Dorothea Rรถschmann Soprano
Malcolm Martineau Piano
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À L’OPÉRA DES NATIONS
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SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE
PARTENAIRES DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE ASSOCIATION DES COMMUNES GENEVOISES
CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE
ÉTAT DE GENÈVE
PARTENAIRE DE SAISON
PARTENAIRE DE SAISON
PARTENAIRE FONDATEUR DE LA TROUPE DES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE
PARTENAIRE DU PROGRAMME PÉDAGOGIQUE
PARTENAIRE DES RÉCITALS
FONDATION VALERIA ROSSI DI MONTELERA
PARTENAIRES DE PROJET
FONDATION PHILANTHROPIQUE FAMILLE FIRMENICH
EVA LUNDIN
FONDATION OTTO ET RÉGINE HEIM
PARTENAIRES MÉDIA
PARTENAIRES DU GENEVA OPERA POOL CARGILL INTERNATIONAL SA
HYPOSWISS PRIVATE BANK GENÈVE SA
TOTSA TOTAL OIL TRADING SA
UNION BANCAIRE PRIVÉE, UBP SA
PARTENAIRES D’ÉCHANGE DEUTZ
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À L’OPÉRA DES NATIONS RÉCITAL VENDREDI 12 JANVIER 2018 À 19 H 30 Avec le soutien de la
FONDATION VALERIA ROSSI DI MONTELERA
Dorothea Röschmann Soprano
Malcolm Martineau Piano
FRANZ SCHUBERT Mignon Lieder Heiss mich nicht reden So lasst mich scheinen Nur wer die Sehnscucht kennt Mignon (Kennst du das Land)
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Nachtstück GUSTAV MAHLER Rückert Lieder Blicke mir nicht in die Lieder! Ich atmet’ einen linden Duft Um Mitternacht Liebst du um Schönheit Ich bin der Welt abhanden gekommen
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ENTRACTE
ROBERT SCHUMANN Gedichte der Königin Maria Stuart Abschied von Frankreich Nach der Geburt ihres Sohnes An die Königin Elisabeth Abschied von der Welt Gebet RICHARD WAGNER Wesendonck Lieder Der Engel Stehe still! Im Treibhaus Schmerzen Träume
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Enfin à Genève, Dorothea Röschmann interprète Schubert, Mahler, Schumann et Wagner
Un parcours romantique par Daniel Dollé
S
on compositeur fétiche semble être Wolfgang Amadeus Mozart. Régulièrement, Dorothea Röschmann interprète Zerlina et Donna Elvira dans Don Giovanni (notamment à Salzbourg en 2011), Pamina dans Die Zauberflöte (au Met de New York, par exemple), Fiordiligi dans Così fan tutte ou encore Servilia dans La Clemenza di Tito... C’est en 1986 qu’elle démarre vraiment sa carrière, et connaît un grand succès au Festival de Salzbourg, où elle fait ses débuts, en se glissant dans le personnage au combien complexe de Susanna dans Le Nozze di Figaro, sous la direction musicale de Nikolaus Harnoncourt. Elle reviendra à Salzbourg en 1995, 1996 et 1998, toujours dans le rôle de Susanna. Le Nozze di Figaro
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jouent un rôle important dans sa carrière, car à partir de 2004, elle devient la Comtesse Almaviva, au Festival de Ravenne, et en 2006 au Royal Opera House de Londres. Cependant, il lui arrive de faire des infidélités à Mozart lorsqu’elle participe aux Festivals Haendel de Göttingen et de Halle, ou lorsqu’elle interprète Ännchen, dans Der Freischütz, sous la baguette de Zubin Mehta. Il lui arrive également d’être Micaela de Carmen, ou encore Costanza dans Griselda, de Vivaldi. Plus récemment, elle était Desdemona au Royal Opera House de Londres. Quel que soit le répertoire que cette merveilleuse artiste aborde, elle est et demeure un monument du chant mondial. Que dire lorsqu’elle aborde un autre de ses domaines de prédilection : le lied ?
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« Le dieu de Schubert, sur le plan de la poésie, et encore que cette divinité n’ait rien d’exclusif, c’est Goethe.»
© DR
ALFRED EINSTEIN, SCHUBERT, PORTRAIT D’UN MUSICIEN.
Mignon et le harpiste Bodenhausen, 1900 Tiré des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister Gravure
Franz Schubert / Mignon Lieder (1797-1828)
M
ême s’il ne l’a pas inventé, le nom de Franz Schubert est indubitablement associé au lied, l’essence principale et le cœur de son œuvre. Il en a composé un grand nombre d’une beauté sans égal, illustrant à merveille le sentiment romantique allemand et traduisant des émotions profondes, de la joie à la mélancolie, de la méditation au drame. Chaque mélodie est un voyage au cœur de l’émotion et témoigne du génie mélodique de Schubert. C’est en 1814 que Schubert commence à partir des textes de Goethe. Il a en utilisé 57 pour composer des lieder, parmi eux Les chants de Mignon, extraits des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister. Ces chants évoquent un certain nombre de thèmes romantiques essentiels et centraux dans la littérature du XIXème siècle, entre autres, la nostalgie de l’amour, du passé, du pays natal, ou encore, d’un idéal lointain. La nostalgie, ainsi qu’une forme d’aliénation, sont fortement liées à Schubert, à cause de sa maladie et de son identification au paradigme romantique de l’artiste souffrant. À travers la vie du compositeur et de ses œuvres, on s’aperçoit qu’il a vécu personnellement la quin-
tessence des émotions romantiques. Peut-on traduire le mot allemand Sehnsucht composé de sehnen (désirer, aspirer ardemment à, avoir la nostalgie…) et de Sucht (l’addiction). Cet état émotionnel intense a été exprimé par la littérature et la musique. Selon E.T.A. Hoffmann, la 5ème Symphonie de Beethoven induit un sentiment de crainte, de peur, de terreur et suscite le désir infini, l’essence même du romantisme, provenant souvent d’un sentiment d’aliénation. Le romantisme naissant, qui encourageait la subjectivité, était certainement une réaction au Siècle des Lumières (fin XVIIème et XVIIIème), où le rationalisme était le langage universel de la science, de la littérature et de la philosophie. Les idées de Jean-Jacques Rousseau sur la nature et l’homme furent développées par le courant littéraire allemand Sturm und Drang. Les premiers romantiques ont identifié et affirmé une fracture entre l’homme et la nature, et la perte de conscience de la place de la nature dans l’univers. Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister succèdent aux Souffrances du jeune Werther. Le jeune Werther est aliéné par une société trop policée. Il devrait s’y conformer. Il ne trouve le bonheur qu’avec des enfants simples et innocents du peuple.
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FRANZ SCHUBERT MIGNON LIEDER
L’enfant innocent, le seul capable de communier avec la nature, car non formé, non déformé, ou perverti par la science, ou la société. Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister sont considérées comme le premier Bildungsroman (roman d’apprentissage, ou roman de formation). Il narre le parcours du jeune Wilhelm Meister qui cherche à échapper à sa vie bourgeoise et mondaine à travers un voyage introspectif. Le roman eut un impact important, notamment parmi les plus grands compositeurs du XIXème siècle qui furent séduits par différents aspects et le personnage de Mignon, l’étrange fillette sauvage et sensible. Mignon est un personnage pré-social, chez qui la socialisation se révèle impossible. Elle appartient tout entière au monde brut des émotions primitives. Comme un petit animal, elle a peur et se protège de ceux qui la traitent mal. Au cours d’un voyage, Wilhelm remarque un jeune garçon manqué, mal traité. Il est intrigué par son apparence. Il compatit et achète sa liberté. La jeune fille, Mignon, et le vieux harpiste se joignent au voyage de Wilhelm. Mignon s’attache de plus en plus à Wilhelm. D’abord, elle le considère comme son protecteur, puis lentement, mais sûrement ses sentiments se développent et s’intensifient. Lorsque le groupe de voyageurs est attaqué par des voleurs où seuls Mignon, le harpiste et la jeune actrice Philine parviennent à fuir. Au cours de l’attaque Wilhelm est grièvement blessé. Il est inconscient. Mignon est très attentionnée durant sa convalescence. Une fois rétabli, il s’éloigne de Mignon, qui désire ardemment son retour. Pour parfaire son éducation, Mignon est envoyée dans un autre pays. Elle tombe malade et progressivement elle prend conscience des vrais sentiments qu’elle éprouve pour Wilhelm et qui sont nullement réciproques. Lorsque Wilhelm vient lui rendre visite et qu’elle apprend ses fiançailles avec une jeune femme, elle s’effondre dans les bras de son bienfaiteur et meurt. Wilhelm réalise qu’il est le responsable involontaire de la maladie mentale et physique de Mignon. Il se sent à présent terriblement coupable d’avoir ignoré et négligé les sentiments de la jeune fille. Le personnage de Mignon
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reflète un grand nombre de caractéristiques des idées romantiques du XVIIIème siècle. Née d’une relation incestueuse, Mignon reste une outsider, un enfant coupé de la société. Elle est un type de voyageur, de Wanderer, d’errance, qui n’a jamais trouvé d’asile. Wilhelm est la source de chagrin et d’angoisse pour Mignon. Ses chants sont probablement la seule façon d’exprimer son désir et sa culpabilité. Lorsque Wilhelm la trouve avec les gens du cirque, il s’interroge sur son sexe car elle est habillée en garçon. Le passage de Mignon de l’enfance vers l’adolescence, vers la femme, se traduit par l’adoption de vêtements féminins. Au cours d’un de ses anniversaires, elle se travestit, s’habille en ange. Cette attraction pour des habits féminins traduit pas seulement une évolution, mais également le développement des sentiments, de son amour pour Wilhelm. Elle s’attache à lui à travers des sentiments moitié filiaux et moitié érotiques. Probablement l’attrait de Franz Schubert pour les thèmes du voyage, de la nostalgie et de l’aliénation a-t-elle augmenté à cause de la syphilis qu’il a contracté fin 1822 ou début 1823. Il savait que sa fin serait proche. Peut-être qu’alors le compositeur, le père du lied, s’est senti proche de Mignon en désirant un passé plus innocent. Sa musique vocale, lorsqu’elle fait chanter un soliste accompagné par l’orchestre ou par cet instrument harmonique qu’est le piano, est donc au plus haut point une promesse et un facteur d’unité intérieure, de cette unité qui permet de percevoir ce que la multiplicité du réel soumis au temps recèle d’éternité. Le chant « Heiss mich nicht reden » exprime le désir ardent (sa Sehnsucht) d’avoir un compagnon à qui elle pourrait raconter ses secrets, et Wilhelm devrait être cet ami. Ce lied traduit le conflit intérieur éternel de Mignon qui voudrait crier ses sentiments avec la nécessité de les retenir. Le sentiment de résignation s’exprime encore plus intensément dans « So lasst mich scheinen ». C’est le dernier chant de la nouvelle de Goethe qu’on entend au moment de l’anniversaire, lorsque Mignon est habillée en ange. Il exprime son désir d’être libérée par la mort, mais également son aspiration
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MIGNON LIEDER FRANZ SCHUBERT
à un salut final. Son costume d’ange raconte son détachement intérieur du présent et son attachement à des fins lointaines et supérieures. Dans « Nur wer die Sehnsucht kennt », Mignon dévoile le désir qu’elle ressent pour Wilhelm à travers la mélodie envoûtante qui ouvre et conclut son chant. Les harmonies instables qu’on entend tout au long du lied transportent la souffrance intérieure de Mignon. La célèbre romance « Kennst du das land » fut mise en musique par Beethoven, Zelter, Spohr, Schumann, Liszt, Tchaïkovsky, Wolf et bien sûr par Schubert. Chaque compositeur, à sa façon, s’est attaché à mettre en valeur les états d’âme de Mignon : tristesse, désir, plainte, passion, mystère. Mignon émeut Wilhelm en lui faisant entendre une mélodie que tout Allemand, encore aujourd’hui, connaît par cœur : « Kennst du das Land wo die Zitronen blühen ? » (Connais-tu le pays des citronniers en fleur ?). Inutile pour Goethe de préciser que le pays en question est l’Italie, car la vogue italienne, dans le roman, commence dans les dernières décennies du XVIIIème siècle. Le thème du voyage en Italie remplit, pour quelques générations, une fonction formatrice. L’Italie, c’est le désir et la nostalgie, le pays auquel on aspire et dont on se languit. Image confirmée et précisée par Mignon dans une autre mélodie : « Je regarde au firmament, et mes yeux s’en vont là-bas ! [...] Seul celui qui connaît la nostalgie sait ce que j’endure ». L’Italie est une blessure ouverte, Un lieu où l’on ne se trouve pas, et hors duquel il est impossible de vivre. Le paradis perdu. Tant qu’on rêve, on ne commet pas l’irréparable. Mais peut-on s’installer à demeure dans la nostalgie ? Sehnsucht lorsque tu nous tiens… La partie consacrée à Franz Schubert s’achève avec « Nachtstück » (Nocturne) D672, composé en 1819 et publié en 1825. Lorsque la brume s’étend au-dessus des montagnes et que la lune se bat avec les nuages, le vieil homme chante et la mort s’incline devant lui. Ce lied commence avec un accompagnement très simple et lent, suggérant un lent déplacement
d’une personne. Le tempo s’accélère, d’abord très légèrement (lorsque le texte décrit un vieil homme marchant vers la forêt). Quand le vieillard prend sa harpe et chante, la musique devient plus rapide et plus mélodieuse, avec un accompagnement fluide. Alors que le vieil homme chante sa mort prochaine, et que les arbres, les herbes et les oiseaux lui parlent de son repos à venir, la musique reste sereine et tranquille, mais toujours avec une profonde émotion et une tendresse lyrique. Cette mélodie suggère un effet de zoom; D’abord, le texte et la musique se concentrent sur la scène globale puis se déplacent pour se focaliser sur le vieil homme et ses pensées, ce qui évoque immanquablement une caméra zoomant sur la scène qui se déroule sous nos yeux. L’effet est semblable à celui que l’on éprouve en regardant une peinture et en se concentrant progressivement sur un des personnages de cette peinture. La tonalité de Do dièse mineur, selon certains musicologues, est pour Schubert l’expression d’une atmosphère funèbre et de la nostalgie, le Mi Majeur serait l’évocation de la nature. La combinaison de ces tonalités pour décrire la scène ainsi que son atmosphère. La connotation positive de l’aspiration à la mort à travers la tonalité de Do dièse Majeure constituent une excellente traduction des intentions romantiques de Johann Mayrhofer, auteur du poème. La vision romantique de la mort, en tant que rédemption, demeure le principal message de ce lied.
« Schubert sur l’eau, Mozart dans un vacarme ailé, Et Goethe sifflotant sur un sentier sinueux, Et Hamlet qui pensait à petits pas peureux, Prenaient le pouls des foules, croyaient à la foule. » OSSIP EMILIEVITCH MANDELSTAM (1891-1938), POÈTE ET ESSAYISTE RUSSE
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FRANZ SCHUBERT MIGNON LIEDER
Gesänge aus Wilhelm Meister D. 877 Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), dans Wilhelm Meisters Lehrjare (1795)
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Heiß mich nicht reden
Ne me dis pas de parler
Heiß mich nicht reden, heiß mich schweigen, Denn mein Geheimnis ist mir Pflicht, Ich möchte dir mein ganzes Innre zeigen, Allein das Schicksal will es nicht.
Ne me dis pas de parler, dis-moi de me taire, Car mon secret est mon obligation, Je voudrais te dévoiler toute mon âme, Seul le destin ne le permet pas.
Zur rechten Zeit vertreibt der Sonne Lauf Die finstre Nacht, und sie muß sich erhellen, Der harte Fels schließt seinen Busen auf, Mißgönnt der Erde nicht die tiefverborgnen Quellen.
À l’heure qui convient, la course du soleil chasse La nuit obscure qui doit s’éclairer, Le dur rocher ouvre son cœur, La terre n’envie pas les sources profondément enfouies.
Ein jeder sucht im Arm des Freundes Ruh, Dort kann die Brust in Klagen sich ergießen, Allein ein Schwur drückt mir die Lippen zu, Und nur ein Gott vermag sie aufzuschließen.
Tout un chacun cherche le repos dans les bras d’un ami, Là peut‑on épancher son cœur affligé, Seul un serment me ferme les lèvres, Et seul un dieu me permettrait de les ouvrir.
So laßt mich scheinen
Laissez-moi briller
So laßt mich scheinen, bis ich werde, Zieht mir das weiße Kleid nicht aus! Ich eile von des schönen Erde Hinab in jenes dunkle Haus.
Laissez-moi briller, jusqu‘à ce que je réapparaisse, Ne me prenez pas l‘habit blanc ! Je me hâte loin de cette belle Terre, En bas vers cette solide demeure.
Dort ruh’ ich eine kleine Stille, Dann öffnet sich der frische Blick; Ich laße dann die reine Hülle, Den Gürtel und den Kranz zurück.
Là je me reposerai un petit moment, Avant de jeter un regard neuf ; Alors je laisserai la dépouille pure, La ceinture et la couronne.
Und jene himmlischen Gestalten Sie fragen nicht nach Mann und Weib, Und keine Kleider, keine Falten Umgeben den verkläretn Leib.
Et ces esprits célestes Ne demandent pas si on est un homme ou une femme, Et aucun habit ou drapé Ne couvrira mon corps transfiguré.
Zwar lebt’ ich ohne Sorg’ und Mühe, Doch fühlt’ ich tiefen Schmerz genung. Vor Kummer altert’ ich zu frühe; Macht mich auf ewig wieder jung!
Bien que j‘aie vécu sans souci ni peine, J‘ai ressenti une douleur profonde. À cause du chagrin j‘ai vieilli trop tôt ; Rendez-moi jeune encore pour toujours
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MIGNON LIEDER FRANZ SCHUBERT
Nur wer die Sehnsucht kennt
Seul celui qui connaît la nostalgie
Nur wer die Sehnsucht kennt Weiß, was ich leide! Allein und abgetrennt Von aller Freude, Seh ich ans Firmament Nach jener Seite.
Seul celui qui connaît la nostalgie, Sait ce que je souffre ! Seule et séparée De toute joie, Je regarde vers le firmament Vers le lointain.
Ach! der mich liebt und kennt, Ist in der Weite. Es schwindelt mir, es brennt Mein Eingeweide. Nur wer die Sehnsucht kennt Weiß, was ich leide!
Ah ! celui qui m‘aime et me connaît Est au loin. J‘ai le vertige, elles brûlent Mes entrailles. Seul celui qui connaît la nostalgie, Sait ce que je souffre !
Kennst du das Land? Wo die Zitronen blühn
Connais-tu le pays où les citronniers fleurissent?
Kennst du das Land? Wo die Zitronen blühn, Im dunkeln Laub die Gold-Orangen glühn, Ein sanfter Wind vom blauen Himmel weht, Die Myrte still und hoch der Lorbeer steht, Kennst du es wohl? Dahin! Dahin Möcht’ ich mit dir, o mein Geliebter, ziehn.
Connais-tu le pays où les citronniers fleurissent, Où les oranges d’or dans le sombre feuillage flamboient, Où un doux zéphyr souffle dans l’azur du ciel, Où poussent le calme myrte et le grand laurier ? Le connais-tu bien? Là-bas! Là-bas Je voudrais aller avec toi, mon amour.
Kennst du das Haus? Auf Säulen ruht sein Dach, Es glänzt der Saal, es schimmert das Gemach, Und Marmorbilder stehn und sehn mich an: Was hat man Dir, du armes Kind, gethan? Kennst du es wohl? Dahin! Dahin Möcht’ ich mit dir, o mein Beschützer, ziehn.
Connais-tu la maison ? Sur des colonnes repose le toit. La salle brille, les pièces resplendissent, Il y a des figures de marbre qui me regardent : Que t’as-t-on fait, pauvre enfant ? La connais-tu bien? Là-bas, là-bas Je voudrais aller avec toi, mon protecteur.
Kennst du den Berg und seinen Wolkensteg? Das Maulthier sucht im Nebel seinen Weg; In Höhlen wohnt der Drachen alte Brut; Es stürzt der Fels und über ihn die Flut. Kennst du ihn wohl? Dahin! Dahin Geht unser Weg! O Vater, lass uns ziehn!
Connais-tu la montagne et sa passerelle ennuagée ? La mule y cherche son chemin dans le brouillard ; Dans la caverne habite la vieille nichée du dragon : Le rocher dégringole et tombe dans les flots ! La connais-tu bien? Là-bas! Là-bas Mène notre chemin ! Ô père, laisse-nous partir !
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FRANZ SCHUBERT MIGNON LIEDER
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Nachtstück
Nocturne
Wenn über Berge sich der Nebel breitet, Und Luna mit Gewölken kämpft, So nimmt der Alte seine Harfe, und schreitet, Und singt waldeinwärts und gedämpft:
Quand au-dessus des montagnes la brume s’étend, Et la lune se bat contre les nuages, Alors le vieil homme prend sa harpe et s’avance Et chante vers la forêt et à voix basse :
«Du heil’ge Nacht! Bald ist’s vollbracht. Bald schlaf ich ihn den langen Schlummer, Der mich erlöst Von allem Kummer.»
« Toi, sainte nuit : Bientôt ce sera fini, Bientôt je dormirai du long sommeil, Qui me libèrera de toute peine. »
Die grünen Bäume rauschen dann, Schlaf süß du guter alter Mann; Die Gräser lispeln wankend fort, Wir decken seinen Ruheort;
Les arbres verts murmurent alors : « Dors doucement, toi, bon et viel homme ; » Les herbes chuchotent en vacillant : « Nous couvrirons l’endroit de ton repos ; »
Und mancher liebe Vogel ruft, O laß ihn ruh’n in Rasengruft! Der Alte horcht, der Alte schweigt Der Tod hat sich zu ihm geneigt.
Et maint oiseau appelle : « Oh, qu’il se repose dans sa tombe engazonnée ! » Le vieil homme entend, le vieil homme se tait ; La mort s’est inclinée devant lui.
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« C’est vraiment trop beau ! On ne devrait pas se permettre quelque chose de pareil ! »
Portrait d’Alma Mahler en 1910
© DR
GUSTAV MAHLER CONTEMPLANT LE WÖRTHERSEE, EN JUIN 1901
Gustav Mahler / Rückert Lieder
D (1860-1911)
ans les premières années du XXème siècle, Gustav Mahler était directeur de l’Opéra de Vienne et épousait la jeune Alma Schindler (1902). Ce fut sans doute l’époque la plus heureuse de son existence. Il compose des lieds, pensés pour l’orchestre, avec une couleur instrumentale assez fascinante, sans cesse changeante, tour à tour spectrale (Ich bin der Welt), impressionniste (Ich atmet’) ou grandiose (Um Mitternacht). Mais leur exécution au piano, si elle nous prive de cette dimension, renforce leur intériorité, ce qui est leur vrai caractère. Amoureux de la voix et fidèle à la tradition des romantiques allemands, Gustav Mahler a exploré passionnément le domaine du lied. Retiré loin du tumulte de Vienne, sur les bords du Wörthersee, Mahler se tourne vers la poésie intimiste de Friedrich Rückert (1788-1866), peut-être parce que celle-ci s’accorde avec son besoin de solitude. Dès le 14 juin 1901, le compositeur écrit le premier lied : « Blicke mir nicht… », dans la villa Maiernigg, qu’il loue chaque période estivale. Quatre autres mélodies devaient ainsi voir le jour: le dernier date de l’été 1902; il est marqué par le mariage récent du musicien avec la plus belle femme de Vienne, Alma, dont le journal intime a restitué la genèse et le sens caché de l’ultime opus : « Liebst du um Schönheit ». Mis en musique en juillet 1902, le lied renferme les interrogations du marié, à la fois fasciné et inquiété par la beauté rayonnante mais aussi le bel esprit de
sa femme. Il fait la surprise à son épouse : il lui a dédicacé la partition et la lui révèle alors au piano. Il cacha le manuscrit dans la partition de Siegfried qu’Alma déchiffrait souvent. Malheureusement pour le compositeur, Alma ne vint pas déchiffrer la partition encore plusieurs jours. Gustav invita donc Alma à une séance de déchiffrage, ce qui lui fit découvrir le manuscrit. C’est un lied en forme de déclaration amoureuse. Sa profondeur touche Alma jusqu’aux larmes. Les Rückert-Lieder sont contemporains de la 5ème Symphonie. Ils ne forment pas un cycle défini. Rarement interprétés séparément, ces lieds ne répondent pas à un ordre déterminé, de la même manière qu’ils n’évoquent aucun thème sensiblement commun mais présentent plutôt des caractéristiques expressives bien distinctes. Les quatre premiers chants sont composés rapidement orchestrés par Mahler. Le dernier lied, « Liebst du um Schönheit » (Si tu m’aimes pour ma beauté), est composé en 1902 pour sa jeune épouse Alma. Cette « déclaration d’amour » restera sous sa forme originelle chant et piano avant d’être orchestrée par Max Puttmann en 1910. Le premier lied, « Blicke mir nicht in die Lieder », mérite une précision lexicale. S’agit-il des chants ou des paupières (Augen[Lied]) ? L’orthographe est certes archaïque, on écrirait aujourd’hui das Lid, mais néanmoins attestée. Il y a un jeu de mot sur la double signification paupière / chant. Faut-il comprendre : « De ton regard, ne sonde mes paupières », ou « De ton regard, ne sonde mes chants » ?
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GUSTAV MAHLER RÜCKERT LIEDER
Dans « Ich atmet’ einen linden Duft » (Je respirais un doux parfum), Gustav Mahler joue textuellement et musicalement avec les sonorités des mots Linde (tilleul) et lind (doux). Le sommet du cycle est sans doute les deux grands monologues intérieurs : « Um Mitternacht » est un vaste chant de solitude et de déréliction, une sombre méditation sur un monde injuste et impitoyable, à la lumière nocturne des étoiles. Dans tout l’univers, l’âme en souffrance ne trouve plus de réconfort ou de consolation. Elle n’a pas trouvé sa place sur la terre et le ciel est muet à sa prière . Elle se remet donc solennellement et une fois pour toutes dans les mains du Seigneur de vie et de mort. Le lied se conclut dans une pompe ambiguë, entre triomphe et apocalypse. Pour reprendre les catégories d’Adorno, si « Um Mitternacht » est le chant de l’accomplissement, « Ich bin der Welt » est celui de la suspension. « Ich bin der Welt abhanden gekommen » (Je me suis retiré du monde), d’une grande force expressive, certainement le plus abouti des Rückert-Lieder, est le plus personnel : « C’est moi-même », dira Mahler. L’âme s’est repliée sur elle-même, morte au monde,
retranchée dans son ciel et son chant. La voix se fait murmure et déroule de longues lignes semblant se prolonger à l’infini. Selon John Williamson, ce poème est une « peinture étonnamment épurée d’une paix transcendante ». Mahler fait bien plus que transposer des mots en sons, car il y intègre une amplification épique des émotions que délivre le texte de Rückert, surtout dans la partie finale du chant, où « la vision tout entière doit être résumée dans une libération émotionnelle sous les mots In meinem Lieben’, chantés pianissimo : un sommet d’intensité retenue ». Les Rückert-Lieder sont créés en janvier 1905 à Vienne lors d’un concert où Mahler dévoile alors ses plus récentes œuvres : les quatre Rückert de 1901 mais aussi les cinq Kindertotenlieder (achevés l’année précédente), les quatre Wunderhorn Lieder de 1892 à 1898 et les deux lieder empruntés au même recueil poétique (composés en 1899 et 1901). C’est un triomphe qui confirme le génie de Mahler dans la forme introspective, qui exprime avec noblesse les chants intérieurs propres au romantisme germanique.
Fünf Rückert-Lieder Friederich Rückert (1788–1866)
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Blicke mir nicht in die Lieder!
Ne regarde pas mes chants !
Blicke mir nicht in die Lieder! Meine Augen schlag’ ich nieder, Wie ertappt auf böser Tat; Selber darf ich nicht getrauen, Ihrem Wachsen zuzuschauen: Deine Neugier ist Verrath.
Ne regarde pas mes chants ! Je baisse mes yeux, Comme pris en défaut. Je n’ose pas moi-même Les regarder grandir. Ta curiosité est une trahison !
Bienen, wenn sie Zellen bauen, Lassen auch nicht zu sich schauen, Schauen selber auch nicht zu. Wann die reichen Honigwaben Sie zu Tag gefördert haben, Dann vor allen nasche du!
Les abeilles, quand elles construisent leurs alvéoles, Ne laissent personne les regarder, Elles-mêmes ne les regardent pas. Quand elles auront porté les riches rayons de miel À la lumière du jour, Alors tu les verras avant tous !
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RÜCKERT LIEDER GUSTAV MAHLER
Ich atmet’ einen linden Duft
Je respirais un doux parfum
Ich atmet’ einen linden Duft! Im Zimmer stand Ein Zweig der Linde, Ein Angebinde Von lieber Hand. Wie lieblich war der Lindenduft!
Je respirais un doux parfum ! Dans la chambre il y avait Une branche de tilleul, Un cadeau D’une main chère. Comme le parfum du tilleul était doux !
Wie lieblich ist der Lindenduft! Das Lindenreis Brachst du gelinde! Ich atme leis Im Duft der Linde Der Liebe linden Duft.
Comme le parfum du tilleul est doux ! Le rameau du tilleul Tu l’as cueilli si doucement ! Je respire délicatement Le parfum du tilleul, Le doux parfum d’amour du tilleul.
Um Mitternacht
À minuit
Um Mitternacht Hab’ ich gewacht Und aufgeblickt zum Himmel; Kein Stern vom Sterngewimmel Hat mir gelacht Um Mitternacht.
À minuit Je me suis éveillé Et j’ai regardé le ciel ; Aucune étoile dans le fourmillement des étoiles Ne m’a souri À minuit.
Um Mitternacht Hab’ ich gedacht Hinaus in dunkle Schranken. Es hat kein Lichtgedanken Mir Trost gebracht Um Mitternacht.
À minuit J’ai tourné mes pensées Au-delà de sombres barrières. Aucune pensée de lumière Ne m’a apporté de consolation À minuit.
Um Mitternacht Nahm ich in Acht Die Schläge meines Herzens; Ein einz’ger Puls des Schmerzens War angefacht Um Mitternacht.
À minuit J’ai écouté Les battements de mon cœur ; Seul un pouls de douleur S’est enflammé À minuit.
Um Mitternacht Kämpft’ ich die Schlacht, O Menschheit, deiner Leiden; Nicht konnt’ ich sie entscheiden Mit meiner Macht Um Mitternacht.
À minuit J’ai combattu dans la bataille, Ô humanité, de ta souffrance ; Je n’ai pas pu vaincre Avec ma seule force À minuit.
Um Mitternacht Hab’ ich die Macht In deine Hand gegeben! Herr über Tod und Leben Du hältst die Wacht Um Mitternacht!
À minuit J’ai déposé ma force Dans tes mains ! Seigneur de vie et de mort, Tu montes la garde À minuit !
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GUSTAV MAHLER RÜCKERT LIEDER
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Liebst du um Schönheit
Si tu aimes pour la beauté
Liebst du um Schönheit, O nicht mich liebe! Liebe die Sonne, Sie trägt ein gold’nes Haar!
Si tu aimes pour la beauté, Alors, ne m’aime pas ! Aime le soleil, À la chevelure dorée !
Liebst du um Jugend, O nicht mich liebe! Liebe den Frühling, Der jung ist jedes Jahr!
Si tu aimes pour la jeunesse, O, ne m’aime pas ! Aime le printemps, Il est jeune chaque année.
Liebst du um Schätze, O nicht mich liebe. Liebe die Meerfrau, Sie hat viel Perlen klar.
Si tu aimes pour les trésors Oh, ne m’aime pas ! Aime la sirène Elle a de brillantes perles
Liebst du um Liebe, O ja, mich liebe! Liebe mich immer, Dich lieb’ ich immerdar.
Si tu aimes pour l’amour, Oh, oui, aime moi ! Aime-moi toujours, Je t’aimerai pour toujours.
Ich bin der Welt abhanden gekommen
Je suis coupé du monde
Ich bin der Welt abhanden gekommen, Mit der ich sonst viele Zeit verdorben, Sie hat so lange nichts von mir vernommen, Sie mag wohl glauben, ich sei gestorben.
Je suis coupé du monde, Avec qui j’ai perdu beaucoup de temps ; Il n’a rien entendu de moi depuis si longtemps, Qu’il peut bien me croire mort !
Es ist mir auch gar nichts daran gelegen, Ob sie mich für gestorben hält, Ich kann auch gar nichts sagen dagegen, Denn wirklich bin ich gestorben der Welt.
Et il m’importe peu Si le monde pense que je suis mort. Je ne peux rien y redire, Car je suis vraiment mort au monde.
Ich bin gestorben dem Weltgetümmel, Und ruh’ in einem stillen Gebiet. Ich leb’ allein in meinem Himmel, In meinem Lieben, in meinem Lied.
Je suis mort au tumulte du monde Et je repose dans une région tranquille. Je vis seul dans mon ciel, Dans mon amour, dans mon chant.
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« La vie – on l’a souvent répété – est un voyage, une course sauvage d’une chose à l’autre, et, tout en marchant, nous épuisons nos forces. » NIKOLAUS LENAU
« Ce que je suis réellement, je ne le sais pas moi-même. Si je suis poète – car nul ne peut le devenir –, la destinée en décidera un jour. » ROBERT SCHUMANN
Robert Schumann / Maria Stuart Lieder
D (1810-1856)
e 1834 à 1841, il aura fallu pas moins de sept ans à Robert Schumann pour obtenir de son intransigeant professeur de piano, Friedrich Wieck, la main de sa fille Clara. Au plus dur de la bataille, entre les campagnes de diffamation orchestrées par le futur beau-père et le procès qui donnera gain de cause au prétendant, Schumann ouvre son âme dans une extraordinaire floraison de lieds où, s’appropriant les poèmes des meilleurs auteurs, il les plie à son imaginaire nourri des fantasmes de Jean-Paul, de Hoffmann, de Kleist et surtout de son amour et de son désespoir. À l’autre extrémité de sa douloureuse existence, Schumann se penche une dernière fois sur cet éternel féminin qu’il a tant célébré. Dans l’un des ultimes moments de lucidité que lui accorde la folie, il prend congé de son art et de sa vie par la voix de Marie Stuart. Le cycle des cinq Poèmes de la Reine Marie Stuart est l’adieu de Schumann au lied, un genre qu’il affectionne depuis les années 1840. Écrit en décembre 1852, il utilise une version allemande de poèmes supposément écrits par Marie Stuart, reine de France et d’Écosse, décapitée en 1587 sur ordre de sa cousine Elisabeth Ière, reine d’Angleterre. Seuls les troisième et quatrième poèmes seraient authentiques, le second aurait été écrit par un proche de la reine et les deux derniers seraient des faux. Le destin tragique de cette reine fascine les artistes du romantisme allemand, notamment Schiller qui lui
consacre un célèbre drame en 1800. Pour Schumann, Marie Stuart était une héroïne tragique et une victime de l’injustice et de la cruauté – certainement pas la libertine meurtrière dépeinte par les Tudor. C’était quelqu’un – tout comme le compositeur – dont le destin avait choisi de détruire avant l’heure. « Abschied von Frankreich » dépeint Marie voguant de France vers l’Écosse après la mort de son premier mari, François II. « Nach der Geburt ihres Sohnes » la trouve déjà aux mains de ses ennemis, les seigneurs écossais. Elle fuit en Angleterre et tombe aux mains d’Elisabeth Ière, à laquelle elle s’adresse dans une magnifique lettre chantée, mi-arrogante, mi-servile, « An die Königin Elisabeth ». Les deux derniers lieds, « Abschied von der Welt » et « Gebet », la dépeignent peu avant son exécution. L’histoire est tellement condensée, les moyens musicaux si délibérément limités, qu’il est difficile aux chanteurs de trouver dans cette musique un sens suffisant de majesté et de drame sans dénaturer la modestie interne essentielle de la musique. Enfermées dans une tonalité de Mi mineur, quasi immuable, ces cinq mélodies de 1852 apparaissent comme celles de Schumann, plus décharnées ; deux adieux et deux prières encadrent la supplique de Marie à sa cousine et rivale Elisabeth, unique moment de lyrisme et de « timide » évasion tonale (le ton de la sous-dominante, La mineur). Dans cette page centrale, le piano apporte un soutien presque vaillant au chant. Mais ailleurs, il ne distille que de
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ROBERT SCHUMANN MARIA STUART LIEDER
rares notes ; si le compositeur espère encore, par la voix de la reine, quelque rédemption, son confident et allié de toujours a pour sa part définitivement renoncé au combat. Le dernier lied de Schumann se conclut par « délivre-moi ! » ou « sauve-moi ! » ; quand on sait que Schumann tentera de se suicider un an plus tard et finira à l’asile les derniers mois de son existence, on comprend mieux la portée de ces vers... Il est probable que Schumann ait trouvé dans le récit des douleurs de Marie Stuart, un écho à ses propres souffrances nerveuses, qui ne lui laissent aucun répit jusqu’à sa mort. Après une tentative de suicide par noyade, il est interné près de Bonn où il meurt en juillet 1856.
Schumann reprend le flambeau de Schubert. Alors que celui-ci visait à recréer les poèmes de façon musicale, ce qui se traduisait par l’importance de la forme et la structuration de l’accompagnement, Schumann vise plutôt à la traduction des sentiments, des réflexions. Ici aussi il libère la forme et confère un rôle nouveau au piano. De Schubert il reprend l’agencement des lieds en cycles, comme « L’Amour et la vie d’une femme » ou « Les Amours du poète », et il développe le concept de recueils de lieds d’un seul poète, les Liederkreise qui n’ont pas le parcours discursif des cycles, mais décrivent l’univers d’un poète en mettant en correspondance ses diverses facettes, dans une architecture semblable à celle de ses recueils de pièces pour piano.
Gedichte der Königin Maria Stuart, Op.135 Gisbert von Vincke (1813-1892) dans Rose und Distel, Poesien aus England und Schottland (1853)
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Abschied von Frankreich Ich zieh dahin, dahin! Ade, mein fröhlich Frankenland, Wo ich die liebste Heimat fand, Du meiner Kindheit Pflegerin! Ade, du Land, du schöne Zeit. Mich trennt das Boot vom Glück so weit! Doch trägt’s die Hälfte nur von mir; Ein Teil für immer bleibet dein, Mein fröhlich Land, der sage dir, Des Andern eingedenk zu sein! Ade!
Adieux à la France Je m’en vais loin d’ici Adieu, plaisant pays de France, Ô ma patrie La plus chérie, Où j’ai nourri ma jeune enfance, Adieu France ! Adieu, mes beaux jours ! La nef qui déjoint nos amours N’a pris de moi que la moitié, Une part te reste, elle est tienne, Je la fie à ton amitié Pour que l’autre il te souvienne.
Nach der Geburt ihres Sohnes Herr Jesu Christ, den sie gekrönt mit Dornen, Beschütze die Geburt des hier Gebor’nen. Und sei’s dein Will’, lass sein Geschlecht zugleich Lang herrschen noch in diesem Königreich. Und alles, was geschieht in seinem Namen, Sei dir zu Ruhm und Preis und Ehre, Amen.
Après la naissance de son fils Seigneur Jésus-Christ, toi qu’ils ont couronné d’épines, Protège la naissance de ce nouveau-né, Et si c’est ta volonté, qu’aussi sa descendance Règne longtemps sur ce royaume, Et que tout ce qui est fait en ton nom Le soit pour ta gloire, ta louange et ton honneur, Amen.
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MARIA STUART LIEDER ROBERT SCHUMANN
An die Königin Elisabeth Nur ein Gedanke, der mich freut und quält, Hält ewig mir den Sinn gefangen, So daß der Furcht und Hoffnung Stimmen klangen, Als ich die Stunden ruhelos gezählt. Und wenn mein Herz dies Blatt zum Boten wählt, Und kündet, euch zu sehen, mein Verlangen, Dann, teurer Schwester, fasst mich neues Bangen, Weil ihm die Macht, es zu beweisen, fehlt. Ich seh’, den Kahn im Hafen fast geborgen, Vom Sturm und Kampf der Wogen festgehalten, Des Himmels heit’res Antlitz nachtumgraut. So bin auch ich bewegt von Furcht und Sorgen, Vor euch nicht, Schwester. Doch des Schicksals Walten Zerreißt das Segel oft, dem wir vertraut.
Sonnet à la reine Elisabeth Une seul pensée qui me profite et nuit, Amère et douce, change en mon cœur sans cesse ; Entre le doute et l’espoir elle m’oppresse Tant que la paix et le repos me fuient.
Abschied von der Welt Was nützt die mir noch zugemess’ne Zeit? Mein Herz erstarb für irdisches Begehren, Nur Leiden soll mein Schatten nicht entbehren, Mir blieb allein die Todesfreudigkeit.
Adieu au monde Que suis-je, hélas ! et de quoi sert ma vie ? Je ne suis fors qu’un corps privé de cœur, Une ombre vaine, un objet de malheur, Qui n’a plus rien que de mourir envie.
Ihr Feinde, lasst von eurem Neid: Mein Herz ist abgewandt der Hoheit Ehren, Des Schmerzes Übermass wird mich verzehren; Bald geht mit mir zu Grabe Hass und Streit.
Plus ne portez, ô ennemis, d’envie À qui n’a plus l’esprit à la grandeur, Consommée d’excessive douleur. Votre ire en bref se verra assouvie.
Ihr Freunde, die ihr mein gedenkt in Liebe, Erwägt und glaubt, dass ohne Kraft und Glück Kein gutes Werk mir zu vollenden bliebe.
Et vous, amis, qui m’avez tenue chère, Souvenez-vous que sans heur, sans santé, Je ne saurais aucun bon œuvre faire.
So wünscht mir bess’re Tage nicht zurück, Und weil ich schwer gestrafet werd’ hienieden, Erfleht mir meinen Teil am ew’gen Frieden!
Souhaitez donc fin de calamité Et que ci-bas, étant assez punie, J’aye ma part en la joie infinie.
Gebet O Gott, mein Gebieter, ich hoffe auf dich! O Jesu, Geliebter, nun rette du mich! Im harten Gefängnis, In schlimmer Bedrängnis Ersehne ich dich; In Klagen, dir klagend, Im Staube verzagend, Erhör’, ich beschwöre, Und rette du mich!
Prière Ô Seigneur Dieu, j’espère en toi, Ô mon cher Jésus, délivre-moi maintenant ! Dans de dures chaînes, dans une peine misérable, Je te désire ; Languissante, gémissante et à genoux, Je t’adresse ma prière, je t’implore de me délivrer !
Donc, chère sœur, si cette carte suit L’affection de vous voir qui me presse, C’est que je vis en peine et en tristesse Si promptement l’effet ne s’en ensuit. J’ai vu la nef relâcher par contrainte En haute mer proche d’entrer au port Et le serein se convertir en trouble. Ainsi je suis en souci et en crainte, Non pas de vous mais quant aux fois à tort Fortune rompe voile et cordage double.
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Richard Wagner / Wesendonck Lieder (1813-1883)
L
«
es luttes formidables que nous avons soutenues, comment pouvaient-elles finir autrement que par la victoire remportée sur toutes nos aspirations, sur tous nos désirs ? Ne savions-nous pas, même dans les minutes les plus ardentes où nous étions l’un près de l’autre, que tel était notre but ? Certainement ! C’était précisément en raison de l’inouï, de la difficulté, que nous ne pouvions y parvenir qu’au prix des luttes les plus pénibles. Mais est-ce que nous n’avons point connu, maintenant, toutes les luttes ? Quelles autres luttes pourraient donc encore nous attendre ? Vraiment, je sens au plus profond de moi-même que nous en avons vu la fin ! Mon enfant, ces derniers mois m’ont sensiblement blanchi les cheveux aux tempes ; en moi une voix appelle instamment le repos, ce repos que je faisais désirer, il y a de longues années, à mon Hollandais dans le Vaisseau Fantôme. C’est l’intense aspiration vers une patrie, vers un foyer, et non vers une jouissance exubérante de la vie passionnelle. Une femme fidèle et d’un dévouement splendide pouvait seule procurer cette patrie à mon héros. Vouons-nous à cette belle mort, qui enveloppe et apaise toutes ces aspirations, tous ces désirs ! Mourons bienheureux, avec un regard lumineux et calme, avec le divin sourire de la victoire bellement remportée ! Et nul ne doit pâtir quand nous sommes vainqueurs ! Adieu, cher ange bien-aimé ! » Extraits d’une lettre de Richard Wagner à Mathilde Wesendonck, à l’été 1858.
Richard Wagner est poursuivi par la justice, il doit fuir de Saxe et s’exiler en Suisse où il fait la connaissance d’Otto Wesendonck et de son épouse Mathilde, née Agnes Mathilda Luckemeyer. Les Muses, instigatrices des vocations littéraires et artistiques de la jeune Agnes Luckemeyer, se sont tôt penchées sur son berceau, mais également les fées qui prodiguent la grâce et la beauté, se sont manifestées lors de son baptême. Wagner et sa femme
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Minna vécurent ensemble dans l’Asyl (le refuge ), ou encore Asylum , une petite résidence sur la propriété des Wesendonck. Il compose ces lieds au moment où il travaille sur La Walkyrie, en 1857-1858. C’est l’unique fois qu’il accepte de composer sur des textes qui ne sont pas de lui, mais des poèmes de Mathilde Wesendonck. Wagner a une passion pour Mathilde et les poèmes sont un alibi pour la voir régulièrement, leur attirance réciproque a sans nul doute contribué à l’intensité du premier acte de La Walkyrie et à la conception d’une œuvre inspirée des légendes de Tristan et Iseult. Les poèmes de Mathilde ont également subi la même influence. Mathilde l’élue, Mathilde la solitaire, Mathilde privilégiée devient ainsi Mathilde la Muse. Dans la jeune femme, il trouve l’élève la plus docile, l’admiratrice la plus intelligente, la confidente la plus délicate. Il prend un plaisir toujours plus profond à pétrir et à façonner son esprit, à marquer l’empreinte de sa pensée sur la page blanche de cette âme neuve et fine. Il l’initie à son œuvre et à son art : il lui lit ses livrets d’opéras, ses œuvres théoriques, il l’aide à pénétrer le sens intime des sonates ou des symphonies de Beethoven, il la met au courant de la philosophie de Schopenhauer, lui fait part de ses lectures littéraires ou scientifiques. Il prend l’habitude de venir chez elle vers cinq heures, à la tombée du soir, lui jouer au piano ce qu’il a produit pendant la matinée ; il lui communique les esquisses de ses œuvres nouvelles et met en musique cinq poèmes qu’elle a composés. Minna, l’épouse délaissée, fait tout à coup éclater le scandale : le 7 avril 1858, elle intercepte une lettre que Richard destine à sa muse. Bafouée, elle montre cette lettre à Otto, le mari de Mathilde. Il est désormais impossible pour le couple Wagner de rester dans le voisinage des Wesendonck. Wagner quitte le domaine le 17 août 1858. « L’Ami » n’est plus là. Originellement, les lieds furent composés pour
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voix de femme et piano seul, mais Richard Wagner produit par la suite une version orchestrale de « Träume ». Celle-ci devait être jouée par un orchestre de chambre sous la fenêtre de Mathilde lors de son anniversaire, le 23 décembre 1857. Le cycle entier fut joué pour la première fois en public le 30 juillet 1862 sous le titre Cinq lieds pour voix de femme : « Der Engel » (L’Ange), composé en novembre 1857, « Stehe still ! » (Arrête-toi !), composé en février 1858, « Im Treibhaus – Studie zu Tristan und Isolde »(Dans la serre), composé en mai 1858, « Schmerzen » (Douleurs), composé en décembre 1857, « Träume - Studie zu Tristan und Isolde » (Rêves), composé en décembre 1857. L’étude des écrits théoriques et des lettres de Wagner suggère que, suite à sa lecture de Schopenhauer, le compositeur a développé les idées musicales de Tristan et des Wesendonck-Lieder dans un rapport d’interdépendance avec les textes, et même, dans certains cas, indépendamment de ceux-ci. À l’automne 1854, Wagner lit Die Welt als Wille und Vorstellung (Le monde comme volonté et comme représentation) de Schopenhauer, une lecture importante pour comprendre la place dominante qu’occupe la musique dans le contexte de la philosophie du renoncement qui inspire Wagner (tout comme Mathilde). Cette philosophie réinterprétée fut, on le sait, adaptée à l’histoire de Tristan et Isolde, où l’amour sensuel se substitue à la contemplation esthétique en tant que rédemptrice de la volonté. Les thèmes du renoncement et de la volonté apparaissent donc non seulement dans la correspondance entre Wagner et Mathilde, mais forment aussi la base des concepts qui soustendent les poèmes des Wesendonck-Lieder, le livret de Tristan et la mise en musique de ces textes. « À côté des progrès si lents de ma musique, je me suis occupé exclusivement d’un homme qui est venu dans ma solitude comme un présent – présent simplement littéraire – qui m’est tombé du ciel. Cet homme est Arthur Schopenhauer, le plus grand philosophe depuis Kant, dont il a été le premier à penser complètement les idées jusqu’au bout, comme il s’exprime lui-même “[...] Son idée maîtresse, la négation finale de la volonté de vivre,
est d’un sérieux terrifiant, mais c’est la seule qui implique la délivrance. [...] je n’ai trouvé qu’un calmant qui m’aide à trouver le sommeil dans les nuits d’insomnie : c’est le sincère, l’ardent désir de mourir ; je voudrais l’inconscience totale, le néant absolu, la fin de tous les rêves, la délivrance unique et définitive !” » La lecture que Wagner avait faite de son livret, Tristan und Isolde, inspire à Mathilde l’écriture de poèmes. Selon le journal de Mathilde, Wagner termine la première version du lied « Der Engel » (L’Ange), le 30 novembre 1857 il complète la première version de « Träume » (Rêves), le 4 décembre, puis finit rapidement sa révision le 5 décembre. Une troisième version de « Träume », écrite pour violon solo et petit orchestre est créée le 23 décembre 1857 pour l’anniversaire de Mathilde. Quelques jours auparavant, Wagner complétait les premières versions de « Schmerzen », le 17 décembre 1857 et « Stehe Still! », le 22 février de l’année suivante. « Reste calme », en effet, puisque de grandes « douleurs » s’abattent le 7 avril 1858, alors que Minna Wagner intercepte une lettre de Richard à Mathilde. Le compositeur quitte l’Asyl le 17 août 1858 après avoir écrit la première version de « Im Treibhaus » (Dans la serre), le 1er mai, ainsi que la première ébauche du deuxième acte de Tristan, commencée le 4 mai et achevée le 1er juillet 1858. Les cinq poèmes de Mathilde Wesendonck ne forment pas un cycle : il n y a pas de récit, il n’existe aucune progression entre eux. Toutefois, le ton est commun aux poèmes et au livret de Tristan. Le concept de volonté et le désir de renoncement à cette volonté sont exprimés dans les deux premières strophes de « Stehe Still! ». « Im Treibhaus », où la voix reçoit un traitement symphonique, trahit l’angoisse de l’homme devant le néant. Ainsi, le désir d’être délivré de la volonté est paralysé par la conséquence de l’oubli qui n’est pleinement possible que par le renoncement absolu, le néant. Dans « Träume », la musique fait fi de la majeure partie du texte et ne retient qu’un seul mot, « Träume » (Rêves), qu’elle répétera sans cesse à l’aide d’une figure de rhétorique unique : l’appogiature. Loin d’être l’œuvre totale typique du lied au XIXème siècle,
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RICHARD WAGNER WESENDONCK LIEDER
« Träume » se rapproche plutôt d’un air d’opéra, où quelques mots seuls sont retenus et où la musique suffit pour exprimer le reste du contenu du poème. Tristan und Isolde et les Wesendonck Lieder ont des motifs (Leitmotive) commun. Le premier est l’invocation à la nuit, le deuxième est celui de la fatalité et de l’abandon, quant au troisième, il parle de la privation d’amour. Richard Wagner et Mathilde Wesendonck semblent suggérer qu’il existe aussi
un autre moyen d’échapper aux tourments du désir : en les assouvissant ; même si, comme nous le savons, cet amour ne sera jamais assouvi. Car si la nuit est le symbole de la mort, elle est aussi le moment où l’amour se consume. L’amour, et peut-être même l’amour sexuel spécifiquement, permet de déjouer le néant qui accompagne la mort en permettant toutefois d’atteindre l’objectif commun aux deux : l’oubli de soi.
Wesendonck Lieder WWV 91 Mathilde Wesendonck (1828-1902)
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Der Engel
L’ange
In der Kindheit frühen Tagen Hört ich oft von Engeln sagen, Die des Himmels hehre Wonne Tauschen mit der Erdensonne,
Dans les premiers jours de l’enfance J’ai souvent entendu dire des anges Qu’ils échangeaient les sublimes joies du ciel Pour le soleil de la terre,
Dass, wo bang ein Herz in Sorgen Schmachtet vor der Welt verborgen, Dass, wo still es will verbluten, Und vergehn in Tränenfluten,
Que, quand un cœur anxieux en peine Cache son chagrin au monde, Que, quand il souhaite en silence saigner et s’évanouir dans un flot de larmes,
Dass, wo brünstig sein Gebet Einzig um Erlösung fleht, Da der Engel niederschwebt, Und es sanft gen Himmel hebt.
Que, quand avec ferveur sa prière Demande seulement sa délivrance, Alors l’ange descend vers lui Et le porte vers le ciel.
Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder, Und auf leuchtendem Gefieder Führt er, ferne jedem Schmerz, Meinen Geist nun himmelwärts!
Oui, un ange est descendu vers moi, Et sur ses ailes brillantes Mène, loin de toute douleur, Mon âme vers le ciel !
Stehe still!
Reste tranquille
Sausendes, brausendes Rad der Zeit, Messer du der Ewigkeit; Leuchtende Sphären im weiten All, Die ihr umringt den Weltenball; Urewige Schöpfung, halte doch ein, Genug des Werdens, lass mich sein!
Sifflante, mugissante, roue du temps, Arpenteur de l’éternité ; Sphères brillantes du vaste Tout, Qui entourez le globe du monde ; Création éternelle, arrêtez, Assez d’évolutions, laissez-moi être !
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WESENDONCK LIEDER RICHARD WAGNER
Halte an dich, zeugende Kraft, Urgedanke, der ewig schafft! Hemmet den Atem, stillet den Drang, Schweiget nur eine Sekunde lang! Schwellende Pulse, fesselt den Schlag; Ende, des Wollens ew’ger Tag! Dass in selig süssem Vergessen Ich mög alle Wonnen ermessen!
Arrêtez, puissances génératrices, Pensée primitive, qui crée sans cesse ! Ralentissez le souffle, calmez le désir, Donnez seulement une seconde de silence ! Pouls emballés, retenez vos battements ; Cesse, jour éternel de la volonté ! Pour que dans un oubli béni et doux, Je puisse mesurer tout mon bonheur !
Wenn Aug’ in Auge wonnig trinken, Seele ganz in Seele versinken; Wesen in Wesen sich wiederfindet, Und alles Hoffens Ende sich kündet, Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen, Keinen Wunsch mehr will das Innre zeugen: Erkennt der Mensch des Ew’gen Spur, Und löst dein Rätsel, heil’ge Natur!
Quand un œil boit la joie dans un autre, Quand l’âme se noie toute dans une autre, Un être se trouve lui-même dans un autre, Et que le but de tous les espoirs est proche, Les lèvres sont muettes dans un silence étonné, Et que le cœur n’a plus aucun souhait, Alors l’homme reconnaît le signe de l’éternité, Et résout ton mystère, sainte nature !
Im Treibhaus
Dans la serre
Hochgewölbte Blätterkronen, Baldachine von Smaragd, Kinder ihr aus fernen Zonen, Saget mir, warum ihr klagt?
Couronnes de feuilles, en arches hautes, Baldaquins d’émeraude, Enfants des régions éloignées, Dites-moi pourquoi vous vous lamentez.
Schweigend neiget ihr die Zweige, Malet Zeichen in die Luft, Und der Leiden stummer Zeuge Steiget aufwärts, süsser Duft.
En silence vous inclinez vos branches, Tracez des signes dans l’air, Et témoin muet de votre chagrin, Un doux parfum s’élève.
Weit in sehnendem Verlangen Breitet ihr die Arme aus, Und umschlinget wahnbefangen Öder Leere nicht’gen Graus.
Largement, dans votre désir impatient Vous ouvrez vos bras Et embrassez dans une vaine illusion Le vide désolé, horrible.
Wohl, ich weiss es, arme Pflanze; Ein Geschicke teilen wir, Ob umstrahlt von Licht und Glanze, Unsre Heimat ist nicht hier!
Je sais bien, pauvres plantes : Nous partageons le même sort. Même si nous vivons dans la lumière et l’éclat, Notre patrie n’est pas ici.
Und wie froh die Sonne scheidet Von des Tages leerem Schein, Hüllet der, der wahrhaft leidet, Sich in Schweigens Dunkel ein.
Et comme le soleil quitte joyeusement L’éclat vide du jour, Celui qui souffre vraiment S’enveloppe dans le sombre manteau du silence.
Stille wird’s, ein säuselnd Weben Füllet bang den dunklen Raum: Schwere Tropfen seh ich schweben An der Blätter grünem Saum.
Tout se calme, un bruissement anxieux Remplit la pièce sombre : Je vois de lourdes gouttes qui pendent Au bord vert des feuilles.
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Schmerzen
Douleurs
Sonne, weinest jeden Abend Dir die schönen Augen rot, Wenn im Meeresspiegel badend Dich erreicht der frühe Tod;
Soleil, tu pleures chaque soir Jusqu’à ce que tes beaux yeux soient rouges, Quand, te baignant dans le miroir de la mer Tu es saisi par une mort précoce ;
Doch erstehst in alter Pracht, Glorie der düstren Welt, Du am Morgen neu erwacht, Wie ein stolzer Siegesheld!
Mais tu t’élèves dans ton ancienne splendeur, Gloire du monde obscur, Éveillé à nouveau au matin, Comme un fier héros vainqueur !
Ach, wie sollte ich da klagen, Wie, mein Herz, so schwer dich sehn, Muss die Sonne selbst verzagen, Muss die Sonne untergehn?
Ah, pourquoi devrais-je me lamenter, Pourquoi, mon cœur, devrais-tu être si lourd, Si le soleil lui-même doit désespérer, Si le soleil doit disparaître ?
Und gebieret Tod nur Leben, Geben Schmerzen Wonne nur: O wie dank ich, dass gegeben Solche Schmerzen mir Natur!
Et si la mort seule donne naissance à la vie, Si la douleur seule apporte la joie, Oh, comme je suis reconnaissant Que la Nature m’a donné de tels tourments !
Träume
Rêves
Sag, welch wunderbare Träume Halten meinen Sinn umfangen, Dass sie nicht wie leere Schäume Sind in ödes Nichts vergangen?
Dis, quels rêves merveilleux Tiennent mon âme prisonnière, Sans disparaître comme l’écume de la mer Dans un néant désolé ?
Träume, die in jeder Stunde, Jedem Tage schöner blühn, Und mit ihrer Himmelskunde Selig durchs Gemüte ziehn!
Rêves, qui à chaque heure, Chaque jour, fleurissent plus beaux Et qui avec leur annonce du ciel, Traversent l’air heureux mon esprit ?
Träume, die wie hehre Strahlen In die Seele sich versenken, Dort ein ewig Bild zu malen: Allvergessen, Eingedenken!
Rêves, qui comme des rayons de gloire, Pénètrent l’âme, Pour y laisser une image éternelle : Oubli de tout, souvenir d’un seul.
Träume, wie wenn Frühlingssonne Aus dem Schnee die Blüten küßt, Dass zu nie geahnter Wonne Sie der neue Tag begrüsst,
Rêves, qui comme le soleil du printemps Baise les fleurs qui sortent de la neige, Pour qu’avec un ravissement inimaginable Le nouveau jour puisse les accueillir,
Dass sie wachsen, dass sie blühen, Träumend spenden ihren Duft, Sanft an deiner Brust verglühen, Und dann sinken in die Gruft.
Pour qu’elles croissent et fleurissent, Répandent leur parfum, dans un rêve, Doucement se fanent sur ton sein, Puis s’enfoncent dans la tombe.
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BIOGRAPHIES Dorothea Roschmann
Malcolm Martineau
Native de Flensbourg, Dorothea Röschmann a fait partie de la troupe du Staatsoper de Berlin, où elle est nommée Kammersängerin en 2016. En 1995, elle est remarquée au Festival de Salzbourg en Susanna (Le Nozze di Figaro) dirigée par Nikolaus Harnoncourt ; elle y retournera pour y chanter Donna Elvira, la Comtesse Almaviva, Ilia, Servilia, Nannetta, Pamina et Vitellia, ainsi que Florinda (Fierrabras) en 2014 et Desdemona (Otello) en 2016. À La Scala, elle interprète la Comtesse et Donna Elvira (en tournée au Bolchoï avec Daniel Barenboim), au Wiener Staatsoper la Comtesse, Susanna, la Maréchale et, en 2016, Jenůfa, au Bayerische Staatsoper Zerlina, Susanna, Ännchen, Marzelline, Anne Trulove, Elvira et Rodelinda. Elle incarne Norina à La Monnaie, la Comtesse et Pamina à Bastille, Susanna, Pamina, Elvira et Ilia au Metropolitan, Pamina, Fiordiligi, la Comtesse Almaviva et Donna Elvira au Royal Opera House. Parmi ses concerts récents figurent les Vier letzte Lieder (avec Daniel Barenboim et la Staatskapelle Berlin, Daniel Harding et la Filarmonica della Scala, Antonio Pappano à Rome, Yannick Nézet-Séguin à Rotterdam et Zubin Mehta à Valence), Theodora (rôle-titre) au Carnegie Hall avec Harry Bicket et l’English Concert, les Faustszenen avec Daniel Harding et le Berliner Philharmoniker, la 4ème Symphonie de Mahler en tournée européenne avec Mariss Jansons et le Concertgebouworkest, les Sieben frühe Lieder avec Marc Albrecht et le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin et Dido & Æneas (Dido) au Carnegie Hall avec Les Violons du Roy. On a pu l’entendre en récital notamment au Wigmore Hall, au Concertgebouw, au Wiener Konzerthaus et au Carnegie Hall. Son enregistrement live au Wigmore Hall lui a valu le « Best Solo Vocal Album » au Grammy Award 2017.
Originaire d’Édimbourg, Malcolm Martineau a étudié la musique au St Catharine’s College et au Royal College of Music. Au Wigmore Hall, il donne ses propres cycles de concerts (Britten et Poulenc, Decade by Decade – 100 Years of German Song et Songlives retransmis par la BBC) ; au Festival d’Édimbourg, il joue l’intégrale des lieds de Wolf. Il s’est produit au Wigmore Hall, Barbican Centre, Queen Elizabeth Hall, Royal Opera House, à La Scala, au Liceu, à la Philharmonie et au Konzerthaus de Berlin, au Châtelet, Concertgebouw, Konzerthaus et Musikverein de Vienne, à l’Alice Tully Hall, au Carnegie Hall, Sydney Opera, ainsi qu’aux festivals d’Aix-en-Provence, Vienne, Munich et Salzbourg. Il accompagne des artistes comme Simon Keenlyside, Magdalena Kožená, Dorothea Röschmann, Susan Graham, Christopher Maltman, Thomas Oliemanns, Kate Royal, Christiane Karg, Lestyn Davies, Florian Boesch et Anne Schwanewilms. Il enregistre avec Bryn Terfel, Simon Keenlyside, Angela Gheorghiu, Barbara Bonney, Magdalena Kožená, Della Jones, Susan Bullock, Solveig Kringelbotn, Amanda Roocroft ; avec Sarah Walker et Tom Krause l’intégrale des mélodies de Fauré, les Folk Songs de Britten, les Volkslieder de Beethoven et des mélodies de Poulenc, avec Florian Boesch l’intégrale des Songs de Britten et le Winterreise, avec Christiane Karg des lieds de Strauss et avec Dorothea Röschmann des lieds de Schubert, Schumann, Strauss et Wolf. Il est nommé International Fellow of Accompaniment en 2009. Malcolm Martineau a été directeur artistique de l’édition 2011 du Leeds Lieder Festival.
Débuts au Grand Théâtre de Genève.
© RUSSELL DUNCAN
Piano
© HARALD HOFFMANN
Soprano
Au Grand Théâtre de Genève : récitals avec Simon Keenlyside 94-95, 98-99 et 09-10, Amanda Roocroft 95-96, Bryn Terfel 96-97 et 14-15, Barbara Bonney 03-04, Susan Graham 15-16 et Simon Keenlyside 15-16.
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INFORMATIONS PRATIQUES OPÉRA DES NATIONS Horaires des représentations Les représentations ont lieu généralement à 19 h 30 en soirée et à 15 h en matinée. Pour certains spectacles, ces horaires peuvent être différents. Les horaires sont toujours indiqués sur les billets. Ouverture des portes L’accès à la salle est possible trente minutes avant le spectacle. Retardataires Par respect pour le public et les artistes, après le début du spectacle l’accès à la salle se fait à la première interruption et aux places accessibles. Un circuit vidéo permet généralement de suivre le début du spectacle. Aucun remboursement ou échange de billet ne sera effectué en cas de retard. Vestiaires Des vestiaires payants sont à la disposition du public à l’entrée de l’Opéra des Nations (Fr. 2.-). Jumelles Des jumelles peuvent être louées dans tous les vestiaires (Fr. 5.-).
BARS Dès 1 heure avant le spectacle et à l’entracte Les bars du hall d’entrée et de la mezzanine vous proposent boissons et petite restauration.
CONFÉRENCE DE PRÉSENTATION
Trente minutes avant chaque opéra, un musicologue vous donne quelques clés pour mieux apprécier le spectacle.
SUR L’ŒUVRE
Pour chaque opéra et création chorégraphique de la saison 17-18, une conférence très complète sur l’œuvre est organisée quelques jours avant la première représentation, toujours à la même heure, 18 h 15, par l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet au Théâtre de l’Espérance, 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève. www.amisdelopera.ch
Rehausseurs Disponibles aux vestiaires (service gratuit). Enregistrements Il est interdit de photographier, de filmer ou d’enregistrer les spectacles. Tout contrevenant peut être soumis à des poursuites. Surtitrage Les ouvrages font généralement l’objet d’un surtitrage bilingue français-anglais. Le Grand Théâtre remercie vivement la Fondation Hans-Wilsdorf grâce à laquelle ce surtitrage vous est proposé. Programmes Les programmes du spectacle sont en vente sur place auprès du personnel de salle ainsi qu’à la billetterie du Grand Théâtre située à l’Opéra des Nations et au 9, rue du Général-Dufour.
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Réservation de groupe Les associations et groupements à but non lucratif peuvent réserver des places de spectacle à tarifs préférentiels durant toute la saison. Dossier spécial et réservation T +41 22 322 50 50 F + 41 22 322 50 51 groupes@geneveopera.ch Soirées entreprises Les entreprises souhaitant organiser une soirée au Grand Théâtre peuvent prendre contact avec Aurélie Élisa Gfeller, notre responsable du mécénat. T +41 22 322 50 58 F + 41 22 322 50 98 mecenat@geneveopera.ch
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BILLETTERIE DU GRAND THÉÂTRE À l’Opéra des Nations 40, avenue de France. Du lundi au vendredi de 10 h à 18 h, sauf le lundi, ouverture à 12 h. Les jours de spectacle jusqu’à l’heure de la représentation. Si le spectacle a lieu le samedi ou le dimanche, la billetterie est ouvertes 1 h 30 avant le début de la représentation. Rue du Général-Dufour 9, rue du Général-Dufour. Du lundi au samedi de 10 h à 18 h, sauf le lundi, ouverture à 12 h. Fermeture le samedi à 17 h. Par téléphone T + 41 22 322 50 50. Du lundi au vendredi de 10 h à 18 h Par courriel, fax ou courrier Billetterie du Grand Théâtre CP 5126 - CH 1211 Genève 11 billetterie@geneveopera.ch F + 41 22 322 50 51 En ligne sur le site www.geneveopera.ch Réservez vos places et collectez-les à la billetterie du Grand Théâtre ou imprimez-les directement à votre domicile. Les places réservées sont à régler dans les 48 h. Selon les délais, les billets réservés et payés peuvent être envoyés à domicile (Frais de port : Fr. 4.-). Modes de paiement acceptés : Mastercard et Visa
TARIF SPÉCIAUX
BILLETS JEUNES ET ÉTUDIANTS 25 % de réduction sur le plein tarif billetterie en catégorie G, H & I pour les jeunes de moins de 26 ans et les étudiants. OFFRE 30-30-30 Des places à Fr. 30.- sont proposées 30 minutes avant le début des spectacles aux personnes ayant jusqu’à 30 ans révolus sur présentation d’une pièce justificative et dans la limite des places disponibles.
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CARTE 20 ANS/20 FRANCS Les titulaires de la carte bénéficient d’un rabais supplémentaire de Fr. 2.- par rapport au tarif jeune et reçoivent un programme de spectacle (une pièce d’identité sera demandée pour accéder à la salle). BILLETS LAST MINUTE Dans la limite des places disponibles, des places à Fr. 30.- ou Fr. 50.- sont proposées une demi-heure avant le début des spectacles pour tout étudiant ou demandeur d’emploi de plus de trente ans sur présentation d’une pièce justificative. TITULAIRES DU CHÉQUIER CULTURE Réduction de Fr. 10.- par chèque sur l’achat de places de spectacle à la billetterie du Grand Théâtre (chèques cumulables).
Tarifs réduits Un justificatif doit être présenté ou envoyé pour tout achat de billet à tarif réduit.
PASSEDANSE D’une valeur de 20 francs et valable de septembre 2017 à juin 2018, il est offert gratuitement par le Grand Théâtre avec l’abonnement pleine saison et l’abonnement danse.
Remboursement / échange Les billets sont remboursés ou échangés seulement lors d’annulation de spectacle et non en cas de modifications de programmation ou de distribution en cours de saison. Les abonnés du Grand Théâtre peuvent changer leurs dates de spectacles jusqu’à la veille de la représentions avant midi (1 er échange gratuit, puis Fr. 5.- par commande sauf pour les détenteurs des abonnements Carré d’or et Premières).
TARIFS PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP Les personnes à mobilité réduite peuvent être placées en catégorie A au premier rang, pour le prix d’un billet de catégorie F. Les personnes malentendantes peuvent être placées en catégorie C pour le prix d’un billet de catégorie H. Les personnes malvoyantes, aveugles ou avec un handicap mental, peuvent bénéficier d’une place gratuite pour leur accompagnant.
Dans le réseau FNAC en Suisse et en France
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LE CERCLE DU GRAND THÉÂTRE Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement. Bureau (décembre 2017) M. Jean Bonna, président M. Rémy Best, vice-président & trésorier Mme Brigitte Vielle, secrétaire Mme Françoise de Mestral Autres membres du Comité (décembre 2017) Mme Christine Batruch Mme Claudia Groothaert Mme Coraline Mouravieff-Apostol Mme Beatrice Rötheli M. Rolin Wavre Membres bienfaiteurs M. et Mme Luc Argand Mme René Augereau Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Fondation Hans Wilsdorf M. et Mme Pierre Keller Banque Lombard Odier & Cie SA M. et Mme Yves Oltramare M. et Mme Adam Saïd Union Bancaire Privée – UBP SA M. Pierre-Alain Wavre M. et Mme Gérard Wertheimer
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Membres individuels S. A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis S. A. S. La Princesse Étienne d’Arenberg M. Ronald Asmar Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn Mme Maria Pilar de la Béraudière M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best M. et Mme Rémy Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna Prof. Julien Bogousslavsky Mme Christiane Boulanger Mme Clotilde de Bourqueney Harari Comtesse Brandolini d’Adda M. et Mme Robert Briner M. et Mme Yves Burrus Mme Caroline Caffin Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat M. et Mme Claude Demole M. et Mme Guy Demole M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado Mme Diane Etter-Soutter Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich M. et Mme Eric Freymond Mme Elka Gouzer-Waechter Mme Claudia Groothaert M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière Mme Bernard Haccius M. Alex Hoffmann M. et Mme Philippe Jabre M. et Mme Éric Jacquet M. Romain Jordan Mme Madeleine Kogevinas M. et Mme Jean Kohler M. Marko Lacin Mme Brigitte Lacroix M. et Mme Pierre Lardy M. Christoph La Roche Mme Éric Lescure
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Mme Eva Lundin M. Bernard Mach M. et Mme Colin Maltby Mme Catherine de Marignac M. Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus M. et Mme Olivier Maus Mme Béatrice Mermod M. et Mme Charles de Mestral Mme Jacqueline Missoffe M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue M. et Mme Philippe Nordmann M. Yaron Ophir M. et Mme Alan Parker M. Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Wolfgang Peter Valaizon M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Comte de Proyart Mme Adeline Quast Mme Ruth Rappaport M. et Mme François Reyl M. et Mme Andreas Rötheli M. et Mme Gabriel Safdié Marquis et Marquise de Saint Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. Julien Schoenlaub Baron et Baronne Seillière Mme Christiane Steck M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller M. et Mme Gérard Turpin M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. et Mme Julien Vielle M. et Mme Olivier Vodoz Mme Bérénice Waechter M. Gerson Waechter
M. et Mme Stanley Walter M. et Mme Rolin Wavre M. et Mme Lionel de Weck Membres institutionnels 1875 Finance SA Banque Pâris Bertrand Sturdza SA Credit Suisse (Suisse) SA FBT Avocats SA Fondation Bru JT International SA Lenz & Staehelin Schroder & Co banque SA SGS SA
Inscriptions Cercle du Grand Théâtre de Genève Mme Gwénola Trutat 11, boulevard du Théâtre • CH-1211 Genève 11 T +41 22 321 85 77 F +41 22 321 85 79 du lundi au vendredi de 8 h à 12 h cercle@geneveopera.ch Compte bancaire N° 530 290 MM. Pictet & Cie Organe de révision Plafida SA
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PROCHAINEMENT À L’OPÉRA DES NATIONS OPÉRA
CONCERT EXCEPTIONNEL
Faust
Opéra en 5 actes Charles Gounod Nouvelle production 1, 3, 5, 7, 9, 12, 14 février 2018 à 19 h 30 18 février 2018 à 15 h Direction musicale Jesús López Cobos Mise en scène & lumières Georges Lavaudant Décors & costumes Jean-Pierre Vergier Conseiller artistique et dramaturgique Jean-Romain Vesperini Avec John Osborn, Adam Palka, Ruzan Mantashyan, Jean-François Lapointe, Samantha Hankey, Shea Owens, Marina Viotti 1 Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève (Direction Alan Woodbridge)
Sonya Yoncheva Soprano
Dimanche 4 février 2018 à 19 h 30 Ténor Marin Yonchev Direction musicale Diego Matheuz L’Orchestre de Chambre de Genève Airs de Giuseppe Verdi BALLET
Voces
Ballet de flamenco Sara Baras 21, 22, 23, 24 février 2018 à 19 h 30 25 février 2018 à 15 h Mise en scène & chorégraphie Sara Baras Direction & composition musicale Keko Baldomero Décors Ras Artesanos Costumes Torres-Cosano Lumières Oscar Gómez de los Reyeso
Conférence de présentation 2 par Christophe Imperiali Au Théâtre de l’Espérance 8, rue de la Chapelle, 1207 Genève Mercredi 31 janvier 2018 à 18 h 15
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Membre de le la Troupe des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre de Genève
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En collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet.
Avec la collaboration de Carlos Herrera, J. Jiménez « Chaboli », Sergio Monroy, José Serrano Danseuses & danseurs María Jesús García Oviedo, Charo Pedraja, Cristina Aldón, Daniel Saltares, David Martín Alejandro Rodríguez Musiciens Tim Ries, Keko Baldomero, Andrés Martínez, Antonio Suárez, Manuel Muñoz « Pájaro » Chanteurs Rubio de Pruna, Miguel Rosendo, Israel Fernández
Directeur de la publication Tobias Richter Responsable de la rédaction Daniel Dollé Responsable de l’édition Aimery Chaigne Collaborations Isabelle Jornod, Tania Rutigliani Impression Atar Roto Presse SA ACHEVÉ D’IMPRIMER EN DÉCEMBRE 2017
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*élégance florale
magasin principal 26 Corraterie / 1204 Genève T +41 22 310 3655 boutique aéroport Cointrin 7/7 T +41 22 798 5428
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