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saison 09 10
N°
Décadente
Calisto | N° 3 | avril 2010 |
| LE journal du cercle du Grand Théâtre et du Grand tHéâtre de GEnève
Alicemania en attendant
Dalila
La Donna
Joyce
Opération
SE
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BÂLE
LOCARNO 2
BERNE LUCERNE
CHIASSO LUGANO
COIRE
GENÈVE
SCHAFFHOUSE
LAUSANNE ZURICH
Buzz op 2-3
Quoi de neuf dans le monde de l’opéra à Genève et ailleurs
Opération 4-13
La Passion des Dieux Francesco Cavalli, poète des sons Sous le charme de La Dame Les métamorphoses d'Alice Unsuk Chin, une compositrice du merveilleux
On Stage 14-15 La fine rousse La belle Thrace
Pleins feux 16-21
La saison f(estivale) Aix, l'envolée Une saison toute en harmonie
En ballet 22-23 L'homme qui danse
En coulisses 24-25 Des voix bien soutenues
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Carnet du cercle 26-27
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Décadente
Au pays des petites merveilles
Calisto | LE journaL du cErcLE du Grand ThéâTrE ET du Grand ThéâTrE dE GEnèvE | N° 3 | avril 2010 |
Didactique 28-29
Voyage autour d'une scénographie Juvenilia. Trois journées exubérantes « à quand un crossover techno-lyrique ? » Quelques pas au temps de Cavalli
Alicemania en attendant
Dalila
La Donna
Joyce
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Dans la vie de Michel Chapatte
11, bd du Théâtre CP 5126 CH-1211 Genève 11 T +41 22 418 30 00 F +41 22 418 30 01 grandtheatre@geneveopera.ch www.geneveopera.ch Directeur de la publication Tobias Richter Ont collaboré à ce numéro: Kathereen Abhervé, Claire Brawand, Daniel Dollé, Alessandro Iannelli, Christopher Park, Mathieu Poncet, Illyria Pfyffer, Borjana Ristic. Coordination Illyria Pfyffer Responsable de l'édition de la création visuelle et de l'iconographie Aimery Chaigne Impression m+h genève Parutions 4 éditions par année. Achevé d’imprimer en avril 2010 Image de la couverture : La Calisto au BFM en avril 2010 © GTG/Vincent Lepresle
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buzzop © DR
Un Olivier pour
Christof
Jeunes pousses
Carnet rose : la chorale des enfants du Grand Théâtre
Le metteur en scène Christof Loy a été
de Genève vient de voir le
récompensé le 21 mars 2010 à Londres par le
jour. Composée des en-
Lawrence Olivier Award de la meilleure nouvelle
de la maison et de l'OSR,
fants des collaborateurs
production d'opéra. C'est avec Tristan und Isolde
cette chorale donnera son
au Royal Opera House que le jeune metteur en
Fête de la Musique 2010 !
premier concert lors de la Ces
scène allemand a décroché cette récompense très
jeunes
passionnés
agés de 5 à 12 ans seront
convoitée. Décernés chaque année par la Société
accompagnés du Choeur
du Théâtre de Londres, les Lawrence Olivier
nève dirigé par Ching-Lien
du Grand Théâtre de GeWu. Venez nombreux le
Awards distinguent les artistes de premier plan
samedi 19 juin à partir de
du monde théâtral britanique. Le Grand Théâtre
19 h 30* soutenir ces fu-
aura le grand plaisir d'accueillir Christof Loy à
toutes les offres musicales
tures vedettes et retrouvez de notre institution sur
trois reprises en une année au mois de mai pour
notre site web ! Les festivi-
la nouvelle production de La Donna del Lago, en
tés débuteront dès le ven-
décembre avec Die lustige Witwe et Les Vêpres
www.geneveopera.ch
>BR
www.fetedelamusique.ch.
>AI
© DR
siciliennes en mai 2011.
dredi 18 juin !
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prodige. Même s'il ne s'agit que de son premier recrutement professionnel, il a déjà démontré ses talents en dirigeant des orchestres importants au RoyaumeUni et en Russie. Il est l'auteur d'une quarantaine d'œuvres, dont des symphonies, deux ballets, deux opéras et un requiem pour les enfants. >IP
I know
© DR
À seulement 17 ans, Alexander Prior, de mère russe et de père britannique, a été nommé assistant de chefs d'orchestres invités à l'Orchestre sympho nique de Seattle jusqu'en juillet 2010. Il s'agit d'un poste sans précédent, spécialement créé pour encourager le talent de celui que l’on qualifie déjà de
© DR
Jeune prodige
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Le célébrissime Oxford Dictionary of Music est maintenant disponible sur iPhone ! Il regroupe au total 15 000 entrées et une mine d’information sur les œuvres musicales, les compositeurs, les librettistes, les musiciens, les chanteurs, les orchestres, etc. Disponible en anglais seulement. >BR
Le plus grand
En restauration depuis près de deux ans, le Teatro San Carlo de Naples a réouvert ses portes le 27 janvier 2010 et dévoilé au public sa magnificence retrouvée. Patrimoine mondial de l’UNESCO, le San Carlo était, au moment de sa construction en 1737, la plus grande salle d’opéra du monde, avec 3300 places. Trois cent ouvriers, sous les yeux attentifs de l’architecte Elisabetta Fabbri, ont remis à neuf feuilles d’or, stucs et drapés. >AI
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Retro ballet
© GTG
Dansez
Jusqu’au 23 mai 2010, la Bibliothèque-Musée de l’Opéra (Bibliothèque nationale de France) consacre une grande rétrospective aux Ballets Russes. Une centaine d’œuvres,
maintenant accès durant tout le weekend aux cours et aux autres animations proposées durant la Fête. Le samedi, Susanna Campo, maître de ballet du Grand Théâtre nous fera l'honneur de diriger deux ateliers. >BR
maquettes de décors. Serge Diaghilev, créateur et directeur de la compagnie des Ballets Russes à Paris en 1909 et actif en son sein jusqu’à sa mort en 1929, est la figure centrale de l’exposition aux côtés du danseur Vaslav Nijinski. >BR © dr
Vu sur le web
www.fetedeladanse.ch
C’est une première. L’histoire d’un jeune adolescent britannique ayant essayé d’orchestrer sa propre mort
Peter, Aron, Gustav...
sur internet va prochainement être adaptée à l’opéra.
ont perdu la voix
L’œuvre intitulé Two boys et composée par l’américain Nico Muhly (photo) devrait voir le jour à l’English Natio-
Une grande voix s’est éteinte le 5 mars 2010. Philip Gordon Langridge, ténor à la voix si particulière et à la présence scénique impressionnante – successeur naturel de Peter Pears pour les premiers rôles des opéras de Britten – était considéré comme l’un des plus grands ténors britanniques >AI
nal Opera de Londres en 2011 et au Metropolitan Opera
2010/2011. Et ce n’est que le début d’une belle collaboration, car la fondation Neva a pour objectif de protéger l'héritage culturel russe et d'encourager l'excellence dans les arts. >IP
Et lui ! et lui ! La superstar chinoise du piano Lang Lang, connu pour son talent comme "rock' n roll", a signé un contrat avec la maison
© DR
et lui !...
pour sa personnalité très
© GTG
>BL © DR
de New York durant la saison 2013-2014.
Viva Neva ! La toute jeune fondation Neva a choisi de soutenir le Grand Théâtre autour de l’opéra de Sergueï Prokofiev, L’Amour des trois Oranges, lequel sera présenté lors de la saison
cors de Picasso seront présentées, sans parler de superbes
© dr
Les 24 et 25 avril 2010, lors de la Fête de la Danse, faites un saut à la Place Neuve pour une initiation à la danse dans les foyers du Grand Théâtre ! En achetant une carte à 10 francs, gratuite pour les moins de 16 ans, vous aurez libre
comprenant des costumes créés par Léon Bakst et des dé-
Une Ariane pour Diana La
soprano
allemande
Diana Damrau que nous
Sony pour 3 millions de
avons eu le plaisir d’ac-
dollars ! Lang Lang, qui
cueillir à Genève dans Don
serait à l’origine d’un en-
Giovanni et que nous ver-
gouement sans précédent des Chinois pour le piano, quitte ainsi Deutsche
rons en février 2011 dans le rôle d'Elvira dans I pu-
Grammophon avec qui il
ritani va faire ses débuts à
était sous contrat depuis
l’Opéra de Paris lors de la
2003. Avec des centaines
saison 10-11. Elle incar-
de milliers d’albums vendus à travers le monde, Lang Lang s’inscrit désormais parmi les artistes les
nera le rôle de Zerbinetta dans Ariane à Naxos de Richard Strauss du 11 au 30
La présidente de la Fondation Neva, Elena Timtchenko et Tobias Richter,
plus bankable de l’industrie
décembre 2010 à l'opéra
directeur général du Grand Théâtre.
musicale.
Bastille.
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>VE
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Opération > la calisto
de Pier Francesco Cavalli Direction musicale : Andreas Stoehr Mise en scène : Philipp Himmelmann Au Bâtiment des Forces Motrices, 13 | 15 | 17 | 18 | 20 | 22 | 24 | 26 | 28 avril 2010
La passion des Dieux Jupiter, le maître de l'Olympe vous convie au BFM pour neuf soirées exceptionnelles. Il vous fait pénétrer quelques instants dans son alcôve grâce à une pure merveille de l'univers baroque. Il nous invite à rencontrer une de ses nombreuses conquêtes, la nymphe Calisto, suivante de Diane, la chaste chasseresse. La jalousie de Junon, l'épouse trompée, la métamorphosera en ourse, puis la propulsera au firmament. Pour évoquer ce bijou de la musique baroque, nous avons rencontré Andreas Stoehr qui dirige l'ouvrage à la tête d'un continuo réuni pour l'événement, et de l'Orchestre de Chambre de Genève. Il nous confie sa passion et quelques réflexions permettant de mieux appréhender cet ouvrage encore trop rare sur les scènes lyriques il n'y a pas longtemps. S'il fallait résumer ce chef viennois en quelques mots, nous pourrions évoquer un homme de passions.
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Andreas Stoehr est né à Vienne. Ses temps forts au cours de cette saison sont ses débuts à l'Opéra royal de Stockholm avec Serse de Haendel, son retour à l'Opéra royal de Copenhague, ainsi que la première de La Calisto de Cavalli au Grand Théâtre de Genève. C'est au Deutsche Oper am Rhein, alors dirigé par Tobias Richter, qu'il attire l'attention du public et de la presse en dirigeant avec succès la trilogie de Monteverdi, Telemaco de Scarlatti, et Giulio Cesare in Egitto de Haendel. Parmi ses compositeurs de prédilection, il y a sans aucun doute Mozart (La clemenza di Tito 2006 – Lucio Silla 2008), Verdi, mais également le répertoire du XXe. Il s'intéresse aux partitions à découvrir et réalise le premier enregistrement d'Ezio de Gluck. C'est pendant ses études, qu'il débute sa carrière de chef en dirigeant Il barbiere di Siviglia de Giovanni Paisiello à la Wiener Kammeroper. Entre 1989 et 1996, il est chef invité à l'Opéra national de Prague, et poursuit sa carrière internationale en dirigeant des concerts. En 1996, il est nommé Directeur musical de l'Opéra-Comique à Paris où le répertoire mozartien et le répertoire français occupent une place prépondérante dans ses activités. Il a dirigé le Symphonique de Vienne, l'Ensemble Orchestral de Paris, l'Orchestre national d'Ile de France, le Philharmonique de Rotterdam et est l'invité de festivals ainsi que de nombreuses institutions lyriques. Parmi ses projets, Fidelio à Mexico City et Wozzeck à Stockholm. Il serait faux de le considérer comme un chef spécialiste du répertoire baroque, car il dirige des œuvres qui vont de Monteverdi à Werner Henze ou André Previn. Il est particulièrement intéressé par les compositeurs qui prennent leur inspiration dans les enseignements du passé, qui reconnaissent les maîtres et les styles qui ont marqué l'histoire de la musique qui, pour lui, est le fruit d'une longue et lente évolution. Malgré les apparentes ruptures, elle s'inscrit toujours dans des formes plus anciennes. Il rêve de diriger Elektra de Richard Strauss dont il aimerait pouvoir vérifier les dires. Peut-on obtenir une sonorité mendelssohnienne, une « Elfenmusik » (musique des elfes) avec une telle partition ? Il ritorno d’Ulisse in patria reste un de ses ouvrages fétiches, on comprend alors aisément son rêve de pouvoir l'enregistrer en studio avec le sentiment de savoir comment cela devrait se structurer et fonctionner. C'est depuis l'un des clavecins qu'il dirige les chanteurs et l'orchestre comme ce fut la tradition jusqu'à la fin du XVIIIe environ. Ce n'est qu'avec l'avènement de l'ère clas-
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© gtg / yunus durunkan / Vincent lepresle
Opération
sique et des structures orchestrales plus complexes que d'autres pratiques de direction s'installèrent. Grâce à ce parti pris, le public pourra entendre deux clavecins de sonorité différente, ce qui contribue à l'enrichissement de la palette des sonorités, une chose fondamentale pour une telle œuvre. La Calisto est la première œuvre de Francesco Cavalli qu'il dirige. Il est particulièrement fasciné de pouvoir présenter sa vision de ce chef-d'œuvre d'un élève de Monteverdi après avoir pu partager, avec succès, sa vision de la trilogie du maître de Crémone, encore souvent considéré comme le créateur de l'art lyrique. Laissé longtemps dans l'oubli, l'ouvrage fut présenté au Festival de Glyndebourne sous la baguette de Raymond Leppard. Il fit également l'objet d'une production mémorable au Théâtre Royal de la Monnaie sous la direction de René Jacobs et dans la mise en scène du regretté Herbert Wernicke. On peut dire sans conteste que cette production bruxelloise fut le déclencheur du succès que connaît l'œuvre aujourd'hui. Dans les deux cas évoqués, les chefs se sont octroyés des libertés par rapport au manuscrit soit en supprimant des passages et en effectuant des collages, soit en rajoutant de la musique qui n'était pas forcément de Cavalli. Pour les représentations de Genève, notre maestro a souhaité une version qui reste fidèle au manuscrit du compositeur. L'œuvre est jouée dans la chronologie voulue de Cavalli et utilise l'édition Torrente parue chez Bärenreiter, l'une des plus récentes. La Calisto n'a pas uniquement séduit Jupiter, elle présente tous les atouts pour fasciner le public près de quatre siècles plus tard. Elle est le fruit du langage musical de l'aprèsMonteverdi, une indiscutable réussite musicale d'un élève talentueux de Monteverdi qui n'aura pas été sans influence sur son maître. Le manuscrit se compose d'une voix chantée et d'une basse chiffrée, en d'autres termes, il revient aux interprètes de compléter l'harmonie. La structure musicale a un cadre précis et la forme annonce un certain classicisme. Chaque personnage, chaque caractère est caractérisé musicalement. Chaque personnage a sa couleur et sa valeur. Le compositeur ne donne aucune indication pour l'instrumentation, il sollicite en permanence l'imaginaire et la fantaisie du chef et de ses interprètes pour mettre en place une palette sonore riche et variée, une polychromie fastueuse. La partition met en valeur les instruments anciens qui ne sont pas simplement utilisés de façon baroque. Elle est construite sur le récitatif et donne au continuo une place prépondérante. Nul doute que le
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public prendra plaisir à découvrir la diversité des sonorités, les ritornelli, ces intermèdes musicaux accompagnés par les violons, ou des rythmes surprenants. Connaissez-vous l'habanera ou le boogie woogie ? Même si le livret n'a pas les mêmes qualités que chez Monteverdi, il est concis, efficace et simple. Certains personnages ne se rencontrent jamais. Il n'y a pas une histoire, mais des histoires qui se côtoient et ne se rencontrent que rarement. Parfois les personnages sortent de la narration et s'adressent au public sous forme de réflexions, comme pour énoncer une morale, un enseignement, ainsi Junon évoque les femmes trompées. Une œuvre qui juxtapose le sérieux et le rire et qui ne parle que d'amour. Une variation sur l'amour où le grivois alterne avec l'amour chaste et l'amour défendu. à présent, il ne reste plus qu'à vous laisser surprendre et séduire par une œuvre restée trop longtemps dans l'oubli, une pièce de boulevard avant l'heure qui soulève le voile sur le quotidien du ménage qui préside l'Olympe venu habiter une Arcadie utopique où il côtoie des mortels, mais également des êtres à l'instinct lubrique, les faunes et les satyres. Et si les dieux avaient donné le mauvais exemple aux hommes ? C'est aux mortels que Cavalli et son librettiste Faustini confient la vertu, les dieux, Jupiter en tête, expriment les plus viles pensées. à l'énoncé édifiant des vertus du héros, ils préfèrent dénoncer des traits de caractères moins nobles : perversité et mensonges, jalousie, calculs et manipulations, que les interprètes expriment en de nouveaux formats, comme des airs fermés en sortant de l'histoire.
À gauche : Junon (Catrin Wyn-Davis) surprend Jupiter (Sami Luttinen) avec Calisto (Anna Kasyan) À droite : les charmes de Calisto réveillent le prédateur en Jupiter
Andreas Stoehr donnant la battue à l'OCG pendant les répétitions de La Calisto
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Opération > la calisto
de Pier Francesco Cavalli Direction musicale : Andreas Stoehr Mise en scène : Philipp Himmelmann Au Bâtiment des Forces Motrices, 13 | 15 | 17 | 18 | 20 | 22 | 24 | 26 | 28 avril 2010
Francesco Cavalli, poète des sons par Leonardo García Alarcón
La figure du compositeur Francesco Cavalli est encore aujourd’hui difficile à saisir par les mélomanes et même par la plus grande partie des musiciens. Il semble, au premier regard, que son maître Claudio Monteverdi a occupé toute la place dans les pages des livres d’histoire de la musique et sur les grandes scènes lyriques d’aujourd’hui. Il faudrait comprendre de plus près l’importance de Cavalli dans la création du mélodrame moderne et placer son œuvre dans un contexte historique qui puisse nous permettre de délinéer sa figure avec un peu plus d’objectivité. Grâce à une vague de curiosité autour de sa musique, qui débute dans les années 1960, on commence peu à peu à saisir les caractères propres à son style, à prendre conscience que son œuvre n’est pas un simple lien entre Monteverdi et Haendel, mais qu’au contraire, par ses idées et ses moyens, il a devancé tous ses contemporains et a proposé des paramètres qui ne périront pas, jusqu’à aux derniers opéras de Wolfgang Amadeus Mozart. Cavalli est né en 1602, à Crema, dans la région de Cremone. L’Italie vivait à cette époque un moment d’effervescence musicale grâce à la découverte d’une nouvelle façon de « parler en musique ». Giulio Caccini, chanteur romain d’un talent inégalable (qui avouait avoir de la haine envers le contrepoint traditionnel et la polyphonie ecclésiastique) fut le premier individu au monde à s’accompagner « avec des accords » soit à la harpe, soit au luth. En 1600, on parle de lui avec les plus grands éloges et on annonce dans toutes les villes italiennes qu’un homme vient de créer une nouvelle façon de chanter. Grâce à lui, l’opéra est né. Un autre musicien (avec un bagage technique sans équivalent chez ses contemporains) observe de très près ces expérimentations et décide d’appliquer cette nouvelle manière de chanter : il s’appelle Claudio Monteverdi. En 1607, il met en musique Orfeo, un des premiers essais de « musique totale », sur un livret d’Alessandro Striggio. Cette œuvre nous laisse des indications d’instrumentation uniques dans tout l’opéra du XVIIe siècle et ouvre la porte à une nouvelle façon de traiter la voix humaine en essayant de reconstituer la prosodie des Grecs anciens. Giulio Caccini participe à la création de cette pièce. Il prépare les chanteurs pour les aider à aborder de la manière la plus naturelle possible cette nouvelle interaction entre texte et musique. Le miracle de l’opéra est né un soir à la cour de Mantoue grâce au génie de Monteverdi et fera la gloire d’une nation entière dans le monde, et ce jusqu’à nos jours. Grâce a des recherches très récentes conduites à Cremone, on a pu avoir accès à la musique du père de Cavalli, Gio Battista Caletto. Ses madrigaux à 5 voix nous permettent d’observer que la veine mélodique qu’on admire chez son
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fils est un atout génétique. Un discours clair, direct et d’une finesse extrême sont la marque de ses œuvres, qui restent encore inédites, mais qui témoignent des premiers pas du musicien dans la composition et nous permettent de connaître les premières pièces qu’il a entendues dans la maison familiale. En 1616 Cavalli voyage à Venise pour étudier avec Monteverdi, et restera en étroite collaboration avec cette ville jusqu’à sa mort en 1676. Monteverdi forme Cavalli à l’art de la musique et le nomme aussitôt son assistant, tantôt pour tenir l’orgue à la Basilique Saint-Marc, tantôt pour la musique théâtrale. Il transmet à son disciple ses innovations en matière de théorie musicale, qu’il appela Seconda Prattica (pour la distinguer de la Prima Prattica qui est représentée par le style d’église et le respect des lois du contrepoint traditionnel). Dans cette nouvelle manière de composer, le texte prévaut sur la musique et les règles qui l’ordonnent. Selon il divino Claudio, si un personnage d’opéra est en train d’en assassiner un autre, on ne peut pas se permettre de respecter les lois strictes du contrepoint. Les dissonances attaquées sans préparation sont la base de ce procédé technique dans des cas extrêmes comme celui-ci. On imagine la surprise des premiers auditeurs de cette musique révolutionnaire et on comprend les attaques, adressées à Monteverdi, qui suivirent. Il est intéressant de rappeler que même Giuseppe Verdi a eu des paroles assez agressives contre la musique de Claudio Monteverdi dûes au fait qu’il n’a jamais accepté (ou compris) ses propos. Monteverdi invente aussi le stile concitato (grâce à son Combattimento de 1626) qui consiste à répéter une note à une vitesse extrême pour exprimer la colère, émotion qui selon l’auteur, n’était pas encore représentée en musique. Il se déclare l’inventeur de ce nouveau style d’écriture et il donne aux violons et au clavecin une place privilégiée pour l’appliquer. Le lamento trouve aussi une place très importante dans les œuvres des années 1620 et il basso ostinato, (la basse obstinée composée généralement de quatre notes) est utilisée pour exprimer la douleur la plus grande avec un minimum d’instruments. Cette technique se prête particulièrement bien à la création des mélodies asymétriques et de durezze qui luttent contre la basse comme s’il s’agissait du destin. Monteverdi conseille aux chanteurs de ne pas chanter un lamento en respectant la mesure, parce que quelqu’un qui souffre ne devrait pas pouvoir arriver à tenir un tactus fixe. Cette confrontation avec les lois conservatrices de l’écriture musicale va marquer le style de Cavalli pendant toute sa vie. Il sera, peut être sans le savoir, le seul compositeur à avoir suivi les préceptes de son maître et avoir témoigné
Opération
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«
Je ne crois pas que les hommes se lasseront jamais de raconter ou d’écouter des histoires. Et si au plaisir d’entendre raconter une histoire vient s’ajouter le plaisir et la dignité du vers, ce sera alors un grand événement. Je crois qu’un jour le poète sera de nouveau le créateur, l’ancien « faiseur ». Je veux dire qu’il sera celui qui dit une histoire et qui la chante. Et là, nous ne verrons pas deux activités différentes.
»
Jorge Luis Borges La Narration d’une histoire dans L’art de poésie
>
de la grandeur de ses idées. Il est d’une certaine manière le Platon de Monteverdi. Une date très importante à garder en mémoire est l’année 1637, date de l’ouverture du premier théâtre public, le San Cassiano à Venise. Cet événement va marquer l’esthétique, la forme, le contenu et les discours de toute l’œuvre lyrique de Francesco Cavalli et de tous les compositeurs italiens. Dès le moment où l’opéra n’est plus un luxe pour les nobles, un divertissement de la cour, le public paie son billet et exige un certain style, simple et populaire, sans trop de formules recherchées, il demande à s’amuser tout simplement. à ce moment, les expérimentations faites sur l’art du récitatif depuis 1600 étaient remises en cause par un public qui s’ennuyait et demandait juste à entendre une belle mélodie. Les livrets ont dû s’adapter à un goût exacerbé par des histoires improbables et comiques, des scènes de magie et sorcellerie et un érotisme omniprésent associé a un goût généralisé pour les ambivalences sexuelles des personnages (accentués par la présence des castrats sur scène). La porte était ouverte pour laisser libre cours à un des plus grands mélodistes de l’histoire, qui, en association avec des librettistes de génie comme Giovanni Faustini, va établir les bases de l’opéra moderne. Après la mort de son maître en 1643, Cavalli est devenu le plus connu et influent compositeur d’opéra d’Europe. Trente-trois opéras ont vu le jour sous sa plume. La Calisto (1651) fait partie d’une série de dix opéras qui sont le fruit de la collaboration entre Faustini et Cavalli et elle occupe la neuvième place avant Eritrea. Plusieurs raisons font de cette pièce une œuvre unique dans la production du compositeur. D’abord l’abondance des ensembles, qui ne sont pas encore habituels à cette époque. Probablement que le grand succès du duo final de L’incoronazione di Poppea (où Cavalli a participé comme compositeur et claveciniste) a poussé les compositeurs de la génération suivante à inclure des pièces en duo et trio dans leurs opéras. Les librettistes ont joué aussi un rôle essentiel dans cette transition et l’évolution de cet art va prendre un envol très particulier sous la main d’Alessandro Scarlatti à Naples. Le chef d’œuvre absolu de ce genre sera représenté par Le Nozze di Figaro de Mozart, avec sept personnages sur scène en train de faire des commentaires croisés. Une autre particularité de La Calisto : celle d’utiliser la voix de tête d’un des personnages pour transformer Jupiter en Diane. Cette originalité n’est présente dans aucun autre opéra de l’époque. La scène de caractère lesbien entre Jupiter et Calisto est peut-être une des causes du peu de succès de l’œuvre à l’époque. Venise (république libre par excellence) pouvait se permettre beaucoup d’ouverture d’esprit dans le choix des sujets, mais elle ne pouvait pas excéder dans cette liberté. Même des scènes de viol étaient reçues avec le plus grand naturel (il faut savoir que le viol n’était pas pénalisé jusqu’en 1667 à Venise). Imaginons seulement un instant ce qui pourrait arriver aujourd’hui à un membre de l’église (comme l’était Cavalli) s’il écrivait sur de tels sujets. La Calisto est aussi l’opéra de Cavalli avec le plus d’ariosos et de mélodies. Ceci peut aussi expliquer le grand succès que cette pièce obtient auprès des auditeurs modernes. à ses côtés, La Didone paraît une pièce de musée, Egisto trop sage et réfléchi, Ercole Amante une machine à produire des récitatifs et chœurs, et La Virtu di Strali d’Amore ou Gli Amori d’Apollo e Dafne des œuvres d’un néologisme admirable mais pas adapté à tous les publics. La Calisto offre au spectateur la possibilité d’assister à un spectacle plein d’affetti intenses mais de très courte durée. Cette accélération du discours était sûrement pour un
auditeur de l’époque trop brusque et moderne. Mozart eut exactement le même reproche de la part d’un de ces collègues italiens, Giuseppe Sarti. Il disait que Mozart était le compositeur avec les plus belles idées au monde mais qu’au moment où l’auditeur attendait qu’il commence à les développer, il en proposait d’autres. La Calisto est une sorte de lieu où toutes les idées et expériences du compositeur se touchent avec une élégance « classique » qu’il ne va plus jamais atteindre. Dans le traitement de la ligne vocale, il donne tous les éléments qui vont former le catalogue technique de la musique vocale jusqu’à Rossini : harmonie dense, complexe et coloratures pour les personnages nobles et les dieux ; maladresse dans l’écriture pour les personnages d’un bas niveau social ou les monstres ; grande ligne de chant sans avoir des grandes interruptions ni silences ; indépendance de la voix de basse par rapport à la ligne de basse instrumentale ; écriture rationalisée du rubato et traitement du récitatif concitato avec des accélérations très marquées par le tactus . On peut affirmer aussi que Cavalli est l’inventeur de la sixte appelée aujourd’hui « sixte napolitaine » et qu’on attribue couramment à Alessandro Scarlatti. On devrait la rebaptiser avec le nom de « sixte vénitienne » ou « sixte de Cavalli ». Haendel, Bach, Mozart, Beethoven, Chopin, Schubert, Brahms ou Puccini ont utilisé aussi cette sixte dans leurs œuvres. Cavalli est aussi le premier compositeur à employer un leitmotiv pour caractériser les personnages de ses opéras (aujourd’hui on attribue à Carl Maria Von Weber la création de ces figures récurrentes). Les personnages des opéras de Cavalli ont des tournures mélodiques très caractéristiques, surtout dans les formules de cadence, qui nous permettent de suivre un personnage et de connaître sa nature grâce aux intervalles qui se forment entre sa mélodie et la basse. Évidemment un auditeur à l’époque était plus apte qu’un spectateur moderne à apercevoir ces finesses. La douceur des neuvièmes, la colère des quartes, les sons sourds que provoquent les sixtes, le sentiment de paix que laisse une tierce derrière elle, l’audace perspicace d’une seconde, le tourment d’une septième diminuée, le repos d’une septième mineure et le pouvoir de conviction d’une octave nous montrent déjà l’univers absolument unique des couleurs des intervalles dans les œuvres de ce grand génie de l’art occidental qu’est Francesco Cavalli. Un peintre des émotions humaines qui a réussi à nous parler dans la langue la plus délicate et choquante à la fois, sans jamais perdre le fil conducteur d’un discours plein d’équilibre, noblesse et d’une grande personnalité. Il est sans aucun doute un des seuls musiciens de l’histoire à avoir trouvé la musique qui se cache à l’intérieur des paroles. > LGA
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Opération > la donna del lago
de Gioacchino Rossini Direction musicale : PAolo Arrivabeni Mise en scène : Christof Loy Au Grand Théâtre, 5 | 7 | 9 | 11 | 14 | 17 mai 2010
© sheila rock
Sous le charme de
Joyce DiDonato, qui prendra le rôle d'Elena dans La Donna del lago de Rossini en mai 2010 au Grand Théâtre de Genève.
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ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Opération
Tanti affetti in un momento Mi si fanno al core intorno, Che l’immenso moi contento Io non posso a te spiegar. Rondo d’Elena – Finale
Tant d’affections envahissent En un seul instant mon cœur, Que je ne puis t’exprimer L'immensité de ma joie.
En adaptant l’œuvre de Sir Walter Scott, The Lady of the Lake (La Dame du lac), Rossini est le premier à faire connaître le poète écrivain sur le continent. Il inaugure également la longue liste des œuvres musicales (environ une centaine) inspirées par les œuvres romanesques du père du roman historique qui a fortement contribué à donner une image romantique de l'écosse (Lucia di Lammermoor, Ivanhoé, La Jolie Fille de Perth ). Au XIXe la « scottomania » avait frappé l'Europe, et nombreux, à l'image d'Emma Bovary, furent ceux qui tombèrent sous le charme du romantisme écossais. Walter Scott, un auteur à succès Avocat de formation, antiquaire par goût, Sir Walter Scott (1771-1832) parcourt l'Ecosse à la recherche de son passé. Il publie des textes anciens ou appartenant à la tradition populaire, mais également des poèmes dont La Dame du lac, six chants de plus de cinq mille vers. Lorsque paraît Lord Byron, il quitte l'univers de la poésie et se consacre au roman. On a coutume de l'appeler le Wizard of the North (le Magicien du Nord). Il reste une des plus illustres figures du romantisme britannique. On lui doit également le retour du tartan et du kilt dont le port avait été interdit en 1746 par le Parlement.
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°3
Gioacchino Rossini, un compositeur à succès Alors que l'Europe entière rêvait d'Italie, Goethe faisait chanter à Mignon les paysages de Sicile où se découpe un oranger en fleurs, Rossini inventait le romantisme musical italien en s'inspirant d'une histoire qui se déroule aux bords du lac Katrine où l'héroïne, Elena, passe des heures à méditer, ce qui lui a valu le nom de « Dame du lac ». C'est là qu'il allait trouver des couleurs orchestrales inouïes et sublimes, des plaintes nocturnes et des forêts ombreuses pour exprimer des constantes d'un romantisme universel : l'insatisfaction et l'aspiration. C'est à Andrea Leone Tottola que le Cygne de Pesaro demande d'écrire le livret, c'est leur troisième collaboration avant Zelmira en 1822. Des interprètes et une équipe de production exceptionnels Avant de chanter Adalgisa dans Norma aux côtés d'Edita Gruberova au Festival de Salzbourg cet été, Joyce DiDonato fait escale à Genève pour sa prise de rôle dans La Donna del lago, puis à l'Opéra Garnier à Paris. Le public l'acclame, les théâtres la réclament et les critiques saluent son interprétation toujours profonde et intelligente. Gageons qu'elle saura faire revivre pour nous la dame du lac et lui insuffler une vie émotionnelle qui, probablement, séduirait Rossini. Chaque fois que la mezzo américaine apparaît et chante, elle suscite des louanges et l'admiration. à ses côtés, une autre star, Gregory Kunde, qui sillonne les plus grandes scènes internationales, est considéré comme le chanteur de bel canto le plus élégant et le plus accompli. Comme Joyce DiDonato, il est un habitué de la scène du Grand Théâtre. D'autres stars, en devenir ou déjà confirmées qui viennent pour la première fois à Genève, les accompagnent. Christoph Loy, déjà nommé plusieurs fois « metteur en scène lyrique de l'année » par le mensuel Opernwelt et qui vient de recevoir le Laurence Olivier Award de la meilleure production d'opéra pour Tristan au Royal Opera House de Londres, nous offre sa vision du chef-d'œuvre rossinien. Avec cette production, il entame de nouvelles aventures avec le Grand Théâtre de Genève, auquel il souhaite rester fidèle malgré de nombreuses sollicitations des plus grands théâtres lyriques internationaux et des plus prestigieux festivals. Pour cette nouvelle production, co-produite avec le Theater an der Wien de Vienne, il a souhaité confier la scénographie et les costumes à Herbert Murauer, un complice de longue date. N'oublions pas l'un des trésors de l'institution, le Chœur, ainsi que l'Orchestre de la Suisse Romande placés sous la direction de Paolo Arrivabeni, l'un des spécialistes du répertoire du XIXe siècle et qui dirige, entre autres, à l'Opéra de Leipzig, de Monte-Carlo, à la Staatsoper de Berlin, à l'Opernhaus de Zurich ou encore au Festival Rossini de Pesaro. Vous l'aurez compris, tous les meilleurs ingrédients sont réunis pour vous inviter à partager un spectacle à découvrir et que nous souhaitons mémorable. Au mois de mai, un air de romantisme italien s'installe sur le Léman.> DD
Gregory Kunde, l'interprète de Rodrigo, le prétendant malheureux d'Elena.
«
Il est si diff icile d'écrire l'histoire d'un homme vivant ! Et d'un homme comme Rossini, dont la vie ne laisse d'autres traces que le souvenir des sensations agréables dont il remplit les cœurs.
»
stendhal préface à la vie de rossini
>
La naissance du romantisme musical italien… Le mois de mai nous donnera l'occasion de faire connaissance avec un chef d'œuvre encore trop méconnu et trop rarement à l'affiche des théâtres lyriques : La Donna del lago qui n'a jamais été présentée sur la scène du Grand Théâtre et qui précède les représentations programmées au Palais Garnier à Paris. Il s'agit d'une œuvre née du hasard en 1819 pour sauver Domenico Barbaja, l'impresario du San Carlo de Naples, que Gaspare Spontini venait de lâcher. L'ouvrage est créé le 24 octobre avec Isabella Colbran dans le rôle d'Elena, la cantatrice, maîtresse de Barbaja, qui allait devenir la femme de Rossini en 1822. Comme pour Il barbiere di Siviglia, la première ne fut pas un triomphe, il fallut attendre la deuxième pour que l'œuvre rencontre un grand succès et reste pendant près de douze ans à l'affiche du prestigieux théâtre napolitain. Au cours de la seconde moitié du XIXe, elle disparaît de la programmation des scènes internationales. Il faudra attendre les représentations du Mai musical florentin de 1958 pour son retour dans les programmations des institutions lyriques.
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La Dame
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Opération > alice in wonderland
Les
d'Unsuk Chin Direction musicale : Wen-Pin Chien Mise en scène : Mira Bartov Au Grand Théâtre, 11 | 14 | 17 | 20 | 22 | 24 juin 2010
L’histoire d’Alice ne laisse jamais personne indifférent. Un million quatre cent mille entrées en quatre jours en France, pour le lancement du film de Tim Burton qui a détrôné L’Arnacœur. Le Grand Théâtre ne pourra vous offrir que six représentations et neuf mille places pour rencontrer Alice en 3D, en live, sur la scène du Grand Théâtre, grâce à la création en Suisse du premier opéra de la compositrice Unsuk Chin.
«
Je voulais raconter cette histoire d’une nouvelle façon car aucune des adaptations cinéma ne m’a jamais vraiment plu. Je voulais transposer à l’écran l’imagerie que cette histoire a créée en moi.
»
>
Tim Burton
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ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Opération
© tine schwab
Métamorphoses d'Alice
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°3
Au BFM, Jupiter, le maître de l'Olympe, se métamorphose en Diane pour séduire Calisto, la fée transforme la citrouille en carrosse pour Cendrillon et Circé change les compagnons d'Ulysse en cochons. Alice change de taille en permanence. À moins que ce soit l'entourage qui change autour d'elle ? Peut-être est-elle inadaptée aux milieux insolites qu'elle traverse ? Dans ses bras, le bébé de la Duchesse devient un petit cochon. Autour d'Alice fleurit l'illogisme sous la plume du narrateur. Elle parcourt un monde où règnent la discontinuité, la soudaineté sans transition, à l'opposé de la continuité séquentielle de la réalité. Depuis Ovide jusqu'à Marguerite Yourcenar en passant par notre mathématicien-écrivain, la métamorphose est omniprésente en littérature. La curiosité d'Alice en fait une exploratrice idéale qui fait preuve d'une certaine insouciance en s'engageant dans le terrier du lapin blanc sans trop savoir comment elle pourrait en sortir. Patiente, elle se montre attentive aux êtres étranges qu'elle rencontre et tente de décrypter les discours du Chapelier fou ou du Lièvre de Mars. Les métamorphoses qu'elle subit, sont-elles la traduction d'une crise identitaire ? Elle voudrait comprendre le monde singulier qui l'entoure dans un lieu de contestation qui devient également une critique de la société victorienne. Un monde coloré et surréaliste, plutôt qu'un espace cauchemardesque, où la logique a cédé la place à la folie. Irons-nous dans le terrier du lapin blanc au mois de juin 2010, où Mira Bartov et sa complice Tine Schwab nous entraîneront-elles vers des lieux plus familiers qui ouvrent cependant aux rêves et offrent encore tant de choses à découvrir ? > DD
Alice est partout au cinéma
1903 Alice in Wonderland (C. Hepworth) 1933 Alice in Wonderland (N. Z. McLeod) 1949 Alice au pays des merveilles (Anim.) 1951 Alice au pays des merveilles (W. Disney) 1972 Alice Adventure's in Wonderland (W. Sterling) 1985 Alice au pays des merveilles (H. Harris) 1995 Alice in Wonderland (C. Brothers) 1999 Alice au pays des merveilles (N. Willing) 2010 Alice in Wonderland (T. Burton)
à la TV • Lost emprunte beaucoup de références à Alice aux pays des merveilles. Le titre du 5e épisode de la série est The White Rabbit et celui du final de la saison 3 Through the Looking Glass. Des références au roman sont omniprésentes dans Lost surtout le personnage de Jack Shepard qui est très clairement le pendant masculin d’Alice. • Alice au pays des merveilles est une série des années 1980 qui comporte 52 épisodes et s’inspire des deux livres tout en innovant. • Dans un épisode de la série animée Aladin, le génie se transforme en chat tigré rose et violet. • Dans De l’autre côté du miroir, après avoir lu un roman de Lewis Caroll, Mickey rêve qu’il part de l’autre côté du miroir où il rencontre un jeu de cartes et d’autres objets étranges qui s’animent.
dans Les chansons et les clips Malice Through the Looking Glass, C. of Filth (1996)
Furie dit à
Souris quand chez lui
il la vit : « Estons tous deux En cour Je vous fais
un procès. Là, là, pas de regrets ; nous aurons un procès
Tweedle Dee & Tweedle Dum, B. Dylan (2001) Sunshine, Aerosmith (2001) What You Waiting For?, Gwen Stefani (2004) Looking Glass, The Birthday Massacre (2007) Cheshire Cat, Blink-182 (1994) Alice et June (Album), Indochine (2005) Le Cheshire Cat et moi, N. Leroy (2009) The Mad Hatter (Album), Chick Corea (1978) Eat Me, Drink Me (Album), M. Manson (2007)
car oui oui ce matin Je n’ai rien Je m'ennuie. »
Souris dit à la cour : « Un tel procès, Messieurs,
sans juge ni partie ne peut que tourner court. »
« Je serai Juge et Partie, dit Furie,
ce grigou,
et je vous en fixerai le sort : “ mo r t
”
Extrait du chapitre III : Une course à la comitarde et une longue histoire (sans queue ni tête)
© art nouiveau in art
« L’Alicemania » est toujours vivante… Il était une fois. Il est toujours Alice. Les vitrines des magasins s'animent avec les personnages sortis du pays des merveilles. Petits et grands ont rendez-vous devant la toile des cinémas pour redécouvrir un personnage, une petite fille, qui n'en finit pas de séduire toutes les générations et toutes les époques. Dans le film de Tim Burton qui vient de sortir fin mars dans les salles obscures, Alice a grandi, elle a 19 ans. Au moment de sa demande en mariage, elle décide de suivre le lapin blanc dans son terrier pour de nouvelles aventures. Elle pénètre dans un univers de liberté absolue d'où elle reviendra transformée après avoir souvent changé de taille et en ayant rencontré les mêmes monstres que lorsqu'elle était plus jeune, ces derniers étant devenus plus terrifiants. Charles Dodgson, le mathématicien, le logicien qui devint Lewis Carroll, l'écrivain en 1856, le magicien de l'imaginaire, du « nonsense », pouvait-il imaginer le succès que rencontrerait son histoire racontée au cours d'une promenade en canot sur l'Isis entre le pont Folly et Godstow ? Le 4 juillet 1862, il s'embarque avec le révérend Duckworth et les trois fillettes du doyen de Christ Church College. Au cours de la promenade, il improvise une histoire pour Alice Lidell, alors âgée de 10 ans. Le soir même, Les aventures d’Alice sous terre sont rédigées, et il offre le manuscrit qui comporte 37 dessins à la plume, 2 ans plus tard, à Alice. Poussé par ses amis, Lewis Carroll publie l'ouvrage à compte d'auteur, c'est-à-dire qu'il prend en charge les frais d'édition. à sa parution avec les illustrations de John Tenniel, le livre connaît un succès immédiat. On va de réimpression en réimpression, et l'ouvrage est traduit en français, en allemand, puis en italien. Un siècle plus tard, on dira que c'est le livre le plus vendu après la Bible en Grande-Bretagne. Le livre est devenu un grand classique de la littérature occidentale. Précédé par François Rabelais avec Gargantua, par Charles Perrault avec Les Contes de ma mère l'Oye, ou par Voltaire avec Candide, Lewis Carroll ouvre le monde de la fantaisie, du surréalisme et de l'absurde en affirmant le pouvoir créateur et libérateur de l'écriture. Mais s'agit-il véritablement d'un conte ? Comme souvent dans les contes, l'héroïne est une petite fille. On y rencontre également des personnages familiers comme le Roi et la Reine. Mais on croise aussi des animaux qui s'expriment comme des humains. On y découvre le merveilleux, la magie, des flacons qui font penser aux élixirs, aux potions des fées et des sorcières. Alice triomphe des épreuves. Mais où se niche la morale de ses aventures ? Dans la bouche de la grande sœur d'Alice ? L'héroine tire elle-même la morale de ses tribulations et de ses métamorphoses. De nombreux ingrédients du conte sont présents, mais il vaut mieux parler d'un simili-conte, d'une invention de Lewis Carroll qui écrit une œuvre unique en son genre en y ajoutant le rêve, l'insolite et le non-sens analysé par Gilles Deleuze, le philosophe, dans Logique du sens. De même que la Simili-Tortue ne fait que ressembler à une tortue, les Aventures d’Alice au pays des merveilles ne sont qu’un simili-conte.
Anecdote... En 1998, un exemplaire de la première édition est vendu un million et demi de dollars. Il n’existe plus que vingt-deux exemplaires de la première édition, dont cinq appartiennent à des particuliers.
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Opération > alice in wonderland
d'Unsuk Chin Direction musicale : Wen-Pin Chien Mise en scène : Mira Bartov Au Grand Théâtre, 11 | 14 | 17 | 20 | 22 | 24 juin 2010
> concert autour d'Unsuk chin
Avec L'ensemble Contrechamps Akrostichon-Wortspiel Six études pour piano Au Foyer du Grand Théâtre, le 30 mai 2010 à 20 h
Unsuk Chin
Une compositrice du merveilleux programmation
de l’opéra Alice in Wonderland, et fruit de la réjouissante collaboration avec l’ensemble Contrechamps, le Grand Théâtre de Genève a le plaisir de vous proposer un portrait de Unsuk Chin, compositrice de cet ouvrage contemporain.
Dans cette perspective nous vous présentons deux œuvres dont les propos s’appuient également sur l’imaginaire propre aux contes de fées. Ces deux partitions, composées à des périodes précoces de la production de la compositrice, seront l’occasion d’entendre l’évolution du style et du geste de l’artiste, mais également de découvrir les points d’ancrages, les permanences qui y résonnent. Afin d’approcher au plus près d’Akrostichon-Wortspiel, voici la suite des sept scènes : I Hide and Seek II The Puzzle of the Three Magic Gates III The Rules of the Game-sdrawkcab emiT IV Four Seasons in Five Verses V Domifare S VI The Game of the Chance VII From the Old Time Cette œuvre fut composée en 1991 pour honorer la commande de la Fondation Gaudeamus, commande qui récompense le lauréat du Grand Prix décerné par cette institution. Le premier état de cette œuvre a été créé à Amsterdam en septembre 1991 avec le Nieuw Ensemble dirigé par David Porcelijn. La version définitive sera réalisée deux années plus tard au Queen Elizabeth Hall de Londres sous la baguette de George Benjamin. Les sept scènes d’Akrostichon-Wortspiel sont construites sur des textes extraits de The Endless Story de Michael Ende et
I n t e r v i e w
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de Through the Looking Glass de Lewis Caroll. Les fragments choisis ont été retravaillés de différentes façons, les voyelles et les consonnes peuvent y être associées au hasard alors que, régulièrement, les mots essentiels de la phrase sont volontairement décalés, recadrés, afin que la symbolique du sens reste présente à l’image d’une résonance. En ce qui concerne les aspects compositionnels de cette pièce, il faut noter que chaque scène est construite sur un centre tonal spécifique, et que chacune d’elles développe une expression et un état émotionnel caractéristiques. Par opposition à cette tonalité prégnante, certains instruments sont accordés un quart ou un sixième de ton plus haut afin d’offrir un mystérieux halo microtonal, la soprano solo évoluant entre ces deux pôles d’intonations. Au milieu de cette soirée, clef de voûte abstraite, instant où la voix s’absente, respiration entre ces deux suites pour soprano et ensemble, les Six études pour piano évoqueront alors une épure, un lieu monochrome entre deux chatoiements vocaux et orchestraux. Troisième volet de ce triptyque, composé en 2004, snagS&Snarls a été commandé par le Los Angeles Opera. Il est une suite de fragments de l’opéra Alice in Wonderland. À l’exception de sa première pièce, ses différents mouvements sont aussi construits sur diverses scènes d’Alice in Wonderland de Lewis Caroll. À l’occasion de ce concert, cette psalmodie délicate et saugrenue sera interprétée dans une nouvelle version spécialement écrite par Unsuk Chin à l’intention de Contrechamps. > Mathieu Poncet
about Alice in Wonderland (March 2007)
How did you discover Lewis
less of age, education, profession
is totally surreal. I wondered if
difficult to analyze. Reading the
providing rigid interpretations
Carroll’s Alice books?
or nationality – are so fascinated
Carroll had perhaps made this
text I already had vivid aural
of the book – whether psycho-
I discovered Carroll’s books in South
by it. I guess it’s because the book
concession to public taste, as oth-
images - i.e. how to depict the
analytical or otherwise. Let the
Korea, as an adult rather than as a
has so many layers - it can capti-
erwise the book would have been
characters - in my mind, and it
story and its dialogues speak for
child, before I moved to Europe.
vate experts and laymen, children
too daring for its time? I wanted
became clear that one character
themselves. Susan Sontag rightly
My interest was piqued when I
and adults as well. That is also an
the dreamworld to be the real-
should be a non-singing role,
deplored how “the effusion of
read so much about them, espe-
artistic ideal for me.
ity in my opera. So, I decided to
being represented only through
interpretations of art today poi-
cially in books about science. Most
Your opera emphasises the
replace the beginning and the end
an
sons our sensibilities. To inter-
notably it was through Douglas
dreamworld of Wonderland.
- with their references to everyday
musical mode I am searching for
pret is to impoverish, to deplete
Hofstadter’s volume, Gödel, Escher,
Why is this?
life - with two dream scenes.
is black humour.
in order to set up a shadow
Bach: an Eternal Golden Braid ; A met-
Already, when I read Alice for the
How does your soundworld
What is the musical equivalent
world of meanings.” Rather, I
aphorical fugue on minds and machines
first time, I was fascinated and
characterise the whimsical
to ‘nonsense’ in the text, and
am interested in the effortless
in the spirit of Lewis Carroll, in which
wholly amazed because I recog-
humour of the story?
does it have to be carefully
and unconscious way in which
Alice played such a prominent role,
nized much of what I had seen
I play with musical meanings
controlled through notation?
Lewis
that I became curious.
in my own dreams. However, I
through references to different
For me, using free aleatoric
philosophical questions. Alice is
What makes Alice in Wonderland
was never fully satisfied with the
styles and the parodistic musical
approaches to describe the non-
not solely a matter of dreams – it
a universal story, with ongoing
beginning and the end – they
underlining of the different char-
sense is not an option, as it could
is also about a clash between the
relevance?
were so much more conventional
acters. Deciding on voice parts is
become too exaggerated. On the
different ways in which we com-
It is amazing that people – regard-
than the rest of Alice, which
an instinctive process which is
other hand, I also try to avoid
municate and experience reality.
instrument.
Overall,
the
Carroll
expresses
deep
© Eric Richmond
En miroir à la
ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
PleinsFeux
Depuis 1988, la compositrice coréenne Unsuk Chin réside à Berlin. Elle débute les études de piano à Séoul où elle décide dès l’âge de treize ans de devenir compositrice. C’est Sukhi Kang, élève du célèbre Isang Yun, qui la guide dans ses premiers travaux et l’initie à la technique sérielle. Lauréate d’une bourse, elle part alors étudier en Allemagne à l’académie de Hambourg où elle rencontre György Ligeti, une rencontre déterminante qui l’amène à renier toute sa production d’avant 1985. Une des œuvres emblématiques de la compositrice, Akrostichon-Wortspiel, sous-titrée « sept scènes de contes de fée » pour petit ensemble (une harpe, une mandoline, trois cordes et percussions) et une voix soliste. Epure sonore éblouissante dont l’instrumentation très raff inée vient souligner le traitement original et fantasque du poème, cette partition de 1991 va révéler le talent de Unsuk Chin au monde musical et f ixer certaines de ses orientations personnelles, l’univers du conte et du merveilleux par exemple. Elle est fascinée par les voix, les voix féminines en particulier. Alice in Wonderland est créée le 30 juin 2007 au festival de Munich. Malgré une production signée par le prestigieux plasticien Achim Freyer, on remarqua avant tout la musique. Les premières impressions s'avéraient exactes, Unsuk Chin fait preuve d'un grand talent, elle maîtrise les couleurs orchestrales, la technique instrumentale, et écrit une musique variée qui sait être complexe parfois. Pendant la représentation, peut-être vous amuserez-vous à chercher les citations ? Peut-être songerez-vous à Ravel et à L’enfant et les sortilèges, voire Roméo et Juliette ? La danse de Salomé ? Qu’est ce que cela a à voir avec chute des voiles? Peut-être Lewis Carroll a-t-il rencontré la compositrice qui, sans le trahir, pouvait le
> DD
comprendre et le compléter ?
Contrechamps et le Grand Théâtre Depuis sa création, l’Ensemble Contrechamps défend le répertoire musical contemporain et réalise de nombreux événements dont les buts sont d’associer des expressions artistiques variées, de proposer des clefs d’écoutes et de réflexions culturelles et également de permettre à des publics multiples de se rencontrer. C’est donc avec un authentique intérêt que nous nous sommes donc associés à la proposition du Grand Théâtre de Genève de réaliser un concert monographique de la compositrice Unsuk Chin – une habituée de notre cité puisqu’elle a régulièrement été programmée par Contrechamps ces dernières saisons – à l’occasion de la nouvelle production de l’opéra contemporain Alice in Wonderland. À l’image de la rétrospective d’un peintre dont on découvre la variété des mondes sensibles révélés par la gravure, le crayon ou la gouache, le concert monographique que nous vous proposons permettra – pardelà la scène de l’opéra – de découvrir les gestes compositionnels propres aux soli, à la musique de chambre ou à la musique orchestrale. Autant de facettes qui révèlent au plus près l’intime et les préoccupations du créateur. > MP
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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o n stage > patricia Petibon
Soprano piano : Susan Manoff Récital au Grand Théâtre, le 2 mai 2010 à 20 h
Son calendrier de récitals 5 mai 2010 Aix-en-Provence, Théâtre du Jeu de Paume 16 Mai 2010 Schwetzingen (Allemagne), Schwetzinger Festspiele Schloss, avec le Venice Baroque Orchestra 18 Mai 2010 Paris, Salle Pleyel, Direction : Andrea Marcon 05 & 06 Juin 2010, Vienne, Musikverein avec le Concentus Musicus Wien, Direction : N. Harnoncourt
Son dernier enregistrement
Rosso Italian Baroque Arias Venice Baroque Orchestra Dir. Andrea Marcon
Après avoir marqué de son empreinte si personnelle et de manière si émouvante la production et le personnage de Lulu, Patricia revient sur la scène du Grand Théâtre pour un de ses récitals dont elle a le secret. Le 2 mai, un rendez-vous qu'il ne faudra certainement pas manquer, car elle nous invite, l'espace d'un soir, à quitter les sentiers battus pour de nouveaux horizons qu'elle nous fera partager avec son charme et à son talent en compagnie de Susan Manoff. Grâce au programme qu'elle a subtilement concocté, elle nous entraîne vers des univers multicolores et variés pour conclure sur une sorte d'aveu, une déclaration d'amour pour la scène et le public. Après avoir applaudi la chanteuse-actrice, laissez-vous charmer par l'espiègle et merveilleuse récitaliste. Au programme : Reynaldo Hahn, Aaron Copland, George Gershwin, Manuel Rosenthal, Samuel Barber, Francis Poulenc, Henri Collet, Fernando Obradors, Joaquin Turina, Manuel de Falla, Joseph Canteloube, éric Satie, Nicolas Bacri, Isabelle Aboulker. 40 ans à peine, et déjà tant de succès accumulés. D’origine bretonne, elle s’intéresse dès son plus jeune âge au piano et aux beaux-arts. Elle raconte volontiers que rien ne la destinait au chant : « Petite fille, quand je chantais, ma voix sortait plus que celle des autres. Cela me faisait un peu honte, j’avais peur de montrer cet “animal”. Puis je suis devenue chanteuse tout doucement, de façon naturelle. Sans le décider vraiment. » Lorsqu’elle obtient le premier prix de chant au Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 1995, Patricia Petibon est remarquée par William Christie et fait ses débuts dans la production d’Hippolyte et Aricie de Rameau à l’Opéra de Paris en 19961997. Ensuite, elle travaille fréquemment avec Les Arts Florissants, l’ensemble baroque dirigé par William Christie, et se produit avec lui au festival d’Aix-en-Provence, à la Scala de Milan, au Teatro Colón de Buenos Aires et au Wigmore Hall de Londres. Elle remporte trois Victoires de la musique classique, d’abord en tant que « meilleur espoir lyrique » en 1998, puis « meilleur artiste lyrique en 2001 et 2003. Parmi ses rôles de prédilection figurent Olympia des Contes d’Hoffmann d’Offenbach avec lequel elle débute au © DG / Félix Broede
Deutsche Grammophon, 2009
La fine rousse
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«
Quand je suis arrivée au Conservatoire de Paris et que j’ai étudié avec Rachel Yakar, j’ai travaillé avec elle toutes sortes de musiques. Je chantais alors Zerbinetta dans Ariane à Naxos de Richard Strauss. Je continue à aimer toutes les musiques ensemble: chanter le rôle d’une religieuse dans les Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc, c’est aussi émouvant que donner sa voix à toutes les amoureuses que j’ai enregistrées.
>
»
patricia petibon
Staatsoper de Vienne au cours de la saison 1999-2000 et qu’elle chante à Genève, à Nice et à l’Opéra Bastille, et Blondchen de L’Enlèvement au sérail de Mozart qu’elle interprète à l’Opéra National du Rhin, au Théâtre des Champs-Elysées et à l’Opéra de Zurich. Estampillée chanteuse baroque, elle brûle les planches à chaque prise de rôle, comme un caméléon, elle se glisse dans la peau de ses héroïnes. à chaque fois elle offre une palette d’émotions qui s’appellent jalousie, désespoir, cruauté, innocence… Aujourd’hui Susanna des Nozze di Figaro, un autre jour Sophie du Rosenkavalier ou Zerbinetta dans Ariadne auf Naxos du même Strauss, mais également une Constance très remarquée dans les Dialogues des Carmélites, mis en scène par Marthe Keller, elle est toutes ces femmes avec une incomparable intensité et avec un grand respect de la musique : « La matière première, c’est la musique, et il faut chercher très loin en soi certains sentiments pour pouvoir colorer cette matière et en donner une interprétation personnelle. On a tous des moments de folie dans sa vie, des moments de questionnement, où on pète les plombs… » Elle est habitée par le sens du spectacle. Il lui est arrivé de quitter les rives du lyrique pour chanter en duo avec Florent Pagny, immédiatement des voix bien pensantes se sont élevées pour lui reprocher ses digressions et son anticonformisme. Patricia n’est jamais insensible aux critiques ou au reproche, mais grâce à son énergie et à sa détermination, elle triomphe des épreuves. Elle est juste dans la vie comme lorsqu’elle chante. Patricia Petibon, la plus exigeante des musiciennes, la plus fine des comédiennes se produit souvent en récital ; elle apparaît au Festival de Salzbourg en 2006 avec Michael Schade et l’acteur Tobias Moretti dans un programme spécial Mozart d’airs et de textes choisis ; en 2007, on l’entend à Vienne, à Luxembourg et au Japon. En 2008, elle fait une tournée de récitals au Japon et chante avec le Concentus Musicus de Vienne sous la direction de Nikolaus Harnoncourt un programme d’airs de Haydn et de Mozart à Vienne et à Luxembourg, et avec Concerto Köln des airs de Gluck, Haydn et Mozart à Strasbourg, Paris, Versailles et Cologne. En 2009, elle présente un programme baroque français avec William Christie à Paris, Versailles, Metz et Londres; elle interprète Vivaldi et Haendel à Rennes et à Paris ; Haydn, Gluck et Mozart avec l’Orchestre de chambre de Bâle en Suisse et à Munich. En 2010, elle participe au Carmina burana de Carl Orff sous la direction de Daniel Harding à Munich, à Il sogno di Scipione de Mozart avec Harnoncourt à Vienne, et chante des airs baroques italiens avec l’Orchestre baroque de Venise et Andrea Marcon à Schwetzingen et à Paris. Elle donne aussi des récitals à Vienne, Aix-en-Provence et Londres. Qui pourrait se douter que cette véritable pile électrique en scène, se considère comme une vraie casanière, une sauvage, un véritable ours polaire que 12, voire 15 heures de sommeil n’effraient nullement, mais, car il y a un mais, un bébé joyeux et cascadeur, Léonard qui se charge d’animer les matinées de l’artiste. Comme tout artiste, elle connaît le trac avant d’entrer en scène, loin de la survolter, il la rend plutôt calme. Gageons que cette diva anti-diva à la crinière rousse saura vous enchanter, vous séduire, probablement vous ensorceler grâce à son charme unique, et vous conduire sur Les chemins de l’amour. > DD
ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
o n stage > VESSELINA KASAROVA
Mezzo-soprano piano : Charles Spencer Récital au Grand Théâtre, le 23 juin 2010 à 20 h
La belle Thrace
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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«
Le moment le plus diff icile pour un artiste, c’est quand il rencontre le succès.
Son calendrier de récitals 2 juin 2010 Munich, Prinzregententheater 9 juin 2010 Amsterdam, Concertgebouw Les Nuits d’été 10 juin 2010 Turin, Lingotto Les Nuits d’été 11 juin 2010 Cologne, Philharmonie Les Nuits d’été 30 Juin 2010 Ludwigsburg, Ludwigsburger Schlossfestspiele 20 juillet 2010 Munich, Münchner Opernfestspiele 2010
en projet Elle sera Dalila dans Samson et Dalila au Grand Théâtre de Genève pour la saison 2012-13
Son dernier enregistrement
PAssionate Arias Verdi, Tchaikovsky, Bizet, Saint-Saëns Münchner Rundfunkorchester Dir. Giuliano Carella RCA (Sony BMG), 2009
© DR
teurs idéaux pour de jeunes chanteurs, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient faciles à chanter. Bien au contraire ! J’ai la chance de disposer, pour ma voix, d’un répertoire relativement étendu. J’ai très consciemment bâti ce répertoire petit à petit. Ce qui est difficile dans le répertoire baroque, ce sont les récitatifs. Ils doivent être interprétés de manière vivante, ils ne doivent pas passer au second plan. Il faut travailler beaucoup sur les détails, ce qui nécessite une certaine expérience. La musique baroque est une chose très importante pour moi, dans l’Orphée de Gluck, je découvre une élégance et une profondeur d’émotion auxquelles je suis très sensible ». Chaque prise de rôle, chaque apparition aux quatre coins du monde est un événement. Tout en brûlant les planches et en subjuguant le public, elle consacre également une place importante aux concerts. Son premier récital consacré à Prokofiev, elle le fait à la Scala de Milan, excusez du peu. Pour RCA, elle enregistre de nombreux disques dont des mélodies de Berlioz, de Ravel et de Chausson pour lesquelles elle obtient le prix Ravel en tant que meilleure interprète de mélodie. « Ce qui fait pour moi le charme des œuvres de l’opéra français du XIXe siècle, c’est qu’elles permettent de faire usage de toutes les couleurs de voix. II n’est donc pas de plus grande joie pour moi que de chanter ce répertoire. J’ai dû, en fait, travailler très dur sur ces parties, sur la langue avant tout. Il y a dans la langue française une élégance qui n’existe dans aucune autre langue. Ce n’est pas seulement la diction qui importe, mais la couleur de voix appropriée. Ce que dit le texte et la manière dont je le chante doivent être en accord. Il est tout simplement merveilleux de travailler vocalement ces parties et je souhaiterais voir les directeurs d’opéras monter plus souvent des opéras français présentant de grandes parties de mezzo-soprano. Elles sont chargées d’une sensualité et d’une émotion qui s’expriment avec subtilité, jamais vulgaires. » Comme Dalila, née pour chanter des airs passionnés, Vesselina sait embraser et enflammer son public. Pour vous en convaincre soyez au rendez-vous le 23 juin, et sans aucun doute vous rejoindrez ceux qui la surnomment leur « petite chérie ». > DD
»
VESSELINA KASAROVA
>
Au moment où l'Opéra de Zurich lui ouvre les portes de l'Ouest, Vesselina Kasarova interprète le rôle de Rosina de Il barbiere di Siviglia sur la scène de la place de Neuve, un répertoire qu'elle affectionne particulièrement : « Rossini est un baume pour la voix et c’est pour cela que c’est un compositeur extrêmement important pour toute mezzosoprano colorature. Il a composé de merveilleux rôles tous très différents les uns des autres: la Rosina du Barbier, Angelina de La Cenerentola, Isabella de L’Italienne à Alger.» Près de 20 ans se sont passés et elle revient à Genève afin de présenter une autre facette de son talent : le récital, après avoir triomphé sur les plus grandes scènes, et tout en restant l’incomparable Vesselina, à la fois simple et grande. Quand Vesselina chante, le cœur chavire. Sa voix de mezzo-soprano est un ravissement. Une voix aux couleurs sombres et cependant incandescentes, qui sait être cristalline lorsque la partition le commande. Son interprétation intense marque les rôles qu’elle inscrit à son répertoire, mêmes les plus complexes et les plus inattendus. La mezzo bulgare Vesselina Kasarova (prononcer ka-tsarova) est née à Stara Zagora. Dès l’âge de quatre ans, elle apprend le piano et fréquente le conservatoire de sa ville natale. En 1984, elle obtient son diplôme de piano. Fascinée par la voix, elle se lance dans des études de chants auprès de Ressa Koleva : « J’étais fascinée par cet instrument qu’est la voix : c’est l’instrument le plus difficile qui soit et le seul qu’on ne peut toucher de ses mains. J’ai également chanté dans un chœur, mais ce sont mes amis qui m’ont convaincue que j’avais une voix et que je devais m’essayer au chant. » Après cinq ans d’études, elle est engagée à l’Opéra national de Sofia où elle chante, entre autres, le rôle de Rosina, ou encore Dorabella dans Così fan tutte. Cette période sera également marquée par son premier disque sous la baguette d’Emil Tchakarov où elle interprète le rôle de Lisa dans La Dame de pique. Engagée à l’Opéra de Zurich, elle se révèle aux mélomanes et aux professionnels comme un talent exceptionnel. C’est le début d’une carrière fulgurante. Dès 1989, elle gagne le premier prix du concours « Neue Stimmen » (Voix nouvelles) à Gütersloh en Allemagne. Au cours de l’année Mozart, en 1991, elle fait ses débuts au Festival de Salzbourg. Dès lors, elle y sera présente chaque année pour incarner Annio, puis Sesto de La clemenza di Tito, Zerlina dans la mise en scène de Patrice Chéreau de Don Giovanni, ou encore Farnace dans Mitridate, re di Ponto. « C’est Mozart qui a contribué au développement le plus important de ma voix, c’est à travers sa musique que j’ai découvert mes possibilités vocales, il est aussi à la base des parties de bel canto que j’ai interprétées. Ce qui est important, c’est de chanter Mozart avec souplesse, sans contrainte. Quand j’étudiais le piano, en Bulgarie, j’ai souvent joué Mozart. » Elle fait également des débuts remarqués en remplaçant Marilyn Horne dans le rôle-titre de Tancredi au cours de deux versions concertantes sous la baguette de Pinchas Steinberg. En 1991, elle fait son entrée à la Wiener Staatsoper avec Rosina sous la direction de Donald Runnicles. À présent, toutes les plus grandes institutions lyriques et festivals la courtisent et lui offrent leur scène. Tout en abordant un répertoire diversifié, elle continue à cultiver le répertoire rossinien et mozartien sous la baguette des chefs les plus prestigieux. « Rossini et Mozart sont des composi-
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PleinsFeux
édimbourg
Glyndebourne
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13 août – 5 septembre
Beaune
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20 mai – 29 août
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2 – 25 juillet
Le grand rendez-vous artistique an-
Glyndebourne, petite localité du Sussex au sud de Londres, ne serait
Si la Bourgogne et ses vins vous attirent, et que par ailleurs, la musique baroque
nuel de la capitale écossaise propose
certainement pas connue si John Christie, riche propriétaire terrien
est votre dada : alors le Festival de Beaune est fait pour vous ! Il Ritorno d’Ulisse
un programme des plus éclectiques,
mélomane, n’avait décidé de créer un festival sur son domaine. Cette
in Patria exécuté par Rinaldo Alessandrini et son Concerto Italiano viendra clore
mêlant le classique au contemporain
année, le Glyndebourne Festival Opera fête ses 76 ans d’existence
la trilogie monteverdienne initiée en 2005. William Christie (photo) à la tête des
et des œuvres du répertoire à des créa-
avec six opéras. La nouvelle production de Billy Budd de Britten, mise
Arts Florissants fêtera le 30ème anniversaire de l’ensemble avec un concert consa-
tions mondiales (notamment théâ-
en scène par Michael Grandage sera suivie d’une autre nouveauté,
cré à Rameau. Autres point forts : les récitals de Max Emanuel Cencic (Haendel)
trales). Avec pour thème principal les
Don Giovanni avec Gerald Finley et Kate Royal (photo) en Giovanni et
et d’Andreas Scholl (Purcell) et, bien sûr, l’opéra-oratorio Il Trionfo del Tempo e
relations entre l’ancien et le nouveau
Elvira, sous la direction alternée de Vladimir Jurowski et Jakub Hrusa.
del Disinganno de Haendel interprété par l’ensemble Gabrieli de Paul McCreesh.
monde, depuis les explorations des
www.glyndebourne.com +44 (0)1273 813 813
www.festivalbeaune.com +33 (0)3 80 22 97 20
navigateurs européens au XVe siècle. Du côté musical, il faudra choisir entre flamenco, musique baroque bolivienne ou de la renaissance espagnole (avec les Tallis Scholars), mais aussi sympho-
Orange
Avignon
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15 juillet – 7 août
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7 – 27 juillet
nique (Mikhail Pletnev et l’Orchestre
Les Chorégies d’Orange mettent un point d’orgue à la
Avignon et son Palais des Papes érigé au XIVe siècle : un site unique et grandiose qui
National de Russie). Gabriel Garrido, le
saison des festivals du Sud de la France. Les amateurs
accueille depuis 1947 des productions théâtrales et chorégraphiques remarquables. Le
chef argentin, dirigera une curiosité ly-
d’opéras français auront rendez-vous avec la Mireille de
metteur en scène Christoph Marthaler et l’écrivain Olivier Cadiot sont les artistes asso-
rique : Montezuma de Graun (1704-1759),
Gounod. Le jeune chef Kwame Ryan dirigera Fazil Say et
ciés de l’édition 2010 qu’ils ont aidé à préparer. Passage obligé : la nouvelle création théâ-
un opéra historique qui raconte la
l’Orchestre National de Bordeaux dans une soirée 100%
trale et musicale de Marthaler et Viebrock intitulée Papperlapapp : on croirait déjà en-
confrontation entre les conquistadores
Tchaïkovski. Roberto Alagna interprétera Cavaradossi et
tendre la musique… Le Richard II de Shakespeare, mis en scène par Jean-Baptiste Sastre
espagnols et les aztèques. Enfin, Água,
Catherine Naglestadt le rôle-titre dans une Tosca mise
dans une nouvelle traduction, avec Denis Podalydès (photo) dans le rôle principal vaudra
une chorégraphie de Pina Bausch sera
en scène par Nadine Duffaut. Et, cerise sur le gâteau :
également le déplacement. Côté danse, on ira faire un tour au Cloître des Célestins où
certainement un des moments-clés du
Nathalie Dessay et Juan Diego Florez chanteront des airs
sera donné une création d’Anne Teresa De Keersmaeker (photo). Autres chorégraphes
festival.
tirés d’opéra de Bellini et Donizetti.
présents à l’occasion : Alain Platel, Cindy Van Acker, Josef Nadj,...
www.eif.co.uk +44 (0)131 473 2099
www.choregies.asso.fr +33 (0)4 90 34 24 24
www.festival-avignon.com +33 (0)4 90 14 14 60
Montpellier
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Montpellier-danse 18 juin – 7 juillet
Aix-en-Provence
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(Lire aussi notre article en page 18)
4 juin – 21 juillet
C’est un festival 100% danse qu’accueille l’attractive
Avec un Pygmalion, ballet de Rameau, dirigé par William Christie et Trisha Brown à la mise en scène, chorégraphie et scénographie, le fes-
cité de Montpellier. Comme chaque année, le choix
tival aixois commence très fort ! Et ce n’est qu’un début. Suit une nouvelle production de Don Giovanni à l’Archevêché, premier opéra repré-
sera difficile. Parmi les artistes invités, il y aura :
senté dans le cadre du festival en 1949… Comme un retour aux sources. Et comment passer à côté de cet Alceste de Gluck, mis en scène par
Gil Roman et le Béjart Ballet Lausanne, Akram Khan,
Christoph Loy – de passage en mai à Genève avec La Donna del Lago – , avec Véronique Gens (photo) dans le rôle-titre et Joseph Kaiser (photo)
Mathilde Monnier, Merce Cunningham, William
en Admète ? La musique contemporaine n’est également pas mise à l’écart avec une création, commande du festival : l’opéra de chambre
Forsythe… Ceux qui aiment les performances alliant
Un retour – El regreso d’Oscar Strasnoy représenté au Grand Saint-Jean, un site extraordinaire perdu au milieu des champs à 10 km d’Aix,
la danse à un autre art – en l’occurrence le dessin - ap-
avec son château du XVIe, sa chapelle romane du XIe… Quant à la série de concerts, elle ne demeure pas en reste avec, en priorité, Jordi
précieront It’s a draw de Trisha Brown conçu en 2002.
Savall et l’ensemble Hespérion XXI ; la résidence du London Symphony Orchestra sous la direction de Sir Colin Davis (Berlioz ; Beethoven,
Parmi les spectacles qui ont marqué l’histoire de la
Sibelius…) ; le récital de Matthias Goerne autour de Schumann et Brahms ; et enfin, des Vêpres de Monteverdi très attendues avec Paul
danse, on ira voir Rosas danst Rosas (1975), la pièce
McCreesh et son ensemble.
fondatrice d’Anne Teresa De Keersmaeker. Et peut-
www.festival-aix.com +33 (0)4 34 08 02 17
être que Mémoires d’Oubliettes de Jiří Kylián et Hora d’Ohad Naharin, créations de l’année, deviendront elles aussi un jour incontournables ?
www.montpellierdanse.com +33 (0)4 67 60 83 60
Verbier
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16 juillet – 1er août Elle avait marqué de son jeu félin l’édition
Festival de Radio-France 12 – 30 juillet
2009 : la pianiste chinoise Yuja Wang ou-
À défaut de devenir Prince de Septimanie, du nom
vre le festival valaisan sous la direction de
dont il voulait rebaptiser la région Languedoc-
Charles Dutoit avec la Rhapsodie roumaine
Roussillon, le très controversé Georges Frêche a eu
N°1 d’Enesco et le Concerto pour piano N°2
le temps durant son long règne (en cours) dans cette
de Bartók. Solistes et chefs prestigieux se
province de faire de Montpellier un haut lieu cultu-
partagent un programme une fois de plus
rel, comme en témoigne le Festival de Radio France
extraordinaire : Martha Argerich, Joshua
organisé pour la 25ème fois par le surintendant de la
Bell, Ian Bostridge, Gábor Takács-Nagy,
musique René Koering. Quelques perles rares atti-
Daniel Harding… Parmi les moments
reront les mélomanes avides de découvertes : l’An-
forts : l’intégrale des sonates de Schubert
dromaque de Grétry (que dirigera Hervé Niquet après
par Elisabeth Leonskaja (photo) ; les Suites
un King Arthur haut en couleurs l’été passé), Les Hauts
pour violoncelle solo de Bach par Natalia
de Hurlevent de Bernard Hermann, Piramo e Tisbe de
Gutman ou encore la soirée de clôture con-
Hasse avec Vivica Genaux (photo), l’Artemisa de Cavalli,
sacrée à l’opéra Salomé, interprété par de
L’Etranger de Vincent D’Indy avant, last but not least,
grandes voix lyriques (le retour de Gwyneth
une Fiesta Criolla version Gabriel Garrido que l’on ne
Jones !) sous la direction de Valery Gergiev
saurait que recommander.
(photo) (encore lui !).
www.festivalradiofrancemontpellier.com +33 (0)4 67 02 02 01
www.verbierfestival.com +41 (0)848 771 882
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ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10 7
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Munich
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25 juillet – 28 août
10
28 juin – 31 juillet
L’ombre du patriarche récemment disparu, Wolfgang, le petit-fils de Richard, planera
Tradition vieille de 130 ans, l’Opernfestspiele munichois accueille son public dans un cadre imposant : le
sur l’édition 2010 de Bayreuth. Les heureux mortels qui auront obtenu des places dans
Nationaltheater semblable à un temple grec et le Prinzregententheater, construit en 1901 sur le modèle
le grand temple wagnérien pourront assister à la nouvelle production de Lohengrin par
de Bayreuth. Plus de 30 représentations seront données parmi lesquelles on retiendra : Tosca – en ou-
Hans Neuenfels, avec Annette Dasch (à découvrir en décembre prochain à la Place
verture – avec Karita Mattila (photo) et Jonas Kaufmann sous la baguette de Fabio Luisi ; L’Elisir d’amore
Neuve) en Elsa et Jonas Kaufmann dans le rôle-titre sous la direction d’Andris Nelsons.
avec Rolando Villazón ; Die Frau ohne Schatten de Richard Strauss interprétée par Diana Damrau. Les
Très attendue aussi, la reprise du Parsifal de 2008 du jeune metteur norvégien Stefan
amoureux de Liederabende seront eux aussi comblés avec la venue de Vesselina Kasarova ou encore
Herheim (photo), sous la baguette de Daniele Gatti.
d’Agnes Baltsa.
www.bayreuther-festspiele.de +49 921 78 78 0
www.bayerische.staatsoper.de +49 (0)89 21 85 19 20
Montreux-Vevey
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Septembre Musical 27 août – 12 septembre
Salzbourg
Vérone
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25 juillet – 30 août
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18 juin – 29 août
Se rendre à Salzbourg, ville de l’enfant prodige, par un beau jour d’été : quoi de plus charmant ! Six
La région à elle seule en vaut le dé-
La tournée des festivals suisses s’achève dans
salles accueillent les différentes manifestations. Le Philharmonique de Vienne sera tour à tour dirigé
tour : Mantoue, Vérone, Vicence,
un cadre que Rousseau, le premier, avait dé-
par Daniel Barenboim (Beethoven, Boulez et Bruckner), Riccardo Chailly (Rihm et Bruckner), Riccardo
Padoue… Des villes de la Renaissance
crit comme « romantique » : face à la paisible
Muti (l’oratorio Ivan le Terrible de Prokofiev)… Et l’on retrouvera Patricia Petibon en Lulu. Avec un peu
italienne toutes plus belles les unes
Riviera, au-delà du Léman, les Dents du Midi
de chance, il restera des places pour aller écouter la Clytemnestre de Waltraud Meier dans Elektra ou la
que les autres. Les inconditionnels
affichent leurs parois à pic… un cadre unique
Norma d’Edita Gruberova face à l’Adalgisa de Joyce Di Donato. Et ceux qui auraient manqué Argerich,
de l’opéra se rendront directement
pour apprécier le talent de Grigory Sokolov
Kissin, Capuçon à Verbier, pourront se rattraper ici… s’ils se dépêchent de réserver leurs places !
aux fameuses arènes où cinq drames
(photo) qui interprétera Bach, Brahms et
www.salzburgerfestspiele.at +43 662 8045 500
lyriques seront représentés. À l’af-
Schumann. À noter également, la venue de
fiche : Turandot et Madama Butterfly avec la chanteuse chinoise Hui He
Jean-Yves Thibaudet au piano et de Charles Dutoit à la direction du Royal Philharmonic de Londres – orchestre invité – avec au pro-
Gstaad
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(photo) ; Carmen avec la prise du rôle 14
titre de la nouvelle venue Géraldine
12 août – 18 septembre
Chauvet ; Aida et, surtout, Il
L’Orchestre national de France sera égale-
La 54ème édition du Menuhin Festival, niché au
Déjà avec Orphée, l’Amour et la Musique ne fai-
trovatore avec Dmitri Hvorostovsky
ment présent, sous la baguette de Daniele
milieu de l’Oberland bernois, ouvre le bal des
saient qu’un. « Eros », c’est le thème autour duquel
en Conte di Luna et Marcelo Alvarez
Gatti, pour la 5e Symphonie de Gustav Mahler.
festivals helvètes le même jour que Verbier. La
le festival lucernois a construit son programme.
en Manrico. Les mises en scène sont
Et pour finir en beauté : l’imposante œuvre
thématique de l’année s’intitule « Entre ciel et
Fidelio, dirigé par Claudio Abbado (photo) mar-
toutes signées par le très traditio-
vocale de Schönberg, les Gurrelieder, inter-
terre ». Le programme fait la part belle aux com-
quera le début de cinq semaines musicales de
naliste Franco Zeffirelli : une sorte
prété par l’OSR et la Tonhalle de Zürich réu-
positeurs du monde germanique : Mahler – 5e
haut vol, où Roméo et Juliette côtoieront Pelléas et
d’hommage.
nies, avec Petra Lang (Waldtaube), Christine
symphonie, dirigée par Valery Gergiev – , Strauss,
Mélisande ou le Don Juan de Gluck. Ici encore, les
Brewer (Tove) et Stephen Gould (Waldemar).
Haydn, Brahms – Requiem allemand – et surtout
plus grands chefs seront au rendez-vous : Simon
Une œuvre fantastique que seul l’Audito-
Schumann, né il y a tout juste 200 ans ; trois soi-
Rattle – œuvres de Wagner, Strauss, Schönberg,
rium Stravinski peut accueillir en Suisse ro-
rées lui sont dédiées avec la résidence de musique
Webern et Berg, Nikolaus Harnoncourt, Franz
mande avec sur scène rien moins que deux
de chambre d’András Schiff : à ne pas manquer !
Welser-Möst,… Susanna Mälki et Pierre Boulez
orchestres symphoniques et un chœur !
Jordi Savall, Cecilia Bartoli (photo) et d’autres
dirigeront les œuvres du Suisse Dieter Ammann,
www.septmus.ch +41 (0)21 962 80 05
grands noms seront également présents aux côtés
compositeur en résidence. L’« artiste étoile », invi-
de jeunes talents que le public pourra découvrir
tée d’honneur de cette édition est Hélène Grimaud
gramme :
Tchaïkovski,
Liszt
et
Berlioz.
16 juillet – 5 septembre
Lucerne
lors de sept concerts matinaux.
à l’affiche de cinq concerts.
www.menuhinfestivalgstaad.ch +41 (0)33 748 83 38
www.lucernefestival.ch +41 (0)41 226 44 85
La saison (f )estivale
À vos agendas ! L’été s’approche à grands pas et avec lui les rendez-vous festivalesques annuels que les amoureux de l’art se réjouissent déjà de retrouver. Opéras, musique classique, théâtre, danse… Il y en a pour tous les goûts. Et si l’opulence de l’offre devait vous déconcerter, peut-être le cadre saura-t-il vous convaincre : montagnes suisses aux neiges éternelles ; mer Adriatique au bleu profond ; verte Angleterre ; soleil et cigales du Sud de la France ou encore paysages urbains grandioses … Faites vos choix !
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°3
www.arena.it +39 (0)45 800 51 51
Un dossier réalisé par Claire Brawand
Pesaro
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9 – 21 août
Les passionnés de Rossini, eux, pousseront leur chemin jusqu’à Pesaro, au bord de l’Adriatique. Ici se tient chaque année un festival dédié au maître du bel canto. À l’affiche de l’été 2010, trois opéras, témoins de l’évolution du compositeur : Demetrio e Polibio, son premier essai lyrique de 1806, un mélodrame en 2 actes ; Sigismondo, un drame de 1814, dont la première représentation à La Fenice fut un échec total ; et La Cenerentola, le dernier opéra bouffe composé en 1817 pour le public italien. La mise en scène de Damiano Michieletto (Sigismondo) qui montera Il Barbiere di Siviglia à la rentrée au Grand Théâtre avec Daniela Barcellona (photo) en prima donna.
www.rossinioperafestival.it +39 07 21 380 02 94 PHOTOS : © dr
Bayreuth
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opéra
Il barbiere di Si Elektr Die lustige I purita Orphée et Eurydi Pu Les Vêpres sicili Aix,L’Amour l'envolée des trois orange
PleinsFeux
Au commencement était la Cour de l’Archevêché, cour de service qui par la conviction et l’enthousiasme de Gabriel Dussurget devint en juillet 1948 un temple de la musique, du spectacle et de la voix. Le premier Festival eut lieu avec trois ou quatre concerts dans cette fameuse cour, un concert dans la cathédrale St-Sauveur et six autres concerts et récitals en divers lieux de la ville. À ces concerts s’ajouta un opéra, Cosi fan tutte de Mozart, oeuvre quasi-inconnue du public français à cette époque. C’est avec Don Giovanni l’année suivante que le festival prendra toute son ampleur. Le peintre Cassandre conçut les décors de la production et la cour se fit ainsi théâtre. Sous le Riche d’une longue et belle histoire, le Festival d’Aix-en-Prociel étoilé, un plateau vence s’articule aujourd’hui sur des axes complémentaires. de sept mètres de proIl y a certes la f idélité à Mozart, dont nous voulons mettre fondeur fut installé, en perspective les chefs-d’œuvre : cette année, Alceste de avec des décors mobiles Gluck entre en résonance avec Don Giovanni. Mais il y a ausdevant la toile de fond si l’opéra baroque - cette année, Rameau -, les classiques du et une machinerie à vingtième siècle, tel Le Rossignol de Stravinsky qui sera rel’italienne. L’événement visité par Robert Lepage, ou encore la création d'Un Retour suscita l’engouement d'Oscar Strasnoy : chaque été, nous présentons au moins un d’une large part des plus opéra en première mondiale. éminentes personnalités Grâce à l'Académie européenne de musique, Aix est aussi un de la vie artistique et litlieu de rencontre, de formation et de production pour des artéraire française, musitistes en début de carrière, et un espace de partage et de ciens, peintres, écrivains, pédagogie au sens large : nous travaillons avec les jeunes (y gens de théâtre, tous compris à la mise sur pied d’un orchestre) et les publics sorassemblés par le même cialement fragilisés. enthousiasme. Ainsi se Nous coproduisons avec des constitua une sorte de théâtres du monde entier creuset au sein duquel (Met, Scala, Covent Garden…) rencontres, échanges, et participons activement à projets et participations divers réseaux européens. contribuèrent et contriExcellence artistique, créatibuent encore à nourrir le vité et ouverture sont au cœur devenir du Festival. de notre mission, à laquelle les Pendant vingt-quatre équipes du festival se dédient ans, le théâtre de Casavec passion! sandre accueillit des Bernard Foccroulle productions lyriques qui Directeur général du Festival se multiplièrent et se diversifièrent rapidement.
La « magie Dussurget » tenait à son souci de symbiose entre l’exécution musicale, le choix des grands peintres, et la sélection d’interprètes avec, à la clé, la découverte de jeunes voix et de personnalités marquantes dont Aix assurera la notoriété. Ainsi naquit, dans l’enthousiasme de l’après-guerre, un premier festival dont le succès immédiat marqua définitivement la place d’Aix-en-Provence dans l’histoire de l’opéra. Succédant à Gabriel Dussurget, Bernard Lefort dédia le festival à partir de 1974 au bel canto. On vit à l’Archevêché l’irruption du chant italien du XIXe siècle et des vedettes du bel canto comme Caballé, Carreras, Horne et Ricciarelli. Bernard Lefort diffusa aussi sa fête du chant à travers la ville, installant pour plus de six ans l’opéra-bouffe sur la place des Quatres-Dauphins et sur la place des Cardeurs. Louis Erlo, qui prendra la tête du Festival en 1982 - sous le thème « fidélité et innovation » - réorienta le bel canto aixois vers Rossini et développa considérablement le répertoire baroque. Il rendit à Mozart sa place de référence, non seulement avec de nouvelles productions de grands ouvrages, mais en montant aussi des ouvrages de jeunesse, moins connus. Il proposa également quelques bijoux du XXe siècle tels que Prokofiev ou Britten. De 1998 à 2006, dans un théâtre de l’Archevêché restauré, Stéphane Lissner inaugura sa programmation par Don Giovanni. Il insuffla alors une nouvelle dynamique au Festival avec la création d’ateliers de construction de décors et de costumes à Venelles, permettant de décupler les coproductions internationales et de rendre le Festival plus autonome. En 1998, Lissner créa l’Académie européenne de musique, conçue comme un prolongement du Festival vers la pédagogie et la promotion des jeunes talents (musiciens, chanteurs, metteur en scène, chefs d’orchestre et compositeurs) en favorisant leur rencontre avec le public par des concerts, rencontres et master classes. Le Festival d’Aix-en-Provence confirma sa position de lieu d’excellence et de création à l’instar des plus prestigieux festivals d’art lyrique avec lesquels il collabore encore aujourd’hui. Dirigé actuellement par Bernard Foccroulle, le festival inaugure avec son édition 2010 un nouveau cycle qui consacre entre autre le retour du site de Grand Saint-Jean pour les productions lyriques de l’Académie, ainsi que le début d’une résidence pluriannuelle du London Symphony Orchestra sous la direction de Sir Colin Davis.
bal
Fauré / S
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Pina Bau La belle histoire Bach / Le Clavier bien temp ré
José Van Dam José Van Anne Schwan Anna Caterina
18
spectacle spe © Elisabeth Carecchio / Festival d’Aix-en-Provence
La petit
ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
asopéras opéras opéras opéras opéras opéras opéras opéras opéras opéra
sep ba iviglia Il barbiere di Siviglia Il Nov ra Elektra ElektraElektraElektra déc e Witwe Die lustige WitweDie lu ani I puritani I puritani Ifévpurita mar ice Orphée et Eurydice Orphée et Eu Avr unch and Judy Punch and Judy Punc mai iennes Les Vêpres siciliennes Les Jui es L’Amour des trois oranges L’Am PleinsFeux
lets ballets ballets ballets ballets ballets ballets ballets ballets ball
oct Schönberg Fauré / Schönberg Fauré / S
manet
Sed Lux Permanet
Sed Lux Perma
fév usch/ Néfes Pina Bausch / Néfes Pina Bausch mai éré Bach / Le Clavier bien tempéré Bach /
Préludes & Fugues
Préludes &
citals récitals récitals récitals récitals récitals récitals récitals réci
nov Jennifer Larmore Jennifer Larmore Jennife Déc Van Dam n Dam José Van Dam José Van Dam José fév newilms Anne SchwanewilmsAnne Schwanewilm mai na Antonacci Anna Caterina Antonacci Anna Cater
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Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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PleinsFeux
Une saison
sais Au seuil de ma deuxième saison à la direction générale du Grand Théâtre de Genève, j’ai souhaité aller à la rencontre des publics genevois, suisses et internationaux. Ma volonté est de construire des ponts, grâce à une harmonie collective des intentions et des visions. Ceci se concrétise dans les choix artistiques que j’ai le bonheur et la fierté de vous annoncer à l’orée de cette nouvelle saison. Un bâtisseur de ponts doit tenir compte de la tension des forces physiques à l’oeuvre dans son projet, du juste emploi du matériau souple et du matériau solide, de ce qui est à portée de main, et de ce qu’il fait venir de loin. Cette métaphore prend tout son sens lorsqu’on considère la construction de la saison qui nous attend. C’est ce défi que j’ai souhaité relever, comme on pourra le constater en lisant les détails de la programmation. Mais avant cela, rappelons les propos que Goethe tint au sujet de Die Zauberflöte : « Il suffit que la foule prenne plaisir à la vision du spectacle : aux initiés n’échappera pas, dans le même temps, sa haute signification. » C’est l’espoir qu’entretient toute l’équipe du Grand Théâtre et moi-même : que notre programmation sache combler l’initié autant que le néophyte et que notre public manifeste à nouveau sa fidélité et son enthousiasme pour une saison d’opéra et de danse toute en harmonie et en équilibre. Tobias Richter Directeur général
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toute en harmonie
Pour les aspects lyriques de cette saison, quatre opéras comiques répondront à quatre oeuvres de nature plus dramatique. Les productions d’ouverture et de clôture de cette saison l’enserrent dans un écrin de bonne humeur. L’une, un Barbiere di Siviglia de Rossini depuis longtemps absent de notre scène, offrira l’un des morceaux les plus aimés de l’opera buffa; l’autre, un Amour des trois oranges, réponse surréaliste à cette tradition, ajoutera un brin du délire comique russe de Prokofiev à la jovialité italienne de ses origines. On retrouvera cette symétrie dans l’agencement des oeuvres dramatiques. À la modernité puissante d’une Elektra de Richard Strauss, frémissant du désir de sang et de vengeance inspirés par une malédiction divine, répond la vaste fresque historique des Vêpres siciliennes de Verdi, dont la fin tout aussi sanglante et terrible est l’agencement de l’histoire humaine et non des dieux. Une entreprise ambitieuse, qui n’a pas été tentée depuis un certain temps, sera de réunir en une seule production toutes les forces vives du Grand Théâtre de Genève, son plateau lyrique, ses Choeurs et son Ballet. Pour cela il fallait une oeuvre d’art totale, un drame de «noble simplicité» qui annonce les grandes fresques du romantisme alors que le baroque n’a pas dit son dernier mot: l’Orphée et Eurydice de Gluck. Toute aussi dansante et chantante, mais certainement moins simple (du moins en ce qui concerne son intrigue à multiples rebondissements!) sera la production du temps des fêtes, Die lustige Witwe, une veuve joyeuse qui viendra répandre rires par millions pour la plus grande joie des nombreux amateurs d’une muse légère et pas du tout démodée. L’équilibre souhaité ne s’articule pas que dans l’harmonie des genres. Pour Genève l’internationale, il fallait un programme où les cultures et les langues se répondent avec la justesse d’un ballet. Strauss et Lehár font honneur à la langue allemande, avec les touches polyglottes de rigueur pour une Lustige Witwe qui sera tout autant une Veuve joyeuse ! Vincenzo Bellini, avec ses Puritani ; Rossini et Verdi feront honneur à l’Italie, mais sans sectarisme, puisque ce dernier y sera joué dans sa version française des Vêpres siciliennes. De même, nous avons préféré la version française, plus tardive que la version italienne, du chef-d’oeuvre de l’Allemand Gluck, tout comme la partition de la création, elle aussi francophone, du maître russe Prokofiev. Une excellente manière de montrer le rayonnement lyrique de la langue française autrement que dans son expression strictement hexagonale. L’électron libre de notre saison lyrique, la première suisse de l’opéra de Sir Harrison Birtwistle Punch and Judy, constituera un joker entre la comédie et le drame. Son livret, en langue anglaise aux textures joycéennes, autant que sa partition résolument avant-gardiste, prouveront l’importance d’affirmer la place d’une certaine tradition dans l’exécution de la musique contemporaine. La musique, sans laquelle l’harmonie n’est qu’un mot vide de sens... Pour la saison 2010-2011, le Ballet du Grand
Théâtre lui fera la part belle en ne dansant qu’aux accents de partitions exécutées en live. Arnold Schönberg et Gabriel Fauré offriront leur Verklärte Nacht et leur Requiem à Stijn Celis et Ken Ossola, pour le premier programme Sed Lux Permanet de la saison du Ballet. Emanuel Gat, lui, choisit les structures complexes et intemporelles du Clavier bien tempéré de J.S. Bach pour animer son Préludes & Fugues. Pour ponctuer l’année lyrique, les récitals offriront quatre temps d’intimité avec les très grandes voix de Jennifer Larmore, Anne Schwanewilms, Anna Caterina Antonacci et José van Dam. Les deux invités de cette saison parachèvent cette programmation toute faite d’équilibres. Le Tanztheater Wuppertal, avec Néfes, le souffle d’une fin de vie, celle de la regrettée Pina Bausch, aux rives du Bosphore, répond à une Petite Zauberflöte destinée à un jeune public aux prémices de son existence. L'un et l’autre sauront démontrer aux jeunes comme aux plus âgés, qu’en notre fin est aussi notre commencement. > CP
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ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
PleinsFeux
Repérages lyriques
son Il barbiere di Siviglia
Lorsque Beaumarchais fit jouer en 1775 la première pièce de sa trilogie de Figaro par la Comédie-Française, personne ne se doutait de l’avenir glorieux promis au Barbier de Séville. Quand Mozart en adapta le deuxième volet (Les Noces de Figaro) pour la scène lyrique, il avait suffi d’à peine dix ans pour que l’Europe entière connaisse déjà tout des amours du Comte et de Rosine, assistés par Figaro l’ingénieux homme-à-tout-faire. Avant Gioacchino Rossini, d’autres avaient adapté Le Barbier, et le jeune compositeur dut essuyer, lors de sa première en 1816, les huées des partisans de son prédécesseur Paisiello. Mais dès sa deuxième représentation, Le Barbier de Séville de Rossini fut un triomphe et reste encore aujourd’hui l’archétype du comique léger et mordant de l’opera buffa.
Elektra
L’Allemand Richard Strauss vit en 1903 une adaptation d’Electre de Sophocle, par l’Autrichien Hugo von Hofmannstahl et demanda au poète de l’adapter en livret d’opéra. Elektra, créée à Dresde en 1909, fut la première d’une série de collaborations entre les deux hommes. Entre leurs mains, les ténèbres et l’horreur de la tragédie grecque antique se distillent en un drame lyrique dont le seul thème est la vengeance. Le jeune Strauss y fit preuve d’un grand modernisme, en poussant plus loin l’exercice de la dissonance, des tonalités fluides et du chromatisme qu’il avait déjà expérimentés dans sa Salomé de 1905. Après Elektra, Richard Strauss revint vers un style plus conventionnel, celui de Rosenkavalier et d’Ariadne auf Naxos, qui lui valut le sobriquet de « dernier des Romantiques ».
Die lustige Witwe
La Veuve joyeuse Opérette viennoise qui pourrait prétendre au titre de la première comédie musicale, dans la tradition de Broadway ou du West End. Franz Lehár l’Austro-Hongrois qui la créa en 1905, savait sans doute que ses intrigues diplomatiques et galantes garantiraient son succès international. La version en langue anglaise était déjà sur Broadway en 1907, en 1909 à l’Apollo de Paris. Portée à l’écran, reprise, adaptée, traduite, persiflée, parodiée, cette Veuve joyeuse n’a pas pris une ride parce qu’elle se réinvente constamment pour ses publics, sans jamais renier son coeur d’or qui bat au rythme d’une heure exquise.
I puritani
Les Puritains Vincenzo Bellini traversa le ciel de l’opéra romantique comme une comète. En dépit de la courte existence qui lui fut impartie, il laissa à la postérité un répertoire où cumulent les superlatifs. Si le bel canto était un film, il en aurait signé le générique : « Casta diva » de Norma. Et il osa pour ses Puritains des sommets vocaux capables de mater le plus orgueilleux des ténors. Dans l'Angleterre du XVIIe siècle, déchirée par le conflit civil des Cavaliers et des Têtesrondes, Elvira et Arturo s'aiment, malgré les sympathies royalistes de ce dernier. Arturo devra aider sa reine à fuir en exil. Se croyant abandonnée, Elvira sombrera dans la déraison. Seul le retour de son amant proscrit, dont la tête est mise à prix par les Puritains, pourrait la guérir.
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
| N°3
Orphée & Eurydice
Fatigué des intrigues compliquées et de la virtuosité musicale creuse des opéras de son époque, Gluck voulait réformer l’art lyrique en y amenant une « noble simplicité », à la fois à la musique et au drame. Le résultat, Orphée et Eurydice (représenté ici dans sa version parisienne de 1774) est une œuvre d’art totale aux frontières des genres lyrique, choral et chorégraphique, et qui est peut-être le précurseur authentique de l’opéra moderne, tel que Berlioz et Wagner le concevaient.
Punch and Judy
Cette fable amorale, premier opéra du compositeur contemporain britannique Sir Harrison Birtwistle, créé en juin 1968 au festival d’Aldeburgh, transforme les coups de bâton et les brutalités comiques des personnages du théâtre de marionnettes traditionnel anglais en une action dramatique inquiétante. Une partition décapante et un livret aux textures verbales dignes de James Joyce font de cette oeuvre l’un des phares de l’opéra contemporain.
Les Vêpres siciliennes
Lorsque l’opéra se mêle de politique, le plein épanouissement de son destin artistique peut être compromis. Verdi, dont la musique fut l’un des principaux leviers de l’unité italienne au XIXe siècle, l’apprit à ses dépens avec ce drame passionné de la rébellion des Siciliens contre les Français en 1282. Ni la première version italienne de 1855, ni la version parisienne de 1863, n’entrèrent de suite dans le palmarès du compositeur. Mais dès l’unification de la péninsule, cette histoire d’un amour sur fond de soulèvement contre l’oppresseur, qu’on donnera ici dans sa version française, retrouvera ses droits de grande fresque verdienne historique et patriotique.
L’Amour des trois oranges
Serge Prokofiev arriva aux Etats-Unis en 1918 pour une tournée qui s’avéra triomphale, avec un projet d’opéra dans ses poches. Une farce italienne du XVIIIe, modernisée grâce à une bonne dose de surréalisme, fut donc proposée à la Chicago Opera Association lorsqu’elle s’approcha du jeune génie russe. Le public étasunien n’étant pas en mesure d’apprécier une œuvre comique en russe, et les connaissances en anglais du compositeur étant quasi inexistantes, c’est en français que l’opéra fut créé à l’Auditorium Theater de Chicago, sous la direction de Prokofiev, devant un public aussi étonné par sa dramaturgie néo-baroque que par sa musique que la critique de l’époque qualifia de « jazz russe aux ornementations bolchéviques ».
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e n Ballet
Entre danseur classique, danseur contemporain, professeur de danse contemporaine et classique, maître de ballet, chorégraphe, directeur du Conservatoire National de Lyon et directeur du Ballet du Grand Théâtre, on peut dire que Philippe Cohen a fait le tour de la danse dans ses grandes largeurs ! Sans jamais se départir de cette dimension humaine et affective qui le caractérise. Entretien à bâtons rompus.
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Petit flashback : quels étaient vos objectifs artistiques lorsque vous avez repris les rênes du ballet du Grand Théâtre en 2003 ? Le problème de l’époque était que le ballet, malgré ses formidables qualités et ses performances unanimement reconnues, ne tournait pas à l’étranger. Il bénéficiait déjà d’une excellente réputation, très forte grâce aux maîtres qui se sont penchés sur son berceau tels Serge Golovine ou George Balanchine, mais depuis il s’était comme refermé sur Genève et je souhaitais lui permettre de retrouver une audience internationale et un positionnement clair. Pour cela, au travers de mon parcours et notamment par ma précédente expérience de directeur du Conservatoire National de Lyon, j’avais eu la chance de visiter de nombreuses compagnies, d’en sentir les différentes essences mais aussi de former et d’appréhender les jeunes danseurs. Ce bagage très fort m’a permis de mener une réflexion approfondie sur le devenir d’une compagnie, d’y porter un regard relativement objectif et ouvert, sans jugement de valeur ou credo déterministe. Quelles ont été les actions entreprises pour redonner au ballet ce fameux rayonnement international ? J’ai fait le VRP et commencé à voyager pour rencontrer mes pairs sur le plan international tels l’Opéra de Paris, les ballets Cullberg etc. Je leur ai présenté mon projet pour savoir si j’étais sur la bonne voie. Plus personne n’avait vu récemment notre compagnie mais l’image était intacte. Le signal était donc positif ! J’ai aussitôt mis sur pied un programme important de tournées à l’international, des états-Unis à l’Australie, de l’Asie à l’Amérique du Sud que nous continuons depuis lors. Nous donnons entre 60 et 70 représentations par an et portons haut les couleurs du Grand Théâtre, et je dirais même de Genève toute entière. J’ai aussi contribué à installer une dynamique de créations, avec tous les risques que cela comporte, plutôt que ne faire que des reprises de chorégraphies existantes. En 2010, la compagnie va vivre une période charnière avec l’engagement de nouveaux danseurs suite à la reconversion de 7 danseurs de la compagnie. Comment gère-t-on un tel changement ? Nous vivons en effet un moment exceptionnel dans l’histoire du ballet avec l’arrivée prochaine de 7 nouveaux danseurs sur un effectif de 22, soit près d’un tiers ! Je ne m’attendais pas à un tel nombre cette année mais des propositions de reconversions sont arrivées plus tôt que prévu pour certains. Le grand public n’en est pas forcément conscient mais le métier de danseur est très éphémère. La carrière se termine autour des 30-35 ans. Ce n’est pas tant une histoire d’âge limite que de bon moment pour partir. Le challenge du recrutement a été très excitant. Pour la sélection des nouveaux danseurs, j’ai eu l’envie de donner une autre image du ballet, plus contemporaine mais avec des physiques plus académiques. 22 danseurs, ce n’est pas un corps de ballet, ce sont 22 solistes qu’il est essentiel de fédérer tout en respectant les individualités. Comment appréhendez-vous le métier de danseur ? Le danseur est un savant. On ne mesure pas l’étendue de ses connaissances, elles sont souvent intuitives, se déve-
loppent avec le temps. Le danseur dispose ainsi d’une formidable somme de connaissances absolument indispensables pour son métier : en morphologie, anatomie, musique, rythmique etc. Comme pour un médecin, il lui faut 10 ans d’études. C’est le métier artistique le plus injuste, il faut commencer très jeune pour seulement 15 à 20 ans de carrière, huit heures par jour sans compter les soirs et les week-end de spectacles. C’est un grand investissement de vie. Il faut en outre savoir gérer son émotionnel, sa fatigue car on ne peut pas faire semblant de danser, la scène ne pardonne rien. La dimension psychologique est également très importante car les danseurs grandissent vite, sont responsabilisés dès l’enfance et disposent d’une maturité beaucoup plus importante que celles d’enfants de leur âge. Cette fêlure donne par la suite des personnalités très attachantes, sensibles, avec une relation au corps particulière. Il est très agréable de les diriger. Cela consiste à la fois à les stimuler, les guider, de ne pas accepter l’à peu près, sans oublier que ce sont des écorchés vifs. La dynamique du groupe est aussi passionnante. Il faut à la fois être sous contrôle, sentir le groupe, travailler avec chacun individuellement pour qu’ils trouvent leur couleur propre mais jamais au détriment de la cohérence de l’ensemble. Trouver un son commun qui les réunisse. À l’approche de la saison 2010/2011, quelles envies ont orienté vos choix programmatiques ? Pour cette nouvelle saison 2010/2011, nous avons choisi de proposer en octobre deux créations – au sens premier du terme – des chorégraphes Stijn Celis et Ken Ossola, lesquelles s’appuient sur des œuvres musicales extrêmement fortes avec, pour le premier, La Nuit transf igurée de Schönberg et le Requiem de Fauré pour le second. Nous aurons également une création d’Emanuel Gat en mai sur la musique du Clavier bien tempéré de J.S. Bach qui ici aussi s’appuie sur une magnifique œuvre musicale. Ces trois chorégraphes, chacun dans leur nature, sont des êtres à la sensibilité exacerbée. Stijn Celis a une approche du mouvement très terrienne, ancrée dans le sol, qui nécessite un engagement physique assez rude. Ken Ossola est plutôt dans une gestuelle très nuancée, lyrique, voire organique et comme suspendue. Emanuel Gat pour sa part, a une espèce d’instinct de survie instinctif, intuitif, sans violence. On sent son bouillonnement intérieur, enveloppé de douceur, de raffinement et de sensibilité. C’est une danse qui ne se démontre pas. Nous allons également renouer avec la tradition de mettre ensemble les forces vives de la maison avec le Chœur et le Ballet du Grand Théâtre dans l’opéra Orphée et Eurydice, mis en scène et chorégraphié par le formidable Mats Ek. Enfin, nous allons accueillir Néfes de la compagnie du Tanztheater Wuppertal de la regrettée Pina Bausch. L’un des plus grands chocs artistiques que j’ai eu dans ma vie a été celui de découvrir l’œuvre de cette immense chorégraphe. J’ai quasiment tout vu. Je suis très heureux qu’elle puisse apporter une forme de testament au Grand Théâtre. Elle disait : « Je n’invente rien, je ne montre que ce qui existe autour de nous. » Elle a fait grandir la danse, l’a fait entrer dans son âge de maturité. > IP
© gtg / Gregory Bathardon / Magali dougados
L’homme
ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
e n Ballet
qui d a n s e
Trois moments forts dans la programmation de Philippe Cohen au Ballet du Grand Théâtre : De gauche à droite, Roméo et Juliette (J. Bouvier), Dov'è la luna (J.-C. Maillot) et Cendrillon (M. Kelemenis)
Saison 09 | 10 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0
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e n coulisses
Des voix bien soutenues BNP Paribas, une banque dont l’histoire
remonte à 1872, soutient depuis toujours des projets culturels par l’intermédiaire de la Fondation BNP Paribas Suisse. Interview exclusive avec Pascal Boris, Président de la Direction Générale de BNP Paribas (Suisse) SA et Président de la Fondation, à l’occasion de l’annonce de la création de la troupe de jeunes solistes en
© DR
résidence au Grand Théâtre de Genève, fondée grâce au soutien de la Fondation.
Pascal Boris, Président de la Direction Générale de BNP Paribas (Suisse) SA et Président de la Fondation BNP Paribas Suisse
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Créativité, engagement, ambition, voici quelques-unes des valeurs chères à BNP Paribas. Comment se traduisent-elles dans le choix de ses partenariats, notamment culturels? La Fondation a pour vocation de tisser des liens avec l’environnement de la banque et elle exprime bien évidemment ainsi, mais sur un autre registre, les valeurs de BNP Paribas. La créativité se traduit tout naturellement dans le soutien à l’expression artistique, mais plus particulièrement dans la promotion d’initiatives et idées nouvelles. Quant à l’engagement, il réside pour la Fondation dans l’encouragement de jeunes créateurs, d’interprètes de talent ou d’institutions nécessaires à la vie culturelle locale. L’ambition est celle de soutenir des projets de qualité, reposant sur une vision forte et pérenne mais aussi une exigence envers notre propre engagement afin de soutenir au mieux ces projets d’avenir. Au-delà d’un simple appui financier, la Fondation a l’ambition d’accompagner ses partenaires comme la banque accompagne ses clients : elle propose une aide sur mesure, apporte ses conseils et module son approche en fonction des projets. La collaboration avec le Grand Théâtre se développe sans faille depuis près de 10 ans. Quelle en est la genèse ? BNP Paribas a en effet noué, dès 1999, avant la création de sa Fondation, un étroit partenariat avec le Grand Théâtre de Genève. Cette initiative a permis la production
de plusieurs opéras : Púrpura de la Rosa, premier opéra baroque latino-américain, Madame de de Jean Anouilh, Le Tour d’écrou de Benjamin Britten, Orfeo de Monteverdi, puis en 2006, la production du magnifique Così fan tutte de Mozart. La banque est ainsi devenue un membre actif du Cercle du Grand Théâtre dans l’ambition d’apporter un appui essentiel à une institution reconnue pour ses créations et découvertes, et proche du grand public. Le partenariat avec le Grand Théâtre s’est ensuite développé avec les séances « Une heure avant » qui proposaient au public une introduction à l’opéra et quelques clés pour l’oeuvre présentée ensuite. Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet de jeunes voix lyriques en résidence au Grand Théâtre ? Ce projet répond entièrement et magnifiquement aux objectifs que la Fondation s’est fixés en permettant à la fois de soutenir de jeunes talents lyriques pour les accompagner vers l’avenir et d’aider une maison dont l’excellence et la renommée ne cessent de croître et à se doter d’une troupe de chanteurs en résidence. De plus, il a été évident dès les premières discussions que cette initiative permettait d’approfondir une collaboration riche en explorant de nouvelles pistes de partenariat. Ce projet, construit conjointement, concrétise l’engagement de l’institution qu’est le Grand Théâtre auprès de la relève lyrique grâce au partenaire solide qu’est la Fondation BNP Paribas. Comment s’articule votre soutien dans le détail ? Au-delà de la part que nous avons prise lors du développement de ce projet, nous intervenons de manière très importante en participant concrètement au financement de la rémunération des solistes. Ceux-ci sont engagés sur une période de trois ans et participent aux différentes productions du théâtre en fonction des rôles qui leur correspondent le mieux. Dès les premières discussions, Tobias Richter a su nous séduire par ce mode de collaboration qui permettra au public du Grand Théâtre de retrouver régulièrement l’esprit d’une troupe et des voix auxquelles il s’attache. En choisissant de devenir le partenaire fondateur de cette troupe, vous avez donné un signal fort, à la fois dans la collaboration avec le Grand Théâtre mais aussi vis-à-vis des jeunes artistes. Comment ressentez-vous justement la jeunesse artistique aujourd’hui ? Nous vivons une époque où par l’accès à la formation, par la multiplication des modes d’expression mais aussi, et il faut le souligner, par la diversité des cultures, l’émergence de jeunes artistes et de talents prometteurs est exponentielle. Cela me fascine souvent de voir le potentiel dans l’évolution de l’art contemporain, du spectacle vivant ou dans la relève de la musique aussi bien actuelle que classique. Mais cela signifie qu’il est aussi toujours
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plus difficile pour ces jeunes, passionnés et prêts à s’investir pleinement, de se distinguer et de pouvoir véritablement exercer leur talent. C’est pourquoi il est essentiel aujourd’hui que des entreprises s’engagent pour soutenir cette jeunesse et la soutenir durablement afin que les talents de demain puissent perpétuer, enrichir et transmettre à leur tour le patrimoine culturel qui est le bien commun de l’humanité. BNP Paribas en Suisse est également partenaire de nombreux autres lieux culturels ou artistiques tels que la Fondation Beyeler, et les grands musées suisses dont le Kunsthaus Zürich ou le Musée d’art et d’histoire de Genève, sans parler des événements sportifs en lien avec le tennis, indissociables de l’image de la banque. Comment s’orientent vos préférences en matière artistique et y at-il un fil rouge entre tous ? Nous ne parlons pas de préférences artistiques mais plutôt de mission en termes d’engagement. En matière de culture, cette mission est très claire pour la Fondation BNP Paribas Suisse : il s’agit de développer des programmes dans les domaines de la connaissance du patrimoine et de l’expression artistique. Tous nos programmes reposent sur cette volonté qui nous a donc menés à publier une série d’ouvrages présentant les richesses des musées suisses, à soutenir des restaurations de chefs d’œuvre appartenant à ces musées ou la création d’opéras par le Grand Théâtre, comme à nous impliquer dans la promotion du talent artistique. Notre Fondation a contribué notamment à la découverte d’œuvres musicales rares ou inédites et s’engage une nouvelle fois à favoriser l’émergence de jeunes interprètes, avec la création de cette troupe de solistes en résidence. Dans quelle mesure les clients de la banque de même que ses collaborateurs perçoivent-ils concrètement les collaborations entreprises ? Forte des liens très étroits tissés avec ceux qu’elle accompagne, la Fondation n’hésite pas à susciter des rencontres entre ses partenaires et le monde de la banque – personnel, clients, actionnaires. Autant d’échanges qui la placent au carrefour de découvertes réciproques et d’enrichissements mutuels. Qu’il s’agisse de conférences au sein de notre banque, d’invitations aux représentations du Grand Théâtre ou de visites de musées, nos collaborateurs et nos clients apprécient vivement d’être impliqués dans les actions que nous développons. On le constate également dans l’axe social puisque le Coup de Pouce, programme permettant aux collaborateurs d’être soutenus dans le cadre d’un engagement associatif, rencontre chaque année plus de succès ! Nous avons organisé au Grand Théâtre l’an dernier une soirée réunissant tous les acteurs de la Fondation, soirée qui a permis de riches échanges entre les différents univers soutenus par la Fondation. Enfin, être à la tête d’un établissement bancaire aussi prestigieux et important que la banque BNP Paribas n’autorise peut-être pas une grande disponibilité pour suivre l’actualité culturelle. Lors de votre temps libre, où vont vos préférences ? La culture est au contraire pour moi un besoin. Elle m’est nécessaire pour me ressourcer et nourrir mon activité professionnelle. Je me réserve tous les jours un moment pour m’évader par la lecture. En outre, ma position me donne la grande chance d’avoir accès à des réalisations très pointues, de pouvoir développer des rapports privilégiés avec des institutions d’une grande qualité, avec leurs dirigeants toujours animés d’un enthousiasme créateur et avec de nombreux artistes talentueux. J’assiste régulièrement à des représentations d’opéras et profite le plus souvent possible des musées en Suisse et ailleurs. Propos recueillis par Illyria Pfyffer
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© getty ymage / Ryan McVay
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Carnet du cercle
Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre
M. et Mme Olivier Dunant
s’est donné pour objectif de réunir toutes
Mme Denise Elfen-Laniado
les personnes et entreprises qui tiennent
Mme Maria Embiricos
à manifester leur intérêt aux arts lyrique,
Mme Catherine Fauchier-Magnan
chorégraphique et dramatique. Son but est
Mme Clarina Firmenich
d’apporter son soutien financier aux activités
Mme Pierre Folliet
du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son
Dr et Mme Patrick Fréchet
rayonnement.
M. et Mme Eric Freymond Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Bibi Gritti Mme Claudia Groothaert
Bureau Mme Françoise de Mestral, présidente M. Jean Kohler, vice-président M. Gabriel Safdié, trésorier
M. et Mme Philippe Gudin de la Sablonnière M. et Mme Urs Hodler M. et Mme André Hoffmann
Activgest SA Banque Audi (Suisse) SA Fondation BNP Paribas Suisse Fondation de la Haute Horlogerie H de P (Holding de Picciotto) SA JT International SA Lenz & Staehelin Mandarin Oriental, Genève MM. Mourgue d’Algue & Cie Notz, Stucki & Cie, SA SGS - Société Générale de Surveillance SA 1875- Finance SA
M. et Mme Philippe Jabre Mme Marie-Josèphe Jacquet M. et Mme Jean Kohler
Organe de révision : Plaf ida
Save the dates !
Autres membres du Comité
M. et Mme Pierre de Labouchère
Mme Diane d’Arcis
M. David Lachat
S. A. S. la Princesse Andrienne d’Arenberg
M. Marko Lacin
Conférence « Les Métiers de l’Opéra »
M. Friedrich Busse
Me Jean-Flavien Lalive d’Epinay
Ching-Lien Wu
Mme Muriel Chaponnière Rochat
M. et Mme Pierre Lardy
Chef du Chœur du Grand Théâtre de Genève
M. David Lachat
Mme Michèle Laraki
Le 31 mai 2010 à 18h15
M. Paul Saurel
Mme Charlotte Leber
Les Salons - Rue Bartholoni, 6 - 1204 Genève
M. Pierre-Alain Wavre
M. et Mme Guy Lefort Mme Eric Lescure
Assemblée Générale
Membres bienfaiteurs
M. et Mme Thierry de Loriol
Le 23 novembre 2010
Mme Elisabeth Augereau
Mme France Majoie-Le Lous
Suivie d’un dîner sur scène
M. et Mme Guy Demole Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Gonet & Cie, Banquiers Privés M. et Mme Pierre Keller MM. Lombard Odier Darier Hentsch M. et Mme Yves Oltramare Mrs Laurel Polleys-Camus SFG - Société Fiduciaire et de Gérance SA Union Bancaire Privée – UBP Wegelin & Co – Banquiers Privés M. et Mme Gérard Wertheimer
M. et Mme Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus Mme Anne Maus M. Olivier Maus M. et Mme Charles de Mestral M. et Mme Francis Minkoff M. Pierre Mirabaud M. et Mme Bernard Momméja Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue
Rejoignez-nous ! Nous serions heureux de vous compter parmi les passionnés d’arts lyrique et chorégraphique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes.
M. et Mme Philippe Nordmann
Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi
M. et Mme Alexander Notter
l’assurance de bénéficier des avantages suivants :
Membres individuels
M. et Mme Alan Parker
S.A. Prince Amyn Aga Khan
M. et Mme Shelby du Pasquier
• Priorité de placement • Service de billetterie personnalisé • Echange de billets • Dîner de gala à l’issue de l’Assemblée Générale • Cocktails d’entractes réservés aux membres • Voyages lyriques • Conférences thématiques
S.A Princesse Catherine Aga Khan M. et Mme Kofi Annan Mme Diane d’Arcis LL. AA. SS. le Prince et Princesse Etienne d’Arenberg M. et Mme Gérard Bauer Mme Jean-Claude Bellan M. et Mme Pierre Benhamou Mme Maria Pilar de la Béraudière M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna M. Alain Boucheron Comtesse Brandolini d’Adda Mme Robert Briner Mme Nicole Bru M. Friedrich Busse Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière Rochat Mme Anne Chevalley M. et Mme Neville Cook M. Jean-Pierre Cubizolle M. et Mme Claude Demole M. Manuel J. Diogo Mme Virginia Drabbe-Seemann Lady Grace Dudley
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Membres institutionnels
Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Gilles Petitpierre Mme Fabienne Picard M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Bruno Prats Mme Françoise Propper Mme Karin Reza M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint Pierre M. et Mme Paul Saurel M. et Mme Julien Schoenlaub Mme Anne Segré
« Les Métiers de l’Opéra »
• Visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre. Rencontre avec les artistes
• Possibilité d’assister aux répétitions générales • Abonnement au journal ACT-O • Envoi des programmes • Vestiaire privé
Marquis et Marquise Enrico Spinola Mme Christiane Steck
Pour recevoir de plus amples informations sur les
M. et Mme Riccardo Tattoni
conditions d’adhésion au Cercle, veuillez contacter
M. et Mme Kamen Troller
directement :
M. et Mme Richard de Tscharner M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen
Madame Gwénola Trutat (le matin, entre 8 h et 12 h)
M. et Mme Olivier Vodoz
T + 41 022 321 85 77
M. Gerson Waechter
F +41 022 321 85 79
Mme Véronique Walter M. et Mme Pierre-Alain Wavre
cercle@geneveopera.ch
Mme Paul-Annik Weiller
Cercle du Grand Théâtre de Genève
Comte et Comtesse Massimiliano
Boulevard du Théâtre 11
Zanon di Valgiurata
1204 Genève
ACT.0 | N°2 3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Carnet du cercle
C’est un endroit unique au monde. Tel un musée en miniature niché au cœur de la vieille ville. Son créateur, Roger Grütter y réalise à 90 ans passés, des maquettes de décors d’opéra en tout point fidèles à l’original. Entretien avec un imprimeur
© GTG/yunus durukan
tombé dans l’opéra presque par hasard. Vous étiez imprimeur d’art. Comment vous est venue l’idée de réaliser des maquettes d’opéra ? J’avais 45 ans. Un jour, nous nous rendons à Vienne avec un ami – imprimeur italien de son état – pour réaliser un livre. Connaissant la réputation de l’opéra dans cette ville nous décidons d’entendre Les Noces de Figaro. Ce fut comme une révélation. Sachant que le bicentenaire de La Scala de Milan approchait, j’ai demandé à cet ami de m’organiser un rendez-vous avec le directeur de la prestigieuse maison pour lui proposer de créer un coffret sur la Scala. Celui-ci me reçoit et je lui présente des ébauches d’un livre de 350 pages en couleur qui fait bien la taille d’une petite valise car il retrace les noms de tous les artistes qui ont chanté à la Scala depuis 200 ans ! Je lui montre également mon projet de maquettes de décor à monter du Barbier de Séville et d’Aïda ainsi que six disques complétant le coffret. Devant son accord sur le projet mais à cause du manque de financement, j’ai pris contact avec l’Encyclopedia Britannica et me suis rendu au siège à Chicago avec mon idée sous le bras. Ils m’ont reçu avec enthousiasme ! Et nous avons ainsi réalisé 5000 exemplaires numérotés de cet ouvrage ! Lors de ma rencontre avec le directeur de la Scala, j'ai eu l'honneur de collaborer avec Nicola Benois, son décorateur depuis 40 ans. Russe d'origine, il m'a encouragé à concrétiser une nouvelle idée : j'ai pensé que le Bolchoï pouvait être
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Les rencontres du Cercle
Au pays des petites merveilles intéressé par le même concept pour les 200 ans de l’opéra et j’ai rencontré le directeur. Il m’a dit « Niet pour l’opéra ». Je n’ai pas eu le temps d’être peiné qu’il ajoutait déjà « je veux l’opéra ET le ballet » ! Et c’est ainsi qu’est né cet opus imposant pour le Bolchoï avec des maquettes de décors de Boris Godounov, Ruslan et Ludmilla et Le Lac des Cygnes. Depuis quelques années, vous vous êtes presque exclusivement consacré à la réalisation de maquettes de décors d’opéras. Oui, depuis sept ans, j’ai réalisé environ 86 maquettes qui partent un peu partout à travers le monde : New York, San Francisco, Mexico, Moscou etc. Pour réaliser ces décors, j’aime être fidèle à la mise en scène originale. J’ai amassé un nombre impressionnant de documents d’époque dont certains sont introuvables aujourd’hui. Ma bibliothèque contient plus de mille livres d’art car j’aime être certain de trouver les réponses à mes questions… Votre maquette la plus insolite ? Un jour une dame me demande une maquette de La Scala avec des dimensions vraiment très petites : moins de 30 cm ! Je lui demande pourquoi une telle taille et elle me répond par ce trait charmant : « c’est pour la poser sur ma table de nuit. Ainsi je pourrais penser à la Scala en m’endormant ». Je suis heureux de pouvoir faire rêver les gens. Les maquettes de Roger Grütter sont visibles au 19 rue de la Cité à Genève.
Dessin de costume de Boris Godounov (Au-dessus) Roger Grütter avec la maquette du décor de Boris Godounov. Derrière lui, le fameux coffret du bicentenaire de la Scala.
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didactique
voyage autour d'une
© GTG/yves montandon
scénographie lequel la séduisante Lulu va être engloutie. Metteur en scène de théâtre, qui depuis une dizaine d’années aborde avec bonheur le monde lyrique, auteur de nombreuses pièces de théâtre et directeur de l’OdéonThéâtre de l’Europe à Paris, Olivier Py aime parler et sait parler... Alors, même si les étudiants fascinés par ce personnage hors du commun, n’ont brillé ni par l’originalité, ni par la profusion de leurs questions, il est parvenu à captiver son auditoire par les réflexions métaphysiques et philosophiques dont il nourrit ses mises en scène. Au cours de la répétition scène et orchestre qui a suivi cette rencontre et à laquelle les étudiants étaient invités, le mystère caché au cœur de l’imposant décor bariolé s’est progressivement déchiré, pour donner un sens à la débauche de couleurs à laquelle Olivier Py et Pierre André Weitz n’avaient jusqu’à présent pas habitué les spectateurs. >KA
Les élèves de huit classes de collèges genevois – maturité professionnelle, 4ème gymnasiale, 4ème OS allemand, 3ème et 4ème musique – sélectionnés pour assister à la répétition générale de l’opéra Lulu d’Alban Berg, étaient invités, dans le cadre d’un parcours pédagogique, à une rencontre, le jeudi 28 janvier dernier, avec le metteur en scène Olivier Py et son scénographe Pierre-André Weitz. Des membres du club Labo-M s’étaient joints à eux pour ce face à face exceptionnel mis en place en fin d’après-midi, entre deux répétitions. Pour l’occasion le rideau de fer était resté ouvert laissant apparent le décor expressionniste saturé de couleurs imaginé par les deux artistes qui, pour répondre aux questions des étudiants, s’étaient assis au bord de la fosse d’orchestre, face à leur public. Olivier Py s’est longuement expliqué sur son approche du chef-d’œuvre de Berg relayé par Pierre-André Weitz, son complice de plus de vingt ans, qui a présenté sa propre vision du monde interlope dans
Du 5 au 7 février 2010 se sont retrouvés à Genève une quinzaine de jeunes amateurs d’art lyrique, venus de tous les coins de l’Europe, de Madrid à Vienne, en passant par Dresde, à l’occasion de la trilogie de spectacles organisés par le club Labo-M et le service marketing et commercialisation du Grand Théâtre. Ce weekend s’inscrivait dans le cadre de Juvenilia (www. juvenilia.org), le réseau qui regroupe les clubs jeunes d’opéra d’Europe et sert de plate-forme d’échanges et de rencontres pour la promotion du public jeune. En trois journées, les membres de Juvenilia qui avaient fait le déplacement à Genève ont pu voir un concentré de ce que peut offrir une maison d’opéra comme le Grand Théâtre : récital, spectacle de ballet et opéra, sans compter les visites des ateliers de costumes et décors et du Grand Théâtre lui-même.
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En guise d’introduction, nous avons visité la maison d’opéra de fond en comble, passant des cintres aux loges, puis dessous de scène, découvrant l’importante machinerie, avant de faire notre entrée dans la salle de 1500 places pour admirer la belle voie lactée et la paroi monumentale du rideau de feu conçus par Jacek Stryjenski. Puis, pour lancer la soirée, le verre de l’amitié offert par le Grand Théâtre à ses jeunes hôtes sous les mille feux des lustres du foyer. On se laissa ensuite porter par les Dichterliebe de Schumann, grâce à Simon Keenlyside, baryton. Enfin, après le voyage musical, le moment culinaire helvétique par excellence, avec une dégustation de fondue. Le samedi, nos pas ont parcouru les ateliers de costumes et décors du Grand Théâtre à la Jonction. On s’émerveille devant les maquettes des spectacles à venir, on découvre
© GTG/DR
Juvenilia, trois journées exubérantes
Juvenilia découvre les dessous de l'atelier de costumes...
costumes de toutes tailles et époques, on s’amuse devant la multitude de chaussures, perruques et autres armes factices. C’est la caverne d’Ali Baba. Ensuite, pour se préparer à la soirée ballet qui s’annonce le soir même, nous nous arrêtons quelques instants pour voir la compagnie qui répète une de ses pièces de répertoire, Para-Dice, une chorégraphie de Saburo Teshigawara. Nous avons la chance de bavarder un moment avec Grant Aris (maître de ballet) et
Madeline Wong (danseuse). Le soir, nous nous retrouvons au Bâtiment des Forces Motrices pour un entretien avec Philippe Cohen, directeur du ballet, qui nous présente le magnifique programme de trois pièces de danse que nous allons voir : Blackbird de Jiri Kylian, Dov’è la luna de Jean-Christophe Maillot, et enfin Être d’Éric Oberdorff. Une immersion délicate et touchante dans les émotions humaines et les pas de deux de la vie. Dimanche, Olivier Py nous attend pour une rencontre de haut vol, dans laquelle nous croisons l’expressionisme allemand, les pensées nietzschéennes, le côté sombre de Frank Wedekind, ou encore Dieu le père. Il parle, il parle, et on pourrait l’écouter toute la journée tant il offre de brillants éclairages et réflexions sur l’art, la philosophie, l’opéra et Lulu. Avant la plongée dans l’œuvre de Berg, un tour dans la vieille ville
s’impose pour s’imprégner de Genève la protestante, le mur des Réformateurs, la cathédrale Saint-Pierre et sa tour Nord qui offre une vue panoramique de la cité genevoise, après, on se réchauffe autour d’un chocolat chaud. Puis Lulu est à nous, on plonge dans l’univers de cette « reine de la nuit », de la séduction et de la mort, interprétée avec force par Patricia Petibon. Plus de trois heures de musique dodécaphonique qui s’envolent l’air de rien, emportés que nous sommes par une mise en scène percutante. Choc des couleurs, ivresse des sensations, emballement des sens. Les yeux pétillants et les oreilles qui résonnent encore des airs entendus pendant le week-end, les participants rentrent chez eux comblés. Avec une envie, revenir au Grand Théâtre de Genève. Julie Wynne Relais Labo-M
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didactique
« à quand un crossover Laura Mancilla a découvert l'opéra au Grand Théâtre de Genève à l'âge de 12 ans. Les débuts furent relativement difficiles pour elle, mais elle a appris à apprécier l´art lyrique et elle fait partie désormais des fidèles du GTG. Elle a toujours voulu faire partie du groupe des Relais Labo-M, mais étudiant à Lausanne, il lui était impossible d´y participer. Désormais travaillant à Genève, elle est heureuse de pouvoir promouvoir l'opéra auprès des jeunes. Laura Mancilla, l’âge idéal pour découvrir l’opéra ? C’est un art qui doit mûrir lentement dans le cœur de chacun. À 12-13 ans, la personnalité et les goûts s’affirment. Plus tôt, la trame d’un opéra peut être trop compliquée, l’enfant perdra patience et peut renoncer à poursuivre sa découverte. La dernière sortie nocturne de Laura Mancilla ? Je suis partie à Zurich, le dimanche 7 mars, pour le concert de La Roux, une artiste pop anglaise. Qu’est-ce qui pourrait y avoir à l’affiche au Grand Théâtre pour te persuader de renoncer à cette sortie ? Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner. Lors de la saison 2006-2007, ce fut une découverte lyrique que je ne saurais oublier et que j’aimerais renouveler. J’arrive au GTG au bras de.... De ma sœur de manière générale. Pourtant j’aimerais bien pouvoir partager cet intérêt avec mes amis. Malheureusement, je n’ai pas encore réussi à leur faire naître la fièvre de l’opéra. À leur yeux, c’est un art inaccessible et lointain… et cher. Il y a, de plus, un fossé de générations qui nous sépare de la majorité des spectateurs.
Ce soir, pour aller au Grand Théâtre, je mets...? S’il s’agit d’un samedi soir, je sors mes Converse et mon jeans slim leg pour ensuite plonger dans une soirée électronique dans un lieu alternatif (à l’Usine, par exemple). Sauf quand je suis au parterre où je m’habille plus élégante. En revanche, s’il s’agit d’un dimanche soir, je sors mes mocassins, ma jupe droite et mon veston de collégienne anglaise. L’opéra que je rêve de découvrir, dans la salle que je rêve de découvrir... J’aimerais voir Norma de Bellini à La Scala et me laisser envoûter par la fameuse « Casta Diva ». Mon coup de coeur cette saison au GTG? Lulu d’Alban Berg. C’est la première fois que j’ai autant apprécié une œuvre moderne, à ma grande surprise. De manière générale, j’aime une œuvre si elle m’apporte de fortes émotions lyriques, Wagner étant ma référence. Lulu, moderne et dodécaphonique, ne le permet pas facilement. Cependant, la mise en scène d’Olivier Py a su transporter le spectateur dans un univers coloré et rocambolesque et a permis une symbiose totale avec la musique. Un mot dans l’oreille de Tobias Richter...? Jeff Mills, un des pionniers de la musique techno de Détroit, a interprété, en 2005, aux côtés de l’Orchestre symphonique de Montpellier, une sélection de ses compositions, orchestrées par Thomas Roussel. Cher Monsieur Richter, à quand un crossover techno-lyrique au Grand Théâtre de Genève ? Rien de tel pour rafraîchir et redynamiser le GTG ! Propos recueillis par Christopher Park
© GTG/DR
techno-lyrique ? »
Labo-M entame sa deuxième saison au Grand Théâtre. Le club jeunes réunit environ 170 adhérents. Pour faire connaître le Grand Théâtre, douze membres de Labo-M ont accepté une mission particulière : ce sont les relais Labo-M. Laura Mancilla fait partie maintenant de cette équipe. Elle livre aux lecteurs d’ACT·O les raisons de son engagement.
« Pointe, pointe, POSE ! Pointe, pointe, POSE ! » La tranquillité matinale qui règne habituellement dans les salons du Grand Théâtre a été, le temps d’une semaine, perturbée par les classes participant à l’atelier mouvement du programme pédagogique de La Calisto. La voix des maîtres à danser rivalise avec la sono, les fous rires et les récriminations (« J’ai mal aux genoux/orteils/ mollets !!! ») alternent avec la concentration et l’écoute attentive de chaconnes et de passecailles venues du fin fond du XVIIe siècle. Toujours à l’affût de nouvelles pistes pour familiariser les jeunes avec les oeuvres qu’ils
© GTG/Yunus Durukan
Quelques pas au temps de Cavalli
découvrent en participant au programme Les Jeunes au coeur du Grand Théâtre, l’idée d’un atelier mouvement autour de la production de La Calisto au BFM en avril 2010 dans l’ambiance néo-baroque du Grand Foyer s’est imposée tout naturellement à ses animateurs, après le succès de l’atelier Valse viennoise et polka, autour de Die
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Fledermaus en décembre 2008. Un véritable travail d’équipe s’est mis en place: Kathereen Abhervé à la logistique, l’organisation et l’accueil; Elisabeth Laurent, ancienne danseuse du Ballet du Grand Théâtre à l’animation, avec le soussigné, et Alejandro Alvarez, qui a généreusement servi de conseiller artistique, et
Dorra Dhouib, stagiaire MPC, aux platines, ont assuré le contenu des cinq ateliers de 90 minutes. Nos collègues des services techniques du Grand Théâtre ont aussi donné de leur temps et de leur expertise pour garantir la meilleure ambiance possible: Marcel Géroudet, Michel Blessemaille et Catherine Stüppi ont ouvert la réserve de costumes et de chaussures pour les animateurs, afin de leur donner le look baroque nécessaire, Michel Boudineau et son équipe audio-video ont mis à disposition la sono (en l’absence des gambistes et luthistes dont nous rêvions) et un grand merci aux
habilleuses et habilleurs pour les réparations et l’entretien des costumes pendant les ateliers ! Et les élèves ? Pas facile de se retrouver dans les rythmes d’une époque dont la plupart d’entre eux n’ont que de très vagues notions. L’Escalade, peut-être ? Louis XIV, c’est qui ? Mais avec quelques explications et portés par la battue à trois temps, infatigable, de chaconnes de Cavalli, Purcell, Marais et Rameau, ils s’essayent à la baroque attitude. Certains avec plus de grâce que d’autres, peutêtre, mais tous ont joué le jeu et certains se sont même découvert un sens du mouvement qu’ils ne soupçonnaient pas. >CP
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didactique Agenda
La chronique de JAcques Schmitt
Côté pile côté face
Heurs et malheurs d'un critique musical
Côté pile. Quel beau métier ! De toute mon existence, jamais je n’ai été aussi bien traité que depuis que j’exerce le métier de critique musical. Sans parler du nombre incommensurables d’invitations à participer à des concerts et autres spectacles qui font de mon existence un va-et-vient continuel entre des théâtres de toutes sortes, accepter une invitation déclenche un rituel implacable d’amabilités douces comme la caresse d’un chat. Arriver au théâtre à la dernière minute un soir d’une première, et alors que l’excitation et la nervosité de tous est à son comble, être reçu par le sourire radieux de la responsable des relations avec la presse qui s’empresse de me remettre ma place. Bien sûr, parmi les meilleures de la salle. On s’enquiert de ma santé, de celle de ma famille, de celle de mon chien, de ce que je n’ai pas eu trop de problèmes pour parquer ma voiture. Toujours aux petits soins, avec des bienveillances qui ne sont servies qu’aux têtes couronnées ou à de grands malades, je me vois offrir une coupe de champagne quand ce n’est pas une invitation au cocktail dînatoire prévu à l’issue du spectacle. On n’est pas loin du massage relaxant ! Côté face. Dans le catalogue des festivités qui me sont offertes, le cocktail d’après spectacle en présence des artistes est à lui seul, la punition dont les empressements du début de soirée ne sont qu’un maigre salaire pour cette infâme corvée. Une manifestation que j’abhorre. M’imaginer flatter un soliste qui m’a saoûlé de fausses notes pendant tout le spectacle ou qui était aussi théâtralement impliqué sur scène qu’un pot de yoghourt reste contraire à mes principes d’honnêteté. Mais, échapper à cet impératif mondain tient souvent du parcours du combattant. J’ai plusieurs fois tenté de mettre en avant mon grand âge et ma nécessité d’avoir mes heures de sommeil pour me remettre du malheureux spectacle auquel je venais d’assister, mais cette excuse a rarement eu gain de cause. Evitant soigneusement mes bourreaux musicaux ou théâtraux du soir, je me colle à mes collègues d’ailleurs sans pouvoir exprimer franchement mes sentiments. Si l’excitation du moment me fait lâcher quelques impressions, j’ai immédiatement au cœur l’inquiétude qu’elles vont f inir dans les colonnes de leur journal. C’est, je l’avoue, bien stupide. Ils sont rarement de mon avis. Alors je me retrouve à échanger les remarques critiques les plus ordinaires sur l’inventivité ou au contraire la banalité des amuse-gueules qui sont offerts à nos dégustations. >JS
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Opéras
La Calisto
Dramma per musica en un prologue et trois actes de Pier Francesco Cavalli 13, 15, 17, 20, 22, 24, 26 et 28 avril 2010 à 20 h 18 avril 2010 à 17 h Direction musicale Andreas Stoehr Mise en scène Philipp Himelmann L’Orchestre de Chambre de Genève au BFM, Salle Théodore Turettini Sur un livret délicieusement licencieux, Cavalli nous offre une fantaisie érotico-baroque qui touche à la farce et au drame. Diffusion du spectacle sur Espace 2 le 12 juin 2010 à 20h00.
La Donna del lago
Melodramma en deux actes de Gioacchino Antonio Rossini 5, 7, 11, 14, 17 mai 2010 à 20 h 9 mai 2010 à 17 h Direction musicale Paolo Arrivabeni Mise en scène Christof Loy Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Nouvelle production Un poème épique de Walter Scott, les brumes, les montagnes et les lacs du Nord influencent le romantisme des compositeurs italiens, et inspirent à Rossini une oeuvre qui partage avec Il Barbiere l’honneur d’être considérée comme le chef-d’oeuvre du compositeur. Conférence de présentation par Chantal Cazaux le 4 mai 2010 à 18h15 au Grand Théâtre de Genève. Dédicace le 9 mai 2010. Pour les amateurs de Joyce DiDonato, une séance de dédicace sera organisée à l'issue de la représentation. Diffusion du spectacle sur Espace 2 le 12 juin 2010 à 20h00.
Récitals Patricia Petibon 2 mai 2010 à 20 h au Grand Théâtre de Genève « Rossignols amoureux » C’est en détaillant les sortilèges enchanteurs de l’oiseau des amants que la soprano Patricia Petibon effectua sa percée, il y a quelques années, dans une production remarquée d’Hippolyte et Aricie de Rameau. Vesselina Kasarova le 23 juin 2010, à 20h00, au Grand Théâtre de Genève Tel Orphée avec sa lyre, la mezzo bulgare séduit, charme et fait chavirer les coeurs. Lorsqu’elle apparaît au Festival de Salzbourg en 1992, une étoile venait de naître au firmament lyrique. Depuis, les grandes scènes internationales se la disputent. Connaissez-vous l’opéra ? Vous aimez l’opéra ? Vous aimeriez en savoir plus ? Pierre Michot, musicologue, vous propose une approche à la fois historique et thématique largement documentée par des extraits de musique, de films et des images. Mercredi 28 avril: à quoi sert l’orchestre ? Mercredi 19 mai : les formes musicales et leur rapport à la dramaturgie. Au Foyer du Grand Théâtre de 12h15 à 13h45. Une collation vous est offerte avant la conférence Diffusion radio Tous les spectacles lyriques du Grand Théâtre de Genève font l’objet d’une retransmission en direct ou en différé sur la Radio Suisse Romande, Espace 2 (Fréquences FM 100.1 et 101.7). La plupart de ces diffusions sont reprises par des radios du monde entier dans le cadre des échanges de l’UER. Diffusion Dans l’émission « À l’opéra » le samedi de 20h à minuit. Une production de Paul-André Demierre.
Alice in Wonderland
Site internet Le Grand Théâtre de Genève lance une nouvelle version de son site internet. Une ligne graphique intégralement remaniée. L'objectif est d'offrir une meilleure lisibilité des contenus et de dynamiser les présentation des informations relatives aux productions. De nouvelles rubriques et fonctionnalités ont également été ajoutées, rendant le site internet encore plus attractif pour les utilisateurs. www.geneveopera.ch
Concert-rencontres: Autour d’Unsuk Chin le 30 mai 2010 au foyer du Grand Théâtre de Genève, à 20 h (voir p. 12/13) Rencontre avec la compositrice et soirée musicale. En collaboration avec l’Ensemble Contrechamps.
Erratum
Opéra en deux actes et huit tableaux de Unsuk Chin 11, 14, 17, 22, 24 juin 2010 à 20 h 20 juin 2010 à 17 h Direction musicale Wen-Pin Chien Mise en scène Mira Bartov Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Nouvelle production Cet Oxfordien honorable aurait-il pu se douter que l’histoire qu’il racontait en ramant sur la rivière Isis et qu’il publia trois ans plus tard sous le pseudonyme de Lewis Carroll, allait devenir un bestseller, un modèle de littérature enfantine ?
Conférence de présentation par Daniel Dollé le 10 juin 2010 à 18h15 au Grand Théâtre de Genève.
Une coquille s'est glissée dans la date de construction du Palais Bru Zane (p. 27 du ACT-0 n°2). Il a bien été construit en 1695 et non en 1965.
ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
Sou t en i r l e s jeun e s tal en ts .
Shani Diluka - Pianiste
Quai Turrettini . 1201 Genève www.mandarinoriental.com 31
24h
Jurassien d’origine et issu d’une famille
24 h
de menuisiers depuis trois générations, Michel Chapatte a découvert le monde de l’opéra à l’âge de 21 ans et ne l’a plus quitté. Depuis 15 ans au Grand Théâtre de Genève, il est aujourd’hui chef des ateliers décors et garde intact le feu sacré.
à de nombreuses professions au sein de l’opéra, cesse son activité au moment où le spectacle commence.
© GTG/Yunus DURUKAN
Portrait d’un homme qui contrairement
dans la vie de
Michel Chapatte
«
Depuis 15 ans, j’entends dire « on y arrivera pas ». À force d’entendre ce refrain tous les jours, je suis devenu plus flegmatique…
>
»
7 h Tordons le coup aux idées reçues, l’opéra n’est pas qu’une affaire de noctambules. Aux ateliers, Michel Chappatte est sur le pont dès potron minet ce qui lui permet d’intervenir sur le plateau si la situation l’exige et de disposer d’une heure pour effectuer les derniers changements ou livrer du matériel avant l’arrivée des machinistes. De manière générale, son travail se situe largement en amont de la production et s’intensifie depuis le montage jusqu’à la pré-générale, soit dix jours environ, pour voir bouger le décor et faire les rajouts ou corrections nécessaires, notamment lorsque le décor fait trop de bruit lors de ses déplacements « un souci constant dans le monde du théâtre » concède-t-il. Par exemple pour Lulu, il a du mettre des guides pour faciliter la mise en place de la machinerie lors des précipités (changements rapides). « Pour Calisto, le plus dur a été la réalisation de la pente, près de 15% ce qui constitue un maximum, un exercice difficile pour les chanteurs. Il y a vingt ans, ce sont les décors qui s’adaptaient à la distribution, aujourd’hui c’est l’inverse, les chanteurs sont devenus de très bons comédiens et s’adaptent aux décors les plus fous. » Michel Chapatte passe sans peine d’un décor à l’autre : « Par jour, je peux travailler sur neuf décors différents. Entre celui qui est sur scène et qui ne peut pas attendre, celui de la salle de répétition qui presse un peu, et ceux en fabrication, en conception ou à l’étape des devis, je vis toujours dans une sorte de difformité temporelle car le temps n’est pas le même pour tous les décors. »
12 h - 14 h Pause déjeuner avant de rejoindre l’un des trois lieux géographiques dont Michel Chapatte gère la coordination. Son bureau se situe en effet à la rue Michel-Simon et regroupe le bureau d’étude et les serruriers. Non loin, à la rue Sainte-Clotilde se trouvent les tapissiers alors que les peintres eux, se concentrent aux ateliers Verntissa à
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Vernier, soit à plus de 7 km. Un éclatement géographique relativement contraignant lorsqu’on est chargé de gérer l’organisationnel. Sans compter que les décors ne sont que très rarement montés dans l’atelier, faute de place et vu les grandeurs imposantes du plateau du Grand Théâtre. Si bien que ce n’est que sur scène que l’on découvre le résultat fini. 14 h Retour au bureau d’études où les décors sont conçus conjointement avec Alexandre Forissier selon les indications des décorateurs. Des plans de constructions sont élaborés pour les différents ateliers : menuiserie, serrurerie, etc. Afin d’anticiper les commandes, une liste de débitage du bois, métal, panneaux et autres est établie. Michel Chapatte fait aussi office d’acheteur ! « Dans la mesure du possible, nous achetons sur le canton de Genève. Mais pour l’aluminium par exemple, le marché est mondial. Il n’est pas rare qu’il grimpe à Fr. 12.90 pour se retrouver à 4.90 trois jours après ! » Une fois le matériau choisi, il convient de réaliser des prototypes et obtenir l’accord du décorateur, ce qui n’est pas toujours de tout repos. « Pour Alice in Wonderland par exemple, le décor est noir. Nous en sommes aujourd’hui à la 18ème version de noir afin de traduire les volontés du décorateur en termes de texture et de tonalité. Tout cela juste pour du noir ! » s’amuse Michel Chapatte. À chaque décor, il faut trouver des solutions ingénieuses, « Avec Alice in Wonderland, nous allons essayer pour la première fois de fabriquer un décor en carton recouvert de bois. Avec La Calisto, nous avons réalisé des impressions numériques à jet d’encre sur des lais de 6 mètres, retouchés par nos peintres. » La fin de la journée ? « Il faut que je rentre faire mes devoirs… enfin ceux de mes filles. être marié me permet de ne pas dormir dans les ateliers. » >IP
ACT.0 | N°3 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | Saison 09 | 10
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