recherche effrénée de l'argent…

Cependant, il est a noter que ces différences s'estompent en région urbaine. A Dakar, on voit même la situation s'inverser petit à petit et plusieurs établissements d'enseignement supérieur voient déjà une majorité de filles dans leurs effectifs. Il est enfin à noter que si la mixité est la règle au Sénégal, il y a des établissements scolaires uniquement pour les filles (lycée Kennedy, Immaculée Conception de Dakar...). En effet, interrogé sur la question lors d’une conférence de presse conjointe avec le directeur général de l’UNICEF, Anthony Lake, le ministre de l’époque de l’Education et des Langues nationales, Kalidou Diallo, a affirmé qu'en 2010 le taux de scolarisation des filles a atteint 95% contre 89% pour -Facteurs liés à la crise de jeunesse ou adoles- les garçons au Sénégal. Selon M. Diallo, ce taux cence: fille d'un âge avancé avant la classe de varie en fonction des régions. Ainsi, il est de 56% 6ème, fille mère et complexe de retour à l'école à Diourbel et Touba (au centre du pays) tandis après maternité, rapports sexuels précoces, que d’autres régions comme Kaolack (centre grossesse lors de la puberté, comportement de ouest), Matam (nord) et Louga (nord ouest), ce matérialiste, beauté (eh oui! être belle peut par- taux varie entre 50 et 76%. Expliquant cette disfois être un handicap!), insouciance , loisirs et in- parité, le ministre a dit que « des indépendances fluence des médias, manque d'encadrement, à l’an 2000, on a toujours interdit l’enseignement harcèlement par garçons et personnes âgées, religieux à l’école. D’où la réticence des parents à y envoyer leurs enfants ». détournement, copinage… Fanta DIALLO BA (source web) -Facteurs scolaires: faiblesse de niveau, rapports Fanta@aza-mag.com conflictuels avec certains professeurs, découraSénégal 18


SCOLARISATION DES FILLES EN ZONE DE CONFLIT : LA CASAMANCE

De Diogué à Gouloumbou, contrées limitant respectivement la Casamance naturelle (Sénégal) au sud et à l’est, en passant par Sédhiou, la moyenne Casamance, la scolarisation des filles se heurte à des écueils de taille. Le conflit armé indépendantiste et le faible revenu des masses rurales sont les principales raisons des cas de déperditions, chez les jeunes filles notamment. Pouvoirs publics et bailleurs ont injecté des fonds de promotion mais les indicateurs demeurent en deçà des attentes. Dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan Décennal de l’Education et de la Formation (PDEF) mis en route par le gouvernement du Sénégal, les conditions d’accès à l’école sont allégées en direction de toutes les communautés du pays. Résultats, beaucoup d’enfants vont maintenant à l’école et par endroit, avec plus de filles que de garçons, sous l’impulsion des bureaux genre créés dans les académies. Cette scolarisation massive des filles brise ainsi le tabou de plusieurs considérations faisant croire jusqu’alors que la place de la femme est au foyer. Si donc le taux d’accès est exhibé comme un franc succès dans la petite enfance et l’élémentaire, quoique dans la douleur, celui du maintien se pose toujours avec acuité dans le moyen et le secondaire. Des facteurs endogènes et exogènes expliquent cette déperdition scolaire nonobstant l’engagement des pouvoirs publics et les partenaires au développement. La pauvreté, le conflit armé et les violences basées sur le genre en sont les plus saillants.

Dans la région de Sédhiou, des actions de mobilisation sont en cours pour faire du taux d’accès à l’école une réussite. L’indice de parité entre filles et garçons met très souvent les premières citées en peloton de tête dans les classes. Dans le cycle de la petite enfance en 2011/2012, l’indice est de l’ordre de 0,99 pour 8,4 garçons contre 8,28 de filles. Dans l’élémentaire, l’indice est de 0,86 en faveur des garçons. En ce qui concerne le moyen, le taux est de 68,48% pour les garçons et de seulement 41,08% et moins encore dans le secondaire où les garçons font 29,74% contre 11,24% pour les filles, toujours en

Dossier

2012. Selon Mme Diatta Yadicone Sané, responsable du bureau genre de l’inspection d’académie de Sédhiou, cette chute du taux de scolarisation des filles s’explique par plusieurs facteurs: «il y a le fait que dans nos milieux traditionnels, on fait croire que la place de la femme est au foyer. Elles sont aussi utilisées par leurs propres parents comme domestiques de maison pour subvenir à leurs charges familiales. Cette même pauvreté invoquée explique les mariages précoces au profit des expatriés du terroir. Ajoutez y les cas fréquents de grossesses précoces et l’insécurité notamment dans le département de Goudomp, on se fait une idée des raisons des cas d’abandons scolaires dans la région de Sédhiou». Souscrivant à ces remarques, l’inspecteur d’académie de Sédhiou, Papa Baba Diassé, fait observer que : «le succès est au bout des efforts en cours pour le maintien des filles à l’école. Nous mettons l’accent sur la sensibilisation des communautés, l’organisation d’initiatives incitatrices pour encourager les filles à persévérer à l’école (célébration de la journée nationale de la fille, concours miss Science..). Nous organisons aussi des émissions radiophoniques sur les questions de la déperdition scolaire surtout chez les filles avec l’ensemble des acteurs du système à la base». A l’image de la région de Sédhiou, Ziguinchor en basse Casamance présente un indice de parité défavorable aux filles, au fur et à mesure qu’on gravit les cycles d’enseignement. Dans la petite enfance, l’indice était de 1,05 en 2011 et 0,99 l’année suivante, soit une légère chute aux dépens des filles. Ziguinchor : Le traumatisme de l’insécurité, la pauvreté et le tourisme ! Dans l’élémentaire en 2011, il était de 1,03 contre 0,93 en 2012. Le cycle du moyen présente 0,85 aussi bien en 2011 qu’en 2012 mais la constance est brisée l’année suivante au secondaire avec 0,68 en 2011 et 0,74 en 2012. S’exprimant au sujet de ce phénomène, Ganna Sène, inspecteur d’académie de Ziguinchor, déclare que : «la courbe est décroissante de la petite enfance au secondaire. Cela est consécutif à plusieurs facteurs notamment les grossesses précoces. Il y a eu près de 200 cas déclarés dans les établissements rien que l’année scolaire passée. Il s’y ajoute la pauvreté ambiante dans les ménages de la région au point que certains préfèrent utiliser la force physique de leurs filles comme domestiques dans les maisons».

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M Ganna Sène de poursuivre : «le revers du tourisme explique quelque peu aussi des cas de déperdition des filles. En basse Casamance le tourisme est très développé surtout à Cap Skiring. Le gain immédiat ostensible dans ces milieux éperonne d’autres à investir le secteur. Toutefois, l’Etat et les partenaires de l’éducation restent vigilants pour conduire des actions de mobilisation et de sensibilisation en faveur du maintien des filles à l’école».

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bonne partie de la région de Kolda, le conflit armé ouvre le chemin de l’exil. La persistance du conflit armé indépendantiste en Casamance tue l’école dans certains milieux de cette partie méridionale du Sénégal. Dans la région de Ziguinchor, l’inspecteur d’académie Ganna Sène fait savoir que « l’insécurité a durement affecté beaucoup d’écoles, notamment celles situées en zones frontalières. C’est le cas dans le nord Sindian où l’armée et les maquisards s’affrontent très souvent, lesquels affrontements sont suivis de déplacements des populations à l’origine des cas d’abandons scolaires. De même, à Goudomp, le crépitement des armes a fini de traumatiser l’ensemble des acteurs de l’éducation. Certains enseignants préfèrent démissionner au risque d’un séjour en zone frontalière avec la Guinée Bissau réputée très instable et infectée de bandes rebelles. A Mangacounda, toujours dans la même zone, les parents refusent d’envoyer leurs enfants et surtout les filles au collège d’enseignement moyen de Kaour , face au risque d’insécurité et de grossesses précoces, a indiqué Lamine Sambou, un habitant du village. De Sara Téning jusqu’aux portes de la capitale du Fouladou (Kolda), la famille scolaire reste sur le-quiPauvreté, grossesses et mariages précoces sont vive depuis plusieurs années surtout depuis les défis de cette autre région de la casamance l’assassinat en 1999 de Malé Diaïté, alors direcqu'est Kolda. L’académie de Kolda doit faire face teur de l’école élémentaire de Niagha, abattu deprincipalement à deux fléaux pour gagner le pari vant son établissement. Dans le département de du maintien des filles à l’école. Il s’agit de la pau- Bounkiling, au nord de Sédhiou, certains préfèvreté qui asphyxie de très nombreux ménages rent inscrire leurs enfants dans les écoles gamdans la région. L’inspecteur d’académie Mama- biennes du fait de l’insécurité qui perturbe les dou M’baré Hanne déclare de son côté que «la cours ou empêche l’ouverture des classes, c’est situation des déperditions scolaires est analogue le cas dans le Fogny des profondeurs. à la région de Sédhiou qui était sous son autorité Certes assez moindre qu’en basse Casamance, avant que l’académie ne soit entièrement auto- Kolda vit tout de même le stress des bandes arnome». Plusieurs sources contactées sur place mées surtout dans les alentours du département attestent que «des filles sont envoyées dès leur et de la capitale régionale. L’actuel président du plus jeune âge faire du petit commerce ; ce qui conseil rural Yoro M’ballo appelle à plus de sécules expose à des risques motivés par le contact rité pour sauver les jeunes générations. facile et permanent avec l’argent. Conséquence, les grossesses précoces sont fréquentes. Certains parents, pour contourner ce malaise social préfèrent donner leurs filles en mariage dès les premiers signes de puberté». D’ailleurs, il est assez connu qu’en milieu peulh, le mariage précoce est soutenu par la quasi-totalité des chefs de carré, garants des traditions ancestrales du Fanta DIALLO BA (source buzz.zsn) Fouta et des profondeurs la Guinée Conakry d’où fanta@aza-mag.com ils sont pour la plupart originaires. Sénégal Aussi bien à Sédhiou qu’à Ziguinchor et dans une

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Dossier

Education des filles : Afrique, tu es femme pourquoi t’instruis-tu? Alors que la politique de la scolarisation et le maintien des filles à l’école est menée presque dans tous les pays africains, on remarque qu'à certains endroits du continent, une fille instruite fait fuir les hommes, à défaut d’entendre qu’elle reste le sexe faible, synonyme de soumission.

Scolarisée, aujourd’hui chef d’une poste de santé sise dans la banlieue, celle que nous appellerons Nafissatou par soucis d'anonymat, nous raconte les difficultés qu’elle rencontre du fait qu’elle soit instruite. La trentaine, mariée et mère de deux enfants, Nafissatou revient sur sa vie de célibataire. « Avant de me marier, mon époux avait reçu des conseils de certains vieux qui lui disaient de ne pas m’épouser, car je suis une femme qui a fréquenté l’école moderne et indépendante financièrement. Selon eux, je ne serai pas une bonne femme », nous relate t-elle avec un large sourire. Les propos d’Abdou Rahman menuisier, semble affirmer les propos de l’agent de santé. Selon ce dernier, il lui est impensable d’épouser une fille qui a été à l’école. Pour lui, cette dernière sera trop indépendante, et ne pourra pas avoir la soumission que l’on cherche chez la femme. La femme est parfois synonyme de soumission totale en Afrique!!! Mais l’époque de l’esclavage est révolue, n'est ce pas? A présent, nous savons pourquoi les femmes instruites et indépendantes financièrement peinent à trouver l'âme soeur. Vous allez me dire certainement, que ça se comprend, car les adeptes de cette théorie n'ont pas fait les bancs. Alors vous dis-je, gardez votre coeur bien accroché en lisant les lignes qui suivent car vous allez comprendre que certains africains ne peuvent

comprendre qu’une femme qui noue son pagne soit instruite. Pour cela, poussons ensemble la porte du temple du savoir de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Aminata Sène une étudiante de la faculté des lettres nous raconte que lors d’une réunion des étudiants ressortissants de leur village, elle avait pris la parole afin de répondre à un étudiant lors d'un débat d'idée. Ce dernier n'apprécia pas son intervention et lui signifia sa féminité en ces termes : « moi quand je parle une femme n’a pas le droit de me répondre! Tu te tais tu n’es qu’une fille! Et même si tu es ici à l’UCAD, tu restes toujours une fille !». Etre une femme reste encore un handicap dans nos sociétés. La femme est considérée comme le sexe qui doit se soumettre tout restant dans l’ignorance. Cette vision qu’a la société africaine sur nous femmes est une question d’éducation dans certaines ethnies, quand bien même l’ainée de la famille est une fille et le cadet un garçon. La fille verra sa place d’ainée donnée au garçon qui sera le maître des décisions. Ne seraît-il donc pas temps de changer les choses? Fanta DIALLO BA fanta@aza-mag.com Sénégal

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LA SEDENTARITE

Santé

A cause de notre mode de vie moderne, les occasions de bouger se font rares: moyens de transport, diminution des tâches manuelles, usage de téléphones, d’ordinateurs et tablettes, etc. Malgré notre alimentation de plus en plus grasse et sucrée, nous ne faisons pas assez d'exercice physique. Nous devenons donc de plus en plus sédentaires et la sédentarité est une devenue une cause majeure de maladie et d'incapacité.

L

a sédentarité renforce toutes les causes de mortalité, double le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète, d'obésité et augmente les risques de cancer du colon, d'hypertension artérielle, d'ostéoporose, de troubles lipidiques, de dépression et d'anxiété. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 60 à 85% de la population mondiale a un mode de vie sédentaire, aussi bien dans les pays développés que ceux en développement. Cet état de fait commence depuis l'enfance car la façon de se divertir des enfants a aussi changé, ils sont devant la télé, jouent avec des gadgets et la plupart du temps en solitaire. On estime aussi que deux tiers (2/3) des enfants n'ont pas une activité physique suffisante, ce qui aura des conséquences graves pour leur santé à l'avenir. Egalement, le tabagisme prend une part importante dans notre mode de vie actuel et, allié à la sédentarité et au déséquilibre alimentaire, les résultats sont que les maladies qui y sont liées augmentent d'année en année. Il est donc urgent d'agir. Nos états doivent investir dans des infrastructures sportives et des aires de jeu à plein air pour les enfants. A notre propre niveau, nous devons aussi équilibrer nos repas et consommer moins de graisse et aussi faire du sport de façon régulière. Même si on est sédentaire depuis des années, sachez que tout n’est pas perdu. Il suffit de suivre nos petits conseils, de tenir sur la durée et les résultats positifs se feront sentir, pour une meilleure santé et un bien-être quotidien.

Avoir une alimentation équilibrée

- manger de tout, mais en consommant des aliments variés : varier son alimentation permet de consommer les différents nutriments dont notre organisme a besoin et d’équilibrer nos repas. Si par exemple aujourd’hui on mange du poisson, demain on peut manger de la viande. Si au déjeuner notre repas est riche en graisse, mangeons léger au dîner. - manger beaucoup de fruits et de légumes de saison : les légumes et les fruits fournissent d’important nutriments protecteurs comme les vitamines et les fibres. Il est recommandé d’en consommer au moins cinq (5) par jour, et surtout de les consommer de saison. - manger les portions adéquates : éviter de se goinfrer. Il s’agit de réduire ses portions de nourriture tout en variant les plaisirs. - éviter de sauter des repas et de grignoter entre les repas : sauter le petit déjeuner par exemple, peut provoquer une faim entraînant la prise d’un repas copieux à midi ou de grignoter. Et si on prend une collation entre les repas, ne pas oublier de le déduire dans le décompte de notre apport calorique total. - boire suffisamment …. d’eau : nous avons besoin d’au moins 1,5 litres d’eau par jour ! Et nous en avons davantage besoin s'il fait très chaud ou en cas d'exercice physique. L'eau et les boissons froides ou chaudes permettent de couvrir nos besoins. 22


Santé

Faire du sport de façon régulière

Pratiquer du sport de façon régulière ne peut qu'être bénéfique pour la santé. Pour ce faire, vous pouvez procéder par étapes, qui vous permettront de perdre du poids ou de stabiliser votre poids, de brûler des calories et d'avoir "un corps sain". - utilisez les différentes opportunités quotidiennes pour faire du sport: prenez l'escalier plutôt que l'ascenceur, descendez un ou deux arrêts avant votre destination pour marcher lorsque vous prenez les transports en commun, marchez les trajets courts au lieu d'utiliser votre voiture, accompagnez vos enfants à l'école à pied pour les petites distances, marchez 15 minutes après votre pause déjeuner, faites davantage de lèche vitrine... - faites régulièrment du sport: allez à la piscine plus souvent, prévoyez des séances de marches en fin de semaine, faites du fitness, de la gymnastique, du yoga, de la danse... - dépensez-vous plus chez vous et au travail: organisez-vous pour avoir à vous mettre debout le plus souvent possible, en évitant de tout avoir à portée de main, en faisant plusieurs allers-retours pour porter les choses d'une pièce à l'autre, en enlevant les chaises inutiles et en vous laissant aller à avoir des gestes plus toniques, etc. Pour vous aider, vous pouvez vous offrir un podomètre qui mesure le nombre de vos pas. Au-dessus de

10.000 pas par jour, cela équivaut à une demiheure de marche. - pratiquer une activité sportive pour de bon: si vous avez été sédentaire pendant des années, il faut faire le point avec un médecin, en sachant qu'à partir de 45 ans un électrocardiogramme d'effort est recommandé. Ensuite, une fois votre sport choisi (footing, vélo, natation, fitness, etc.), vous devez absolument commencer très doucement, l'objectif n'étant pas d'être épuisé en 5 minutes mais de tenir au moins 15 minutes, même en marchant ou en poussant son vélo.… Ce n'est pas l'intensité qui compte, mais la durée. Puis vous augmenterez progressivement la durée pour atteindre les 30 minutes, pour ensuite augmenter petit à petit l'effort. Il faut vous donner trois mois pour atteindre un niveau moyen. Il faut compter 6 à 12 mois pour s'y accoutumer et y prendre plaisir. Avec le plaisir, vous ne pourrez plus vous en passer, d'autant plus que la forme sera au rendez-vous. Rappelez-vous, tout n’est qu’une question d’équilibre ! Il n’y a pas de « bons » ou de « mauvais » aliments en tant que tel. Il s’agit plutôt de consommer avec modération un choix varié d’aliments, et d’allier le tout avec le sport quotidien. Davide davide@aza-mag.com Ghana 23



L

Société

UNE NOTE SUR : A LA RECHERCHE D'UN ELDORADO

'Eldorado, de l'espagnol el dorado : « le doré », est une contrée mythique d'Amérique du Sud supposée regorger d'or. Ce mythe est apparu dans la région de Bogota, capitale de la Colombie en 1536 (année marquée par des troubles politiques profonds). De nos jours, qui dit eldorado, pense déjà à un endroit où il fait bon vivre et bien sûr où il réaliserait ses rêves des plus irréalistes aux plus fous. On parle également d’eldorado pour ceux qui voudront explorer d’autres endroits, vivre des passions folles ou raisonnables, pour un boulot, pour des raisons de sécurité, bref il y un nombre incomptable d’eldorado et de raison de s’y rende à chacun de vous, chères lectrices de nous en dire plus. Rappelons tout de même que l’eldorado n’est pas toujours lointain (changer de continent pour un autre, ou de sous-région ou une autre), mais aussi proche (l’exode rural, etc.), et que tout le monde ne réussit pas toujours à l’atteindre certains échouent et reviennent pour les plus courageux à la case de départ. Comme l’indique si bien notre sujet de ce bimestre qui porte sur l'éducation, à la recherche d’un Eldorado, nous ferons état des étudiants africains francophones qui s’envolent malgré bon gré vers les pays anglophones qui seraient pour eux leur eldorado. Et qui dit eldorado, dit raisons et moyens pour s’y rendre. Les raisons sont diverses, d’aucun parlerait de

la pertinence de la langue anglaise qui est devenue incontournable de nos jours, des situations politiques qui ne permettraient pas leur épanouissement, d’une formation qui n’existerait pas dans leur pays d’origine, etc. D’autres par contre vous donneront de tas de raisons : fuir la pauvreté, la misère, découvrir tel un explorateur des contrées jamais visitées, nourrir sa famille et lui donner un meilleur avenir, etc.

Les pays anglophones, un eldorado pour beaucoup de jeunes francophones

En Afrique subsaharienne, la tendance est de plus en plus d’aller étudier dans un pays anglophone. La croyance est qu’avec un diplôme anglophone en poche, l’insertion professionnelle se fera plus facilement, plus particulièrement au sein des multinationales, qui sont des environnements multilingues et multiculturels. Une autre raison, tout aussi importante est que sur le classement des meilleurs universités africaines et mondiales, les meilleures universités sont indubitablement celles anglophones. En Afrique par exemple, Le classement annuel des universités par Journals Consortium en 2015, place les université anglophones en tête, avec la part belle pour celles de l’Afrique du Sud.

Classement Journals Consortium des 20 premières universités africaines en 2015

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Société

Les destinations d’étude sont multiples : en Europe, en Amérique, mais aussi de plus en plus en Afrique et en Asie avec des raisons diverses : l’Angleterre: toujours classées dans le top des palmarès internationaux, les établissements anglais offrent d’excellentes conditions de vie et d’études, qu’il s’agisse d’avoir cours dans des bâtiments historiques ou encore de disposer d’équipements dernier cri. Destination la plus élitiste et la plus onéreuse, elle attire ceux dont les parents ont les moyens de les y envoyer, la difficulté se trouvant dans l’obtention du visa, qui est parcimonieusement distribué. les Etats-Unis : autre destination de choix avec des universités prestigieuses. De nombreux étudiants francophones sautent le pas, avec en plus la possibilité de nombreuses bourses offertes par des organisations américaines. le Canada: Le Canada est une destination très prisée des étudiants africains et francophones. En 2009, rien que pour le Québec, on en comptait pas moins de 10.000. La proximité avec les États-Unis, la qualité des universités ,et le fait de pouvoir parler à la fois le français et l’anglais sont des arguments souvent avancés pour expliquer le succès de ce pays auprès des jeunes. l’Inde : L'Inde est réputée en Afrique pour son éducation de qualité et bon marché. Le pays forme les étudiants africains particulièrement dans le domaine des technologies. Depuis plusieurs années, la République développe bourses et programmes à destination des étudiants africains. la Malaisie : en 2012, la Malaisie est devenue, selon l’Unesco, le second pays d’accueil

des étudiants d’Afrique subsaharienne en études supérieures, avec 9 500 étudiants. L’attrait de la péninsule Malaisienne s’explique pour quatre raisons : le prix des études, la qualité des programmes d’études, la langue anglaise et la religion musulmane du pays. La Malaisie offre également de nombreuses bourses d’études. l’Afrique du Sud : elle est l’étoile académique du continent, occupant les cinq premières places dans le palmarès des meilleures universités africaines. Elle est également la destination privilégiée des étudiants francophones africains. le Ghana : le Ghana accueille de plus en plus des étudiants francophones, particulièrement des francophones de l’Afrique de l’Ouest. La proximité, la stabilité et le coût des études sont des facteurs clés.

La langue reste cependant un handicap

La langue cependant reste un handicap dans la plupart des cas. Certes, les cours d’anglais préalables sont exigées aux francophones dans certaines universités anglophones, ou des tests de niveau sont aussi requis (TOEFL, TOEC…) ; mais les étudiants pour la plupart se plaignent du manque de vocabulaire. « Les premiers jours de cours, je ne comprenais rien à ce que le professeur disait ! Il filait à une vitesse folle et j’avais du mal à comprendre et à prendre des notes. Et pourtant j’avais réussi haut la main les tests d’aptitude linguistique ! » nous a confié Armel, étudiant gabonais dans une université ghanéenne.

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Société

Les témoignages font légion. « Mes résultats en anglais étaient excellents quand j’étais au secondaire. Seulement, entre avoir de bons résultats en anglais seconde langue et vivre en anglais, ce sont deux choses totalement différentes. » raconte, dépitée, Azarielle sur un forum d’étudiants francophone au Canada. « J’avais déjà du vocabulaire en anglais, mais je ne possédais pas le vocabulaire spécialisé à mon domaine d’étude (ex : je ne connaissais pas le nom des maladies). Bref, ce n’était pas une partie de plaisir. J’ai quitté le programme après 3 sessions » « Mes problèmes ont réellement commencé lorsqu’il a fallu faire des présentations et des dissertations. J’avais fait une école de langue avant de commencer les cours et j’étais sortie major de ma promotion avec un excellent niveau d’anglais. La réalité à l’école de management fut toute autre ! Il m’a fallu beaucoup de courage et d’abnégation pour m’adapter » nous raconte Wilma, elle aussi étudiante dans une université anglophone. Il est alors important d’opérer un choix entre suivre son cursus en anglais ou étudier l’anglais pour améliorer son niveau, car les conséquences peuvent être dramatiques. Une autre option est peut-être, lorsqu’on envisage d’envoyer ses enfants dans des universités

anglophones à la fin de leur cursus secondaire, de les inscrire dès le bas âge à des programmes scolaires bilingues, ou de leur faire effectuer des bains linguistiques réguliers pendant les vacances scolaires. En somme, étant donne l'état de leur enseignement supérieur, les pays africains surtout francophones continueront à recourir aux programmes d’études à l’étranger tant pour satisfaire leurs besoins en main d’œuvre hautement qualifiée que pour répondre à la forte demande sociale pour cet enseignement. En même temps, étant donne la position privilégiée qu’ils occupent en tant que puissances intermédiaires, les pays anglophones seront parmi les pays qui continueront à jouer un rôle de premier plan, particulièrement en Afrique francophone, dans la formation des cadres supérieurs africains. Michele michele@aza-mag.com Congo

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AZA ET BELLE

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Société

Nos jeunes filles sont-elles dépendantes du maquillage?

Il peut arriver que des filles en 5e et 6e année de primaire se maquillent légèrement (du gloss sur les lèvres, par exemple), mais le fait reste encore éjà petites, nos filles ont parfois tendance isolé. Par contre, dès l'entrée au secondaire, la grande majorité des jeunes filles adoptent un maà mettre des strings, porter les talons de maman ou piquer dans son maquillage quillage discret... ou pas! pour s’y essayer. Ce petit geste a priori anodin est-il vraiment un jeu d’enfant ? Soyons réalistes: Devons-

Il y a quelques dizaines d'années, les jeunes filles commençaient (parfois) à se maquiller légèrement pour des occasions spéciales... vers 15 ou 16 ans! De nos jours, il n'est pas rare de remarquer des filles bien plus jeunes qui ne sortent pas de chez elle sans être au préalable passées par tout un rituel de beauté... Où s'arrête le jeu? Où commence la séduction? La frontière ne semble pas forcément évidente surtout pour ceux que l'on appelle les pré-adolescents.

nous laisser nos jeunes filles se rendent à l’école portant du maquillage ?

A quel âge ça commence?

Dès l'âge de 9, 10 ans, ils sont aspirés par la planète ado, cherchant à reproduire ce qu’ils voient dans les médias, mais il ne faut pas oublier qu'à l'adolescence, le corps et les relations se sexualisent. Ils ont beau être très proches des adolescents par leur apparence, ce ne sont que des enfants et il est bon de le leur rappeler. 28


Plus les filles grandissent, plus elles se maquillent, et il n'est pas rare que l'immense majorité des jeunes soient maquillées pour aller à l'école vers 13-14 ans. Parfois, il ne s'agit encore que d'un embellissement discret (crayon noir, mascara et gloss) et d'autres fois le visage est « travaillé » comme celui de leurs starlettes préférées : fond de teint, anticernes, rouge à lèvres, blush, fard à paupières, etc. La totale! Évidemment, il y a toujours quelques exceptions : certaines jeunes filles décident de ne pas suivre la tendance, ou peut-être que ce sont des parents plus sévères qui leur interdisent le maquillage. Certaines mamans font parfois une entorse au règlement en permettant à leur petite fille de se maquiller à l'occasion d'une fête d'anniversaire ou d'une fête de famille. En général si on se maquille c’est pour plaire aux autres. Mais le plus important c’est de se plaire à soi. Aussi, si on se maquille c’est, aussi peut-être, parce que on manque de confiance en soi et on le cache grâce au maquillage. Il y a une chose fondamentale que nous devons apprendre à nos jeunes filles, c'est d’être toujours soi-même. C’est plus facile à dire qu’à faire n'est ce pas? D’autant plus que l'adolescence est une période de la vie où on cherche à développer sa personnalité, et souvent très difficilement. On cherche son style à l'adolesence,et ce n’est pas forcément facile d’être soi-même car les personnes à cet âge-là ne sont pas très douces !

Le maquillage, un danger pour l’enfant.

Société

Si le maquillage à des effets positifs, il possède aussi quelques inconvénients, tels que l’apparition de boutons, ou même il est parfois le facteur d’allergies, d’irritations et de rougeurs. Il se trouve aussi également que le maquillage peut pigmenter la peau. Le rouge à lèvre dans de rares cas, peut provoquer un gonflement des lèvres, il est aussi dans de rares situations facteurs de problèmes de santé. Notamment, cette hyper sexualisation de nos filles peut les rendre victimes de violences sexuelles (pédophilie). Les enfants victimes d'abus sexuels sont en danger de mort. En 2007, (source internet) deux études avaient montré que le taux de suicide était le double chez les personnes ayant un passé d'abus sexuel que chez les autres. Les personnes agressées sexuellement dans leur enfance ou leur adolescence se donnent la mort plus fréquemment que la moyenne. Protégeons donc nos enfants. Soulignons, pour finir, que le maquillage à l’école est inutile. Pour vous sentir bien dans votre peau, prenez soin de votre peau, de votre corps, de vos cheveux, de vos dents, de toutes ces petites choses auxquelles vous ne pensez pas forcément mais qui vous rendent encore plus belle que le maquillage. Si malgré tout, vous vous sentez vous-même en portant du maquillage et que vous ne vous maquillez pas parce que tout le monde le fait alors foncez ! Faites le parce que vous en avez envie !

Carmelle carmelle@aza-mag.com Bénin

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LES HOMMES NOUS ACCOMPAGNENT

M. Cherif Ndiaye

Un entrepreneur au service de l’éducation

Cherif Ndiaye est le PDG de SignUp, une agence de communication et de marketing social. Il a obtenu un diplôme supérieur de gestion, un bachelor en administration des affaires et est en train de préparer un master en administration des affaires. Il est aussi l’initiateur de Ecoles au Sénégal qui est élu meilleur projet social en 2014. C’est aussi l’un des plus importants projets de son entreprise qui est sans aucun doute un moyen sûr et efficace pour promouvoir l’ éducation des femmes a Sénégal.

Société

gal mais également de conseiller les investisseurs locaux et étrangers sur comment investir au Sénégal. Après, toujours au sein de la même entreprise, j’ai travaillé dans l’évaluation des projets agrées par l’Etat. Après 2ans, j’ai démissionné pour intégrer une agence de communication qui s’appelle EURO RSCG qui est la troisième agence mondiale de communication. Au niveau de l’EURO RSCG j’ai été le responsable de développement de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. J’ai fus débauché par un de nos clients parce que EURO RSCG était en train de fermer ses bureaux au niveau du Sénégal et de l’Afrique sauf en Afrique du sud. Ce client-là s’appelle PCCI, qui était le premier centre d’appel à l’époque dans l’Afrique francophone. J’ai travaillé là-bas en tant que manager commercial. Et c’est là que j’ai décidé de quitter et de me lancer dans l’entreprenariat parce que j’avoisinais mes 30ans. Et je suis le genre de personne, qui, à chaque 10ans prennent une grande décision. Et pour moi à 30ans il fallait être entrepreneur.

Etait-il facile pour vous de créer votre entreprise ?

Monter une entreprise en Afrique n’est pas chose aisée, j’ai l’expérience, le savoir-faire mais cela ne suffit pas. Il te faut aussi assez de cash pour démarrer. Moi j’ai démarré sur fonds propre d’à peu près une dizaine de millions. C’est à dire que je n’ai pas fait appel à une banque pour un prêt. J’ai eu la chance d’être soutenu par ma mère qui m’a financé à hauteur de 80% de mon fonds de démarrage.

Comment s’appelle votre entreprise et quelles sont vos Décrivez-nous votre parcours activités ? Ma première activité avec mon entreprise SIGN professionnel post études UP été un centre d’appel. Et en terme d’investissement, pour démarrer un centre d’appel, on injusqu’à la création de votre vestit par position et une position coutait à propre entreprise l’époque 1million de francs CFA (2008), en preAprès ma maîtrise, j’ai travaillé à l’APIX, l’AGENCEPOUR LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS DES GRANDS TRAVAUX DE L’ETAT où ma mission était de vendre la destination Séné-

nant en compte tout ce qui est logistique, et à peu près toutes les charges liées à l’exploitation. J’ai démarré avec 70positions.

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Société

Vous comprendrez que pour le complément, je me suis associé donc avec une personne qui n’avait pas de savoir-faire dans ce domaine-là, mais, qui avez le cash. Parce qu’il est lui-même entrepreneur, qui est dans l’industrie du pétrole, mais voulait aussi faire une diversification. J’ai su le convaincre, et il a financé une part et avec ce que j’avais on a pu lancer notre call center. Après deux ans d’activité, on a été touché par la crise 2010 qui a secoué une grande partie de l’Europe, étant donné que 80% de nos marchés nous provenaient de la France et de la Suisse. A cause de cette crise, mon associé s’est retiré de l’entreprise. Et entre les problèmes, les incertitudes de ne pas pouvoir continuer, et vu que le marché ne suivait pas, j’étais obligé de déposer bilan.

40% au-delà de la surcharge acceptée. Avant de sanctionner il faut d’abord communiquer, et nous on a gagné le marché de communication, pour sensibiliser les usagers de la route et autres acteurs. C’est une des missions qu’on a faite. L’autre mission, c’est avec l’APIX, avec un des projets du chef de l’état visant l’amélioration des transports (trains express) qui doit voir le jour d’ici 2019. Notre rôle est de faire une bonne communication dans les localités qui sont imparties. C’est à peu près tout ce que fait notre agence, on travaille exclusivement sur des appels d’offre. Sign up est une agence de com. Donc elle fait tout ce qui est dans ce domaine.

Le call center étant fermé, et vu que j’ai un savoir-faire en communication, j’ai alors accompagné des grosses entreprises et également des organisations, comme Enda Tiers Monde dirigée à l’époque par Joséphine Ouédraogo qui fut ministre du temps de Thomas Sankara et ministre de la justice pendant la transition au Burkina. J’ai eu à conseiller cette femme pendant deux ans, en ma qualité de DG de Sign up. Je la conseillais sur tout ce qui était stratégie et action de communication plus recrutement. Ça nous a permis d’avoir une bonne référence en termes d’accompagnement et de marketing social. Parce qu’il y aujourd’hui beaucoup d’agences de communication, mais SIGN UP est une agence de COM certes, mais de marketing social.je peux donner quelques références, par exemple, cette année, fin d’année 2015 et début 2016, on a eu à accompagner Afrique pesage, c’est une entreprise qui est là pour faire tout ce qui est pesage des gros poids. L’état du Sénégal est un état qui dépense plus de 50milliards pour refaire des routes qui sont gâtées à cause de l’extrême surcharge des camions. Donc il y a une loi au niveau l’UEMOA qui s’appelle le règlement 14, ratifié par le Sénégal, qui sanctionne l’extrême surcharge. Sachant que la surcharge en tant que telle était sanctionnée depuis longtemps mais que ça n’a pas été dissuasif, l’extrême surcharge aujourd’hui c’est

treprise au niveau du recrutement. J’ai remarqué qu’on a un problème de ressources humaines de qualité. On est dans un pays où se sont les grosses structures ou les multinationales qui ont ce pouvoir-là de prendre des ressources humaines bien formées et nous on ne pouvait que se contenter du reste et je me suis dit que si on continue comme ça aucune startup ne va croitre réellement comme elle le devrait. Et on s’est dit il y en a marre de recevoir des CV où il n’y a que l’écrit et lorsqu’on passe à l’acte ça ne suit pas. Et la solution c’est qu’il faut investir dans l’éducation. Et en tant que citoyen, ayant été formé au Sénégal, même si j’ai connu d’autre expériences à l’extérieur, ma formation académique a été faite ici. Et je suis également un passionné des technologies de l’information et de la communication. Regroupant toutes ses différentes compétences et cette sensibilité pour une meilleure éducation, je me suis dit qu’il faudrait mettre en place une plateforme qui permet de donner accès à des contenus de qualités. Beaucoup m’ont demandé au début, pourquoi pas le post-bac ? Je leurs ai dit non, le problème est beaucoup plus accentué eu niveau du collège et du lycée. Pour moi si la base n’est pas bonne, au sommet il ne peut y avoir une meilleure formation. Un bon niveau s’acquiert depuis les premiers cycles.

Vous vous êtes surtout fait un Le centre d’appel ferme après nom grâce à un projet appelé « Ecole au Sénégal » deux ans d’activités, qu’avez-vous fait pour vous Effectivement. Ecole au Sénégal est un projet social qui m’est cher. Cette idée m’est venue suite relancer ? aux problèmes qu’on a rencontrés en tant qu’en-

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C’est ce qui a fait qu’aujourd’hui on a mis en place cette plateforme, qui a été primée comme étant meilleur projet social l’année dernière 2014.

Décrivez nous ce que vous faites dans votre projet « Ecole au Sénégal »?

Societé

projet social, donc non lucratif. Alors comment financezvous ce projet ?

« Ecoles au Sénégal » est un projet de Sign up, ma structure. On prend sur le bénéfice net annuel, une bonne partie pour l’attribuer à ce projet-là. On est donc les premiers donateurs. C’est Oui, si vous allez sur la plateforme, vous avez à ce qui nous a permis de démarrer. Quand on a peu près 500 cours. Notamment tous les cours commencé et que les gens ont vu sur le net ce de mathématique S1 et S2, une bonne partie du qu’on faisait, ça a intéressé d’autres bailleurs et programme de sciences physiques, SVT, philo- des grosses entreprises qui ont obligation de sophie, français et histoire-géographie pour la faire des activités sociales. Ces entreprises nous terminale, et tout ça en vidéos.Nous avons aussi versent un pourcentage de leur chiffre d’affaire tout le programme de la 6ème à la terminale en annuel. Elles nous identifient aussi comme étant textes. Nous les publions en vidéo sur notre pla- une entreprise sociale qui mérite d’être aidé teforme car après analyse, nous avons remarqué parce qu’elle n’a pas d’activité lucrative derrière. que la majorité des internautes ne lisent pas. Ils C’est le premier mode de financement. sont beaucoup plus attirés par les vidéos. C’est Il y a aussi les concours sur les innovations techce qui nous pousser à nous procurer les équipe- nologiques et sociales. D’ailleurs c’est le premier ments nécessaires pour la production. Nous pro- que j’ai eu à gagner avec la fondation France téduisons donc nous-mêmes les vidéos. Nous lécom qui a décidé, il y a 2ans, d’externaliser cerpayons les professeurs et le personnel. Mais ça tains de leurs concours sur les innovations hors reste quand même un projet social, parce que Europe. Ils les ont ouverts à l’Afrique, donc j’ai l’utilisateur final ne paye pas. On ne demande ni postulé et j’ai gagné. Grace à ce prix, on a pu login ni mot de passe ni paiement, et nous avons tenir pendant un an. On n’a pas eu à faire appel environ 5000 visites par jours. à une aide extérieur. Ça nous a permis aussi de faire un peu de la promo pour améliorer notre viQuels sont vos objectifs à sibilité et on a eu des résultats positifs, notamment des nouveaux partenaires, comme long terme ce projet « Ecole l’organisation internationale de la francophonie qui nous a financés à hauteur de 10milions de au Sénégal » ? Francs CFA il y a eu aussi la fondation BOA qui Notre objectif à l’horizon 2020, c’est d’avoir une nous a promis à la fois de rénover notre matériel grosse plateforme africaine. Ne pas se limiter au de production et prochainement une somme imniveau du Sénégal. Nous comprenons tous que portante. l’éducation est la mère du développement et On a organisé un diner de lever de fonds avec nous devons faire de l’éducation des jeunes, une comme partenaire principal Mr Amadou Diaw pades priorités de l’Afrique. C’est pour cela, si vous tron de ISM. Dans ce diner on a récolté entre 6 remarquez sur notre logos, c’est écrit EAS, ce qui et 8millions grâce aux ventes aux enchères. signifie aujourd’hui Ecoles Au Sénégal, mais Voilà en gros les divers modes de financement aussi Ecole Africaine du Savoir. Cette plateforme qui font vivre notre projet écoles au Sénégal. deviendra avec le temps un lieu d’échanges pour avez maintenant tous les africains. Si aujourd’hui je veux appren- Vous dre le lingala, swahili, bambara, peul ou autre, quelques années d’expérience j’aurais la possibilité de l’apprendre gratuitement sur Ecoles Au Sénégal. Toujours en vidéos et en tant que jeune entrepreavec de l’interaction. Voici la vision qu’on a de ce neur.Quels sont, selon vous, projet-là. Et d’ici 2017 je pense qu’on aura fini pour la partie Sénégal avec l’intégralité des les obstacles de l’entreprenacours. riat des jeunes en Afrique ?

« Ecole au Sénégal » est un

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Societé

C’est tout d’abord la culture, les jeunes africains n’ont pas le gout d’entreprendre. Prenons un exemple simple. La majorité des cadres africains roulent avec des grosses 4x4 et la valeur d’une telle voiture est plus ou moins égale à 10millions ce qui vaut la création d’un PME. Mais les africains aiment les signes extérieurs de richesse. Ils préfèrent gaspiller au lieu d’investir. Et ce n’est pas de cette manière qu’on vaincra la pauvreté en Afrique Le deuxième point selon moi, concerne l’Etat. Je pense que les Etats africains n’encouragent pas assez ses jeunes à entreprendre. Pourtant il devrait être le premier incubateur d’entreprise pour ces jeunes détenteurs de projets, en leur donnant les moyens nécessaires ne serait-ce que pour débuter l’activité. Et cela parce que la création d’entreprise diminue le chômage et contribue au développement économique d’un pays. Et ceci est du devoir de l’état.

Quels conseils donneriezvous aux jeunes pour les pousser à entreprendre ?

Le conseil que j’aimerai donner aux jeunes africains, c’est d’abord de croire en eux, et se dire que le développement de l’Afrique ne peut ni doit pas se faire sans eux. C’est à eu de développer leurs entreprises. Car en développant leurs entreprises ils développent l’Afrique. On doit donc être acteur de ces changements. Il ne faut pas être passif, attendre que tout soit réglé pour aller chercher de l’emploi. Il faut faire le chemin inverse : se dire ok je suis intelligent, j’ai une tête bien faite donc je peux être productif. Il faut juste identifier les besoins. Une fois que ces besoins seront identifiés, essayer de résoudre ces problèmes. Il ne faut pas être pressé de vouloir vivre aujourd’hui de ton investissement. L’entreprenariat demande du temps, de la patience et de la passion. Quand on est patient et passionné, à priori il n’y a pas de limite pour réussir.

Ibrahim Mmadi ibrahim@aza-mag.com Comores 33


PRÉVOYEZ UNE VISITE ICI

Découverte

E

Le Musée de la femme "Henriette Bathily"

Vous pourrez aussi voir une reconstitution parfaite d'une chambre de signare. L’on y trouve du mobilier ancien et des accessoires que les génén cet après-midi ensoleillé de Mars, la cor- rations actuelles ne connaissent certainement niche ouest de Dakar est balayée par une pas. Une pièce entière est dédiée aux célébrités brise fraiche qui agite légèrement la mer. sénégalaises contemporaines. Vous y trouverez Nous sommes à la place du Souvenir Africain à les portraits d’Henriette Bathily, la marraine du Dakar la capitale du Sénégal. Dans notre ru- musée, de Mariama Ba la célèbre écrivaine, ainsi brique "Découverte" de ce mois, nous vous ame- que d’autres femmes du monde politique et culnons visiter un haut lieu de célébration de la turel. femme et celle sénégalaise en particulier : le Musée de la Femme Henriette Bathily. Ainsi, touristes, élèves et étudiants ou cherD’abord installé en face de la maison des es- cheurs pourront y retrouver une riche banque de claves à Gorée, le musée a été transféré à Dakar données collectées au fil des années suite à des en 2015 et occupe maintenant une des coupoles recherches sur le terrain, des interviews, des téde la place du souvenir africain. Ouvert en 1994, moignages, des archives écrites ou orales, des le Musée de Femme a été initié par l’écrivaine photos ou vidéos, des objets du patrimoine... Le Annette Mbaye D’Enerville ; le musée porte le partage de ces histoires et faits marquants de la nom d’Henriette Bathily une autre valeureuse femme se fait aussi à travers des rencontres culfemme. turelles et scientifiques, des expositions, des puOuvert au public, l’espace plébiscite la femme blications, des ateliers de formation ou autres sénégalaise sur sa place et son rôle dans la so- activités génératrices de revenus… ciété. L’endroit est aussi une galerie d’art qui dispose ainsi d’importantes collections d’œuvres sur Ces dernières initiatives ont permis de mettre en l’histoire de femmes d’ici et d’ailleurs. Il faut dire exergue le dynamisme de femmes sénégalaises qu’une part belle de ces galeries est dédiée à contemporaines moins connues, à l’image de Dr celles du pays. Il présente aux visiteurs l’essen- Marie Thérèse Basse dans le domaine des protiel de ce qu’il faut savoir sur le quotidien de la duits alimentaires, Aichétou Sow dans l’aéronaufemme aussi bien en milieu rural qu’en zone ur- tique, Dr Awa Marie Coll Seck dans la santé ou baine. encore Viviane Bampassy Dos Santos dans l’adDans les salles, on illustre le rôle de la femme ministration… grâce à de nombreux objets et accessoires ; vous y trouverez des parures, objets spirituels Le musée lève aussi un coin du voile sur des pra(gris-gris...) et d’autres objets de la vie quoti- tiques traditionnelles en milieu lébou, sérère, dienne comme la calebasse. Une collection com- diola, peulh, manjack, mandingue, maure, plète est consacrée à cet ustensile de cuisine qui comme le rite de la fécondité appelé le "Kañarevêt d’autres aspects bien particuliers dans la len", la transformation du mil, activité par excelvie d’une femme. lence de la femme en zone rurale. 34


Découverte

Pour terminer votre visite en beauté, installez-vous à la terrasse du restaurant "Au souvenir" qui sur l’esplanade de la place du souvenir. Vous y dégusterez un cocktail exotique ou une bonne grillade de poissons.

A savoir Le musée est ouvert mardi au dimanche de 10h à 18h 30. L’entrée est payante moyennant 1000 FCFA/adulte et 500 FCFA pour les moins de 18 ans. Si vous souhaitez visiter les lieux en groupe scolaires ou éducatifs, des tarifs spéciaux sont proposés. Pour prendre des photos ou des vidéos, n’hésitez pas à vous renseigner au préalable. Contacts : Tél : +221 33 825 21 51 ou +221 77 573 42 95 Mail : info@mufem.org Web : http://mufem.org/

Jaly Badiane jaly@aza-mag.com Sénégal

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Évènements économiques et culturels

Découverte

AZA MAG, vous propose dans ce quatrième numéro une série d’évènements économiques et culturels. Il s’agit entre autres, des forums, séminaires qui se dérouleront en Afrique au courant du mois de Avril à juin 2016.

Dates

Du 03 Mai au 03 Juin 2016 Du 03 au 05 mai 2016

Évènements

Dak’art Biennale africaine de l’art contemporain

Lieux

Dakar - Sénégal

Salon international de l’hô- Johannesburg, Afrique du tellerie et de la restauration Sud

Du 09 au 14 Mai 2016

Salon International des produits arabes en Côte d’Ivoire

Abidjan -Côte d'Ivoire

Du 13 au 15 Mai 2016

Foire Africaine

Paris, France

Du 02 au 05 Juin 2016 Du 1er au 03 Juin 2016 Du 04 au 06 Juin 2016 DU 08 au 09 Juin 2016 Du 13 au 17 Juillet 2016

Lagos food and beverage fair

Foire Minière et Energetique de l’Afrique de l’Ouest Salon International de l’éclairage résidentiel, commercial et industriel

Conférence sur le GSM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre Salon International de la Santé et du matériel médical

Lagos, Nigeria Accra, Ghana Nairobi, Kenya Dakar, Sénégal Dakar, Sénégal

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Chronique

EGALITE DES CHANCES DANS L’EDUCATION

« Ce qu’un homme peut faire, une femme peut aussi le faire ». Fameux postulat qui a été à l’origine de beaucoup de débats, de crises, de batailles et de frustrations. D’aucun diront que les femmes ne peuvent pas TOUT faire aussi bien et même mieux que les hommes, d’autres soutiendront le contraire. Il y a également ceux qui disent qu’une bonne croyante ne devrait pas se targuer de savoir tout faire au même titre que les hommes, mais laissons de côté le débat religieux et parlons des femmes dans l’éducation, dans nos écoles,universités et instituts. Je mets ma main au feu que dans ce domaine, personne ne niera que les femmes ont clairement démontré qu’elles font tout aussi bien que les hommes, et parfois même MIEUX. Je me rappelle que déjà lorsque j’étais au primaire, il devenait de plus en plus difficile aux garçons d’être premiers de classe. Les filles étaient difficiles à coiffer au poteau. Il y avait toujours cette fille qui excellait dans toutes les matières et qui raflait tous les prix d’excellence en fin d’année. Eh oui ! Ceux qui disaient que la femme n’a pas l’esprit d’analyse et l’intelligence pour exceller à l’école ont eu tord sur toute la ligne ! Et puis, comment une personne capable de gérer un foyer, une famille, une belle famille, un homme pas toujours accommodant et compréhensif, parfois doublé de machisme et de misogynie ; une personne que l’on dit être le socle sur lequel la famille repose,comment cette personne peut ne pas avoir la sagesse et l’intelligence de réussir à l’école ? Je ne faisais que passer…

Cela dit, on a bel et bien vu des jeunes filles qui n’ont pas du tout réussi à l’école. Mais les raisons sont multiples : certaines n’étaient pas du tout intelligentes (c’est aussi valable chez les jeunes garçons), d’autres devaient participer aux corvées ménagères avant et après l’école parce qu’après tout ce sont de filles, pour d’autres encore l’âge du mariage avait sonné et les parents ont estimé qu’une fille n’a pas besoin de beaucoup étudier sinon elle n’obéira ni ne respectera pas son mari, et enfin d’autres ont échoué à l’école parce qu’elles étaient juste belles ! La beauté, sous nos cieux, est parfois un gage d’échec scolaire. Il suffit juste de faire la mauvaise rencontre et de ne pas avoir la tête sur les épaules pour que tout s’écroule… Encore une fois je ne faisais que passer… Si aujourd’hui nous avons des femmes médecins, professeures agrégées,astronautes, scientifiques, présidentes de la république, c’est bien parce qu’elles sont arrivées au bout de leurs études, malgré les difficultés, les plafonds de verre, le machisme etc… Cela est dû aux nombreux programmes qui ont intégré l’aspect genre et qui ont permis d’envoyer plus de filles à l’école, de leur donner les moyens de réussir, de sensibiliser les parents et la société.

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Chronique

Je suis pour l’égalité des chances et je suis pour la réussite de tous.

Mais le beau tableau n’est pas si reluisant que ça. Aujourd’hui encore il y a des filles qui doivent se battre pour aller à l’école. Elles peuvent être tuées juste pour avoir voulu aller à l’école ! L’exemple le plus illustratif est celui de la petite Malala Yousafzai au Pakistan. Aujourd’hui encore, certains parents refusent de voir la réalité en face, et préfèrent envoyer les garçons à l’école plutôt que les filles. Aujourd’hui encore, une femme peut être plus diplômée qu’un homme et juste parce qu’elle est femme et qu’elle prendra certainement des congés maternité, on lui offre le poste de secrétaire plutôt que celui d’ingénieur en chef. Il reste donc un long chemin à parcourir pour que l’égalité des chances dans l’éducation d’abord puis dans le milieu professionnel soit une réalité. Il est bien beau d’aller à l’école, d’avoir les mêmes diplômes que les hommes, mais où est l’intérêt si on ne peut pas avoir le poste dont on rêve ou le salaire qu’on voulait? Surtout que dans ce domaine, les femmes peuvent faire tout aussi bien, sinon mieux que les hommes ?

Davide davide@aza-mag.com Ghana 38


Qui sommes-nous ? « Africa For Africa » AFA est une association panafricaine pour le développement durable et inclusif basée à Thiès (70km de Dakar) au Sénégal. La mission de cette association

de

jeunes

étudiants

et

professionnels

est

de

contribuer

significativement au développement économique, social et culturel de l’Afrique.

Objectifs Conscient de toutes les difficultés de l’Afrique, il semble inéluctable pour nous, jeunes, de s’unir autour d’objectifs communs à chacun de nos Etats. Parmi ces objectifs il s’agit de : •

Contribuer à l’amélioration du bien-être social à travers la réduction de la pauvreté ;

Il s’agira de promouvoir la paix, des systèmes de productions alimentaires résilients aux aléas climatiques et autres, des systèmes efficients de santé, des systèmes éducatifs adaptés et un cadre de vie sain. •

Lutter contre les inégalités et l’iniquité sociale par le biais de la gouvernance participative ;

Il s’agira de favoriser l’égalité des chances à travers la promotion d’une justice sociale, la participation active et équitable des différents groupes sociaux à la gouvernance des ressources et aux processus de prises de décisions. •

Promouvoir le développement durable à travers le verdissement de l’économie ;

Il s’agira de poser les jalons d’une croissance économique tout en rationalisant l’utilisation des ressources. En outre, la réalisation de cet objectif se fera par le biais d’une économie de type « brune » à une économie de type « verte » ; ce qui suggère la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, une réduction des émissions de carbone et une réorientation des allocations de capitaux au verdissement de secteurs économiques clés.

Coordonnées : Site: www.afa-vps.org Facebook: https://www.facebook.com/africaforafrica/ Tweeter: https://twitter.com/afavps Téléphone: (+221) 77 514 97 76 – Président



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