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THOMAS

HAMPSON Baryton

WOLFRAM RIEGER Piano

SCHUMANN | MAHLER

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Thomas Hampson soutient la Médiathèque Musicale Mahler *

Située à Paris dans un hôtel particulier proche du parc Monceau, la Médiathèque Musicale Mahler propose un instrument de travail unique à tous ceux dont les activités sont liées au monde de la musique classique – compositeurs et interprètes, chercheurs et musicologues, producteurs de radio ou de télévision, responsables d’orchestres et d’institutions. La Médiathèque Musicale Mahler met à la disposition de tous : un ensemble exceptionnel de collections sur la musique classique du Moyen-Âge à nos jours, une bibliothèque de livres et périodiques spécialisés, une discothèque, un ensemble de partitions, des fonds d’archives et de manuscrits uniques en leur genre, une documentation de plus de 16 000 dossiers sur les compositeurs et interprètes de notre siècle et une riche photothèque ; plusieurs services : consultation sur place de l’ensemble des collections, réalisation de recherches documentaires ou iconographiques de tous types, organisation d’expositions… La Médiathèque Musicale Mahler est une association née en 1986 de la volonté de deux musicologues, Maurice Fleuret et Henry-Louis de La Grange, qui ont souhaité mettre à la disposition d’un large public leurs collections personnelles. En 2015 la Médiathèque Musicale Mahler a engagé un partenariat privilégié avec la Fondation Royaumont afin de valoriser ses collections à travers des activités de recherche, de formation et de diffusion. *  Thomas Hampson et Henry-Louis de La Grange se sont rencontrés en 1986 lors de la cinquième édition des Gustav Mahler Musikwochen à Toblach (Italie). Depuis cette époque, Thomas Hampson a soutenu avec une grande fidélité l'activité de la Médiathèque Musicale Mahler, notamment lors d'un mémorable récital de lieds de Mahler au Théâtre du Châtelet, pour le dixième anniversaire de la Médiathèque en 1996 ; puis en 1999, lors d'un concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Pierre Boulez au Théâtre des Champs Elysées. Nous remercions Thomas Hampson qui, avec une grande générosité, se produit ce soir au profit de la Médiathèque.

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SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE

PARTENAIRES DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE ASSOCIATION DES COMMUNES GENEVOISES

CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

ÉTAT DE GENÈVE

PARTENAIRE DE SAISON

PARTENAIRE DE SAISON

PARTENAIRE FONDATEUR DE LA TROUPE DES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE

PARTENAIRE DU PROGRAMME PÉDAGOGIQUE

PARTENAIRE DES RÉCITALS

FONDATION VALERIA ROSSI DI MONTELERA

PARTENAIRES DE PROJET

FAMILLE LUNDIN

FAMILLE FIRMENICH

PARTENAIRES MÉDIA

PARTENAIRES DU GENEVA OPERA POOL BANQUE PICTET & CIE SA CARGILL INTERNATIONAL SA HYPOSWISS PRIVATE BANK GENÈVE SA TOTSA TOTAL OIL TRADING SA UNION BANCAIRE PRIVÉE, UBP SA

PARTENAIRES D’ÉCHANGE CARAN D’ACHE

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EXERSUISSE

FLEURIOT FLEURS

GENERALI ASSURANCE

TAITTINGER

UNIRESO / TPG

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RÉCITAL Mardi 13 septembre 2016 à 19 h 30 À l’Opéra des Nations Avec le soutien de

THOMAS

HAMPSON Baryton

WOLFRAM RIEGER Piano

ROBERT SCHUMANN 20 lieds et mélodies tirés de Lyrisches Intermezzo Buch der Lieder de Heinrich Heine I - Im wunderschönen Monat Mai II - Aus meinen Tränen spriessen III - Die Rose, die Lilie IV - Wenn ich deine Augen seh’ V - Dein Angesicht VI - Lehn’ deine Wang’ VII - Ich will meine Seele tauchen VIII - Im Rhein, im heiligen Strome IX - Ich grolle nicht X - Und wüssten’s die Blumen, die kleinen XI - Das ist ein Flöten und Geigen XII - Hör’ ich das Liedchen klingen XIII - Ein Jüngling liebt ein Mädchen XIV - Am leuchtenden Sommermorgen XV - Es leuchtet meine Liebe XVI - Mein Wagen rollet langsam

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XVII - Ich hab’ im Traum geweinet XVIII - Allnächtlich im Traume XIX - Aus alten Märchen winkt es XX - Die alten, bösen Lieder Entracte GUSTAV MAHLER Lieds et mélodies de jeunesse Erinnerung Des Knaben Wunderhorn (extraits) Ich ging mit Lust durch einen grünen Wald Aus! Aus! Nicht Wiedersehen! Der Schildwache Nachtlied Lied des Verfolgten im Turm Das irdische Leben Das himmlische Leben Urlicht

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© DE AGOSTINI PICTURE LIBRARY / BRIDGEMAN IMAGES

Robert Schumann et sa femme Clara au piano Anonyme, XIXème Collection privée Gravure

Robert Schumann

L'amour pensé en harmonie

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a Stimmung du lied schumannien est très différente de celle de Schubert ou de Brahms – pour ne citer que deux des plus grands compositeurs de mélodies romantiques. Cette notion même de Stimmung, qu’il est si difficile de transposer en français, car il n’existe, pour la traduction de ce mot, aucun équivalent exact et suffisant, constitue le caractère essentiel de l’œuvre d’art, et principalement de l’œuvre d’art romantique, qu’il s’agisse d’un tableau, d’un poème ou d’une mélodie. Charles du Bos est parti d’une phrase capitale de Novalis, dans ses Fragments : « Le mot Stimmung indique présage des conditions psychiques, de nature musicale. L’acoustique de l’âme

Robert Schumann et ses muses d'après Carl Schweninger The Elder, 1910 Collection privée Carte postale

© ARCHIVES CHARMET / BRIDGEMAN IMAGES

de Marcel Brion, Schumann et l’âme romantique, Éditions Albin-Michel, 1954

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L'AMOUR PENSÉ EN HARMONIE MARCEL BRION

est un domaine encore obscur, mais peut-être très important. Les vibrations harmonieuses et discordantes, pour tenter une approximation française de mot intraduisible. Le mot désigne tout ensemble l’accord d’un instrument et la disposition d’une âme, et c’est au point de jonction des deux sens, dans leur interprétation même, que le phénomène a lieu : une âme en état de Stimmung est une âme tout accordée. Accord spontané, dû, quand il se produit, à un mystérieux contact, où l’harmonie ne relève pas de quelque processus de réglage, qui n’a rien de commun avec la recherche, la conquête ou même l’obtention d’un équilibre ». La Stimmung est essentiellement de nature musicale, et elle inspire les autres arts, ou émane d’eux, dans la mesure même où ils se rapprochent de la musique. Un autre fragment de Novalis (III, 67) désigne précisément la qualité de Stimmung suscitée chez l’auditeur par la musique. « Instants pleins de grandeur et d’énergie. Sentiment que la raison vient éterniser. Sans ces Stimmungen, l’on est si indifférent, si mort ! » Cette harmonie intime et totale entre le créateur et la création, cet accord entre l’artiste et l’œuvre d’art, et entre les différentes natures de l’artiste qui ont collaboré à la naissance de cette œuvre d’art, sont la source même de la Stimmung et celle qui est propre à chaque artiste se définit par rapport aux caractères uniques de l’œuvre, à ce qui fait la différence de toutes les autres et une dans son ensemble. (…) Chez Schumann, et particulièrement dans les lieder, réside un ineffable accord, que nous ne trouvons à un égal degré que chez Mozart. Que dans les deux cent cinquante lieder, environ, qu’il a composés, il n’y en ait aucun où ne se révèle avec une entière plénitude, la Stimmung particulière à Schumann, et qui est tout à la fois son âme, son génie musical, son sentiment poétique, sa maîtrise technique, cela montre bien à quel point le lied, autant que le piano, était le langage le plus intime de son cœur, le plus riche en nuances. (…). La part faite au piano est considérable, aussi, comme il est naturel chez un musicien qui a toujours considéré le clavier non pas comme un

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instrument extérieur, mais comme une partie de lui-même. Dans les lieder de Schumann, le piano n’accompagne pas le chant, il en est partie intégrante, et la mélodie devient ainsi un dialogue entre la voix et le clavier, dialogue dans lequel deux « êtres » différents conversent chacun avec sa nature et son caractère particulier, et il n’est pas rare qu’ils expriment des sentiments différents, comme cela se rencontre fréquemment dans Dichterliebe, op.48 composé sur seize poèmes de Heine : Cette qualité traduit justement l’ambiguïté du poème, les sentiments contrastés qui y sont inscrits, et lorsque la voix parle d’espoir, le clavier, à l’arrière-plan, raille et plaint ses illusions. Ce dialogue n’est possible et efficace que si le piano est utilisé comme concertant avec la voix, c’està-dire si la partie musicale qui lui est attribuée conserve une certaine autonomie, tout en s’accordant, bien entendu, avec le poème ; si voix et piano gardent leur individualité distincte, et leur personnalité. Il ne serait pas absurde d’imaginer que la partie de piano de tel lied s’affranchisse de la partie chantée : elle ne serait pas annulée pour cela ; elle resterait valable ; elle préserverait son existence et son action. Cela parce que Schumann, loin de réduire l’instrumentation au rôle d’accompagnateur, la fait chanter d’égal à égal avec la voix : Bien loin d’être subordonné au chant, c’est le piano en définitive qui a la parole en dernier, puisque le compositeur lui réserve presque toujours un post-lude assez long et, artistiquement, assez important ; aussi important que le prélude, analogue parfois, du moins dans sa finalité, à ce qu’était le récitatif qui précédait l’ « air », dans la musique du XVIIIème siècle. Mais au lieu d’un récit construit sur des poncifs devenus la tradition, le prélude de Schumann détermine, dès les premières mesures, l’état d’âme et le prépare chez l’auditeur. Le piano, en ce sens, conduit l’émotion virtuelle de cet auditeur, et la prépare à ce qu’elle doit devenir, avec une discrétion et une intensité, cependant, qui participent à l’incantation. Et, de la même manière, le post-lude prolonge et continue l’émotion, après que les mots se sont tus, comme une musique dont les résonances lointaines se

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MARCEL BRION L'AMOUR PENSÉ EN HARMONIE

fondent et se perdent dans les lointains. Ainsi la voix « venant de loin », – aus der Ferne –, retournet-elle par l’effet du post-lude à ce « lointain » où le prélude était allé la chercher. Cela est essentiellement romantique, et l’on peut dire, en ce sens, qu’un lied est d’autant plus romantique qu’il vient de loin, et que ces voyages du loin et vers le lointain sont exprimés dans le chant même du piano, dont l’avènement correspond, d’ailleurs chronologiquement, à celui du Romantisme, comme si l’âme romantique, à l’étroit dans la caisse du clavecin, et prisonnière de la corde pincée, avait créé pour les besoins mêmes de son expression le piano-forte, capable de tumultueux orages et de surnaturelles douceurs, affranchi des limites qui contraignaient auparavant son ancêtre lointain, le clavicorde. Pour Schumann, donc, écrire pour le chant c’est continuer à écrire pour le piano, et associer une forme assez nouvelle dans son œuvre, la musique et la poésie. La poésie d’abord, dans son acception de sentiment poétique, indépendamment du poème qui fournit le texte du lied. L’important reste le chant, mystérieuse vertu de la musique, vertu surnaturelle, et presque divine qui « transporte », au sens littéral et non pas métaphorique, les poètes romantiques, vers les lointains : ces lointains auxquels les poèmes et les contes font allusion sans cesse, que découvrent, à la même époque, les peintres, et qui chez les uns et les autres, suggèrent l’apparition d’un au-delà, d’un autre monde. (…) Cette année 1840, consacrée en grande partie à la composition des lieder, présente une importance exceptionnelle à la fois pour le développement artistique de Schumann, et pour son développement humain. La mélodie a ouvert une voie splendide à l’expansion de lui-même, à l’expression totale de sa personnalité. «Avant tout, écrivez pour le chant, conseille-t-il à Herzog, qui a sollicité son avis, lorsqu’on est un musicien convaincu, c’est le moyen le plus rapide d’arriver à l’épanouissement. » (…) Il est incontestable que Schumann atteint dans le lied des états de connaissance que le piano ne lui

avait pas procurés, et qui sont réservés, peut-être, à l’étrange magie de la voix humaine, au moment où le poème qu’elle énonce s’élève sur les « ailes du chant », où la parole acquiert, par son union avec la musique, des facultés d’expression qu’elle ne possédait pas auparavant, et dont la musique à son tour, s’enrichit en même temps. (…) Création d’un langage musical pour le poète, donc, et pour le musicien d’un langage poétique, dans l’harmonie des sons et des mots, le lied est le « premier état » de cette harmonie que Schumann tentera plus tard d’étendre aux grandes œuvres symphoniques-chorales et à l’opéra, mais il manquera à celles-ci le caractère d’intimité que conserve ce duo du clavier et de la voix, ce mariage de l’être humain et de l’instrument parvenus à une insoluble unité.

Quelle est la place de Schumann dans l’évolution du lied romantique ? Extraordinairement importante, parce qu’elle représente le Romantisme dans ses aspirations les plus hautes et les plus essentielles (…)

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Portrait de Gustav Mahler Anonyme, XXème Collection privée Photographie

Gustav Mahler

Entre romantisme et modernité...

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rop en avance sur son temps, l’œuvre de Mahler mettra du temps à s’imposer. Sans son énergie à la défendre, elle reste négligée après sa mort, en dépit des efforts de ses proches dont Alma, Bruno Walter et Otto Klemperer. « Mon temps viendra » disait-il devant les difficultés qu’il rencontrait pour faire accepter ses œuvres. L’œuvre de Mahler est le miroir de la vulnérabilité humaine. L’œuvre de Mahler se résume à deux formes à priori antithétiques. Le compositeur fusionne le lied et la symphonie et construit quinze mondes : dix symphonies enchâssées dans deux cantates : Das klagende Lied et Lied von der Erde, et trois groupes de lieds : Lieder eines fahrenden Gesellen, Wunderhorn-Lieder et Rückert-Lieder. Ils constituent les chapitres indépendants et enchaînés d’un livre de vie et de mort. Mahler réussit la fusion impro-

par Daniel Dollé

bable de deux univers, de prime abord inconciliables. Le lied fournit la trame instrumentale, où innerve la matière orchestrale. Certains lieds sont absorbés par les symphonies, par exemple, trois lieds du Wunderhorn sont accaparés par les 2ème, 3ème et 4ème Symphonies. Les compositions de Gustav Mahler méditent sur la mort, la résurrection, le destin, l’enfance, ou encore la nature. Tout au long du XIX ème siècle, les compositeurs allemands approfondissent leur relation à la poésie germanique grâce au Lied. Ce qui était souvent une rencontre fortuite, entre sensibilité poétique et musicale, prend la forme d’un mariage stable chez Schumann et Heine, Wolf et Goethe. Chez Mahler cependant, point de mariage stable. Il faut aller plus loin. Mahler, c’est le chef d’opéra qui décida de ne pas composer d’opéra sous l’ombre de Wagner et de

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ENTRE ROMANTISME ET MODERNITÉ DANIEL DOLLÉ

son Gesamtkunstwerk (œuvre d’art totale) devenu l’idéal artistique de toute une génération. Mahler ira chercher et trouver chez Nietzsche et d’autres cette source quasi inépuisable d’inspiration poético-philosophique pour l’énergie titanesque dont il avait besoin pour créer ses symphonies. Symphonies dont il disait en 1907 à Sibelius : « La symphonie doit être comme le monde. Elle doit tout embrasser ! » Le Lied, comme la symphonie chez Mahler, regorge de contrastes parfois brutaux. Mort et chant d’enfant, élévation divine et air glacial du tombeau, grotesque et innocence... Fanfares militaires, danses populaires et orgues de barbarie parsèment son œuvre au milieu de la musique la plus pure. Mais quel autre compositeur a jamais réussi, au sein de la même œuvre, à unir si parfaitement l’ironie la plus mordante et la foi tranquille de l’enfant ? Des Knaben Wunderhorn (Le Cor enchanté de l’enfant) est un recueil de chants et textes populaires (Volkslieder) germaniques, rassemblés par les poètes Achim von Arnim (1781-1831) et Clemens Brentano (1778-1842), à l’image de ce que feront (peut-être plus rigoureusement) les frères Grimm quelques années plus tard. Publié en 1805, puis dans une édition agrandie en 1808, à Heidelberg (le centre du mouvement romantique dans la littérature germanique de l’époque), le Wunderhorn comprend environ un millier de textes courant de la fin du Moyen Âge au début du XIXème siècle. Ces recueils de chants populaires représentent en effet l’apogée d’un mouvement qui, perdant confiance dans les idées des Lumières et les conséquences politiques nées de la mise en pratique de sa rationalité, cherchent refuge dans le mystique, le national par opposition à l’universel, le particulier, l’anonyme, le populaire. Même Goethe, en 1806, devenu un des personnages incontournables de l’Allemagne d’alors, reconnaîtra que chaque famille devrait posséder un exemplaire du Wunderhorn, à conserver au même endroit que les livres de cuisine et livres de cantiques de la maison, de façon à piocher régulièrement dedans, avec la certitude de toujours

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trouver un texte adapté pour toute atmosphère, tout état d’esprit. Plus sérieusement, il suggérait même aux pianistes amateurs de jouer de vieilles chansons traditionnelles allemandes en lisant ces poèmes, ou d’en improviser de nouvelles, espérant qu’ainsi le volume, à la flamme ravivée par la musique, remplisse son rôle d’unificateur germanique et retourne vers le peuple. Ce ne sont pas les musiciens amateurs qui furent les plus intéressés par le Wunderhorn, mais les musiciens professionnels : Weber, Schumann, Mendelssohn, Brahms, Strauss, et par-dessus tout, Mahler. Il découvre le Wunderhorn durant son séjour en tant que chef à Leipzig (1886-1887). Mahler se rend vite compte de l’extraordinaire potentiel musical du recueil. La découverte par Mahler, à la fin de 1887 ou au début de 1888, dans la bibliothèque de ses amis Weber à Leipzig, de l’anthologie de « lieds populaires » intitulée Des Knaben Wunderhorn, paraît, à distance, un événement presque miraculeux – tant il comblait, à cette époque, toutes les aspirations du jeune compositeur. Mahler a écrit vingt-quatre Wunderhorn Lieder en tout (y compris ceux qui figurent dans les Deuxième, Troisième et Quatrième Symphonies). Ils ont inspiré la totalité de sa production dans le domaine du Lied entre 1888 et 1901, à la seule exception du chant nietzschéen de la Troisième Symphonie. « Ce ne sont évidemment pas des poèmes achevés, mais des blocs de marbre que chacun peut sculpter à sa façon » dira Mahler des textes du Wunderhorn. Exactement ce qu’il cherche pour servir son monde musical intérieur. Et ils vont servir ! 9 mois avant sa mort, Mahler rencontre Freud, en août 1910, à la suite de ses difficultés conjugales. Un de ses biographes, Ernst Jones, écrit :  « Au cours de la conversation, Mahler déclara soudain qu’il comprenait maintenant pourquoi sa musique n’atteignait pas les plus hauts sommets de l’art. Les passages les plus grandioses, ceux qui étaient inspirés par les émotions les plus profondes, se trouvaient gâchés par l’intrusion de mélodies banales. Le père de Mahler, personnage sans doute brutal, maltraitait sa femme, et

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DANIEL DOLLÉ ENTRE ROMANTISME ET MODERNITÉ

Mahler enfant avait été témoin d’une scène de ménage particulièrement pénible. La situation lui paraissant intolérable, le jeune garçon s’enfuit de chez lui. Mais à ce moment là, il entendit, dans la rue, une hurdy-gurdy jouer l’air populaire viennois : Ach, Du lieber Augustin. Mahler pensait que le rapprochement entre un sombre drame et un amusement léger s’était à tout jamais fixé dans son esprit et que l’un des états d’âme devait inévitablement entraîner la survenue de l’autre. » À de nombreuses reprises, la psychanalyse s’intéressera au « cas Mahler », non seulement pour analyser sa jalousie et son lien à sa mère, mais aussi le rôle joué dans son œuvre par les deuils à répétition et la rivalité fraternelle. Le premier groupe de neuf lieds avec accompagnement de piano a été composé en partie pour les enfants de Karl et Maria von Weber à Leipzig. Mahler connaissait toutefois au moins un poème du Wunderhorn, Wenn mein Schatz Hochzeit macht, qu’il a mis en musique dans le premier des Gesellen Lieder, sans l’avouer pourtant, puisque la source poétique n’est même pas mentionnée. Aucun des Wunderhorn Lieder avec piano n’est daté, mais l’ordre est le même que dans la première édition. Il est sans doute chronologique, comme c’est souvent le cas dans les recueils de Mahler qui ne sont pas de vrais cycles. Les derniers lieds ont sans doute été composés à Hinterbrühl au cours de l’été 1890, car Mahler n’a pas pu composer l’été suivant, à cause du voyage qu’il a entrepris en Scandinavie.  Des Wunderhorn Lieder, il retirera deux chants (Das himmlische Leben et Es sungen drei Engel) pour les transformer à part entière en mouvements de ses symphonies. Il les remplacera par deux derniers, sommet de sa production fondée sur le Wunderhorn : Revelge (Réveil) et Der Tambourg’sell (Le petit tambour), dont les titres évoquent d’emblée l’univers militaire si profondément ancré chez Mahler. Ces deux lieds, d’une intensité expressive sans égale, sont de véritables drames en miniature, dont les actes contrastés s’enchaînent avec la cohésion, la gradation et les transitions d’une véritable symphonie, anticipant ainsi sur Das Lied

von der Erde et sur les scènes militaires de Berg. Ces premiers Wunderhorn Lieder sont plus brefs et moins élaborés que les lieds orchestraux postérieurs. Mahler y poursuit ses tentatives antérieures, dans un style inspiré du Volkslied, mais en empruntant au Kunstlied un certain nombre de procédés. Il se contente rarement de réexposer, mais compose souvent, pour chaque strophe, une musique présentant à première vue le même caractère, alors que, en réalité, elle est complètement différente. Dans son choix de textes, Mahler a manifesté une prédilection affirmée pour les sujets généraux, les problèmes universels, aux dépens des ballades ou des contes. C’est ainsi qu’il met surtout en musique la solitude de l’homme sur la terre, la vanité de la vie de tous les jours, la cruauté des hommes les uns envers les autres, fréquemment aussi leur sottise et leur vanité. Avec Mahler, le lied s’amplifie, acquiert l’ampleur expressive et la dimension d’un mouvement de symphonie. Les différentes pièces constitutives d’un cycle de mélodies s’articulent et s’orientent suivant une structure cohérente, certains morceaux jouant le rôle d’un prélude, voire d’un allegro de sonate, d’autres s’apparentant à un scherzo, à un mouvement lent, une mélodie plus vaste jouant le rôle d’un finale et utilisant souvent un texte littéraire résumant la philosophie de l’ensemble. Mahler infléchit la symphonie dans le sens du lied et les mélodies du Knaben Wunderhorn constituent une étape essentielle de cette évolution.

Toutes mes œuvres sans exception sont nées de la souffrance et des tourments intérieurs les plus profonds. Je me rends compte qu’on ne compose pas, on est composé. GUSTAV MAHLER

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Robert Schumann

(1810-1856)

20 Lieder und Gesänge aus dem “Lyrisches Intermezzo” im Buch der Lieder für eine Singstimme und das Pianoforte Heinrich Heine, Gedichte (1840)

20 mélodies et chants de “Intermezzo Lyrique” extrait du Livre des mélodies pour voix et piano Heinrich Heine, Poèmes (1840)

I Im wunderschönen Monat Mai, Als alle Knospen sprangen, Da ist in meinem Herzen Die Liebe aufgegangen.

Au mois de mai, quand la lumière Voyait tous les bourgeons s’ouvrir, L’amour, en sa douceur première, Dans mon cœur s’est mis à fleurir.

Im wunderschönen Monat Mai, Als alle Vögel sangen, Da hab’ ich ihr gestanden Mein Sehnen und Verlangen.

Au mois de mai, sous la rainée, Tous les oiseaux chantaient en chœur Quand j’ai dit à ma bien-aimée Le tendre secret de mon cœur.

II Aus meinen Tränen spriessen Viel blühende Blumen hervor, Und meine Seufzer werden Ein Nachtigallenchor.

De mes larmes s’épanouissent Des fleurs en bouquets radieux, Et de tous mes soupirs surgissent Des rossignols mélodieux.

Und wenn du mich lieb hast, Kindchen, Schenk’ ich dir die Blumen all’, Und vor deinem Fenster soll klingen Das Lied der Nachtigall.

D’amour que ton cœur se pénètre, Les fleurs à tes pieds tomberont, Et, jour et nuit, à ta fenêtre, Mes doux rossignols chanteront.

III Die Rose, die Lilie, die Taube, die Sonne, Die liebt’ ich einst alle in Liebeswonne. Ich lieb’ sie nicht mehr, ich liebe alleine Die Kleine, die Feine, die Reine, die Eine; Sie selber, aller Liebe Bronne, Ist Rose und Lilie und Taube und Sonne.

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Autrefois lys et rose, et colombe et soleil, Je les ai tous aimés d’un amour sans pareil. A présent de mon cœur qui changea de tendresse, Ma mignonne si douce est l’unique maîtresse ; Elle même est pour moi source pure d’amour, La colombe et la rose, et le lys et le jour.

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IV Wenn ich in deine Augen seh’, So schwindet all’ mein Leid und Weh; Doch wenn ich küsse deinen Mund, So werd’ ich ganz und gar gesund.

À tes yeux si beaux quand mes yeux s’unissent, Tous mes chagrins s’évanouissent ; D’un baiser ta bouche, au rire enchanté, Me rend la joie et la santé.

Wenn ich mich lehn’ an deine Brust, Kommt’s über mich wie Himmelslust; Doch wenn du sprichst: ich liebe dich! So muss ich weinen bitterlich.

Sur mon cœur brûlant quand mon bras te presse, Du paradis je sens l’ivresse ; Mais quand tu me dis ; je t’aime ardemment, Je pleure, hélas ! amèrement.

V Dein Angesicht, so lieb und schön, Das hab’ ich jüngst im Traum geseh’n; Es ist so mild und engelgleich, Und doch so bleich und schmerzensreich.

Dans un rêve j’ai vu rayonner ton visage ; Tous les anges du Ciel l’admiraient au passage ; Et cependant, sous sa pâleur Vaguement se devine on ne sait quel malheur.

Und nur die Lippen, die sind rot; Bald aber küsst sie bleich der Tod; Erlöschen wird das Himmelslicht, Das aus den frommen Augen bricht.

J’ai cru voir sur ta bouche une rose fleurie : Mais un jour par le temps chaque fleur est flétrie ; Des plus beaux yeux l’éclat s’éteint : C’est ainsi que le veut l’implacable destin!

VI Lehn deine Wang’ an meine Wang’, Dann fliessen die Tränen zusammen; Und an mein Herz drück fest dein Herz, Dann schlagen zusammen die Flammen!

De mes pleurs et des tiens confondons les torrents ; Et laissons-les couler sur ta joue arrondie ; Mets ton cœur sur mon cœur, de leurs feux dévorants Pour qu’un même foyer fasse un seul incendie.

Und wenn in die grosse Flamme fliesst Der Strom von unsern Tränen, Und wenn dich mein Arm gewaltig umschliesst Sterb’ ich vor Liebessehnen!

De la flamme et des pleurs quand l’amante et l’amant Sentiront tressaillir l’union bienheureuse, Laisse moi de mes bras t’enlacer puissamment, Et mourir de bonheur dans l’étreinte amoureuse !

VII Ich will meine Seele tauchen In den Kelch der Lilie hinein; Die Lilie soll klingend hauchen Ein Lied von der Liebsten mein.

Dans le lys le plus pur mon âme, Ivre de bonheur, plongera ; Soudain la fleur exhalera Un chant à l’honneur de ma dame.

Das Lied soll schauern und beben Wie der Kuss von ihrem Mund, Den sie mir einst gegeben In wunderbar süsser Stund’.

Je veux qu’il vibre, énamouré En doux frissons, comme une lyre. Pareil au baiser, qu’en délire De ses lèvres j’ai savouré.

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ROBERT SCHUMANN

VIII Im Rhein, im heiligen Strome, Da spiegelt sich in den Well’n Mit seinem grossen Dome Das grosse, heilige Köln.

À Cologne, la ville sainte, La cathédrale au front serein Reflète sa gothique enceinte Aux flots majestueux du Rhin.

Im Dom da steht ein Bildnis, Auf goldnem Leder gemalt; In meines Lebens Wildnis Hat’s freundlich hineingestrahlt.

Dans le temple on garde une image, Sur cuir doré ; j’ai vu toujours Rayonner ce charmant visage Dans le désert où vont mes jours.

Es schweben Blumen und Eng’lein Um unsre liebe Frau; Die Augen, die Lippen, die Wänglein, Die gleichen der Liebsten genau.

Entre des fleurs, parmi des anges, C’est Notre-Dame ; trait pour trait, Bouche, regard, charmes étranges, De ma belle c’est le portrait.

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Ich grolle nicht, und wenn das Herz auch bricht, Ewig verlornes Lieb! ich grolle nicht. Wie du auch strahlst in Diamantenpracht, Es fällt kein Strahl in deines Herzens Nacht.

De mon cœur qui te perd s’accomplit l’infortune ; Il se brise, et pourtant il n’a pas de rancune ; Un trésor de joyaux sur ta tète reluit ; Nul rayon de ton cœur n’illumine la nuit.

Dass weiss ich längst. Ich sah dich ja im Traume, Und sah die Nacht in deines Herzens Raume, Und sah die Schlang, die dir am Herzen frisst, Ich sah, mein Lieb, wie sehr du elend bist. Ich grolle nicht, ich grolle nicht.

Je le sais ; je t’ai vue apparaître en un songe ; De tes jours désolés j’ai sondé le mensonge! J’en ai vu tout l’abîme, où, sinistre vainqueur, Un serpent, dans la nuit, te dévore le cœur!

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ROBERT SCHUMANN

X Und wüssten’s die Blumen, die kleinen, Wie tief verwundet mein Herz, Sie würden mit mir weinen, Zu heilen meinen Schmerz.

Si les petites fleurs Connaissaient mes alarmes, Pour guérir mes douleurs, Chacune avec mes pleurs Voudrait mêler ses larmes.

Und wüssten’s die Nachtigallen, Wie ich so traurig und krank, Sie liessen fröhlich erschallen Erquickenden Gesang.

Si les rossignolets Savaient quel mal m’oppresse, Ces charmants oiselets, De leurs plus doux couplets, Berceraient ma détresse.

Und wüssten sie mein Wehe, Die goldnen Sternelein, Sie kämen aus ihrer Höhe, Und sprächen Trost mir ein.

Les étoiles aussi, Regardant ma misère, Sur mon affreux souci, Aussitôt radouci, Verseraient leur lumière.

Die alle können’s nicht wissen, Nur eine kennt meinen Schmerz; Sie hat ja selbst zerrissen, Zerrissen mir das Herz.

Mais de sa cruauté Nul ne sait la torture, Excepté la Beauté Dont la main m’a porté L’incurable blessure.

XI Das ist ein Flöten und Geigen, Trompeten schmettern d’rein; Da tanzt wohl den Hochzeitreigen Die Herzallerliebste mein.

De ma belle aujourd’hui c’est la noce ; on entend Le bal triomphant qui commence ; Elle y danse, folâtre, et l’orchestre éclatant Excite sa valse en démence.

Das ist ein Klingen und Dröhnen, Von Pauken und Schalmein; Dazwischen schluchzen und stöhnen Die guten Engelein.

Et cymbales, clairons, langoureux violons, Et fifres moqueurs qui sifflottent ; À travers leurs doux sons emplissant les salons Les bons petits anges sanglottent.

XII Hör’ ich das Liedchen klingen, Das einst die Liebste sang, So will mir die Brust zerspringen Vor wildem Schmerzendrang.

Quand j’entends cet air qu’autrefois Chantait sa bouche purpurine, Je tremble, et mon cœur aux abois S’agite à briser ma poitrine.

Es treibt mich ein dunkles Sehnen Hinauf zur Waldeshöh’, Dort löst sich auf in Tränen Mein übergrosses Weh’.

Vers l’âpre cime des forêts Je cours, poussé par ma détresse ; Là, j’exhale en des pleurs secrets L’immense chagrin qui m’oppresse.

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XIII Ein Jüngling liebt ein Mädchen, Die hat einen andern erwählt; Der andre liebt eine andre, Und hat sich mit dieser vermählt.

Un jeune homme adore une belle Dont le cœur d’un autre s’éprit ; L’autre d’une autre demoiselle S’éprend et devient son mari.

Das Mädchen heiratet aus Ärger Den ersten besten Mann, Der ihr in den Weg gelaufen; Der Jüngling ist übel dran.

Alors la première, jalouse, En son dépit, se jette au cou Du premier venu, qu’elle épouse ; Le jeune homme en pâtit beaucoup.

Es ist eine alte Geschichte, Doch bleibt sie immer neu; Und wem sie just passieret, Dem bricht das Herz entzwei.

Ancienne histoire, toujours neuve, On n’en est point scandalisé ; Mais quiconque en subit l’épreuve, N’en revient que le cœur brisé.

XIV Am leuchtenden Sommermorgen Geh’ ich im Garten herum. Es flüstern und sprechen die Blumen, Ich aber wandle stumm.

Par un matin d’été splendide, J’errais tout seul dans le jardin ; Les jeunes fleurs, groupe candide, Causaient tout bas de mon chagrin.

Es flüstern und sprechen die Blumen, Und schau’n mitleidig mich an: „Sei unserer Schwester nicht böse, Du trauriger blasser Mann.“

A notre sœur ; me dit chacune, Avec un regard douloureux, Cesse donc de garder rancune, Lamentable et pâle amoureux!

XV

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Es leuchtet meine Liebe, In ihrer dunkeln Pracht, Wie’n Märchen traurig und trübe, Erzählt in der Sommernacht.

Dans sa splendeur mélancolique Mon sombre amour luit, enchanté, Comme une histoire fantastique Racontée une nuit d’été.

„Im Zaubergarten wallen Zwei Buhlen, stumm und allein; Es singen die Nachtigallen, Es flimmert der Mondenschein.

« Dans un jardin plein de mystère, Aux voix des rossignols charmants, La lune rêve, solitaire ; En silence y vont deux amants.

„Die Jungfrau steht still wie ein Bildnis, Der Ritter vor ihr kniet. Da kommt der Riese der Wildnis, Die bange Jungfrau flieht.

La vierge a l’air d’une statue : Le chevalier tombe à genoux ; Survient un géant qui le tue ; La belle échappe à son courroux.

„Der Ritter sinkt blutend zur Erde, Es stolpert der Riese nach Haus...” Wenn ich begraben werde, Dann ist das Märchen aus.

L’amant couché sur la poussière, Le lourd géant part sans souci, » Mettez sur moi six pieds de terre, Vous aurez la fin du récit.

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XVI Mein Wagen rollet langsam Durch lustiges Waldesgrün, Durch blumige Taler, Die zaubrisch im Sonnenglanze blühn.

Trottant en léger véhicule, Par l’ombre du bois reverdi, Par vaux, tout en fleurs je circule Dans l’or enchanté de midi.

Ich sitze und sinne und träume, Und denk’ an die Liebste mein; Da grüssen drei Schattengestalten Kopfnickend zum Wagen herein.

Aux bras des plus tendres images Se berce en rêvant mon amour : Voilà trois burlesques visages Qui viennent me dire bonjour.

Sie hüpfen und schneiden Gesichter, So spöttisch und doch so scheu, Und quirlen wie Nebel zusammen, Und kichern und huschen vorbei.

Ils sautent, me font la grimace, Risquant leur timide brio. Et tel qu’un brouillard qui s’efface S’esquive en pouffant leur trio.

XVII Ich hab’ im Traum geweinet, Mir träumte du lägest im Grab. Ich wachte auf, und die Träne Floss noch von der Wange herab.

En pleurant j’ai rêvé, ma belle, Que la mort éteignait tes jours ; Quand cette vision cruelle Disparut, je pleurais toujours.

Ich hab’ im Traum geweinet, Mir träumt’, du verliessest mich. Ich wachte auf, und ich weinte Noch lange bitterlich.

En pleurant j’ai rêvé, ma chère, Que tu trahissais nos amours ; Quand l’aube éveilla ma paupière, Mes pleurs amers coulaient toujours.

Ich hab’ im Traum geweinet, Mir träumte, du wär’st mir noch gut. Ich wachte auf, und noch immer Strömt meine Tränenflut.

J’ai rêvé que ta vie entière Me gardait un cœur sans détours ; Mes yeux revoyant la lumière Pleuraient, pleuraient, pleuraient toujours.

XVIII Allnächtlich im Traume seh’ ich dich Und sehe dich freundlich grüssen, Und laut aufweinend stürz’ ich mich Zu deinen süssen Füssen.

Chaque nuit je revois tes charmes Dans un rêve où tu me souris ; Je tombe à genoux, et mes larmes Vont arroser tes pieds chéris.

Du siehst mich an wehmütiglich Und schüttelst das blonde Köpfchen; Aus deinen Augen schleichen sich Die Perlentränentröpfchen.

Les yeux en pleurs, dans les ténèbres Secouant l’or de tes cheveux Tu me tends des bouquets funèbres Que saisissent mes doigts nerveux.

Du sagst mir heimlich ein leises Wort Und gibst mir den Strauss von Cypressen. Ich wache auf, und der Strauss ist fort, Und das Wort hab’ ich vergessen.

Tu me dis tout bas à l’oreille Un mot magique ; ouvrant les yeux, Je cherche en vain, quand je m’éveille, Cyprès et mot mystérieux.

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ROBERT SCHUMANN

XIX

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Aus alten Märchen winkt es Hervor mit weisser Hand, Da singt es und da klingt es Von einem Zauberland;

Des vieux contes s'élève Comme une main blanche et amie. Des chants, des échos résonnent Parlant d'un magique pays,

Wo bunte Blumen blühen Im goldnen Abendlicht, Und lieblich duftend glühen, Mit bräutlichem Gesicht;

Où croissent des fleurs multicolores Dans l'éclat doré du soir ; Et elles brillent et doucement embaument, Avec des visages de fiancées.

Und grüne Bäume singen Uralte Melodei’n, Die Lüfte heimlich klingen, Und Vögel schmettern drein;

Et des arbres verts y chantent De très anciennes mélodies, Secrètement les airs retentissent Et les oiseaux y mêlent leur ramage.

Und Nebelbilder steigen Wohl aus der Erd’ hervor, Und tanzen luft’gen Reigen Im wunderlichen Chor;

Et des images nébuleuses se lèvent Du fond même de la terre Et dansent une ronde joyeuse En un chœur surnaturel.

Und blaue Funken brennen An jedem Blatt und Reis, Und rote Lichter rennen Im irren, wirren Kreis;

Et de bleus éclairs flamboient Sur toutes feuilles en branches, Et des lumières rouges courent En cercles vertigineux ;

Und laute Quellen brechen Aus wildem Marmorstein. Und seltsam in den Bächen Strahlt fort der Widerschein.

Et des sources sonores jaillissent Du fond des marbres sauvages, Et, singulier, dans les ruisseaux Se prolonge leur reflet lumineux.

Ach, könnt’ ich dorthin kommen, Und dort mein Herz erfreu’n, Und aller Qual entnommen, Und frei und selig sein!

Hélas, puissé-je parvenir là Et y réjouir mon cœur, Et délivré de toute peine M'y sentir livre et bienheureux !

Ach! jenes Land der Wonne, Das seh’ ich oft im Traum, Doch kommt die Morgensonne, Zerfliesst’s wie eitel Schaum.

Hélas ! ce pays béni, Souvent je le vois en songe ; Mais vienne le soleil du matin, Il fond comme une écume vaine.

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ROBERT SCHUMANN

XX Die alten, bösen Lieder, Die Träume schlimm und arg, Die lasst uns jetzt begraben, Holt einen grossen Sarg.

Chants d’amour, tourments de mon âme, Espoirs trompés, rêves en deuil, La tombe est là qui vous réclame ; Que l’on m’apporte un grand cercueil !

Hinein leg’ ich gar manches, Doch sag’ ich noch nicht, was; Der Sarg muss sein noch grösser, Wie’s Heidelberger Fass.

Pour garder la relique sainte Que j’y voudrais mettre à couvert, Il faut qu’il ait plus vaste enceinte Que le tombeau de Heidelberg.

Und holt eine Totenbahre, Von Brettern fest und dick; Auch muss sie sein noch länger, Als wie zu Mainz die Brück’.

En bois de forte résistance Hâtez-vous de faire achever Plus long que le pont de Mayence, Un brancard pour le soulever.

Und holt mir auch zwölf Riesen, Die müssen noch stärker sein Als wie der heil’ge Christoph Im Dom zu Köln am Rhein.

Invitez à cette besogne Douze Titans, frères d’airain Du Saint-Christophe de Cologne, Dans le grand dôme au bord du Rhin.

Die sollen den Sarg forttragen, Und senken ins Meer hinab; Denn solchem grossen Sarge Gebührt ein grosses Grab.

Ils descendront leur lourde charge Dans la mer au gouffre béant : Il faut une fosse aussi large Pour couvrir le coffre géant.

Wisst ihr, warum der Sarg wohl So gross und schwer mag sein? Ich legt’ auch meine Liebe Und meinen Schmerz hinein.

Ce grand cercueil est nécessaire ; Car, apprenez que sans retour Dans sa nuit profonde il enserre Et ma souffrance et mon amour !

Entracte

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Gustav Mahler

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(1860-1911)

Erinnerung (1890) Richard Leander (1830-1889)

Souvenir

Es wecket meine Liebe Die Lieder immer wieder! Es wecken meine Lieder Die Liebe immer wieder!

Mon amour réveille Les chansons sans fin, sans fin ! Mes chansons réveillent L’amour sans fin, sans fin !

Die Lippen, die da träumen Von deinen heissen Küssen, In Sang und Liedesweisen Von dir sie tönen müssen!

Les lèvres qui rêvent De tes ardents baisers En chants et airs Pour toi doivent résonner.

Und wollen die Gedanken Der Liebe sich entschlagen, So kommen meine Lieder Zu mir mit Liebesklagen!

Et si les pensées veulent Se débarrasser de l’amour, Alors mes chansons viennent À moi avec des complaintes amoureuses !

So halten mich in Banden Die Beiden immer wieder! Es weckt das Lied die Liebe! Die Liebe weckt die Lieder!

Ainsi je suis dans des liens Des deux côtés sans fin ! Le chant éveille l’amour ! L’amour éveille le chant !

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Ich ging mit Lust durch einen grünen Wald (1890) Volkslieder in Des Knaben Wunderhorn

Je marchais avec joie à travers un bois vert Chant populaire extrait du Cor merveilleux de l'enfant

Ich ging mit Lust durch einen grünen Wald, Ich hört’ die Vöglein singen; Sie sangen so jung, sie sangen so alt, Die kleinen Waldvögelein im grünen Wald! Wie gern hört’ ich sie singen!

Je marchais avec joie à travers un bois vert, J’entendais chanter les petits oiseux ; Leurs chants étaient si jeunes, leurs chants étaient si vieux, Les petits oiseaux dans le bois vert ! Comme j’écoutais joyeusement leurs chants !

Nun sing, nun sing, Frau Nachtigall! Sing du’s bei meinem Feinsliebchen: Komm schier, wenn’s finster ist, Wenn niemand auf der Gasse ist, Dann komm zu mir! Herein will ich dich lassen!

Maintenant, chante, maintenant, chante, Monsieur Rossignol ! Chante près de la maison de ma bien-aimée : Viens donc, quand il fera sombre, Quand personne ne sera dans la rue, Alors viens chez moi ! Je te laisserai entrer, oui entrer !

Der Tag verging, die Nacht brach an, Er kam zu Feinsliebchen gegangen. Er klopft so leis’ wohl an den Ring: „Ei schläfst du oder wachst mein Kind? Ich hab so lang gestanden!“

Le jour est parti, la nuit est tombée, Il arriva chez sa bien-aimée. Il frappe si doucement l’anneau : « Hé ! Est-ce que tu dors ou es-tu éveillée, mon enfant ? J’attends depuis si longtemps ! »

Es schaut der Mond durchs Fensterlein zum holden, süssen Lieben, Die Nachtigall sang die ganze Nacht. Du schlafselig Mägdelein, nimm dich in Acht! Wo ist dein Herzliebster geblieben?

La lune regarde à travers la petite fenêtre, La chère et douce chérie. Le rossignol a chanté toute la nuit, Toi, jeune fille endormie, prends garde ! Où est ton amoureux ?

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GUSTAV MAHLER DES KNABEN WUNDERHORN

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Aus! Aus! (1892) Volkslieder in Des Knaben Wunderhorn

Au loin! Au loin! Chant populaire extrait du Cor merveilleux de l'enfant

„Heute marschieren wir! Juch-he, im grünen Mai! Morgen marschieren wir Zu dem hohen Tor hinaus, Zum hohen Tor hinaus! Aus!“

Aujourd’hui, nous partons à pied ! Hourra, dans le vert mois de mai ! Demain nous partons à pied Par les grandes portes au loin, Par les grandes portes au loin ! Au loin !

„Reis’st du denn schon fort? Je, je! Mein Liebster! Kommst niemals wieder heim? Je! Je! Mein Liebster?“

« Alors tu pars déjà ? Ah ! Ah ! mon chéri ! Tu ne reviendras jamais plus ? Ah ! Ah ! mon chéri ! »

„Heute marschieren wir, Juch-he, im grünen Mai! Ei, du schwarzbraun’s Mägdelein, Uns’re Lieb’ ist noch nicht aus, Die Lieb’ ist noch nicht aus, aus!

« Aujourd’hui, nous partons à pied, Hourra, dans le vert mois de mai ! Hé, ma chère brunette, Notre amour n’est pas encore fini, Notre amour n’est pas encore fini.

Trink’ du ein Gläschen Wein Zur Gesundheit dein und mein! Siehst du diesen Strauss am Hut? Jetzo heisst’s marschieren gut! Nimm das Tüchlein aus der Tasch’, Deine Tränlein mit abwasch’!

Bois un verre de vin À ta santé et à la mienne ! Vois-tu ces fleurs à mon chapeau ? C’est cela de bien marcher ! Prends ton mouchoir dans ta poche Et essuie tes larmes !

Heute marschieren wir! Juch-he, im grünen Mai! Morgen marschieren wir, Juch-he, im grünen Mai!“

Aujourd’hui, nous partons à pied, Hourra, dans le vert mois de mai, Demain nous partons à pied, Hourra, dans le vert mois de mai ! »

„Ich will in’s Kloster geh’n, Weil mein Schatz davon geht! Wo geht’s denn hin, mein Schatz? Gehst du fort, heut schon fort?

« Je veux aller au couvent, Puisque mon trésor s’en va ! Où vas-tu donc, mon trésor ? T’en vas-tu, t’en vas-tu aujourd’hui ?

Und kommst nimmer wieder? Ach! Wie wird’s traurig sein Hier in dem Städtchen! Wie bald vergisst du mein! Ich! Armes Mädchen!“

Et tu ne reviendras plus jamais ? Hélas, comme ce sera triste Ici dans la ville ! Comme tu m’oublieras vite ! Pauvre fille que je suis ! »

„Morgen marschieren wir, Juch-he, im grünen Mai! Tröst dich, mein lieber Schatz, Im Mai blüh’n gar viel Blümelein! Die Lieb’ ist noch nicht aus! Aus! Aus! Aus! Aus!“

« Demain nous partons à pied, Hourra, dans le vert mois de mai ! Console-toi, mon trésor chéri, En mai il pousse beaucoup de fleurs ! L’amour n’est pas encore au loin ! Au loin ! Au loin ! Au loin ! »

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DES KNABEN WUNDERHORN GUSTAV MAHLER

Nicht Wiedersehen ! (1892) Volkslieder in Des Knaben Wunderhorn

Pas d’au revoir ! Chant populaire extrait du Cor merveilleux de l'enfant

„Und nun ade, mein herzallerliebster Schatz, Jetzt muss ich wohl scheiden von dir, Bis auf den andern Sommer, Dann komm’ ich wieder zu dir.“

« Et maintenant, adieu, mon trésor chéri, Maintenant je dois te quitter, Jusqu’au prochain été, Quand je reviendrai te voir. »

Und als der junge Knab heimkam, Von seiner Liebsten fing er an: “Wo ist meine Herzallerliebste, Die ich verlassen hab’?

Et comme le jeune homme revint à la maison, Il pensa à sa bien-aimée : « Où est ma chérie, Que j’ai quittée ? »

Auf dem Kirchhof liegt sie begraben, Heut ist’s der dritte Tag, Das Trauern und das Weinen Hat sie zum Tod gebracht.

« Elle est enterrée dans le cimetière, Aujourd’hui c’est le troisième jour. La douleur et les larmes L’ont amenée à la mort. »

„Jetzt will ich auf den Kirchhof gehen, Will suchen meiner Liebsten Grab, Will ihr allweil rufen, Bis dass sie mir Antwort gibt.

« Maintenant je vais aller au cimetière chercher la tombe de ma bien-aimée, et je l’appellerai longtemps, Jusqu’à ce qu’elle me réponde.

Ei, du mein herzallerliebster Schatz, Mach’ auf dein tiefes Grab, Du hörst kein Glöcklein läuten, Du hörst kein Vöglein pfeifen, Du siehst weder Sonne noch Mond!“ Ade, ade, mein herzallerliebster schatz, Mein herzallerliebster schatz, ade!

Hé ! mon trésor chéri, Ouvre ta tombe, Tu n’entends sonner aucune clochette, Tu n’entends chanter aucun petit oiseau, Tu ne vois ni le soleil ni la lune ! » Adieu, adieu, mon trésor chéri, Mon trésor chéri, adieu !

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GUSTAV MAHLER DES KNABEN WUNDERHORN

Der Schildwache Nachtlied (1892) Volkslieder in Des Knaben Wunderhorn

Chant nocturne de la sentinelle Chant populaire extrait du Cor merveilleux de l'enfant

„Ich kann und mag nicht fröhlich sein; Wenn alle Leute schlafen, So muss ich wachen, Muss traurig sein.“

« Je ne peux et ne veux être gai : Quand tout le monde dort, je dois veiller et être triste ! »

„Ach Knabe, du sollst nicht traurig sein, Will deiner warten, Im Rosengarten, Im grünen Klee.“

« Ah, garçon, tu ne dois pas être triste car je t’attendrai dans la roseraie, dans les trèfles verts. »

„Zum grünen Klee, da komm ich nicht, zum Waffengarten Voll Helleparten Bin ich gestellt.“

« Vers les trèfles verts, je n’irai pas, au jardin des armes, plein de hallebardes, j’ai été placé. »

„Stehst du im Feld, so helf dir Gott, An Gottes Segen Ist alles gelegen, Wer’s glauben tut.“

« Si tu vas sur le champ de bataille, que Dieu te vienne en aide !] De la grâce de Dieu tout dépend pour celui qui croit ! »

„Wer’s glauben tut, ist weit davon, Er ist ein König, Er ist ein Kaiser, Er führt den Krieg.“ Halt! Wer da? Rund! Bleib’ mir vom Leib! Wer sang es hier? Wer sang zur Stund’? Verlorne Feldwacht Sang es um Mitternacht. Mitternacht! Feldwacht!

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« Celui qui croit est au loin, Il est roi, il est empereur, et il fait la guerre. » Halte ! Qui va là ? Demi-tour et reculez ! Qui a chanté ici ? Qui a chanté à cette heure ? Une sentinelle perdue chantait à minuit. Minuit ! Une sentinelle !

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DES KNABEN WUNDERHORN GUSTAV MAHLER

Lied des Verfolgten im Turm (1898) Volkslieder in Des Knaben Wunderhorn

Chant du prisonnier dans la tour Chant populaire extrait du Cor merveilleux de l'enfant

der gefangene

le prisonnier

das mädchen

la jeune fille

der gefangene

le prisonnier

das mädchen

la jeune fille

der gefangene

le prisonnier

Die Gedanken sind frei, Wer kann sie erraten? Sie rauschen vorbei Wie nächtliche Schatten. Kein Mensch kann sie wissen, Kein Jäger sie schiessen; Es bleibet dabei, Die Gedanken sind frei. Im Sommer ist gut lustig sein Auf hohen wilden Heiden, Dort findet man grün Plätzelein, Mein herzverliebtes Schätzelein, Von dir mag ich nit scheiden. Und sperrt man mich ein Im finstern Kerker, Dies alles sind nur Vergebliche Werke; Denn meine Gedanken Zerreissen die Schranken Und Mauern entzwei, Die Gedanken sind frei. Im Sommer ist gut lustig sein Auf hohen wilden Bergen; Man ist da ewig ganz allein, Man hört da gar kein Kindergeschrei, Die Luft mag einem da werden. So sei es, wie es will, Und wenn es sich schicket, nur all’s in der Still; Und was mich erquicket, Mein Wunsch und Begehren Niemand kann’s mir wehren; Es bleibet dabei, Die Gedanken sind frei.

Les pensées sont libres, qui peut les deviner ? Elles passent vite comme les ombres nocturnes. Personne ne les connaît, aucun chasseur ne les tirera ; car il en est ainsi : les pensées sont libres. En été il est bon d’être heureux dans les landes hautes et sauvages, où on trouve un petit espace vert, mon trésor bien-aimé, je ne veux pas être séparée de toi. Et si on m’enferme dans un sombre cachot, ce sera tout à fait en vain qu’ils essaieront. Car mes pensées détruisent les barrières et brisent les murs : les pensées sont libres. En été il est bon d’être heureux dans les montagnes hautes et sauvages ; on est toujours seul là-haut ; on n’entend aucun enfant crier, et l’air vous transporte ! Qu’il en soit, comme c’est décidé, et si cela arrive, que cela soit en silence ; Et ce qui réjouit mon cœur, mes souhaits et mes désirs personne ne peut les retenir ; car il en est ainsi : les pensées sont libres !

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GUSTAV MAHLER DES KNABEN WUNDERHORN

das mädchen

la jeune fille

der gefangene

le prisonnier

Mein Schatz, du singst so fröhlich hier Wie’s Vögelein in dem Grase; Ich steh so traurig bei Kerkertür, Wär ich doch tot, wär ich bei dir, Ach, muss ich denn immer klagen? Und weil du so klagst, Der Lieb ich entsage, Und ist es gewagt, So kann mich nicht plagen! So kann ich im Herzen Stets lachen, bald scherzen; Es bleibet dabei, Die Gedanken sind frei.

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Mon trésor, tu chantes si gaiement comme si tu étais un petit oiseau dans l’herbe ; et je me tiens si tristement près de la porte du cachot, si seulement je pouvais mourir, ou être près de toi, Ah, dois-je toujours me lamenter ? Et parce que tu te lamentes ainsi, je renoncerai à l’amour, et si j’ose le faire, alors rien ne me tourmentera. Aussi dans mon cœur je pourrai toujours rire et plaisanter, car il en est ainsi : les pensées sont libres !

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DES KNABEN WUNDERHORN GUSTAV MAHLER

Das irdische Leben (1892) Volkslieder in Des Knaben Wunderhorn

La vie ici-bas Chant populaire extrait du Cor merveilleux de l'enfant

„Mutter, ach Mutter! es hungert mich, Gib mir Brot, sonst sterbe ich.“ „Warte nur, mein liebes Kind, Morgen wollen wir säen geschwind.“

« Mère, ah, mère ! J’ai faim. Donne-moi du pain ou je meurs ! » « Attends un peu, mon enfant chéri. Demain nous irons vite semer. »

Und als das Korn gesäet war, Rief das Kind noch immerdar: „Mutter, ach Mutter! es hungert mich, Gib mir Brot, sonst sterbe ich.“ „Warte nur, mein liebes Kind, Morgen wollen wir ernten geschwind.“

Et quand le blé eut été semé, l’enfant criait toujours : « Mère, ah, mère ! J’ai faim. Donne-moi du pain ou je meurs ! » « Attends un peu, mon enfant chéri. Demain nous irons vite moissonner. »

Und als das Korn geerntet war, Rief das Kind noch immerdar: „Mutter, ach Mutter! es hungert mich, Gib mir Brot, sonst sterbe ich.“ „Warte nur, mein liebes Kind, Morgen wollen wir dreschen geschwind.“

Et quand le blé eut été coupé, l’enfant criait toujours : « Mère, ah, mère ! J’ai faim. Donne-moi du pain ou je meurs ! » « Attends un peu, mon enfant chéri. Demain nous irons vite le battre. »

Und als das Korn gedroschen war, Rief das Kind noch immerdar: „Mutter, ach Mutter! es hungert mich, Gib mir Brot, sonst sterbe ich.“ „Warte nur, mein liebes Kind, Morgen wollen wir mahlen geschwind.“

Et quand le blé eut été battu, l’enfant criait toujours : « Mère, ah, mère ! J’ai faim. Donne-moi du pain ou je meurs ! » « Attends un peu, mon enfant chéri. Demain nous irons vite au moulin. »

Und als das Korn gemahlen war, Rief das Kind noch immerdar: „Mutter, ach Mutter! es hungert mich, Gib mir Brot, sonst sterbe ich.“ „Warte nur, mein liebes Kind, Morgen wollen wir backen geschwind.“

Et quand le blé eut été broyé, l’enfant criait toujours : « Mère, ah, mère ! J’ai faim. Donne-moi du pain ou je meurs ! » « Attends un peu, mon enfant chéri. Demain nous irons vite le cuire. »

Und als das Brot gebacken war, Lag das Kind auf der Totenbahr.

Et quand le blé eut été cuit, l’enfant gisait sur son lit de mort.

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GUSTAV MAHLER DES KNABEN WUNDERHORN

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Das himmlische Leben (1892) Volkslieder in Des Knaben Wunderhorn

La vie céleste Chant populaire extrait du Cor merveilleux de l'enfant

Wir geniessen die himmlischen Freuden, Drum tun wir das Irdische meiden, Kein weltlich Getümmel Hört man nicht im Himmel! Lebt alles in sanftester Ruh’! Wir führen ein englisches Leben! Sind dennoch ganz lustig daneben! Wir tanzen und springen, Wir hüpfen und singen! Sankt Peter im Himmel sieht zu!

Nous jouissons des joies célestes, Aussi nous pouvons fuir les choses terrestres. Aucun tumulte de ce monde N’est entendu au ciel ! Tout vit dans la paix la plus douce. Nous menons la vie des anges, Pourtant nous en sommes tout à fait heureux ; Nous dansons et nous bondissons, Nous sautillons et nous chantons, Saint Pierre dans le ciel nous regarde.

Johannes das Lämmlein auslasset, Der Metzger Herodes drauf passet! Wir führen ein geduldig’s, Unschuldig’s, geduldig’s, Ein liebliches Lämmlein zu Tod! Sankt Lucas den Ochsen tät schlachten Ohn’ einig’s Bedenken und Achten, Der Wein kost’ kein Heller Im himmlischen Keller, Die Englein, die backen das Brot.

Jean laisse sortir le petit agneau, Hérode le boucher le surveille. Nous menons un doux, Innocent, doux, Petit agneau à la mort. Saint Luc abat le bœuf Sans hésitation, sans y prêter attention. Le vin ne coûte pas un sou Dans les caves célestes ; Les Anges, ils font cuire le pain.

Gut’ Kräuter von allerhand Arten, Die wachsen im himmlischen Garten! Gut’ Spargel, Fisolen Und was wir nur wollen! Ganze Schüsseln voll sind uns bereit! Gut Äpfel, gut’ Birn’ und gut’ Trauben! Die Gärtner, die alles erlauben! Willst Rehbock, willst Hasen, Auf offener Strassen Sie laufen herbei!

De bonnes plantes de toutes sortes Poussent dans le jardin céleste ; De bonnes asperges, de bons haricots verts Et tout ce que nous voulons. Tous les plats sont prêts pour nous ! De bonnes pommes, de bonnes poires et des bons raisins ; Les jardiniers, ils permettent tout. Veux-tu du chevreuil, veux-tu un lièvre ? Dans la rue ouverte Ils arrivent en courant !

Sollt’ ein Fasttag etwa kommen, Alle Fische gleich mit Freuden angeschwommen! Dort läuft schon Sankt Peter Mit Netz und mit Köder Zum himmlischen Weiher hinein. Sankt Martha die Köchin muss sein.

Un jour de jeûne arrive-t-il, Tous les poissons arrivent joyeusement en nageant ! Saint Pierre arrive déjà Avec son filet et des appâts, À l’étang céleste. Sainte Marthe doit être la cuisinière.

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DES KNABEN WUNDERHORN GUSTAV MAHLER

Kein’ Musik ist ja nicht auf Erden, Die uns’rer verglichen kann werden. Elftausend Jungfrauen Zu tanzen sich trauen! Sankt Ursula selbst dazu lacht! Cäcilia mit ihren Verwandten Sind treffliche Hofmusikanten! Die englischen Stimmen Ermuntern die Sinnen, Dass alles für Freuden erwacht.

Il n’y a aucune musique sur la terre, Qui pourrait être comparée à la nôtre. Onze mille vierges Osent danser. Sainte Ursule elle-même rit de les voir. Cécile ainsi que ses parents Sont d’excellents musiciens ! Les voix des anges Réjouissent les sens, De sorte que tout s’éveille à la joie.

Urlicht (1896) Volkslieder in Des Knaben Wunderhorn

Lumière primaire Chant populaire extrait du Cor merveilleux de l'enfant

O Röschen rot, Der Mensch liegt in grösster Not, Der Mensch liegt in grösster Pein, Je lieber möcht’ ich im Himmel sein. Da kam ich auf einem breiten Weg, Da kam ein Engelein und wollt’ mich abweisen. Ach nein, ich liess mich nicht abweisen! Ich bin von Gott und will wieder zu Gott, Der liebe Gott wird mir ein Lichtchen geben, Wird leuchten mir bis in das ewig selig’ Leben!

Ô Petite rose rouge, L’humanité gît dans une très grande misère, L’humanité gît dans une très grande souffrance. Toujours j’aimerais mieux être au ciel. Une fois je venais sur un large chemin, Un ange était là qui voulait me repousser. Mais non, je ne me laissais pas repousser ! Je viens de Dieu et je retournerai à Dieu, Le cher Dieu qui me donnera une petite lumière Pour éclairer mon chemin vers la vie éternelle et bénie !

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BIOGRAPHIES

Thomas Hampson

© MARCO BORGGREVE

Baryton

Originaire de Spokane (Washington) le baryton est un monument de la musique lyrique aux États-Unis et dans le reste du monde. Il a reçu de nombreuses récompenses pour son engagement et ses talents. Sa discographie, de plus de 170 albums, a été récompensée plusieurs fois par les Grammy Awards et Edison Awards ainsi que le Grand Prix du Disque. En tant qu’artiste, il a aussi été distingué par l’Atlantic Council à Washington DC en 2009 notamment. Par ailleurs, il a été nommé premier artiste en résidence de l’Orchestre philharmonique de New York. En 2010, il a obtenu le Living Legend Award par la Bibliothèque du Congrès où il exerce la fonction de conseiller spécial à l’étude et interprétation de la musique en Amérique. Il a été nommé professeur honoraire à la Faculté de philosophie de l’Université de Heidelberg et détient des doctorats honorifiques de la Manhattan School of Music, du New England Conservatory, Whitworth College et San Francisco Conservatory, tout en étant également membre honoraire de la Royal Academy of Music de Londres. Il a reçu les titres de Kammersänger du Wiener Staatsoper et Commandeur dans

l’ordre des Arts et des Lettres de la République française, ainsi que la Médaille d’Honneur autrichienne en Arts et Sciences. Thomas Hampson jouit d’une carrière internationale singulière en tant que chanteur d’opéra, artiste et « ambassadeur du chant », maintenant un vif intérêt pour la recherche, l’éducation, la sensibilisation musicale et la technologie. Récemment intronisé à l’Académie américaine des Arts et des Sciences, il a gagné une reconnaissance mondiale pour la créativité et la richesse de ses programmes ainsi que ses enregistrements. À travers la Fondation Hampsong, qu’il a fondée en 2003, il promeut le dialogue et la compréhension interculturelle à travers le chant. En 2016-2017, il se produit notamment sur les scènes des Münchner Opernfestspiele, Wiener Staatsoper, London Royal Opera, Bayerische Staatsoper, Metropolitan Opera et à La Scala.

Au Grand Théâtre de Genève : L’Orfeo (Pastore III / Apollo) 85-86, La Bohème (Marcello) 86-87, Don Giovanni (rôle-titre) 90-91, Récital 87-88, 92-93, 94-95, 99-00.

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BIOGRAPHIES

Wolfram Rieger

© DR

Piano

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Originaire de Waldsassen, en Bavière, Wolfgang Rieger reçoit ses premières leçons de piano dans sa maison parentale avant de poursuivre sa formation auprès de Konrad Pfeiffer à Regensburg. Il termine ses études musicales à la Münchner Musikhochschule (classes d’Erik Werba et Helmut Deutsch). Wolfram Rieger développe rapidement une riche activité de concertiste dans toute l’Europe, en Amérique du Nord, au Proche-Orient et en Asie. Il est l’accompagnateur d’artistes tels que Brigitte Fassbaender, Juliane Banse, Thomas Hampson, Dietrich Fischer-Dieskau, Olaf Bär, Peter Schreier, Christoph Prégardien et Thomas Quasthoff. Il est aussi le partenaire de musique de chambre des quatuors Cherubini, Petersen et Vogler. Il est l’hôte régulier de nombreux festivals internationaux, dont les Schubertiades de Feldkirch-Schwarzenberg et FigueresBarcelona, les Festspielen de Munich, Salzbourg

et de Schleswig-Holstein. Il se produit aussi au Concertgebouw d’Amsterdam, au Carnegie Hall de New York, Alte Oper de Francfort, Konzerthaus et Musikverein de Vienne. Sitôt ses études terminées, il obtient le poste de professeur d’accompagnement au Conservatoire de Munich, où il dirige, de 1991 à 1995, une classe de Lied pour chanteurs et pianistes. Il enseigne aussi en 1993-1994 à la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin, où il revient en 1998 en qualité de professeur de Lied et de musique de chambre avec voix. Wolfram Rieger donne régulièrement des cours d’interprétation en Europe et au Japon. Il enregistre de nombreux CD, dont plusieurs sont couronnés par la presse spécialisée. Il reçoit en 1997 la médaille d’honneur de la Société Franz Schubert de Barcelone. Au Grand Théâtre de Genève : récitals avec Thomas Hampson 94-95 et 99-00, avec Petra Lang 05-06.

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PROCHAINEMENT BALLET

CONCERT

Ba\rock

Erwin Schrott

Ballet sur des musiques de Scarlatti, Couperin & Rameau Création chorégraphique mondiale À l'Opéra des Nations 21, 22, 24, 28, 29, 31 octobre 2016 à 19 h 30 23 octobre 2016 à 15 h 1er novembre 2016 à 19 h 30

Chorégraphie Jeroen Verbruggen Scénographie Émilie Roy Costumes Emmanuel Maria Lumières Rémi Nicolas Ballet du Grand Théâtre de Genève Direction Philippe Cohen Conférence de présentation par Camille Girard en collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet. Au Théâtre de l'Espérance 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève Mardi 18 octobre 2016 à 18 h 15

Baryton-basse

ROJOTANGO À l'Opéra des Nations Jeudi 29 septembre 2016 à 19 h 30 Bandonéon Claudio Constantini Piano Federico Lechner Violon Alejandro Loguercio Trombone Roberto Pacheco Percussions Jorge Perez Contrebasse Gina Schwarz Gardel, Cobián, Piazzolla, Veloso, Ziegler, Schwarz, Velázquez, Dominguez, Farrés, Lecuona y Casado, Puebla, Sandoval RÉCITAL

Camilla Nylund Soprano

À l'Opéra des Nations Mercredi 12 octobre 2016 à 19 h 30 Piano Helmut Deutsch Mahler, Sibelius, Strauss

Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de la rédaction Daniel Dollé Responsable de l’édition Aimery Chaigne ont collaboré à ce programme Sandra Gonzalez, Petya Ivanova Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN SEPTEMBRE 2016

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9.

DÈS

CHF

Week-end

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