ACT-0 N°06

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saison 10 11

l'heure des

Malin Byström est Hélène

1er mai 1951

| LE journal du cercle du Grand Théâtre et du Grand tHéâtre de GEnève | N° 6 | avril 2011 |

Vêpres

L'opéra

le feu wagnérien

de Benno Besson Récital

le retour de

Cassandre

Emanuel Gat

danse avec Bach


Opération

Lever de rideau à Genève sur... la plus ancienne banque de Suisse, Wegelin & Co. Depuis 1741, en tant que banquiers privés, nous avons tout vécu : périodes d’euphorie et de joyeuse insouciance, mais aussi guerres, révolutions et krachs boursiers… Pourtant, nous sommes toujours là. Et nos clients aussi qui, de génération en génération, ont vu leur patrimoine familial fructifier. Toujours en quête de techniques de gestion les plus performantes, nous avons développé des stratégies de placement avant-gardistes basées sur des instruments simples et accessibles. Aspirez-vous à des relations privilégiées? Nous serions heureux de vous rencontrer au boulevard Georges-Favon 5.

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2

BÂLE

BERNE

CHIASSO

COIRE

GENÈVE

LAUSANNE

LOC ARNO

LUCERNE

LUGANO

SCHAFFHOUSE

ZURICH


> edito

Une saison de toutes les couleurs > sommaire

Buzz op 2-3

Quoi de neuf dans le monde de l’opéra à Genève et ailleurs

Opération 4-11

C'est l'heure des Vêpres... L'ange de la paix de Verdi Initial BB Un tohu-bohu flamboyant

En ballet 12-14 Le jeu de Gat

Carnet du cercle 16-17

Portrait de Jacqueline Folliet

On Stage 18-19

Le retour de Cassandre

Pleins feux 20-25

Des opéras sur nos murs 1er mai 1951, 12 h 08... La Castafiore enflamme le Foyer À la découverte de la culture russe

Didactique 26-27

L'enchantement de La Petite Zauberflöte Labo-M au Bal Le trouble des sens

Nouvel acte 28-29

Abonnez-vous pour une saison colorée et ambitieuse

Chers lecteurs, Ce numéro de ACT-O est le premier depuis l'annonce de la nouvelle saison 2011-2012 du Grand Théâtre de Genève, saison qui fera la part belle à la poésie et à la littérature. C’est un poète de la Révolution française qui ouvrira la saison : André Chénier. Il inspira à Umberto Giordano une œuvre encore jamais jouée sur la scène de Neuve. La saison s’achèvera de même avec Macbeth de Verdi, oeuvre inspirée par Shakespeare, également à l’origine de Richard III de Giorgio Battistelli qui connaîtra sa création en Suisse après avoir triomphé au Vlaamse Opera, au Deutsche Oper am Rhein, au Festival Musica et à l’Opéra national du Rhin. Vous tomberez également sous le charme du trio final du Rosenkavalier, magnifiques retrouvailles entre Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal. Hormis ces ouvrages lyriques emblématiques, nous vous invitons à découvrir quelques perles rares, telles Juliette ou la clé des songes de Bohuslav Martinů, dans la fameuse production de l’Opéra national de Paris ; Mignon d’Ambroise Thomas qui vous permettra de retrouver Diana Damrau aux côtés de Sophie Koch ; ou encore le truculent Comte Ory de Gioacchino Rossini pour les fêtes de fin d’année. Le Ballet ne sera pas en reste, tout en poursuivant ses tournées à travers l’Europe et le monde. Il nous offrira deux soirées qui pourraient bien devenir mémorables grâce à de jeunes chorégraphes aux talents exceptionnels. Une nouvelle fois, vous aurez l’occasion de voir et d’entendre des talents internationaux sous la direction de metteurs en scène très connus, tels que John Dew, Giancarlo del Monaco, Robert Carsen, Richard Jones, Otto Schenk et Christof Loy, sans oublier Mira Bartov qui avait su nous séduire avec Alice in Wonderland, ou Jean-Louis Benoît, actuel directeur du Centre National Dramatique de Marseille. Qu’il nous soit permis de faire une mention particulière pour les récitals. Nous sommes fiers de pouvoir vous présenter quatre artistes parmi les meilleurs du monde en matière de mélodie. Ils nous entraîneront vers un univers pur et fascinant de poésie et de musique. Toutes les équipes du Grand Théâtre, qui chaque jour mettent en œuvre leurs talents et leur professionnalisme sans demi-mesure, se joignent à moi pour vous inviter à une nouvelle croisière sur l’océan de la poésie, de la musique et de l’art total. Tobias Richter Directeur général du Grand Théâtre de Genève

24 h 32

Dans la vie de Jean-Pascal Cottalorda

11, bd du Théâtre CP 5126 CH-1211 Genève 11 T +41 22 418 30 00 F +41 22 418 30 01 grandtheatre@geneveopera.ch www.geneveopera.ch Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de l'édition Aimery Chaigne Image de la couverture : © PETER KNUTSON

Coordination Albert Garnier, Frédéric Leyat

Ont collaboré à ce numéro: Kathereen Abhervé, Gilles Anex, Daniel Dollé, Pierre Frei, Albert Garnier, Jean-Charles Giroud, Muriel Hermenjat, Johanna Lachenmann, Frédéric Leyat, Philippe Macasdar, Laura Mancilla, Pierre Michot, Christopher Park, Julie Wynne. Impression m+h genève Parution 4 éditions par année. Achevé d’imprimer en mai 2011


buzzop Damon

Soutien

lyrique

JTI décide de rejoindre le cercle des partenaires et des amis du Grand Théâtre.

Omniprésent

sur de nombreux fronts,

White, le chanteur et multi-instrumentiste

JTI encourage et soutient

anglais Damon Albarn, leader au sein de Blur,

de nombreuses activi-

Gorillaz et The Good, The Bad & The Queen, pré-

tés dans des domaines

sentera une toute nouvelle création lors du pro-

très variés. Au cours de

chain Festival International de Manchester, soit

la saison 2010-2011, JTI

un opéra intitulé Doctor Dee. L'œuvre, qui sera

s'engage à soutenir le

Jeunes

Monkey: Journey to the West qui y seront présentées

à l'institution de la place

oreilles

ont été en mesure de compter sur les talents de

Neuve qui peut s'enor-

et au-delà vous ouvrent leurs portes et vous

compositeur d'Albarn pour leur musique. Déjà, cette

gueillir de ce soutien. DD

invitent à découvrir l'art lyrique et ses cou-

présentée huit fois durant ce festival se déroulant

Ballet du Grand Théâtre,

du 30 juin au 17 juillet 2011, ne sera d'ailleurs pas

l'un des fleurons de la

la seule sur laquelle a travaillé Albarn et qui sera

vie culturelle genevoise,

jouée durant cette grande fête anglaise des arts.

et accorde sa confiance

En plus de Doctor Dee, les pièces It Felt Like a Kiss et

année, les Pet Shop Boys et Paul McCartney ont aussi

GOP

annoncé une incursion dans la musique classique en composant chacun un ballet de leur côté. AG

© DR

2011

2

© john PAlmer

et cependant très discret,

Véritable touche-à-tout au même titre que Jack

Le Geneva Opera Pool est une soirée culturelle et prestigieuse, destinée à favoriser les échanges entre les milieux politiques et économiques locaux et la communauté internationale, à qui elle est dédiée. Organisée par la Ville de Genève et le Grand Théâtre, elle bénéficie du soutien de la Confédération suisse, de la République et canton de Genève, de la Fondation pour Genève et du Centre d’accueil – Genève internationale. JL

Chaque année, à l’occasion des Journées européennes de l’Opéra, les opéras d'Europe

lisses. Les prochaines Journées européennes de l'Opéra auront lieu les 7 et 8 mai 2011 sur le thème des « Jeunes oreilles »: celles des enfants et des jeunes, mais aussi celles de tous ceux qui découvrent l'opéra ou qui veulent élargir leurs expériences musicales ! Plus de 100 compagnies d'opéra dans plus de 20 pays participent aux Journées européennes de l'Opéra 2011. Les Journées européennes de l'Opéra sont aussi fêtées à la télévision : le samedi 7 mai, ces journées seront lancées sur ARTE par Diana Damrau (photo) à partir du Grand Théâtre de Genève. Au Grand Théâtre le 7 mai : deux ateliers chant (Fosca Aquaro) ; un atelier scénographie (Claire Peverelli), rencontre et dialogue autour des Vêpres siciliennes sur la scène du Grand Théâtre dans le décor de la production.

AG + operadays.eu

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Le don du hwyl

Le ténor gallois Robert Tear, l’un des artistes les plus polyvalents et doués de son temps, est décédé le 29 mars dernier. Formé, comme tant de grands chanteurs britanniques, à l’école des maîtrises de l’Église anglicane, il manifeste très tôt une grande musicalité, à laquelle s’ajouta l’éloquence spirituelle joyeuse et emportée que les Gallois appellent hwyl. Comme son contemporain Langridge, il commença dans les années 1960 dans le cénacle de Britten et du English Opera Group, et, malgré sa jeunesse et sa relative inexpérience, Britten lui-même proposa en 1964 à Tear de remplacer un Peter Pears souffrant dans Curlew River. Une brouille avec Britten lui permit de rebondir d’Aldeburgh, où il était devenu persona non grata, vers une carrière incontestablement mondiale où sa voix prit de l’ampleur (son Das Lied von der Erde de Mahler, sous la baguette de Georg Solti en fut un bon exemple). Il fréquenta également la scène de Neuve pendant les années 1980 et 1990, dans des rôles britténiens évidemment (Bob Boles de Peter Grimes en 1991 ; Fairfax (photo), de Billy Budd en 1993), mais aussi dans des rôles romantiques où son intelligence rare de comédien lui a permis d’exceller (Hérode, de Salome en 1983). Esprit universel,

© met

Robert Tear a également touché à la direction d’orchestre, publié un recueil de poésie et deux volumes de mémoires au style étrange et inspiré, quasiment métaphysique

Langridge is gone

(encore ce hwyl...). Fasciné par la spiritualité (notamment

anglais

de Punch and Judy de

de

Philip Langridge a

Harrison Birtwistle,

Turnage. Cette car-

Turandot, mettant un terme à quarante ans de carrière où

succombé le 5 mars

rappelons la contri-

rière qui débuta en

dernier à un can-

bution

1964 à Glyndebourne

cer

intestins,

Langridge aux créa-

se

à l’âge de 70 ans.

tions d’autres opé-

dernier au Met de

Considéré comme le

ras du compositeur

New York avec un

successeur

naturel

(The Mask of Orpheus,

travestissement im-

de Peter Pears pour

The Second Mrs Kong et

payable en Sorcière

incarner les grands

The Minotaur). Présent

de Hänsel und Gretel de

rôles des opéras de

en Loge pour le Ring

Humperdinck (photo)

Benjamin Britten, il

à

Garden

dans une production

fut un Peter Grimes,

en 2007, Langridge

de Richard Jones (« I

un

étonnait encore par

don’t think I’ve ever had

un

l’état impeccable de

so much fun in my whole

Capitaine Vere au

conservation de sa

career », dans les mots

phrasé fluide, à la

voix. Au moment de

mêmes

diction incisive et

son décès, son agen-

alors que Langridge

d’une immense au-

da prévoyait encore

venait

torité dramatique. À

la création d’un rôle

le diagnostic de la

l’heure où se clôt la

sur la grande scène

maladie qui l'a em-

série des représen-

londonienne

porté. Chp

tations

le

un

ténor

des

Aschenbach, Quint

et

genevoises

de

Covent

dernier

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Philip

dans

anglaises rares, parmi lesquelles on n’était pas surpris de trouver de nombreuses œuvres d’un autre visionnaire, William Blake. Robert Tear a fait ses adieux à la scène

Mark-Anthony

termina

du

l’an

en 2009 au Royal Opera House, en Empereur Altoum de la qualité de son ténor lyrique, son son esprit curieux de tout et sa musicalité admirable n’ont eu cesse d’enchanter ses publics. Chp © gtg / Marc Van Appelghem

Le

bouddhiste), il était très fier de sa collection d’aquarelles

ténor)

d'apprendre

opéra

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Opération > les vêpres siciliennes

de Giuseppe Verdi Direction musicale : Yves Abel Mise en scène : Christof Loy Au Grand Théâtre, 4 | 7 | 10 | 13 | 16 | 19 mai 2011

par Daniel Dollé

Sur la scène du Grand Théâtre, en avril dernier. De gauche à droite, Balint Szabo (Jean Procida), Malin Byström (Hélène), Hubert Francis (Thibault), Tassis Christoyannis (Guy de Montfort),

© GTG / Monika Rittershauss

Fernando Portari (Henri).

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Le 30 mars 1282, le lundi de Pâques, à l'heure des vêpres une révolte populaire éclate en Sicile, à Palerme, contre le Roi français Charles 1er d'Anjou. Les révoltés crient : « Mort aux Français ! ». Elle dure deux jours. Les Français s'étaient installés dans le Sud de l'Italie grâce à la rivalité des guelfes et des gibelins (Simon Boccanegra). Cette émeute se termine par un massacre de milliers de personnes et marque l'affirmation de la « sicilianité ». Ce jour frappera les esprits, et dans l'histoire, on ne parlera plus que des Vêpres siciliennes. Dante en parle dans son Paradis, au VIIIe chant, et Scribe en tire un livret d'opéra, d'abord destiné à Gaetano Donizetti et qui deviendra Les Vêpres siciliennes en français et Giovanna de Guzman en italien afin d'être acceptée par la censure italienne. Aujourd'hui on ne parle plus que de I Vespri siciliani, un sujet que Cammarano avait déjà proposé à Verdi en 1848, mais ce dernier avait préféré La battaglia di Legnano. Lorsque le compositeur s'attaque à l'écriture de son premier opéra français, nous sommes en plein Risorgimento qui aboutira à l'unification italienne en 1870 et qui commence par une révolte contre l'Empire d'Autriche. Une révolte de l'opprimé contre l'oppresseur quatre siècles plus tard. Mais qu'avons-nous

appris de l'histoire qui semble se répéter inlassablement ? Les Vêpres siciliennes, une œuvre à découvrir qui prend ses racines au XIIIe siècle, mais en cherchant bien, peut être découvririons-nous des histoires similaires en des temps plus anciens ou plus proches de nous. Malheureusement, elle garde toute son actualité et reste à la fois intemporelle et universelle, un jour l'opprimé réagit et se révolte. Les paysages, les maisons, les costumes traditionnels sont superflus pour observer et sonder l'âme humaine. Certes l'histoire est ancrée en Sicile, elle nous présente même des personnages qui ne sont pas de simples fictions, tels Jean de Procida, un médecin qui revient d'exil, mais elle pourrait trouver sa place sur tous les continents. Il n'est pas surprenant alors que Christof Loy se soit intéressé et enthousiasmé pour cet ouvrage aux facettes multiples qui rejoignaient les aspirations de Verdi malgré le dur labeur qui l'attendait au moment de le composer et de le présenter au public. Certes ce sont deux peuples qui s'affrontent, mais il serait dommage de négliger les intrigues intimes : une fille, Hélène, paralysée dans ses sentiments, dans sa vie, par la mort d'un frère assassiné ; un père tyrannique, meurtrier et violeur, poussé par le désir de pouvoir et qui dans son for intérieur est à la recherche d'un

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Opération

C'est l'heure des Vêpres...

© GTG/Monika rittershaus

Découvrir ou redécouvrir cette œuvre universelle et intemporelle.

fils et de son amour filial ; Henri qui découvre sa double appartenance, il est Français et Sicilien, tiraillé entre sa promesse faite pour conquérir les sentiments d'Hélène et le désir de protéger son père, doit-il désarmer le bras de celle qu'il aime ou laisser tuer le tyran, son père ? Sans oublier le fanatique, Procida qui chante sa ville et qui ne rêve que de vengeance aveugle. Le bonheur auquel on aspire, la vie qu'on rêve, sont-ils réalistes dans une telle constellation ? Peut-être le passé les a trop marqués et qu'ils se sont fermé les portes de leurs rêves et de leurs véritables aspirations ? Avec cette œuvre, Verdi explore de nouvelles voies et ouvre de nouvelles perspectives. La trilogie populaire n'est pas loin. Peut-être, reconnaîtrez-vous des accents de La Traviata ? Simon Boccanegra sera sa prochaine œuvre, une composition où les guelfes et les gibelins s'affrontent en présence d'un père fanatique qui refuse le pardon. Verdi avait 40 ans, il savait que Paris était un passage obligé et ce malgré le mal du pays. Pour conquérir la capitale de la France, il lui fallait un sujet grandiose capable d'impressionner et d'enthousiasmer. C'est finalement Le Duc d’Albe revu et corrigé qui deviendra Les Vêpres siciliennes. Durant la composition Verdi n'arrêtera pas d'exprimer des

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doutes sur cette œuvre. Il écrit : « Quand j'en aurai fini, je serai heureux, très heureux. Un opéra pour l'Opéra c'est un travail à tuer un taureau. » La genèse fut longue. Verdi apprit à connaître les arcanes de la Grande Maison. Il proposa même l'annulation du projet à Crosnier, directeur de l'Opéra, le successeur de Roqueplan qui avait mis le projet en route. Finalement, Les Vêpres siciliennes furent créées le 13 juin 1855 lors d'une soirée de gala donnée pendant l'exposition universelle. En Berlioz, Verdi trouva un ardent défenseur et les journalistes se montraient accommodants ou favorables, à l'exception de trois Italiens. Verdi avait endossé l'uniforme du Grand Opéra français qui triomphait alors. Il nous laisse une œuvre, un chefd'œuvre avec des accents si particuliers, parfois étranges, parfois tellement français, cependant, elle n'appartient qu'à Verdi. Encore trop rarement jouée pour être vraiment connue ou reconnue. Peut-être le temps est-il venu de l'écouter et de la regarder avec d'autres oreilles, d'autres yeux grâce au travail passionné et méticuleux de Christof Loy, de son équipe, et d'Yves Abel, un chef d'orchestre réclamé et acclamé par les nombreuses maisons qui l'invitent, et qui répond toujours présent, lorsque son calendrier le permet, lorsqu'il s'agit du répertoire français. DD

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Opération

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Opération > les vêpres siciliennes

de Giuseppe Verdi Direction musicale : Yves Abel Mise en scène : Christof Loy Au Grand Théâtre, 4 | 7 | 10 | 13 | 16 | 19 mai 2011

Un entretien de Christof Loy, metteur en scène avec Klaus Bertisch, chef dramaturge du DNO au moment de la présentation des Vêpres siciliennes à Amsterdam en septembre 2010.

© GTG / Monika Rittershaus

L’ange de la paix de Verdi Le metteur en scène Christof Loy est devenu l'un des metteurs en scène les plus importants des scènes lyriques interna-

cès au Covent Garden de Londres ou au Festival de Salzbourg sont dus à l'analyse et à la lecture très précises qu'il fait des ouvrages. À Amsterdam et au Grand Théâtre de Genève, il aborde une œuvre de Verdi rarement jouée dans sa version originelle en français. Ce faisant, on retrouve clairement le Grand Opéra qui a connu un grand succès au Nederlandse Opera la saison dernière.

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La renommée de Christof Loy s'est surtout établie avec ses nombreuses mises en scène d'opéras de Mozart. Cependant son répertoire est bien plus étendu dans le domaine lyrique. Il a également mis en scène pour le théâtre dramatique. Il ne voudrait surtout pas être catalogué de façon restrictive. Il indique clairement quels sont ses compositeurs de prédilection : « Je ne mets en scène que des ouvrages qui m'intéressent, et parmi ces ouvrages, trois dramaturges musicaux ont ma préférence, Monteverdi, Mozart et Verdi. Je peux parfaitement m'identifier avec le regard qu'ils portent sur l'être humain. Ils essayent de comprendre l'homme dans un large contexte social, mais toujours dans une perspective de compréhension, mais jamais moralisatrice. Il n'est pas question d'accusation ; il s'agit de poser des questions à la société en dehors d'un concept moralisateur qui, de toute façon, ne sert qu'à rendre la vie aisée. » Ce credo reste certainement valable pour Les Vêpres siciliennes de Verdi. Malgré tout l'œuvre du compositeur italien est peu représentée sur la liste impressionnante des mises en scène de Christof Loy. Entre une Traviata à Ulm, un Falstaff à l'Opéra Zuid de Maastricht (1993) et Les Vêpres à présent, il n'y aura eu qu'un Don Carlos à DüsseldorfDuisburg et un Simon Boccanegra à l'Opéra Francfort, les deux étant des maisons où Christof Loy est régulièrement invité. Verdi reste le compositeur qui lui a fait prendre les chemins de l'opéra et du théâtre, et l'a conduit à s'intéresser à la carrière de metteur en scène : « Enfant et adolescent, la véhémence et la franchise de son langage musical m'ont tout simplement époustouflé. Dans sa musique j'ai reconnu le déchaînement, la jubilation et la colère des hommes, et probablement je les ai mieux découverts. Plus tard j'y ai découvert l'aspiration à la tendresse, la description des paradis perdus, les blessures humaines, et comme toujours chez Verdi l'émergence de la consolation de tant de souffrance. » Loy considère ses deux premières productions verdiennes comme des péchés de jeunesse, il voulait attendre et savoir s'il était capable de maîtriser les exigences intellectuelles, ainsi que le traitement immédiat des émotions. Il recula

Pendant les répétitions des Vêpres siciliennes au Grand Théâtre en avril

© DR

tionales ces dernières années. Ses suc-

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Opération

© GTG / Monika Rittershaus

devant la vanité de beaucoup d'interprètes verdiens plus préoccupés par eux-mêmes que par leur rôle, il se tourna alors vers des ouvrages où les chanteurs–acteurs se montraient plus flexibles, sensibles et attentifs et plus modernes. Il trouva cela dans des mises en scène de Mozart ou de Strauss. Il trouva également son « bonheur » dans le répertoire français. Avec l'opéra français, il retrouve également le chemin vers Verdi : monter Verdi en langue française dans un théâtre de répertoire avec un ensemble, était considéré comme une gageure, et c'est ce qui motiva une implication particulière de tous les participants à Don Carlos : « Ils recherchèrent davantage l'intériorité subtile des personnages. Ils n'explosaient que lorsqu'ils ne savaient plus se défendre autrement, que de laisser échapper leur douleur sans retenue de leur corps. » C'est également dans ce sens que Christof Loy aborda Simon Boccanegra à Francfort, un Verdi subtil avec la mort comme thème central. À présent il se réjouit de retrouver un nouveau Verdi en français, pour lequel il a cherché à trouver une distribution dans la tradition de Meyerbeer ou de Berlioz. Même si Verdi ne maîtrisait pas parfaitement le français, il a recherché à différencier son langage musical, et il était

fasciné par le contraste, dans le sens Grand Opéra, entre les grands tableaux de foules et les scènes intimes. Pour Loy, il s'agit également d'une évolution de l'esthétique clair obscur de Verdi vers plus de nuances et des stades intermédiaires. Dans la proposition d'Eugène Scribe, le metteur en scène voit un livret atypique pour Verdi, mais ce dernier l'a progressivement fait évoluer, pour en faire un véritable livret Verdi : « Par exemple le rôle d'Hélène n'a tout d'abord pas les caractéristiques qui font de la soprano verdienne, avec des nuances toujours nouvelles : un ange de la paix qui chante d'un ailleurs dans lequel nous ne vivons pas, mais qui reste cependant un être humain et qui de ce fait nous touche tant. Parfois les sopranos verdiennes sont des vierges, comme Gilda dans Rigoletto, des sages, ou des femmes éprouvées par la souffrance, telles Elisabeth dans Don Carlos. Au début Hélène est un personnage complètement voué à une mission politique. Toutefois cette mission découle d'une tragédie personnelle : son frère, Frédéric, le révolutionnaire, a été exécuté. À présent, elle veut venger sa mort, et devient de ce fait une icône d'un mouvement politique. Pour elle, il n'est pas question d'amour. Cependant au cours de l'acte IV se produit le miracle : tous les protagonistes se retrouvent dans une impasse et s'obstinent inévitablement dans leurs idées. Entêtée, la basse va fièrement vers la mort, le fils ne peut pas admettre que son père est également son ennemi mortel, et le père n'est en mesure que de semer la mort. C'est le début d'un ensemble, et contrairement à ce qu'on pourrait attendre, les voix ne se mélangent pas, mais chacun a la possibilité d'exprimer son point de vue. Les hommes le font conformément à ce qu'on peut attendre d'eux. Puis c'est le tour d'Hélène de commencer avec des mots plein de résigna-

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tion, mais Verdi met dans sa bouche une phrase remplie de mélancolie, qui cependant est pleine de sagesse et qui demeure souriante et belle. Et c'est là que réapparaît l'ange de la paix de Verdi. » Contrairement à sa mise en scène de Don Carlos en français, Christof Loy a décidé de maintenir le ballet, très souvent supprimé, des Vêpres siciliennes : « J'ai toujours eu une grande affinité pour cette musique de ballet, et ce depuis que je l'avais entendue pour la première fois dans l'interprétation d'Erich Kleiber au Maggio Musicale en 1951. » Cette musique de ballet permet au metteur en scène de rappeler scéniquement des choses non-dites. Grâce à elle, il peut suggérer un autre climat que celui avec lequel le spectateur est confronté. « Sans trop vouloir raconter le passé d'Henri et de sa famille, l'association originale d'un auteur et d'un chorégraphe autour de la thématique des problèmes que rencontraient les protagonistes des Vêpres, m'intéressait. Les quatre saisons devinrent Jahreszeiten ( Saisons), une histoire de Thomas Jonigk, dans laquelle l'auteur retrace les joies et les peurs des jeunes. Des adolescents, qui au cours de leurs jeux, imitent les adultes ainsi que leurs relations basées sur le pouvoir, et qui de ce fait, pensent à tort, pouvoir se permettre des privautés. Dans cet univers, l'amour est dévoyé, et pourtant, il réapparaît toujours. Et pas seulement l'amour entre hommes et femmes, mais aussi l'amour que les parents attendent de leurs enfants. » Pour Loy, c'est là que réside une facette touchante de l'homme de pouvoir, Guy de Montfort, qu'il désigne autrement comme un monstre tyrannique meurtrier. Montfort courtise son fils et mendie de façon touchante, parfois menaçant dans le désespoir, l'amour de ce dernier. Comme si l'amour de son fils pouvait l'aider à se faire pardonner, ou à se pardonner le sang versé. « Les Vêpres parlent d'une génération née dans un contexte dans lequel on ne s'interroge plus si derrière les agissements ou les convictions politiques il y a encore des êtres humains. Il n'existe plus aucune possibilité de s'interroger. Il en va tout simplement de sauver sa pauvre vie. La question de ce que pourrait être cette vie est abordée par Henri et Hélène à travers leur amour, et peut-être dans une forme moindre par le père banni par le fils. Fatigués et épuisés par cette lutte, ces trois personnages croient pouvoir tout oublie de leur passé et commencent ce cinquième acte, à la fois impossible et grandiose, par une fête de mariage, une idylle familiale et un chez-soi intime : une duperie, un mensonge incroyable au regard de tant de problèmes non résolus de la vie. Comme un fantôme, celui qui n'a pas connu de relation privée dans sa vie, s'en retourne dans ce bonheur à la fois irréel et fragile et cependant conscient de la réalité. Finalement, Procida ne vient pas perturber un bonheur enfin trouvé, il ne fait que rappeler que certaines décisions sont du fait de la vie et non de soi. » Loy trouve cette fin monstrueuse et pessimiste. Mais cela correspond également à une réalité, dans la mesure où le Grand Opéra constitue toujours une illustration politique. C'est le grand génie de Verdi de confronter les hommes avec leurs (et nos) problèmes dans un contexte politique. Grâce à une observation précise et avec beaucoup de sensibilité, le metteur en scène veut suivre ses pas, à l'aide de ses tableaux presque ascétiques et denses dans une ambiance d'hier et d'aujourd'hui, il veut rendre compréhensibles, pour les spectateurs et les auditeurs d'aujourd'hui, les intentions du compositeur. Dans Les Vêpres siciliennes, sa démarche précise et détaillée va nous présenter des êtres humains dans un contexte politique. Plus rarement que d'habitude, et assurément de manière plus triste, l'ange de la paix de Verdi rappelle les occasions manquées, la paix et l'amour pour vivre.

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Opération > l'amour des trois oranges

de Sergueï Prokof iev Direction musicale : Michail Jurowski Mise en scène : Benno Besson † & Ezio Toffolutti Au Grand Théâtre, 13 | 15 | 17 | 20 | 23 | 25 juin 2011

En 2007, pendant le Septembre Musical à Vevey-Montreux, Trouffaldino (Sergueï Khomov) et Le Roi de Trèfle (Sami Luttinen).

Initial BB

Benno Besson et Ezio Toffolutti

Pour la saison 1987-1988, Hughes Gall, alors directeur du Grand Théâtre de Genève, réussit à convaincre Benno Besson, après de multiples sollicitations, de monter un opéra au Grand Théâtre de Genève. Sa mise en scène, désormais célèbre, de La Flûte enchantée fut ensuite reprise plusieurs fois à Genève – dans des distributions différentes et des versions chaque fois retravaillées avec soin –, puis à l’Opéra Garnier à Paris lors de la saison 2001-2002. Bien qu’il eut décidé de plus jamais y revenir, Benno Besson réalisa une seconde mise en scène à l’opéra, L’Amour des trois oranges, en tandem avec son décorateur Ezio Toffolutti, dans une coproduction du Théâtre de La Fenice (2001) et de l’Opéra de Düsseldorf (2002), dirigé à l’époque par Tobias Richter, actuel directeur du Grand Théâtre de Genève. En juin 2011, c’est justement à Genève que sera reprise cette mise en scène, qu’il avait cosignée avec Ezio Toffolutti. La boucle est bouclée. À cette occasion, le Grand Théâtre en collaboration avec le Théâtre Saint-Gervais Genève souhaite évoquer les rapports complexes et passionnés que Benno Besson a entretenu avec l’opéra, tout en les mettant en perspective avec sa trajectoire dans le théâtre européen, des années aprèsguerre au début du XXIe siècle.

Direction musicale, Michail Jurowski

© yunus Durukan

par Daniel Dollé

Saison 10 | 1 1 | Le magazine du Grand Théâtre de genève | ACT.0

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Quelques manifestations prévues

à Venise en 2001

L’amour des trois oranges

Opéra en un prologue et quatre actes de Sergueï Prokofiev Livret d’après une fable italienne de Carlo Gozzi Mise en scène,

Lundi 13 juin Première de L’Amour des trois oranges. Exposition de photographies de spectacles mis en scène par Benno Besson.

Benno Besson † & Ezio Toffolutti Décors & lumières Ezio Toffolutti Costumes Patricia Toffolutti Chœur Ching-Lien Wu Le Prince, Chad Shelton

Mardi 14 juin à 20h Soirée de projections à la Maison des Arts du Grütli où l’on pourra voir (ou revoir) le film que lui a consacré Philippe Macasdar, Benno Besson, l’ami étranger, suivi d’un montage d’archives de la Radio Télévision Suisse réalisé par Bertrand Theubet.

Trouffaldino, Emilio Pons Le Roi de Trèfle, Jean Teitgen Fata Morgana, Jeanne Piland Ninette, Clémence Tilquin Tchélio, Michail Milanov La princesse Clarice, Katherine Rohrer Léandre, Nicolas Testé

Courant juin en prévision Table ronde en présence (sous réserve) de Hughes Gall, Tobias Richter, Jean-Marc Stehlé et Ezio Toffolutti N’hésitez pas à consulter le site du Grand Théâtre. www.geneveopera.ch

Pantalon, Heikki Kilpeläinen Linette, Susanne Gritschneder Nicolette, Agnieszka Adamczak La cuisinière, Christophoros Stamboglis Farfarello, Thomas Dear Sméraldine, Carine Séchaye Le Maître de cérémonies, Fabrice Farina

Ces manifestations ont été rendues possibles grâce à l'aide de CARIGEST SA.

Le Héraut, Jérémie Brocard Chœur du Grand Théâtre Orchestre de la Suisse Romande

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Opération

Un tohu-bohu flamboyant par Gilles Anex

Trente ans après avoir été nommé à

Gilles Anex a été critique au Journal de Genève de 1983 à 1993. Il est coanimateur du Théâtre de l'Esquisse.

la tête de la Comédie de Genève, feu Benno Besson (1922-2006) est à l’affiche du Grand Théâtre pour un opéra

© 2002 Jean Mayerat / Théâtre de Vidy

L’arrivée de Benno Besson à Genève

tiré d’une fable de Carlo Gozzi, l’auteur qui lui assura d’emblée un succès immédiat. Petit saut dans le temps.

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Opération > l'amour des trois oranges

de Sergueï Prokof iev Direction musicale : Michail Jurowski Mise en scène : Benno Besson † & Ezio Toffolutti Au Grand Théâtre, 13 | 15 | 17 | 20 | 23 | 25 juin 2011

Voilà trente ans, maintenant, en janvier 1981, que la toute fraiche émoulue Fondation d’Art Dramatique annonçait la nomination de Benno Besson à la tête de la Comédie de Genève, en remplacement de Richard Vachoux. Arrivée fracassante. Car Besson, metteur en scène d’envergure européenne, nimbé de la légende brechtienne – dont il se révéla d’ailleurs un très libre penseur – et de ses nombreuses années passées à Berlin-Est prit rapidement les édiles de court, la profession à contre-pied et certains à rebrousse-poil, bousculant habitudes et horizons du théâtre genevois, ouvrant grand portes et fenêtres. A l’évidence la FAD, constituée deux ans auparavant sous la présidence d’un avocat – afin de parer aux récents déboires financiers du Théâtre des Philosophes –, n’avait pas mesuré, ni même imaginé qu’un saltimbanque, fût-il de renommée internationale, pût à ce point secouer le cocotier de la République des Arts, faire craquer les coutures de procédures administratives étriquées et éclater, avec un style déconcertant et flamboyant, les codes établis du dialogue entre culture vivante et Cité. On prêtait à l’époque au Conseiller administratif à la Culture l’expression de « petite clique » pour qualifier les relations de complicité artistique entre Giorgio Strehler, Mathias Langhoff et Benno Besson, trois metteurs en scène majeurs qui dominaient alors la scène européenne. Le décalage était flagrant. Rappelons-nous les clivages assez simples qui structuraient le paysage dans le prolongement des années 70 : d’un côté des théâtres municipaux, à peine sortis de contrats permanents qui les liaient aux Galas Karsenty, tentaient des incursions, encore passablement convenues, dans un répertoire littéraire de « classiques modernes » ; plus intempestifs et avec le sérieux des convictions juvéniles, quelques metteurs en scène indépendants visaient à des entreprises plus radicales – parfois ardues - avec des relectures de romantiques allemands ou des écritures contemporaines mêlant expérimentations langagières et volontarisme politique ; alors que bourgeonnaient ici et là des entreprises plus marginales : dans le sillage des Tréteaux Libres et du Théâtre Mobile, le Festival de la Bâtie faisait ses premiers pas au Bois du même nom, comme le Théâtre du Loup ou les Montreurs d’Images… Chacun, y compris les indépendants ou le Théâtre Jeune Public, avait sa place, plus ou moins confortable, jouait son rôle. Au lieu d’un Heiner Müller décapant ou d’un Shakespeare revisité, le metteur en scène venu de l’Est proposa, en ouverture de sa première saison et là où personne ne l’attendait, une pièce d’un certain Carlo Gozzi, mal connu, sinon des historiens du théâtre, vague cousin italien de Molière. Spectacle truculent, succès immédiat et fulgurant. Ce n’est pas à partir d’une posture, ni en jouant de son aura (toute relative dans le contexte local : qui savait vraiment ici, hormis quelques initiés, ce qu’était le Berliner Ensemble ou la Volksbühne ?) que Benno Besson mit sens dessus dessous le paysage théâtral genevois et, de proche en proche, romand. Mais bien à partir de son formidable art de la scène, de son

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classicisme iconoclaste, qui d’emblée enchanta le public et fit de son premier spectacle à la Comédie un succès hors catégorie, appelé à des tournées internationales totalement inimaginables jusqu’alors, aussi bien chez les gestionnaires que... chez les comédiens. Et puis, Besson bénéficiait d’un avantage : ceux qui l’avaient fait venir ne connaissaient guère cet homme de théâtre accompli au sens politique aigu, à la fois direct et subtil, entier et généreux, artisan parfois un peu « soupe au lait » quand la situation l’exigeait. Par contre, lui connaissait bien la Suisse romande : parti loin, il était né tout à côté, à Yverdon, où il avait monté dans les années 1940 ses premiers spectacles avec sa Troupe des Écoliers, avant de rencontrer Jean-Marie Serreau, puis de suivre Bertolt Brecht… Du canton de Vaud, il avait gardé un bon sens ironique ainsi qu’une indépendance frondeuse à l’endroit des notables et des idées toute faites. GA

La mémoire des archives La Radio Télévision Suisse est une mine d'archives dramatiques, émissions radiophoniques, interviews, portraits, reportages, etc. Cette mémoire est aussi celle du théâtre (et de l'opéra) de toute la Suisse romande, dans son rapport au monde. Première étape avec la présentation publique, le 14 juin 2011, au Grütli, d'une maquette autour d'une trajectoire exemplaire telle que vue par les archives : le cas Benno Besson. Ce projet de site a été élaboré par Philippe Macasdar et Bertrand Theubet, en collaboration avec Claude Zurcher.

Il se souvient… Une nuit à l'opéra Je me souviens que Benno

eux avait abandonné toutes

prêtres saluant le public tout

Besson, ayant pris connaissance

ses recommandations, une fois

en concluant leur chant.

des conditions de la création de

le spectacle présenté au public.

Je me souviens que jamais il

La Flûte enchantée au Theater en

Je me souviens qu'il avait porté

n'aurait pu mettre en scène

der Wien, un théâtre populaire

une grande attention au livret

cet opéra, avec un tel sens des

des faubourgs de Vienne,

de Schikaneder dont il a mis en

enjeux et des situations, s'il

m'avait dit qu'il aurait préféré

scène tous les monologues et

n'avait pas auparavant travaillé

la présenter à la Comédie de

dialogues avec un soin extrême.

Molière, Brecht, Shakespeare,

Genève plutôt qu'au Grand

Je me souviens que, bien des

Aristophane, Sophocle,

Théâtre.

années après Genève, lorsqu'il

Schwartz et Gozzi.

Je me souviens qu’il aurait

avait repris le spectacle à

Je me souviens de sa colère

voulu un plus petit orchestre.

l'Opéra Garnier à Paris, il

froide et affligée dès le

Je me souviens, qu'avec Jean-

m'avait dit, avec un plaisir

moment où les répétitions avec

Marc Stehlé son décorateur

malicieux, avoir insisté encore

orchestre ont commencé.

et ami, il pestait contre la

plus sur la stupidité arrogante

Je me souviens le voir comme

surenchère technologique

et patriarcale de Sarastro.

face à un continent poétique,

des versions CD qui, selon lui,

Je me souviens qu'il avait

sensuel et musical (son travail

tendaient à une perfection

d'emblée mis de côté

avec les artistes et artisans)

factice tout en discréditant

l'interprétation maçonnique

qui disparaîtrait, comme une

l'audition immédiate de la

qui lui apparaissait comme

Atlantide, sous les glaces et les

musique, en représentation. Sa

réductrice, ridicule et

ors du conformisme.

fragilité, son unicité.

aliénante.

Je me souviens l'avoir entendu

Je me souviens qu'il

Je me souviens qu'il était

dire : plus jamais ça !

s'était ingénié à impliquer

heureux d'avoir réussi à

Je me réjouis d'assister aux

concrètement les deux

intégrer le dernier chœur

représentations genevoises de

chefs d'orchestre dans le

comme partie prenante des

L’amour des trois oranges.

développement de la mise en

saluts du spectacle. Ainsi la

Philippe Macasdar

scène – à certains moments où

morale de cette fable, qui lui

Assistant et dramaturge de Benno

il pensait utile de les faire entrer

semblait fort discutable, était

Besson à la Comédie de Genève

en contact explicitement avec

en quelque sorte dissoute

(1985-1989), actuellement

les chanteurs, bref à les faire

dans le rituel de la machinerie

directeur de Saint-Gervais

jouer – et que le premier d'entre

opératique. Sarastro et les

Genève, le théâtre.

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e n Ballet

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e n Ballet

© EGD / Thomas Amerphool

> Préludes & Fugues

Le Clavier bien tempéré de J. S Bach Chorégraphie, costumes et lumières : Emanuel Gat Au BFM, 21 | 22 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 mai 2011

Le jeu de Gat Le Ballet du Grand Théâtre offre ce mois de mai Préludes & Fugues, une création du chorégraphe israélien Emanuel Gat.

ACT-O Emanuel Gat, que voyez-vous dans ce que les danseuses et les danseurs sont en train d’exécuter, et pourquoi les priver de leur miroir ? Emanuel Gat Dans le processus de création, je tiens à ce que les danseurs fassent naître un langage qui soit caractérisé par leur individualité. Le langage est le résultat d’un réseau social. Nous, les êtres humains, nous avons inventé le langage comme manifestation de l’interdépendance de nos réseaux sociaux. Mes danseurs se groupent selon des affinités sur lesquelles de n’ai pas d’emprise: chacun a ses raisons d’y appartenir, mais c’est le langage qu’ils vont utiliser qui les fera fonctionner. Quant au miroir, il faut admettre qu’il sert également une habitude du danseur, celle de l’imitation « parfaite ». En ce moment de ma création, je cherche à éviter cette tentation de l’imitation qui peut vite devenir servile et compromettre l’originalité de leur langage en devenir. J’essaie d’en empêcher les danseurs le plus possible car j’y vois, de toutes façons, une démarche qui est vouée à l’imperfection. Je crois à l’efficacité de ne pas dire à autrui ce qu’il doit faire, cela révèle beaucoup plus les processus et les personnalités en action.

AO Ce que nous venons de voir est le début d’une deuxième phase de votre création. L’improvisation que vous avez proposée à la compagnie ressemble étrangement à une chanson dialoguée, voire à un jeu de balle que l’on se renvoie, que l’on se passe... EG Le jeu est au cœur de ce que je fais. La logique du jeu est l’essence même de mon travail. Elle est aussi essentielle à l’appréhension du monde par les petits enfants que pour le succès d’une saison de la NBA. Définir les règles du jeu est le point de départ de toutes mes créations dansées. Je dirais même que je ne fais pas de la chorégraphie: je définis un environnement dont la danse est la conséquence. AO Parlez-nous du choix du Clavier bien tempéré dans l’interprétation de Glenn Gould qui accompagnera le programme de Préludes & Fugues.

© gtg / vincent lepresle

Nous avons rencontré Emanuel Gat au Studio Balanchine du Grand Théâtre à la fin d’une matinée de travail avec le Ballet. Couché par terre au centre de la salle, le buste soutenu sur les coudes, les genoux levés, silencieux comme la statue d’un dieu maya, ses yeux noirs perçants ne perdent aucun détail des évolutions de la compagnie, divisée en deux groupes, livrés à eux-mêmes dans un enchaînement de gestes, annoncés par chaque danseur à son tour et immédiatement repris par le reste du groupe. Les danseurs s’observent du coin de l’œil, s’interrogent les uns les autres, reprennent le motif fugace de leurs gestes. Le miroir du fond de la salle est voilé ; impossible d’y avoir recours pour juger de la qualité de leurs mouvements.

EG Bach est le maître absolu pour comprendre la structure et le fonctionnement de la création artistique. Pour être plus précis, la musique du Clavier bien tempéré nous fait comprendre comment on passe d’un modèle ou d’une structure de nature artificielle, à un résultat vivant, réel et transcendant. Cette musique intensément humaine, presqu’en dépit de sa perfection structurelle, nous permet d’avoir une vision claire qui pénètre la structure. Les partitions de Bach sont techniquement parfaites, mais elles nous touchent d’une manière qui va très loin au-delà de leur perfection stylistique. Quand on entend Bach, on le comprend sans avoir besoin d’outils particuliers, comme les connaissances historiques, musicologiques ou théoriques, tout cela n’est finalement pas vraiment pertinent. suite page suivante

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© Osnat Karsenanski

e n Ballet

Né en 1969, Emanuel Gat a eu son premier contact avec le monde de la danse à l’âge relativement tardif de 23 ans. Ayant participé à un atelier de danse dirigé par le chorégraphe israélien Nir Ben Gal, six mois après, il rejoint la compagnie Liat Dror Nir Ben Gal comme danseur. Après avoir tourné avec cette compagnie en Israël et dans le monde, Emanuel Gat commence à travailler comme chorégraphe indépendant. En janvier 2004, Il fonde sa propre compagnie de danse, Emanuel Gat Dance, qui reçoit l’année suivante le Prix du Ministère de la culture israélien du meilleur spectacle de danse. Le travail de la compagnie est présenté pour la première fois hors d’Israël en 2004 au Festival d’Uzès © gtg / vincent lepresle

en France : sur le cycle de lieds de Franz Schubert, Winterreise (« Le Voyage d’hiver ») et le ballet d’Igor Stravinski Le Sacre du printemps. En septembre 2007, Emanuel Gat déplace sa compagnie à Istres dans la périphérie de Marseille, où la compagnie est accueillie par la collectivité territoriale Ouest Provence. En juillet 2008, il présente une pièce pour huit danseurs sans musique, Silent Ballet (« Ballet silencieux »). En 2009, il est de retour au Montpellier Danse, ainsi qu’à l’American Dance Festival et au Lincoln Center Festival avec Winter Variations (« Variations d’hiver »), une œuvre réalisée avec son ancien collaborateur Roy Assaf. Emanuel Gat est régulièrement invité par des compagnies de danse à travers le monde pour chorégraphier de nouvelles œuvres: entre autres, le Ballet de l’Opéra de Paris, la Sydney Dance Company, le Ballet du Rhin, le Tanztheater Bremen, le Ballet de Marseille, Noord Nederlandse Dans et le Ballet national de Pologne.

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J’ai rencontré la musique de Bach dans ma jeunesse à travers les interprétations de Glenn Gould. Pour choisir la musique de ce programme, j’ai probablement écouté 40 autres interprètes, avant de finalement revenir à Glenn Gould. Il est peut être l’un des lieux communs de la tradition d’interprétation de Bach de notre époque mais c’est plus fort que moi, c’est cette interprétation-là qui me séduit. Il me faut pour la danse une structure parallèle et Glenn Gould ne cherche pas à faire de la musique de Bach une illustration ou une narration. J’ai besoin d’une musique qui soit ouverte sur l’intérieur. AO Sur l’affiche de Préludes & Fugues, on ne voit quasiment qu’un nom: le vôtre. Vous êtes le créateur de presque tous les éléments de vos spectacles. Pouvezvous nous dire comment sera le plateau de Préludes & Fugues au Bâtiment des Forces Motrices ? EG Je ne fais usage d’aucune scénographie, d’aucun décor. La lumière est donc un élément fondamental de l’espace scénique que je crée. Elle génère non seulement la spatialité de la danse mais également sa temporalité. Dans mes productions, la lumière vient toujours du haut, quasiment jamais en oblique, car seule la lumière venant du haut est plausible. Pour Préludes & Fugues, j’ai choisi une qualité de lumière qu’on pourrait percevoir comme froide, mais il y a de la chaleur dans cette froideur... Quant aux costumes, j’aime répéter que si c’est la chorégraphie d’une pièce que l’on remarque, et non ses danseurs, alors la pièce est un échec. Il en va de même pour les costumes. Pour mes créations, j’aime que le

costume soit familier, intime. Ces caractéristiques sont essentielles pour oublier les artifices, pour effacer les distinctions entre danseur et danse. AO Parmi vos créations récentes, la pièce Silent Ballet, dénuée de tout accompagnement musical, épurée au point de créer une étrange musicalité grâce au souffle des danseurs, du crissement de leurs chaussures, a été saluée comme visionnaire par la critique. Quelle philosophie vous donnez-vous pour l’avenir de votre carrière ? EG Ma démarche est, au fond, de comprendre l’origine du mouvement, son essence ; ce qui se différencie de ce qu’on peut simplement observer des déplacements du corps dans l’espace. La danse est fascinante parce que la présence humaine est si bouleversante. Silent Ballet était une étape toute naturelle dans ma recherche d’une nouvelle manière de faire coexister la musique et la danse, de nouvelles manières d’aborder leur synergie. À ceux qui me demandent si je ferai à l’avenir d’autres créations sur de la musique classique, je serais tenté de répondre : « Pour le moment... non ! » Mes premières créations chorégraphiques ont été faites sur la musique de Bach : avec Préludes & Fugues, j’ai le sentiment d’avoir bouclé une boucle. Vous savez, si je n’avais pas eu cette commande de Philippe Cohen pour Préludes & Fugues, je crois que j’aurais continué à créer sur le silence, ou en tout cas à produire moi-même la musique de mes créations. Et peut-être est-ce là que je me réserve pour mes créations futures... Propos recueillis par Christopher Park

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e n Ballet

Créée en 1875 par Jules-Louis Audemars et EdwardAuguste Piguet dans le village du Brassus, situé à la Vallée de Joux dans le Jura suisse, Audemars Piguet est la plus ancienne manufacture de haute horlogerie à ne pas avoir quitté le patrimoine des familles fondatrices. Aujourd’hui, elle propose des montres mécaniques à complications, des pièces de haute joaillerie ainsi qu’une ligne de bijoux. A chaque étape de son histoire, la manufacture a eu l’audace d’adopter des techniques d’avant-garde pour les mettre au service d’un savoir-faire artisanal. Ce qui lui vaut de détenir un nombre inégalé de premières mondiales dans le domaine de la haute horlogerie. Audemars Piguet s’implique dans de nombreux partenariats sportifs, mais également dans le monde culturel et artistique en tant que mécène de l’association Art en Vieille-Ville ainsi que de la Fondation de l’Hermitage depuis plusieurs années. La manufacture de haute horlogerie est également active dans le domaine musical, puisqu’elle joint ses efforts à l’EPFL dans le cadre du Montreux Sounds Digital Project, ayant pour objectif la sauvegarde du patrimoine musical du Montreux Jazz Festival.

En 2009, Audemars Piguet annonce son association avec le mythique Théâtre Bolchoï de Moscou, dans le cadre d’un partenariat qui liera les deux institutions pour les trois prochaines saisons. Cette institution séculaire de dimension internationale a construit sa notoriété sur des bases similaires à celles de la manufacture de haute horlogerie ; la créativité artistique, l’excellence et la rigueur de ses performers, sans oublier la qualité et l’originalité des représentations proposées. Parallèlement à cette collaboration, la danseuse étoile du Ballet du Bolchoï, Svetlana Zakharova, brille dans la constellation des ambassadrices d’Audemars Piguet. Pour la saison 2010-11, par sa présence dans ses publications, Audemars Piguet s’associe au Grand Théâtre de Genève et en particulier au Ballet. Le Grand Théâtre de Genève est une institution au rayonnement international, qui accueille des productions de tout premier ordre et promeut la création et l’excellence artistique. Audemars Piguet souligne ainsi son engagement dans la vie culturelle de la ville de Genève, où se trouve la boutique phare de la marque horlogère Suisse.

Boutique Audemars Piguet Place de la Fusterie 12 Genève +41 22 319 06 80 www.audemarspiguet.com

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Carnet du cercle

Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre

Mme Maria Embiricos

s’est donné pour objectif de réunir toutes

Mme Diane Etter-Soutter

les personnes et entreprises qui tiennent

Mme Catherine Fauchier-Magnan

à manifester leur intérêt aux arts lyrique,

Mme Clarina Firmenich

chorégraphique et dramatique. Son but est

Mme Pierre Folliet

d’apporter son soutien financier aux activités

Dr. et Madame Patrick Fréchet

du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son

M. et Mme Eric Freymond

rayonnement.

Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Bibi Gritti

Bureau Mme Françoise de Mestral, présidente M. Jean Kohler, vice-président M. Gabriel Safdié, trésorier Mme Véronique Walter, secrétaire

M. et Mme André Hoffmann M. et Mme Alan Howard M. et Mme Philippe Jabre Mme Marie-Josèphe Jacquet M. et Mme Jean Kohler

Mme Diane d’Arcis

Mme Maria Pilar de La Béraudière

M. Friedrich B. Busse Mme Muriel Chaponnière Rochat M. David Lachat M. Paul Saurel

M. et Mme Pierre de Labouchère M. David Lachat M. Marko Lacin Me Jean-Flavien Lalive d’Epinay M. et Mme Pierre Lardy

M. Pierre-Alain Wavre

Mme Michèle Laraki

Membres bienfaiteurs

M. et Mme Guy Lefort

M. et Mme Luc Argand

Mme Eric Lescure

Mme René Augereau M. et Mme Guy Demole Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Gonet & Cie, Banquiers Privés M. et Mme Pierre Keller MM. Lombard Odier Darier Hentsch et Cie M. et Mme Yves Oltramare Mrs Laurel Polleys-Camus SFG - Société Fiduciaire et de Gérance SA Union Bancaire Privée – UBP SA

M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Olivier Vodoz M. Gerson Waechter Mme Véronique Walter M. Pierre-Alain Wavre M. et Mme Lionel de Weck Mme Paul-Annik Weiller Comte et Comtesse Massimiliano Zanon di Valgiurata

M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière

Autres membres du Comité S. A. S. la Princesse Andrienne d’Arenberg

Mme Charlotte Leber

M. et Mme Thierry de Loriol Mme France Majoie - Le Lous M. et Mme Colin Maltby M. et Mme Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus Mme Anne Maus M. Olivier Maus M. et Mme Charles de Mestral M. et Mme Francis Minkoff

Membres institutionnels

1875 Finance SA Activgest SA Banque Audi (Suisse) SA Christie’s (International) SA Fondation BNP Paribas Suisse Fondation Bru Fondation de la Haute Horlogerie Fondation Inter Maritime Givaudan SA H de P (Holding de Picciotto) SA JT International SA Lenz & Staehelin Mandarin Oriental , Genève MM. Mourgue d’Algue & Cie, Genève Notz, Stucki & Cie, SA La Réserve, Genève SGS SA Organe de révision : Plaf ida

Rejoignez-nous ! Nous serions heureux de vous compter parmi les passionnés d’arts lyrique et chorégraphique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes.

M. et Mme Gérard Wertheimer

M. Pierre G. Mirabaud

Membres individuels

M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol

Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi

S. A. Prince Amyn Aga Khan

Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue

l’assurance de bénéficier des avantages suivants :

M. et Mme Trifon Natsis

• Priorité de placement • Service de billetterie personnalisé • Echange de billets • Dîner de gala à l’issue de l’Assemblée Générale • Cocktails d’entractes réservés aux membres • Voyages lyriques • Conférences thématiques

S. A. Princesse Catherine Aga Khan Mme Diane d’Arcis LL. AA. SS. Le Prince et la Princesse Etienne d’Arenberg Mme Dominique Arpels M. et Mme Gérard Bauer M. et Mme Pierre Benhamou M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna M. et Mme Philippe Bouchara M. Alain Boucheron Comtesse Brandolini d’Adda Mme Robert Briner M. Friedrich B. Busse Mme Caroline Caffin Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat Mme Anne Chevalley M. et Mme Neville Cook M. Jean-Pierre Cubizolle M. et Mme Alejandro Dahlhaus M. et Mme Claude Demole Mme Virginia Drabbe-Seemann Grace, Countess of Dudley M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado

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Mme Claudia Groothaert

M. et Mme Gérard Turpin

M. et Mme Bernard Momméja

Mme Laurence Naville M. et Mme Philippe Nordmann M. et Mme Alan Parker M. et Mme Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Mme Karin Reza M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint-Pierre

« Les Métiers de l’Opéra »

• Visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre. Rencontre avec les artistes

• Possibilité d’assister aux répétitions générales • Abonnement au journal ACT-O • Envoi des programmes • Vestiaire privé

M. Vincenzo Salina Amorini M. et Mme Paul Saurel

Pour recevoir de plus amples informations sur les

M. et Mme Julien Schoenlaub

conditions d’adhésion au Cercle, veuillez contacter

Mme Noëlie Schoenlaub

directement :

Mme Anne Segré Baron et Baronne Seillière M. Thierry Servant

Madame Gwénola Trutat (le matin, entre 8 h et 12 h)

Mme Hans-Rudi Spillmann

T + 41 022 321 85 77

Marquis et Marquise Enrico Spinola

F +41 022 321 85 79

Mme Christiane Steck M. André-Pierre Tardy

cercle@geneveopera.ch

M. et Mme Riccardo Tattoni

Cercle du Grand Théâtre de Genève

M. et Mme Kamen Troller

Boulevard du Théâtre 11

M. Richard de Tscharner

1211 Genève 11

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Portraits Les membres du Cercle Jacqueline Folliet

La passion des airs Propos recueillis par Albert Garnier

Comment vous est venu cette passion qui a conduit à cet engagement dans le cercle ? Je suis une passionnée de toutes les musiques, notre maison familiale est elle aussi attachée à la musique puisque Franz Liszt, quand il enseignait au conservatoire de Genève, venait y jouer du piano et y trouver l’inspiration. Ma passion pour l’opéra quand à elle remonte à mon enfance, alors que je résidais sur la Côte d’Azur, à Antibes. Aussi loin que je me souvienne, mon père, d’origine italienne, chantait les airs du bel canto à la maison, non pas pour la performance mais parce que cela faisait partie de sa culture. C’était pendant l’occupation italienne, puis allemande… Les opéras les plus proches était pratiquement fermés, et c’est à la radio et sur le tourne-disque familial que nous pouvions assouvir notre passion. J’ai des souvenirs émus de ces moments, pendant lesquels nous étions rassemblés à écouter presque religieusement les opéras de Karajan, depuis le Palais Garnier. Quelques souvenirs liés au Grand Théâtre ? Au Grand Théâtre, j’ai des souvenirs extraordinaires, des moments rares parmi lesquels il est difficile de choisir, mais il vrai que l’interprétation d’Electre par Gwyneth Jones en 1990 restera éternellement dans ma mémoire, on a dans ces moments-là l’impression que l’on ne retrouvera jamais ces émotions et une telle qualité. C’est alors un vrai bonheur, 20 ans plus tard, d’avoir le privilège d’écouter Diana Damrau dans Les Puritains… Je ne suis pas sûre que les Genevois en soient toujours conscients, mais c’est une grande chance que d’avoir une

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maison d’opéra de cette qualité à Genève, de pouvoir en quelques minutes trouver l’excellence d’une programmation variée et ambitieuse. Concernant le Grand Théâtre, j’ai aussi des souvenirs plus cocasses, Renée Auphan qui était originaire du Midi elle aussi, m’avait demandé d’organiser un dîner chez moi, pour sauver une production qui s’annonçait difficile en raison des caprices de June Anderson… Le repas a eu lieu, June Anderson est restée un peu distante, mais elle m’a chaudement remerciée, la production s’est bien passée et Renée Auphan a été soulagée. J’aimerai également vous parler des liens privilégiés que j’ai tissé avec certains artistes, que je logeais gracieusement dans un appartement à proximité du Grand Théâtre, j’avais été émue d’apprendre que des cantatrices logeaient à l’hôtel avec leurs enfants pendant leur engagement, notamment Natalie Dessay que j’ai hébergée avec ses deux enfants. Je me souviens de l’avoir rencontrée au petit matin, après une longue soirée à l’opéra qui accompagnait ses deux enfants au musée à Genève. À cette occasion j’ai pu constater que c’était essentiel pour ces artistes de pouvoir passer du temps avec leurs enfants entre les représentations.

L'interprétation de Gwyneth Jones (Elektra) en 1990 au Grand Théâtre reste à jamais dans la mémoire de Jacqueline Folliet.

Avez vous d’autres passions ? Mon fils, mes petits-enfants bien sûr… mais aussi ce qui a été mon métier jusqu’à mon mariage, la photographie et plus spécifiquement la photographie aérienne. C’était de la photo d’illustration, nous étions deux dans un petit avion, au dessus des Pays-Bas. J'ai photographié de magnifiques villages, jusqu’aux polders, j’ai été tour à tour émue et impressionnée par ce que je voyais depuis les airs. J’ai transmis cette passion à mon fils ; il n’en a pas fait sa profession mais il est devenu un véritable artiste qui expose et dont les photos sont publiées… Il a notamment fait un magnifique travail autour des îles Lavezzi au sud de la Corse et dans les montagnes chinoises.

© GTG / Marc Van Appelghem

C’est lors d’un repas avec des amis genevois, eux aussi passionnés d’opéra que mon mari et moi avons formalisé notre adhésion au Cercle du Grand Théâtre dès la création de celui-ci. Ces amis nous ont dit que le Cercle se créait pour apporter un soutien à cette institution, nous étions des fervents du Grand Théâtre et c’était une évidence pour nous que de devenir membres pour soutenir l’art lyrique à Genève. Mais ce n’est pas la seule raison, le Cercle est aussi un cadre unique pour rencontrer des gens délicieux, pour participer avec eux à des activités et découvertes autour de la musique. C’est aussi un club qui permet d’accueillir les amateurs de musique du monde entier attirés à Genève pour des raisons professionnelles et qui, grâce au Cercle, peuvent rapidement s’intégrer dans la vie genevoise.

© DR

Jacqueline Folliet, vous êtes une des premières membres du cercle, pouvez vous nous dire quelques mots sur la création du Cercle et votre adhésion ?

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o n stage > Anna Caterina Antonacci Soprano

Récital au Grand Théâtre, le  18 mai 2011 à 20 h Piano : Donald Sulzen

Le retour de Cassandre par Daniel Dollé

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o n stage

Pour clore somptueusement la saison

à 27 ans, Anna Caterina Antonacci gagne le concours Verdi de Parme, puis remporte les concours Maria-Callas et Luciano-Pavarotti. Très rapidement, elle gagne sa place parmi les plus grands, son ascension est fulgurante et les directeurs de théâtre se l’arrachent afin de pouvoir compter sur une interprète exceptionnelle pour incarner des héroïnes qu’elle irradie grâce à une voix sombre et à qui elle donne toutes les émotions possibles de la féminité. L’étendue de sa voix et ses talents d’actrice lui permettent d’aborder des rôles du répertoire de l’opera buffa ou de l’opera seria, et de choisir la tessiture, entre celle du soprano ou celui de mezzo-soprano. Elle subjugue non seulement par ses qualités vocales, mais également par son chant. En 2009, elle ramène Carmen dans la salle qui l’a vu naître, à l’Opéra Comique, et transporte le public par son jeu et son chant. Elle ne distingue jamais le métier de chanteuse de celui d’actrice. Elle a besoin d’être les deux. L’oreille et l’œil tombent sous le charme, lorsqu’elle paraît. Une passion, un feu fait femme qui vous donne rendez-vous le 18 mai 2011 afin de vous en convaincre. Après Era la Notte, spectacle autour de Monteverdi, et Altre Stelle consacré au répertoire français, elle vient place de Neuve avec quelques Echos de la Belle-Époque… « Anna Caterina Antonacci a été depuis Crespin (qui l’aimait) notre plus belle Cassandre, amoureuse de notre bien-dire. Mais elle est née dans Monteverdi dont (dans son one woman show Era la notte) elle a su incarner seule les trois voix du Combattimento. La périlleuse et géniale suture qui existe entre le parler et le chanter, c’est cela qu’elle explore avec une attention, un scrupule et, il faut le dire, une intuition unique. Elle l’a fait en français, qui n’est pas sa langue maternelle : et quelle autre vérité en est venue à Reynaldo – et, avec orchestre, à la Cléopâtre de Berlioz ! Merci qu’elle ait su trouver aussi pour les textes italiens si méconnus cette porte enchantée qu’elle nous ouvre, et derrière laquelle nous attendons qu’elle nous découvre davantage. » André Tubeuf Quand son nom apparaît sur les affiches, le public et les critiques se précipitent pour découvrir de nouvelles facettes de cette amoureuse de la culture française, née à Ferrare, et grande admiratrice de Régine Crespin, de Gluck ou de Berlioz, entre autres. «  Rater ce rendez-vous serait inadmissible  ,  » écrivait François Lesueur dans Scènes Magazine le 1er mars 2009, lors de sa venue au Victoria Hall sous la baguette de Marek Janowski pour interpréter Haydn. Soyez des nôtres pour accueillir cette artiste qui ne cesse d’accumuler des succès, que la scène métamorphose et qui reste d’une simplicité touchante et émouvante. DD

des récitals, le Grand Théâtre se réjouit d’accueillir le 18 mai Anna Caterina Antonacci. Cassandre remarquée et remarquable au Théâtre du Châtelet et au Grand Théâtre (2007), elle revient sur la scène de la place de Neuve, non pour nous annoncer la prise de Troie ou un quelconque malheur, mais pour nous parler d’une époque, celle qu’on dit belle, une époque qui connaît une création artistique foisonnante. Verlaine et Satie fréquentent le Cabaret du Chat noir. Le théâtre et la poésie explorent des voies nouvelles. La vie musicale est marquée par Fauré, Saint-Saëns, Debussy et Ravel.

Programme

Echi della belle époque Claude Debussy "Echi della belle époque" Gabriel Fauré Cinq mélodies de Venise Reynaldo Hahn Mélodies françaises Alfred Bachelet Chère nuit

Son calendrier 28 mai 2011 Gala avec l'orchestre philharmonique de Rotterdam, De Doelen, Rotterdam 4 juin 2011 Idomeneo, rè di Creta, W. A. Mozart Elettra, Vogel Convention Center, Wurtzbourg 9 juin 2011 Idomeneo, rè di Creta, W. A. Mozart Elettra Festspielhaus Baden-Baden 11 juin 2011 Barbican Centre, London

Son dernier enregistrement

Era la notte Claudio Monteverdi, Barbara Strozzi, Pietro Antonio Giramo Orchestre Modo Antiquo Dir. Federico Maria Sardelli Naïve, 2006 B000E1KKMI

Paolo Tosti Quatro canzoni d'Amaranta Francesco Cilea Non ti voglio amar Alfredo Catalani Senza baci

Ottorino Respighi 3 canti all’antica Pioggia Nebbie Sopra un'aria antica Riccardo Zandonai “Paolo, datemi pace!”

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© gtg / magali dougados

Pietro Mascagni Serenata

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© bibliothèque musicale

PleinsFeux

1836 Zampa ou La Fiancée de marbre, Louis-Joseph-Ferdinand Hérold La Savonnette impériale d’Anicet Bourgeois et Dumanoir Typographie en noir, 42 x 53 cm Bibliothèque musicale

1871 La Fille du régiment, Gaetano Donizetti

1978, Roland Aeschlimann

Typographie en noir, 95 x 65 cm

Carmen, Georges Bizet

Bibliothèque de Genève

Sérigraphie en couleur, 100 x 65 cm

© Centre Iconographique Genevois

Bibliothèque de Genève

Des opéras sur Le mélomane qui fréquente le Grand Théâtre, assiste aux productions récentes, se doute-t-il que non loin de la Place de Neuve où il se rend régulièrement sont conservées les archives du Théâtre – celui que l’on nomme Théâtre de Neuve au XVIIIe siècle ou Nouveau Théâtre dès 1879 ? En effet, la Bibliothèque de Genève (BGE) aux Bastions et la Bibliothèque musicale à la Maison des arts du Grütli possèdent, entre autres, une collection d’affiches unique pour retracer la vie lyrique à Genève, et plus particulièrement celle qui s’est déroulée dans les murs du « Grand Théâtre ». Ce sont plusieurs milliers d’affiches – allant du simple placard annonçant le jour même de la représentation l’œuvre jouée, à l’affiche commandée à un graphiste célèbre – que les deux institutions de la Ville de Genève collectent, cataloguent et conservent comme collections patrimoniales. Aujourd’hui, deux cents ans d’histoire de la vie musicale genevoise ornent les murs de la Bibliothèque musicale, du Café du Grütli et du Grand Théâtre. Les petits placards du XVIIIe siècle s’assimilent aux programmes imprimés à l’époque. Puis, au XIXe siècle, les affiches typographiques témoignent de l’activité impor-

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tante du théâtre pour une ville comme Genève. La programmation est fortement liée au goût français. Les vaudevilles débutent la soirée avant le grand opéra-comique. Les genres lyriques évoluant, le Théâtre des Bastions se révèle trop étroit. En 1879, l’ouverture du Nouveau Théâtre permet des représentations lyriques avec des orchestres dépassant trente musiciens. Le répertoire allemand apparaît peu à peu avec les créations genevoises des opéras de Wagner. Parmi les milliers d’affiches disponibles, l’exposition présente des placards liés soit à des œuvres essentielles du répertoire, soit à des moments décisifs de l’histoire du Grand Théâtre. Non seulement, ils annoncent les pièces au programme mais ils fournissent nombre d’informations sur le fonctionnement même de l’institution : engagement des chanteurs, nombre de représentations, succès rencontré, etc. Ils retracent également les saisons des concerts symphoniques organisés par la Société des concerts au sein du Grand Théâtre de 1879 à 1918. A la fin du XIXe siècle, les placards s’enrichissent d’images. L’ère de l’affiche illustrée a sonné et Genève – riche de

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PleinsFeux

1982, Jean-Michel Folon. Le Vin herbé, Frank Martin Sérigraphie en couleur, 100 x 65 cm Bibliothèque musicale

2002, Roger Pfund. Hänsel und Gretel, Engelbert Humperdinck Sérigraphie en couleur, 128 x 90 cm

nos murs nombreux artistes prêts à devenir affichistes – se lance dans une aventure qui continue aujourd’hui. Dès lors, les annonces du Grand Théâtre deviennent plus ambitieuses. Elles peuvent être des créations originales ou reprendre des affiches parisiennes comme, par exemple, celles de Mucha. Les artistes-graphistes réalisent des œuvres qui reprennent des éléments de l’opéra ou des décors. Les plus intéressantes compositions sont sans aucun doute celles qui cherchent à interpréter l’œuvre, à en approfondir le propos. Des affiches mémorables sont alors produites notamment depuis la réouverture du Grand Théâtre en 1962. Beaucoup de graphistes renommés ont ainsi participé à l’annonce des opéras joués à la Place de Neuve : Roland Aeschlimann, Roger Pfund, Jean-Michel Folon, Paul Cox, Aki Kuroda et d’autres. Durant de nombreuses années, la charte graphique de l’Atelier Roger Pfund a été utilisée. Mais l’affiche d’opéra – comme celle de théâtre – garde à travers les siècles une préférence marquée pour le placard typographique, fait simplement de lettres. Suivant les saisons, le Grand Théâtre revient parfois à de telles

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par Muriel Hermenjat & Jean-Charles Giroud

© GTG / Mario del Curto

Bibliothèque musicale

affiches plus neutres même si elles témoignent d’un soin particulier dans le choix des polices de caractères ou de la mise en page. Elles ne confèrent que plus de valeur aux affiches profondes, graves ou sentimentales des artistesgraphistes qui donnent aux passants – même ceux qui n’iront pas au Grand Théâtre – l’occasion de participer d’une certaine manière au spectacle organisé derrière la façade majestueuse de la Place de Neuve.

Du Théâtre de Neuve au Grand Théâtre : 200 ans d’aff iches Une exposition d’affiches réalisée par la Bibliothèque musicale de la Ville de Genève Maison des arts du Grütli 16 rue Général-Dufour Exposition jusqu’au 28 mai 2011

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PleinsFeux

1 mai 1951, 12 h 08... er

par Pierre Frei

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Prélude Le 1er mai 1951 au Grand Théâtre, règne l’effervescence coutumière précédant la répétition générale du soir. Les techniciens du plateau achèvent la mise en place et partent à la pause de midi après avoir fermé le rideau de fer séparant la scène de la salle. Sur le plateau restent le metteur en scène, le chef électricien, le chef d’orchestre et un accessoiriste. Ces quelques protagonistes préparent un test d’effet de feu. Ce soir on joue La Walkyrie et, dans ce chefd’œuvre wagnérien à la fin de l’acte deux, lorsque Wotan tue Siegmund, le livret réclame : « une vive lueur qui éblouit Sieglinde », « des éclairs et le tonnerre ». La grandeur wagnérienne doit se voir sur scène, la suite ira malheureusement au-delà des exigences du maître.

Le personnel présent ne se rend pas immédiatement compte que le feu à pris dans les décors. Le chef d’orchestre est le premier qui apercevra les flammes. Il est 12 h 08. L’alerte est donnée à la caserne des pompiers du poste permanent rue Ferdinand-Hodler. Dès lors tout s’accélère. Quelques minutes plus tard, c’est tout l’arrière du bâtiment, scène et administration qui est en feu, sous la pression du foyer, les vitres volent en éclats et toute la toiture de cette partie du bâtiment s’écroule dans un nuage de fumée. Il est 12  h  30 et c’est 250 pompiers qui tentent de circonscrire le sinistre. Vers 13 heures, le rideau de fer s’écroule à son tour. Il devait tenir 20 minutes, il a heureusement fait mieux. Les flammes envahissent alors la partie supérieure de la grande salle et le feu prend dans le magasin des décors côté jardin.

1er acte « Zu Schutt gebrannt
der prangende Saal,
zum Stumpf der Eiche
 2ème acte blühender Stamm » (En feu, en cendre
/ Tout le logis, /
Brûlé le « Er verschwindet mit Blitz und Donner. Der Vorhang fällt chêne
/ Au tronc florissant ) schnell » (Il disparaît dans les éclairs et le tonnerre. Le L’Anneau du Nibelung. La Walkyrie. Acte I, scène 2, Siegmund rideau tombe rapidement) Pour produire le fameux effet d’incendie, on va utiliser une L’Anneau du Nibelung. La Walkyrie. Acte II. Notes de mise en scène pipe à lycopode. Le principe en est simple : un tube creux Sous les yeux médusés de l’importante foule venu assister plein de lycopode (poudre extrêmement fine formée par les aux dernières lueurs des Walkyries (Blitz und Donner spores de lycopodium clavatum une plante de montagne), comme dans l’opéra) le bâtiment achève de se consumer à l’extrémité est en un énorme panache de fumée. Il faudra attendre la fin f ixée une étoupe de l’après-midi pour que l’imposant dispositif déployé par enflammée. On injecte les pompiers vienne à bout du sinistre qui heureusement dans le tube de l’air ne fait aucune victime. comprimé, celui-ci Il faut bien reconnaître que si l’effet de feu a été un projette le lycopode échec, le spectacle de l’après-midi à été extraordinaire, qui s’enflamme au malheureusement dans cette apocalypse la scène et ses passage et produit de dessous ont disparu totalement. La salle, elle même trop magnifiques « langues abîmée par la fumée et l’eau, devra être démolie jusqu’au de feu » de plusieurs gigantesque lustre en cristal qui est resté suspendu sur mètres. Le principal deux de ses quatre câbles les autres ayant cédé sous l’effet av a n t a g e e s t u n e de la chaleur. flamme spectaculaire À terme ne subsisteront du bâtiment originel que les foyers, à l ’ e x t i n c t i o n les escaliers et le grand hall ainsi que leurs murs extérieurs. immédiate. La salle et le plateau, pour lesquels au lendemain de Voilà la théorie. En pratique, à la suite d’une confusion dans l’incendie, on craignait deux ans de travaux, mettront la commande et la livraison de la bouteille d’air comprimé, onze ans à être reconstruits. c’est une bouteille d’oxygène qui arrive au théâtre. Lors du À la suite d’un de ces feuilletons politiques dont Genève a test, l’oxygène explose au contact de l’étoupe enflammée et le secret, ce n’est que le 12 décembre 1962 que le phénix projette celle-ci dans les cintres, quinze mètres plus haut là municipal renaîtra de ses cendres sous la forme que l’on où sont stockés les décors de la tragédie wagnérienne. connaît aujourd’hui. PF

© GTG / freddy Bertrand / DR

PleinsFeux

Pierre Frei est l'ingénieur bâtiment et sécurité du Grand Théâtre de Genève.

L'incendie, une préoccupation majeure Les risques d’ incendie restent

doivent correspondre à l’indice

de Genève. Ces pompiers restent

de scène pour, en cas d’ incendie,

lances à incendie. Sur le toit de

l'une des préoccupations

d’incendie 5.1 (selon l’AEAI)

tout le temps du spectacle en

réaliser une séparation étanche

la cage de scène, un lanterneau

majeures dans les théâtres.

soit difficilement combustible.

communication directe avec la

entre scène et salle. Ce rideau

peut s’ouvrir pour permettre

Dans l’histoire récente, il faut

Les effets pyrotechniques

centrale du SIS et mènent des

peut descendre même en

l’évacuation des fumées qui

rappeler les incendies du Liceu de

et les flammes vives (y

rondes dans tout le Théâtre pour

l’absence totale d’énergie.

restent le plus grand danger lors

Barcelone (suite à des travaux de

compris les cigarettes) font

assurer une veille la plus efficace

Toutes les portes du Théâtre

d’un incendie.

soudure) et de La Fenice à Venise

systématiquement l’objet d’ une

possible.

sont munies d’électro-aimants

L’ensemble de ces mesures

(incendie criminel allumé par des

étude par des spécialistes et sont

Alarme. Le théâtre est équipé

et de ferme-portes, qui, lors

permet d’atteindre le niveau

électriciens pour ne pas payer les

présentés à un inspecteur de

dans tous les locaux d’un

d’une alarme, ferment toutes les

de sécurité requis pour un

pénalités liées à leur retard sur

prévention incendie de la police

système d’alarme avec détection

issues susceptibles d’alimenter

bâtiment de cette importance.

un chantier). La question mérite

du feu qui doit donner son aval.

de fumée et quelques détecteurs

un foyer en air frais. Un réseau de

Les priorités en cas d’incendie

donc d’être posée : Que fait-on

Une attention toute particulière

optiques. L’alarme est transmise

buses d’arrosage automatique

sont évidentes : 1 Sauver les

à l’heure actuelle à Genève pour

est portée aux projecteurs et à

au SIS. Nous disposons, bien

déclenché par la chaleur couvre

personnes, 2 Sauvegarder le

prévenir de telles catastrophes ?

tous les équipements électriques

sûr, de haut-parleurs capables

tout les locaux techniques, scène

bâtiment. Pour les techniciens

Les mesures prises sont de

susceptibles de produire de

de transmettre le message

comprise. Deux rideaux d’eau

c’est au quotidien que la vigilance

plusieurs ordres :

la chaleur. Dès les répétitions

d’évacuation jusqu’au moindre

isolent les dégagements latéraux,

est de mise ; ne pas relâcher

Prévention. Les matériaux

d’orchestre, une équipe est

recoin du théâtre.

cour et jardin, de la scène

son attention est la meilleure

utilisés sur la scène du théâtre

détachée par la compagnie de

Équipements. Un rideau de fer

principale. La scène et les couloirs

méthode pour éviter de revivre le

sont sévèrement réglementés. Ils

pompiers volontaires de la ville

de 16 tonnes ferme l’ouverture

sont équipés d’extincteurs et de

cauchemar du 1er mai 1951.

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La Castaf iore enflamme le Foyer

© DR

© hergé / moulinsart 2000

PleinsFeux

La grande soprano italienne Renata Tebaldi,

ici dans le fameux rôle de Marguerite du Faust de Gounod est pour certains passionnés tintinophiles le modèle de la Castaf iore d'Hergé.

par Pierre Michot

Ça aurait pu avoir lieu le 1er avril. Mais on courait le risque de faire croire à un poisson et de n’avoir personne. Donc le 6 avril, le Foyer du Grand Théâtre était bien rempli pour accueillir le Rossignol milanais, sous forme de réhabilitation. Qu’on se le dise : la Castafiore chante bien ! Car c’est ainsi que Frédéric Wandelère a intitulé son plaidoyer. L’Association genevoise des Amis de l’opéra et du ballet se doit de s’intéresser aux grandes stars du chant, toutes époques confondues. Il était évident qu’il lui appartenait de rendre hommage à Bianca Castafiore, sans conteste la plus connue de toutes les cantatrices du XX e siècle, spécialiste du rôle de Marguerite du Faust de Gounod : elle a rendu encore plus célèbre qu’il ne l’était déjà l’Air des bijoux : Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir. Le conférencier a rappelé la présence de la cantatrice dans les divers albums des Aventures de Tintin, depuis le Sceptre d’Ottokar (1939) jusqu’aux Bijoux de la Castaf iore (1963). Bianca a donc passé du statut de figure secondaire à celui de personnage principal, devenant d’ailleurs de plus en plus élégante et de plus en plus charmante. Elle en est venue à jouer un rôle essentiel : au lieu de tomber dans les pommes pour échapper à la dure réalité (comme cela lui arrive maintes fois), elle trouve l’inspiration décisive pour imaginer la solution qui permettra de sauver la vie à Tintin, à son souffre-douleur le Capitaine Haddock et à son soupirant secret, le Professeur Tournesol. Dans le développement du personnage, il était essentiel de relever le rôle capital qu’a joué Edgar P. Jacobs, luimême chanteur et grand connaisseur de l’opéra, qui apparaît lui-même sous les traits de Jacobini, interprète de Méphisto. D’autre part, des images et des enregistrements ont permis de repérer les éventuelles cantatrices du début du siècle dont Hergé s’est peut-être inspiré. On a dit que Maria Callas a pu elle aussi servir de modèle. Or son tapage dans la presse people et le roman sentimental avec Onassis sont postérieurs aux albums : c’est donc Callas qui a imité Castafiore, et non l’inverse ! Cette conférence hors série des Amis de l’opéra venait compléter son cycle régulier de présentations des ouvrages à l’affiche du Grand Théâtre.

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Depuis que la scène de la Place Neuve s’est rouverte en 1962 après l’incendie, l’Association s’est vouée à la tâche de fournir au public les clés qui lui permettront de mieux entrer dans l’œuvre, de connaître les circonstances de sa genèse, d’en comprendre l’intrigue et d’en apprécier la musique. À l’aide d’exemples enregistrés, les conférenciers ont un peu plus d’une heure pour faire de leurs auditeurs des spectateurs avertis. Les Amis de l’opéra organisent aussi des rencontres et des voyages, pour visiter d’autres théâtres et découvrir d’autres titres. Cette saison, Strasbourg et Lyon auront permis à ses membres de voir L’Affaire Makropoulos de Janáček et Luisa Miller de Verdi. PM

Programme 2011-2012* Andrea Chénier (Giordano)

Le Chevalier à la rose (R. Strauss)

par Sandro Cometta

par Alain Perroux

Mardi 6 septembre

Mercredi 28 mars 2012

Autour des Ballets Russes

Mignon (Thomas)

par Mathilde Reichler

par Florent Lézat

et Lada Mamedova

Mardi 8 mai 2012

Vendredi 7 octobre 2011

Macbeth (Verdi)

L’Enlèvement au sérail (Mozart)

par Sandro Cometta

par Pierre Michot

Lundi 12 juin 2012

Mardi 15 novembre 2011

En outre, nous prévoyons

Le Comte Ory (Rossini)

au Foyer du Grand Théâtre

par Yaël Hêche

une série de quatre cours-

Jeudi 15 décembre 2011

conférences par Pierre

Richard III (Battistelli) par Daniel Dollé Jeudi 19 janvier 2012 Juliette ou La Clef des songes

Michot consacrés aux Voix dans l’opéra (dates à fixer). Tout renseignement supplémentaire sur notre site www.amisdelopera.ch.

(Martinů) par Ivana Rentsch

* Sauf indication contraire les

Jeudi 23 février 2012

conférences ont lieu au Grand Théâtre

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PleinsFeux

Fondation Neva

À la découverte de la culture russe

Elena Timtchenko, quelle est votre vision, en tant que Russe vivant à Genève, de l'engagement local de la Fondation Neva ? D’une certaine manière, nous les Russes, et particulièrement les Saint-Pétersbourgeois, nous avons une dette historique envers Genève. Car c'est un Genevois, François Lefort, qui fut non seulement le mentor mais aussi le meilleur ami de Pierre le Grand et le premier amiral de sa marine. C'est au bout de la promenade qui porte son nom qu'a été bâtie la paroisse russe orthodoxe de Genève. Nous avons à cœur de soutenir la vie culturelle à Genève en invitant les Genevois à la découverte de pages peu connues de l'art russe, comme par exemple la projection pour la Fête de la musique 2009 du film La Nouvelle Babylone (1929), avec l'exécution de la musique, que Chostakovitch écrivit pour accompagner ce film muet, par l'Orchestre universitaire de Genève. Mais aussi des projets tous récents qui, pour une raison ou une autre, n’arrivent pas sur la scène genevoise – on peut citer la projection du film Tsar de Pavel Loungine, offrant une nouvelle vision de la période controversée du règne d’Ivan le Terrible. Cet automne, nous espérons pouvoir présenter aux Genevois deux créations du Théâtre de Petr Fomenko, l'une des meilleures compagnies russes. Dans l’autre sens, la Fondation Neva est fière de pouvoir soutenir la première tournée russe de l’Orchestre de la Suisse Romande, prévue en 2012.

la Chicago Opera Association : c'est donc une œuvre qui a un côté américain. Le livret russe écrit par le compositeur s'inspire d'une pièce comique du théâtre vénitien du XVIIe, mais fut traduit en français pour la création : voici sa dimension européenne. Et Prokofiev y a mis tout l'esprit décalé et festif de la comédie traditionnelle de notre peuple, à tel point qu'un critique de Chicago y entendit du « jazz russe aux ornementations bolchéviques » ! C'est donc le partenariat idéal pour nous. L'œuvre est représentative de la Russie d'hier et d'aujourd'hui et cette production, imaginée par un grand artiste suisse, trop tôt disparu, le comédien et metteur en scène Benno Besson, est en même temps un fleuron de la production scénique romande. Nous y voyons une excellente manière d'unir notre vision culturelle globale à notre souci pour un engagement local. Quels projets d'avenir à Genève pour la Fondation Neva ? Aurons-nous le plaisir de vous revoir comme mécène des productions de la Place de Neuve ? Dans l'avenir immédiat, dès le 13 mai, nous invitons tout le monde à la Fondation Bodmer de Cologny où nous lançons un événement unique en son genre : une rétrospective de la vie et de l'œuvre d'Alexandre Soljenitsyne, à travers ses manuscrits et ses publications. Pour ce qui est des projets musicaux et lyriques, nous voulons d'abord savourer le parfum de nos Trois Oranges, mais nous souhaitons évidemment retrouver au programme lyrique genevois d'autres occasions de partager notre passion pour la culture russe. Propos recueillis par Christopher Park

© Fondation neva

Qu'il s'agisse de la restauration de Valaam, l'un des joyaux du patrimoine monastique orthodoxe du XIVe siècle, de la collaboration étroite avec l'Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, en Russie, ou du soutien à des projets académiques visant à mieux connaître des figures de la pensée russe, comme le philosophe Léon Chestov, ou encore du financement d'une édition française des poèmes d'Anna Akhmatova, à Genève, la Fondation Neva et sa présidente Elena Timtchenko (en photo) affirment depuis 2008, leur vision de la philanthropie. La Fondation Neva définit une nouvelle forme de mécénat dont la multiplicité des engagements reflète un but : la mise en valeur des patrimoines tangibles et intangibles de la culture russe. Elena Timtchenko, native de Saint-Pétersbourg, est, comme sa ville, tournée vers l’ouverture d’esprit et les échanges culturels. S'il est vrai que l'histoire russe a connu des périodes de repli sur soi et d'enfermement, elle est également faite d'ouverture, de curiosité et d'esprit universel ; rien ne symbolise mieux cette Russie éclairée, cosmopolite, lettrée et tolérante que la capitale élégante que Pierre le Grand fit surgir de l'estuaire de la Neva au XVIIIe siècle.

Cette année, la Fondation Neva a décidé de soutenir une production lyrique du Grand Théâtre de Genève, L'Amour des trois oranges de Sergueï Prokofiev. Parlez-nous de la signification que cette œuvre a pour vous et du sens particulier de votre engagement dans le projet des Trois Oranges. Vous savez, L'Amour des trois oranges est une œuvre qui est à la fois très cosmopolite et 100% russe. Prokofiev l'a composée en 1921 aux États-Unis, suite à une commande de

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didactique

© GTG

de la maison, collaient comme une seconde peau aux différents protagonistes et apportaient cohérence à ce spectacle réellement conçu pour des yeux d’enfants. Ajoutons à cela que la jeunesse s’était donnée rendez-vous sur la scène comme dans la fosse, grâce aux chanteurs choisis pour la plupart au sein de la troupe des jeunes solistes en résidence au Grand Théâtre et aux jeunes musiciens de l’Orchestre du Collège de Genève.

L'enchantement de La Petite Zauberflöte

© GTG

© GTG

par Kathereen Abhervé L’aventure était nouvelle et le résultat fut au dessus de toute attente. La Petite Zauberflöte, version remaniée et raccourcie de l’opéra de Mozart, a été jouée du 31 mars au 3 avril dernier, pratiquement à guichets fermés. Les deux premières représentations réservées au public scolaire ont attiré quelque 2'700 élèves de 9 à 16 ans et près de 300 enseignants ; les trois autres représentations ouvertes au public, ont été applaudies par près de 4'500 spectateurs totalement conquis. Même Wagner peut séduire les jeunes élèves Le Grand Théâtre avait jusqu’à présent très rarement programmé des ouvrages s’adressant spécifiquement au jeune public. Les Enfants du Levant de la compositrice Isabelle Aboulker, programmé durant la saison 2003-2004, faisait figure d’exception. L’ancien directeur général, Jean-Marie Blanchard estimait en effet que les enfants, quel que soit leur âge, pouvaient « tout voir ». C’est ainsi qu’une classe de 6ème primaire fut invitée à assister, en décembre 2006, à la répétition générale des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner. Et contrairement à nos craintes, ces élèves de 11 à 12 ans, au demeurant fort bien préparés en amont du spectacle par leur maître et l’équipe pédagogique du Grand Théâtre, sortirent ravis de cette « expérience » que nous avons toutefois évité de systématiser. La Petite Zauberflöte, un spectacle pour les enfants Les choses ont bien changé avec l’arrivée de Tobias Richter qui, dès sa deuxième saison à la tête du théâtre de la place Neuve, programmait cette Petite Zauberflöte, version tronquée de La Flûte enchantée de Mozart, créée en 2003 à l’Opéra de Zurich. Plus qu’une reprise, ce spectacle fut une véritable recréation qui a nécessité la construction d’un nouveau décor réalisé d’après la maquette originale de Luigi Perego, mais adapté aux proportions imposantes de la scène du Grand Théâtre. Posé à plat au centre du plateau, un grand livre cachait dans ses lourdes pages ouvertes à vue par des machinistes déguisés en perroquet, de ravissantes images en pop-up. Les costumes hauts en couleurs également sortis flambant neufs des ateliers

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Une logistique efficace Les deux premières représentations réservées aux élèves des écoles publiques et privées du canton de Genève, furent littéralement prises d’assaut par les enseignants, qui dès la rentrée scolaire réservèrent les 2'900 places disponibles. Les premiers inscrits furent servis. Ceux sur liste d’attente, espérèrent en vain parce qu’il n’y eut aucune annulation... La Fondation Hélène et Victor Barbour a par ailleurs apporté son précieux soutien financier, en participant de moitié aux prix des billets, réduisant ainsi à cinq francs la part de chaque élève. Il fallut mettre très rapidement en place une logistique efficace pour gérer l’afflux des demandes. Courriers et e-mailing furent confiés à Damien Lopez, stagiaire nouvellement arrivé au service pédagogique, qui se montra d’un grand secours et devint l’un des acteurs indispensables à l’organisation de cet événement. Plusieurs services sollicités comme la billetterie qui s’est chargée d’émettre les billets, et la comptabilité qui effectua, quant à elle, la facturation, apportèrent leurs précieuses compétences. Un dossier pédagogique a permis aux enseignants et aux maîtres de musique de préparer leurs élèves en classe. Le résultat fut étonnant lorsque tous les jeunes spectateurs, invités par le chef d’orchestre Philippe Béran, ont interprété d’une seule voix : « Das klinget so herrlich ». Moment de grande émotion qui fut bissé par près d’un millier de petits gosiers ravis de vocaliser ensemble. Les élèves étaient à la fête Savamment « mutilée », la partition de La Flûte enchantée réduite à 90 minutes, entremêlait, dans un subtil équilibre, airs chantés en allemand, dialogues parlés en français et remarques comiques de Papageno qui faisait également office de conteur. Une version que n’aurait sans doute pas désapprouvée Mozart. Durant ce spectacle plein de gaîté et de fantaisie, les enfants sollicités par les interprètes, ont participé avec beaucoup de spontanéité, riant, chantant et applaudissant sans retenue à l’air célèbre de la Reine de la Nuit. Entrées dans la salle en moins de trente minutes, les classes se sont succédées dans un ordre parfait. Les élèves rangés et disciplinés suivaient leur maître comme des petits soldats à la parade. La sortie s’est faite dans le même ordre et le théâtre alors vidé, a conservé quelques instants encore, des rires d’enfants restés accrochés aux grandes pages du décor. A l’issue du spectacle, les élèves « enchantés » s’étonnaient que ce soit déjà fini. Quelques uns m’ont confié qu’ils auraient aimé que : « ça dure toujours ! », d’autres auraient : « souhaité le revoir encore une fois ! » Tobias Richter les a sans doute entendus puisque durant la saison prochaine, La Petite Zauberflöte sera à nouveau programmée du 20 au 23 octobre 2011. Les spectacles pour jeune public, s’ils furent longtemps ignorés de la scène genevoise, en s’intégrant désormais aux programmations du Grand Théâtre, ont déjà trouvé leurs spectateurs qui deviendront peut-être les amateurs d’opéra de demain... KA

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didactique

Bal du printemps

Labo-M au Bal Le 21 mars, le jour de l’arrivée du prin-

par Les demoiselles Mancy du Châtelet*

temps, réunit à son accoutumée une foule de convives à l’occasion du traditionnel Bal du printemps, un bal caritatif au profit de la Fondation internationale pour la recherche en paraplégie, l’IRP.

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début, les mains se levaient timidement. Mais finalement, la vente de treize lots, dont des bijoux, un week-end Formule 1 à Monaco avec Philippe Streiff, ancien pilote, et la croisière MSC de huit jours en Méditerranée, a permis de récolter 72 000 francs. Pour clore la soirée, au moment du buffet de desserts et avant d’ouvrir la piste de danse, retour dans le passé avec Nicoletta, un des grands noms de la chanson française des années 70. Nos voisins de table se mettent à fredonner ses airs qui ont marqué toute leur jeunesse. Enfin, voici venu le temps de la danse, les convives se lancent sur la piste pour des pas de deux endiablés qui les tiendront éveillés jusqu’à l’aube, heure où le carrosse les attend pour regagner leurs pénates. * alias Laura Mancilla et Julie Wynne Mancilla, (relais Labo-M 10-11) © studio casagrande

Cette année, la soirée caritative a eu lieu à l’hôtel PrésidentWilson dans un décor baroque à l'italienne sous le thème « Bas les masques » et a réuni plus de 400 personnes. Au final, près de 240 000 francs ont ainsi pu être récoltés afin de financer des projets de recherche en paraplégie en Suisse et dans le monde. Quelques relais du club Labo-M du Grand Théâtre étaient invités à cette soirée avec pour mission de représenter, de manière bénévole, l’institution partenaire de l’événement en costumes d’époque. 17h : nous arrivons à l’hôtel Président-Wilson et nous nous remettons entre les mains de la costumière, de la coiffeuse et de la maquilleuse du Grand Théâtre pour nous transformer en dames de cour du XVIIe siècle, inspiration Carnaval de Venise. Crêpage de cheveux, coup de laque, une touche de fond de teint, un trait de rouge à lèvre carmin, le jupon, le faux-cul, la jupe, le corset, peu à peu chacune de nous prend la forme d’une aristocrate romantique et s’enveloppe de son nouveau personnage. La tenue, la voix, la démarche, tout y est. 19 h30 : les premiers invités arrivent. Nous les accueillons puis discutons avec l’un et l’autre, tantôt un baron, tantôt une femme d’affaires. Les dames dans la fleur de l’âge jouent le jeu du masque et avancent de froufrous, soie et dentelles vêtues. 20 h : Coupes de champagnes et petits amuse-bouches circulent avant que chacune ne regagne sa table. La salle est parée de tentures aux couleurs chaudes, petites alcôves, un espace photo-studio pour la prise de clichés des beautiful people qui évoluent dans les lieux. Un immense masque trône sur la scène s’ouvrant pour laisser passer les invités. Après avoir dégusté l’entrée, nous avons droit aux témoignages de Patrick Segal, auteur du célèbre ouvrage L'homme qui marchait dans sa tête et du Genevois Marc Ristori, champion de motocross, tous deux paraplégiques. C’est impressionnant d’entendre la force dont font preuve ces deux hommes lorsqu’ils parlent de leur accident et de leur vie quotidienne qui s’est vu transformée à jamais. L’émotion prend toute l’assemblée lorsque sont projetées des séquences vidéo de la traversée du Désert de la Mort par Patrick Segal et du retour sur une moto par Marc Ristori. Ensuite, ce fut le tour de la vente aux enchères sous le marteau de Caroline Lang, managing director de Sotheby’s Genève. Les enchères ont eu de la peine à décoller au

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didactique

Abonnez vous pour une saison colorée et ambitieuse Présentée à la presse et au grand public

le 19 avril, la saison 11-12 du Grand Théâtre se présente sous les meilleurs auspices.

par Albert Garnier

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nouvel acte

Le slogan L’Opéra pour tous barrant la façade du vénérable bâtiment de la Place Neuve annonce la couleur d’une saison placée sous le signe de la diversité des spectacles présentés et de la diversité des spectateurs attendus. Ce sera une campagne colorée, illustrée par une file d’attente de spectateurs sur un tapis rouge avec des chaussants particulièrement divers et colorés, de la tong à la chaussure de soirée. Déclinée sur tous les supports, programmes de saison, affiches, annonces dans la presse, site internet et vidéo, cette campagne a été saluée pour son audace et la nouvelle ambition qu’elle donne au Grand Théâtre d’être vraiment l’Opéra pour tous à Genève. Les spectacles seront quant à eux présentés tout au long de la saison par de nouvelles affiches illustrées par de magnifiques visuels « origami » réalisés par le graphiste Aimery Chaigne. Ces affiches systématiseront le lien avec le site web au moyen d’un QR code ou flashcode utilisable avec un téléphone mobile. Au-delà de cette campagne, c’est bien entendu la programmation de la saison qui a séduit la presse et le grand public, avec selon la formule traditionnelle huit opéras, parmi lesquels un certain nombre d’œuvres jamais jouées à Genève. Des œuvres comme Andrea Chénier, Richard III et Juliette ou la clé de songes et d’autres comme Mignon n'ont pas été jouées depuis la réouverture. La saison d’opéras est complétée par L’Enlèvement au sérail dans une mise en scène de la talentueuse metteure en scène suédoise Mira Bartov, Le Comte Ory pour les fêtes dans de somptueux décors et costumes de Ezio Toffolutti et une mise en scène de Giancarlo del Monaco. Macbeth dans une mise en scène de Christof Loy avec Jennifer Larmore et Davide Damiani dans le rôle-titre ! Et enfin Der Rosenkavalier.

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C’est aussi une belle saison de ballet qui s’annonce avec notamment une soirée « Ballets russes » par les chorégraphe Benjamin Millepied, Laurence Yadi et Nicolas Cantillon, le retour de la compagnie de Pina Bausch et Anna Karenina, un projet emmené par Valery Gergiev et le Ballet du Mariinski. Mentionnons aussi les récitals des plus grands artistes du monde lyrique : Marlis Petersen, René Pape, Matthias Goerne, Waltraud Meier, ainsi que nombre de spectacles de grande qualité auxquels participera la troupe des jeunes solistes en résidence : Scènes de la vie de Bohème de Murger, le retour de la Petite Zauberflöte après son succès retentissant de ce printemps. Pour permettre au plus grand nombre d’apprécier cette saison dans toute sa richesse, un effort particulièrement important a été fait sur les tarifs et l’offre d’abonnements. Avec des tarifs permettant de réaliser une économie jusqu’à 30 % sur le tarif de billetterie et trois nouveaux abonnements, le « Pleine Saison » vous permettant de ne rien manquer, l’ « ABO-M » destiné au public jeune et le First Minute Online, qui à l’image de ce qui se fait dans le tourisme propose un avantage financier conséquent à ceux qui se décideront rapidement. Même si la campagne d’abonnement bat son plein jusqu’à fin Juin, le plus tôt sera le mieux pour profiter des meilleures places et de vos dates de prédilection. Programme complet, renseignements et abonnements, du mardi au samedi de 10 h à 18 h directement au Grand Théâtre et par téléphone 022 418 31 30, et 24h/24 sur www.geneveopera.ch

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Agenda

Opéras

Ballet

L'Amour des trois oranges

Préludes & Fugues

Opéra en un prologue et quatre actes de Sergueï Prokofiev Au Grand Théâtre de Genève 13 | 15 | 17 | 20 | 23 | 25 juin 2011 à 20 h Direction musicale Michail Jurowski Mise en scène Benno Besson & Ezio Toffolutti Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Production en collaboration avec le Deutsche Oper am Rhein et le Gran Teatro La Fenice. Un voyage dans le monde de la loufoquerie, une œuvre à découvrir ou à redécouvrir. Lorsque Benno Besson dirigeait la Comédie de Genève, il avait imaginé une production mémorable de L’Oiseau vert de Carlo Gozzi. Pour sa deuxième et dernière mise en scène lyrique, il s’est laissé tenter par un opéra inspiré par L’amore delle tre melarance du même auteur. Grâce à son complice de longue date, Ezio Toffolutti, nous pourrons clore une nouvelle saison sur un conte tel que l’avait imaginé Benno Besson, le citoyen d’Yverdon. La lutte entre le chaos et l’ordre, entre le bien et le mal s’achève, comme dans tous les contes, dans l’ordre et la paix recouvrés. Conférence de présentation par Mathilde Reichler, en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet, le 9 juin 2011 à 18 h 15. Diffusion du spectacle sur Espace 2, le samedi 25 juin 2011 à 20 h. En vente dès le 1er juin 2011

saison

Andrea Chénier

Dramma di ambiente storico en quatre actes d'Umberto Giordano Au Grand Théâtre de Genève 7 | 15 | 17 | 19 | 22 septembre 2011 à 20 h 11 septembre 2011 à 15 h Direction musicale John Fiore Mise en scène John Dew Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Production du Deutsche Oper Berlin Une œuvre absente de la scène du Grand Théâtre qui répond aux canons du vérisme et qui connut un triomphe à la création. Un jeune poète guillotiné lors de la Révolution française ouvre la saison 11-12 du Grand Théâtre et nous entraîne vers deux heures de musique colorée empreinte de passion et d’idéaux humanitaires. L’amour de la patrie côtoie le culte de l’amitié et se mêle à la jalousie et au conflit amoureux dans un lyrisme torrentiel et emporté. L’occasion pour le Grand Théâtre d’entamer une collaboration avec l’une des grandes scènes lyriques de Berlin : le Deutsche Oper Berlin. Conférence de présentation par Sandro Cometta, en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet, le 6 septembre 2011 à 18 h 15. Diffusion du spectacle sur Espace 2, le samedi 22 octobre 2011 à 20 h.

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Le Clavier bien tempéré de J. S. Bach

Au BFM Ballet du Grand Théâtre de Genève Chorégraphie, costumes et lumières Emanuel Gat 21 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 mai 2011 à 20 h 22 | 29 mai 2011 à 17 h Création mondiale « Sur le frontispice du Clavier bien tempéré, Bach écrit : “ Pour la pratique et le profit des jeunes musiciens désireux de s’instruire... ” et cette oeuvre (comme toute la musique de Bach) joue pour moi le rôle d’une sorte de mentor, de manuel, de guide, de compagnon. À mon avis, Bach n’avait pas son pareil pour transformer la structure et la forme en un objet musical incorporant les vérités fondamentales. Le Clavier bien tempéré est l’incarnation de la plupart de mes convictions sur la production artistique en général, et la chorégraphie en particulier. J’aborde donc ce projet avec une profonde reconnaissance, en toute humilité et rempli d’amour pour cette musique. Préludes & Fugues ne sera aucunement une tentative d’illustrer la musique de Bach ou de la traduire en mouvement, mais plutôt une proposition de co-existence des structures. Le noyau de ma recherche chorégraphique tourne autour du développement de mécanismes et le processus de leur ajustement. Je suis convaincu que la danse est dotée, pour la plus grande partie, des qualités qu’on prête à la musique, et avant toute autre chose, de ses qualités non-verbales. Tout comme l’art musical résonne au plus profond de nous-mêmes au travers de structures de son abstraites, la danse met à nu la capacité de donner substance par le biais de structures mobiles qui changent constamment. » Emanuel Gat Dans le contexte d’une pertinence ardente à la pratique de la danse contemporaine, Préludes & Fugues propose une réflexion sur la structure et la forme, une méditation sur les aptitudes singulières de la danse.

Récital

Anna Caterina Antonacci

18 mai 2011 à 20h au Grand Théâtre de Genève Piano Donald Sulzen Vitellia remarquée en 2006 au BFM, la flamboyante Cassandre des Troyens est de retour sur le plateau du Grand Théâtre. Sans grandiloquence, elle excelle dans la tragédie et alterne le répertoire baroque et le grand opéra français. Elle ne cache pas sa passion pour la culture française, en particulier pour le beau chant. Dans un univers réputé pour son cloisonnement, elle brave les interdits, impose ses convictions, et comme Poppea, elle se donne les moyens pour arriver là où elle le souhaite. Un grand moment en perspective avec une diseuse, une tragédienne, une cantatrice incandescente et hallucinée à la voix ample.

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© GTG_VINCENT LEPRESLE

Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini, Grand Théâtre de Genève, septembre 2010

LE TEMPS VOUS OFFRE UN MOIS DE LECTURE Le Temps, partenaire média du Grand Théâtre de Genève, vous propose un abonnement gratuit d’un mois au journal. Cette offre comprend également un accès illimité au site letemps.ch pour découvrir l’actualité en continu. Pour en bénéficier, merci d’appeler le numéro gratuit 00 8000 155 91 92 ou de transmettre vos coordonnées à abos@letemps.ch avec la mention «Grand Théâtre de Genève». Si vous êtes déjà abonné(e), vous pouvez en faire profiter une connaissance. Cette offre exclusive est valable jusqu’au 30 juin 2011. Elle n’est ni cumulable, ni renouvelable.

DE

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24h

Chaque année à la mi-avril, le renouvellement des abonnements est une période intense pour Jean-Pascal Cottalorda et

24 h

son équipe. En quelques semaines seulement, 75% des abonnements seront réalisés. Penchons-nous donc sur une de ses journées trépidantes, menée tambour battant, par ce méridional qui a su garder

dans la vie de

Une reconversion

Originaire de Sète, Jean-Pascal Cottalorda quitte le sud de la France à 17 ans lorsqu’il est engagé comme danseur au Ballet de l’Opéra de Lyon. Puis vient la reconversion. En 2002, il est nommé responsable commercial de l’Opéra de Lyon et cinq ans plus tard, il rejoint l’équipe du Grand Théâtre de Genève en tant que responsable du développement commercial et de la billetterie. Jean-Pascal est marié, père de deux f illes, Aude, 9 ans et Julia, 15 ans.

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© GTG / yunus durukan

son accent du Sud.

Jean-Pascal Cottalorda 6 h 30 Le réveil sonne. 7 h Il éteint enfin son réveil pour la dernière fois et se lève. Il réveille ses enfants, avale deux espressi et file sous la douche. Après avoir déposé l’une de ses filles à l’école, il rejoint le théâtre en voiture. 9 h  Billetterie du théâtre. Jean-Pascal fait, comme tous les matins, le point avec son équipe. « Cette période de l’année est d’une extrême importance pour le Grand Théâtre. Mon rôle est d’encadrer et de motiver mes collaboratrices et mes collaborateurs. Je suis à l’écoute de toutes leurs demandes. » 10 h Une imposante quantité de courrier est déposée à la billetterie par les huissiers du Grand Théâtre. « L’ouverture quotidienne du courrier est toujours un moment d’excitation intense. Combien y aura-t-il de demandes d’abonnements aujourd’hui, quelles formules seront choisies et par combien de personnes ? ». 11 h 30  Durant les premières semaines de la campagne, des points abonnements sont installés dans le hall du Grand Théâtre afin de pouvoir répondre au mieux à toutes les demandes. Jean-Pascal s’y rend régulièrement pour parler avec son équipe et pour répondre personnellement aux abonnés. « Dans mon métier, il faut savoir écouter, rassurer et aider. J’aime entrer en contact avec nos spectateurs, partager ma passion avec eux, les convaincre. » 11 h 40  Un abonné, fidèle depuis trente ans, lui demande si, comme chaque saison, il pourra conserver sa place. Jean-Pascal lui explique qu’en tant que possesseur d’un Grand Abonnement aux Premières, sa place sera conservée tout au long de la saison. 11 h 45  Il répond à son téléphone portable. C’est Carine Druelle, son assistante, qui l’informe qu’un client désire des renseignements sur les abonnements Loge. Il réajuste sa cravate et se rend dans le hall du théâtre. 12 h 30 Son téléphone sonne à nouveau. La billetterie l’avise qu’une abonnée ne pourra pas se rendre à la représentation des Vêpres siciliennes qu’elle avait choisie il y a un an lors de la souscription de son abonnement et qu’elle désire changer de date. Comme elle est abonnée, le changement peut s’effectuer. 13 h La pause déjeuner. Jean-Pascal aime manger à la buvette du théâtre. Lieu de détente, mais pas seulement.

Le chorégraphe Emanuel Gat y déjeune avec quelques danseurs du Ballet. Après s’être présenté, Jean-Pascal lui demande s’il est possible d’assister à une répétition. « Emanuel Gat présente une création mondiale en mai au BFM, il faut savoir ce que l’on commercialise. Même si nous sommes en campagne d’abonnement, la saison en cours n’est pas finie. ». Une assiette fumante est déposée devant lui. Jean-Pascal peut enfin se détendre. 13h 45 Après deux cafés, c’est reparti. Tout méridional qu’il est, pas question de faire une petite sieste. Il remonte dans son bureau du quatrième étage à pied. Comme il ne fait plus d’exercice physique, Jean-Pascal s’impose cet effort au moins une fois par jour. 14 h Seconde livraison journalière du courrier. Jean-Pascal se trouvant au téléphone, c’est Carine Druelle qui gère ce nouvel arrivage dans le hall du théâtre. Il est en train d’expliquer à un jeune couple l’abonnement Pleine Saison, une nouveauté pour 2011-2012. 16 h Le service de presse du théâtre le prévient qu’un critique souhaite assister au spectacle du soir. Le journaliste pourra retirer ses billets tout à l'heure au guichet accueil. Alors qu’il s’apprête à redescendre dans le hall, il revient sur ses pas pour répondre au téléphone. Le concierge d’un grand hôtel de Genève désire, pour l’un de ses clients, deux places pour la représentation du soir. La réservation et le paiement sont effectués en quelques clics. 17 h 30 L’heure du bilan de la journée est enfin arrivé. Un document récapitulatif est complété avec les derniers chiffres et envoyé par courriel à la direction qui souhaite être informée quotidiennement de l’état des souscriptions aux treize différents abonnements proposés cette saison. 18 h La billetterie ne ferme pas ses portes comme à l’accoutumée car il y a spectacle. Jean-Pascal est là dans le hall pour accueillir les spectateurs et résoudre les demandes de dernière minute. 19 h C’est l’effervescence. Les spectateurs arrivent et le point abonnement dans le hall du théâtre est pris d’assaut pour des ultimes questions. « Les soirs de spectacle, nous pouvons vraiment visualiser le résultat de notre travail. C’est toujours une énorme satisfaction lorsque la salle est pleine. » 20 h La représentation débute. Le hall est calme. L’effervescence est passée dans la salle. FL

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