SUSAN GRAHAM MEZZO-SOPRANO
MALCOLM MARTINEAU PIANO
RÉCITAL SCHUMANN | FAURÉ | STRAUSS | GRIEG | DEBUSSY | POULENC TCHAÏKOVSKI | GRANADOS | BERLIOZ
SAISON1516 4R GTG1516_SusanGraham_Programme_R4_couv.indd 1
08.03.16 11:08
Découvrez toutes nos offres d’abonnement sur www.letemps.ch/abos Digital, accès digital intégral sur le Web, mobile et tablette Digital & Week-end, accès digital intégral & livraison du Temps et de ses suppléments le samedi Premium, livraison du Temps du lundi au samedi & accès digital intégral
* 1 mois d’essai Digital (Prix TTC)
www.letemps.ch/abos
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4_couv.indd 2
08.03.16 11:08
SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE
PARTENAIRES DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE ASSOCIATION DES COMMUNES GENEVOISES
CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
ÉTAT DE GENÈVE
PARTENAIRE FONDATEUR DE LA TROUPE DES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE
PARTENAIRE DE SAISON
PARTENAIRE DE SAISON
PARTENAIRE DE PRODUCTION
PARTENAIRE DU BALLET DU GRAND THÉÂTRE
PARTENAIRE DU PROGRAMME PÉDAGOGIQUE
PARTENAIRE DES RÉCITALS
PARTENAIRE DE PROJET
FONDATION VALERIA ROSSI DI MONTELERA
LA FAMILLE LUNDIN
PARTENAIRES MÉDIA
PARTENAIRES DU GENEVA OPERA POOL BANQUE PICTET & CIE SA CARGILL INTERNATIONAL SA HYPOSWISS PRIVATE BANK GENÈVE SA TOTSA TOTAL OIL TRADING SA UNION BANCAIRE PRIVÉE, UBP SA
PARTENAIRES D’ÉCHANGE CARAN D’ACHE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 1
EXERSUISSE
FAVARGER
FLEURIOT FLEURS
GENERALI ASSURANCE
TAITTINGER
UNIRESO
09.03.16 15:43
2
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 2
09.03.16 15:43
© BRIDGEMAN IMAGES / CHRISTIE’S IMAGES
Jeune femme nue penchée lisant un livre Jean-Jacques Henner, 1880-90 Collection privée Huile sur toile
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 3
3
09.03.16 15:43
ROBERT SCHUMANN I - Seit ich ihn gesehen EDVARD GRIEG Møte RICHARD STRAUSS Seitdem dein Aug’ in meines schaute ROBERT SCHUMANN II - Er, der herrlichste von Allen JOHN DANKWORTH Shall I compare thee to a summer’s day? GABRIEL FAURÉ Chanson d’amour TURE RANGSTRÖM Melodi ROBERT SCHUMANN III - Ich kann’s nicht fassen, nicht glauben EDVARD GRIEG Jeg elsker dig GABRIEL FAURÉ Au bord de l’eau ROBERT SCHUMANN IV - Du Ring an meinem Finger GUSTAV MAHLER Rheinlegendchen
Entracte HENRI DUPARC Phidylé CLAUDE DEBUSSY La Chevelure ROBERT SCHUMANN VI - Süsser Freund, du blickest mich verwundert an PIOTR ILITCH TCHAÏKOVSKI
Колыбельная песня
FRANCIS POULENC Le Carafon RICHARD SRAUSS Wiegenliedchen ROBERT SCHUMANN VII - An meinem Herzen, an meiner Brust HECTOR BERLIOZ Absence ENRIQUE GRANADOS ¡Oh muerte cruel! (La maja dolorosa N° 1) ROGER QUILTER How should I your true love know ROBERT SCHUMANN VIII - Nun hast du mir den ersten Schmerz getan
JOAQUÍN TURINA Los dos miedos ROBERT SCHUMANN V - Helft mir, ihr Schwester Mutter, Mutter! Glaube nicht (Lied der Braut I) Lass mich ihm am Busen hangen (Lied der Braut II) MAURICE RAVEL Tout gai!
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 4
09.03.16 15:43
RÉCITAL Dimanche 20 mars 2016 à 19 h 30 À l’Opéra des Nations
SUSAN GRAHAM MEZZO-SOPRANO
MALCOLM MARTINEAU PIANO
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 5
09.03.16 15:43
6
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 6
09.03.16 15:43
Autour de L’Amour et la vie d’une femme... par Daniel Dollé
“Graham’s mezzo-soprano is a voice without regrets, healthy, rounded, ineffably musical, and eager for a challenge.”
© BRIDGEMAN IMAGES / CHRISTIE’S IMAGES
THE NEW YORKER
Les amants heureux Gustave Courbet, 1844 Musée des Beaux-Arts, Lyon Huile sur toile
C
e serait un affront que de présenter la mezzo-soprano la plus adulée des grandes scènes internationales. Enfin, ses pas s’arrêtent sur la scène de Neuve. Née au Texas, loin d’une grande tradition musicale, des hauts lieux de la musique classique, elle s’intéresse rapidement à la musique et se met au piano. Très vite, elle prend conscience que la voix serait son moyen d’expression de prédilection. Elle aime la vie et recherche le côté amusant des choses. Jamais elle ne se contente des acquis, mais explore sans cesse de nouvelles voies. C’est avec Chérubin de Massenet qu’elle s’ouvre les portes de la renommée internationale et des scènes lyriques les plus prestigieuses. La beauté exceptionnelle de son timbre et ses talents d’interprète joyeuse et passionnée feront le reste. La musique est sa raison d’être et son amour pour le récital est légendaire, car elle le considère comme l’essence de la musique. Probablement que Chérubin, en 1994, au Royal Opera House Covent Garden, était un présage de sa prédilection pour la langue française et le répertoire français qu’elle sert avec intelligence et raffinement, et dont nous aurons un aperçu
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 7
7
09.03.16 15:43
AUTOUR DE L’AMOUR ET LA VIE D’UNE FEMME DANIEL DOLLÉ
au cours du récital avec des mélodies de Berlioz, Debussy, Duparc et Fauré. Avec son amour pour la France et sa diction irréprochable, personne ne s’étonnera qu’elle soit Commandeur des Arts et des Lettres, depuis 2005. Ce soir, avec sa voix chaude et veloutée, grâce à sa sensibilité musicale hors pair, sa curiosité et son intelligence, elle nous convie, en compagnie de Malcolm Martineau, à un moment d’exception finement ciselé et brillamment structuré. Un programme qui fait abstraction des barrières linguistiques et qui devient le défi d’un voyage musical, organisé autour des huit Lieder qui composent L’Amour et la Vie d’une femme (Frauenliebe und leben) de Robert Schumann. C’est avec un complice de longue date qu’elle nous invite à partager cette variation autour de l’Amour, de la Vie et de la Mort, à travers une forme la plus raffinée et la plus stimulante, mais également la plus angoissante, celle du Lied où l’artiste s’expose et est « mise à nu » en tant qu’interprète. Mais elle est consciente que son ami Malcolm Martineau veille et d’emblée la confiance s’installe. Pour Susan Graham faire de la musique avec le pianiste d’origine écossaise demeure un bonheur exquis. Réciproquement, ils s’inspirent et génèrent un univers où le temps suspend son vol et devient un moment de rêve, et où l’émotion règne en maître. Très souvent, les Lieder constituent une réflexion sur l’existence de l’homme, sur le temps qui passe et sont en relation intime avec les moments importants qui rythment la vie du compositeur : naissance, mort, amour, jalousie, haine, amitié, illusions et désillusions, et bien d’autres événements, ou affects, qui ponctuent notre vie. De tout cela, Robert Schumann en était bien conscient, lorsqu’il s’est battu pour avoir le droit d’épouser Clara Wieck. Il réfléchit longuement sur les vicissitudes de la vie et traduit ses pensées en musique, notamment dans les huit Lieder de L’Amour et la Vie d’une femme qui charpentent la base de huit variations. À 20 ans, il rencontre Friedrich Wieck, l’un des plus célèbres professeurs de piano de son temps. Celui-ci a une fille, Clara Wieck, alors âgée de
8
neuf ans, déjà brillante virtuose, et c’est en l’entendant que Robert décide de travailler avec son austère et intransigeant père. Il s’installe chez son maître qui le considère comme un fils et travaille d’arrache-pied… Au fil des années, Clara est devenue une belle et talentueuse jeune fille dont il tombe amoureux. Mais Clara n’a que 16 ans et son père s’oppose à l’idylle. Ce sera 5 années d’attente entre espoir et douleur. En novembre 1838, Robert part pour Vienne où Clara est déjà une Kammervirtuosin. C’est un amour partagé, à ceci près que Schumann est exalté comme un fou et que Clara se montre plus sage et pondérée, ce qui ne l’empêche pas d’afficher ses sentiments en interprétant les Études symphoniques au Gewandhaus de Leipzig. Mais elle n’a ni l’âge ni le tempérament de George Sand ou Marie d’Agoult. Friedrich Wieck se fâche. La postérité romantique le lui reprochera, mais enfin, on peut le comprendre. Quel père verrait d’un bon œil un mariage entre une toute jeune fille pleine d’avenir et un exalté bipolaire sans situation professionnelle. Ainsi, Friedrich Wieck s’oppose farouchement à leur union, y compris par de basses manœuvres. De retour à Leipzig, en avril 1839, Schumann apprend qu’il menace de déshériter sa fille et de confisquer ses revenus, si elle ne met pas fin à sa liaison avec lui. Finalement, le couple porte plainte contre le vieux Wieck pour refus de consentement de mariage et ce n’est qu’en septembre 1840 que Robert pourra enfin épouser Clara. Ce mariage est le départ d’un élargissement progressif de ses moyens d’expression. Il commence par produire une magnifique floraison de Lieder, notamment : L’amour et la Vie d’une femme (1840) et Les Amours du poète. Il en compose 130 pendant les années 1840-1841. Ils sont le miroir de ses grandeurs et de ses misères. L’aveu quotidien des secrets et tourments d’une existence qui a dévidé son écheveau noir et blanc. Une alchimie d’amour, de folie et de mort. Après un séjour à l’asile d’Endenich, près de Bonn, ombre de lui même, enfermé dans un monde fantasmagorique de musiques et de fantômes, il ne compose plus. Il meurt le 29 juillet 1856, « Il me
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 8
09.03.16 15:43
DANIEL DOLLÉ AUTOUR DE L’AMOUR ET LA VIE D’UNE FEMME
sourit, écrira Clara, et d’un grand effort m’enserra dans ses bras. Et je ne donnerais pas cette étreinte pour tous les trésors du monde ». Il laisse derrière lui une œuvre importante et une vie de roman qui le feront surnommer, plus tard, « le Romantique des Romantiques ». Le cycle, basé sur des poèmes de Chamisso, met en musique huit épisodes de la vie d’une femme fidèle : coup de foudre, transformation par l’amour, émerveillement, échange des anneaux, mariage, arrivée d’un enfant, bonheur, deuil. Il faut noter que Schumann n’a pas peur d’introduire dans le cycle ce dernier moment, où la femme-narratrice accompagne le cercueil de son mari, ce qui a nourri bon nombre de commentaires, – « comme si l’union réelle n’était au fond qu’un leurre », et que seule la mort pouvait permettre l’union. Il faut noter que la musique du premier Lied revient dans le dernier : manière de dire en musique la vérité du destin que Schumann attribue à la jeune fille, même si le texte ne le dit pas ? Les huit Lieder n’ont pas de titre. C’est une femme qui parle et qui évoque la passion amoureuse. Pour commencer l’artiste nous parle de rencontre et du primordial des regards échangés. Elle conclut avec un Lied de Richard Strauss qui demeure l’illustration parfaite de la sublimation des passions en musique. Un regard, un amour venu du ciel, que rêver de mieux ? L’homme aimé devient le meilleur et incarne l’idéal qui seul peut combler la plus digne. Elle se réjouit et déjà viennent les larmes. Même le cœur brisé, qu’importe ! Aussi longtemps que l’on respire et que les yeux voient, la vie défie le temps et la mort, nous apprend le jazzman John Dankworth, grâce à un sommet de Shakespeare. Puis Gabriel Fauré exprime l’Amour dans un style qui rappelle le madrigal et dont l’accompagnement fait songer au luth ou à la guitare. L’Amour transcende, l’objectivité s’évanouit. La dernière mélodie, d’un compositeur suédois du XXème siècle, nous apprend que l’Amour est un chant qui le rend tout puissant. Avec le troisième Lied de Schumann, le doute s’installe. S’agit-il d’un rêve ou de la réalité ? Le miracle s’est accompli, mais elle ne parvient pas à y croire et doute de
C’est avec un complice de longue date qu’elle nous invite à partager cette variation autour de l’Amour, de la Vie et de la Mort, à travers une forme la plus raffinée et la plus stimulante, mais également la plus angoissante, celle du Lied où l’artiste s’expose et est « mise à nu » en tant qu’interprète. Mais elle est consciente que son ami Malcolm Martineau veille et d’emblée la confiance s’installe. Pour Susan Graham faire de la musique avec le pianiste d’origine écossaise demeure un bonheur exquis. Réciproquement, ils s’inspirent et génèrent un univers où le temps suspend son vol et devient un moment de rêve, et où l’émotion règne en maître. RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 9
9
09.03.16 15:43
AUTOUR DE L’AMOUR ET LA VIE D’UNE FEMME DANIEL DOLLÉ
10
un érotisme intense, où séduction ne demeure pas un vain mot. Puis, les deux artistes nous ramènent à Robert Schumann et au recueil de poèmes d’Adelbert von Chamisso, un poète, écrivain et botaniste franco-allemand, qui évoquent la nuit de noce et l’attente de l’enfant. Dans un chant, dédié à la femme de Rimsky-Korsakov, Tchaïkovski exprime les supplications de la mère aux forces de la nature afin qu’elles soient favorables à l’enfant. Il s’agit d’un lullaby, d’une berceuse, qui cède sa place à une mélodie de Francis Poulenc, composée pour Denise Duval et son fils. Richard Strauss reprend le flambeau avec une berceuse. La femme aimante transfère, en tout ou partie, son amour sur l’enfant qui devient le noyau de son existence. La dernière section s’ouvre avec Hector Berlioz qui composa Les Nuits d’été la même année où fut créé L’Amour et la Vie d’une femme. Les supplications restent vaines, elle ne reviendra pas. Une grande distance s’installe entre les amants. Est-ce la distance entre la vie et la mort ? Seul le silence répond à l’appel « Répond, reviens,… » La mort rôde et s’installe avec Roger Quilter et nous demeurons impuissants. Intraitable et cruelle est la mort, nous rappelle Enrique Granados à travers ¡Oh, muerte cruel! qui, comme le dernier Lied de Schumann, s’ouvre sur un cri de révolte, de non acceptation, et se prolonge dans une profonde dépression pour aboutir à une quiétude ébranlée. Le dernier Lied évoque la mort de l’époux dans un style sombre et dépouillé, proche du récitatif. Environ 1 h 30 pour évoquer les moments forts d’une vie, celle de tout à chacun. Assister à un récital de chant de Susan Graham, c’est l’assurance d’une vraie démonstration de chant et de musique. Très rapidement l’artiste installe un climat intimiste et de séduction. Difficile de résister à son charme et à son talent. Assurément, nous aurions tort de résister.
© B. EALOVEGA
son amour. Elle croit entendre l’aveu d’un amour éternel et voudrait mourir dans les bras de son bien-aimé. Grieg poursuit avec un aveu d’exclusivité sur des paroles de Christian Andersen « Je t’aime, comme je n’ai jamais aimé personne sur terre. » La mélodie est écrite en Do Majeur qui exprime la pureté absolue de l’Amour. Au bord de l’eau, de Gabriel Fauré, évoque le fugitif, l’éphémère. La musique est fluide comme le ruisseau, comme l’eau, comme le temps. « Tout passe… » Enfin vient le temps des fiançailles, la fiancée contemple la bague, son cœur bat la chamade, écoutez la main droite du piano. « La bague au doigt, je veux lui appartenir tout entière. » Extrait du Cor enchanté de l’enfant (Des Knaben Wunderhorn), Gustav Mahler nous raconte la légende de la bague jetée dans le Rhin et avalé par un poisson qui finit sur la table du roi. L’anneau, symbole éternel, réunit toujours les amants, ironise le compositeur sur un texte naïf et populaire, servi par une musique d’une grande sophistication. Joaquim Turina conclut sur un texte du poète romantique espagnol, Roman Campoamor. Il exprime la crainte de l’éloignement, de la rupture après la nuit d’Amour. Dans la cinquième section et dernière de la première partie du récital, nous entendons la marche nuptiale, probablement, un hommage à Félix Mendelssohn. On perçoit une once de mélancolie, mais le bonheur d’appartenir à son mari domine. Puis elle rassure sa mère à travers deux Lieder, extraits de Myrten, « Mère, Mère, ne crois pas (…) Que parce que je l’aime tant L’amour va me manquer (…) Mère, mère ! Arrête d’avoir peur (…) Finir ? Cela n’aura jamais de fin. » La première partie s’achève avec Maurice Ravel qui nous invite à la danse dans un village grec, baigné de lumière. Pour commencer la seconde partie du récital, nous rencontrons le parnassien, Leconte de Lisle, à travers une musique de Maurice Ravel. Subtilité et gravité baignent dans une sublime sensualité qui nous conduit à Pierre Louÿs et Les Chansons de Bilitis, une courtisane grecque, du temps de Sappho. Debussy nous livre une scène extrêmement sensuelle au cours de laquelle se développe
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 10
09.03.16 15:43
RÉCITAL | DIANA DAMRAU • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 11
11
09.03.16 15:43
Robert Schumann
(1810-1856)
Frauenliebe und –leben : Variations Extrait de Frauenliebe und –leben (1840) I Seit ich ihn gesehen op. 42 n° 1 Adelbert von Chamisso (1781-1838)
12
Depuis que je l’ai vu
Seit ich ihn gesehen, Glaub’ ich blind zu sein; Wo ich hin nur blicke, Seh’ ich ihn allein;
Depuis que je l’ai vu, Je suis comme aveuglée ; Où que je regarde, Lui seul je vois ;
Wie im wachen Traume Schwebt sein Bild mir vor, Taucht aus tiefstem Dunkel Heller nur empor.
Comme dans un rêve éveillé Son image plane devant moi, Émerge du noir le plus profond, Et s’éclaircit de plus en plus.
Sonst ist licht- und farblos Alles um mich her, Nach der Schwestern Spiele Nicht begehr’ ich mehr,
Sans elle le monde autour de moi Est sombre et incolore, Le désir me quitte De jouer avec mes soeurs,
Möchte lieber weinen, Still im Kämmerlein; Seit ich ihn gesehen, Glaub’ ich blind zu sein.
Je préfère pleurer, Silencieuse en ma petite chambre; Depuis que je l’ai vu, Je suis comme aveuglée.
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 12
09.03.16 15:43
Edvard Grieg
(1843-1907)
Extrait de Haugtussa (1895) Møte op. 67 n° 4 Arne Garborg (1851-1924)
Rencontre
Ho sìt ein Sundag lengtande Li; det strøymer på med desse søte Tankar; og Hjarta fullt og tungt i Barmen bankar, og Draumen vaknar, bivrande og blid. Då gjeng det som ei Hildring yver Nuten; ho raudnar heit -- der kjem den vene Guten.
Un dimanche elle est assise, languissante, sur la colline ; sur elle coulent de douces pensées, et son cœur est lourd et bat dans sa poitrine, et son rêve s’éveille, tendre et tremblant. Puis, un charme apparaît au sommet de la montagne ; elle rougit vivement ; son bel ami s’approche.
Burt vil ho gøyme seg i Ørska brå, men stoggar tryllt og Augo mot han vender; dei tek einannan i dei varme Hender og stend so der og veit seg inkje Råd.
Prise d’un brusque vertige, elle voudrait se cacher, mais, ensorcelée, elle tourne ses yeux vers lui ; leurs chaudes mains se touchent et ils se tiennent là, sans savoir que faire.
Då bryt ho ut i dette Undringsord: «men snilde deg daa... at du er so stor!»
Alors dans sa surprise elle s’exclame : Mais toi, gentil garçon, ... tu es si grand ! »
[ ... ]
[...]
Og som det lid ti svale Kveldings Stund, alt meir og meir i Lengt dei saman søkjer; og brådt um Hals den unge Arm seg krøkjer, og øre skjelv dei saman Munn mot Munn. Alt svimrar burt. Og der i Kvelden varm i heite Sæle søv ho i hans Arm.
Et comme s’approche la fraîcheur du crépuscule, ils se cherchent l’un l’autre, poussés par un désir croissant, et soudain leurs jeunes bras se nouent autour de leurs cous, et pris de vertige, tous deux tremblent bouche contre bouche. Tout disparaît. Et là, dans la tiédeur du soir, dans une chaude félicité, elle dort dans ses bras.
Richard Strauss
(1864-1949)
Extrait de Sechs Lieder (1885-1887) Seitdem dein Aug’ in meines schaute op. 17 n° 1 (1887) Depuis que ton regard s’est plongé dans le mien Adolf Friedrich von Schack (1815-1894) Seitdem dein Aug’ in meines schaute, Und Liebe, wie vom Himmel her, Aus ihm auf mich herniedertaute, Was böte mir die Erde mehr?
Depuis que ton regard s’est plongé dans le mien Et que l’amour en est tombé sur moi, Comme la rosée venant du ciel, Que pourrait m’offrir de plus la terre ?
Ihr Bestes hat sie mir gegeben, Und von des Herzens stillem Glück Ward übervoll mein ganzes Leben Durch jenen einen Augenblick.
Elle m’a donné son meilleur, Et par le bonheur muet du cœur Ma vie toute entière fut comblée Dans un seul regard.
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 13
13
09.03.16 15:43
Robert Schumann
(1810-1856)
Extrait de Frauenliebe und –leben (1840) II Er, der herrlichste von Allen op. 42 n° 2 Adelbert von Chamisso (1781-1838)
14
Lui, le plus glorieux de tous
Er, der herrlichste von Allen, Wie so milde, wie so gut! Holde Lippen, klares Auge, Heller Sinn und fester Mut.
Lui, le plus glorieux de tous, Combien si doux, combien si bon ! Lèvres charmantes, yeux brillants, Esprit clair et ferme courage,
So wie dort in blauer Tiefe, Hell und herrlich, jener Stern, Also er an meinem Himmel, Hell und herrlich, hehr und fern.
Ainsi, comme cette étoile, Là-bas dans les profondeurs bleues, Il est dans mon ciel, Clair et splendide, haut et lointain,
Wandle, wandle deine Bahnen; Nur betrachten deinen Schein, Nur in Demuth ihn betrachten, Selig nur und traurig sein!
Change, change ton chemin, Seulement contempler ta splendeur, Seulement, humble, la contempler, Être bienheureuse et triste !
Höre nicht mein stilles Beten, Deinem Glücke nur geweiht; Darfst mich niedre Magd nicht kennen, Hoher Stern der Herrlichkeit!
N’écoute pas ma prière secrète, Seulement vouée à ton bonheur ; Tu peux ne pas me connaître, moi pauvre fille, Noble et brillante étoile !
Nur die Würdigste von allen Darf beglücken deine Wahl Und ich will die Hohe segnen Viele tausend Mal.
Seule la plus digne de toutes Doit satisfaire ton choix, Et je la bénirai, grande, La bénirai plusieurs milliers de fois.
Will mich freuen dann und weinen, Selig, selig bin ich dann, Sollte mir das Herz auch brechen, Brich, o Herz, was liegt daran?
Je me réjouirai, ensuite pleurerai, Heureuse, heureuse ensuite serai ; Et si cela doit mon cœur briser, Brise-toi, Ô cœur, qu’importe ?
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 14
09.03.16 15:43
John Dankworth
(1927-2010)
Shall I compare thee to a summer’s day? (1964) William Shakespeare (1564-1616)
Te comparerai-je à un jour d’été ?
Shall I compare thee to a summer’s day? Thou art more lovely and more temperate: Rough winds do shake the darling buds of May, And summer’s lease hath all too short a date: Sometime too hot the eye of heaven shines, And often is his gold complexion dimm’d; And every fair from fair sometime declines, By chance or nature’s changing course untrimm’d; But thy eternal summer shall not fade Nor lose possession of that fair thou ow’st; Nor shall Death brag thou wander’st in his shade, When in eternal lines to time thou growest: So long as men can breathe or eyes can see, So long lives this, and this gives life to thee.
Te comparerai-je à un jour d’été ? Tu es plus aimable et plus tempéré. Les vents violents font tomber les tendres bourgeons de mai, et le bail de l’été est de trop courte durée. Tantôt l’œil du ciel brille trop ardemment, et tantôt son teint d’or se ternit. Tout ce qui est beau finit par déchoir du beau, dégradé, soit par accident, soit par le cours changeant de la nature. Mais ton éternel été ne se flétrira pas et ne sera pas dépossédé de tes grâces. La mort ne se vantera pas de ce que tu erres sous son ombre, quand tu grandiras dans l’avenir en vers éternels. Tant que les hommes respireront et que les yeux pourront voir, ceci vivra et te donnera la vie. Traduction : François-Victor Hugo (1828-1873)
Gabriel Fauré
(1845-1924)
Chanson d’amour op. 27 no. 1 (1882) Armand Silvestre (1837-1901) J’aime tes yeux, j’aime ton front, Ô ma rebelle, ô ma farouche, J’aime tes yeux, j’aime ta bouche Où mes baisers s’épuiseront. J’aime ta voix, j’aime l’étrange Grâce de tout ce que tu dis, Ô ma rebelle, ô mon cher ange, Mon enfer et mon paradis ! J’aime tout ce qui te fait belle, De tes pieds jusqu’à tes cheveux, Ô toi vers qui montent mes vœux, Ô ma farouche, ô ma rebelle !
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 15
15
09.03.16 15:43
Ture Rangström
(1884-1947)
Extrait de Fem dikter (1917) Melodi Bo Bergman (1869-1967)
Mélodie
Bara du går över markerna, lever var källa, sjunger var tuva ditt namn. Skyarna brinna och parkerna susa och fälla lövet som guld i din famn.
Seulement tu marches à travers les champs, et chaque source s’éveille, chaque brin chante ton nom. Le ciel brûle, et les arbres susurrent et lâchent leurs feuilles comme de l’or dans tes bras.
Och vid de skummiga stränderna hör jag din stämmas vaggande vågsorl till tröst Räck mig de älskade händerna. Mörkret skall skrämmas. Kvalet skall släppa mitt bröst.
Sur les bancs mousseux j’entends ta voix qui berce les vagues de réconfort Tends-moi tes mains aimées. Les ténèbres s’enfuiront Et le tourment quittera mon coeur.
Bara du går över ängarna, bara jag ser dig vandra i fjärran förbi, darra de eviga strängarna. Säg mig vem ger dig makten som blir melodi?
Seulement tu marches à travers les champs, et je te vois, vaguant dans la distance, ces éternelles souches tremblent. Dis-moi, qui te donne la puissance qui devient cette mélodie ?
Robert Schumann
(1810-1856)
Extrait de Frauenliebe und –leben (1840) III Ich kann’s nicht fassen, nicht glauben op. 42 n° 3 Adelbert von Chamisso (1781-1838)
16
Je ne peux ni le comprendre ni le croire
Ich kann’s nicht fassen, nicht glauben, Es hat ein Traum mich berückt; Wie hätt’ er doch unter allen Mich Arme erhöht und beglückt?
Je ne peux ni le comprendre ni le croire, Un rêve m’a ensorcelée ; Comment aurait-il bien pu, pauvre entre toutes, Me distinguer et me ravir ?
Mir war’s, er habe gesprochen: "Ich bin auf ewig dein ," Mir war’s – ich träume noch immer, Es kann ja nimmer so sein.
Il m’a semblé qu’il ait dit : « Je suis à toi pour toujours, » Il m’a semblé-j’en rêve encore, Car cela ne pouvait jamais se produire.
O lass im Traume mich sterben, Gewieget an seiner Brust, Den seligen Tod mich schlürfen In Thränen unendlicher Lust.
Ô qu’en rêve je meure, Bercée contre sa poitrine, La bienheureuse mort s’abreuve de moi En larmes d’un infini plaisir.
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 16
09.03.16 15:43
Edvard Grieg
(1843-1907)
Extrait de Hjertes Melodier (1864) Jeg elsker dig op. 5 no.3 Hans Christian Andersen (1805-1875)
Je t’aime
Min Tankes Tanke ene du er vorden, Du er mit Hjertes første Kærlighed. Jeg elsker Dig, som Ingen her på Jorden, Jeg elsker Dig i Tid og Evighed!
Tu es devenue l’unique pensée de mes pensées, Tu es le premier amour de mon coeur. Je t’aime, comme personne sur cette terre, Je t’aime en cet instant et éternellement !
Gabriel Fauré
(1845-1924)
Au bord de l’eau op. 8 no. 1 (1875) René-François Sully-Prudhomme (1839-1907) S’asseoir tous deux au bord du flot qui passe, Le voir passer ; Tous deux, s’il glisse un nuage en l’espace, Le voir glisser ; À l’horizon, s’il fume un toit de chaume, Le voir fumer ; Aux alentours si quelque fleur embaume, S’en embaumer ; Entendre au pied du saule où l’eau murmure L’eau murmurer ; Ne pas sentir, tant que ce rêve dure, Le temps durer ; Mais n’apportant de passion profonde Qu’à s’adorer, Sans nul souci des querelles du monde, Les ignorer ; Et seuls, tous deux devant tout ce qui lasse, Sans se lasser, Sentir l’amour, devant tout ce qui passe, Ne point passer !
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 17
17
09.03.16 15:43
Robert Schumann
(1810-1856)
Extrait de Frauenliebe und –leben (1840) IV Du Ring an meinem Finger op. 42 n°. 4 Adelbert von Chamisso (1781-1838)
18
Toi, anneau à mon doigt
Du Ring an meinem Finger, Mein goldenes Ringelein, Ich drücke dich fromm an die Lippen, An das Herze mein.
Toi, anneau à mon doigt, Mon petit anneau d’or, Je te presse pieusement sur mes lèvres, Pieusement sur mon cœur.
Ich hatt’ ihn ausgeträumet, Der Kindheit friedlich schönen Traum, Ich fand allein mich, verloren Im öden, unendlichen Raum.
Il s’était évanoui, Le beau rêve paisible de l’enfance, Je me trouvais seule, perdue, En un lieu désolé et sans fin.
Du Ring an meinem Finger, Da hast du mich erst belehrt, Hast meinem Blick erschlossen Des Lebens unendlichen, tiefen Wert.
Toi, anneau à mon doigt, Alors tu m’as enseigné, Tu m’as fait voir, La profonde et infinie valeur de la vie.
Ich will ihm dienen, ihm leben, Ihm angehören ganz, Hin selber mich geben und finden Verklärt mich in seinem Glanz.
Je le servirai, vivrai pour lui, Lui appartiendrai toute entière, Me donnerai moi-même, et me trouverai Transfigurée par sa lumière,
Du Ring an meinem Finger, Mein goldenes Ringelein, Ich drücke dich fromm an die Lippen, An das Herze mein.
Toi, anneau à mon doigt, Mon petit anneau d’or, Je te presse pieusement sur mes lèvres, Pieusement sur mon cœur.
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 18
09.03.16 15:43
Gustav Mahler
(1860-1911)
Extrait de Das Knaben Wunderhorn (1893) Rheinlegendchen Clemens Brentano (1778-1842)
Petite Légende du Rhin
Bald gras ich am Neckar, Bald gras ich am Rhein; Bald hab’ ich ein Schätzel, Bald bin ich allein!
Tantôt je fauche près du Neckar, Tantôt je fauche près du Rhin, Tantôt j’ai une bien-aimée, Tantôt je suis tout seul ! À quoi cela sert-il de faucher Si ma faux ne coupe pas ? À quoi sert une bien-aimée Si elle ne reste pas ? Aussi si je fauche Près du Neckar ou près du Rhin, J’y lancerai donc Mon petit anneau d’or. Il flottera avec le Neckar Et avec le Rhin, Et il s’engouffrera Dans le profond océan.
Was hilft mir das Grasen, Wenn d’Sichel nicht schneid’t! Was hilft mir ein Schätzel, Wenn’s bei mir nicht bleibt. So soll ich denn grasen Am Neckar, am Rhein, So werf ich mein goldenes Ringlein hinein. Es fliesst im Neckar Und fliesst im Rhein, Soll schwimmen hinunter Ins Meer tief hinein. Und schwimmt es, das Ringlein, So frisst es ein Fisch! Das Fischlein soll kommen Auf’s Königs sein’ Tisch! Der König tät fragen, Wem’s Ringlein sollt sein? Da tät mein Schatz sagen: Das Ringlein g’hört mein. Mein Schätzel tät springen Bergauf und bergein, Tät mir wiedrum bringen Das Goldringlein mein! Kannst grasen am Neckar, Kannst grasen am Rhein, Wirf du mir nur immer Dein Ringlein hinein!
Et quand il flottera, le petit anneau, Un poisson l’avalera ! Le poisson arrivera peut-être A la table d’un roi ! Sitôt le roi demandera A cet anneau qui a droit ? Et ma bien-aimée dira : « Cet anneau est à moi. » Ma bien-aimée se hâtera Par monts et par vaux Et m’apportera Mon petit anneau en or ! Tu peux faucher près du Neckar Tu peux faucher près du Rhin Mais pense toujours A y lancer ton anneau pour moi !
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 19
19
09.03.16 15:43
Joaquín Turina
(1882-1949)
Extrait de Poema en forma de canciones (1917)
20
Los dos miedos op. 19 n° 4 Ramòn Maria de las Mercedes de Campoamor y Campoosorio (1817-1901)
Les deux peurs
Al comenzar la noche de aquel día Ella lejos de mí, ¿Por qué te acercas tanto? Me decía, Tengo miedo de ti.
Dans la pénombre de ce jour-là, Loin de moi elle dit, « Pourquoi tu t’approches tant de moi ? J’ai peur de toi. »
Y después que la noche hubo pasado Dijo, cerca de mí: ¿Por qué te alejas tanto de mi lado? ¡Tengo miedo sin ti!
Et lorsque la nuit s’envola Près de moi, elle dit « Pourquoi tu t’en vas si loin de moi ? J’ai peur sans toi ! »
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 20
09.03.16 15:43
Robert Schumann
(1810-1856)
Extrait de Frauenliebe und –leben (1840) V Helft mir, ihr Schwestern op. 42 n° 5 Adelbert von Chamisso (1781-1838)
Vous sœurs, aidez-moi
Helft mir, ihr Schwestern, Freundlich mich schmücken, Dient der Glücklichen heute, mir. Windet geschäftig mir um die Stirne Noch der blühenden Myrte Zier. Als ich befriedigt, Freudigen Herzens, Sonst dem Geliebten im Arme lag, Immer noch rief er, Sehnsucht im Herzen, Ungeduldig den heutigen Tag.
Vous sœurs, aidez-moi, Gentilles, à me faire belle, Servez-moi, en ce jour de bonheurs, Empressez-vous De ceindre mon front D’une parure de myrtes fleuris. Alors que, satisfaite, Le cœur en joie, Je dors dans les bras de mon bien‑aimé, Sans cesse il appellera encore, La passion au cœur, Impatient, le jour présent.
Helft mir, ihr Schwestern, Helft mir verscheuchen Eine törichte Bangigkeit; Dass ich mit klarem Aug ihn empfange, Ihn, die Quelle der Freudigkeit.
Vous sœurs, aidez-moi, Aidez-moi à dissiper Une sotte appréhension, Qu’avec des yeux clairs Je puisse le recevoir, Lui, la source de la joie.
Bist, mein Geliebter, Du mir erschienen, Gibst du mir, Sonne, deinen Schein? Lass mich in Andacht, Lass mich in Demut, Lass mich verneigen dem Herren mein.
Mon bien-aimé, M’es-tu apparu, M’inondes-tu, soleil, de ta lumière ? Laisse-moi, recueillie, Laisse-moi, humble, M’incliner devant mon seigneur.
Streuet ihm, Schwestern, Streuet ihm Blumen, Bringt ihm knospende Rosen dar. Aber euch, Schwestern, Grüss ich mit Wehmut, Freudig scheidend aus eurer Schar.
Sœurs, encensez-le, Couvrez-le de fleurs, Offrez-lui des roses en bourgeons, Mais à vous, sœurs, Avec mélancolie je dis au revoir, Avec joie, je quitte votre compagnie.
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 21
21
09.03.16 15:43
Robert Schumann
(1810-1856)
Extraits de Myrten (1840) Mutter, Mutter! Glaube nicht (Lied der Braut I) op. 25 n° 11 Friedrich Rückert (1788-1866)
Chant de la fiancée I
Mutter, Mutter! Glaube nicht, Weil ich ihn lieb’ also sehr, Dass nun Liebe mir gebricht, Dich zu lieben wie vorher.
Mère, mère ! Ne crois pas Que parce que je l’aime tant L’amour va me manquer Pour t’aimer comme avant.
Mutter, Mutter! seit ich ihn Liebe, lieb’ ich erst dich sehr. Lass mich an mein Herz dich zieh’n Und dich küssen, wie mich er.
Mère, mère ! Depuis que je l’aime Je t’aime vraiment. Laisse-moi te serrer sur mon cœur Et t’embrasser comme il le fait !
Mutter, Mutter! seit ich ihn Liebe, lieb’ ich erst dich ganz, Dass du mir das Sein verlieh’n, Das mir ward zu solchem Glanz.
Mère, mère ! Depuis que je l’aime, Je t’aime vraiment, Pour m’avoir donné la vie, Devenue pour moi si rayonnante.
Lass mich ihm am Busen hangen (Lied der Braut II) op. 25 n° 12
Chant de la fiancée II
Lass mich ihm am Busen hangen, Mutter, Mutter! lass das Bangen. Frage nicht: wie soll sich’s wenden? Frage nicht: wie soll das enden? Enden? Enden soll sich’s nie, Wenden, noch nicht weiss ich, wie!
Laisse-moi m’accrocher à sa poitrine, Mère, mère ! Arrête d’avoir peur. Ne dis pas : qu’est-ce qui va changer ? Ne dis pas : Comment cela va-t-il finir ? Finir ? Cela n’aura jamais de fin, Changer ? Je ne sais pas comment cela pourrait !
Maurice Ravel
(1875-1937)
Extrait de Cinq mélodies populaires grecques (1904-1906) Tout gai! Michael Dimitri Calvocoressi (1877-1944) Tout gai ! gai, Ha, tout gai ! Belle jambe, tireli, qui danse; Belle jambe, la vaisselle danse, Tra la la la la...
Entracte
22
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 22
09.03.16 15:43
Henri Duparc
(1848-1933)
Phidylé (1882) Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818-1894) L’herbe est molle au sommeil sous les frais peupliers, Aux pentes des sources moussues, Qui dans les prés en fleur germant par mille issues, Se perdent sous les noirs halliers. Repose, ô Phidylé ! Midi sur les feuillages Rayonne et t’invite au sommeil. Par le trèfle et le thym, seules en plein soleil, Chantent les abeilles volages; Un chaud parfum circule au détour des sentiers, La rouge fleur des blés s’incline, Et les oiseaux, rasant de l’aile la colline, Cherchent l’ombre des églantiers. Repose, ô Phidylé ! Mais, quand l’Astre incliné sur sa courbe éclatante, Verra ses ardeurs s’apaiser, Que ton plus beau sourire et ton meilleur baiser Me récompensent, me récompensent de l’attente !
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 23
23
09.03.16 15:43
Claude Debussy
(1862-1918)
Extrait de Chansons de Bilitis (1897) La Chevelure Pierre Louÿs (1870-1925) Il m’a dit : « Cette nuit, j’ai rêvé. J’avais ta chevelure autour de mon cou. J’avais tes cheveux comme un collier noir autour de ma nuque et sur ma poitrine. « Je les caressais, et c’étaient les miens ; et nous étions liés pour toujours ainsi, par la même chevelure, la bouche sur la bouche, ainsi que deux lauriers n’ont souvent qu’une racine. « Et peu à peu, il m’a semblé, tant nos membres étaient confondus, que je devenais toi-même, ou que tu entrais en moi comme mon songe. » Quand il eut achevé, il mit doucement ses mains sur mes épaules, et il me regarda d’un regard si tendre, que je baissai les yeux avec un frisson.
24
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 24
09.03.16 15:43
Robert Schumann
(1810-1856)
Extrait de Frauenliebe und –leben (1840) VI Süsser Freund, du blickest mich verwundert an op. 42 n° 6 Adelbert von Chamisso (1781-1838)
Doux ami, étonné tu me regardes
Süsser Freund, du blickest mich verwundert an, Kannst es nicht begreifen, Wie ich weinen kann; Lass der feuchten Perlen Ungewohnte Zier Freudig hell erzittern In dem Auge mir.
Doux ami, étonné tu me regardes, Tu ne peux comprendre Comment je peux pleurer. Des perles humides, Inhabituelle parure, De pure joie, Tremblent à mes yeux.
Wie so bang mein Busen, Wie so wonnevoll! Wüsst ich nur mit Worten, Wie ich’s sagen soll; Komm und birg dein Antlitz Hier an meiner Brust, Will ins Ohr dir flüstern Alle meine Lust.
Comme mon cœur est craintif, Combien débordant de volupté ! Si seulement avec des mots Je pouvais l’exprimer ; Viens, et cache ton visage Là, contre ma poitrine, Je te murmurerai à l’oreille Tout mon désir.
Weisst du nun die Tränen, Die ich weinen kann, Sollst du nicht sie sehen, Du geliebter Mann? Bleib an meinem Herzen, Fühle dessen Schlag, Dass ich fest und fester Nur dich drücken mag.
Comprends-tu maintenant les larmes Que je peux verser ? Ne devrais-tu pas les voir Toi, mari bien-aimé ? Reste près de mon cœur Dont tu sens les battements, Que je puisse te serrer Fort, encore plus fort.
Hier an meinem Bette Hat die Wiege Raum, Wo sie still verberge Meinen holden Traum; Kommen wird der Morgen, Wo der Traum erwacht, Und daraus dein Bildnis Mir entgegen lacht.
Là, près de mon lit Il y a la place d’un berceau, Où se cache encore Mon doux rêve ; Le matin viendra, Où le rêve s’éveillera, Et d’où ton image, Face à moi rira.
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 25
25
09.03.16 15:43
Piotr Ilitch Tchaïkovski
(1840-1893)
Extrait de Six Romances (1872)
26
Колыбельная песня op. 16 n° 1 Apollon Nikolayevich Maykov (1821-1897)
Berceuse
Спи, дитя моё, усни! Сладкий сон к себе мани: В няньки я тебе взяла Ветер, солнце и орла.
Dors, mon enfant, endors-toi, Attire de doux rêves ; J’ai pris pour toi des nurses, Le vent, le soleil et l’aigle.
Улетел орёл домой; Солнце скрылось под водой: Ветер, после трех ночей, Мчится к матери своей.
L’aigle s’est envolé vers la maison, Le soleil s’est caché sous les eaux, Le vent, après trois nuits, Se précipite vers sa mère,
Ветра спрашивает мать: «Где изволил пропадать? Али звезды воевал? Али волны всё гонял?»
La mère demande au vent : « Où avais-tu disparu ? T’es-tu battu avec les étoiles ? As-tu chassé les vagues ? »
«Не гонял я волн морских, Звезд не трогал золотых; Я дитя оберегал, Колыбелочку качал!»
« Je n’ai pas chassé les vagues de la mer, Je n’ai pas touché aux étoiles dorées ; Je veillais sur l’enfant, Et berçais son petit berceau ! »
Спи, дитя моё, спи, усни! спи, усни! Сладкий сон к себе мани: В няньки я тебе взяла Ветер, солнце и орла.
Dors, mon enfant, dors, endors-toi ! Dors, endors-toi ! Attire de doux rêves ; J’ai pris pour toi des nurses, Le vent, le soleil et l’aigle.
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 26
09.03.16 15:43
Francis Poulenc
(1899-1963)
Extrait de La courte paille (1960) Le Carafon Maurice Carême (1899-1978) « Pourquoi, se plaignait la carafe, N’aurais-je pas un carafon? Au zoo, madame la girafe N’a-t-elle pas un girafon ? » Un sorcier qui passait par là, A cheval sur un phonographe, Enregistra la belle voix De soprano de la carafe Et la fit entendre à Merlin. « Fort bien, dit celui-ci, fort bien ! » Il frappa trois fois dans les mains Et la dame de la maison Se demande encore pourquoi Elle trouva, ce matin-là Un joli petit carafon Blotti tout contre la carafe Ainsi qu’au zoo le girafon Pose son cou fragile et long Sur le flanc clair de la girafe.
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 27
27
09.03.16 15:43
Richard Strauss
(1864-1949)
Extrait de Acht Lieder (1900–1901)
28
Wiegenliedchen op. 49 n° 3 Richard Dehmel (1863-1920)
Berceuse
Bienchen, Bienchen, Wiegt sich im Sonnenschein, Spielt um mein Kindelein, Summt dich in Schlummer ein, Süsses Gesicht.
Petite abeille, petite abeille Tu te berces dans le soleil, Joues autour de mon enfant Bourdonnant pour t’endormir, Doux visage.
Spinnchen, Spinnchen, Flimmert im Sonnenschein, Schlummre, mein Kindelein, Spinnt dich in Träume ein, Rühre dich nicht!
Petite araignée, petite araignée, Scintillant dans le soleil, Somnole, mon petit enfant, File pour entrer dans les rêves, Ne t’agite pas !
Tief-Edelinchen Schlüpft aus dem Sonnenschein Träume, mein Kindelein, Haucht dir ein Seelchen ein: Liebe zum Licht.
Petit prince, Échappe aux rayons du soleil, Rêve, mon petit enfant, Une petite âme souffle en toi : Amour de la lumière.
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 28
09.03.16 15:43
Robert Schumann
(1810-1856)
Extrait de Frauenliebe und –leben (1840) VII An meinem Herzen, an meiner Brust op. 42 n° 7 Adelbert von Chamisso (1781-1838)
Sur mon cœur, sur mon sein
An meinem Herzen, an meiner Brust, Du meine Wonne, du meine Lust! Das Glück ist die Liebe, die Lieb’ ist das Glück, Ich hab’ es gesagt und nehm’s nicht zurück.
Sur mon cœur, sur mon sein, Toi ma volupté, toi mon désir ! Le bonheur est amour, L’amour est bonheur, Je l’ai dit, et ne le retirerai pas.
Hab’ überschwenglich mich geschätzt, Bin überglücklich aber jetzt. Nur die da säugt, nur die da liebt Das Kind, dem sie die Nahrung gibt;
Je me suis estimée très heureuse, Mais suis maintenant comblée. Seule celle qui allaite, seule celle-là aime L’enfant qu’elle nourrit ;
Nur eine Mutter weiss allein, Was lieben heisst und glücklich sein. O, wie bedaur’ ich doch den Mann, Der Mutterglück nicht fühlen kann!
Seule une mère sait Ce qu’aimer veut dire, et être heureuse. Ô, comme je plains l’homme, Qui ne peut ressentir le bonheur de la maternité !
Du lieber, lieber Engel, du, Du schaust mich an und lächelst dazu, An meinem Herzen, an meiner Brust, Du meine Wonne, du meine Lust!
Toi cher, cher ange, Tu me regardes et me souris Sur mon cœur, sur mon sein, Toi ma volupté, toi mon désir !
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 29
29
09.03.16 15:43
Hector Berlioz
(1803-1869)
Extrait de Les nuits d’été (1841) Absence op. 7 n° 4 Théophile Gautier (1811-1872) Reviens, reviens, ma bien-aimée ! Comme une fleur loin du soleil, La fleur de ma vie est fermée, Loin de ton sourire vermeil. Entre nos coeurs quelle distance ! Tant d’espace entre nos baisers ! Ô sort amer! ô dure absence ! Ô grands désirs inapaisés ! D’ici là-bas que de campagnes, Que de villes et de hameaux, Que de vallons et de montagnes, À lasser le pied des chevaux !
30
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 30
09.03.16 15:43
Enrique Granados
(1867-1916)
Extrait de Tonadillas en un estilo antiquo (1912) ¡Oh muerte cruel! (La maja dolorosa No. 1) H. 136 Fernando Periquet y Zuaznabar (1873-1940)
Oh, mort cruelle !
¡Oh muerte cruel! ¿Por qué tú, a traición, mi majo arrebataste a mi pasión? ¡No quiero vivir sin él, porque es morir, porque es morir así vivir!
Oh, mort cruelle ! Pourquoi as-tu, traîtreusement, Volé mon amour à moi ? Je ne veux pas vivre sans lui, Parce que c’est mourir, c’est mourir De vivre ainsi !
No es posible ya sentir más dolor: en lágrimas desecha ya mi alma está. ¡Oh Dios, torna mi amor, porque es morir, porque es morir así vivir!
Ce n’est pas possible De ressentir plus de douleur : Mon âme se dessèche en larmes. Ô dieu, renvoie mon amour, Parce que c’est mourir, c’est mourir De vivre ainsi !
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 31
31
09.03.16 15:43
Roger Quilter
(1877-1953)
Extrait de Four Shakespeare Songs (1933) How should I your true love know op. 30 n° 3 William Shakespeare (1564-1616)
Comment puis-je reconnaître votre amoureux
How should I your true love know From another one? By his cockle hat and staff, And his sandal shoon.
Comment puis-je reconnaître votre amoureux D’un autre ? À son chapeau de coquillages, à son bâton, À ses sandales.
He is dead and gone, lady, He is dead and gone; At his head a grass green turf, At his heels a stone.
Il est mort et parti, madame, Il est mort et parti. À sa tête une motte de gazon vert, À ses talons une pierre.
White his shroud as the mountain snow, Larded with sweet flowers; Which bewept to the grave did go With true-love showers.
Son linceul blanc comme la neige des monts Est tout garni de suaves fleurs. Il est allé au tombeau sans recevoir l’averse Des larmes de l’amour.
And will he not come again? And will he not come again? No, no, he is dead: Go to thy deathbed. He never, never will come again, He never will come again.
Et ne reviendra-t-il pas ? Et ne reviendra-t-il pas ? Non ! Non ! il est mort. Va à ton lit de mort. Il ne reviendra jamais.
His beard was as white as snow, All flaxen was his poll; He is gone, And we cast away moan: God ha’ mercy on his soul.
32
Sa barbe était blanche comme neige, Toute blonde était sa tête. Il est parti ! il est parti ! Et nous perdons nos cris. Dieu ait pitié de son âme ! Traduction : François-Victor Hugo (1828-1873)
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 32
09.03.16 15:43
Robert Schumann
(1810-1856)
Extrait de Frauenliebe und –leben (1840) VIII Nun hast du mir den ersten Schmerz getan op. 42 n° 8 Adelbert von Chamisso (1781-1838)
Là, pour la première fois, tu m’as fait mal
Nun hast du mir den ersten Schmerz gethan, Der aber traf. Du schläfst, du harter, unbarmherz’ger Mann, Den Todesschlaf.
Là, pour la première fois, tu m’as fait mal, Une douleur qui touche. Tu dors, dur et impitoyable mari, Du sommeil de la mort.
Es blicket die Verlass’ne vor sich hin, Die Welt ist leer. Geliebet hab’ ich und gelebt, ich bin Nicht lebend mehr.
A l’abandon, on a le regard vague, Le monde est vide. J’ai aimé et j’ai vécu, Je ne suis plus vivante.
Ich zieh’ mich in mein Inn’res still zurück, Der Schleier fällt, Da hab’ ich dich und mein verlornes Glück, Du meine Welt!
Je me replie en mon silence intérieur, Le voile tombe, Là j’ai perdu, et toi, et mon bonheur, Toi, mon univers !
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 33
33
09.03.16 15:43
Š B. EALOVEGA
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 34
09.03.16 15:43
BIOGRAPHIES
Susan Graham
© B. EALOVEGA
Mezzo-soprano
Dès ses débuts professionnels, Susan Graham révèle une véritable maîtrise dans un éventail étonnant de répertoire et de genres. Ses rôles lyriques couvrent quatre siècles de musique, de la Poppée de Monteverdi à Sœur Helen Prejean dans Dead Man Walking de Jake Heggie, spécialement écrit pour elle. Originaire du Texas, elle développe un goût très sûr pour la musique vocale française, ce qui lui vaut d’être considérée aujourd’hui comme l’une de ses plus grandes représentantes. Les premiers succès d’opéra de Susan Graham sont des rôles travestis, tels que Cherubino dans Le Nozze di Figaro de Mozart. Ses qualités vocales la positionnent très vite sur des rôles mozartiens nécessitant une virtusosité très aboutie, comme Sesto dans La Clemenza di Tito, Idamante dans Idomeneo et Cecilio dans Lucio Silla, ainsi que les rôles-titres de Serse et Ariodante de Haendel. Elle triomphe dans deux rôles emblématiques de mezzo de Richard Strauss, Octavian dans Der Rosenkavalier et le Compositeur dans Ariadne auf Naxos. Ces succès l’emmènent sur les grandes scènes du monde entier notamment le Metropolitan Opera, le Lyric Opera de Chicago, San Francisco Opera, Covent Garden, l’Opéra national de Paris, La Scala, le Bayerische Staatsoper, Wiener Staatsoper et le Salzburger Festspiele. Elle incarne pour la première fois le rôle de Sister Helen Prejean dans la création mondiale de Dead Man Walking au San Francisco Opera, et chante également les principales dames dans les premières mondiales au Met de The Great Gatsby de John Harbison et de An American Tragedy de Tobias Picker. Par ailleurs, elle fait ses débuts au Dallas Opera comme Tina dans une nouvelle production de The Aspern Papers de Dominick Argento. Elle est saluée par la critique internatio-
nale dans Béatrice et Bénédict à Lyon et triomphe dans Chérubin de Massenet à Covent Garden. Elle se produit dans Iphigénie en Tauride, La Damnation de Faust et Werther de Massenet à Londres, Paris, Chicago, et San Francisco, notamment. Elle fait ses débuts dans les rôles-titres de La Belle Hélène et La Grande-Duchesse de Gérolstein au Santa Fe Opera. Elle rejoint Bernard Haitink et le Boston Symphony pour Shéhérazade à Boston et au Carnegie Hall. En 2014-2015, elle chante La Mort de Cléopâtre avec deFilharmonie, Les Nuits d’été avec le London Symphony Orchestra et l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique de John Eliot Gardiner. En 2015, elle se produit notamment au Met dans Die lustige Witwe (Hanna Glawari) et Lulu (Comtesse von Geschwitz) et au San Francisco Opera dans Les Troyens (Dido). Récemment, on a aussi pu l’entendre au Metropolitan dans Die Fledermaus (Prince Orlovsky). Parmi ses projets : Capriccio (Clairon) au Santa Fe Opera. Sa vaste discographie comprend: Un Frisson français, florilège de chansons françaises accompagnée par Malcolm Martineau, C’est ça la vie, c’est ça l’amour, album d’opérettes méconnues du XX ème siècle et La Belle Époque, mélodies de Reynaldo Hahn avec Roger Vignoles. En 2001, elle est nommée Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres puis en 2005 Commandeur. En 2004, elle remporte un Grammy Award comme meilleur enregistrement vocal pour l’album de mélodies de Charles Ives, elle reçoit aussi de Musical America le titre de Chanteuse de l’année et un Prix Opéra. En 2008, elle est nommée Docteur honoris causa à la Manhattan School of Music.
Débuts au Grand Théâtre de Genève.
RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 35
35
09.03.16 15:43
BIOGRAPHIES
Malcolm Martineau Originaire d’Édimbourg, Malcolm Martineau a étudié la musique au St Catharine’s College de Cambridge et au Royal College of Music de Londres. Considéré comme l’un des pianistes accompagnateurs les plus brillants de sa génération, il a travaillé avec certains des plus célèbres chanteurs, notamment Thomas Allen, Janet Baket, Olaf Bär, Barbara Bonney, Ian Bostridge, Angela Gheorghiu, Susan Graham, Thomas Hampson, Della Jones, Simon Keenlyside, Angelika Kirchschlager, Magdalena Kožená, Solveig Kringelborn, Jonathan Lemalu, Felicity Lott, Christopher Maltman, Karita Mattila, Lisa Milne, Anne Murray, Anna Netrebko, Anne Sofie von Otter, Joan Rodgers, Amanda Roocroft, Michael Schade, Frederica von Stade, Sarah Walker et Bryn Terfel. Il a été invité par le Wigmore Hall à donner ses propres cycles de concerts (cycles Britten et Poulenc, Decade by Decade – 100 Years of German Song et Songlives retransmis par la BBC) et par le Festival d’Édimbourg où il a notamment présenté l’intégralité des lieds de Hugo Wolf. Il s’est produit au Wigmore Hall, au Barbican, au Queen Elizabeth Hall et au Royal Opera House de Londres, au Teatro alla Scala de Milan, au Théâtre du Châtelet de Paris, au Gran Teatre del Liceu de Barcelone, à la Philharmonie et au Konzerthaus de Berlin, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Konzerthaus et au Musikverein de Vienne. Aux États-Unis, on a pu l’entendre à l’Alice Tully Hall et au Carnegie Hall de New York, en Australie au Sydney Opera House, ou encore dans les festivals d’Aix-en-Provence, Vienne, Munich et Salzbourg. Avec Bryn Terfel (Deutsche Grammophon), il a enregistré des sélections de pièces de Schubert, Schumann et de compositeurs anglo-saxons, avec Simon Keenlyside (EMI) des œuvres de Schubert et Strauss. Des récitals avec Angela Gheorghiu et Barbara Bonney (Decca), Magdalena Kožená (Deutsche Grammophon), Della Jones (Chandos), Susan Bullock (Crear Classics), Solveig Kringelborn (NMA) et Amanda Roocroft (Onyx) ont donné lieu à des enregistrements. Avec Sarah Walker et Tom
36
© DR
Piano
Krause, il a enregistré l’intégrale des mélodies de Fauré, des folk songs de Britten (Hyperion), des Volkslieder de Beethoven (Deutsche Grammophon) et des mélodies de Poulenc (Signum). Avec Florian Boesch, il a enregistré l’intégrale des songs de Britten et Die Winterreise de Schubert (Onyx). Parmi ses enregistrements récents citons également Heimliche Aufförderrung et Scene! avec Christiane Karg ainsi que Portaits avec Dorothea Röschmann. Cette saison, il se produira en compagnie de Simon Keenlyside, Elina Garanca, Anna Netrebko, Susan Graham, Christiane Karg, Paula Murrihy, Lucy Crowe, Dame Ann Murray, Florian Boesch and Anne Schwanewilms. Malcolm Martineau a reçu de nombreuses distinctions et reconnaissances, parmi lesquelles, un doctorat honoraire de la Royal Scottish Academy of Music and Drama en 2004, en 2009 une nomination en tant que « International Fellow of Accompaniment », et cette année, l’ordre de l’Empire britannique (OBE) au New Year’s Honour de 2016. Par ailleurs, Malcolm Martineau a été directeur artistique de l’édition 2011 du Leeds Lieder+ Festival. Au Grand Théâtre de Genève : récitals avec Simon Keenlyside 94-95, 98-99 et 09-10, Amanda Roocroft 95-96, Bryn Terfel 96-97 et 14-15, Barbara Bonney 03-04.
GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4.indd 36
09.03.16 15:43
PROCHAINEMENT OPÉRA
RÉCITAL
Le Médecin malgré lui
Sara Mingardo
Nouvelle production À l'Opéra des Nations 4, 6, 8, 12, 14, 16 avril 2016 à 19 h 30 10 avril 2016 à 15 h Direction musicale Sébastien Rouland Mise en scène et costumes Laurent Pelly Décors Chantal Thomas Costumes Jean-Jacques Delmotte Lumières Joël Adam Avec Franck Leguérinel, Clémence Tilquin, Stanislas de Barbeyrac, Boris Grappe, Ahlima Mhamdi, Doris Lamprecht, Nicolas Carré, José Pazos, Romaric Braun Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge
À l'Opéra des Nations Vendredi 15 avril 2016 à 19 h 30 Alto Diemut Poppen Piano João Paolo Santos
Opéra-comique en 3 actes de Charles Gounod
Conférence de présentation par Georges Schürch en collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. Au Théâtre de l'Espérance 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève Jeudi 31 mars 2016 à 18 h 15
Contralto
Brahms, Wagner, Mahler
CONCERT EXCEPTIONNEL
Purcell & Haendel Chœur du Grand Théâtre de Genève L'Orchestre de Chambre de Genève Direction musicale Alan Woodbridge
Coproduction avec la Fondation des Concerts de la Cathédrale et L’Orchestre de Chambre de Genève. À la Cathédrale Saint-Pierre de Genève Vendredi 22 avril 2016 à 19 h 30 HENRY PURCELL Musique pour les funérailles de la Reine Mary (extraits) GEORG FRIEDRICH HAENDEL Concerto grosso op. 6 n°2 The King shall rejoice hwv 260 Israel in Egypt hwv 54 (extraits) Zadok the Priest hwv 258
Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de la rédaction Daniel Dollé Responsable de l’édition Aimery Chaigne ont collaboré à ce programme Sophie Barenne, Sandra Gonzalez, Isabelle Jornod, Petya Ivanova Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN MARS 2016
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4_couv.indd 3
08.03.16 11:08
GTG1516_SusanGraham_Programme_R4_couv.indd 4
08.03.16 11:08