SIMON KEENLYSIDE BARYTON
MALCOLM MARTINEAU PIANO
RÉCITAL FRANZ SCHUBERT
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RÉCITAL Mardi 3 mai 2016 à 19 h 30 À l’Opéra des Nations
SIMON KEENLYSIDE BARYTON
MALCOLM MARTINEAU PIANO
FRANZ SCHUBERT Alinde Geheimes Seligkeit Im Walde (Waldesnacht) Nachtstück An den Mond in einer Herbstnacht Herbstlied Bei dir allein Entracte
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L'Incanto degli occhi Pensa, che questo istante Der Jüngling und der Tod Die Götter Griechenlands Des Fischers Liebesglück Die Sterne Fischerlied Der Wanderer an den Mond Abschied
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Mes productions sont le fruit de mes connaissances musicales et de ma douleur. FRANZ SCHUBERT
Franz Schubert le musicien le plus poète qui fût jamais
Extraits de Franz Schubert, La musique et le verbe de Walther Dürr*
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chubert, « le musicien le plus poète qui fût jamais », a dit Liszt, c’est-à-dire un musicien qui fût aussi un poète, un poète dont la langue maternelle s’appelât musique. C’est trop peut dire qu’il est habité par le texte poétique, il ne fait qu’un avec lui. Les Lieder forment le massif principal de l’œuvre de Schubert : c’est là d’où il faut partir, là où il faut revenir pour pénétrer le sens de sa musique, pour découvrir le dessein majeur de l’artiste, son projet original et aussi son plus grand titre de gloire, qui est d’avoir voulu imprégner du lyrisme propre au lied toute œuvre musicale, d’avoir réussi à étendre le lied aux proportions d’un quatuor et d’une symphonie. D’une composition à l’origine brève et populaire, Schubert a fait une des formes les plus
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grandes et les plus fécondes du romantisme. Évoquant les dernières années de la vie de Franz Schubert, le jeune poète Eduard von Bauerngel, ami intime de Schubert à la fin de sa vie, rapporte l’altercation qui se produisit entre le compositeur et quelques-uns des membres de l’orchestre de l’Opéra à la Cour de Vienne, lesquels lui avaient demandé une œuvre avec des « solos pour leurs instruments particuliers ». Schubert refusa, affirmant ne rien vouloir écrire pour eux. « Et pourquoi donc, Monsieur Schubert ? » lui fut-il rétorqué sur un ton quelque peu irrité. « Je pense que nous sommes des artistes aussi bien que vous ! Il n’en est pas de meilleurs dans tout Vienne » – « Des artistes ! », s’exclama Schubert. « Des artistes, vous ! Ne savez-vous donc pas ce qu’a dit le grand Lessing ? - Comment quelqu’un peut-il ne rien faire d’autre durant sa vie que de mordre dans un bois percé de trous ! - Il a dit ça ou quelque chose d’analogue ; vous voulez être des artistes, mais vous n’êtes qu’une bande de souffleurs et de racleurs. Je suis un artiste, moi ! Je suis Schubert, Franz Schubert dont le monde entier connaît le nom. Et qui a fait des choses grandes et belles que vous ne comprenez pas du tout ! ... Vers de terre rampants et rongeurs que mon pied devrait écraser ! ... - pied d’un homme qui s’élève jusqu’aux étoiles - sublimi feriam sidera vertice ». Deux éléments sont révélateurs dans cette scène : la conscience que Schubert avait de sa propre valeur qu’il n’hésite pas à manifester comme toujours lorsqu’il s’agit de ses compositions ; d’autre part le fait qu’emporté par son énervement, Schubert se réfère à Lessing, un auteur dont il n’a rien mis en musique mais qui lui est apparemment familier. Il existe de nombreux documents témoignant de la culture littéraire de Schubert. L’image répandue d’un somnambule naïf, reclus dans sa chambre et mettant en musique tout ce qui lui tombe sous la main est l’un des clichés les plus faux parmi tant d’autres. « En littérature également, écrit Braunfeld, il était loin d’être ignorant... Il a recopié de sa main des extraits d’œuvres historiques et même philosophiques, ses journaux
contiennent des jugements personnels parfois d’une grande originalité ainsi que des poèmes, et il préférait avant tout fréquenter des artistes ou des amateurs d’art ». Les Lieder de Schubert, par leur force vive, montrent en pleine clarté son désarroi. La petite forme est en quoi la vérité se fait jour dans son éclatement primitif. Et presque tous ceux qui l’ont cultivée – libres ou contraints, écrivains ou compositeurs – sont nus devant nous. Ils ne prétendent point posséder la Vérité et ne savent pas davantage l’exposer en discours ordonné. Ils ne défendent aucun dogme ; ils sont comme nous : leur vérité change tous les jours, plusieurs fois par jour (Schubert, comme Wolf écrivait plusieurs lieder au cours d’une même journée). Un petit chagrin, un rayon de soleil, un chant d’oiseau, une brève angoisse suffisent à parer la condition humaine d’attraits insensés, ou à en démontrer, d’un geste de l’esprit, l’absurdité essentielle. Les sensations se télescopent, se tuilent : on s’étonne de ce que l’on a pensé la veille, mais on le repensera le lendemain. Ainsi la vérité ne s’organise pas en doctrine, en idéologie, en théorie ; elle ne s’organise pas du tout. Elle fait de brèves apparitions, se retourne contre elle-même, s’enfuit soudain, revient, sonore et cuivrée, totalement dissemblable, se contredit, se distord, rit d’elle-même, change de figure et de langage, entre et sort de la lampe comme un génie capricieux.
*Paru dans les CD des Lieder de Schubert par Fischer-Dieskau et Gerald Moore parus chez Deutsche Grammophon.
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Franz Schuber au piano École allemande, XIXème New York Public Library Encre sur papier
À propos de
Franz Schubert
par Dietrich Fischer-Dieskau Extraits de Auf den Spuren der Schubert-Lieder Werden-Wesen-Wirkung, Ed. F.A. Bockhaus Wiesbaden, 1971.
F
ranz Schubert a métamorphosé en musique un monde poétique. Il a mené le lied jusqu’à des sommets inexplorés à cette époque et il a montré ce qu’est tout un art : intensification, concentration, pureté de la forme. « Nature et Art semblent se fuir et se retrouvent avant que l’on y ait pensé. » Cet apophtegme de Gœthe se voit confirmé par l’œuvre de Schubert. [...] La rapidité avec laquelle Schubert travaillait, et sa facilité à composer ont toujours contribué, aux yeux des critiques, à accorder une importance excessive aux aspects « intuitifs » de son être, à mettre en avant l’inconscient dans sa démarche créatrice. Mais cette intuition n’a jamais été autre chose qu’un point de départ, donc un matériau, rien d’autre. L’œuvre de Schubert nous révèle à quel point le créateur avait pleinement conscience d’avoir quelque chose à dire que personne avant lui n’avait réussi à exprimer en musique. Il sait toujours
nous surprendre. Dans le cadre d’une technique relativement limitée, la richesse du vécu est inépuisable et, chaque fois qu’il se consacre pour un certain temps à un domaine dont il affectionne le contenu poétique tel que l’oiseau, le voyage, l’enfance ou la mort, il se métamorphose en même temps que ce contenu. Le sujet s’ouvre à lui par l’amour qu’il lui porte. Il en est de l’amour comme de tous les domaines de la vie : sans l’amour, les secrets restent impénétrables.
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Franz Schubert
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(1797-1828)
Alinde D904, op. 81 Drei Lieder (1827) Johann Friedrich Rochlitz (1769-1842)
Alinda
Die Sonne sinkt ins tiefe Meer, Da wollte sie kommen. Geruhig trabt der Schnitter einher, Mir ist’s beklommen.
Le soleil sombre dans la mer profonde, Elle voulait venir. Le moissonneur marche tranquillement Je suis anxieux.
„Hast, Schnitter, mein Liebchen nicht gesehn? Alinde, Alinde!“ „Zu Weib und Kindern muss ich gehn, Kann nicht nach andern Dirnen sehn; Sie warten mein unter der Linde.“
« Moissonneur, n’as-tu pas vu ma bien-aimée ? Alinda, Alinda ! » « Je dois aller voir ma femme et mes enfants, Je ne peux pas regarder d’autres filles ; Ils m’attendent sous le tilleul. »
Der Mond betritt die Himmelsbahn, Noch will sie nicht kommen. Dort legt der Fischer das Fahrzeug an, Mir ist’s beklommen.
La lune met le pied sur son chemin dans le ciel, Et elle n’est pas encore arrivée. Là-bas il y a un pêcheur dans sa barque, Je suis anxieux.
„Hast, Fischer, mein Liebchen nicht gesehn? Alinde, Alinde!“ „Muss suchen, wie mir die Reusen stehn, Hab nimmer Zeit nach Jungfern zu gehn, Schau, welch einen Fang ich finde.“
« Pêcheur, n’as-tu pas vu ma bien-aimée ? Alinda, Alinda ! » « Je dois chercher mes nasses, Je n’ai jamais le temps d’aller après les filles. Regarde cette prise que j’ai faite. »
Die lichten Sterne ziehn herauf, Noch will sie nicht kommen. Dort eilt der Jäger in rüstigem Lauf, Mir ist’s beklommen.
Les étoiles brillantes passent en haut, Et elle n’est pas encore arrivée. Là-bas le chasseur se hâte de sa marche vigoureuse. Je suis anxieux.
„Hast, Jäger, mein Liebchen nicht gesehn? Alinde, Alinde!“ „Muss nach dem bräunlichen Rehbock gehn, Hab nimmer Lust nach Mädeln zu sehn; Dort schleicht er im Abendwinde.“
« Chasseur, n’as-tu pas vu ma bien-aimée ? Alinda, Alinda ! » « Je dois aller après le chevreuil brunâtre. Je n’ai jamais envie de regarder les filles ; Là-bas il se glisse dans le vent du soir. »
In schwarzer Nacht steht hier der Hain, Noch will sie nicht kommen. Von allen Lebendgen irr ich allein, Bang und beklommen.
Dans la nuit plus noire le bosquet se tient ici, Et elle n’est pas encore arrivée. Loin de tous les êtres vivants, j’erre seul, Inquiet et anxieux.
„Dir, Echo, darf ich mein Leid gestehn: Alinde, Alinde!“ “Alinde,” liess Echo leise herüberwehn; Da sah ich sie mir zur Seite stehn: “Du suchtest so treu, nun finde!”
« Écho, puis-je te confesser ma peine : Alinda, Alinda ! » « Alinda » laisse l’écho approcher doucement. Alors je la vis qui se tenait près de moi : « Tu me cherchais si fidèlement, maintenant trouve-moi ! »
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Geheimes D719, op. 14 (Zwei Lieder), no. 2 (1821) Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), de West-östlicher Diwan, in 3. Buch der Liebe - Uschk Nameh (1814)
Secret
Über meines Liebchens Äugeln Stehn verwundert alle Leute; Ich, der Wissende, dagegen, Weiss recht gut, was das bedeute.
Sous les regards de ma bien-aimée Tout le monde se tient étonné ; Par contre moi, qui comprends, Je sais bien ce qu’ils veulent dire.
Denn es heisst: ich liebe diesen Und nicht etwa den und jenen. Lasset nur, ihr guten Leute, Euer Wundern, euer Sehnen!
Car ils disent : j’aime celui-ci Et pas celui-là ou cet autre. Aussi, laissez, bonnes gens, Vos étonnements, vos désirs ardents.
Ja, mit ungeheuren Mächten Blicket sie wohl in die Runde; Doch sie sucht nur zu verkünden Ihm die nächste süsse Stunde.
Oui, avec un pouvoir immense Elle regarde à la ronde ; Mais elle cherche seulement à lui annoncer La prochaine heure douce.
Seligkeit D433 (1816) Ludwig Hölty (1748-1776), de Oden und Lieder - Zweites Buch, no. 1
Félicité
Freuden sonder Zahl Blühn im Himmelssaal Engeln und Verklärten, Wie die Väter lehrten. Oh, da möcht’ ich sein Und mich ewig freun!
Des joies sans nombre Fleurissent dans la salle du ciel Des anges et des êtres transfigurés, Comme les Pères nous l’ont appris. Oh, là-bas je voudrais être Et me réjouir pour toujours !
Jedem lächelt traut Eine Himmelsbraut; Harf’ und Psalter klinget, Und man tanzt und singet. Oh, da möcht’ ich sein Und mich ewig freun!
À chacun sourit tendrement Une fiancée céleste ; Harpe et psaltérion résonnent, Et on danse et on chante. Oh, là-bas je voudrais être Et me réjouir pour toujours !
Lieber bleib’ ich hier, Lächelt Laura mir Einen Blick, der saget, Dass ich ausgeklaget. Selig dann mit ihr Bleib’ ich ewig hier!
J’aimerais mieux rester ici, Si Laura me souriait, Avec un regard qui dirait Que je devrais cesser de me plaindre. Pleinement heureux alors avec elle, Je voudrais rester ici pour toujours !
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FRANZ SCHUBERT
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Im Walde (Waldesnacht) D708 (1820) Friedrich von Schlegel (1772-1829)
Dans la forêt (Nuit dans la forêt)
Windes Rauschen, Gottes Flügel, Tief in kühler Waldesnacht; Wie der Held in Rosses Bügel, Schwingt sich des Gedankens Macht. Wie die alten Tannen sausen, Hört man Geistes Wogen brausen.
Le mugissement du vent, aile de Dieu, Au fond de la nuit froide de la forêt, Comme le héros dans les étriers de son cheval, Le pouvoir des pensées s’agite, Comme le sifflement des vieux sapins, On entend mugir les vagues des esprits.
Herrlich ist der Flamme Leuchten In des Morgenglanzes Rot, Oder die das Feld beleuchten, Blitze, schwanger oft von Tod. Rasch die Flamme zuckt und lodert, Wie zu Gott hinaufgefordert.
La lueur de la flamme est glorieuse Dans le rouge du matin radieux, Ou, illuminant la prairie, Comme l’éclair qui souvent est plein de mort. Vite la flamme jaillit et brûle, Comme appelée en haut vers Dieu.
Ewig’s Rauschen sanfter Quellen, Zaubert Blumen aus dem Schmerz; Trauer doch in linden Wellen Schlägt uns lockend an das Herz; Fernab hin der Geist gezogen, Die uns locken, durch die Wogen.
Le murmure éternel des sources calmes Charme les fleurs de la peine, L’affliction pourtant dans les doux sons Nous frappe au cœur. L’esprit est attiré loin d’ici À travers les vagues qui nous attirent.
Drang des Lebens aus der Hülle, Kampf der starken Triebe wild; Wird zur schönsten Liebesfülle, Durch des Geistes Hauch gestillt. Schöpferischer Lüfte Wehen Fühlt man durch die Seele gehen.
Le désir de la vie hors de l’enveloppe, Le combat sauvage de l’instinct puissant Se changent en le plus bel amour débordant Apaisé par le murmure des esprits. Le souffle de l’air créateur Peut être senti allant à travers l’âme.
Windes Rauschen, Gottes Flügel, Tief in kühler Waldesnacht! Frei gegeben alle Zügel, Schwingt sich des Gedankens Macht, Hört in Lüften ohne Grausen Den Gesang der Geister brausen.
Le grondement du vent, aile de Dieu, Au fond de la nuit froide de la forêt, Libéré de toute bride Le pouvoir des pensées s’agite, On entend dans l’air sans peur Le chant des esprits se déchaîner.
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Nachtstück D672, op. 36 (Zwei Lieder) no. 2 (1819) Johann Mayrhofer (1787-1836)
Nocturne
Wenn über Berge sich der Nebel breitet Und Luna mit Gewölken kämpft, So nimmt der Alte seine Harfe, und schreitet Und singt waldeinwärts und gedämpft:
Quand la brume se répand au-dessus des montagnes Et que la lune tente de percer les nuages, Le vieil homme saisit sa harpe et avance Dans la forêt en chantant à mi-voix :
“Du heilge Nacht: Bald ist’s vollbracht, Bald schlaf ich ihn, den langen Schlummer, Der mich erlöst von allem Kummer.”
« Sainte nuit, Bientôt l’accomplissement, Bientôt j’entrerai dans le long sommeil, Qui me délivrera de tous mes tourments. »
Die grünen Bäume rauschen dann: “Schlaf süss, du guter, alter Mann”; Die Gräser lispeln wankend fort: “Wir decken seinen Ruheort”;
Les arbres murmurent alors, « Dors paisiblement vieil homme plein de bonté », Les herbes ondulantes chuchotent, « Nous couvrirons ta retraite ».
Und mancher liebe Vogel ruft: “O lass ihn ruhn in Rasengruft!” Der Alte horcht, der Alte schweigt, Der Tod hat sich zu ihm geneigt.
Alors d’aimables oiseaux chantent, « Ô laissez-le reposer sous la tombe herbeuse ! » Le vieil homme entend, le vieil homme se tait, La mort s’est inclinée sur lui.
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An den Mond in einer Herbstnacht D614 (1818) Aloys Wilhelm Schreiber (1761-1841)
A la lune, une nuit d’automne
Freundlich ist dein Antlitz, Söhn des Himmels! Leis sind deine Tritte Durch des Äthers Wüste, Holder Nachtgefährte!
Ton visage est amical, Fille du ciel, Délicats sont tes pas À travers l’immensité de l’éther, Charmante compagne de la nuit !
Dein Schimmer ist sanft und erquickend, Wie das Wort des Trostes Von des Freundes Lippe, Wenn ein schrecklicher Geier An der Seele nagt.
Ton éclat est tendre et revigorant, Comme les mots de réconfort Venant des lèvres d’un ami Quand un terrible malheur Consume l’âme.
Manche Träne siehst du, Siehst so manches Lächeln, Hörst der Liebe trauliches Geflüster, Leuchtest ihr auf stillem Pfade; Hoffnung schwebt auf deinem Strahle, Herab zum stillen Dulder, Der verlassen gebt auf bedorntem Weg.
Tu vois de nombreuses larmes ; Tu vois beaucoup de sourires, Tu entends les chuchotements intimes des amants, Tu les éclaires sur leur sentier silencieux ; L’espoir flotte sur tes rayons, Jusqu’à celui qui souffre en silence, Celui qui est abandonné Va sur son chemin d’épines.
Du siehst auch meine Freunde, Zerstreut in fernen Landen; Du giessest deinen Schimmer Auch auf die frohen Hügel, Wo ich oft als Knabe hüpfte, Wo oft bei deinem Lächeln Ein unbekanntes Sehnen Mein junges Herz ergriff.
Tu vois aussi mes amis, Dispersés dans des terres lointaines : Tu arroses de ta lumière Aussi les collines heureuses Où souvent quand j’étais un petit garçon je sautais, Où souvent à ton sourire, Un désir inconnu Saisissait mon jeune cœur.
Du blickst auch auf die Stätte, Wo meine Lieben ruhn, Wo der Tau fällt auf ihr Grab, Und die Gräser drüber weh’n In dem Abendhauche.
Tu jettes ton regard aussi sur les endroits Où les êtres qui me sont chers reposent; Où la rosée tombe sur leurs tombes Et l’herbe au-dessus s’agite Dans la brise du soir.
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Doch dein Schimmer dringt nicht In die dunkle Kammer, Wo sie ruhen von des Lebens Müh’n, Wo auch ich bald ruhen werde! Du wirst geh’n und Wiederkehren, Du wirst seh’n noch manches Lächeln, Dann werd’ ich nicht mehr lächeln, Dann werd’ ich nicht mehr weinen, Mein wird man nicht mehr gedenken Auf dieser schönen Erde.
Pourtant ta lumière ne pénètre pas Dans les chambres sombres Où ils se reposent de la misère de leur vie, Où bientôt, moi aussi, je reposerai ! Tu iras et tu viendras, Tu verras portant maints sourires ; Mais je ne sourirai plus, Et ne pleurerai plus, Personne ne pensera encore à moi Sur cette jolie terre.
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Herbstlied D502 (1816) Johann Gaudenz, Freiherr von Salis-Seewis (1762-1834)
Chant d’automne
Bunt sind schon die Wälder, Gelb die Stoppelfelder, Und der Herbst beginnt. Rote Blätter fallen, Graue Nebel wallen, Kühler weht der Wind.
Les bois sont déjà colorés, Les chaumes sont jaunes, Et l’automne commence. Des feuilles rouges tombent, Des brumes grises flottent, Le vent souffle plus froid.
Wie die volle Traube Aus dem Rebenlaube Purpurfarbig strahlt! Am Geländer reifen Pfirsiche mit Streifen Rot und weiss bemalt.
Comme les grappes pleines Sur les feuilles de vigne Brillent de leur couleur pourpre ! Sur l’espalier mûrissent Des pêches avec leurs bandes Peintes en rouge et blanc.
Sieh, wie hier die Dirne Emsig Pflaum’ und Birne In ihr Körbchen legt; Dort, mit leichten Schritten Jene goldne Quitten In den Landhof trägt!
Regarde ! Comme ici la jeune fille Récolte des prunes et des poires Dans son petit panier; Là avec des pas légers Ces coings dorés Sont portés à la ferme.
Flinke Träger springen, Und die Mädchen singen, Alles jubelt froh! Bunte Bänder schweben Zwischen hohen Reben Auf dem Hut von Stroh.
Des porteurs lestes bondissent, Et les jeunes filles chantent, Tous poussent des cris de joie ! Des rubans colorés flottent À travers les vignes hautes Depuis les chapeaux de paille.
Geige tönt und Flöte Bei der Abendröte Und im Morgenglanz; Junge Winzerinnen Winken und beginnen Deutschen Ringeltanz.
Le violon et la flûte résonnent Au crépuscule Dans le clair de lune; De jeunes vendangeurs Font des signes et commencent Une ronde allemande.
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FRANZ SCHUBERT
Bei dir allein D 866, op. 95 (Vier Refrainlieder) no. 2 (1826) Johann Gabriel Seidl (1804-1875)
Près de toi seulement
Bei dir allein Empfind’ ich, dass ich lebe, Dass Jugendmut mich schwellt, Dass eine heit’re Welt Der Liebe mich durchbebe; Mich freut mein Sein Bei dir allein!
Près de toi seulement Je puis me sentir vivre, Je sens mon cœur empli d’un juvénile feu, Je sens que, plein d’amour, Un monde plus serein au fond de moi frissonne, J’éprouve la joie d’exister, Près de toi seulement
Bei dir allein Weht mir die Luft so labend, Dünkt mich die Flur so grün, So mild des Lenzes Blüh’n So balsamreich der Abend, So kühl der Hain, Bei dir allein!
Près de toi seulement L’air rafraîchit mon âme, La prairie me semble si verte, Si doux le souffle du printemps, Le soir si riche de parfums, Et si frais le bosquet, Près de toi seulement !
Bei dir allein Verliert der Schmerz sein Herbes, Gewinnt die Freud’ an Lust! Du sicherst meine Brust Des angestammten Erbes; Ich fühl’ mich mein Bei dir allein!
Près de toi seulement La peine est moins amère, Et la joie plus riante encore ! Tu es le gage pour mon cœur Des biens auxquels il peut prétendre; Et je sens que je m’appartiens Près de toi seulement !
Entracte L’incanto degli occhi D 902, Op. 83 (Drei Lieder von Metastasio) no. 1 (1827) Pietro Metastasio (1698-1782), extrait de Attilio Regolo, Acte II Da voi, cari lumi, Dipende il mio stato; Voi siete i miei Numi, Voi siete il mio fato. A vostro talento Mi sento cangiar, Ardir m’inspirate, Se lieti splendete; Se torbidi siete, Mi fate tremar.
Le charme des yeux
De vous, chers astres, dépend mon sort ; vous êtes mes dieux, vous êtes mon destin : à votre aspect je vais changeant. Vous m’inspirez courage, quand vous brillez joyeux ; quand vous êtes assombris, vous me faites trembler.
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Pensa, che questo istante D76 (1813) Pietro Metastasio (1698-1782) Pensa, che questo istante Del tuo destin decide, Ch’oggi rinasce Alcide Per la futura età. Pensa che a dulto sei, Che sei di Giove un figlio, Che merto e non consiglio La scelta tua sarà. Der Jüngling und der Tod D545 (1817) Josef von Spaun (1788-1865)
Pense que cet instant Pense que cet instant De ton destin décide Qu’aujourd’hui renaît Alcide Pour le futur. Pense que tu es un homme, Que tu es fils de Jupiter, Que sur le mérite et non sur un conseil Ton choix sera fait. Le jeune home et la mort
der Jüngling
Die Sonne sinkt, o könnt ich mit ihr scheiden, Mit ihrem letzten Strahl entfliehen! Ach diese namenlosen Qualen meiden Und weit in schönre Welten ziehn! O komme, Tod, und löse diese Bande! Ich lächle dir, o Knochenmann, Entführe mich leicht in geträumte Lande! O komm und rühre mich doch an! der tod
Es ruht sich kühl und sanft in meinen Armen, Du rufst, ich will mich deiner Qual erbarmen. Die Götter Griechenlands D 677 (1819) Friedrich von Schiller (1759-1805) Schöne Welt, wo bist du? Kehre wieder Holdes Blütenalter der Natur! Ach, nur in dem Feenland der Lieder Lebt noch deine fabelhafte Spur. Ausgestorben trauert das Gefilde, Keine Gottheit zeigt sich meinem Blick, Ach, von jenem lebenwarmen Bilde Blieb der Schatten nur zurück.
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le jeune homme
Le soleil disparaît, oh, si je pouvais partir avec lui, M’envoler avec ses derniers rayons, En finir avec cette torture sans nom, Et voyager loin dans un monde plus agréable ! Oh, viens, Mort, et libère-moi de ces liens ! Je te souris, ô homme en os, Emmène-moi légèrement dans le pays des rêves, Oh, viens et prends-moi. la mort
Tu auras un repos, frais et doux, dans mes bras; Tu appelles ! Je soulagerai ton tourment. Les dieux de la Grèce Beau monde, où es-tu ? Reviens à nouveau, Douce force de l’âge de la nature ! Hélas, c’est seulement dans la féerie des chansons Que vit encore votre fabuleuse trace. Les champs abandonnés se désolent, Aucun dieu n’apparaît devant mes yeux. Hélas, de cette image chaude de vie Il ne reste que son ombre.
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FRANZ SCHUBERT
Des Fischers Liebesglück D 933 (1827)* Karl Gottfried von Leitner (1800-1890), de Gedichte, in 1. Vermischte Gedichte, 1825 Dort blinket Durch Weiden, Und winket Ein Schimmer Blassstrahlig Vom Zimmer Der Holden mir zu. Es gaukelt Wie Irrlicht, Und schaukelt Sich leise Sein Abglanz Im Kreise Des schwankenden Sees.
Le Pêcheur Heureux en Amour
Du lointain scintille Et cille au-dessus de la prairie De la chambre de ma mie Une pâle lueur qui vient à moi.
Elle danse Folâtre et volette, Doucement se balance Sur le miroir mouvant du lac.
[...]
[...]
Und springe Zum Ruder, Und schwinge Den Nachen Dahin auf Den flachen, Krystallenen Weg.
Et je saute sur l’aviron, Et je pousse le bateau Là-bas sur la route Plate et cristalline.
Fein-Liebchen Schleicht traulich Vom Stübchen Herunter, Und sputet Sich munter Zu mir in das Boot.
La belle bien-aimée se glisse discrètement Hors de sa chambre Elle se dépêche vite Vers moi dans le bateau.
Gelinde Dann treiben Die Winde Uns wieder See-einwärts Vom Flieder Des Ufers hindann.
Doucement alors le vent nous pousse à nouveau vers le lac Loin des lilas de la rive.
[...]
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* Simon Keenlyside a choisi d'interpréter ce lied partiellement. Les [...] indiquent les parties omises.
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So schweben Wir selig, Umgeben Vom Dunkel, Hoch überm Gefunkel Der Sterne einher.
Ainsi nous flottons bienheureux Entourés par l’obscurité, Là-haut, scintillent les étoiles.
Und weinen Und lächeln, Und meinen, Enthoben Der Erde, Schon oben, Schon d’rüben zu sein.
Nous pleurons, nous sourions Il nous semble Avoir quitté la terre Et déjà être là-haut.
Die Sterne D 939, op. 96 (Vier Lieder), no. 1 (1828) Karl Gottfried von Leitner (1800-1890), de Gedichte, in 1. Vermischte Gedichte (1825)
Les étoiles
Wie blitzen die Sterne so hell durch die Nacht! Bin oft schon darüber vom Schlummer erwacht. Doch schelt’ ich die lichten Gebilde drum nicht, Sie üben im Stillen manch heilsame Pflicht.
Les étoiles brillent intensément dans la nuit ! De plus en plus elles m’éveillent. Mais comment en vouloir à cette œuvre si rare, Elles accomplissent en silence plus d’une tâche salutaire.
Sie wallen hoch oben in Engelgestalt, Sie leuchten dem Pilger durch Heiden und Wald. Sie schweben als Boten der Liebe umher, Und tragen oft Küsse weit über das Meer.
Figures angéliques, elles ondoient dans le firmament, Elles éclairent le pèlerin à travers landes et forêts. Messagères de l’amour, elles planent çà et là Et portent des baisers au-delà de l’océan.
Sie blicken dem Dulder recht mild ins Gesicht, Und säumen die Tränen mit silbernem Licht. Und weisen von Gräbern gar tröstlich und hold Uns hinter das Blaue mit Fingern von Gold.
Elles posent le regard sur la victime avec bienfaisance, Dans une lueur d’argent, elles s’attardent sur les larmes. Propices et consolatrices elles montrent le chemin des tombes] Avec leurs doigts d’or, sous la voûte céleste.
So sei denn gesegnet du strahlige Schar! Und leuchte mir lange noch freundlich und klar! Und wenn ich einst liebe, seid hold dem Verein, Und euer Geflimmer lasst Segen uns sein!
Sois donc bénie multitude irradiante ! Amicale et sereine, éclaire-moi longtemps encore ! Et si un jour j’aimais, sois favorable à notre union, Que ton scintillement nous bénisse !
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Fischerlied D562 (1817)* Johann Gaudenz, Freiherr von Salis-Seewis (1762-1834)
Le métier du pêcheur
Das Fischergewerbe Gibt rüstigen Mut! Wir haben zum Erbe Die Güter der Flut. Wir graben nicht Schätze. Wir pflügen kein Feld; Wir ernten im Netze, Wir angeln uns Geld.
Le métier du pêcheur Donne une humeur vaillante ! Nous avons en héritage Les biens des flots. Nous ne creusons pas pour des trésors, Nous ne labourons aucun champ; Nous récoltons dans nos filets, Nous pêchons notre or.
Wir heben die Reusen Den Schilfbach entlang, Und ruhn bei den Schleusen, Zu sondern den Fang. Goldweiden beschatten Das moosige Dach; Wir schlummern auf Matten Im kühlen Gemach.
Nous levons les nasses Le long des roseaux, Et nous nous reposons près des écluses, Pour trier les prises. Des saules dorés font de l’ombre Sur le toit moussu; Nous nous endormons sur les matelas Dans la pièce fraîche.
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Der Herr, der in Stürmen Der Mitternacht blitzt, Vermag uns zu schirmen, Und kennt, was uns nützt. Gleich unter den Flügeln Des Ewigen ruht Der Rasengruft Hügel, Das Grab in der Flut.
Le Seigneur, qui dans la tempête À minuit lance des éclairs, Peut nous protéger, Et sait ce dont nous avons besoin. Comme sous les ailes De l’éternité repose La colline herbeuse de la crypte Et la tombe dans les flots.
* Simon Keenlyside a choisi d'interpréter ce lied partiellement. Les [...] indiquent les parties omises.
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Der Wanderer an den Mond D 870, op. 80 (Drei Lieder), no. 1 (1826) Johann Gabriel Seidl (1804-1875)
Le Voyageur à la lune
Ich auf der Erd’, am Himmel du, Wir wandern beide rüstig zu: Ich ernst und trüb, du mild und rein, Was mag der Unterschied wohl sein?
Moi sur la terre, toi au ciel Nous cheminons tous deux d’un bon pas, Moi grave et triste, toi douce et pure. D’où peut donc venir la différence ?
Ich wandre fremd von Land zu Land, So heimatlos, so unbekannt; Bergauf, bergab, Wald ein, Wald aus, Doch bin ich nirgend, ach! zu Haus.
Moi je vais, étranger, de pays en pays, Sans patrie, tellement inconnu; Par monts et par vaux, à travers bois, Je ne suis, hélas, nulle part chez moi.
Du aber wanderst auf und ab Aus Ostens Wieg’ in Westens Grab, Wallst Länder ein und Länder aus, Und bist doch, wo du bist, zu Haus.
Mais toi, montant et descendant, Tu déroules ta course du berceau du levant Au tombeau du couchant, Tu parcours tant et tant de pays.
Der Himmel, endlos ausgespannt, Ist dein geliebtes Heimatland: O glücklich, wer, wohin er geht, Doch auf der Heimat Boden steht!
Et pourtant, où que tu sois, tu es chez toi. Le ciel qui s’étend à l’infini est ta patrie chérie : Heureux celui qui, où qu’il aille; Ne cesse de fouler le sol de sa patrie !
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Abschied D 957, de Schwannengesang, no. 7 (1828) Ludwig Rellstab (1799-1860)
Adieu !
Ade! du muntre, du fröhliche Stadt, ade! Schon scharret mein Rösslein mit lustigen Fuss; Jetzt nimm noch den letzten, den scheidenden Gruss.] Du hast mich wohl niemals noch traurig gesehn, So kann es auch jetzt nicht beim Abschied geschehn. Ade! du muntre, du fröhliche Stadt, ade!
Adieu, ville insouciante et gaie, adieu ! Déjà mon cheval piaffe d’un sabot joyeux; voici mon dernier salut, je pars. Tu ne m’as jamais vu triste, n’est-ce-pas ? Eh bien ! Je ne le serai pas en te quittant. Adieu, ville insouciante et gaie, adieu !
Ade, ihr Bäume, ihr Gärten so grün, ade! Nun reit ich am silbernen Strome entlang. Weit schallend ertönet mein Abschiedsgesang; Nie habt ihr ein trauriges Lied gehört, So wird euch auch keines beim Scheiden beschert! Ade, ihr Bäume, ihr Gärten so grün, ade!
Adieu, arbres, jardins si verts, adieu ! Déjà mon cheval suit le ruisseau argenté, voici l’écho lointain de mes adieux. Jamais vous n’avez entendu de triste chanson, eh bien ! Vous n’en entendrez pas pour mon départ. Adieu, arbres, jardins si verts, adieu !
Ade, ihr freundlichen Mägdlein dort, ade! Was schaut ihr aus blumenumduftetem Haus Mit schelmischen, lockenden Blicken heraus? Wie sonst, so grüss ich und schaue mich um, Doch nimmer wend ich mein Rösslein um. Ade, ihr freundlichen Mägdlein dort, ade!
Adieu, aimables jeunes filles, adieu ! Que regardez-vous par vos fenêtres fleuries de vos yeux espiègles et ensorceleurs ? Comme de coutume je me retourne et vous salue, mais je ne ferai pas tourner bride à mon cheval. Adieu, aimables jeunes filles, adieu !
Ade, liebe Sonne, so gehst du zur Ruh, ade! Nun schimmert der blinkenden Sterne Gold. Wie bin ich euch Sternlein am Himmel so hold; Durchziehn wir die Welt auch weit und breit, Ihr gebt überall uns das treue Geleit. Ade, liebe Sonne, so gehst du zur Ruh, ade!
Adieu ! Cher soleil, maintenant repose-toi, adieu ! Les étoiles étincelantes luisent d’or. Qu’elles me sont chères, les étoiles au firmament; Nous voyageons autour du monde de tous côtés, et vous nous menez fidèlement partout. Adieu ! Cher soleil, maintenant repose-toi, adieu !
Ade! du schimmerndes Fensterlein hell, ade! Du glänzest so traulich mit dämmerndem Schein Und ladest so freundlich ins Hüttchen uns ein. Vorüber, ach, ritt ich so manches Mal, Und wär es denn heute zum letzten Mal? Ade! du schimmerndes Fensterlein hell, ade!
Adieu ! Petite fenêtre étincelante et claire, adieu ! Tu brillais d’un éclat familier et doux, et à pénétrer dans la maisonnette tu nous invitais. Ah ! combien de fois suis-je passé devant, serait-ce aujourd’hui la dernière fois ? Adieu ! petite fenêtre étincelante et claire, adieu !
Ade, ihr Sterne, verhüllet euch grau! Ade! Des Fensterlein trübes, verschimmerndes Licht Ersetzt ihr unzähligen Sterne mir nicht, Darf ich hier nicht weilen, muss hier vorbei, Was hilft es, folgt ihr mir noch so treu! Ade, ihr Sterne, verhüllet euch grau! Ade!
Adieu ! Étoiles, voilez-vous de gris, adieu ! Cette lumière triste et chancelante de la petite fenêtre, étoiles innombrables, vous ne pourrez jamais la remplacer. Allons ! Je ne dois pas m’attarder. À quoi bon maintenant toute votre fidélité ? Adieu ! Étoiles, voilez-vous de gris. Adieu !
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BIOGRAPHIES Simon Keenlyside
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Baryton
Né à Londres, Simon Keenlyside étudie le chant au Royal Northern College of Music auprès de John Cameron, puis auprès de Rudolf Knoll au Mozarteum de Salzbourg. Il fait ses débuts à l’Opéra de Hambourg dans le rôle du Comte (Le Nozze di Figaro). De 1989 à 1994, il se produit fréquemment au Scottish Opera. Il est ensuite invité sur toutes les principales scènes lyriques internationales. Parmi les temps forts de sa carrière figurent les rôles de Posa, Macbeth, Hamlet, Billy Budd et Prospero (The Tempest d’Adès). Il est aussi particulièrement remarqué dans le Comte Almaviva à Milan et à Vienne (sous la direction de Riccardo Muti), Don Giovanni à Ferrare (dirigé par Claudio Abbado), Pelléas à San Francisco, Genève, Paris, Salzbourg, Berlin et Londres (direction Simon Rattle), Wozzeck (à Londres, Munich, Paris et New York). Il s’est aussi distingué dans les rôles de Papageno, Eugène Onéguine, Rigoletto, Giorgio Germont, Ford, le Figaro de Rossini, l’Orfeo de Monteverdi, Belcore et Oreste (Iphigénie en Tauride). En concert, il s’est produit sous la baguette des meilleurs chefs d’orchestre, avec notamment l’Orchestre de Chambre d’Europe, le City of Birmingham Symphony Orchestra, London Symphony, Cleveland Orchestra et les orchestres philharmoniques de la République Tchèque, de Vienne et de Berlin. Ses nombreux enregistrements comprennent : Des Knaben Wunderhorn avec Simon Rattle, Don Giovanni (rôle-titre) avec Claudio Abbado, les Carmina burana avec Christian Thielemann, La Bohème (Marcello) avec Riccardo Chailly, Billy Budd (rôle-titre) avec Richard Hickox, Il Barbiere di Siviglia (le Comte Almaviva) avec René Jacobs, Die Zauberflöte (Papageno) avec Charles Mackerras, des duos et arias d’opéras avec Angelika Kirchschlager, les Lieder de Brahms et les Dichterliebe de Schumann avec Malcolm Martineau. Il reçoit le Grammophon 2007 pour son disque intitulé Tales of Opera avec le Münchner Rundfunk Orchester et Ulf Schirmer. Son enregis-
trement Songs of War, avec Malcolm Martineau, reçoit le prix Grammophon 2012. Son dernier enregistrement – Something’s Gotta Give – avec David Charles Abell et le BBC Concert Orchestra paru en 2014 chez Chandos Records comprend les numéros classiques des comédies musicales de Broadway et Hollywood. Au cours de la saison 2014-2015, il a incarné notamment Rigoletto à Covent Garden et au Wiener Staatsoper, Posa (Don Carlo) au Metropolitan Opera et au Festival de Munich et Ford (Falstaff) au Bayerische Staatsoper. Il a interprété le Winterreise avec Emanuel Ax à Londres, Graz, Vienne et Salzbourg et donné des récitals avec Malcolm Martineau à Madrid et Barcelone. En concert, il a chanté Totentanz de Thomas Adès avec Christiane Stotijn et le New York Philharmonic Orchestra, sous la direction du compositeur. Ses projets pour la saison 20152016 et suivante incluent Macbeth avec le Royal Opera House en tournée au Japon, son retour au Metropolitan Opera (dans le rôle-titre de Don Giovanni), à Munich (Giorgio Germont), à Vienne (Don Giovanni, Macbeth et Golaud) et à La Scala (le Comte Almaviva). En concert il présentera la première néerlandaise de Totentanz de Thomas Adès avec le Concertgebouworkest sous la baguette du compositeur. On pourra l’écouter en récital à Londres, Vienne, Bruxelles, Strasbourg, Graz et Essen. Simon Keenlyside a été distingué en 2006 par l'Olivier Award pour réalisations exceptionnelles à l'opéra. En 2007 le prix ECHO Klassik le reconnaît comme chanteur de l'année, et en 2011, il reçoit le Musical America's Vocalist of the Year Award. En 2003, il a été nommé CBE (Companion of the Order of the British Empire).
Au Grand Théâtre de Genève : La Flûte enchantée (Papageno) 93-94, Hamlet (rôle-titre) 96-97, Pelléas et Mélisande (Pelléas) 99-00, récitals 94-95, 98-99, 09-10 et 14-15.
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BIOGRAPHIES
Malcolm Martineau Originaire d’Édimbourg, Malcolm Martineau a étudié la musique au St Catharine’s College de Cambridge et au Royal College of Music de Londres. Considéré comme l’un des pianistes accompagnateurs les plus brillants de sa génération, il a travaillé avec certains des plus célèbres chanteurs, notamment Thomas Allen, Janet Baket, Olaf Bär, Barbara Bonney, Ian Bostridge, Angela Gheorghiu, Susan Graham, Thomas Hampson, Della Jones, Simon Keenlyside, Angelika Kirchschlager, Magdalena Kožená, Solveig Kringelborn, Jonathan Lemalu, Felicity Lott, Christopher Maltman, Karita Mattila, Lisa Milne, Anne Murray, Anna Netrebko, Anne Sofie von Otter, Joan Rodgers, Amanda Roocroft, Michael Schade, Frederica von Stade, Sarah Walker et Bryn Terfel. Il a été invité par le Wigmore Hall à donner ses propres cycles de concerts (cycles Britten et Poulenc, Decade by Decade – 100 Years of German Song et Songlives retransmis par la BBC) et par le Festival d’Édimbourg où il a notamment présenté l’intégralité des Lieder de Hugo Wolf. Il s’est produit au Wigmore Hall, au Barbican, au Queen Elizabeth Hall et au Royal Opera House de Londres, au Teatro alla Scala de Milan, au Théâtre du Châtelet de Paris, au Gran Teatre del Liceu de Barcelone, à la Philharmonie et au Konzerthaus de Berlin, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Konzerthaus et au Musikverein de Vienne. Aux États-Unis, on a pu l’entendre à l’Alice Tully Hall et au Carnegie Hall de New York, en Australie au Sydney Opera House, ou encore dans les festivals d’Aix-en-Provence, Vienne, Munich et Salzbourg. Avec Bryn Terfel (Deutsche Grammophon), il a enregistré des sélections de pièces de Schubert, Schumann et de compositeurs anglo-saxons, avec Simon Keenlyside (EMI) des œuvres de Schubert et Strauss. Des récitals avec Angela Gheorghiu et Barbara Bonney (Decca), Magdalena Kožená (Deutsche Grammophon), Della Jones (Chandos), Susan Bullock (Crear Classics), Solveig Kringelborn (NMA) et Amanda Roocroft (Onyx) ont donné lieu à des enregistrements. Avec Sarah Walker et Tom
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Piano
Krause, il a enregistré l’intégrale des mélodies de Fauré, des folk songs de Britten (Hyperion), des Volkslieder de Beethoven (Deutsche Grammophon) et des mélodies de Poulenc (Signum). Avec Florian Boesch, il a enregistré l’intégrale des songs de Britten et Die Winterreise de Schubert (Onyx). Parmi ses enregistrements récents citons également Heimliche Aufförderrung et Scene! avec Christiane Karg ainsi que Portaits avec Dorothea Röschmann. Cette saison, il se produira en compagnie de Simon Keenlyside, Elina Garanca, Anna Netrebko, Susan Graham, Christiane Karg, Paula Murrihy, Lucy Crowe, Dame Ann Murray, Florian Boesch and Anne Schwanewilms. Malcolm Martineau a reçu de nombreuses distinctions et reconnaissances, parmi lesquelles, un doctorat honoraire de la Royal Scottish Academy of Music and Drama en 2004, en 2009 une nomination en tant que « International Fellow of Accompaniment », et cette année, l’ordre de l’Empire britannique (OBE) au New Year’s Honour de 2016. Par ailleurs, Malcolm Martineau a été directeur artistique de l’édition 2011 du Leeds Lieder+ Festival. Au Grand Théâtre de Genève : récitals avec Simon Keenlyside 94-95, 98-99 et 09-10, Amanda Roocroft 95-96, Barbara Bonney 03-04, Bryn Terfel 96-97 et 14-15, Susan Graham 15-16.
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PROCHAINEMENT BALLET
OPÉRA
Carmina Burana
Falstaff
Création chorégraphique mondiale À l'Opéra des Nations 13, 14, 17, 18, 19, 21, 22 mai 2016 à 19 h 30 22 mai 2016 à 15 h Direction musicale Kazuki Yamada Chorégraphie Claude Brumachon Assistant à la chorégraphie Benjamin Lamarche Costumes « On aura tout vu » Livia Stoianova & Yassen Samouilov Lumières Olivier Tessier Avec Regula Mühlemann, Boris Stepanov, Stephan Genz Ballet du Grand Théâtre de Genève Direction Philippe Cohen Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge Orchestre de la Suisse Romande
Nouvelle production À l'Opéra des Nations 18, 20, 22, 24, 28, 30 juin 2016 à 19 h 30 26 juin 2016 à 15 h Direction musicale John Fiore Mise en scène Lukas Hemleb Décors Alexander Polzin Costumes Andrea Schmidt-Futterer Lumières Alexander Koppelmann Avec Franco Vassallo, Georgy Vasiliev, Raúl Giménez, Alexander Milev, Maija Kovalevska, Amelia Scicolone, Marie-Ange Todorovitch, Ahlima Mhamdi Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge
Carl Orff
Commedia lirica en 3 actes de Giuseppe Verdi
Conférence de présentation par Alberto Mattioli en collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. Au Théâtre de l'Espérance 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève Mercredi 15 juin 2016 à 18 h 15
Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de la rédaction Daniel Dollé Responsable de l’édition Aimery Chaigne ont collaboré à ce programme Sophie Barenne, Sandra Gonzalez, Isabelle Jornod, Petya Ivanova Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN AVRIL 2016
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