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ARGUMENT/SYNOPSIS
Maquette de scénographie pour Einstein on the Beach par Matteo Verlicchi
Concept
Lumières hypnotiques, variations et divisions temporelles, éternels retours et recommencements à l’envers, voici quelques éléments mis en place par Daniele Finzi Pasca et avec lesquels son équipe jongle tout au long des quatre heures de Einstein on the Beach: les détails reviennent et évoluent, les fragments finissent par créer une ligne, des lignes qui sont diffractées à nouveau et repartent vers l’infini et puis des histoires qui restent et perdurent dans la mémoire. Daniele Finzi Pasca façonne avec précision et amour, l’un après l’autre, des moments suspendus dans l’espace et le temps, des moments qui flottent sur le flux de la musique de Philip Glass, une partition visuelle qui se développe tout en légèreté sur les structures qui se répètent. Les images s’alignent. Effaçant toute notion du temps, elles laissent place à la transe. Le sens disparaît au profit de l’intuition. Daniele Finzi Pasca abolit la mesure du temps et récrée l’alchimie d’Einstein on the Beach.
Détails
Un clown qui se maquille et se prépare pour sortir en scène, une mariée qui coiffe sa longue chevelure qui devient un voile qui s’envole, un mécanicien qui remonte et nettoie un vélo, un cheval qui se laisse soigner, un torero qui s’évanouit et des sirènes qui défient la pesanteur tandis que les parapluies des uns et des autres dansent dans la bourrasque soudaine de la musique, voici quelques-unes des images qui peuplent l’imaginaire poétique de Daniele Finzi Pasca. Les acteurs voltigent et se glissent d’un rôle à l’autre, d’une langue à l’autre, de la gravité à la légèreté, retombent des pieds sur la tête et du texte à l’acrobatie et créent une fresque de couleurs et d’émotions à cueillir et accueillir au fond de son être de spectateur.
Concept
Mesmerizing lights, variations and divisions of time, endless cycles of never-ending stories that go back to their beginning, these are a few of the elements that Daniele Finzi Pasca and his team will be juggling with all along the four hours of Einstein on the Beach. There will be details that keep on coming back and evolving, fragments that end up composing a line, lines that suddenly diffract and scatter to infinity and there will also be stories that linger and remain in our minds.
Daniele Finzi Pasca’s work of precision is a labour of love. One after the other, he suspends moments in space and time, moments that float on the ebb and flow of Philip Glass’ music, a visual score that delicately unfolds as structures repeat, as images begin to accumulate. Any notion of time disappears in a trance, any notion of sense is replaced by intuition. Daniele Finzi Pasca dissolves the measure of time as he recreates the alchemy of Einstein on the Beach.
Details
A clown putting on the greasepaint and getting ready for his entrance, a bride arranging her hair into a veil that begins to take flight, a mechanic reassembling and cleaning a bicycle, a horse that lets itself be groomed, a fainting bullfighter and gravity-defying mermaids and everyone’s umbrellas dancing in the sudden gusts of the music. These are some of the images that fill Daniele Finzi Pasca’s imaginary world. The performers somersault from one role to another, from one language to the next, from gravity to weightlessness, fall from their feet on their heads and from their lines to their tumblings, creating a landscape of colours and emotions that invites the audience to tarry and take to their innermost being.
COMPAGNIA FINZI PASCA
Avec son siège à Lugano (Suisse), la Compagnia Finzi Pasca est connue au niveau international grâce à sa veine artistique particulière. Au cours de son histoire, elle a créé et produit plus de 30 spectacles. Ses créateurs ont signé également trois cérémonies olympiques (Turin 2006 et Sotchi 2014, pour les Jeux olympiques et paralympiques), deux spectacles pour le Cirque du Soleil : Luzia en 2016 et Corteo en 2005 (pour ce dernier, 8,4 millions de spectateurs en dix ans de tournée), cinq opéras dont Aida et le Requiem de Verdi, entrés officiellement dans le répertoire du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg ; Carmen et Pagliacci au Teatro San Carlo de Naples et L’Amour de loin pour le English National Opera de Londres.
Parmi les grands événements, la compagnie a produit en 2017 Montréal Avudo, spectacle multimédia commandé par la ville de Montréal, qui unit mapping vidéo, lumières et fontaines d’eau (249’000 spectateurs en quatre mois), et en 2019 Abrazos pour la Feria Estatal de León (Mexique), un spectacle interactif dédié aux familles (plus de 200’000 spectateurs). Par ailleurs, son noyau créatif a fait partie de la Fête des Vignerons 2019, un grand événement qui se déroule quatre fois par siècle à Vevey (Suisse) et dont environ 400'000 spectateurs ont profité.
Based in Lugano (Switzerland), Compagnia Finzi Pasca is among the major independent artistic companies in the world. Throughout its history it has created and produced more than 30 shows. Its creators designed three Olympic ceremonies (Turin 2006 and Sochi 2014, both Olympic and Paralympic Games), two shows for Cirque du Soleil: Luzia in 2016 and Corteo in 2005 (for the latter, 8,4 million viewers in a ten-year world tour), five operas among which Aida and Verdi’s Requiem are officially part of the Mariinsky Theatre (Saint Petersburg) repertoire, as well as Carmen and Pagliacci for the Teatro San Carlo in Naples and Love from Afar for the English National Opera, London.
Among the large-scale global produced by Compagnia Finzi Pasca: in 2017, Montreal Avudo, a multimedia show combining video mapping, lights and water fountains for the city of Montreal (249,000 viewers in 4 months) and in 2018 Abrazos for the fair Feria de León in Mexico, an interactive show addressed to families (200,000 viewers). Moreover, its creative team was part of the Fête des Vignerons 2019, an event that takes place four times per century in Vevey (Switzerland), with an audience of 400,000 people.
Rigueur & Conviction
Une puissante combinaison
L’UBP, partenaire historique du Grand Théâtre de Genève, est heureuse de soutenir l’opéra Einstein on the Beach, qui marque le lancement d’une saison riche en promesses et en découvertes.
Samedi à l’opéra Retrouvez les productions du Grand Théâtre de Genève et d’autres scènes lyriques d’ici et d’ailleurs, dans A l’Opéra le samedi dès 20h. Plus d’info sur espace2.ch
TOUS LES HOMMES SONT ÉGAUX
Texte écrit par Mr Samuel M. Johnson
« Dans ce tribunal, tous les hommes sont égaux. » Vous avez très souvent entendu prononcer ces mots. « Tous les hommes sont égaux. » Mais qu’en est-il des femmes ? Les femmes sont-elles égales aux hommes ? C’est ce que certaines personnes nous disent.
La semaine dernière, une réunion de femmes s’est tenue à Kalamazoo, sous d’heureux auspices. L’assemblée a écouté le discours d’une éminente dame, connue pour sa pudeur. Elle est si pudique qu’elle se bande les yeux quand elle prend un bain. La pudeur, chez elle, est une affaire de famille. Elle a un neveu qui a à peine dix ans d’âge. Parfois, son neveu dit : « Je vais au magasin dont le nom est interdit. » Le petit bonhomme est trop pudique pour dire « Je vais au A&P. » Eh bien, voici ce que cette dame pudique a dit à l’assemblée des femmes de Kalamazoo : « Mes sœurs ! Voici venu le moment pour nous de nous mettre debout et de nous affirmer. Trop longtemps avons-nous été piétinées par la gent masculine. Trop longtemps avons-nous été traitées en citoyennes de deuxième classe par des hommes qui disent que nous ne sommes bonnes qu’à leur faire à manger, repriser leurs chaussettes et élever leurs bébés.
Vous avez un petit ami qui vous appelle la reine de son cœur. Après, quand il vous épouse, il vous couronne. Voilà le genre d’homme qui, lorsqu’il est romantique ou, devrais-je plutôt dire, lorsqu’il est d’une certaine humeur, veut vous donner des baisers, et encore et encore des baisers.
Mes sœurs, je vous le dis : opposez-vous sans hésiter à cela et, si cet homme vous le prend sans votre autorisation, regardez-le bien en face, levez les yeux au ciel et dites-lui ceci : « Comment oses-tu, espèce de porc machiste ! Remets tout de suite ce baiser là où tu l’as trouvé ! Mes sœurs, nous sommes en servitude et nous devons nous en libérer. La liberté est notre cri de ralliement. Pas plus tard qu’hier, je parlais à une femme qui est la mère de quinze enfants. Elle m’a dit : « Oui, je veux être libérée du lit conjugal ! »
Et c’est ainsi, mes soeurs, que le moment est venu où nous devons faire comprendre aux porcs machistes que la main qui change les couches des bébés est la main qui dirigera le monde.
Et maintenant, mes sœurs, levons-nous et chantons notre hymne national. Pour le bénéfice de celles qui n’en auraient pas encore appris les paroles par cœur, les voici :
Le jour des femmes est pour bientôt, les astres l’ont prédit Bientôt aussi, annoncez-le : Les hommes seront finis! Debout, mes sœurs, Debout, c’est l’heure Levez vos étendards! Ne soyons pas des mijaurées! À bas les mâles, Nous sommes égales, Les femmes vont diriger!
Voici, en traduction française, un extrait du livret d’Einstein on the Beach, dont l’original est reproduit en page 35 de ce programme. L’œuvre a connu sa genèse en pleine mouvance féministe aux ÉtatsUnis. Philip Glass et Robert Wilson ne pouvaient pas rester insensibles à cette vague qui secouait la société patriarcale dont ils étaient les dignes rejetons. Cette tirade, qui se veut gentiment satirique, reprend les revendications de la libération de la femme des années 1960 et 1970, en leur prêtant les accents un peu puritains et emphatiques de la première vague historique d’émancipation de la femme, celle des suffragettes du début du XX e siècle.