1314 - Programme opéra n°26 - Sigurd - 10/13

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SAISON1314 opéra | sigurd | ernest reyer

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Passion et partage La Fondation de bienfaisance de la banque Pictet est fière de soutenir le projet «Les jeunes au cœur du Grand Théâtre». En participant à ce programme de formation, nous nous engageons en faveur de la génération à venir. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir offrir aux talents de demain l’opportunité de découvrir les joies de l’opéra et du ballet, et peut-être même de susciter des vocations. Les associés de Pictet & Cie vous souhaitent une très belle saison 2013-2014. La Fondation BNP Paribas en Suisse encourage la création culturelle et la préservation du patrimoine des musées. Elle est le partenaire fondateur et principal de la Troupe des jeunes solistes en résidence au Grand Théâtre de Genève. Elle s’engage aussi pour la recherche dans le domaine de la santé ainsi que dans de multiples projets en faveur de l’éducation et de la solidarité.

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Partenaire de saison

Association des communes genevoises

Partenaire fondateur de la troupe des jeunes solistes en résidence

Département de l’instruction Publique, de la culture et du sport

Partenaire de production

Partenaire de saison cercle du Grand Théâtre de Genève

Partenaire de production

P A R T E N A I R E S D U gene v a o pera p o o l

Partenaire de production

Banque Pictet & Cie Cargill International SA Mirelis InvesTrust SA Totsa Total Oil Trading Union Bancaire Privée SA Partenaire du ballet du Grand Théâtre

Partenaire du programme pédagogique

Partenaire des récitals

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Siegfried (Paul Richter) frappé par la lance de Hagen dans une scène de Die Nibelungen un film muet de Fritz Lang, 1924 mk2, Paris capture d’écran

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Chanté en français

Diffusion stéréo samedi 16 novembre 2013 à 20 h Dans l’émission « à l’opéra ». Une production de Paul-André Demierre Fréquences FM 100.1 et 100.7

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Direction musicale

Frédéric Chaslin Sigurd Brunehild Gunther Hagen Hilda Uta Un prêtre d’Odin Un barde Rudiger

Andrea Carè Anna Caterina Antonacci Boris Pinkhasovich Tijl Faveyts Anne Sophie Duprels Marie-Ange Todorovitch Khachik Matevosyan Nicolas Courjal Nicolas Carré

Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction

Ching-Lien Wu

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Sommaire Contents

Argument Synopsis

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Ernest Reyer Sigurd d’Ernest Reyer La mort de Sigurd de Lecomte de Lisle L’autre face des Nibelungen par Gérard Condé La légende nordique de Sigurd et Brynhild selon Snorri Sturluson

18 21 28 30 34

Le livret de Sigurd

37

Sigurd au Grand Théâtre : entrée au répertoire par Richard Cole Références Cette année-là. Genève en 1884

89 90 91

Production Biographies

92 93

Informations pratiques Billetterie du Grand Théâtre Mécénat & partenariat Fondation du Grand Théâtre Cercle du Grand Théâtre Le Grand Théâtre : l’équipe

98 99 100 101 102 104

Prochainement

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Grand Théâtre de Genève • N° 26 | Sigurd

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argument

par Benoît Payn

Acte I

Acte II

À Worms, dans le burg du roi Gunther. Hilda, la sœur du roi des Burgondes s’entretient avec sa nourrice Uta. Elle lui dévoile son amour pour Sigurd, le héros franc qui un jour la délivra de la domination des Huns. Le songe de Hilda éveille les soupçons d’Uta qui craint une éventuelle rivale. Elle explique qu’elle a chargé un esprit de l’air d’influencer Sigurd pour qu’il se rende au burg de Gunther. Elle a également préparé un philtre qui fera naître chez Sigurd une « ardeur insensée » pour Hilda. À l’arrivée de Gunther, son compagnon Hagen et sa suite, on célèbre la gloire du souverain et des envoyés d’Attila. Le roi des Huns souhaite s’unir à Hilda. Gunther demande au barde de chanter l’histoire de Brunehild. Partie au combat sans en avoir reçu l’ordre, la Valkyrie fut chassée du ciel par Odin. La jeune vierge attend un guerrier capable de la délivrer de sa prison de flammes et la libérer de son sommeil sans fin. Gunther se déclare prêt à relever le défi. Un nouvel arrivant apparaît à la cour et déclare vouloir lui aussi libérer Brunehild. Suite à de premiers mouvements d’indignation, Gunther, Hilda et l’assemblée reconnaissent Sigurd, « fils de Sigemon et chef plein de gloire ». Gunther et Sigurd scelle un pacte d’amitié. Rudiger, l’un des envoyés d’Attila, confie à Hilda un bracelet qu’elle pourra retourner si un jour elle doit être vengée. En apercevant la sœur de Gunther, Sigurd tombe sous son charme. Sigurd, Gunther et Hagen décident de partir ensemble à la conquête de la Valkyrie. Le roi des Burgondes promet au héros franc une récompense pour son aide.

Premier tableau Dans une forêt islandaise, le Grand-Prêtre procède à un sacrifice pour apaiser la colère des Dieux et implore Fréia, Déesse de l’amour et épouse d’Odin. Prêtres et membres du peuple islandais sont dérangés par l’arrivée de Sigurd, Gunther et Hagen. Voyant que ses mises en garde sont vaines, le Grand-Prêtre dévoile aux étrangers que seul celui qui « n’aura jamais subi le joug d’aucune femme » pourra vaincre les esprits infernaux et rompre l’enchantement qui tient la jeune vierge endormie. Au moment de décider qui des trois tentera de ramener la Valkyrie, Sigurd déclare en aimer une autre et propose d’emprunter le casque d’airain de Gunther afin de prendre l’apparence de ce dernier. Le Grand-Prêtre confie alors à Sigurd le cor sacré qui après trois sonneries dévoilera le palais dans lequel est enfermée Brunehild. Désormais seul, Sigurd pense à Hilda avant de se lancer à la conquête de la Valkyrie. Il sonne deux fois du cor, un lac apparaît et des elfes tentent d’enlacer Sigurd pour le précipiter dans le lac. Il sonne une troisième fois du cor, une tempête éclate et trois Nornes indiquent au héros le palais de feu qui s’élève au milieu du lac. Des monstres l’attaquent de toutes parts. Deuxième tableau Débarrassé de ses assaillants, Sigurd entre dans le palais magique et découvre avec émerveillement la vierge endormie. Visière baissée, il réveille Brunehild qui se tourne vers son sauveur et lui déclare être sienne. Elle lui offre sa ceinture virginale avant de se rendormir. Sigurd relève son casque et place son épée entre la Valkyrie et lui pour se tenir éloignée d’elle ; il ordonne ensuite aux esprits de l’air de les conduire au palais de Gunther.

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Argument

Acte III

Acte IV

Premier tableau Réveillées par les esprits de l’air, Hilda et Uta se retrouvent dans le jardin du burg de Gunther ; le roi les rejoint. De retour à Worms, Sigurd demande à Gunther de se préparer pour l’arrivée de Brunehild, portée par les esprits de l’air. À son réveil, la Valkyrie est désorientée. Alors que Gunther tente de la rassurer, elle ne semble tout d’abord pas reconnaître son sauveur. Puis elle se donne finalement à celui qui « règne sur le Rhin ». Malgré le mauvais pressentiment d’Uta, Hilda exprime sa joie en découvrant que Sigurd a rendu ce service à Gunther en échange de la main de sa sœur.

Servantes et femmes des soldats s’interrogent sur la tristesse qui règne au burg et sur les sombres tourments qui troublent Brunehild. La Valkyrie supplie Odin de lui venir en aide. Hilda tente de la réconforter. En apercevant sa ceinture à la taille de Hilda, Brunehild découvre enfin l’identité de son véritable libérateur. Brunehild est persuadée de l’amour réciproque qui la lie à Sigurd, tandis que Hilda ne peut supporter cet amour adultère. Face à l’embarras de Gunther, Hagen accuse Sigurd d’avoir dévoilé le secret. Malgré les effets du philtre d’Uta, Sigurd ne parvient pas à chasser les sentiments qu’il a ressentis en délivrant la vierge guerrière. Hagen et Gunther surprennent alors la rencontre entre Sigurd et Brunehild. La Valkyrie récite une incantation permettant de briser le sortilège d’Uta. Sigurd et Brunehild expriment leur amour. Gunther intervient et ordonne la mort de Sigurd. Hilda propose à Brunehild de sauver Sigurd à condition qu’elle renonce à son amour. Mais il est trop tard, le glaive de Hagen a mortellement frappé Sigurd. Dans un même élan, les Dieux emportent Brunehild dans la mort. Après un dernier regard échangé entre les deux amants, Gunther ordonne que l’on prépare un bûcher. Hilda accuse son frère et charge Uta de porter le bracelet de la vengeance à Attila. Le héros franc et la Valkyrie sont unis à jamais dans les flammes.

Deuxième tableau Sur la terrasse du burg, chacun s’attèle à la corvée quotidienne. Hagen annonce au peuple l’arrivée de sa nouvelle reine. Les prêtres amènent une barque qui doit amener le couple royal au bois sacré d’Odin. À la tête d’une suite nombreuse, Sigurd vient réclamer sa récompense ; le héros demande au roi la main de Hilda. Au moment de saluer l’union entre Sigurd et Hilda, Brunehild laisse transparaître des émotions qu’Uta ne manque pas de remarquer. Décelant le destin funeste qui plane sur Gunther et Brunehild, elle est la seule à ne pas célébrer cette nouvelle union.

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synopsis

by Benoît Payn

Act I

Act II

At Worms on the Rhine, in King Gunther’s burg. Hilda, sister to the king of the Burgundians, is telling her nurse Uta of her love for Sigurd, the Frankish hero who delivered her once from the slavery of the Huns. Hilda’s dreams have awoken Uta’s suspicions as to a possible rival in this love and she conjures a spirit of the air to compel Sigurd to visit Gunther’s burg. She has also prepared a love potion that will cause Sigurd to feel “mad desire” for Hilda. Enter Gunther, with his retinue and his comrade Hagen. The king’s praises are sung, with those of King Attila of the Huns, whose envoys have come to the Burgundian court to sue for Hilda’s hand on his behalf. Gunther commands the Bard to sing the story of Brunehild the Walkyrie, the celestial warrior-maiden who went into battle without her father Odin’s order and was expelled from Heaven. The young Brunehild, locked in a fiery prison, awaits the warrior who will free her from the flames and endless sleep. Gunther is ready to accept this challenge. A newcomer presents himself at court; also declaring he wishes to free Brunehild. After a first few moments of indignation, Gunther, Hilda and the whole court recognize Sigurd, “son of Sigemon and glorious chieftain”. Gunther and Sigurd swear mutual friendship. Rudiger, one of King Attila’s envoys, gives Hilda a bracelet that she may return to Attila if one day she needs to be avenged. When Sigurd sees Gunther’s sister, he is love-struck. Sigurd, Gunther and Hagen depart together on the quest for the Walkyrie and King Gunther promises the Frankish hero ample reward for his help.

First Tableau In the forests of Iceland, the High Priest of Odin is conducting a sacrifice to appease the fury of the Gods, imploring Freia, the Goddess of Love and Odin’s spouse. The priests and the Icelanders’ devotions are interrupted by the arrival of Sigurd, Gunther and Hagen. The High Priest soon realizes that his admonitions are useless and reveals to the strangers that only he “who has never felt the yoke of a woman’s love” will be able to subdue the infernal spirits and break the spell that keeps the maiden in endless sleep. When the time has come to decide who of the three will bring back the Walkyrie, Sigurd declares that he loves another woman and proposes to wear Gunther’s bronze helmet, to confuse their identities. The High Priest then entrusts Sigurd with the sacred horn which must be blown three times to reveal Brunehild’s fiery palace. Now alone, Sigurd thinks of Hilda one last time before setting off to conquer the Walkyrie. He blows the horn twice and a lake appears, with elves that attempt to embrace him and drag him into the water. He blows the horn a third time. A storm breaks and three Norns show the hero the fiery palace that rises from the middle of the lake, while monsters attack him from all sides. Second Tableau Having gotten rid of the monsters, Sigurd enters the magic palace and discovers, with amazement, the sleeping maiden. He lowers his visor and awakes Brunehild, who opens her eyes on her saviour and declares herself his. She gives him her girdle of virginity and falls asleep again. Sigurd removes his helmet and places his sword between himself and the Walkyrie, to prevent himself from touching her. He then orders the spirits of the air to take them to Gunther’s palace.

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synopsis

Act III

Act IV

First Tableau The spirits of the air have awoken Hilda and Uta, who find themselves in the garden of Gunther’s burg; the King joins them there. Sigurd returns to Worms and tells Gunther to prepare to welcome Brunehild, transported from Iceland by the spirits of the air. The Walkyrie awakes, but does not recognize her surroundings. Despite Gunther’s reassurances, she initially shows no signs of recognizing her deliverer, but eventually gives herself to the “Lord of the Rhine”. Despite Uta’s forebodings, Hilda expresses her joy in finding out that Sigurd had offered his assistance to King Gunther in exchange for the King’s sister’s hand.

The womenfolk and soldier’s wives wonder why such sadness reigns in the burg and what dark anxiety torments Queen Brunehild. The Walkyrie begs Odin to come to her help. Hilda tries to comfort her but when Brunehild discovers that Hilda is wearing her girdle, she understands who her real deliverer is. Brunehild is convinced that true love binds her only to Sigurd but Hilda is incensed by Brunehild’s adulterous passion. Gunther’s predicament forces Hagen to accuse Sigurd of having betrayed the secret. Despite the lasting effects of Uta’s love potion, Sigurd cannot rid his mind of the feelings he experienced when delivering the warrior maiden. Hagen and Gunther observe Sigurd and Brunehild’s tryst. The Walkyrie recites a spell that dispels Uta’s magic charm; Sigurd and Brunehild are free to declare their love to each other. Gunther steps forward and orders Sigurd to be put to death. Hilda offers to save Sigurd’s life if Brunehild renounces to love him. But it is too late; Hagen’s sword has already dealt Sigurd a fatal blow. At that very moment, the Gods also carry Brunehild to the realm of the dead. After the lovers drawing their last breath while gazing on each other, Gunther orders their funeral pyre to be raised. Hilda charges her brother with Sigurd and Brunehild’s deaths and asks Uta to return her bracelet of revenge to Attila. The Frankish hero and the Walkyrie are united forever in the flames of death.

Second Tableau The inhabitants of the burg are going about their daily chores on the terrace of the burg. Hagen announces the new queen’s arrival to the people. The priests enter, pulling a ship that will carry the royal couple to Odin’s sacred grove. Sigurd enters, followed by a large retinue; he has come to claim Hilda’s hand from the king as his reward. As she prepares to bless Sigurd and Hilda’s union, Brunehild shows signs of deep emotion that Uta immediately notices. The old nurse has sensed impending doom over Gunther and Brunehild and is the only one present not to rejoice in their new union.

Funeral of a Viking Warrior Charles Ernest Butler, 1909 Collection privée, Angleterre Huile sur toile

Translation : Christopher Park

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Ernest Reyer

Rose Caron (Brunehild) pour la création de Sigurd Anonyme, 1884 Collection privée, France Daguerréotype

N

é à Marseille sous le nom de LouisÉtienne Ernest Rey, le 1er décembre 1823, Ernest Reyer fréquente une école de musique dès l’âge de six ans. Envoyé à seize ans en Algérie auprès d’un oncle notaire, il y compose en autodidacte nombre d’œuvres mineures dont une Messe pour la visite du duc d’Aumale en 1847. En 1848, il brave les interdits familiaux, s’installe à Paris auprès de sa tante Louise Farrenc, une pianiste célèbre qui assure sa formation musicale et le met en contact avec des artistes et des écrivains d’une sensibilité proche de la sienne, notamment Théophile Gautier, librettiste de la première œuvre représentée avec succès du jeune compositeur, Le Sélam, une « symphonie orientale » dans l’esprit du Désert de Félicien David. De 1848 à 1862, date de la représentation d’Érostrate, un opéra qui conte comment la Vénus de Milo perdit ses bras, commandé comme Béatrice et Bénédict de Berlioz pour le nouveau théâtre de Baden-Baden, Ernest Reyer compose la plus grande partie de son œuvre musicale. Désormais honorablement connu, Ernest Reyer mène simultanément une carrière de critique musical (pour La Revue Française, La Presse, Le Courrier de Paris, Le Moniteur Universel, Le Journal des Débats, où il succède à Berlioz de 1866 à 1898) et de bibliothécaire à l’Opéra de Paris : le sérieux et la conviction avec lesquels il s’engage dans ces deux activités (il fut notamment un ardent défenseur de Berlioz, écrivant même dans Le Journal des Débats, pour stigmatiser les directeurs indifférents, les comptes rendus d’imaginaires premières de Benvenuto Cellini à l’Opéra-Comique ou des Troyens à l’Opéra), expliquent peut-être qu’il ne composera plus que deux œuvres importantes, Sigurd (1884) et Salammbô (1890), restées au répertoire pendant un demi-siècle. Membre de l’Institut à partir de 1876, grand-croix de la Légion d’Honneur, il meurt dans sa villa du Lavandou, le 15 janvier 1909.

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Son œuvre Maître Wolfram

Opéra comique (sur un livret de Méry et Gautier) Théâtre Lyrique, Paris, 1854.

Saccountalâ

Ballet pantomime (sur un livret de Gautier) Opéra, Paris, 1858.

La Statue

Opéra comique (sur un livret de Barbier et Carré) Théâtre Lyrique, Paris, 1861.

Érostrate

Opéra (sur un livret de Méry et Pacini) Baden-Baden 1862 (en allemand) Théâtre Lyrique, Paris, 1871 (en français).

Sigurd

Opéra (Livret de Blau et du Locle) Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles, 1884.

Salammbô

Opéra (Livret du Locle d’après Flaubert) Théâtre Royal de la Monnaie, 1890.

Messe pour l’arrivée du duc d’Aumale à Alger, 1847 Le Sélam, symphonie orientale, 1850 L’Hymne du Rhin, 1865 La Madeleine au désert, 1874 Trente mélodies Marche tzigane, 1865

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© De Agostini Picture Library / A. Dagli Orti / The Bridgeman Art Library

Affiche de la première de Sigurd en 1884, Collection privée, France, Lithographie

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Sigurd

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Ernest Reyer, Journal des Débats (21 juin 1885)

’estime qu’il vaut mieux concentrer ses idées que de les éparpiller et qu’un ouvrage longuement élaboré a plus que de marquer dans la carrière d’un compositeur de quatre ou cinq ouvrages hâtivement faits. D’ailleurs, j’écris à mes heures et serais incapable de travailler sur commande et de livrer à jour fixe. J’ajouterai qu’on ne m’a jamais rien commandé. La seule fois que j’aie signé un traité, c’est avec M. Carvalho lorsqu’il me donna le livret de La Statue dont personne ne voulait et que j’acceptai des deux mains. Encore ce traité me laissait-il toute latitude pour l’achèvement de ma partition. Un dédit pourtant était stipulé, et c’est grâce à ce dédit, rappelé au successeur de M. Carvalho par ministère d’huissier, que La Statue fut représentée. Le successeur de M. Carvalho à la direction du Théâtre-Lyrique était M. Charles Réty, homme aimable, distingué, instruit et excellent musicien, avec qui j’ai toujours eu les relations les plus amicales. Dans les circonstances particulières où il se trouvait, il avait besoin d’être mis en demeure de s’exécuter, les engagements pris par M. Carvalho devant être tenus par lui, et il s’exécuta de la meilleure grâce du monde à la seule vue d’une feuille de papier timbré. Le lendemain La Statue était mise en répétition, et pas plus Monjauze que mademoiselle Baretti, pas plus Wartel que Balanqué ne changèrent une note à ma partition ; quant au directeur, je ne le revis guère que la veille de la première représentation. En ce tempslà pourtant les coupures étaient déjà inventées. On ne toucha pas plus à Érostrate qu’on n’avait touché à La Statue, on le joua un peu moins souvent, voilà tout. Déjà à propos de Maître Wolfram j’avais témoigné de mon peu de goût pour les mutilations et les amputations, même pour celles qui pouvaient sauver le malade et étaient jugées le plus nécessaires. Mon éditeur me vint trouver un jour et me dit que si je consentais à laisser suppri-

mer les chœurs dans Maître Wolfram, mon opéra, pendant cent représentations – au moins, – ne quitterait pas l’affiche. Je n’hésitai pas : Maître Wolfram disparut du répertoire, emportant avec lui les chœurs et le reste. Les coupures S’il est vrai que ce que l’on coupe n’est pas sifflé, il n’est pas moins vrai que ce que l’on coupe n’est pas applaudi. Les exemples qu’on me cite, si haut qu’on les prenne, ne me persuadent pas ; je suis ennemi des coupures et même, quand elles sont intelligentes, je les trouve absurdes ; quand elles sont utiles, je les trouve nuisibles. Dans un ouvrage où tout s’enchaîne, où la cavatine et l’arioso ne sont pas préparés par une ritournelle ou un récit ; où il n’y a même ni arioso, ni cavatine, je comprendrais à la rigueur la suppression d’un acte, mais je n’admets pas qu’on supprime un morceau, encore moins qu’on le raccourcisse, qu’on le mutile. Votre ouvrage dure longtemps, me disait en parlant de Sigurd l’un des directeurs de la Monnaie, mais il n’est pas trop long. Un opéra est trop long ou trop court, suivant l’attention que l’on apporte et le plaisir qu’on prend à l’entendre. Et le public parisien ayant depuis longtemps pris l’habitude d’arriver à l’Opéra une heure après le commencement du spectacle : rien ne l’empêche de s’en aller avant la fin. Et savez-vous quelle aurait été la durée de Sigurd si on l’eût joué tout entier, y compris l’ouverture ? En commençant à sept heures et demie on eût pu, conformément à l’ordonnance, finir à minuit. Ce n’était vraiment pas la peine de chagriner un pauvre compositeur pour vingt-cinq minutes de musique. Si les directeurs de l’Opéra s’attendent, de ma part, à des récriminations, leur espérance sera déçue. On leur a reproché les coupures de Sigurd beaucoup plus que je ne les leur reprocherai moi-même : ils ont agi dans une bonne intention, dans l’intention du succès de l’œuvre,

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Sigurd Ernest Reyer

Illustration pour Sigurd à l’Opéra de Paris, A. Bellenger, 1884 BnF, France, Gravure

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ont-ils dit ; je veux bien le croire, mais aussi longtemps qu’on jouera Sigurd avec des coupures, je ne remettrai pas les pieds à l’Opéra. On se passera bien de moi. Le directeur de Lyon avait donné l’exemple ; les directeurs de Paris l’ont suivi. Et les coupures de Bruxelles ? Ah ! les coupures de Bruxelles, c’est tout différent : elles ont été faites quand je n’étais pas là pour en gémir et après que les intelligents et très sympathiques directeurs de la Monnaie m’eurent donné la légitime satisfaction d’entendre mon ouvrage tel que je l’ai écrit. Et puis à Bruxelles les usages ne sont pas les mêmes qu’à Paris : il faut que le spectacle soit terminé au plus tard à onze heures ; les gens qui viennent des faubourgs les plus éloignés et même de la province ne sauraient, sans inconvénient, manquer le dernier tramway ou le dernier train de minuit. Mais chaque fois que je retournais en Belgique, les coupures disparaissaient comme par enchantement et j’en étais enchanté : j’y mettais d’ailleurs de la discrétion ; je ne suis allé que trois fois à

Bruxelles pendant les cinquante-quatre représentations de Sigurd. Ah ! quelle fête quand j’arrivais et quelle joie j’éprouvais à serrer la main de ces deux directeurs qui sont restés mes amis ! Ai-je besoin de les nommer ? On les connaît bien maintenant, et l’on sait ce que certains compositeurs français doivent de reconnaissance à MM. Stoumon et Calabrési. Il me semble que je suis encore à Bruxelles, disais-je souvent à MM. Ritt et Gailhard au courant des répétitions de Sigurd, tant je les trouvais pleins d’égards et pour moi. Et puis un certain jour, M. Ritt a tiré sa montre, une montre à répétition, et a accentué les signes d’inquiétudes qu’il donnait déjà depuis quelques jours. M. Gailhard, plus musicien pourtant, partageait l’anxiété de son associé. Si nous commençons à sept heures et demie, disaient-ils, il n’y aura personne dans la salle, tandis qu’en commençant à huit heures, la salle ne sera qu’aux trois quarts vide. Alors, la veille même de la représentation, je suis entré, un peu agité je l’avoue, dans le cabinet de

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ces Messieurs et je leur ai annoncé que j’étais bien décidé à accorder les coupures qu’ils désiraient. « Je vais même vous en donner plus que vous ne m’en avez demandé. » Et prenant un crayon (je crois bien que c’est un crayon bleu), je le promenai fébrilement sur ma partition. M. Albès était là, n’en pouvant croire ses yeux ; les deux directeurs jubilaient et me remerciaient. En sortant de l’Opéra, je leur écrivis une lettre, très convenable sans doute, mais un peu vive, et avec une pointe d’ironie dans le mot de la fin. Et comme on me dit qu’ils en avaient eu de la peine, je leur adressai spontanément une autre lettre, où tout en les remerciant des soins qu’ils avaient donnés à la mise en scène de mon œuvre, du luxe de costumes et de décors dont ils l’avaient entourée, je leur exprimais le chagrin que j’éprouvais à la pensée que dans le cas où elle réussirait je ne l’entendrais pas applaudir. Depuis je ne les ai plus revus. Un projet de longue haleine Combien de temps ai-je mis à écrire Sigurd ? Les uns disent vingt ans, les autres vingt-cinq. Pourquoi pas cinquante ? Ce qu’il y a de certain, c’est que tout en travaillant avec une sage lenteur et à mesure que j’avançais, les obstacles se multipliant devant moi, je désespérais un peu plus chaque jour de voir mon œuvre représentée. La porte à laquelle je frappais, timidement je l’avoue, ne s’ouvrait pas, ou, si elle s’entrebâillait, c’était pour se refermer aussitôt. M. Émile Perrin n’a pas pu, M. Halanzier n’a pas voulu, M. Vaucorbeil n’a pas daigné. L’audition de quelques fragments de ma partition inachevée qui eut lieu à l’Opéra il y a une quinzaine d’années, en présence des chefs de service réunis, redoutable aréopage, et qui furent chantés par MM. Villaret, Maurel et madame Marie Sass, n’était point une épreuve à laquelle on me soumettait. Il s’agissait tout simplement d’une question de rôles, question fort importante et qui, si je l’avais voulu, aurait été tranchée d’une singulière façon. On me proposa de transposer le rôle de Sigurd pour M. Faure, de faire d’un rôle de ténor un rôle de baryton. Je m’y refusai, jugeant la chose impossible, bien que l’exemple d’Hamlet

Mais en faisant de Sigurd un baryton il fallait nécessairement faire de Gunther un ténor, et ce n’est pas seulement à cause du travail matériel que je reculai devant une telle manipulation. Et puis qui sait si le lendemain on ne m’eût pas demandé de faire de Hagen, le farouche compagnon, un travesti ? Sigurd resta ténor comme devant et, ma foi, je crois bien que ni lui, ni moi, ne le regrettons aujourd’hui. fût mis en avant pour m’y décider. Certes je n’étais point indifférent au prestige du grand chanteur qui était à cette époque à l’apogée de son talent et de sa renommée, et dont le concours m’eût été précieux. Mais en faisant de Sigurd un baryton il fallait nécessairement faire de Gunther un ténor, et ce n’est pas seulement à cause du travail matériel que je reculai devant une telle manipulation. Et puis qui sait si le lendemain on ne m’eût pas demandé de faire de Hagen, le farouche compagnon, un travesti ? Sigurd resta ténor comme devant et, ma foi, je crois bien que ni lui, ni moi, ne le regrettons aujourd’hui. Je n’oublierai jamais la mine de M. Halanzier

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pendant que je lui lisais le poème de Sigurd. Il n’y comprenait absolument rien : Hilda, Brunehild, Gunther roi des Burgondes, Uta, Fréïa, les Valkyries, les trois Nornes, qu’est-ce que c’est que tous ces gens-là ? De la musique, il ne fut pas question. L’habile directeur qui quelques années auparavant avait monté Érostrate me connaissait. Ah ! je ne lui en veux pas et ne lui en ai jamais voulu, il le sait bien. Quand on joua Sigurd à Bruxelles, il y arriva un des premiers et me complimenta avec une spontanéité, avec une franchise qui n’est pas une de ses moindres qualités. Et s’il n’a pas assisté à la première représentation de Sigurd, à l’Opéra, c’est que sa candidature au poste, non encore vacant heureusement, d’administrateur général de la Comédie-Française le préoccupe beaucoup. Pensez-y donc : la Comédie-Française ! Existe-t-il un théâtre plus littéraire que celui-là ? M. Halanzier avait un grand avantage sur quelques-uns de ses confrères : il ne savait pas la musique, mais là pas du tout, et il n’en était pas

plus fier pour cela. Si, comme on le prétend, il joua de la flûte dans son enfance, il y avait beau temps, quand il prit la direction de l’Opéra, que le mélodieux instrument était rentré dans son étui. Avec un directeur comme celui-là, le compositeur pouvait dormir tranquille et était bien sûr de ne pas être inquiété. M. Halanzier, pour ne citer que cet exemple, eût joué Le Tribut de Zamora tel que M. Gounod le lui avait apporté, tandis que M. Vaucorbeil, qui était un musicien de grand savoir, força l’illustre maître à remanier son ouvrage et indiqua lui-même les remaniements. Sans doute, – et le résultat obtenu en maintes circonstances en est la preuve, – c’est une chose fort utile que d’avoir affaire à un directeur qui donne des conseils ; mais c’est aussi une chose bien agréable que d’avoir affaire à un directeur qui n’en donne pas. M. Halanzier aurait donc été bien embarrassé d’indiquer ce qui faisait longueur dans un morceau et de quel membre il convenait de l’amputer. Seulement il n’aimait pas les incidents sympho-

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niques, trouvant sans doute qu’ils ralentissaient la marche du drame, et ne s’en cachait pas. Il les baptisait du nom générique de ritournelle. Je me souviens qu’à une des répétitions d’Érostrate, Athenaïs étant en scène et un prélude d’orchestre annonçant à la belle courtisane d’Éphèse l’arrivée de Scopas, le sculpteur auquel Méry avait attribué la Vénus de Milo, M. Halanzier s’écria, en accompagnant son apostrophe de cet effet de canne qui lui était familier : « Mais que fait donc la chanteuse pendant cette ritournelle ? » À quoi je répondis simplement : « Elle écoute la ritournelle... » Ce fut tout... Le sort d’Érostrate était prévu, il devait finir dans l’incendie que le triste héros de la pièce avait allumé lui-même. Une ritournelle de plus ou de moins importait peu. M. Halanzier est le second directeur auquel je dois une éternelle reconnaissance pour ne pas avoir joué Sigurd ; le troisième est M. Vaucorbeil. De celui-là je ne parlerai point, sa mort m’imposant une réserve que chacun comprendra sans doute. D’ailleurs, au temps où il vivait, j’ai raconté mes relations avec lui, relations qui furent amicales, affectueuses même pendant de longues années et qui, brusquement et sans que rien m’en eût averti, entrèrent dans une phase nouvelle. Je rappellerai seulement qu’après la lecture que M. Ernest Legouvé voulut bien faire du poème de Sigurd devant une assemblée choisie, quoique peu nombreuse, je sortis du cabinet du directeur de l’Opéra comme si je m’étais échappé d’un tribunal correctionnel et je me sauvai en Belgique. Ah ! le bon temps ! l’heureux pays et les braves gens, je l’ai dit et je veux le redire encore. Sans les directeurs du théâtre de la Monnaie, et l’accueil fait à mon opéra par le public bruxellois, Sigurd n’aurait été joué ni à Londres, ni à Lyon, ni à Paris. La partition serait encore dans mon portefeuille ou éparpillée de droite et de gauche, compensation bien insuffisante, dans différents concerts. À une œuvre dramatique, il faut le théâtre, ailleurs elle se manifeste dans des conditions qui lui sont plus ou moins favorables, mais elle ne vit pas. Ceux-là se trompent qui croient connaître Lohengrin et Tristan et Iseult, pour ne citer que ces deux-là, par les merveilleuses exécutions que M. Lamoureux nous en a données. Aussi

Oui, mon ami du Locle, c’est vous qui avez fait de moi un wagnérien. Wagner, est-ce Dieu possible ! Wagner pas plus que Berlioz. Je les admire trop tous les deux dans les manifestations très différentes de leur génie, pour avoir l’audace de les imiter. Qu’il me reste dans l’esprit et au bout de la plume quelque chose de cette admiration, cela n’a rien que de très naturel. M. Carvalho, dont le sens artistique est très développé et le jugement très sûr, s’apprête-t-il à révéler le premier de ces chefs-d’œuvre au public parisien. Les trois cygnes qui portent Sigurd et Brunehild au palais de Gunther, n’ont pas fait rire (on le craignait pourtant) ; le cygne de Lohengrin peut aborder la scène de l’Opéra-Comique en toute sécurité. L’ombre de Wagner C’est à Lohengrin que s’arrêtaient mes connaissances wagnériennes lorsque j’ai mis en musique le poème de Sigurd. Ce poème me fut apporté à l’état de scénario, très complet du reste, par M. Alfred Blau ; M. Camille du Locle voulut bien accepter de le mettre en vers et y réussit au gré de mes désirs. Ce n’est pas moi qui en ai proscrit les cavatines et les ariettes à l’italienne, c’est lui. C’est lui qui, au lieu de le composer de morceaux détachés qui se

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relient tant bien que mal, l’a établi en une succession de scènes variées s’enchaînant suivant les lois nouvelles auxquelles, d’ailleurs, je ne demandais pas mieux que de me conformer. Oui, mon ami du Locle, c’est vous qui avez fait de moi un wagnérien. Wagner, est-ce Dieu possible ! Wagner pas plus que Berlioz. Je les admire trop tous les deux dans les manifestations très différentes de leur génie, pour avoir l’audace de les imiter. Qu’il me reste dans l’esprit et au bout de la plume quelque chose de cette admiration, cela n’a rien que de très naturel. Mais eux-mêmes n’ont-ils rien gardé des maîtres dont ils procèdent et qu’ils ont le plus admirés ? Aussi se pourrait-il bien que l’hommage que je leur rends passe au dessus de leur tête et que ce soit aux pieds de Gluck et de Weber qu’il aille humblement se fixer. Serait-ce le leitmotiv dont je me suis beaucoup servi dans Sigurd, dont j’ai même, si l’on veut, un peu abusé, qui ferait de moi un disciple de Wagner ? Mais si l’emploi du motif conducteur est un des caractères principaux de la musique wagnérienne, est-il bien sûr pour

Pendant mon séjour à Weimar, j’avais, il est vrai, déchiffré au piano la partition de Tristan et Iseult ; mais c’était pour moi de l’hébreu, du sanscrit, du malgache, je n’y comprenais absolument rien. Je n’ai été touché par la grâce, l’esprit de vie et de lumière n’est descendu en moi que beaucoup plus tard. 26

cela que ce soit à Wagner qu’il faille attribuer le mérite de l’avoir inventé ? Du reste ce procédé si essentiel à l’unité, au développement et même à la compréhension du drame lyrique, n’acquiert toute son importance dans l’œuvre du maître qu’à partir de Tristan et Iseult. Or, ainsi que je l’ai dit plus haut, je n’en étais encore qu’à Lohengrin quand je me suis remis à travailler à Sigurd. Pendant mon séjour à Weimar, j’avais, il est vrai, déchiffré au piano la partition de Tristan et Iseult ; mais c’était pour moi de l’hébreu, du sanscrit, du malgache, je n’y comprenais absolument rien. Je n’ai été touché par la grâce, l’esprit de vie et de lumière n’est descendu en moi que beaucoup plus tard. Je ne veux pas en dire davantage : j’aurais l’air de ne pas accepter avec toute la déférence voulue quelques légères critiques très sincères et très bienveillantes dans le fond comme dans la forme. La plupart de mes confrères du feuilleton m’ont traité avec une indulgence dont je les remercie et que, à l’occasion, je tâcherai d’imiter. Peu de notes discordantes d’un côté, trop d’éloges de l’autre. Il n’y a guère que le « Chant de fête » du troisième acte, qui ait été assez maltraité. Le jour où je l’ai écrit, ma muse familière avait trop retroussé sa tunique, à ce qu’il paraît. On s’est accordé à le trouver commun et trivial et un juge des plus autorisés, voulant sans doute accentuer sa critique, l’a signalé comme étant écrit à trois temps, tandis qu’il était bel et bien écrit à quatre. L’erreur est fort légère et d’autant plus pardonnable que ce chant n’est répété que quatre ou cinq fois dans le courant de l’acte. Les voix de la première parisienne Madame Caron était fort émue au moment d’affronter le jugement du public parisien. La voilà complètement rassurée. Chacun l’a saluée comme une tragédienne lyrique de premier ordre ; ses gestes, ses attitudes ont une élégance, une noblesse qui rehaussent son talent et le complètent. La voix est pure, harmonieuse, pleine de charme, d’une justesse irréprochable, et ne connaît pas le chevrotement, cette maladie de l’époque, à laquelle tant de chanteurs ont déjà

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succombé. Assurément je ne pouvais rêver pour le rôle de Brunehild une artiste plus parfaite et plus sympathique, offrant un ensemble de plus rares qualités. Son succès s’accentue à chaque représentation : « Vous voilà, lui ai-je dit en la complimentant, passée au rang d’étoile, tâchez malgré cela de rester une grande artiste. » Madame Bosman est un peu sortie de ses habitudes et même de son répertoire pour chanter le rôle d’Hilda. Les violences ne sont pas précisément ce qui convient le mieux à cette nature charmante et douce, à ce talent plein de distinction, à cette fraîche et jolie voix. Mais sa volonté l’a aidée à triompher des plus grandes difficultés de son rôle, et ses efforts ont été couronnés de succès. Et puis, dans les passages où on regrette peut-être de ne pas l’entendre davantage, on a du moins l’agréable dédommagement de la regarder. Je me suis déjà excusé auprès de mademoiselle Richard de lui avoir offert un rôle aussi effacé que celui d’Uta. J’aurais voulu l’allonger, on l’a raccourci, mais de quelques mesures seulement. Un si bel organe et une si belle personne pour chanter deux couplets et quelques scènes épisodiques ! Je suis tout confus mais bien vivement touché du dévouement de mademoiselle Richard. M. Lassalle est un superbe Gunther, un vrai roi revivant dans sa fière allure et dans sa sauvage majesté. Je ne sais pas de plus admirable voix, de voix d’un plus beau timbre et plus assouplie que celle de M. Lassalle. Et c’est non seulement le grand chanteur, mais aussi le grand artiste si aimé du public et si sympathique, que je tiens à remercier du précieux concours qu’il a bien voulu me prêter. Dans ma partition la ballade du premier acte est chantée par un barde. À Paris comme à Bruxelles on a ajouté ce morceau au rôle de Hagen que M. Gresse tient avec une grande autorité et qu’il chante de sa plus belle voix : « Peuple, fais retentir les airs ! » C’est le refrain de ce chant de fête « commun et trivial », que d’autres, influencés par l’énergique accentuation de l’excellent chanteur, trouvent « pompeux et exultant d’une joie barbare ». Il est bon que les avis soient partagés. M. Berardi qui, pendant le congé de M. Lassalle,

reprendra le rôle de Gunther qu’il a créé à Lyon, a accepté très obligeamment de remplir le rôle du Grand-Prêtre auquel son talent a donné une importance exceptionnelle, et dont il a su rendre avec beaucoup d’intelligence et de vérité le caractère mystique et les sombres accents. J’ai gardé pour la fin le héros de la pièce. Sigurd à Bruxelles c’était M. Jourdain ; à Paris, c’est M. Sellier. Je n’ai pas à comparer l’un à l’autre deux artistes dont les qualités sont toutes différentes. M. Sellier excelle dans les passages qui demandent du charme et de la douceur ; M. Jourdain, fièrement campé et la tête haute, lançait sa phrase de défi au premier acte avec une crânerie sans pareille, et rien que par son attitude expliquait l’épouvante répandue au milieu des guerriers burgondes par le seul nom de Sigurd : « Je suis Sigurd, fils du roi Sigismond. » Il s’était tellement incarné dans son rôle qu’on ne l’appelait jamais autrement à Bruxelles que « le fils du roi Sigismond ». Cela ne lui déplaisait pas. M. Sellier est un artiste plein de modestie, docile comme pas un aux conseils qu’on lui donne. À ces qualités qui se rencontrent assez rarement chez un ténor, s’ajoutent d’autres qualités qui vont se perfectionnant chaque jour et lui assurent un rang des plus distingués parmi nos chanteurs en renom. Tous mes compliments à MM. Lambert, Voulet, Girard, Crevaux, les quatre ambassadeurs d’Attila, et à l’ingénieux maître de ballet, M. Mérante, qui a réglé les évolutions des troisième et quatrième actes avec un goût parfait. Je renouvelle l’expression de ma vive gratitude à MM. Altés et Jules Cohen, à M. Delahaye, l’excellent maître de chant accompagnateur, à MM. les artistes de l’orchestre, à mesdames et à messieurs les artistes des chœurs, ainsi qu’à M. Lapissida, le très habile régisseur du théâtre de la Monnaie, venu tout exprès de Bruxelles pour donner ses soins intelligents à la mise en scène de Sigurd. Ma tâche est terminée, et avant longtemps je n’aurai pas l’occasion de parler de moi aussi longuement que je viens d’en parler aujourd’hui, car, selon toute probabilité, Salammbô succédera à Sigurd, « comme le roi Louis succède à Pharamond. »

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Siegfried mort (Paul Richter) et Kriemhild (Margarete Schön) dans une scène de Die Nibelungen un film muet de Fritz Lang, 1924 mk2, Paris capture d’écran

La Mort de Sigurd Leconte de Lisle, Poèmes barbares (1862)

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Le Roi Sigurd est mort. Un lourd tissu de laine Couvre, du crâne aux pieds, le Germain au poil blond. Son beau corps sur la dalle est couché, roide et long ; Son sang ruisselle, tiède, et la salle en est pleine.

Ô femmes ! Aujourd’hui que je suis vieille et seule, Que l’angoisse a brisé mon cœur, courbé mon dos, Je ne verrai jamais la moelle de mes os, Mes petits-fils sourire à leur mourante aïeule ! —

Quatre femmes sont là, quatre épouses de chefs ; La Franke Gudruna, l’inconsolable veuve, Et la reine des Huns, errant loin de son fleuve, Et celle des Norrains, hardis monteurs de nefs.

Elle se tait. Brunhild se penche, et soulevant Le drap laineux sous qui dort le roi des framées, Montre le mâle sein, les bouches enflammées, Tout l’homme, fier et beau, comme il l’était vivant.

Assises contre terre, aux abords du cadavre, Tandis que toutes trois sanglotent, le front bas, La Burgonde Brunhild, seule, ne gémit pas, Et contemple, l’œil sec, l’angoisse qui les navre.

Elle livre aux regards de la veuve royale Les dix routes par où l’esprit a pris son vol, Les dix fentes de pourpre ouvertes sous le col, Qu’au héros endormi fit la mort déloyale.

Herborga, sur son dos jetant ses cheveux bruns, S’écrie à haute voix : — Ta peine est grande, certes, Ô femme ! Mais il est de plus amères pertes ; J’ai subi plus de maux chez les cavaliers Huns.

Gudruna pousse trois véhémentes clameurs : — Sigurd ! Sigurd ! Sigurd est mort ! Ah ! Malheureuse ! Que ne puis-je remplir la fosse qu’on lui creuse ! Sigurd a rendu l’âme, et voici que je meurs !

Hélas ! N’ai-je point vu les torches et les glaives ? Mes frères égorgés, rougissant nos vallons De leurs membres liés aux crins des étalons, Et leurs crânes pendus à l’arçon des Suèves ?

Quand vierge, jeune et belle, à lui, beau, jeune et brave, Le col, le sein, parés d’argent neuf et d’or fin, Je fus donnée, ô ciel ! Ce fut un jour sans fin, Et je dis en mon cœur : Fortune, je te brave.

Moi-même, un chef m’a prise, et j’ai, durant six ans, Sous sa tente de peaux nettoyé sa chaussure. Vois ! N’ai-je point gardé l’immonde flétrissure Du fouet de l’esclavage et des liens cuisants ? —

Femmes ! C’était hier ! Et c’est hier aussi Que j’ai vu revenir le bon cheval de guerre : La fange maculait son poil luisant naguère, De larges pleurs tombaient de son œil obscurci.

Herborga s’étant tue, Ullranda dit : — Ô Reines, Que votre mal, auprès de mes maux, est léger ! Ne dormirai-je point sous un sol étranger, Exilée à jamais de nos plages norraines ?

D’où viens-tu, bon cheval ? Parle ! Qui te ramène ? Qu’as-tu fait de ton maître ? — Et lui, ployant les reins, Se coucha, balayant la terre de ses crins, Dans un hennissement de douleur presque humaine.

N’ai-je point vu mes fils, ivres des hautes mers, Tendre la voile pleine au souffle âpre des brises ? Ils ne reviendront plus baiser mes tresses grises : Mes enfants sont couchés dans les limons amers !

Va ! suis l’aigle à ses cris, le corbeau croassant, Reine, me dit Hagen, le Frank au cœur farouche ; Le roi Sigurd t’attend sur sa dernière couche, Et les loups altérés boivent son rouge sang.

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Maudit ! maudit le Frank aux paroles mortelles ! Ah ! Si je vis, à moi la chair du meurtrier... Mais pour vous, à quoi bon tant gémir et crier ? Vos misères, au prix des miennes, que sont-elles ? —

Elle me brûle encore autant qu’au premier jour. Mais Sigurd eût gémi sur l’épouse égorgée... Voilà ce que j’ai fait. C’est mieux. Je suis vengée ! Pleure, veille, languis, et blasphème à ton tour ! —

Or, Brunhild brusquement se lève et dit : — Assez ! C’est assez larmoyer, ô bavardes corneilles ! Si je laissais hurler le sanglot de mes veilles, Que deviendraient les cris que vous avez poussés ?

La Burgonde saisit sous sa robe une lame, Écarte avec fureur les trois femmes sans voix, Et, dans son large sein se la plongeant dix fois, En travers, sur le Frank, tombe roide, et rend l’âme.

Écoute, Gudruna. Mes paroles sont vraies. J’aimais le roi Sigurd ; ce fut toi qu’il aima. L’inextinguible haine en mon cœur s’alluma ; Je n’ai pu la noyer au sang de ces dix plaies.

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L’autre face des Nibelungen par Gérard Condé*

* Critique au Monde et invité régulier sur les ondes de France Musique, Gérard Condé est avant tout compositeur et musicographe. Il a notamment publié un ouvrage sur Charles Gounod, paru chez Fayard. Cette analyse musicale a été rédigée initialement pour le programme de la production de Sigurd présentée à l’opéra de Montpellier en 1994.

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agnérien de la première heure, Reyer fut, avant Saint-Saëns, le premier compositeur français à avoir assimilé en profondeur la technique du leitmotif telle qu’il avait pu l’observer dans Tannhäuser et Lohengrin, mais telle aussi qu’elle se présente dans les ouvrages suivants dont il n’avait pas connaissance. En effet, non seulement il utilise dans Sigurd une trentaine de motifs caractéristiques pour suggérer ce que les mots ne disent pas, mais encore il les juxtapose ou les superpose de façon à la fois symphonique et signifiante, les développe mélodiquement, en modifie les intervalles et le mode ou tire parti de leurs affinités pour faire découler l’un de l’autre ; surtout, il sollicite la mémoire inconsciente de l’auditeur, lui demandant de ressentir plus que de reconnaître. Tout cela témoigne davantage d’une appropriation réfléchie que d’une imitation plus ou moins superficielle d’un procédé musico-dramatique systématisé par Wagner qui n’en avait pas l’exclusivité. Quand, vers 1862, Alfred Blau soumit à Reyer un

scénario d’opéra inspiré de la récente traduction de l’épopée des Nibelungen, le compositeur ne pouvait ignorer que L’Anneau du Nibelung était en chantier, quoique la composition en fût suspendue sine die depuis 1858. Mais Wagner n’était pas le premier, à l’époque, à s’intéresser aux vieux mythes germano-scandinaves. Camille du Locle (1832-1903) se chargea de la mise en forme et de la versification du livret mais sans hâte excessive, ce qui freina un peu l’ardeur avec laquelle Reyer s’était mis au travail, et s’il fut question de faire succéder Sigurd à Don Carlos à l’Opéra de Paris en 1866, l’ouvrage était loin d’être terminé à cette époque. Ce ne fut là qu’une des nombreuses promesses sans lendemain du directeur, Émile Perrin, qui finit par opposer un refus que Reyer commenta ainsi : « Si j’ai été plus affligé que surpris d’apprendre qu’il me fallait renoncer à voir représenter Sigurd à l’Opéra, je n’en ai pas éprouvé du moins un de ces découragements qui éloignent à tout jamais l’artiste de son œuvre. Ma partition est toujours sur mon piano ; je l’achèverai pour moi seul, et ce sera là une consolation que personne ne pourra

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m’enlever... » Mais Perrin promit encore de monter l’ouvrage au cours de l’hiver 1870-1871. Cette fois, la guerre lui épargna la peine de se dédire... Ses successeurs ne se montrèrent pas plus favorables à un sujet si différent de ceux auxquels le public était habitué. C’est seulement au concert, chez Pasdeloup, que Reyer put faire entendre quelques pages de son opéra : d’abord le réveil de Brunehild (acte 2) avec Anne Charton-Demeur (la Béatrice, puis la Didon de Berlioz) et le ténor Monjauze, le 30 mars 1873 ; puis l’ouverture, composée spécialement à cette occasion, le 9 février 1875 ; enfin le Cortège des noces de Gunther fut exécuté le 7 juin 1879 lors d’un concert monumental à l’Hippodrome. La partition resta largement inachevée jusqu’à ce que la décision de le représenter au théâtre de la Monnaie, en janvier 1884, vînt en hâter la composition : « J’écrivis le dernier acte deux mois seulement avant la représentation de Bruxelles », tint même à préciser Reyer. L’année précédente, Reyer avait découvert la Tétralogie à Bruxelles et, dans son compte rendu de La Walkyrie, il écrivit qu’il ne lui restait plus, à lui comme à beaucoup d’autres, « qu’à jeter un regard douloureux sur le passé, à saluer l’avenir et à tomber avec grâce ». Conscient, néanmoins, d’avoir fait autre chose, il ne se posait ni en vaincu ni en épigone, allant jusqu’à affirmer que l’absence de cavatines, d’ariettes ou de morceaux détachés dans sa partition – autrement dit ce qui pouvait paraître wagnérien dans la forme de Sigurd – était le fait de Camille du Locle, même s’il y avait souscrit de son plein gré... Plus qu’un excès de modestie de sa part, il faut comprendre cette déclaration comme une réponse à ceux qui ne voulaient voir en lui qu’un « sous-Berlioz » ou un épigone de Wagner : « Je les admire trop tous les deux dans les manifestations différentes de leur génie pour avoir l’audace de les imiter, poursuivait-il. Qu’il me reste dans l’esprit et au bout de la plume quelque chose de cette admiration, cela n’a rien que de très naturel. Mais eux-mêmes n’ont-ils rien gardé des maîtres dont ils procèdent et qu’ils ont le plus admirés ? Aussi se pourrait-il bien que l’hommage que je leur

rends passe au-dessus de leur tête et que ce soit aux pieds de Gluck et de Weber qu’il aille humblement se fixer. » Il faisait naturellement allusion à certaines pages d’Iphigénie en Tauride ou d’Armide, à la scène de la Gorge-aux-loups du Freischütz et surtout à Euryanthe dont le ton général est assez proche de celui de Sigurd. À cause de l’identité de leur sujet, on est plutôt tenté, pourtant, de rapprocher Sigurd du Crépuscule des dieux, d’autant que, les deux ouvrages étant exactement contemporains, ils présentent des similitudes d’écriture harmonique, mélodique, orchestrale, vocale qui, le plus souvent, ne sont que l’empreinte du style d’époque. À partir d’un certain point, cependant, on observe des différences radicales de langage, mais, quoique cela ait été beaucoup fait, il serait naturellement abusif de considérer que les beautés de Sigurd s’arrêtent là où les critères esthétiques wagnériens ne sont plus respectés. Pourtant notre familiarité est telle avec ces critères, devenus des lieux communs, qu’à première écoute cette approche réductrice est presque inévitable. Aussi faut-il insister sur le fait que Sigurd n’est pas une « action musicale » mais un opéra, au meilleur sens du terme, où les airs, les ensembles et les chœurs affirment leur identité, et même revendiquent, comme dans Les Troyens une certaine indépendance, gage de leur survie à l’intérieur du tout dont ils sont les parues « actives ». Ainsi, s’il fallait déterminer de quel côté Reyer a le plus souvent regardé, c’est plutôt vers Berlioz qu’on devrait se tourner. Il avait le même goût, sinon le même génie, de la couleur orchestrale, des tournures harmoniques peu orthodoxes, des emprunts inopinés – aussi expressifs qu’éphémères – à des tonalités étrangères. Et il en va de ses prétendues maladresses de réalisation comme celles de Berlioz : elles disparaissent au fur et a mesure qu’on pénètre dans les vues de l’auteur. On découvre alors que cette musique possède une réelle qualité poétique, une délicatesse que les pages brillantes, où la pompe et l’héroïsme entraînent un emploi un peu immodéré des cymbales, ne devraient pas occulter.

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l’autre face des nibelungen Gérard condé

Les motifs caractéristiques Un bref commentaire des principaux motifs caractéristiques, en guise d’introduction à l’examen musico-dramatique de Sigurd ne doit pas laisser croire qu’ils constituent l’unique fondement de la partition, et même si bien d’autres motifs – qui ne reparaissent pas d’une scène ou d’un acte à un autre – sont aussi actifs et significatifs, la mise en exergue des leitmotifs proprement dit offre l’avantage d’une approche synthétique.

Le motif de Gunther (1) par son rythme, son dessin mélodique, et son instrumentation (les cors, le plus souvent) évoque une sonnerie de chasse, mais une sonnerie plutôt funèbre (tierce mineure, sauf exceptions), voire fatale. L’ambition de Gunther de conquérir la Valkyrie est en effet l’origine première du drame. Il se trouvera associé aux motifs de l’Irlande et du Destin : c’est le motif qui reparaîtra le plus régulièrement tout au long de l’opéra.

Les soupirs d’Hilda (2) parcourent, avec trois notes descendantes, l’intervalle fatal de quinte diminuée et aboutissent sur l’harmonie de septième diminuée. Ce désir passif, dont Hilda est la proie, sera la cause seconde, indirecte, du drame, à la différence de l’ambition « active » de Gunther.

Le motif de Sigurd, sautant de Si bémol majeur à Ré majeur (3) parcourt en revanche, sur un rythme de fanfare héroïque, l’intervalle (généralement) ascendant de quinte augmentée, superposant deux tierces majeures suggérant l’idée du dépassement. Il est, à tout point de vue, l’opposé du précédent.

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Le Philtre (4a-4b) est symbolisé par deux éléments sautillants unis entre eux par la tierce mineure ascendante et un certain archaïsme stylistique. Issus de l’air d’Uta, ils ont l’apparence inoffensive d’une ritournelle d’opéra-comique.

Le motif de Hagen (5), à peine esquissé au premier acte, prend plus d’importance au deuxième et domine le dernier, conformément au rôle du personnage. Il est marqué par le chromatisme (montée initiale en tierces mineures) ; son acharnement rythmique conclusif – c’est une formule de cadence – est celui du « justicier » : il sait (et le dit à l’acte 2) que la Valkyrie appartiendra à celui qui lui aura rendu la vie, mais il laisse Sigurd s’enferrer dans le piège.

Le sommeil de la Valkyrie tranche avec tous les motifs précédents par la courbe de son ample mélodie, sa tonalité majeure, son rythme ternaire (6a). Il possède les armes de la séduction.

Il est parfois accompagné de son complément descendant (6b).

Le motif des Kobolds, qui évoque quelque sonnerie de chasse sinistre (7a) est assez secondaire, mais fréquent au deuxième acte (et entendu dès le premier acte quand on ne coupe pas la troisième intervention du barde).

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l’autre face des nibelungen Gérard condé

Une formule moins saillante (7b) qui est comme son miroir (avec la note répétée au sommet), le complète.

Le motif des hordes d’Attila (8) est surtout énoncé dans l’ouverture. Curieusement, il faut presque tendre l’oreille pour entendre ses quatre interventions au cours de l’opéra. Son rythme sauvage de cavalcade, et sa tonalité mineure, ne laissent aucun doute sur le succès des assauts ravageurs qu’il promet.

Le motif de Sigurd amoureux d’Hilda forme, par ses deux premiers intervalles ascendants (quarte juste et seconde majeure), la réponse aux soupirs d’Hilda ou son miroir (9).

La décision de réveiller la Valkyrie (10) est un petit « pas redoublé » qu’on peut entendre dès le premier acte, si on écoute bien, mais qui ne s’affirme qu’au deuxième.

(12) – qui découle du précédent – dont il deviendra presque inséparable. C’est l’expression de la prédestination amoureuse des héros.

Ternaire, circonscrit dans l’octave, le Réveil de Brunehild (12) est la réponse descendante, symétrique à la montée du précédent, comme un acquiescement profond. Le cor anglais, muet jusqu’au réveil de Brunehild, l’accompagnera ensuite exclusivement.

Le motif de l’Islande mystérieuse (13) allie une sorte de primitivisme (balancement sur deux notes) à un caractère obsessionnel sombre et farouche. Plusieurs autres motifs ont un rôle plus épisodique

(le Séjour des Dieux (15),

les Ambassadeurs d’Attila (16), Le Destin de Sigurd (11) est fait d’un accord parfait ascendant, majeur ou mineur (parfois un accord de septième diminuée). Tantôt superbe, tantôt sombre, tantôt fatal, il indique ce à quoi les Dieux ont destiné le héros car il a à voir avec le motif des Kobolds (7b) (arpège et 4ème note répétée) et, par son rythme ternaire, avec ceux du Sommeil de la Walkyrie (6a) et surtout du Réveil de Brunehild

la Victoire sur les monstres (18), la Ceinture virginale, etc.) parfois limité à une scène.

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Siegfried and Brunehilde Charles Ernest Butler, 1909 Collection privée, Angleterre Huile sur toile

La légende nordique

de Sigurd et Brynhild

Snorri Sturluson, L’Edda, début du XIIIème siècle

S

ur ces entrefaites, Sigurd chevaucha jusqu’à ce qu’il découvrit une maison sur une montagne. À l’intérieur dormait une femme qui était revêtue d’un heaume et d’une broigne. Il tira son épée et entailla la broigne pour l’en libérer. Alors la femme se réveilla et déclara que son nom était Hild ; elle était également appelée Brynhild, et c’était une Valkyrie. De là, Sigurd chevaucha jusqu’à ce qu’il arriva chez le roi appelé Giuki. La femme de ce dernier s’appelait Grimhild, et leurs enfants étaient Gunnar, Hogni, Gudrun et Gudny – Guthorm étant, lui, le beau-fils de Giuki. Sigurd séjourna là longtemps et épousa Gudrun, la fille de Giuki. Gunnar et Hogni prêtèrent avec lui serment de fraternité. Ensuite Sigurd et les fils de Giuki allèrent trouver Atli, le fils de Budli, et lui demandèrent pour Gunnar la main de sa sœur, Brynhild. Elle résidait sur la montagne de Hindafiall, dans une halle entourée d’une muraille de flammes, et elle avait fait le vœu d’épouser le seul homme qui oserait franchir à cheval cette muraille de flammes. Sigurd et les fils de Giuki, qui sont également appelés les Niflungar, chevauchèrent jusqu’au sommet de la montagne, et, là, Gunnar se mit en devoir de franchir à cheval la muraille de flammes. Il possédait le cheval appelé Goti, mais celui-ci n’osait pas s’élancer dans le feu. Alors Sigurd et Gunnar échangèrent leurs formes, ainsi que leurs noms, car Grani ne voulait pas porter d’autre cavalier que Sigurd. Ce dernier sauta donc sur Grani et franchit avec lui la muraille de flammes. Le soir même fut célébré son mariage avec Brynhild. Mais, quand ils allèrent se coucher, il tira de son fourreau l’épée Gram et la plaça entre

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eux dans le lit. Le lendemain matin, après s’être levé et habillé, il donna à Brynhild, en cadeau de noces, l’anneau d’or que Loki avait pris à Andvari, et reçut d’elle, en souvenir, un autre anneau. Puis Sigurd sauta sur son cheval et rejoignit ses compagnons. Gunnar et lui échangèrent à nouveau leurs formes et revinrent chez Giuki en compagnie de Brynhild. Sigurd eut deux enfants de Gudrun : Sigmund et Svanhild. Il se fit une fois que Brynhild et Gudrun allèrent se laver les cheveux au bord de l’eau. Lorsqu’elles furent arrivées à la rivière, Brynhild s’avança dans l’eau assez loin de la rive en déclarant qu’elle ne voulait pas se verser sur la tête de l’eau qui aurait coulé de la chevelure de Gudrun, car elle avait un mari plus courageux que le sien. Alors Gudrun s’avança dans la rivière à la suite de Brynhild en disant qu’elle avait le droit de laver sa chevelure en amont d’elle, puisqu’elle avait épousé l’homme que ni Gunnar ni personne d’autre au monde n’égalait en bravoure, lui qui avait tué Fafnir et Regin, et qui s’était approprié leur fortune. Brynhild répondit aussitôt : « Gunnar accomplit cependant un plus grand exploit en franchissant à cheval la muraille de flammes, ce que Sigurd n’osa pas faire ! » Alors Gudrun se mit à rire et déclara : « Crois-tu que ce fut Gunnar qui franchit à cheval la muraille de flammes ? Je crois pour ma part que celui qui alla partager ta couche est celui-là même qui me donna l’anneau que voici. Quant à l’anneau que tu portes, et que tu reçus en cadeau le lendemain de tes noces, son nom est “don d’Andvari”, et je ne crois pas que ce fût Gunnar qui l’alla chercher sur les hauts plateaux de la Gnitaheid. » Alors Brynhild

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garda le silence et rentra chez elle. Après cela, elle exhorta Gunnar et Hogni à tuer Sigurd. Mais, comme ils étaient liés avec lui par des serments solennels, ils poussèrent Guthorm, leur frère, à le tuer. Guthorm transperça Sigurd de son épée pendant qu’il dormait, mais, quand Sigurd reçut cette blessure, il saisit l’épée Gram et la lança en direction de Guthorm, en sorte qu’elle

le fendit en deux en plein milieu du corps. Puis Sigurd tomba, et, dans le même temps, ils tuèrent son fils, Sigmund, qui était alors âgé de trois ans. Ensuite Brynhild se transperça d’une épée, et elle fut brûlée avec Sigurd [sur le bûcher funéraire]. Gunnar et Hogni s’approprièrent alors l’héritage de Fafnir, ainsi que le « don d’Andvari », et ils régnèrent sur leurs contrées. […]

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Reyer compositeur

Reyer et Sigurd

Il a de l’invention, de l’originalité naturelle et voulue, la haine féroce du lieu commun, de la rengaine, des phrases toutes faites, le sentiment profond des rythmes exotiques et bizarres, une rare fraîcheur de mélodie, un amour de son art poussé jusqu’à la passion et au fanatisme, un enthousiasme pour le beau que rien ne décourage, et la résolution immuable de ne jamais faire concession au faux goût du public.

Si comme Wagner, il emprunte aux Eddas germaniques (l’aventure de Sigurd de Reyer est, on le sait, celle du Siegfried de Wagner), c’est sans arrière-volonté idéologique, sans se préoccuper le moins du monde de la sagesse qui repose en ces textes sacrés. Il contemple le Rhin du même regard dont il caresserait la Durance ; il le « latinise » ; et les accents qu’il prête au Grand-Prêtre d’Odin ont la tendresse des préceptes galants qu’un félibre pourrait chanter, en Avignon, durant une cour d’amour. Ce qui nous apparaît conventionnel dans l’affabulation qu’on faite de l’extraordinaire légende allemande de MM. du Locle et Blau ne choquait nullement Ernest Reyer ; c’est que Sigurd ne lui apparaissait pas comme un être de destinée, mais seulement comme un foudre de vaillance. Il l’aimait pour son geste, et non pour les forces qui se résolvent en lui… Admirable signe de sincérité !

Théophile Gautier, 1871

Reyer n’a rien apporté à la technique de son art ; mais il a puissamment contribué à l’émotion musicale de son temps. Balsan de la Rouvière, Musica, 1909

M. Reyer subit l’influence des théories nouvelles bruyamment préconisées en Allemagne par M. Wagner, et inaugurées en France, avec un bien grand mérite personnel, par M. Berlioz, il y a plus de trente ans… Néanmoins, quoi qu’il fasse, M. Reyer est un mélodiste, et lorsque le cauchemar wagnérien aura passé comme un mauvais rêve, on peut attendre des œuvres remarquables de son imagination et de son talent. Félix Clément, Dictionnaire des opéras, 1905

Balsan de la Rouvière, Musica, 1909.

À la juger pour ce qu’elle est par elle-même, cette adaptation française du vieux mythe scandinave, déjà très distante des opéras qui avaient alors cours chez nous, était assez heureuse et pratiquée avec intelligence. En effet, les auteurs, préoccupés, comme l’a justement dit M. Henri de Curzon, de faire une œuvre claire en conservant à la fable sa couleur essentiellement chevaleresque (car un Méridional, un Latin tel que Reyer devait être séduit surtout par le côté en dehors et brillant de ce héros grand batailleur), se sont bien gardés d’y introduire l’élément mythique et fatal qui devait dominer chez Wagner. Adolphe Jullien, Ernest Reyer, 1909.

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Depuis la création de Sigurd, des coupures ont toujours été faites dans l’ouvrage, certaines étant même dictées par le compositeur en personne. Dans le livret qui suit, les coupures effectuées par Frédéric Chaslin pour cette version concertante sont indiquées par un fond gris. Since its first performances, it has been customary to perform Sigurd in an edited version of the score, often with cuts suggested by the composer himself. In the following edition of the libretto for this concert performance, cuts made to the score by conductor Frédéric Chaslin are identified by a grey background.

Le Livret/Libretto

Sigurd

Opéra en quatre actes et neuf tableaux de Camille du Locle et Alfred Blau, sur une musique d’Ernest Reyer. Représenté pour la première fois à Bruxelles sur le Théâtre de la Monnaie le 7 janvier 1884. Opera in four acts and nine tableaux by Camille du Locle and Alfred Blau, music by Ernest Reyer. First performed on 7 January 1884 at the Théâtre de la Monnaie in Brussels. Personnages / Dramatis personae Sigurd, héros franc / a Frankish hero Gunther, roi des Burgondes / King of the Burgundians Hagen, guerrier et compagnon de Gunther / a warrior, Gunther’s companion Le Grand-Prêtre d’Odin / The High Priest of Odin Un barde / A Bard Rudiger, envoyé d’Attila / Attilla’s envoy Irnfrid, envoyé d’Attila / Attilla’s envoy Hawart, envoyé d’Attila / Attilla’s envoy Ramunc, envoyé d’Attila / Attilla’s envoy Brunehild, Valkyrie chassée du ciel / a Valkyrie, banished from Heaven Hilda, sœur de Gunther / Gunther’s sister Uta, nourrice d’Hilda / Hilda’s nurse Guerriers, Burgondes, peuple burgonde, peuple islandais, prêtres, femmes des guerriers burgondes, servantes de la reine et d’Hilda, valets, etc. Warriors, Burgundians, Burgundian people, Icelandic people, priests, wives of the Burgundian warriors, Hilda and the Queen’s maidservants, menservants, etc.

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Sigurd Le livret/Libretto

Acte I

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Act I

Une salle du burg de Gunther.

A hall in Gunther’s burg

Scène I

Scene I

les femmes des guerriers de gunther et les suivantes d’hilda

wives of gunther’s warriors & hilda’s ladies–in-waiting

Brodons des étendards et préparons des armes, Le roi Gunther est las de son repos Il veut courir à des exploits nouveaux. Que de beaux yeux bientôt vont répandre des larmes  ! Victorieux, de gloire et d’or couvert, Il reviendra le brave roi Gunther. Brodons des étendards et préparons des armes.

Embroider the banners and furbish the weapons, King Gunther is weary of resting And longs for new deeds of glory. Many a fair eye will soon be shedding tears Victorious, clothed in honour and gold, Brave King Gunther will return. Embroider the banners and furbish the weapons.

Hilda

hilda

Celui-là seul est heureux Qui porte un cœur valeureux Dans la mêlée orageuse ! Celle-là seule est heureuse Que chérit jusqu’à la mort Un chef courageux et fort.

Happy only he Who enters the stormy heat of battle With a brave heart! And happy only she Who can love unto death A valiant and powerful leader.

les femmes des guerriers de gunther et les suivantes d’hilda

wives of gunther’s warriors & hilda’s ladies–in-waiting

Brodons des étendards et préparons des armes. Entendez-vous le cor au fond des bois ? Le roi Gunther suit un cerf aux abois. Image des combats, la chasse en a les charmes. Le roi Gunther va conquérir encor Quelque vieux burg, quelque riche trésor ! Brodons des étendards et préparons des armes.

Embroider the banners and furbish the weapons. Hark, the hunter’s horn deep in the forest! King Gunther is bringing a stag to bay. The pleasures of the chase are like those found in battle. What will King Gunther conquer next, An ancient burg or a hoard of treasure? Embroider the banners and furbish the weapons.

uta

uta

Toujours songeuse et pâle, Hilda, d’où vient ta peine  ? Le roi Gunther, ton frère, accédant à tes vœux, Rejette d’Attila les désirs glorieux Et les Huns indomptés ne t’auront pas pour reine. Tu soupires  ? Tes yeux sont humides de pleurs ! Parle, dis ta souffrance ou ta triste pensée À celle qui demain veut mourir si tu meurs, Qui, te donnant son lait, dans ses bras t’a bercée.

Ever pale, ever pensive, what ails you, Hilda? Your brother, King Gunther, has granted your wishes; He rejects Attila, your illustrious suitor. The indomitable Huns will not have you as their queen. You sigh? Your eyes are wet with tears? Speak, unburden yourself of your grief On she who will die tomorrow if you die, On she who nursed you with her milk and cradled you.

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Sigurd Le livret/Libretto

hilda

hilda

Ma mère, un songe, malgré moi, Me glace d’un mortel effroi. Jadis, j’ai recueilli dans la forêt prochaine Un milan voletant à peine, Et de mes mains je l’ai nourri. Dans mon rêve j’ai vu s’élancer d’un nuage Un aigle affamé de carnage, Frappant l’air d’un lugubre cri. Je cachais dans mon sein, troublée et frémissante, Le pauvre oiseau tremblant. De son bec acéré, Malgré mes vains efforts et mes cris d’épouvante, L’aigle cruel l’a déchiré !

Mother, against my will, a dream Chills my heart with mortal fear. Once, I found in the woods nearby A fledgling kite, hardly able to fly, Which I raised and fed with my own hands. I dreamt of a cloud, out of which leapt An eagle, starving for its prey And shattering the air with its sinister call. With great apprehension, I hid the little kite, Quivering with fear, in my bosom. But undaunted by my efforts and cries, with his sharp beak, The cruel eagle tore my little kite to pieces!

uta

uta

Ce milan, c’est un noble époux ! Garde qu’une rivale, un jour, en sa colère, Dans tes bras ne le fasse expirer sous ses coups !

The kite is a portent of a noble husband! Beware, child, that an angry rival, one day, Should tear him to death while he rests in your arms!

hilda

hilda

Je veux vivre à jamais sans amour !

I will never let love into my life!

uta

uta

Ô blasphème !

Reckless words!

hilda

hilda

J’ai refusé le trône d’Attila ; Quel moins digne voudrait se condamner lui-même Au dédain du cœur qui dort là ?

I refused to share Attila’s throne; Could anyone less worthy accept to endure The scornful yoke of this sleeping heart?

uta

uta

Un héros vient toujours, Et c’est celui qu’on aime !

There always comes a hero, It is he you must love!

hilda

hilda

Eh bien, il est venu, ma mère, ce héros ! J’aime, j’aime sans espérance ! Depuis qu’il a paru j’ai perdu le repos ! J’aime, j’aime et je meurs de ma souffrance ! Comme le soleil au ciel pur Soudain vous fait pâlir, astres que la nuit sème ; Tel, parmi les vaillants, brille celui que j’aime, Le noble et valeureux Sigurd ! Tu te souviens de ces jours pleins de larmes Où la victoire ayant trahi nos armes, Mon père mort en guerrier valeureux, De nos vainqueurs traînant la lourde chaîne,

Ay, mother, the hero is already come! I love him, with a mad, hopeless love! I have had no rest since he appeared! I love him and my torment is killing me! When the sun appears in the clear sky Suddenly all the other stars are pale: And thus shines forth from the ranks of the brave, The one I love: noble and valiant Sigurd! Remember those tearful days When our battles ceased to be victorious, When my father died a valiant warrior’s death, When I bore a captive’s heavy chain

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Sigurd Le livret/Libretto

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J’étais esclave au palais de leur reine Servant sa table et tressant ses cheveux ; Un guerrier vint, calme et superbe ! Comme un faucheur moissonne l’herbe, Il allait couchant devant lui Les guerriers qui n’avaient pas fui. Sa beauté sévère Est celle des Dieux, L’éclat de ses yeux Fait trembler la terre, Du glaive d’airain, Dont s’arme sa main, Jaillit un feu sombre ; Par lui les guerriers S’endorment sans nombre Sur leurs boucliers. Sigurd brisa nos fers, puis, tout sanglant encore, Sans daigner seulement sur nous lever les yeux, Calme et fier, il reprit son chemin glorieux ! Ma mère, tu connais le mal qui me dévore, Que rien ne peut apaiser désormais : Il n’a pas vu que je l’aimais !

And served as a slave in their queen’s palace, Waiting at her table and braiding her hair; A calm and splendid warrior came! Felling before him any enemies Who had not already fled, Like a reaper mowing hay. His stern beauty Is that of the Gods, The blaze in his eyes Makes the ground shake, From the bronze sword His hand wields, Dark fires spring; His arm has caused Countless warriors to fall Asleep on their shields. Sigurd broke our chains, and still covered in blood, Without even deigning to cast an eye on us, Calm and proud, resumed his glorious quest! Mother, you now know the pain that gnaws at me, A pain that nothing may relieve: He does not know that I love him!

les femmes des guerriers et les suivantes d’hilda

wives of gunther’s warriors & hilda’s ladies–in-waiting

Fille des Rois, que te sert d’être belle ? Pourquoi répandre en secret tant de pleurs ? L’espérance a ton âge, Hilda, souris comme elle Souris, le gai printemps sur ta lèvre est en fleurs.

Daughter of kings, of what use is your beauty? Why do you secretly shed so many tears? Hope is young, like you, Hilda, so smile like her, Smile, so a joyful Spring may flower on your lips.

uta

uta

La nuit vient, les chasseurs ont quitté les halliers ; Femmes, il faut céder cette salle aux guerriers !

Night is falling. The huntsmen are home from the hill; The womenfolk must now leave this hall to the warriors!

les femmes des guerriers et les suivantes d’hilda

wives of gunther’s warriors & hilda’s ladies–in-waiting

Voilà les étendards, les cuirasses, les armes ! Avec le jour finira le festin, Le roi Gunther part aux feux du matin. Nous l’attendrons ici sans pleurs et sans larmes ; Victorieux, de gloire et d’or couvert, Il reviendra ! Le brave roi Gunther ! Voilà les étendards, les cuirasses, les armes !

Lo, the banners, breastplates and weapons! The feast will last until the break of day, When King Gunther sets off, as dawn is blazing. We shall wait for him here, without tears or laments; Victorious, clothed in honour and gold, Brave King Gunther will return! Lo, the banners, breastplates and weapons!

Le chœur sort.

Exit chorus.

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Sigurd Le livret/Libretto

Scène II

Scene 2

uta

uta

Je savais tout ! J’avais lu dans ton cœur Ton amour pour ce fier vainqueur, Tes tourments, ta misère. Hilda, Sigurd ici bientôt viendra, Et d’un ardent amour bientôt il t’aimera !

I knew it all! For I had read in your heart The love you feel for this proud conqueror, your torment and your sadness, too! Hilda, Sigurd will soon be here, He will love you with a burning passion!

hilda

hilda

Dieu !

Dear God!

uta

uta

Les destins n’ont pas de secrets pour ta mère. Je sais des secrets merveilleux, Jadis appris à nos aïeux Par les esprits terribles ; Je sais des charmes redoutés Soumettant à nos volontés Les êtres invisibles ! J’ai conjuré l’esprit de l’air D’aller vers Sigurd au cœur fier Et de lui porter la pensée De venir au burg de Gunther. Il vient ! Ô pauvre âme blessée, Le fiancé que tu choisis, Ô fleur par l’orage lassée, Il vient ! Sèche tes pleurs, souris ! Par une belle nuit d’été, La lune inondant de clarté Les lacs bordés d’yeuses, En invoquant Fréia trois fois, J’ai cueilli, dans l’ombre des bois, Des plantes merveilleuses. Mon art en a su composer Un philtre, où Sigurd va puiser Les feux d’une ardeur insensée Qui pour Hilda va l’embraser ! Il vient ! Ô pauvre âme blessée, Le fiancé que tu choisis, Ô fleur par l’orage lassée, Il vient ! Sèche tes pleurs, souris !

Fate holds no secrets for your mother. I know the wonderful spells, Which the dreaded spirits Taught our ancestors long ago; I know the fearful charms That will summon to our command The invisible beings! I have conjured the spirit of the air To go to Sigurd, the proud of heart, And inspire him with thoughts That will lead him to Gunther’s burg. He comes! Poor, wounded soul, Your chosen one, your betrothed, Poor flower, buffeted by winds, He comes! Dry your tears and smile! On a fair summer night, When the lakes in the woods Are drenched in moonlight. Three times have I called on Freya, In the shady woods, I have gathered Herbs of a wondrous nature. By my art, I have brewed A potion, that will fill Sigurd with senseless desire, And he will burn for Hilda! He comes! Poor, wounded soul, Your chosen one, your betrothed, Poor flower, buffeted by winds, He comes! Dry your tears and smile!

hilda

hilda

Ah ! Je tremble !

Ah, I am trembling!

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Sigurd Le livret/Libretto

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uta

uta

Écoutons !...

Hark!

chœur (dans la coulisse) Voilà le fier chasseur ! Voilà le roi Gunther !

chorus (offstage) Hail the proud hunter! Hail King Gunther!

hilda

hilda

Ah ! Ma mère, j’ai peur !

Ah! Mother, I am so afraid!

Hilda et Uta sortent.

Exeunt Hilda and Uta.

Scène III

Scene 3

Entrée du roi et de sa suite.

Entrance of the King and his retinue

chœur

chorus

Quand on a, depuis le matin, Parcouru les bois et la plaine, Il est doux de reprendre haleine Assis auprès d’un gai festin. Que les échos des salles hautes Répètent un joyeux hurrah ! Gloire à Gunther ! Gloire à ses hôtes ! Gloire aux envoyés d’Attila !

How sweet it is, when one has been Over hill over dale since the break of day, To rest and breathe easy again, While feasting in good company. Let the high halls rebound With the noise of gay hurrahs! Glory to Gunther and his guests! Glory to Attila’s envoys!

gunther

gunther

J’aime à voir assis à ma table Avec vous, mes guerriers, ces chefs pleins de valeur Que le noble Attila, chef d’un peuple innombrable, Envoya vers ma sœur ! Emplissez ma coupe profonde, Versez l’hydromel à la ronde ! Amis ! Avec moi, buvez tous Au roi des Huns, à ses guerriers, à vous !

It pleases me to see sitting together At my table, my men and these valiant chieftains Sent by noble Attila, leader of a great people, To woo my sister! Fill my cup to the brim, Pour mead all around! Friends! Join me and raise your cups To the health of Attila, his warriors’, and yours!

chœur

chorus

Gloire à Gunther ! Que les échos des salles hautes Répètent un joyeux hurrah ! Gloire à Gunther ! Gloire à ses hôtes ! Gloire aux envoyés d’Attila !

Glory to Gunther! Let the high halls rebound With the noise of gay hurrahs! Glory to Gunther and his guests! Glory to Attila’s envoys!

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Sigurd Le livret/Libretto

hagen

hagen

Donnons encor ce soir aux fêtes ; Pour de nouveaux combats nous partirons demain. Voyez à ces parois briller nos armes prêtes !

Let this night be once again dedicated to feasting; Tomorrow shall see us depart for new battles. See our furbished weapons shining on these walls!

chœur (à Gunther) De quelle nouvelle conquête veux-tu nous montrer le chemin ?

chorus (to Gunther) To which new enterprise are you leading us now?

gunther

gunther

À cette table à tous ouverte, Est-il assis, ce barde aux cheveux blancs Que nous avons trouvé, traînant ses pas errants, Un soir, dans les sentiers de la forêt déserte ?

Is he seated at this table, open to all, The white-haired bard we found Roaming aimlessly, one evening, Along the lonely paths of the forest?

chœur

chorus

Ô vieillard, lève-toi, Et marche vers le roi !

Arise, old man, Walk towards the King!

gunther

gunther

Barde, prends ta harpe sonore Et, devant les guerriers assis à ce festin, Au roi Gunther redis encore Le chant de Brunehild prisonnière d’Odin !

Bard, strike your ringing harp! Before the warriors gathered at my feast, Tell King Gunther once again The tale of Brunehild, Odin’s prisoner!

chœur

chorus

Au roi Gunther redis encore Le chant de Brunehild, prisonnière d’Odin !

Tell King Gunther once again, The tale of Brunehild, Odin’s prisoner.

le barde

the bard

Il est une île sombre, où le sol calciné Cache des lacs de feu sous des plaines de neige ; Autour d’elle mugit l’Océan déchaîné, De ses noirs tourbillons la tempête l’assiège !

There is a dark island, a burnt land That hides lakes of fire under its snowy plains; Around it howls the raging Ocean, And dark, stormy whirlwinds besiege it.

gunther

gunther

C’est l’Islande !

Iceland!

chœur

chorus

C’est l’Islande !

Iceland!

gunther

gunther

C’est là que je veux, mes amis, Portant la hache et la framée, Combattant seul contre une armée, Conquérir un trésor sans prix.

Friends, this is where I want to go, With my axe and my lance, Alone, in the face of an entire army, To win a priceless treasure for myself.

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Sigurd Le livret/Libretto

Le froid, le feu, la nuit ni l’onde N’arrêtent les cœurs généreux ; Nous te suivrons au bout du monde, Roi valeureux !

chorus Neither cold, nor fire, nor night, nor water Can discourage a noble heart; We will follow you to the ends of the Earth, Valiant King!

le barde

the bard

Odin, Dieu farouche et sévère, Odin, qui voit sous sa colère Trembler le monde épouvanté, Odin, de courroux transporté, Un jour chassa du ciel une vierge guerrière Qui, pour combattre sur la terre, Avait osé quitter le séjour enchanté ! C’était Brunehild, la plus belle, Les larmes de ses sœurs, intercédant pour elle, N’ont pu fléchir le Dieu cruel ! La Valkyrie est condamnée À subir notre destinée, En entrant au lit d’un mortel. Qu’un guerrier au cœur fier se lève, Qu’il marche hardi vers la grève Où flamboie un château en feu, Que, brisant tes fers, ô Déesse, Il obtienne pour sa jeunesse, Une épouse digne d’un Dieu !

Odin, a stern and fierce God, Odin, who sees the whole world Tremble in awe before his wrath, Odin, once, in a fit of rage, Banished a warrior maiden from Heaven For she had left his enchanted realm To come down and fight battles on Earth! She was the fairest of all, Brunehild, Despite her sisters’ tears and pleas for mercy, The cruel God did not relent! The Valkyrie is doomed To follow a human destiny. But should a proud warrior arise, Should he boldly march to the shore Where a fiery castle blazes, Should he break your chains, divine maiden, Then will he be granted The prize of his youth, A wife worthy of the Gods!

gunther

gunther

Je franchirai demain ton gouffre, ô mer profonde !

Tomorrow I will cross the sea’s abyss!

chœur

chorus

Le froid, le fer, la nuit ni l’onde N’arrêtent les cœurs généreux. Nous te suivrons au bout du monde, Roi valeureux !

Neither cold, nor fire, nor night, nor water Can discourage a noble heart; We will follow you to the ends of the Earth, Valiant King!

le barde

the bard

Dans un palais aux murs de flamme, Gardé par un enchantement, Brunehild, la charmante femme, Attend un époux, en dormant ! Des Kobolds, des monstres terribles Gardent les bords inaccessibles Où l’on voit sa prison briller. Un guerrier, brave entre les braves,

In a palace with walls of fire, Guarded by a mighty spell, The fair maid Brunehild Sleeps and awaits a husband. Goblins and fearful monsters Guard the impenetrable shores Where the walls of her prison blaze. A warrior, bolder than all others,

chœur

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Sigurd Le livret/Libretto

Doit délivrer de ses entraves La jeune vierge et l’éveiller ! Qu’un guerrier au cœur fier se lève ; Qu’il marche hardi vers la grève Où flamboie un château en feu ; Que brisant tes fers, ô Déesse, Il obtienne pour sa jeunesse Une épouse digne d’un Dieu !

Must deliver from her bondage And awaken the young maiden! And should a proud warrior arise, Should he boldly march to the shore Where a fiery castle blazes, Should he break your chains, divine maiden, Then will he be granted the prize of his youth, A wife worthy of the Gods!

gunther

gunther

Je franchirai demain ton gouffre ô mer profonde !

Tomorrow I will cross the sea’s abyss!

chœur

chorus

Le froid, le feu, la nuit ni l’onde N’arrêtent les cœurs généreux ! Nous te suivrons au bout du monde, Roi valeureux !

Neither cold, nor fire, nor night, nor water Can discourage a noble heart; We will follow you to the ends of the Earth, Valiant king!

les ambassadeurs d’attila : irnfrid, hawart, rudiger et ramunc

attila’s envoys: irnfrid, hawart, rudiger & ramunc

gunther

gunther

Que votre désir s’accomplisse ! Il ne dépendra pas de moi qu’Hilda Ne sente dans son cœur sa fierté qui fléchisse Et ne monte, joyeuse, au trône d’Attila !

So be it! It shall not depend on me that Hilda Should feel her proud heart relent And ascend with joy to King Attila’s throne!

Scène IV

Scene 4

chœur

chorus

Salut ! Salut à la plus belle ! Un lys, à l’aurore nouvelle, Est moins gracieux et moins pur ! Ses cheveux sont d’or ; demi-closes, Ses lèvres sont des roses ; Et ses yeux bleus des fleurs d’azur !

Hail! Hail to the fairest! Lilies, in the light of dawn, Are not as gracious and pure as she! Her hair is like gold; when her lips part They are like roses, And her blue eyes like azure flowers!

rudiger

rudiger

Le chef des Huns, par notre voix, Belle Hilda, vous implore encore ; Son empire s’étend des Alpes au Bosphore Et le monde romain vit tremblant sous ses lois !

The leader of the Huns, by our voice, Fair Hilda, entreats you once more; His empire stretches from the Alps to the Bosphorus And the Roman world trembles before his word!

Prince du Rhin ! Nous partons dès l’aurore, Et nous devons prendre congé de toi. Fais cependant que nous puissions encore Dire à ta sœur, dire à la belle Hilda les vœux de notre roi.

Prince of the Rhine! We depart at dawn, And so we must take leave of you. Grant us however to present, once again, The proposal of our king to your sister, the fair Hilda.

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Sigurd Le livret/Libretto

irnfrid

irnfrid

S’il vous plaît d’avoir pour couronne Le diadème brillant De l’empereur d’Orient, Le fier Attila vous le donne !

If it pleases you to wear as a crown The sparkling diadem Of the Emperor of the East, Proud Attila will give it to you!

ramunc

ramunc

Si vous voulez, sur vos habits, Sur vos voiles, ô jeune reine, Semer les perles, les rubis, De trésors Rome est encor pleine !

If you wish to strew your garments And your veils, O young queen, With pearls and rubies, Rome is still full of treasures!

irnfrid, hawart, rudiger et ramunc

irnfrid, hawart, rudiger & ramunc

gunther

gunther

J’aurais voulu qu’Hilda, reconnaissante et fière, Eût partagé la fortune guerrière D’un chef illustre, entre tous redouté ; Il lui plaît de rester vierge, au burg de son frère ; Son vœu doit être respecté ! Emplissez ma coupe profonde, Versez l’hydromel à la ronde ! Amis, avec moi, buvez tous, Au roi des Huns ! À ses guerriers ! À vous !

It would have pleased me to see Hilda, Proud and grateful, accepting to share The warlike fate of a great and dreaded leader; She prefers to remain a maid, at her brother’s burg; Her wish is to be respected! Fill my cup to the brim, Pour mead all around! Friends! Join me and raise your cups To the King of the Huns, his warriors, and you!

chœur

chorus

Gloire à Gunther ! Que les échos des salles hautes Répètent un joyeux hurrah ! Gloire à Gunther ! Gloire à ses hôtes ! Gloire aux envoyés d’Attila !

Glory to Gunther! Let the high halls rebound With the noise of gay hurrahs! Glory to Gunther and his guests! Glory to Attila’s envoys!

chœur

chorus

Le son belliqueux des trompettes Au pied des murs a retenti ! Quel homme est assez hardi Pour oser troubler nos fêtes ?

The martial sound of trumpets Echoes at the foot of the walls! What man is bold enough To dare interrupt our feast?

hagen

hagen

Un guerrier à l’air noble et fier, Couvert d’une armure éclatante, Vient vers le vaillant roi Gunther !

A warrior of proud and noble mien, Clad in shining armour, Comes towards brave King Gunther!

Attila peut pour vous, Ô beauté sans seconde, Mettre, en dépouillant le vieux monde, Tous ses trésors à vos genoux !

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For your sake, O peerless beauty, Attila can place at your feet The richest spoils Of his plundering the old world.

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Sigurd Le livret/Libretto

hilda

hilda

Dieu !

Heavens!

gunther

gunther

Devant moi qu’il se présente !

Let him approach my throne!

Scène V

Scene 5

sigurd

sigurd

Prince du Rhin, au pays de mon père Le récit me fût fait qu’à Worms, auprès de toi, Sont réunis les meilleurs gens de guerre Qui jamais servirent un roi ! Je viens te défier, Gunther, et veux soumettre Le domaine opulent dont le ciel t’a fait maître, Car, tu veux comme moi, conquérir la beauté Qu’Odin tient prisonnière en un burg enchanté.

Prince of the Rhine, in my father’s country I was told that at your court, in Worms, You bring together the bravest men of arms That ever served a king! I have come to challenge you, Gunther, and to subdue The fertile lands of which Heaven has made you the master. For you and I both aspire to conquer the fair maid That Odin keeps captive in an enchanted burg.

chœur

chorus

Il faut châtier tant d’audace, Il faut qu’il meure à cette place L’insolent, qui vient jusqu’ici, Gunther, te défier ainsi !

Such audacity must be punished, He must be put to death on the spot, The insolent churl that comes here, Gunther, to defy you in this way!

gunther

gunther

Qui donc es-tu, toi qui m’oses braver Avec ces paroles hardies ?

Who are you, to dare thus Provoke me with your proud words?

chœur

chorus

Es-tu digne de voir celui que tu défies Pour te combattre se lever ?

Are you worthy that he you have come to defy Should rise and fight you?

sigurd

sigurd

Ô nobles guerriers, votre épée D’un sang plus pur ne peut être trempée, Si vous voulez savoir ma patrie et mon nom, Je suis Sigurd, fils du roi Sigemon.

Noble warriors, your sword cannot Find a nobler blood to spill. You wish to know my origin and my name? I am Sigurd, son of King Sigemon.

hilda

hilda

Sigurd ! Le héros invincible, Apparaît encor à mes yeux, Brillant de la beauté des dieux ! En le voyant, calme et terrible, Je sens défaillir mes esprits ! D’amour et d’effroi je frémis !

Sigurd! The invincible hero Once again appears before me, Radiant with divine beauty! I behold him, calm and fearsome, And I begin to feel faint! I tremble with both love and fear!

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Sigurd Le livret/Libretto

gunther, hagen et le chœur

Sigurd ! Le héros invincible, Au bras toujours victorieux ! Sigurd ! Qui sort de la race des Dieux ! Sigurd ! Qui va calme et terrible, Moissonnant, comme des épis Les chefs courageux et hardis !

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gunther, hagen & chorus

Sigurd! The invincible hero, Whose power is ever victorious! Sigurd! Born of a divine race! Sigurd, calm and fearsome, As he reaps like ears of corn The lives of bold and brave chieftains!

gunther

gunther

Ô fils de Sigemon ! Sigurd, chef plein de gloire, Je n’ai jamais connu la feinte ni la peur, Mais ton nom est vivant au fond de ma mémoire Et je veux, sans combat, te proclamer vainqueur. Ô fils de Sigemon ! Sigurd, mon héritage Fut un jour au pouvoir d’ennemis inhumains ; Tu secourus alors mon impuissant courage Et délivras ma sœur, captive entre leurs mains. Ô fils de Sigemon ! Sigurd, mon noble frère, De mes biens, de mon or je t’offre la moitié. Auprès de moi prends place au trône de mon père, Échangeons un serment d’immortelle amitié. Ô fils de Sigemon !

Son of Sigemon! Sigurd, glorious chieftain, Fear and guile are unknown to me But your name lives in the depths of my mind And I willingly concede you the fight. Son of Sigemon! Sigurd, my heritage Was once threatened by barbarians; Brave but helpless was I, but you came to my rescue And delivered my sister from their captivity. Son of Sigemon! Sigurd, my noble brother, I give you half my goods and my gold. Come and sit with me on the throne of my father, Let us exchange vows of undying friendship, Son of Sigemon!

chœur

chorus

Ô fils de Sigemon ! Sigurd !

Son of Sigemon! Sigurd!

sigurd

sigurd

Je le veux, jurons-nous une amitié sincère.

So be it. Let us swear true friendship to each other!

chœur

chorus

Jurez ! Jurez ! Jurez ! Jurez !

Swear it! Swear it! Swear it! Swear it!

sigurd et gunther

sigurd & gunther

Nous nous promettons devant vous, Dieux qui punissez le parjure, Une amitié fidèle et pure. Je suis à toi, mon frère, je le jure ! Devant le ciel, devant mes armes, devant tous !

We make this promise before you, Gods that punish false oaths, To keep our friendship faithful and pure. Brother, I am yours, I swear it! Before Heaven, before my weapons, before all here!

hagen

hagen

Celle à qui tu sauvas et l’honneur et la vie, Ô chef toujours vainqueur ! Vient, de ses mains, t’offrir cette liqueur ! Scellez, la coupe en main, le serment qui vous lie.

She who owes her honour and her life To you, invincible chieftain, Comes bearing your cup with her own hands! Now pledge the oath that binds you to each other.

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Sigurd Le livret/Libretto

chœur

chorus

Scellez, la coupe en main, le serment qui vous lie.

Now pledge the oath that binds you to each other.

gunther

gunther

À la ronde versez l’hydromel parfumé ! Il faut boire à notre hôte aimé !

Pour the fragrant mead around! Let us drink to our beloved guest!

chœur

chorus

À notre hôte aimé !

To our beloved guest!

sigurd et gunther

sigurd & gunther

Nous nous promettons devant vous, Dieux qui punissez le parjure, Une amitié fidèle et pure. Je suis à toi, mon frère, je le jure ! Devant le ciel, devant mes armes, devant tous !

We make this promise before you, Gods that punish false oaths, To keep our friendship faithful and pure. Brother, I am yours, I swear it! Before Heaven, before my weapons, before all here!

chœur

chorus

Dieux ! Ils ont juré devant vous Une amitié fidèle et pure. Devant le ciel, devant leurs armes, devant tous !

O Gods! They have promised before you To keep their friendship faithful and pure. Before Heaven, before their weapons, before us all!

rudiger (à Hilda) Avant que nous quittions à jamais ce rivage, De l’amour d’Attila daignez prendre ce gage ; S’il le reçoit de vous par quelque messager Il viendra vous défendre ou sinon vous venger !

rudiger (to Hilda) Before we leave these shores for ever, Please accept this token of Attila’s love: Should a messenger bring it to him He will either come to your rescue, or avenge you!

sigurd

sigurd

Dieux ! Quel trouble nouveau s’empare De mon cœur agité ! Ma raison chancelle et s’égare À l’aspect de cette beauté ! C’est comme un charme qui m’enchante, Je vois tant d’attraits, tant de grâce touchante Pour la première fois.

O Gods! What new distress has entered My troubled heart! My senses abandon me As I behold this fair maid! As if a spell had overcome me, As if I were seeing her loveliness, her bewitching grace For the first time.

gunther

gunther

Sans fausser le serment d’amitié qui nous lie, Je veux te disputer le radieux réveil De la vierge qui dort d’un magique sommeil !

Without breaking the oath of friendship that binds us, I wish to contest with you the glorious awakening Of the maid that slumbers in an enchanted sleep!

sigurd

sigurd

Pour conquérir la Valkyrie Et briser ses liens, ô roi ! Si tu le veux,

To claim the Valkyrie as our prize And free her from her bondage, O King,

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Sigurd Le livret/Libretto

Dans les mêmes périls nous combattrons tous deux ! Mais au retour dans ta patrie, Au sang que près de toi, frère, je verserai, Tu donneras le prix Que je réclamerai !

Let us face the same dangers together! But when we return to your kingdom, You will reward me, brother, With the price I shall claim For the blood I will have spilled at your side!

gunther

gunther

J’en fais serment d’un cœur sincère Et la main dans ta main !

I swear it with a true heart, I pledge it with my hand in yours!

sigurd et gunther

sigurd & gunther

Pour conquérir Brunehild, la guerrière, Nous partirons demain ! Nous nous promettons devant vous, Dieux qui punissez le parjure, Une amitié fidèle et pure. Je suis à toi mon frère, je le jure ! Devant le ciel, devant mes armes, devant tous !

To win Brunehild, the warrior maid, Tomorrow we set sail! Before the Gods that punish false oaths, We promise to keep Our friendship faithful and pure. Brother, I am yours, I swear it! Before Heaven, before my weapons, before all here!

chœur, hilda et hagen

Dieux ! Ils ont jurés devant tous Une amitié fidèle et pure. Devant le ciel, devant leurs armes, devant tous !

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chorus , hilda & hagen

O Gods! They have promised before you To keep their friendship faithful and pure. Before Heaven, before their weapons, before us all!

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Sigurd Le livret/Libretto

Acte II

ACT II

PREMIER TABLEAU

FIRST TABLEAU

Islande. Une forêt sombre avec des dolmens.

Iceland. A dark forest with dolmens.

Scène I

Scene 1

Le Grand-Prêtre célèbre un sacrifice ; d’autres prêtres l’entourent et prient avec lui. Le peuple est prosterné autour d’eux.

The High Priest is conducting a sacrifice: other priests surround him in prayer. The people bow down in prayer around them.

le grand-prêtre et les prêtres

the high priest & priests

Dieux terribles qui vous plaisez, Dans les nuages embrasés, Qu’en vos mains dorme le tonnerre.

Dreaded Gods that live among Blazing storm clouds, May the thunder sleep in your hands.

le peuple

the people

Qu’en vos mains dorme le tonnerre.

May the thunder sleep in your hands.

le grand-prêtre et les prêtres

the high priest & priests

Dieux farouches dont les autels Sont rougis du sang des mortels, Laissez fléchir votre colère.

Ferocious Gods, whose altars Are red with the blood of mortals, May your anger relent.

le peuple

the people

Laissez fléchir votre colère.

May your anger relent.

le grand-prêtre et les prêtres

the high priest & priests

Dieux cruels qui volez, la nuit, Sur un char par la mort conduit, Détournez vos yeux de la terre.

Cruel Gods that fly, at night, On a chariot driven by Death, Cast not your eyes upon the Earth.

le peuple

the people

Détournez vos yeux de la terre.

Cast not your eyes upon the Earth.

le grand-prêtre (comme inspiré)

the high priest (as if in rapture)

Et toi, Fréia, Déesse de l’amour, Belle épouse d’Odin qui partages son trône, Des vierges, au lever du jour, Ont pour toi, de leurs mains, tressé cette couronne. Déesse charmante, reçois cette offrande avec un sourire. Par toi tout aime et tout respire, Fréia, qui pour miroir prends les lacs de ces bois.

Freia, fair Goddess of love, Odin’s gracious spouse that shares his throne, Our maidens, as this day dawned, Braided this garland for you with their young hands. Beloved Goddess, smile upon this gift. Through you everything loves and breathes, Freia, whose mirror are the lakes of our forests.

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Sigurd Le livret/Libretto

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le grand-prêtre et les prêtres

the high priest & priests

Dieux terribles qui vous plaisez Dans les nuages embrasés, Qu’en vos mains dorme le tonnerre !

Dreaded Gods that live among Blazing storm clouds, May the thunder sleep in your hands.

le peuple

the people

Qu’en vos mains dorme le tonnerre !

May the thunder sleep in your hands.

le grand-prêtre et les prêtres

the high priest & priests

Dieux farouches dont les autels Sont rougis du sang des mortels, Laissez fléchir votre colère !

Ferocious Gods, whose altars Are red with the blood of mortals, May your anger relent.

le peuple

the people

Laissez fléchir votre colère !

May your anger relent.

le grand-prêtre et les prêtres

the high priest & priests

Dieux cruels qui volez, la nuit, Sur un char par la mort conduit, Détournez vos yeux de la terre.

Cruel Gods that fly, at night, On a chariot driven by Death, Cast not your eyes upon the Earth.

le peuple

the people

Détournez vos yeux de la terre.

Cast not your eyes upon the Earth.

Scène II

Scene 2

sigurd, gunther et hagen (dans la coulisse) Ô Brunehild, ô Vierge armée ! Dans un burg de flamme enfermée, Vers toi par ce sombre chemin Nous marchons le glaive à la main !

sigurd, gunther & hagen (offstage) O Brunehild, O warrior maiden! Captive within this burg’s fiery walls, We follow the dark path that leads to you With our swords drawn!

le grand-prêtre

the high priest

Quels profanes, au fond de ces antres sauvages, Portent leurs pas audacieux ?

What unbelievers have come to this wild grove And dare intrude on our rites?

le peuple

the people

Bravant notre courroux et celui de nos Dieux, Quels étrangers ont franchi ces rivages ?

Scorning our anger and the wrath of the Gods, What strangers dare set foot on these shores?

sigurd, gunther et hagen (en scène) Nous sommes trois guerriers nés au pays du Rhin, Nous venons conquérir la belle Valkyrie Qui, dans un palais endormie, Attend l’époux que lui promit Odin.

sigurd, gunther & hagen (on stage)

We are three warriors from the Rhineland, Come to conquer the fair Valkyrie, Who sleeps in an enchanted palace, Awaiting a husband promised by Odin.

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Sigurd Le livret/Libretto

le grand-prêtre

the high priest

Tremblez ! Les esprits invisibles Vont sortir menaçants, terribles, Des arbres, des rochers et des lacs de ces bois ! Tremblez  ! C’est à la mort que vous marchez tous trois  !

Fear the dreadful invisible spirits That will come forth to threaten you From the trees, rocks and lakes of this forest. Fear them, for you three are marching towards Death!

le peuple

the people

Tremblez ! Les esprits invisibles Vont sortir menaçants, terribles, Des arbres, des rochers et des lacs de ces bois ! Tremblez  ! C’est à la mort que vous marchez tous trois  !

Fear the dreadful invisible spirits That will come forth to threaten you From the trees, rocks and lakes of this forest. Fear them, for you three are marching towards Death!

le grand-prêtre

the high priest

Du champ sacré voilà les bornes ; Ceux, par qui ces dolmens déjà furent franchis, Ont semé ces déserts mornes De leurs os blanchis.

These are the bounds of the sacred field; Those who once dared trespass the dolmens, Their white bones now strew These vast empty spaces.

le peuple

the people

Tremblez ! Les esprits invisibles Fear the dreadful invisible spirits Vont sortir menaçants, terribles, That will come forth to threaten you Des arbres, des rochers et des lacs de ces bois, From the trees, rocks and lakes of this forest. Tremblez  ! C’est à la mort que vous marchez tous trois  ! Fear them, for you three are marching to your deaths! le grand-prêtre et les prêtres

the high priest & priests

Tremblez ! Les esprits invisibles Vont sortir de ces bois, Tremblez  ! C’est à la mort que vous marchez tous trois  !

Fear the invisible spirits That will come forth from the forest, Fear them, for you three are marching to your deaths!

sigurd, gunther et hagen

Ô Brunehild, ô Vierge armée, Dans un burg de flamme enfermée, Vers toi, par ce sombre chemin, Nous marchons le glaive à la main !

sigurd, gunther & hagen O Brunehild, O warrior maiden! Captive within this burg’s fiery walls, We follow the dark path that leads to you With our swords drawn!

le peuple

the people

Bientôt le Kobold alerte Et l’Elfe à la robe verte Vont semer ces bords sacrés De vos membres déchirés.

Soon the sprightly Kobold And the green-robed Elf Will tear you limb from limb And scatter your remains in the sacred grove.

le grand-prêtre, les prêtres et le peuple

the high priest, priests & the people

Et vos corps sans sépulture, Outragés, mis en lambeaux, Vont devenir la pâture Des vautours et des corbeaux !

And your unburied corpses, Profaned and torn to shreds Will serve as food For vultures and ravens!

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Sigurd Le livret/Libretto

sigurd, gunther et hagen

sigurd, gunther & hagen

le grand-prêtre

the high priest

Eh bien, puisqu’ici-bas rien ne peut vous soustraire Aux arrêts du destin, Guerriers, qu’anime un espoir téméraire, Écoutez les décrets d’Odin !

Very well, since nothing earthly can prevent you From fulfilling your destiny, O warriors, driven by reckless ambition, Hear Odin’s holy decree!

les prêtres et le peuple

priests & people

Écoutez d’un dieu terrible L’arrêt inflexible !

Hear the inexorable decree Of a dreaded god!

le grand-prêtre

the high priest

Un seul, de Brunehild, rompra l’enchantement ; Un seul peut éveiller la Déesse exilée ! Sonnant le cor sacré dans la sombre vallée, Un seul, héros au cœur de diamant, Des esprits infernaux vaincra la troupe ailée ! Et celui-là, plus pur que l’aube d’un beau jour, Vierge de corps et d’âme, N’aura jamais subi le joug d’aucune femme Ni murmuré jamais des paroles d’amour !

Only one man may break the spell that binds Brunehild; Only one man can wake the exiled Goddess! When he blows the sacred horn in the dark valley, Only one man, a hero with a heart of diamond, Will overcome the winged host of infernal spirits! That man must be purer than the dawn of a bright summer day,] Undefiled in body and mind, Never having felt the yoke of a woman’s love, Or whispered sweet words in her ear!

Ô Brunehild, ô Vierge armée ! Dans un burg de flamme enfermée, Vers toi, par ce sombre chemin, Nous marchons le glaive à la main !

les prêtres et le peuple

Vous savez d’un Dieu terrible L’arrêt inflexible !

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O Brunehild, O warrior maiden! Captive within this burg’s fiery walls, We follow the dark path that leads to you With our swords drawn!

priests & people

You now know the inexorable decree Of a dreaded god!

sigurd

sigurd

Prêtres ! Apportez-nous le cor sacré d’Odin ! L’un de nous vers le burg va se mettre en chemin !

Priests! Bring us Odin’s sacred horn! One of us will set off to approach the burg!

le peuple

the people

Bientôt le Kobold alerte Et l’Elfe à la robe verte Vont semer ces bords sacrés De vos membres déchirés, Et vos corps sans sépulture, Outragés, mis en lambeaux, Vont devenir la pâture Des vautours et des corbeaux. Tremblez  ! C’est à la mort que vous marchez tous trois  !

Soon the sprightly Kobold And the green-robed Elf Will tear you limb from limb And scatter your remains in the sacred grove. And your unburied corpses, Profaned and torn to shreds Will be the food Of vultures and ravens! Tremble with fear, for you three are marching to your deaths!

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eaths!

Sigurd Le livret/Libretto

le grand-prêtre et les prêtres

the high priest, priests & the people

Et vos corps sans sépulture, Outragés, mis en lambeaux, Vont devenir la pâture Des vautours et des corbeaux. Tremblez  ! C’est à la mort que vous marchez tous trois  !

And your unburied corpses, Profaned and torn to shreds Will serve as food For vultures and ravens! Fear them, for you three are marching to your deaths!

Les Prêtres et le Chœur s’éloignent.

The Priests and People wander off.

Scène III

Scene 3

gunther

gunther

Lequel de nous va tenter l’aventure ?

Which one of us will attempt this adventure?

hagen

hagen

Qui de nous restera dans la forêt obscure ?

Which one will stay in this dark forest?

sigurd

sigurd

Moi !

I will!

hagen

hagen

Les Dieux sont armés d’inexorables traits ! Que peut contre eux notre faiblesse ?

The wrath of the Gods is inescapable! What can we feeble mortals do against it?

sigurd (à Gunther)

sigurd (to Gunther)

Quand Brunehild sera dans ton palais, Souviens-toi seulement, Gunther, de ta promesse Et des serments que tu m’as faits ! J’ai gardé mon âme ingénue À la fiancée inconnue Qui sur mon cœur devait régner ; Et jamais un mot de ma bouche N’offensa sa fierté farouche, C’est moi, qu’en ses décrets, Odin veut désigner.

When Brunehild enters your palace, Remember only your promise, Gunther, And the oaths that bind you to me! My soul has been kept innocent For the unknown bride That must be queen of my heart; Never have I spoken a word To offend her haughty pride, I am the one that is spoken of In Odin’s decree.

hagen (à Gunther) Celui qui, parvenue près de la Valkyrie, Rendra la Déesse à la vie, Deviendra pour jamais son maître, son époux !

hagen (to Gunther) He who approaches the Valkyrie And breathes new life into her, Will become her lord and husband for ever!

gunther

gunther

Adieu donc ! Les périls je veux les braver tous !

Farewell then! I want to face these dangers alone!

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Sigurd Le livret/Libretto

sigurd

sigurd

Un autre amour m’a pris mon âme tout entière, Brunehild ne me verra pas ; Sous ton casque d’airain, sans lever la visière, Je la conduirai dans tes bras ; Par mon amour, mon frère, je te jure De te l’amener vierge et pure !

I am entirely possessed by love for another woman, Brunehild shall not see who I am; I shall wear your bronze helmet with the visor down And bring her to your arms; For the love of you, brother, I swear To bring her to you pure and undefiled!

gunther

gunther

Demande alors ce que tu veux ! Quand Brunehild sera ma femme, Quelque prix que Sigurd réclame, Je jure de combler ses vœux !

Then you may ask of me what you will! When Brunehild becomes my wife, Whatever the prize Sigurd asks of me, I swear I will grant his wish!

le chœur (dans la coulisse) et les prêtres

chorus (offstage) & priests

Toi, qui du sein des nuages, Toi, qui fais dans les orages Briller ton courroux, Ô puissant Odin ! Dieu sévère ! Le ciel et la terre sont à tes genoux !

You who from amidst the clouds, You who from the heart of the storm Make your wrath thunder and flash, Powerful Odin! Dreaded God! Heaven and earth are at your feet!

hagen

hagen

Déjà descend vers nous la blanche théorie, Elle s’avance au bruit du chant religieux, Elle vient apporter le cor mystérieux À qui veut délivrer la belle Valkyrie.

Already the procession advances, in white robes, Intoning its sacred chants, It brings the wondrous horn, To him who would deliver the fair Valkyrie!

sigurd

sigurd

Amis recevez mes adieux !

Friends, I now must bid you farewell!

hagen (à part) Son orgueil le mène à sa perte ! Il dormira demain sur la grève déserte !

hagen (aside) His pride will lead him to his fall! Tomorrow he will sleep on the barren shore!

quatre coryphées (en scène)

four chorists (on stage) Victory-giving God, Smile in your glory Upon this strong warrior Who has left his native land To free the Valkyrie And face Death!

Dieu, qui donnes la victoire, Souris dans ta gloire À ce guerrier fort Qui vient, quittant sa patrie, Pour la Valkyrie Affronter la mort ! les prêtres et le peuple (en scène) Ô puissant Odin ! Toi, qui au sein des nuages

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priests & people (on stage)

Powerful Odin! You who from amidst the clouds,

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Sigurd Le livret/Libretto

Toi, qui fais dans les orages Briller ton courroux, Ô puissant Odin ! Dieu sévère !

You who from the heart of the storm Make your wrath thunder and flash, Powerful Odin! Dreaded God!

Scène IV

Scene 4

le grand-prêtre

the high priest

Lequel de vous, guerriers, va marcher plein d’audace Vers le palais de feu ?

Which one of you warriors will boldly march To the fiery palace?

sigurd

sigurd

Moi !

I will!

le grand-prêtre

the high priest

Prends ce cor sacré, Présent de notre Dieu ! Si l’épouvante ne te glace, Alors qu’autour de toi les Kobolds vont rugir, Sonne trois fois ce cor sonore ! D’un lac dont la flamme dévore, À ton troisième appel le palais va surgir !

Accept this sacred horn, A present of our God! If fear does not paralyse you, When the Kobolds begin roaring around you, Blow this ringing horn three times! The palace will emerge from A lake of fire at the third call.

sigurd

sigurd

Donne !

Give it to me!

le grand-prêtre

the high priest

Sur vos vaisseaux, vous, quittez cette rive. Si ce guerrier délivre la captive, Par les esprits vaincus, jusqu’aux rives du Rhin, Il sera ramené soudain. Telle est des Dieux la volonté terrible !

You two, take your boats and leave these shores. If this warrior frees the captive maid, The spirits he subdues will Take him suddenly back to the banks of the Rhine. This is the God’s awful decree!

gunther et hagen (à Sigurd) Puisse s’ouvrir pour toi le burg inaccessible ! Puisses-tu triompher des colères d’un Dieu !

gunther & hagen (to Sigurd) May the inaccessible burg open its gates to you! May you overcome the wrath of a God!

gunther

gunther

Puisses-tu revenir près de Gunther !

And may you return safely to Gunther!

sigurd

sigurd

Adieu !

Farewell!

le grand-prêtre et les prêtres

the high priest & priests

Ô puissant Odin !

Powerful Odin!

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Sigurd Le livret/Libretto

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le chœur

chorus

Ô puissant Odin ! Toi qui du sein des nuages, (le chœur s’éloigne) Fais dans les orages Briller ton courroux, Ô puissant Odin ! Dieu sévère ! Le ciel et la terre sont à tes genoux !

Powerful Odin! You who from amidst the clouds, (Chorus retires) You who from the heart of the storm Make your wrath thunder and flash, Powerful Odin! Dreaded God! Heaven and earth are at your feet!

les prêtres

priests

Toi qui du sein des nuages, Fais dans les orages Briller ton courroux, Ô puissant Odin ! Dieu sévère ! Le ciel et la terre sont à tes genoux !

You who from amidst the clouds, You who from the heart of the storm, Make your wrath thunder and flash, Powerful Odin! Dreaded God! Heaven and earth are at your feet!

Scène V

Scene 5

sigurd

sigurd

Le bruit des chants s’éteint dans la forêt immense. Sous les tilleuls sacrés tout est ombre et silence Et je me sens au cœur l’audace d’un héros ! Pourquoi tarder ? Que le combat commence ! Ô cor de ces bois noirs éveille les échos ! Non ! Si ma force et mon courage Succombent dans l’effort, Si la mort m’attend dans cette île sauvage… Esprits, gardiens de ces lieux vénérés, Sachez quel nom, redit par votre bouche, M’éveillera sur ma funèbre couche Lorsque j’y dormirai ! Hilda ! Vierge au pâle sourire, Jeune lys tremblant sous ses fleurs, C’est ton doux nom que viendra dire, Sur ma tombe, la nuit en pleurs. Hilda ! Hilda ! Mais non ! Point de triste présage ! Mon amour doublera ma force et mon courage. Elfes, Kobolds, esprits, paraissez tous ! Je viens à vous !

The sound of their songs fades away in these great woods. Under the sacred linden trees there is only shade and silence And I feel the boldness of heroes in my heart! Why delay? Let the fighting begin! My horn, awake the echoing sounds of these dark woods! No! Are my strength and courage Sufficient to accomplish this deed? Does Death await me in this wild island? Guardian spirits of this venerable place, Hear the name you must repeat To awaken me when I fall Asleep on my deathbed! Hilda! Maid of the wan smile, Tender lily that trembles amidst the flowers, It is your sweet name that will be uttered Over my grave by the tearful night. Hilda! Hilda! No! Away with this sad omen! My love will increase my strength and courage. Elves, Kobolds, spirits, show yourselves! I have come to you!

Il sonne du cor. Le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le vent fait entendre parmi les arbres des gémissements sinistres. Un rocher disparaît et laisse voir trois femmes penchées sur une fontaine.

He blows the horn. The sky darkens, thunder rumbles, the wind sighs ominously in the trees. A rock vanishes, revealing three women bending over a fountain.

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Sigurd Le livret/Libretto

Scène VI

Scene 6

Elles lavent un vêtement blanc et semblent se hâter à l’ouvrage.

They hurriedly wash a white garment.

sigurd (aux trois lavandières)

sigurd (to the three washerwomen)

Pourquoi vos yeux sont-ils remplis de larmes, Jeunes filles, pourquoi ces vêtements de deuil ? Que lavez-vous dans cette onde ?

Why are your eyes filled with tears, O maidens, why are you dressed in mourning? What are you washing in these waters?

Les trois Nornes se dressent devant Sigurd et lui font signe que c’est un linceul qu’elles lavent.

The three Norns stand before Sigurd and show him they are washing a shroud.

Un linceul ! Pour qui ? Parlez !

A shroud! For whom? Tell me!

Les trois Nornes indiquent à Sigurd que le linceul lui est destiné.

The three Norns make Sigurd understand that the shroud is for him.

Pour moi !...

For me! …

Les trois Nornes disparaissent dans la fontaine.

The three Norns vanish in the fountain.

Point de lâches alarmes ! Fantômes, qui venez au devant de mes pas, Vos présages de mort ne m’arrêteront pas !

Away with you, cowardly fears! And you, ghosts that appear before me, Your fatal portents cannot stop me!

Il se prépare à sonner pour la seconde fois du cor sacré. À la lueur des éclairs, des Valkyries armées apparaissent de tous côtés et cherchent à le lui arracher. Sigurd lutte vaillamment contre elles. Des Kobolds viennent à leur tour assaillir le héros.

He prepares to blow the sacred horn a second time. As lightning flashes, Valkyries in full armour appear on all sides, trying in vain to snatch the horn from him. Sigurd bravely opposes them. The Kobolds then begin to attack the hero.

Je vous vaincrai peuple sans nombre Des fils de l’ombre.

I shall defeat you, innumerable throng Of the children of night.

Une nuée de fantômes et de lutins de toute sorte se joint aux Valkyries et aux Kobolds en tourbillonnant autour de Sigurd.

A swarm of all kinds of ghosts and goblins joins the Valkyries and the Kobolds and whirls around Sigurd.

sigurd (l’épée à la main, appuyé contre un rocher)

sigurd (leaning against a rock, wielding his sword)

Arrière ! Kobolds ! Arrière ! Noirs esprits ! Pour la seconde fois, cor sacré, retentis.

Back, Kobolds! Back, spirits of darkness! For the second time, let the sacred horn sound.

Il sonne du cor.

He blows the horn.

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Sigurd Le livret/Libretto

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Le fond du théâtre s’ouvre : un lac apparaît baigné par une douce clarté. Les Valkyries et les Kobolds sont écartés  ; des Elfes sortent lentement du lac et des roseaux ; ils cherchent en enlaçant Sigurd dans leurs bras à l’entraîner dans leurs danses voluptueuses, à le conduire vers le rocher pour le précipiter dans le lac. Sigurd résiste.

The set opens to reveal a lake, bathed in a soft radiance. The Valkyries and Kobolds are led off stage; Elves slowly emerge from the lake and the rushes; they try to embrace Sigurd and coax him into their sensual dances, all the while leading him closer to a cliff where they can push him into the lake. Sigurd resists.

Scène VII

Scene 7

Danses.

Dances.

sigurd (s’arrachant aux Elfes)

sigurd (pulling away from the Elves)

Non ! Sur moi, comme l’épouvante, La volupté doit rester impuissante ! Retentis dans ces sombres bois, Ô cor sacré, pour la troisième fois !

No! Fear, like sensual pleasure, Must have no power over me! Let your sound echo through these dark woods, O sacred horn, for the third time!

Il sonne du cor.

He blows the horn.

Les éclats du tonnerre, les sifflements de la tempête recommencent avec furie. Les trois Nornes sortent du lac et s’avancent vers Sigurd. Elles lui montrent le lac qui lentement se change en une fournaise ardente au milieu de laquelle s’élève un palais de feu  : Sigurd conduit par les trois Nornes du milieu des Valkyries et des Kobolds, des Elfes qui le ramènent, se dirige vers le lac enflammé. Des monstres sortent du lac et se dirigent vers Sigurd.

Thunder rumbles and the storm begins again in earnest. The three Norns emerge from the lake and walk towards Sigurd. They point at the lake, which slowly turns into a blazing mass of flames with a fiery palace in the middle. The Norns lead Sigurd through the throng of Valkries, Kobolds and Elves, towards the lake of fire. Monsters come out of the lake, moving towards Sigurd.

Hilda ! Le lac flamboie Et mon cœur bat de joie ! Au combat ! Au combat !

Hilda! The lake is ablaze And my heart leaps for joy! To arms! To arms!

Les monstres s’avancent vers Sigurd en mugissant. Le héros se précipite au devant d’eux. Rideau de nuages.

The monsters move closer with terrible roars. The hero rushes to meet them. A curtain of clouds falls.

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Sigurd Le livret/Libretto

DEUXIÈME TABLEAU

SECOND TABLEAU

Une salle d’un palais magique. Brunehild endormie.

A hall in a magic palace. Brunehild, asleep.

Scène I

Scene 1

sigurd (il entre, l’épée à la main, conduit par les trois Nornes)

sigurd (enters with his sword drawn, led by the three Norns)

Je suis vainqueur ! La voilà, c’est elle ! Puissances du ciel ! Qu’elle est belle ! Quel sourire charmant pare sa lèvre en fleur ! Elle ne verra pas mon visage et du roi La noble loyauté ne sera pas trompée ! (il abaisse la visière de son casque) Et maintenant sous mon épée, Ô Brunehild, éveille-toi !

Victory is mine! Behold, it is her! By the powers of Heaven, she is most fair! How enchanting is the smile that blooms upon her lips! She shall not see my face and the King’s Noble troth shall not be betrayed. (He lowers the visor of his helmet.) And now, by the power of my sword, Brunehild, awake!

brunehild

brunehild

Salut ! Splendeur du jour ! Salut ! Astre au front pur Qui de tes rayons d’or sèmes l’immense azur. Dieux ! Abaissez sur nous des regards favorables, Aux douleurs des humains montrez-vous secourables. Salut, terre ! Salut ! Nourrice au sein fécond Qui fais croître pour nous l’épi du froment blond ! Dieux ! Que votre bonté nous donne en sa largesse, La force, la raison, le savoir, la sagesse ! Mais quel guerrier vaillant et fort, Bravant pour moi l’affreuse mort, A, par le pouvoir de ses armes, De ma prison rompu les charmes ?

Hail! Splendour of the morning! Hail! Star whose radiant brow Fills the vast blue sky with golden rays. O Gods, cast your benevolent eyes on us, Have mercy on the sorrows of humanity. Hail, Earth! Hail, Mother of the nourishing bosom That produces the golden ear of corn to feed us! O Gods, of your goodness, give us generously of Strength, reason, knowledge and wisdom! But who is the brave and strong warrior, Who for my sake braved a fearsome death, And by the power of his sword, Broke the enchantment of my prison?

(à Sigurd) Ô mon sauveur silencieux, La Valkyrie est ta conquête Et ne crains pas qu’elle regrette Près de toi les palais des cieux ! Les esprits, déployant leurs ailes, Vont vers les demeures mortelles Bientôt m’emporter avec toi ! Guerrier, prends place auprès de moi ! Brunehild, encore vierge et pure, Pour toi déliant sa ceinture Te la donne en gage d’amour !

(to Sigurd) My silent saviour! The Valkyrie is now your prize! Rest assured she will not long for Her heavenly home, if you are by her side! These winged spirits will soar And soon carry me with you To your mortal abode! Take your place at my side, O warrior! Brunehild, the undefiled virgin, Now unties her girdle And gives it to you as a pledge of her love!

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Sigurd Le livret/Libretto

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À ton foyer, paisible, assise, Elle vivra fière et soumise, En t’aimant jusqu’au dernier jour !

Seated at your hearth, quiet and meek, She wishes to live as an obedient wife Loving you until your dying day!

(Elle s’endort) La Valkyrie est ta conquête !

(Falling asleep) The Valkyrie is now your prize!

sigurd (relevant son casque)

sigurd (raising his visor)

Ô Gunther ! Mon ami, mon frère, Tu n’auras pas en vain compté Sur ma force et ma loyauté ! (plaçant son épée nue entre Brunehild et lui) Glaive, sépare-moi de la vierge guerrière ! Perce mon cœur, ô noble fer, Si m’étendant sur cette couche, À ce voile sacré, je touche ! Et vous que j’ai vaincus, Kobolds, esprits de l’air, Portez-nous au burg de Gunther !

Gunther, my brother, my friend, You did not trust my power And my loyalty in vain! (placing his bared sword between Brunehild and himself) May this sword come between the warrior maid and me! This noble blade will pierce my heart Ere I defile this sacred veil By sharing this maiden’s bed! Hear me, spirits of the air, Kobolds now under my sway, Carry us to Gunther’s burg!

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Sigurd Le livret/Libretto

ACTE III

ACT III

Un sorte de jardin sauvage. À gauche le palais de Gunther avec une fenêtre éclairée. La nuit.

A space, resembling a wild garden On the left, Gunther’s palace, with a lit window. Night.

Scène I

Scene 1

chœur invisible

invisible chorus

À la voix des esprits de l’air, Ô roi, viens dans ce jardin sombre, Sigurd t’attend ici dans l’ombre ! Sors de ta couche, ô roi Gunther !

Hear the spirits of the air calling you, O King, into this dark garden, Sigurd is waiting for you in the shadows! Leave your bed, King Gunther!

uta

uta

Viens ! Hilda ! Ce n’est point une illusion vaine, Suis-moi ! J’entends dans les airs endormis, Pareils au bruit léger du ruisseau sur l’arène, Le frémissement sourd des ailes des esprits ! Ne tremble pas ! Il faut connaître Quel office mystérieux Viennent remplir ici ces messagers des Dieux Dont mon savoir est aussi maître !

Come, Hilda! This is no vain illusion, Follow me! On the listless breeze, I hear the quiet rustling of fairy wings Like the sound of a brook flowing over sand! Fear not! We must find out What mysterious task These divine messengers, who also obey my powers, Have come here to perform.

hilda

hilda

Je me sens frémir malgré moi D’une terreur mortelle ! Je veux marcher et je chancelle… Demi-morte d’effroi !

In spite of myself, I am quaking With mortal fright! I totter with every step I take For I am half-dead with fear!

uta

uta

Un guerrier vient sous l’épaisse ramure…

A warrior approaches under this dense foliage…

hilda

hilda

C’est Gunther ! C’est le roi !

It is Gunther! It is the King!

uta

uta

Cache-nous bien, ô nuit obscure !

Conceal us well, dark cloak of the night!

chœur invisible

invisible chorus

À la voix des esprits de l’air, Ô roi, viens dans ce jardin sombre, Sigurd t’attend ici dans l’ombre ! Sors de ta couche, ô roi Gunther !

Hear the spirits of the air calling you, O King, into this dark garden, Sigurd is waiting for you in the shadows! Leave your bed, King Gunther!

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Sigurd Le livret/Libretto

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Scène II

Scene 2

gunther

gunther

Suis-je donc le jouet d’un rêve ? Non ! De confuses voix m’arrachant au sommeil Ont murmuré mon nom. Pourtant le jour vermeil À peine à l’Orient se lève… Grands Dieux ! Sous l’abri du bouleau, Dans la clarté de l’aube pâle, Veillant sur Brunehild, la beauté sans égale, Sigurd m’est apparu dans le matin nouveau.

Am I deceived by a dream? No! I was awoken by a confused murmur of Voices calling my name. But the golden day Has barely begun to break in the East… Great Gods! Under the shade of the birch trees, In the pale light of dawn, Keeping his watch over the peerless beauty Brunehild, Sigurd appears as a new morning begins.

sigurd

sigurd

Oui, Sigurd est vainqueur ! Gunther, prends ton armure ! Sitôt que le soleil luira sous la ramure, Ta belle fiancée, ô roi, Va s’éveiller et descendre vers toi ! Sous ces ombrages frais, de hêtres et de charmes, Les esprits vont encor la garder jusqu’au jour ! Le jour venu, te couvrant de tes armes, Parais et, hardiment, réclame son amour ! J’ai, roi Gunther, gardé la foi jurée ; Songe à tenir aussi ta promesse sacrée Quand je viendrai te réclamer le prix À mes exploits promis !

Yes, Sigurd is victorious! Gunther, put on your armour! As soon as sun shines through the trees, Your fair betrothed, O King, Shall wake and come down to you! In the cool shadow of hornbeams and beeches, Spirits watch over her until the sun has risen! Then, by daylight, in full armour, Appear before her and boldly claim her love! King Gunther! I have faithfully kept my word: You must also remember to keep your sacred oath When I come and claim the prize I was promised for my heroic deeds!

Scène III

Scene 3

gunther

gunther

La voilà donc la déesse exilée Que dans mon cœur dès longtemps j’adorais… Les Dieux jaloux, en vain, dans leurs décrets Pour vaincre les démons, les Elfes, troupe ailée, Ont désigné Sigurd ! Brunehild est à moi ! Mes guerriers la verront aux côtés de leur roi.

Here she is, the banished goddess, I have long worshipped in my heart… The jealous Gods’ decrees, in vain, Appointed Sigurd to triumph over The winged throng of demons and Elves! Brunehild is mine! My warriors shall see her seated at my side!

chœur invisible

invisible chorus

Notre tâche est remplie, Le jour luit au ciel bleu, Toi qui fus Valkyrie, adieu !

Our task is fulfilled, The day now shines in the blue sky, Farewell, you who once were a Valkyrie!

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Sigurd Le livret/Libretto

brunehild (s’éveillant)

brunehild (awakening)

Où me conduit ma destinée, Et sur quels bords inconnus, ramenée, Vois-je naître du jour les premières clartés ? D’où vient que mon époux n’est plus à mes côtés ?

To where has my fate brought me? To which unknown shores have I been taken? What dawn is this that I see breaking? How is it that my husband is no longer at my side?

chœur invisible

invisible chorus

Notre tâche est remplie, Le jour luit au ciel bleu, Toi qui fus Valkyrie, adieu !

Our task is fulfilled, The day now shines in the blue sky, Farewell, you who once were a Valkyrie!

gunther

gunther

Ces bords que vous foulez, reine, sont votre empire ! Ces plaines, ces vallons, ces forêts sont à vous ! Ce vieux burg crénelé, qui dans le Rhin se mire, Est le palais de votre époux !

These shores under your feet, O Queen, are your kingdom! Plains, valleys and forests, all this is now yours! This ancient crenelated burg, reflected in the Rhine, Is the palace of your husband!

brunehild

brunehild

Cet époux quel est-il ?

And who is this husband?

gunther

gunther

Un guerrier qui vous aime !

A warrior who loves you!

brunehild

brunehild

Pourquoi ne vient-il pas me conduire lui-même Au banquet nuptial qu’on va dresser pour nous ?

Why does he not lead me himself To the wedding feast that will be set for us?

gunther

gunther

Celui qui te ceindra bientôt le diadème, Brunehild, est à tes genoux !

He who will soon place a crown on your brow, Brunehild, now kneels at your feet!

brunehild

brunehild

Vêtu… de fer… la visière baissée… C’est toi… qui vins dans mon palais brûlant Toucher mon front de ton glaive sanglant ? Des noirs esprits la foule terrassée, C’est toi qui vins, voilé, silencieux, Comme l’époux que m’ont donné les Dieux ?

Clothed… in iron… your visor down… You were the one that entered my fiery palace And touched my forehead with a bloody sword? And once you had subdued the host of dark spirits, You were the masked one that came, in silence, To be the husband the Gods gave me?

gunther

gunther

Vêtu… de fer… la visière… baissée… C’est moi qui vins dans ton palais brûlant Toucher ton front de mon glaive sanglant ! Des noirs esprits la foule terrassée, C’est moi qui vins, voilé, silencieux, Comme l’époux que t’ont donné les Dieux !

Clothed… in iron… my visor down… I was the one that entered your fiery palace And touched your forehead with my bloody sword! And once I had subdued the host of dark spirits, I was the masked one that came, in silence, To be the husband the Gods gave you!

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Sigurd Le livret/Libretto

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brunehild

brunehild

Qui donc es-tu, toi qui donnais ta vie Pour délivrer la Valkyrie ?

Who are you, who would have given your life To save the Valkyrie?

gunther

gunther

Je suis Gunther, roi des Burgondes, prince du Rhin ! Sur les campagnes fécondes, Que le grand fleuve germain Baigne de ses eaux profondes, Tout est soumis à mon sceptre d’airain !

I am Gunther, King of the Burgundians, Prince of the Rhine! In these fertile lands through which The deep waters of The great German river flow, All obey the rule of my bronze sceptre!

brunehild

brunehild

Je suis à toi, Gunther ! Mon époux et mon maître, Vaillant roi de ce beau pays ! Échangeons nos serments entre les mains du prêtre ! Et que les Dieux soient obéis !

I am yours, Gunther! My husband and master, Valiant king of this fair land! Let us exchange vows before the priest! And let the word of the Gods be obeyed!

gunther

gunther

Ô Brunehild, jamais vierge plus désirée N’a d’un époux franchi le seuil joyeux ! Jamais, auprès d’une femme adorée, Guerrier ne fut plus radieux !

O Brunehild, never was maiden more loved As she crossed the happy threshold of her husband! Never was warrior more radiant In the presence of his beloved wife!

brunehild

brunehild

Je suis à toi, Gunther, vaillant roi de ce beau pays ! Échangeons nos serments entre les mains du prêtre, Et que les Dieux soient obéis !

I am yours, Gunther! Valiant king of this fair land! Let us exchange vows before the priest! And may the word of the Gods be obeyed!

gunther

gunther

Elle est à moi ! Je suis le maître D’un trésor qu’un autre a conquis ! Que bientôt nos serments Soient bénis par le prêtre ! Tout appartient aux cœurs hardis ! Échangeons nos serments Et que les Dieux soient obéis !

She is mine! I am the master Of a treasure won by someone else! May our vows soon Be blessed by the priest! A bold heart may demand anything! Let us exchange vows And may the word of the Gods be obeyed!

Scène IV

Scene 4

hilda

hilda

Il m’aime ! Il m’aime ! Ô ma mère ! Des esprits, des monstres vainqueur, Il a, pour obtenir mon cœur, Livré Brunehild à mon frère ! Il m’aime ! Ô soleil radieux ! Quelle douce clarté tu nous verses des cieux !

He loves me! He loves me! O mother! He defeated the spirits and monsters, And to win my heart, he has Brought Brunehild to my brother! He loves me! O radiant sun! How sweet is the light that you pour from above!

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Sigurd Le livret/Libretto

uta

uta

Garde bien le secret terrible Que nous avons surpris ! Un pressentiment horrible A frappé mes esprits ! Je vois devant nous un grand fleuve Où le sang coule à flots ; La terre, de ses guerriers veuve, Retentit de sanglots !

The fearful secret we discovered Must be well kept! My heart is full of A terrible foreboding! Before us I see a great river Running deep with blood; The world, bereaved of its warriors, Echoes with the sound of sobbing.

hilda

hilda

Il m’aime ! Ô ma mère ! Des esprits, des monstres vainqueur, Il a, pour obtenir mon cœur, Livré Brunehild à mon frère ! Il m’aime ! Ô soleil radieux ! Quelle douce clarté tu nous verses des cieux !

He loves me! He loves me! O mother! He defeated the spirits and monsters, And to win my heart, he has Brought Brunehild to my brother! He loves me! O radiant sun! How sweet is the light that you pour from above!

hilda et uta

hilda & uta

Marchons sans bruit, quittons ces lieux ! Dérobons nous à tous les yeux !

With silent steps, we must leave this place And put ourselves out of sight!

Elles disparaissent.

They disappear.

Le théâtre change.

Set change.

Deuxième tableau

Second tableau

Une large terrasse devant le château de Gunther. À droite, le château avec une porte à laquelle on arrive par plusieurs marches. À gauche, des habitations de paysans et de grands arbres. Au fond, le Rhin.

An esplanade before Gunther’s castle. On the right, the castle wall with a door at the top of a flight of steps. On the left, peasant dwellings and tall trees. In the background, the Rhine.

Scène V

Scene 5

chœur

chorus

Les premiers feux du matin Ont doré les flots du Rhin ; Sur la terre tout s’éveille ! Retournons à nos travaux ! Sur les champs et sur les eaux A lui l’aurore vermeille !

The first rays of the morning Have turned the Rhine’s waters to gold; Every living being on earth awakes! Let us return to our toils! A golden dawn now shines In our fields and on the water!

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Sigurd Le livret/Libretto

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les laboureurs

ploughmen

Allons charger nos chars de nos blés jaunissants !

Let us load our barrows with the yellowing corn!

les chasseurs

huntsmen

Allons au fond des bois forcer les daims agiles !

Let us go deep in the woods to chase the sprightly hind!

les mariniers

boatsmen

Allons guider sur l’eau la barque aux larges flancs !

Let us steer our broad-sided barges over the water!

les femmes

womenfolk

Allons cueillir les fruits de nos vergers fertiles !

Let us gather fruit from our fertile orchards!

les soldats (s’éveillant) Alerte ! Compagnons ! Le soleil est levé ! Le feu de veille expire, alerte !

soldiers (awakening) Attention! Fellow soldiers, the sun is up! The fires of the watch are being put out! Attention!

jeunes filles et jeunes gens (se disant adieu)

Au déclin du soleil, le labeur achevé, Nous reviendrons ici danser sur l’herbe verte !

maidens & youths (taking leave) At sundown, when our toils are over, We will return here to dance on the green meadow!

chœur

chorus

Les premiers feux du matin Ont doré les flots du Rhin ; Sur la terre tout s’éveille ! Retournons à nos travaux ! Sur les champs et sur les eaux A lui l’aurore vermeille ! Le clairon des hérauts sonne, Sachons ce qu’il nous ordonne !

The first rays of the morning Have turned the Rhine’s waters to gold; Every living being on earth awakes! Let us return to our toils! A golden dawn now shines In our fields and on the water! But hear the herald’s trumpet sounding, What orders from our lord does it announce?

Scène VI

Scene 6

hagen

hagen

Au nom du roi Gunther, Peuple, je viens vers toi ! Des Dieux, maîtres du ciel, la bonté souveraine Donne la Valkyrie à l’amour de ton roi, Et Brunehild va devenir ta reine ! Semez ces bords de joncs et de rameaux fleuris ! Bientôt apparaîtra la pompe nuptiale ! Suivant de Brunehild la marche triomphale, Peuple, fais retentir les airs de joyeux cris !

In the name of King Gunther, I come to you, his people! The sovereign goodness of the Gods in Heaven Has given him the Valkyrie to be his love, And Brunehild is to be your queen! Strew rushes and flowering boughs all round! Soon the wedding procession will appear! Follow Brunehild’s triumphal march And may your cries echo joyously through the air!

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Sigurd Le livret/Libretto

chœur

chorus

Semons ces bords de joncs et de rameaux fleuris ! Bientôt apparaîtra la pompe nuptiale ! Suivant de Brunehild la marche triomphale, Nous ferons retentir les airs de joyeux cris !

Strew rushes and flowering boughs all round! Soon the wedding procession will appear! We will join Brunehild’s triumphal march As our cries echo joyously through the air!

hagen

hagen

Peuple, fais retentir les airs de joyeux cris !

May the cries of his people echo joyously through the air!

Scène VII

Scene 7

Entrée d’Hilda.

Enter Hilda

hilda

hilda

Mes sœurs, Brunehild va paraître ! Et je viens, au milieu de vous, Saluer la beauté dont le roi, notre maître, Va devenir l’époux !

Dear sisters, Brunehild will soon be here! I have come to join you all In hailing the fair maiden that will become The wife of our king and master!

chœur

chorus

Semons ces bords de joncs et de rameaux fleuris ! Bientôt apparaîtra la pompe nuptiale ! Suivant de Brunehild la marche triomphale, Nous ferons retentir les airs de joyeux cris !

Strew rushes and flowering boughs all round! Soon the wedding procession will appear! We will join Brunehild’s triumphal march As our cries echo joyously through the air!

hagen

hagen

Peuple, fais retentir les airs de joyeux cris !

May the cries of his people echo joyously through the air!

les guerriers

warriors

Nous vous offrons, selon l’usage des Germains, Ces chevaux, ces armes brillantes ; Il faut, tout est obscur dans le sort des humains, Qu’une reine ait les mains vaillantes !

As is tradition among the Germans, we offer you These horses and these shining weapons. Because the fate of humans is never certain, A queen needs to arm herself with strength.

hilda et les femmes

hilda & womenfolk

Recevez, ô reine charmante, Cette quenouille et ces fuseaux, Emblèmes des obscurs travaux Chers à l’épouse diligente.

Accept, O charming Queen, This distaff and these spindles, Symbols of the humble toils Dear to a diligent wife’s heart.

les laboureurs

ploughmen

Nous vous offrons le blé semé par notre main, Emblème des biens véritables ; Reine, auprès de l’épi qui nous donne le pain, Tous les trésors, tous les trésors sont méprisables !

We offer you the corn sown by our own hands, Symbol of what is truly good; O Queen, next to the wheat that gives us bread, All other treasures are worthless!

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Sigurd Le livret/Libretto

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les femmes

womenfolk

Bonheur et longs jours à la reine ! Sa grâce, sa beauté feront vivre à jamais notre reine ! Gloire à notre souveraine ! Gloire et bonheur à notre reine !

Happiness and long life to our queen! May her beauty and charm live forever! Glory to our sovereign lady! Happiness and glory to our queen!

les laboureurs

ploughmen

Gloire à Gunther, au puissant roi burgonde ! À Gunther le maître du monde, Au puissant roi Gunther !

Glory to Gunther, mighty King of the Burgundians! To Gunther, master of the world, To mighty King Gunther!

hagen

hagen

Des jeux guerriers que le tournoi commence Devant le roi Gunther vous combattrez ici, Pour ce combat loyal armez-vous de la lance Et prenez le glaive aussi !

Let the warlike games and jousting begin Before King Gunther, in this very place, In loyal combat, now seize your lances As well as your swords!

Entrée des guerriers. Divertissement : Pas guerrier et danses.

Enter more warriors. Entertainment: A march and martial dances.

Une barque parée de fleurs et menée par des prêtres paraît sur le Rhin.

A barge bedecked with flowers and drawn by priests appears on the Rhine.

hagen

hagen

La barque qui vous doit conduire à l’autre rive, Sous les ombrages chers à nos Dieux vénérés, Aux bords où vos serments vont être consacrés, Par les prêtres menée, à cette grève arrive !

This barge will take you to the other side of the river, Under the trees beloved by our great Gods. It will lead you to the place where your vows Will be made holy by the priests, who steer it!

gunther (à Brunehild)

Te plaît-il de me suivre au bois sacré d’Odin ?

gunther (to Brunehild) Does it please you to follow me to Odin’s sacred grove?

brunehild

brunehild

Oui ! J’obéis aux Dieux, maîtres de mon destin !

Yes! I obey the Gods that rule over my destiny!

Scène VIII

Scene 8

sigurd (à cheval, avec une suite nombreuse)

sigurd (on horseback, followed by a great retinue)

Roi Gunther ! Digne fils des héros tes aïeux ! Brunehild avec toi marche aux autels des Dieux ! Confiant dans la foi jurée, Sigurd vient réclamer la promesse sacrée Que tu lui fis jadis pour ce jour glorieux !

King Gunther! Worthy son of your heroic forefathers! Brunehild marches by your side to the altars of the Gods! Trusting in your sworn oath, Sigurd is come to claim the sacred promise You once made in the hope of this glorious day!

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Sigurd Le livret/Libretto

gunther

gunther

Vers nous c’est un Dieu qui t’envoie, Ô fils de Sigemon, Sigurd, chef valeureux !

Truly, you have been sent to us by a God, Son of Sigemon, Sigurd, valiant chieftain!

brunehild (à part)

brunehild (aside)

Ô Sigurd !

Sigurd!

gunther

gunther

Prends ma droite, mon frère, et l’objet de tes vœux Gunther te le donne avec joie !

Brother, take my right hand and Gunther Will gladly give you your heart’s desire.

sigurd

sigurd

Le présent qui te peut envers moi délier, Un plus noble n’est pas aux mains d’Odin lui-même. C’est Hilda, c’est ta sœur, que j’aime ! Hilda, qui dès longtemps a mon cœur tout entier !

The gift that will free you from your promise, Odin himself cannot give a nobler one. It is Hilda I want, it is your sister I love! Hilda who has long been the queen of my heart!

gunther (à Hilda)

gunther (to Hilda)

Consens-tu, noble fille, à délier ma foi Envers ce chef ?

Noble maiden, will your consent free me Of my debt to this warrior?

hilda

hilda

Adieu, mon frère ! Adieu, mon roi ! Hilda suivra Sigurd dans la paix, dans la guerre !

Farewell, brother! Farewell, my king! Hilda will follow Sigurd in peace and in war!

gunther

gunther

Ô Brunehild ! Prends leurs deux mains Et réunis-les dans la tienne !

O Brunehild! Take both their hands And join them in yours!

hilda et sigurd

hilda & sigurd

Oui, que notre bonheur soit ton ouvrage, ô reine !

Yes, O Queen, may our happiness be the work of your hands!

brunehild

brunehild

(d’une voix contenue et avec une expression de douleur) Le ciel à vos amours donne d’heureux destins ! Ô Sigurd ! Quel poison dans mes veines circule !

(in a blank voice with a grieving expression) May Heaven bless your love with happiness! O Sigurd! I feel such poison rushing through my veins!

sigurd

sigurd

Ô Brunehild, ta main me brûle !

O Brunehild, your hand burns me!

hilda

hilda

Quel trouble d’eux s’est emparé ?

What ails them so suddenly?

uta

uta

Ciel ! Le voile fatal s’est-il donc déchiré ?

Heavens! Is the veil of destiny then torn?

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Sigurd Le livret/Libretto

gunther

gunther

La foudre au ciel serein est un heureux présage. (à Sigurd) Prends la main que ma sœur te livre comme un gage  ! Et sur l’autre rive du Rhin, Les ministres sacrés d’Odin Vont célébrer un double mariage !

Lightening in a clear sky is a good omen. (to Sigurd) Take the hand that my sister pledges you! On the other bank of the Rhine Odin’s holy ministers Will conduct a double wedding!

uta

uta

La mort plane sur notre tête ! Ô jour de sang, ô déplorable fête !

Death is looming over our heads! Day of bloodshed! Cursed feast!

chœur

chorus

Frappons les airs joyeux de hurrahs et de cris ! Voici marcher au Rhin la pompe nuptiale ! Chantons de Brunehild la beauté sans égale Chantons la fière Hilda dont Sigurd est épris !

Let hurrahs and shouts of joy echo through the air! The wedding procession marches to the Rhine! Sing of Brunehild’s peerless beauty! Sing of proud Hilda, the queen of Sigurd’s heart!

uta (au comble de l’épouvante)

uta (in utmost distress)

Ah ! Je lis dans les cieux ! Leurs destins sont écrits ! Elle plane sur nous la mort sanglante et pâle ! Dieux sans pitié, frappez, je vous maudis ! Jetez-moi dans l’ombre infernale, Armez-vous des traits de l’éclair ! Dieux maudits ! Dieux au cœur de fer ! (elle tombe inanimée)

Ah! I see it in the heavens! Their fates are sealed! Bloody, pallid Death is looming over our heads! Strike, merciless Gods! Be cursed! Cast me into the dark depths of Hell, Let the thunderbolt be your weapon! Cursed Gods! Iron-heated Gods! (she falls down, in a faint)

chœur

Gloire à Sigurd ! Gloire à Gunther ! Devant la marche triomphale, éveillez-vous, échos de l’air ! ] Bonheur et longs jours à la reine !

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chorus

Glory to Sigurd! Glory to Gunther! Awake, resounding echoes of the air, before this triumphal march!] Happiness and long life to the Queen!

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Sigurd Le livret/Libretto

ACTE IV

ACT IV

Une terrasse du burg de Gunther.

A terrace on Gunther’s burg.

Scène I

Scene 1

les femmes des soldats

soldiers’ wives

Emplissons nos urnes profondes Au courant de ces fraîches ondes.

Let us fill our deep jars In these cool, flowing waters.

les servantes

maidservants

Dans nos urnes allons chercher L’eau pure, fille du rocher.

Let us go with our jars to draw Pure water, daughter of the rock.

les femmes des soldats

soldiers’ wives

Pendant que la source jase, En emplissant chaque vase, Imitons le flot jaseur… Dites-nous quelques nouvelles, Vous les servantes fidèles De Gunther notre seigneur.

While the spring babbles, As we fill each jar, Let us imitate its merry chatter… Give us some news, Faithful maidservants Of our lord Gunther.

les servantes

maidservants

Hélas ! Tout le palais est rempli de tristesse, Les pleurs ont remplacé le rire et l’allégresse ; Un mal mystérieux, cruel, va consumant La belle Brunehild, la reine au front charmant !

Alas! The palace is full of sadness, Instead of laughter and joy, tears are flowing; A strange and cruel illness is gnawing at The fair Brunehild, the queen with the comely brow.

les femmes des soldats

soldiers’ wives

Ni les lances, ni les piques De ces voûtes magnifiques, Ne chassent le désespoir ; Et les humaines misères, Plus souvent qu’en nos chaumières, Dans les palais vont s’asseoir !

Neither lances nor spears Can chase despair From these splendid halls; And human misfortune Is more often seen in palaces Than in our humble cottages!

les servantes

maidservants

Par de sombres tourments Brunehild écrasée Languit comme une fleur dont la tige est brisée ! Sans cesse elle répand des pleurs silencieux, Son front pâle est courbé sous le courroux des Dieux !

Brunehild is oppressed by dark torments, She pines like a flower on a broken stem! Her silent tears flow without cease, Her pale brow bends under the wrath of the Gods!

les femmes des soldats

soldiers’ wives

La voilà ! Languissante Et se traînant à peine… Elle vient en ce lieu.

There she is! Weakly Approaching with faltering steps… She comes towards us.

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Sigurd Le livret/Libretto

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les servantes

maidservants

La voilà ! Respectons le secret de la reine, Et disons-nous adieu !

There she is! Let us respect the Queen’s privacy And bid farewell to each other!

les femmes des soldats et les servantes

soldiers’ wives & maidservants

Et disons-nous adieu ! Ah ! Que notre tâche est légère ! Nous passons sur cette terre Sans souffrir les maux de ceux Que pourtant on nomme heureux ! Comme l’oiseau de la haie Qu’un peu de soleil égaie, Et qu’un grain de blé nourrit, Le ciel nous garde, il mesure La douleur et la froidure Pour le faible et le petit !

And bid farewell to each other! Ah, our toils are easy indeed! Our time on earth is spent Without the suffering of those Who are known as the lucky ones. Like the sparrow in the hedge, Who rejoices in a ray of sun, Who feeds on a grain of corn, Heaven, in its mercy, spares The pains of sorrow and freezing weather For the feeble and the meek!

Scène II

Scene 2

brunehild

brunehild

Mes filles ! Menez-moi vers cette source pure Qui dort sous l’épaisse ramure. Ah ! Que ne puis-je errer, au sein des bois épais, Sur les monts couronnés par la neige éclatante ! La lumière me brûle et l’ombre m’épouvante, Où mon cœur éperdu trouvera-t-il la paix ? Eh ! Quoi ? De ma vaine parure Vous voulez encor prendre soin ? Éloignez-vous… Je ne veux pour témoin De mes pleurs que cet antre où l’eau pleure et murmure.

Lead me, daughters, to the pure spring That slumbers under dense branches. Ah! If only I could roam freely in thick woods or Across mountain peaks with dazzling crowns of snow! Light pierces me like a fire, shadows frighten me, Where will my distraught heart ever find peace? What? How? You still wish to adorn me With these vain baubles? Be gone… Only the waters that weep and whisper In this dark place shall witness my tears.

Le chœur s’éloigne.

Chorus moves offstage.

chœur (dans la coulisse) Ah ! Que notre tâche est légère ! Nous passons sur cette terre Sans souffrir les maux de ceux Que pourtant on nomme heureux.

chorus (offstage)

Ah, our toils are easy indeed! Our time on earth is spent Without the suffering of those Who are known as the lucky ones.

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Sigurd Le livret/Libretto

brunehild

brunehild

Ô palais radieux de la voûte étoilée ! Ô demeures du ciel dont je suis exilée ! Astres qui nous versez vos rayons purs et doux, Je n’ose plus, hélas, lever le front vers vous ! Un trait inexorable Brûle mon cœur blessé ! Son poison redoutable Dans mes os s’est glissé ! Haletante, égarée, De douleur enivrée, Je tends les bras vers toi, Sigurd ! Honte mortelle ! Prends-moi, nuit éternelle ! Ô terre, engloutis-moi ! Odin ! Je fus coupable en bravant ta défense, Quand au combat malgré toi je volai ! Quand je m’enfuis du ciel et m’armai de la lance Pour secourir Sigurd par le nombre accablé ! Mais considère en ta justice Ma faute auprès de mon supplice ! Ô Dieu cruel, tu m’as livrée au roi Gunther, En donnant à Sigurd mon âme tout entière ! Et tu déchires mon cœur fier Par les honteux tourments de l’amour adultère ! Pitié ! Lance sur moi la foudre qui dévore ! Pitié ! Je suis déesse… Et ne puis que par toi rentrer au néant que j’implore ! Pitié ! Grand Dieu ! Pitié ! Vœux impuissants, hélas ! Le feu du ciel sur moi ne tombe pas ! Grand Dieu ! Grand Dieu ! Quel trait inexorable Brûle mon cœur blessé ? Quel poison redoutable Dans mes os a glissé ? Haletante, égarée, De douleur enivrée, Je tends les bras vers toi ! Sigurd ! Honte mortelle ! Prends-moi, nuit éternelle ! Ô terre, engloutis-moi ! Grand Dieu ! Cruel témoin du destin qui m’accable, Détourne de mon front ta colère implacable !

Glorious palaces of the starry, vaulted sky! Heavenly abodes from which I am banished! Stars that pour your pure sweet light on us, Alas! I dare no more raise my head towards you! A ruthless arrow Burns my wounded heart! Its fearful poison Has seeped into my bones! Panting, disorientated, Drunk with grief, I hold my arms out to you, Sigurd! Mortal shame! Engulf me, eternal night! Swallow me, earth! Odin! I was wrong to defy your orders When I flew into combat against your will! When I escaped heaven, armed with the spear To rescue Sigurd, overwhelmed by sheer numbers! But, in your justice, consider My sin against my torment! Cruel God, you have given me to King Gunther, While I love Sigurd with all my soul! You lacerate my proud heart With the shameful torment of adultery! Mercy! Cast your all-consuming thunderbolt on me! Mercy, for I too am divine… And can only enter the void I long for if you will it. Mercy! Great God! Mercy! I wish it in vain, alas! No fire from heaven falls upon me! Great God! Great God! What ruthless barb Burns my wounded heart? What fearful poison Has seeped into my bones? Panting, disorientated, Drunk with grief, I hold my arms out to you, Sigurd! O mortal shame! Engulf me, eternal night! Swallow me, earth! Great God! Cruel witness of my terrible misfortune, Avert from me your inexorable wrath.

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Sigurd Le livret/Libretto

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Scène III

Scene 3

hilda

hilda

Jeune reine, ma sœur, n’es-tu pas résignée À vivre parmi nous ? Te verrons-nous toujours de tes larmes baignée ? La terre t’offre en vain tous ses biens les plus doux ? Un trône, des trésors et l’amour d’un époux ?

Young queen, dear sister, have you not accepted Your new life in our midst? Will your face forever be wet with tears? Does the world vainly offer you its sweetest gifts: A throne, riches and a loving husband?

brunehild

brunehild

Hélas ! Hélas !

Alas! Alas!

hilda

hilda

Chasse, ma sœur, ta farouche tristesse ! Que le sourire enfin sur tes lèvres renaisse ! Le soleil a déjà quitté le ciel d’azur, Viens, allons dans la plaine Voir les jeux des guerriers ; Un chef hardi les mène : C’est Sigurd ! (à part) Elle a frémi !

Dispel, dear sister, your anxious sadness! May a smile at last be seen upon your lips! The sun has already left the blue heavens, Come, let us go to the fields And see the warriors’ games; A bold chieftain leads them; It is Sigurd! (aside) She shudders!

brunehild

brunehild

Dieux puissants ! Je chancelle !

Mighty Gods! I feel faint!

hilda

hilda

Au seul nom de Sigurd la flamme malgré toi Dans tes yeux mourants étincelle ! Pourquoi donc ta main tremble-t-elle ? Pourquoi n’oses-tu plus lever les yeux sur moi ! Écoute ! Il n’est plus temps de feindre, Mon courroux, mon mépris sont las de se contraindre  ! Regarde ce tissu fait de soie et d’or pur !

The very name of Sigurd kindles a flame That brings light to your dying eyes! Why does your hand tremble so? Why do you not dare cast your eyes on me? Hear me! I cannot go on pretending any longer, I am tired of restraining my anger and my scorn! See this fabric, woven from silk and threads of pure gold!

brunehild

brunehild

Qui t’a fait ce présent ?

Who gave this to you?

hilda (fièrement) C’est mon époux Sigurd !

hilda (proudly) My husband Sigurd!

brunehild

brunehild

Ô trouble ! Ô lumière fatale ! C’est ma ceinture virginale ! De mes mains mon sauveur voilé A pris ce tissu constellé !

What distress! Baleful revelation! It is the girdle of my maidenhood! From my hands, my saviour took This star-woven cloth!

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Sigurd Le livret/Libretto

hilda

hilda

Oui ! Pour qu’enfin toute espérance S’éteigne dans ton cœur jaloux, Sache-le donc : ta délivrance Fut l’œuvre de Sigurd, de mon vaillant époux ! C’est lui, qui traversant la muraille de flamme, A franchi le seuil redouté Pour changer la Déesse en femme, Et l’esclavage en liberté !

Yes! And so that the last glimmer of hope Be smothered in your jealous heart, Know that you owe your freedom To Sigurd, my valiant husband! It is he that broke through the fiery walls, Crossing their dreadful threshold To change a Goddess into a woman And your slavery into freedom!

brunehild

brunehild

Le héros que les Dieux ont choisi pour mon maître, Qui, dérobant ses traits sous le masque d’airain, Vint m’éveiller, le glaive en main, Le guerrier que mes yeux n’ont pas su reconnaître, Ce n’était pas Gunther ?

So the hero that the Gods chose to be my lord, The one who hid his face beneath a bronze visor, He who came to awaken me, with a sword in his hand, The warrior my eyes did not recognize, Was not Gunther?

hilda

hilda

C’était le fier Sigurd ! Ce n’était pas Gunther !

It was proud Sigurd! It was not Gunther!

brunehild

brunehild

Sigurd ! C’était Sigurd ! Brunehild, encore vierge et pure, Pour lui dénouant sa ceinture Lui donna ce gage d’amour, En jurant de l’aimer jusqu’à son dernier jour ! Mais alors, c’est Sigurd que tremblante, égarée, J’ai tenu dans mes bras et serré sur mon cœur ! Hélas ! Je me souviens, à peine délivrée, Je me suis endormie auprès de mon vainqueur… Sigurd !

Sigurd! It was Sigurd! Brunehild, the undefiled virgin, Untied her girdle for him And gave it to him as a pledge of her love Swearing to love him until her dying day! So then it was Sigurd, that I held to my heart, Quivering with fear and distraught! Alas! All I remember is that once he had freed me, I fell into a deep sleep in the arms of my conqueror… Sigurd!

hilda

hilda

Sigurd m’aime ! En brisant ta chaîne, En te livrant captive au roi, Sigurd ne voulait, pauvre reine, D’autre récompense que moi !

Sigurd loves me! When he broke your chain, And handed you captive to the King, Sigurd wanted, poor Queen, No other reward but me!

brunehild

brunehild

Dieux ! À mes pieds la foudre tombe ! Sigurd est mon libérateur ! Et j’appartiens à Gunther l’imposteur ! Que ne puis-je à jamais m’endormir dans la tombe !

O Gods, this strikes me like a bolt from heaven! Sigurd is my deliverer! But I now belong to Gunther the impostor! Could I but only fall into eternal, mortal sleep!

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Sigurd Le livret/Libretto

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hilda

hilda

Ô pâle Brunehild, ma sœur ! Oublie une amour dédaignée ! À l’amour du roi résignée, Cache les larmes de ton cœur !

Pale Brunehild, my sister, Forget a lover that spurns you, Resign yourself to the King’s love And hide the tears that fill your heart!

brunehild

brunehild

Qui donc t’a révélé ce secret redoutable ?

Who betrayed this dreadful secret to you?

hilda

hilda

Dans un élan d’amour Sigurd m’a tout appris !

In the throes of passion, Sigurd himself!

brunehild

brunehild

Sigurd a pu remplir ce pacte détestable !

How could Sigurd have agreed to such a hateful contract?

hilda

hilda

Il m’aime ! Pour toute autre il n’a que du mépris !

He loves me! He despises all other women!

brunehild

brunehild

Non ! Quand j’unis vos mains, d’une horreur inconnue, Comme moi, Sigurd a tremblé ! Et l’éclair menaçant, qui jaillit dans la nue, A brillé dans son cœur troublé ! Il m’aime ! Si, brisant ma chaîne Il me livra captive au roi, Des Dieux la bonté souveraine Pour jamais le liait à moi ! Sigurd m’aime !

No! When I clasped your hands together, an unknown horror Made Sigurd and I both quiver with fear! And the threatening bolt, sprung from the clouds Was like lightning in his troubled heart! He loves me! He broke my chains And handed me captive to the King, But the Gods’ sovereign mercy Binds him forever to me! Sigurd loves me!

hilda

hilda

Sigurd m’aime ! En brisant ta chaîne, Sigurd ne voulait, pauvre reine, D’autre récompense que moi ! Sigurd m’aime !

Sigurd loves me! When he broke your chains, Sigurd wanted, poor Queen, No other reward but me! Sigurd loves me!

hilda

hilda

Tu portes haut l’orgueil d’un amour adultère !

You would do well to be less proud of your adulterous love!

brunehild

brunehild

C’est en me livrant à ton frère Que j’ai commis le crime indigne de pardon ! Mes larmes ont pourtant touché le ciel sévère, Dans la nuit où je suis descend comme un rayon !

By giving myself to your brother, I committed an unforgivable crime! But my tears have moved Heaven’s stern heart, Which comes down like a ray of light in my darkness!

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Sigurd Le livret/Libretto

hilda

hilda

Sigurd ne t’aime pas ! Tu mens !

Sigurd does not love you! You lie!

brunehild

brunehild

Par quel poison, par quel sortilège exécrable, As-tu donc du héros égaré la raison ? Tu pâlis à ton tour et la honte t’accable ! Pleure sur ton amour coupable ! Pleure sur nous que l’enfer doit punir !

With what poison, what detestable spell, Did you lead the hero’s mind astray? It is your turn to be pale and burdened with shame! Weep over your guilty love! Weep on us both, for our punishment in Hell!

brunehild

brunehild

Ceux qu’ont unis les Dieux, qui peut les désunir ?

Those brought together by the Gods, who may put them asunder?

hilda

hilda

Ah ! Mon cœur se déchire, Et la honte m’accable ! Le ciel vengeur s’apprête à me punir !

Ah! My heart is torn to shreds, I am heavy with shame! Heaven’s vengeance is upon me!

hilda

hilda

Ah ! Le froid de la peur s’infiltre dans mes veines… Ciel ! Rendez ses menaces vaines !

Ah! Fear flows in my veins like ice… Heavens! May her threats prove futile!

hagen

hagen

Compagnons, parmi les sentiers, Faites briller les feux et battez les halliers, Gunther vous suit !

Friends, amidst the forest paths, Make bonfires blaze and thrash the bushes, Gunther is on his way!

brunehild

brunehild

Gunther ! Roi perfide et menteur ! Je foule aux pieds ton diadème ! Sigurd est mon libérateur, Les Dieux me l’ont donné, je l’aime ! Tant qu’il vivra je suis à lui ! Il faut qu’un de vous deux succombe ! Que Sigurd ou toi, dans la tombe, Dorme avant que le jour ait lui !

Gunther! Liar, disloyal king! I trample on your royal crown! Sigurd is my deliverer! The Gods gave him to me, I love him! As long as he lives, I am his! One of you two must perish! Either Sigurd or yourself will be sleeping In a tomb before the day dawns!

gunther

gunther

Ô honte mortelle !

O mortal shame!

hilda et hagen

hilda & hagen

Ô terreur mortelle !

O mortal horror!

Elle sort.

Exit Brunehild

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Sigurd Le livret/Libretto

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Scène IV

Scene 4

les chasseurs

huntsmen

Ah ! La nuit sera belle ! Le roi Gunther chasse aux flambeaux, Que de milliers d’astres nouveaux, La forêt joyeuse étincelle !

Ah, what a beautiful night awaits us! King Gunther will be hunting by torchlight, Let the merry woods sparkle With thousands of new stars!

Scène V

Scene 5

hilda

hilda

Ah ! Frappe-moi, mon frère, Lave dans mon sang ta colère ! J’ai trahi Sigurd avec toi ! J’ai dit à Brunehild, par la haine égarée, Que Sigurd l’a conquise Et qu’il te l’a livrée !

Ah! Strike me, brother, And cleanse your anger with my blood! I have betrayed Sigurd with you By telling Brunehild, who was mad with hatred, That Sigurd was her saviour And charged to deliver her to you!

gunther et hagen

gunther & hagen

Malheur sur vous !

Curse you!

hilda

hilda

Ah ! Frappe-moi !

Ah! Strike me!

hagen

hagen

Allez par le sentier aux tentes de la plaine, Obtenez de Sigurd qu’à son burg il vous mène ! Partez avant le jour par les bois, les halliers, Pressez le pas des cavaliers, Le roi Gunther saura garder la reine !

Take the path down to the camp in the field, Convince Sigurd to take you to his burg! Leave before dawn, through the woods and the bushes, Urge your horsemen to make haste, King Gunther will defend his Queen!

Scène VI

Scene 6

gunther

gunther

Mon orgueil m’a perdu ! De quel front soutenir ton regard, Déesse irritée ? Ô juste opprobre, ô honte méritée ! Mais que tardé-je à me punir !

My pride is my undoing! How may I look you in the face again, angry Goddess? I deserve your wrath, it is right that I feel shame! How dare I delay the punishment I deserve!

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Sigurd Le livret/Libretto

hagen

hagen

Ce n’est pas toi qui dois mourir ! Sigurd garde mal sa parole, Dans l’orgueil de son âme folle À ta sœur il a dévoilé Le secret qu’elle a révélé ! Sigurd est aimé de la reine ; Chaque nuit son amour en ce lieu le ramène ; Les sombres profondeurs de ce bois ténébreux N’ont pu le cacher à mes yeux ! Sigurd va venir, voici l’heure ! Il te trahit, il faut qu’il meure ! Garde ton serment révéré, Ton serviteur n’a rien juré !

It is not you who should die! Sigurd has not kept his word well, In the folly of his proud soul, He revealed to your sister The secret she had told us! Sigurd is loved by the Queen; Every night, spurred by his love, he comes here; These forests may be deep and dark But not enough to hide him from my sight! Sigurd is coming, the hour has struck! He betrayed you and he must die! Keep your solemn promise, Your servant has taken no oath!

gunther

gunther

À cette trahison crois-tu que je consente ? J’ai trop marché déjà dans la route glissante Qui mène du mensonge aux plus lâches forfaits !

Do you think I would allow such treason? I have already gone too far down the slippery slope That leads from falsehood to the basest of deeds!

hagen

hagen

Il aime Brunehild, Gunther ! Et je le hais Cet éternel vainqueur à l’audace insolente ! Vois, une ombre a glissé dans les brumes du soir, Gunther, viens sous l’abri de ce portique noir ! Sigurd paraît, voici l’heure ! Il te trahit, il faut qu’il meure ! Garde ton serment révéré, Ton serviteur n’a rien juré !

Gunther, he loves Brunehild! And I hate him, His never-ending victories, his insolent arrogance! Look! A shadow lurks in the evening mist, Come, Gunther, let us hide in the darkness of this porch! Sigurd comes, the hour has struck! He betrayed you and he must die! Keep your solemn promise, Your servant has taken no oath!

Scène VII

Scene 7

sigurd

sigurd

Un souvenir poignant, dans mon âme troublée, Me fait sentir son aiguillon de fer ! Je te revois toujours, ô Déesse exilée, Subissant dans les pleurs l’amour du roi Gunther ! Ô Brunehild, ô ma pauvre âme ! N’ai-je bravé l’horreur De ta prison de flamme, Où du moins le sommeil fermait tes yeux charmants, Que pour te voir en proie à ces cruels tourments ? Ah ! Quand pourrai-je, infortunée Dont mes cruelles mains ont fait la destinée, Voir sur ta lèvre éclore un sourire nouveau ? Et t’entendre chanter en tournant ton fuseau !

A poignant memory, lodged in my unhappy soul, Stabs me like an iron shaft! I cannot stop thinking of my banished Goddess, Tearfully enduring the love of King Gunther! O Brunehild, my poor darling! Did I face The horrors of your fiery prison, Where at least your charming eyes were closed in sleep, Only to see you prey to these awful torments? Ah! When will I see my wretched lady, Whose misfortune is entirely my doing, Form a new smile on her sweet lips? And hear her sing as she turns her spindle!

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Sigurd Le livret/Libretto

Scène VIII

Scene 8

brunehild

brunehild

Sigurd, les Dieux, dans leur clémence, Vers moi t’ont conduit par la main !

Sigurd, the merciful hand of the Gods Has led you to me!

hagen (à Gunther) Vois ! Brunehild vers lui s’avance !

hagen (to Gunther) See! Brunehild draws near him!

brunehild

brunehild

De tes tentes, Sigurd, je prenais le chemin ! Des présents de Gunther je ne suis plus parée, Je porte la verveine et la sauge pourprée Qui brisent les enchantements ! Viens, Sigurd, que crains-tu ? Viens où la lune éclaire. Et mirant son front pâle à cette source claire Argente les flots écumants !

Sigurd, my wish was to enter your camp! I am no longer decked with Gunther’s finery But I come bearing vervain and purple sage That will break spells. Come, Sigurd, what is there to fear? Come into the moonlight, See where the moon mirrors her pale brow in the crystal fountain, ] Turning its waters into silver foam!

sigurd

Pourquoi me conduis-tu près de cette fontaine, Ô Brunehild ?

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sigurd

Why are you bringing me to this fountain, O Brunehild?

brunehild

brunehild

Sigurd, prends ces fleurs de verveine Et livre-les au courant de ces flots En invoquant Odin, en murmurant ces mots : Avec ces fleurs que l’eau traîne en courant, Avec ces fleurs qui vont aux précipices, Avec ces fleurs, terribles maléfices, Tombez, roulez, fuyez dans le torrent !

Sigurd, take these vervain flowers And let them flow into these waters As you invoke Odin, whilst whispering these words: With these flowers, washed away in the stream, With these flowers, swept over the clifftop, With these flowers, O baneful spells, Tumble, roll and be gone in the current!

sigurd

sigurd

Quels magiques liens veux-tu donc que je brise ? Mon âme est-elle donc soumise À l’ascendant des noirs esprits ? Suis-je donc enchaîné par un charme ?

What magic bonds do you want me to break? Is my soul held captive To the powers of dark spirits? Am I thus enchained by a spell?

brunehild

brunehild

Obéis !

Do as I say!

sigurd et brunehild

sigurd & brunehild

Avec ces fleurs que l’eau traîne en courant, Avec ces fleurs qui vont aux précipices, Avec ces fleurs, terribles maléfices, Tombez, roulez, fuyez dans le torrent !

With these flowers, washed away in the stream, With these flowers, swept over the clifftop, With these flowers, O baneful spells, Tumble, roll and be gone in the current!

Grand Théâtre de Genève • N° 26 | Sigurd

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Sigurd Le livret/Libretto

sigurd

sigurd

Ô lumière soudaine Dont l’éclat m’éblouit ! Je portais une chaîne, Mais tout s’évanouit ! Brunehild, ô Déesse, Ô présent, que les Dieux ont fait à ma jeunesse ! Je t’aime !

What sudden light Now blinds me with its brightness! The chain I wore Is now vanished! Brunehild, O Goddess, O gift of the Gods to my youth! I love you!

brunehild

brunehild

Justes Dieux ! Un poignard a brillé dans l’ombre ! Tout est piége en ce palais sombre ! Arme tes mains, ô héros, de ton glaive qui flamboie !

Merciful Gods! A dagger has just flashed in the shadows! Traps are laid everywhere in this dark palace! My hero, you must now bravely wield your shining sword!

sigurd

sigurd

Oui ! Ce glaive et Sigurd n’auront plus de repos Qu’ils ne t’aient reconquis, Trésor qu’Odin m’envoie !

Yes! Sigurd and his sword shall have no rest Until they have won you back, O treasure sent to me by Odin!

brunehild

brunehild

Maître que m’ont donné les Dieux ! La Valkyrie est ta conquête, Et ne crains pas qu’elle regrette Près de toi les palais des cieux.

My lord, given to me by the Gods, The Valkyrie is now your prize! Rest assured she will not long for Her heavenly home, if you are by her side!

sigurd

sigurd

Ô Brunehild ! Le remords me déchire, Et de bonheur, pourtant, mon cœur est enivré !

O Brunehild! I am torn by guilt And yet, my heart is ecstatic with love!

brunehild

brunehild

Un sortilège avait tes esprits égaré ! Un charme avait soumis ton cœur à son empire !

A magic spell made you lose your wits! Your heart was under the power of a charm!

brunehild et sigurd

brunehild & sigurd

Oublions les maux soufferts, Pour nous les cieux sont ouverts ! Que nos âmes confondues, Dans leur ivresse perdues, Chantent l’hymne solennelle De leur amour éternel !

Let us forget our suffering and woe, The heavens have opened for us! United in a single soul, Lost in rapture, Let us sing the solemn hymn Of our eternal love!

les chasseurs (dans la coulisse)

huntsmen (offstage)

Ah ! La nuit sera belle ! Le roi Gunther chasse aux flambeaux, Que de milliers d’astres nouveaux La forêt joyeuse étincelle !

Ah, what a beautiful night awaits us! King Gunther will be hunting by torchlight, Let the merry woods sparkle With thousands of new stars!

N° 26 | Sigurd • Grand Théâtre de Genève

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Sigurd Le livret/Libretto

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sigurd

sigurd

Adieu ! Sigurd va te reconquérir Dans un loyal combat, Que Gunther ou lui tombe !

Farewell! Sigurd must now win you back In loyal combat! May Gunther or himself perish!

gunther

gunther

Frappe ! À ce perfide la tombe !

Strike! Death to the traitor!

brunehild

brunehild

Gunther ! Dieux ! Sigurd va mourir !

Gunther! Heavens! Sigurd will die!

Scène IX

Scene 9

brunehild

brunehild

Ah ! Sigurd va mourir !

Ah! Sigurd will die!

hilda

hilda

Dieux puissants !

Mighty Gods!

brunehild

brunehild

Comme un loup altéré de sang, Ton frère le poursuit dans l’ombre ! Guide-moi dans la forêt sombre, Dévoilons de Gunther la lâche trahison ! Tu l’aimes ! Comme moi tu veux le sauver !

Like a bloodthirsty wolf, Your brother chases him in the shadows! Guide me through the dark forest, We must expose Gunther’s vile treachery! You love him too! You want to save him as I do!

hilda

hilda

Non ! Plutôt que de le voir aux bras de ma rivale, Je veux que dans l’horreur de la nuit infernale Descende Sigurd, ce héros ! Mais sa mort par mes mains, sera si bien vengée Que le Rhin débordant, en sang verra changée La pure clarté de ses flots !

No! Rather than see him in the arms of my rival I want the hero Sigurd to go down into The horror of infernal night! May his death at my hand provoke such revenge, That the Rhine’s pure, surging waters Turn to blood!

brunehild

brunehild

Ô Dieux qui lisez dans mon âme, Ô Dieux ! Maîtres du ciel vermeil, Rendez-moi mon palais de flamme, Rendez-moi mon calme sommeil !

O Gods that see into my soul O Gods, lords of the golden sky, Give me back my fiery palace! Give me back my dreamless sleep!

hilda

hilda

Renonce à son amour ! Jure de l’oublier, De chasser de ton cœur ta tendresse adultère ! Tu peux sauver Sigurd du courroux de mon frère ! De ces sombres forêts je sais chaque sentier…

Renounce his love! Swear to forget it And rid your heart of its adulterous passion! You can save Sigurd from my brother’s anger! I know every path in these deep forests…

Grand Théâtre de Genève • N° 26 | Sigurd

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Sigurd Le livret/Libretto

brunehild

brunehild

Ô Dieux qui lisez dans mon âme, Ô Dieux ! Maîtres du ciel vermeil, Rendez-moi mon palais de flamme, Rendez-moi mon calme sommeil !

O Gods that see into my soul, O Gods, lords of the golden sky, Give me back my fiery palace! Give me back my dreamless sleep!

chasseurs (dans la coulisse) Ah ! La nuit sera belle ! Le roi Gunther chasse aux flambeaux !

huntsmen (offstage) Ah, what a beautiful night awaits us! King Gunther is hunting by torchlight!

hilda

hilda

Entends-tu les cors retentir ? Celui que nous aimons, Brunehild, va mourir !

Do you hear the call of the hunting horns? The man we love, Brunehild, is about to die!

brunehild

brunehild

Sauve Sigurd ! Et je te jure de renoncer à lui ! Sauve Sigurd ! Demain, de ces bords j’aurai fui !

Save Sigurd! And I swear I will renounce him! Save Sigurd! And tomorrow I will be gone from here!

hilda

hilda

Viens ! Et tremble d’être parjure ! Viens ! Là-bas des flambeaux ont lui !

Then come! Woe to you if you do not keep your word! Come! Over there, I see flashes of torchlight!

brunehild

brunehild

Il est trop tard ! Sigurd est frappé par Gunther ! J’ai senti dans mon cœur le froid aigu du fer ! Sigurd meurt ! (avec joie) Et je meurs ! Les Dieux me font mourir, moi, la femme qu’il aime, Mourir du coup qui l’a frappé ! Le glaive de Gunther de mon sang est trempé !

It is too late! Sigurd has been hit by Gunther! My heart feels the sharp cold stab of steel! Sigurd dies! (joyfully) And I die with him! The Gods grant death to me, to the woman he loves, I die of the very blow that struck him! Gunther’s sword is wet with my blood

hilda

hilda

Sigurd ! Sigurd !

Sigurd! Sigurd!

Sigurd, apporté par ses compagnons. Les femmes précédées d’Uta, sortent du palais.

Sigurd is brought on stage by his companions. The womenfolk, led by Uta, come out of the palace.

chœur

chorus

Ô douleur ! Ô colère ! Un traître a de Sigurd marqué l’heure dernière ! Il est tombé le guerrier fort ! Sigurd est mort !

O the grief, O the rage! A traitor has made this hour Sigurd’s last! The mighty warrior is fallen! Sigurd dies!

N° 26 | Sigurd • Grand Théâtre de Genève

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Sigurd Le livret/Libretto

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sigurd

sigurd

Portez-moi, compagnons, là-bas où… les étoiles… Sur mon front pâlissant… pourront briller sans voiles  ! Je veux revoir le ciel une dernière fois ! Brunehild !

Carry me, friends, to the place where… the stars… May shine freely… on my dying face! I want to see the sky for the last time! Brunehild!

brunehild

brunehild

Je meurs avec toi !

I die at your side!

chœur

chorus

Ô douleur ! Ô colère ! Un traître a de Sigurd marqué l’heure dernière ! Il est tombé le guerrier fort ! Sigurd est mort !

O the grief, O the rage! A traitor has made this hour Sigurd’s last! The mighty warrior is fallen! Sigurd dies!

gunther

gunther

De nos pères suivant l’usage Formez pour eux un bûcher de feuillage ! Le meurtrier sera puni, si je suis roi !

Follow the custom of our fathers and Make a funeral pyre of wood and leaves! As true as I am the King, his murderer shall be punished!

hilda

hilda

Ah ! Les Dieux te frappent donc ! Le meurtrier : c’est toi !

Ah, then the Gods will strike you! You are the murderer!

chœur

chorus

Gunther ! Gunther !

Gunther! Gunther!

gunther

gunther

Ah ! Maudite insensée !

Curse you, insane creature!

hilda

hilda

Frappe ! Que de tes mains je tombe aussi percée ! Va ! Bientôt les Dieux irrités Lanceront sur toi leur tonnerre ! Des extrémités de la terre Viendront les vengeurs souhaités ! D’Attila les hordes sauvages Apporteront sur ces rivages La mort, l’esclavage, la faim ! Et j’aurai la suprême joie, Te voyant à ces maux en proie, De rire alors de ton destin !

Strike, that I too may die by your hand! Hark! Soon the Gods in their anger Will cast their thunder on your head! From the ends of the earth, The avengers I long for will come! Attila’s savage hordes Will desolate these parts With death, slavery and famine! And I shall have the ultimate thrill Of seeing you suffer these ills And mock your sorry fate!

hagen

hagen

Meurs avant de remplir cette menace impie !

You will die before your wicked threats can be fulfilled!

Grand Théâtre de Genève • N° 26 | Sigurd

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Sigurd Le livret/Libretto

hilda (à Uta) Ma mère, ô toi qui m’as nourrie, Entends ta fille…

hilda (to Uta) Mother, you who nursed me as a child, Hear your daughter…

uta

uta

Me voilà ! Que veux-tu de moi, pauvre Hilda ?

Here I am! Poor Hilda, what do you want of me?

hilda

hilda

Porte ce bracelet au vengeur Attila !

Take this bracelet to Attila the avenger!

chœur

chorus

Ô prodige ! Parmi la flamme qui s’élance, Sigurd et Brunehild vont dans l’azur immense ! Oubliez les maux soufferts ! Pour vous les cieux sont ouverts ! Que vos âmes confondues, Dans leur ivresse perdues, Chantent l’hymne solennel De leur amour éternel !

O wonder! In the flames that leap up high, Sigurd and Brunehild ascend the vaulted sky! Forget your sufferings and woe! The heavens open for you! United in a single soul, Lost in rapture, May you sing the solemn hymn Of your eternal love!

Le rideau s’abaisse lentement.

Curtain slowly falls.

Transcription  : Benoît Payn

Translation : Christopher Park

N° 26 | Sigurd • Grand Théâtre de Genève

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La mort de Siegfried (détail) Wilhelm Hauschild, 1883 Château de Neuschwanstein, Allemagne Fresque dans le Grand Salon

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Sigurd au Grand Théâtre :

entrée au répertoire

L

© De Agostini Picture Library / A. Dagli Orti / The Bridgeman Art Library

par Richard Cole*

a création de Sigurd en 1896 au Grand Théâtre vient à point nommé pour sauver une saison plutôt terne jusque-là – fait que la presse musicale ne manquera pas de souligner. Depuis la création genevoise triomphale de Lohengrin en 1889, les mélomanes du bout du lac s’étaient découvert un engouement pour les opéras du maître de Bayreuth qui ne devait plus se démentir. Suivront jusqu’en 1895 les premières de La Walkyrie, du Vaisseau fantôme, et de Tannhäuser, chaque ouvrage soulevant des vagues d’enthousiasme. Toutes ces créations sont le fait de François Dauphin, l’une des basses de la troupe et à la barre du Théâtre de Neuve depuis 1889. Malgré le soutien inconditionnel dont il jouit tant auprès des abonnés que des critiques, deux évènements viendront secouer la saison 1895-1896. D’abord, il y a la perspective de l’Exposition nationale suisse, qui doit se tenir à Genève dès le mois de mai 1896. Les compositeurs romands, plutôt négligés par le Grand Théâtre, participent activement à l’élaboration d’un programme musical qui promet d’être riche. Aux premiers rangs de ceux-ci figurent Emile Jaques-Dalcroze et Gustave Doret. Or François Dauphin s’était battu pour faire créer Janie, opéra de Jaques-Dalcroze, à la place de Neuve en 1894. Succès d’estime, Janie a pourtant attiré beaucoup moins de monde que Le Vaisseau fantôme. Redoutant la concurrence de l’Exposition nationale, Dauphin souhaiterait monter d’autres ouvrages inédits, mais pour remplir les caisses et la salle, il devra reprendre le quatuor gagnant composé de Carmen, Faust, Manon et Mignon. Les projets de Dauphin surviennent au moment même où la sempiternelle question de l’argent – ou plutôt de son manque – revient au premier

plan. Au Conseil municipal, des voix s’élèvent pour fustiger le déficit de l’Opéra, qui monte à plus de 400 000 francs – somme considérable pour l’époque. Finalement, le budget pour 1896 sera voté, car « c’est dans l’intérêt général de la République » 1, s’écrie un député. C’est dans ce contexte que Sigurd connaît sa première en janvier 1896, dans une production magnifique. Avec dix-sept représentations, l’ouvrage de Reyer ne fait certes pas aussi bien que Le Voyage de Suzette, opérette de Vasseur, mais il tire son épingle du jeu. À force d’être privés d’un opéra de Wagner, ses partisans retrouvent avec bonheur « un sujet choisi par Reyer à un moment où personne, sauf Wagner, n’y avait songé », souligne le Journal de Genève. « Enfin un spectacle plus intéressant ! » 2 Pour d’autres critiques, qui relèvent la forme libre de la partition, les leitmotifs et la coupe peu traditionnelle des airs, il n’y a pas de doute : il s’agit de « Wagner sans Wagner ». Même l’Orchestre du Théâtre, souvent la bête noire de la presse en raison de ses prestations jugées d’un niveau inégal, se fait louer par les critiques, « à part, bien entendu, les cuivres, toujours trop bruyants et pas toujours très justes ».3 Malheureusement, même un festival Wagner éblouissant, donné un mois plus tard dans un Victoria Hall flambant neuf, ne parviendra pas à prolonger le règne de Dauphin, dont le contrat ne sera pas renouvelé en mars 1896. Et la presse genevoise, unanime à regretter ce « grand wagnérien », devra constater que Sigurd aura bel et bien constitué son chant du cygne. RC 1.

Journal de Genève, 21 décembre 1895.

2.

Journal de Genève, 17 janvier 1896.

3.

Journal de Genève, 22 janvier 1896.

* Licencié en musicologie et traducteur diplômé, Richard Cole est l’auteur de La Vie musicale au Grand Théâtre de Genève entre 1879 et 1918. Depuis 1994, il participe également à certaines productions au Grand Théâtre en tant que membre du chœur complémentaire.

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Représentations de Sigurd au XIXème siècle 95-96 16 96-97 2 98-99 3 au XXème siècle 03-04 5 06-07 2 1 1- 1 2 2

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références à lire Ernest Reyer, sa vie, ses œuvres Henri de Curzon, Perrin et cie, Paris 1924. La légende de Sigurd dans l’Edda. L’opéra d’E. Reyer Henri de Curzon, Fischbacher, Paris 1890. Ernest Reyer : progressiste ou conservateur ? Gesa Kordes, Bulletin de la société Th.-Gautier, no 15, Montpellier 1993.

O à écouter

h

Manuel Rosenthal (DM)* Paris 1974 Le Chant du monde Guy Chauvet Andréa Guiot Andrée Esposito Denise Scharley Jules Bastin Robert Massard Orchestre philharmonique et chœurs de l’ORTF

Ernest Reyer Adolphe Jullien H. Laurens (Les musiciens célèbres), Paris 1909. Quarante ans de musique Ernest Reyer Calman-Lévy, Paris 1908. Ernest Reyer André Segond Éditions Autre Temps, Marseille 2008. Sigurd, opéra en quatre et neuf tableaux d’Ernest Reyer André Segond (dir.) Actes Sud, Arles 1995. L’Edda : récits de mythologie nordique (traduit, introduit et annoté par François-Xavier Dillmann) Snorri Sturluson Gallimard (L’aube des peuples), Paris 1991.

*(DM) Directeur musical

Pour les internautes fr.wikisource.org/wiki/Les_Nibelungen La première traduction française de La Chanson des Nibelungen (1866) www.inha.fr/musica/html/numero053.html Le numéro 53 (février 1907) de la revue musicale illustrée Musica, entièrement dédié à Ernest Reyer archive.org/details/notesdemusique00reye Les Notes de musique (1875) de Reyer, un recueil d’articles parus dans différents journaux gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1286696 Un enregistrement de l’air « Des présents de Gunther », interprété par Rose Caron, la créatrice du rôle de Brunehild

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cette année-là... genève en 1884

par Prohistoire *

Le long voyage du général Dufour Le 2 juin, lors des festivités commémorant le débarquement des troupes confédérées au PortNoir, 70 ans auparavant, la statue équestre du général Dufour sur la place de Neuve est dévoilée au public, en présence des autorités municipales et cantonales et de délégations fédérales et des autres cantons. Durant la soirée, une lampe électrique placée sur le toit du conservatoire illumine puissamment la statue. Douze ans avant l’entrée en service de l’Usine de Chèvres, on doit cette performance à la Société d’appareillage électrique qui profite de l’installation qui avait servi l’hiver précédent à l’éclairage du vestibule du théâtre. L’inauguration flamboyante n’est que la dernière étape d’un long voyage. Depuis 1883, Karl Alfred Lanz (1847-1907) travaille dans son atelier parisien à l’œuvre de 4 000 kg qui le projettera au pinacle des sculpteurs helvétiques. En février, la Compagnie du Paris-Lyon-Méditerrannée (PLM) promet de transporter gratuitement la réplique de bronze du célèbre général de Paris à sa ville d’origine, afin notamment de rendre hommage à l’homme qui fut l’un des fondateurs et premier administrateur de la ligne de Lyon à Genève, encore exploitée en 1884 par le PLM. Fin mars, c’est au tour d’une partie du socle de la future statue, un gigantesque monolithe de 13 000 kg, de parvenir au terme de son long voyage depuis une carrière de Baveno, en Italie. Le trajet à travers le Gothard, mis en service moins de deux ans auparavant, n’aura pas été l’étape la plus délicate du périple. Le trajet entre Cornavin et la place de Neuve exige davantage d’efforts. Le chariot sur lequel il a été placé fait céder l’asphalte sur le pont de l’Île vers la rue du Rhône et le chariot s’enfonce suffisamment pour déformer les plaques de tôle du tablier du pont. Après maints efforts, le lourd chariot est remis en mouvement pour s’immobiliser quelques mètres plus loin, pendant près de deux heures, les chevaux refusant tout effort supplémentaire. Ce n’est que lorsque l’on ajoute deux chevaux supplémentaires aux sept bêtes initiales, que l’attelage se remet lentement en route pour la place de Neuve.

Le retour d’un vieux démon : le choléra En plein été, on apprend que le choléra, débarqué à Toulon d’un bateau en provenance de Saïgon, se répand à Marseille où il fera plus de 1 700 victimes en quelques mois. Les premières mesures sont prises à Genève début juillet et tout voyageur arrivant à Cornavin depuis les deux villes méditerranéennes est enfermé jusqu’au cou dans une caisse où il est soumis à des fumigations de chlore. En juillet, retournant à Berlin depuis Marseille où il a été étudier l’épidémie, le déjà célèbre docteur Robert Koch (1843-1910), qui était parvenu à isoler le bacille du choléra l’année précédente en Égypte, n’échappe pas à la fumigation lors de son étape genevoise. Avec quelques raisons, il la tient pour inutile : « Si j’ai le choléra, il est dans mes intestins et votre chlore n’y peut rien », aurait-il déclaré au médecin à Cornavin. Fin juillet, l’émotion est grande lorsque la maladie fait une première victime à Versoix : les journaux annoncent que l’épidémie est en train de gagner la Suisse. Il s’avérera que cette victime avait fui Marseille pour Versoix mais qu’elle avait déjà contracté la maladie. En automne, l’épidémie s’éteint.

* Prohistoire est un cabinet d’études historiques créé en 2006 par Gérard Duc et Olivier Perroux, deux historiens indépendants issus du milieu académique. Prohistoire a participé à l’élaboration d’expositions (centenaire du tunnel du Simplon, transports dans la zone Salève), et à la rédaction d’ouvrages historiques, dont une histoire des énergies à

On dîne dans le Rhône Genève parue fin Au début de l’été, les travaux pour la construction 2008. Prohistoire de l’usine hydraulique de la Coulouvrenière vont collabore à divers bon train. Ils ont nécessité la mise à sec succes- Sopranos projets privés de Aquaro sive des deux bras du Rhône. Le 1er juin, c’est un Fosca mise en valeur Magali Duceau duHollyman patrimoine spectacle bien particulier qui s’offre aux passants.Nicola Iliev Avant de redonner libre passage aux flots du Ianahistorique Martynenko industriel, Rhône, les Genevois sont invités à venir visiter le Victoria Cristiana Presutti commercial lit du fleuve : on y a établi un restaurant et à midi Daniela Stoytchevaet un repas est servi. Provisions et matériel circulent familial. Altos sur rails. www.prohistoire.ch Vanessa Beck Hurst Ce Rhône, décidément plein de surprises, puisqueAudrey Burgener quelques mois auparavant, en mars, un ouvrier de Marianne Dellacasagrande Varduhi Khachatryan l’entreprise de l’usine est arrêté dans un café des Mi-Young Kim Eaux-Vives. Son crime ? Avoir payé avec des écus à Johanna Rittiner-Sermier l’effigie du roi Louis-Philippe qu’il aurait trouvés dans le lit à sec du Rhône. Malheureusement pour lui, les pièces, frappées en 1846, sont fausses.

N° 25 | le nozze di figaro • Grand Théâtre de Genève

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production Orchestre de la Suisse Romande

Régisseur de production Chantal Graf Chef de plateau Philippe Alvado

Premiers violons Kristi Giezi (1er VS) Bogdan Zvoristeanu (1er VS) Abdel-Hamid El Shwekh (2e VS) Medhat Abdel-Salam Yumiko Awano Caroline Baeriswyl Elodie Bugni Theodora Christova Cristina Draganescu Yumi Kubo Dorin Matea Florin Moldoveanu Bénédicte Moreau Muriel Noble Hisayuki Ono Hans Reichenbach Yin Shen Marie Sirot Seconds violons Sidonie Bougamont (1er S) François Payet-Labonne (1er S) Jonas Erni (SR) Rosnei Tuon (SR) Linda Bärlund Kerry Benson Florence Berdat Gabrielle Doret Véronique Kümin Ines Ladewig Claire Marcuard Eleonora Ryndina François Siron Claire Temperville-Clasen David Vallez Cristian Vasile

(1er VS) 1er violon solo (2e VS) 2e violon solo (1er S) 1er soliste

Altos Frédéric Kirch (1er S) Elçim Özdemir (1er S) Emmanuel Morel (SR) Barry Shapiro (SR) Hannah Franke Hubert Geiser Stéphane Gonties Denis Martin Stella Rusu Tsubasa Sakaguchi Verena Schweizer Catherine Soris-Orban Yan-Wei Wang

Violoncelles François Guye (1er S) Stephan Rieckhoff (1er S) Cheryl House (SR) Hilmar Schweizer (SR) Jakob Clasen Laurent Issartel Olivier Morel Caroline Siméand-Morel Silvia Tobler Son Lam Trân Willard White Contrebasses Bo Yuan (1er S) Jonathan Haskell (SR) Alain Ruaux (SR) Mihai Faur Adrien Gaubert Gergana Kusheva Cléna Stein Steven Zlomke Flûtes Sarah Rumer (1er S) Loïc Schneider (1er S) Robert Thuillier (SR) Jane Elliott-Maillard Jerica Pavli

(SR) soliste remplaçant

Chœur du Grand Théâtre Sopranos Fosca Aquaro Anaïs Calikman* Floriane Coulier* Magali Duceau Györgyi Garreau Fanie Gay* Elisabeth Gillming* Nicola Hollyman Iana Iliev Victoria Martynenko Martina Möller Gosoge Cristiana Presutti Daniela Stoytcheva Laure Verbregue*

* chœur complémentaire

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Altos Vanessa Beck Hurst Audrey Burgener Dominique Cherpillod Maria Dawd* Zeina Dorkhom* Marianne Dellacasagrande Lubka Favarger Sabrina Gammuto* Heather Hull* Varduhi Khachatryan Mi-Young Kim Stéphanie Mahue* Johanna Rittiner-Sermier Mariana Vassileva-Chaveeva

Flûtes piccolos Jane Elliott-Maillard Jerica Pavli Hautbois Jérôme Capeille (1er S) Roland Perrenoud (1er S) Vincent Gay-Balmaz (SR) Alexandre Emard Sylvain Lombard Cors anglais Alexandre Emard Sylvain Lombard Clarinettes Dmitry Rasul-Kareyev (1er S) Michel Westphal (1er S) Benoît Willmann (SR) Camillo Battistello Guillaume Le Corre Petite clarinette Benoît Willmann Clarinette basse Camillo Battistello Guillaume Le Corre Bassons Céleste-Marie Roy (1er S) Afonso Venturieri (1er S) Francisco Cerpa Roman (SR) Katrin Herda Norio Kato Contrebassons Katrin Herda Norio Kato Cors Jean-Pierre Berry (1er S) Julia Heirich (1er S) Isabelle Bourgeois (SR) Brian Mihleder (SR) Pierre Briand Jacques Robellaz Klaus Uhlemann

Ténors Humberto Ayerbe P* Jaime Caicompai Yong-Ping Gao Rémi Garin Omar Garrido Lyonel Grelaz Chris Hull* Vladimir Iliev Yordan Istilyanov* Venelin Ivanov* Sanghun Lee José Pazos Mario Petrov* Terige Sirolli Georgi Sredkov Bisser Terziyski

Trompettes Olivier Bombrun (1er S) Stephen Jeandheur (1er S) Gérard Métrailler (SR) Claude-Alain Barmaz Laurent Fabre Trombones ténors Matteo De Luca (1er S) Alexandre Faure (1er S) Andrea Bandini (SR) Edouard Chappot Trombone basse Laurent Fouqueray Tuba Pierre Pilloud (1er S) Timbales Yves Brustaux (1er S) Olivier Perrenoud (1er S) Percussions Christophe Delannoy (SR) Michel Maillard Michael Tschamper Harpe Notburga Puskas (1er S) Pratique d’orchestre (Étud. DAS) Annina Wöhrle, violon Arturo Ziraldo, alto Gabriele Amarú, cor Marion Frétigny, percussion Régisseur général Guillaume Bachellier Régisseur d’orchestre Grégory Cassar Régisseur de scène Marc Sapin Garçons d’orchestre Aurélien Sevin, Frédéric Broisin Assistante de régie Inès de Saussure

Basses Krassimir Avramov Wolfgang Barta Romaric Braun Philippe Cardinale* Nicolas Carré Phillip Casperd Aleksandar Chaveev Peter Baekeun Cho Richard Cole* Christophe Coulier Harry Draganov David Gassmann* Thibault Gérentet* Seong-Ho Han André Philippe* Slobodan Stankovic Nathanael Tavernier Dimitri Tikhonov

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biographies

Frédéric Chaslin

Andrea Carè

Frédéric Chaslin étudie le piano, la composition et la direction d’orchestre au CNSM de Paris, puis au Mozarteum de Salzbourg. Il devient assistant de Daniel Barenboim (Orchestre de Paris et Festival de Bayreuth) et travaille aussi avec Pierre Boulez à l’Ensemble Intercontemporain. En 1991, il est nommé directeur musical de l’Opéra de Rouen. De 1999 à 2007, il est successivement directeur musical de l’Orchestre symphonique de Jérusalem et General Musikdirektor de l’opéra de Mannheim. Sa carrière l’amène à diriger, entre autres, les orchestres de Paris, national de France, philharmonique de Radio-France, philharmonique d’Israël, de la RAI à Turin et symphonique de la radio néerlandaise. Fidèle au piano, il est soliste dans le 5ème concerto de Beethoven avec les Wiener Philharmoniker en octobre 2001 au Semperoper de Vienne, il joue et dirige le Concerto en Sol de Ravel à Tokyo, Nagoya et Trieste. Il est aussi invité par de nombreux opéras comme ceux de Paris, Düsseldorf, Hanovre, Berlin, Leipzig, Glasgow, Lisbonne, Barcelone, Madrid, Venise, Rome, Turin, Gênes, Munich et surtout par le Staatsoper de Vienne où il est chef invité permanent, ainsi que par le Metropolitan de New York et le Nouveau Théâtre national de Tokyo. L’année 2010 a vu ses débuts symphoniques au Teatro Comunale de Bologne ainsi qu’avec l’Orchestre philharmonique de La Scala. Frédéric Chaslin a aussi composé un opéra (Wuthering Heights) et de la musique de film, collaborant notamment pour le film de Luc Besson Le 5ème Élément. Dernièrement, il a composé un cycle de dix mélodies sur des poèmes de Robert Frost. Auteur du livre La Musique dans tous les sens, Il est depuis 2010 le directeur musical de l’opéra de Santa Fe et depuis 2011, directeur musical de l’Orchestre symphonique de Jérusalem. Au Grand Théâtre de Genève : Mignon (11-12).

Andrea Carè étudie au conservatoire Verdi de Turin, il bénéficie de l’enseignement de Luciano Pavarotti et de Raina Kabaivanska. Il gagne le concours international d’opéra de Spolète en 2005. Durant la saison 2008-2009, il fait ses débuts au Teatro Comunale de Bologne dans le rôle de Pollione (Norma), puis on a pu l’entendre dans celui de Giasone (Medea de Cherubini) à Turin et d’Alfredo (La Traviata) à Ravenne. Il est aussi invité au Teatro Massimo de Palerme pour Medea, au Teatro Regio de Turin pour La Traviata, aux Terme di Caracalla avec l’opéra de Rome pour Carmen et au Teatro alla Fenice de Venise pour Sarka de Janáček. En janvier 2010, il se produit au Teatro Massimo de Palerme dans le rôle d’Ismaele (Nabucco), puis au Palm Beach Opera en Don José (Carmen) et au Festival de Savonlinna en Pinkerton (Madama Butterfly). Durant la saison 2010-2011, il retourne à Turin pour Madama Butterfly, se rend à Padoue et Rovigo pour Carmen, à Nuremberg pour Samson et Dalila. Il est aussi invité au Staatsoper de Hambourg pour Don José et fait ses débuts au Deutsche Oper de Berlin dans ce même rôle en avril 2011, puis au Teatro Petruzelli de Bari dans Norma le mois suivant. En 2011-2012, il interprète Don José pour ses débuts à l’Opéra royal de Stockholm et Pinkerton à l’Opéra royal de Copenhague. En 2013, on a pu l’entendre à Covent Garden dans le rôle d’Ismaele (Nabucco), à l’Opéra national du Rhin dans celui de Cavaradossi (Tosca), à l’Opéra royal de Stockholm dans Riccardo (Un ballo in maschera), au Teatro Lirico de Trieste dans Don José (Carmen), au Staatstheater de Stuttgart dans Cavaradossi (Tosca) et au Festival de Bucarest dans Pinkerton (Madama Butterfly). Projet : Don Carlos (rôle-titre) à l’opéra de Vancouver. Au Grand Théâtre de Genève : Macbeth (Macduff ) 11-12.

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Sigurd • Ténor © DR

Direction musicale

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biographies

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Gunther • Baryton

Anna Caterina Antonacci remporte en 1988 le concours Verdi de Parme, puis les concours internationaux Maria-Callas et Luciano-Pavarotti. En 1990 et 2005, la critique italienne lui décerne le prix Abbiati. Elle aborde aussi bien des rôles de soprano que certains rôles de mezzo-soprano, puisant dans les répertoires des XVIIème et XVIIIème siècles (Monteverdi, Purcell, Haendel, Gluck, Paisiello ou Mozart). Rossinienne reconnue, elle chante aussi Bellini, Donizetti, Verdi, Bizet et Massenet. Le répertoire contemporain ne lui est pas étranger puisqu’elle a participé à Tre Veglie de Fabio Vacchi au Festival de Salzbourg en 1998 et Vita de Marco Tutino à La Scala. Depuis 2003, elle se concentre sur le répertoire de soprano dramatique ; elle est remarquée dans des rôles comme Cassandre (Les Troyens) au Châtelet, Elettra (Idomeneo) au Nederlandse Opera et au Maggio Musicale Fiorentino et Anna (Hans Heiling de Marschner) à Cagliari. Plus récemment, elle interprète Shéhérazade avec l’Orchestre philharmonique de Rotterdam, Carmen à l’Opéra Bastille, La Voix humaine au Grand Théâtre de Luxembourg et à l’Opéra-Comique de Paris. Cette saison, elle interprète les Wesendonck-Lieder en tournée avec la Philharmonie de Rotterdam et Yannick Nézet-Séguin, notamment aux BBC Proms, dans La Damnation de Faust avec l’Orchestre symphonique de Rotterdam et Kent Nagano et dans Carmen à Covent Garden ; elle donne une série de récitals, dont un programme intitulé Era la notte (qui a aussi fait l’objet d’un enregistrement). Parmi ses projets : Werther au Liceu de Barcelone, Les Troyens à La Scala et au Wiener Staatsoper, La Ciociara de Marco Tutino au San Francisco Opera et un récital au Grand Théâtre de Genève. Au Grand Théâtre de Genève : La Clemenza di Tito (Vitellia) 05-06, Les Troyens (Cassandre) 07-08, récital 10-11.

Né à Leningrad, Boris P i n k h a s o v i c h e s t l auré at du Co n s e r v at o i re Rimski-Korsakov de SaintPétersbourg, en tant que chef de chœur et chanteur d’opéra. Il gagne une bourse du Ministère de la culture de la Fédération de Russie, ainsi que de nombreux prix internationaux dont ceux des concours de chant Galina-Vichnevskaïa (1er prix en 2012), de Torrolovego en Espagne (1er prix en 2010), de Saint-Pétersbourg (2e prix en 2009). Son répertoire comprend des rôles comme Uberto (La Serva Padrona), le Dancaïre (Carmen), Ibn-Hakia (Iolanta), Amfortas (Parsifal), les rôles-titres de Demon de Rubinstein et d’Aleko, ainsi que les parties solo de Carmina burana, Ein deutsches Requiem de Brahms, les Passions selon saint Jean et saint Matthieu de Bach et le Requiem de Mozart. Il travaille avec des chefs tels que Mariss Jansons, Saulius Sondeckis, Leo Krämer, Andrei Anikhanov, Alexander Titov, Peter Feranec, Mikhail Jurowski, Vladimir Jurowski et chante aux côtés d’artistes comme Elena Obraztsova, Badri Maïsuradze, Vladimir Galouzine et Sergei Leiferkus. Dès 2011, il est soliste dans la troupe du Théâtre Mariinski, où il fait ses débuts en Marcello (La Bohème), interprétation qui lui vaut le prix Golden Mask de meilleur rôle masculin d’opéra. En 2011-2012, il chante le rôle-titre d’Eugène Onéguine, Belcore (L’Elisir d’amore), Prince Yeletski (La Dame de pique), Robert (Iolanta), Angelotti (Tosca) et Germont (La Traviata). Parmi ses engagements récents et à venir figurent : Lescaut (Manon Lescaut), Silvio (I Pagliacci), Rodrigo (Don Carlo), Malatesta (Don Pasquale), Renato (Un ballo in maschera), Belcore (L’Elisir d’amore), Marcello (La Bohème), Angelotti (Tosca) à Saint-Pétersbourg et Enrico (Lucia di Lammermoor) à Limoges.

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Brunehild • Soprano

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Anna Caterina Antonacci Boris Pinkhasovich

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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biographies

Tijl Faveyts

Anne Sophie Duprels

Né en Belgique, Tijl Faveyts étudie au conservatoire de Bruxelles et à l’Université de musique à Vienne. De 2005 à 2012, il est membre du Theater St. Gallen. À partir de la saison 2013-2014, il est membre de l’Aalto-Theater à Essen. Ses engagements le conduisent régulièrement dans des théâtres tels que le Vlaamse Opera, le Grand Théâtre de Luxembourg, le Theater an der Wien, le Théâtre de la Monnaie, le Concertgebouw et le Nederlandse Opera d’Amsterdam, le Staatsoper de Stuttgart et l’Israeli Opera à Tel Aviv ainsi que le Festival d’Aix-en-Provence et les Wiener Festwochen. En novembre 2012, il fait ses débuts aux États-Unis (Berkeley, Los Angeles et New York) dans le rôle du Docteur dans Wozzeck avec le London Philharmonia Orchestra et Esa-Pekka Salonen. Son répertoire inclut des rôles tels que Sarastro (Die Zauberflöte), Raimondo (Lucia di Lammermoor), Don Alfonso (Così fan tutte), Sparafucile (Rigoletto), Des Grieux (Manon), Don Basilio (Il Barbiere di Siviglia), Zuniga (Carmen), Don Pasquale (rôle-titre), Grémine (Eugène Onéguine) et le Commandeur (Don Giovanni). Il chante sous la direction de Jiří Kout, Kazushi Ôno, Fabio Luisi, Daniel Harding, Carlo Rizzi, Frédéric Chaslin, Antonino Fogliani, Antonello Allemandi, Carlo Franci et Marc Albrecht. En concert, il est régulièrement invité par des orchestres internationaux et interprète les Passions de Bach, Messiah de Haendel, le Requiem de Mozart et Die Jahreszeiten de Haydn (Musikverein de Vienne) ainsi que le Winterreise de Schubert. En 2013-2014, il est engagé à l’Aalto-Theater pour le rôle de Daland (Der fliegende Holländer), Sarastro (Die Zauberflöte) et Don Fernando (Fidelio), au Vlaamse Opera pour Masetto (Don Giovanni) et au Theater St. Gallen pour Sparafucile (Rigoletto). Débuts au Grand Théâtre de Genève.

Anne Sophie Duprels étudie le piano et le chant au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, où elle remporte le 1 er prix de chant en 1998. Elle chante notamment Manon au Teatro Colón de Buenos Aires, Jenůfa au New Zealand Opera, les Vier letzte Lieder de Strauss à l’Opéra Bastille, Teresa de Benvenuto Cellini à l’Opéra national du Rhin, Salud de La Vida breve à l’Opéra national de Grèce, Fiordiligi à Glimmerglass et Strasbourg, La Voix humaine et Thérèse des Mamelles de Tiresias dans une production de La Scala à Cosenza, Rita à l’Opéra-Comique de Paris et Carolina d’Il Matrimonio segreto à Lyon. Elle fait ses débuts en Grande-Bretagne dans le rôle de Violetta au Holland Park Opera, où elle interprète ensuite Magda (La Rondine), Lucia (Lucia di Lammermoor), Luisa (Luisa Miller), Katia Kabanova, Jenufa et Mélisande. En Grande-Bretagne, elle est aussi Mimì au Scottish Opera et au Royal Albert Hall, Thaïs et Rusalka au Grange Park Opera, Violetta, Cio-Cio-San, Michaëla et Mimì à l’Opera North, Manon au Scottish Opera, Malinka, Etherea et Kunka (Les Voyages de M. Broucek) à Opera North et au Scottish Opera. En récital, on a pu l’entendre notamment au Festival de Montpellier, à la Purcell Room et à la Cité de la Musique à Paris. En 2010, elle se produit à la Howard Assembly Room à Leeds dans un programme de mélodies françaises, accompagnée par Antoine Palloc. Plus récemment, elle est notamment engagée pour Cio-Cio-San à Leeds et Londres (Holland Park), Lisa (La Dame de pique) à Northington, Thaïs à Lisbonne, Lena (La Princesse jaune) à Buxton. Parmi ses projets : Cio-Cio-San à Edmonton et Glasgow.

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Hilda • Soprano © dr

Hagen • Basse

Au Grand Théâtre de Genève : Le Nain (Un camériste) 02-03.

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biographies Membre de la troupe des jeunes solistes en résidence

Marie-Ange Todorovitch Khachik Matevosyan Née à Montpellier, elle étudie le piano puis le chant au Conservatoire de Paris, avec Jane Berbié, et à l’École de l’Opéra de Paris, auprès de Denise Dupleix. Elle est ensuite invitée au Festival de Glyndebourne à chanter Dorabella, Pauline (La Dame de pique) et Cherubino (Le Nozze di Figaro). Son répertoire s’étend de Rossini, Mozart et Strauss aux opéras français (Carmen, Charlotte, Don Quichotte). 
Elle se produit sur les plus grandes scènes françaises et européennes. Son répertoire : Rosina, Isolier et Ragonde (Le Comte Ory), Arsace (Semiramide), Eboli (Don Carlo), Elisabetta (Maria Stuarda), Prince Orlofsky (Die Fledermaus), Octavian, le Compositeur, Siebel et Dame Marthe (Faust), le Prince Charmant et Mme de la Haltière (Cendrillon), Concepción (L’Heure espagnole), Marguerite (La Damnation de Faust), Charlotte (Werther), Dulcinée (Don Quichotte), la Périchole, la Belle Hélène, la Grande Duchesse de Gérolstein, Mère Marie et Madame de Croissy (Dialogues des Carmélites), Sesto, Cornelia (Giulio Cesare), Salud (La Vida breve), Maddalena (Rigoletto), Fata Morgana (L’Amour des trois oranges), etc. En concert, elle se produit notamment avec l’Orchestre de Paris et les Musiciens du Louvre. Parmi ses nombreux enregistrements, L’Amour de loin a reçu le Grammy du meilleur enregistrement d’opéra en 2011. En 2013, elle incarne Isabella (L’Italiana in Algeri) et Klytämnestra (Elektra) à Marseille et Mary (Der fliegende Holländer) aux Chorégies d’Orange. Parmi ses projets : l’Opinion publique (Orphée aux enfers), le rôle-titre de Colomba créé à Marseille et la Grand-Mère (La Vida breve) à Metz.

Originaire d’Arménie, il commence par étudier au conservatoire d’Erevan et depuis 2009 à la Haute école d’art de Berne. De 2003 à 2007, il est soliste à l’opéra-studio d’Erevan et depuis 2005 à l’Opéra d’Arménie. Il interprète de nombreux rôles tels que Bartolo (Il Barbiere di Siviglia), les rôles-titres de Don Pasquale et de Gianni Schicchi, le Marquis d’Obigny (La Traviata), Montano (Otello), Paolo Albiani / Pietro (Simon Boccanegra) et le rôle-titre de Don Giovanni.

Au Grand Théâtre de Genève : Roméo et Juliette (Stéphano) 95-96, La Damnation de Faust (Marguerite), Les Fiançailles au couvent (Claire) 97-98, Così fan tutte (Dorabella) 99-00, Les Contes d’Hoffmann (Giulietta / La Voix de la mère d’Antonia) 01-02.

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Un prêtre d’Odin • Baryton

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Uta • Mezzo-soprano

Au Grand Théâtre de Genève  : Andrea Chénier (Le Majordome / Dumas), Macbeth (Le Médecin), La Petite Zauberflöte (Sarastro) et Juliette ou la Clé des songes (Le Vieil Arabe) 11-12, La Traviata (Marquis d’Obigny), Madama Butterfly (L’Oncle Bonze) et Le Chat botté (L’Ogre / Le 2ème Frère) et Rusalka (Le Chasseur) 12-13.

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biographies Membre du chœur du Grand Théâtre depuis 1998

Nicolas Courjal

Nicolas Carré

Né à Rennes, il entre en 1995 dans la classe de Jane Berbié au Conservatoire de Paris. Il fait ensuite partie de la troupe de l’Opéra-Comique, puis celle de l’opéra de Wiesbaden. Depuis 2002, on a pu le voir, entre autres, à l’Opéra national de Paris (Perelà, l’homme de fumée de Dusapin, Les Vêpres siciliennes, Die Meistersinger von Nürnberg, Salome), au Châtelet (Arabella, Ariadne auf Naxos, Les Troyens, Tannhäuser, Thaïs, Il Barbiere di Siviglia), à la Salle Pleyel (Saint François d’Assise), à Massy (La Gazza ladra), à Montpellier (Der Freischütz, Carmen, Tosca, Don Giovanni, Die Zauberflöte), en Avignon (La Sonnambula, Die Zauberflöte, Tosca, Mignon, Norma, La Cenerentola, Aida) , à Tours (La Bohème), à Nice (Un ballo in maschera, La Bohème), à Toulouse (Madama Butterfly, Arabella), à Metz (Pelléas et Mélisande) et aux Chorégies d’Orange (La Traviata). Il s’est aussi produit notamment à Covent Garden (Salome, Carmen), à la Fenice (Thaïs), au Teatro de la Maestranza de Séville (Les Pêcheurs de perles). Il est Grémine (Eugène Onéguine) en Avignon, Sparafucile (Rigoletto) et Assur (Semiramis) à Montpellier et le Gouverneur (Le Comte Ory) à Marseille, Gessler (Guillaume Tell) aux Proms à Londres, Carmen (Zuniga) et Robert le Diable (Alberti) à Covent Garden. Plus récemment, il interprète Colline (La Bohème), le Gouverneur (Le Comte Ory) et Narbal / Priam / l’Ombre d’Hector (Les Troyens) à Marseille, Don Basilio (Il Barbiere di Siviglia) à Bordeaux et Avignon, le Sultan (Marouf) à l’Opéra-Comique de Paris, La Petite Messe solennelle et Samuel (Un ballo in maschera) aux Chorégies d’Orange. Parmi ses projets : le Prieur / Montolino (La Straniera) à Marseille, Zuniga (Carmen) au Royal Opera House et Nourabad (Les Pêcheurs de perles) à Nantes/ Angers. Au Grand Théâtre de Genève : Mignon (Lothario) 11-12.

Licencié en musicologie en 1994 et premier prix de virtuosité du conservatoire en 2001, il se produit en récital et en concert  : notamment la Cantata Misecordium de Britten au Victoria Hall en 2002, Ein deutsches requiem de Brahms et le Requiem de Duruflé dirigé par Michel Corboz au Victoria Hall en 2004. Il interprète Marcello (La Bohème) au Festival de Sédières en 2006 et De Brétigny (Manon) à La Scala en 2006, Siméon (L’Enfant prodigue de Debussy) au San Carlo de Naples ainsi qu’Albert (Werther de Massenet) à l’opéra de Hong Kong en 2008.

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Rudiger • Basse © GTG

Un barde • Basse

Au Grand Théâtre de Genève : Cendrillon (Le Ministre de la marine) 98-99, Lady Macbeth de Mzensk (Le Meunier), Maria di Rohan (Vicomte de Suze) 01-02, Manon (De Brétigny) 03-04, Tristan und Isolde (Un pilote) 04-05, Galilée (L’Astronome) 05-06, Ariadne auf Naxos (Le Perruquier) 06-07, Il Barbiere di Siviglia (Fiorello) 10-11, Le Comte Ory (Un coryphée) et Der Rosenkavalier (Un maître d’hôtel) 11-12, Il Barbiere di Siviglia (Fiorello) 12-13.

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informations pratiques Horaires des représentations Les représentations ont lieu généralement à 19 h 30 en semaine et à 15 h le dimanche. Pour certains spectacles, ces horaires peuvent être différents. Les horaires sont toujours indiqués sur les billets. Ouverture des portes Le Grand Théâtre ouvre ses portes une heure avant le début de la représentation et l’accès à la salle est possible trente minutes avant le spectacle. Retardataires Par respect pour le public et les artistes, après le début du spectacle l’accès à la salle se fait à la première interruption et aux places accessibles. Un circuit vidéo permet généralement de suivre le début du spectacle. Aucun remboursement ou échange de billet ne sera effectué en cas de retard. Vestiaires Des vestiaires payants sont à la disposition du public aux différents niveaux du Grand Théâtre (Fr. 2.-). Jumelles Des jumelles peuvent être louées dans tous les vestiaires (Fr. 5.-). Rehausseurs Disponibles aux vestiaires (service gratuit).

Conférence de présentation

Trente minutes avant chaque opéra, un musicologue vous donne quelques clés pour mieux apprécier le spectacle.

sur l’œuvre

Pour chaque opéra* et création chorégraphique de la saison 13-14, une conférence très complète sur l’œuvre est organisée quelques jours avant la première représentation, toujours à la même heure, 18 h 15, par l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet www.amisdelopera.ch

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Bars 1 heure avant le spectacle Les bars du hall et du sous-sol vous proposent boissons et petite restauration. Dès 30 minutes avant le spectacle Le bar des foyers vous propose boissons et petite restauration. À l’entracte Les bars du hall, des foyers, du sous-sol et de l’amphithéâtre vous proposent boissons et petite restauration.

Restaurant Avant le spectacle et durant l’entracte Le restaurant du sous-sol propose, lors de certains spectacles, une assiette composée servie directement à la table qui vous a été préalablement réservée (Fr. 35.- avec une boisson). Menu sur www.geneveopera.ch, réservation obligatoire à la billetterie.

Enregistrements Il est interdit de photographier, de filmer ou d’enregistrer les spectacles. Surtitrage Les ouvrages font généralement l’objet d’un surtitrage. Au Grand Théâtre, il est désormais bilingue français-anglais. Le Grand Théâtre remercie vivement la Fondation Hans Wilsdorf grâce à laquelle ce surtitrage vous est proposé. Programmes et affiches Les programmes et les affiches des spectacles passés ou en cours sont en vente à la billetterie du Grand Théâtre. Boutique du Grand Théâtre de Genève Avant chaque représentation, Le Ménestrel – magasin de musique classique connu à Genève depuis 1952 – vous propose notamment des articles en lien avec le spectacle en cours.

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Billetterie du Grand Théâtre Au Grand Théâtre de Genève 5, place de Neuve. Du lundi au samedi de 10 h à 18 h et jusqu’à 19 h 30 les jours de spectacle. Le dimanche dès 1 h 30 avant le début de la représentation. Par téléphone T + 41 22 322 50 50. Du lundi au samedi de 10 h à 18 h Par courriel, fax ou courrier Billetterie du Grand Théâtre CP 5126 - CH 1211 Genève 11 billetterie@geneveopera.ch F + 41 22 322 50 51 En ligne sur le site www.geneveopera.ch Réservez vos places et collectez-les à la billetterie du Grand Théâtre ou imprimez-les directement à votre domicile. Les places réservées sont à régler dans les 48 h. Selon les délais, les billets réservés et payés peuvent être envoyés à domicile (Fr. 4.- / frais de port). Modes de paiement acceptés : Mastercard et Visa

Soirées entreprises Les entreprises souhaitant organiser une soirée au Grand Théâtre peuvent prendre contact avec Jessica Decosterd T +41 22 322 50 58 F + 41 22 322 50 98 j.decosterd@geneveopera.ch

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Formulaire d’inscription sur www.geneveopera.ch

Tarif spéciaux

Dans le réseau FNAC en Suisse et en France

Billets jeunes 25 % de réduction sur le plein tarif billetterie à partir de la catégorie C pour les jeunes de moins de 26 ans.

Tarifs réduits Un justificatif doit être présenté ou envoyé pour tout achat de billet à tarif réduit.

Carte 20 ans/20 francs Réduction de Fr 2.- sur l’achat de billet au tarif jeune et un programme de spectacle offert (Une pièce d’identité sera demandée pour accéder à la salle).

Remboursement / échange Les billets sont remboursés ou échangés seulement lors d’annulation de spectacle et non en cas de modifications de programmation ou de distribution en cours de saison. Les abonnés du Grand Théâtre ainsi que les détenteurs de la carte fidélité du Grand Théâtre de Genève peuvent changer leurs dates de spectacles jusqu’à la veille de la représentions avant midi (1 er échange gratuit, puis Fr. 5.- par commande sauf pour les détenteurs du Grand abonnement Carré d’or). Réservation de groupe Les associations et groupements à but non lucratif peuvent réserver des places de spectacle à tarifs préférentiels durant toute la saison. Dossier spécial et réservation T +41 22 322 50 50 F + 41 22 322 50 51 c.druelle@geneveopera.ch

Titulaires du chéquier culture Réduction de Fr. 10.- par chèque sur l’achat de places de spectacle à la billetterie du Grand Théâtre (chèques cumulables) Passedanse Avec le Passedanse (valeur de Fr. 20.-), vous obtenez des réductions tarifaires sur les spectales chorégraphiques du Grand Théâtre de Genève et des partenaires du Passedanse. Tarifs personnes en situation de handicap Gratuité pour l’accompagnant d’une personne malvoyante ou aveugle ; surclassement pour les personnes à mobilité réduite, malentendantes ou sourdes. Billets Last minute Dans la limite des places disponibles, des places à Fr. 30.ou Fr. 50.- sont proposées dès une heure avant le début des spectacles aux jeunes jusqu’à 26 ans, aux étudiants et aux adhérents Labo-M sur présentation d’une pièce justificative.

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mécénat & partenariat En soutenant le Grand Théâtre de Genève vous êtes partenaire de l’excellence

Vous participez au développement d’un acteur majeur de la vie culturelle genevoise, qui réunit plus de 100 000 spectateurs chaque saison. Vous permettez la réalisation de projets culturels innovants. Au travers de projets artistiques dédiés vous encouragez la sensibilisation de nouveaux publics. Vous montrez votre attachement à la diffusion du spectacle vivant. Vous soutenez une institution employant plus de 300 personnes dont près de 100 artistes, dont l’activité favorise l’économie locale et le rayonnement de Genève. La musique et son langage universel donnent accès à un public extrêmement large et diversifié, et important. L’impact médiatique et l’image positive que le Grand Théâtre de Genève véhicule bénéficient à nos partenaires au travers d’une visibilité élégante. Enfin, vous bénéficiez d’un accès privilégié au Grand Théâtre et à ses spectacles pour offrir à vos collaborateurs, clients et partenaires un moment de prestige.

Contactez-nous pour une offre personnalisée. Jessica Decosterd T + 41 22 322 50 58 F + 41 22 322 50 98 j.decosterd@geneveopera.ch

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La Fondation du Grand Théâtre La Fondation du Grand Théâtre de Genève est une Fondation d’intérêt public communal, subventionnée par la Ville de Genève, dont l’objet est artistique et culturel.Le but de la Fondation est d’assurer l’exploitation du Grand Théâtre de Genève, notamment en y organisant des spectacles d’art lyrique, chorégraphique et dramatique. Le Statut de la Fondation a fait l’objet d’une loi cantonale de 1964. La Fondation est composée de quatorze membres désignés par le Conseil municipal et le Conseil administratif de la Ville de Genève. Le Bureau compte cinq membres du Conseil de Fondation. Conseil de Fondation Mme Lorella Bertani, présidente M. Guy-Olivier Segond, vice-président Mme Anne Carron-Cescato, secrétaire M. Claude Demole M. Sami Kanaan M. Rémy Pagani M. Manuel Tornare M. Pierre Conne M. Philippe Juvet Mme Danièle Magnin Mme Françoise de Mestral M. Albert Rodrik M. Pierre Scherb M. Jean Spielmann M. Guy Demole, président d’honneur M. Jean-Flavien Lalive, président d’honneur † situation au 1.09.2013

Secrétariat Mme Stéphanie Scheiwiller T +41 22 322 51 71 F +41 22 322 50 01 s.scheiwiller@geneveopera.ch

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cercle du grand Théâtre Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement. Bureau (septembre 2013) M. Luc Argand, président M. David Lachat, vice-président M. Gabriel Safdié, trésorier Mme Véronique Walter, secrétaire Mme Françoise de Mestral Autres membres du Comité (septembre 2013) S. A. S. la Princesse Andrienne d’Arenberg Mme Muriel Chaponnière Rochat M. Gerson Waechter M. Pierre-Alain Wavre Membres bienfaiteurs M. et Mme Luc Argand Mme René Augereau M. et Mme Claude Demole M. et Mme Guy Demole Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Fondation Hans Wilsdorf M. et Mme Pierre Keller MM. Lombard Odier & Cie M. et Mme Trifon Natsis M. et Mme Yves Oltramare Mrs Laurel Polleys-Camus Union Bancaire Privée – UBP SA M. Pierre-Alain Wavre M. et Mme Gérard Wertheimer Membres individuels S. A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis S. A. S. La Princesse Etienne d’Arenberg Mme Dominique Arpels M. Ronald Asmar Mme Véronique Barbey Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn

M. et Mme Gérard Bauer Mme Maria Pilar de la Béraudière M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna Prof. et Mme Julien Bogousslavsky Mme Christiane Boulanger Comtesse Brandolini d’Adda Mme Robert Briner Mme Caroline Caffin M. et Mme Alexandre Catsiapis Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat Mme Anne Chevalley M. et Mme Neville Cook M. Jean-Pierre Cubizolle M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado Mme Maria Embiricos Mme Diane Etter-Soutter Mme Clarina Firmenich Mme Pierre-Claude Fournet M. et Mme Eric Freymond Mme Manja Gidéon Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Claudia Groothaert M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière Mme Bernard Haccius M. Alex Hoffmann M. et Mme Philippe Jabre M. et Mme Eric Jacquet M. Romain Jordan Mme Madeleine Kogevinas M. et Mme Jean Kohler M. David Lachat M. Marko Lacin M. et Mme Pierre Lardy Mme Guy Lefort Mme Eric Lescure Mme Eva Lundin M. Ian Lundin M. Bernard Mach Mme France Majoie Le Lous

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M. et Mme Colin Maltby M. Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus Mme Anne Maus M. et Mme Charles de Mestral Mme Vera Michalski M. et Mme Francis Minkoff M. et Mme Bernard Momméja M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue Mme Laurence Naville M. et Mme Philippe Nordmann M. et Mme Alan Parker M. et Mme Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Mme Ruth Rappaport M. et Mme Andreas Rötheli M. Jean-Louis du Roy de Blicquy M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint-Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. et Mme Paul Saurel M. Julien Schoenlaub Mme Claudio Segré Baron et Baronne Seillière M. Thierry Servant Marquis et Marquise Enrico Spinola Mme Christiane Steck M. André-Pierre Tardy M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller M. Richard de Tscharner M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. Pierre Vernes M. et Mme Julien Vielle M. et Mme Olivier Vodoz

Mme Bérénice Waechter M. Gerson Waechter Mme Véronique Walter M. et Mme Lionel de Weck Mme Paul-Annik Weiller Mme Julie Wynne Membres institutionnels 1875 Finance SA Banque Pâris Bertrand Sturdza SA Christie’s (International) SA Credit Suisse SA Fondation BNP Paribas Suisse Fondation Bru Givaudan SA Gonet & Cie, Banquiers Privés H de P (Holding de Picciotto) SA JT International SA Lenz & Staehelin MKB Conseil & Coaching La Réserve, Genève SGS SA Vacheron Constantin Inscriptions Cercle du Grand Théâtre de Genève Mme Gwénola Trutat 11, boulevard du Théâtre • CH-1211 Genève 11 T +41 22 321 85 77 F +41 22 321 85 79 du lundi au vendredi de 8 h à 12 h cercle@geneveopera.ch

Compte bancaire N° 530 290 MM. Pictet & Cie Organe de révision Plafida SA

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le grand théâtre l’équipe Direction générale Directeur général Tobias Richter Assistante du directeur général Sarah Bürer Secrétariat général Secrétaire général Claus Hässig Secrétaire Stéphanie Scheiwiller Artistique Conseiller artistique & dramaturge Daniel Dollé Assistant dramaturge Benoît Payn Chargé de mission artistique Mathieu Poncet Ballet Directeur du Ballet Philippe Cohen Adjoint Vitorio Casarin Coordinatrice administrative Émilie Schaffter Maîtres de ballet Grant Aris, Grégory Deltenre Pianiste Serafima Demianova Danseuses Fernanda Barbosa, Ornella Capece Gabriela Gomez, Andie Masazza, Virginie Nopper, Yu Otagaki, Angela Rebelo, Isabelle Schramm, Sara Shigenari, Sarawanee Tanatanit, Daniela Zaghini Danseurs Joseph Aitken, Loris Bonani, Natan Bouzy, Aurélien Dougé, Paul Girard, Armando Gonzalez, Vladimir Ippolitov, Xavier Juyon, Nathanaël Marie, Geoffrey Van Dyck, Nahuel Vega Technique du ballet Directeur technique du ballet Philippe Duvauchelle Régisseur lumières Alexandre Bryand Régisseur plateau Mansour Walter Service médical Dr Jacques Menetrey HUG Physiothérapeute Florence Nguyen Huu Ostéopathe Bruno Soussan

Troupe des Jeunes solistes en résidence Elisa Cenni, Sophie Gordeladze, Khachik Matevosyan, Alima Mhamdi, Stephanie Lauricella Chœur Cheffe des chœurs Ching-Lien Wu Assistant/pianiste Jean-Marc Perrin Pianiste répétiteur Réginald Le Reun Régisseur et chargé de l’administration Omar Garrido Sopranos Fosca Aquaro, Magali Duceau, Györgyi Garreau-Sarlos, Nicola Hollyman, Iana Iliev, Victoria Martynenko, Martina Möller-Gosoge, Cristiana Presutti, Daniela Stoytcheva Altos Vanessa Beck-Hurst, Audrey Burgener, Dominique Cherpillod, Marianne Dellacasagrande, Lubka Favarger, Varduhi Khachatryan, Mi-Young Kim, Johanna Rittiner-Sermier Mariana Vassileva Chaveeva, Ténors Jaime Caicompai, Yong-Ping Gao, Omar Garrido, Rémi Garin, Lyonel Grélaz, Vladimir Iliev, Sanghun Lee, José Pazos, Terige Sirolli, Georgi Sredkov, Bisser Terziyski Basses Krassimir Avramov, Wolfgang Barta, Romaric Braun, Nicolas Carré, Phillip Casperd, Aleksandar Chaveev, Peter Baekeun Cho, Christophe Coulier, Harry Draganov, Seong-Ho Han, Slobodan Stankovic, Dimitri Tikhonov Production Artistique Responsable production artistique & mise en scène Ivo Guerra Assistante & Respons. figuration Matilde Fassò Resp. ressources musicales Éric Haegi

Pianistes / Chefs de chant Todd Camburn, Xavier Dami, Réginald Le Reun Régie de scène Régisseure générale Chantal Graf Régisseur de scène Jean-Pierre Dequaire Marketing et communication Resp. marketing & communication Albert Garnier Adjoint & responsable Presse Frédéric Leyat Responsable des éditions et de la création visuelle Aimery Chaigne Assistante communication Corinne Béroujon Assist. presse & communication Isabelle Jornod Concepteur communication web Wladislas Marian Chargée du mécénat et des partenariats Jessica Decosterd Chargée du service pédagogique Kathereen Abhervé Chargé du public jeune Christopher Park Archiviste Anne Zendali Accueil et publics Responsable de l’accueil des publics Pascal Berlie Personnel d’accueil Herminia Bernardo Pinhao, Ludmila Bédert, Sophie Berret, Philippe Boaron, Charlène Boudineau, Karla Boyle, Bastien Cambon, Caroline Cariage, Michel Denis Chappellaz, Chantal Chevallier, Marie-Odile Clementz, Marie Delorme, Patricia Diaz, Valentin Herrero, Feka Iljaz, Pouyan Farzam, Teymour Kadjar, Na Lin, Ada Lopez Linarez Hunziker, Nelli Kazaryan Peter, Guillaume Louis, Xénia Mahaut Gobet, Morgane Manni, Marlène Maret, Jacky Merteau, Nicolas Muller, Flavio Perret-Gentil, Juliette Riccaboni, Marine Roy, Chantal Siegenthaler, Tamim Mahmoud, Alihuen Vera, Charlotte Villard, David von Numers

Technique Directeur technique Jean-Yves Barralon Adjointe administrative Sabine Buchard Ingénieur bâtiment et sécurité Pierre Frei Responsable d’entretien Thierry Grasset Menuisier de plateau et chargé de l’entretien Jean-François Mauvis Bureau d’études Ingénieur bureau d’études Alexandre Forissier Chargé d’études de productions Fabrice Bondier Assistant Christophe Poncin Dessinateurs Stéphane Abbet, Denis Chevalley, Antonio Di Stefano Manutention et transports Responsable Thomas Clément Service intérieur Huissier responsable Stéphane Condolo Huissier-ère-s Valdemar De Almeida, Valentin Herrero, Antonios Kardelis, Michèle Rindisbacher Coursiers Bernard Bouchet, Bernard Thierstein Technique de scène Adjoint au directeur technique Philippe Alvado Chefs de plateau Gabriel Lanfranchi, Stéphane Nightingale Chargée de production technique Catherine Mouvet Machinerie Chef de service Olivier Loup Sous-chefs Pascal Chevalley, Juan Calvino, Patrick Savariau Sous-chef cintrier Patrick Werlen Brigadiers Stéphane Desogus, Jean-Claude Durand, Henrique Fernandes Da Silva, Yannick Sicilia

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Sous-brigadiers Stéphane Catillaz, Manuel Gandara, Johny Perillard Machinistes cintriers Vincent Campoy, Stéphane Guillaume, Alfio Scarvaglieri, Nicolas Tagand Machinistes Gérard Berdat, Philippe Calame, Éric Clertant, Jérôme Favre, Sedrak Gyumushyan, Michel Jarrin, Daniel Jimeno, Sulay Jobe, Julien Pache, Hervé Pellaud Son et vidéo Chef de service Michel Boudineau Sous-chef Claudio Muller Techniciens Amin Barka, Charles Mugel, Jean-Marc Pinget, éclairage Chef de service Simon Trottet Sous-chefs de production Marius Echenard, Robin Minkhorst Sous-chef opérateur lumières et informatique de scène Stéphane Gomez Coordinateur de production Blaise Schaffter Technicien-ne-s éclairagistes Serge Alérini, Dinko Baresic, Salim Boussalia, Stéphane Estève, Hélène König, Camille Rocher, Juan Vera Electronicien Patrick Villois Opérateurs lumière et informatique de scène Clément Brat, Florent Farinelli, David Martinez Responsable entretien électrique Fabian Pracchia Accessoires Chef de service Damien Bernard Sous-chef Patrick Sengstag Accessoiristes Vincent Bezzola, Joëlle Bonzon, Françoise Chavaillaz, Cédric Pointurier Solinas, Anik Polo, Padrut Tacchella, Cécilia Viola, Pierre Wüllenweber Electromécanique Chef de service Jean-Christophe Pégatoquet

Sous-chef José-Pierre Areny Electromécaniciens David Bouvrat, Robert De Almeida, Stéphane Resplendino, Christophe Seydoux, Emmanuel Vernamonte Habillage Cheffe de service Joëlle Muller Sous-cheffe Cécile Cottet-Nègre Responsable costumes Ballet Julie Delieutraz Habilleur-euse-s Caroline Bault, Raphaële Bouvier, Gloria del Castillo, Angélique Ducrot, France Durel, Philippe Jungo, Olga Kondrachina, Christelle Majeur, Lorena Vanzo Pallante, Léa Perarnau Perruques et maquillage Cheffe de service Karine Cuendet Sous-cheffe Christelle Paillard Perruquier-ère-s et maquilleur-euse-s Bernd Goetze, Cécile Jouen, Muriel Pignon-Heinis Ateliers décors Chef des ateliers décors Michel Chapatte Assistant Christophe Poncin Magasiniers Maurice Bossotto, Marcel Géroudet

Peinture et décoration Chef de service Fabrice Carmona Sous-chef Christophe Ryser Peintres Gemy Aïk, Ali Bachir-Chérif, Stéphane Croisier, Bernard Riegler Tapisserie-décoration Chef de service Dominique Baumgartner Sous-chef Philippe Lavorel Tapissier-ères-s et décorateur-trice-s Pierre Broillet, Fanny Silva Caldari, Daniela De Rocchi, Dominique Humair Rotaru, Raphaël Loviat Ateliers costumes Cheffe des ateliers costumes Fabienne Duc Assistant-e-s Alain Bürki , Mahi Durel, Armindo Faustino-Portas Atelier de couture Responsable de fabrication Martine Roy Costumières Marina Harrington, Gerda Salathé Tailleur-e-s Lurdes Do Quental, Khaled Issa Couturier-ère-s Amar Ait-Braham, Sophie de Blonay, Ivanna Costa, Marie Hirschi, Gwenaëlle Mury, Deborah Parini, Xavier Randrianarison, Ana-Maria Rivera, Soizic Rudant, Liliane Tallent, Astrid Walter

Menuiserie Chef de service Stéphane Batzli Sous-chef Claude Jan-Du-Chêne Chef d’équipe Roberto Serafini Menuisiers Grégory Benjamin, Pedro Brito, Giovanni Conte, Christian Furrer, Frédéric Gisiger, Philippe Moret

Atelier de décoration & accessoires costumes Responsable Isabelle Pellissier-Duc Décoratrices Corinne Baudraz, Emanuela Notaro

Serrurerie Contremaître Serge Helbling Serruriers Patrick Barthe, Yves Dubuis, Patrice Dumonthey, Marc Falconnat

Service financier Chef de service Philippe Bangerter Comptables Paola Andreetta, Andreana Bolea, Chantal Chappot, Laure Masnaghetti, Sandrine Perotti

Atelier cuir Responsable Michel Blessemaille Cordonnières Salomé Davoine, Catherine Stuppi

Billetterie Responsable billetterie et développement commercial Jean-Pascal Cottalorda Adjointe Carine Druelle Collaboratrices billetterie Fanny Claivaz, Hawa Diallo-Singaré, NN Informatique Chef de service Marco Reichardt Administrateurs informatique & télécoms Lionel Bolou, Ludovic Jacob Restauration Responsable restauration, Christian Lechevrel Cuisinier Olivier Marguin Collaborateur-trice-s Norberto Cavaco, Maria Savino Ressources Humaines Responsable des ressources humaines - Juriste Denis Collé Assistante Priscilla Richon-Carinci Gestionnaires ressources humaines Valérie Aklin, Marina Bello, Luciana Hernandez

Personnel supplémentaire temporaire saison 13-14 Billetterie Murielle Ackermann Création visuelle & édition Sandra Gonzalez (apprentie) Technique de scène Bryan Mouchet (apprenti) Marketing & communication Mallory Gerber (stagiaire) électromécanique William Bernardet (apprenti) Atelier décors Luna Pevereda (stagiaire) Ressources Humaines Romina Giusti (apprentie) Cuir Kim Scheidegger (apprentie) Peinture-décoration Line Helfer (apprentie) Ateliers costumes Yaël Marcuse

Situation au 01.09.13

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prochainement Opéra

théâtre

Die Walküre

La Dernière Victime

Première journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen en 3 actes Au Grand Théâtre 7,13,16 novembre 2013 à 18 h 10 novembre 2013 à 15 h Direction musicale Ingo Metzmacher Mise en scène Dieter Dorn Décors & costumes Jürgen Rose Lumières Tobias Löffler Expression corporelle Heinz Wanitschek Avec Will Hartmann, Tom Fox, Günther Groissböck, Michaela Kaune, Petra Lang, Elena Zhidkova, Katja Levin, Marion Ammann, Lucie Roche, Ahlima Mhamdi, Rena Harms, Stephanie Lauricella, Suzanne Hendrix, Laura Nykänen Orchestre de la Suisse Romande

Au Grand Théâtre Production du Théâtre d’art de Moscou Directeur artistique Oleg Tabakov Mise en scène Youri Eremine 11 octobre 2013 à 19 h 30 Avec Marina Zoudina, Oleg Tabakov, Maxim Matveev, Olga Barnette, Valeri Khlevinski, Darya Yourskay, Avangarde Leontiev Version originale en russe surtitrée en français

Conférence de présentation par Christian Merlin En collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. Mercredi 6 novembre 2013 à 18 h 15 au Grand Théâtre

récital

Mariinsky Academy

Académie des jeunes chanteurs du Théâtre Mariinski Au Grand Théâtre Dimanche 20 octobre 2013 à 19 h 30 Piano Larissa Gergieva Soprano Maria Bayankina Mezzo-soprano Irina Shishkova Ténor Ilia Selivanov Baryton Grigory Chernetsov

spectacle

Le Cas Wagner Au Grand Théâtre (Grande salle) Vendredi 8 novembre 2013 à 19 h 30 Marc Bonnant, Bernard-Henri Lévy et Alain Carré mettent en scène le « Procès » de Richard Wagner.

Directeur de la publication : Tobias Richter Responsable de la rédaction : Daniel Dollé Responsable de l’édition : Aimery Chaigne Coordination : Corinne Béroujon Révision : Christopher Park ont collaboré à ce programme : Sandra Gonzalez, Isabelle Jornod, Benoît Payn Impression : SRO-Kundig Genève Achevé d’imprimer en septembre 2013

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bnpparibas.ch

Passion et partage La Fondation de bienfaisance de la banque Pictet est fière de soutenir le projet «Les jeunes au cœur du Grand Théâtre». En participant à ce programme de formation, nous nous engageons en faveur de la génération à venir. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir offrir aux talents de demain l’opportunité de découvrir les joies de l’opéra et du ballet, et peut-être même de susciter des vocations. Les associés de Pictet & Cie vous souhaitent une très belle saison 2013-2014. La Fondation BNP Paribas en Suisse encourage la création culturelle et la préservation du patrimoine des musées. Elle est le partenaire fondateur et principal de la Troupe des jeunes solistes en résidence au Grand Théâtre de Genève. Elle s’engage aussi pour la recherche dans le domaine de la santé ainsi que dans de multiples projets en faveur de l’éducation et de la solidarité.

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Nous souteNoNs les jeuNes solistes eN résideNce au GraNd théâtre de GeNève.

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