1516 - programme opéra n° 46 - La Forza del Destino - 02/16

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SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE

PARTENAIRES DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE ASSOCIATION DES COMMUNES GENEVOISES

CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

ÉTAT DE GENÈVE

PARTENAIRE FONDATEUR DE LA TROUPE DES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE

PARTENAIRE DE SAISON

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Livret de Francesco Maria Piave, d’après la pièce d’Ángel de Saavedra Don Álvaro o La Fuerza del sino, avec une scène de la pièce de Schiller Wallensteins Lager traduite par Andrea Maffei. Créé le 10 novembre 1862 à Saint-Pétersbourg, au Théâtre impérial. Edition critique Ph. Gossett, University of Chicago Press, Chicago & Londres, Casa Ricordi, Milan

avec la participation de l’Orchestre de la Suisse Romande

Chanté en italien Durée : approx. 3 h 20 (incluant 1 entracte)

Diffusion stéréo samedi 12 mars 2016 à 20 h Dans l’émission « À l’opéra ». Une production de Paul-André Demierre Fréquences FM 100.1 et 100.7

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Atelier blvdr, Silvia Francia — Photo  : © GTG/Aurélien Bergot.

Espace 2, une voix s’élève

Avant-scène Toute l’actualité lyrique : interviews, reportages, coups de cœur. Samedi, 19h—20h

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Direction musicale

Paolo Arrivabeni Le Marquis de Calatrava Donna Leonora Don Carlo di Vargas Don Alvaro Preziosilla Le Père gardien Frère Melitone Curra L’Alcade Maître Trabuco Un chirurgien

Alexander Teliga Csilla Boross Franco Vassallo Aquiles Machado Ahlima Mhamdi * Vitalij Kowaljow José Fardilha Johanna Ritiner Sermier ** Nicolas Carré ** Rémi Garin ** Seong-Ho Han ** * Membre de la Troupe des jeunes solistes en résidence ** Membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève

Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction

Alan Woodbridge

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SOMMAIRE

Prélude Introduction Argument Synopsis

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Lettres de Verdi Verdi et la Russie d’André Lischke Les opéras de Verdi

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Libretto/Livret

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de Francesco Maria Piave

Où le destin frappe d’André Tubeuf

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Références Cette année-là... Genève en 1862

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Production Biographies

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Informations pratiques Billetterie du Grand Théâtre Mécénat & partenariat Fondation du Grand Théâtre Cercle du Grand Théâtre Le Grand Théâtre : l’équipe

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Prochainement

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PRÉLUDE

par Daniel Dollé

L’œuvre

Malgré son désir de ne plus composer après avoir écrit Un ballo in maschera, Verdi se laisse convaincre par sa femme, Guiseppina, d’écrire un nouvel opéra pour le Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg. Après le refus de Ruy Blas par le censeur de la cour du tsar, Verdi se tourne vers un drame romantique espagnol, Don Álvaro o la fuerza del sino, de Ángel de Saavedra, IIIème duc de Rivas. L’œuvre, achevée fin 1861, est créée le 10 novembre 1862. L’opéra connaît un succès moyen, de même qu’à Madrid en 1863. Estimant le dénouement trop sanglant, tous les personnages principaux mourant sur scène, Verdi envisage une révision. Elle intervient en 1868 après le succès de Don Carlos. Piave victime d’une attaque cérébrale et paralysé en 1867, le compositeur se tourne vers Ghislanzoni, un poète, librettiste et journaliste. La première de la version révisée, à La Scala de Milan, connut un véritable succès. La critique la plus courante à l’encontre de cette œuvre est qu’elle manque de cohérence et semble décousue. Le principe de l’unité de temps n’est plus respecté et des scènes tragiques jouxtent des scènes comiques. Ces incohérences apparentes ne sont pas le fruit du hasard, mais sont voulues par le compositeur pour accentuer la puissance du Destin.

L’intrigue

Dans la maison du marquis de Calatrava, Leonora, sa fille, attend la venue de Don Alvaro, pour fuir avec lui. Le marquis surprend les amants. Alvaro tue accidentellement le marquis. Dans un village de montagne, Don Carlos di Varga, déguisé en étudiant, est à la recherche de sa sœur, pour venger la mort de leur père. Leonora, habillée en homme, reconnaît son frère. Preziosilla, la gitane, annonce la guerre entre l’Italie et la France et entonne une canzone. Leonora cherche à échapper à son frère et trouve refuge au monastère où elle est accueillie par Fra Melitone et Padre Guardiano. Leonora, bénie par Guardiano, se retire comme ermite dans une grotte. En Italie, plusieurs années après, Alvaro s’est auréolé de gloire. Il prie Leonora, qu’il croit morte, de lui redonner courage. Il sauve la vie de Carlo. Les deux hommes échangent de faux noms pour garder le secret de leur identité. Alvaro

grièvement blessé confie un pli à Carlo qui brûle de l’ouvrir, car Carlo soupçonne Alvaro d’être le séducteur de sa sœur. Lorsque Alvaro est remis, Carlo lui révèle son identité et que Leonora est en vie. Carlo reste inflexible, le duel est inévitable, mais interrompu par des soldats. Don Alvaro cherche refuge dans un cloître. Cinq ans plus tard, Carlo retrouve son ennemi devenu homme d’église à l’ermitage de Hornachuelos. Cette fois, Alvaro se défend et blesse mortellement Carlo, mais ne peut empêcher ce dernier de poignarder sa propre sœur.

La musique

Compositeur des passions sublimées, Verdi nous livre une œuvre fondamentalement romantique. Elle constitue probablement sa dernière œuvre populaire. La partition aligne des tonalités multiples : intimistes, militaires, religieuses, ironiques, ou encore agressives. La fatalité est mise en exergue par la proximité de scènes banales et quotidiennes. La vie continue pour les êtres que côtoient Leonora et Alvaro, alors qu’eux sont victimes, prisonniers du destin. La malédiction, qui poursuit les deux héros, prend son origine dans la mort du marquis. Le thème musical du destin est exposé pour la première fois lorsque le Marquis de Calatrava surprend les deux amants. Il possède une double signification, celle de la fuite et celle de la poursuite qui devient persécution. À la vengeance aveugle s’oppose la Miséricorde qui donne lieu à un second thème central qui s’oppose à celui du Destin. À la fin de l’ouvrage, les deux thèmes convergent, une convergence annoncée dès l’ouverture par leur superposition. L’ouverture, sans doute la plus célèbre de Verdi, est basée sur l’alternance de Mi majeur et de Mi mineur. Fréquemment exécutée en concert, elle opte pour une conclusion à la française, proche d’Auber, ou d’Ambroise Thomas. On entend souvent les trois Mi de l’ouverture, c’est l’appel du destin. L’incroyable veine mélodique de Verdi et la puissance dramatique de son orchestration contribuent amplement au succès de cette œuvre qui continue à diviser les mélomanes et les musicologues.

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INTRODUCTION

by Daniel Dollé

The work

Despite his decision to give up composing after Un ballo in maschera, Verdi let himself be convinced by his wife Giuseppina to write a new opera for the Imperial Theater of Saint Petersburg. After the text he had proposed – Hugo’s Ruy Blas – was turned down by the tsar’s censor, Verdi opted for a Spanish romantic drama, Don Alvaro o La fuerza del sino, by Ángel de Saavedra, 3rd Duke of Rivas. Due to certain similarities in the plot, Verdi was afraid lest he makes another Il Trovatore. The work was almost finished in 1861 and premiered on 10 November 1862. At its premiere, the opera had an only moderate success, repeated in Madrid in 1863. Judging the ending too violent – all the main characters died on stage – Verdi was considering a revision. This was done in 1868 after the success of Don Carlos, when, Piave being paralyzed after a stroke in 1867, Verdi turned to Ghislanzoni – a poet, librettist and journalist. The opening night of the revised version at Milan’s La Scala had genuine success. The most frequent criticism of this work is that it lacks coherence and seems disjointed the principle of time unison is not respected and the tragic scenes are interspersed with comedy. Nonetheless, these apparent incoherences are not haphazard; they are deliberately set by the composer to emphasize Destiny’s power.

The plot

In the house of Marquis de Calatrava, his daughter Leonora is waiting for Don Alvaro with whom she intends to flee. The marquis takes them by surprise and Alvaro kills him accidentally. In a mountain village, Don Carlo de Vargas, disguised as a student, is looking for his sister Leonora with the intention to revenge their father’s death. Leonora, dressed as a man, recognizes her brother. Preziosilla, a gipsy woman, announces the war between Italy and France while singing a canzone. Leonora tries to escape her brother and finds refuge at the monastery where she is received by Fra Melitone and Father Guardiano. Leonora obtains Father Guardiano’s blessing to take orders and live as a hermit in a nearby cave. Several years later, Alvaro, now covered in glory in Italy, invokes

Leonora, whom he believes to be dead, to give him courage. He saves Carlo’s life. The two men keep their identity secret under false names. When mortally wounded, Alvaro entrusts a letter to Carlo, who burns to open it because he suspects that Alvaro is the seducer of his sister. When Alvaro recovers, Carlo reveals to him his identity and that Leonora is alive. He challenges Alvaro to a duel, which is interrupted by some soldiers. Don Alvaro seeks shelter in a convent. Five years later, Carlo has tracked down his enemy who has become a monk at the hermitage of Hornachuelos. This time Alvaro defends himself and wounds mortally Carlo, but is unable to prevent the latter from stabbing his own sister to death.

The music

Composer of sublimated passions, Verdi offers us an essentially romantic work, probably the last of his popular works. The score aligns multiple tonalities: intimist, military, religious, ironic, and also aggressive. Fatality is underscored in the juxtaposition with everyday and banal scenes. While life goes on for everyone around Leonora and Alvaro, they are victims, destiny’s prisoners. The malediction that follows the two protagonists originates in the marquis’s death. The musical theme of destiny is first heard when Marquis de Calatrava takes the lovers by surprise. It has a double meaning – that of the flight and pursuit, which becomes persecution. Blind vengeance is opposed by Mercy, which gives rise to a second central theme contrasting that of Destiny. At the end of the work the two themes converge, a merging that has been announced since the overture by their superposition. The overture, no doubt Verdi’s most famous one, is based on the alternation of E major and E minor. Frequently performed in concert version, it has a French-style conclusion, reminiscent of Auber or Ambroise Thomas. We hear repeatedly the threefold E of the overture, the call of destiny. Verdi’s incredible melodic vein and the dramatic power of his orchestration contribute greatly to the success of this work, which continues to divide the opinions of music lovers and musicologists. Translation: Petya Ivanova

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ARGUMENT L’action se déroule au XVIIIème siècle, en Espagne et en Italie. Acte I Dans son château des environs de Séville, le vieux marquis de Calatrava rend visite à sa fille, la comtesse Leonora de Vargas. Le marquis ayant regagné ses appartements, Leonora confie à sa suivante, Curra, le remords qu’elle éprouve à rompre avec sa famille et fuir avec Don Alvaro, un Péruvien que ses origines excluent de la noblesse espagnole, car il a du sang inca. Leonora hésite, prise de remords, et propose à Alvaro, qui vient d’arriver, de remettre l’enlèvement à la nuit suivante, afin qu’elle puisse revoir une fois encore son père. Le jeune homme croit comprendre qu’elle ne l’aime plus et Leonora s’efforce de le convaincre que ses sentiments restent inchangés. Le marquis, alerté par les éclats de voix, revient et surprend les amoureux au moment où ils s’apprêtent à partir. Il accuse Alvaro de séduire sa fille et tient sur ses origines des propos outrageants. L’infortuné Alvaro se borne à jurer que ses intentions sont pures et, d’un geste d’humilité quitte ses armes. Mais à peine son pistolet a-t-il touché le sol que le coup part, blessant mortellement le marquis, qui expire en maudissant sa fille. Acte II Dans une auberge de campagne, Leonora, habillée en homme et accompagnée du muletier Trabuco, reconnaît parmi les autres convives son frère Don Carlo de Vargas, lui-même déguisé en étudiant. Décidé à venger la mort de son père, il s’est lancé à la recherche de sa sœur et d’Alvaro. Leonora est désespérée car, depuis la nuit fatale, elle a perdu la trace d’Alvaro. Son trouble augmente lorsqu’elle reconnaît son frère et entend son serment de vengeance. Elle apprend ainsi qu’Alvaro est toujours en vie et pense qu’il l’a abandonnée à son sort. Pendant ce temps, la Bohémienne Preziosilla exhorte tous les hommes à partir se battre en Italie contre les Autrichiens. Il fait à peine jour quand Leonora, épuisée, arrive à la porte du couvent. Agenouillée au clair de la lune, elle implore la protection de la Vierge (Madre, pietosa Vergine). Elle frappe à la porte, et demande à Fra Melitone qui lui répond de voir le père supé-

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rieur. Celui-ci s’effraie d’abord en découvrant qu’il a affaire à une femme et, qui plus est, à Leonora de Vargas. Leonora se confesse et supplie le religieux de lui permettre de mener une vie d’ermite dans une grotte pas loin du monastère. D’abord réticent, il finit par donner son autorisation, et convoque tous les moines en leur faisant jurer, sous peine de damnation, de ne jamais s’approcher de l’ermitage de Leonora ni de chercher à percer son secret. Reconnaissante, elle s’agenouille et chante, avec les moines, une émouvante prière (La Vergine degli angeli). Acte III Croyant Leonora morte, Alvaro est devenu capitaine sous un faux nom dans les forces espagnoles qui guerroient en Italie. Il sauve la vie d’un officier mêlé à une rixe : il s’agit de Carlo de Vargas, le frère de Leonora, son ennemi mortel. Les deux hommes qui ne se connaissent pas et ont pris des noms d’emprunt, se jurent une amitié éternelle. Grièvement blessé, Alvaro a été transporté dans la tente de Carlo, qui le félicite sur sa bravoure et lui promet l’Ordre de Calatrava. Alvaro, en entendant prononcer ce nom, ne peut s’empêcher de tressaillir. Pris d’un funeste pressentiment, il confie à son ami la clé d’un coffret, en le priant d’en brûler le contenu sans le lire s’il venait à mourir. Carlo s’y engage. Cependant, la réaction passagère d’Alvaro a éveillé ses soupçons sur la véritable identité de son ami. Il ouvre le coffret, d’où tombe un portrait de Leonora. À ce moment précis, le médecin de camp entre et apprend à Carlo que son ami est sauvé. Carlo pousse un cri de joie sauvage, car il pourra accomplir sa vengeance sur Alvaro et Leonora (E salvo! oh, gioia immensa…). Deux mois ont passé. Alvaro, rétabli, est rejoint par Carlo qui révèle sa véritable identité et le provoque en duel. Alvaro, apprenant que Leonora vit toujours, refuse d’abord de tirer l’épée. Quelques insultes l’y décident et le duel commence, mais les deux hommes sont rapidement séparés par une patrouille. Horrifié de devoir toujours verser du sang, Alvaro décide d’entrer dans les ordres et de chercher la paix dans un couvent.

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Couverture de la partition pour chant et piano de La Forza del Destino Ernesto Fontana, 1869 Musée de La Scala de Milan, Italie Lithographie

© DE AGOSTINI PICTURE LIBRARY / G. DAGLI ORTI / BRIDGEMAN IMAGES

Acte IV Cinq ans plus tard. Dans la cour du monastère, Fra Melitone distribue la soupe aux pauvres, tout en manifestant à plusieurs reprises son irritation. Le père supérieur l’invite à se montrer plus tolérant tandis que la foule compare sa mauvaise humeur à la douceur du frère Raphaël, qui n’est autre qu’Alvaro. Don Carlo, qui a réussi à trouver la trace d’Alvaro, fait sonner la cloche de l’entrée et demande le frère Raphaël. Alvaro apparaît et Carlo triomphe. Alvaro refuse l’épée que l’autre lui tend, demandant grâce, mais Carlo multiplie les provocations pour déclencher le duel, et finalement réussit en frappant Alvaro au visage. Ne voulant pas se battre dans ce lieu saint, les deux hommes se précipitent à l’extérieur. Leonora, sur le seuil de son ermitage, prie pour la paix (Pace, pace, mio Dio). Elle ne peut oublier ni son infortune ni son amour pour Alvaro. Soudain, elle entend le cliquetis des épées et, effrayée, se précipite dans sa cellule. Mortellement blessé, Carlo supplie Alvaro de le confesser et de lui donner l’absolution. Se croyant damné, Alvaro refuse et court chercher l’ermite. Il découvre avec stupeur que celle-ci n’est autre que Leonora. Leonora réconforte le mourant mais Carlo rassemble ses dernières forces pour poignarder sa sœur avant de mourir. Alvaro accuse le Ciel des malheurs qui l’accablent. Il faut pour le ramener à la raison les exhortations du prieur, auxquelles Leonora, expirante, joint la voix de l’amour et de la résignation.

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SYNOPSIS Act 1 Leonora, the daughter of the Marquis of Calatrava, is preparing to elope with her lover, Don Alvaro, when her father surprises them and challenges Don Alvaro, who, however, refuses to fight and throws down his pistol. Unfortunately, when striking the floor, it goes off and and kills the Marquis, who dies laying a curse on his daughter. Act 2 His son, Don Carlo, devotes his life to the execution of vengeance on Leonora and on his father’s murderer, travelling throughout Spain to find them. We first see him, in the assumed role of a student, at a country inn where Leonora too, disguised as a young man, is passing the night. Listening, unseen, to her brother’s conversation, she learns that Don Alvaro is not, as she thought, dead. In order to expiate her sin she goes to a convent where, in spite of the objections of the porter, Fra Melitone, she succeeds in obtaining an interview with the Father Superior. To him she reveals her identity and sex, and after much hesitation he consents to allow her to inhabit in the garb of a monk a disused hermit’s cave in the vicinity. Summoning the brethren he informs them that the hermit’s cave will once again be occupied but that nobody is to approach it or try to discover the identity of the occupant. Act 3 In the meantime war has broken out between the Spaniards and the Germans; and at Velletri, on the eve of a decisive battle, Don Alvaro, under a false name, is able to rescue Don Carlo, of whose true identity he remains unaware, from the attack of some murderous ruffians; whereupon the two men swear friendship. Severely wounded in the subsequent battle, Don Alvaro is carried in on a stretcher and gives to his new friend a sealed packet extracting a promise of its destruction unopened in the event of his death. For various reasons, however, Don Carlo has begun to suspect the identity of the wounded man, a suspicion confirmed by the accidental discovery of a portrait

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of Leonora. He has now only to bide his time to execute vengeance. This, when he is convinced of Don Alvaro’s recovery, he tries to do by challenging Alvaro to a duel on which he furiously insists despite the latter’s agonised protestations of the innocence of his intentions. Alvaro claims his innocence both in regard to the Marquis’ death and to Leonora, of whom he has been continuously in search. The arrival of a patrol and the arrest of Don Carlo put an end to the duel, but Don Alvaro exclaims that henceforward nothing but the peace and forgetfulness of a monastic life can satisfy him. Act 4 The monastery he enters is the same as that in which Leonora was received when she appealed to the charity of the Father Superior. Though in religion he had taken the name of Brother Raffaele, Alvaro’s identity and whereabouts are eventually discovered by Don Carlo, Leonora’s brother, who comes to the monastery to challenge him once more to a duel. Don Alvaro, pleading his monastic vows and absence of evil intentions, repeatedly refuses but finally, goaded by Don Carlos’ taunts and insults, he snatches a sword. The duel takes place close to the supposed hermit’s cave. When Don Carlo, mortally wounded, calls for a priest, the distracted Don Alvaro violently beats on the door to summon the holy man. Hardly able to believe his eyes, he sees that the hermit is none other than Leonora who, informed of what has occurred, hurries away to do what she can for her dying brother. He, however, upon recognizing his sister summons up his remaining strength to stab her to the heart. Don Alvaro is left to curse the blind, remorseless Force of Destiny, but the Father Superior reproves him. Leonora, with her last breath, promises him God’s forgiveness.

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Genèse de l’œuvre Lettres de Verdi

Extrait de Verdi par Verdi textes choisis, traduits et présentés par Gérard Gefen, Paris: L’Archipel, 2001. Verdi à Cesare de Sanctis [Sant’Agata], le 18 juin 1869 Bravo ! Bravo ! Venez à Sant’Agata. Nous aurons tant de choses à nous dire sans parler du temps que nous passerons à parler de votre théâtre au sujet duquel nous serons difficilement d’accord. Vous n’avez pas voulu me comprendre. Sauf Tiberini, qui n’est pas le dernier mais le premier de tous dans La Forza del destino, les autres ne sont pas assez sûrs d’eux et ne sont pas capables d’obtenir tout l’effet voulu. La recette pour obtenir des succès (je parle des grands et vrais succès) est la suivante : ou bien l’opéra est fait pour les chanteurs ou les chanteurs pour l’opéra. Vos chanteurs ont une grande réputation et la direction a très bien fait d’engager ces artistes, du moment qu’ils plaisent tellement à votre public, mais il faut dans ce cas leur trouver des opéras qui leur soient mieux adaptés ou, mieux encore, en faire écrire exprès pour eux. Je sais bien que les opéras nouveaux peuvent ne pas réussir, mais cela vaut mieux que de sacrifier un opéra qui pourrait réussir dans d’autres circonstances. Savez-vous le nombre d’opéras qui ont un vrai mérite et qui tombent parce qu’on les monte sans les comprendre ? Le rôle de Preziosilla ne peut ni ne doit être changé, or vous n’avez ni Preziosilla ni Melitone, alors que ces rôles sont très importants et, d’un certain point de vue, les premiers de l’opéra. Verdi à la Comtesse Maffei Naples, le 29 décembre 1872 Chère Clarina, Bonjour et bonne année. C’est-à-dire santé et paix ! La tranquillité ! C’est la meilleure chose du monde et c’est ce que je désire le plus en ce moment. Pourquoi diable me suis-je mis en tête de patauger encore dans les affaires du théâtre !... Moi qui

jouissais depuis des années de la paisible vie du paysan !... Maintenant que je suis dans le bal, il faut danser et je peux vous assurer qu’on danse bien ici. J’étais au courant des désordres qu’il y avait dans ce théâtre, mais ni moi ni personne ne pouvions imaginer ce qu’ils sont. Il est impossible de décrire l’ignorance, l’inertie, l’apathie, le désordre, l’abandon de tous, de tout pour tout ! Ce n’est pas croyable ! Je ne peux m’empêcher de rire lorsque je pense, à tête reposée, à tout le mal que je me donne, aux états dans lesquels je me mets par mon obstination à vouloir de toutes mes forces. J’ai l’impression que tout le monde me regarde en riant et en disant : « Il est fou, celui-là ! » Oh ! ma vanité a été bien punie ! Je dois avouer que j’ai eu un moment de vanité lorsque le gouvernement supprima les subventions des théâtres. Je me suis dit : « Eh bien, faisons voir à ce gouvernement qu’il a tort et que nous pourrons faire des choses sans lui. » Je me rendis alors à Milan pour La Forza del destino. On trouva beaucoup à redire sur la musique, mais le spectacle et l’exécution des grands ensembles en imposèrent. Et c’était ce que je voulais. Je suis retourné pour Aïda, même histoire pour la musique (celle de La Forza del destino était, entre-temps, devenue bonne), mais encore une fois le spectacle et l’exécution furent un succès et grosse recette. Je me rendis à Parme et le succès fut, là aussi, grand : toujours un théâtre brillant et une forte recette. Je vins à Naples dans l’espoir de réussir également. Mais ici, patatras, la terre se dérobe sous mes pieds et je ne sais où prendre appui. C’est bien fait pour moi. Ma vanité a été bien punie. Je suis maintenant bien dégrisé 1 et, si pour mon malheur je n’avais pas pris d’autres 1

En français dans le texte.

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LETTRES DE VERDI

engagements avec Ricordi (imbécile que je suis), je partirais immédiatement bêcher mes champs, même de nuit, afin d’oublier complètement et la musique et les théâtres. [...] Au mois de décembre 1860, le grand ténor Enrico Tamberlick adresse à Verdi cette lettre de la part de la direction du théâtre impérial de Saint-Pétersbourg  Ici, la direction vous offre tous les avantages que vous pourrez souhaiter si vous consentez à écrire une partition pour la saison prochaine. Vous en choisirez l’argument, le librettiste, vous poserez les conditions que vous voudrez, vous garderez la propriété de l’œuvre. [...] Le climat, contrairement à ce qu’on dit, n’est pas si terrible. Les appartements délicieusement réchauffés rendent la vie domestique infiniment plus facile, plus agréable que dans n’importe quel pays du Midi... Ici, on voit le froid, mais on ne le sent pas... Puisqu’il avait le choix du sujet, Verdi proposa Ruy Blas, qu’il songeait depuis longtemps à mettre en musique. Mais la censure tsariste opposa son veto à un thème aussi séditieux... Tamberlick envoya alors en ambassadeur son f ils Achille, « jeune homme instruit, aimable, distingué et d’une patience !... oh ! quelle patience ! » comme le nota Giuseppina. Finalement, Verdi choisit un autre sujet espagnol qu’il caressait aussi depuis quelques années, La Forza del destino, d’après un drame d’Angel de Saavedra di Riva. Le 7 juin, l’Italie fut frappée par « un coup de foudre inattendu » : la mort de Cavour. Verdi se trouvait sur le point de partir pour Turin. Verdi au comte Opprandino Arrivabene Au moment de partir, j’apprends la terrible nouvelle qui me tue. Je n’ai pas le courage de venir à Turin, ni celui d’assister aux funérailles de cet Homme... Quel malheur, quel abîme de désolation... La mort de Cavour réduisit considérablement les activités politiques de Verdi. Contrairement à ce qu’il avait annoncé, Verdi ne démissionna pas de son mandat, qu’il exerça jusqu’à son terme, mais il se f it beaucoup plus rare au Parlement et ne se représenta pas.

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Giuseppina Verdi à Mauro Corticelli 2 Busseto, 17 juillet 1861 Donc, si le Diable ne vient pas nous prendre avant, nous nous retrouverons tous dans les perpétuels sorbets de Saint-Pétersbourg. Verdi dit qu’il a fait une bêtise en signant ce contrat, parce que cela l’oblige à travailler et donc à transpirer excessivement pendant l’été pour venir ensuite se rafraîchir excessivement pendant l’hiver. Il faudra des tagliatelli et des maccheroni vraiment parfaits pour le mettre de bonne humeur au milieu des glaces et des fourrures. [...] À propos, et tant que je m’en souviens : si la Ristori croit nous surpasser, nous dominer avec ses tagliatelli, Verdi compte l’éclipser avec son risotto qu’il fait divinement bien, à la vérité. [...] Nous resterons en Russie trois mois environ, c’està-dire du 1er novembre à la fin de janvier 1862 et nous serons quatre à manger, deux patrons et deux domestiques. Si un interprète est indispensable, et s’il est d’usage de lui assurer la nourriture, nous serons donc cinq au lieu de quatre. Tu pourrais donc faire pour nous, dans cette proportion, les provisions que tu fais pour la Ristori en ce qui concerne le riz, les maccheroni, le fromage, le saucisson et quelques denrées qu’on ne trouve pas en Russie ou qu’on ne trouve qu’à un prix exorbitant. Pour le vin, voici en quantité et en qualité ce que Verdi désirerait : bordeaux pour la table quotidienne : 100 bouteilles ; bordeaux fin : 20 bouteilles ; champagne : 20 bouteilles. Verdi à Tito Ricordi 22 novembre 1861 L’opéra est fini, sauf l’instrumentation. Verdi à Piave 22 novembre 1861 L’opéra est fini, mais le livret a besoin d’une petite coupe au 4e acte et de quelques vers.

2

Mauro Corticelli était un agent et ami de Giuseppina qui avait fait une tournée en Russie avec la grande actrice Adelaide Ristori, coqueluche de Saint-Pétersbourg.

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LETTRES DE VERDI

© DE AGOSTINI PICTURE LIBRARY / BRIDGEMAN IMAGES

Verdi à Tito Ricordi Saint-Pétersbourg, 21 décembre 1861 Nous sommes ici depuis 15 jours et Piave t’aura donné de mes nouvelles : inutile donc de te dire que le voyage n’a pas été aussi épouvantable et qu’on ne souffre pas du tout du froid. Les répétitions de l’opéra n’ont pas encore commencé... Verdi à Tito Ricordi 24 janvier 1862 La Grua [qui devait chanter le rôle de Leonora] est malade et les autres chanteuses ne convenant pas à mon nouvel opéra, nous avons convenu de créer celui-ci lors de la prochaine saison, en novembre.

Des patriotes italiens écrivant le slogan Viva Verdi contre l’occupation autrichienne. Anonyme, 1859 gravure

Extrait du Journal de Saint-Pétersbourg, 12 novembre 1862 (en français) Nous sortons de la première représentation du nouvel opéra que le maestro Verdi a spécialement écrit pour le théâtre italien de Saint-Pétersbourg. Nous ne voulons pas que ce numéro du journal soit mis sous presse sans y constater le brillant succès obtenu par cette belle œuvre. [...] Nous estimons que la Forza del destino est de tous les ouvrages de Verdi le plus complet, sous le rapport de l’inspiration et de la richesse des mélodies, comme au point de vue du développement et de l’orchestration. Toutefois, la Gazzetta musicale de Milan nota que lors de la seconde représentation... une minorité insignif iante se mit en tête de faire une manifestation en faveur de l’école nationale russe et donc contre la musique italienne... La tentative échoua...

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Verdi et la Russie (extrait de l’article d’André Lischke*paru dans L’Avant-Scène Opéra, N° 200, 2001)

Amour d’un public facilement conquis par l’impact de la musique et la teneur émotionnelle des sujets, et défiance mêlée d’estime de la plupart des professionnels, tel aura été très schématiquement le lot de Verdi au pays des tsars, et cette attitude continue encore à prévaloir aujourd’hui, à travers son mélange d’adhésion musicale spontanée et d’une certaine distanciation.

*André Lischke est un musicologue et traducteur français né à Paris en 1952, spécialiste de la musique russe. En tant que journaliste et critique musical, il collabore aux magazines comme Diapason, L’Avant-scène Opéra ou Lyrica. Il est aussi producteur d’émissions radiophoniques.

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L

’opéra italien de Verdi et de ses prédécesseurs s’est aisément et largement implanté dans la Russie du XIXème siècle, et le tableau publié ci-contre, donnant les dates de création des principaux opéras de Verdi à Saint-Pétersbourg, montre qu’il s’est rarement écoulé beaucoup de temps entre la naissance de l’ouvrage et sa révélation sur la scène russe. Il reste que les rapports des Russes avec Verdi ont été contradictoires et point toujours faciles à définir ni à synthétiser. Le seul contact direct de Verdi avec la Russie est lié à La Force du destin, commande qu’il reçut de l’Opéra de Saint-Pétersbourg. À l’origine de l’idée se trouvait le ténor Tamberlick, soliste de l’opéra italien de la capitale russe. Les premiers contacts entre lui et Verdi datent de décembre 1860, régénérant l’inspiration du Maestro, qui depuis Un Bal masqué croyait avoir mis un point final à sa carrière. Après avoir songé à Ruy Blas, c’est finalement pour une pièce espagnole Don Alvaro o la fuerza del sino qu’il opte, et dont Francesco Maria Piave réalise l’adaptation. Verdi arrive à Saint-Pétersbourg en novembre 1861, avant même d’avoir achevé sa partition, qu’il terminera sur place. Des difficultés diverses (maladie de la prima donna, contentieux financiers, intri-

gues) retardent d’un an la création qui aura lieu le 29 octobre/10 novembre 1862 1. Le succès est moyen, sans plus, même si l’empereur Alexandre II, après avoir vu la représentation, comble Verdi d’éloges et lui décerne la Croix de Saint-Stanislas. Le compte rendu le plus significatif sur la création pétersbourgeoise fut celui d’Alexandre Serov. Ce 1

Rappelons que la version originale jouée à SaintPétersbourg présente certaines différences avec celle remaniée par Verdi en 1868-69. L’original ne comportait pas la célèbre ouverture, mais simplement un court prélude qui en apparaît comme la première mouture. Les chansons de Preziosilla « AI suon del tamburo » et « Venite all’indovina » étaient dans des tonalités plus graves à l’origine ; l’air de Carlo au troisième acte « Morir! Tremenda cosa » s’enchaîne directement avec le choeur « Lorché pifferi », le chœur « Compagni sostiamo » n’existant pas encore ; le grand duo d’Alvaro et de Carlo « Sleale! Il segreto fu dunque violato » se situe à la fin du troisième acte, après le fameux « Rataplan » de Preziosilla ; au quatrième, le monologue de Carlo « Invano Alvaro » n’existait pas encore ; la scène finale était plus intensément mélodramatique : Leonora était poignardée par son frère sur scène et Alvaro, à la vue de la double mort de Carlo et de Leonora, se jetait dans le précipice, sur fond de chœur des moines.

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compositeur (1820-1871) auteur en tout et pour tout de trois opéras (Judith, Rogneda, La Puissance du Mal) a été un musicographe prolixe, d’un esprit très partisan, exégète de Glinka et de la musique nationale en même temps que germanophile, défenseur de Wagner, mais adversaire, pour l’essentiel, de l’opéra italien et de Verdi. Ayant consciencieusement démoli, avec une même injustice méprisante, à peine nuancée sur quelques points, La Traviata, Les Vêpres siciliennes (Giovanna di Guzman) et Luisa Miller, il s’est cependant montré plus nuancé sur La Force du destin, dans son grand article intitulé Verdi et son nouvel opéra. « Comme tout talent puissant, écrit-il, Verdi reflète en totalité sa nationalité et son époque. Il est la voix de l’Italie contemporaine, non pas celle paresseusement somnolente ou se divertissant avec insouciance dans les opéras de Rossini et de Donizetti, non pas l’Italie tendrement sentimentale et pleurarde de Bellini, mais l’Italie éveillée à sa propre conscience, l’Italie secouée par les tempêtes politiques, l’Italie vaillante et ardente jusqu’à l’effervescence. » Il loue son sens des antithèses et du relief des contrastes, la véracité psychologique des personnages. Mais il critique aussi « l’esprit de routine, très fort en lui, qui éloigne son style d’opéra des idéaux vers lesquels doit tendre la musique dramatique de notre époque ». Il faut prendre en compte que les propos critiques de Serov ont pu parfois dépasser sa pensée, dont le fond était conditionné par l’excès d’importance que l’opéra italien avait pris, selon lui, dans la vie musicale russe. Verdi et Tchaïkovski Les sujets verdiens, dans leurs grands traits, présentent clairement des points communs avec certains sujets d’opéras russes : thème d’une patrie en situation de danger ou à un tournant décisif de son histoire dans le mouvement de laquelle les sorts individuels sont absorbés, télescopage d’influences entre le pouvoir laïc et le pouvoir religieux, ou entre des ambitions politiques convergentes, et dénouements violents, verdicts d’une destinée qui vient trancher le nœud gordien des conflits humains. Ainsi par leur finalité

et par la nature de leur problématique La Vie pour le tsar, Boris Godounov, La Khovantchina, La Pskovitaine, Mazeppa auraient- ils pu être, mutatis mutandis, des sujets verdiens. Rien, en revanche, chez le Maestro italien, de la féerie et des merveilles légendaires qui constituent l’autre aspect, non moins important, de l’opéra russe ! [...] Pour [...] conclure sur les jugements [sur les œuvres verdiennes] de diverses personnalités musicales russes, les moins surprenants ne sont certes pas ceux de Stravinsky, qui nous aura de tous temps habitués, il est vrai, à des enthousiasmes – ou des condamnations – qu’on n’aurait guère attendus de lui : « J’ai un amour exceptionnel pour Verdi, plus que pour Wagner. La musique de Verdi est claire, vivante, théâtrale, enfin c’est tout simplement une musique qui est belle en soi. [...] Verdi, puissant Verdi ! Combien de choses superbes dans ses premières œuvres, et même dans les dernières, d’ailleurs. Je l’admire sans réserves – voilà vraiment un grand compositeur. Je préfère Verdi à tout ce que le XIXème siècle a pu donner. »

Premières représentations des principaux opéras de Verdi à Saint-Pétersbourg

(Au Théâtre Italien, sauf pour Otello en 1887) I Lombardi alla prima crociata Ernani I due Foscari Giovanna d’Arco Nabucco Rigoletto Il trovatore La Traviata Les Vêpres siciliennes Luisa Miller Un ballo in maschera La Forza del destino Don Carlo Aida Otello

septembre 1845 septembre 1846 janvier 1847 décembre 1849 16 décembre 1851 31 janvier 1853 12 novembre 1854 19 septembre 1856 23 novembre 1857 21 décembre 1857 17 novembre 1861 10 novembre 1862 décembre 1868 19 novembre 1875 26 novembre 1887 (au Théâtre Mariinski)

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Les opéras de Verdi 1813 1831 1839 1840 1842 1843 1844 1845 1846 1847

1848

Oberto, Conte di San Bonifacio [Milan, 17/11] Un Giorno di Regno (Il finto Stanislao) [Milan, 5/09] Nabucco (Nabucodonosor) [Milan, 9/03] I Lombardi alla prima crocciata [Milan, 11/02] Ernani [Venise, 9/03] I due Foscari [Rome, 3/11] Giovanna d’Arco [Milan, 15/12] Alzira [Naples, 12/08] Attila [Venise, 17/03] Macbeth [Florence, 14/03] I Masnadieri [Londres, 22/07] Jerusalem (révision de I Lombardi) [Paris, 26/11] Il Corsaro [Trieste, 25/10]

Le patriote Giuseppe Mazzini, exilé, fonde une société secrète, « la Jeune Italie », dont le manifeste vise à l’établissement d’une République unitaire et démocratique, inspirée du déisme du XVIIIème siècle, et appelle à des soulèvements populaires.

Le Quarantotto : le premier et le plus long des mouvements populaires du « printemps des peuples » européen, en germe depuis 1846 et encouragé au départ par le pape Pie IX, lequel incite les souverains en place à des concessions libérales. Par la suite, Pie  IX se désolidarise de la cause libérale.

La Battaglia di Legnano [Rome, 27/01] Luisa Milller [Naples, 8 décembre]

[9 février] les Républicains de Mazzini proclament la République romaine, bientôt imités par la Toscane et Gênes. Le pape désormais acquis à un conservatisme rigide s’est réfugié à Gaète devant la montée des sentiments démocratiques.

1850 1851 1853

Stiffelio [Trieste, 16/11] Rigoletto [Venise, 11/03] Il Trovatore [Rome, 19/01] La Traviata [Venise, 6/03] Les Vêpres siciliennes [Paris, 13/06] Simon Boccanegra [Venise, 12/03] Aroldo (révision de Stiffelio) [Rimini, 16/08] Un ballo in maschera [Rome, 17/02]

Le président du Conseil Cavour incarne l’idéal modéré et unitaire de la bourgeoisie. Cavour obtient l’appui de la France qui alliée aux troupes piémontaises chasse l’occupant autrichien de Lombardie.

1859

et en Russie ?

[10/10] naissance de Verdi (Wagner naît le 22/05)

1849

1855 1857

[1855-1881] règne d’Alexandre II, qui entreprend une série de grandes réformes amorçant le passage à un régime moderne de liberté individuelle et égalité civile.

1860

L’Italie centrale et le royaume de Naples, soulevés par le patriote Garibaldi s’unissent au Piémont.

Essor de l’intelligentsia révolutionnaire, mouvements de nihilisme et populisme ; naissance du mouvement ouvrier.

1861

Proclamation du Royaume d’Italie. Victor-Emmanuel en est le premier souverain (Victor Emmanuel Roi d’Italie : V.E.R.D.I.)

Abolition du servage ; plus de 1 800 émeutes de paysans éclatent partout dans le pays ; naissance des mouvements clandestins contre le gouvernement.

1862 1865 1867 1871 1874 1881 1884 1887 1893

24

Que se passe-t-il en Italie ?

La Forza del destino [Saint-Pétersbourg, 10/11] Macbeth (version révisée) [Paris, 21/05] Don Carlos (version française en 5 actes) [Paris, 11/03] Aida [Le Caire, 24/12] Messa da Requiem [Milan, 22/05] Simon Boccanegra (version révisée) [Milan, 24/03] Don Carlo (version italienne en 4 actes) [Milan, 10/01] Otello [Milan, 5/02] Falstaff [Milan, 9/02]

Tentative de Garibaldi contre Rome. La bataille de l’Aspromonte.

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Melodramma in quattro atti Prima rappresentazione 10 novembre 1862, Pietroburgo (Teatro Imperiale) Melodramma en quatre actes Première représentation Saint-Pétersbourg, Théâtre impérial, 10 novembre 1862

LA FORZA DEL DESTINO LA FORCE DU DESTIN Libretto / Livret

Francesco Maria Piave

personaggi personnages

Il marchese di Calatrava (basso) Donna Leonora, figlia del marchese (soprano) Don Carlo di Vargas, figlio del marchese (baritono) Don Alvaro (tenore) Padre guardiano, francescano (basso) Fra Melitone, francescano (baritono) Preziosilla, giovane zingara (mezzosoprano) Curra, cameriera di Leonora (soprano) Il alcade (basso) Mastro Trabuco, mulattiere, poi rivendugliolo (tenore) Un chirurgo, militare spagnolo (tenore)

coro

Mulattieri, paesani spagnoli e italiani, soldati spagnoli e italiani, frati francescani, questuanti

ruolo di comparsa

Paesani e vivandiere spagnole e italiane, soldati spagnoli e italiani

Le marquis de Calatrava (Basse) Donna Leonora, sa fille (Soprano) Don Carlo di Vargas, son fils (Baryton) Don Alvaro, amant de Leonora (Ténor) Le Père Gardien, franciscain (basse) Frère Melitone, franciscain (Baryton) Preziosilla, jeune bohémienne (Mezzo-soprano) Curra, camériste de Leonora (soprano) L’Alcade (basse) Maître Trabuco, muletier puis marchand ambulant (Ténor) Un chirurgien militaire espagnol (Ténor)

chœur

Muletiers, paysans espagnols et italiens, soldats espagnols et italiens, moines franciscains, pélerins, mendiants

figuration

Paysans et cantinières espagnols et italiens, soldats espagnols et italiens

L’azione è in Spagna e Italia. L’epoca: verso la metà del XVIII secolo L’action se déroule en Espagne et en Italie. L’époque : vers le milieu du XVIIIème siècle.

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

ATTO PRIMO

PREMIER ACTE

Siviglia Una sala tappezzata di damasco con ritratti di famiglia ed arme gentilizie, addobbata nello stile del secolo 18o, però in cattivo stato. Di fronte due f inestre; quella a sinistra è chiusa, l’altra a destra è praticabile, dalla quale si vede un cielo purissimo, illuminato dalla luna, e cime di alberi. Tra le f inestre è un grande armadio chiuso, contenente vesti, biancherie, ecc. Ognuna delle pareti laterali ha due porte.

Séville Une salle tendue de damas, avec des portraits de famille et des armes de noblesse, ornée dans le style du XVIIIème siècle mais passablement délabrée. Dans le fond, deux fenêtres : celle de gauche est fermée ; celle de droite est ouverte et permet de voir un ciel tout dégagé, avec un beau clair de lune et la cime des arbres. Entre les fenêtres, une grande armoire fermée, qui contient des vêtements, du linge, etc. Chacun des murs latéraux est percé d’une porte.

(Il Marchese di Calatrava, con lume in mano, sta congedandosi da Donna Leonora, preoccupata; Curra viene dalla sinistra.)

(Le Marquis de Calatrava, un flambeau à la main, prend congé pour la nuit de Leonora qui reste préoccupée. Curra entre par la gauche.)

MARCHESE

LE MARQUIS

Buona notte, mia figlia. Addio, diletta. Aperto ancora è quel veron.

Bonne nuit, ma fille. Adieu, ma chérie. Ce balcon est encore ouvert !

(Va a chiuderlo.) LEONORA

(fra sé)

Oh, angoscia!

LEONORA

(à part)

Ah, quelle angoisse !

MARCHESE

LE MARQUIS

Nulla dice il tuo amor? Perché sì triste?

Ton amour se tait ? Pourquoi es-tu si triste ?

LEONORA

LEONORA

Padre...Signor...

Mon père... Monsieur.

MARCHESE

LE MARQUIS

La pura aura de’ campi pace al tuo cor donava. Fuggisti lo straniero di te indegno. A me lascia la cura dell’avvenir; nel padre tuo confida che t’ama tanto.

L’air pur de la campagne avait calmé ton cœur. Tu as fui cet étranger indigne de toi. Laisse-moi donc prendre soin de l’avenir. Fie-toi à ton père qui t’aime tant.

LEONORA

LEONORA

Ah, padre!

Ah, mon père !

MARCHESE

LE MARQUIS

Ebben, che t’ange? Non pianger.

Eh bien, qu’as-tu donc ? Ne pleure pas.

LEONORA

(fra sé)

Oh, rimorso!

LEONORA

(à part)

Oh, quel remords !

MARCHESE

LE MARQUIS

Ti lascio.

Je te laisse.

LEONORA

(gettandosi con effusione tra le braccia del padre)

Ah, padre mio!

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(Il va le fermer.)

LEONORA (se

jetant impulsivement dans ses bras)

Ah, mon cher père !

MARCHESE

LE MARQUIS

Ti benedica il cielo. Addio. Addio.

Que le ciel te bénisse. Adieu.

LEONORA

LEONORA

Addio.

Adieu.

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

(Le Marquis l’embrasse, et se retire dans sa chambre. Curra ferme la porte par laquelle il est sorti et revient vers Leonora qui pleure.)

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

(Il marchese l’abbraccia, riprende il lume, e va nelle sue stanze. Curra chiude la porta dietro il Marchese, e riviene a Leonora la quale piange.)

CURRA

CURRA

J’avais peur qu’il ne restât jusqu’à demain ! Rouvrons le balcon. Préparons tout. Et partons.

Temea restasse qui fino a domani! Si riapra il veron. Tutto s’appronti, e andiamo.

(Elle sort de l’armoire un sac dans lequel elle entasse du linge et des vêtements.)

(Toglie dall’armadio un sacco da notte in cui ripone biancheria e vesti.)

LEONORA

LEONORA

Et ce père, qui m’aime tant, resterait insensible à mes vœux ? Non, non, je ne puis m’y résoudre.

E sì amoroso padre, avverso fia tanto ai voti miei? No, no, decidermi non so.

CURRA

CURRA

Que dites-vous ?

Che dite?

LEONORA

LEONORA

Ses mots me frappaient au cœur comme des coups de poignard. S’il était resté, je lui aurais révélé la vérité...

Quegli accenti nel cor, come pugnali scendevanmi. Se ancor restava, appreso il ver gli avrei...

CURRA

(en cessant son travail)

Alors, demain aurait coulé le sang de Don Alvaro, ou il aurait été emprisonné à Séville et peut-être promis au gibet.

CURRA

(smettendo il lavoro)

Domani allor nel sangue suo, saria Don Alvaro, od a Siviglia prigioniero, e forse al patibol poi.

LEONORA

LEONORA

Tais-toi !

Taci!

CURRA

CURRA

Et tout cela pour avoir voulu aimer qui ne l’aimait pas.

E tutto questo perch’egli volle amar chi non l’amava.

LEONORA

LEONORA

Moi, je ne l’aime pas Tu sais bien si je l’aime... Est-ce que je n’abandonne pas pour lui ma patrie, ma famille, mon père ? Hélas, malheureuse ! Je suis trop malheureuse ! Errante et orpheline, loin du toit paternel un sort inexorable m’entraîne vers un rivage inconnu. Rempli de lugubres visions, effrayé par le remords, mon cœur est, par son désespoir condamné à des pleurs éternels, etc. Hélas, c’est dans les larmes que je te quitte, ma chère patrie ! Adieu. Hélas, une douleur aussi cruelle

Io non amarlo? Tu ben sai s’io l’ami... patria, famiglia, padre per lui non abbandono? Ahi, troppo, troppo sventurata sono! Me pellegrina ed orfana, lungi dal patrio nido, un fato inesorabile sospinge a stranio lido; colmo di tristi immagini, da’ suoi rimorsi affranto, è il cor di questa misera dannato a eterno pianto, ecc. Ti lascio, ahimè, ahimè, con lagrime dolce mia terra, addio. Ahimè, ahimè, non avrà termine

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

Per me sì gran dolore! Addio.

ne finira jamais ! Adieu.

CURRA

CURRA

M’aiuti, signorina, più presto andrem.

Aidez-moi, mademoiselle. Nous irons plus vite.

LEONORA

LEONORA

S’ei non venisse?

Et s’il ne venait pas ?

È tardi. Mezzanotte è suonata!

Il se fait tard. Minuit a sonné, déjà !

(Guarda l’orologio.) (contenta)

Ah no, più non verrà!

(contente)

Ah, non, il ne viendra plus !

CURRA

CURRA

Qual rumore! Calpestio di cavalli!

Ce bruit... Un piétinement de chevaux !

LEONORA

LEONORA

È desso!

C’est lui!

CURRA

CURRA

Era impossibil ch’ei non venisse!

Il était impossible qu’il ne vînt pas !

LEONORA

LEONORA

Oh Dio!

Ciel !

CURRA

CURRA

Bando al timore.

Chassez vos craintes.

(Don Alvaro entra dal verone e si getta tra le braccia di Leonora.)

(Don Alvaro entre par le balcon et se jette dans les bras de Leonora.)

DON ALVARO

DON ALVARO

Ah, per sempre, o mio bell’angiol, ne congiunge il cielo adesso! L’universo in questo amplesso io mi veggo giubilar.

Ah, mon bel ange, c’est pour toujours que le ciel désormais nous unit ! Et je sens en moi, à cette étreinte, toute la joie de l’univers.

LEONORA

LEONORA

Don Alvaro!

Don Alvaro !

DON ALVARO

DON ALVARO

Ciel, che t’agita?

Ciel, quel trouble t’agite ?

LEONORA

LEONORA

Presso è il giorno.

Le jour va poindre.

DON ALVARO

DON ALVARO

Da lung’ora mille inciampi tua dimora m’han vietato penetrar. Ma d’amor sì puro e santo nulla opporsi può all’incanto.

Depuis plusieurs heures mille obstacles m’ont empêché de pénétrer dans ta demeure ; mais rien ne peut résister au pouvoir d’un amour si pur et si saint

E Dio stesso il nostro palpito in letizia, in letizia tramutò.

et c’est Dieu lui-même qui a changé en joie notre angoisse.

Quelle vesti dal verone getta...

Jette ces vêtements par la fenêtre.

(a Curra)

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(Elle regarde l’horloge.)

(à Curra)

GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • LA FORZA DEL DESTINO | N° 46

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LEONORA

Arrête !

(à Curra)

DON ALVARO

(à Curra)

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

LEONORA

Arresta!

(a Curra)

DON ALVARO

(a Curra)

Non, non...

No, no...

Suis-moi. quitte à jamais cette prison.

Seguimi, lascia, omai, la tua prigione...

(à Leonora)

(a Leonora)

LEONORA

LEONORA

Ciel ! je ne puis m’y résoudre.

Ciel! risolvermi non so.

DON ALVARO

DON ALVARO

De rapides coursiers sont en bas. et un prêtre nous attend devant l’autel... Viens, berce en ton sein un amour que Dieu bénit du haut du ciel ! Et quand le soleil, divinité de l’Inde et seigneur de ma royale race inondera le monde de sa splendeur, ô ma bien-aimée, nous serons époux.

Pronti i destrieri di già ne attendono, un sacerdote ne aspetta all’ara. Vieni, d’amore in sen ripara che Dio dal cielo benedirà! E quando il sole, nume dell’India, di mia regale stirpe signore, il mondo inondi del suo splendore, sposi, o diletta, sposi, o diletta, ne troverà.

LEONORA

LEONORA

Il se fait tard.

È tarda l’ora...

DON ALVARO

(à Curra)

Allons, dépêche-toi. LEONORA

(à Curra)

Attends encore...

DON ALVARO

(a Curra)

Su via, t’affretta! LEONORA

(a Curra)

Ancor sospendi...

DON ALVARO

DON ALVARO

Leonora !

Eleonora!

LEONORA

LEONORA

Demain !...

Diman...

DON ALVARO

DON ALVARO

Que dis-tu ?

Che parli?

LEONORA

LEONORA

Je t’en prie, attends !

Ten prego, aspetta.

DON ALVARO

DON ALVARO

Demain !

Diman!

LEONORA

LEONORA

Nous partirons demain. Je veux revoir encore une fois mon père, mon pauvre père ; tu le voudras bien, n’est-ce pas ? Oui, parce que tu m’aimes, tu ne peux refuser. Moi aussi, tu le sais, je t’aime tant. J’en suis heureuse, oh, ciel, si heureuse ! J’ai le cœur plein de joie ! Restons... Oui, mon Alvaro, je t’aime, je t’aime !

Dimani si partirà. Anco una volta il padre mio, povero padre, veder desìo; e tu contento, gli è ver, ne sei? Sì, perché m’ami, né opporti dei... Anchi’io, tu il sai, t’amo io tanto! Ne son felice, oh cielo, quanto! Gonfio di gioia ho il cor! Restiamo... Sì, mio Alvaro, io t’amo!, io t’amo!

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Piange.)

(Elle pleure.)

DON ALVARO

DON ALVARO

Gonfio hai di gioia il core, e lagrimi! Come un sepolcro tua mano è gelida! Tutto comprendo, tutto, Signora!

Tu as le cœur plein de joie et tu pleures ! Ta main est froide comme la tombe ! Je comprends tout, tout, madame !

LEONORA

LEONORA

Alvaro! Alvaro!

Alvaro ! Alvaro !

DON ALVARO

DON ALVARO

Eleonora! Lo sol saprò soffrire. Tolga Iddio Che i passi miei per debolezza segua; Sciolgo i tuoi giuri. Le nuziali tede Sarebbero per noi segnal di morte... Se tu, com’io, non m’ami, se pentita...

Leonora ! Seul, je saurai souffrir. À Dieu ne plaise que tu suives mes pas par faiblesse. Je te délie de ton serment. Les flambeaux de l’hyménée signifieraient pour nous la mort, si tu ne m’aimes pas comme je t’aime, si tu te repens...

LEONORA

LEONORA

Son tua, son tua col core e colla vita! Seguirti fino agl’ultimi Confini della terra; Con te sfidar impavida Di rio destin la guerra, Mi fia perenne gaudio D’eterea voluttà. Ti seguo. Andiam, Dividerci il fato non potrà.

Je suis à toi, à toi mon cœur et ma vie. Ah, je te suivrai jusqu’aux derniers confins de la terre ; avec toi je défierai sans trembler les coups du destin cruel, j’en éprouverai une joie infinie, une éternelle volupté, je te suis... Partons, le sort ne pourra nous séparer.

DON ALVARO

DON ALVARO

Sospiro, luce ed anima di questo cor che t’ama; finché mi batte un palpito far paga ogni tua brama il solo ed immutabile desio per me sarà. Mi segui. Andiam, dividerci il fato non potrà.

Soupir, lumière et âme de ce cœur qui t’aime, tant qu’il me restera un souffle de vie, je n’aurai qu’un désir, qu’un seul désir immuable, exaucer ton moindre vœu. Suis-moi... Partons, le sort ne pourra nous séparer.

(S’avvicinano al verone, quando ad un tratto si sente a sinistra un aprire e chiuder di porte.) LEONORA

LEONORA

Quale rumor!

Quel est ce bruit ?

CURRA

(ascoltando)

Ascendono le scale!

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(Ils s’approchent du balcon lorsque, tout d’un coup, on entend vers la gauche s’ouvrir et se fermer une porte.)

CURRA

(en entendant)

On monte l’escalier !

DON ALVARO

DON ALVARO

Partiam...

Partons...

LEONORA

LEONORA

Partiam.

Partons.

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

DON ALVARO ET LEONORA

DON ALVARO E LEONORA

Suis-moi. Partons, le sort ne pourra nous séparer.

Mi segui/Ti seguo, andiam, dividerci il fato, no, no, non potrà.

LEONORA

LEONORA

Il est trop tard.

È tardi!

DON ALVARO

DON ALVARO

Alors, il faut rester calme.

Allor di calma è d’uopo.

CURRA

CURRA

Sainte Vierge !

Vergin santa!

LEONORA

(à Don Alvaro)

Cache-toi par là... DON ALVARO

(tirant un pistolet)

Non, je dois te protéger.

LEONORA

(a Don Alvaro)

Colà t’ascondi. DON ALVARO

(traendo una pistola)

No! Difenderti degg’io.

LEONORA

LEONORA

Laisse cette arme. Voudrais-tu t’en servir contre mon père ?

Ripon quell’arma. Contro al genitore vorresti?...

DON ALVARO

DON ALVARO

Non, contre moi-même.

No, contro me stesso!

LEONORA

LEONORA

Horreur !

Orrore!

(On entend des coups, puis la porte s’ouvre à grand bruit et le Marquis de Calatrava entre, furieux, brandissant une épée, suivi de deux serviteurs qui portent des flambeaux.)

(Dopo vari colpi apresi con strepito la porta del fondo a sinistra, ed il Marchese di Calatrava entra infuriato, brandendo una spada, e seguito da due servi con lumi.)

LE MARQUIS

MARCHESE

Vil séducteur ! Fille infâme !

Vil seduttor! Infame figlia!

LEONORA

(courant se jeter à ses pieds)

Non, mon père.

LEONORA

(correndo ai suoi piedi)

No, padre mio.

LE MARQUIS

MARCHESE

Je ne le suis plus.

lo più nol sono.

DON ALVARO

(au Marquis)

DON ALVARO

(al Marchese)

Je suis le seul coupable...

Il solo colpevole, colpevole, son io.

Frappez, vengez-vous...

Ferite, vendicatevi.

(lui montrant sa poitrine)

LE MARQUIS

(à Don Alvaro)

Non, votre conduite ne démontre que trop quel sang abject coule dans vos veines.

(presentandogli il petto)

MARCHESE

(a Don Alvaro)

No, la condotta vostra da troppo abbietta origine uscito vi dimostra.

DON ALVARO

DON ALVARO

Monsieur le Marquis !

Signor Marchese!

LE MARQUIS

(à Leonora)

Éloigne-toi.

MARCHESE

Scostati.

(a Leonora)

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(ai servi)

(aux serviteurs)

S’arresti l’empio. DON ALVARO

(cavando nuovamente la pistola)

Guai se alcun di voi si move. LEONORA

(correndo a lui)

Alvaro, oh ciel, che fai? DON ALVARO

(al Marchese)

Cedo a voi sol, ferite.

DON ALVARO

(ressortant son pistolet)

Malheur au premier qui bouge ! LEONORA

(courant vers lui)

Alvaro, ô ciel, que fais-tu ? DON ALVARO

(au Marquis)

Je ne cède qu’à vous seul, frappez !

MARCHESE

LE MARQUIS

Morir per mano mia! Per mano del carnefice tal vita estinta sia!

Tu mourrais de ma main ! C’est la main du bourreau qui mettra fin à tes jours.

DON ALVARO

DON ALVARO

Signor di Calatrava! Pura siccome gli angeli è vostra figlia, il giuro: reo son io solo. Il dubbio che l’ardir mio qui desta, si tolga colla vita. Eccomi inerme.

Monsieur de Calatrava ! Je jure que votre fille est pure comme un ange ; je suis le seul coupable. Ce doute que mon audace a éveillé en vous, arrachez-le en m’ôtant la vie. Me voici désarmé.

(Getta la pistola, che percuote al suolo, scarica il colpo, e ferisce mortalmente il Marchese.)

(Il jette son pistolet qui part en heurtant le sol, blessant mortellement le Marquis.)

MARCHESE

LE MARQUIS

lo muoio!

Je meurs !

DON ALVARO

(disperato)

Arma funesta! LEONORA

Aita!

(correndo al padre)

MARCHESE

(a Leonora)

Lungi da me! Contamina tua vista la mia morte!

DON ALVARO

(désespéré)

Arme funeste ! LEONORA

(courant à son père)

A l’aide !

LE MARQUIS

(à Leonora)

Loin de moi ! Ta vue déshonore ma mort.

LEONORA

LEONORA

Padre!

Mon père !

MARCHESE

LE MARQUIS

Ti maledico!

Je te maudis !

(Cade tra le braccia dei servi.)

(Il tombe dans les bras de ses serviteurs.)

LEONORA

LEONORA

Cielo, pietade!

Mon Dieu, pitié !

ALVARO

DON ALVARO

Oh, sorte!

Sort cruel !

(I servi portano il Marchese alle sue stanze, mentre Don Alvaro trae seco verso il verone la sventurata Leonora.)

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Emparez-vous de cet infâme.

(Les serviteurs emportent le Marquis dans sa chambre, tandis que Don Alvaro entraîne vers la fenêtre la malheureuse Leonora.)

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

DEUXIÈME ACTE

ATTO SECONDO

PREMIÈRE SCÈNE

SCENA PRIMA

Le village d’Hornachuelos Une grand cuisine d’auberge. Sur le côté, une grande table dressée sur laquelle on a posé une lanterne allumée.

Villaggio d’Hornachuelos Grande cucina d’un osteria a pian terreno. Da un lato gran tavola apparecchiata, con sopra una lucerna accesa.

(L’aubergiste et sa femme sont occupés à préparer le repas. L’Alcade est assis près du feu ; Don Carlo, le frère de Leonora, déguisé en étudiant, est près de la table. Il y a quelques muletiers, y inclus Maître Trabuco, et quelques paysans et paysannes sur la scène.)

(L’oste e l’ostessa sono affaccendati ad ammannir la cena. L’Alcade è seduto presso al fuoco; uno studente - Don Carlo, il fratello di Leonora - è seduto presso la tavola. Alquanti mulattieri, fra i quali Mastro Trabuco, e contadini sono in scena.)

LE CHŒUR

CORO

Holà, holà, holà ! Bienvenue, ô muletiers, venez passer la nuit. Holà, holà, holà ! Il faut ici, avec un bon verre, reprendre des forces !

Holà! holà! holà! Ben giungi, o mulattier, la notte a riposar. Holà! holà! holà! Qui devi col bicchier le forze ritemprar.

(L’hôtesse pose une grande soupière sur la table.) L’ALCADE

(s’asseyant à la table)

Le dîner est prêt ! TOUS

(prenant place à la table)

À table, à table ! DON CARLO

(à part)

Je cherche en vain ma sœur et son séducteur, les perfides ! LE CHŒUR

(à l’Alcade)

Bénissez ce repas.

(L’ostessa mette sulla tavola una grande zuppiera.) ALCADE

(sedendosi alla mensa)

La cena è pronta. TUTTI

(prendendo posto presso la tavola)

A cena, a cena! DON CARLO

(fra sé)

Ricerco invan la suora e il seduttore... Perfidi! TUTTI

(all’Alcade)

Voi la mensa benedite.

L’ALCADE

ALCADE

Je laisse faire le licencié.

Può farlo il licenziato.

DON CARLO

DON CARLO

Volontiers. In nomine Patris et Filii etSpiritus Sancti.

Di buon grado. In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti.

LE CHŒUR

Amen.

(s’asseyant)

TUTTI

(sedendo)

Amen.

LEONORA

LEONORA

(paraissant à la porte, habillée en homme)

(presentandosi alla porta della stanza a destra, che terrà socchiusa)

(Elle sort, l’hôtesse, ayant servi le riz, s’assied avec les autres. Trabuco se tient à part, toujours appuyé sur son bât.)

(Parte. L’ostessa avrà già distribuito il riso e siede cogli altri. In seguito è servito altro piatto. Trabuco è in disparte, sempre appoggiato al suo basto.)

Que vois-je ! Mon frère !

L’ALCADE

(goûtant)

C’est bon.

Che vedo! Mio fratello!

ALCADE

(assaggiando)

Buono.

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

DON CARLO

(mangiando)

Eccellente.

DON CARLO

(en mangeant)

Excellent.

MULATTIERI

LES MULETIERS

Par che dica, « mangiami, mangiami »

On jurerait que ça vous dit : « Mange-moi ».

DON CARLO

(all’ostessa)

Tu das epulis accumbere Divum.

DON CARLO

(à l’hôtesse)

Tu das epulis accumbere Divum.

ALCADE

L’ALCADE

Non sa il latino, ma cucina bene.

Elle ne sait pas le latin, mais elle fait bien la cuisine.

DON CARLO

DON CARLO

Viva l’ostessa!

Vive l’hôtesse !

TUTTI

TOUS

Evviva!

Vive l’hôtesse !

DON CARLO

DON CARLO

Non vien, Mastro Trabuco?

Maître Trabuco ne vient donc pas ?

TRABUCO

TRABUCO

È venerdì.

C’est vendredi.

DON CARLO

DON CARLO

Digiuna?

Vous jeûnez ?

TRABUCO

TRABUCO

Appunto!

Exactement.

DON CARLO

DON CARLO

E quella personcina con lei giunta?...

Et cette petite personne qui est arrivée avec vous ?

(Preziosilla entra.)

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LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Preziosilla entre, en sautillant.)

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Viva la guerra!

Vive la guerre !

TUTTI

TOUS

Preziosilla! Brava, brava!

Preziosilla ! Bravo ! Bravo !

DON CARLO ET CORO

DON CARLO ET LE CHŒUR

Qui, presso a me...

Venez là, près de moi...

TUTTI

TOUS

Tu la ventura dirne potrai.

Tu pourras nous dire la bonne aventure.

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Chi brama far fortuna?

Qui veut faire fortune ?

TUTTI

TOUS

Tutti il vogliam.

Nous le voulons tous.

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Correte allor soldati in Italia, dov’è rotta la guerra contro al Tedesco.

Alors courez tous, soldats, en Italie, où vient d’éclater la guerre contre les Allemands.

TUTTI

TOUS

Morte ai Tedeschi!

Mort aux Allemands !

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Fléau éternel de l’Italie et de ses fils.

Flagel d’Italia eterno, e de’ figliuoli suoi.

TOUS

TUTTI

Nous irons tous.

Tutti v’andrem, tutti v’andrem.

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Et je viendrai avec vous.

Ed io sarò con voi.

TOUS

TUTTI

Hourrah !

Viva!

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Le son du tambour, la fougue des coursiers, la nuée bleutée des épées guerrières, le murmure du camp, exaltent nos pensées ! La guerre est belle ! Vive la guerre !

Al suon del tamburo, al brio del corsiero, al nugolo azzurro del bronzo guerrier; dei campi al sussurro s’esalta il pensiero! È bella la guerra, è bella la guerra! Evviva la guerra, evviva!

TOUS

TUTTI

La guerre est belle ! Vive la guerre !

È bella la guerra! Evviva la guerra!

PREZIOSILLA

(allant de l’un à l’autre)

Si tu viens, mon frère, tu seras caporal, et toi colonel, et toi général. Le petit dieu malin, avec son arc immortel, fera sa révérence au brave officier. La guerre est belle ! Vive la guerre !

PREZIOSILLA

(volgendosi all’uno e all’altro)

Se vieni, fratello, sarai caporale; e tu colonnello, e tu generale; il dio furfantello dall’arco immortale farà di cappello al bravo uffizial... È bella la guerra, evviva la guerra!

TOUS

TUTTI

La guerre est belle ! Vive la guerre ! etc.

È bella la guerra, evviva la guerra! ecc.

DON CARLO

(lui présentant sa main)

Et que réserve le sort à l’étudiant ? PREZIOSILLA

(lisant sa main)

Oh, toi, tu auras une existence des plus malheureuses...]

DON CARLO

PREZIOSILLA

DON CARLO

DON CARLO

Che di’?

(le fixant avec les yeux)

(guardando la mano)

Oh, tu miserrime vicende avrai!

Que dis-tu ? PREZIOSILLA

(Le presenta la mano.)

E che riserbasi allo studente?

PREZIOSILLA

(fissandolo)

Ma bouche ne ment jamais...

Non mente il labbro mai...

Mais, toi, mon cher ami, je ne te crois pas. Tu n’es pas étudiant.

Ma a te, carissimo, non presto fé... Non sei studente,

(puis à voix basse)

(poi, sottovoce)

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

non dirò niente, ma, gnaffe, a me non se la fa, tra la la la!

Je ne dirai rien, mais, ma foi, ce n’est pas moi que tu berneras. Tra la la la !

TUTTI

TOUS

Evviva la guerra, ecc.

Vive la guerre, etc.

(Un gruppo di pellegrini passa fuori.) CORO DI PELLEGRINI

(fuori)

Padre Eterno Signor, pietà di noi. Divin Figlio Signor, pietà di noi. Santo Spirito Signor, pietà di noi. Uno e Trino Signor, pietà di noi. TUTTI

(alzandosi e scoprendosi la testa)

Chi sono?

LES PÈLERINS

(en coulisse)

Notre Père, notre Seigneur éternel, aie pitié de nous. Dieu le Fils, notre Seigneur, aie pitié de nous. Saint-Esprit, notre Seigneur, aie pitié de nous. Sainte Trinité. aie pitié de nous. TOUS

(se levant et ôtant leurs chapeaux)

Qui sont ces gens ?

ALCADE

L’ALCADE

Son pellegrini che vanno al giubileo.

Ce sont des pèlerins qui vont au jubilé.

LEONORA

(ricomparendo agitatissima sulla porta)

Fuggir potessi!

LEONORA

(reparaissant, très agitée, à la même porte)

Si seulement je pouvais fuir !

DON CARLO E MULATTIERI

DON CARLO ET MULETIERS

Che passino attendiamo.

Attendons qu’ils soient passés !

ALCADE

L’ALCADE

Preghiam con lor.

Prions avec eux.

TUTTI

TOUS

Preghiamo.

Prions.

Su noi prostrati e supplici stendi la man, Signore; dall’infernal malore ne salvi tua bontà. Signor, pietà.

Étends ta main, Seigneur, sur nous qui te supplions, prosternés ; que ta bonté nous protège du mal et de l’enfer ! Seigneur, aie pitié.

(Lasciano la mensa e s’inginocchiano.)

LEONORA

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(Des pèlerins passent au dehors.)

(fra sé)

(Ils quittent la table et s’agenouillent.)

LEONORA

(à part)

Ah, dal fratello salvami che anela il sangue mio; se tu nol vuoi, gran Dio, nessun mi salverà! Signor, pietà!

Ah, protège-moi de mon frère, qui veut verser mon sang : si tu refuses, grand Dieu, personne ne pourra me sauver ! Seigneur, aie pitié.

(Leonora rientra nella stanza chiudendone la porta. Tutti riprendono i loro posti. Si passano un fiasco.)

(Leonora rentre dans sa chambre, en fermant la porte. Tout le monde regagne sa place. Les bouteilles circulent.)

DON CARLO

DON CARLO

Viva la buona compagnia!

Vive la bonne compagnie !

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

TOUS

TUTTI

Vivat !

Viva!

DON CARLO

(haussant son verre)

Ici-bas, la santé, et puis la gloire éternelle. TOUS

(faisant de même)

Ainsi soit-il.

DON CARLO

(alzando il bicchiere)

Salute qui, l’eterna gloria poi... TUTTI

(facendo altrettanto)

Così sia.

DON CARLO

DON CARLO

Vous êtes déjà avec les anges, Trabuco ?

Già cogli angeli, Trabuco?

TRABUCO

TRABUCO

Comment le pourrais-je ? Avec l’enfer que vous menez!

E che? Con quest’inferno!

DON CARLO

DON CARLO

Et cette petite personne qui est venue avec vous, elle vient pour le jubilé ?

E quella personcina con lei giunta, venne pel giubileo?

TRABUCO

TRABUCO

Je n’en sais tien.

Nol so.

DON CARLO

DON CARLO

Au fait, est-ce un jeune coq ou une poulette ?

Per altro, è gallo oppur gallina?

TRABUCO

TRABUCO

Chez les voyageurs, je ne remarque que l’argent.

De’ viaggiator non bado che al danaro.

DON CARLO

DON CARLO

C’est fort sage !

Molto prudente! Molto prudente!

Et vous qui l’avez vue arriver... pourquoi ne vient-elle pas manger ?

Ed ella che giungere la vide, perché a cena non vien?

(puis à l’Alcade)

(poi, all’Alcade)

L’ALCADE

ALCADE

Je l’ignore.

L’ignoro.

DON CARLO

DON CARLO

On dit qu’elle a demandé de l’eau et du vinaigre. Ah, ah ! Pour se rafraîchir.

Dissero chiedesse acqua ed aceto. Ah, ah! Per rinfrescarsi.

L’ALCADE

ALCADE

Peut-être.

Sarà.

DON CARLO

DON CARLO

Est-il vrai qu’elle est gentille, et qu’elle n’a pas de barbe ?

È ver ch›è gentile e senza barba?

L’ALCADE

ALCADE

Je ne sais rien.

Non so nulla, non so nulla.

DON CARLO

(à part)

DON CARLO

(fra sé)

Il ne veut pas parler !

Parlar non vuol!

Dites-moi encore. sur sa mule, se tenait-elle assise ou à califourchon ?

Ancora a lei: stava sul mulo seduta o a cavalcioni?

(à Trabuco)

(a Trabuco)

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

TRABUCO

(impazientito)

Che noia!

TRABUCO

(impatient)

Vous m’ennuyez !

DON CARLO

DON CARLO

Onde veniva?

D’où venait-elle ?

TRABUCO

TRABUCO

So che andrò presto o tardi in paradiso.

Je sais en tout cas que moi, j’irai tôt ou tard au paradis.

DON CARLO

DON CARLO

Perché?

Pourquoi ?

TRABUCO

TRABUCO

Ella il purgatorio mi fa soffrir...

Parce qu’avec vous je suis au purgatoire.

DON CARLO

DON CARLO

Or dove va?

Mais où allez-vous donc ?

TRABUCO

TRABUCO

ln istalla a dormir colle mie mule, che non san di latino, né sono baccellieri.

A l’écurie, dormir avec mes mules, qui ne savent pas le latin, et qui ne sont pas bachelières.

(Esce.)

38

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Il sort.)

TUTTI

TOUS

Ah! ah! È fuggito!

Ah, ah ! Il se sauve !

DON CARLO

DON CARLO

Poich’è imberbe l’incognito, facciamgli col nero due baffetti; doman ne rideremo.

Puisque cet inconnu est imberbe, faisons-lui deux moustaches au charbon de bois, demain nous en rirons.

TUTTI

TOUS

Bravo! bravo! bravo! bravo!

Bravo ! Bravo !

ALCADE

L’ALCADE

Protegger debbo i viaggiator; m’oppongo. Meglio farebbe dirne d’onde venga, ove vada, e chi ella sia.

Je dois protéger le voyageur ; je m’y oppose. Vous feriez mieux de nous dire d’où vous venez, où vous allez, et qui vous êtes.

DON CARLO

DON CARLO

Lo vuol saper? Ecco l’istoria mia. Son Pereda, son ricco d’onore, Baccelliere mi fe’ Salamanca; sarò presto in utroque dottore, ché di studio ancor poco mi manca. Di là Vargas mi tolse da un anno, e a Siviglia con sé mi guidò. Non trattenne Pereda alcun danno, per l’amico il suo core parlò. Della suora un amante straniero colà il padre gli avea trucidato,

Vous voulez le savoir ?... Voici mon histoire. Je suis Pereda, riche d’honneur, Salamanque me fit bachelier ; je serai bientôt docteur in utroque car j’ai presque terminé mes études.... Voici un an, Vargas vint me chercher là-bas, et m’emmena avec lui à Séville. Rien n’aurait pu arrêter Pereda, son cœur lui parlait en faveur de son ami, dont la sœur avait un amant étranger qui avait assassiné son père,

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

et le fils, en valeureux gentilhomme, avait juré de le venger... Nous les poursuivîmes jusqu’à Cadix, mais sans pouvoir découvrir le sinistre couple. Pereda souffrait pour son ami car son cœur lui parlait en sa faveur. Là, et partout ailleurs, on nous raconta que la sœur séduite était morte en même temps que son père, et qu’après une bataille avec les serviteurs et les gardes, seul le vil séducteur avait pu s’enfuir. Je me séparai alors de Vargas, il jura de poursuivre le meurtrier. Il s’embarqua pour l’Amérique et Pereda s’en retourna à ses études.

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

ed il figlio, da pro’ cavaliero, la vendetta ne avea giurato; gl’inseguimmo di Cadice in riva, né la coppia fatal si trovò. Per l’amico Pereda soffriva, ché il suo core per esso parlò. Là e dovunque narrar che del pari la sedotta col vecchio perìa, ché a una zuffa tra servi e sicari solo il vil seduttore sfuggia. Io da Vargas allor mi staccava; ei seguir l’assassino giurò. Verso America il mare solcava, e Pereda a’ suoi studi tornò!

TOUS

TUTTI

Quelle affreuse histoire nous a conté Pereda ! Mais elle montre qu’il a le cœur généreux !

Truce storia Pereda narrava! Generoso il suo core mostrò, ecc.

L’ALCADE

ALCADE

C’est bien.

Sta bene.

PREZIOSILLA

(avec finesse)

Ce Marquis, il fut donc tué ?

PREZIOSILLA

(con finezza)

Ucciso fu quel Marchese?

DON CARLO

DON CARLO

Eh bien ?

Ebben?...

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Et l’assassin enleva sa fille ?

L’assassino rapìa sua figlia?

DON CARLO

DON CARLO

Oui.

Sì.

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Et vous, l’ami, fidèle et preux, vous allâtes à Cadix, après être passé à Séville Ah, ma foi, ce n’est pas moi que vous bernerez... Tra la la la !

E voi, l’amico fido, cortese, andaste a Cadice, e pria a Siviglia? Ah, gnaffe, a me non se la fa, tra la la la!

(L’Alcade se lève et regarde l’horloge.)

(L’Alcade si alza e guarda l’orologio.)

L’ALCADE

ALCADE

Mes enfants, il se fait tard ; maintenant que nous avons dîné, rendons grâces à Dieu, et partons.

Figliuoli, è tardi; poiché abbiam cenato, si rendan grazie a Dio, e partiam.

PREZIOSILLA, DON CARLO E LE CHŒUR

PREZIOSILLA, DON CARLO E CORO

Partons, partons, partons. Bonne nuit, bonne nuit.

Partiam, partiam, partiamo. Buona notte, buona notte.

TOUS

TUTTI

Holà, holà ! Voici l’heure du repos. Hauts les cœurs, muletiers ! Holà !

Holà! Holà! È l’ora di riposar. Allegri, o mulattier! Holà!

DON CARLO

DON CARLO

Je suis Pereda, riche d’honneur, etc.

Son Pereda, son ricco d’onore, ecc.

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

ALCADE

L’ALCADE

Sta ben.

C’est bien.

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

Ah, tra la la la! Ma, gnaffe, a me no se la fa.

Ah, tra la la la ! Mais, ma foi, ce n’est pas moi que tu berneras.

TUTTI

TOUS

Buon notte. Andiam, andiam.

Bonne nuit. Partons, partons.

SCENA SECONDA

DEUXIÈME SCÈNE

Vicinanze d’Hornachuelos Una piccola spianata sul declivio di scoscesa montagna. A destra precipizii e rupi; di fronte la facciata della chiesa della Madonna degli Angeli; a sinistra la porta del convento, in mezzo alla quale una f inestrella; da un lato la corda del campanello. Sopra vi è una piccola tettoia sporgente. Splende una luna chiarissima.

Environs d’Hornachuelos Une petite esplanade, au flanc d’une montagne escarpée. À droite, un précipice et des rochers ; au fond, la façade de l’église de Notre-Dame des Anges ; à gauche, la porte du couvent, percée d’un judas ; sur le côté, la corde de la clochette. Il fait un superbe clair de lune.

(Leonora giunge vestita da uomo.)

(Leonora arrive habillée en homme.)

LEONORA

LEONORA

Sono giunta! Grazie, o Dio! Estremo asil quest’è per me! Son giunta! Io tremo! La mia orrenda storia è nota in quell’albergo, e mio fratel narrolla! Se scoperta m’avesse! Cielo! Ei disse naviga vers’occaso Don Alvaro! Né morto cadde quella notte in cui io, io del sangue di mio padre intrisa, l’ho seguito e il perdei! Ed or mi lascia, mi lascia, mi fugge! Ohimè, non reggo a tant’ambascia!

Me voici arrivée ! Merci, mon Dieu ! Ce couvent est pour moi le dernier refuge ! Me voici arrivée ! Je tremble ! Ma terrible histoire est connue dans cette auberge. Mon frère l’a racontée ! S’il m’avait découverte ! Ciel ! Il a dit que Don Alvaro s’était embarqué vers l’occident ! Il n’est donc pas mort, lors de cette nuit où moi, moi, souillée du sang de mon père, je le suivis et le perdis ! Et maintenant, il m’abandonne, il me fuit ! Hélas je ne résiste plus à tant de peines.

Madre, pietosa Vergine, perdona al mio peccato. M’aita quell’ingrato dal core a cancellar. In queste solitudini espierò l’errore. Pietà di me, Signore, Deh! non m’abbandonar!

O Sainte Vierge, ma mère. pardonne mon péché. aide-moi à effacer cet ingrat de mon cœur. Dans ce lieu solitaire, j’expierai ma faute. Aie pitié de moi, Seigneur... Je t’en prie, ne m’abandonne pas.

Ah! que’ sublimi cantici...

Ces cantiques sublimes...

(Cade in ginocchio.)

(L’organo accompagna il canto mattutino dei frati.) (Si leva.)

Dell’organo i concenti, che come incenso ascendono a Dio sui firmamenti, inspirano a quest’alma fede, conforto e calma!

40

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Elle tombe à genoux.)

(L’orgue accompagne les matines des moines.) (Elle se lève.)

Les accents de l’orgue. qui, comme de l’encens, s’élèvent vers Dieu, au plus haut des cieux, inspirent à mon âme la foi, le réconfort et le calme !

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LE CHŒUR DES MOINES

(en coulisse)

Venite adoremus et procedamus ante Deum, Ploremus, ploremus coram Domino, coram Domino qui fecit nos. LEONORA

(se met en route)

Courons au saint asile. L’oserai-je, à cette heure-ci ? On pourrait me surprendre ! Oh, malheureuse Leonora, tu trembles ? Non, le saint homme ne refusera pas de t’accueillir. Ne m’abandonne pas, viens-moi en aide, pitié, Seigneur, pitié.] Ah, ne m’abandonne pas. etc.

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

CORO DI FRATI

(intorno)

Venite, adoremus et procedamus ante Deum, Ploremus, ploremus coram Domino, coram Domino qui fecit nos. LEONORA

(s’avvia)

Al santo asil accorrasi. E l’oserò a quest’ora? Alcun potria sorprendermi! Oh, misera Leonora, tremi? Il pio frate, accoglierti, no, non ricuserà. Non mi lasciar, soccorrimi, pietà, Signor pietà, Deh! non m’abbandonar! ecc.

LES MOINES

I FRATI

Ploremus, ploremus coram Domino qui fecit nos.

Ploremus, ploremus coram Domino qui fecit nos.

(Leonora sonne la clochette du couvent. Le judas de la porte d’entrée s’ouvre et l’on voit passer les rayons d’une lanterne qui éclairent le visage de Leonora ; elle recule, épouvantée. Fra Melitone lui parle de l’intérieur.)

(Leonora suona il campanello del convento. Si apre la finestrella della porta, e n’esce la luce d’una lanterna, che riverbera sul volto di Donna Leonora, la quale si arretra spaventata. Melitone parla sempre dall’interno.)

MELITONE

MELITONE

Qui êtes-vous ?

Chi siete?

LEONORA

LEONORA

Je voudrais voir le Supérieur.

Chiedo il Superiore.

MELITONE

MELITONE

Si vous venez pour le jubilé, l’église ouvre à cinq heures.

S’apre alle cinque la chiesa, se al giubileo venite.

LEONORA

LEONORA

Le Supérieur, je vous en supplie.

Il Superiore, per carità.

MELITONE

MELITONE

Il est bien l’heure de supplier !

Che carità a quest’ora!

LEONORA

LEONORA

C’est le Père Clet qui m’envoie.

Mi manda il Padre Cleto.

MELITONE

MELITONE

Ce saint homme ? Pour quelle raison ?

Quel sant’uomo? Il motivo?

LEONORA

LEONORA

Urgente.

Urgente.

MELITONE

MELITONE

Pourquoi donc ?

Perché mai?

LEONORA

LEONORA

Un malheureux...

Un infelice...

MELITONE

MELITONE

Triste chanson ! Mais j’ouvre pour vous laisser entrer.

Brutta solfa!... Però v’apro ond’entriate.

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LEONORA

LEONORA

Non posso.

Je ne puis.

MELITONE

MELITONE

No? Scomunicato siete? Ché strano fia aspettar a ciel sereno. V’annuncio, e se non torno, buona notte.

Non ? Vous êtes excommunié ? Il est bien étrange d’attendre à la belle étoile. Je vous annonce. Et si je ne reviens pas, bonne nuit.

(Chiude la finestrella.)

(Il referme le judas.)

LEONORA

LEONORA

Ma, s’ei mi respingesse! Fama pietoso il dice; Ei mi proteggerà. Vergin, m’assisti.

Mais s’il me repoussait ! On le tient pour un homme charitable. Il me protégera. Saint-Vierge, aide-moi.

(Padre Guardiano entra con Melitone.)

(Père Guardiano et Fra Melitone entrent.)

GUARDIANO

GUARDIANO

Chi mi cerca?

Qui me cherche ?

LEONORA

LEONORA

Son io.

C’est moi.

GUARDIANO

GUARDIANO

Dite.

Parlez.

LEONORA

LEONORA

Un segreto...

C’est un secret...

GUARDIANO

GUARDIANO

Andate, Melitone.

Allez, Melitone.

MELITONE

(fra sé, partendo)

Sempre segreti! E questi santi soli han da saperli! Noi siamo tanti cavoli...

MELITONE

(s’en allant, à part)

Toujours des secrets ! Et il n’y a que ces saints qui doivent les connaître ! Nous sommes trop sots, nous autres...

GUARDIANO

GUARDIANO

Fratello, mormorate?

Vous murmurez, mon frère ?

MELITONE

MELITONE

Oibò, dico ch’è pesante la porta, e fa rumore.

Ma foi, je dis que la porte est lourde et qu’elle fait du bruit.

GUARDIANO

GUARDIANO

Obbedite.

Obéissez.

MELITONE

42

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(fra sé)

MELITONE

(à part)

Che tuon da Superiore!

Un vrai ton de Supérieur !

(Rientra nel convento.)

(Il rentre dans le couvent.)

GUARDIANO

GUARDIANO

Or siam soli...siam soli.

Nous voici seuls.

LEONORA

LEONORA

Una donna son io.

Je suis une femme.

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

GUARDIANO

GUARDIANO

Une femme, à cette heure-ci ! Grand Dieu !

Una donna a quest’ora! Gran Dio!

LEONORA

LEONORA

Malheureuse, trompée, rejetée, maudite de la terre et du ciel, et qui se prosterne en pleurs à vos pieds, en vous suppliant de la protéger de l’enfer.

Infelice, delusa, rejetta, dalla terra e dal ciel maledetta, che nel pianto prostratavi al piede, di sottrarla all’inferno vi chiede.

GUARDIANO

GUARDIANO

Comment un pauvre moine le saurait-il ?

Come un povero frate lo può?

LEONORA

LEONORA

Le Père Clet vous a-t-il envoyé une lettre ?

Padre Cleto un suo foglio v’inviò?

GUARDIANO

GUARDIANO

C’est lui qui vous envoie ?

Ei vi manda?

LEONORA

LEONORA

Oui.

Sì.

GUARDIANO

(surpris)

Vous êtes donc Leonora de Vargas !

GUARDIANO

(sorpreso)

Dunque voi...siete Leonora di Vargas!

LEONORA

LEONORA

Vous tremblez !

Fremete!

GUARDIANO

GUARDIANO

Non. Approchez-vous, confiante, de la croix, et là, la voix du ciel vous inspirera.

No, venite fidente alla croce, là del cielo v’ispiri la voce.

(Leonora s’agenouille au pied de la croit l’embrasse, puis s’adresse au Père Guardiano.)

(Leonora s’inginocchia ai piedi della croce, la bacia, poi ritorna, un po’ confortata, dal Padre Guardiano.)

LEONORA

LEONORA

Je me sens âme plus sereine, depuis que j’ai atteint ce lieu ! Je ne me sens plus persécutée par ces épouvantables spectres... L’ombre immobile de mon père ne se dresse plus, toute sanglante, et je n’entends plus sa voix terrible maudire sa fille.

Più tranquilla l’alma sento, dacché premo questa terra; de’ fantasmi lo spavento più non provo farmi guerra... più non sorge sanguinante di mio padre l’ombra innante; né terribile l’ascolto la sua figlia maledir.

GUARDIANO

GUARDIANO

L’audace de Satan fut toujours vaine ici.

Sempre indarno qui rivolto fu di Satana l’ardir.

LEONORA

LEONORA

C’est pour cela que je veux ici un tombeau, parmi les rochers, là où vécut une autre femme.

Perciò tomba qui desìo, fra le rupi ov’altra visse.

GUARDIANO

GUARDIANO

Quoi ? Vous savez ?

Che! Sapete?

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

44

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

LEONORA

LEONORA

Cleto il disse.

Clet me l’a dit.

GUARDIANO

GUARDIANO

E volete... ?

Et vous voulez ?

LEONORA

LEONORA

Darmi a Dio.

M’offrir à Dieu.

GUARDIANO

GUARDIANO

Guai per chi si lascia illudere dal delirio d’un momento! Più fatal per voi sì giovane giungerebbe il pentimento.

Malheur à qui se laisse tromper par le délire d’un instant ! Vous, qui êtes si jeune, vous vous en repentiriez d’autant plus amèrement.

LEONORA

LEONORA

Ah, tranquilla l’alma sento, ecc.

Ah, je sens âme tranquille, etc.

GUARDIANO

GUARDIANO

Guai per chi si lascia illudere! Guai! Chi può legger nel futuro? Chi immutabil farvi il core? E l’amante?

Malheur à qui se laisse tromper. Malheur ! Qui peut lire dans l’avenir ? Comment savoir si votre cœur restera inébranlable. Et votre amant ?

LEONORA

LEONORA

Involontario m’uccise il genitor.

C’est involontairement qu’il a tué mon père.

GUARDIANO

GUARDIANO

E il fratello?...

Et votre frère ?

LEONORA

LEONORA

La mia morte di sua mano egli giurò.

Il a juré de me tuer de sa propre main.

GUARDIANO

GUARDIANO

Meglio a voi le sante porte schiuda un chiostro.

Il vaudrait mieux que s’ouvrent à vous les saintes portes d’un cloître.

LEONORA

LEONORA

Un chiostro? No! Se voi scacciate questa pentita, andrò per balze, gridando aita, ricovro ai monti, cibo alle selve, e fin le belve ne avran pietà. Ah, sì, del cielo qui udii la voce: «Sàlvati all’ombra di questa croce» Voi mi scacciate? Voi? È questo il porto. Chi tal conforto mi toglierà?

Un cloître ? Non, Si vous chassez celle qui se repent je m’en irai, appelant les rochers à mon aide, demandant asile aux montagnes et pitance aux forêts, et les bêtes sauvages elles-mêmes auront pitié. Ah oui, j’ai entendu ici la voix du ciel : réfugie-toi à l’ombre de cette croix... Vous me chassez ? Vous. Voici mon refuge ; qui pourrait m’arracher ce réconfort ?

GUARDIANO

GUARDIANO

A Te sia gloria, o Dio clemente, Padre dei miseri onnipossente, a Cui sgabello sono le sfere!

Gloire à toi, ô Dieu clément, Père Tout-Puissant des malheureux, toi qui régis les astres !

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

Ta volonté s’accomplira ! Vous êtes bien décidée ?

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

Il Tuo voler si compirà! È fermo il voto?

LEONORA

LEONORA

Tout à fait.

È fermo.

GUARDIANO

GUARDIANO

Alors, que Dieu vous accueille.

V’accolga dunque Iddio.

LEONORA

LEONORA

Bonté divine !

Bontà divina!

GUARDIANO

GUARDIANO

Moi seul saurai qui vous êtes. Parmi les rochers, il y a une grotte ; c’est là que vous vivrez. Près d’une fontaine, je déposerai moi-même, chaque semaine, votre maigre pitance.

Sol io saprò chi siate... Tra le rupi è uno speco; ivi starete. Presso una fonte, al settimo dì, scarso cibo porrovvi io stesso.

LEONORA

LEONORA

Allons !

V’andiamo.

GUARDIANO

(tourné vers la porte)

GUARDIANO

(verso la porta)

Melitone ?

Melitone?

Que tous les frères se réunissent dans le temple du Seigneur, portant chacun un cierge allumé, au pied du maître-autel.

Tutti i fratelli con ardenti ceri, dov’è l’ara maggiore, nel tempio si raccolgan del Signore.

(à Melitone qui paraît)

(Melitone ressort.)

Dès l’aube, vous vous dirigerez seule, vers l’ermitage : mais auparavant votre âme recevra en réconfort le pain des anges. Allez revêtir la sainte bure et que votre cœur soit fort. Ah ! Le Seigneur vous aidera à vous maintenir dans cette nouvelle voie. (Il entre dans le couvent et revient en portant un habit de moine qu’il donne à Leonora.)

(a Melitone che comparisce)

(Melitone rientra.)

Sull’alba il piede all’eremo solinga volgerete; ma pria dal pane angelico conforto all’alma avrete. Le sante lane a cingere ite, e sia forte il cor, ah! sul nuovo calle a reggervi v’assisterà il Signor. (Entra nel convento, e ne ritorna subito portando un abito da Francescano che presenta a Leonora.)

LEONORA

LEONORA

Dieu éternel, ta grâce sourit à la proscrite ! Oh, joie inégalable, me voici à nouveau bénite ! Je sens désormais renaître en moi une nouvelle vie de l’âme... Réjouissez-vous, chœurs angéliques, le Seigneur m’a pardonné. Grâces au Seigneur !

Tua grazia, o Dio, sorride alla rejetta! Oh, gaudio insolito! Io son ribenedetta! Già sento in me rinascere a nuova vita il cor; plaudite, o cori angelici, mi perdonò il Signor. Grazie o Signor, grazie o Signor.

GUARDIANO

GUARDIANO

Allez revêtir la sainte bure, etc.

Le sante lane a cingere, ecc.

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LEONORA

LEONORA

Plaudite, o cori angelici, mi perdonò il Signor, ecc.

Réjouissez-vous, chœurs angéliques, le Seigneur m’a pardonné, etc..

(Entrano nel monastero. La gran porta della chiesa si apre. Di fronte vedesi l’altar maggiore illuminato. L’organo suona. Dai lati del coro procedono due lunghe file di Frati con ceri ardenti. Più tardi il Padre Guardiano precede Leonora in abito da frate; egli la conduce fuor della chiesa; i frati gli si schierano intorno. Leonora si prostra innanzi a lui, che stendendo solennemente le mani sopra il suo capo intuona:)

(Ils entrent dans le couvent. La porte principale de l’église s’ouvre. Au fond, on aperçoit le maître-autel tout illuminé. L’orgue résonne. De chaque côté du chœur, entrent deux longues files de moines portant des cierges allumés. Puis Père Guardiano, précédant Leonora en robe de moine. Leonora se prosterne devant lui et il étend solennellement la main au-dessus de sa tête, en chantant :)

GUARDIANO

GUARDIANO

Il santo nome di Dio Signore sia benedetto.

Que le saint nom du Seigneur Dieu soit béni.

CORO

LE CHŒUR

Sia benedetto.

Qu’il soit béni !

GUARDIANO

GUARDIANO

Un’alma a piangere viene l’errore, fra queste balze chiede ricetto; il santo speco noi le schiudiamo. V’è noto il loco?

Une âme vient pleurer sa faute, parmi ces rochers, elle demande asile... Nous lui ouvrons la sainte grotte... Vous connaissez l’endroit ?

CORO

LE CHŒUR

Lo conosciam.

Nous le connaissons.

GUARDIANO

GUARDIANO

A quell’asilo sacro, inviolato, nessun si appressi.

Que personne ne s’approche de cet asile, sacré et inviolable.

CORO

LE CHŒUR

Obbedirem.

Nous obéirons.

GUARDIANO

GUARDIANO

Il cinto umile non sia varcato che nel divide.

Que les limites de l’humble domaine ne soient jamais franchies !

CORO

LE CHŒUR

Nol varcherem.

Nous ne les franchirons point.

GUARDIANO

GUARDIANO

A chi il divieto franger osasse, o di quest’alma scoprir tentasse nome o mistero: Maledizione!

A qui osera braver cette défense, ou cherchera à découvrir le nom ou le mystère de cette âme, malédiction !

CORO

LE CHŒUR

Maledizione, maledizion! Il cielo, il cielo fulmini, incenerisca, l’empio mortale se tanto ardisca; su lui scatenisi ogni elemento, l’immonda cenere ne sperda il vento.

Malédiction ! Malédiction ! Que la foudre du ciel réduise en cendres l’odieux mortel qui aura cette audace ; que sur lui se déchaînent tous les éléments... que ses cendres infâmes soient dispersées par le vent.

GUARDIANO

(a Leonora)

Alzatevi, e partite. Alcun vivente più non vedrete. Dello speco il bronzo

46

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

GUARDIANO

(à Leonora)

Relevez-vous et partez. Vous ne verrez plus jamais aucun être vivant. La cloche de la grotte

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

nous avertira si un péril vous menace, ou si votre dernière heure est arrivée... Nous viendrons aussitôt réconforter votre âme, avant qu’elle ne retourne à Dieu.

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

ne avverta se periglio vi sovrasti, o, per voi giunto sia l’estremo giorno... A confortarvi l’alma volerem, pria che a Dio faccia ritorno.

LE CHŒUR ET GUARDIANO

CORO E GUARDIANO

Que la Vierge des Anges vous couvre de son manteau et que veille pour vous protéger le saint Ange de Dieu.

La Vergine degli Angeli vi copra del suo manto, e voi protegga vigile di Dio l’Angelo santo.

LEONORA

LEONORA

Que la Vierge des Anges me couvre de son manteau et que veille pour me protéger le saint Ange de Dieu.

La Vergine degli Angeli mi copra del suo manto, e me protegga vigile di Dio l’Angelo santo.

TOUS

TUTTI

Que la Vierge des Anges, etc.

La Vergine degli Angeli, ecc.

(Leonora embrasse la main du Père Guardiano, et se met en route, seule, vers l’ermitage. Les moines éteignent les cierges et rentrent dans l›église en même ordre. Le Père Supérieur s’arrête à la porte et étendant les bras après Leonora, la bénit.)

(Leonora bacia la mano al Padre Guardiano, e si dirige sola verso lo speco dell’eremita. I frati, spente le candele, si ritirano in chiesa. Il Padre Guardiano si ferma alla porta e, aprendo le braccia nella direzione dove Leonora è appena scomparsa, la benedice.)

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

ATTO TERZO

TROISIÈME ACTE

SCENA PRIMA

PREMIÈRE SCÈNE

In Italia, presso Velletri Bosco. Notte oscurissima.

En Italie, près de Velletri Une forêt. Il fait nuit noire.

(Don Alvaro in uniforme di capitano spagnuolo dei Granatieri del Re si avanza lentamente dal fondo. Si sentono voci interne a destra.)

(Don Alvaro en uniforme de capitaine des grenadiers du roi d’Espagne, s’avance lentement par le fond. On entend des voix en coulisse.)

VOCI

LES VOIX

Attenti al gioco, attenti, attenti al gioco, attenti...

Prenez garde au jeu, prenez garde au jeu...

PRIMA VOCE

PREMIÈRE VOIX

Un asso a destra.

Un as à droite.

SECONDA VOCE

SECONDE VOIX

Ho vinto.

J’ai gagné.

PRIMA VOCE

PREMIÈRE VOIX

Un tre a destra... Cinque a manca.

Un trois à droite. Cinq à gauche.

SECONDA VOCE

SECONDE VOIX

Perdo.

Je perds.

DON ALVARO

DON ALVARO

La vita è inferno all’infelice. Invano morte desìo! Siviglia! Leonora! Oh, rimembranza! Oh, notte ch’ogni ben mi rapisti! Sarò infelice eternamente, è scritto. Della natal sua terra il padre volle spezzar l’estranio giogo, e coll’unirsi all’ultima degl’Incas la corona cingere confidò. Fu vana impresa! In un carcere nacqui; m’educava il deserto; sol vivo perché ignota è mia regale stirpe! I miei parenti sognarono un trono e li destò la scure! Oh, quando fine avran le mie sventure! O tu che in seno agli angeli eternamente pura, salisti bella incolume dalla mortal jattura, non iscordar di volger lo sguardo a me tapino, che senza nome ed esule, in odio del destino, chiedo anelando, ahi, misero, la morte d’incontrar. Leonora mia, soccorrimi,

La vie est un enfer pour le malheureux. J’appelle en vain la mort ! Séville ! Leonora ! Oh, quel souvenir ! Oh, nuit qui m’a tout ravi. Je serai éternellement malheureux, c’est écrit. Mon père voulut briser le joug étranger qui pesait sur sa terre natale et en épousant la dernière des Incas, il espérait ceindre la couronne. Vaine entreprise ! Je naquis dans un cachot ; ce fut le désert qui m’éleva ; et je ne vis que parce que l’on ignore ma royale origine. Mes parents avaient rêvé d’un trône et ce fut la hache qui les réveilla ! Hélas, quand donc mes malheurs prendront-ils fin ? O, toi qui vers le sein des anges, éternellement pure, t’es envolée, belle, à jamais délivrée des malheurs terrestres, n’oublie pas de tourner ton regard vers moi qui, misérable, sans nom et sans patrie, haï par le destin, ne cherche et n’aspire, malheureux que je suis, qu’à rencontrer la mort. Ma Leonora, viens-moi en aide,

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

aie pitié de ma souffrance. Pitié de moi ! DON CARLO

(en coulisse)

Trahison !

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

pietà del mio penar! Pietà di me! DON CARLO

(dall’interno a destra)

Al tradimento!

LES VOIX

VOCI

Meurs !

Muoia!

DON ALVARO

DON ALVARO

Quels sont ces cris ?

Quali grida!

DON CARLO

DON CARLO

À l’aide !

Aita!

DON ALVARO

DON ALVARO

Je viens vous secourir.

Si soccorra.

LES VOIX

VOCI

Meurs ! Meurs !

Muoia! Muoia!

(Il court vers l’endroit où l’on entend crier: on entend un cliquetis épée ; quelques officiers traversent la scène fuyant en désordre. Alvaro revient avec Carlo.)

(Accorre al luogo onde si udivano le grida; si sente un picchiare di spade; alcuni ufficiali attraversano la scena fuggendo in disordine da destra a sinistra. Don Alvaro ritorna con Don Carlo.)

DON ALVARO

DON ALVARO

Ils fuient ! Êtes-vous blessé !

Fuggir! Ferito siete?

DON CARLO

DON CARLO

Non, je vous dois la vie.

No, vi debbo la vita.

DON ALVARO

DON ALVARO

Qui étaient-ils ?

Chi erano?

DON CARLO

DON CARLO

Des assassins.

Assassini.

DON ALVARO

DON ALVARO

Si près du camp ?

Presso al campo così?

DON CARLO

DON CARLO

Pour parler franchement, c’était une querelle de jeu.

Franco dirò; fu alterco al gioco.

DON ALVARO

DON ALVARO

Je comprends. Là-bas, à droite.

Comprendo, colà, a destra?

DON CARLO

DON CARLO

Oui.

Sì.

DON ALVARO

DON ALVARO

Mais comment vous, si noble d’aspect, vous êtes-vous abaissé jusqu’à ces coquins-là ?

Ma come, sì nobile d’aspetto, a quella bisca scendeste?

DON CARLO

DON CARLO

Je suis nouveau. Je ne suis arrivé que d’hier, apportant les ordres du général ; sans vous je serais mort. Dites-moi donc à qui je dois la vie ?

Nuovo sono. Con ordini del general sol ieri giunsi; senza voi morto sarei. Or dite a chi debbo la vita?

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

DON ALVARO

DON ALVARO

Al caso...

Au hasard...

DON CARLO

DON CARLO

Pria il mio nome dirò.

Je me nommerai le premier.

Non sappia il vero.

Il ne saura pas mon vrai nom !

(fra sé)

(a Don Alvaro)

Don Felice de Bornos aiutante del duce...

50

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(à part)

(à Don Alvaro)

Don Felice de Bornos, aide-de-camp de notre chef...

DON ALVARO

DON ALVARO

Io, capitan de’ Granatieri Don Federico Herreros.

Et moi, capitaine des grenadiers Don Federico Herreros.

DON CARLO

DON CARLO

La gloria dell’esercito!

La gloire de l’armée !

DON ALVARO

DON ALVARO

Signore...

Monsieur...

DON CARLO

DON CARLO

Io l’amistà ne ambìa, la chiedo, e spero.

Je désire votre amitié, je vous la demande et je l’espère.

DON ALVARO

DON ALVARO

lo pure della vostra sarò fiero.

Quant à moi je serai fier de la vôtre.

(Si stringono le destre.)

(ils se serrent la main.)

DON ALVARO E DON CARLO

DON ALVARO ET DON CARLO

Amici in vita e in morte il mondo ne vedrà. Uniti in vita e in morte entrambi troverà.

Nous serons aux yeux de tous amis à la vie et à la mort. Et l’on nous trouvera unis dans la vie comme dans la mort.

(Si odono voci interne e squilli di trombe.)

(On entend des cris et le son d’une trompette.)

CORO

LE CHŒUR

All’armi! all’armi!

Aux armes !

DON ALVARO E DON CARLO

DON ALVARO ET DON CARLO

Andiamo, all’armi!

Partons... aux armes.

DON CARLO

DON CARLO

Con voi scendere al campo d’onor, emularne l’esempio potrò.

Je veux me tendre à vos côtés au champ d’honneur, et je pourrai y suivre votre exemple.

DON ALVARO

DON ALVARO

Testimone del vostro valor ammirarne le prove saprò.

Je saurai admirer les exploits qui témoigneront de votre courage.

CORO

LE CHŒUR

All’armi! all’armi!

Aux armes !

(Escono.)

(ils sortent en courant.)

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

DEUXIÈME SCÈNE

SCENA SECONDA

Une maison près de Velletri C’est le matin. Petite salle dans la demeure d’un off icier supérieur de l’armée espagnole. On entend la rumeur de la bataille, tout près.

Una casa presso Velletri È il mattino. Salotto nell’abitazione d’un uff iciale superiore dell’esercito spagnolo in Italia. Si sente il rumore della vicina battaglia.

(Un chirurgien militaire et plusieurs ordonnances entrent pour aller regarder par la fenêtre.)

(Un chirurgo militare ed alcuni soldati entrano dalla porta comune e corrono alla finestra.)

LES SOLDATS

SOLDATI

La mêlée devient ardente !

Arde la mischia!

LE CHIRURGIEN (qui

CHIRURGO

regarde par une longue-vue)

Les grenadiers sont valeureux !

(guardando col cannocchiale)

Prodi i granatieri!

LES SOLDATS

SOLDATI

C’est Herreros qui les conduit...

Li guida Herreros...

LE CHIRURGIEN

CHIRURGO

Ciel, il est blessé... Il tombe !... Ses hommes plient... L’aide-de-camp les rameute... Il les mène à l’assaut !... Les ennemis s’enfuient. Les nôtres ont vaincu !

Ciel!...Ferito ei cadde!... piegano i suoi!... L’aiutante li raccozza, alla carica li guida!... Già fuggon i nemici. I nostri han vinto!

DES VOIX

(en coulisse)

Gloire à l’Espagne !...

VOCI

(esterne)

A Spagna gloria!

D’AUTRES VOIX

ALTRE VOCI

Vive l’Italie !

Viva l’Italia!

TOUS

TUTTI

Victoire !

Vittoria!

LE CHIRURGIEN

CHIRURGO

Ils amènent ici le capitaine blessé.

Portan qui ferito il capitan.

(Quatre grenadiers amènent sur une civière Alvaro blessé et évanoui. Don Carlo, couvert de poudre et fort affligé, se tient d’un côté. Un soldat dépose une valise sur une petite table.)

(Don Alvaro ferito e svenuto è portato in una lettiga da quattro Granatieri. Da un lato è il chirurgo, dall’altro Don Carlo coperto di polvere ed assai afflitto. Un soldato depone una valigia sopra un tavolino.)

DON CARLO

DON CARLO

Doucement... posez-le ici... préparez mon lit.

Piano...qui posi...approntisi il mio letto.

LE CHIRURGIEN

CHIRURGO

Silence.

Silenzio.

DON CARLO

DON CARLO

Est-il en danger ?

V’ha periglio?

LE CHIRURGIEN

CHIRURGO

La blessure qu’il a dans la poitrine m’épouvante.

La palla che ha nel petto mi spaventa.

DON CARLO

DON CARLO

Je vous en prie, sauvez-le.

Deh, il salvate.

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

DON ALVARO

Ove son?

(rinviene)

DON ALVARO

(revenant à lui)

Où suis-je ?

DON CARLO

DON CARLO

Presso l’amico.

Près de votre ami.

DON ALVARO

DON ALVARO

Lasciatemi morire.

Laissez-moi mourir.

DON CARLO

DON CARLO

Vi salveran le nostre cure. Premio l’Ordine vi sarà di Calatrava.

Nos soins vous sauveront... Vous recevrez en récompense l’Ordre de Calatrava.

DON ALVARO

DON ALVARO

Di Calatrava! Mai, mai...

De Calatrava !... jamais... jamais...

DON CARLO

(fra sé)

Ché! Inorridì di Calatrava al nome!

DON CARLO

(à part)

Comment ! Le nom de Calatrava le fait frémir !

DON ALVARO

DON ALVARO

Amico...

Mon ami...

CHIRURGO

LE CHIRURGIEN

Se parlate...

Si vous parlez...

DON ALVARO

DON ALVARO

Un detto sol...

Un mot seulement...

DON CARLO

(al chirurgo)

DON CARLO

(au chirurgien)

Ven prego, ne lasciate.

Je vous en prie, laissez-nous...

(Il chirurgo si ritira. Don Alvaro accenna a Don Carlo di appressarsegli.)

(Le chirurgien se retire Alvaro fait signe à Carlo de s’approcher.)

DON ALVARO

DON ALVARO

Solenne in quest’ora, giurarmi dovete far pago un mio voto.

En cette heure solennelle, il faut me jurer d’exaucer mon désir.

DON CARLO

DON CARLO

Lo giuro, lo giuro.

Je le jure.

DON ALVARO

DON ALVARO

Sul core cercate.

Cherchez sur mon cœur...

DON CARLO

DON CARLO

Una chiave.

Une clef !

DON ALVARO

(indicando la valigia)

Con essa trarrete un piego celato... l’affido all’onore. Colà v’ha un mistero, che meco morrà. S’abbruci me spento...

52

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

DON ALVARO

(montrant la valise)

Vous trouverez dedans un pli scellé... Je le confie à votre honneur. Il renferme un mystère qui mourra avec moi. Si je meurs, brûlez-le...

DON CARLO

DON CARLO

Lo giuro, sarà.

Ce sera fait, je le jure.

DON ALVARO

DON ALVARO

Or muoio tranquillo; vi stringo al cor mio.

Désormais, je meurs tranquille. Je vous serre sur mon cœur.

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

DON CARLO

DON CARLO

Mon ami, ayez confiance en Dieu.

Amico, nel cielo!

DON ALVARO

Adieu.

et DON CARLO

(Le chirurgien et les ordonnances emportent le blessé dans la chambre à coucher.)

DON CARLO E DON ALVARO

Addio, addio, addio. (Il chirurgo e le ordinanze trasportano il ferito nella stanza da letto.)

DON CARLO

DON CARLO

Mourir !... Quelle terrible chose !... Lui, si intrépide, si valeureux, il mourra donc !... Quel homme singulier !... Le nom de Calatrava l’a fait trembler ! Peut-être lui a-t-on révélé notre déshonneur ?... Ciel !... Quel éclair !... Si c’était le séducteur ?... Il est entre mes mains... et vivant ! Si je me trompais ! Que cette clef me le dise !

Morir! Tremenda cosa! Sì intrepido, sì prode, ei pur morrà! Uom singolar costui! Tremò di Calatrava al nome! A lui palese n’è forse il disonor? Cielo! Qual lampo! S’ei fosse il seduttore? Desso in mia mano, e vive! Se m’ingannassi? Questa chiave il dica.

Voici la lettre ! Que fais-je ?

Ecco i fogli! Che tento!

(Il ouvre fébrilement la valise et en sort un pli cacheté.) (Il s’arrête.)

Et la parole donnée... Et ma vie que je dois à son courage ?... Mais, moi aussi, je l’ai sauvé ! S’il était cet Indien maudit qui a souillé mon sang ?... Brisons ce cachet. Personne ne me voit ici... Non ?... Si, moi, je me vois. (Il jette le pli.)

Toi qui renfermes mon destin, va, éloigne-toi, tu me tentes en vain ; je viens ici pour laver mon honneur, et je ne vais pas, insensé, le souiller par une nouvelle honte. A l’homme d’honneur, sa parole est sacrée ; que ces feuillets gardent leur mystère... Que s’évanouisse la mauvaise pensée qui me poussait à commettre cette action indigne. Et si je pouvais trouver une autre preuve ?... Voyons.

(Apre convulso la valigia, e ne trae un plico suggellato.) (Si ferma.)

E la fé che giurai? E questa vita che debbo al suo valor? Anch’io lo salvo! S’ei fosse quell’lndo maledetto che macchiò il sangue mio?... ll suggello si franga. Niun qui mi vede. No? Ben mi vegg’io!

(Getta il plico, e se ne allontana con raccapriccio.)

Urna fatale del mio destino, va, t’allontana, mi tenti invano; l’onor a terger qui venni, e insano d’un’onta nuova nol macchierò. Un giuro è sacro per l’uom d’onore; que’ fogli serbino il lor mistero... Disperso vada il mal pensiero, che all’atto indegno mi concitò. E s’altra prova rinvenir potessi?... Vediam.

(Il retourne fouiller dans la valise.)

(Torna a frugare nella valigia.)

(Le chirurgien paraît à la porte.)

(Il chirurgo appare alla porta.)

Voici un portrait... Il n’est pas cacheté... il n’en a pas parlé... et moi, je n’ai rien promis... ouvrons-le donc... Ciel ! Leonora !... Le blessé est Don Alvaro !... Alors, qu’il vive... et puis qu’il meure de ma main.

Qui v’ha un ritratto... suggel non v’è...nulla ei ne disse... nulla promisi...s’apra dunque... Ciel! Leonora! Don Alvaro è il ferito! Ora egli viva, e di mia man poi muoia!

LE CHIRURGIEN

CHIRURGO

Bonne nouvelle, il est sauf.

Lieta novella, è salvo!

(Il sort.)

(Parte.)

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

DON CARLO

DON CARLO

È salvo! È salvo! O gioia! Ah! egli è salvo! Oh gioia immensa che m’innondi il cor, ti sento!

Il est sauf ! Ah, quelle joie ! Ah ! Il est sauf !... Oh, joie indicible je te sens qui emplis mon cœur !

Potrò alfine il tradimento sull’infame vendicar. Leonora, ove t’ascondi? Di’: seguisti tra le squadre chi del sangue di tuo padre ti fe’ il volto rosseggiar? Ah! felice appien sarei se potesse il brando mio amendue d’averno al Dio d’un sol colpo consacrar!

Je vais enfin pouvoir me venger sur cet infâme de sa trahison. Leonora, où te caches-tu ?... Dis, as-tu suivi au milieu des armées celui qui fit rougir ton visage du sang de ton propre père ? Ah, je serai au comble de la félicité si mon épée pouvait du même coup vous vouer tous les deux à l’enfer !

SCENA TERZA

TROISIÈME SCÈNE

Accampamento militare presso Velletri Sul davanti a sinistra è una bottega da rigattiere; a destra altra, ove si vendon cibi, bevande, frutta. All’ingiro tende militari, baracche di rivenduglioli, ecc. È notte, la scena è deserta.

Un campement militaire près de Velletri Au premier plan, à gauche, une boutique de fripier ; à droite, une autre boutique ou l’on vend des vivres, des boissons, des fruits. Tout autour, des tentes militaires, des baraques de revendeurs, etc. Il fait nuit et la scène est vide.

(Una pattuglia entra cautamente in scena, esplorando il campo.)

(Une patrouille entre avec précaution, explorant le camp.)

(Parte in gran fretta.)

(Il sort précipitamment.)

CORO

LE CHŒUR

Compagni, sostiamo, il campo esploriamo; non s’ode rumor. Non brilla un chiarore; in sonno profondo sepolto ognun sta. Compagni inoltriamo, il campo esploriamo, fra poco la sveglia suonare s’udrà..

Halte-là, compagnons, explorons le camp ; on n’entend aucun bruit, on ne voit aucune lueur ; tout le monde est plongé dans un profond sommeil. Avançons, compagnons, explorons le camp ; on entendra bientôt sonner le réveil.

(Si fa lentamente giorno. Entra Don Alvaro assorto nei suoi pensieri.)

(Il commence à faire jour. Don Alvaro entre, distrait.)

DON ALVARO

DON ALVARO

Né gustare m’è dato un’ora di quiete; affranta è l’alma dalla lotta crudel. Pace ed oblio indarno io chieggo al cielo.

Je ne puis goûter une heure de tranquillité ! Mon âme est brisée par sa cruelle lutte. Je demande en vain au ciel la paix et l’oubli.

(Entra Don Carlo.)

54

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Don Carlo entre.)

DON CARLO

DON CARLO

Capitano...

Capitaine...

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

DON ALVARO

DON ALVARO

Qui m’appelle ?

Chi mi chiama?

(Il reconnaît Carlo.)

(riconoscendo Carlo)

Vous, qui m’avez prodigué des soins si attentifs ?

Voi, che sì larghe cure mi prodigaste?

DON CARLO

DON CARLO

Votre blessure est-elle parfaitement guérie ?

La ferita vostra sanata è appieno?

DON ALVARO

DON ALVARO

Oui.

Sì.

DON CARLO

DON CARLO

Vous vous sentez fort.

Forte?

DON ALVARO

DON ALVARO

Aussi fort qu’avant.

Qual prima.

DON CARLO

DON CARLO

Vous pourriez soutenir un duel ?

Sosterreste un duel?

DON ALVARO

DON ALVARO

Avec qui ?

Con chi?

DON CARLO

DON CARLO

N’avez-vous pas d’ennemis ?

Nemici non avete?

DON ALVARO

DON ALVARO

Nous en avons tous... mais j’ai du mal à comprendre...

Tutti ne abbiam... ma a stento comprendo...

DON CARLO

DON CARLO

Non ?... Vous n’avez donc pas eu de nouvelles de Don Alvaro l’Indien !

No? Messaggio non v’inviava Don Alvaro, l’Indiano?

DON ALVARO

DON ALVARO

Ah, trahison ! Parjure ! Vous avez donc violé mon secret ?

Oh, tradimento! Sleale! Il segreto fu dunque violato?

DON CARLO

DON CARLO

Je n’ai pas lu le pli, c’est le portrait qui a parlé ; tremblez, je suis Don Carlo de Vargas.

Fu illeso quel piego, l’effigie ha parlato. Don Carlo di Vargas, tremate, io sono.

DON ALVARO

DON ALVARO

Vos audacieuses menaces ne sont pas pour m’émouvoir.

D’ardite minacce non m’agito al suono.

DON CARLO

DON CARLO

Sortons. L’un de nous doit mourir à l’instant.

Usciamo all’istante, un deve morire.

DON ALVARO

DON ALVARO

Je méprise la mort, mais cela me navre de me battre contre un homme qui m’a d’abord offert son amitié.

La morte disprezzo, ma duolmi inveire contro’uom che per primo amistade m’offria.

DON CARLO

DON CARLO

Non, non, ne profanez pas ce mot sacré.

No, no, profanato tal nome non sia.

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

56

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

DON ALVARO

DON ALVARO

Non io, fu il destino, che il padre v’ha ucciso; non io che sedussi quell’angiol d’amore. Ne guardano entrambi e dal paradiso ch’io sono innocente vi dicono al core.

Ce n’est pas moi, mais le destin qui a tué votre père ; ce n’est pas moi qui ai séduit cet ange d’amour... ils nous regardent, tous deux, et du paradis, ils disent à votre cœur que je suis innocent.

DON CARLO

DON CARLO

Adunque colei?

Ainsi donc, ma sœur ?

DON ALVARO

DON ALVARO

La notte fatale io caddi per doppia ferita mortale; guaritone, un anno in traccia ne andai, ahimè, ch’era spenta Leonora trovai!

En cette nuit fatale, je tombai frappé de deux blessures mortelles ; m’étant guéri, pendant une année, je suivis sa trace. Hélas, je découvris que Leonora était morte.

DON CARLO

DON CARLO

Menzogna! menzogna! La suora ospitavala antica parente: vi giunsi, ma tardi...

Mensonge, mensonge ! Ma sœur... une vieille parente la recueillit : je l’y rejoignis, trop tard...

DON ALVARO

DON ALVARO

Ed ella?

Mais elle...

DON CARLO

DON CARLO

Fuggente.

Elle prit la fuite. ( joyeusement)

DON ALVARO

DON ALVARO

E vive! Ella vive, gran Dio!

Et elle vit. Elle vit, grand Dieu !

DON CARLO

DON CARLO

Sì, vive.

Oui, elle vit.

DON ALVARO

DON ALVARO

Don Carlo, amico, il fremito ch’ogni mia fibra scuote vi dica che quest’anima infame esser non puote. Vive! Gran Dio, quell’angelo...

Don Carlo, mon ami, le frisson dont je frémis par toutes mes fibres, vous dit assez que mon âme ne peut être infâme... Elle vit ! Grand Dieu, cet ange...

DON CARLO

DON CARLO

Ma in breve morirà. Ella vive, ma in breve morirà.

Mais elle mourra bientôt. Elle vit, mais elle mourra bientôt.

DON ALVARO

DON ALVARO

No, d’un imene il vincolo stringa fra noi la speme; e s’ella vive, insieme cerchiamo, cerchiamo ove fuggì. Giuro che illustre origine eguale a voi mi rende, e che il mio stemma splende, come rifulge il dì.

Non, que le lien de l’hyménée raffermisse en nous l’espoir ; et si elle vit, cherchons ensemble vers quel lieu elle a fui. Je vous jure que par ma noble origine, je suis votre égal, et que mon blason resplendit comme le jour étincelant.

DON CARLO

DON CARLO

Stolto! Fra noi dischiudesi

Insensé ! Entre nous s’ouvre

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

une tombe ensanglantée ; comment pourrai-je appeler mon frère celui qui m’a tout ravi ? Que vous soyez de sang noble ou vil, il faut que je vous tue, et après vous, l’indigne qui a trahi sa race.

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

insanguinato avello; come chiamar fratello chi tutto a me rapì? D’eccelsa o vile origine, è d’uopo ch’io vi spegna, e dopo voi l’indegna che il sangue suo tradì.

DON ALVARO

DON ALVARO

Que dites-vous ?

Che dite?

DON CARLO

DON CARLO

Elle mourra.

Ella morrà.

DON ALVARO

DON ALVARO

Taisez-vous.

Tacete.

DON CARLO

DON CARLO

Je le jure devant Dieu, l’infâme mourra.

Il giuro a Dio, morrà l’infame.

DON ALVARO

DON ALVARO

Vous mourrez d’abord, en ce fatal combat.

Voi pria cadrete nel fatal certame.

DON CARLO

DON CARLO

À mort ! Si je ne tombe pas inanimé, je rejoindrai Leonora. Et je plongerai dans son cœur ce fer tout rouge encore de votre sang.

Morte! ov’io non cada esanime Leonora giungerò. Tinto ancor del vostro sangue quest’acciar le immergerò.

DON ALVARO

DON ALVARO

À mort, oui... mon épée saura tuer un assassin ; tournez vos pensées vers Dieu, votre dernière heure est enfin arrivée.

Morte! Sì! Col brando mio un sicario ucciderò; il pensier volgete a Dio; l’ora vostra alfin suonò.

DON ALVARO, DON CARLO Allons, à mort, allons !

DON ALVARO, DON CARLO A morte! Andiam!

(ils dégainent leurs épées et se battent furieusement. La patrouille arrive en toute hâte du camp et les sépare.)

(Sguainano le spade e si battono furiosamente. Accorre la pattuglia del campo per separarli.)

LE CHŒUR

CORO

Halte, arrêtez-vous !

Fermi, arrestate!

DON CARLO

(furieux)

Non. C’est sa vie ou la mienne... tout de suite.

DON CARLO

(furente)

No. La sua vita o la mia - tosto.

LE CHŒUR

CORO

Qu’on l’emmène loin d’ici.

Lunge di qua si tragga.

DON ALVARO

(à part)

Peut-être... est-ce l’aide du ciel qui m’a porté secours.

DON ALVARO

(fra sé)

Forse...del ciel l’aita a me soccorre.

DON CARLO

DON CARLO

Qu’il meure.

Colui morrà!

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

CORO

(a Carlo che cerca svincolarsi)

Vieni!

DON CARLO

(ad Alvaro)

Carnefice del padre mio!

LE CHŒUR

Viens.

(à Carlo qui cherche à se dégager)

DON CARLO

(à Alvaro)

Bourreau de mon père !

DON ALVARO

DON ALVARO

Or che mi resta? Pietoso Iddio, tu ispira, illumina il mio pensier. Al chiostro, all’eremo, ai santi altari l’oblio, la pace chiegga il guerrier.

Et maintenant, que me reste-t-il ! Dieu miséricordieux, inspire-moi, illumine mon esprit. C’est au cloître, à l’ermitage, aux saints autels que le guerrier demande l’oubli et la paix.

(Parte. Ad uno ad uno escono tutti. Spunta il sole - il rullo dei tamburi e lo squillo delle trombe danno il segnale della sveglia. La scena va animandosi poco a poco. Soldati spagnoli ed italiani di tutte le armi sortono dalle tende ripulendo schioppi, spade, uniformi, ecc. Vivandiere che vendono liquori, frutta, pane, ecc. Preziosilla dall’alto d’una baracca predica labuona ventura.)

(Il sort. Tout le monde s’éloigne peu à peu. Le soleil point. Le roulement des tambours et le fracas des trompettes sonnent le réveil. La scène s’anime peu à peu. Des soldats, espagnols et italiens, de tous les régiments, sortent des tentes, fourbissant leurs fusils, leurs épées, leurs uniformes etc. Des cantinières vendent des liqueurs, des fruits, du pain, etc. Preziosilla, juchée dans une des baraques, dit la bonne aventure.)

CORO

LE CHŒUR

Lorché pifferi e tamburi par che assordino la terra, siam felici, ch’è la guerra gioia e vita al militar. Vita gaia, avventurosa, cui non cal doman né ieri,

Lorsque les fifres et les tambours semblent assourdir la terre entière, nous sommes heureux, car la guerre, c’est la joie et la vie du soldat. Une vie gaie, aventureuse, ou demain et hier importent peu,

ch’ama tutti i suoi pensieri sol nell’oggi concentrar.

car c’est sur le seul aujourd’hui qu’il faut fixer toutes ses pensées.

PREZIOSILLA

(alle donne)

PREZIOSILLA

(aux femmes)

Venite all’indovina ch’è giunta da lontano, e puote a voi l’arcano futuro decifrar.

Venez voir la devineresse qui est arrivée de bien loin et qui pourra déchiffrer pour vous les secrets de l’avenir.

(ai soldati)

(aux soldats)

Correte a lei d’intorno, la mano le porgete, le amanti apprenderete se fide vi restar.

Accourez tous autour d’elle, tendez-lui votre main, vous apprendrez si vos maîtresses vous sont restées fidèles.

CORO

LE CHŒUR

Andate/Andiamo all’indovina, la mano le porgiamo/porgete, le belle udir possiamo se fide a voi/noi restar. Avanti, avanti, avanti.

Venez / Allons voir la devineresse, tendons-lui / tendez-lui la main, vous apprendrez si vos belles vous / nous sont restées fidèles. En avant, en avant, en avant.

SOLDATI

LES SOLDATS

Qua, vivandiere, un sorso.

Hé là, les cantinières, une gorgée.

(Le vivandiere offrono loro da bere.)

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LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Les cantinières leur donnent à boire.)

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

UN SOLDAT

UN SOLDATO

A notre santé.

Alla salute nostra!

TOUS

(buvant)

TUTTI

(bevendo)

Vivat !

Viva! Viva!

(L’attention générale est attirée par Trabuco, devenu revendeur, et qui sort de la boutique de gauche, avec autour du cou une boîte qui contient divers objets sans grande valeur.)

(L’attenzione è attirata da Trabuco rivendugliolo, che dalla bottega a sinistra viene con una cassetta al collo portante vari oggetti di meschino valore.)

TRABUCO

TRABUCO

Qui veut acheter à bon marché des ciseaux, des épingles, un excellent savon ? Je vends et j’achète tous les objets, je conclus rapidement toutes mes affaires.

A buon mercato chi vuol comprare? Forbici, spille, sapon perfetto! Io vendo e compero qualunque oggetto, concludo a pronti qualunque affar.

UN SOLDAT

UN SOLDATO

J’ai ici un collier, combien m’en donnes-tu ?

Ho qui un monile; quanto mi dài?

UN AUTRE SOLDAT

UN ALTRO SOLDATO

Voici une chaîne. Si tu veux je te la vends.

V’è una collana. Se vuoi la vendo.

UN TROISIÈME SOLDAT

TERZO SOLDATO

Me paieras-tu ces boucles d’oreille ?

Questi orecchini li pagherai?

TOUS

(lui montrant des bagues, des montres, etc.)

Nous voulons vendre...

TUTTI

(mostrando anelli, orologi, ecc.)

Vogliamo vendere...

TRABUCO

TRABUCO

Mais tout ce que je vois est de la pacotille, de la vulgaire pacotille.

Ma quanto vedo tutto è robaccia, brutta robaccia, brutta robaccia.

TOUS

TUTTI

C’est comme ta figure, brigand.

Tale, o furfante, è la tua faccia.

TRABUCO

TRABUCO

Maintenant, entendons-nous... Je donne, pour chaque objet, trente sous.

Pure aggiustiamoci, per ogni pezzo dò trenta soldi.

TOUS

TUTTI

C’est un prix de voleur.

Da ladro è il prezzo.

TRABUCO

TRABUCO

Hé là, quelle fureur ! Nous nous entendrons, je rajouterai encore quelques sous... Donnez-moi ça, vite...

Ih, quanta furia! C’intenderemo, qualch’altro soldo v’aggiungeremo. Date qua subito!

TOUS

TUTTI

À condition que tu sortes immédiatement du bon argent sonnant et trébuchant...

Purché all’istante venga il danaro bello e sonante.

TRABUCO

TRABUCO

D’abord, la marchandise... Là... voilà qui est bien.

Prima la merce, qua, colle buone.

TOUS

(lui donnant les objets)

Prends.

TUTTI

A te.

(dandogli le robe)

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

TRABUCO

(ritira le robe e paga)

A te, a te, benone. TUTTI

(cacciandolo)

Sì, sì, ma vattene! TRABUCO

(frasé, contento)

TRABUCO

(prenant les objets et payant)

Prends, prends, c’est très bien ! TOUS

(le repoussant)

Prends, oui, oui, mais va-t-en. TRABUCO

(à part, content)

Che buon affare!

Quelle bonne affaire !

A buon mercato chi vuol comprare?

Qui veut acheter à bon marché...

(forte)

(Si avvia verso un’altro lato del campo. Detti e contadini questuanti con ragazzi a mano.)

(puis à haute voix)

(Il se dirige d’un autre côté du camp. Entrent des paysans, mendiants, tenant des enfants par la main.)

CONTADINE

LES PAYSANS

Pane, pan per carità! Tetti e campi devastati n’ha la guerra, ed affamati cerchiam pane per pietà.

Du pain du pain, par pitié ; nos toits et nos champs ont été dévastés par la guerre, et, affamés, nous cherchons du pain, par pitié.

(Alcune reclute piangenti che giungono scortate.)

(Une escorte amène de jeunes recrues qui pleurent.)

RECLUTE

LES RECRUES

Povere madri deserte nel pianto per dura forza dovemmo lasciar. Della beltà n’han rapiti all’incanto, a’ nostre case vogliamo tornar.

Nous devons abandonner de force nos pauvres mères seules et en larmes. On nous a arraché aux joies de nos belles ; nous voulons rentrer chez nous.

VIVANDIERE

LES CANTINIÈRES

(circondando le reclute e dando loro del vino)

(entourant gaiement les recrues et leur offrant à boire)

Non piangete, giovanotti, per le madri e per le belle; v’ameremo quai sorelle, vi sapremo consolar. Certo il diavolo non siamo; quelle lagrime tergete, al passato, ben vedete, ora è inutile pensar.

Ne pleurez pas, mes petits gars, vos mères ni vos belles ; nous vous aimerons comme des sœurs ; nous saurons vous consoler. Nous ne sommes pas des diables, voyons ; séchez ces larmes, vous voyez bien qu’il est inutile de penser au passé.

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

(si mischia alle reclute; ne prende qualcuna sotto braccio, e dice loro giocosamente:)

(circule parmi les recrues, en prend quelques-uns par le bras, et dit, plaisantant :)

Che vergogna! Che vergogna! Su, coraggio! Bei figliuoli, siete pazzi? Se piangete quai ragazzi vi farete corbellar. Un’occhiata a voi d’intorno, e scommetto che indovino; ci sarà più d’un visino che sapravvi consolar. Su, coraggio, coraggio, coraggio!

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LA FORCE DU DESTIN LIVRET

Quelle honte !... Allons, courage... Êtes-vous fous, mes jolis Si vous pleurez comme des enfants, on se moquera de vous. Jetez donc un coup d’œil autour de vous, et je parie que je devine qu’il y a là plus d’un minois qui saura vous consoler. Allons, courage, courage !

TUTTI

TOUS

Nella guerra è la follia che dee il campo rallegrar;

En temps de guerre, c’est la folie qui doit égayer le camp ;

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

vive, vive la démence, qui doit régner seule ici !

viva, viva la pazzia che qui sola ha da regnar!

(Les cantinières prennent carrément les recrues par le bras et tout le monde commence à danser joyeusement. La confusion et le tumulte atteignent vite leur comble. Melitone entre ; il est pris un instant dans le tourbillon des danseurs et obligé de danser avec les cantinières, mais il parvient finalement à s’arrêter et s’écrie :)

(Le vivandiere prendono francamente le reclute pel braccio, e s’incomincia vivacissima danza generale. Ben presto la confusione e lo schiamazzo giungono al colmo. Entra Fra Melitone che, preso nel vortice della danza, è per un momento costretto a ballare colle vivandiere. Finalmente, riuscito a fermarsi, Melitone esclama:)

MELITONE

MELITONE

Eh bien !... Par tous les diables ! Ah, quelle époque ! C’est du joli ! Et me voici ici, moi aussi ! Je suis venu d’Espagne pour guérir les blessés et pour régir les âmes. Que vois-je là ! Est-ce là un camp de chrétiens ou bien êtes-vous tous turcs ? A-t-on jamais vu bafouer ainsi le saint dimanche ?... Vous vous occupez davantage de bouteilles que de batailles et au lieu de revêtir la bure et les cendres, vous vous souciez de boire et de vendre ! Le monde est devenu un séjour de pleurs ; chaque couvent est désormais ouvert au vent ! Les sanctuaires sont devenus des repaires d’hommes sanguinaires ; et jusqu’aux tabernacles du Christ Roi qui se sont transformés en réceptacles de tristes sites. Tout est sens dessus dessous... et pourquoi ?... Pro peccata vestra ... À cause de vos péchés.

Toh!Toh! Poffare il mondo! Oh, che tempone! Corre ben l’avventura! Anch’io ci sono! Venni di Spagna a medicar ferite, ed alme a mendicar. Che vedo? È questo un campo di Cristiani, o siete Turchi? Dove s’è visto berteggiar la santa domenica così? Ben più faccenda le bottiglie vi dan che le battaglie! E invece di vestir cenere e sacco, qui si tresca con Venere e con Bacco? Il mondo è fatto una casa di pianto; ogni convento ora è covo del vento! l santuari spelonche divantâr di sanguinari; Perfino i tabernacoli di Cristo fatti son ricettacoli del tristo. Tutto va, tutto va a soqquadro. E la ragion? La ragion? Pro peccata vestra, pei vostri peccati.

LES SOLDATS

SOLDATI

Ah, mon frère.... mon frère !

Ah, frate, frate!

MELITONE

MELITONE

Les fêtes vous les foulez aux pieds. vous volez, vous blasphémez...

Voi le feste calpestate, rubate, bestemmiate...

LES SOLDATS ITALIENS

SOLDATI ITALIANI

Misérable porteur de bure !

Togone infame!

LES SOLDATS ESPAGNOLS

SOLDATI SPAGNUOLI

Continue donc, révérend père !

Segui pur, padruccio.

MELITONE

MELITONE

Et, corps et âmes, vous êtes tous du même acabit... Tous hérétiques... Tous, tous, un grand cloaque de péchés. Et tant que le monde sera empesté par tous vos péchés. Il ne faut pas espérer de paix chez les hommes.

E membri e capi siete d’una stampa... tutti eretici. Tutti, tutti cloaca di peccati. E finché il mondo puzzi di tal pece, non isperi la terra alcuna pace.

LES SOLDATS ITALIENS

(se serrant autour de lui)

A l’assaut, qu’on l’assomme.

SOLDATI ITALIANI

Dàlli, dàlli!

(circondandolo)

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

SOLDATI SPAGNUOLI

Scappa, scappa!

(difendendolo)

LES SOLDATS ESPAGNOLS

(le protégeant)

Décampe, sauve-toi !

SOLDATI ITALIANI

LES SOLDATS ITALIENS

Dàlli! Dàlli sulla cappa!

Qu’on l’assomme, taïaut !

(Cercano di picchiarlo, ma scappa, seguitando a predicare.)

(Ils cherchent à le battre, mais il s’échappe, toujours en déclamant.)

PREZIOSILLA

PREZIOSILLA

(ai soldati che lo inseguono uscendo dalla scena)

(aux soldats qui le poursuivent)

(Prende a caso un tamburo e imitata da qualche tamburino lo suona. I soldati accorrono tosto a circondarla seguiti da tutta la turba.)

(Elle prend un tambour au hasard et fait entendre quelques roulements. Les soldats viennent aussitôt l’entourer, suivis par toute la foule.)

Lasciatelo ch’ei vada. Far guerra ad un cappuccio! Bella impresa! Non m’odon? Sia il tamburo sua difesa.

Laissez-le s’en aller... Faite la guerre à un capuchon ! C’est du joli ! ils ne m’entendent pas ?...Que le tambour le défende !

PREZIOSILLA E CORO

PREZIOSILLA ET LE CHŒUR

Rataplan, rataplan, della gloria pel soldato ritempra l’ardor, rataplan, rataplan, di vittoria questo suono è segnal precursor! Rataplan, rataplan or le schiere son guidate raccolte a pugnar! Rataplan, rataplan, le bandiere del nemico si veggon piegar! Rataplan, pim pum pum, inseguite chi la terga, fuggendo, voltò... Rataplan, le gloriose ferite col trionfo il destin coronò. Rataplan, rataplan, la vittoria più rifulge de’ figli al valor!... Rataplan, rataplan, la vittoria al guerriero conquista ogni cor. Rataplan, rataplan, rataplan!

Le rantanplan, le rantanplan de la gloire raffermit le courage du soldat : Rantanplan, rantanplan, de la victoire ce bruit est le signal précurseur ! Rantanplan, voici les bataillons. rantanplan, on les range en ordre de bataille, rantanplan, on voit plier les étendards ennemis ! Rantanplan, pim, poum, poum ! Poursuivez celui qui tourne le dos et s’enfuit... Rantanplan, le destin couronne par le triomphe les glorieuses blessures. Rantanplan, rantanplan, la victoire rehausse encore le courage de nos garçons ! Rantanplan, rantanplan, la victoire donne tous les cœurs au guerrier. Rantanplan, Rantanplan, Rantanplan !

(Escono correndo.)

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LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Ils sortent en courant.)

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

QUATRIÈME ACTE

ATTO QUARTO

Les environs d’Hornachuelos

Vicinanze d’Hornachuelos

PREMIÈRE SCÈNE

L’intérieur du couvent de Notre-Dame des Anges. Des arcades décrépites entourent une petite cour plantée d’orangers, d’oliviers et de jasmins. Sur la gauche, la porte qui donne sur la rue : à droite, une autre porte au-dessus de laquelle on lit : Cloître.

(Père Guardiano se promène d’un air grave, lisant son bréviaire. Par la gauche, entrent de nombreux mendiants, hommes et femmes, de tous âges, tenant à la main des écuelles, des marmites ou des plats.)

SCENA PRIMA

Interno del convento della Madonna degli Angeli. Un meschino porticato circonda una corticella con aranci, oleandri, gelsomini. Alla sinistra dello spettatore è la porta che mette alla via; a destra altra porta sopra la quale si legge «Clausura». (Il Padre Guardiano passeggia gravemente leggendo il breviario. Dalla sinistra entrano molti pezzenti d’ogni età e sesso con rozze scodelle alla mano, pignatte o piatti.)

LE CHŒUR DES MENDIANTS

CORO DEI MENDICANTI

Faites la charité. voici une heure que nous attendons, il faut que nous partions, faites la charité !

Fate la carità, è un’ora che aspettiamo! Andarcene dobbiam, andarcene dobbiamo, andarcene dobbiam, la carità, la carità!

(Fra Melitone arrive par la droite, le ventre ceint d’un grand tablier blanc, et, aidé par un frère laïc, il apporte une grande marmite qu’il dépose au centre ; l’autre moine ressort.)

(Melitone, che viene dalla destra coperto il ventre d’ampio grembiale bianco, ed aiutato da altro laico, porta una grande caldaia a due manichi, che depongono nel centro; il laico riparte.)

MELITONE

MELITONE

Eh quoi ?... vous vous croyez à l’auberge ?... Silence...

Che? Siete all’osteria? Quieti...

(Il commence à servir la soupe.) LES MENDIANTS

(bousculant)

Vite, ici, à moi. Vite, à moi, etc.

(Comincia a distribuire la zuppa.) MENDICANTI

(spingendo e urtando)

Qui, presto a me, presto a me, ecc.

MELITONE

MELITONE

Silence, silence, silence, silence.

Quieti, quieti, quieti, quieti.

LES VIEUX

VECCHI

Elles en ont de grandes portions !... Elles veulent tout pour elles. Maria en a déjà eu trois !...

Quante porzioni a loro! Tutto vorrian per sé. N’ebbe già tre Maria!

UNE FEMME

(à, Melitone)

J’en veux quatre...

UNA DONNA

(a Melitone)

Quattro a me...

LES MENDIANTS

CORO

Elle en veut quatre !

Quattro a lei!

UNE FEMME

UNA DONNA

Oui, parce que j’ai six enfants...

Sì, perché ho sei figliuoli...

MELITONE

MELITONE

Pourquoi en avez-vous six ?

Perché ne avete sei?

UNE FEMME

UNA DONNA

Parce que Dieu me les a envoyés.

Perché li mandò Iddio.

MELITONE

MELITONE

Oui, Dieu... Dieu. Vous ne les auriez pas si comme moi vous vous fustigiez le dos avec une bonne discipline,

Sì, Dio...Dio. Non li avreste se al par di me voi pure la schiena percoteste con aspra disciplina,

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

e più le notti intere passaste recitando rosari e Miserere...

et si vous passiez plus souvent des nuits entières à réciter votre chapelet et le miserere...

GUARDIANO

GUARDIANO

Fratel...

Mon frère...

MELITONE

MELITONE

Ma tai pezzenti son di fecondità davvero spaventosa...

Mais tous ces mendiants sont d’une fécondité tour à fait terrifiante...

GUARDIANO

GUARDIANO

Abbiate carità.

Soyez charitable !

VECCHI

LES VIEUX

Un po’ di quel fondaccio ancora ne donate.

Donnez-nous donc encore un peu de vos restes.

MELITONE

MELITONE

Il ben di Dio, bricconi, fondaccio voi chiamate?

C’est le don de Dieu, gredins, que vous appelez des restes ?

CORO

(porgendo le loro scodelle)

A me, padre a me, a me, a me, ecc.

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LES MENDIANTS

(offrant leurs écuelles)

Mon père, donnez-m’en, à moi, à moi, etc.

MELITONE

MELITONE

Oh, andatene in malora, o il ramajuol sul capo v’aggiusto bene or ora... Io perdo la pazienza! ecc.

Oh, allez tous au diable. Ou je m’en vais vous coiffer avec la louche... J’en perds patience ! etc.

GUARDIANO

GUARDIANO

Carità.

Et la charité !

DONNE

DES FEMMES

Più carità ne usava il padre Raffael.

Le père Raphaël était plus charitable.

MELITONE

MELITONE

Sì, sì, ma in otto giorni avutone abbastanza di poveri e minestra, restò nella sua stanza, e scaricò la soma sul dosso a Melitone... E poi con tal canaglia usar dovrò le buone?

Oui, oui, mais au bout de huit jours il en a eu assez des pauvres et de leur soupe, et il est resté dans sa chambre. Et la corvée est retombée sur le dos de Melitone... Et il faudrait que je ménage toute cette racaille ?

GUARDIANO

GUARDIANO

Soffrono tanto i poveri... La carità è un dovere.

Les pauvres souffrent tant. La charité est notre devoir.

MELITONE

MELITONE

Carità con costoro che il fanno per mestiere? Che un campanile abbattere co’ pugni sarien buoni, che dicono fondaccio, fondaccio il ben di Dio... Bricconi, bricconi, bricconi!

La charité pour tous ces drôles dont mendier est le métier ? Qui abattraient le clocher à coups de poings pour entrer, qui appellent les dons de Dieu des restes... Gredins, gredins, gredins !

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

Qui appellent les dons, etc.

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

E dicono fondaccio, ecc.

DES FEMMES

DONNE

Ah, le père Raphaël ! etc.

Oh, il padre Raffaele! ecc.

DES HOMMES

UOMINI

C’était un ange ! Un saint ! etc.

Era un angelo! Un santo! ecc.

MELITONE

MELITONE

Cessez de m’importuner !

Non mi seccate tanto! Non mi seccate tanto!

LES MENDIANTS

MENDICANTI

Un saint ! Un saint ! Oui, oui, oui, oui, un saint ! etc.

Un santo! Un santo! Sì, sì, sì, sì, un santo! ecc.

MELITONE

MELITONE

(d’un coup de pied, faisant rouler la marmite)

(Fa rotolare la caldaia con un calcio.)

Le reste est pour vous, prenez-le, je ne veux plus vous entendre, etc. Dehors, laissez-moi, oui, dehors, au soleil, au soleil, laissez-moi, etc. Vous êtes plus gueux que Lazare, monceaux de perversité... Allez, allez, gredins, au diable, déguerpissez d’ici ; vous êtes plus gueux que Lazare, etc.

Il resto, a voi prendetevi, non voglio più parole, ecc. Fuori di qua, lasciatemi, sì, fuori, al sole, al sole, lasciatemi, ecc. Pezzenti più di Lazzaro, sacchi di pravità... via, via bricconi, al diavolo, toglietevi di qua; pezzenti più di Lazzaro, ecc.

LES MENDIANTS

MENDICANTI

Ah, le père Raphaël ! C’était un ange ! Un saint !

Oh, il padre Raffaele! Era un angel! Era un santo! ecc.

MELITONE

MELITONE

Vous êtes plus gueux que Lazare, etc.

Pezzenti più di Lazzaro, ecc.

LES MENDIANTS

MENDICANTI

Le père Raphaël ! C’était un ange ! Un saint ! etc.

Il padre Raffaele! Era un angelo! Un santo! ecc.

MELITONE

MELITONE

Dehors, laissez moi,... dehors, déguerpissez d’ici ! etc.

Fuori di qua! Lasciatemi,... fuori, fuori, via di qua! ecc.

(Le moine, furieux, les chasse de la cour. Puis il prend un mouchoir de sa manche et s’essuye le front. On agite violemment la cloche de la porte d’entrée.)

(Infuriato il frate li scaccia dal porticato. Poi tira fuori dalla manica un fazzoletto e si asciuga la fronte. Si suona con forza il campanello alla porta.)

GUARDIANO

GUARDIANO

Voici quelqu’un qui vient. Ouvrez.

Giunge qualcuno, aprite.

(Père Guardiano sort. Fra Melitone ouvre la porte, et Don Carlo, enveloppé dans un grand manteau, entre.)

(Esce. Melitone apre la porta e ritorna con Don Carlo, avviluppato in un grande mantello.)

DON CARLO

(fièrement)

Êtes-vous le portier ? MELITONE

(à part)

En voilà un sot !

DON CARLO

(alteramente)

Siete il portiere? MELITONE

(fra sé)

È goffo ben costui!

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(forte)

(à haute voix)

Se apersi, parmi...

DON CARLO

Il padre Raffaele?

Le père Raphaël !

MELITONE

(fra sé)

MELITONE

(à part)

Un altro!

Encore un !

Due ne abbiamo; l’un di Porcuna, grasso, sordo come una talpa, un altro scarno, bruno, occhi...

Nous en avons deux ; l’un est de Procuna, gras, et sourd comme un pot ; l’autre maigre, brun, les yeux...

(forte)

(fra sé)

Ciel, quali occhi! (forte)

Voi chiedete?

(à haute voix)

(à part)

Ciel, les yeux qu’il a ! (à haute voix)

Vous demandez ?

DON CARLO

DON CARLO

Quel dell’inferno.

Celui qui vient de l’enfer.

MELITONE

(fra sé)

MELITONE

(à part)

È desso!... è desso!

C’est bien lui !...

E chi gli annuncio?

Et qui dois-je annoncer ?

(forte)

(à voix haute)

DON CARLO

DON CARLO

Un cavalier.

Un gentilhomme...

MELITONE

(fra sé)

Qual boria! È un mal arnese, sì, sì. (Esce.)

MELITONE

(à part)

Quelle arrogance ! Il est bien mal embouché ! (Melitone sort.)

DON CARLO

DON CARLO

Invano Alvaro ti celasti al mondo e d’ipocrita veste scudo facesti alla viltà. Del chiostro ove t’ascondi mi additò la via l’odio e la sete di vendetta; alcuno qui non sarà che ne divida. Il sangue, solo il tuo sangue può lavar l’oltraggio che macchiò l’onor mio: e tutto il verserò, lo giuro a Dio.

C’est en vain Alvaro que tu as fui le monde et que cet hypocrite habit sert de bouclier à ta lâcheté. La haine et la soif de vengeance m’ont indiqué le chemin du cloître où tu t’étais caché ! Il n’y aura ici personne pour nous séparer ; ton sang, ton sang seul peut laver l’outrage qui a souillé mon honneur : et je le verserai jusqu’à la dernière goutte, je le jure devant Dieu.

(Entra Alvaro, in abito di frate.)

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Puisque je vous ai ouvert, il me semble...

DON CARLO

(Don Alvaro entre, en habit de moine.)

DON ALVARO

DON ALVARO

Fratello...

Mon frère...

DON CARLO

DON CARLO

Riconoscimi.

Reconnais-moi.

DON ALVARO

DON ALVARO

Don Carlo! Voi, vivente!

Don Carlo ! Vous, vivant !

DON CARLO

DON CARLO

Da un lustro ne vò in traccia, ti trovo, ah! ti trovo finalmente...

Voici cinq ans que je suis ta trace, et je te trouve enfin...

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

Seul ton sang pourra effacer le crime et l’infamie ; il était écrit que je te châtierais, sur le livre du destin. Tu fus jadis valeureux, te voici moine et tu n’as point d’arme ici... Il faut que je verse ton sang, choisis, j’en ai apporté deux...

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

Col sangue sol cancellasi l’infamia ed il delitto. Ch’io ti punisca è scritto sul libro del destin. Tu prode fosti, or monaco, un’arma qui non hai... Deggio il tuo sangue spargere, scegli, due ne portai.

DON ALVARO

DON ALVARO

J’ai vécu jadis parmi les hommes... je comprends ; mais maintenant, cet habit, ce cloître

Vissi nel mondo, intendo; or queste vesti, l’eremo,

vous disent que j’ai corrigé mes fautes, que mon cœur est repentant. Laissez-moi.

dicon che i falli ammendo, che penitente è il cor. Lasciatemi, lasciatemi.

DON CARLO

DON CARLO

Ni cette robe, ni le désert ne pourront te protéger, couard !

Difendere quel sajo, né il deserto, codardo, te non possono.

DON ALVARO

(furieux)

DON ALVARO

(trasalendo)

Couard ! Ce mot...

Codardo! Tale asserto...

Non ! Seigneur, viens-moi en aide !

No, no! Assistimi, Signore!

(se retenant)

(à Don Carlo)

Vos menaces, vos insultes, c’est le vent qui les emporte, pardonnez-moi... pitié ô mon frère, pitié, pitié. Pourquoi persécuter ainsi un homme dont le seul tort fut d’être infortuné ? Voyons, il faut se soumettre au destin, ô, mon frère, pitié, pitié.

(fra sé)

(a Don Carlo)

Le minaccie, i fieri accenti, portin seco in preda i venti; perdonatemi, pietà, o fratel, pietà, pietà! A che offendere cotanto chi fu solo sventurato? Deh, chiniam la fronte al fato, o fratel, pietà, pietà.

DON CARLO

DON CARLO

Tu profanes ce mot. Tu m’as laissé une sœur qu’après avoir trompée, tu abandonnas à l’infamie et au déshonneur.

Tu contamini tal nome... Ah! una suora mi lasciasti che tradita abbandonasti, all’infamia, al disonor.

DON ALVARO

DON ALVARO

Non, je ne l’ai pas déshonorée. C’est un homme d’église qui vous le jure : je l’ai adorée, dans ce monde, comme on peut aimer au ciel... Je l’aime encore, et si elle m’aime, mon cœur n’a point d’autre désir.

No, non fu disonorata. Ve lo giura un sacerdote! Sulla terra l’ho adorata come in cielo amar si puote. L’amo ancor, e s’ella m’ama più non brama questo cor.

DON CARLO

DON CARLO

Ni tes mensonges, ni tes lâches paroles ne peuvent apaiser ma fureur. Prends cette arme, et viens te mesurer avec moi, traître.

Non si placa il mio furore per mendace e vile accento. L’arme impugna, ed al cimento scendi meco, o traditor.

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

DON ALVARO

DON ALVARO

Se i rimorsi, il pianto omai non vi parlano per me qual nessun mi vide mai, io mi prostro al vostro piè!

Si ni mes remords ni mes pleurs, ne vous parlent en ma faveur, vous me verrez comme personne ne m’a jamais vu, prosterné à vos pieds.

(Si getta ai piedi di Don Carlo.)

(Il s’agenouille devant Don Carlo.)

DON CARLO

DON CARLO

Ah! la macchia del tuo stemma or provasti con quest’atto!

Ah, ce geste prouve assez la souillure de ton blason !

DON ALVARO

(saltando in piedi arrabbiato)

Desso splende più che gemma.

DON ALVARO

(sursautant debout, furieux)

Il resplendit plus que tous les joyaux...

DON CARLO

DON CARLO

Sangue il tinge di mulatto.

Mais il est teint de sang mulâtre.

DON ALVARO

(non potendo più frenarsi)

DON ALVARO

(ne pouvant plus se retenir)

Per la gola voi mentite! A me un brando!

Vous mentez.... Donnez-moi une épée !

Un brando, uscite!

Une épée... sortez.

(Impugna una spada.)

(Il saisit une épée.)

DON CARLO

DON CARLO

Finalmente!

Enfin ! (se calmant)

DON ALVARO

DON ALVARO

No, l’inferno non trionfi. Va, riparti.

Non, l’enfer ne triomphera point. Va, pars...

(Getta la spada.)

(Il jette son épée.)

DON CARLO

DON CARLO

Ti fai dunque di me scherno?

C’est ainsi que tu te moques de moi ?

DON ALVARO

DON ALVARO

Va.

Va.

DON CARLO

DON CARLO

S’ora meco misurarti, o vigliacco, non hai core, ti consacro al disonore.

Si tu n’as pas le courage, lâche, de te mesurer avec moi sur-le-champ, je te voue au déshonneur...

DON ALVARO (furente) Ah, segnasti la tua sorte! Morte!

Ah ! Tu as signé ton arrêt de mort ! La mort !

(Gli dà uno schiaffo.)

(Raccoglie la spada.)

(Il le soufflette.) DON ALVARO

(furieux)

(Il ramasse l’épée.)

DON CARLO

DON CARLO

Morte! A entrambi morte!

La mort ! La mort pour tous deux !

DON CARLO ET DON ALVARO

DON CARLO ET DON ALVARO

Ah! Vieni a morte, a morte andiam!

Ah, viens, à mort, à mort, partons !

(Escono precipitosamente.)

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LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Ils sortent en courant.)

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

DEUXIÈME SCÈNE

SCENA SECONDA

Au-dehors de la grotte de Leonora

Fuori la grotta di Leonora

Une vallée, entre des rochers impraticables, traversée par un ruisseau. Au fond, on voit une grotte dont l’entrée est fermée par une porte au-dessus de laquelle est f ixée une cloche que l’on peut actionner de l’intérieur. Le jour tombe. La scène s’obscurcit peu à peu, puis on voit apparaître un clair de lune resplendissant.

Valle tra le rupi inaccessibili, attraversata da un ruscello. Nel fondo a sinistra dello spettatore è una grotta con porta praticabile, e sopra una campana che si potrà suonare dall’interno. È il tramonto. La scena si oscura lentamente; la luna apparisce splendidissima.

(Leonora, pâle, méconnaissable, sort de la grotte, en proie à la plus vive agitation.)

(Leonora, pallida, sfigurata, esce dalla grotta agitatissima.)

LEONORA

LEONORA

Donne-moi la paix, la paix, mon Dieu, une cruelle infortune me contraint, hélas, à languir ; ma souffrance. après tant d’années. est aussi vive qu’au premier jour. Je l’aimais, c’est vrai. Mais Dieu l’avait paré de tant de beauté et de vertus que je l’aime encore et que je ne puis arracher son image de mon cœur. Fatalité ! Fatalité ! Un crime nous a séparés, ici-bas ! Alvaro je t’aime, mais il est écrit au ciel que je ne te reverrai plus jamais ! Oh, Dieu, Dieu fais moi mourir, car la mort seule pourra m’apporter l’apaisement. C’est en vain que mon âme, éperdue de douleur, espère trouver ici la paix.

Pace, pace, mio Dio! Cruda sventura m’astringe, ahimè, a languir; come il dì primo da tant’anni dura profondo il mio soffrir. L’amai, gli è ver! Ma di beltà e valore cotanto Iddio l’ornò, che l’amo ancor, né togliermi dal core l’immagin sua saprò. Fatalità! Fatalità! Fatalità! Un delitto disgiunti n’ha quaggiù! Alvaro, io t’amo, su nel cielo è scritto: non ti vedrò mai più! Oh, Dio, Dio, fa ch’io muoia; ché la calma può darmi morte sol. Invan la pace qui sperò quest’alma in preda a tanto, a tanto duol.

(Elle va à un rocher sur lequel Père Guardiano a déposé pour elle quelques provisions.)

(Si dirige ad una pietra su cui il Padre Guardiano le ha lasciato qualcosa da mangiare.)

(Elle retourne en hâte dans la grotte et s’y enferme.)

(Torna rapidamente alla grotta, e vi si rinchiude.)

Malheureux pain... tu viens prolonger ma misérable existence... Mais qui s’approche ? Qui ose profaner ce saint lieu ? Malédiction !... Malédiction !...

DON CARLO

(en coulisse)

Je meurs !... La confession !... Sauvez mon âme. DON ALVARO

(qui entre, épée dégainée)

Et je verse encore le sang d’un Vargas.

Misero pane, a prolungarmi vieni la sconsolata vita...Ma chi giunge? Chi profanare ardisce il sacro loco? Maledizione, maledizione, maledizione!

DON CARLO

(dentro la scena)

Io muoio! Confessione! L’alma salvate. DON ALVARO

(entrando con la spada sguainata)

È questo ancora sangue d’un Vargas.

DON CARLO

DON CARLO

La confession...

Confessione...

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

DON ALVARO

(gettando la spada a terra)

DON ALVARO

( jettant son épée)

Maledetto io sono; ma...qui presso è un eremita...

Moi, je suis maudit, mais il y a près d’ici un ermite.

(Corre alla grotta e batte alla porta.)

(il court jusqu’à la grotte et frappe à la porte.)

A confortar correte un uom che muor... LEONORA

(dall’interno)

Nol posso.

Accourez pour réconforter un homme qui se meurt. LEONORA

(de l’intérieur)

Je ne puis.

DON ALVARO

DON ALVARO

Fratello! In nome del Signor.

Mon frère ! Au nom de Dieu !

LEONORA

LEONORA

Nol posso.

Je ne puis.

DON ALVARO

È d’uopo. LEONORA

(battendo più forte)

(dall’interno, suonando la campana)

Aiuto! Aiuto!

DON ALVARO

Il le faut. LEONORA

(frappant à coups redoublés)

(agitantla cloche de l’intérieur)

À l’aide ! À l’aide !

DON ALVARO

DON ALVARO

Deh, venite!

Je vous en prie, venez.

(Leonora si presenta sulla porta.)

(Leonora ouvre la porte.)

LEONORA

LEONORA

Temerari, del ciel l’ira fuggite!

Audacieux, fuyez la colère du ciel !

DON ALVARO

DON ALVARO

Una donna! Qual voce! Ah no... uno spettro...

Une femme !... Cette voix... Ah, non... Un spectre...

LEONORA

(riconoscendo Don Alvaro)

Che miro!

LEONORA

(reconnaissant Alvaro)

Que vois-je ?

DON ALVARO

DON ALVARO

Tu... Leonora...

Toi... Leonora...

LEONORA

LEONORA

Egli è ben desso... Io ti riveggo ancora...

C’est bien lui... Je te revois encore...

DON ALVARO

DON ALVARO

Lungi...lungi da me...queste mie mani grondano sangue. Indietro!

Halte... loin de moi... mes mains ruissellent de sang... Arrière !

LEONORA

LEONORA

Che mai parli?

Que dis-tu donc ?

DON ALVARO

(indicando il bosco)

Là giace spento un uom.

70

LA FORCE DU DESTIN LIVRET

DON ALVARO

(indiquantle bosquet)

Là-bas gît un homme, mortellement blessé.

LEONORA

LEONORA

Tu l’uccidesti?

Tu l’as tué ?

DON ALVARO

DON ALVARO

Tutto tentai per evitar la pugna.

J’ai tout tenté pour éviter ce duel.

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LIVRET LA FORCE DU DESTIN

Je m’étais enfermé dans un cloître pour la vie. Il m’a rejoint, il m’a insulté, je l’ai tué.

LIBRETTO LA FORZA DEL DESTINO

Chiusi i miei dì nel chiostro. Ei mi raggiunse...m’insultò...l’uccisi.

LEONORA

LEONORA

Et qui était-ce ?

Ed era?

DON ALVARO

DON ALVARO

Ton frère !

Tuo fratello!

LEONORA

LEONORA

Grand Dieu !

Gran Dio!

(Elle court vers le bosquet.)

(Corre ansante verso il bosco.)

DON ALVARO

DON ALVARO

Destin cruel, comme tu te joues de moi ! Leonora est vivante et il faut que je la retrouve alors que je viens de verser le sang de son frère !

Destino avverso, come a scherno mi prendi! Vive Leonora e ritrovarla deggio or che versai di suo fratello il sangue!

LEONORA

Ah !

(en coulisse, poussant un cri)

LEONORA

Ah!

(dall’interno, mette un grido)

DON ALVARO

DON ALVARO

Ce cri ! Que se passe-t-il ?

Qual grido! Che avvenne?

(Leonora, blessée, entre, soutenue par Père Guardiano.)

(Leonora ferita entra sostenuta dal Guardiano.)

Elle ! Blessée ! LEONORA

(mourante)

À l’heure de sa mort, il n’a pas su pardonner... Et il a vengé sa honte avec mon sang.

Ella, ferita! LEONORA

(morente)

Nell’ora estrema perdonar non seppe. E l’onta vendicò nel sangue mio.

DON ALVARO

DON ALVARO

Tu n’étais donc pas satisfaite, ô vengeance divine ! Malédiction !

E tu paga non eri, o vendetta di Dio! Maledizione!

GUARDIANO

(solennellement)

Ne blasphème pas ! Humilie-toi devant Celui qui est juste et saint, qui nous conduit vers d’éternelles joies par un chemin de larmes... Ne prononce pas, dans ta colère et ta fureur, des paroles impies, vois, vois, cet ange s’envole vers le trône du Seigneur.

GUARDIANO

Non imprecare, umiliati a Lui ch’è giusto e santo, che adduce a eterni gaudii per una via di pianto; d’ira e furor sacrilego non proferir parola; vedi, vedi quest’angiol vola al trono del Signor.

LEONORA

LEONORA

Oui, pleure et prie. Je te promets le pardon de Dieu !

Sì, piangi e prega. Di Dio il perdono io ti prometto.

DON ALVARO

DON ALVARO

Je suis un réprouvé, un être maudit. Un fleuve de sang se dresse entre nous...

Un reprobo, un maledetto io sono. Flutto di sangue inalzasi fra noi.

LEONORA

LEONORA

Pleure ! Prie !

Piangi! Prega!

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LA FORZA DEL DESTINO LIBRETTO

GUARDIANO

GUARDIANO

Prostrati!

Prosterne-toi !

LEONORA

LEONORA

Di Dio il perdon io ti prometto. Prega!

Je te promets le pardon de Dieu. Prie !

DON ALVARO

DON ALVARO

A quell’accento più non poss’io resistere.

Je ne peux plus résister à cette voix...

(Si getta ai piedi di Leonora.)

(Il se jette aux pieds de Leonora.)

GUARDIANO

GUARDIANO

Prostrati!

Prosterne-toi

DON ALVARO

DON ALVARO

Leonora, io son redento, dal ciel son perdonato!

Leonora, je suis racheté. le ciel m’a pardonné !

LEONORA E GUARDIANO

LEONORA ET GUARDIANO

Sia lode a Te, Signor.

Ciel ! Seigneur, loué sois-tu !

LEONORA

(a Don Alvaro)

Lieta poss’io precederti alla promessa terra. Là cesserà la guerra, santo l’amor, santo l’amor sarà.

LEONORA

(à Alvaro)

Je puis te précéder, heureuse, à la terre promise... Là-bas, nos luttes cesseront, l’amour y sera saint,

DON ALVARO

DON ALVARO

Tu mi condanni a vivere e m’abbandoni intanto! Il reo, il reo soltanto dunque impunito andrà!

Tu me condamnes à vivre. et pourtant tu m’abandonnes ! Faut-il donc que le coupable, le seul coupable échappe au châtiment !

GUARDIANO

GUARDIANO

Santa del suo martirio, ella al Signor ascenda, e il suo morire ne apprenda la fede, la pietà!

Sanctifiée par son martyre, elle s’envole vers le Seigneur. Que sa mort nous enseigne la foi et la pitié !

LEONORA

LEONORA

In ciel ti attendo, addio!

Je t’attends au ciel, adieu !

DON ALVARO

DON ALVARO

Deh, non lasciarmi, Leonora, ah no, non lasciarmi...

Je t’en prie, ne me laisse pas ! Leonora, ah non, ne...

GUARDIANO

GUARDIANO

E il suo martirio, ecc.

Que sa mort nous enseigne, etc.

LEONORA

LEONORA

Ah...ti precedo... Alvaro...Ah... Alvar...Ah!

Ah... je te précède... Alvaro... Ah !

(Muore.)

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LA FORCE DU DESTIN LIVRET

(Elle expire.)

DON ALVARO

DON ALVARO

Morta!

Morte !

GUARDIANO

GUARDIANO

Salita a Dio!

Envolée vers Dieu !

FINE

FIN

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Où le destin frappe Extrait de Verdi : de vive voix, André Tubeuf *. Actes Sud / Classica, 2010

D

’emblée j’ai eu un faible pour La Forza del destino. Tout ce qu’on en savait en France à l’époque, c’est l’extravagante accumulation d’invraisemblances (coïncidences pour être plus exact) qui en font la trame. D’où l’équation assassine : Verdi égale mélo. Accumulation en effet : les héros passent leur temps à se rencontrer où ils ne devraient pas, déguisés ou même travestis. Leonora et Alvaro s’aiment et se fuient, chacun se tenant pour responsable du malheur qui les persécute. Quand enfin ils se retrouvent, l’ultime perfidie du Destin est la pire, plus insurmontable que son métissage royal à lui, qui l’interdisait à l’amour d’une Calatrava : au bout de tant de péripéties, de fuites, de refuges cherchés (et la paix de la solitude, en Dieu), il est prêtre ; elle aussi ! Ce n’est plus le mélo : c’est le grand guignol. Salutaire avertissement à ceux qui croient trouver Verdi où il ne peut pas être : dans un livret qui n’est pas de lui. S’il y a une vérité de Verdi, si le mélodrame dont il est le maître absolu est tout autre chose que le mélo du théâtre, fait, lui, de ficelles, c’est qu’il est mélodrame précisément, et selon l ‘étymologie ; avec le melos, la musique et le chant, s’emparant des situations, ficelles et mots du livret et les transfigurant, réponse de l’âme (et nous savons comme elle s’effuse) aux nœuds, même inextricables, même invraisemblables, où l’action l’étrangle ; ne lui laisse autre issue que lever les yeux au ciel, et chanter. On voudra nous persuader que cette mort du père en prologue de La Forza, cause de tant de fuites et poursuites, procède de Don Giovanni : comme si Verdi ne songeait qu’à reprendre à Mozart ou à qui que ce soit son stock de situations, pour faire mieux en faisant pareil. C’est peu de dire que la mort de Calatrava père est accidentelle : c’est en se désarmant, en jetant son pistolet au pied du vieillard, qu’Alvaro le tue, le coup part par ricochet si l’on peut dire ; et certes il n’était

pas là pour violer la demoiselle, mais pour s’enfuir avec elle (elle consentante, malgré d’avance des remords). De ce coup de feu, rencontre balistique la plus scabreuse de tout le livret, vont découler les péripéties scabreuses aussi: les nœuds coulants dans lesquels l’âme se débat et qui, chaque fois que sa course éperdue, sa fuite en avant lui permettent une pause, le temps de souffler, lui arrachent soupir, aussitôt cantilène, et les prières les mieux chantantes, les plus belles du monde. C’est dans Forza que le livret exagère dans le mélodramatique plus que n’importe où chez Verdi : et, en réponse, dans Forza que la cantilène, refuge et solitude de l’âme pourchassée par le destin, monte au plus ineffable. Je connaissais ce pouvoir d’incantation par mes premiers 78 tours : Boninsegna et Dusolina Giannini avec leur italien vibrant, leur frisson de spinto qui a la véhémence, et la ligne. Le trio final avec Rosa Ponselle, Martinelli et Pinza montrait plus : une évidence de la spiritualité, une façon de finir en douceur, de créer la paix par le chant, là où la vie ne permet que la guerre. Plus haut encore, les yeux levés de l’incomparable Meta Seinemeyer, dans le chant de qui la ferveur de l’expiation consentie met une lumière mystique, de nature évidemment religieuse, rare chez Verdi même (observez pourtant : plus d’une fois, quand l’âme haut tenue chante piano, vous l’y trouverez), mais qu’il faut dire rarissime ailleurs à l’opéra. Le 78 tours n’avait pas dédaigné d’enregistrer Seinemeyer dans son air d’entrée, Me pellegrina, qui la montre divisée, intérieure, exilée avant l’exil – texte repris à la Cordelia d’un Roi Lear rêvé –, parrainage shakespearien déjà ; et la presque entière scène du cloître. C’est de Dresde en effet, où elle était, que la Verdi Renaissance initiée par l’Allemagne au milieu des années 1920 est partie ; pour Dresde que Franz Werfel, pas moins, avait traduit Forza : toutes raisons qui m’inclinaient à être curieux de ce mélo, dont du reste le titre

* André Tubeuf, né à Smyrne en 1930, est philosophe et critique musical français. Outre ses essais sur Mozart, Beethoven, Wagner, Verdi, Richard Strauss et le lied, il a écrit parmi les meilleurs portraits de ses amis Elisabeth Schwarzkopf, Dietrich FischerDieskau, Claudio Arrau, Hans Hotter, Rudolf Serkin, Arthur Rubinstein, Régine Crespin, Daniel Barenboïm, Hélène Grimaud ou Cecilia Bartoli. André Tubeuf a obtenu le prix de l’Essai 2009 de l’Académie française pour son Beethoven (Actes Sud).

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OÙ LE DESTIN FRAPPE ANDRÉ TUBEUF

même m’intriguait, unique chez Verdi et même dans le siècle, reprenant la tradition des Infidélités déjouées, des Fidélités récompensées, des Dissolus punis et des Amours conjugales, beaux titres abstraits qui jusqu’à Beethoven compris ont suggéré que les opéras sont fables (fables chantées, fables en musique), dont il va importer de ne pas perdre de vue qu’elles mènent à une morale ; qu’en y assistant il faut élever l’œil et l’oreille plus haut, où est la vérité, le reste n’étant qu’apparences, et qu’importe alors que celles-ci soient faites de coïncidences. Ajouterai-je qu’au moins en deux circonstances j’ai eu la bonne fortune de voir Forza, de l’entendre plutôt, dans les conditions que je préfère ? A Strasbourg (ma première), c’était Mme Dimitrova, une inconnue alors – et Dieu merci enrouée, qui chanta tout son rôle pianissimo, gommant les aspérités plus que vibrantes de sa (trop) grande voix ; et à Paris, à la générale, Mme Tomowa-Sintow se contentait de marquer, mettant dans son Verdi, ce Verdi-là précisément, l’ombre de Mozart qui s’y trouve en effet (mais pas du tout dans des réminiscences de livret : seulement dans le galbe vocal), comme l’y aurait mise celle qui pour Leonora a dû avoir presque la voix (sinon la couleur), et sûrement les yeux levés et l’âme, Elisabeth Grümmer. Verdi certes tenait à ses livrets, extrêmement, et harcelait ses librettistes en conséquence ; mais pas au point qu’aucun puisse être dit Mitarbeiter au même degré que Hofmannsthal pour Strauss. L’incidence des ressorts dramatiques sur sa musique, c’est cela seul qui lui importait ; à lui, au chant, de transfigurer (et d’ailleurs d’exprimer à plein, et selon la vérité) ces ressorts et les rebonds en résultant ; il n’aurait pas rejeté un livret ni pour excès d’invraisemblances ni pour obscurités ; il a pu agréer Trovatore et Boccanegra avant La Forza. Il lui fallait des ambiances et des coloris, n’hésitons pas à dire des atmosphères. On ne se lassera pas de dire que chanter en scène est, en soi, contradictoire à quelque vérité que ce soit. C’est en assumant à plein les circonstances, même irréalistes, accumulées par le livret que l’opéra trouvera la vérité qui lui est propre – cette vérité des sentiments, de leur expression dans le chant, dans son emphase, dans

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sa merveille, seule raison d’être de l’opéra. Ce que Verdi a demandé et redemandé à son librettiste Piave pour Forza, c’est des syllabes, un nombre, un rythme, une découpe de la versification qui pour les personnages en situation (Carlo sous son déguisement d’étudiant pour sa Ballade, Preziosilla pour ses couplets populaires) conviennent au caractère qu’ici précisément ils montrent. Là où le lyrisme les emporte, à Verdi même de procurer l’élévation, le tendu de la ligne, arrondie, amollie par une morbidezza de la substance vocale, le rien de portamento aussi qui met un rien d’abandon de plus dans le chant tenu legato. Et comme cela abonde dans Forza ! Le moindre moment de solitude y invite ; c’est comme si, libérée ne serait-ce qu’un instant de l’obligation de se surveiller (surveiller les abords, aussi), sûre de son instant de solitude sous les étoiles, l’âme n’avait qu’à lever les yeux, et devenait son propre chant. Il suffit que Fra Melitone, parti chercher le Guardiano, laisse Leonora travestie seule un instant à la porte du cloître : dans son seul Vergin, m’assisti tient, virtuelle, l’effusion tout entière de son chant. Pour Alvaro, seul à distance du camp sous les étoiles, la clarinette est sans doute l’ange, l’intercesseur. Il entend, et il songe; il revient à lui, à son dedans, comme c’est la fonction théâtrale de la solitude (la solitude à l’opéra) de le permettre : et Mme s’effuse, dans son chant. Moment à la fois intemporel (ce pourrait être n’importe quelle nuit, du moment qu’il est seul) et parfaitement incarné : forcément de nuit, avec la noirceur qui lui est propre, qui n’empêchait pas les Grecs de la dire la bienveillante ; ni cet autre Ange, dans Le Soulier de satin, de la dire de lait, avec sa lumière mystérieuse, qui n’éclaire que les cœurs, fait qu’ils voient clair en eux, et qu’ils boivent comme un lait. Que cela se déploie avec son introduction instrumentale, son récitatif, tout un air enfin, avec sa clarinette, sa couleur magiquement grave, sérieuse, faite pourtant d’infinies instabilités tonales, n’empêche pas que ce ne soit là qu’un instant, un éclair – qu’Alvaro aurait aussi bien pu ne vivre qu’en son intérieur. Dire l’intérieur. Faire entendre ce qui ne se trouve voix que là où il n’y a pas d’interlocuteur : le génie mélodramatique de

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Verdi, sa disposition propre, ses effets de solitude, l’omniprésence de l’intériorité, on va les trouver à plein, et partout, dans cet opéra où on prétend ne voir (vu du dehors : sans écouter vraiment) que circonstances et extériorité. Ce n’est pas cela qui plut d’abord dans Forza, qui n’est pas, ajoutons-le, un Verdi qui d’emblée s’imposa : sans avoir à le remodeler profondément, comme il fit de l’impossible Boccanegra, Verdi en changea le finale, changeant du même coup, et du tout au tout, la couleur morale de l’œuvre ; pacifiant ce qui d’abord avait été sans espoir, et sans pardon. À l’origine Alvaro désespéré se jetait dans le vide, du rocher où Leonora vient d’être assassinée par son frère la maudissant : le trio, d’une beauté surnaturelle, où le Padre Guardiano et la mourante joignent leurs voix (leurs prières) pour que règne la miséricorde là où régnait la fatalité, la force du destin, est un repentir de Verdi. Le fait est que (sauf La Vergine degli Angeli, prière avec chœur faite sur mesure pour que le public sympathise) ce n’est pas Leonora et sa cantilène de solitude, pauvre d’effets, riche de sentiment seulement, qui plurent d’emblée. Ce furent les couplets de l’étudiant noir, ce furent surtout, suprêmement, les deux messieurs, ténor et baryton, réunis dans deux duos de découpe et surtout d’accents bien différents, mais également sensationnels. Bientôt Don Carlos résumera exemplairement ce que l’amitié ardente inspire à deux protagonistes pareils, avec le duo qui réunit l’Infant et Posa : mais dans cinq ans seulement. Ici, au champ de bataille (tableau rajouté, d’intention expresse de Verdi, au canevas primitif : et purement et simplement repris au Camp de Wallenstein, de Schiller, dans la traduction de son ami Maffei), les ennemis mortels tous deux sous des identités d’emprunt se sauvent l’un l’autre, à tour de rôle, d’une perte certaine ; et l’accent schillérien (cornélien, en vérité, l’histoire est espagnole) de générosité désintéressée fait de Solenne in quest’ora un des plus purs moments de fraternité virile attendrie de toute l’histoire de l’opéra : et, typiquement, il a appartenu à des chanteurs d’école allemande, qui sentent leur Schiller et le font sentir, Pataky et Schlusnus, Rosvaenge et Schlusnus, d’y mettre

la nuance de noblesse désespérée et désintéressée que Gigli par exemple, à la même génération, trivialisait en simple sentimentalisme apitoyé (pour ne pas dire pleurnicheur). Verdi avait longuement et sérieusement fait plancher son librettiste Piave sur les indémêlables imbroglios et rebondissements de La Fuerza del sino originale signée Saavedra, duc de Rivas. Foison de personnages à élaguer, au risque d’encore plus de coïncidences et extravagances dans l’action. Ayant ainsi simplifié, et raccourci, le voilà qui complique : comme si le monde concret de la guerre, la bataille avec le sang qui coule, le canon dehors, le chirurgien affairé dramatisaient son sujet dans le sens du plus incarné ; et qu’en outre les cortèges de la guerre, d’un autre foisonnement, lui goyesque, cantinière, sacripants, profiteurs, moines mendiants, hospitaliers et burlesques à la fois, lui apportaient de façon shakespearienne les contrastes de couleur voulus. Rajout scabreux, qui accentua dans l’esprit de beaucoup le sentiment d’incohérence, d’arbitraire que leur inspirait l’action de Forza, sans saisir à quel degré ce rajout contrastant fait ressortir l’élévation propre des caractères nobles de La Fuerza initiale, jusqu’à la spiritualité mystique qu’on a dite. L’autre triomphe immédiat allait à un second duo pour les mêmes, quand Alvaro pleurant tout ce qu’il a perdu (ou croit avoir perdu) est prêtre, édifiant tout le voisinage par sa piété, son humilité, sa sainteté. Il ignore évidemment que c’est dans un réduit rupestre plus haut dans la montagne que le Guardiano a permis à Leonora de se retirer, sous une robe de moine, pour expier jusqu’à sa mort ce qu’elle se tient à crime. Où mènent les identités d’emprunt ! Fatalità ! Carlos bien entendu n’a pas renoncé à traquer celui qu’il tient pour de sa sœur l’infâme séducteur (métis en plus, quoique royal), et l’auteur de tous les maux de sa famille. Il le reconnaît sous son habit, le provoque jusqu’à l’intolérable, etc. Et les voilà qui dégainant vont se poursuivre dans les rochers jusqu’à ce que Carlos blessé appelle le (supposé) prêtre qui est là reclus, au cri de Io muojo ! Confessione ! Lequel prêtre est Leonora, reconnue et par Alvaro qui la retrouve, et par son frère qui la tue. Ainsi l’écheveau se débrouille et

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cela nous conduit au sublime trio final de rachat, indulgence plénière, par échange des mérites (la communion des saints est à l’œuvre, elle n’a que faire des identités d’emprunt : elle a pour fonction d’ignorer les identités, d’en rendre poreuses les limites) ; et d’abord (le temps que ces messieurs ferraillant grimpent un peu) au sublime Pace, mio Dio, cantilène suprême de Verdi, étrangère elle aussi à tout effet, fors sa ligne sculpturale et pourtant alanguie, où le Si bémol met sa beauté dans le fait d’être donné pianissimo. Tous effets qui ne plairont, et en un sens ne seront perçus, qu’après, comme s’il avait fallu créer autour du personnage fabuleux, mais seulement chantant, qu’est Leonora, ces fracas de vraie guerre et de rataplan et de haine inapaisable, pour que parle en elle, à plein, l’intériorité, qui est sienne, et la miséricorde, qui est de Dieu. Ce qui avait plu, c’est ce duo, antithétique de Solenne in quest’ora, et qui présente les mêmes protagonistes sous d’autres identités et d’autres humeurs, mais qui exploitent à fond les possibilités et prouesses de deux grandes bêtes d’opéra. Le premier Alvaro a été Tamberlick, ténor pour qui le rôle (l’opéra tout entier à vrai dire) fut écrit, et qui l’était, grandissime. Une véhémence mâle, jusqu’à la furie sanguinaire, éclaire ce duo à péripéties (vocales aussi) de toutes les couleurs possibles. Et typiquement, à l’inverse de tout à l’heure, c’est Pertile avec Franci, c’est Lauri-Volpi (avec ce sang qui semble lui flamber dans la voix, parfois) avec Bechi, pas des chanteurs schillériens, mais des Latins, qu’il faut entendre ici ! Malgré son nom, Tamberlick était italien, mais idolâtré dans toute l’Europe. C’est lui qui sut persuader Verdi, démoralisé après les péripéties qu’avait rencontrées Ballo in maschera, de lui écrire un opéra à ses mesures, pour le tout neuf Mariinski de SaintPétersbourg. Le Ruy Blas auquel il songeait étant inacceptable pour la censure tsariste, Verdi d’un seul coup réenflammé pensa d’emblée au grand mélo espagnol qu’il avait à l’œil depuis sa parution en Italie. Si la Russie offrit à Verdi de grands moyens musicaux et vocaux (et un pont d’or), elle ne fit pas à La Forza un signalé triomphe. Après révision seulement, et sept ans plus tard, à la Scala,

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le triomphe se déclara. Verdi avait entre-temps donné à Paris le Don Carlos d’origine, français, non moins composite et bigarré d’action. L’aubaine pour lui fut qu’à Milan il découvrait une Leonora hors format, Teresa Stolz, dont on sait l’infléchissement étonnant qu’elle inspirera à sa vocalité chantante, lui créant coup sur coup le Requiem et Aida, où vont ouvrir leurs ailes à plein la lumière et l’élévation morale (telle qu’elle s’exprime par la cantilène) qui sont le dernier mot du chant verdien – issu de cette Leonora. Le succès de La Forza ne se démentira plus – là du moins où on la donnait. Car cette rumeur d’inutiles complications, d’outrance dans le mélodrame, empêchait qu’on la jouât tant que ça. Le Metropolitan ne s’y mettra qu’en 1919, dernière prise de rôle verdien pour Caruso, qui y faisait débuter auprès de lui une absolue inconnue, Rosa Ponselle. Caruso mort, Martinelli lui succédera, qui avec Ponselle et Pinza nous donnera quelquesuns des plus beaux disques Verdi de l’histoire : et d’abord, de Forza l’inégalable trio. C’est sans doute autour de Renata Tebaldi que se joueront les plus belles Forza modernes. Elle avait tout, le rayonnement lumineux, la morbidezza idéale, la cantilène angélique, pour un rôle aux lignes déployées et qui, avantage sans prix, ne requiert pas comme Aida (qui par ailleurs lui allait si bien, et pour les mêmes raisons) un contre-Ut exposé. Avec Mitropoulos, à Florence en 1953, live, il en reste un témoignage mémorable : mais celui de la Scala en 1955, où officie le moindre Votto, serait, en beauté verdienne pure, presque plus haut encore. Rien, pas même un air, en studio, ne nous reste de Rethberg, née pour le rôle ; mais Zinka Milanov a fait le rôle sien, au Met, avec sa couleur unique, et ses aigus piano flottés ; et aussi Stella Roman, dont le pianissimo désespérait Milanov même ; puis Leontyne Price. Forza, comme Aida et malgré tant de sublimes à-côtés, est et restera un opéra de prima donna, mais qui à pas un moment n’y peut faire, ni scéniquement ni vocalement, la prima donna. Elle se sacrifie et c’est tout. Et quand Alvaro étouffe un sanglot pour dire qu’elle est morte, très justement le Guardiano rectifie : salita a Dio, montée à Dieu. Tant de passion déchirante, tue, priée seulement, confiée

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aux seules étoiles. On a eu la fortune d’y voir Julia Varady, passion la plus ardente sans doute qu’on ait connue (vécue) en scène, mais qui se dévore ellemême ; silencieuse pourtant ; et tout le feu de cela passe, transfiguré dans le chant, un chant incendiaire de ferveur, fragile pourtant. Et avec de telles Leonora, pas de doute : la trace en nous, la brûlure, pourrait effacer le souvenir même d’une Violetta de génie. Le plus beau rôle de femme, peut-être, de tout Verdi. La Forza aurait pu n’être qu’un retour au Trovatore : mêmes Espagnes improbables, mêmes noirceurs, même noir dans l’atmosphère, au vrai, nature sans fleurs ni printemps, chemins d’exil et de guerre, rivalités inexpiables, nuit ; mélo qui s’anime, se sublime, se transfigure autant qu’il devient cantilène. Mais Forza offre bien plus : des personnages de stock certes, comme l’opéra en connaît tant, mais que l’épreuve change, au moins le temps d’une solitude, en des présences vraies, palpables, qui ont leur envers et nous le montrent. La guerre, l’amour, la piété filiale arrachent à Manrico des soupirs et des cris d’opéra, sublimes, qui ne font pas un personnage, mais seulement un ténor. Sa remémoration sous les étoiles, son retour sur soi suffisent à assurer à Alvaro un autre relief, une autre dimension. Quant à Leonora, c’est plus d’une fois que Verdi lui offre merveille d’au moins aussi belle eau que le D’amor sull’ali rosee de son homonyme du Trovatore, effusive certes (c’est une prière, une élévation du moins, ce n’est pas une âme mise à nu), mais décorative, belcantiste. Le bel canto sera partout dans La Forza, mais sublimé, au service du sentiment, de la situation, de l’expression ; décoratif, chant pour le chant, ou pour placer un air, jamais. Typiquement, aux voix à qui ici il demande tant, Verdi n’offre pas de cabalette : si Carlo en a une, c’est parce que, entre le corps de son air, Urna fatale del mio destino et ce Egli è salvo ! il a appris que c’est son rival haï qui gît là, à sa portée, sa haine peut (doit) jubiler. Les moyens du bel canto le plus pur y sont, legato, messa di voce, plasticité absolue requise pour le corps même de la voix, permettant de transcender les formules du bel canto, qui sont d’abord hédonistes. Tout dans le chant de La

Forza flatte l’oreille, mais rien ne s’adresse à elle seule, hors action. La séquence même des arias dévolues à Leonora va vers cette exaspération, qui est aussi une sublimation, effusion vers le haut : et l’effet produit se situe, comme voulait Kant, un cran plus haut, le sublime portant plus haut, touchant plus haut (et plus humain) que le beau, qui peut se contenter de sa propre suffisance. Mais le sublime ici, en pur surcroît, se trouve aussi être parfaitement beau, un beau fait pour autre chose que plaire. La séquence du cloître, où l’héroïne travestie se révèle au Padre Guardiano, est une nouveauté chez Verdi : duos d’affrontement puis d’entente, qui se suivent sans s’enchaîner, se relancent plutôt, jusqu’à la résolution (décision) finale ; ils ménagent ensuite au chœur des moines son intervention en situation, et au Guardiano son unique (et splendide) solo, La Vergine degli Angeli réunissant tout le monde dans un climax comme peu de finales d’actes d’opéra en comportent. Si l’on ajoute que l’Ouverture déjà résumait génialement les données du drame, les abstraites (le Destin) aussi, en leur donnant un visage musical identifiable et inoubliable, comment ne pas rendre à ce chef-d’œuvre sa stature sombre, austère, effusive pourtant, nocturne mais baignée d’une lumière autre, pivot dans l’œuvre de Verdi ? N’y coupons pas pour alléger, faire plus court, tels tableaux jugés annexes, encombrants, disparates. Verdi a voulu ajouter cette diversité de plans à ce qui n’était qu’un sombre mélo de vengeance et contrariétés : c’est elle qui par contraste, et selon un fil conducteur serré, produit cette stature aux personnages principaux, ce ton cornélien aussi, unique en Verdi. Au plus sombre mélo espagnol Verdi a voulu et osé ajouter, textuellement, une dimension schillérienne ; et opérant le mélange des genres, osant le pittoresque (et le poussant à bout : la Tzigane, le moine cuisinier), revêtir cette confusion accrue du manteau de Shakespeare. Structure baroque, délibérément, du vouloir de Verdi même ; et magnificence baroque du tout, où rayonnent pourtant les moments d’âme et de chant les plus classiquement, parfaitement purs.

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RÉFÉRENCES À LIRE

O À ÉCOUTER

L’Avant-Scène Opéra No 126, 1989 & No 200, 2001 Giuseppe Verdi Jacques Bourgeois Julliard, 1978 Giuseppe Verdi, mode d’emploi Chantal Cazaux Premières Loges, Paris, 2012 Verdi, un théâtre en musique Gilles Van Fayard, Paris, 1992 Tout Verdi Bertrand Demoncourt Robert Laffont, 2013 Verdi, la musique et le drame Alain Duault Gallimard, Paris, 2000 Verdi une passion, un destin Alain Duault Gallimard, Paris, 2000 Verdi par Verdi Gérard Gefen Archipel, Paris, 2001 Le cas Verdi Jean-François Labie Fayard, Paris, 2001 Verdi Pierre Milza Tempus, 2005 Verdi - la vie, le mélodrame Michel Orcel Grasset, 2001 Giuseppe Verdi Mary Jane Phillips-Matz Fayard, 1996 Verdi de vive voix André Tubeuf Actes Sud, Paris, 2010 Verdi : autobiographie à travers la correspondance Édité par Aldo Oberdorfer, J.-C. Lattès, 1984 Verdi : roman de l’opéra Franz Werfel Actes Sud, 1993

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Tullio Serafin (DM) Parlophone, 1955 Plinio Clabassi Maria Callas Carlo Tagliabue Richard Tucker Elena Nicolai Nicola Rossi-Lemeni Renato Capecchi Orchestra e Coro del Teatro alla Scala, Milano

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James Levine (DM) RCA 1977 Kurt Moll Leontyne Price Sherrill Milnes Placido Domingo Fiorenza Cossotto Bonaldo Giaiotti Gabriel Bacquier London Symphony Orchestra Ricardo Muti (DM) EMI, 1986 Giorgio Surian Mirella Freni Giorgio Zancanaro Placido Domingo Dolora Zajic Paul Plishka Sesto Bruscantini Orchestra e Coro del Teatro alla Scala, Milano Giuseppe Sinopoli (DM) Deutsche Grammophon, 1987 Rosalind Plowright Renato Bruson José Carreras Agnes Baltsa Paata Burchuladze Juan Pons John Tomlinson Ambrosian Opera Chorus Philharmonia Orchestra

À REGARDER

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Francesco Molinari Pradelli (DM) Naples 1958 Disques Dom, Giorgio Algorta Renata Tebaldi Ettore Bastianini Franco Corelli Oralia Dominguez Boris Christoff Renato Capecchi Orchestra e Coro del Teatro di San Carlo Napoli

Zubin Mehta David Pountney Vienne 2011 C Major Alastair Miles Nina Stemme Carlos Alvarez Salvatore Licitra Nadia Krasteva Alastair Miles Tiziano Bracci Chor und Orchester der Wiener Staatsoper

Giuseppe Patané (DM) Lamberto Puggelli (MS) Milan 1978 Hardy Giovanni Foiani Montserrat Caballé Piero Cappuccilli José Carreras Maria Luisa Nave Nicolai Ghiaurov Sesto Bruscantini Orchestra e Coro del Teatro alla Scala

Valery Gergiev Elijah Moshinsky Saint Pétersbourg 2012 Kultur Grigory Karasev Galina Gorchakova Nikolai Putilin Gegam Grigorian Marianna Tarasova Sergei Alexashkin Georgy Zastavny The Kirov Chorus and Orchestra

James Levine (DM) John Dexter (MS) New York 1984 Deutsche Grammophon Richard Vernon Leontyne Price Leo Nucci Giuseppe Giacomini Isola Jones Bonaldo Giaiotti Enrico Fissore Metropilitan Opera Orchestra and Chorus

Ordre de distribution Le Marquis de Calatrava, Donna Leonora di Vargas Don Carlo di Vargas Don Alvaro Preziosilla Le Père Gardien Frère Melitone

POUR LES INTERNAUTES

Enregistrement à La Monnaie en 2008, Kazushi Ono (DM), Dirk Tanghe (MS) youtube.com/watch?v=drbHCt0lwzo Enregistrement au Bayerische Staatsoper en 2014 avec Jonas Kaufmann et Anja Harteros youtube.com/watch?v=yytXI36y00Q Enregistrement au Gran Tetro del Liceo en 1979 avec Jose Carreras et Montserrat Caballé youtube.com/watch?v=6Oux8j7xxS8 www. giuseppeverdi.it L'œuvre sur Opera online opera-online.com/en/items/works/la-forza-del-destino-maria-verdi-1862 Une biographie assez complète du Maestro Verdi www.musicologie.org/Biographies/verdi_giuseppe.html

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CETTE ANNÉE-LÀ... GENÈVE EN 1862 par Gérard Duc (Prohistoire*)

Victor Hugo et le dernier condamné à mort à Genève « L’échafaud achevait, resté seul sur la Grève, / Sa journée, en voyant expirer le soleil. » Ces vers d’une lumineuse beauté datent de 1856. Ils sont de Victor Hugo et crient, à eux seuls, l’intense lutte qu’il mena pour l’abolition de la peine capitale. « Le meurtre légal », comme l’appelait le poète, passe, en cette année 1862, par Genève. Une ultime fois. L’échafaud, dressé au début du printemps sur la place Neuve, n’aura guère le loisir de voir expirer le soleil. Rapidement nettoyé et démonté à la fin de cette funeste matinée du 24 avril, où il aura ôté la vie une dernière fois, il sera définitivement rangé. Mais revenons quelques mois en arrière, en automne 1861 plus précisément. Après divers larcins qui rendirent la belle promenade des Bastions peu sûre une fois le jour tombé, Maurice Elcy, mauvais garçon de 21 ans, commet, durant la nuit du 20 octobre, l’irréparable. À l’aide d’une canne-épée, il tue un malheureux passant et le précipite dans le fossé rempli d’eau. Non content de son méfait, Elcy revient quelques heures plus tard pour dépouiller sa victime. Très vite confondu, le jeune homme passe aux aveux. Durant son procès, qui s’ouvre en début d’année 1862, il se montre arrogant et ne manifeste aucun regret. La condamnation à mort est prononcée fin mars. Le morbide intérêt de la population pour le goût du sang est engagé dès le jour de la découverte du cadavre, puisque Jean-Elie David, futur chroniqueur de talent à la Gazette de Lausanne, se rappelle « qu’il y avait foule pour voir les flaques de sang que gardaient trois ou quatre agents de police » 1. L’intérêt ne se départit pas, à tel point qu’une nuit de mi-avril, après que le bruit ait couru dans les campagnes que l’exécution d’Elcy devait avoir lieu, une importante foule de plus de cinq cent personnes se déplace sur la place Neuve vers 3 heures du matin ! Le 23 avril, il y a foule, à nouveau, pour attendre le résultat du vote du Grand Conseil, qui refuse la grâce. Et le 24, les curieux sont au rendezvous pour assister à l’exécution. 1

Jean-Elie David, Notes au crayon. Souvenirs d’un arpenteur genevois 1855-1898, Lausanne, 2004, p. 32.

Le 7 décembre, Elcy paraît se rappeler au souvenir des Genevois, notamment des conservateurs, ardents défenseurs de la peine capitale, lorsque la révision de la Constitution genevoise, entreprise en début d’année, est rejetée par les citoyens. En novembre, alerté par un membre de l’église réformé de Genève du maintien de la peine de mort dans le projet de révision de la constitution, Victor Hugo prend par deux fois la plume pour défendre avec conviction la suppression de la peine de mort. Sa prise de position est reprise par la presse helvétique et les abolitionnistes genevois veulent croire à la contribution décisive du poète dans le rejet par le corps électoral d’une révision qui maintenait la peine de mort. Il faudra toutefois attendre 1871 pour que la peine de mort soit abolie à Genève.

* Prohistoire est un

Après l’échafaud, les rails du premier tram genevois Les spectacles ne manquent pas, en cette année 1862. Début juin, la foule se rassemble à nouveau sur la place Neuve. Pendant deux jours, les curieux se pressent pour assister à l’arrivée et au départ des tramways hippomobiles reliant Genève à Carouge, premiers du genre. On ne sait si les passants sont attirés par la nouveauté ou le spectacle des quelques déraillements sans importance, provoqués par le peu d’habitude des chevaux à tracter de telles remorques sur des rails.

une Histoire des

Le tigre contrebandier Parmi les autres spectacles fort courus, on trouve ceux présentant des animaux sauvages. En septembre, la célèbre ménagerie des frères Pianet s’installe à Plainpalais et présente ses lions, tigres, panthères, hyènes, léopards, kangourous... Au début de l’été, un dompteur de bêtes féroces avait également fait le détour de Genève. Lorsqu’il quitte la ville, il prend soin de cacher une trentaine de montres sous la litière du plus féroce de ses tigres. Les douaniers, on les comprend, ne prennent pas le risque de jeter un œil dans la cache servant à la contrebande. Quelques jours plus tard, un horloger d’Alençon, en France, propose à sa clientèle des montres genevoises à des prix défiant toute concurrence.

atelier d’écriture de l’histoire créé en 2006 par Gérard Duc et Olivier Perroux, deux historiens indépendants issus du milieu académique. Prohistoire a participé à l’élaboration d’expositions, à la rédaction d’ouvrages historiques, dont énergies à Genève et à plusieurs projets historiques, notamment pour la Banque Lombard Odier & Cie. En 2015, dans le cadre des festivités du bicentenaire de l’entrée de Genève dans la Confédération suisse, Prohistoire a conçu l’exposition Genève et la Suisse. Un bicentenaire en 200 chroniques, pour le compte de l’Association GE200.CH. Cette exposition a été présentée entre mai et fin juillet dernier sur le quai Wilson.

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PRODUCTION Orchestre de la Suisse Romande

Chef de chant Todd Camburn Régisseur de production Chantal Graf

Premiers violons Bogdan Zvoristeanu (1er VS) Abdel-Hamid El Shwekh (2ème VS) Medhat Abdel-Salam Yumiko Awano Caroline Baeriswyl Linda Bärlund Elodie Bugni Theodora Christova Cristina Draganescu Yumi Kubo Dorin Matea Florin Moldoveanu Bénédicte Moreau Muriel Noble Hisayuki Ono Yin Shen Marie Sirot Seconds violons Sidonie Bougamont (1er S) François Payet-Labonne (1er S) Jonas Erni (SR) Rosnei Tuon (SR) Kerry Benson Florence Berdat Claire Dassesse Gabrielle Doret Véronique Kümin Ines Ladewig Claire Marcuard Eleonora Ryndina François Siron Claire Temperville-Clasen David Vallez Cristian Vasile Altos Frédéric Kirch (1er S) Elçim Özdemir (1er S) Emmanuel Morel (SR) Barry Shapiro (SR) Hannah Franke Hubert Geiser Stéphane Gonties Denis Martin Stella Rusu Tsubasa Sakaguchi Verena Schweizer Catherine Soris-Orban Yan-Wei Wang

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Flûtes Sarah Rumer (1er S) Loïc Schneider (1er S) Robert Thuillier (SR) Jane Elliott-Maillard Jerica Pavli Flûtes piccolos Jane Elliott-Maillard Jerica Pavli Hautbois NN (1er S) Jérôme Capeille (1er S) Vincent Gay-Balmaz (SR) Alexandre Emard Sylvain Lombard Cors anglais Alexandre Emard Sylvain Lombard Clarinettes Dmitry Rasul-Kareyev (1er S) Michel Westphal (1er S) Benoît Willmann (SR) Camillo Battistello Guillaume Le Corre

Cors Jean-Pierre Berry (1er S) Julia Heirich (1er S) Isabelle Bourgeois (SR) Alexis Crouzil (SR) Pierre Briand Clément Charpentier-Leroy Jacques Robellaz Trompettes Olivier Bombrun (1er S) Stephen Jeandheur (1er S) Gérard Métrailler (SR) Claude-Alain Barmaz Laurent Fabre Trombones ténors Matteo De Luca (1er S) Alexandre Faure (1er S) Andrea Bandini (SR) Edouard Chappot Trombone basse Laurent Fouqueray Tuba poste non pourvu Timbales Yves Brustaux (1er S) Olivier Perrenoud (1er S) Percussions Christophe Delannoy (SR) Michel Maillard Michael Tschamper Harpe Notburga Puskas (1er S)

Petite clarinette Benoît Willmann Clarinette basse Camillo Battistello Guillaume Le Corre

Violoncelles François Guye (1er S) Stephan Rieckhoff (1er S) Hilmar Schweizer (SR) Cheryl House (SR) Jakob Clasen Laurent Issartel Olivier Morel Caroline Siméand-Morel Silvia Tobler Son Lam Trân Willard White

(1er VS) 1er VIOLON SOLO

Contrebasses Héctor Sapiña Lledó (1er S) Bo Yuan (1er S) Jonathan Haskell (SR) Alain Ruaux (SR) Mihai Faur Adrien Gaubert Gergana Kusheva Trân Cléna Stein Ivy Wong

Bassons Céleste-Marie Roy (1er S) Afonso Venturieri (1er S) Francisco Cerpa Román (SR) Vincent Godel Katrin Herda Contrebassons Vincent Godel Katrin Herda

(2e VS) 2e VIOLON SOLO

Pratique d’orchestre (Étud. DAS) Eurydice Vernay, violon Francesco Tosco, alto Emma Van Den Ecker, cor

Délégué Production Guillaume Bachellier Régisseur d’orchestre Grégory Cassar Régisseur de scène Marc Sapin Garçons d’orchestre Frédéric Broisin Aurélien Sevin Assistante de régie Mariana Cossermelli

(1er S) 1er SOLISTE (SR) SOLISTE REMPLAÇANT

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Chœur du Grand Théâtre de Genève Sopranos Fosca Aquaro Chloé Chavanon Celia Cornu Kinzer* Floriane Coulier* Magali Duceau Györgyi Garreau Elisabeth Gillming Oihane Gonzalez¨* Nicola Hollyman Iana Iliev Victoria Martynenko Martina Möller-Gosoge Iulia Elena Preda Cristiana Presutti

Ténors Jaime Caicompai Frédéric Caussy* Yong-Ping Gao Omar Garrido Rémi Garin Lyonel Grélaz Sanghun Lee José Pazos Terige Sirolli Georgi Sredkov Taro Kato* Bisser Terziyski Nauzet Valerón Marin Yonchev*

Altos Vanessa Beck-Hurst Elsa Barthas* Audrey Burgener Marianne Dellacasagrande Lubka Favarger Kirsty Griffiths* Varduhi Khachatryan Mi-Young Kim Stéphannie Mahue* Johanna Rittiner-Sermier Marie-Hélène Ruscher* Deelia Trevidic* Mariana Vassileva Chaveeva Liisa Viinanen*

Basses Krassimir Avramov Wolfgang Barta Romaric Braun Nicolas Carré Phillip Casperd Aleksandar Chaveev Peter Baekeun Cho Christophe Coulier Harry Draganov Juan Etchepareborda* Seong-Ho Han Rodrigo Garcia Emerik Malandin* Dimitri Tikhonov

* Chœur supplémentaire

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BIOGRAPHIES Paolo Arrivabeni

Alexander Teliga

Il est le chef d’orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie à Liège depuis 2008. Concentrant ses activités sur le répertoire lyrique, il collabore avec les opéras les plus prestigieux, avec un répertoire comprenant les œuvres des compositeurs italiens du XIXème siècle, en particulier Rossini, Donizetti et Verdi. Il s’intéresse aussi aux compositeurs russes et allemands tels Moussorgski, Wagner et Strauss. Pour ses débuts au Concertgebouw d’Amsterdam, il dirige le Stabat Mater de Rossini. En tant que chef de l’Opéra Royal de Wallonie, il dirige des œuvres comme Nabucco, Macbeth, La Traviata, Falstaff, Rigoletto, La Bohème et Salome, suivront ensuite notamment Luisa Miller à Berlin, La Favorite au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, La Traviata et Macbeth à Dresde, Lucrezia Borgia à Munich, Macbeth à Copenhague, et plus récemment, La Forza del destino, Fidelio, Aida, Ernani à Liège, Macbeth et Nabucco au Staatsoper de Berlin, La Straniera et Moïse et Pharaon à Marseille, Macbeth à Copenhague, Roberto Devereux à Florence, Maria Stuarda à Berlin, Lucrezia Borgia au Festival d’opéra de Munich, La Straniera à Vienne et Don Giovanni à Monte-Carlo. Au Bayerische Staatsoper de Munich, il dirige Il Turco in Italia, après un franc succès à MonteCarlo avec Don Giovanni, Les Pêcheurs de perles à Liège, Un ballo in maschera à Palerme, Nabucco à Berlin, Don Carlo à Dresde et la Messa di Gloria de Puccini à Paris. Parmi ses projets, citons en particulier Lucrezia Borgia au Bayerische Staatsoper de Munich et Münchner Opernfestspiele, I Capuleti e i Montecchi au Deutsche Oper de Berlin, Tosca et Don Carlos à Dresde, Die Zauberflöte et La Bohème à Liège.

Alexander Teliga est licencié du conservatoire de musique de Lviv. Il est engagé pour plusieurs saisons au Kammeroper de Vienne, ainsi qu’à l’opéra de Prague. Il se produit dans des rôles comme Banco (Macbeth) à Leipzig, Varangian (Sadko) à Venise, Thibaut (La Pucelle d’Orléans) au Wexford Festival, Zaccaria (Nabucco) au St Margrethen Festival et à Varsovie, Scribe (Nuit de mai) à Bologne, l’Inquisiteur (Don Carlos) à Dublin, Boris Godounov à Madrid et Bologne, Sourine (La Dame de pique) à Bologne, Dublin et Milan, Kouzzina (La Fiancée vendue), Ramfis (Aida) à Varsovie, Zaretski (Eugène Onéguine) à Milan, l’Anglais (Le Joueur) au Staatsoper de Berlin, dirigé par Daniel Barenboim et à Milan. Citons encore le Roi (Aida), Zaccaria, Dikoï (Kátia Kabanová), Daland (Der fliegende Holländer) à Varsovie, le Général (Le Joueur), Geronte (Manon Lescaut) à Lyon, Un vieux forçat (Lady Macbeth de Mzensk), Varlaam (Boris Godounov), Dikoï à Santiago du Chili, l’Archevêque (Roi Roger) à Barcelone (Liceu), Vodnik (Rusalka) à Mexico City, Grémine (Eugène Onéguine) à Cracovie, Poznan et Buenos Aires, Dodon (Le Coq d’or), Boris Timofeevitch (Lady Macbeth de Mzensk), Daland à Moscou (Bolchoï), le Commandeur (Don Giovanni), Ivan Yakovlévitch (Le Nez) à Rome, Sobakine (La Fiancée du tsar) à Saint-Pétersbourg, le Grand Inquisiteur (Don Carlos), Daland et le Commandeur à Bonn. Parmi ses engagements récents et futurs figurent le Pope et Un vieux forçat (Lady Macbeth de Mzensk), le Directeur (Le Joueur) à Monte-Carlo, Zaccaria et Daland à Varsovie, Père Augustin (Les Fiançailles au couvent) à Toulouse.

Au Grand Théâtre de Genève : La Donna del lago 09-10, Le

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Le Marquis de Calatrava • Basse

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Direction musicale

Débuts au Grand Théâtre de Genève

Comte Ory 11-12

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BIOGRAPHIES

Csilla Boross

Franco Vassallo

Csilla Boross reçoit en 1998 une bourse de la ville de Székesfehérvár et suit les classes de maître d’Ileana Cotrubas, Walter C. Moore, István Gáti, Ralf Döring, Anna Reynolds et Renato Bruson. Elle poursuit sa formation musicale à l’Académie de musique FranzLiszt de Budapest jusqu’en 2001 et se perfectionne au cours de sa carrière auprès de Judit Németh, Boldizsár Keönch, Ilona Tokody et Gabriella Imre. Elle fait ses débuts à l’Opéra d’État de Budapest en 2002 en devenant soliste et membre de la troupe. En 2008, elle est engagée dans celle du Théâtre national de Brno et interprète notamment Aida, Nabucco, Eugène Onéguine, Madama Butterfly, La Traviata et Macbeth et est, depuis cette période, artiste invitée au Théâtre national de Prague. En 2009, elle reçoit le Thalia Award pour son interprétation du rôle de Cio-Cio-San (Madama Butterfly) puis le DIVA Award du Théâtre Janáček de Brno. En 2011, elle est appelée par Riccardo Muti pour interpréter le rôle d’Abigaille (Nabucco) au Teatro dell’Opera. Le maestro a également fait appel à elle pour un concert de gala célébrant le 150ème anniversaire de la création de la nation italienne. Ces dernières saisons, Csilla Boross est devenue l’une des grandes sopranos spinto de sa génération et se produit sur les scènes des grands théâtres lyriques, tels que le Teatro dell’Opera de Rome, l’Opéra de Lyon, l’Opéra de Montpellier, le Washington Opera, le Teatro Giuseppe Verdi de Trieste, le Teatro Massimo de Palerme, le Palm Beach Opera et aux festivals de Ravenne, Savonlinna et Perelada notamment. Récemment, elle a interprété les rôles de Odabella (Attila), Elisabetta di Valois (Don Carlos) et bientôt le rôle-titre de Tosca et de Lady Macbeth, ainsi que Leonora (Il Trovatore).

Né à Milan et disciple de Carlo Meliciani, Franco Vassallo est l’un des principaux barytons italiens actuels. Très tôt, il reçoit le As.li.Co International Competition de Milan qui propulse sa carrière en Italie : à la Scala de Milan, à La Fenice de Venise, au Teatro San Carlo de Naples, au Teatro Carlo Felice de Gênes, au Teatro Comunale de Florence, au Teatro dell’Opera de Rome, ou encore, aux Arènes de Vérone. On a pu également l’entendre à travers le monde sur les scènes lyriques les plus prestigieuses, telles le Metropolitan Opera de New York, le Royal Opera House de Londres, les Bayerische Staatsoper de Munich, Staatsoper de Vienne, Deutsche Oper de Berlin, à l’Opernhaus de Zurich, le Teatro Real de Madrid, le SemperOper de Dresde, mais aussi à Bilbao, Amsterdam, Paris, Los Angeles ou encore Philadelphie. Récemment, il chante dans Rigoletto (rôle-titre) à Genève ainsi qu’à Munich et Hambourg, La Straniera (Barone Valdeburgo) au Theater an der Wien, dans La Traviata (Germont) au Royal Opera House de Londres, dans Aida (Amonasro) au Bayerische Staatsoper de Munich aux côtés de Jonas Kaufmann, et dans le rôle-titre de Simone Boccanegra à l’Opéra de Gênes. Bientôt, il interprétera à nouveau les rôles-titres de Rigoletto à l’Opéra national de Paris et de Falstaff au Grand Théâtre de Genève.

Au Grand Théâtre de Genève : Nabucco (Abigaile) 13-14, Messa

Au Grand Théâtre de Genève : I Puritani (Sir Riccardo Forth)

da Requiem (Soprano) 14-15.

10-11, Macbeth (Macbeth) 11-12, Rigoletto (Rigoletto)14-15.

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Don Carlo di Vargas • Baryton

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Donna Leonora • Soprano

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BIOGRAPHIES

Aquiles Machado

Ahlima Mhamdi *

Natif du Venezuela, il commence ses études de chant avec William Alvarado au Conservatoire supérieur de musique Simón Bolivar puis les poursuit en Espagne avec Alfredo Kraus, Suso Marjátegui et Edelmiro Arnaltes à l’École supérieure de musique Reina Sofía. Lauréat de nombreux prix décernés à Viñas, Barcelona, Alonso, Madrid, Operalia, Tokyo ou Cardiff, il fait ses débuts dans L’Elisir d’Amore à Caracas et Macbeth à Las Palmas puis enchaîne les rôles sur les grandes scènes : Teatro Teresa Carreño de Caracas, Teatro Nacional de São Carlos à Lisbonne, Teatro San Carlo de Naples, au Washington National Opera, au Deutsche Oper Berlin, au Gran Teatre del Liceu à Barcelone, au Teatro Real de Madrid, au Staatsoper Berlin, au Wiener Staatsoper ou encore au Metropolitan Opera de New York. Il travaille sous la baguette de chefs prestigieux, tels Daniel Barenboim, Maurizio Benini, Semyon Bychkov, Riccardo Chailly, Jesús Lopez Cobos, Placido Domingo, Rafael Frühbeck de Burgos, Gianluigi Gelmetti, Leopold Hager, Friedrich Haider, Daniel Oren et Mistlav Rostropovitch. Il a enregistré Rigoletto avec Inva Mula et Leo Nucci aux Arènes de Vérone, L’Elisir d’Amore à Macerata, Gianni Schicchi avec Riccardo Chailly et le Royal Concertgebouw Orchestra à Amsterdam, Norma face à Edita Gruberova, sous la direction de Friedrich Haider et Le Villi avec Marco Guidarini à Paris. Après avoir récemment interprété Cavaradossi (Tosca) à Torre del Lago, puis le Duque de Mántua (Rigoletto) à Pampelune en début de saison, il continuera avec le rôle-titre de Don Carlos au Theatro Municipal de São Paulo, Gabriele Adorno (Simone Boccanegra) à Las Palmas, Rodolfo (La Bohème) à l’Opéra Royal de Wallonie de Liège et Pinkerton (Madama Butterfly) au Teatro di San Carlo de Naples.

Après des études théâtrales à Paris, la mezzo-soprano franco-marocaine Ahlima Mhamdi intègre la classe d’art lyrique d’I.  Germain et F. Boulanger au CNSMD-Lyon, où elle obtient son prix mention « Très bien » à l’unanimité avec les félicitations du jury. Elle est admise au Nouveau Studio de l’Opéra de Lyon pour la saison 2011-12. Elle est nommée « Révélation lyrique de l’ADAMI 2013 » et « Jeune Talent lyrique » par Raymond Duffaut qui l’invite à se produire en récital à l’Opéra-Théâtre d’Avignon. Sur scène, elle interprète, entre autres, les rôles de Carmen, Fenena (Nabucco), Maddalena (Rigoletto), Flora (La Traviata), Rosina (Il Barbiere di Siviglia), Isolier (Le Comte Ory), Arsamene (Serse), Orlovsky (Die Fledermaus), Charlotte (Werther), Gontran de Boismassif (Une éducation manquée), Anita (West Side Story). Elle collabore avec des personnalités comme Robert Carsen, Laurent Pelly, Evelino Pido, François-Xavier Roth, Ingo Metzmacher, Jean-Christophe Spinosi, John Fiore, Laurent Campellone, Dieter Dorn, Cesare Lievi, Alain Garichot. En récital, elle se produit sur les scènes des opéras de Nice, Rennes, Avignon et SaintÉtienne, à la Salle Pleyel, à l’Auditorium de Lyon, à la salle Molière, aux Bouffes du Nord, à l’Amphithéâtre de l’Opéra de Lyon, aux Subsistances. Ahlima Mhamdi vient de remporter le Premier Prix « Opéra » et le Premier Prix « Mélodie » au Concours International de Marmande 2015. Pour la saison 2015-2016, elle interprètera entre autres le rôle de Flora aux Chorégies d’Orange, l’Elias de Mendelssohn avec l’orchestre de Cannes et le Requiem de Verdi avec l’Ensemble Matheus.

Don Alvaro • Ténor

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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Preziosilla • Mezzo-soprano

Au Grand Théâtre de Genève : Die Walküre (Schwertleite), Nabucco (Fenena), La Wally (Afra) 13-14, Rigoletto (Maddalena) 14-15, La Grande-Duchesse de Gérolstein (Charlotte) 14-15.

* Membre de la Troupe des jeunes solistes en résidence

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Vitalij Kowaljow

José Fardilha

La basse hélvético-ukrainienne Vitalij Kowaljow possède plus de 45 rôles à son répertoire. Il est très demandé pour ses incarn a t i o n s d e P h i l i p p e  I I (Don Carlo), Fiesco (Simone Boccanegra), Zaccaria (N a b u c c o ), Banco (M a c b e t h ), Ramfis (A i d a ), Barbarossa (La Battaglia di Legnano), Procida (I Vespri siciliani), Padre Guardiano (La Forza del destino), Walter (Luisa Miller), du rôle-titre d’Attila, Kaspar (Der Freischütz), Wotan et le Voyageur (Der Ring des Nibelungen), Méphistophélès (Faust), Sarastro (Die Zauberflöte), Pimène et du rôletitre de Boris Godounov. Aux États-Unis, il fait ses débuts en Baldassare (La Favorita) avec l’orchestre du Metropolitan Opera de New York, une maison dans laquelle il retourne régulièrement, tout comme dans les opéras de San Francisco, Washington, Los Angeles, Chicago et Philadelphie. En Europe, il chante également sur les plus grandes scènes, telles celles du Royal Opera House de Londres, du Bayerische Staatsoper de Munich, du Teatro alla Scala de Milan, du Staatsoper de Vienne, du SemperOper de Dresde et des Arènes de Vérone, notamment. Pour la saison 2015-2016, il est notamment Grémine (Eugène Onéguine) au Theatro Municipal de São Paulo, René (Iolanta) à l’Opéra de Monte-Carlo, Zaccaria (Nabucco) au Gran Teatre del Liceu de Barcelone et à la Fondazione Arena di Verona, Filippo II (Don Carlos), puis en 2016, Wotan (Das Rheingold, Die Walkure, Siegfried) au Mariinski de Saint-Pétersbourg. Il participe aux derniers enregistrements de La Bohème, I Medici de Leoncavallo et Don Giovanni (Deutsche Grammophon) et incarne le rôle de Colline dans la version filmée de La Bohème de Robert Dornhelm.

Il étudie le chant auprès de Cristina de Castro et débute dans Don Giovanni (Masetto) au Teatro Nacional de São Carlos de Lisbonne, sa ville natale. Il gagne le «Toti dal Monte» qui le conduit à interpréter Don Giovanni (Leporello) à Trévise, Rovig, Strasbourg et Trieste puis Falstaff sous la direction de Peter Maag à Trévise, Rinaldo de Händel mis en scène par Pier Luigi Pizzi à Lisbonne, Lo Frate ‘nnamorato de Pergolèse dirigé par Riccardo Muti à la Scala de Milan. Il est invité par les scènes les plus prestigieuses telles le Wiener Staatsoper (L’Elisir d’amore), le Salzburger Festspiele (Don Giovanni), le Barbican Centre de Londres (Il Matrimonio segreto), l’Opéra national de Paris (Il Barbiere di Siviglia et La Bohème), le Staatsoper Unter den Linden à Berlin (La Bohème et Otello), le Bayerische Staatsoper à Munich (La Cenerentola, Roméo et Juliette, Don Giovanni), l’Opernhaus de Zurich (L’Elisir d’amore, Le Nozze di Figaro, Turandot, La Cenerentola , Il Barbiere di Siviglia), La Scala de Milan (Falstaff, La Bohème, Les Contes d’Hoffmann, La Cenerentola, Il Turco in Italia), le Teatro Regio de Turin (Otello, La Rondine, Jerusalem, Don Giovanni), le Teatro La Fenice à Venise (Semele) ou encore le New Israeli Opera à Tel-Aviv (Don Pasquale, La Cenerentola, L’Italiana in Algeri et Don Giovanni). Il a travaillé sous la baguette des chefs les plus reconnus, notamment Claudio Abbado, Paolo Carignani, Riccardo Chailly, Michel Corboz, Zubin Mehta et Riccardo Muti. Après sa prestation à Genève, il continuera sur les planches du Staatstheater Stuttgart dans Il Barbiere di Siviglia (Bartolo), l’Oper Leipzig dans La Cenerentola (Don Magnifico) et Le Nozze di Figaro (Antonio).

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Frère Melitone • Baryton

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Le Père gardien • Basse

Au Grand Théâtre de Genève : Eugène Onéguine (le Prince Grémine) 14-15.

Au Grand Théâtre de Genève : Don Giovanni (Leporello) 09-10

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BIOGRAPHIES

L’Alcade • Basse

Dans le domaine lyrique, Johanna Rittiner Sermier étudie, dès 2006, le chant auprès de Jean-Luc Follonier au conservatoire de Sion. Dans cet établissement, elle participe aux concerts de la série « Place aux Jeunes » pour lesquels elle a été sélectionnée sur audition. Elle suit les classes de maître de Laura Sarti, Gary Magby et Klesie KellyMoog. Elle fait ses débuts dans le rôle d’une Mère dans La Bohème de Puccini, dans la production d’« Ouverture-Opéra ». En dehors des concerts choraux donnés en France et en Italie, elle participe à des concerts de musique contemporaine mêlant voix et improvisation. En 2012, elle intègre le chœur de l’opéra de Lausanne et tout récemment le chœur fixe du Grand Théâtre de Genève. Elle bénéficie par ailleurs d’une expérience en tant que chanteuse et guitariste dans le monde du blues, folk et rock, avec, à son avoir, trois albums sous le label RKO Records, et plus de 250 concerts.

Nicolas Carré obtient une licence de musicologie en 1994, parallèlement à ses études de chant dans les conservatoires de Lyon, Marseille et Genève, où il remporte un 1er Prix de virtuosité en 2001. Membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève depuis 1998, il se produit aussi en récital au CERN, au Temple de la Fusterie, au Conservatoire de Neuve, à la Chapelle de l’Oratoire, entre autres, où il aime interpréter mélodies et lieds. On a pu l’entendre en concert, notamment dans la Cantata Misericordium de Britten au Victoria Hall en 2002, dans Ein deutsches Requiem de Brahms ainsi que dans le Requiem de Duruflé dirigé par Michel Corboz au Victoria Hall en 2004 et dans la Messe en Ut de Beethoven à la Cathédrale Saint-Pierre. Dans le répertoire lyrique, il interprète le rôle de Marcello (La Bohème) au Festival de Sédières en août 2006 et Brétigny (Manon) à La Scala de Milan en mai 2006, Siméon (L’Enfant prodigue de Debussy) au San Carlo de Naples et Albert (Werther de Massenet) à l’opéra de Hong Kong en 2008.

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Curra • Mezzo-soprano

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Johanna Ritiner Sermier * Nicolas Carré *

Au Grand Théâtre de Genève : Cendrillon (Le Ministre de la marine) 98-99, Lady Macbeth de Mzensk (Le Meunier), Maria di Rohan (Vicomte de Suze) 01-02, Manon (De Brétigny) 03-04, Tristan und Isolde (Un pilote) 04-05, Galilée (L’Astronome) 05-06, Ariadne auf Naxos (Le Perruquier) 06-07, Il Barbiere di Siviglia (Fiorello) 10-11, Le Comte Ory (Un coryphée) et Der Rosenkavalier (Un maître d’hôtel) 11-12, Il Barbiere di Siviglia (Fiorello) 12-13, Sigurd (Rudiger) 13-14, La Grande-Duchesse de Au Grand Théâtre de Genève : Les Aventures du roi Pausole (Une

Gérolstein (Un notaire) 14-15, Les Troyens – La Prise de Troie (Un

dame publique) 12-13, Le Nozze di Figaro (Une paysanne) 13-14.

chef grec) 15-16.

* Membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève

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* Membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève

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BIOGRAPHIES

Seong-Ho Han *

Un chirurgien • Basse

Rémi Garin étudie à l’École nationale de musique d’Annecy, puis intègre celle de l’Opéra national de Paris. Il est ensuite pendant plus de dix ans soliste. Il interprète, entre autres rôles, Fenton (Falstaff) au Grand Théâtre de Reims, le Chevalier de la Force (Dialogues des Carmélites), Edgardo (Lucia di Lammermoor) à Nuremberg, Ismaele (Nabucco), Nemorino (L’Elisir d’amore) en Suisse. Il se produit aussi en concert : Lélio de Berlioz et la Faust Symphonie de Liszt pour l’ABC Radio Festival de Melbourne, notamment. Il participe aussi à l’enregistrement de Samson et Dalila (Le Messager) sous la direction de Colin Davis en 1998 à Londres.

D’origine coréenne, SeongHo Han a étudié le violon et la composition avant de se tourner vers des études de chant. Tout d’abord étudiant à l’université Yonsei de Séoul, sa ville natale, il est ensuite diplômé de l’Accademia nazionale Santa Cecilia de Rome. Il se perfectionne encore auprès de Giovanni Ciminelli, Renata Scotto, Rebecca Berg et Bonaldo Gaiotti. Après ses débuts dans le rôle de Raimondo (Lucia di Lammermoor) au Teatro Manzoni de Rome, il interprète de nombreux rôles tels que Sarastro (Die Zauberflöte), Figaro (Le Nozze di Figaro) ou encore le rôle titre de Don Quichotte de Massenet. Il s’est fait remarquer lors de nombreux concours internationaux : Città-di-Cagli, Concorso-Internazionaledi-Canto-Lirico-Francesco-Albanese ou encore le concours Terni présidé par Giuseppe Taddei. Seong-Ho Han a également participé à un grand nombre de concerts en Europe, aux États-Unis et en Corée du Sud.

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Maître Trabuco • Ténor

Au Grand Théâtre de Genève : Le Comte Ory (Coryphée 1), Der

Au Grand Théâtre de Genève : Der Rosenkavalier (Kellner)

Rosenkavalier (Le Marchand d’animaux) 11-12, Samson et Dalila

11-12, Madama Butterfly (Le Commissaire impérial / L’Officier

(1er Philistin) 12-13, Götterdämmerung (Un chasseur) 13-14.

d’état-civil) 12-13.

* Membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève

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Rémi Garin *

* Membre du Chœur du Grand Théâtre de Genève

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INFORMATIONS PRATIQUES Horaires des représentations Les représentations ont lieu généralement à 19 h 30 en soirée et à 15 h en matinée. Pour certains spectacles, ces horaires peuvent être différents. Les horaires sont toujours indiqués sur les billets.

1 heure avant le spectacle Les bars du hall, des foyers et du sous-sol vous proposent boissons et petite restauration.

Ouverture des portes L’accès à la salle est possible trente minutes avant le spectacle.

Dès 30 minutes avant le spectacle Le bar des foyers vous propose boissons et petite restauration.

Retardataires Par respect pour le public et les artistes, après le début du spectacle l’accès à la salle se fait à la première interruption et aux places accessibles. Un circuit vidéo permet généralement de suivre le début du spectacle. Aucun remboursement ou échange de billet ne sera effectué en cas de retard.

À l’entracte Les bars du hall, des foyers, du sous-sol et de l’amphithéâtre vous proposent boissons et petite restauration.

Vestiaires Des vestiaires payants sont à la disposition du public aux différents niveaux du Grand Théâtre de la place de Neuve et à l’entrée de l’Opéra des Nations (Fr. 2.-). Jumelles Des jumelles peuvent être louées dans tous les vestiaires (Fr. 5.-). Rehausseurs Disponibles aux vestiaires (service gratuit).

CONFÉRENCE DE PRÉSENTATION

Trente minutes avant chaque opéra, un musicologue vous donne quelques clés pour mieux apprécier le spectacle.

SUR L’ŒUVRE

Pour chaque opéra et création chorégraphique de la saison 15-16, une conférence très complète sur l’œuvre est organisée quelques jours avant la première représentation, toujours à la même heure, 18 h 15, par l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. www.amisdelopera.ch

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BARS

RESTAURANT Avant le spectacle et durant l’entracte Le restaurant du sous-sol propose, lors de certains spectacles, une assiette composée servie directement à la table qui vous a été préalablement réservée (Fr. 35.- avec une boisson). Menu sur www.geneveopera.ch, réservation obligatoire à la billetterie.

Enregistrements Il est interdit de photographier, de filmer ou d’enregistrer les spectacles. Tout contrevenant peut être soumis à des poursuites. Surtitrage Les ouvrages font généralement l’objet d’un surtitrage bilingue français-anglais. Le Grand Théâtre remercie vivement la Fondation Hans-Wilsdorf grâce à laquelle ce surtitrage vous est proposé. Programmes et affiches Les programmes et les affiches des spectacles passés ou en cours sont en vente à la billetterie du Grand Théâtre. Boutique du Grand Théâtre de Genève Avant chaque représentation, des CDs, des articles en lien avec le spectacle en cours vous sont proposés.

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BILLETTERIE DU GRAND THÉÂTRE Au Grand Théâtre de Genève 5, place de Neuve. Du lundi au samedi de 10 h à 18 h et jusqu'à 19 h 30 les jours de spectacle. Le dimanche dès 1 h 30 avant le début de la représentation. Par téléphone T + 41 22 322 50 50. Du lundi au samedi de 10 h à 18 h Par courriel, fax ou courrier Billetterie du Grand Théâtre CP 5126 - CH 1211 Genève 11 billetterie@geneveopera.ch F + 41 22 322 50 51 En ligne sur le site www.geneveopera.ch Réservez vos places et collectez-les à la billetterie du Grand Théâtre ou imprimez-les directement à votre domicile. Les places réservées sont à régler dans les 48 h. Selon les délais, les billets réservés et payés peuvent être envoyés à domicile (Frais de port : Fr. 4.-). Modes de paiement acceptés : Mastercard et Visa Dans le réseau FNAC en Suisse et en France Tarifs réduits Un justificatif doit être présenté ou envoyé pour tout achat de billet à tarif réduit. Remboursement / échange Les billets sont remboursés ou échangés seulement lors d’annulation de spectacle et non en cas de modifications de programmation ou de distribution en cours de saison. Les abonnés du Grand Théâtre ainsi que les détenteurs de la carte fidélité du Grand Théâtre de Genève peuvent changer leurs dates de spectacles jusqu’à la veille de la représentions avant midi (1 er échange gratuit, puis Fr. 5.- par commande sauf pour les détenteurs du Grand abonnement Carré d’or). Réservation de groupe Les associations et groupements à but non lucratif peuvent réserver des places de spectacle à tarifs préférentiels durant toute la saison. Dossier spécial et réservation T +41 22 322 50 50 F + 41 22 322 50 51 groupes@geneveopera.ch

Soirées entreprises Les entreprises souhaitant organiser une soirée au Grand Théâtre peuvent prendre contact avec Aurélie Élisa Gfeller, notre responsable du mécénat. T +41 22 322 50 58 F + 41 22 322 50 98 mecenat@geneveopera.ch

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3 30’ 0.30 s

an

BILLETS LAST MINUTE Dans la limite des places disponibles, des places à Fr.  30.- ou Fr. 50.- sont proposées une demi-heure avant le début des spectacles pour tout étudiant ou demandeur d’emploi de plus de trente ans sur présentation d’une pièce justificative.

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MÉCÉNAT & PARTENARIAT EN SOUTENANT LE GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE VOUS ÊTES PARTENAIRE DE L’EXCELLENCE

Depuis plusieurs années, le Grand Théâtre de Genève mène une politique de partenariat évolutive avec les entreprises. Chaque proposition vise à offrir à nos partenaires à la fois un service inédit comportant une large palette d’approches avec les différents secteurs artistiques et techniques inhérents à la vie d’un théâtre, mais également un service utile et flexible tout au long de la saison. En soutenant le Grand Théâtre de Genève vous devenez partenaire de l’excellence. Vous touchez un public large et diversifié – plus de 100 000 spectateurs par saison – et bénéficiez ainsi d’un impact médiatique fort et positif. Vous montrez votre attachement à la diffusion de spectacles des arts vivants et permettez la réalisation de projets culturels innovants.

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LA FONDATION DU GRAND THÉÂTRE La Fondation du Grand Théâtre de Genève est une Fondation d’intérêt public communal, subventionnée par la Ville de Genève, dont l’objet est artistique et culturel. Le but de la Fondation est d’assurer l’exploitation du Grand Théâtre de Genève, notamment en y organisant des spectacles d’art lyrique, chorégraphique et dramatique. Le Statut de la Fondation a fait l’objet d’une loi cantonale de 1964. La Fondation est composée de quatorze membres désignés par le Conseil municipal et le Conseil administratif de la Ville de Genève. Le Bureau compte cinq membres du Conseil de Fondation. Conseil de Fondation (au 03.09.2015) Mme Lorella Bertani, présidente M. Guy-Olivier Segond, vice-président M. Pierre Conne, secrétaire M. Claude Demole M. Sami Kanaan M. Rémy Pagani M. Manuel Tornare M. Jean-Pierre Jacquemoud M. Pierre Losio Mme Danièle Magnin Mme Françoise de Mestral M. Albert Rodrik M. Pascal Rubeli Mme Salika Wenger M. Guy Demole, président d’honneur M. Jean-Flavien Lalive d’Epinay, président d’honneur †

Secrétariat Cynthia Haro T +41 22 322 51 71 F +41 22 322 50 01 c.haro@geneveopera.ch

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LE CERCLE DU GRAND THÉÂTRE Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement. Bureau (décembre 2015) M. Luc Argand, président M. Rémy Best, vice-président M. Jean Kohler, trésorier Mme Véronique Walter, secrétaire Mme Françoise de Mestral Autres membres du Comité (décembre 2015) Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn Mme Claudia Groothaert Mme Vanessa Mathysen-Gerst Mme Coraline Mouravieff-Apostol Mme Brigitte Vielle M. Gerson Waechter Membres bienfaiteurs M. et Mme Luc Argand M. et Mme Guy Demole Fondation de bienfaisance du groupe Pictet Fondation Hans Wilsdorf M. et Mme Pierre Keller Banque Lombard Odier & Cie SA M. et Mme Yves Oltramare Mrs Laurel Polleys-Camus M. et Mme Adam Saïd Union Bancaire Privée – UBP SA M. Pierre-Alain Wavre M. et Mme Gérard Wertheimer Membres individuels S. A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis S. A. S. La Princesse Étienne d’Arenberg Mme Dominique Arpels M. Ronald Asmar Mme René Augereau Mme Véronique Barbey

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Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn Mme Maria Pilar de la Béraudière M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best M. et Mme Rémy Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna Prof. et Mme Julien Bogousslavsky Mme Christiane Boulanger Mme Clotilde de Bourqueney Harari Comtesse Brandolini d’Adda Mme Robert Briner M. et Mme Yves Burrus Mme Caroline Caffin M. et Mme Alexandre Catsiapis Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat M. et Mme Julien Chatard M. et Mme Neville Cook M. Jean-Pierre Cubizolle M. et Mme Claude Demole M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado Mme Maria Embiricos Mme Diane Etter-Soutter Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich M. et Mme Eric Freymond Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Claudia Groothaert M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière Mme Bernard Haccius M. Alex Hoffmann M. Patrick Houitte de la Chesnais M. et Mme Philippe Jabre M. et Mme Éric Jacquet M. Romain Jordan Mme Madeleine Kogevinas M. et Mme Jean Kohler M. David Lachat M. Marko Lacin M. et Mme Pierre Lardy Mme Éric Lescure Mme Eva Lundin

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M. Bernard Mach Mme France Majoie Le Lous M. et Mme Colin Maltby Mme Catherine de Marignac M. Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus M. et Mme Olivier Maus Mlle Lizy Maymard Mme Béatrice Mermod M. et Mme Charles de Mestral M. et Mme Francis Minkoff Mme Jacqueline Missoffe M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue M. et Mme Philippe Nordmann M. et Mme Alan Parker M. et Mme Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Wolfgang Peter Valaizon M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Comte de Proyart Mme Ruth Rappaport M. et Mme François Reyl M. et Mme Andreas Rötheli M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint-Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. et Mme Paul Saurel M. Julien Schoenlaub Mme Claudio Segré Baron et Baronne Seillière M. Thierry Servant † Marquis et Marquise Enrico Spinola Mme Christiane Steck M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen

M. et Mme Julien Vielle M. et Mme Olivier Vodoz Mme Bérénice Waechter M. Gerson Waechter M. et Mme Stanley Walter M. et Mme Lionel de Weck Mme Paul-Annik Weiller Membres institutionnels 1875 Finance SA Banque Pâris Bertrand Sturdza SA Christie’s (International) SA Credit Suisse SA FBT Avocats SA Fondation Bru Givaudan SA H de P (Holding de Picciotto) SA JT International SA Lenz & Staehelin MKB Conseil & Coaching SGS SA Vacheron Constantin

Inscriptions Cercle du Grand Théâtre de Genève Mme Gwénola Trutat 11, boulevard du Théâtre • CH-1211 Genève 11 T +41 22 321 85 77 F +41 22 321 85 79 du lundi au vendredi de 8 h à 12 h cercle@geneveopera.ch Compte bancaire N° 530 290 MM. Pictet & Cie Organe de révision Plafida SA

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LE GRAND THÉÂTRE L’ÉQUIPE DIRECTION GÉNÉRALE Directeur général Tobias Richter Assistante du directeur général Sandrine Chalendard SECRÉTARIAT GÉNÉRAL Secrétaire général Claus Hässig Secrétaire Cynthia Haro ARTISTIQUE Conseiller artistique & dramaturge Daniel Dollé Assistante dramaturge Petya Ivanova BALLET Directeur du Ballet Philippe Cohen Adjoint Vitorio Casarin Coordinatrice administrative Émilie Schaffter Maîtres de ballet Grant Aris, Grégory Deltenre Pianiste Serafima Demianova Danseuses Céline Allain, Yumi Aizawa, Louise Bille, Ornella Capece, Andie Masazza, Virginie Nopper, Lysandra van Heesewijk, Angela Rebelo, Sara Shigenari, Sarawanee Tanatanit, Madeline Wong Danseurs Natan Bouzy, Valentino Bertolini, David Bernt Lagerqvist, Zachary Clark, Armando Gonzalez, Vladimir Ippolitov, Xavier Juyon, Nathanaël Marie, Simone Repele, Geoffrey Van Dyck, Nahuel Vega TECHNIQUE DU BALLET Directeur technique du ballet Philippe Duvauchelle Régisseur lumières Alexandre Bryand Régisseur plateau Mansour Walter Service médical Dr Jacques Menetrey HUG Physiothérapeute Florence Nguyen Huu Ostéopathe Bruno Soussan

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TROUPE DES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE Mary Feminear, Ahlima Mhamdi, Aleksandr Miliev, Amelia Scicolone, Erlend Tvinnereim CHŒUR Chef des chœurs Alan Woodbridge Assistant/pianiste Jean-Marc Perrin Pianiste répétiteur Réginald Le Reun Régisseur et chargé de l’administration Omar Garrido Sopranos Fosca Aquaro, Chloé Chavanon, Magali Duceau, Györgyi GarreauSarlos, Nicola Hollyman, Iana Iliev, Victoria Martynenko, Martina Möller-Gosoge, Iulia Elena Preda, Cristiana Presutti Altos Vanessa Beck-Hurst, Audrey Burgener, Dominique Cherpillod, Marianne Dellacasagrande, Lubka Favarger, Varduhi Khachatryan, Mi-Young Kim, Johanna RittinerSermier, Mariana Vassileva Chaveeva Ténors Jaime Caicompai, Yong-Ping Gao, Omar Garrido, Rémi Garin, Lyonel Grélaz, Sanghun Lee, José Pazos, Terige Sirolli, Georgi Sredkov, Bisser Terziyski, Nauzet Valerón Basses Krassimir Avramov, Wolfgang Barta, Romaric Braun, Nicolas Carré, Phillip Casperd, Aleksandar Chaveev, Peter Baekeun Cho, Christophe Coulier, Harry Draganov, Seong-Ho Han, Rodrigo Garcia, Dimitri Tikhonov PRODUCTION ARTISTIQUE Responsable production artistique & mise en scène Ivo Guerra Assistante & Respons. figuration Matilde Fassò Resp. ressources musicales Éric Haegi Pianistes / Chefs de chant Todd Camburn, Xavier Dami, Réginald Le Reun RÉGIE DE SCÈNE Régisseure générale Chantal Graf Régisseur de scène Jean-Pierre Dequaire

MARKETING ET COMMUNICATION Resp. marketing & communication Mathieu Poncet Adjoint & responsable presse Frédéric Leyat Responsable des éditions et de la création visuelle Aimery Chaigne Assistante communication Corinne Béroujon Assist. presse & communication Isabelle Jornod Concepteur communication web Wladislas Marian Chargée du mécénat et des partenariats Aurélie Élisa Gfeller Chargée des actions pédagogiques Elsa Barthas Responsable du public jeune Fabrice Farina Archiviste Anne Zendali

Chauffeur Alain Klette

ACCUEIL ET PUBLICS Responsable de l’accueil des publics Pascal Berlie Personnel d’accueil Herminia Bernardo Pinhao, Ludmila Bédert, Patrick Berret, Karla Boyle, David Blunier, Nguyen Phuong Lé Bui, Aude Burkardt, Michel Denis Chappellaz, Chantal Chevallier, Marie-Odile Clementz, Patricia Diaz, Nicolas Dutour, Feka Iljaz, Pouyan Farzam, Stephen Hart, Valentin Herrero, Na Lin, Ada Lopez Linarez Hunziker, Teymour Kadjar, Nelli Kazaryan Peter, Marlène Maret, Jacky Merteau, Sophie Millar, Lucas Seitenfus, David von Numers, Quentin Weber, Céline Steiger Zeppetella

TECHNIQUE DE SCÈNE Adjoint au directeur technique Philippe Alvado Chefs de plateau Gabriel Lanfranchi, Stéphane Nightingale

TECHNIQUE Directeur technique Jean-Yves Barralon Adjointe administrative Sabine Buchard Ingénieur bâtiment et sécurité Pierre Frei Chargée de production technique Catherine Mouvet Responsable d’entretien Thierry Grasset Menuisier de plateau et chargé de l’entretien Jean-François Mauvis Technicien-ne / production vidéo Chloé Lombard Logistique Thomas Clément

BUREAU D’ÉTUDES Ingénieur bureau d’études Alexandre Forissier Chargé d’études de productions Fabrice Bondier Assistant Christophe Poncin Dessinateurs Stéphane Abbet, Denis Chevalley, Antonio Di Stefano SERVICE INTÉRIEUR Huissier responsable Stéphane Condolo Huissier-ère-s Valdemar De Almeida, Valentin Herrero, Antonios Kardelis, Michèle Rindisbacher Coursiers / huissiers Bekim Daci, Bernard Thierstein

MACHINERIE Chef de service Olivier Loup Sous-chefs Juan Calvino, Patrick Savariau, NN Sous-chef cintrier Patrick Werlen Brigadiers Stéphane Desogus, Jean-Claude Durand, Henrique Fernandes Da Silva, Yannick Sicilia Sous-brigadiers Stéphane Catillaz, Manuel Gandara, Johny Perillard Machinistes cintriers Vincent Campoy, Stéphane Guillaume, Alfio Scarvaglieri, Nicolas Tagand Machinistes Killian Baud, Gérard Berdat, Philippe Calame, Éric Clertant, Sedrak Gyumushyan, Michel Jarrin, Daniel Jimeno, Sulay Jobe, Julien Pache, Hervé Pellaud, NN SON ET VIDÉO Chef de service Michel Boudineau

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Sous-chef Claudio Muller Technicien-ne-s Amin Barka, Jean-Marc Pinget, NN ÉCLAIRAGE Chef de service Simon Trottet Sous-chefs de production Marius Echenard, Robin Minkhorst Sous-chef opérateur lumières et informatique de scène Stéphane Gomez Coordinateur de production Blaise Schaffter Technicien-ne-s éclairagistes Serge Alérini, Dinko Baresic, Salim Boussalia, Stéphane Estève, Camille Rocher, Juan Vera Electronicien Jean Sottas Opérateurs lumière et informatique de scène Clément Brat, Florent Farinelli, David Martinez Responsable entretien électrique Fabian Pracchia ACCESSOIRES Chef de service Damien Bernard Sous-chef Patrick Sengstag Accessoiristes Vincent Bezzola, Joëlle Bonzon, Françoise Chavaillaz, Cédric Pointurier Solinas, Anik Polo, Padrut Tacchella, Cécilia Viola, Pierre Wüllenweber ELECTROMÉCANIQUE Chef de service Jean-Christophe Pégatoquet Sous-chef José-Pierre Areny Electromécaniciens David Bouvrat, Stéphane Resplendino, Christophe Seydoux, Emmanuel Vernamonte, NN HABILLAGE Cheffe de service Joëlle Muller Sous-cheffe Sonia Ferreira Responsable costumes Ballet Caroline Bault Habilleur-euse-s Julie Deulieutraz, Raphaële Bouvier, Gloria del Castillo, Cécile Cottet-Nègre, Angélique Ducrot,

France Durel, Philippe Jungo, Olga Kondrachina, Christelle Majeur, Lorena Vanzo Pallante, Léa Perarnau PERRUQUES ET MAQUILLAGE Cheffe de service Karine Cuendet Sous-cheffe Christelle Paillard Perruquières et maquilleuses Aurélie Escamez, Cécile Jouen, Muriel Pignon-Heinis ATELIERS DÉCORS Chef des ateliers décors Michel Chapatte Assistant Christophe Poncin Magasiniers Maurice Bossotto, Marcel Géroudet, Roberto Serafini MENUISERIE Chef de service Stéphane Batzli Sous-chef Claude Jan-Du-Chêne Menuisiers Pedro Brito, Giovanni Conte, Christian Furrer, Frédéric Gisiger, Philippe Moret, Manuel Puga Becerra SERRURERIE Contremaître Serge Helbling Serruriers Patrick Barthe, Yves Dubuis, Patrice Dumonthey, Marc Falconnat PEINTURE ET DÉCORATION Chef de service Fabrice Carmona Sous-chef Christophe Ryser Peintres Gemy Aïk, Ali Bachir-Chérif, Stéphane Croisier, Bernard Riegler TAPISSERIE-DÉCORATION Chef de service Dominique Baumgartner Sous-chef Philippe Lavorel Tapissier-ères-s et décorateur-trice-s Pierre Broillet, Fanny Silva Caldari, Daniela De Rocchi, Raphaël Loviat, Dominique Humair Rotaru ATELIERS COSTUMES Cheffe des ateliers costumes Fabienne Duc

Assistant-e-s Armindo Faustino-Portas, Carole Lacroix ATELIER DE COUTURE Chef de service Khaled Issa Costumier-ère-s Deborah Parini, Gerda Salathé Tailleur-e-s Amar Ait-Braham, Lurdes Do Quental Couturier-ère-s Sophie de Blonay, Ivanna Costa, Julie Chenevard, Marie Hirschi, Gwenaëlle Mury, Xavier Randrianarison, Ana-Maria Rivera, Soizic Rudant, Liliane Tallent, Astrid Walter, NN

Cuisinier Olivier Marguin Collaborateur-trice-s Norberto Cavaco, Maria Savino RESSOURCES HUMAINES Responsable des ressources humaines - Juriste Lucienne Ducommun Assistante Priscilla Richon Gestionnaires ressources humaines Valérie Aklin, Marina Della Valle, Luciana Hernandez

ATELIER DE DÉCORATION & ACCESSOIRES COSTUMES Responsable Isabelle Pellissier-Duc Décoratrices Corinne Baudraz, Emanuela Notaro ATELIER CUIR Chef de service Michel Blessemaille Cordonnières Salomé Davoine, Catherine Stuppi SERVICE FINANCIER Chef de service Philippe Bangerter Comptables Paola Andreetta, Andreana Bolea Tomkinson, Chantal Chappot, Laure Kabashi, Sandrine Perotti BILLETTERIE Responsable billetterie et développement commercial Christopher Bugot Adjointe Carine Druelle Collaborateur-trice-s billetterie Hawa Diallo-Singaré, NN, NN INFORMATIQUE Chef de service Marco Reichardt Administrateurs informatique & télécoms Lionel Bolou, Ludovic Jacob RESTAURATION Responsable restauration, Christian Lechevrel

PERSONNEL SUPPLÉMENTAIRE TEMPORAIRE SAISON 15-16 Création visuelle & édition Sandra Gonzalez (apprentie) Marketing & communication Santiago Lopez Tallon Pascale Petro Technique de scène Bryan Mouchet (apprenti) Machinerie Chann Bastard Damian illalba German Pena Peinture-décoration Line Helfer (apprentie) Ateliers costumes Sylviane Guillaume Marco Marangella Décoration costumes Ella Abbonizio Atelier cuir Kim Scheidegger (apprentie) Billetterie Luis Ferreira Valérie Quennoz Ressources humaines Romina Giusti (apprentie)

Situation au 13.01.2016

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PROCHAINEMENT OPÉRA

RÉCITALS

Alcina

Diana Damrau

Dramma per musica en 3 actes de Georg Friedrich Haendel

Soprano

Nouvelle production à l’Opéra des Nations 15, 17, 19, 23, 25, 27, 29 février 2016 à 19 h 30 21 février 2016 à 15 h Direction musicale Leonardo García Alarcón Mise en scène David Bösch Décors Falko Herold Costumes Bettina Walter Avec Nicole Cabell, Monica Bacelli, Siobhan Stagg, Kristina Hammarström, Michael Adams, Erlend Tvinnereim Orchestre de la Suisse Romande Avec la participation de la Cappella Mediterranea Conférence de présentation par Alain Perroux en collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. Au Théâtre de l’Espérance 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève Mercredi 10 février 2016 à 18 h 15

Xavier de Maistre Harpe

À l'Opéra des Nations Mardi 16 février 2016 à 19 h 30 Strauss, Liszt, Tchaïkovski, Dvořák

Susan Graham Mezzo-soprano

Piano Malcolm Martineau À l'Opéra des Nations Dimanche 20 mars 2016 à 19 h 30

Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de la rédaction Daniel Dollé Responsable de l’édition Aimery Chaigne ont collaboré à ce programme Sophie Barenne, Sandra Gonzalez, Petya Ivanova, Isabelle Jornod, Patrick Vallon Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN JANVIER 2016

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Passion et partage La Fondation de bienfaisance du groupe Pictet est fière de soutenir le projet «Les jeunes au cœur du Grand Théâtre». En participant à ce programme de formation, nous nous engageons en faveur de la génération à venir. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir offrir aux talents de demain l’opportunité de découvrir les joies de l’opéra et du ballet, et peut-être même de susciter des vocations. Les associés du groupe Pictet vous souhaitent une très belle saison 2015-2016. La Fondation BNP Paribas en Suisse encourage la création culturelle et la préservation du patrimoine des musées. Elle est le partenaire fondateur et principal de la Troupe des jeunes solistes en résidence au Grand Théâtre de Genève. Elle s’engage aussi pour la recherche dans le domaine de la santé ainsi que dans de multiples projets en faveur de l’éducation et de la solidarité.

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NOUS SOUTENONS LES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE AU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE.

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LA FORZA DEL DESTINO OPÉRA EN 4 ACTES

GIUSEPPE VERDI

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