1617 - Programme récital - Patricia petibon - 06/17

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PATRICIA

PETIBON Soprano

SUSAN MANOFF Piano

Parlez-moi d'amour BARBER | BRITTEN | BACRI | DE FALLA | RODRIGO | OBRADORS VILLA-LOBOS | BRIDGE | POULENC | COLLET | SEMOS/STANTON | MIGNONE | GRANADOS TURINA | GUASTAVINO | LARA | CHURCHILL/MOREY | GLANZBERG

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SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE

PARTENAIRES DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE ASSOCIATION DES COMMUNES GENEVOISES

CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

ÉTAT DE GENÈVE

PARTENAIRE DE SAISON

PARTENAIRE DE SAISON

PARTENAIRE FONDATEUR DE LA TROUPE DES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE

PARTENAIRE DU PROGRAMME PÉDAGOGIQUE

PARTENAIRE DES RÉCITALS

FONDATION VALERIA ROSSI DI MONTELERA

PARTENAIRES DE PROJET

FAMILLE LUNDIN

FONDATION PHILANTHROPIQUE FAMILLE FIRMENICH

ALINE FORIEL-DESTEZET

PARTENAIRES MÉDIA

PARTENAIRES DU GENEVA OPERA POOL BANQUE PICTET & CIE SA CARGILL INTERNATIONAL SA HYPOSWISS PRIVATE BANK GENÈVE SA TOTSA TOTAL OIL TRADING SA UNION BANCAIRE PRIVÉE, UBP SA

PARTENAIRES D’ÉCHANGE CARAN D’ACHE

EXERSUISSE

FAVARGER

FLEURIOT FLEURS

GENERALI ASSURANCE

TAITTINGER

UNIRESO / TPG



© BERNARD MARTINEZ

RÉCITAL Samedi 17 juin 2017 à 19 h 30 À l’Opéra des Nations

Parlez-moi d'amour

PATRICIA

PETIBON Soprano

SUSAN MANOFF Piano

SAMUEL BARBER Sure On This Shining Night BENJAMIN BRITTEN Greensleeves NICOLAS BACRI A la mar MANUEL DE FALLA El paño moruno JOAQUÍN RODRIGO Canción del Grumete

FERNANDO OBRADORS El vito Coplas de Curro Dulce HEITOR VILLA-LOBOS Nesta Rua tem um bosque FRANK BRIDGE Winter Pastoral (piano seul) FRANCIS POULENC Sanglots HENRI COLLET Seguidilla (piano seul)

M. SEMOS / F. STANTON Busy Line

CARLOS GUASTAVINO La Rosa y el Sauce

FRANCISCO MIGNONE Dona Janaína

AGUSTÍN LARA Granada, fantasía española

Entracte

FRANCIS POULENC Novelette N° 1 (piano seul)

HENRI COLLET Camiña Don Sancho ENRIQUE GRANADOS El mirar de la maja JOAQUÍN TURINA Cantares

FRANK CHURCHILL Someday My Prince Will Come NORBERT GLANZBERG
 Padam Padam


« La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve, Et vous aurez vécu, si vous avez aimé. » ALFRED DE MUSSET

« Le secret du bonheur en amour, ce n'est pas d'être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il le faut ». SIMONE SIGNORET

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GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RAMÓN VARGAS | RÉCITAL


© RMN

Le Cantique des Cantiques IV (détail) Marc Chagall, 1958 Musée national Marc Chagall, Nice Huile sur toile

Parlez-moi d’amour Redites-moi des choses tendres Votre beau discours Mon cœur n'est pas las de l’entendre Pourvu que toujours Vous répétiez ces mots suprêmes : « Je vous aime » JEAN LENOIR, PARLEZ-MOI D'AMOUR (EXTRAIT), 1924

Parlez-moi d’amour par Daniel Dollé

A

u lendemain de la Première de Norma, Patricia Petibon, à sa manière, nous invite à une méditation sur le thème de l’amour. Mais de quoi nous parle Norma, si ce n’est d’amour, entre autres. De l’amour interdit, de celui qui rend heureux, de celui qui donne la vie, de celui qui fait souffrir, sans oublier celui qui pourrait probablement pacifier et mettre à mal les antagonismes. Il y a presque un siècle, en 1924, Jean Lenoir, contrarié par une altercation avec son amie Mistinguett, compose dans la nuit qui suit, Parlezmoi d’amour. Prête à être chantée, la chanson reste cinq ans dans les cartons. À contre cœur, Jean Lenoir la confie à une jeune chanteuse, venue le solliciter : Lucienne Boyer. Cette chanson devient un succès populaire, un tube traduit en 37 langues différentes. D’ailleurs, un jury, parmi lequel se trouvent Colette et Maurice Ravel, décerne le Grand Prix du disque français, à Lucienne Boyer

pour son interprétation. En 1932 paraîtra également : « Parlez pas d’amour », une réinterprétation de Jean Villard, chanté par le célèbre duo d'avant guerre Gilles et Julien. La chanson est reprise par de nombreux interprètes de variété et également par Anne Sofie von Otter, en 2013. Tout le monde ne parle que d’amour. Il est partout, on ne sait où et il se cache. Il vient quand on ne l’attend pas, ou plus, il se métamorphose et s’évanouit, laissant parfois, ou souvent, des cicatrices plus ou moins profondes. En chacune et chacun résonne ces mots suprêmes : « Je vous aime ». Même lorsqu’on n’y croit plus, on continue à croire malgré soi. « Vivre sans amour, c’est mourir chaque jour » est devenue une phrase culte. Grâce à un programme judicieux dont elle seule a le secret, Patricia et sa complice de longue date, Susan Manoff, ont choisi de nous parler d’amour, un sujet intarissable, un seul mot pour beaucoup de concepts : Eros, Agape, Philia, et pourquoi pas

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PARLEZ-MOI D'AMOUR DANIEL DOLLÉ

Si pour Rousseau « l’amour n’est qu’illusion », pour Kant, il devient « le plus grand danger qui nous guette car il entre en contradiction avec la morale ». Plus proche de nous, Jacques Lacan, nous apprend « qu’aimer, c’est essentiellement vouloir être aimé et que l’amour, c’est offrir à quelqu’un qui n’en veut pas quelque chose que l’on n’a pas » et à un autre moment il explique : « L’amour est un genre de suicide. » Thanatos. Nos deux interprètes s’approprient la phrase de Bernard Werber (L’Empire des anges) : « L’Amour pour épée, l’humour pour bouclier. » Il suffit de parcourir la presse, les magazines ou de se balader sur les sites de rencontres pour s’en rendre compte : notre époque est assoiffée d’amour, peut-être plus encore que de sexe, écrit la philosophe Olivia Gazalé. Elle se demande : « Comment comprendre qu’à une époque désertée par la transcendance, en proie au doute et à l’incertitude, l’adoration de l’amour n’a jamais été un credo aussi fort » ? Pour Luc Ferry, nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la pensée dans laquelle l’amour est devenu le paradigme central. Qui serait prêt aujourd’hui, dans le monde occidental, à mourir pour Dieu, pour la patrie ou pour une révolution ? Qui entretient encore un rapport sacrificiel avec ces grands idéaux ? En revanche, affirme-t-il, « une nouvelle phénoménologie du sacré contemporain ferait apparaître avec évidence que les seuls êtres pour lesquels nous serions prêts à mourir, à risquer nos vies (…) sont ceux que l’on aime. » Depuis des siècles, philosophes, psychologues, psychanalystes et penseurs de tous bords ont cherché à percer le mystère de l’amour. De Platon à Sartre, les philosophes nous ont livré leur vision du sentiment amoureux, bien qu’ils s’en méfient

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car il est illusoire, source de souffrance voire une déviation par rapports à d’autres idéaux. Si pour Rousseau « l’amour n’est qu’illusion », pour Kant, il devient « le plus grand danger qui nous guette car il entre en contradiction avec la morale ». Plus proche de nous, Jacques Lacan, (médecin, psychanalyste français, 1901-1981) nous apprend « qu’aimer, c’est essentiellement vouloir être aimé et que l’amour, c’est offrir à quelqu’un qui n’en veut pas quelque chose que l’on n’a pas » et à un autre moment il explique : « L’amour est un genre de suicide. » Les opinions divergent et semblent souvent dépendre du moment où on en parle. Le discours le jour d’un coup de foudre ne ressemble en rien à celui au lendemain d’une déception, d’une rupture ou d’une trahison. Platon, dans Le Banquet, raconte un mythe devenu célèbre : à l’origine l’homme était une sphère, puis Zeus l’a coupée en deux, depuis nous courons de part le monde à la recherche de notre unité perdue. On peut trouver un autre idéal dans Eléments de Philosophie, dans lesquels Alain affirme : « Aimer, c’est trouver la richesse hors de soi. » Mais laissons le mot de la fin à Charles Baudelaire : « Ce qu’il y a d’ennuyeux dans l’amour, c’est que c’est un crime où l’on ne peut pas se passer d’un complice. » Mais faut-il se désespérer de ces constats des phi-


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losophes sceptiques ? Né de la vie et dans la vie, il ne saurait trouver d’autres origines. L’amour ne peut naître que dans le monde, dans la rationalité qui ne le caractérise pas, et pourtant l’amour n’a de cesse de s’échapper de ce monde, pour lequel il n’a aucun intérêt et qui ne lui laisse pas sa place. Au Festival de Cannes en 2012, le réalisateur Michael Haneke a été récompensé pour son film Amour, qui célèbre le lien inoxydable entre un mari et sa femme jusqu’à leur mort. Jean-Paul Sartre (1905-1980) et Simone de Beauvoir (19081986) défrayèrent la chronique en relatant leurs amours contingents dans le Saint-Germain-desPrés du XXème siècle. Mais les romans de Simone de Beauvoir en disent long sur la cruauté de ce pacte d’amour, qui ne manquera pas d’allier une immense tendresse et une complicité intellectuelle à la jalousie et aux souffrances occasionnées par ces amours plurielles. La lecture des grands classiques de la littérature, l’écoute des chefs-d’œuvre lyriques nous apprend que tout grand amour est tragique et ne peut échapper à un destin trop mondain. L’un des exemples les plus parlant est la célébrissime pièce de William Shakespeare Roméo et Juliette (1597) qui nous conte l’histoire d’un amour impossible, un amour qui ne peut trouver sa place dans le monde et qui dirige les deux amants tout droit vers la mort. Et qu’en est-il de Faust et de Marguerite ? Méphistophélès offre à Faust la jeunesse et l’emmène voyager autour du monde ; c’est durant ce voyage que Faust rencontre Marguerite, dont il tombe amoureux. Cet amour se terminera tragiquement. Faust et Marguerite s’aiment en des termes totalement non individuels. Marguerite aime dans Faust, non pas l’entière individualité de Faust, plutôt une image générique : l’homme intelligent, l’homme du savoir. Faust aime en Marguerite l’image de la femme, il désire son corps mais ne voit en elle, finalement, qu’une aventure. Ce couple mythique de Goethe ne vit probablement pas un amour absolu. Il faut plutôt se tourner vers Édouard et Odile, couple né dans Les Aff inités électives, publié en 1809. Cet ouvrage est une description des rapports humains, notam-

ment des rapports amoureux ; en analogie avec la théorie scientifique de l’attirance et de la répulsion entre les éléments. Édouard et Odile s’aiment de façon indubitablement nécessaire. Ce couple actualise parfaitement cet amour tragique qui doit exister dans le monde, mais qui se place bien au-delà de toute temporalité et de toute spatialité. Un amour absolu est donc un sentiment porté vers l’absolue individualité de l’objet de l’amour, objet de l’amour qui ne peut pas être remplacé et cela aprioriquement. Avec sa peau claire et ses cheveux roux, Patricia Petibon pourrait être la Reine des glaces, mais celles et ceux d’entre vous qui l’ont découverte dans Lulu, ou plus récemment dans Manon, savent que l’artiste est un volcan en permanente éruption et lorsqu’elle s’éloigne des femmes fatales, on lui découvre une veine comique irrésistible et un grand sens de l’humour, qui ne sera pas en reste ce soir. Le récital commence par un prélude anglophone. La version de Benjamin Britten du célèbre « Greensleeves » confirme que le programme s’articule autour des musiques populaires, chansons populaires arrangées pour voix lyrique et piano ou œuvres originales composées « dans le style populaire ». Ensuite, le récital s’oriente résolument vers le monde hispanique et ses amours passionnées. « A la mar » de Nicolas Bacri, est une commande de Patricia Petibon. Né en 1961 à Paris, Nicolas Bacri étudie le piano, l’analyse, l’écriture et la composition. En 1883, il est nommé pensionnaire de l’Académie de France à Rome (Villa Médicis). Il a reçu des commandes du Ministère de la Culture, de Radio-France, de nombreux festivals et d’ensembles français et étrangers. « El paño moruno » est la première mélodie des Siete canciones populares Españolas, de Manuel de Falla. L’œuvre a été créée le 14 janvier 1915 à Madrid (Alteno de Madrid) par Luisa Vela et le compositeur au piano. Falla y révèle sa passion du cante jondo. Le folklore andalou y est représenté avec ses enroulements chromatiques autour d’un son pivot et ses notes répétées. Dans les Sept Chansons, le compositeur intègre le folklore dans l’orbite de

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PARLEZ-MOI D'AMOUR DANIEL DOLLÉ

ses propres procédés. Cette mélodie fait clairement allusion à l’importance de la virginité d’une fille avant le mariage. En continuant dans l’univers hispanique. En 1938, Joachim Rodrigo, compositeur espagnol, devenu aveugle à 3 ans et surtout connu pour le célébrissime Concerto d’Aranjuez, compose « Cancion del Grumete ». Élève de Paul Dukas, il fréquente le milieu musical parisien et rencontre Maurice Ravel et Manuel de Falla. « El Vito » et « Chiquitita la novia », nous font passer des langueurs de l’amour à la passion et à la sensualité. Dans « Nesta Rua » d’Heitor Villa-Lobos, ce sont les tourments amoureux qui sont sublimés. De Francis Poulenc, l’artiste a choisi la dernière des cinq mélodies, composées en 1940, qui constituent Banalités, sur des poèmes de Guillaume Apollinaire. Le compositeur confiait à Jean Rostand : « Lorsqu’il s’agit d’Apollinaire ou d’Eluard, j’attache la plus grande importance à la mise en page du poème, aux blancs, aux marges. Je me récite souvent le poème. Je l’écoute, je cherche les pièges, je souligne parfois d’un trait rouge le texte aux endroits difficiles. Je note les respirations, j’essaie de découvrir le rythme interne par un vers qui n’est pas forcément le premier. Ensuite, j’essaie la mise en musique en tenant compte des densités différentes de l’accompagnement pianistique. J’attends parfois des jours, j’essaie d’oublier le mot jusqu’à ce que je le voie comme un mot nouveau. » Dans le poème « Sanglots », le « je » explicite ou implicite, antérieurement évoqué, devient partie prenante d’un « nous » souffrant et blessé, porte-parole de ceux qu’un ordre immuable et infini voue à entonner « la chanson des rêveurs » : « notre amour est réglé par les calmes étoiles / or nous savons qu’en nous beaucoup d’hommes respirent / qui vinrent de très loin et sont un sous nos front ». Dans « Sanglots », le soprano doit se dédoubler entre déclamation et lyrisme, entre aigus virtuoses et bas médium presque solennel. On admirera la capacité de Patricia Petibon à passer d’un style à l’autre, d’une langue à l’autre, d’une palette à l’autre. Au mélomane averti, le nom d’Henri Collet n’est

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pas inconnu. Né en 1885 à Paris, Henri Collet passe sa jeunesse à Bordeaux. Musicien très précoce, il se passionne tôt pour la culture hispanique et c’est en Espagne qu’il accomplit l’essentiel de ses études musicales, notamment avec Felipe Pedrell qui est l’« éveilleur » de toute la jeune génération de musiciens espagnols au début du XXème siècle : Albéniz, Granados, Turina, Mompou, Rodrigo et surtout de Falla (qui lui enseigna l’orchestration). Le nom d’Henri Collet reste attaché à la formation du groupe des Six. Parmi un répertoire de plus de 200 opus, on découvre « Seguedilla », une pièce pour piano solo, qui révèle la passion du compositeur pour le folklore et les compositeurs espagnols. Il nous offre un voyage qui s’enracine dans la terre. Un voyage qui fait revivre le peuple dans ses villages, dans ses traditions et dans sa vie quotidienne. La seconde partie du récital est moins intime et fait honneur au jazz et au music-hall. Elle commence par « Camiña Don Sancho », un joyau du répertoire de Galice revisité par Henri Collet. « El mirar de la maja » (Le regard de la maja), d’Enrique Granados, évoque le feu dans les yeux de la belle, le feu de la passion capable de donner la mort. Écrites en 1914 dans un « style ancien », les douze tonadillas de Granados sont probablement ses mélodies les plus réussies – une tonadilla est une « petite chanson » ou une courte scène théâtrale. La jeune femme déplore que son regard, par son ardeur, effraie les hommes et les détourne d’elle. Une page poignante qui surprend par le dépouillement de son accompagnement. « Cantares » (Chants), de Joaquin Turina, exprime l’obsession amoureuse, traduite musicalement par un motif mélodique qui tournoie sans cesse avec agitation. Écrite sur un texte de l’écrivain réaliste Ramón de Campoamo, la mélodie propose une musique savante au plus près de l’esprit populaire. Pianiste de talent, Carlos Guastavino est le représentant le plus important du romantisme national argentin. Ses œuvres sont devenues un passage obligé de la musique hispanique pour voix. « La Rosa y el Sauce » (La rose et le saule) compte parmi ses compositions les plus connues. Admirateur de


DANIEL DOLLÉ PARLEZ-MOI D'AMOUR

Il serait étonnant que nous n’assistions qu’à un simple récital ce soir, car Patricia possède plus d’un tour dans son sac. N’aurait-elle pas apporté avec elle quelque accessoire, quelques surprises afin de nous faire partager ses talents d’interprète, sa fantaisie et son enthousiasme du chant ? Rachmaninov, le compositeur rend hommage à sa vocalise en s’en inspirant dans « La Rosa y el Sauce ». Écrite en 1932 par Augustin Lara (1900-1969), compositeur mexicain particulièrement prolifique (il a écrit plus de 600 chansons, la plupart entre 1925 et 1940), « Granada » serait probablement restée dans l’anonymat si elle n’avait, un jour d’octobre 1949, croisé le chemin de Mario Lanza. Granada ou Grenade une terre remplie de belles femmes, de sang et de soleil. À présent Susan Manoff nous fait entendre la première des trois Novelette de Francis Poulenc. Une novelette, en littérature, désigne une courte nouvelle, c’est Robert Schumann qui a employé ce terme pour la première fois. À la mort de Poulenc, Cocteau disait : « Jamais plus nous n’entendrons naître et renaître ce miracle d’un équilibre mystérieux entre le neuf et le classique, entre l’héritage des maîtres, l’invention robuste et comme paysanne des mélodies où la science et la fraîcheur enfantine s’enroulaient ensemble. » La novelette n°1, en Do Majeur, est dédiée à sa grande amie Virginie Liénard, qu’ il appelait « tante Liénard », elle fut composée en 1927. C’est une page délicate en trois sections, qui baigne dans une atmosphère mozartienne souvent agrémentée d’un parfum de ländler schubertien. Fidèle à lui-même, Poulenc glisse çà et là, non sans humour, quelques emprunts furtifs à des thèmes connus. Peut-on parler d’Amour sans évoquer le prince charmant qui un jour viendra ? « Someday My Prince Will Come », dans sa version originale fut composé par Frank Churchill avec des paroles de Larry Morey. Il s’agit d’une chanson du film d’anima-

tion Blanche-Neige et les Sept Nains sorti en 1937 des studios Disney. La chanson devient rapidement populaire auprès des musiciens de jazz et sera également reprise par plusieurs stars de la pop. Le monde change, les valeurs se transforment, le matérialisme et le rationalisme ont bouté dehors le romantisme et pourtant, les contes continuent à exister, de même que le prince charmant. Il serait étonnant que nous n’assistions qu’à un simple récital ce soir, car Patricia possède plus d’un tour dans son sac. N’aurait-elle pas apporté avec elle quelque accessoire, quelques surprises afin de nous faire partager ses talents d’interprète, sa fantaisie et son enthousiasme du chant ? Un pur plaisir et un pur bonheur en perspective. Des instants qui s’achèveront trop rapidement sur une valse obsédante, jadis chanté part Edith Piaf « Padam, Padam ». Loin des conventions et de l’austérité Patricia nous ouvre les portes de son cabaret pour nous faire découvrir un répertoire qui ne peut que fasciner. Personne ne sera étonné de lire sous une plume anglaise : « Go see her / them, the world will appear a better place afterwards. » (Allez la voir, le monde apparaîtra mieux après). À la veille d’une nouvelle édition de la Fête de la musique à Genève et dans de nombreux pays, Patricia Petibon et Susan Manoff nous rappellent que la musique est une fête permanente et que rien ne saurait mieux raconter l’indicible. Était-il imaginable de trouver une meilleure conclusion à la série des récitals 2016-2017 ? Patricia aura été l’alpha et l’oméga de la saison du Grand Théâtre. Loin de considérations philosophiques, place à de vraies valeurs, place à l’amour.

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Samuel Barber

(1910-1981)

Four songs for voice and piano op. 13 (1938) Sure On This Shining Night James Agee (1905-1955) Extrait de Permit Me Voyage (1934)

Sûrement, lors de cette brillante nuit

Sure on this shining night Of star made shadows round, Kindness must watch for me This side the ground.

Sûrement, lors de cette brillante nuit Emplie d’ombres d’étoiles, La douceur veille sur moi De ce côté de la terre.

The late year lies down the north. All is healed, all is health. High summer holds the earth. Hearts all whole.

L’année qui s’achève s’attarde au nord, Tout est sain et débordant de vie. Terre tenue au plus haut de l’été. Cœurs emplis de gratitude.

Sure on this shining night I weep for wonder wand’ring far alone Of shadows on the stars. On this shining night.

Sûrement, lors de cette brillante nuit Je pleure d’émerveillement, Errant seul loin Des ombres d’étoiles.

Benjamin Britten

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(1913-1976)

Greensleeves (1941) Chanson populaire du début du XVIème siècle

Les manches vertes

Alas my love you do me wrong To cast me off discourteously; And I have loved you so long, Rejoicing in your company.

Hélas, mon amour, vous me causez du tort, en me rejetant discourtoisement. Et je vous ai aimé, oh, si longtemps, me délectant en votre compagnie.

Greensleeves was all my joy, Greensleeves was my delight. Greensleeves was my heart of gold, And who but my lady Greensleeves?

Ces manches vertes étaient mon plaisir, ces manches vertes étaient mon cœur d’or, ces manches vertes étaient mon cœur de joie, et qui d’autre que ma Dame aux manches vertes ?

I have been ready at your hand, To grant whatever you did crave; And I have waged both life and land, Your love and goodwill for to gain.

J’étais prêt à votre bras, à vous accorder tout ce dont vous auriez eu envie ; et j’ai engagé et ma vie et mon domaine pour avoir votre amour et votre amitié

Greensleeves was all my joy, Greensleeves was my delight. Greensleeves was my heart of gold, And who but my lady Greensleeves?

Ces manches vertes étaient mon plaisir, ces manches vertes étaient mon cœur d’or, ces manches vertes étaient mon cœur de joie, et qui d’autre que ma Dame aux manches vertes ?

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Nicolas Bacri

(1961-)

Melodías de la Melancolía, Op.119a (2010) A la mar Alvaro Escobar Molina (1943-)

À la mer

A la mar me voy cantando Porque no quiero llorar A la mar me voy silbando Lo que trato de contar Ay, melodía de li melancolía!

À la mer je m’en vais chantant, car je ne veux pas pleurer. À la mer je m’en vais sifflant ce que j’essaie de raconter. Hélas, mélodie de ma mélancolie !

Manuel de Falla

(1876-1946)

Siete Canciones populares españolas (1914) El paño moruno Anonyme, chanson populaire

Le beau tissu

Al paño fino, en la tienda, una mancha le cayó; Por menos precio se vende, Porque perdió su valor. ¡Ay!

Sur le beau tissu, dans le magasin, Une tache est tombée, À un moindre prix il se vend, Parce qu’il a perdu de sa valeur. Hélas!

Joaquín Rodrigo

(1901-1999)

Canción del Grumete (1938) Anonyme, chanson populaire

La chanson du mousse

En la mar hay una torre, En la mar hay una torre, Y en la torre una ventana, Y en la ventana una niñna Que a los marineros llama, Que a los marineros llama.

Dans la mer il y a une tour, dans la mer il y a une tour et dans la tour il y a une fenêtre et dans la fenêtre il y a une jeune fille qui appelle les marins, qui appelle les marins.

Por allí viene mi barco, Por allí viene mi barco, Que lo conozco en la vela, Y en el palo mayor lleva Los rizos de mi morena, Los rizos de mi morena...

Là-bas, mon bateau arrive, Là-bas, mon bateau arrive, je le reconnais à sa voile et parce qu’à son grand mât il porte les boucles de ma brune, les boucles de ma brune.

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Fernando Obradors

(1897-1945)

El vito Anonyme, chanson populaire madrilène (XIXème siècle) 
 Una vieja vale un real y una muchacha dos cuartos, y yo, como soy tan pobre me voy a lo más barato. Con el vito, vito, vito, con el vito, vito, va. No me haga ‘usté’ cosquillas, que me pongo ‘colorá’.

Le vito

Coplas de Curro Dulce Francisco Fernández Boigas [Curro Dulce] (1816-1898)

La copla de Curro Dulce

Chiquitita la novia, Chiquitito el novio, Chiquitita la sala, Y el dormitorio, Por eso yo quiero Chiquitita la cama Y el mosquitero.

Toute petite est la fiancée
 et tout petit le fiancé,
 Toute petite la salle à manger et aussi la chambre à coucher. C’est pourquoi je veux un tout petit lit douillet
 et par-dessus, une moustiquaire.

Heitor Villa-Lobos

Une vieille vaut un real et une jeune fille deux cuartos. Mais comme je suis si pauvre je vais au moins cher. Avec le vito, vito, vito,
 avec le vito, vito, tout va.
 Ne me chatouillez pas m’sieur, ou je deviens rouge.

(1887-1959)

Cirandinhas W210 (1925) Nesta Rua tem um bosque no 11 en en Ré mineur Anonyme, Chanson populaire brésilienne

Sur cette route, il y a un bosquet

Nesta rua, nesta rua tem um bosque que se chama, que se chama solidão Dentro dele, dentro dele mora um anjo que roubou, que roubou meu coração.

Sur cette route, il y a un bosquet dont le nom est solitude. Dans lequel habite un ange qui a volé mon cœur.

Si eu roubei, si eu roubei teu coração tu também, tu também roubaste o meu Si eu roubei, si eu roubei teu coração é porque, é porque te quero bem

Tout comme j’ai volé ton cœur tu as volé le mien. Si j’ai volé ton cœur c’est parce que je t’aime.

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GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • PATRICIA PETIBON | RÉCITAL


Frank Bridge

(1879-1941)

Winter Pastoral, H. 168 (1925) - piano seul

Francis Poulenc (1899-1963) Banalités, FP 107 (1940) Sanglots Guillaume Apollinaire (1880-1918), Il y a (1925) Notre amour est réglé par les calmes étoiles Or nous savons qu’en nous beaucoup d’hommes respirent Qui vinrent de très loin et sont un sous nos fronts C’est la chanson des rêveurs Qui s’étaient arraché le cœur Et le portaient dans la main droite... Souviens-t ‘en cher orgueil de tous ces souvenirs Des marins qui chantaient comme des conquérants. Des gouffres de Thulé, des tendres cieux d’Ophir Des malades maudits, de ceux qui fuient leur ombre Et du retour joyeux des heureux émigrants. De ce cœur il coulait du sang Et le rêveur allait pensant À sa blessure délicate ... Tu ne briseras pas la chaîne de ces causes... ... Et douloureuse et nous disait : ... Qui sont les effets d’autres causes Mon pauvre cœur, mon cœur brisé Pareil au cœur de tous les hommes... Voici nos mains que la vie fit esclaves ... Est mort d’amour ou c’est tout comme Est mort d’amour et le voici. Ainsi vont toutes choses Arrachez donc le vôtre aussi! Et rien ne sera libre jusqu’à la fin des temps Laissons tout aux morts Et cachons nos sanglots

Henri Collet

(1885-1951)

Seguidilla, Opus 79 N°1 (1926) - piano seul

RÉCITAL | PATRICIA PETIBON • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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Murray Semos

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(1913-1997)

Frank Stanton

(1908-2006)

Busy Line (1949) Textes des compositeurs Arrangement de Didier Lockwood (1956-)

La ligne est occupée

I put a nickel in the telephone, dialled my baby’s number] Got a brrr, brrr, brrr, brrr, busy line Each time I tried I got a busy tone Not my baby’s number Just a brrr, brrr, brrr, brrr, busy line

J’ai mis une pièce dans le téléphone, j’appelle ma copine] J’ai un son : brrr, brrr, brrr, brrr, la ligne est occupée À chaque fois que j’appelle ça sonne occupé Ce n’est pas le numéro de ma copine Mais juste un brrr, brrr, brrr, brrr, la ligne est occupée

Called his uncle in Jamaica Left a message with the baker Even checked the number in the telephone book Got so awfully, awfully worried To my baby’s house I hurried When I looked inside, the phone was off the hook

J’ai appelé son oncle en Jamaïque J’ai laissé un message au boulanger J’ai même revérifié le numéro dans l’annuaire J’ai commencé à m’inquiéter Je me suis précipité à la maison de ma copine, j’y ai aperçu le téléphone décroché

And as I walked up to my baby – then I got my baby’s number He was busy in the parlour doing fine Busy kissing someone else While I was keeping busy Getting a brrr, brrr, brrr, brrr, busy line

Je me suis dirigé vers elle Je l’ai appelée Elle était occupée au salon, occupée à embrasser quelqu’un d’autre, pendant que la ligne sonnait toujours occupé J’entendais un brrr, brrr, brrr, brrr, la ligne est occupée

... busy line

… la ligne est occupée

Just brrr, brrr, brrr, brrr, busy line

Juste un brrr, brrr, brrr, brrr, la ligne est occupée

Just biz-biz-biz-biz busy line

Juste un biz-biz-biz-biz la ligne est occupée

Biz-biz busy line I put my nickel in the telephone Dialled my baby’s number Got a brrr, brrr, brrr, ... line Each time I tried I got a busy tone Not my baby’s number Just a brrr, brrr, brrr, brrr, busy line

Biz-biz la ligne est occupée J’ai mis une pièce dans le téléphone J’appelle ma copine J’ai un brrr, brrr, brrr, brrr, la ligne est occupée À chaque fois que j’appelle ça sonne occupé Ce n’est pas le numéro de ma copine, mais juste un brrr, brrr, brrr, brrr, la ligne est occupée

In Jamaica, left a message with the baker Even checked his number in the telephone book Got so awfully, awfully worried To my baby’s house I hurried When I looked inside, the phone was off the hook, hook, hook]

J’ai appelé son oncle en Jamaïque J’ai laissé un message au boulanger J’ai même revérifié le numéro dans l’annuaire J’ai commencé à m’inquiéter Je me suis précipité à la maison de ma copine, j’y ai aperçu le téléphone décroché, décroché, décroché

GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • PATRICIA PETIBON | RÉCITAL


Francisco Mignone

(1897-1986)

Dona Janaína (1938) Manuel Bandeira (1886-1968)

Madame Janaína

Dona Janaína Sereia do mar Dona Janaína De maiô encarnado Dona Janaína Vai se banhar.

Madame Janaína, sirène de la mer. Madame Janaína en maillot incarné Madame Janaína va se baigner.

Dona Janaína Princesa do mar Dona Janaína Tem muitos amores É o rei do Congo É o rei de Aloanda É o sultão-dos-matos É São Saravá

Madame Janaína, princesse de la mer, Madame Janaína a plusieurs amoureux: le roi du Congo, le roi d’Aloanda, le roi des prairies, le Saint Saravá,

Saravá saravá Dona Janaína Rainha do mar

Saravá, Saravá Madame Janaína, sirène de la mer.

Dona Janaína Princesa do Mar Dai-me licença Pra eu também brincar No vosso reinado. Saravá saravá

Madame Janaína, princesse de la mer, Permets-moi d’aller m’amuser dans ton règne Saravá, Saravá

Henri Collet

Entracte (1885-1951)

Camiña Don Sancho Anonyme, chanson populaire galicienne

Don Sancho marche

Camiña Don Sancho mañanciña fria, a terra de mouros a librar cautiva.

Don Sancho marche un froid matin sur la terre des Maures, pour libérer les captifs.

Naveira da fonte da fonte vellida, as vendas de liño lavaba mociña

De la belle fontaine, a livré une captive. La jeune fille lavait les bandelettes de lin.

De terra de mouros Don Sancho volvia, Ai!, alma da fonte deixaba cautiva

De la terre des Maures rentrait Don Sancho Aïe, son âme ! Il la laissait captive à la fontaine

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Enrique Granados

(1867-1916)

Tonadillas al estilo antiguo (1914) El mirar de la maja Fernando Periquet Zuaznábar (1873-1940)

Le regard de la belle

Por qué es en mis ojos Tan hondo el mirar Que a fin de cortar Desdenes y enojos los suelo entornar? ¿Qué fuego dentro llevarán Que si acaso con calor los clavo en mi amor Sonrojo me dan?

Pourquoi y a-t-il dans mes yeux un regard si profond que pour éviter dédain et ennui je dois les détourner ? Quel feu portent-ils en eux pour que si avec passion je les dirige vers mon amour ils me fassent rougir ?

Por eso el chispero A quien mi alma dí Al verse ante mí Me tira el sombrero Y díceme así: “Mi Maja, no me mires más Que tus ojos rayos son Y ardiendo en pasión La muerte me dan.”

C’est pourquoi l’homme à qui j’ai donné mon âme, en face de moi baisse son chapeau et me dit : « Ma belle, ne me regarde plus car tes yeux sont des rayons qui brûlent de passion et qui me donnent la mort. »

Joaquín Turina

(1882-1949)

Poema en forma de canciones op. 19 n° 3 (1923)

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Cantares Ramón Campoamor (1817-1901) 
 Màs cerca de mí te siento Cuando más huyo de tí Pues tu imagen es en mí Sombra de mi pensamiento.

Cantiques

Vuélvemelo a decir Pues embelesado ayer Te escuchaba sin oir Y te miraba sin ver.

Redis-le moi, car hier, ensorcelé, je t’écoutais sans entendre et te regardais sans voir.

GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • PATRICIA PETIBON | RÉCITAL

Plus je te fuis, plus je me sens proche de toi, car ton image est en moi, ombre de mes pensées.


Carlos Guastavino

(1912-2000)

La Rosa y el Sauce (1942) Francisco Silva y Valdés (1873-1940)

La rose et le saule

La rosa se iba abriendo Abrazada al sauce, El árbol apasionada, La amaba tanto! Pero una niña coqueta Se la ha robado, Y el sauce desconsolado Le está llorando.

La rose se réveille dans l’étreinte du saule pleureur. Ce dieu des arbres l’adorait tendrement ! Mais une jeune fille frivole l’a volée et le saule inconsolable est en deuil.

Agustín Lara

(1897-1970)

Granada, fantasía española (1932) Texte du compositeur

Grenade, fantaisie espagnole

Granada, tierra soñada por mí mi cantar se vuelve gitano cuando es para ti mi cantar hecho de fantasía mi cantar flor de melancolía
 que yo te vengo a dar.

Grenade, terre de mes rêves
 mon chant, il devient gitan quand il t’est destiné mon chant, fait de fantaisie
 mon chant, fleur de mélancolie
 Que je viens te donner.

Granada,
 tierra ensangrentada en tardes de toros.

Grenade,
 terre ensanglantée
 par les soirées de corrida.

Mujer que conserva el embrujo de los ojos moros;
 te sueño rebelde y gitana cubierta de flores y beso tu boca de grana jugosa manzana
 que me habla de amores.

Femme qui conserve l’ensorcellement des yeux maures. Je te rêve gitane et rebelle
 couverte de fleurs et j’embrasse ta bouche de grenat, pomme juteuse,
 qui me parle d’amours.

Granada manola,
 cantada en coplas preciosas
 no tengo otra cosa que darte que un ramo de rosas,
 de rosas de suave fragancia
 que le dieran marco a la Virgen morena.

Grenade manola,
 chantée en précieux couplets
 je n’ai rien d’autre à te donner qu’un bouquet de roses,
 de roses au parfum suave qui encadraient la Vierge noire.

Granada,
 tu tierra está llena de lindas mujeres de sangre y de sol.

Grenade,
 ta terre est pleine de belles femmes, de sang et de soleil.

RÉCITAL | PATRICIA PETIBON • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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Francis Poulenc (1899-1963) Novelette N° 1, FP 47 (1927) - piano seul

Frank Churchill

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(1901-1942)

Someday My Prince Will Come (1937) Larry Morey (1905-1971) Arrangement de Didier Lockwood (1956-)

Un jour, mon prince viendra

Heigh ho, heigh ho, it’s off to work we go We keep on singing all day long, Heigh ho, heigh ho.

Heigh-ho, heigh-ho, on rentre du boulot On chante toute la journée, heigh-ho, heigh-ho.

Someday my prince will come, Someday we’ll meet again, And away to his castle we’ll go, To be happy forever I know.

Un jour, mon prince viendra, un jour on s’aimera. Dans son château heureux s’en allant goûter le bonheur qui nous attend.

Someday when spring is here, We’ll find our love anew, And the birds will sing, Wedding bells ring, Someday when my dreams come true.

Quand le printemps, un jour, ranimera l’amour. Les oiseaux chanteront, Les cloches sonneront, L’union de nos cœurs, un jour.

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Norbert Glanzberg

(1910-2001)

Padam Padam (1951) Henri Contet (1904-1998) arrangement de Dimitri Naïditch
(1963-) Cet air qui m’obsède jour et nuit Cet air n’est pas né d’aujourd’hui Il vient d’aussi loin que je viens Traîné par cent mille musiciens Un jour cet air me rendra folle Cent fois j’ai voulu dire pourquoi Mais il m’a coupé la parole Il parle toujours avant moi Et sa voix couvre ma voix Padam... padam... padam... Il arrive en courant derrière moi Padam... padam... padam... Il me fait le coup du souviens-toi Padam... padam... padam... C’est un air qui me montre du doigt Et je traîne après moi comme une drôle d’erreur Cet air qui sait tout par cœur Il dit: Rappelle-toi tes amours Rappelle-toi puisque c’est ton tour Y a pas d’raison pour qu’tu n’pleures pas

Avec tes souvenirs sur les bras... Et moi je revois ceux qui restent Mes vingt ans font battre tambour Je vois s’entrebattre des gestes Toute la comédie des amours Sur cet air qui va toujours Padam... padam... padam... Des je t’aime » de quatorze-juillet Padam... padam... padam... Des toujours » qu’on achète au rabais Padam... padam... padam... Des veux-tu» en voilà par paquets Et tout ça pour tomber juste au coin d’la rue Sur l’air qui m’a reconnue Écoutez le chahut qu’il me fait Comme si tout mon passé défilait Faut garder du chagrin pour après J’en ai tout un solfège sur cet air qui bat Qui bat comme un cœur de bois...

RÉCITAL | PATRICIA PETIBON • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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BIOGRAPHIES Patricia Petibon Soprano

Au Grand Théâtre de Genève : Les Contes d’Hoffmann (Olympia) 01-02, Ariodante (Ginevra) 07-08, Les Contes d’Hoffmann (Olympia) 08-09, Lulu (rôle-titre) 09-10, récitals 09-10 et 14-15, Manon Lescaut (Manon) 16-17.

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GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • PATRICIA PETIBON | RÉCITAL

© BERNARD MARTINEZ

Élève de Rachel Yakar au CNSM de Paris et découverte par William Christie, Patricia Petibon maîtrise un répertoire qui s’étend du baroque français à la musique contemporaine. Depuis ses débuts à l’Opéra de Paris en 1996 dans Hippolyte et Aricie de Rameau, elle est apparue dans des opéras allant de Mozart à Offenbach, en passant par Donizetti et Verdi, sur toutes les scènes majeures internationales, avec les chefs et les orchestres les plus reconnus. Les temps forts de la saison 2015-2016 comprennent Gilda (Rigoletto) à Munich et Asteria (Mitridate) au Théâtre des Champs-Élysées et à Dijon. On a aussi pu l’entendre dans de nombreux récitals – entre autres à Dortmund, à La Rochelle, au Wigmore Hall, au Concertgebouw. Elle a également participé à des tournées avec La Cetra et Andrea Marcon, Le Concert d’Astrée et Emmanuelle Haïm, l’ensemble baroque Amarillis, ainsi qu’avec le Venice Baroque, et s’est produite en concert avec l’Orchestre national de France et Gustavo Gimeno, le Gewandhaus Orchester Leipzig et Jeremy Rohrer, le hr-Sinfonieorchester Frankfurt et Andrea Marcon et l’Orchestre de la Fundação Calouste Gulbenkian et Frédéric Chaslin. Récemment, elle incarne Mélisande (Pelléas et Mélisande) au Théâtre des Champs-Élysées. Parmi ses projets : Giunia (Lucio Silla) au Teatro Real, Blanche de la Force (Dialogues des Carmélites) à La Monnaie et au Théâtre des Champs-Élysées, Euridice (Orfeo ed Euridice) au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra royal de Versailles. Parmi une large discographie, citons la sortie de son dernier album solo La Belle Excentrique, en 2014.


RÉCITAL | PATRICIA PETIBON • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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BIOGRAPHIES

Susan Manoff Piano

Au Grand Théâtre de Genève : récitals avec Patricia Petibon 09-10 et 14-15.

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© BERNARD MARTINEZ

Née à New York et d’origine lettone et allemande, Susan Manoff étudie le piano à la Manhattan School of Music et à l’University of Oregon. Des études intensives avec Gwendoline Koldowsky la conduisent à approfondir le répertoire du lied et de la mélodie. Parallèlement à son activité dans le domaine de la musique vocale, elle se consacre aux autres répertoires pour piano. Passionnée par la musique de chambre, elle joue régulièrement dans les grands festivals et salles de concert tels que le Théâtre des Champs-Élysées, le Théâtre du Châtelet, la Salle Gaveau, le Wigmore Hall, le Concertgebouw, le Carnegie Hall, les Konzerthaus et Musikverein de Vienne et l’Oji Hall. Elle est invitée régulièrement par France Musique. Pianiste curieuse et amoureuse du théâtre, elle crée de nombreux spectacles mêlant musique et texte, collaborant avec des comédiens comme Jean Rochefort, Fabrice Luchini et Marie-Christine Barrault et des metteurs en scène comme HansJürgen Syberberg et Joël Jouanneau. Parmi ses enregistrements figurent son premier disque avec Sandrine Piau, intitulé Évocation (2007), et un deuxième, Après un Rêve (2011), un album dédié aux sonates de Beethoven avec un autre artiste qui lui est cher, Nemanja Radulović (2010), La Belle Excentrique avec Patricia Petibon (2014) et un album dédié aux compositeurs Henri Duparc, Ernest Chausson et Reynaldo Hahn, Néère (2015), avec Véronique Gens (Gramophone Award 2016). Susan Manoff a été cheffe de chœur adjointe à l’Opéra national de Paris et est actuellement professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. En 2011, elle est nommée Chevalier des Arts et des Lettres.


RÉCITAL | PATRICIA PETIBON • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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PROCHAINEMENT CONCERT JEUNE PUBLIC

CONCERT EXCEPTIONNEL

Pierre et le Loup Le Bûcher d'hiver

Nina Stemme

Contes musicaux de Sergueï Prokofiev

Nouvelle production en version de concert À l’Opéra des Nations 25, 27, 28 juin 2017 à 19 h 30 Direction musicale Philippe Béran Mise en espace & récitant Joan Mompart

Soprano

En coproduction avec l’agence Caecilia À l’Opéra des Nations Samedi 2 septembre 2017 à 19 h 30 Direction musicale Thomas Dausgaard Svenska Kammarorkestern Brahms / Wagner / Weill

Orchestre du Collège de Genève Chœur du DIP-école des Pâquis « Chœur en scène » du Conservatoire de musique de Genève

OPÉRA - EN VERSION DE CONCERT

La Clemenza di Tito Opera seria en 2 actes de Wolfgang Amadeus Mozart

Version de concert À l’Opéra des Nations Dimanche 27 août 2017 à 19 h 30 Direction musicale Teodor Currentzis Avec Maximilien Schmitt, Karina Gauvin, Anna Lucia Richter, Jeanine de Bique, Willard White Ensemble MusicAeterna

Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de la rédaction Daniel Dollé Responsable de l’édition Aimery Chaigne ont collaboré à ce programme Yahsmina Coutaz, Isabelle Jornod, Tania Rutigliani Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN JUIN 2017


LE TEMPS

JEUDI 27 AVRIL 2017

8 Suisse

Pour le Conseil fédéral, RASA n’amène plus de «valeur ajoutée» SUISSE-UE Le gouvernement renonce à prés enter un contre-projet à l’initiative populaire qui veut supprimer l’article constitutionnel sur la restriction de l’immigration. Le comité RASA reverra sa stratégie d’ici à l’été

Le réalisme politique l’emporte sur les considérations juridiques. Le Conseil fédéral renonce à présenter un contre-projet à l’initiative populaire RASA. Ce texte veut biffer de la Constitution l’article 121 a qui y est entré le 9 février 2014 suite à la votation «Contre l’immigration de masse». En décembre, le gouvernement a mis en consultation deux contre-projets à RASA. Sans aller jusqu’à vouloir tirer un trait sur ce fameux article 121 a, il estimait nécessaire «pour la crédibilité de la démocratie directe» d’adapter la Constitution à la mise en œuvre souple des dispositions migratoires faite par le parlement, qui se résume à une préférence aux chômeurs indigènes. Las. Les deux contre-projets n’ont pas trouvé grâce aux yeux des acteurs politiques et économiques du pays à quelques exceptions près. «Le Conseil fédéral ne voit pas de possibilité d’obtenir une majorité en faveur d’un contre-projet au parlement ou lors d’un vote populaire», affirme Simonetta Sommaruga. La ministre chargée du dossier estime aussi que la situation a changé depuis décembre. «Le référendum contre la loi d’application du parlement n’a pas abouti. Le Conseil fédéral l’interprète comme le fait qu’une majorité de la population est satisfaite.» En décembre, pour justifier un contre-projet à RASA, la socialiste précisait encore que la population

(PETER SCHNEIDER/KEYSTONE)

LISE BAILAT, BERNE t @LiseBailat

«Le Conseil fédéral ne voit pas de possibilité d’obtenir une majorité en faveur d’un contre-projet au parlement», a expliqué Simonetta Sommaruga.

devait pouvoir voter une nouvelle fois sur la question de la libre circulation des personnes. Elle présume aujourd’hui que cette occasion se présentera de toute manière: «Certains cercles ont l’intention de lancer une nouvelle initiative populaire pour résilier l’Accord sur la libre circulation des personnes. Une question claire serait alors posée aux citoyens. Et l’initiative pour l’autodétermination de l’UDC qui prévoit une résiliation des accords internationaux en contradiction avec le droit suisse a abouti.»

Interprétation très floue

L’argumentaire du gouvernement s’arrête là. «Le Conseil fédéral aurait volontiers écarté la contradiction entre la Constitution et la loi. Mais en politique il y a ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas», résume Simonetta Sommaruga. Elle reconnaît que de telles contradictions ne sont pas souhaitables. Mais elle souligne que «d’autres articles constitutionnels n’ont pas été mis en œuvre ou que partiellement».

«RASA était très importante. Elle a permis de faire pression pour la sauvegarde des bilatérales» L’égalité salariale par exemple. Tout de même, quelle sera la portée de l’article 121a de la Constitution en regard du développement du droit? Le Conseil fédéral et son administration restent très flous à cet égard. «Il faudra examiner chaque nouveau traité de manière distincte», évacue Mario Gattiker, le secrétaire d’Etat aux migrations.

Mince espoir d’un contreprojet aux Etats

Le parlement a désormais un an pour traiter RASA. Le comité d’initiative appelle de ses vœux un débat de fond. Il s’accroche à l’es-

PANORAMA Moutier face à son sort

poir d’un contre-projet élaboré par le législatif. Ses chances sont minces. Dans leur majorité, les partis n’en veulent pas. Seuls les Verts et les Vert’libéraux militent toujours pour un contre-projet, tandis que le PS se dit ouvert, sans plus. La seule éclaircie pour le comité RASA pourrait venir du Conseil des Etats, où quelques élus sont acquis à la nécessité d’éliminer le conflit de normes entre la Constitution et la pratique légale. «Oui je soutiendrai un contre-projet à RASA à une exception près: si d’ici à l’automne, l’UDC lance une initiative pour la résiliation des bilatérales I et la formule de manière claire et précise», indique Andrea Caroni (PLR/AR). Le comité RASA compte clarifier sa position stratégique – et la question d’un retrait de son texte – d’ici à l’été. Il observera lui aussi le développement de la politique d’opposition à la libre circulation menée par l’UDC et l’ASIN. «Nous sommes particulièrement peu convaincus par l’argument du Conseil fédéral qui dit qu’un futur vote sur la libre circulation des personnes se fera de toute manière via une initiative de résiliation. Ni le texte ni sa cible ne sont connus pour l’instant», souligne Sean Serafin, membre du comité RASA. Sans contre-projet, si elle devait être présentée seule au vote, l’initiative RASA deviendrait sans objet, à en croire Simonetta Sommaruga. Un oui ne rendrait pas caduque la loi de gestion de l’immigration approuvée par le parlement, un non pourrait se lire comme un signe de satisfaction envers cette même loi, interprète la socialiste. «RASA était très importante. Elle a permis de faire pression pour la sauvegarde des bilatérales. Mais elle n’apporte plus aucune valeur ajoutée aujourd’hui», conclut la ministre. ■

MAIS ENCORE Soucis pour la radio Grrif En cinq ans d’existence, la radio Grrif a étoffé son public y compris hors de l’Arc jurassien, tout en gardant son caractère piquant. Mais la chaîne privée, qui n’a pas droit à la redevance, cherche à accroître ses revenus pour affronter une situation financière tendue. Grrif a été lancée en 2012 par Pierre Steulet, patron du groupe BNJ qui réunit RJB, RTN et RFJ (chaînes qui, elles, ont droit à la redevance). La nouvelle chaîne basée à Delémont atteignait 35 000 auditeurs un an plus tard et elle a franchi les 50 000 en 2016. ATS

COMMENTAIRE

RASA ou la dernière porte du slalom géant du gouvernement RASA ne tient plus qu’à un fil. Le Conseil fédéral ne veut plus d’un contre-projet à ce texte qui a viré au casse-tête. Une majorité du parlement y est également hostile. Il faut reconnaître des mérites à RASA. Issue de la société civile, cette initiative a porté la voix des 49,7% de Suisses qui ont voté contre la proposition de l’UDC le 9 février 2014. Elle a permis de faire pression en faveur d’une solution de mise en œuvre eurocompatible des dispositions migratoires. Présentée comme un plan B, au cas où les bilatérales devaient être menacées de mort, RASA a rempli sa mission. Le Conseil fédéral a raison sur ce point. Et finalement, sans menacer les bilaté-

rales, le fait d’accompagner davantage l’immigration des travailleurs permet de répondre à des préoccupations bien réelles sous les caricatures qu’en fait l’UDC. En Suisse comme ailleurs, les marginalisés de la globalisation disent leur besoin de protection. Le Conseil fédéral convainc nettement moins sur le reste de son argumentaire. Lancé dans un slalom géant depuis le 9 février 2014, il donne le tournis. Il voulait une application stricte de l’initiative de l’UDC «Contre l’immigration de masse» et renégocier la libre circulation des personnes avec Bruxelles. Il s’est heurté à un mur. Il voulait un contre-projet à l’initiative RASA. Il y renonce tout en appelant de ses vœux un vote de clarification sur

la voie bilatérale. Il s’en remet finalement aux cercles nationalistes pour provoquer ce scrutin, persuadé d’avoir enfin une occasion de remporter une manche. Il y a bien sûr des considérations politiques derrière ces revirements. Mais sur le fond, un malaise subsiste. Le Conseil fédéral a beaucoup insisté sur la notion de crédibilité de la démocratie directe tout au long de ce débat. En Suisse, on ne vote pas à la légère, la Constitution n’est pas un catalogue de vœux pieux. En faisant une croix sur un contre-projet à RASA, il renforce le message que l’UDC distille aux citoyens à chaque vote: si vous voulez qu’il reste à la fin un peu de poivre, ne lésinez pas sur les piments au départ.

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Le canton du Jura veut accueillir Moutier (BE) dans les meilleures conditions. Le parlement a accepté mercredi par 58 voix et 1 abstention tous les engagements figurant dans le message adressé au corps électoral prévôtois en vue de la votation du 18 juin sur son appartenance cantonale. Au même moment, le gouvernement bernois remettait son propre message aux autorités de Moutier en passant en revue les acquis de la cité prévôtoise dans le canton de Berne et ses perspectives de développement. Si Moutier (BE) refuse le 18 juin de rejoindre le canton du Jura, la question de son appartenance cantonale sera réglée. En cas de oui, les citoyens des cantons de Berne et du Jura se prononceront sur un concordat intercantonal avant que le dossier ne soit transmis aux Chambres fédérales. La modification territoriale pourrait entrer en vigueur au 1er janvier 2021. Le vote de Moutier constitue la dernière étape du processus mis en place en 2012 par les gouvernements bernois et jurassien pour régler la Question jurassienne. ATS/LT

Accès à l’emploi facilité pour les permis F Les détenteurs de permis F ne devraient plus s’acquitter d’une taxe spéciale sur le revenu de l’activité lucrative. Le Conseil fédéral a mis mercredi en consultation jusqu’au 16 août un projet qui vise à faciliter l’insertion professionnelle des étrangers. Les révisions d’ordonnance découlent de la nouvelle loi sur les étrangers et l’intégration adoptée en décembre par le parlement. Il s’agit de mieux mettre à profit le potentiel professionnel des personnes se trouvant en Suisse. ATS

Nouveau «cerveau du rail» à la gare de Lausanne Les travaux du nouveau poste d’enclenchement de Lausanne vont de l’avant. Mercredi, une grue a descendu un tunnelier de 63 tonnes dans un puits à plus de 25 mètres de profondeur. La machine creusera une galerie à câbles de 620 mètres de long, sous la gare de Lausanne. L’enclenchement est le véritable cerveau du rail, ont expliqué mercredi les CFF. Il commande les signaux et les aiguillages et gère le trafic ferroviaire. Celui de Lausanne doit être adapté, préalable essentiel aux travaux d’agrandissement de la gare. ATS

Frontaliers genevois: 281 millions à la France Pour 2016, Genève verse 281 millions de francs à la Haute-Savoie et à l’Ain au titre de rétrocession de l’impôt à la source perçu auprès des travailleurs frontaliers travaillant dans le canton. L’utilisation des fonds par les deux départements français est désormais rendue publique. La compensation s’élève à 3,5% des salaires bruts des frontaliers domiciliés en Haute-Savoie et dans l’Ain. ATS

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Eric Stauffer dénonce les millions perdus des HUG GENÈVE Le député dépose une motion afin de savoir pourquoi certaines créances envers les assurances n’ont pas été réclamées

Eric Stauffer dégaine son arme préférée. Le scandale. Après avoir fait trembler les Services industriels, le député s’en prend désormais à une autre institution phare du canton. Les Hôpitaux universitaires de Genève. Dans une motion, déposée ce 26 avril au Grand Conseil, l’ancien tribun du MCG dénonce: «Les HUG ont perdu des dizaines de millions de créances dues par les assurances, parfaitement connues et solvables, juste parce qu’ils n’ont rien fait.» Pour soutenir sa démarche, Eric Stauf-

fer s’appuie sur un audit interne et confidentiel, commandé en 2013 par l’ancien directeur général Bernard Gruson après que plus de 70 millions de francs ont été passés en pertes relatives à des clients douteux, qu’ils soient assureurs ou personnes physiques. Ce montant se rapporte à l’année 2011 durant laquelle le gros des pertes cumulées a été purgé. Rendu en 2015, ce rapport relève que les créances impayées représentent un manque à gagner important pour les HUG et que le recouvrement de ces factures concerne aussi bien des particuliers que des compagnies d’assurances suisses et étrangères. Pour 2013, le montant des débiteurs passés en perte s’élevait encore à 23,7 millions.

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En substance, Eric Stauffer se demande pourquoi les HUG ont renoncé à réclamer leur dû aux caisses et ont laissé prescrire des montants colossaux alors que les débiteurs étaient solvables. «D’un côté, l’Etat paye les primes des gens insolvables et, de l’autre, il ne poursuit pas les assurances qui doivent rembourser les frais médicaux. Je veux savoir pourquoi on a payé deux fois. Ces questions méritent d’être posées», relève le député.

Volet judiciaire

Contacté, François Canonica, le président du conseil d’administration des HUG, précise: «La situation est connue de nous et de la justice. Celle-ci concerne une période ancienne se situant entre 2000

et 2010 au cours de laquelle, pendant au moins une législature, Eric Stauffer était d’ailleurs lui-même administrateur.» Il ajoute que «la motion semble additionner des montants relatifs à la délivrance d’actes de défaut de biens et d’abandons de créances partiels ou totaux. Il y a également des dossiers qui ont souffert de prescription. La situation doit être analysée à la lumière d’un chiffre d’affaires oscillant à l’époque entre 700 et 750 millions de francs. Nous donnerons des éléments chiffrés très précis dans la réponse qui sera faite à cette motion.» François Canonica conclut que, depuis mi-2015, à sa demande et en collaboration avec la directrice des finances, «les procédures de gestion ont été rigou-

reuses». Cette affaire déborde dans l’arène politique alors que, et ce n’est sans doute pas un hasard, l’enquête pénale, initiée fin 2015, se poursuit contre l’ancien responsable du service des comptabilités des HUG et un avocat de la place pour avoir traqué les mauvais payeurs en facturant des honoraires mirobolants. Les prévenus contestent toute gestion déloyale des intérêts publics et opposent leur action – justement – à cette inaction qui régnait auparavant et qui favorisait des assureurs trop peu bousculés. Les règlements de comptes sont loin d’être terminés. ■ FATI MANSOUR t @FatiMansour


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