1213 - Programme récital - Barbara Frittoli - 06/13

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Barbara

Frittoli soprano

mzia bachtouridze piano

rĂŠcital

Verdi / Tosti / Wagner

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Partenaire des récitals

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@ dr

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Barbara Frittoli et Mzia Bachtouridze lors d’un récital au Teatro alla Scala en mai 2013.

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@ alexander vasiljev

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récital Dimanche 9 juin 2013 à 19 h 30 Au Grand Théâtre

Barbara

Frittoli soprano

mzia baChtouridze piano Giuseppe Verdi Il Poveretto La Seduzione L’Esule

Ballabile (Macbeth, Acte III) piano solo Non t’accostare all’urna Stornello Il Brindisi

Francesco Paolo Tosti @ alexander vasiljev

Quattro Canzoni d’Amaranta

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Entracte

Richard wagner

Tout n’est qu’images fugitives Dors, mon enfant Mignonne Attente

Franz Liszt

Isoldes Liebestod aus Tristan und Isolde piano solo

Richard wagner Wesendonck-Lieder Der Engel Stehe still! Im Treibhaus Schmerzen Träume

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@ marco Calcinaro

Caricature de Verdi et Wagner Marco Calcinaro, 2012 journal Panorama, Milan Dessin

À la rencontre de deux Titans de la musique lyrique... par Daniel Dollé

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L

e programme que nous offrent les deux artistes du récital de ce soir, nous permet, une fois encore, de revenir sur le bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi et de Richard Wagner qui, sans conteste, ont marqué le XIXème siècle. Ils représentent deux cultures essentielles du monde musical. La culture italienne qui plonge ses racines dans la tradition romaine et dans la Renaissance. Elle constitue le berceau de l’opéra depuis Jacopo Peri et Claudio Monteverdi. La culture lyrique germanique a principalement pris son essor durant le XVIIIème siècle, en commençant par le génie baroque de Bach et de Haendel, par la suite, elle se développe avec le classicisme, grâce à Gluck, Haydn et Mozart. Peut-être, le temps

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est-il venu d’abandonner les concepts d’opposition entre la frivolité italienne et la rigueur allemande ? Différences certes, opposition et rivalité, pas forcément ! En 2012, on serait en droit d’imaginer que les querelles de chapelles se sont apaisées et que seul le génie des deux compositeurs domine. Mais que nenni ! À Milan, le 7 décembre 2012, la programmation en ouverture de saison de La Scala d’un opéra de Wagner, Lohengrin, fait scandale. Dans le Corriere della Sera, on peut lire : « Ce choix est une gifle pour l’art italien, un coup pour la fierté nationale en temps de crise… Les Allemands auraient-ils ouvert une année wagnérienne avec une pièce de Verdi ? » Au cœur de cette polémique, on a tout simplement oublié qu’au cours de la saison, huit opéras de Verdi seront à l’affiche, et seulement cinq de Wagner seront programmés. Ce qui est certain, c’est que nul ne pourra contester leur autorité, car chacun, à sa manière a révolutionné l’art lyrique. Sans eux, le monde de l’opéra serait assurément plus pauvre. Malgré de nombreuses différences, ils ont cependant de nombreux points communs. La légende en a fait deux nationalistes passionnés. Mais ne seraient-ils pas plutôt des européens convaincus ? Leur musique n’a-t-elle pas contribué à la mise en œuvre d’une véritable culture européenne ? Les deux compositeurs semblent ne pas s’apprécier mais ils ne se sont jamais rencontrés. Les quelques commentaires de Verdi à propos de Richard Wagner et de sa musique sont loin d’être bienveillants : « Il choisit invariablement et inutilement la voie inexplorée, essayant de voler là où une personne raisonnable marcherait avec de meilleurs résultats. » Cependant apprenant la mort de Wagner : « Triste ! Triste ! Triste !… Un nom qui laisse une empreinte des plus puissantes dans l’histoire de notre art. » Dans la bibliothèque musicale de Verdi, on pouvait trouver, entre autres, un piano-chant de Lohengrin. L’un des commentaires de Wagner est bien connu : après avoir écouté le Requiem de Verdi, le grand musicien allemand, d’habitude prolifique et éloquent dans ses commentaires sur les autres compositeurs, se contente de déclarer : « Il vaut mieux ne rien dire ». Wagner

détestait les opéras qui ne correspondaient pas à ses critères, notamment lorsqu’ils connaissaient un grand succès commercial. Il parlait des opéras italiens, en disant : « Donizetti et compagnie ». Dans les nombreux écrits de Wagner, on ne trouve aucune allusion à Verdi qui considérait par contre Tristan und Isolde comme l’« une des plus grandes créations de l’esprit humain. » Même si Wagner a rejeté l’opéra italien, nous devons nous rappeler son admiration sans borne pour Bellini. Qu’auraient-ils pu se dire si Verdi et Wagner s’étaient rencontrés ? Franz Werfel, un écrivain autrichien, publie en 1924 Verdi, Roman der Oper où il imagine une rencontre entre Giuseppe Verdi et Richard Wagner, en 1883, à Venise durant le carnaval. L’astre du mage de Bayreuth est au plus haut point, alors que l’inspiration du compositeur de Simon Boccanegra est en berne. Pour les Gibelins, Verdi est Guelfe, et pour les Guelfes, Gibelin ! En Italie, on lui reproche d’avoir succombé aux sirènes allemandes et de brader l’héritage du melodramma. Lorsqu’enfin, Verdi se décide à se rendre au palais Vendramin où loge Richard Wagner, il apprend que ce dernier est mort. Verdi est alors rendu à lui-même, il est comme revigoré. Plus de cent ans après la mort de Richard Wagner, l’homme et l’œuvre divisent toujours. On connaît

La déclaration de Verdi apprenant la mort de Wagner en 1883 ne trompe pas : « Triste ! Triste ! Triste !… Lorsque je lisais hier la nouvelle, je suis resté atterré ! Point de discussion, une grande personnalité disparaît ! Un nom qui laisse une empreinte des plus puissantes dans l’histoire de l’art ! »

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@ Lebrecht music & arts

À la rencontre de deux Titans de la musique lyrique... Daniel Dollé

les anti-wagnériens, mais ni les anti-mozartiens, ni les anti-verdiens. De nombreuses œuvres de Verdi figurent sur la liste des opéras les plus populaires, aucune œuvre de Wagner n’y est présente. Verdi était en fait en Italie la même chose que ce que Wagner était pour l’Allemagne : le créateur du drame musical. La seule différence est que Verdi fait évoluer la tradition, en raison d’un contexte initial complètement différent, tandis que Wagner la fait éclater. Verdi est l’antipode de Wagner, mais ils sont reliés par le sens profond du théâtre et sont capables de mettre en musique des personnages de stature shakespearienne. Chacun a développé une esthétique propre et un univers stylistique facilement reconnaissable. Incontestablement, les deux avaient une énergie créatrice sans limite. Enfants, Giuseppe et Richard furent bien différents. Le premier montra son génie musical très jeune et reçut une éducation musicale solide. Le second montra peu d’intérêt pour la musique jusqu’à la fin de son adolescence, puis il se lança à corps perdu dans une formation autodidacte. Jeune, il nourrissait l’ambition de devenir dramaturge. Verdi, qui aimait à s’appeler le paysan de Roncole, a grandi dans des conditions modestes. Il était économe, plein d’humour, difficile d’accès. Plus tard, il devint si riche qu’il put acquérir des terres et sa maison à Busseto. Wagner, d’origine modeste comme lui, termina sa vie avec les empereurs et les rois. On

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lui reprochera son embourgeoisement. Theodor W. Adorno écrira : « Le pessimisme de Wagner, c’est la culpabilité d’un révolutionnaire qui a trahi la révolution. » En fait, il a changé de combat en poursuivant une utopie musicale, il a remplacé le combat politique par une lutte artistique. Mais les reproches ne s’arrêtent pas là. Nous pourrions également évoquer l’antisémitisme de Wagner ou son égoïsme, sans parler du fait qu’il était un « serial lover sur le mode coucou » – il donnait libre cours à son goût pour les femmes des autres, tout en profitant des largesses du mari. Verdi resta fidèle à sa terre natale et proche du peuple. Il est un humaniste, alors que Wagner est un révolutionnaire, pratiquement apatride, allant de ville en ville. Après la création du Fliegende Holländer au Semperoper de Dresde en 1843, commence une période difficile pour Wagner. Il doit quitter l’Allemagne afin d’échapper à la prison. Il est poursuivi pour ses convictions politiques ou par ses créanciers viennois. Il est un compositeur en cavale, un fuyard, comme le sont nombreux de ses héros d’opéra, du Hollandais volant à Siegmund. C’est grâce à un monarque de dix-huit ans, Louis II de Bavière, que Wagner pourra créer à cinquante-deux ans son Tristan et parachever une œuvre révolutionnaire : Der Ring des Nibelungen. Si Verdi se plaignait des fosses trop larges et trop éclairées, mais s’en accommodait, Wagner est allé plus loin. En imaginant une salle à l’antique, il a dissimulé l’orchestre et s’est affranchi des futilités mondaines des salles à l’italienne. Wagner s’est intéressé aux dieux et à la mythologie, Verdi a porté son regard sur les hommes et leurs problèmes. L’habitude, la routine nous empêche de prendre conscience de la virulence de la critique sociale chez Verdi qui, comme Wagner, met en évidence la grande importance de l’influence de la société sur les libertés individuelles. Tout en utilisant des moyens fort différents, leurs objectifs convergent. Ils incarnent le réalisme et le romantisme, l’humanisme et le mythe. Giuseppe Verdi et Richard Wagner sont réunis dans un même programme, en compagnie de Francesco Paolo Tosti, compositeur abruzzais

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que Verdi admirait. Quelles que soient les polémiques, ils demeurent deux grands visionnaires du théâtre musical. Ils ont fortement influencé la postérité. Avec des moyens différents, poursuivant leur propre voie, ils sont parvenus à une nouvelle intensité dramatique. Verdi agit en révolutionnaire sans faire appel à la rupture. Avant d’être un compositeur majeur, il fut un compositeur populaire. Richard Wagner fut-il populaire, ou le deviendra-t-il ? Révolutionnaire également, il a fait voler en éclats les structures du passé. Il a combiné musique et théâtre à l’aide des leitmotifs pour réaliser une « œuvre d’art totale ». La musique souvent accrocheuse de Verdi agit directement sur le peuple. Ses opéras s’inspirent de situations de la vie réelle et de personnages dont le destin interpelle. Wagner fait appel au mythe, il se laisse porter par des idées, il écrit sa propre mythologie pour faire partager des pensées marquantes. Il présente des dieux, des demi-dieux ou des personnages mythologiques, Verdi s’intéresse directement aux hommes, tels qu’Otello et Desdemona. Chez Verdi le chant est l’expression unique des émotions et des problèmes, le chant est le plus important, l’accompagnement lui est subordonné. Chez Wagner, le chanteur a rarement la ligne mélodique qui est confiée à l’orchestre. L’espace d’un soir, ils sont réunis pour nous parler d’émotions, d’amour, d’ombre et de lumière, grâce à un programme qui illustre les différences et la complémentarité des deux génies musicaux qui n’ont pas fini de nous interpeller et de nous séduire. Laissons les interrogations aux spécialistes et goûtons aux plaisirs infinis des mélodies. Gageons que Barbara Frittoli et sa partenaire sauront trouver l’expression parfaite apte à communiquer le bon sentiment, en restant loyales aux compositeurs, en respectant leurs intentions et en donnant l’émotion adéquate à la ligne musicale. Les mélodies rejoignent les lieds et illustrent parfaitement la rencontre de la poésie et de la musique, l’entendement du texte et de la musique. Heureux celui qui sait accéder à ces sommets où les frontières sont abolies et qui mènent à la pure jouissance ! DD

Lorsque Verdi disparaît en 1901, l’imprésario de la Scala Giulio Gatti Casazza eut ces paroles : « Une émotion indicible s’est emparée de moi. C’était la nuit, lorsque je me rendais à La Scala, là où il avait conquis ses lauriers. Je pensais : Repose en paix, Maestro sincère et grand ! Ton œuvre vivra pour toujours ! Si brillantes et éblouissantes soient les sonneries de trompettes de Bayreuth, les voix de Rigoletto, Violetta ou Otello ne suffoqueront jamais. » [page de gauche]

Rhapsodie (Richard Wagner encourageant Saint-Pierre à laisser Franz Liszt monter au ciel) Paru dans Borsszem Jankó, 1886 Archives du journal, Budapest Lithographie

[ci-contre]

Portrait de Francesco Paolo Tosti Paru dans Vanity Fair Carlo Pellegrini, 1885 École des Beaux-Arts, Charlottesville, Virginie, USA Lithographie

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Giuseppe Verdi

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(1813-1901)

Il Poveretto (1847) Manfredo Maggioni

Le Petit Pauvre

Passegger, che al dolce aspetto Par che serbi un gentil cor, Porgi un soldo al poveretto Che da man digiuno è ancor.

Passant, à ton air aimable, Il me semble que tu as bon cœur, Offre un sou au petit pauvre Qui n’a pas mangé depuis ce matin.

Fin da quando era figliuolo Sono stato militar E pugnando pel mio suolo Ho trascorso e terra e mar;

Depuis mon plus jeune âge, J’ai servi dans l’armée Et me battant pour ma patrie J’ai traversé terre et mer.

Ma or che il tempo su me pesa, Or che forza più non ho, Fin la terra che ho difesa, La mia patria m’obliò.

Mais voilà que les années me pèsent, Voilà que mes forces m’abandonnent, Et cette terre que j’ai défendue, Ma patrie m’a oublié.

La Seduzione (1839) Luigi Balestra (1808-1863)

La Séduction

Era bella com’angiol del cielo, Innocente degl’anni sul fiore, Ed il palpito primo d’amore Un crudele nel cor le destò.

Elle était belle comme un ange céleste, Innocente, dans la fleur de son âge, Et un homme cruel lui fit sentir Le premier frisson d’amour dans son cœur.

Inesperta, fidente ne’ giuri, Sè commise all’amante sleale; Fu sedotta! e l’anello nuziale, Poveretta, ma indarno invocò.

Naïve, croyant à ses serments, Elle se donna à l’amant déloyal ; Il la séduisit ! Et la pauvre petite Invoqua en vain l’anneau nuptial.

All’infamia dannata, allo scherno, Nove lune gemé la tradita; Poi, consunta dal duolo la vita, Pregò venia al crudele e spirò.

Dédaignée, condamnée à un sort infâme, Trahie, elle pleura pendant neuf lunes ; Et puis, sa vie se consuma dans la douleur, Elle demanda pardon à ce cruel, et expira.

Ed il frutto del vil tradimento Nel sepolcro posogli d’appresso; Là non sorse una croce, un cipresso, Non un sasso il suo nome portò.

Et le fruit de son infâme trahison Fut déposé auprès d’elle dans la tombe ; Sur laquelle ni croix, ni cyprès, Ni pierre tombale ne porta son nom.

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L’Esule (1839) Temistocle Solera (1815-1878)

L’Exilé

Vedi! la bianca luna Splende sui colli; La notturna brezza Scorre leggera ad increspare il vago Grembo del queto lago. Perché, perché sol io Nell’ora più tranquilla e più soave Muto e pensoso mi starò? Qui tutto È gioia; il ciel, la terra Di natura sorridono all’incanto. L’esule solo è condannato al pianto.

Vois ! La lune blanche Rayonne sur les collines ; La brise nocturne Souffle légère et frise le joli sein Des eaux du beau lac tranquille. Pourquoi, pourquoi, moi seul En cette heure si tranquille et si douce, Me trouvé-je muet et pensif ? Ici tout Est bonheur ; le ciel, la terre, Sourient aux charmes de la Nature, Seul l’exilé est condamné aux larmes.

Ed io pure fra l’aure native Palpitava d’ignoto piacer. Oh, del tempo felice ancor vive La memoria nel caldo pensier. Corsi lande, deserti, foreste, Vidi luoghi olezzanti di fior; M’aggirai fra le danze e le feste, Ma compagno ebbi sempre il dolor.

Moi qui pourtant, sous la brise natale, Frémissais de plaisirs inconnus. Ah ! Le souvenir des jours heureux vit Encor dans mes ferventes pensées. J’ai parcouru landes, déserts et forêts, J’ai vu des lieux où embaumaient les fleurs, J’ai tourbillonné dans les danses et les fêtes, Mais j’eus toujours la douleur pour compagne.

Or che mi resta?... togliere alla vita Quella forza che misero mi fa. Deh, vieni, vieni, o morte, a chi t’invita E l’alma ai primi gaudi tornerà.

Or, que me reste-t-il ? Ôter à la vie Cette force qui me rend malheureux. Ah, viens, viens, ô mort, à celui qui t’appelle Et mon âme retrouvera son bonheur premier.

Oh, che allor le patrie sponde Non saranno a me vietate; Fra quell’aure, su quell’onde Nudo spirto volerò; Bacerò le guance amate Della cara genitrice Ed il pianto all’infelice Non veduto tergerò.

Alors le rivage natal Ne me sera plus interdit, À travers ses brises et sur ses eaux Je volerai en pur esprit ; Je baiserai les joues bien-aimées De ma mère adorée Et les pleurs qu’elle verse sur son malheureux Disparu, je les sècherai.

Ballabile (1847) Piano solo tiré de Macbeth, Acte III

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Giuseppe Verdi

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Non t’accostar all’urna Tiré des Sei Romanze (1838) Iacopo Vittorelli (1749-1835)

Ne t’approche pas de l’urne

Non t’accostar all’urna, Che il cener mio rinserra, Questa pietosa terra È sacra al mio dolor.

Ne t’approche pas de l’urne Qui contient mes cendres, Cette terre miséricordieuse Est consacrée à ma douleur.

Odio gli affanni tuoi, Ricuso i tuoi giacinti; Che giovano agli estinti Due lagrime, due fior?

Je déteste tes transports de chagrin, Je refuse tes jacinthes ; À quoi servent aux disparus, Deux larmes et deux fleurs ?

Empia! Dovevi allora Porgermi un fil d’aita, Quando traéa la vita Nell’ansia e nei sospir.

Ingrate ! Tu aurais dû alors Me tendre une main secourable, Alors que je traînais ma vie Dans l’angoisse et les soupirs.

A che d’inutil pianto Assordi la foresta? Rispetta un’ombra mesta, E lasciala dormir.

Pourquoi d’inutiles plaintes Assourdis-tu la forêt ? Respecte donc une ombre malheureuse Et laisse-la dormir.

Stornello (1869) Luigi Balestra (1808-1863) ou Anonyme

Stornello

Tu dici che non m’ami... anch’io non t’amo... Dici non vi vuoi ben, non te ne voglio. Dici ch’a un altro pesce hai teso l’amo. Anch’io in altro giardin la rosa coglio.

Tu dis que tu ne m’aimes pas... je ne t’aime pas non plus... Tu dis je ne vous aime pas, et moi je ne veux pas de toi. Tu dis avoir tendu l’hameçon à un autre poisson. Et moi je vais aussi cueillir la rose dans un autre jardin.

Anco di questo vo’che ci accordiamo: Tu fai quel che ti pare, io quel che voglio. Son libero di me, padrone è ognuno. Servo di tutti e non servo a nessuno.

Je voudrais aussi que nous nous mettions d’accord sur ceci : Tu fais ce que bon te semble, et moi ce que je veux. Je suis libre de moi-même, chacun est patron, Serviteur de tous et esclave de personne.

Costanza nell’amor è una follia; Volubile io sono e me ne vanto. Non tremo più scontrandoti per via, Né, quando sei lontan mi struggo in pianto. Come usignuol che uscì di prigionia Tutta la notte e il dì folleggio e canto.

Etre fidèle en amour, c’est folie ; Je suis volage et je m’en vante. Je n’ai plus peur de te croiser sur ma route, Et je ne fonds plus en larmes quand tu es loin de moi. Comme le rossignol qui est sorti de sa cage Toute la nuit et le jour je badine et je chante.

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Giuseppe Verdi

Il Brindisi Tiré de l’Album di Sei Romanze (1845) Andrea Maffei (1798-1885)

Le Brindisi

Mescetemi il vino! Tu solo, o bicchiero, Fra gaudi terreni non sei menzognero, Tu, vita de’ sensi, letizia del cor. Amai; m’infiammaro due sguardi fatali; Credei l’amicizia fanciulla senz’ali, Follia de’ prim’anni, fantasma illusor.

Versez-moi le vin ! Toi seule, ô coupe, Parmi les plaisirs terrestres n’es pas mensongère, Tu es la vie des sens, tu réjouis les cœurs. J’aimai ; deux regards fatals suffirent pour m’enflammer ; Je crus que l’amitié était une enfant sans ailes, Une folie de jeunesse, un fantasme éphémère.

Mescetemi il vino, letizia del cor.

Versez-moi le vin qui réjouit les cœurs,

L’amico, l’amante col tempo ne fugge, Ma tu non paventi chi tutto distrugge: L’età non t’offende, t’accresce virtù. Sfiorito l’aprile, cadute le rose, Tu sei che n’allegri le cure noiose: Sei tu che ne torni la gioia che fu.

L’ami et l’amant, avec le temps nous fuient, Mais toi tu ne crains pas ce qui détruit tout : Les années ne t’offensent pas, ils augmentent ta vertu. Avril s’effeuille, les roses se fanent, C’est toi qui viens réjouir nos soucis et nos ennuis : C’est toi qui nous ramènes la joie d’autrefois.

Mescetemi il vino, letizia del cor.

Versez-moi le vin qui réjouit les cœurs,

Chi meglio risana del cor le ferite? Se te non ci desse la provvida vite, Sarebbe immortale l’umano dolor. Mescetemi il vino! Tu sol, o bicchiero, Fra gaudi terreni non sei menzognero, Tu, vita de’ sensi, letizia del cor.

Qui mieux que toi pour guérir les maux du cœur ? Si la providentielle vigne ne t’avait pas donné à nous, La douleur humaine serait immortelle. Versez-moi le vin ! Toi seule, ô coupe, Parmi les plaisirs terrestres n’es pas mensongère, Tu es la vie des sens, tu réjouis les cœurs.

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Francesco Paolo Tosti

(1846-1916)

Quattro Canzoni d’Amaranta Gabriele d’Annunzio (1863-1938) 1. Lasciami! Lascia ch’io respiri, lascia ch’io mi sollevi! Ho il gelo nelle vene. Ho tremato. Ho nel cor non so che ambascia... Ahimè, Signore, è il giorno! Il giorno viene!

1. Laisse-moi ! Laisse-moi respirer, laisse-moi me soulager ! Mon sang se glace dans mes veines. Je tremble. Une angoisse inconnue me pénètre le cœur... Hélas, Seigneur, il est jour ! Le jour se lève !

Ch’io non lo veda! Premi la tua bocca su’ miei cigli, il tuo cuore sul mio cuore! Tutta l’erba s’insànguina d’amore. La vita se ne va, quando trabocca.

Que je ne voie pas cela ! Presse ta bouche sur mon front, ton cœur sur mon cœur ! Toute l’herbe s’ensanglante d’amour. La vie s’en va, quand elle déborde.

Trafitta muoio, e non dalla tua spada. Mi si vuota il mio petto, e senza schianto. Non è sangue? Ahi, Signore, è la rugiada! L’alba piange su me tutto il suo pianto.

Je meurs transpercée, et pas par ton épée. Ma poitrine se vide, et sans fracas, Ce n’est pas du sang ? Ah, Seigneur, c’est la rosée ! L’aube en pleurs répand sur moi toute sa plainte.

2. L’alba sepàra dalla luce l’ombra, E la mia voluttà dal mio desire. O dolce stelle, è l’ora di morire. Un più divino amor dal ciel vi sgombra.

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Quatre chansons d’Amaranta

2. L’aube sépare de la lumière l’ombre, Et ma volupté de mon désir. Ô douces étoiles, il est l’heure de mourir. Un plus divin amour du ciel vous chasse.

Pupille ardenti, O voi senza ritorno Stelle tristi, spegnetevi incorrotte! Morir debbo. Veder non voglio il giorno, Per amor del mio sogno e della notte.

Brûlantes pupilles, ô vous sans revenir Étoiles tristes, éteignez-vous incorrompues ! Je dois mourir. Je ne veux voir le jour, Par amour pour mon rêve et pour la nuit.

Chiudimi, O Notte, nel tuo sen materno, Mentre la terra pallida s’irrora. Ma che dal sangue mio nasca l’aurora E dal sogno mio breve il sole eterno!

Renferme-moi, ô Nuit, dans ton sein maternel, Tandis que la pâle terre est arrosée. Mais que de mon sang naisse l’aurore Et de mon songe bref, l’éternel soleil.

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3. In van preghi, in vano aneli, in van mostri il cuore infranto. Sono forse umidi i cieli perché noi abbiamo pianto?

3. En vain tu supplies, en vain tu languis, en vain tu montres ton cœur brisé. Peut-être sont-ils mouillés, les cieux, parce que nous avons pleuré ?

Il dolor nostro è senz’ala. Non ha volo il grido imbelle. Piangi e prega! Qual dio cala pel cammino delle stelle?

Notre peine est sans aile. Il ne vole pas, le cri timide. Pleure et prie ! Quel dieu descend par le chemin des étoiles ?

Abbandónati alla polve e su lei prono ti giaci. La supina madre assolve d’ogni colpa chi la baci. In un Ade senza dio dormi quanto puoi profondo. Tutto è sogno, tutto è oblìo: l’asfodèlo è il fior del Mondo.

Abandonnés à la poussière et sur elle tu gis face contre terre. La mère couchée absout de toute faute qui viendra lui donner un baiser, Dans un Hadès sans dieu tu dors aussi profondément que tu peux. Tout est songe, tout est oubli : l’asphodèle est la fleur du Monde.

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Francesco Paolo Tosti

4. Che dici, o parola del Saggio? «Conviene che l’anima lieve, sorella del vento selvaggio, trascorra le fonti ove beve.»

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4. Que dis-tu, parole du Sage ? « Il convient que l’âme légère, la sœur du vent sauvage, coule dans les fontaines où elle vient boire. »

Io so che il van pianto mi guasta le ciglia dall’ombra sì lunga... O Vita, e una lacrima basta a spegner la face consunta!

Je sais que ma vaine plainte m’abîme le front d’une ombre si longue... Ô Vie, et une larme suffit à éteindre le flambeau consumé !

Ben so che nell’ansia mortale si sfa la mia bocca riarsa... E un alito, o Vita, mi vale a sperder la cenere scarsa!

Je sais fort bien qu’en mortelle angoisse Se défera ma bouche aride… C’est un souffle, ô Vie, qui me vaudra D’éperdre la cendre insuffisante !

Tu dici: «Alza il capo; raccogli con grazia i capelli in un nodo; e sopra le rose che sfogli ridendo va incontro all’Ignoto.

Tu dis : « Lève la tête, rassemble avec grâce tes cheveux en un nœud ; et sur les roses que tu effeuilles pars riant à la rencontre de l’Inconnu.

L’amante dagli occhi di sfinge mutevole, a cui sei promessa, ha nome Domani; e ti cinge con una ghirlanda più fresca.»

L’amante aux yeux de sphinx versatile, à qui tu es promise, a pour nom Demain ; et elle te couronnera d’une guirlande plus fraîchement cueillie. »

M’attende: lo so. Ma il datore di gioia non ha più ghirlande: ha dato il cipresso all’Amore e il mirto a Colei ch’è più grande,

Il m’attend : je le sais. Mais le donneur de joie n’a plus de guirlandes ; il a donné le cyprès à l’Amour et le myrte à Celle qui est plus grande,

il mirto alla Morte che odo rombar sul mio capo sconvolto. Non tremo. I capelli in un nodo segreto per sempre ho raccolto.

le myrte à la Mort que j’entends rouler sur ma tête renversée. Je ne tremble pas. Mes cheveux sont noués, en un nœud secret pour toujours rassemblés.

Ho terso con ambe le mani l’estreme tue lacrime, o Vita. L’amante che ha nome Domani m’attende nell’ombra infinita.

J’ai essuyé des deux mains tes dernières larmes, ô Vie. L’amante qui a pour nom Demain m’attend dans l’ombre infinie.

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Richard Wagner

(1813-1883)

Tout n’est qu’images fugitives wwv 58 (1839) Jean Reboul (1796-1864)

Dors, mon enfant wwv 53 (1839) Anonyme

Tout n’est qu’images fugitives ; Coupe d’amertume ou de miel, Chansons joyeuses ou plaintives Abusent des lèvres fictives ; Il n’est rien de vrai, que le ciel ! Tout soleil nait, s’élève et tombe ; Tout trône est artificiel, La plus haute gloire succombe, Tout s’épanouit pour la tombe, Et rien n’est brillant que le ciel ! Navigateur d’un jour d’orage, Jouet des vagues, le mortel, Repoussé de chaque rivage, Ne voit qu’écueils sur son passage, Et rien n’est calme que le ciel !

Dors entre mes bras, Enfant plein de charmes ! Tu ne connais pas Les soucis, les larmes ; Tu ris en dormant, À ton doux sourire, Mon coeur se déchire ; Dors, ô mon enfant ! Dors sur les genoux De ta pauvre mère, Car le sort jaloux T’a ravi ton père ; Je veille en tremblant Sur ta faible enfance, Dors, mon espérance, Dors, ô mon enfant ! Dors et ne crains rien, Car si tu sommeilles, Ton ange gardien, Ta mère, te veille, Le repos descend Sur ton front candide, Dors sous mon égide, Dors, ô mon enfant !

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Richard Wagner

Mignonne wwv 57 (1839) Pierre de Ronsard (1524-1585)

Attente wwv 55 (1839) Victor Hugo (1802-1885), Les Orientales

Mignonn’, allon voir si la rose Qui ce matin avoit declose Sa robe de pourpr’ au soleil, A point perdu, cette vesprée, Le plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil.

Monte, écureuil, monte au grand chêne, Sur la branche des cieux prochaine, Qui plie et tremble comme un jonc. Cigogne, aux vieilles tours fidèle, Oh ! vole ! et monte à tire-d’aile De l’église à la citadelle, Du haut clocher au grand donjon.

Las, voyés comm’ en peu d’espace, Mignonn’, ell’ a dessus la place, Las, las, ses beautés laissé cheoir ! Ô vrayement maratre nature, Puis qu’une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croiés, mignonne : Tandis que vostr’ age fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillés, cueillés vostre jeunesse, Comm’ à cette fleur, la viellesse Fera ternir vostre beauté.

Franz Liszt

Vieux aigle, monte de ton aire À la montagne centenaire Que blanchit l’hiver éternel ; Et toi qu’en ta couche inquiète Jamais l’aube ne vit muette, Monte, monte, vive alouette, Vive alouette, monte au ciel ! Et maintenant, du haut de l’arbre, Des flèches de la tour de marbre, Du grand mont, du ciel enflammé, À l’horizon, parmi la brume, Voyez-vous flotter une plume, Et courir un cheval qui fume, Et revenir ma bien-aimée ?

(1811-1886)

Isoldes Liebestod aus Tristan und Isolde S447 (1867) Transcription pour piano

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Richard Wagner

Wesendonck-Lieder wwv 91A (1858) Mathilde von Wesendonck (1828-1902) 1. Der Engel

1. L’Ange

In der Kindheit frühen Tagen Hört ich oft von Engeln sagen, Die des Himmels hehre Wonne Tauschen mit der Erdensonne,

Dans les premiers jours de l’enfance J’ai souvent entendu dire des anges Qu’ils échangeaient les sublimes joies du ciel Pour le soleil de la terre,

Dass, wo bang ein Herz in Sorgen Schmachtet vor der Welt verborgen, Dass, wo still es will verbluten, Und vergehn in Tränenfluten,

Que, quand un cœur anxieux en peine Cache son chagrin au monde, Que, quand il souhaite en silence saigner Et s’évanouir dans un flot de larmes,

Dass, wo brünstig sein Gebet Einzig um Erlösung fleht, Da der Engel niederschwebt, Und es sanft gen Himmel hebt.

Que, quand avec ferveur sa prière Demande seulement sa délivrance, Alors l’ange descend vers lui Et le porte vers le ciel.

Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder, Und auf leuchtendem Gefieder Führt er, ferne jedem Schmerz, Meinen Geist nun himmelwärts!

Oui, un ange est descendu vers moi, Et sur ses ailes brillantes Mène, loin de toute douleur, Mon âme vers le ciel !

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Richard Wagner

2. Stehe Still!

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2. Reste tranquille !

Sausendes, brausendes Rad der Zeit, Messer du der Ewigkeit; Leuchtende Sphären im weiten All, Die ihr umringt den Weltenball; Urewige Schöpfung, halte doch ein, Genug des Werdens, lass mich sein!

Sifflant, mugissant, roue du temps, Arpenteur de l’éternité ; Sphères brillantes du vaste Tout, Qui entourez le globe du monde ; Création éternelle, arrêtez, Assez d’évolutions, laissez-moi être !

Halte an dich, zeugende Kraft, Urgedanke, der ewig schafft! Hemmet den Atem, stillet den Drang, Schweiget nur eine Sekunde lang! Schwellende Pulse, fesselt den Schlag; Ende, des Wollens ew’ger Tag! Dass in selig süssem Vergessen Ich mög alle Wonnen ermessen!

Arrêtez, puissances génératrices, Pensée primitive, qui crée sans cesse ! Ralentissez le souffle, calmez le désir, Donnez seulement une seconde de silence ! Pouls emballés, retenez vos battements ; Cesse, jour éternel de la volonté ! Pour que dans un oubli béni et doux, Je puisse mesurer tout mon bonheur !

Wenn Aug’ in Auge wonnig trinken, Seele ganz in Seele versinken; Wesen in Wesen sich wiederfindet, Und alles Hoffens Ende sich kündet, Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen, Keinen Wunsch mehr will das Innre zeugen: Erkennt der Mensch des Ew’gen Spur, Und löst dein Rätsel, heil’ge Natur!

Quand un œil boit la joie dans un autre, Quand l’âme se noie toute dans une autre, Un être se trouve lui-même dans un autre, Et que le but de tous les espoirs est proche, Les lèvres sont muettes dans un silence étonné, Et que le cœur n’a plus aucun souhait, Alors l’homme reconnaît le signe de l’éternité, Et résout ton mystère, sainte nature !

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Richard Wagner

3. Im Treibhaus - Studie zu Tristan und Isolde

3. Dans les serres - Étude pour Tristan und Isolde

Hochgewölbte Blätterkronen, Baldachine von Smaragd, Kinder ihr aus fernen Zonen, Saget mir, warum ihr klagt?

Couronnes de feuilles, en arches hautes, Baldaquins d’émeraude, Enfants des régions éloignées, Dites-moi pourquoi vous vous lamentez.

Schweigend neiget ihr die Zweige, Malet Zeichen in die Luft, Und der Leiden stummer Zeuge Steiget aufwärts, süsser Duft.

En silence vous inclinez vos branches, Tracez des signes dans l’air, Et témoin muet de votre chagrin, Un doux parfum s’élève.

Weit in sehnendem Verlangen Breitet ihr die Arme aus, Und umschlinget wahnbefangen Öder Leere nicht’gen Graus.

Largement, dans votre désir impatient Vous ouvrez vos bras Et embrassez dans une vaine illusion Le vide désolé, horrible.

Wohl, ich weiss es, arme Pflanze; Ein Geschicke teilen wir, Ob umstrahlt von Licht und Glanze, Unsre Heimat ist nicht hier!

Je sais bien, pauvres plantes : Nous partageons le même sort. Même si nous vivons dans la lumière et l’éclat, Notre foyer n’est pas ici.

Und wie froh die Sonne scheidet Von des Tages leerem Schein, Hüllet der, der wahrhaft leidet, Sich in Schweigens Dunkel ein.

Et comme le soleil quitte joyeusement L’éclat vide du jour, Celui qui souffre vraiment S’enveloppe dans le sombre manteau du silence.

Stille wird’s, ein säuselnd Weben Füllet bang den dunklen Raum: Schwere Tropfen seh ich schweben An der Blätter grünem Saum.

Tout se calme, un bruissement anxieux Remplit la pièce sombre : Je vois de lourdes gouttes qui pendent Au bord vert des feuilles.

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Richard Wagner

Sonne, weinest jeden Abend Dir die schönen Augen rot, Wenn im Meeresspiegel badend Dich erreicht der frühe Tod;

Soleil, tu pleures chaque soir Jusqu’à ce que tes beaux yeux soient rouges, Quand, te baignant dans le miroir de la mer Tu es saisi par une mort précoce ;

Doch erstehst in alter Pracht, Glorie der düstren Welt, Du am Morgen neu erwacht, Wie ein stolzer Siegesheld!

Mais tu t’élèves dans ton ancienne splendeur, Gloire du monde obscur, Éveillé à nouveau au matin, Comme un fier héros vainqueur !

Ach, wie sollte ich da klagen, Wie, mein Herz, so schwer dich sehn, Muss die Sonne selbst verzagen, Muss die Sonne untergehn?

Ah, pourquoi devrais-je me lamenter, Pourquoi, mon cœur, devrais-tu être si lourd, Si le soleil lui-même doit désespérer, Si le soleil doit disparaître ?

Und gebieret Tod nur Leben, Geben Schmerzen Wonne nur: O wie dank ich, dass gegeben Solche Schmerzen mir Natur!

Et si la mort seule donne naissance à la vie, Si la douleur seule apporte la joie, Oh, comme je suis reconnaissant Que la Nature m’a donné de tels tourments !

5. Träume - Studie zu Tristan und Isolde

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4. Douleurs

5. Rêves - Étude pour Tristan und Isolde

Sag, welch wunderbare Träume Halten meinen Sinn umfangen, Dass sie nicht wie leere Schäume Sind in ödes Nichts vergangen?

Dis, quels rêves merveilleux Tiennent mon âme prisonnière, Sans disparaître comme l’écume de la mer Dans un néant désolé ?

Träume, die in jeder Stunde, Jedem Tage schöner blühn, Und mit ihrer Himmelskunde Selig durchs Gemüte ziehn!

Rêves, qui à chaque heure, Chaque jour, fleurissent plus beaux Et qui avec leur annonce du ciel, Traversent l’air heureux mon esprit ?

Träume, die wie hehre Strahlen In die Seele sich versenken, Dort ein ewig Bild zu malen: Allvergessen, Eingedenken!

Rêves, qui comme des rayons de gloire, Pénètrent l’âme, Pour y laisser une image éternelle : Oubli de tout, souvenir d’un seul.

Träume, wie wenn Frühlingssonne Aus dem Schnee die Blüten küsst, Dass zu nie geahnter Wonne Sie der neue Tag begrüsst,

Rêves, qui comme le soleil du printemps Baise les fleurs qui sortent de la neige, Pour qu’avec un ravissement inimaginable Le nouveau jour puisse les accueillir,

Dass sie wachsen, dass sie blühen, Träumend spenden ihren Duft, Sanft an deiner Brust verglühen, Und dann sinken in die Gruft.

Pour qu’elles croissent et fleurissent, Répandent leur parfum, dans un rêve, Doucement se fanent sur ton sein, Puis s’enfoncent dans la tombe.

@ alexander vasiljev

4. Schmerzen

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Biographies Barbara Frittoli

@ alexander vasiljev

Soprano

Barbara Frittoli étudie au Conservatoire Verdi de Milan, sa ville natale, et se forme notamment auprès de Giovanna Canetti. Rapidement, elle remporte de nombreux prix internationaux. Parmi les moments marquants de sa carrière, citons Le Nozze di Figaro (La Comtesse) à Ferrare en 1994, Otello (Desdemona) au Festival de Pâques de Salzbourg en 1996 et au Teatro Regio de Turin en 1997, sous la baguette de Claudio Abbado, Così fan tutte (Fiordiligi) en 1994 au Wiener Staatsoper, puis en 1997 et 2002, Turandot (Liù) en 1997 avec Georges Prêtre à l’Opéra Bastille et en 1998 en tournée en Chine avec le Maggio Musicale Fiorentino et Zubin Mehta, le Requiem de Verdi en 1997 avec les Berliner Philharmoniker sous la direction de Claudio Abbado à Paris ainsi qu’au

Festival de Ravenne sous la direction de Riccardo Muti en 1998 et à Covent Garden avec Colin Davis, ou encore Don Giovanni au Festival de Salzbourg avec Lorin Maazel en 1999. Elle interprète aussi des rôles comme Flaminio de Pergolèse et Mimì de La Bohème au Teatro San Carlo de Naples, puis ce même rôle au Wiener Staatsoper, au Teatro Comunale de Florence et au Met de New York, Micaëla de Carmen à Philadelphie, au Wiener Staatsoper, à Covent Garden et au Met, la Comtesse des Nozze di Figaro au Wiener Staatsoper, à La Scala, au Festival de Salzbourg, Fiordiligi au San Carlo de Naples et à l’Opéra Bastille de Paris. Elle incarne Donna Elvira de Don Giovanni au Teatro San Carlo de Naples, au Staatsoper de Vienne, à l’Opéra Bastille, au Festival de Salzbourg et au ➜ suite en page 24

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Biographies

Mzia Bachtouridze

➜ suite de la biographie de Barbara Frittoli

Teatro Regio de Turin, Sifare de Mitridate à Turin et Paris, Medora du Corsaire à Turin, Antonia des Contes d’Hoffmann au Staatsoper de Vienne, Alice de Falstaff à Rome, Florence et Londres, Amelia de Simon Boccanegra à Bologne, à Zurich, à Turin et à Vienne, Marguerite de Faust à Gênes, Luisa Miller à New York, Elisabetta de Valois de Don Carlos à Florence, Liù de Turandot au Liceu de Barcelone. Plus récemment, elle a chanté Thaïs et Mimì au Teatro Regio, Fiordiligi à Valence, La Comtesse au Teatro Real et à l’Opéra national de Paris, Amelia (Simone Boccanegra) au Met et au Staatsoper de Vienne, Mimì, Luisa Miller, Alice Ford (Falstaff) et Amelia à Zurich, Micaëla (Carmen) et Donna Elvira (Don Giovanni) au Met, Tosca au Festival de Verbier et Mimì à Covent Garden. Parmi ses projets : le Requiem de Verdi dirigé par Daniele Gatti au Théâtre des Champs-Élysées, Desdemona (Otello) au Teatro Colón de Buenos Aires, Elisabetta (Don Carlos) et Desdemona au Deutsche Oper de Berlin, Fiordiligi au Staatsoper de Vienne et Suor Angelica au Liceu de Barcelone. Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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Née à Tbilissi, Mzia Bachtouridze étudie au conservatoire de Moscou auprès de Vaša Cačava et de Nana Khubutia. Après ses études, elle se produit très vite dans les plus prestigieuses salles de l’ancienne Union soviétique. Elle devient professeure de musique de chambre au conservatoire de Moscou et collabore avec le Bolchoi et de nombreux chefs tels que Ievgeny Svetlanov, Guennadi Rojdestvenski, Yuri Temirkanov, Alexandre Vedernikov et des artistes comme la soprano russe Elena Obraztsova et la basse géorgienne Paata Burchuladze. En 1990, elle se rend en Italie pour se perfectionner à La Scala et y devient cheffe de chant. Elle travaille avec des chefs d’orchestre comme Riccardo Muti, Seiji Ozawa, Myung-Whun Chung, Georges Prêtre, Giuseppe Sinopoli, Valery Gergiev, Mstislav Rostropovitch, Daniel Harding et Gustavo Dudamel. Elle se spécialise ensuite dans le répertoire du lied auprès de Helmut Deutsch et David Shaw. Parallèlement à ses activités à La Scala, elle donne des concerts et accompagne des chanteurs comme Ramón Vargas, Roberto Scandiuzzi, Roberto Frontali, Ildar Abdrazakov, Olga Borodina, Ainhoa Arteta et Barbara Frittoli. Débuts au Grand Théâtre de Genève.

@ DR

Piano

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* PRIX EN CHF, TTC

Beau-Rivage Palace, Lausanne

prochainement Opéra

Rusalka Conte lyrique en 3 actes d’Antonín Dvořák Au Grand Théâtre 13, 19, 21, 24, 27 juin 2013 à 19 h 30 16 juin 2013 à 15 h Direction musicale Dmitri Jurowski Mise en scène Jossi Wieler / Sergio Morabito Reprise de la mise en scène Samantha Seymour Décors Barbara Ehnes Costumes Anja Rabes Lumières Olaf Freese Vidéo Chris Kondek Chorégraphie Altea Garrido Avec Alexey Tikhomirov, Camilla Nylund, Birgit Remmert, Ladislav Elgr, Nadia Krasteva, Hubert Francis , Lamia Beuque, Khachik Matevosyan, Elisa Cenni, Stephanie Lauricella, Cornelia Oncioiu, Claire Talbot Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Direction Ching-Lien Wu Production du Festival de Salzbourg Conférence de présentation par Mathilde Reichler En collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. Mercredi 12 juin 2013 à 18 h 15 au Grand Théâtre

Directeur de la publication : Tobias Richter Responsable de la rédaction : Daniel Dollé Responsable de l’édition : Aimery Chaigne Coordination : Albert Garnier, Frédéric Leyat Traduction : Christopher Park ont collaboré à ce programme : Sandra Gonzalez, Isabelle Jornod, Benoît Payn Impression : SRO-Kundig Genève Achevé d’imprimer en mai 2013

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Hermès à Bâle, Berne, Crans-sur-Sierre, Genève, Gstaad, Lausanne, Lucerne, Lugano, St.Moritz, Zurich. Hermes.com

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