1
|
saison 09 10
N°
Retour aux sources
Elle met en scène Don Giovanni
Marthe Keller | N° 1 | décembre 2009 |
| LE journal du cercle du Grand Théâtre et du Grand tHéâtre de GEnève
L'étoile cubiste
Donna
Diana
être Oberdorff
Opération
Mythe N° 4
RIEN NE RESSEMBLE PLUS À UNE BANQUE QU’UNE AUTRE BANQUE Faux! En tant que plus ancienne banque suisse, nous bénéficions d’une longue expérience et d’une expertise reconnue. En 268 ans d’histoire, nous avons vu les périodes d’euphorie et de joyeuse insouciance succéder aux guerres, aux révolutions, aux crises économiques et aux krachs boursiers. Pourtant, nous sommes toujours là! Et nos clients qui ont vu leur patrimoine fructifier au fil des générations aussi. Nous serions heureux de vous rencontrer et de vous démontrer à quel point nous sommes différents. Genève: téléphone 022 307 21 21 ou geneve@ge.wegelin.ch Lausanne: téléphone 021 213 25 25 ou lausanne@vd.wegelin.ch www.wegelin.ch
ST-GALL
BÂLE
LOCARNO C2
BERNE LUCERNE
CHIASSO LUGANO
COIRE
GENÈVE
SCHAFFHOUSE
LAUSANNE ZURICH ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
L'année
2009 n'est bientôt
plus qu'un souvenir,
2010 s'annonce riche
de spectacles grandioses, de surprises et de mystère. Le Grand Théâtre vous souhaite une merveilleuse année. Que vos yeux s'innondent d'étoiles à chaque représentation !
René Schirrer (Sirocco) attend avec angoisse son dernier quart d'heure dans L'étoile de Chabrier.
Opération
révélateur culturel
Marketing direct | Publicité | Corporate identity | Relations publiques | Call center | Web marketing | Edition | Stratégie marketing | Evènementiel
agence en communication globale www.csm-sa.ch 2
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Buzz op 4-5
Quoi de neuf dans le monde de l’opéra à Genève et ailleurs
Opération 6-11
A propos de Don Giovanni Marthe Keller : retour aux sources
Pleins feux 12-14
Une aventure avec le Met
On Stage 15-17
Sa première Donna Anna
Opération 18-19
Star de la musique légère, L'étoile
en ballet 20-21
Trois visions de la danse
en coulisses 22-23
Les dessous de L'étoile
en images 24-25
1
|
saison 09 10
n°
Retour sur le début de cette saison
Retour aux sources
Elle met en scène Don Giovanni
Marthe Keller | N° 1 | décembre 2009 |
| LE journaL du cErcLE du Grand ThéâTrE ET du Grand ThéâTrE dE GEnèvE
L'étoile cubiste
Donna
Didactique 28-29
Diana
être Oberdorff ACT-0_N°1_couv.indd 1
Carnet du cercle 26-27
Polina Pasztircsàk remporte tous les suffrages Brève rencontre avec Charles Pictet
04/12/09 11:50
11, bd du Théâtre CP 5126 CH-1211 Genève 11 T +41 22 418 30 00 F +41 22 418 30 01 grandtheatre@geneveopera.ch www.geneveopera.ch Directeur de la publication Tobias Richter Ont collaboré à ce numéro: Daniel Dollé, Illyria Pfyffer, Kathereen Abhervé, Christopher Park Coordination Illyria Pfyffer Direction artistique Aimery Chaigne (csm sa) Impression m+h genève Parutions 4 éditions par année. Achevé d’imprimer en décembre 2009 Image de la couverture Marthe Keller © GTG/Carole Parodi Rejoignez le Cercle du Grand Théâtre de Genève ! Pour recevoir de plus amples informations sur les conditions d’adhésion 2009/2010 au Cercle du Grand Théâtre, veuillez contacter directement : Madame Claire Dubois (le matin, entre 8h et 12h) T + 41 022 321 85 77 F + 41 022 321 85 79 c.dubois@geneveopera.ch Cercle du Grand Théâtre de Genève Boulevard du Théâtre 11 1204 Genève
Une représentation XXL L'étoile a brillé pour le jeune public Labo-M. Une des douze
Agenda 30 24 h 32
Dans la vie de Jean-Christophe Pegatoquet
buzzop Krassimira
L'opéra en la cité
Kammersängerin…
Krassimira Stoyanova qui a brillamment interprété Amelia Grimaldi dans Simon Boccanegra à Genève vient d’être nommée Kammersängerin à Vienne. C’est à la Staatsoper le 6 octobre qu’elle fut honorée par Ion Holender, l’actuel Directeur
Royal
général, en présence de Seiji Ozawa. Elle sera de retour sur la prestigieuse scène du
Hänsel
Staatsoper pour interpréter les rôles de Desdemona (Otello), Alice Ford (Falstaff)
Un DVD du Royal Opera de Londres présente une œuvre souvent à l’affiche pour les fêtes de fin d’année, Hänsel und Gretel d’Engelbert Humperdinck avec une distribution qu’on peut qualifier d’idéale. Aux côtés de Diana Damrau irréprochable, on retrouve Angelika Kirchschlager, Elizabeth Connell, Anja Silja et Thomas Allen. La production est signée Moshe Leiser et Patrice Caurier bien connus au Grand Théâtre (Les f iançailles au couvent, Der Rosenkavalier, Hamlet). Les décors sont de Christian Fenouillat et les costumes d’Agostino Cavalca. L’orchestre est placé sous la direction de Sir Colin Davis. Un régal pour les oreilles et les yeux. >DD
et Rachel (La Juive) en 2010. En attendant, elle termine l’année au Liceu de Barcelone aux côtés de Ramon Vargas en chantant Leonora de Il trovatore. Au mois de juin 2010 elle sera à Zurich pour une nouvelle production de Rusalka avant de chanter >DD
© DR
Mimi de La Bohème à Vienne
4
Pour finir le mois de novembre le Grand Théâtre de Genève était fortement représenté à la Cité des métiers. Grâce à une remarquable énergie et à un enthousiasme sans faille, Marie-Laure Deluermoz des ressources humaines a su fédérer une grande partie des forces vives de l’institution afin de révéler aux nombreux visiteurs quelques facettes des joyaux que recèlent le Grand Théâtre. Un rendezvous réussi auquel de nombreuses personnes ont pris part. Le chœur au grand complet a donné un petit aperçu de son grand professionnalisme et de son vaste répertoire. L’atelier de couture et de costumes a présenté une vingtaine de costumes. Certaines de ces mains habiles et agiles ont même accepté de sor-
tir de l’ombre et de défiler devant un public conquis par tant de merveilles. Une nouvelle vocation de mannequin serait-elle née ? Les coiffeuses maquilleuses ont montré leurs talents et leur savoir en contribuant à la réussite du défilé. Il serait injuste de ne pas faire mention de la technique de scène, des accessoiristes, des peintres, de l’atelier de cuir, … Ils avaient tous répondu présents. A tous un Grand Bravo et un Grand Merci pour contribuer au rayonnement de l’institution ! Une nouvelle fois vous avez donné la preuve d’une maison vivante, dynamique et entreprenante. Rendez-vous pour de prochaines aventures… Toujours plus haut, toujours plus fort et plus séducteur, telle pourrait devenir la devise du Grand Théâtre.>DD
Sixties Un enregistrement historique live de Don Giovanni vient de paraître en CD chez Deutsche Grammaphon. Herman Prey, Fritz Wunderlich, Elisabeth Grümmer et Edith Mathis, entre autres, sont réunis sous la baguette de Wolfgang Sawallisch à l’Opéra de Cologne en 1960. L’enregistrement est en allemand comme de coutume à l’époque, mais il permet de participer à un festival vocal et musical. « Apothéose des voix et des chants » titrait le Generalanzeiger de Bonn le 30 mars 1960. >DD
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Met au Pathé
Une chaîne culturelle
en full HD – une image
C'est intra
1920 x 1080 excusez du
concerts classiques ? C’est pour très bientôt avec la chaine Brava HDTV,
ter de bons écouteurs intra-auriculaires. Un peu chers mais
lancée en juillet 2007 au
plus performants que ceux livrés d’office. Ils permettent une
Pays-Bas, qui a l’objectif
bien meilleure précision sonore et d’entendre certains détails
de démarrer, après la
inaudibles autrement. Evidemment, cela ne remplace pas une
France le mois dernier,
chaîne haute-fidélité mais cela se révèle pratique en déplace-
sa diffusion en Suisse
ment. A signaler également que lorsqu'on charge sa musique
l’an prochain. Cerise sur
avec iTunes, on peut également choisir son format d'importa-
le gâteau, tous les opéras
tion, sachant qu'on peut en régler les paramètres : AAC, AAC pro-
offrent des sous-titres
tégé, MP3, MP3 VBR, Audible (formats 3, 2 et 4), Apple Lossless,
en français, anglais,
AIFF et WAV. C'est évidemment la qualité des écouteurs qui fera
hollandais et bientôt
l'intérêt d'une moindre compression. Plus ces derniers seront de
espagnol. Le tout 24h/24h
qualité – et isolants si l'écoute ne se fait pas en milieu silencieux
et sans publicité. www.
– plus il sera intéressant d'avoir un format moins compressé
bravahdtv.com >IP
pour bénéficier de nuances plus fines et de détails mieux situés spatialement. En revanche, un format de haute qualité avec des écouteurs médiocres rendra les pianissimos inaudibles.
>IP
Tamerlano de Georg Friedrich Haendel au Royal Opera House Du 5 au 20/03/2010 Direction Musicale Ivor Bolton Mise en scène Graham Vick Avec Christianne Stotijn
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
dans Tamerlano et Placido Domingo dans son premier Bajazet, mais aussi dans son premier opéra de Haendel !
La Fille du Régiment de Gaetano Donizetti au Royal Opera House Du 17/05 au 3/06/2010 Direction musicale Bruno Campanella Mise en scène Laurent Pelly Avec Juan Diego Flórez dans Tonio et Natalie Dessay dans Marie. www.roh.org.uk
© DR
La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils à l’Opéra de Paris Du 2 au 25/02/2010 Sur une divine musique de Frédéric Chopin, le chorégraphe John Neumeier adapte le célèbre roman d’Alexandre Dumas fils avec un sens aigu de la beauté. www.operadeparis.fr
Placido
Le 13 octobre le roi Carl XVI, Gustav de Suède a remis le « Birgit Nilsson Prize » à Placido Domingo à Stockholm au cours d’un grand gala. C’était la première fois qu’on remettait ce prix.
40 ans
Le 6 novembre Katia Ricciarelli a fêté ses 40 ans de scène au cours d’un gala au Teatro La Fenice à Venise avec lequel elle est très liée depuis 1969.
admirative
© DR
Werther de Jules Massenet à l’Opéra de Paris Du 14/01 au 4/02/2010 Direction musicale Michel Plasson Mise en scène Benoît Jacquot Sous la direction d’un maître ès Massenet, Jonas Kaufmann et Sophie Koch interprètent l’une des histoires d’amour les plus touchantes de l’opéra.
l’opéra, du ballet et des
Pour écouter de l'opéra sur un iPod, le plus important est d’ache-
A voir ailleurs… Evidemment, le Grand Théâtre de Genève est The place to be. Mais pour ceux que le tourisme culturel intéresse hors de l’arc lémanique, voici une petite sélection de quelques productions prometteuses.
peu - avec seulement de
© DR
La formule qui consiste à retransmettre en direct dans une salle obscure un opéra du Metropolitan Opera de New York plaît beaucoup et permet à un public toujours plus large de découvrir l’opéra de manière différente. En 2010, la programmation se veut très large et accessible. Les dates à retenir cet hiver : Samedi 9 janvier 2010 à 19 h Der Rosenkavalier de Richard Strauss dirigé par James Levine. Avec Renée Fleming, Susan Graham, Christine Schäfer, Eric Cutler, Kristinn Sigmundsson Samedi 16 janvier 19 h Carmen de Georges Bizet Dirigé par Y. Nézet-Séguin Avec Barbara Frittoli, Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Marius Kwiecien Samedi 6 février 19 h Simon Boccanegra de Giuseppe Verdi dirigé par James Levine Avec Adrianne Pieczonka, Marcello Giordani, Placido Domingo, Mark Morris Au Pathé Balexert (Genève) et Pathé Flon (Lausanne)
Bravo Brava
Lors de sa venue pour son récital le 17 novembre, Frederica von Stade a assisté le dimanche 15 à la représentation de L’Etoile. En sortant du spectacle, elle a dit son admiration pour la production, les artistes, l’orchestre et le chœur. Elle nous a également confié sa fascination pour l’ouvrage et qu’elle avait interprété le rôle de Lazuli bien avant d’être connue et reconnue sur toutes les scènes internationales.
5
Opération
© GTG / Nicolas Lieber
Carmen, la belle gitane de Séville séduit le bel off icier comme Don Juan conquêtes... Ici interprétée par Sara Fulgoni en décembre 2000 à Genève avec Jon
© GTG / Nicolas Lieber
Ketilsson en Don José.
Figaro, le barbier de Séville, un "Leporello" qui peut dire les quatre vérités à son maître. Ici interprété par Dietrich Henschel en mars 2000 à Genève
(Page de droite) Don Juan Charles Ricketts, 1911 Huile sur toile Londres, Tate Gallery
Au commencement du mythe, la tradition orale…
A l’origine, il y a certainement une légende médiévale : celle d’un jeune-homme qui pour se rendre à ses noces prend un raccourci à travers le cimetière. Déjà ivre, il envoie un coup de pied dans une tête de mort avant de l’inviter au banquet, invitation blasphématoire à laquelle va répondre le fantôme du défunt qui surgit au milieu de la fête. La présence de ce surprenant convive n’empêche pas le festin de se dérouler et, alors que le repas s’achève, le fantôme donne rendez vous au jeune homme. Lorsqu’il se rend au cimetière, celui-ci découvre une table dressée sur une tombe, le spectre le saisit par la main et l’entraîne avec lui dans une descente aux Enfers.
Quatre visages…
le fait avec ses "1003"
A propos
Tirso de Molina est un religieux espagnol, on ne sera donc pas étonné par l’aspect théologique de l’œuvre. L’abuseur de Séville apparaît donc comme un sermon qui exhorte les fidèles à respecter les dogmes, notamment celui de la fidélité. Don Juan remet son salut à plus tard, mais il manque de temps. L’auteur s’attache à en faire le pire homme sur terre. Le pêcheur doit être puni sur terre. Chez Molière, il devient un athée, un homme de provocation et de défi. Il va au bout du libertinage. Sa passion est-elle cohérente et intéressante, ou est-ce un vice inextinguible ? L’auteur nous entraîne sur un terrain moral. Avec Mozart et Da Ponte, nous rencontrons un héros du stade esthétique. Il aime les plaisirs, tous les plaisirs, et revendique la pleine liberté de ces plaisirs et du désir. Et pour finir le Don Juan baudelairien devient un dandy. Il ne se laisse nullement émouvoir par ce qui s’offre à ses yeux. Peu à peu le personnage perd une certaine puissance qui prend son origine dans la rencontre d’Eros et de Thanatos. Cependant les quatre expressions de Don Juan sont à la fois défendables et condamnables pour diverses raisons. Don Juan méritait-il d’être puni aussi sévèrement ? Au fond, qu’a-t-il fait ? Tuer un homme ? C’était la règle d’honneur en vigueur au 17ème siècle. Les nombreuses conquêtes féminines ? C’était monnaie courante. Ne serions-nous pas plutôt au cœur d’une société sclérosée et hypocrite qui condamne les êtres à la transgression ? En condamnant Don Juan, elle se condamne elle-même. Michel Foucault nous apprend dans L’histoire de la folie que surveiller et punir sont les maîtres-mots de bien des systèmes. Don Juan incarne le paradoxe manié avec ingéniosité. L’éloge de l’infidélité côtoie l’éloge de l’hypocrisie. La liberté de Don Juan est inscrite dans une perspective existentialiste : plus que le droit de jouir, elle réclame celui d’opposer un « non » définitif à tout ce dont l’homme prétend masquer son ennui.
Deux noms
Don Juan ou Dom Juan ? Pourquoi cette double graphie ? Dom vient du latin dominus, le maître, il est utilisé encore dans certains ordres religieux. Par exemple, l’origine du champagne Dom Perignon. Il appartient à l’univers latin. Don est un titre espagnol qui a même origine initiale, mais marque le rattachement du personnage à l’univers ibérique. Par exemple, Don Quichotte.
Trois célébrités…
C’est de Séville que partit Christophe Colomb pour son deuxième grand voyage, c’est dans une prison de Séville que Don Quichotte prend forme grâce à la plume d’un collecteur d’impôts. Terre brûlante et flamboyante, mille fois piétinée par les envahisseurs, terre de paradoxe ou Dieu et le diable, le ciel et l’enfer cohabitent, c’est elle qui a inspiré tant de dramaturges et fait naître des personnages archétypiques, ou hors du commun. Don Juan, Figaro, Carmen, grâce à vous Séville est à chaque instant présente aux quatre coins du monde. Qu’ont-ils de commun ? Ce sont des séducteurs, des novateurs, des lanceurs de défis. Peutêtre représentent-ils l’amour défendu dans des couples, à l’origine, socialement opposés ? Le comte Almaviva désire la servante, Don Juan courtise la paysanne et l’officier s’amourache de la gitane. Le valet giocoso de Sancho Panza à Leporello est soumis à son maître, mais il devient avec Beaumarchais le barbier qui pourra dire à ses maîtres les quatre vérités, ou aux puissants ce que le peuple pense tout bas. Le fripon malicieux et intriguant fera le tour du monde. Lorsque Mérimée visite l’Espagne, il est conquis. Le pays répond à sa nature profonde, il aime les saveurs profondes et épicées, il aime l’insolite. C’est là qu’il a esquissé Carmen, il l’a dessinée et donné vie à la cigarière de Séville. Le 3 mars 1875, grâce à Bizet, Carmen naît devant un parterre comble et des critiques acerbes. Mais deux ans après la mort de Bizet, elle règne sur les scènes de six grandes capitales mondiales. Est-il encore des personnes qui ne les connaissent pas ? Ont-ils un jour quitté les affiches des théâtres ? Ils traversent les âges et ne prennent pas de rides. >DD
«
Un galant allait à l’église non pas pour entendre la messe mais pour regarder les dames, toutes belles et fraîches. Au milieu du chemin il trouve une tête de mort et lui donne un coup de pied. Elle se met à rire, de toutes ses dents. – Joli crâne, dit l’homme, je t’invite cette nuit à dîner. – Ne te moque pas dit le crâne, etc.
»
>
"La légende du crâne" Légende médiévale de la province du Léon
6
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
© TATE, London 2009
> don giovanni
de Wolfgang Amadeus Mozart Direction musicale : Kenneth Montgomery Mise en scène : Marthe Keller Au Grand Théâtre, 11 | 13 | 14 | 15 | 17 | 19 | 20 décembre 2009
Opération
de Don Giovanni
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
7
Opération > don giovanni
© Bettmann/CORBIS
de Wolfgang Amadeus Mozart Direction musicale : Kenneth Montgomery Mise en scène : Marthe Keller Au Grand Théâtre, 11 | 13 | 14 | 15 | 17 | 19 | 20 décembre 2009
Retour aux sources
Une première mise en scène lyrique dans son pays natal….
A la rentrée, le Grand Théâtre de Genève avait invité José Luis Gomez, Directeur du Teatro La Abadia et acteur pour mettre en scène Simon Boccanegra. Il venait de jouer dans le dernier film de Pedro Almodovar, Etreintes brisées. A présent, nous avons le grand bonheur d’accueillir Marthe Keller, la grande actrice d’origine suisse, qui met en scène Don Giovanni dans une production qu’elle avait réalisée pour le Metropolitan Opera de New York en 2004.
«
Vraiment, j’aime bien la folie. Peut-être parce que je suis Suisse. marthe keller
»
Après Strasbourg, Washington, Los Angeles et New York, elle offre au Grand Théâtre de Genève et à la Suisse sa première mise en scène lyrique. A sa filmographie au cinéma et à la télévision déjà fort impressionnante, elle est en train de rajouter deux nouveaux titres pour le cinéma. Juste avant de commencer les répétitions à Genève, elle tournait encore pour le prochain film de Clint Eastwood, Hereafter. En compagnie de Cécile de France et de Matt Damon, notre metteur en scène devrait, d’après quelques indiscrétions, jouer le rôle d’une spécialiste suisse sur les questions de l’au-delà.
Non, elle n’est pas que la Demoiselle d’Avignon… Née à Bâle, Marthe Keller est l’image parfaite de l’artiste qui ignore les frontières géographiques et artistiques. Elle partage sa vie entre Paris, New York et Verbier où elle est une amie fidèle du Festival. Dès son plus jeune âge, elle s’intéresse à la danse. Peutêtre rêvait-elle de devenir une étoile de la danse ? A l’âge de 17 ans, un accident de ski vient mettre fin à ce rêve. Elle se tourne alors vers la comédie et s’inscrit à l’école Stanislavski de Munich. Après trois ans de formation et quelques apparitions à la télévision, elle rejoint le théâtre Schiller de Berlin, après une brève escale dans la troupe de Heidelberg. C’est à Berlin qu’elle fait ses premiers pas au cinéma avec Mes funérailles à Berlin (1966) de Georges Hamilton. En 1968, elle s’installe à Paris où elle tourne un premier film avec Philippe De Broca, Le diable par la queue, avant de participer en vedette aux Caprices de Marianne. A la Gaîté Montparnasse, elle se taille un gros succès dans la pièce Un jour dans la mort de Joe Egg de Joe Orton. C’est la télévision qui la révèlera au grand public avec La demoiselle d’Avignon.
8
«
C’était prodigieux de jouer avec lui. Bon, tout le monde le sait, j’étais amoureuse. Nous sommes restés ensemble sept ans. Al était l’homme de ma vie. Nous sommes toujours amis, on se parle tous les deux jours marthe keller évoquant Al PAcino
> »
Opération
Avril 1977, Marthe Keller et Al Pacino, sortant du Longacre Theatre où ce dernier interprète la fameuse pièce The Basic Training of Pavlo Hummel de David Rabe avec laquelle il remportera un Tony Award.
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
9
Opération
Jeanne au Bûcher
« Mais c’est l’interprétation de Marthe Keller qui parvient seule à transcender les contingences humaines du spectacle et à nous donner le sentiment de traverser pour quelques instants les limites de l’entendement humain. Enfant naïve, vierge glorieuse, femme enfin conduite au supplice, la Jeanne de Marthe Keller joue de toutes les formes de vocalité jusqu’aux infimes modulations d’une comptine, ânonnée et rompue de sanglots. Mater dolorosa portant le fardeau d’une France meurtrie, l’actrice souffrant dans sa chair le supplice de la jeune femme, exténuée et comme brisée à la fin du spectacle, renouvelle le temps d’un finale qui touche aux cimes de l’empathie le sacrifice christique, dans ses dimensions sacrée et humaine, rattrapée par la peur de l’abandon divin. Figure d’universalité à laquelle chaque vie conduite par le sentiment de la vocation peut être relue, Marthe Keller instille au mot ce qui ne peut s’apprendre et ne peut que s’éprouver, la qualité du sentiment, une forme de fraîcheur qui donne à son interprétation une portée symbolique toute particulière, ruisselante de bonté et d’abnégation. » Extrait d’une critique parue dans Forum Opera Benoît Berger 1er octobre 2004
10
Pendant les répétitions de Don Giovanni au Grand Théâtre de Genève, Marthe Keller avec Pietro Spagnoli (Don Giovanni) Page de droite (en haut) avec son collaborateur artistique Yves Lefèbvre, (en dessous) dirigeant José Fardilha (Leporello)
En 1975, elle part aux Etats-Unis pour être la partenaire de Dustin Hoffman dans Marathon Man de John Schlesinger. C’est le début d’une grande amitié. « Tu ne changes pas, comment fais-tu ? Regardez-la, elle est sublime. Voilà une vraie artiste, et une femme qui a toujours cru en moi. C’est toi, Marthe, que j’aurais dû épouser ! - Tu as oublié qu’à l’époque tu étais marié ! - [Il éclate de rire.] J’étais en train de me séparer de ma première femme, mais je ne le savais pas ! » Dialogue entre Dustin Hoffman et Marthe Keller Elle enchaîne aussitôt avec Black Sunday de John Frankenheimer, Bobby Deerf ield de Sydney Pollack et Fedora de Billy Wilder dans lequel elle interprète le rôle d’une actrice qui voit sa jeunesse s’enfuir. Al Pacino qui fut le partenaire de Marthe Keller dans Bobby Deerf ield avait déclaré : « Elle est formidable si l’on considère sa beauté, son talent, son rayonnement, elle a toutes les qualités pour devenir une grande star internationale ». Et en effet elle poursuit sa carrière un peu partout dans le monde. «C’était prodigieux de jouer avec lui. Bon, tout le monde le sait, j’étais amoureuse. Nous sommes restés ensemble sept ans. Al était l’homme de ma vie. Nous sommes toujours amis, on se parle tous les deux jours.» Marthe Keller évoquant Al Pacino Elle fut la partenaire d’André Dussolier dans Toute une vie, un film de Claude Lelouch. Lorsqu’il retrouve l’actrice pour le tournage de Cortex , il confie : « Nous avons tout de suite retrouvé une grande complicité. Elle a adoré jouer ce côté «borderline» qu’elle crée aussi à sa manière : presque toujours en souriant et en ayant ce regard proche de l’enfance. Je trouve qu’elle donne une sorte de grandeur par rapport à la maladie et à ce qui se passe autour d’elle.» En tant que comédienne, elle a foulé les planches de nombreuses grandes scènes internationales et des festivals C’est avec beaucoup d’humour et un vrai talent de conteuse, qu’elle évoque ses débuts douloureux en tant que comédienne en Allemagne, son goût pour l’improvisation et la spontanéité, pour la folie aussi. « Toute ma vie s’est construite par accidents, rien n’a été prémédité ». Marthe Keller aime à se raconter simplement. Pendant de nombreuses années, elle joue Jedermann, une pièce de Hugo von Hofmannsthal au Festival de Salzbourg. Seiji Ozawa à la recherche d’une actrice pour remplacer Me-
ryl Streep lui propose alors l’oratorio d’Arthur Honegger, Jeanne d’Arc au bûcher au Festival de Salsbourg en 1984. Le 7 mars 1987, puis pour quatre autres représentations, elle interprète le rôle de Jeanne d’Arc sur la scène du Grand Théâtre. Dans la fosse, l’Orchestre de la Suisse Romande sous la direction de Silvio Varviso. La mise en scène était confiée à Georges Wilson qui interprétait également frère Dominique. Elle excelle dans Cassandre de Michael Jarrell au Châtelet en 1994. Lorsqu’on lui pose la question « Pourquoi la musique ? Vous étiez mélomane ? » Elle répond : « Même si je ne suis pas née dans un milieu artistique — mon père était éleveur de chevaux à Bâle —, j’ai toujours adoré la musique. À la maison, nous écoutions un peu Verdi, Beethoven, Mozart, sans plus… » Lors d’une conférence de presse à l’occasion de la sortie de l’enregistrement de l’oratorio d’Arthur Honegger, elle évoque sa passion pour la musique et pour le lyrique. Il n’en faudra pas davantage pour faire germer l’idée d’une invitation à réaliser une mise en scène d’opéra chez certains directeurs d’institutions lyriques. Après l’une ou l’autre tentative infructueuse, en 1999, Marthe Keller accepte enfin de mettre en scène Le Dialogue des Carmélites de Francis Poulenc à l’Opéra national du Rhin. La production fera l’objet d’un DVD et sera invitée au Festival de Savonlinna. Le Dialogue obtient le prix de la meilleure production de l’année. Placido Domingo voit le DVD et propose à l’actrice de mettre en scène Lucia di Lammermoor à Washington. Après ce premier succès, les propositions affluent. Le Met l’invite pour Don Giovanni qui connaîtra une grande résonance publique et médiatique. Invitée au Japon, la production sera présentée au Grand Théâtre de Genève en décembre 2009. Mais Marthe Keller n’oublie jamais l’actrice qu’elle est. Elle n’arrête jamais et navigue sans cesse entre New York et Paris. On imagine aisément son bonheur lorsque Clint Eastwood l’a choisie pour tourner dans son film Hereafter. >DD
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
© GTG/CaroleParodi
>
«
The director Marthe Keller, making her Metropolitan Opera debut in a triumphant new production of Don Giovanni that opened on Monday night, has no patience with such shallow takes on this most multilayered of operas. .. But the opera is really about how Don Giovanni changes the lives of those he encounters. And Ms. Keller, an accomplished f ilm and stage actress (Judgment at Nuremberg on Broadway three years ago), drew tellingly nuanced and touchingly honest performances from a f ine cast
»
© DR/collection Christophel
Anthony Tommasini The New York Times Mercredi 3 mars 2004
Opération
De Philippe de Broca à Clint Eastwood Mein oder Dein, de Franz Josef Wild (TV) Der Trojanische Krieg findet nicht statt, de F. Josef Wild (TV) Mariana Pineda, de Wilm ten Haaf (TV) Corinne und der Seebär, de Thomas Engel (TV) Funeral in Berlin, de Guy Hamilton (film) Wilder Reiter GmbH, de Franz-Josef Spieker (film) Le Diable par la queue, de Philippe de Broca (film) Un jour dans la mort de Joe Egg de P. Nichols, (théâtre) Tango, de Jean Kerchbron (TV) Les Caprices de Marie, de Philippe de Broca (film) Un cave, de Gilles Grangier (film) Arsène Lupin, de Jean-Pierre Decourt (série TV) La Demoiselle d'Avignon, de Michel Wyn (série TV) La Vieille Fille, de Jean-Pierre Blanc (film) Elle court, elle court la banlieue, de Gérard Pirès (film) La Raison du plus fou, de R. Devos et F. Reichenbach (film) La Chute d'un corps, de Michel Polac (film) Toute une vie, de Claude Lelouch (film) Die Antwort kennt nur der Wind, de Alfred Vohrer (film) Per le antiche scale (Vertiges), de Mauro Bolognini (film) L'Aigle à deux têtes, de Pierre Cavassilas (TV) Blind Love (film) Le Guêpier, de Roger Pigaut (film) Marathon Man, de John Schlesinger (film) Black Sunday, de John Frankenheimer (film) Bobby Deerfield, de Sydney Pollack (film) Fedora, de Billy Wilder (film) The Formula, de John G. Avildsen (film) The Amateur (L'Homme de Prague), de Charles Jarrott (film) La Chartreuse de Parme, de Mauro Bolognini (série TV) Wagner, de Tony Palmer (série TV) Femmes de personne, de Christopher Frank (film) Trahisons d'Harold Pinter, mise en scène Sami Frey (théâtre) Rouge baiser, de Véra Belmont (film) Joan Lui - ma un giorno..., d'Adriano Celentano (film) Oci ciornie (Les Yeux noirs), de Nikita Mikhalkov (film) The Hospice, de Dominique Othenin-Girard (TV)
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
1988 1989 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Una Vittoria, de Luigi Perelli (série TV) La Ruelle au clair de lune, d'Édouard Molinaro (TV) Georg Elser - Einer aus Deutschland, de K. M. Brandauer (film) The Nightmare Years, d'Anthony Page (série TV) Un cœur à prendre, de Michel Vianey (TV) Young Catherine (Intrigues impériales), de M. Anderson (TV) Lapse of Memory, de Patrick Dewolf (film) Im Kreis der Iris, de Peter Patzak (TV) Turbulences, d'Élisabeth Rappeneau (TV) Jeanne d'Arc au bûcher, d'Akio Jissoji (TV) Liberate mio figlio (Libérez mon fils), de R. Malenotti (TV) Mon amie Max, de Michel Brault (film) Tödliches Geld, de Detlef Rönfeldt (TV) Belle Époque, de Gavin Millar (série TV) Sostiene Pereira (Pereira prétend), de Roberto Faenza (film) Nuits blanches, de Sophie Deflandre (film) K, d'Alexandre Arcady (film) Elles, de Luís Galvão Teles (film) Kinkali d'Arnaud Bedouet (théâtre) L'École de la chair, de Benoît Jacquot (film) Le Derrière, de Valérie Lemercier (film) Time of the Wolf (L'Enfant et le loup), de Rod Pridy (film) Par amour, d'Alain Tasma (TV) La Nourrice, de Renaud Bertrand (TV) Tout va bien c'est Noël !, de Laurent Dussaux (TV) Die Nacht singt ihre Lieder, de Romuald Karmakar (film) Dans l'ombre du maître, de David Delrieux (film) Fragile, de Laurent Nègre (film) Chrysalis de Julien Leclercq (film) Cortex de Nicolas Boukhrief (film) La Prophétie d'Avignon, de David Delrieux (série TV) Le Lien de Denis Malleval (TV) Bouquet final de Michel Delgado (film) Sous un autre jour d'Alain Tasma (TV) Hereafter de Clint Eastwood (film en cours de tournage)
(De gauche à droite et de haut en bas) Le Diable par la queue La Demoiselle d'Avignon Marathon Man avec D. Hoffman Elle Court, elle court la banlieue Toute une vie
Marthe Keller applaudit Clint Eastwood recevant le Prix Lumière 2009 dans le cadre du tout nouveau Festival du Film de Lyon en octobre dernier. © DR
1964 1965 1966 1967 1968 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1980 1981 1983 1984 1985 1987
11
PleinsFeux
Une salle comble pour la première d'Otello en 1966
12
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
© © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS
PleinsFeux > don giovanni
de Wolfgang Amadeus Mozart Direction musicale : Kenneth Montgomery Mise en scène : Marthe Keller Au Grand Théâtre, 11 | 13 | 14 | 15 | 17 | 19 | 20 décembre 2009
avec Alors
que
les
Une aventure
le Met
représentations
de
Lohengrin, une production du Grand Théâtre, se sont achevées au Houston Grand Opera (HGO) qui avait coproduit l’œuvre de Wagner, votre scène accueille une production du célèbre Metropolitan Opera de New York. N’est-ce pas l’occasion rêvée de vous faire découvrir l’un de
fournit l’écrin dans lequel Marthe Keller, en compagnie d'Yves Lefèbvre, réalise sa première mise en scène lyrique en Suisse ?
© © Bettmann/CORBIS
nos partenaires internationaux qui nous
La fameuse façade du Met ornée de cinq arches
Le Metropolitan Opera à New York, familièrement appelé par apocope le Met, se situe actuellement dans le Lincoln Center. Le premier bâtiment imaginé par J. Cleaveland Cady se trouvait dans Broadway, entre la 35ème et la 45ème rue. Il fut inaugurée le 23 octobre 1883 et fortement endommagé par un incendie en 1892. Réparé, il restera en service jusqu’en 1966, au moment où la compagnie investira les locaux actuels. L’ancien bâtiment fut rasé en 1967 faute d’avoir obtenu le statut de monument historique. L’actuel Metropolitan Opera House est l’œuvre de l’architecte Wallace K. Harrison. Il fut inauguré le 16 septembre 1966 avec la première mondiale d’Anthony and Cleopatra de Samuel Barber, avec Leontyne Price, Justino Díaz, Jess Thomas, and Rosalind Elias, sous la direction de Thomas Schippers. Cependant le premier opéra entendu au Lincoln Center House fut La fanciulla del West de Giacomo Puccini le 11 avril 1966, une matinée avec des étudiants, à des fins de tests acoustiques. L’édifice est recouvert de travertin et facilement reconnaissable grâce à sa façade ornée de cinq arches. Dans le hall d’entrée, on peut admirer deux fresques réalisées par Marc Chagall. L’auditorium peut accueillir près de 4 000 spectateurs sur plusieurs niveaux, soit presque trois fois la capacité du Grand Théâtre. Depuis son inauguration, la prestigieuse institution a présenté 29 créations mondiales dont Il trittico et La fanciulla del West de Giacomo Puccini, elle a également assuré la création américaine de 95 opéras et offert à son public 305 opéras mis en scène ou en version concertante.
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
Quelques chiffres…
Cadre de scène : largeur 16 m, hauteur 16 m Le plus grand rideau du monde tissé en soie damassée. 7 ascenseurs 3 scènes coulissantes 1 scène tournante de 20 m de diamètre
Plus de 200 représentations chaque année Environ 800 000 spectateurs chaque saison
Les plus joués… La Bohème 1208 Aïda 1103 La Traviata 952 Carmen 945 Tosca 891 Administrateur général Peter Gelb Direction artistique James Levine Chef principal « invité » Valery Gergiev
13
PleinsFeux
Peter Gelb En tant que Directeur
productions que nous
puisse être témoin du talent
général du Metropolitan
réalisons. Et grâce à notre
de Simon Keenlyside et
Opera, l’un de mes objectifs
série de transmissions
de Nathalie Dessay, dans
est d’augmenter le nombre
de la scène à l’écran Live
les premiers rôles de cette
de nouvelles productions
in HD, le public genevois
œuvre passionnante. Et le
que nous offrons chaque
pourra assister à neuf
Met vous rendra la politesse :
saison, afin de renouveler
représentations du Met dans
ce mois-ci, les amateurs
l’intérêt du public pour notre
les salles du Cinéma Pathé
d’opéra genevois assisteront
répertoire et d’attirer chez
Balexert.
à la mise en scène de Don
nous les plus grandes voix
L’un des moments forts
Giovanni par Marthe Keller,
du monde. Cependant, dans
de l’actuelle saison du
qui enchante notre public
certains cas, les productions
Met sera certainement la
depuis sa création au
que nous mettons en scène
production de Hamlet par
Metropolitan Opera House
ne sont pas “nouvelles”
Patrice Caurier et Moshe
en 2004. J’espère que notre
stricto sensu, mais qui ont
Leiser, qui a connu un
Don Giovanni new-yorkais
été créées sur d’autres
succès retentissant lors de
saura vous plaire, et je vous
grandes scènes lyriques
sa création à Genève. Je me
remercie d’avoir bien voulu
avant d’être accueillies chez
réjouis particulièrement
partager votre Hamlet avec
nous au Met. Ce genre de
que le public new-yorkais
nous.
co-production entre maisons d’opéra est l’un des moyens les plus efficaces à notre la vision dramatique sur nos plateaux. Je suis ravi de pouvoir collaborer avec le Grand Théâtre de Genève afin que les amateurs d’art
© DR
lyrique à New York et à ensemble des merveilleuses
Met Titles En 1995, ce système permet à chaque spectateur de suivre le spectacle surtitré en différentes langues grâce à un système incorporé dans le dossier des sièges.
Théâtre de répertoire Si vous êtes de passage à New York au mois de décembre, vous pourrez voir et entendre Il trittico, De La Maison des morts, Les Contes d’Hoffmann, Le nozze di Figaro, Elektra, Hänsel und Gretel, et avant de faire le pas dans une année nouvelle, le Met présente Carmen.
126ème Cette saison le Met présente Aïda, Ariadne auf Naxos, Arminda, Attila, Il barbiere di Siviglia, La Bohème, Carmen, Les Contes d’Hoffmann, La Damnation de Faust, Elektra. La Fille du régiment, Der fliegende Holländer, De La Maison des morts, Hamlet, Hänsel und Gretel, Lulu, Le Nez, Le nozze di Figaro, Der Rosenkavalier, Simon Boccanegra, Stiffelio, Tosca, La Traviata, Il trittico, Turandot, Die Zauberflöte.
14
Une politique audio-visuelle d’avant-garde… Le jour de Noël 1931, on a pu écouter à la radio la première diffusion intégrale de Hänsel und Gretel du Met. Depuis, on peut régulièrement écouter le samedi après-midi une retransmission intégrale d’un ouvrage lyrique depuis le Met aux Etats-Unis et au Canada. A partir de 1977, le Met inaugure la série des enregistrements audiovisuels. Ainsi La Bohème sera vue par plus de 4 millions de personnes à la télévision. Par la suite c’est plus de 70 représentations qui sont rendues accessibles à un large public à travers le monde. Certains ont été publiés sous forme de vidéos, de disques laser et plus récemment de DVD. En décembre 2006, commence une nouvelle ère avec « The Met Live in HD ». Il s’agit de retransmission en direct et en haute définition de spectacles dans des salles de cinéma du monde entier. Actuellement plus de 1000 sites répartis dans 42 pays assurent la diffusion. Plus tard, on retrouvera également ces spectacles sur la télévision publique et sur DVD. En novembre 2008, le Met, en relation avec divers partenaires, introduit le streaming qui permet d’accéder à plus de 200 représentations en haute définition. Enfin, on accède aux représentations d’opéra en haute qualité d’écoute et de vision sur son ordinateur, cependant, rien ne pourra jamais remplacer le live. Ce n’est certes plus le spectacle vivant, mais cela reste tout de même quelque chose. La prochaine retransmission aura lieu le 19 décembre 2009, ce sont Les Contes d’Hoffmann dirigés par James Levine >DD
disposition pour actualiser
Genève puissent profiter
Dès sa création le Met a accueilli les plus grands artistes. Genève vient de recevoir Frederica von Stade qui fit des débuts remarqués sur la scène du Metropolitan en 1970. Ce fut le début d’une carrière internationale fulgurante qu’il n’est plus utile de conter. Il serait difficile dans le cadre de ce magazine de dresser une liste exhaustive de tous les noms qui ont contribué à la renommée mondiale de l’institution new-yorkaise. Sir Rudolf Bing invite des artistes de renommée mondiale au Metropolitan Opera House de New York comme Maria Callas, Birgit Nilsson, Renata Tebaldi, Dame Joan Sutherland, Dame Elisabeth Schwarzkopf, Montserrat Caballé, Franco Corelli, Carlo Bergonzi, Nicolai Gedda, Jon Vickers, Giorgio Tozzi ou Cesare Siepi. Les opéras sont alors dirigés par de grands chefs d’orchestre tels que Dimitri Mitropoulos, Pierre Monteux, Erich Leinsdorf, Fritz Reiner, Karl Böhm et Herbert von Karajan, entre autres.
De Lili Lehmann à Placido Domingo 1880 De grosses fortunes décident de construire leur opéra 1883 Le 22 octobre, inauguration du Met avec Faust de Gounod 1885 Lili Lehmann chante Isolde 1889 Le premier Ring de Wagner en Amérique 1895 Victor Maurel chante Falstaff 1903 Le début du règne de Caruso au Met 1907 Le public new-yorkais est scandalisé par Salomé 1908 Gustav Mahler et Arturo Toscanini deviennent chefs 1913 Première américaine de Boris Godounov Première américaine de Der Rosenkavalier 1915 Arturo Toscanini quitte le Met après avoir dirigé 480 représentations 1926 Début de Lauritz Melchior 1927 Rosa Ponselle chante Norma 1929 Ezio Pinza chante Don Giovanni 1935 et 1936, Balanchine au Met Kirsten Flagstad et Lauritz Melchior chantent Tristan und Isolde jusqu'en 1941 1950 Sir Rudolf Bing prend la direction générale 1955 Début de Renata Tebaldi En octobre, les premiers pas vers un nouvel opéra 1956 Début de Maria Callas
1957 Cesare Siepi chante Don Giovanni 1958 Première de Vanessa de Samuel Barber En novembre, Sir Rudolf Bing annule le contrat de Maria Callas pour la saison 58-59 par télégramme. 1959 Début de Birgit Nilsson 1961 Début de Joan Sutherland 1966 Le 11 avril, test pour le nouveau bâtiment Le 16 septembre, inauguration du nouveau Met 1967 Die Zauberflöte par Marc Chagall Le Ring avec Herbert von Karajan 1968 Début de Luciano Pavarotti 1970 Début de Marilyn Horne 1971 Début de James Levine 1972 Gala d’adieu de Sir Rudolf Bing 1979 Otello avec Placido Domingo 2003 et 2004, Marthe Keller met en scène Don Giovanni 2009 Placido Domingo 40 ans au Met
en savoir plus sur www.metopera.org
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
o n stage > don giovanni
de Wolfgang Amadeus Mozart Direction musicale : Kenneth Montgomery Mise en scène : Marthe Keller Au Grand Théâtre, 11 | 13 | 14 | 15 | 17 | 19 | 20 décembre 2009
Sa première
Donna Anna Alors que vient de paraître son dernier en-
registrement et que toutes les plus grandes scènes du monde la réclament et l’acclament, Diana Damrau participe à la production de Don Giovanni du Grand Théâtre. suite de l'article page suivante
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
15
o n stage
suite de l'article page précédente
Son calendrier 23/12/2009
Concert à Madrid 01/2010
Manon de Massenet, Staatsoper de Vienne 24/01/2010
Concert Strauss Carnegie Hall à New York 02/2010
Marie (La f ille du régiment) San Francisco 02 et 03/2010
Rosina (Il barbiere di Siviglia) Met
Elle a décidé de s’établir à Genève depuis le mois de mars et ce n’est pas un simple caprice de star. Diana est foncièrement francophile et a d’ailleurs passé son bac avec l’option français. Pour elle, Genève est une ville de culture ainsi qu’un carrefour des cultures marquées par de fortes influences latines. Son rêve était d’habiter Paris, mais elle a choisi et adopté Genève pour ses dimensions à l’échelle humaine et sa situation géographique, un choix qui la ravit et l’enchante. Elle a vu le jour à Günzburg sur le Danube en Allemagne. La musique l’habite et l’anime depuis sa plus tendre enfance. Elle voulait devenir chanteuse de hard rock, elle est devenue « coloratura assoluta ». Elle n’oublie pas sa ville natale, mais son calendrier ne lui permet que rarement d’y
retourner pour retrouver ses parents et ses amis, alors ce sont eux qui viennent vers elle. Lorsqu’elle peut revenir au pays, c’est comme un regard vers le passé, vers son enfance et son adolescence. Ses succès et ses triomphes n’ont en rien altéré sa spontanéité et sa simplicité. Femme séduisante, elle est à cent lieues des clichés traditionnels de la diva. Il lui paraît essentiel de ne pas se laisser griser par la réussite et la gloire, mais de rester simple et humaine. Pour être humaine, elle parle à d’autres êtres et garde pour cela son authenticité. « Il ne suffit pas de venir en scène et de dire je suis la meilleure », dit-elle avec beaucoup d’humour et le sourire aux lèvres. Pour Diana, il est essentiel de se remettre en question en permanence et de maîtriser le self control afin de rester maître de sa voix.
15/03/2010
Liederabend Paris 20 et 24/03/2010
Lucia (Lucia di Lammermoor) Deutsche Oper Berlin 04/2010
Konstanze (Die Entführung aus dem Serail) Liceu de Barcelone 05 et 06/2010
Ophélie (Hamlet) Washington 20/06/2010
Liederabend avec harpe Ludwigsburg 26/06/2010
Concert pour Ion Holender, Staatsoper Vienne 4/07/2010
Liederabend avec harpe Munich 07/2010
Aminta (Die schweigsame Frau) Bayerische Staatsoper, Munich 5/08/2010
Liederabend avec harpe Rheingau 08/08/2010
Liederabend avec harpe Genève 15/08/2010
Airs de concert Festival de Salzbourg 10/2010
Zerbinetta (Ariadne auf Naxos) Theater an der Wien 25/10/2010
Liederabend Wigmore Hall de Londres Liederabend avec harpe Paris 12/2010
Zerbinetta (Ariadne auf Naxos) l’Opéra Bastille, Paris 01/2011
© Sepp Gallauer
21/11/2010
Retour au Grand Théâtre de Genève
16
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
o n stage
Elle fait ses débuts en chantant Barberine dans Le nozze di Figaro à Würzburg. Que de chemins parcourus depuis ! Après le Stadttheater de Würzburg elle passe deux saisons au Nationaltheater de Mannheim avant de rejoindre l’opéra de Francfort. En 2002, elle décide de faire une carrière indépendante et va alors se produire sur les plus grandes scènes du monde sous la baguette de chefs tels que Sir Colin Davis, Zubin Mehta, Pierre Boulez, Lorin
«
Diana Damrau: a killer soprano A dazzling blonde, charismatic and a brilliant actresss, at 37 Diana Damrau is at the peak of her powers.
Sunday Times 30 novembre 2008
»
>
Maazel, Nikolaus Harnoncourt, Riccardo Muti ou encore Christoph von Dohnanyi. Diana a participé à 17 productions différentes de Die Zauberflöte où elle chante la Reine de la nuit qui reste pour elle un rôle unique, tellement dramatique et puissant. Lorsqu’elle apparaissait dans ce chef d’œuvre de Mozart, on pouvait lire « Elle aligne les deux fameux airs O zittre nicht et Der Hölle Rache avec une forme d’insolence. C’est la chanteuse qui m’a semblé la plus décomplexée par rapport à la monumentalité de ce rôle. Elle s’affranchit avec brio des obstacles techniques célèbres de ces airs et surtout, avec un phrasé extraordinaire, marque les accents de haine avec les bonnes intonations sur un texte germanique, qu’elle maîtrise nativement. Tout ceci donne enfin
vie à cette femme diabolique. Enfin une Reine de la Nuit faite de chair et de sang ! C’est prodigieux. » Elle chante également Pamina, la fille et la mère dans la même voix. On a fait de Diana Damrau une interprète renommée de Mozart et de Strauss, mais il ne faut pas oublier que son répertoire est très éclectique comme le montre son dernier enregistrement qui vient de paraître, il allie les répertoires italiens et français. Elle s’intéresse également au répertoire contemporain et accorde une grande importance aux récitals. En 2003, elle débute au Covent Garden de Londres avec la Reine de la nuit, en 2004, elle chante le rôle titre dans L’Europa riconosciuta de Salieri sous la direction de Riccardo Muti pour la réouverture de la Scala, et en 2005, elle part à la conquête du Met où elle triomphe avec Zerbinetta. Elle aime les voyages, découvrir d’autres pays, d’autres coutumes, apprendre et parler d’autres langues. Lorsque Diana paraît, le public n’a d’yeux et d’oreilles que pour elle. Elle habite ses personnages et les fait vivre. Elle adore la scène, et est une véritable « bête de scène » qu’il nous soit permis de la nommer ainsi. Elle aime relever les défis et traverse la vie à cheval. Parmi ses passions, les sports équestres qu’elle pratique dès que ses fans et les directeurs de théâtre lui laissent un peu de répit. L’équitation lui assure un véritable équilibre. Elle revient subjuguée et émue d’un safari équestre en Afrique persuadée qu’une telle aventure permet de relativiser bien des choses et de porter un autre regard sur le monde. Pour Diana, équitation et chant ont bien des points communs. Lorsque le cavalier doute, le cheval le perçoit immédiatement, il en va de même lorsque l’artiste craint la difficulté qu’il faut savoir aborder avec détermination. Une artiste à découvrir, à voir et à entendre, une artiste qui garde la tête sur les épaules mais qui parvient toujours à nous faire perdre la nôtre. >DD
h Arie di Bravura Mozart, Salieri, Righini Le Cercle de l'Harmonie DM : Jérémie Rohrer Virgin Classics, 2008 B000R20VM8
"Music is nutrition for our soul" " We need to help art, and to tell everybody how wonderful music is. It's essential for everybody's life. We are in a terrible economic situation, and everyone knows what happened to the Met. It is a difficult time, but opera will survive. Music is the motor in our lives. What are people doing when they get onto the tube? They're all listening to music through their earphones. Music is nutrition for our soul. It helps us to get rid of tension. It gives us energy back. It makes us think. And it makes us cry, but crying sometimes is really good. It puts us in touch with our feelings in the same way as poetry. That's why I love opera so much: vocal music gives us the complete thing." "I first heard music before I was born! But the first classical music I reacted to was Peer Gynt. My mum's cousin's husband was a ballet dancer. He gave us a recording of Peer Gynt, and I was lost. I started dancing round the room, and sang along with the music. I was three or four at the time." Damrau is also looking forward to appearing in La Fille du régiment in San Francisco in the autumn, continuing her exploration of Donizetti roles. "I've done Adina and Norina before, and I think that Donizetti is the Italian composer whose music fits me best. I'm not a Verdi soprano – Traviata is the outer edge of what I'm able to do – but Donizetti is like Strauss, it just fits me well. I've not yet done Bellini, but I have I Puritani
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
Mozart Donna Operas & concerts arias Le Cercle de l'Harmonie DM : Jérémie Rohrer
and Sonnambula coming up on my schedule, so I'm going to go on exploring. With Donizetti, there are some truly great moments, as well as the virtuosity. I did Rosina at the Met, and I have Le Comte Ori planned there too, but Rossini is all about virtuosity. For me, I think my heart beats stronger for Donizetti. But maybe that will change in the future! " Given Damrau's reputation for playing feisty characters, it's perhaps a little surprising that she's chosen to play Donna Anna in Don Giovanni as her only Mozart role for the current year. What's the attraction? "I think I can do Donna Elvira later, but you need the lyric coloratura with Donna Anna and that's what my voice can do now. [Donna Anna] is interesting: I think something serious happened between her and Don Giovanni, and she tries to hide it. So many things have happened to her: her father died, she had this experience with Don Giovanni. She tells Don Ottavio that when Don Giovanni came to her room to seduce her, she thought it was Ottavio. Well, I don't believe her!" She laughs. "Every director sees it differently, but I want to do a young Donna Anna. She keeps Ottavio at a distance because she needs to sort out lots of things within herself. She's not honest." Interview accordée à Dominic McHugh au moment de la reprise de L’elisir d’amore à Covent Garden en mai 2009.
Virgin Classics (EMI), 2009 B0017IYWEE
Coloraturas Opera arias Münchner Rundfunkorchester DM : Dan Ettinger Virgin Classics (EMI), 2009 B002SXVIA8
a
Die Zauberflöte Mozart Royal Opera House DM : Sir Colin Davis HD DVD BBC, Opus Arte, 2009 B002SXVIA8
17
Opération > l'étoile
d'Emmanuel Chabrier Direction musicale : Jean-Yves Ossonce Mise en scène : Jérôme Savary Au Grand Théâtre, 23 | 27 | 29 | 31 décembre 2009
A l’heure où certains d’entre vous sont encore à la recherche d’un cadeau original, ou d’un lieu pour passer une soirée agréable et se divertir, le Grand Théâtre vous invite à découvrir une des stars de la muse légère : L’étoile.
18
Après une première série de représentations au mois de novembre, la perle imaginée par Emmanuel Chabrier, l’Auvergnat parti à Paris, revient à l’affiche pour une dernière série de quatre représentations, une ultime occasion pour faire connaissance avec cette œuvre digne de figurer au panthéon des chefs d’œuvre de l’opérette ou de l’opéra– bouffe. Gageons que l’évasion, le sourire, et pourquoi pas le rire seront au rendez-vous. Vous rejoindrez la reconnaissance portée par Vincent d’Indy, Claude Debussy, Paul Verlaine ou encore les Parnassiens. Emmanuel Chabrier qui « rythme sa musique avec ses sabots d’Auvergnat » admirait Jacques Offenbach et Richard Wagner, il n’est pas étonnant alors d’entendre une romance à l’étoile, une sorte de clin d’œil à la romance de Wolfram O! Du mein holder Abendstern dans Tannhaüser. Dans un décor surréaliste, dadaïste ou encore cubiste vous reconnaîtrez la marque de Fernand Léger ou Pablo Picasso.
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
>
Star de la muse légère,
« Musicalement, on ne
peut que se réjouir de cette reprise de l'un des plus inspirés, des plus mélodiques, des mieux ciselés, mais aussi des plus négligés parmi les opéras-comiques français, tout proche d'Offenbach, mais avec une f inesse et une ductilité bien particulière, qui peut subtilement s'équilibrer avec un livret loufoque à souhait.
L'étoile
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
Direction musicale
altercation, Lazulli soufflette le roi qui vient alors de trouver la victime à sacrifier. L’instrument du supplice, le pal, est amené sur la place publique et le peuple en liesse se réjouit de pouvoir enfin assister à l’exécution tant espérée. Sur un autre poème de Verlaine, Ouf 1er chante les qualités du pal, d’une chaise qui a l’air de rien. Cependant, inutile de vous cacher les yeux, l’exécution sera interrompue par l’arrivée intempestive de Siroco qui annonce au roi que son destin est lié à celui du jeune homme. Lorsque l’un aura cessé de vivre l’autre devra le suivre à un jour d’intervalle. L’exécution est immédiatement interrompue à la grande déception du peuple et le pal est remplacé par le palanquin, à présent Ouf et Siroco devront attentivement veiller sur la vie de Lazuli. Réussiront-ils dans leur entreprise ? Venez le découvrir avec nous pendant les dernières représentations en vous divertissant au pays imaginaire du roi Ouf. >DD
Jean-Yves Ossonce Mise en scène
Jérôme Savary
Décors et costumes
Ezio Toffolutti Lumières
Pascal Noël Chorégraphie
Philippe Cohen Direction du chœur
Ching-Lien Wu
Ouf 1er
Georges Gautier
Lazuli
Marie-Claude Chappuis La pricesse Laoula
Sophie Graf Siroco
René Schirrer
Hérisson de Porc Epic
Pierre Doyen Aloès
Blandine Staskiewicz Tapioca
Fabrice Farina Patacha
Josè Pazos
Zalzal
Harry Draganov Le chef de la police
Frédéric Longbois
Le Maire
Omar Garrido
Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Les dates à retenir
23, 29 et 31 décembre 2009 à 20 h 27 décembre à 17 h © GTG/Magali Dougados
Avec des costumes truculents et loufoques à souhait, les chanteurs, acteurs, danseurs et acrobates vous entraînent au pays du Roi Ouf 1er à la veille de la Saint Ouf dans un pays imaginaire. En 1877, en compagnie de ses librettistes Leterrier et Vanloo, le compositeur imagine un personnage qui préfigure celui qui prendra forme environ 20 ans plus tard sous la plume d’Alfred Jarry. Le roi Ubu, précurseur du surréalisme et du théâtre de l’absurde. Mais de quoi s’agit-il ? Soucieux de sa popularité, le roi souhaite faire incognito un petit sondage sur celle-ci. Tous l’ont reconnu et ne disent que le plus grand bien sur lui. Il ne trouvera donc pas la victime à sacrifier pour la Saint Ouf, et il ne lui reste plus qu’à s’entretenir avec son astrologue Siroco qu’il a décidé de coucher sur son testament avec une petite clause, un quart d’heure après la mort du roi Ouf, l’astrologue devra le suivre dans la tombe. En devisant sur l’horoscope du roi et son futur mariage, ils quittent la scène pour laisser la place à la délégation du roi du Mataquin qui accompagne la princesse Laoula pour être présentée au roi en vue du mariage, pour des raisons diplomatiques, la délégation voyage incognito et part lorsque surgit Lazuli, le colporteur joli qui vend tout ce qui plaît aux femmes et permet à la mère de devenir la sœur de sa fille… Avant de s’assoupir, il chante la romance de l’étoile dont les paroles son de Paul Verlaine. Lorsque Laoula et Aloès, la femme de l’ambassadeur Hérisson de Porc-Epic, reviennent, elles découvrent le jeune homme endormi et décident de le réveiller en le chatouillant. A son réveil, il découvre la jeune fille aperçue en chemin, Laoula dont il est tombé éperdument amoureux. Lazuli rencontre le roi qu’il ne connaît pas et après une brève
»
gérard corneloup ANaclase.com, 15 novembre 2009
19
3 e n Ballet
> blackbird / dov'è la luna / être
Chorégraphes : Jiří Kylián / Jean-Christophe Maillot / éric Oberdorff Au BFM, Salle Théodore Turrettini 28 | 29 | 30 | 31 janvier 2010 et 2 | 3 | 5 | 6 février 2010
Réunir trois styles chorégraphiques forts et singuliers, de la musique traditionnelle géorgienne, du Scriabine, et des extraits du Nisi Dominus et du Stabat Mater d’Antonio Vivaldi, voilà le fabuleux pari du ballet du Grand Théâtre de Genève qui signe ici un spectacle placé sous le signe du jaillis-
© Karl Lagerfeld
20
formes. A découvrir en janvier au BFM.
Blackbird Le pas de deux de Blackbird présenté au Grand Théâtre de Genève est un extrait de la pièce du même nom, créée en 2001 par le Nederland Dans Theater. Ce duo regroupe un solo garçon, un solo fille et un duo qui rassemble les deux interprètes. L’interprète féminine de la création de cette œuvre, la Japonaise Megumi Nakamura, peut être considérée comme l’une des muses de Jiří Kylián. L’homme et la femme sont égaux, ils sont mis au même niveau. Ils dansent torse nu, dépourvus de tout artifice. Kylián a voulu explorer un nouveau rapport sur le corps et sa sensualité. Les deux danseurs sont dépendants l’un de l’autre. D’une élégance subtile, la gestuelle est d’une douceur raffinée. Jiří Kylián a choisi des chants traditionnels géorgiens comme support musical. Pour lui, ces traditions vocales ont une forte connotation spirituelle, qui donne le dénominateur commun entre la danse et les émotions qu’il voulait décrire. « La rencontre entre quatre yeux d’un créateur avec un interprète de talent est inévitablement stimulante et source d’inspiration. Cette union d’esprit et de pensée est encore plus intéressante lorsque l’interprète en question possède une veine créative. Notre travail s’intéresse aux êtres humains dans toute leur vulnérabilité, leur dignité, leur confusion, leur humour et leur spiritualité. Mes formulations chorégraphiques ne cherchent jamais à donner des réponses : elles sont plutôt destinées à poser des questions aussi clairement et précisément que possible. Il est possible d’envisager cette œuvre comme une sorte de prière, écrite en une langue disparue, dont on ne conserve que quelques fragments. » Dov’è la luna Créé le 25 décembre 1994 à l’Opéra de Monte-Carlo par les Ballets de Monte-Carlo. Messe solennelle, Dov’è la luna creuse l’ombre et la lumière à la recherche des corps qui s’y cachent. Cette pièce monochrome, toute en clair-obscur, secoue le vocabulaire et la technique de la danse classique que le chorégraphe Jean-Christophe Maillot pousse dans leurs ultimes retranchements. « Ce ballet n’a ni début ni fin. Il est en transit. Le transitoire me semble être le seul état permanent, il est peut-être le seul valide. Dans certaines mythologies, la lune est ce lieu de passage, entre la vie et la mort, entre la mort et la vie, ce lieu où se prépare une seconde naissance. »
© virgilew
© DR
visions de la danse
sement et de la beauté sous toutes ses
être Création mondiale pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève. éric Oberdorff nous parle de sa création : « être est une pièce qui parle des émotions que nous pouvons éprouver tout au long de notre vie : amour, doute, peur, espoir, haine, tendresse, fragilité, nostalgie, violence, joie, etc. A travers différents tableaux entremêlés, des solos, des duos, des trios, des scènes de groupe, les corps des danseurs nous dépeindront et nous feront éprouver ces émotions qui font de nous des êtres humains. En chorégraphiant cette pièce, j’ai envie de mettre en avant et de m’appuyer sur la personnalité et les qualités individuelles de chaque danseur afin de faire de chacun d’entre eux sur scène ce qu’ils sont dans la réalité, des êtres uniques. Je souhaite qu’ Être commence là où s’est arrêtée A Momentary Lapse of Being dans ce calme après l’agitation, cet instant si propice à la réflexion, au recueillement et à l’élévation du corps et de l’esprit. »
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
e n Ballet
être ou ne pas être Petit questionnaire de Proust à Eric Oberdorff Le principal trait de mon caractère
La curiosité
La qualité que je préfère chez un homme
Qu’il assume ses actes
La qualité que je préfère chez une femme
L’intelligence
Mon occupation préférée
Regarder, observer Mon rêve de bonheur
Tout comprendre : très utopique ! Ce que je voudrais être
Un mélange d’Albert Einstein, Marlon Brando, Claude Levi-Strauss, Nelson Mandela, bref ce n’est pas gagné ! Le pays où je désirerais vivre
Un pays doux, hospitalier, tolérant, ouvert, là aussi, c’est loin d’être gagné… Mes auteurs favoris en prose
Jim Harrison, Paul Auster, Faulkner, Dostoïevski Mes poètes préférés
Charles Bukowski, Rimbaud, William Shakespeare Mes compositeurs préférés
Bach, Schnittke, Tom Waits, Giya Kancheli Mes peintres favoris
Zao Wou-Ki, Edward Hopper, Cy Twombly, Francis Bacon Ce que je déteste par-dessus tout
L’asservissement de l’homme par l’homme
Le don de la nature que je voudrais avoir
Voler
Ma devise
Le pas de deux de Blackbird. Ici avec Cécile Robin Prévallée et Ilias Ziragachi en avril 2008 à Genève
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
© GTG/ariane arlotti
« Ni dieu, ni maître »
21
e n coulisses
Les costumes du Grand Théâtre ! Tout un programme ! Un monde en soi, un univers où s'invitent à l'envie, rois, reines, nobles, fées, personnages tous plus fantasmagoriques les uns que les autres, tels ceux de L'Etoile que le Grand Théâtre propose pour les Fêtes. Suivez le guide avec Fabienne Duc, cheffe des ateliers de costumes qui a accepté de lever le voile sur ce monde aussi foisonnant de couleurs et de matières que riche d'imaginaire.
© GTG/carole PArodi
Les dessous de
22
Fabienne Duc, vous êtes costumière-styliste en quoi consiste votre métier ? Ma fonction est de gérer la production de costumes de théâtre, d'opéra et de ballet depuis la maquette qui nous est présentée pour la première fois, un an environ avant le spectacle, jusqu'à la première. En fonction du projet, des choix artistiques du costumier-concepteur, du tissu demandé, du temps et du budget disponibles, j'établis un devis. Nous réalisons ensuite un prototype du costume que nous lui présentons. Une fois accepté, nous réalisons le costume dans le tissu définitif. Qui sont les artisans qui réalisent les costumes ? C'est une grande chaîne qui débute par le travail des costumières-coupeuses ou des tailleurs-coupeurs, relayés ensuite par les couturières qui effectuent le montage. Le 80% de la réussite d'un costume se joue à la coupe. Il faut disposer non seulement de compétences très spécifiques mais aussi avoir « l'œil » qui donnera la ligne. C'est un don, une question de sensibilité esthétique, difficile à apprendre au sens strict. Les équipes viennent de terminer les costumes de L'étoile imaginés par le grand Ezio Toffolutti, comment s'est passée cette aventure ? L'étoile a vraiment été pour nous tous une aventure extraordinaire. Au cours de ces dix dernières années, c'est la première fois que nous avons travaillé de cette manière. Nous avons dû voir plus grand qu'à l'ordinaire en augmentant l'effectif des ateliers de couture, cuir et décoration-accessoires costumes qui sont passés de 20 à 30 personnes. Habituellement les maquettes sont distribuées aux tailleurs-coupeurs et aux costumières-coupeuses qui réalisent un patron et coupent dans le tissu, puis donnent le costume en pièces aux couturières qui le montent. Pour L'étoile, les maquettes ont été directement distribuées à certaines couturières-costumières qui ont réalisé le costume de A à Z. Cette nouvelle façon de travailler a révélé des capacités et talents insoupçonnés. Certaines ont aussi davantage pris confiance en leur savoir-faire et leur créa-
tivité. Au final, ce projet a été source de motivation et de responsabilisation de tous les membres de l'équipe. Quelques anecdotes qui vous ont marqué spécialement? Un matin, Ezio Toffolutti arrive de Venise en me disant : « Tiens voilà je t'ai fait un nouveau costume ». Et il me donne un euro italien. C'était la maquette de l'homme de Vitruve ! Je lui demande comment il imagine le dos de ce costume et il me répond « Oh! Maaa... amuse-toi ! Il faut s'amuser non ? ». Comment ont été réalisés ces costumes, en particulier ceux qui recouvraient totalement les acteurs? Et gérés les changements, à vue ? Ce fut un peu épique car le changement à vue n'était pas prévu au départ ! Il a fallu modifier le projet original. Les costumes sont en mousse et en billes de sagex avec un voile de tulle pour recouvrir les yeux et le nez si bien que l'effet est saisissant, on ne devine absolument rien. Réaliser ce type de costumes a été très enrichissant pour nos équipes, en particulier ceux inspirés des baigneuses de Fernand Léger et du roi Ouf. Pour les fabriquer, nous avons fait appel à un formateur parisien spécialisé dans les costumes dits « grotesques ». Grâce à la transmission de son savoir-faire, notre équipe sont désormais à même de réaliser ce type de costumes, ce qui s'avère fort utile pour nos prochaines productions, en particulier Lulu et La Calisto. Combien de temps faut-il pour les réaliser? Le chantier dans son ensemble a duré six mois pour certains collaborateurs ! Habituellement nous changeons d'univers entre huit et douze fois par saison. Le roi Ouf, par exemple, nécessite plus de cinq semaines pour une personne, soit plus de 200 heures ! Les « constructivistes » ont nécessité de deux semaines à cinq semaines par costume. Il faut compter en effet énormément de temps pour la recherche des volumes, des formes, des matériaux, de la faisabilité, sans parler des contraintes à gérer afin que le mouvement de l'artiste soit possible et aisé, que la solidité ne fasse pas défaut, que le poids soit supportable, etc. Au final, L'étoile est pour nous un projet original et rare.
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
o n stage
© GTG/DR
L'étoile Comment perçoit-on le monde réel avec les habits du quotidien, relativement ternes en comparaison de la magnificence de ces costumes d'apparat faits de couleurs et d'ors ? Dehors c'est dehors, nous distinguons bien la différence. Evidemment, il peut y avoir parfois une certaine frustration à travailler plusieurs semaines sur un magnifique costume que l'on ne portera jamais et pour lequel nous nous sommes investis corps et âme. C'est la raison pour laquelle les couturières se sont beaucoup amusées et étaient ravies de défiler dans des costumes réalisés aux ateliers à l'occasion de la récente Cité des métiers à Palexpo. Le but était de représenter les professions du théâtre et susciter la relève pour ce merveilleux métier, fait de finesse et de nuances. Une grande première ! Tout le monde était très fier d'être là. >IP
L'atelier des costumes en pleine préparation de L'étoile
Nous parlons d'une production qui s'est particulièrement bien passée, mais avez-vous à l'inverse quelques souvenirs moins agréables d'autres spectacles ? Il y a quelques années, à l'issue d'une répétition généralepiano, alors qu’il reste souvent encore bien du travail sur les costumes puisque c’est en principe la première fois que le créateur voit son travail sur scène, nous cherchons la robe de la soliste pour la reprendre aux ateliers de costumes. Les habilleuses cherchent partout, absolument partout, la robe est introuvable. Panique à bord. Tout le monde entreprend alors une chasse à la robe sur le plateau, dans les étages, les loges. Finalement, la robe est retrouvée au fond de la poubelle de la loge de la soliste ! C'était sa manière à elle de dire à quel point elle ne l'aimait pas. Une autre robe fut donc conçue par le costumier et réalisée en urgence dans les ateliers ! La vie des costumes après le spectacle ? Entreposés dans le stock des costumes, ils sont intouchables pendant un certain nombre d'années, à moins d'une reprise ou d'une coproduction. Ensuite selon les cas, ils sont « déclassés » et prêtés ou loués à des compagnies.
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
23
e n images
© GTG/carole PArodi
Retour sur...
Septembre 2009. Simon Boccanegra de Verdi dirigé par Evelino Pidò et mis en scène par Jose Luis Gómez.
Octobre 2009. Cendrillon de Sergueï Prokof iev chorégraphié par Michel Kelemenis
© GTG/carole PArodi
24
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
o n stage
Novembre 2009. La pièce musicale L'Histoire du Soldat de Igor Fiodorovitch Stravinski et de Charles Ferdinand Ramuz. Un concept et des décors du clown Dimitri.
© GTG/carole PArodi
Novembre 2009. L'étoile d'Emmanuel Chabrier dirigé par Jean-Yves Ossonce et mis en scène par Jérôme Savary avec Jean-Paul Fouchécourt dans le rôle du roi Ouf 1er © GTG/carole PArodi
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
25
Carnet du cercle
Prix du Cercle du Grand Théâtre 2009 | Concours de Genève | Geneva International Music Competition
Polina Pasztircsàk Née à Budapest d’une mère russe et d’un père hongrois, Polina Pasztircsàk a commencé très tôt à chanter et à jouer de la flûte. A 19 ans, elle étudie le chant auprès de Julia Bikflavy tout en suivant des études supérieures à l’Université de l’Ouest hongrois dont elle est diplômée en management culturel. Elle suit les cours de Mirella Freni à Vignola en Italie et au Conservatoire Frescobaldi de Ferrara. En 2004, elle remporte le Concours de chant Josef Simandy à Szeged en Hongrie et en 2007 elle est demi-finaliste du Concours Renata Tebaldi de San Marino.
Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement.
Pour sa 64ème édition, le Jury du Concours de Genève a attribué le 12 novembre dernier ses prix prestigieux devant une salle comblée. Remportant tous les suffrages, c’est la jeune soprano hongroise Polina Pasztircsàk qui, outre le Premier Prix a remporté le Prix du Public, le Prix spécial « Coup de cœur » Bréguet et le Prix du Cercle. Le 2ème prix a été remporté par la mezzo-soprano coréenne Jung-Mi Kim et le troisième prix par la soprano française Marie-Adeline Henry. La jeune cantatrice de 27 ans se révèle déjà une interprète de bout en bout émouvante qui a tenu la salle sous le charme avec une touchante interprétation d’Alcina de Haendel dans l’air de Mi restano le lagrime ainsi qu’un extrait des Vier letzte Lieder de Richard Strauss, Beim Schlafengehen. Le Cercle du Grand Théâtre est particulièrement heureux de ce choix et se réjouit d’offrir à Polina Pasztircsàk un engagement pour un premier ou un deuxième rôle au Grand Théâtre attribué lors de l’une des prochaines saisons. Il lui souhaite, grâce à l’octroi de ce prix, un brillant avenir lyrique.
Membres individuels
Mme Bibi Gritti
Mme Maria Embiricos
M. Jacques Perrot
S.A. Prince Amyn Aga Khan
Mme Claudia Groothaert
M. et Mme Gilles Petitpierre
S.A Princesse Catherine Aga Khan
M. et Mme Philippe Gudin de la Sablonnière
Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich
Mme Fabienne Picard M. et Mme Charles Pictet
M. et Mme Kofi Annan Mme Diane d’Arcis
M. et Mme Urs Hodler
Mme Jacqueline Folliet
LL. AA. SS. Le Prince et la Princesse Etienne d’Arenberg
M. et Mme André Hoffmann
Dr. et Madame Patrick Fréchet
M. et Mme Philippe Jabre
M. et Mme Eric Freymond
Mme Elisabeth Augereau
Mme Marie-Josèphe Jacquet
Mme Elka Gouzer-Waechter
M. et Mme Gérard Bauer
M. et Mme Jean Kohler
Mme Bibi Gritti
Mme Jean-Claude Bellan
M. et Mme Pierre de Labouchère
Mme Claudia Groothaert
M. et Mme Paul Saurel
M. David Lachat
M. et Mme Philippe Gudin de la Sablonnière
M. et Mme Julien Schoenlaub
M. Marko Lacin
M. et Mme Urs Hodler
Mme Anne Segré
Me Jean-Flavien Lalive d’Epinay
M. et Mme André Hoffmann
Marquis et Marquise Enrico Spinola
M. et Mme Pierre Lardy
M. et Mme Philippe Jabre
Mme Christiane Steck
Mme Marie-Josèphe Jacquet
M. et Mme Riccardo Tattoni
M. et Mme Jean Kohler
M. et Mme Kamen Troller
M. et Mme Pierre de Labouchère
M. et Mme Richard de Tscharner
M. David Lachat
M. et Mme Gérard Turpin
M. Marko Lacin
M. et Mme Jean-Luc Vermeulen
Mme France Majoie - Le Lous
Me Jean-Flavien Lalive d’Epinay
M. et Mme Olivier Vodoz
M. et Mme Thierry de Marignac
M. et Mme Pierre Lardy
M. Gerson Waechter
Mme Mark Mathysen-Gerst
Mme Michèle Laraki
Mme Véronique Walter
Mme Charlotte Leber
M. et Mme Pierre-Alain Wavre
M. et Mme Pierre Benhamou Bureau
Mme Maria Pilar de la Béraudière
Mme Françoise de Mestral, présidente
M. et Mme Philippe Bertherat
M. Jean Kohler, vice-président
Mme Saskia van Beuningen
M. Gabriel Safdié, trésorier Autres membres du Comité Mme Diane d’Arcis S. A.S. la Princesse Andrienne d’Arenberg M. Friedrich Busse Mme Muriel Chaponnière Rochat M. David Lachat M. Paul Saurel M. Pierre-Alain Wavre Membres bienfaiteurs M. et Mme Guy Demole Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Gonet & Cie, Banquiers Privés
26
© DR
Bio express
remporte tous les suffrages
Mme Antoine Best Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna M. Alain Boucheron Comtesse Brandolini d’Adda M. et Mme Robert Briner Mme Nicole Bru M. Friedrich Busse Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat Mme Anne Chevalley M. et Mme Neville Cook M. Jean-Pierre Cubizolle M. et Mme Claude Demole M. Manuel J. Diogo Mme Virginia Drabbe-Seemann Grace, Countess of Dudley
Mme Michèle Laraki Mme Charlotte Leber M. et Mme Guy Lefort Mme Eric Lescure M. et Mme Thierry de Loriol
M. Bertrand Maus Mme Anne Maus M. Olivier Maus M. et Mme Charles de Mestral M. et Mme Francis Minkoff M. Pierre G. Mirabaud M. et Mme Bernard Momméja Mme Pierre-Y. Mourgue d’Algue M. et Mme Philippe Nordmann
M. et Mme Guy Lefort Mme Eric Lescure M. et Mme Thierry de Loriol Mme France Majoie - Le Lous M. et Mme Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus Mme Anne Maus M. Olivier Maus
M. et Mme Bruno Prats Mme Françoise Propper M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint-Pierre
Mme Paul-Annik Weiller Comte et Comtesse Massimiliano Zanon di Valgiurata Membres institutionnels Activgest SA Banque Audi (Suisse) SA Fondation BNP Paribas Suisse Fondation de la Haute Horlogerie
M. et Mme Pierre Keller
M. et Mme Olivier Dunant
MM. Lombard Odier Darier Hentsch
Mme Denise Elfen-Laniado Mme Maria Embiricos
M. et Mme Alan Parker
M. et Mme Yves Oltramare
Mme Sibylle Pastré
Mrs Laurel Polleys-Camus
Mme Catherine Fauchier-Magnan
M. Jacques Perrot
SFG - Société Fiduciaire et de Gérance SA
Mme Clarina Firmenich
M. et Mme Gilles Petitpierre
Mme Pierre-Y. Mourgue d’Algue
Mme Jacqueline Folliet
Mme Fabienne Picard
M. et Mme Philippe Nordmann
Union Bancaire Privée – UBP
Dr. et Madame Patrick Fréchet
M. et Mme Charles Pictet
M. et Mme Alexander Notter
Wegelin & Co – Banquiers Privés
M. et Mme Eric Freymond
M. et Mme Olivier Dunant
M. et Mme Alan Parker
SGS - Société Générale de Surveillance SA
M. et Mme Gérard Wertheimer
Mme Elka Gouzer-Waechter
Mme Denise Elfen-Laniado
Mme Sibylle Pastré
1875- Finance SA
M. et Mme Alexander Notter
M. et Mme Charles de Mestral M. et Mme Francis Minkoff M. Pierre G. Mirabaud M. et Mme Bernard Momméja
H de P (Holding de Picciotto) SA JT International SA Lenz & Staehelin Mandarin Oriental Hôtel du Rhône MM. Mourgue d’Algue & Cie Notz, Stucki & Cie, SA
Organe de révision : Plaf ida
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Une brève rencontre
Save the dates ! Lundi 19 avril 2009 Conférence Les Métiers de l’opéra avec Mme Ching-Lien Wu, cheffe du chœur du Grand Théâtre.
avec le Président...
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
institutions lyriques ou en invitant différents intervenants d’une production à venir parler de leurs métiers, le metteur en scène, le scénographe, le chanteur, ou comme au cours de cette saison la Cheffe du Chœur du Grand Théâtre. Acteur du Concours de Genève, auquel il souhaite une croissance constante, il est ravi que le Cercle fasse partie de l’accord tripartite et puisse offrir un prix à de jeunes lauréat(e)s afin de contribuer à la construction de leur carrière dont il imagine et reconnaît les difficultés. Faire partager sa flamme et ses convictions sont des maître mots de ses actions, dans l’ombre et sans éclat, il travaille afin d’élargir le Cercle, de gagner de nouveaux membres, de nouveaux mécènes qui, comme lui, partagent l’amour du beau, de l’Art. Il se retire, il s’efface, non pas pour prendre une retraite qui serait assurément bien méritée, mais pour laisser agir des forces vives nouvelles qu’il soutiendra avec enthousiasme et plaisir. Sur ses bureaux les demandes affluent, chacun apprécie et aimerait pouvoir compter sur son énergie, ses compétences et sa discrétion. Comme le sage animé par une pensée épicurienne, il choisit de vivre dans le présent. Ce que nous avons hérité de l’antiquité ne lui est pas étranger « Carpe diem, carpe horam… » et il souscrirait volontiers à la pensée de Johann Wolfgang Goethe « Rien n’a plus de valeur qu’aujourd’hui ». Cependant, il n’oublie jamais de regarder vers le futur et de poser les réflexions et les jalons pour construire et concrétiser ses idées. Heureux qui comme le Cercle et le Grand Théâtre ont pu croiser son chemin et compter sur son enthousiasme, sa rigueur, sa créativité et sa passion !
Nomination Sophie de Lint *, qui a travaillé aux côtés de Renée Auphan au Grand Théâtre de Genève entre 1995 et 2001 puis en tant qu’agent artistique à Vienne et à Zurich, a été nommée Administratrice Artistique désignée de l’Opéra de Zurich. Elle prendra ses fonctions en 2012/2013 lorsque Andreas Homoki en deviendra l’intendant. * Sophie de Lint est la fille de Mme Saskia van Beunigen, fidèle
Portez votre culture, comme votre « montre, avec discrétion, et gardez-vous
membre du Cercle depuis de nombreuses années.
de la tirer de votre gousset et de la faire tinter pour le seul plaisir de montrer que vous n’en êtes pas dépourvu.
»
Philip Chesterfield
>
Avant de quitter la présidence du Cercle qui soutient et accompagne le Grand Théâtre tout au long des saisons qui se succèdent, Charles Pictet a accepté une grande entorse à l’un de ses principes fondamentaux et directeurs, la discrétion. Après mûre réflexion, il accepte que nous parlions de lui et de prendre quelques poses dans le décor de Don Giovanni qui nous arrive par voie maritime du Metropolitan de New York. Il quitte une fonction, mais chacun sait qu’il restera fidèle à ses convictions, à ses amis et à l’institution. Parmi ses très nombreuses sollicitations dans des domaines extrêmement variés, il a toujours trouvé le temps et le chemin pour se rendre place de Neuve, ou pour faire profiter de son dynamisme ses amis du Cercle. Il serait difficile de dresser une liste exhaustive de tous les domaines où il a su insuffler son énergie et sa passion. Il ne se contente pas de reproduire des schémas ou de faire perdurer des situations. À chaque instant et dans tous les domaines où il exerce ses talents, il souhaite relever de nouveaux défis et gagner de nouveaux challenges, non pas dans une perspective de pouvoir, mais à fin de progrès et d’évolution. Il n’est pas étonnant de constater que le dîner du Cercle ait réuni tant de convives afin de fêter avec lui quatre années de présidence fructueuse et imaginative. N’a-t-il pas réussi à faire progresser et évoluer son entreprise d’environ 200 personnes à plus de 3000, et de l’ancrer dans un contexte international pas toujours facile et évident ? Il confie volontiers ne pas être un spécialiste du lyrique. Sa mère l’a initié au monde de l’opéra et il clame haut et fort que la voix est le plus bel instrument au monde. Curieux et créatif, il découvre la richesse du monde lyrique en prenant la présidence tout en restant fidèle à sa passion des beauxarts qu’il esquisse mais n’étale jamais. Il mène avec ardeur une réflexion sur le public et ses attentes sans omettre la réflexion sur les aspects commerciaux du genre. A ses amis du Cercle il veut faire partager une meilleure connaissance de l’opéra en organisant des voyages découvertes d’autres
Lumières du Sud : Madrid Samedi 15 mai 2010 Teatro de la Zarzuela Los Diamantes de la Corona de Francisco Asenjo Barbieri Dimanche 16 mai 2010 au Teatro Real Le Couronnement de Poppée de Monteverdi Direction musicale William Christie avec Danielle de Niese et Philippe Jaroussky (Renseignements auprès du secrétariat du Cercle)
© DR
© Yunus Durukan
Voyages lyriques 2010 réservés aux membres du Cercle Lumières du Nord : Copenhague Samedi 24 avril 2010 au Théâtre Royal Danois Elektra de Richard Strauss Direction musicale Michael SchØnwandt avec Eva Johansson et Tina Kiberg
27
d i d act i q u e e n Ballet
és
en
prés
l’étoile
te
emmanuel Chabr
ente
don gio vanni WolfG
anG
amad
eus
moza
rT
ier
pratiq ue petit guide
se préparer Comment e L’Étoile à l’opéra bouff el Chabrier d’Emmanu bre 2009 ? du 22 décem
petit guide pratiqu e
Comment se préparer à l’opéra Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozar du 10 décembre t 2009 ? petit guide
Livret pedago_DonGio
vanni.indd 1
petit guide
pratique
| l’étoile
• Grand ThéâTre
de Genève
pratique |
don giovanni
• Grand ThéâTre
de Genève
1
1 30/10/09 11:59
30/10/09 12:50
ile.indd 1
Livret pedago_L'eto
Revenez nous voir !
Le service pédagogique et le service publics jeunes travaillent pour la relève des publics du Grand Théâtre. L’une des voies pour atteindre cet objectif est de proposer aux élèves qui ont participé à un programme pédagogique l’occasion de revenir assister, la saison suivante, à un autre spectacle en répétition générale, emmenant avec eux un ami ou un parent. Les élèves en question proviennent souvent de familles où on ne fréquente pas traditionnellement le ballet ou les spectacles lyriques. Cette opération est donc l’occasion pour ces jeunes de partager leur découverte avec leur famille et amis. L’expérience, entreprise depuis déjà trois saisons, soulève la curiosité, l’enthousiasme et, inévitablement, le plaisir. L’opération ne serait pas possible sans le concours des enseignants des écoles publiques et privées du canton de Genève participant au programme pédagogique qui transmettent à leurs élèves les bulletins pour s’inscrire à cette opération. Une fois inscrits, les élèves reçoivent un fascicule à lire entre amis ou en famille qui résume l’intrigue du spectacle et qui fait également office de « mode d’emploi » pour une soirée au Grand Théâtre. En décembre 2009, près de deux cent jeunes de la volée 2008-2009 du programme pédagogique se sont manifestés pour assister aux répétitions générales de Don Giovanni et de l’Etoile, le 10 et le 22 décembre. Pour Don Giovanni , 262 places sont confirmées ; pour l’Etoile, nous attendons environ 150 futurs amateurs d’art lyrique.
28
Une représentation scolaire
XXL
pr
De mémoire de mélomane, on n’avait ja-
mais vu cela : le jeudi 5 novembre 2009, dès 14 h, la salle du Grand Théâtre était
pleine à craquer de... jeunes de 10 à 19 ans !
Cette après-midi-là, près de 1 350 élèves des écoles primaires, des établissements publics et privés du cycle d’orientation et du postobligatoire étaient venus de tout le canton, encadrés par plus de 130 enseignants, pour assister à la représentation scolaire de l’Histoire du Soldat de Stravinski. Malgré un peu de bousculade, quelques poignées d’élèves bavards, un brin chahuteurs et d’autres, accros du Natel, Dimitri, sa troupe et les sept musiciens réunis sous la baguette de Whitney Reader, ont joué devant un public relativement attentif et particulièrement réactif. A l’issue du spectacle, les artistes ont été chaleureusement applaudis et honorés de hurlements et de sifflets dans l’esprit des concerts rock et même salués par une envolée de programmes lancés depuis les derniers rangs de l’amphithéâtre. Une belle apothéose pour couronner cette première grande expérience, au demeurant assez réussie, tentant de rassembler autant de jeunes pour un
spectacle de ce type. Le pari était de taille pour le service pédagogique qui, à la demande de la direction du Grand Théâtre, avait organisé en quelques semaines, la logistique de cette représentation scolaire exceptionnelle. Cela n’a pu être possible, que grâce à l’efficacité et à l’enthousiasme de Nathalie Leutwyler, déléguée musique pour l’enseignement postobligatoire, Jean-Marc Cuenet, délégué théatre pour le cycle d’orientation et Stéphane Dubois-dit-Bonclaude, responsable du secteur « Les Arts et l’enfant » pour l’enseignement primaire. Tous trois sont parvenus, en un temps record, à mobiliser leurs troupes respectives, permettant ainsi, de réaliser cette très belle aventure qui ne restera sans doute pas sans lendemain. >KA
L'étoile a brillé pour
le jeune public Dans le cadre des parcours pédagogiques proposés autour des ouvrages de la saison du Grand Théâtre, les élèves des écoles privées et publiques de la Ville de Genève sont invités à découvrir les très nombreux métiers liés aux arts de la scène, ce qui les conduit parfois à mettre la main à la pâte. Tel fut le cas, pour les huit classes retenues pour s’initier à l’art lyrique, avant d’assister à la répétition générale de l’Etoile d’Emmanuel Chabrier que signait le duo Jérôme Savary et Ezio Toffolutti. La scénographe Claire Peverelli, qui accepte régulièrement de faire découvrir aux jeunes les arcanes de son métier, a choisi d’animer un atelier de scénographie pour les premier et dernier spectacles de la saison 2009-2010.
Pour cela, carton, colle, pots de peinture, paires de ciseaux, cutters et livres d’art, lui sont nécessaires. Dans le cadre de son atelier autour de l’Etoile, qu’elle a souhaité tout d’abord récréatif, Claire Peverelli a demandé aux scénographes en herbe, de s’inspirer de l’une des maquettes d’Ezio Toffolutti pour tenter de créer leur propre projet de décor. Convaincue que ce travail, ne résultant pas d’une concertation entre le metteur en scène et son décorateur, peut paraître quelque peu déconnecté de la réalité, Claire Peverelli cherche avant tout à déclencher chez les élèves, une réflexion pouvant les amener à un processus créateur. Une telle démarche est souvent plus facile avec les plus jeunes, les grands ayant déjà la « peur créative » précise-telle. Et les 140 élèves des six classes primaires et des deux classes du cycle d’orientation sélectionnés pour suivre cet atelier, se sont tous lancés dans l’aventure, sans complexe et sans filet, faisant preuve d’une folle imagination et réalisant, pour certains, des travaux tout à fait remarquables que n’aurait pas reniés Ezio Toffolutti, lui-même ! >KA
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Pilar, une des
douze...
Labo-M entame sa deuxième saison au Grand Théâtre. Le club jeunes, destiné à accompagner et fidéliser les membres du public entre 18 et 30 ans, réunit environ 170 adhérents. Pour faire connaître Labo-M à ce jeune public, douze de ses membres ont accepté une mission particulière : ce sont les relais Labo-M. Les relais s’engagent à faire une diffusion ciblée des productions du Grand Théâtre dans leurs milieux scolaires ou professionnels, dans leurs lieux de loisir ou leurs cercles d’amis. Ils sont soutenus par le service Publics jeunes du Grand Théâtre, tant au niveau dramaturgique que logistique. Mais qui sont-elles, qui sont-ils, ces douze « apôtres » d’une cause qui est loin d’être gagnée auprès de leurs contemporains ? ACT-O vous propose d’aller à leur rencontre... « Je m'appelle Pilar Reina, j'ai 28 ans, je suis Colombienne. Je termine un master en public management avec une orientation relations internationales. Je suis arrivée à Genève il y a deux ans et demi. Grâce à une amie, j'ai découvert le Grand Théâtre avec Der Freischütz en septembre 2008. Elle m'a également parlé du club jeune Labo-M qui était à l'époque une nouveauté. C'était incroyable car c'était la première fois que j'assistais à un grand opéra, en Colombie on ne représente malheureusement que des opéras à petite échelle. J'étais éblouie, j'ai pleuré ; j'étais très émue par la musique, les décors. Assise tout en haut de l'amphithéâtre, j'avais un peu peur, mais je trouvais extraordinaire de voir le plafond tout décoré comme si on partait faire un voyage dans les étoiles. Je sais maintenant qu'en devenant membre de Labo-M, je bénéficie quelquefois de meilleures places que mon budget d'étudiante ne me permet. Et puis, s'investir dans ce groupe, recevoir une information plus poussée sur les œuvres au programme pour les relayer auprès des gens de mon âge, leur parler de la musique, des projets de scène ou de danse, des artistes... voilà qui est extraordinaire. Parce que cela ne suffit pas de juste parler de l'opéra sans ces détails qui permettent de le comprendre. Avec certains membres de Labo-M nous avons poussé plus loin la découverte, en allant voir Die Meistersinger de Wagner au Liceu de Barcelone. Nous étions une équipe très diverse, d'horizons très différents mais tous réunis par notre intérêt commun. Un vrai coup de cœur a été de suivre Peter Grimes de Benjamin Britten : depuis la présentation de la maquette par le metteur en scène Daniel Slater, la construction et le montage des décors, rencontrer le chœur en répétition... et enfin le spectacle. J'ai hâte d'assister à une représentation de Parsifal. Et je sais que je vais devoir me préparer pour comprendre et rentrer dans l'histoire, pas juste m'asseoir et écouter pendant cinq heures. » Propos recueillis par Christopher Park
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
29
tradition est « leLalegs du feu et
Agenda
non l'adoration des cendres
»
Gustav Mahler
2010 Une année
>
à compositeurs
Les prochains rendez-vous
Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart Du 11 au 20 décembre 2009 Direction musicale Kenneth Montgomery Mise en scène Marthe Keller
Blackbird/Dov’è la Luna/Etre au BFM Du 28 janvier au 6 février 2010 Chorégraphies de Jiri Kylian, JeanChristophe Maillot et Eric Oberdorff Récital de Simon Keenlyside Le 5 février 2010 à 20 h Lulu d’Alban Berg Du 4 au 19 février 2010 Direction musicale Marc Albrecht Mise en scène Olivier Py Parsifal de Richard Wagner Du 18 mars au 2 avril 2010 Direction musicale John Fiore Mise en scène Roland Aeschlimann www.geneveopera.ch
30
Chaque année représente l’occasion de mettre à l’honneur un ou plusieurs compositeurs et l’année 2010 est un bon cru ! En effet, en 1810 naissait le compositeur et pianiste Frédéric Chopin (1810-1849). Plus près de nous, il y a 100 ans naissaient Samuel Barber (1910-1981) et Pierre Schaeffer, mais mourrait aussi Mily Balakirev (1837-1910). Pour la petite histoire, Pierre Schaeffer a révolutionné le monde musical et influencé la musique de toute la seconde moitié du vingtième siècle. Père de la musique concrète, il fait intervenir pour la première fois l’électronique comme interprète central de l’œuvre. Sa théorie des objets musicaux est un véritable bijou et son travail a fondamentalement influencé toute une génération de compositeurs révolutionnaires: Stockhausen, Nono, Berio entre autres ou plus directement Henry ou Mâche. D’autres compositeurs utiliseront sa démarche pour avancer vers des espaces encore inconnus: Messiaen et son œuvre Timbres – Durées (première œuvre à découpage spatial réalisée sur magnétophone à trois plateaux), Varèse et Déserts, première œuvre mêlant instruments acoustiques (en l’occurence un orchestre) et bande, et même, Boulez qui signe sa symphonie mécanique en 1955. Samuel Barber est considéré comme un des compositeurs américains les plus importants du vingtième siècle. Vous connaissez certainement son fameux adagio pour cordes qui a malheureusement un peu occulté le reste de son œuvre.
Enfin, Mily Balakirev est un personnage central de la vie musicale russe. Il s’inscrit dans l’héritage de Glinka et à la mort de ce dernier en 1857 il fonde l’un des plus importants groupes de compositeurs de l’histoire musicale romantique: le groupe des cinq. Glinka avait transmis à Balakirev son fort nationalisme et l’avait convaincu de la nécessité pour la Russie d’avoir une école indépendante de celles de l’Europe. Balakirev rencontra alors quatre autres compositeurs partageant ses vues: Cui, Borodine, Rimsky-Korsakov et Moussorgski. Luttant contre l’académisme dans le cursus des compositeurs, son magnétisme et sa personnalité lui permirent d’insuffler à ses camarades une créativité musicale hors du commun. Les amateurs de Gustav Mahler seront aussi à la fête pendant deux années consécutives : en 2010 pour son 150e anniversaire et en 2011 pour le centenaire de sa mort. Enfin 2010 marquera aussi le bicentenaire de la naissance de Robert Schumann, compositeur emblématique du romantisme allemand qui n’écrira qu’un seul opéra Genoveva, une œuvre oubliée et méconnue. >IP
In memoriam…
Une nouvelle fois le Grand Théâtre se souvient de deux artistes du Chœur en retraite aujourd’hui disparues.
Madame Yvonne Laforge, après une carrière remarquée de soliste, décide de rejoindre en août 1987 le Chœur du Grand Théâtre. Elle relève le défi de travailler sous la direction de son mari qui devient Chef du Chœur. Elle restera dans l’institution jusqu’à sa retraite en 2002. Personne de caractère, elle a su se faire apprécier et estimer tout au long de son activité grâce à son humanisme et à sa gentillesse par ses collègues et l’ensemble du personnel du Grand Théâtre. Elle nous a quitté un jour du mois de novembre, mais son souvenir reste intact grâce à son rayonnement.
Madame Maria Gaydarova est entrée au service du Grand Théâtre en 1980. Elle sera la première artiste du chœur femme de nationalité bulgare. Elle restera fidèle à l’institution pendant 23 ans et ne la quittera que pour prendre une retraite bien méritée. Ceux qui ont eu le privilège de la connaître et de l’entendre parlent encore de sa vraie voix d’alto ainsi que de sa détermination pour s’intégrer dans son nouveau cadre de vie. Femme sympathique et charismatique, elle deviendra déléguée du chœur, une interlocutrice pondérée pour ses collègues et la direction. Sa voix et son souvenir continueront à résonner dans les cœurs et les murs du Grand Théâtre. >DD
ACT.0 | N°1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Un autre regard...
Nos cliniques vous offrent un accueil exceptionnel, des technologies éprouvées et une haute qualité de soins. Parce que rien ne compte plus pour nous que votre regard.
GENEVE
Clinique de l'Oeil avenue Bois-de-la-Chapelle 15 1213 Onex/Genève 022 879 12 34
LAUSANNE
Centre Chirurgical de l'Oeil Place de la gare 4 1003 Lausanne 021 312 35 00
www.cliniqueoeil.ch CHIRURGIE DE L'OEIL – CHIRURGIE DE LA CATARACTE CHIRURGIE DU GLAUCOME – CHIRURGIE DE LA RETINE CHIRURGIE DE LA MYOPIE – TROUBLES DE LA VISION ASTIGMATIE – HYPERMETROPIE – PRESBYTIE
Jean Christophe Pegatoquet au cœur de la machinerie du Grand Théâtre à plus de sept mètres sous terre.
© Yunus DURUKAN
24h
Figure incontournable du Grand Théâtre,
24 h
Jean-Christophe
Pégatoquet
est
un homme précis, très précis, dont la rigueur n'empêche pas une bonne dose d'humour. Cet électromécanicien de 45 ans veille depuis 6 ans à une exigence simple, mais redoutable : que tout fonctionne dans le théâtre. Zoom sur la journée d'un homme toujours sur la brèche.
dans la vie de
Jean-Christophe Pegatoquet Sa journée idéale ? Aussi bizarre que cela puisse paraître, c'est quand tout fonctionne, sans aucun incident à déplorer. Sa journée de cauchemar ? La fuite d'eau. Un problème compliqué car il faut intervenir rapidement, ce qui n'est pas facile vu la hauteur du bâtiment. On part de très haut pour tomber très bas « Nous avons eu il y a quelques années une fuite sur le toit du gril, ce qui a inondé le plateau, y compris l'asservissement électrique. Nous avons eu très peur que tout explose. »
32
7 h Réveil Tram à 7h28, petit café au Lyrique et à 7h55 le voilà devant la porte du Grand Théâtre. Ensuite plus aucune journée ne ressemble à la précédente car son métier est de résoudre, avec son équipe composée de 6 personnes, les multiples problèmes d'intendance qui surviennent au fur et à mesure : ascenseur bloqué, fuites d'eau, serrures défaillantes, portes cassées etc. les petit tracas se succèdent et ne se ressemblent pas. Il y a aussi des entreprises plus exotiques ou périlleuses comme de fixer les différents drapeaux sur le toit de la maison. Mais la plus grande activité de cet homme aux petits soins pour son théâtre reste la machinerie, en particulier celle de la mécanique de scène. Et là tout prend une autre dimension, les ponts sont des machines qui soulèvent jusqu'à 10 tonnes chacune. 70 bars de pression, rien à voir avec une machine à café. Et il y en a six qui travaillent ensemble. Ici nous ne sommes plus au niveau d'une réparation « light » mais au contraire dans une mécanique de précision, très imposante et compliquée qui implique une rigueur exemplaire. Le Grand Théâtre est une grande et vieille maison dont une partie date d'avant 1897 et l'autre de 1958. La machinerie a donc 40 ans. « C'est une vieille dame que nous entretenons le plus longtemps possible, » explique-t-il. 12 h Fiat Lux La plupart du temps, Jean-Christophe Pégatoquet quitte la maison pour tout simplement voir la lumière du jour. En effet, bien qu'il aime par-dessus tout
travailler à son atelier pour concevoir des motorisations, celui-ci est situé sous terre, à moins 10 mètres par rapport au niveau du plateau et moins 7 mètres du sol ! 13 h 47 Back to BAsics Le Grand Théâtre L'après-midi, à la différence du est une vieille dame que matin, est très souvent liée aux nous entretenons le plus répétitions, ce qui implique une présence et une permalongtemps possible. nence constante au niveau du plateau. Qu'il faille bouger les ponts s'il y a un problème, réparer une machine qui tombe en panne, démonter des sièges pour une captation vidéo du spectacle ou encore assurer la sécurité lorsque les accessoiristes font des essais de fumée ou de la pyrotechnie. « Il vaut mieux sortir les groupes afin d'éviter que les pompiers ne débarquent lorsque la détection de fumée se met en route, » plaisante-t-il. 18 h 00 ou 23 h 30 selon les jours sport et convivialité Les jours où son activité se termine tôt, le voilà parti pour faire du sport : que ce soit pour les championnats de bowling, les entraînements ou les matchs de volley, il est infatigable ! Les jours où les douze coups de minuit ne sont pas loin, boire un verre devant un cigare avec ses collègues ou ses amis est une tradition. Les nuits sont courtes parfois mais comme il aime à le dire : « Comparé à l'aviation, ma précédente activité, ce n'est rien du tout. J'ai passé 13 ans de ma vie à dormir 4 heures par jour. » >IP
«
»
DGrosmangin/MCMorazzani
Mémoires de Femmes . Mémoire du Monde
Tanganyika: un lac éternel, à la fois source et destination. adler, joailliers depuis 1886
www.adler.ch
GENEVE 23, rue du Rhône +4122 819 80 26 . GSTAAD 26, Lauenenstrasse +4133 744 66 80 . LONDON . MOSCOW . HONGKONG . TOKYO Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°1
33
Sac “So-Kelly” en alligator mat. Hermès à Bâle, Berne, Crans-sur-Sierre, Genève, Gstaad, Lausanne, Lucerne, Lugano, St. Moritz, Zurich. Hermes.com
V I V E M E N T L’ H I V E R !