GEISTLICH BIOMATERIALS
VOLUME 17, NUMÉRO 2, 2021
THÈME PAGE 10
GRAND ANGLE PAGE 24
GRAND ANGLE PAGE 34
La nouvelle pratique quotidienne.
Préservation de la crête.
La solution réellement centrée sur le patient.
Le début d'un nouveau chapitre dans les cabinets dentaires : Qu'en sera-t-il après la pandémie ?
Des cliniciens de trois pays différents discutent des aspects à prendre en considération chez les patients asiatiques par rapport aux patients caucasiens.
Un besoin clinique a abouti à l’innovation de la grille imprimée en 3D pour les augmentations osseuses majeures.
Photo de couverture : ©Stockphoto, Skynesher
LEADING REGENERATION.
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GEISTLICH NEWS 2/2021
Éditorial
Quand la vie redeviendra-t-elle normale ? Probablement jamais, si cela signifie redevenir comme avant. De nombreuses personnes pensent en outre, et non sans raison, que la COVID n’a pas réellement modifié mais plutôt accéléré l’inévitable. La digitalisation a été stimulée par les règles de distanciation et les bureaux déserts. Le télé-travail et les vidéoconférences ont profondément modifié l’environnement professionnel. Dans tous les cas, notre équilibre vie professionnelle-vie privée a changé. Et tous ces changements soulèvent la question suivante : après la pandémie, les changements seront-ils définitifs ? Quelles règles régiront la nouvelle normalité ou la « nouvelle pratique quotidienne », terme utilisé pour désigner les changements affectant votre activité au cabinet dentaire. La « nouvelle pratique quotidienne » est le thème principal de ce numéro du Geistlich News. Avec cette crise, nous avons appris qu'il est indispensable de se baser sur la science. Nous nous attendons à un retour général aux principes scientifiques ainsi qu’à celle l'importance de la Qualité dans cette nouvelle normalité post-pandémie. À ce sujet, je vous recommande de lire l’entretien avec Mario Roccuzzo. Et ce n’est pas seulement la pratique clinique quotidienne qui va changer. Le changement va aussi toucher le monde de la formation et des congrès qui a déjà subi d’énormes changements pendant la crise et ne sera plus le même à l’avenir. Nous avons demandé à cinq experts renommés ce que cela signifiera concrètement. Vous trouverez les réponses dans notre rubrique « Cinq questions pour cinq spécialistes », dans laquelle des conférenciers de premier plan partagent leurs expériences des nouveaux formats de formation en dentisterie. Pour plus d’informations sur la « nouvelle pratique quotidienne » en dentisterie régénérative, veuillez consulter le site www.new-daily-practice.com
Photo : Roger Schuler
Nous espérons que vous apprécierez ce numéro de Geistlich News.
Cordialement,
Dr Friedrich Buck Directeur Formation Scientifique, Geistlich Pharma
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Numéro 2 | 2021
ACTUALITÉS
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« L’heure est venue de libérer l’énergie de Geistlich ! » Entretien avec le Dr Ralf Halbach | DG de Geistlich Pharma AG
8 Une image pour l’humanité L'histoire vraie, Turma do Bem 9 Nouveau centre d’experts en régénération
10 La nouvelle pratique quotidienne La pandémie a changé notre manière d’interagir, d’apprendre, d’enseigner et de traiter les patients. Au début d'une nouvelle ère, la question qui se pose maintenant est : ce changement est-il définitif ? THÈMES
11 Cinq éléments pour une activité efficace sur les réseaux sociaux Dr Mohamad Bassam | Liban
14 « Les filles qui ont des rêves deviennent des femmes qui ont une vision. » Entretien avec le Pr Ashvini Padhye | Inde
16 « Tout peut marcher à court terme – mais qu'en est-il à long terme. » 19 « Pourquoi se baserait-on sur des facteurs de réussite identifiés avec des implants d'il y a 40 ans ? » Entretien avec Pr Tomas Linkevičius | Lituanie
22 « L’expérience du patient est essentielle pour nous. » Entretien avec le Dr Drew Rossi | États-Unis
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GEISTLICH NEWS 2/2021
Illustration : Quaint
Entretien avec le Dr Mario Roccuzzo | Italie
GRAND ANGLE
24 « Ces patients perdront beaucoup d’os alvéolaire si nous ne faisons rien. » Entretien avec les Drs Mauricio G. Araújo | Brésil, Yoshihiro Iwano | Japon et Alvin Yeo | Singapour
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Cinq questions pour cinq experts
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Régénération parodontale avec Geistlich Fibro‑Gide® Dr Jean-Claude Imber | Suisse
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Une tête sans corps Dr Klaus Duffner
34 La solution essentiellement centrée sur le patient
Illustration : © Studio Nippoldt, Berlin
Comment le Dr Marcus Seiler a inventé une nouvelle méthode de régénération osseuse pour les défauts importants. FONDATION OSTEOLOGY
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Depuis Berne vers le monde entier ENTRETIEN
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Conversation avec le Dr Fazeela Khan-Osborne Informations sur la publication
MENTIONS LÉGALES Magazine pour les clients et amis de Geistlich Biomaterials Volume 17, Numéro 2, 2021 Éditeur ©2021 G eistlich Pharma AG Business Unit Biomaterials Bahnhofstr. 40 6110 Wolhusen, Suisse Tél. +41 41 492 55 55 Fax +41 41 492 56 39 biomaterials@geistlich.ch Rédactrices en chef Dr Marjan Gilani, Verena Vermeulen Mise en page Niki Bossert Fréquence de publication 2 fois par an Diffusion 20 000 exemplaires en différentes langues dans le monde entier Le contenu de GEISTLICH NEWS est rédigé avec le plus grand soin. Toutefois, le contenu rédigé par des tiers ne reflète pas nécessairement la position de Geistlich Pharma AG. Geistlich Pharma AG ne garantit par conséquent pas l'exactitude, l'exhaustivité ni l'actualité du contenu fourni par des tiers, et décline toute responsabilité en cas de dommages de nature matérielle ou non matérielle liés à l'utilisation des informations de tiers ou d'informations erronées et incomplètes de tiers sauf en cas d'intention coupable ou de faute lourde prouvée de la part de Geistlich Pharma AG.
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La régénération contribue à une meilleure qualité de vie
« L’heure est venue de libérer l’énergie de Geistlich ! » Entretien avec le Dr Ralf Halbach propos recueillis par Thomas Pfyffer
Depuis son arrivé en juillet 2021 au sein de Geistlich Pharma, le Dr Ralf Halbach a pris les rênes en tant que PDG. Nous passons en revue ses premiers mois dans l’entreprise et essayons de deviner ce que l'on peut attendre de Geistlich à l'avenir. Dr Halbach, qu’est-ce que cela fait de rejoindre Geistlich ?
Ralf Halbach : Mes débuts ayant été marqués par la pandémie, il a été plus difficile pour moi de rencontrer les gens en face à face. Il y a eu comme un flottement pendant cette période en raison de l’absence de réunions informelles qui ont été remplacées par plus de réunions virtuelles. Mais j’ai trouvé des moyens d’interagir avec mes collègues au sein de l’entreprise, comme par exemple un blog ou une série de rencontres vidéo « Let’s Talk » au cours desquelles nous avons pu établir un lien. En un mot, mes débuts ont été une période particulière, exigeant des réponses extraordinaires à une situation extraordinaire.
Quelle est la première chose que vous souhaitez reprendre dès que la situation le permettra ?
Les visites en personne aux clients et les réunions avec nos partenaires font partie de mes principales préoccupations. J’ai hâte de saisir ces opportunités,
notamment lorsque Geistlich pourra de nouveau être active et présente aux congrès, symposiums et événements de l’industrie.
Quelles sont vos premières impressions sur l’entreprise ?
Je perçois un fort engagement et une grande passion chez nos collaborateurs. Chez Geistlich, nous considérons que nous avons de la chance d’avoir des salariés de longue date. Une grande partie de notre personnel a connu une période d'évolution et de réussite durable chez Geistlich. Ces salariés sont fiers de leurs réussites et engagements communs en matière de régénération. Mais je remarque également une grande énergie et un état d'esprit stimulant, une volonté de redémarrer après la pandémie et de s’attaquer à de nouveaux projets et thèmes - conformément au mantra : « L’heure est venue de libérer les énergies de Geistlich ! » Tout compte fait, il s’agit d’un merveilleux départ pour dessiner l’avenir avec mes collaborateurs.
« Notre réseau de compétences inclut des instituts de recherche, des spécialistes de premier plan et des partenaires commerciaux. » 6
GEISTLICH NEWS 2/2021
eistlich a une longue tradition G de pionnier en matière de régénération. Quels objectifs espérez-vous atteindre ensuite ?
La régénération est notre histoire - c’est là que sont nos racines. Nous avons passé des décennies à acquérir une expertise unique dans ce domaine, une expertise qui est inégalée. Sur ce thème complexe et stimulant, nous visons d’autres partenariats et d’autres découvertes capitales. Notre réseau de compétences inclut des instituts de recherche, des spécialistes de premier plan et des partenaires commerciaux. Nous continuerons à progresser pour parvenir à ce que nous sommes déjà : l’expert en régénération, par excellence. Le point de mire de nos activités est, et continue d’être, les patients pour lesquels nous développons des solutions.
Quelle est votre approche de l’innovation, et quel type de culture d’entreprise facilitera sa concrétisation ?
Pour moi, il est important d’avoir une culture de l’innovation omniprésente. Il n’est pas question que l’innovation soit imposée d'en haut ! Il est impératif d’avoir le courage d’oser quelque chose et, bien sûr, l’innovation chez Geistlich ne se cantonne pas à la R&D. Je me concentre sur une approche globale qui inclut, notamment, notre modèle commercial, le marketing, la mise en œuvre de la digitalisation et les opportunités de formation en entreprise. Pour aider nos clients, nous réfléchissons à la façon optimale d’organiser et de dispenser nos formations de manière à ce qu’elles soient accessibles partout dans le monde.
ouvent, les techniques dans le domaine S de la régénération ne sont pas nécessairement apprises à l’université mais découvertes plus tard. C’est là que notre expertise peut rendre un grand service.
Photo : Geistlich Pharma
Si vous deviez résumer votre approche en une formule ?
Courage, liberté d’expérimenter et de suivre de nouvelles voies – avec une volonté de devenir plus astucieux grâce à de nouvelles perspectives et à l'analyse des erreurs. C’est l’essentiel.
Quelle est votre vision quant aux femmes en chirugie dentaire ?
L’inclusion et la diversité sont deux thèmes qui me tiennent à cœur. On observe que la profession se féminise. Chez Geistlich, nous voulons anticiper et participer à cette évolution en nous concentrant sur notre propre diversité. C’est le seul moyen de faire avancer la dentisterie régénérative. En un mot, si nous réfléchissons à la féminisation de la profession, nous avons de nouvelles perspectives sur différents thèmes tels que la formation ou, par exemple, la R&D.
Les jeux olympiques ont eu lieu cet été. Dans quelle catégorie Geistlich serait en compétition et pourrait gagner ?
L’ADN de Geistlich est très proche de ce-
lui d’un athlète d’endurance ! Avec une tradition remontant à 1851, G eistlich démontre clairement qu’elle a beaucoup d’endurance, de la passion et un sens de la stabilité. Nous nous intéressons spécialement aux défis qui conduisent à des solutions durables. Notre credo reste donc : Nous travaillons sur des solutions pour les patients et nos clients dans le but de satisfaire leurs besoins. Par conséquent, je suis convaincu que nous continuerons – avec nos partenaires – à être les experts de premier plan de la régénération pour les 170 années à venir.
Qu’est-ce qui vous fascine dans la technologie médicale et dans le secteur pharmaceutique ?
Ma fascination permanente concerne les patients. Dans notre secteur, nous avons le privilège de pouvoir aider les gens. Notre R&D et nos solutions profitent aux patients. En prenant Geistlich comme exemple, vous voyez la façon impressionnante dont la régénération peut contribuer à une meilleure qualité de vie. Je suis très content de m’engager dans cette voie.
Où en sera Geistlich dans cinq ans ?
Mon prédécesseur, Paul Note, a fait un excellent travail. Pendant qu’il était à ce poste, l’entreprise s’est progressivement développée sur de nouveaux marchés géographiques avec des produits innovants. Nous nous appuyons sur une base très solide et nous continuerons d’investir dans notre R&D. Expérimenter des solutions continue d’être un objectif. Nous nous efforçons de rester les experts de la régénération et continuons même de développer cette position. Je suis convaincu que notre expertise et notre force vitale nous guideront vers de nouvelles découvertes capitales. Dr Halbach, merci pour cet entretien.
ACTUALITÉS
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Une image pour l’humanité Au cours de l’été 2021, G eistlich a lancé une nouvelle campagne sur les réseaux sociaux. Pour chaque photo partagée sur LinkedIn, Instagram et Facebook, avec le hashtag #myregeneration (#marégénération),
eistlich a fait un don de 5 $, soit au total G 5000 $, à l’organisation Global Dental Relief. Ce don vise à contribuer aux soins dentaires gratuits pour les enfants en Chine. Global Dental Relief a pour objectif de prodiguer des soins dentaires gratuits aux enfants à travers le monde.
Scannez et explorez
La marche et la course caritative de Geistlich en octobre 2020 ont aidé Turma do Bem, l’ONG qui met à disposition des traitements dentaires pour les victimes de violences au Brésil.
« Avec mon sourire, j’ai retrouvé ma vie et ma dignité », déclare-t-elle. « J’ai récupéré ma voix, pour aider d’autres victimes de violences domestiques. »
L’une des bénéficiaires s’appelle Joanildes. Elle a vécu pendant 45 ans dans une relation violente, sans accès aux soins ni aux traitements dentaires. Elle était presque édentée lorsqu’elle a entendu parler de Turma do Bem en 2013 – une association qui lui a permis de retrouver le sourire après une réhabilitation complète de la bouche.
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Joanildes sourit de nouveau après une réhabilitation complète de la bouche.
Photo : ©iStockphoto, Swissmediavision | Global Dental Relief | Turma do Bem
L'histoire vraie de Turma do Bem
Disponib le de l’auto à partir mne 202 1 :
La nouvelle plateforme d’experts de la régénération couvre tous les aspects pertinents de la régénération tissulaire orale.
VIDÉO CAS CLINIQUE ENTRETIEN ENTRETIEN
S T R E P X HUB E N O I T A R É N É G É R DE LA
Photo : ©Stockphoto, Milindri, Sujit Kantakad | Montage photo, Geistlich Pharma
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ARTICLE D'EXPERTS PODCAST
INFOGRAPHIE
Les 3 principales raisons de visiter la toute nouvelle plateforme d'experts de la régénération !
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Nouvelle pratique quotidienne
THÈME
Illustration : Quaint
La pandémie a changé notre manière d’interagir, d’apprendre, d’enseigner et de traiter les patients. Au début d'une nouvelle ère, la question qui se pose maintenant est : ce changement est-il définitif ?
Apparition de leaders d'opinion sur les réseaux sociaux
Cinq éléments pour une activité efficace sur les réseaux sociaux Dr Mohamad Bassam | Liban DDS, DESS Parodontologie & Dentisterie implantaire Directeur régional de la Maidan Clinic, Sabah Salem, Koweït
Avant même l'apparition de la Covid-19, l’utilisation des plateformes virtuelles était croissante. Avec la pandémie, beaucoup de nouvelles plateformes ont vu le jour pour s’adapter à la « nouvelle normalité ». C'est à ce moment que nous avons vu émerger de nouveaux leaders d'opinion pratiquant la dentisterie moderne basée sur la preuve et ayant recours aux outils numériques. Les réseaux sociaux incluent plusieurs outils sur internet dont, entre autres, des blogs, des forums, des communautés de contenu et des sites de réseaux sociaux tels que Twitter, YouTube, Facebook, LinkedIn, GDPUK, Instagram et Pinterest¹. Il y a aujourd’hui plus de 4,3 milliards d’utilisateurs de réseaux sociaux à travers le monde, soit presque la moitié de la population mondiale².
« Les informations manquantes peuvent être aussi dangereuses que la “désinformation” sur les réseaux sociaux. »
Une nouvelle ère
Avec l’apparition de la Covid-19, beaucoup de nouvelles plateformes ont été lancées pour s’adapter à la « nouvelle normalité » pendant les confinements et les couvre-feux. Des conférences en ligne ont été diffusées, comme par exemple « Geistlich+You », et la « nouvelle normalité » a ouvert la voie à de de nouvelles opportunités pour les jeunes cliniciens en leur permettant de partager leur talent et leurs compétences avec la communauté dentaire. C’est à ce moment-là que sont apparus de nouveaux conférenciers et mentors qui ont opté pour la dentisterie moderne fondée sur la preuve avec tous ses outils digitaux, ses biomatériaux, ses techniques et sa documentation professionnelle. Mon expérience sur les réseaux sociaux a débuté avec Instagram, le réseau social le plus populaire dans le pays où je réside. Instagram a un mécanisme de suggestion – il informe vos amis sur Facebook et suggère votre compte à d’autres utilisateurs d’Instagram qui ont des intérêts simi-
laires. J’ai tout d’abord publié certains de mes anciens cas cliniques. J’ai également essayé d’observer les autres influenceurs à fort impact et j’ai appris que les photos de grande qualité pour les cas cliniques, les procédures et les techniques chirurgicales sont ce qui intéresse le plus les cliniciens, avec le plus haut niveau d’engagement. J’ai amélioré mes compétences et mon matériel de photographie, en utilisant par exemple un appareil photo et un système d’éclairage plus avancés. J’ai ensuite commencé à publier quotidiennement des cas cliniques de haute qualité, en ajoutant dans les légendes une description détaillée du protocole chirurgical. J’ai répondu à tous les commentaires, ainsi qu’aux messages privés. Il m'est arrivé de faire une "consultation virtuelle" avec mes confrères afin de les aider à identifier le bon traitement pour leurs patients. Je leur ai parfois envoyé les références et articles scientifiques correspondants. Mon compte a commencé à prendre de l’ampleur et j’ai remarqué l’inspiration que je suscitais à chaque post.
1. Commencer avec une stratégie
Dans la communauté dentaire, les réseaux sociaux sont utilisés non seulement pour étendre notre réseau professionnel mais également pour informer les patients, instaurer un climat de confiance, influencer et aider à développer notre cabinet. Pour engager sa communauté et construire une page attractive, nous devons fixer un objectif clair et précis et suivre une stratégie. Cela commence par être transparent sur qui nous sommes. Par exemple, sur Instagram, il est important d’avoir une « Bio » attractive et informative qui indique le domaine de
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spécialisation, le niveau de formation et un lien vers d’autres pages personnelles sur des réseaux tels que Twitter, Facebook, YouTube et un site Web.
2. Trouver son « public »
Nous devons définir et cibler nos différentes catégories d'audience, puis planifier le bon contenu pour chaque groupe. Par exemple, les praticiens ont souvent tendance à « liker » et commenter les posts multidisciplinaires, les chirurgies complexes ainsi que les réhabilitations et reconstructions complètes. Pour eux, la présentation du cas est particulièrement importante et des photos intra-orales et extra-orales de haute qualité sont essentielles. En revanche, les patients choisissent d'ignorer et de ne pas suivre les pages qui publient beaucoup de chirurgie et de photos de cas médicaux qu'ils peuvent trouver repoussantes. Ils préfèrent au contraire les transformations agréables, les photos avant/après et les posts de sensibilisation.
3. Importance du contenu
Votre audience cherche un contenu de qualité. Prévoyez de rester cohérent(e) dans l'intégralité de vos posts. Incluez des cas intéressants, utilisez des matériaux de qualité et mettez en avant de nouvelles techniques ainsi qu’une dentisterie reposant sur des preuves. La description de la procédure et l’ajout de commentaires font comprendre aux lecteurs
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l’objectif du cas clinique publié. De même, inclure des questions dans les légendes, adressées aux patients ou aux cliniciens, incite votre audience à interagir avec vous. Les posts sur des cas cliniques suscitent parfois beaucoup d’interactions et des critiques très diverses car chaque dentiste a ses propres approches et convictions scientifiques. Construire une relation de confiance avec sa communauté, avoir une approche scientifique et citer des données probantes ainsi que des références sont essentiels et renforcent la crédibilité du travail clinique.
4. Interagir et optimiser la relation
Quand publier ? Les meilleurs moments pour publier sur les réseaux sociaux sont souvent tôt le matin, durant la pause déjeuner et le soir. Publier pendant le pic d'activité de votre audience vous assurera une plus grande portée et un plus fort engagement, et vous aidera à développer votre compte. Il est également important de faire des posts quotidiens et de communiquer avec l'audience à travers les stories Instagram. Pour favoriser l'interaction et entrer en contact direct avec les followers, vous pouvez utiliser différents moyens tels que les sondages ou les questions/réponses. Les photos de grande qualité pour les
Un moyen d’entrer en conversation directe avec l'audience est la « diffusion en direct ». Différents thèmes peuvent être abordés tels que le partage d’expérience, de protocoles, de conseils et d’astuces ou
cas cliniques, les procédures et les techniques chirurgicales sont ce qui intéresse le plus les cliniciens, avec le plus haut niveau d’engagement.
Photo : Dr Mohamad Bassam
« L’adoption d’une approche scientifique sur les réseaux sociaux inspire la confiance envers les followers. »
toute autre sujet intéressant. Les "directs" réguliers (à fréquence hebdomadaire ou mensuelle) peuvent vous donner une idée de ce qui intéresse réellement l'audience et vous donner plus d’idées. Les hashtags élargissent la portée de vos posts et augmente la visibilité de vos publications. Il est possible d’utiliser plus de 30 hashtags dans un post Instagram. Essayez de trouver les principaux hashtags qui ciblent l'audience recherchée et utilisez-les tous. Une telle stratégie peut vous faire apparaître dans la page d’exploration (où Instagram édite du contenu pour ses utilisateurs). De même, tagguer des personnes, d’autres pages et d’autres emplacements augmentera le taux d’engagement ainsi que la visibilité de votre page. Lorsque vous aurez plusieurs publications sur votre page et lorsque votre compte commencera à se développer, vous pourrez commencer à tagguer vos amis, et même les influenceurs et gros comptes sur les réseaux sociaux, pour les inviter à lire vos posts et leur demander s’ils souhaitent collaborer.
Assurez un suivi quotidien de vos posts et « reposts » par l’intermédiaire de vos autres comptes et pages, et répondez aux commentaires. Enfin, faites la promotion de votre page sur d’autres plateformes comme Twitter, Facebook et autres.
5. Responsabilités numériques
Réussir à l’ère numérique exige de prendre des responsabilités numériques. Il est essentiel d’obtenir un formulaire de consentement légal signé par les patients permettant aux praticiens de prendre des photos et de les partager lors de conférences et sur les réseaux sociaux. Les praticiens seront responsables si ces informations/données sont partagées ou utilisées abusivement sans l’autorisation du patient. Le General Dental Council (GDC), qui est le principal organisme de réglementation pour les professionnels du secteur dentaire au Royaume Uni, définit des normes les concernant. « Vous ne devez
en aucun cas publier des informations ou des commentaires à propos des patients sur les réseaux sociaux ou les blogs¹. Si vous utilisez les réseaux sociaux professionnels pour discuter de cas anonymisés et débattre des meilleures pratiques, vous devez impérativement veiller à ce que le ou les patient(s) ne puisse(nt) pas être identifié(s). » Même les discussions en ligne entre les patients et les praticiens doivent impérativement être évitées car elles peuvent entraîner des problèmes juridiques et des poursuites, notamment en cas de commentaires inappropriés³.
Le futur commence aujourd'hui
Les réseaux sociaux sont un instrument à double tranchant. Ils dominent aujourd'hui le marché et détiennent une place importante au sein des différentes plateformes de formation disponibles dans le monde. Les réseaux sociaux ont tout particulièrement progressé pendant l'épidémie de Covid 19, en offrant un large éventail de contenus aux étu-
diants en dentaire, et même aux chirurgiens-dentistes chevronnés. Le contenu des formations est devenu facilement accessible, à un coût inférieur, devenant une source d’apprentissage importante pour les étudiants et les chirurgiens-dentistes fraîchement diplômés. Mais il est également crucial de choisir soigneusement les supports de formation avant de les adopter. En l’absence de relecture et de contrôle, la qualité des informations pourrait parfois être insuffisante. Toute personne ayant un compte peut publier un cas clinique ou des affirmations sans données probantes ni références. Cela peut donc engendrer le partage de nombreuses informations erronées. « Les informations manquantes » peuvent être aussi dangereuses que la « fausses informations » sur les réseaux sociaux. C’est aux cliniciens et professionnels du secteur dentaire qualifiés d’être vigilants et de ne pas republier des informations fausses ou potentiellement nuisibles, de guider les étudiants, les praticiens fraîchement diplômés et les patients vers les meilleurs options thérapeutiques, matériaux et procédures dans les cabinets dentaires, et d’utiliser les réseaux sociaux au profit de la communauté dentaire. Références 1
General Dental Council. Guidelines pour l’utilisation des réseaux sociaux. Entrées en vigueur le 27 juin 2016.
2 Hootsuite et We Are Social, extrait de https://datareportal.com/reports/digital2021-april-global-statshot 3 Chauhan B. et al.: J Med Pract Manage 2012;
28: 206-209.
« Le seul moyen de faire du bon travail est d’aimer ce que l’on fait. » Dr Bassam et son équipe, le jour de la Saint-Valentin 2020 sur Instagram.
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Les femmes en dentisterie régénérative
« Les filles qui ont des rêves deviennent des femmes qui ont une vision. » Pr Ashvini Padhye | Inde Département de parodontie du MGM Dental College & Hospital, Cabinet libéral limité à la parodontie et à l’implantologie, Mumbai Propos recueillis par le Dr Marjan Gilani
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à s'inscrire dans les facultés dentaires ce qui engendre une diversification des données démographiques en termes de genre. Néanmoins, le pourcentage de femmes leaders d'opinion reste inférieur à celui de leurs pairs masculins. La professeure Ashvini Padhye a répondu à nos questions sur son parcours et sur la manière dont elle voit l’avenir des femmes dans la dentisterie régénérative.
Professeure Padhye, comment avez-vous décidé de devenir parodontiste ?
Pr Padhye : Enfant, je voulais devenir médecin. Mais par la suite, j’ai appris que je ne pouvais pas étudier la médecine dans ma ville et je ne voulais pas aller à l’internat. J’ai alors choisi la dentisterie et ne l’ai pas regretté une minute. Mes deux parents étaient chirugiens-dentistes et j’ai toujours voulu faire des études supérieures dans une discipline chirurgicale. J’adore la chirurgie. À cette époque, en Inde, la chirurgie plus avancée n’était disponible qu’au niveau post-universitaire. J’ai donc choisi la parodontie, j’ai continué à en apprendre davantage, et il n’y a pas eu de retour en arrière.
Être une femme a-t-il été un obstacle ?
Pas vraiment. Je pense que mon parcours a été très facile. Mes mentors ont été d’un grand soutien. Même si j’ai eu des collègues masculins et féminins, j’ai toujours été encouragée à me mettre en avant ou à présenter des choses, lors de conférences par exemple. Mais c'est aussi parce que ma famille m'a beaucoup soutenu tout au long de mon parcours. Dans un pays comme l’Inde, il faut beaucoup de soutien pour pouvoir suivre la voie que j’ai empruntée. Mes parents, puis mon mari et mes enfants, voulaient que je sois courageuse, que je me batte pour obtenir ce que je voulais et suivre mes rêves.
« La clé est de faire face aux défis et d’apprendre à les gérer en trouvant le bon équilibre. » 14
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Nous observons aujourd'hui plus de femmes leaders d'opinion qu'avant dans le domaine de la dentisterie. Qu’est-ce que cela signifie pour les étudiantes et les jeunes dentistes ?
Lorsque des femmes leaders d’opinion interviennent lors de conférences, organisent des séminaires et sont très cultivées et spécialisées, cela envoie un message très positif. Je pense qu'il est extrêmement stimulant pour les les étudiantes de voir autant de femmes à la tête de différents départements à l’université. Dans notre établissement, sept responsables de département et la doyenne sont des femmes. Les étudiantes ont du respect pour elles et ont le sentiment qu’un jour, elles pourront aussi y arriver.
Pouvons-nous dire que l’écart entre le nombre de femmes diplômées et les femmes qui évoluent dans leur carrière diminue ?
Oui, heureusement, l'écart se réduit. Mais il est encore énorme. La route est encore longue pour réellement faire disparaître cet écart. Beaucoup de femmes n'arrivent toujours pas à prioriser ou compartimenter ce qu’elles veulent faire sur les plans professionnel et personnel, et c’est là que nous avons tendance à être à la traîne. Les femmes assument beaucoup de responsabilités simplement parce qu’elles sont des femmes. Ne vous méprenez pas. Malgré la gestion de ma carrière, j’ai endossé plusieurs rôles et fonctions sur le plan personnel. J’ai été activement impliquée dans l’éducation de mes enfants qui sont à présent des adultes accomplis, je suis une cuisinière passionnée, j'aime régaler mes invités et, en plus de tout cela, je trouve le temps de vivre pleinement mes passions. J’ai un certificat de plongée sous-marine, j’ai fait une formation en danse classique et j’adore
dessiner et peindre. Il s’agit de trouver le bon équilibre. Je pense que beaucoup de femmes se sentent coupables de faire des choses, par exemple une formation professionnelle pour elles-mêmes si cela les éloigne de leur famille. Nous devons cesser de penser ainsi et arrêter de renoncer à nos rêves.
Cet écart est-il uniformément réparti entre les différents domaines de la dentisterie ?
Pas du tout. En Inde, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à s'inscrire dans les facultés dentaires. Cependant, lorsqu'on regarde de plus près, les conférenciers et les leaders d'opinion de premier plan sont en majorité des hommes. Les femmes ont tendance à rester dans leur zone de confort, par exemple dans les cabinets généralistes, au lieu d’aller de l’avant et de s'autoriser à aller vers là où elles veulent être.
Photo : ©iStockphoto, Levent Konuk | Geistlich Pharma, Prof. Ashvini Padhye
Qu’est-ce qui peut briser ce plafond de verre ?
La clé est de relever les défis et d’apprendre à les gérer en trouvant le bon équilibre. Les femmes ont beaucoup à offrir : elles sont compétentes, empathiques, créatives et naturellement multitâches. Peutêtre sommes-nous plus critiquées que nos homologues masculins, même par les patients. Ils peuvent demander, par exemple, lorsqu’ils apprennent que leur jeune dentiste femme doit procéder à une extraction de dent : « Docteur, serez-vous capable de gérer ? » Cela est courant pour une chirurgienne orale dans la vraie vie. Mais nous devons changer cela et exploiter notre potentiel. Une fois que cela sera fait, rien ne pourra alors nous arrêter.
forme. Pour remédier à cela, les femmes doivent travailler assidûment sur leurs projets, rester concentrées pour y parvenir et se mettre en avant en public pour être vues et entendues.
Y a-t-il quelque chose que l’industrie puisse faire pour inspirer et attirer les femmes dentistes ?
La prof. Ashvini Padhye lors du cours pratique du Women Regeneration Meeting (Rencontre des femmes sur la régénération)
Beaucoup de femmes sont moins confiantes lorsqu’il s’agit de dentisterie régénérative et avancée. Les cours et formations pratiques, notamment si les intervenantes et mentors sont des femmes, contribueront à changer cela. Il y a deux ans, à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme, Geistlich India a lancé un très beau projet en créant des événements et sessions de formation réservés aux femmes Dans un environnement exclusivement féminin, les femmes qui auraient tendance à être discrète ailleurs, s’expriment, posent des questions, partagent des expériences et prennent confiance lorsqu’elles parlent sur d’autres plateformes.
Quelles sont les femmes leaders internationales qui vous inspirent le plus ?
Lorsque nous examinons les données sur la Covid-19 et la manière dont les pays ont
géré la sécurité de leurs citoyens ainsi que la crise économique, nous constatons que les pays les plus performants sont ceux dirigés par des femmes tels que la Nouvelle-Zélande, l’Allemagne, l’Éthiopie, la Finlande, l’Islande et la Slovaquie. Elles ont été rapides, objectives, efficaces et, bien sûr, inspirantes. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, affirme que « le rôle des femmes dans notre économie n’est pas moins que révolutionnaire ». Nous avons besoin d’elles dans la population active pour construire un avenir meilleur. Faire partie d’une minorité peut être difficile, mais c’est également une opportunité. Je répète régulièrement aux filles : allez-y, saisissez votre chance et défiez les probabilités. Les filles qui ont des rêves deviennent des femmes qui ont une vision.
Pour exploiter ce potentiel, les femmes doivent-elles travailler davantage ?
Généralement, les femmes travaillent dur par nature. Mais elles peuvent apprendre à canaliser leur façon de travailler. Elles doivent également apprendre à mettre en avant leurs compétences. Aujourd’hui encore il est possible que les hommes soient mieux entendus que les femmes lorsqu’ils s’expriment sur la même plate-
Le Dr Padhye se prenant en photo avec les participantes après la Rencontre des femmes sur la régénération. Mumbai, Mars 2020 THÈME
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Photo : Geistlich Pharma
« En tant que cliniciens, l’un des critères les plus importants que nous recherchons pour les biomatériaux est la prédictibilité sur le long terme. »
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Le rôle des biomatériaux dans le succès à long terme
« Tout peut marcher à court terme – mais pas forcément à long terme. » Dr Mario Roccuzzo | Italie Corso Tassoni Alessandro 14, 10143 Turin Propos recueillis par le Dr Marjan Gilani
Comment le choix du Qu’est-ce qui fait la « qualité supérieure » d’un biomatériau contribue-t-il biomatériau ? Nous avons discuté avec le Dr Mario à la prédictibilité ? Roccuzzo, Italie, au sujet de la conception, des normes Il est certain que tout dispositif de fabrication, des résultats sur le long terme – et de son médical doit être testé in vitro et en clinique, et doit présenter les bonnes expérience de l’utilisation des biomatériaux au cours propriétés physiques et biologiques des 30 dernières années.
Dr Roccuzzo, vous avez traité de nombreux patients fragiles présentant des défauts osseux. Quel a été le tout premier biomatériau que vous avez utilisé ?
Dr Roccuzzo : Il s’agissait de Biocoral®, un biomatériau implantable résorbable à base de carbonate de calcium d'origine corallienne. Ensuite, j’ai utilisé plusieurs autres substituts osseux jusqu’à ce que je découvre G eistlich Bio-Oss ®, puis Geistlich Bio-Oss® Collagen, et depuis je continue à utiliser.
Dr Mario Roccuzzo, coordinateur scientifique de la Journée d’étude : « Succès à long terme. Comment sélectionner le meilleur traitement pour les patients ? » Turin, Septembre 2017
Qu’est-ce qui a changé au cours de ces dernières années ?
Beaucoup de choses. Mais les attentes des patients sont la chose la plus importante. Avant, la pose d'implants était quelque chose de rare, et les patients étaient toujours contents tant que leurs dents perdues étaient remplacées. Aujourd’hui, la plupart des patients ont des exigences tellement élevées, notamment mes patients, habituellement orientés vers moi en raison de complications.
pour être conforme aux réglementations applicables aux dispositifs médicaux³. Mais en tant que cliniciens, l’un des plus importants critères que nous recherchons est la prédictibilité sur le long terme. Et quand je dis long terme, cela signifie au moins 10 ans. Lorsque je consulte la littérature scientifique, la plupart des études sont à court terme. Il semblerait que tout le monde soit pressé de publier.
On oublie souvent qu’à court terme, tout ce que nous faisons peut marcher, mais pas nécessairement à long terme.
Est-il possible d’éviter les complications récurrentes ?
Dans la vraie vie, des complications peuvent survenir quoi que l’on fasse¹, ². Nous traitons des patients présentant beaucoup de facteurs de risque de péri-implantite et les suivons sur plus de 20 ans. Il n’existe pas de moyens d’éviter totalement les complications, mais certaines approches et certains choix que nous faisons peuvent contribuer à réduire leur apparition. Parmi eux figure le choix des biomatériaux², ³.
« Il y a certains choix que nous pouvons faire pour limiter la survenue des complications. »
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Cela vous est-il arrivé d’être convaincu par un biomatériau ou un concept thérapeutique mais que ce dernier se soit révélé inefficace dans le temps ?
Il fut un temps où j’étais convaincu que les biomatériaux synthétiques étaient le bon choix, mais leur comportement sur le long terme ne correspondait pas à mes attentes. J’ai donc arrêté de les utiliser.
Qu’est-ce qui pousse l’innovation dans la science des biomatériaux ? Des besoins cliniques non satisfaits ?
La recherche fait partie de la nature humaine. Nous voulons toujours plus : de meilleurs produits, de meilleures solutions, des procédures moins onéreuses, moins de risques et une offre illimitée. Même avec d'excellents résultats, nous voulons toujours en avoir de meilleurs, et c’est bien.
En général, lorsqu’une entreprise réputée pour son savoir-faire lance un nouveau produit, les cliniciens sont prêts à l'essayer. Néanmoins, nous devons toujours être prudents, notamment lors de l’utilisation de nouveaux produits dans les cas complexes. Ce n’est pas très différent de l’industrie automobile : les voitures sont testées et commercialisées après des centaines de tests, mais une fois sur le marché, elles peuvent avoir un problème et doivent impérativement être retirées du marché. Nous ne voulons pas que cela arrive à nos patients. C’est pourquoi les entreprises qui proposent des produits de qualité supérieure communiquent sur le fait que leurs produits sont utilisés depuis des décennies, sur des millions de patients et dans de très nombreuses études cliniques. C’est la preuve ultime qu’un produit est efficace.
tissus mous à visée esthétique et fonctionnelle et pour réduire les risques de complications. Vérone, Mai 2021
Vos patients sont-ils curieux de connaître les biomatériaux utilisés ?
Nous avons deux types de patients : ceux qui ne se soucient pas du traitement que nous appliquons, et ceux qui veulent tout savoir - ce que nous utilisons et comment nous l’utilisons. Ces patients consultent même le site Web de l’entreprise et lisent les informations sur les produits. Mais en fin de compte, si nous voulons promouvoir une dentisterie haut de gamme, nous devons parler des produits à nos patients et leur dire pourquoi nous les utilisons. Cela fait partie de l'éducation du patient et permet d’améliorer la qualité des soins. Plus nous demandons aux patients d'être responsables de l’observance et de l’hygiène, plus nous devons leur donner d’informations. Et ils apprécient.
Références 1
Giovannoli JL et al.: Int Dent J 2019;69 Suppl 2:7-11. (compte rendu de consensus)
2 Jepsen S, et al.: J Clin Periodontol. 2019;46 Suppl 21:277-86. (compte rendu de consensus) 3 Sanz M, et al.: J Clin Periodontol. 2019;46 Suppl 21:82-91. (compte rendu de consensus).
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Avez-vous des souhaits concernant les biomatériaux ?
L’un de mes souhaits est un bloc osseux sans problème pour l’augmentation osseuse verticale : pour éviter les problèmes de prélèvement et de vascularisation, ainsi que d’autres complications. Il faudrait également une alternative pour les tissus mous aussi efficace que les greffons de tissu conjonctif. Un GTC épais reste mon premier choix pour traiter la péri-implantite. Mais peut-être que, dans le futur, nous disposerons d'un biomatériau de substitution qui aura plus de qualités.
Quelle est votre dernière recommandation concernant les recherches et développements futurs ?
Rester prudent lors de l’interprétation des résultats des études dont le suivi est de court terme, et investir plutôt dans des études à long terme.
Photo : Geistlich Pharma
Êtes-vous prudent lorsqu’il s’agit de nouveaux produits ?
Dr Mario Roccuzzo animant un T.P. sur la reconstruction de l'os et des
Zéro perte osseuse après implantation
« Pourquoi se baserait-on sur des critères de réussite d'implants datant de 40 ans ? » Professeur Tomas Linkevičius | Lituanie Institut d’odontologie, Faculté de médecine, Université de Vilnius Propos recueillis par le Dr Marjan Gilani
Est-il normal d’avoir quelques millimètres de remodelage osseux autour des implants ? La pose de cet implant est-elle un succés ? Le professeur Tomas Linkevičius pense qu’avec les progrès de la science et des biomatériaux, il n’est pas trop ambitieux de s’attendre à l’absence de perte osseuse après la mise en place de l’implant¹.
Pr Linkevičius, la plupart des cliniciens pensent que le remodelage osseux autour des implants est inévitable. N'êtes-vous pas d'accord ?
Prof. Linkevičius : Oui. Pendant de nombreuses années, on nous a appris que la perte osseuse est inévitable. L’une des références les plus citées en dentisterie implantaire est celle d’Albrektsson et coll. selon laquelle quelques millimètres de perte osseuse autour d’un implant est une réaction physiologique prévisible qui ne compromet pas la réussite de l’implant². Avant, cela était acceptable. En revanche, aujourd’hui, avec tous les nouveaux biomatériaux ainsi que toutes les nouvelles technologies et connaissances, pourquoi se baserait-on sur les facteurs de réussite d'implants posés il y a 40 ans ? Attendrions-nous la même chose du traitement contre le cancer, l’AVC ou les infarctus ?
Vous préconisez une approche « zéro perte osseuse » ?
Oui. Dans certaines indications, nous pouvons encore perdre un peu d'os, mais pour la plupart des implants, nous pouvons obtenir zéro perte osseuse après la mise en place de l’implant. Nous devrions placer la barre plus haute concernant nos attentes et faire évoluer nos mentalités. Et c’est ce que j’enseigne dans le cadre de mon cours en ligne. Croire que le remodelage osseux s'arrête au bout d’un an facilite notre travail, mais nous ne pouvons pas dire, de manière certaine, qu’il s’arrêtera réellement. De plus, un certain degré de remodelage osseux rend ces implants plus sujets à l’inflammation des tissus mous, à la péri-implantite et à d’autres complications.
Faut-il se tourner vers des considérations préventives ? Quel rôle joue l'aménagement des tissus mous ?
C’est un changement de paradigme important. Pendant de nombreuses années, l’os était notre principale préoccupation. Aujourd’hui, les patients ont des exigences esthétiques plus importantes. Les progrès de la dentisterie esthétique ont attiré l'attention sur la gestion des tissus mous. Et, en effet, les tissus mous sont tout aussi importants que l’os pour la réussite implantaire, pour l’esthétique, certes, mais aussi pour la fonction.
Pouvez-vous donner un exemple ?
Prenons l'exemple de la mise en place d’un implant dans la région postérieure. La résorption de l'os vestibulaire dans cette région n’est pas une menace pour la stabilité de l’implant. Par contre, elle crée un défaut du contour des tissus mous pouvant créer un site favorable à l'accumulation de nourriture qui doit être nettoyé après chaque repas. On pourrait dire que ce n’est pas un gros problème, mais pourquoi les patients devraient-ils vivre avec cet inconvénient
« Les tissus mous sont aussi importants que l’os pour la réussite implantaire – pour l’esthétique, certes, mais aussi pour la fonction. » THÈME
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Pilier de cicatrisation
2 mm
Mise en place classique de l’implant : jusqu’à 1,5 mm d’os marginal remodelé
Implant au niveau osseux
mise en place de l’implant et crée un profil d’émergence esthétique (Fig. 1)⁴. Enfin, le dernier facteur important à prendre en compte est le volume du tissu kératinisé. Nous savons tous qu’une gencive immobile et l’attache tissulaire sont essentielles pour la réussite implantaire.
À quelle fréquence réalisez-vous des augmentations verticales des tissus mous ?
Pas de perte osseuse après la gestion des tissus mous
Fig. 1 : Mise en place classique de l’implant par rapport au concept « zéro perte osseuse »
par T. Linkevičius – protection des tissus mous contre le remodelage (lyse) osseux périimplantaire.
alors qu'avec une gestion adaptée des tissus mous, nous pouvons rendre ce site plus facile à nettoyer et plus proche des dents naturelles ? Les patients ne se plaignent pas souvent. Ils pensent que c’est une situation normale avec laquelle ils doivent vivre. C’est notre travail de les informer des risques et de placer la gestion des tissus mous au cœur de nos préoccupations.
Comment aidez-vous les patients à prendre leur décision ?
Je leur montre des images de la crête, des implants stables et des défauts de contour des tissus mous. Et je leur dis : « Si nous ne plaçons pas un substitut de tissu mou dans cette zone, il y aura une accumulation d’aliments et vous penserez à moi après chaque repas (sourire). » De plus, des bactéries peuvent s’accumuler dans ce site et engendrer des complications. Je leur montre également des cas cliniques où les tissus mous ont été épaissis avec Geistlich Fibro-Gide® pour que le patient puisse voir la différence : un implant qui fonctionne simplement d’un côté et, de l’autre, un implant qui
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ressemble et donne la même sensation qu'une dent naturelle.
En bref, l’épaisseur horizontale des tissus mous est importante ?
L’épaisseur horizontale des tissus est souvent jugée moins importante dans le contexte de l’os crestal et de la stabilité de l’implant. Mais elle est tout aussi importante, non seulement dans la région antérieure pour l’esthétique, mais également dans la région postérieure, pour l’hygiène et le confort.
Quels autres facteurs biologiques prenez-vous en compte ?
L’autre facteur biologique que nous, cliniciens, avons oublié pendant tant d’années est l’épaisseur verticale des tissus mous. Je me demande encore pourquoi l’article de Berglundh et Lindhe publié en 1996³ n’a pas plus attiré l’attention sur ce sujet. Nous avons de nouveau évalué l’impact de l’épaisseur verticale des tissus mous sur la perte d’os marginal et avons montré qu’une épaisseur verticale de 3-4 mm de tissus mous est nécessaire pour des résultats optimaux. Elle protège l’os après la
Et lequel préférez-vous ?
La gestion des tissus mous est un élément central de mon protocole ; en général, je n’utilise pas de greffons de tissu conjonctif du palais afin d'éviter une intervention chirurgicale supplémentaire pour le prélèvement du greffon. Les patients détestent ça ! Lorsque j’essaie d’expliquer la procédure du prélèvement de tissu conjonctif palatin, j’ai des patients qui veulent l'éviter à tout prix ou préfèrent laisser l’implant tel quel. Depuis trois ans, j’utilise Geistlich FibroGide® pour l’épaississement horizontal et vertical. L’un des avantages des biomatériaux de substitution est leur disponibilité illimitée. Par exemple, quand j’utilise Geistlich Fibro-Gide®, je peux le découper en deux et m’en servir pour l’épaississement horizontal et vertical, sans toucher au palais. Pour augmenter le tissu kératinisé, je peux utiliser du tissu conjonctif et des biomatériaux de substitution. Mais le plus important pour moi
Illustration : Quaint
3–4 mm
Chaque implant posé en différé est sujet à une augmentation horizontale et verticale des tissus mous. Cela fait partie de mon protocole. Dans certains cas, nous pouvons peut-être éviter l’épaississement vertical des tissus mous, si nous disposons de beaucoup d’os pour y placer l’implant plus profondément, selon le modèle d’implant. Pour l’augmentation horizontale des tissus mous, en revanche, il n’y a pas d’alternative. Il faut réaliser une greffe dans cette région, que ce soit avec des tissus mous autologues ou un produit prêt à l’emploi.
est de créer du tissu attaché et immobile autour de l’implant. Cela stoppe l’invasion bactérienne et augmente la longévité de l’implant.
Les patients acceptent-ils le coût supplémentaire lié à l’utilisation des biomatériaux ?
Devrions-nous revenir aux bridges parce qu’ils sont moins chers que les implants ? Bien sûr, nous devons expliquer toutes les options aux patients pour qu’ils puissent prendre leurs propres décisionsen connaissance de cause. Mais nous devons les aider à comprendre que, même si le coût est plus élevé, les biomatériaux de substitution peuvent changer les résultats de leur traitement implantaire.
Quels sont les arguments en faveur des biomatériaux ?
Par rapport aux greffons de tissu conjonctif, il y a moins de complications avec les biomatériaux de substitution. En général, toutes les étapes supplémentaires sont supprimés comme par exemple : les procédures de prélèvement et la désépithélialisation qui peuvent peuvent augmenter la durée de la chirurgie et accroître les complications... mais aussi la perte osseuse peut être plus importante pendant la cicatrisation des tissus mous. Bien sûr, cela peut dépendre de l’expérience du chirurgien. La prédictibilité peut être compromise si le chirurgien est moins expérimenté.
Tout d’abord, je pense que le clinicien doit être convaincu des avantages d’un protocole thérapeutique. Ensuite, les patients suivront naturellement.
Références 1
Linkevičius T : Quintessence Publishing Co Inc., ISBN : 978-0-86715-799-4; 9780867157994 (livre)
2 Albrektsson T, et al. : Int J Oral Maxillofac Implants. 1986;1(1):11-25. (étude) 3 Berglundh T, Lindhe J : J Clin Periodontol 1996;23(10):971-3. (étude clinique) 4 Linkevičius T, et al. : Clin Implant Dent Relat Res 2015;17(6):1228-36. (étude clinique)
Photo : Prof. Tomas Linkevičius
« C’est notre travail d’informer les patients des risques et placer la gestion des tissus mous au cœur de nos préoccupations. »
Prof. Tomas Linkevičius pendant le cours en ligne sur le concept Zéro Perte Osseuse (Zero Bone Loss), https://education.tomaslinkevicius.com
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Résultats rapportés par le patient
« L’expérience du patient est essentielle pour nous. » Dr Drew Rossi | États-Unis Periodontal Health Professionals LLC, Houston Propos recueillis par Verena Vermeulen
Pour les patients, il n’y a pas que le résultat qui compte. Le confort compte aussi. Le Dr Drew Rossi nous a expliqué comment il éduque ses patients, pourquoi il est passé aux greffons non autologues et pourquoi il consacre du temps aux conférences et au mentorat.
Si vous avez besoin d’un traitement médical ou dentaire, êtes-vous du genre à vouloir tout savoir sur le traitement ou faites-vous aveuglément confiance à votre professionnel de santé ?
Dr Rossi : J’ai tendance à être très exigeant – c’est ma personnalité. J’ai tendance à faire des recherches, à parler à mes confrères et à m’informer.
Faites-vous des recherches Google sur les diagnostics et traitements ?
Parfois. Mais ce que je préfère, c’est parler aux confrères. Je ne pense pas que l’on puisse faire confiance à tout ce que l’on trouve sur Internet.
Qu’en est-il de vos patients – ont-ils des attentes spécifiques ?
Beaucoup d’entre eux, oui. De nombreux patients nous sont adressés par un correspondant qui leur a souvent déjà expliqué ce que je fais et ce que je vais probablement leur recommander. Et beaucoup d'entre eux sont eux-mêmes des professionnels bien formés. Je n’aime pas qu’ils regardent les traitements sur YouTube car cela a tendance à les effrayer. Mais ils le font quand même.
Pourriez-vous donner un exemple ?
La technique Pinhole a beaucoup de succès aux États-Unis. De nombreuses personnes viennent et demandent ce traitement car elles l’ont vu à la télé ou sur
« Nous n'allons plus nous focaliser sur le gain d'un demi-millimètre de tissu mou mais plutôt privilégier l ’expérience et le confort du patient. »
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Internet. Il en va de même pour les autres techniques d'augmentation des tissus mous. Je suis toujours honnête avec mes patients. Si je ne suis pas convaincu par une technique ou un biomatériau parce qu’elle/il n’est pas étayé(e) par des recherches, je ne la/le propose pas.
Qu’est-ce qui est, selon vous, essentiel lorsque vous expliquez les traitements à vos patients ?
Être conscient de leurs souhaits et de leur réaction. Nous pouvons parler de littérature scientifique ou du volume de tissu kératinisé nécessaire mais, généralement, ils ne réagissent pas à cela. La plupart des patients réagissent aux émotions, comme avec les photos avant/ après. Par exemple, s’ils viennent pour le traitement des tissus mous, ils veulent une meilleure esthétique et veulent y parvenir avec une procédure pratique. Parfois, ils ont également peur. La crainte est un problème fréquent dans les cabinets dentaires ; nous devons donc la gérer. L’expérience du patient est essentielle pour nous.
« Aujourd’hui, j’ai tendance à utiliser davantage de tissus non-autologues et à proposer une approche qui ne nécessite pas de prélèvement palatin. » de l’importance du tissu kératinisé. Et s’il est difficile de « vendre » cette idée aux chirurgiens-dentistes, il est encore plus difficile de le faire auprès des patients.
Ces traitements peuvent nécessiter un investissement initial mais ils sont intéressants dans le temps...
« Ce qui compte pour les patients, en dehors du résultat du traitement, c’est le temps passé au fauteuil et la douleur post-opératoire. »
Les patients ont une perception des résultats de plus en plus pertinente. Mesurez-vous systématiquement la satisfaction des patients ?
Quand nous faisons de la recherche, oui – pour avoir une évaluation quantitative de leurs opinions. Mais dans la pratique quotidienne, non. Nous nous soucions beaucoup de l’expérience du patient, même si nous ne l’analysons pas de manière scientifique. La satisfaction des patients à l'égard des traitements et des résultats motivent nos orientations et nous aide à attirer plus de patients grâce au bouche à oreille.
Photo : Dr Drew Rossi
Votre approche a-t-elle évolué avec le temps ?
Oui, sans aucun doute. Ce qui compte pour les patients, en dehors du résultat du traitement, c’est le temps passé au fauteuil et la douleur post-opératoire. Quand j’ai commencé à exercer, je faisais systématiquement un prélèvement autologue parce que c’était la référence. Mais lorsque j'ai commencé à exercer
en cabinet libéral, j’ai réalisé que les patients étaient généralement plus satisfaits lorsque nous utilisions du tissu non autologue, et nous obtenions néanmoins d’excellents résultats. Aujourd’hui, j’ai tendance à utiliser plus de tissu non autologue et à proposer une approche sans prélèvement palatin.
Parfois, les traitements régénératifs ne visent pas à corriger un défaut mais plutôt à prévenir la perte et à diminuer la vulnérabilité tissulaire. Aux États-Unis, on appelle cela la « thérapie de modification du phénotype ». Ces traitements régénératifs proactifs et préventifs sont-ils plus difficiles à vendre et à expliquer ?
Oui, parce que les patients ne nous demandent généralement pas ce type de traitement. Nous informons nos correspondants sur ces traitements et sur les cas des patients. Souvent, les patients ne réalisent même pas qu’ils ont un problème. De même, les omnipraticiens jeunes diplômés, ne sont par exemple pas conscients
Si nous traitons un cas implantaire complexe, nous savons que l’augmentation du tissu kératinisé va favoriser le succès à long terme. Nous choisissons une thérapie de modification du phénotype pour protéger nos résultats. Le but est d'éviter de soigner gratuitement, par la suite, une péri-implantite ou une mucosite péri-implantaire.
Quel est l'avenir de la dentisterie régénérative ?
Je suis persuadé que les thérapies préventives deviendront de plus en plus pertinentes, mais cela suppose une forte sensibilisation du patient. Et l'accent sera mis sur les résultats rapportés par les patients, même dans la littérature. Nous n'allons plus nous focaliser sur le gain d'un demi millimètre de tissu mou mais plutôt privilégier l'expérience et le confort du patient.
Quels sont les plus grands défis à ce sujet ?
Pour sûr, la formation. À la fin de leurs études, la plupart des dentistes n’ont que des connaissances basiques. Un thème comme la modification du phénotype est abordé très brièvement, s’il est abordé. Il est par conséquent impératif que nous formions nos confrères, par exemple lors de congrès ou via le mentorat. Je fais des conférences pour mes correspondants et du mentorat en permanence. La formation ne s’arrête pas à la Faculté.
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Préservation de la crête chez les patients asiatiques et caucasiens
« Ces patients perdront beaucoup d’os alvéolaire si nous ne faisons rien. » Propos recueillis par Verena Vermeulen
Biotypes fins versus épais, angulation dent-racine – quelles sont les différences d’anatomie alvéolaire entre les patients asiatiques et caucasiens ? Et que signifient ces différences pour la mise en place de l’implant ? Nous avons interrogé trois experts de deux continents concernant les petites différences qui ont de grands impacts.
Dr Araújo, vous êtes l’un des premiers chercheurs à s’être intéressés à la séquence des événements biologiques après l’extraction de la dent. En bref, que se passe-t-il ?
Dr Araújo : Le processus de cicatrisation se divise en trois phases : inflammation, prolifération et modelage/remodelage. Dans la dernière phase, l’activité des ostéoclastes favorise une résorption osseuse étendue qui réduit les dimensions de la crête alvéolaire. Les parois osseuses vestibulaires ont souvent une épaisseur inférieure à 1 mm, et ces fines parois sont presque exclusivement constituées d’os fasciculé1. La structure étant totalement dépendante de la dent, l’os fasciculé se résorbe après l’extraction de cette dernière.
« Dans la région esthétique, 30 % du volume de la crête alvéolaire est perdu. » Dr Maurício G. Araújo
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Quel volume est perdu en moyenne ? Il y a tellement d’études, de facteurs spécifiques au site, de points et de méthodes de mesure... avezvous une réponse facile ?
Dr Araújo : En moyenne, dans la région esthétique, environ 50 % de la largeur et 30 % du volume de la crête alvéolaire sont perdus2, ce qui est très significatif.
Le processus de résorption osseuse est-il similaire chez tous les patients et sur tous les sites ?
Dr Araújo : Le processus est le même chez tous les patients, mais le résultat clinique est différent. Une paroi osseuse vestibulaire fine, une alvéole étroite et une alvéole en dehors de l’enveloppe osseuse peuvent augmenter significativement la perte de volume.
Dr Yeo, vous avez étudié plus en détails l’un de ces éléments qui ont un impact sur la résorption osseuse après l’extraction de la dent : l’angulation dent-alvéole. Que signifie ce terme ?
Dr Yeo : L’angulation dent-alvéole est l’angle mesuré à l’endroit où les plans axiaux de la dent-racine et de l’alvéole convergent (Fig. 1). Un petit angle suggère que l’ensemble de la dent-racine est censée être positionnée dans le procès alvéolaire. Si l’angle est grand, la racine se situera très près de la paroi osseuse vestibulaire ou même en dehors de la face vestibulaire du procès alvéolaire.
Dr Yoshihiro Iwano | Japon Clinique dentaire Iwano, Tokyo
Dr Mauricio G. Araújo | Brésil Département de dentisterie Université d’État de Maringa Dr Alvin Yeo | Singapour Faculté dentaire Université nationale de Singapour
Quelle est la fréquence de cette situation ?
Illustration : Geistlich Pharma
Dr Yeo : À ma connaissance nous disposons de nombreux rapports sur les problèmes d'angulation pour les populations asiatiques, mais peu ou pas du tout pour les populations caucasiennes. Dans une étude chinoise, 50 % de la population étudiée (n=300) présentait des angulations dent-alvéole supérieures à 20 degrés3. Dans notre étude à Singapour, nous avons mesuré une angulation dent-racine moyenne de 13,6 degrés4. Près de 36 % de la population de notre étude (n=100) présentaient des angulations dent-racine supérieures à 15 degrés4. De même, dans mon propre cabinet dentaire, environ 20 % des patients présentent des angulations dent-alvéole modérées à sévères.
« L’augmentation des tissus mous est souvent nécessaire pour les personnes qui ont ont des tissus durs fins. » Dr Yoshihiro Iwano
Quelles sont les conséquences d’une angulation sévère des dents pour la cicatrisation osseuse après l’extraction de la dent ?
Dr Yeo : Souvent, ces alvéoles affichent déjà, avant l’extraction de la dent, des déhiscences osseuses vestibulaires, des fenestrations ou des perforations qui entraînent des défauts osseux après la cicatrisation. Dans l’article de Chappuis et coll. publié en 2013, il y avait presque sept fois plus de perte osseuse mi-vesti-
bulaire lorsque l’alvéole de la dent d’origine présentait un phénotype osseux fin et fragilisé5.
Dr Iwano, vous avez également étudié les différences entre les alvéoles d’extraction de patients asiatiques - notamment japonais - et caucasiens. Quels ont été vos résultats ?
Dr Iwano : Comparées aux données des patients caucasiens, il semble que les parois osseuses vestibulaires des patients
GRAND ANGLE
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japonais soient nettement plus fines, en particulier pour les dents antérieures maxillaires6. À 5 mm de la crête alvéolaire, nous avons en moyenne une épaisseur de 0,24 mm, et de seulement 0,20 mm à 6 mm6. On suppose que l’os alvéolaire est très fin, non seulement dans la partie centrale mais également dans la partie mésio-distale de la dent antérieure.
Qu’est-ce que cela signifie pour l’extraction de la dent ?
Dr Iwano : L’os fasciculé a une épaisseur d’environ 0,2 à 0,4 mm – tout comme la largeur osseuse moyenne rapportée⁶. Ainsi, dans le cas des Japonais, nous pouvons supposer que l’os alvéolaire dans la partie centrale du côté vestibulaire se résorbera entièrement après l’extraction de la dent.
Parlons de la façon de gérer ces situations pour la mise en place de l’implant. Dr Yeo, vous avez dit, une fois, que vous aviez eu plusieurs surprises lorsque vous vouliez réaliser une implantation immédiate sur vos patients à Singapour. Quelles étaient les causes de ces surprises ?
Dr Yeo : Les protocoles standard et éprouvés pour l’extraction de la dent suivie d’une mise en place précoce de l’implant ne fonctionnaient pas, pour une raison ou pour une autre, dans environ vingt pour cent de mes cas maxillaires. En élevant le lambeau, je réalisais que la préparation du site de l’implant et la mise en place de ce dernier n’étaient pas possibles. Le volume de perte osseuse et de remodelage après l’extraction de la dent étant trop important, j’ai dû, à la place, procéder à une ROG en plusieurs étapes.
Ce qui est plus invasif et coûte plus de temps au patient...
Dr Yeo : Oui. Les patients sont plus sujets à une morbidité liée au traitement, le coût est plus élevé et la durée de traitement global plus longue.
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« Environ 20 % de mes patients présentent une angulation dent-alvéole modérée à sévère. » Dr Alvin Yeo
Comment gérez-vous ces cas dans le cadre de votre pratique quotidienne ?
Dr Yeo : Dans les cas complexes sur le plan esthétique et anatomique, nous faisons habituellement une CBCT pour évaluer le profil d’angulation dent-alvéole. Sur cette base, nous pouvons décider de réaliser une préservation de la crête après l’extraction de la dent. Ce faisant, nous avons réussi à mettre en place l’implant dans la plupart de ces cas avec une mise en place précoce « différée » après douze à seize semaines au lieu d'une ROG en deux temps.
Ainsi, vous ne réalisez pas une préservation de la crête pour éviter la ROG mais pour éviter une ROG en deux temps ?
Dr Yeo : Absolument. Une ROG ou une augmentation du contour simultanée pendant la mise en place de l’implant reste nécessaire.
Dr Araújo, comment voyez-vous cela d’un point de vue économique ? La préservation de la crête est-elle aussi « intéressante » dans ces cas ? Ou s’agitil plus d’un investissement du patient dans un traitement moins invasif ?
Dr Araújo : Dans l’exemple d’Alvin Yeo, la préservation de la crête aide à éviter
une procédure de ROG en deux temps et rend, par conséquent, le traitement moins invasif. Ainsi, ce n’est peut-être pas un avantage économique évident, mais c’est sans aucun doute un moyen de réduire la morbidité liée à la chirurgie. D’un point de vue économique, la préservation de la crête est intéressante dans les cas où elle contribue à éviter une autre procédure de ROG. Il est important de faire une CBCT de l’alvéole avant l’extraction pour vérifier qu’elle a une épaisseur d’au moins 9 mm de manière à disposer, même avec une perte de volume mineure après la préservation de la crête, de dimensions suffisantes pour la mise en place de l’implant. Il faut en outre vérifier si l’os vestibulaire est intact ou non, etc.
Dr Iwano, la préservation de la crête est-elle un traitement standard après une extraction dentaire au Japon ? Dr Iwano : Pas encore. En 2018, nous avons interrogé 248 dentistes implantologues, dont 103 spécialistes de la Société d’implantologie orale japonaise. Dans ce questionnaire, nous demandions si les cliniciens effectuaient une préservation de la crête après l’extraction des dents avant la pose implantaire 32,3 % des participants avaient répondu « oui »⁷.
A
B
C
D
Fig. 1 : Angulation | A Illustration d’une angulation dent-racine | B Angulation légère | C Angulation modérée
| D Angulation sévère
Convergence de 2 plans = angle alpha
Je fais partie de ceux qui ont répondu « oui » parce que je procède toujours à une préservation crestale et je pense que c’est utile. Cependant, ce n’est pas encore le traitement standard au Japon.
Illustrations : Quaint
Pour quels patients préconisez-vous la préservation de la crête ? Et pourquoi ?
Dr Iwano : Elle est réalisée pour tous les patients qui présentent une table osseuse vestibulaire fine parce que ces patients perdront beaucoup d’os alvéolaire si nous ne faisons rien. Par conséquent, il leur faudra une augmentation osseuse très importante lors de la mise en place consécutive de l’implant. La préservation de la crête est une procédure chirurgicale simple et mini-invasive qui – si elle est réalisée en même temps que l’extraction de la dent – permettra de poser des implants sans avoir besoin d'importantes augmentations osseuses ultérieures. La résorption osseuse après l’extraction de la dent pose également des problèmes
pour les restaurations prothétiques avec bridge. En raison de l’allongement nécessaire du pontique, nous pourrions être confrontés à des problèmes esthétiques et de nettoyage. Il sera alors nécessaire de maintenir la résorption de la crête alvéolaire à un niveau le plus bas possible grâce à une procédure de préservation crestale.
En bref : quel est le rôle des tissus mous ?
Dr Iwano : Chez les patients présentant des tissus durs fins, la présence de tissus mous épais est extrêmement importante pour préserver l’esthétique. L’augmentation des tissus mous est souvent nécessaire chez les personnes qui ont un tissu dur fin.
Références 1
Januario AL, et al. : Clin Oral Impl Res 2011;
10: 1168-71. (étude clinique) 2 Misawa M, et al. : Clin Oral Implants Res 2016;
27(7): 884-9. (étude clinique) 3 Wang HM, et al. : Int J Oral Maxillofac Implants
2014; 29(5): 1123-29. (étude clinique) 4 Lee WZ, et al. : 2021 – en cours de préparation
(étude clinique) 5 Chappuis V, et al. : J Dent Res. 2013;
92 (12 Suppl): 195S-201S. (étude clinique) 6 Ezawa T. : J Jpn. Soc Periodontol. 1984;
26: 243-56. (étude clinique) 7 Iwano Y et al. : The Clinical Question. Tokyo;
Quintessence, 2018: 148-149. (chapitre d’ouvrage)
GRAND ANGLE
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Points de vue
Cinq questions pour cinq experts Nous avons demandé à cinq experts de répondre à cinq questions sur les événements et la formation après la pandémie. Résultats : 25 points de vue professionnels et personnels
Pr Ronald Jung | Suisse
Mme Erin O’Donnell Dotzler | États-Unis
Université de Zurich
American Academy of Periodontology
Qu’est-ce qui a été le plus marquant, pour vous, en matière de formation pendant la pandémie ?
eistlich vLab. Nous avons pu toucher G des personnes que nous n'aurions jamais pu atteindre à une si grande échelle dans le cadre d’un TP en direct.
Comment avez-vous modifié l'organisation de vos propres événements ?
Nous continuons d'organiser les événements internationaux tels que l’EAO exclusivement en ligne. Lorsque des participants du monde entier nous rejoignent, il est impossible de prédire si la prochaine rencontre sera mixte ou, une fois encore, en direct.
Que peut-on faire pour compenser le manque de contacts humains ?
J’ai un regard positif sur ce que la nouvelle normalité offre. Il y a quelques années, les cliniciens étaient sceptiques quant à la formation en ligne. L’état d’esprit a évolué.
Quel est votre nouveau format de formation idéal ?
Un concept mixte avec des échanges en ligne de connaissances théoriques, des travaux pratiques en direct et un programme de mentorat en ligne afin de mettre en pratique le nouveau concept.
Comment les jeunes cliniciens peuvent-ils naviguer dans l’énorme offre de formations en ligne ?
Les formations fiables sont celles proposées par les universités ou les entreprises qui travaillent avec des conférenciers indépendants. 28
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Qu’est-ce qui a été le plus marquant, pour vous, en matière de formation pendant la pandémie ?
Les plus de 14 webinaires de l’AAP qui qui traitaient à la fois des données épidémiologiques sur la COVID-19 et de considérations relatives aux soins des patients.
Comment avez-vous modifié l'organisation de vos propres événements ?
Via les plateformes virtuelles, nous avons pu diffuser de nouveaux contenus mixtes élaborés par la communauté mondiale d'experts.
Que peut-on faire pour compenser le manque de contacts humains ?
Le format virtuel ne remplace pas le contact humain mais il présente l’avantage de rendre les leaders d'opinion plus accessibles pendant une conférence en ligne, grâce par exemple à la fonction chat.
Quel est votre nouveau format de formation idéal ?
Les offres de formation mixte incluant un programme de cours pour favoriser l'apprentissage, comme par exemple la proposition de cours en ligne avec la possibilité d'un suivi en direct.
Comment les jeunes cliniciens peuvent-ils s'y retrouver dans la multitude d'offres de cours en ligne ?
La possibilité d'avoir un large choix d'options signifie que les cliniciens doivent être plus attentifs pour discerner l’objectivité et l’intégrité du contenu.
Pr Michael Payer | Autriche
Pr Chunbo Tang | Chine
Pr Daniel Buser | Suisse
École dentaire de la faculté de médecine de Graz
Faculté de médecine de Nanjing
Université de Berne
Qu’est-ce qui a été le plus marquant, pour vous, en matière de formation pendant la pandémie ?
Les journées digitales de l’EAO en septembre 2020. Des présentations d’intervenants remarquables ont été diffusées depuis un studio de télévision à Paris pour des participants du monde entier.
Comment avez-vous modifié l'organisation de vos propres événements ?
Nous avons beaucoup appris sur la formation en ligne et le pouvoir des réseaux sociaux, mais je serai heureux lorsque nous reviendrons à des événements normaux.
Que peut-on faire pour compenser le manque de contacts humains ?
Je pense que nous ne pourrons jamais compenser entièrement le manque d’interactions personnelles, mais la formation en ligne a indiscutablement beaucoup aidé pendant la pandémie.
Quel est votre nouveau format de formation idéal ?
Il offre à la fois un contact personnalisé et un échange scientifique, tout en mettant à disposition sur place toutes les mesures de sécurité nécessaires. De plus, il permet une diffusion en direct pour les personnes ne pouvant pas être présentes.
Comment les jeunes cliniciens peuvent-ils s'y retrouver à travers la multitude d'offres de formation en ligne ?
Les sociétés scientifiques et les universités ont le devoir de fournir un programme de formation en ligne de qualité. Toutefois, les jeunes confrères et consœurs sont déjà tout à fait capables d’évaluer le niveau de qualité des formations en ligne.
Qu’est-ce qui a été le plus marquant, pour vous, en matière de formation pendant la pandémie ?
L’été dernier, notre faculté a organisé en ligne son débat annuel sur l’implantologie orale. L’ampleur de l’événement a été plus importante que jamais.
Comment avez-vous modifié l'organisation de vos propres événements ?
La formation en ligne était déjà une tendance qui n’a fait que s’accélérer avec la pandémie. Nous avons choisi davantage de thèmes intéressants et avons invité des intervenants dotés de grandes compétences en communication.
Que peut-on faire pour compenser le manque de contacts humains ?
Nous devons tirer profit, au maximum, de toutes les technologies numériques. Une application mobile plus avancée pourrait aider.
Quel est votre nouveau format de formation idéal ?
L'association de formations en ligne et en direct. Les événements en direct sont indispensables, mais les formations en ligne touchent plus de cliniciens et présentent l'avantage d'éviter les longs trajets lorsque les distances au sein du même pays sont grandes.
Comment les jeunes cliniciens peuvent-ils s'y retrouver à travers la multitude d'offres de formation en ligne ?
Cette génération a grandi à l’ère du digital et peut s’adapter rapidement lorsque nous proposons des formations pertinentes et intéressantes qui stimulent leur intérêt et leur enthousiasme.
Qu’est-ce qui a été le plus marquant, pour vous, en matière de formation pendant la pandémie ?
Les progrès réalisés en matière de Formation Continue (FC) mixtes, y compris la diffusion en direct ou à la demande.
Comment avez-vous modifié l'organisation de vos propres événements ?
J’ai fait d’innombrables webinaires et organisé des formations en ligne telles que le cours magistral sur la ROG à Berne. Je pense que l’avenir des cours de FC sera constitué d'offres mixtes, avec des participants soit physiquement sur site soit en ligne avec une diffusion en direct ou à la demande.
Que peut-on faire pour compenser le manque de contacts humains ?
Une fois la pandémie terminée, les offres exclusivement en ligne disparaîtront.
Quel est votre nouveau format de formation idéal ?
Les cours de FC mixtes. Ils favorisent clairement l’échange international de connaissances.
Comment les jeunes cliniciens peuvent-ils s'y retrouver à travers la multitude d'offres de formation en ligne ?
Ce n’est pas si facile. Quatre aspects les aideront à décider : (1) les intervenants et leur réputation, (2) la plateforme et la page d’accueil, (3) le marketing sur les réseaux sociaux et (4) la stratégie promotionnelle pour les frais de formation.
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Histologie
Régénération parodontale avec G eistlich Fibro-Gide® Dr Jean-Claude Imber | Suisse Département de parodontologie & Robert K. Schenk Laboratoire d’histologie de la cavité buccale, École de médecine dentaire Université de Berne
A
Fig. 1 :
B
ON MCSV
régénéré avec la matrice de collagène stable en volume (MCSV) Geistlich Fibro-Gide® ;
EJa
extrémité apicale de l’épithélium de jonction (EJa). | B, C Intégra-
NLP
TCG
tion de la MCSV dans le nouveau ligament parodontal (NLP), l’os
NC
NC NLP
| A Vue d’un défaut parodontal
nouveau (ON), le tissu conjonctif gingival (TCG) et le nouveau
C
ON ON
cément (NC).
ON
« Cette étude histo logique a révélé les capacités de Geistlich Fibro-Gide® à favoriser la régénération parodontale. »
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En raison de sa biocompatibilité connue et de sa configuration structurelle (par exemple, sa forte porosité et son interconnectivité), une matrice de collagène stable en volume (MCSV, Geistlich FibroGide®) poreuse a été évaluée précliniquement dans des défauts parodontaux aigus¹. Après une période de cicatrisation de douze semaines, des résidus de Geistlich Fibro-Gide® étaient encore présents et intégrés dans l’os néoformé (Fig. 1A, B), le ligament parodontal (Fig. 1A, C), le cément (Fig. 1C) et le tissu conjonctif (Fig. 1A). Le nouveau cément et l’os néoformé étaient significativement
plus importants dans le groupe test (avec Geistlich Fibro-Gide®) que dans le groupe témoin (sans ; p = 0,009 et p = 0,037, respectivement). Cette étude histologique a révélé les capacités de cette structure de collagène spécifique à favoriser la régénération parodontale. Des essais précliniques et cliniques supplémentaires sont néanmoins nécessaires pour établir l’utilisation d’une MCSV en chirurgie parodontale régénérative. Référence 1
Imber et al. : J Clin Periodontol 2021; 48(4): 560–69
(étude préclinique)
Histologie : Dr Jean-Claude Imber
MCSV
Les miracles de la régénération
Une tête sans corps
Photo : ©iStockphoto, Vojce
Les limaces de mer Sacoglossa ont la capacité de se débarrasser de – puis de régénérer – l’ensemble de leur corps, y compris leur cœur et leur système digestif. Des chercheurs japonais soupçonnent que des parasites et des algues jouent un rôle vital dans ce phénomène.
Dr Klaus Duffner
Pour certaines espèces animales, l’amputation volontaire (et la régénération consécutive) de certaines parties du corps constitue un mécanisme efficace pour échapper au danger. Les lézards sont un exemple bien connu de ce processus que l’on appelle « auto tomie » ou auto-amputation. Les reptiles peuvent échapper aux prédateurs en se débarrassant de leur queue – qui repousse ensuite, bien qu’en version plus courte¹. Face au danger, l’espèce africaine de souris épineuse du genre Acomys perd également sa peau qui est ensuite régénérée avec toutes ses couches ainsi que la fourrure et les glandes2.
Mais un jour, elle a vu que la tête de l’une de ses limaces s’était détachée de son corps et bougeait seule⁵. Sur les 15 spécimens de l’espèce Elysia marginata conservés au laboratoire, un tiers s’était spontanément coupé la tête au bout d'un certain temps. Avant cette division, une indentation a pu être observée le long du « cou » des limaces, faisant office d’une sorte de point de rupture prédéterminé.
Un nouveau corps en 20 jours
De même, le crabe fantôme atlantique a la capacité de se débarrasser de plusieurs extrémités au niveau de points de cassure prédéterminés, puis de les régénérer morceau par morceau au cours de processus de mue ultérieurs³. Cependant, comme l’ont récemment rapporté des chercheurs japonais, les véritables maîtres de la régénération sont les limaces de mer Sacoglossa4. Ces animaux marins sont capables d’amputer leur tête puis de régénérer complètement leur corps.
Immédiatement après l’amputation, la tête commençait à se déplacer de manière autonome, et la blessure sur le cou de la limace se refermait en l’espace d’un jour. « Nous pensions que la limace mourrait rapidement sans le cœur et les autres organes vitaux, mais nous avons été à nouveau surpris de voir que la totalité du corps se régénérait », explique Mitoh⁵. Le cœur de la limace de mer s’est régénéré en sept jours et tout son corps en 20 jours. Outre le cœur, les reins, le système digestif, une grande partie des organes reproducteurs et les appendices latéraux aliformes s’étaient de nouveaux développés. Fait intéressant, le corps ne se régénérait que chez les animaux jeunes, tandis que les plus âgés sont morts au bout de 10 jours. De même les corps sans tête ne se sont pas régénérés mais ils ont continué de se déplacer pendant des jours, voire des mois, et répondaient au toucher avant de finir par rétrécir et périr. À ce moment-là, 80 à 85 % de la masse corporelle totale avaient été perdus
Séparation spontanée de la tête et du corps
Des parasites sont-ils la cause de l’autotomie ?
« L’énergie obtenue des chloroplastes semble être suffisante pour régénérer le reste du corps. »
Comme ceci est souvent le cas en science, la chance a joué un rôle crucial dans cette découverte. La doctorante S ayaka Mitoh élevait des limaces de mer du genre Elysia pour étudier leur cycle de vie.
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Parmi la deuxième espèce conservée au laboratoire, Elysia atroviridis, 82 individus ont été infestés de parasites appelés copépodes. Trois de ces spécimens se sont autotomisés et régénérés comme
décrit ci-dessus, se débarrassant ainsi de leurs parasites. Quelque 39 autres ont précisément perdu les parties de leur corps qui étaient infestées par les hôtes non invités. En revanche, aucun des 64 individus non infestés ne s’est amputé d’une partie de son corps. D’après les auteurs, la conclusion évidente est que les limaces de mer Sacoglossa ont développé cette capacité à l’autotomie pour se débarrasser de ce type de parasites. En effet, grâce à leur camouflage efficace et à la présence de toxines sur leur corps, les limaces de mer ont relativement peu de prédateurs⁶ – qui sont, bien sûr, la raison de l’abandon volontaire de certaines extrémités chez beaucoup d’autres animaux.
Point de rupture prédéterminé
La limace de mer Elysia marginata
Le corps meurt en quelques jours à quelques mois (vue d’en bas)
Plus de réussite en termes de reproduction sans les parasites
Des « expériences d’alimentation » ont en outre révélé l’absence de comportement autotomique. Dans le même temps, les parasites sont plus qu’une simple nuisance : ils comblent la majorité de l’espace dans le corps des limaces de mer et gênent ainsi leur reproduction. Si les parasites sont expulsés, une amélioration considérable est observée en termes de reproduction. D’autres théories suggèrent que le détachement du corps pourrait également être un moyen pour les animaux d’éviter de s’empêtrer dans les algues ou d’éliminer les substances toxiques présentes dans le corps.
Elles ne vivent que de la lumière
Une autre caractéristique inhabituelle des limaces de mer semble jouer un rôle décisif dans cette forme extrême d’autotomie. Les limaces de mer Sacoglossa se nourrissent spécifiquement d’algues, ingérant leurs chloroplastes et les stockant sous forme de « kleptoplastes » dans des régions spécifiques de l’intestin sous la peau, via leur système digestif très ramifié⁶. Des chercheurs japonais soupçonnent que les têtes amputées tirent l’énergie de la photosynthèse des chloroplastes. Ils ont en effet observé que les têtes des jeunes limaces de mer commencent à s’alimenter d’algues au bout de quelques heures seulement. L’absence totale de système digestif signifie qu’il n’est plus
Énergie suffisante pour régénérer le corps
Même si l'efficacité de ces minuscules producteurs de sucre est limitée, la quantité d’énergie semble suffisante pour régénérer le corps et maintenir la limace de mer vivante – même pendant toute sa vie. Dans une autre étude, des limaces de mer du genre Elysia ont survécu dans un aquarium sans nourriture jusqu’à neuf mois, uniquement grâce à la lumière⁸. Cette période correspond à leur espérance de vie habituelle dans leur milieu naturel.
La tête coupée se déplace toute seule
Jour 0
Limace adulte
Jour 7
possible de digérer les algues normalement, l’énergie obtenue des chloroplastes semble suffire à régénérer le reste du corps. La façon dont les limaces de mer peuvent prolonger la durée de vie des chloroplastes n’est pas encore claire, surtout lorsqu’on sait que l’environnement à l’intérieur des cellules animales se caractérise par des conditions totalement différentes de celles des cellules des plantes⁷. Les analyses par fluorescence suggèrent que les animaux rendent la structure interne des chloroplastes plus résistante, les protégeant ainsi des dommages causés par la lumière.
Le cœur se redéveloppe
Références 1
Higham TE, et al. : Physiol. Biochem Zool 2013;
86: 603-10. 2 Cormier Z : Nature. 26 septembre 2012. 3 Pfeiffenberger JA, et al. : J Exp Biol (2021) 224 (10): jeb233536. 4 Mitoh S, et al.: Current Biology 2021; 31 (5) 233-34. 5 https://www.sciencealert.com/self-decapitating-
Jour 22
sea-slugs-can-grow-a-whole-new-body-internalorgans-and-all
Illustration : Quaint
Jour 14 Tous les organes ont été restaurés
6 Rumpho ME, et al. : Plant Physiology 2000; 123 (1): 29-38. 7 Havurinne et al. : eLife2020 Oct 20;9:e57389.
Les appendices aliformes sont visibles
8 Giménez-Casalduero F, et al. : Anim Biodivers
Conserv 2011; 34: 217-27.
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LA SOLUTION RÉELLEMENT CENTRÉE SUR LE PATIENT
Comment MARCUS SEILER a inventé une nouvelle méthode de régénération osseuse pour les défauts majeurs. Le bloc osseux s’est-il résorbé ?
Oui. J’aimerais qu’il y ait un moyen d’avoir un os plus vascularisé et plus prédictible après la greffe. Quelque chose qui épargnerait au patient le prélèvement et à nous, de telles surprises.
Filderstadt, 2006 Réhabilitation totale de la bouche après une greffe avec un bloc d'os autologue
L’impression 3D pourrait-elle contribuer à créer une grille en titane en forme de crête qui guiderait la formation d'os nouveau ?
Titane Matériau cliniquement testé1 Impression 3D Sur mesure pour chaque patient et chaque défaut – pas d’ajustement nécessaire in situ2
Principe de la ROG J’utilise mes matériaux Geistlich fiables et prédictibles
Assistance commerciale
Voici les exigences en matière de contrôle de la qualité. 34
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Voici les exigences pour l’autorisation réglementaire. Données cliniques probantes
Qualité et production
R&D
Propriété intellectuelle
Autorisation de mise sur le marché
Assurons-nous que les cliniciens utilisent des outils testés et approuvés et non pas de pâles imitations.
Illustration : © Studio Nippoldt, Berlin
Siège social de Geistlich Pharma, 2010 La ROG avec une grille sur-mesure imprimée en 3D devient une réalité clinique Cela peut réduire le temps chirurgical et améliorer la précision ainsi que la prédictibilité2-3.
Grille en forme de crête imprimée en 3D pour régénération osseuse
1
LES SEPT ÉTAPES de la ROG avec Yxoss CBR®
Envoyer les fichiers Dicom et/ou STL à ReOss®.
2
7
Commander les produits après la réalisation de la conception 3D par ReOss®.
Pose des implants et des prothèses implanto-portées.
Geistlich Bio-Oss® sert de grille pour l’os néoformé et garantit une régénération osseuse prédictible4.
6
3
Protection, stabilisation de la plaie et vascularisation homogène avec Geistlich Bio‑Gide®5-6.
4
Après le retrait de la grille, de l’os néoformé est vascularisé et vital.
Réalisation de la grille personnalisée, Yxoss CBR® par ReOss®. Réception de la grille Yxoss CBR® et des biomatériaux régénératifs au cabinet.
5
Scannez et explorez
Remplir la grille avec Geistlich Bio-Oss® et la recouvrir avec Geistlich Bio-Gide®.
Je pensais que l’impression 3D à usage médical était pour un futur lointain. Une solution réellement « personnalisée » me fait penser que le futur, c’est aujourd’hui ! Tout a commencé avec une idée !
Références : voir page 39
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Première Journée de la chirurgie virtuelle en direct Osteology-EFP
Depuis Berne vers le monde entier Drs Sonya Sharma et Heike Fania | Fondation Osteology
Diffusée en direct depuis Berne, plus de 1 000 personnes de 80 pays différents ont participé à la première Journée de la chirurgie virtuelle en direct organisée conjointement par la Fondation Osteology et la Fédération Européenne de Parodontologie (EFP). L’événement a consisté en deux sessions : l’une sur le recouvrement des récessions et l’autre sur le traitement de la péri-implantite. Première session : recouvrement des récessions
Après l’accueil et la présentation par les deux présidents, William Giannobile pour la Fondation Osteology et Lior Shapira pour l’EFP, la session a démarré avec la conférence principale de Martina S tefanini. Celle-ci a parlé du « recouvrement des récessions à la mandibule : possibilités et limites ». Martina Stefanini a expliqué que le traitement pour le recouvrement des récessions à la mandibule est souvent complexe en raison des conditions anatomiques défavorables. Il est en effet influencé par plusieurs facteurs, par exemple, la position des dents, la profondeur du vestibule et le phénotype du tissu. Le Lambeau Repositionné Coronairement et Verticalement (LRCV) et le Tunnel Fermé Latéralement (TFL) sont deux nouvelles procédures permettant d’obtenir un recouvrement radiculaire total, une profondeur supérieure du vestibule et des tissus mous une morbidité réduite sur la zone de prélèvement et une esthétique favorable. Martina Stefanini a déclaré que, par rapport aux techniques classiques, le score de difficulté du LRC sur différents paramètres est élevé pour le LRCV, mais que la technique chirurgicale elle-même est plus difficile. Après la conférence de Stefanini, le modérateur Mariano Sanz a présenté le patient. Anton Sculean a réalisé l’intervention chirurgicale sur un patient au phénotype fin avec une récession RT2 (classe III de Miller) dans la région de 41. Le traitement visait à améliorer l’hygiène bucco-dentaire, soulager la douleur et améliorer l’esthétique. La technique utilisée pour traiter cette récession était celle du TFL ou du tunnel déplacé coronairement modifiée (TDCM) en association avec une greffe de tissu conjonctif (GTC) sous-épithélial palatin. Le TFL présente des avantages dans un phénotype fin avec une gencive peu ou pas attachée. Une mobilisation sans tension des tissus mous est possible sans incision pour optimiser la stabilité de la plaie. La procédure a commencé avec un débridement mécanique de
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la racine, suivi d’une incision intrasulculaire dans la profondeur de la récession pour créer le tunnel. Ensuite, la libération du périoste et du frein labial ont été effectués. Une GTC de 1mm a été prélevée au le palais puis stabilisée sur la zone de récession avant fermeture avec des sutures matelassier. Le public a posé de nombreuses questions pendant l’intervention ; elles ont reçu des réponses en direct puis lors de la discussion qui a suivi l’intervention chirurgicale. Pendant qu'Anton Sculean achevait l’intervention, le débat a commencé avec Martina Stefanini, Andreas Stavropoulos et Giovanni Salvi. L’un des thèmes abordés était que la verticalité peut être restaurée avec le LRCV et le TFL. Martina Stefanini a déclaré qu’elle est immédiate avec le LRCV tandis qu’avec le TFL, la verticalité est restaurée après un certain temps. Andreas Stavropoulos a souligné que, par rapport au maxillaire, la mandibule présente un vestibule moins profond et une crête alvéolaire plus courte, ce qui se traduit par une plaie moins stabilisée. Les techniques doivent être adaptées en conséquence. Lorsqu'Anton Sculean a rejoint le débat, il a souligné le fait que 80 % des patients jeunes présentaient une récession après le traitement orthodontique parce que l’activation des appareillages pendant ce type de traitement pousse les dents en direction labiale et linguale. Il recommande de vérifier, grâce au CBCT, la présence d’un volume osseux suffisant en position labiale et linguale pendant la phase de planification préalable au traitement.
Deuxième session : traitement de la péri-implantite
La session, animée par Giovanni Salvi, a commencé avec une conférence de Frank Schwarz sur les techniques chirurgicales pour le traitement de la péri-implantite. Celui-ci a expliqué que le choix de l’approche dépend du type de défaut. Il a également recommandé une approche non régénérative pour les implants avec une surface usinée, une approche régénérative pour les défauts de classe 1 à quatre parois et une approche mixte pour les cas les plus difficiles. Il a expliqué que l’approche mixte consiste en un débridement avec lambeau, une implantoplastie et l’application d’un matériau de comblement osseux. Concernant les protocoles de décontamination, Frank Schwarz a insisté sur l’absence de données scientifiques probantes en faveur d’un protocole de décontamination particulier. Il recommande par conséquent d’en appliquer un simple. Le facteur le plus important pour la réussite du traitement est la surface de
Photos : Basil Gürber
« Le public a posé de nombreuses questions pendant l'intervention. Les réponses ont été données en direct et durant le débat qui a suivi l'intervention chirurgicale. » l’implant. Il a en outre expliqué l’importance d’une greffe de tissu mou concomitante (GTC ou matrice de collagène) pour compenser l’épaisseur insuffisante de la muqueuse et traiter les récessions des tissus mous après l’opération. Salvi a ensuite présenté la patiente de la deuxième intervention chirurgicale en direct réalisée par Andreas Stavropoulos : une femme de 34 ans avec un bon état général et parodontal chez laquelle les dents 12 et 22 manquantes congénitalement avaient été remplacées par des implants. Du fait d’une péri-implantite dans la région de l’implant 12, la couronne scellée avait été déposée un mois auparavant et remplacée par un bridge provisoire pour permettre la cicatrisation de la muqueuse. Un défaut mésial avec une composante infra-osseuse était visible à la radiographie. Une déhiscence de l'os vestibulaire était présente. Après l’ouverture du lambeau, la surface a été nettoyée à l'aide d'une fraise à polir et une implantoplastie a été réalisée du côté vestibulaire de l’implant. Le tissu mou était fragile au niveau de la position centrale sur l’implant et très difficile à gérer. Après l’implantoplastie, il a prélevé des fragments d’os autologue localement pour combler le défaut qu’il a recouvert avec une membrane de collagène découpée à la forme souhaitée. Mariano Sanz, Anton Sculean et Frank Schwarz ont rejoint Giovanni Salvi pour la discussion après l’intervention chirurgicale en direct. Andreas Stavropoulos les a également rejoints après avoir achevé l’intervention. L’un des thèmes abordés était de savoir s'il fallait placer des implants chez patients à risque élevé en raison d’antécédents de parodontite. Anton Sculean a répondu favorablement à cette question et affirmé que même chez ces patients, il est possible d’obtenir des résultats prédictibles. Il a toutefois conseillé de ne jamais poser un implant chez un patient fragilisé sur le plan parodontal avant d’avoir achevé le traitement parodontal systémique, et de ne le faire que si les volumes d’os et de tissus mous sont suffisants pour la mise en place de l’implant et la planification prothétique. Cela requiert une approche thérapeutique complète. Interrogé sur les facteurs qui minimisent le risque de péri-implantite, Anton Sculean a expliqué que les éléments prothétiques jouent un rôle essentiel pour permettre le nettoyage, tout comme le positionnement de l’implant, un volume osseux suffisant autour de l’implant, la quantité de gencive attachée et l’épaisseur de la gencive. Un grand merci à tous les intervenants, aux participants et à l'EFP pour avoir permis la tenue de cet événement exceptionnel.
O
-E F P Y G O L ST E O
ÉE JOURINRURGIE CH DE LARTUELLE VI
E
T C E N DIR ////////// ////////// ////////// // // // // // ////////// //////////
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20 N I U J 7 1
Après la discussion des experts
Mariano Sanz sur scène
Éditeur ©2020 Fondation Osteology Landenbergstrasse 35 6002 Lucerne Suisse Téléphone : +41 41 368 44 44 info@osteology.org www.osteology.org
Équipe technique derrière la scène
FONDATION OSTEOLOGY
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Entretien
Conversation avec le Dr Fazeela Khan-Osborne Propos recueillis par le Dr Marjan Gilani
Vous avez décidé de bâtir le nouveau centre dentaire Harley Street pendant le confinement au Royaume-Uni ? Qu’espériez-vous ? Dr Khan-Osborne : Mon bail était sur le point d’expirer en mai 2020. Il fallait donc que je déménage et remonte mon cabinet. Je savais qu'il s'agirait de mon tout dernier cabinet, je voulais donc tirer les leçons de 25 ans d'expérience et construire le meilleur cabinet dentaire possible : un environnement joyeux et sûr pour mes patients et mon équipe, en intégrant de nouvelles installations telles qu’un air pur filtré, un CBCT et un laboratoire de prothèse. Bâtir un cabinet avec des installations de premier plan pendant le confinement semble impossible. Comment y êtes-vous parvenue ? En effet, le projet a été perturbé par la pandémie de Covid-19. Aucun commerce n’était ouvert. Aucune construction n’était autorisée. Nous nous sommes réunis, avec quatre de mes clients d’un précédent projet, et nous avons galvanisé leur expertise puis formé une nouvelle équipe pour concevoir, planifier et bâtir le centre. Les entrepreneurs étaient mes patients et l’architecte, ma fille.
Quel a été le plus gros défi ? J’étais stressée par la sécurité de tous les travailleurs, leur distanciation sociale, les retards constants pour les matériaux et le fait de veiller à ce que mes patients soient soignés dans le même temps. Mais le résultat a été extraordinaire pour nous tous. Nous étions comme une famille et nous nous sommes entraidés pour que ce rêve devienne réalité. Quand avez-vous pu redémarrer les formations et les activités ? Nous avons pu reprendre les activités en face à face, avec distanciation sociale, en octobre 2020. J’étais impatiente que cela arrive et de connaître un avenir meilleur. Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de formation. Quand vous regardez en arrière, qu’est-ce qui vous rend le plus fière ? Je suis extrêmement fière de l’équipe. Nous nous sommes tous serrés les coudes pour garantir notre sécurité et n’avons pas fait de compromis sur la qualité de notre travail. L’avenir semble en effet meilleur.
AVANT
Le Dr Fazeela Khan-Osborne est une chirurgienne spécialisée en implantologie et prothèse implantaire, et elle est la fondatrice du cabinet Harley Street à Londres. Elle enseigne la chirurgie implantaire dans le cadre d'une formation individuelle « one-to-one » l’une des formations privées les plus anciennes et réputées au Royaume-Uni.
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GEISTLICH NEWS 2/2021
Photo : Dr Fazeela Khan-Osborne
APRÈS
Numéro 1 | 22 à paraître en mars 2022. THÈME
Complications : gestion & prévention > Facteurs humains et erreurs médicales > Gestion des attentes avec les patients > Péri-implantite : il est plus facile de prévenir que de guérir > Comment gérer les déhiscences ?
Références des pages 34-35 1
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ARRIÈRE-PLAN
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