1617 - Programme récital - Karita Mattila

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KARITA

MATTILA Soprano

VILLE MATVEJEFF Piano

BRAHMS | WAGNER | BERG | R. STRAUSS

SAISON1617 4R


*élégance florale

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RÉCITAL Mardi 9 mai 2017 à 19 h 30 À l’Opéra des Nations

KARITA

MATTILA Soprano

VILLE MATVEJEFF Piano

RICHARD STRAUSS

JOHANNES BRAHMS

RICHARD WAGNER

ALBAN BERG

Zigeunerlieder op.103

Wesendonck Lieder WWV 91

Vier Lieder op. 2

Der Stern op. 69/1

Dem Schmerz sein Recht

Wiegenlied op.41/1

He, Zigeuner, greife in die Saiten Hochgetürmte Rimaflut Wisst ihr, wann mein Kindchen

Der Engel Stehe Still!

Lieber Gott, du weisst

Im Treibhaus*

Brauner Bursche führt zum Tanze

Traüme*

Schmerzen

Röslein dreie in der Reihe Kommt dir manchmal in den Sinn Rote Abendwolken ziehn

Schlafend trägt man mich

Meinem Kinde op. 37/3

Nun ich der Riesen Stärksten

Ach Lieb, ich muss nun scheiden op. 21/3

überwand Warm die Lüfte

Wie sollten wir geheim sie halten op. 19/4 Allerseelen op. 10/8 Cäcilie op. 27/2

Entracte * Études pour Tristan


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GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RAMÓN VARGAS | RÉCITAL


© CHRISTIE'S IMAGES / BRIDGEMAN IMAGES

La danse des sabres (détail) Paul Joanovitch, fin XIXème Collection privée Huile sur toile

Des chansons tziganes aux amants ardents par Gavin Plumley*

P

armi les compositeurs présentés dans le récital de ce soir, Brahms est le seul à ne pas avoir été attiré par le monde du théâtre. Il insère des éléments d’art dramatique dans ses chansons qui s’inspirent de la pétillante musique de Hongrie. C’est dans les tavernes de sa ville natale, Hambourg, que Brahms entend pour la première fois cette culture populaire. À la même époque le port devient un point de rencontre majeur pour les révolutionnaires fuyant l’Europe. Mais ce n’est que lorsqu’il s’installe à Vienne, dans les années 1860, que Brahms commence à composer ses célèbres Ungarische Tänze. Les Zigeunerlieder sont le pendant vocal des danses de Brahms. Elles ont pu lui être inspirées par les Cigánské melodie de son ami Dvořák (1880). Écrit à Thoune – ou lors d’une visite à Budapest en 1887 – le récit de Brahms relatant la vie tzigane est initialement composé pour un quatuor vocal et un piano à quatre mains, tout comme ses précieuses Liebeslieder Walzer. Ensuite huit des chansons, les traductions d’Hugo Conrat de chansons populaires hongroises, sont adaptées pour voix et piano et publiés en 1889. Le cycle s’ouvre avec He, Zigeuner, greife in die Saiten, un appel à faire vibrer les cordes des tziganes. S’ensuit Hochgetürmte Rimaflut, qui ressemble plus à une danse vive qu’à la lamentation décrite

par le texte. La troisième des huit chants débute par un thème plus réservé, puis la partie centrale de la pièce devient plus énergique et retrouve le rythme entraînant des deux premières chansons. L’aspect strophique de Lieber Gott, du weisst fait plutôt référence à des chants autrichiens qu’hongrois. On retrouve également le rythme audacieux de ce chant dans Brauner Bursche führt zum Tanze au moment où est évoquée la partie du poème racontant la csárdás du « Brauner Bursche » – garçon basané. Les deux mesures qui annoncent Röslein dreie in der Reihe offrent un moment de répit et ce sentiment d’apaisement se poursuit dans le chant Kommt dir manchmal in den Sinn. Malgré ce passage méditatif il n’y a pas de mélancolie dans la dernière pièce du cyle de Brahms : Rote Abendwolken ziehn. Bien que Brahms et Wagner soient souvent considérés comme ennemis jurés dans l’histoire de la musique, on sait, par leur correspondance, qu’ils s’appréciaient mutuellement – Brahms allant jusqu’à insérer des extraits de Der Ring des Nibelungen dans sa troisième symphonie après la mort de Wagner en 1883. D’ailleurs c’est durant la composition de ce projet d’envergure que Wagner compose les Wesendonck Lieder, considérés par certains comme un pendant à Tristan und Isolde. La poètesse Mathilde Wesendonck est la femme de l’un des mécènes les plus généreux de Wagner : Otto Wesenkonck. Celui-ci avait fait fortune dans

* Gavin Plumley est un écrivain et homme de radio spécialisé en musique et culture d’Europe centrale. Il fait de fréquentes apparitions sur la BBC et a écrit pour des journaux, des magazines ainsi que des publications de concerts et d’opéras du monde entier. Gavin Plumley est le rédacteur en chef des notes du programme en langue anglaise pour le festival de Salzbourg.

RÉCITAL | KARITA MATTILA • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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DES CHANSONS TZIGANES AUX AMANTS ARDENTS GAVIN PLUMLEY

Bien que Brahms et Wagner soient souvent considérés comme ennemis jurés dans l’histoire de la musique, on sait, par leur correspondance, qu’ils s’appréciaient mutuellement – Brahms allant jusqu’à insérer des extraits de Der Ring des Nibelungen dans sa troisième symphonie après la mort de Wagner en 1883. D’ailleurs c’est durant la composition de ce projet d’envergure que Wagner compose les Wesendonck Lieder, considérés par certains comme un pendant à Tristan und Isolde. la soie. Tout comme Wagner, les Wesendonck ont fui l’Allemagne après les révolutions de 1848, plus particulièrement les autorités de Dresde, pour chercher exil dans la périphérie de Zurich. C’est là qu’en 1852 ils auront l’occasion d’assister à un concert ayant au programme les pièces de Wagner. Quatre ans plus tard, le couple invite Wagner (et sa première femme Minna) à emménager dans une maison qui jouxte la leur. Wagner et Mathilde se lient rapidement d’amitié, s’échangeant des poèmes et des textes (notamment l’acte I de Die Walküre et le livret du troisième et dernier acte de Tristan und Isolde). Certains observateurs ont considéré ces cadeaux et les cinq poèmes qu’écrit Mathilde Wesendonck après avoir été charmée par le livret Tristan, comme la preuve d’une relation amoureuse entre ces deux personnages, même si les éléments sont peu probants. Wagner répond aux vers de Wesendonck avec cinq morceaux pleins de ferveur. Le premier, Der Engel, est écrit à la fin du mois de novembre 1857, rapidement suivi de Träume. Schmerzen est composé en décembre de cette même année. Finalement le compositeur termine le cycle entre février et mai 1858 avec Stehe still! Et enfin, Im Treibhaus. Wagner travaille alors déjà sur la partition de Tristan und

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Isolde et la musique extraordinaire de cet opéra résulte manifestement du travail effectué sur ces chants. D’ailleurs Im Treibhaus et Träume ont comme titre Études pour Tristan lors de la publication en 1862 – c’est également à ce moment-là que Wagner fixe l’ordre que nous connaissons aujourd’hui mais le nom de Wesendonck n’était pas encore mentionné lors de cette première édition. Träume sert d’inspiration première aux éléments thématiques de l’air « O sink’ hernieder, Nacht der Liebe » (les amants dans l’acte II), alors qu’Im Treibhaus sera la base du prélude de l’acte III (Tristan, blessé, attend l’arrivée de sa bien-aimée). Dans sa jeunesse, Alban Berg assiste régulièrement aux représentations des opéras de Wagner au Hofoper (actuel Staatsoper) à Vienne. Mahler y est alors directeur artistique et choisit d’y représenter très souvent Tristan und Isolde. Ces expériences constituent une part essentielle de la formation de Berg, même si adolescent il se passionne également pour la littérature. Ce goût pour la littérature se reflète également dans la composition d’environ 80 chansons avant qu’il ne devienne l’élève d’Arnold Schoenberg à tout juste 19 ans, en 1904. « Berg est un compositeur extraordinairement


GAVIN PLUMLEY DES CHANSONS TZIGANES AUX AMANTS ARDENTS

doué », écrira Schoenberg à un collègue, « mais l’état dans lequel il était lorsqu’il est venu me voir était tel que son imagination, apparemment, ne pouvait fonctionner que pour les Lieder ». Schoenberg encourage donc Berg à écrire sous d’autres formes, notamment une sonate pour piano qui sera publiée lors de son premier opus officiel en 1910. S’ensuit la publication de quatre pièces sur le thème du sommeil. Le premier des quatuors s’inspire d’un texte de Friedrich Hebbel, plus connu pour ses pièces de théâtre du XIXème siècle, alors que les trois autres mettent en musique des poèmes d’Alfred Mombert. La majorité des Jugendlieder de Berg font écho à Brahms, Mahler et Wolf, même si ses Vier Lieder montrent une voix véritablement indépendante qui se développera dans les Altenberg Lieder – présentés pour la première fois lors du tristement célèbre « Skandalkonzert » au Musikverein en 1913, Drei Orchesterstücke et Wozzeck. Dem Schmerz sein Recht est une berceuse pessimiste dans laquelle les harmonies de Berg piègent le narrateur dans un état de sommeil. La libération vient avec Schlafend trägt man mich où les interludes fluides du piano inspirent des envolées vocales fantaisistes, même si la notion de « retour au foyer », pourtant présente dans le poème, n’apparaît pas dans la musique de Berg. Dans Nun ich der Riesen Stärksten überwand, le retour au sommeil (plutôt qu’au foyer) inspire le rythme de la cadence finale de la pièce. Le tout se dissout finalement dans le langage atonal de Warm die Lüfte où l’imaginaire fébrile préfigure la mort. À l’égal de Berg, les années de jeunesse de Richard Strauss sont dominées par le chant qui perdra de son importance après le succès de son troisième opéra Salomé en 1905. Il y a toutefois des exceptions notables à cette tendance. En 1918, peu après avoir achevé Die Frau ohne Schatten, Strauss réorchestre quelques-uns de ses premiers chants et compose plusieurs nouvelles pièces. Der Stern, selon la légende écrit en seulement un après-midi, renoue avec la poésie d’Achim von Arnim – l’un des éditeurs du recueil Des Knaben Wunderhorn (première parution : 1805). Dans Der Stern le poème original raconte l’apparition d’une comète (en 1811). Les

choix au niveau de l’harmonie sont manifestement ceux de Strauss, cependant la chanson rappelle l’atmosphère du début du XIXème siècle. Strauss met également en musique Wiegenlied, écrit par Richard Dehmel en 1899. Dans ce poème, le penchant érotique de Dehmel se focalise sur l’acte d’amour plutôt que sur l’enfant mis au monde. Avec une ligne vocale flottant avec passion sur un accompagnement brillant, la musique de Strauss est également portée par l’instant. Composé précedement, Meinem Kinde, sur un texte de Gustav Falke, se focalise sur le thème. Cette pièce fut sans aucun doute inspirée par la naissance de Franz, le fils de Strauss, en 1897. De nombreux poèmes de Felix Dahn, notamment Ach Lieb, ich muss nun scheiden, proviennent d’un ancien recueil recensant le premier vers de différentes chansons populaires. La suite du texte est écrite par Dahn et ces vers inspireront à leur tour les adieux chaleureux de Strauss en 1887-88. Sur un ton plus joyeux, Strauss met en musique Wie sollten wir geheim sie halten (présenté au public le 2 janvier 1888), d’Adolph Friedrich von Schack, dans un style wagnérien, rappelant en particulier la musique de Lohengrin. Avant de composer cet hommage à Wagner, Strauss s’était fait remarquer comme compositeur avec la publication de son Acht Gedichte aus “Letzte Blätter” op. 10. Ces huit morceaux sont des mises en musique de textes de Hermann von Gilm (décédé l’année où Strauss naissait). Le dernier chant de l’opus, Allerseelen, essaie de préserver un sentiment de joie, cependant la cadence parfaite à la fin de la ligne vocale et dans le postlude qui suit démontrent que, malheureusement, la vie s’en est allée. Cäcilie, pièce plus festive et pétillante, est le deuxième des quatre morceaux que Strauss offre à sa femme Pauline en guise de cadeau de mariage en 1894. Heinrich Hart avait également écrit ce poème pour son épouse, ce poème a donc tout naturellement trouvé sa place au sein de l’opus 27 de Strauss. Dans cette dernière pièce les baisers ardents laissent place aux nuits houleuses, après le doute vient la dévotion, et Strauss termine ce chant – et le récital de ce soir – sur une note plus généreuse. Traduction Tania Rutigliani & Interserv

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Johannes Brahms

(1833-1897)

Zigeunerlieder Op. 103 Hugo Conrat (1845-1906) He, Zigeuner, greife in die Saiten He, Zigeuner, greife in die Saiten Spiel das Lied vom ungetreuen Mägdelein! Lass die Saiten weinen, klagen, traurig bange, Bis die heiße Träne netzet diese Wange! Hochgetürmte Rimaflut

Hé, tzigane ! Fais résonner les cordes ! Joue le chant de la jeune fille infidèle ! Que les cordes pleurent, gémissent, d'angoisse attristée,] Jusqu'à ce que les larmes brûlantes baignent ces joues !

Hochgetürmte Rimaflut, Wie bist du so trüb; An dem Ufer klag ich Laut nach dir, mein Lieb!

Flot de la Rima qui se dresse haut, Comme tu es trouble ; Sur ta rive je gémis Tout fort après toi, mon amour !

Wellen fliehen, Wellen strömen, Rauschen an dem Strand heran zu mir. An dem Rimaufer laß mich Ewig weinen nach ihr!

Les vagues fuient, les vagues coulent à grand flot, Elles rugissent jusqu'à la plage vers moi. Sur la rive de la Rima laissez-moi Éternellement pleurer sur elle !

Wisst ihr, wann mein Kindchen

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Wisst ihr, wann mein Kindchen am allerschönsten ist?] Wenn ihr süsses Mündchen scherzt und lacht und küsst.] Mägdelein, du bist mein, inniglich küss ich dich, Dich erschuf der liebe Himmel einzig nur für mich!

Savez-vous, quand ma belle enfant est la plus belle de toutes ?] Quand sa douce petite bouche badine et rit et embrasse.] Jeune fille, tu es à moi, je t'embrasse ardemment, Toi que le cher ciel n'as créée que pour moi !

Wisst ihr, wann mein Liebster am besten mir gefällt?] Wenn in seinen Armen er mich umschlungen hält. Schätzelein, du bist mein, inniglich küss ich dich, Dich erschuf der liebe Himmel einzig nur für mich!

Savez-vous, quand mon amour me plaît le plus ?

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Quand dans ses bras il me tient serrée. Petit trésor, tu es à moi, je t'embrasse ardemment, Toi que le cher ciel n'as créé que pour moi !


Lieber Gott, du weisst Lieber Gott, du weisst, wie oft bereut ich hab, Dass ich meinem Liebsten einst ein Küsschen gab. Herz gebot, dass ich ihn küssen muss, Denk, solang ich leb, an diesen ersten Kuss.

Cher Dieu, tu sais combien souvent je me suis repentie, D'avoir donné à mon bien-aimé une fois un baiser. Le cœur a commandé que je devais l'embrasser, Je penserai, aussi longtemps que je vivrai, à ce premier baiser.

Lieber Gott, du weisst, wie oft in stiller Nacht Ich in Lust und Leid an meinen Schatz gedacht. Lieb ist süss, wenn bitter auch die Reu, Armes Herze bleibt ihm ewig, ewig treu.

Cher Dieu, tu sais combien souvent dans la nuit silencieuse Dans la joie et la peine j'ai pensé à mon trésor. L'amour est doux bien qu'amer soit le repentir, Mon pauvre cœur restera toujours à lui, toujours à lui.

Brauner Bursche führt zum Tanze Brauner Bursche führt zum Tanze Sein blauäugig schönes Kind; Schlägt die Sporen keck zusammen, Csardasmelodie beginnt.

Le garçon brun conduit à la danse Sa belle amie aux yeux bleus ; Il fait claquer hardiment ensemble les éperons, L'air de la csardas commence.

Küsst und herzt sein süßes Täubchen, Dreht sie, führt sie, jauchzt und springt; Wirft drei blanke Silbergulden Auf das Zimbal, dass es klingt.

Il embrasse et presse sur son cœur sa douce colombe, Il la fait tourner, l'entraîne, il jubile et bondit ; Il lance trois florins d'argent brillants Sur la cymbale pour qu'elle résonne.

Röslein dreie in der Reihe Röslein dreie in der Reihe blühn so rot Dass der Bursch zum Mädel gehe, ist kein Verbot! Lieber Gott, wenn das verboten wär, Ständ die schöne weite Welt schon längst nicht mehr;] Ledig bleiben Sünde wär!

Trois petites roses dans la rangée fleurissent si rouges, Que le garçon aille avec une fille n'est pas défendu ! Ô cher Dieu, si c'était défendu, Le beau et vaste monde ne serait déjà plus là ; Rester célibataire serait un péché !

Schönstes Städtchen in Alföld ist Ketschkemet, Dort gibt es gar viele Mädchen schmuck und nett! Freunde, sucht euch dort ein Bräutchen aus, Freit um ihre Hand und gründet euer Haus, Freudenbecher leeret aus.

Le plus beau village de l'Alföld est Ketschkemet, Là vivent de nombreuses filles jolies et gentilles ! Amis, allez-y pour choisir une fiancée, Demandez sa main et bâtissez votre maison, Videz les coupes de joie.

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JOHANNES BRAHMS ZIGEUNERLIEDER

Kommt dir manchmal in den Sinn Kommt dir manchmal in den Sinn, mein süsses Lieb,] Was du einst mit heil'gem Eide mir gelobt? Täusch mich nicht, verlass mich nicht, Du weißt nicht, wie lieb ich dich hab, Lieb du mich, wie ich dich, Dann strömt Gottes Huld auf dich herab!

Est-ce que parfois il te vient à l'esprit, mon doux amour,] Quel serment sacré une fois tu m'as fait ? Ne me trompe pas, ne me quitte pas, Tu ne sais pas combien je t'aime, Aime-moi comme je t'aime, Alors la grâce de Dieu se répandra sur toi !

Rote Abendwolken ziehn Rote Abendwolken ziehn am Firmament, Sehnsuchtsvoll nach dir, Mein Lieb, das Herze brennt, Himmel strahlt in glühnder Pracht, Und ich träum bei Tag und Nacht Nur allein von dem süssen Liebchen mein.

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Les nuages rouges du soir traînent dans le firmament,] Plein de désir pour toi, Mon amour, mon cœur brûle, Le ciel brille d'éclat magnifique, Et je rêve nuit et jour Seulement de mon doux petit amour.


Richard Wagner

(1813-1883)

Wesendonck Lieder WWV 91 Mathilde Wesendonck (1828-1902) Der Engel

L’ange

In der Kindheit frühen Tagen Hört ich oft von Engeln sagen, Die des Himmels hehre Wonne Tauschen mit der Erdensonne,

Dans les premiers jours de l'enfance J'ai souvent entendu dire des anges Qu'ils échangeaient les sublimes joies du ciel Pour le soleil de la terre,

Dass, wo bang ein Herz in Sorgen Schmachtet vor der Welt verborgen, Dass, wo still es will verbluten, Und vergehn in Tränenfluten,

Que, quand un cœur anxieux en peine Cache son chagrin au monde, Que, quand il souhaite en silence saigner et s'évanouir dans un flot de larmes,

Dass, wo brünstig sein Gebet Einzig um Erlösung fleht, Da der Engel niederschwebt, Und es sanft gen Himmel hebt.

Que, quand avec ferveur sa prière Demande seulement sa délivrance, Alors l'ange descend vers lui Et le porte vers le ciel.

Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder, Und auf leuchtendem Gefieder Führt er, ferne jedem Schmerz, Meinen Geist nun himmelwärts!

Oui, un ange est descendu vers moi, Et sur ses ailes brillantes Mène, loin de toute douleur, Mon âme vers le ciel !

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RICHARD WAGNER WESENDONCK LIEDER

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Stehe still!

Reste tranquille

Sausendes, brausendes Rad der Zeit, Messer du der Ewigkeit; Leuchtende Sphären im weiten All, Die ihr umringt den Weltenball; Urewige Schöpfung, halte doch ein, Genug des Werdens, lass mich sein!

Sifflante, mugissante, roue du temps, Arpenteur de l'éternité ; Sphères brillantes du vaste Tout, Qui entourez le globe du monde ; Création éternelle, arrêtez, Assez d'évolutions, laissez-moi être !

Halte an dich, zeugende Kraft, Urgedanke, der ewig schafft! Hemmet den Atem, stillet den Drang, Schweiget nur eine Sekunde lang! Schwellende Pulse, fesselt den Schlag; Ende, des Wollens ew'ger Tag! Dass in selig süssem Vergessen Ich mög alle Wonnen ermessen!

Arrêtez, puissances génératrices, Pensée primitive, qui crée sans cesse ! Ralentissez le souffle, calmez le désir, Donnez seulement une seconde de silence ! Pouls emballés, retenez vos battements ; Cesse, jour éternel de la volonté ! Pour que dans un oubli béni et doux, Je puisse mesurer tout mon bonheur !

Wenn Aug' in Auge wonnig trinken, Seele ganz in Seele versinken; Wesen in Wesen sich wiederfindet, Und alles Hoffens Ende sich kündet, Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen, Keinen Wunsch mehr will das Innre zeugen: Erkennt der Mensch des Ew'gen Spur, Und löst dein Rätsel, heil'ge Natur!

Quand un œil boit la joie dans un autre, Quand l'âme se noie toute dans une autre, Un être se trouve lui-même dans un autre, Et que le but de tous les espoirs est proche, Les lèvres sont muettes dans un silence étonné, Et que le cœur n'a plus aucun souhait, Alors l'homme reconnaît le signe de l'éternité, Et résout ton mystère, sainte nature !

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WESENDONCK LIEDER RICHARD WAGNER

Im Treibhaus

Dans la serre

Hochgewölbte Blätterkronen, Baldachine von Smaragd, Kinder ihr aus fernen Zonen, Saget mir, warum ihr klagt?

Couronnes de feuilles, en arches hautes, Baldaquins d'émeraude, Enfants des régions éloignées, Dites-moi pourquoi vous vous lamentez.

Schweigend neiget ihr die Zweige, Malet Zeichen in die Luft, Und der Leiden stummer Zeuge Steiget aufwärts, süsser Duft.

En silence vous inclinez vos branches, Tracez des signes dans l'air, Et témoin muet de votre chagrin, Un doux parfum s'élève.

Weit in sehnendem Verlangen Breitet ihr die Arme aus, Und umschlinget wahnbefangen Öder Leere nicht'gen Graus.

Largement, dans votre désir impatient Vous ouvrez vos bras Et embrassez dans une vaine illusion Le vide désolé, horrible.

Wohl, ich weiss es, arme Pflanze; Ein Geschicke teilen wir, Ob umstrahlt von Licht und Glanze, Unsre Heimat ist nicht hier!

Je sais bien, pauvres plantes : Nous partageons le même sort. Même si nous vivons dans la lumière et l'éclat, Notre patrie n'est pas ici.

Und wie froh die Sonne scheidet Von des Tages leerem Schein, Hüllet der, der wahrhaft leidet, Sich in Schweigens Dunkel ein.

Et comme le soleil quitte joyeusement L'éclat vide du jour, Celui qui souffre vraiment S'enveloppe dans le sombre manteau du silence.

Stille wird's, ein säuselnd Weben Füllet bang den dunklen Raum: Schwere Tropfen seh ich schweben An der Blätter grünem Saum.

Tout se calme, un bruissement anxieux Remplit la pièce sombre : Je vois de lourdes gouttes qui pendent Au bord vert des feuilles.

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RICHARD WAGNER WESENDONCK LIEDER

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Schmerzen

Douleurs

Sonne, weinest jeden Abend Dir die schönen Augen rot, Wenn im Meeresspiegel badend Dich erreicht der frühe Tod;

Soleil, tu pleures chaque soir Jusqu'à ce que tes beaux yeux soient rouges, Quand, te baignant dans le miroir de la mer Tu es saisi par une mort précoce ;

Doch erstehst in alter Pracht, Glorie der düstren Welt, Du am Morgen neu erwacht, Wie ein stolzer Siegesheld!

Mais tu t'élèves dans ton ancienne splendeur, Gloire du monde obscur, Éveillé à nouveau au matin, Comme un fier héros vainqueur !

Ach, wie sollte ich da klagen, Wie, mein Herz, so schwer dich sehn, Muss die Sonne selbst verzagen, Muss die Sonne untergehn?

Ah, pourquoi devrais-je me lamenter, Pourquoi, mon cœur, devrais-tu être si lourd, Si le soleil lui-même doit désespérer, Si le soleil doit disparaître ?

Und gebieret Tod nur Leben, Geben Schmerzen Wonne nur: O wie dank ich, dass gegeben Solche Schmerzen mir Natur!

Et si la mort seule donne naissance à la vie, Si la douleur seule apporte la joie, Oh, comme je suis reconnaissant Que la Nature m'a donné de tels tourments !

Träume

Rêves

Sag, welch wunderbare Träume Halten meinen Sinn umfangen, Dass sie nicht wie leere Schäume Sind in ödes Nichts vergangen?

Dis, quels rêves merveilleux Tiennent mon âme prisonnière, Sans disparaître comme l'écume de la mer Dans un néant désolé ?

Träume, die in jeder Stunde, Jedem Tage schöner blühn, Und mit ihrer Himmelskunde Selig durchs Gemüte ziehn!

Rêves, qui à chaque heure, Chaque jour, fleurissent plus beaux Et qui avec leur annonce du ciel, Traversent l'air heureux mon esprit ?

Träume, die wie hehre Strahlen In die Seele sich versenken, Dort ein ewig Bild zu malen: Allvergessen, Eingedenken!

Rêves, qui comme des rayons de gloire, Pénètrent l'âme, Pour y laisser une image éternelle : Oubli de tout, souvenir d'un seul.

Träume, wie wenn Frühlingssonne Aus dem Schnee die Blüten küßt, Dass zu nie geahnter Wonne Sie der neue Tag begrüsst,

Rêves, qui comme le soleil du printemps Baise les fleurs qui sortent de la neige, Pour qu'avec un ravissement inimaginable Le nouveau jour puisse les accueillir,

Dass sie wachsen, dass sie blühen, Träumend spenden ihren Duft, Sanft an deiner Brust verglühen, Und dann sinken in die Gruft.

Pour qu'elles croissent et fleurissent, Répandent leur parfum, dans un rêve, Doucement se fanent sur ton sein, Puis s'enfoncent dans la tombe.

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Alban Berg

(1885-1935)

Vier Lieder op. 2 Dem Schmerz sein Recht Christian Friedrich Hebbel (1813-1863)

À la douleur son dû

Schlafen, Schlafen, nichts als Schlafen! Kein Erwachen, keinen Traum! Jener Wehen, die mich trafen, Leisestes Erinnern kaum, Dass ich, wenn des Lebens Fülle Niederklingt in meine Ruh', Nur noch tiefer mich verhülle, Fester zu die Augen tu!

Dormir, dormir, seulement dormir ! Pas de réveil, pas de rêve ! De ces chagrins, que j'ai rencontrés, À peine le moindre souvenir, Pour que, quand la plénitude de la vie Résonnera dans mon repos, Je me couvre encore plus, Et que je ferme plus fort les yeux !

Schlafend trägt man mich Alfred Mombert (1872-1942)

En dormant, je suis emporté

Schlafend trägt man mich in mein Heimatland! Ferne komm ich her, über Gipfel, über Schlünde, über ein dunkles Meer in mein Heimatland.

En dormant, je suis emporté dans ma patrie ! Je viens de loin, au-dessus de pics, au dessus de gouffres, au-dessus d'un océan sombre dans ma patrie.

Nun ich der Riesen Stärksten überwand Alfred Mombert (1872-1942)

Maintenant que j'ai vaincu le plus grand des géants

Nun ich der Riesen Stärksten überwand, Mich aus dem dunkelsten Land heimfand an einer weissen Märchenhand Hallen schwer die Glocken. Und ich wanke durch die Strassen schlafbefangen.

Maintenant que j'ai vaincu le plus grand des géants et que j'ai trouvé mon chemin depuis la terre la plus sombre] guidé par une blanche main de fée les cloches sonnent fort, et je titube à travers les rues perdu dans le sommeil.

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ALBAN BERG VIER LIEDER

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Warm die Lüfte Alfred Mombert (1872-1942)

4. L’air est doux

Warm die Lüfte, es spriesst Gras auf sonnigen Wiesen. Horch! Horch, es flötet die Nachtigall... Ich will singen: Droben hoch im düstern Bergforst, es schmilzt und glitzert kalter Schnee, ein Mädchen im grauen Kleide lehnt am feuchten Eichstamm, krank sind ihre zarten Wangen, die grauen Augen fiebern durch Düsterriesenstämme. „Er kommt noch nicht. Er lässt mich warten“... Stirb! Der Eine stirbt, daneben der Andere lebt: Das macht die Welt so tiefschön.

L'air est doux, l'herbe pousse dans les prairies ensoleillées. Écoute ! Écoute ! Le rossignol chante. Je vais chanter : En haut dans la forêt sombre de la montagne où la neige froide fond et scintille, une jeune fille dans une robe grise s'appuie contre le tronc humide d'un chêne. Ses joues délicates sont malades, ses yeux gris brillent de fièvre, à travers les troncs gigantesques et ténébreux. « Elle n'est pas encore arrivée. Elle me fait attendre... » Meurs ! L'un meurt, tandis que l'autre vit : C'est ce qui fait le monde si profondément beau.

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Richard Strauss

(1864–1949)

Der Stern op. 69/1 Achim von Arnim (1781-1831)

L’Étoile

Ich sehe ihn wieder den lieblichen Stern; er winket hernieder, er nahte mir gern; er wärmet und funkelt, je näher er kömmt, die andern verdunkelt, die Herzen beklemmt.

Je la revois, la chère étoile, Elle me fait signe, elle m'approche avec plaisir ; Plus elle approche et plus elle réchauffe et étincelle, Et éclipse les autres qui ont le cœur oppressé.

Die Haare im Fliegen er eilet mir zu, das Volk träumt von Siegen, ich träume von Ruh. Die andern sich deuten die Zukunft daraus, vergangene Zeiten mir leuchten ins Haus.

Elle se presse vers moi, les cheveux au vent, Le peuple rêve de victoire, moi, je rêve de repos. Les autres en tirent des augures, Dans ma maison elle éclaire le temps passé.

Wiegenlied op. 41/1 Richard Dehmel (1863-1920)

Berceuse

Träume, träume, du mein süsses Leben, Von dem Himmel, der die Blumen bringt. Blüten schimmern da, die leben Von dem Lied, das deine Mutter singt.

Rêve, rêve, toi ma douce vie Du ciel qui apporte les fleurs. Ici resplendissent les fleurs qui existent De la chanson que chante ta mère.

Träume, träume, Knospe meiner Sorgen, Von dem Tage, da die Blume spross; Von dem hellen Blütenmorgen, Da dein Seelchen sich der Welt erschloss.

Rêve, rêve, bourgeon de mes peines Des jours où la fleur apparut, Du clair matin fleuri Où ta petite âme se révéla au monde.

Träume, träume, Blüte meiner Liebe, Von der stillen, von der heilgen Nacht, Da die Blume seiner Liebe Diese Welt zum Himmel mir gemacht.

Rêve, rêve, fleur de mon amour De la silencieuse et sainte nuit, Où la fleur de son amour A transformé pour moi le monde en ciel.

Meinem Kinde op. 37/3 Gustav Falke (1853-1916)

À mon enfant

Du schläfst und sachte neig' ich mich Über dein Bettchen und segne dich. Jeder behutsame Atemzug Ist ein schweifender Himmelsflug, Ist ein Suchen weit umher, Ob nicht doch ein Sternlein wär' Wo aus eitel Glanz und Licht Liebe sich ein Glückskraut bricht, Das sie geflügelt herniederträgt Und dir auf's weisse Deckchen legt. Du schläfst und sachte neig' ich mich Über dein Bettchen und segne dich.

Tu dors, et doucement je me penche Au-dessus de ton petit lit et te bénis. Chacune de tes délicates inspirations Est un vol vagabond vers le ciel, Est une recherche bien loin d'ici, Pour voir si une petite étoile existerait, Où, issu de pures clarté et lumière, L'amour cueillerait l'herbe du bonheur, Et descendrait sur ses ailes pour te l'apporter Et la poser sur ta petite couverture blanche. Tu dors, et doucement je me penche Au-dessus de ton petit lit et te bénis

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Ach Lieb, ich muss nun scheiden op. 21/3 Felix Dahn (1834-1912)

Hélas mon amour, je dois maintenant te quitter

Ach Lieb, ich muss nun scheiden, gehn über Berg und Tal, die Erlen und die Weiden, die weinen allzumal.

Hélas mon amour, je dois maintenant te quitter Aller par-delà monts et vallées, Les aulnes et les saules Tous ensemble pleurent.

Sie sahn so oft uns wandern zusammen an Baches Rand, das eine ohn' den andern geht über ihren Verstand.

Ils nous avaient si souvent vu nous promener Ensemble au bord du ruisseau Que nous voir l'un sans l'autre Dépasse leur entendement.

Die Erlen und die Weiden vor Schmerz in Tränen stehn, nun denket, wie's uns beiden erst muss zu Herzen gehn.

Les aulnes et les saules Versent des larmes de douleur Alors imagine combien, tout deux, Cela doit nous toucher au cœur.

Wie sollten wir geheim sie halten op. 19/4 Adolph Friedrich, Graf von Schack (1815-1894)

Comment pourrions-nous tenir secrète

Wie sollten wir geheim sie halten, Die Seligkeit, die uns erfüllt? Nein, bis in seine tiefsten Falten Sei allen unser Herz enthüllt!

Comment pourrions-nous tenir secrète La félicité qui nous emplit ? Non, que notre cœur soit dévoilé à tous, Jusque dans ses plis les plus profonds !

Wenn zwei in Liebe sich gefunden, Geht Jubel hin durch die Natur, In längern wonnevollen Stunden Legt sich der Tag auf Wald und Flur.

Lorsqu'un couple se trouve dans l'amour, La nature déborde de joie, Et le jour s'étend sur les forêts et les champs Pendant de longues heures emplies de bonheur.

Selbst aus der Eiche morschem Stamm, Die ein Jahrtausend überlebt, Steigt neu des Wipfels grüne Flamme Und rauscht von Jugendlust durchbebt.

Même dans le tronc moussu du chêne Qui a survécu un millénaire, La verte flamme monte encore vers la cime, Bruissante, tremblante d'un plaisir juvénile.

Zu höherm Glanz und Dufte brechen Die Knospen auf beim Glück der Zwei, Und süßer rauscht es in den Bächen, Und reicher blüht und glänzt der Mai.

Devant le bonheur du couple, les bourgeons Éclatent dans une profusion d'éclat et de parfums, Et les ruisseaux chantent plus doucement, Et mai fleurit et brille plus richement.

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RICHARD STRAUSS

Allerseelen op. 10/8 Hermann von Glim zu Rosenegg (1812-1864)

Le Jour des morts

Stell auf den Tisch die duftenden Reseden, Die letzten roten Astern trag herbei, Und lass uns wieder von der Liebe reden, Wie einst im Mai.

Pose sur la table les résédas parfumés Apporte ici les derniers asters rouges, Et à nouveau parlons d'amour Comme jadis en mai.

Gib mir die Hand, dass ich sie heimlich drücke Und wenn man's sieht, mir ist es einerlei, Gib mir nur einen deiner süssen Blicke, Wie einst im Mai.

Donne-moi la main, que je la serre secrètement Et si on le voit, cela m'est égal Jette-moi seulement un de tes doux regards, Comme jadis en mai.

Es blüht und duftet heut auf jedem Grabe, Ein Tag im Jahr ist ja den Toten frei, Komm an mein Herz, dass ich dich wieder habe, Wie einst im Mai.

Aujourd'hui chaque tombe est fleurie et parfume Un jour par an les morts ont quartier libre, Viens près de mon cœur, que je t'aie à nouveau Comme jadis en mai.

Cäcilie op. 27/2 Heinrich Hart (1855-1906)

Cécile

Wenn du es wüsstest, Was träumen heisst von brennenden Küssen, Von Wandern und Ruhen mit der Geliebten, Aug in Auge, Und kosend und plaudernd, Wenn du es wüsstest, Du neigtest dein Herz!

Si tu savais Ce que c'est de rêver de baisers brûlants, De se promener et de se reposer avec sa bien-aimée, Les yeux dans les yeux, En caressant et en bavardant, Si tu savais, Tu inclinerais ton cœur !

Wenn du es wüsstest, Was bangen heisst in einsamen Nächten, Umschauert vom Sturm, da niemand tröstet Milden Mundes die kampfmüde Seele, Wenn du es wüsstest, Du kämest zu mir.

Si tu savais Ce que c'est d'avoir peur dans les nuits solitaires, Entouré de tempête, quand personne ne réconforte Avec des paroles douces l'âme en lutte, Si tu savais Tu viendrais à moi.

Wenn du es wüsstest, Was leben heisst, umhaucht von der Gottheit Weltschaffendem Atem, Zu schweben empor, lichtgetragen, Zu seligen Höhn, Wenn du es wüsstest, Du lebtest mit mir!

Si tu savais Ce que c'est de vivre, entouré par Le souffle créateur du monde de Dieu, De flotter, porté par la lumière, Vers les hauteurs bénies, Si tu savais Tu vivrais avec moi !

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BIOGRAPHIES Karita Mattila Soprano

© MARICA ROSENGARD

Originaire de Finlande, la soprano s’est formée à l’Académie Sibelius avec Liisa Linko-Malmio puis Vera Rózsa pendant près de 20 ans. Elle se produit dans les plus grands opéras sous la direction des chefs les plus prestigieux tels James Levine, Claudio Abbado, Colin Davis, Christoph von Dohnányi, Bernard Haitink, Antonio Pappano ou Simon Rattle. Son sens inné du drame la conduit à travailler avec les metteurs en scène les plus reconnus, notamment Luc Bondy dans Don Carlos à Paris, Londres et au Festival d’Édimbourg, Lev Dodine dans ses productions d’Elektra pour le Festival de Pâques de Salzbourg et de la Dame de pique et Salome à l’Opéra national de Paris, Peter Stein dans Simon Boccanegra à Salzbourg et Don Giovanni à Chicago, ou encore Jürgen Flimm dans Fidelio au Metropolitan Opera. Récompensée par les Grammy Award pour Die Meistersinger von Nürnberg sous la baguette de Georg Solti en 1998 et Jenůfa avec Bernard Haitink en 2004, elle compte de nombreux enregistrements à son actif, parmi

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lesquels aussi les Vier letzte Lieder de Srauss dirigés par Claudio Abbado ou encore les Gurrelieder de Schönberg et la 14ème symphonie de Chostakovitch avec Simon Rattle. Elle collabore régulièrement avec des compositeurs contemporains, comme l’illustre sa participation à la première mondiale d’Emilie de Kaija Saariaho à l’Opéra national de Lyon. En 2015, elle est acclamée dans les rôles de Sieglinde (Die Walküre) au Houston Grand Opera, dans le rôle-titre d’Ariadne auf Naxos au Royal Opera House et Marie (Wozzeck) au Festival de Helsinki. En 2016-2017, elle incarne entre autres rôles Kostelnicka (Jenůfa) notamment au San Francisco Opera, au Metropolitan Opera et au Bayerische Staatsoper, Emilia Marty (L’Affaire Makropoulos) aux BBC Proms, Ariane (Ariadne auf Naxos) au Bayerische Staatsoper.

Au Grand Théâtre de Genève : récital 86-87, Simon Boccanegra (Amelia Grimaldi) 90-91.


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BIOGRAPHIES

Ville Matvejeff Piano

© DR

Ville Matvejeff, chef d’orchestre et pianiste finlandais, fait ses débuts à l’opéra en dirigeant The Fairy Queen de Purcell au Pori Opera en septembre 2011. Depuis, il travaille en tant qu’assistant de chefs tels que Esa-Pekka Salonen et Leif Segerstam au Malmö Opera et à l’Opéra royal de Stockholm. En 2014, il devient le chef principal du Sinfonia Finlandia Jyväskylä et, un an plus tard, directeur artistique du Turku Music Festival. Il est invité régulièrement par des orchestres tels que l’orchestre de chambre Avanti!, de l’Opéra national de Finlande, l’Orchestre philharmonique d’Helsinki, l’Oulu Sinfonia, le Tapiola Sinfonietta et l’Orchestre philharmonique de Turku. Il a récement fait ses débuts au Sinfonia Lathi, à l’Opéra de Rijeka et à l’Orchestre symphonique de Sønderjylland. En 2016, il est à la tête du Tampere Filharmonia, il il joue à la Biennale de Tampere – pour le trentième anniversaire – un programme entièrement consacré à la musique de Finlande – dont deux créations. Ville Matvejeff n’est pas uniquement chef d’orchestre mais également un pianiste de renom. Il débute sa carrière de pianiste à l’âge de 18 ans avec l’Orchestre symphonique de la radio finlandaise sous la direction de Susanna Mälkki. En tant que pianiste, Il participe à plusieurs tournées mondiales de récitals avec Karita Mattila, notamment au Staatsoper de Vienne, au Wigmore Hall de Londres et à l’Opernhaus de Zurich.

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Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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PROCHAINEMENT OPÉRA

BALLET JEUNE PUBLIC

Norma

Barbe-Neige et les Sept Petits Cochons au bois dormant

Tragedia lirica en 2 actes de Vincenzo Bellini Production Oper Stuttgart À l'Opéra des Nations 16, 21, 23, 26, 29 juin & 1er juillet 2017 à 19 h 30 18 juin 2017 à 15 h Direction musicale John Fiore Mise en scène Jossi Wieler & Sergio Morabito Reprise de la mise en scène Magdalena Fuchsberger Décors & costumes Anna Viebrock Avec Alexandra Deshorties, Rubens Pelizzari, Marco Spotti, Ruxandra Donose, Mary Feminear, Migran Agadzhanyan Chœur du Grand Théâtre de Genève Orchestre de la Suisse Romande Conférence de présentation par Sandro Cometta en collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. Au Théâtre de l'Espérance 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève Jeudi 15 juin 2017 à 18 h 15

Ballet de Laura Scozzi sur des musiques de Niccolò Paganini

Accueil de la coproduction entre le Théâtre de Suresnes Jean Vilar, les Théâtres de la Ville de Luxembourg et le Theater im Pfalzbau de Ludwigshafen. À l’Opéra des Nations 19, 20, 22 mai 2017 à 19 h 30 20, 21 mai 2017 à 15 h Chorégraphie Laura Scozzi avec la participation des danseurs Collaboration artistique Olivier Sferlazza Scénographie Natacha Le Guen de Kerneizon Costumes Olivier Bériot Lumières Ludovic Bouaud Danseurs Dorel Brouzeng Lacoustille, John Degois, François Lamargot, Céline Lefèvre, Sandrine Monar, Karla Pollux, Mélanie Sulmona, Jean-Charles Zambo

RÉCITAL

John Osborn Ténor

Lynette Tapia Soprano

À l’Opéra des Nations Dimanche 28 mai 2017 à 19 h 30 Piano Beatrice Benzi Donaudy, Tosti, Rossini, Obradors, Donizetti, Brahms, Strauss, Duparc, Debussy, Delibes

Directeur de la publication Tobias Richter Responsables de la rédaction Daniel Dollé Responsable de l’édition Aimery Chaigne ont collaboré à ce programme Isabelle Jornod, Tania Rutigliani, Patrick Vallon Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN MAI 2017

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