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LE POSTHUMAIN
Fragment extrait The Posthuman de Rosi Braidotti, (Cambridge: Polity Press, 2013)
La théorie environnementaliste met l’accent sur le lien entre l’emphase humaniste de l’Être humain comme la mesure de toute chose, ainsi que la domination et l’exploitation de la Nature, et condamne les abus de la science et de la technologie. Ces deux points de vue impliquent une violence épistémique et physique sur l’« autrui » structurel et sont associés à l’idéal européen de la « raison » issu des Lumières. La vision du monde qui fait équivaloir la Maîtrise avec un contrôle scientifique rationnel sur « autrui » a également milité pour le respect de la diversité des êtres vivants et des cultures humaines. L’alternative environnementaliste est une nouvelle approche holistique qui associe la cosmoloie avec l’anthropologie et une spiritualité post-laïque, principalement d’inspiration féministe, pour affirmer le besoin d’un respect affectueux pour la diversité dans ses incarnations à la fois humaines et non-humaines [...] Un post-humanisme écologique nouveau problématise ainsi les questions de pouvoir et de sentiment de supériorité à l’ère de la globalisation et appelle à une autoréflexion de la part des sujets qui occupent la position centrale humaniste d’autrefois, mais aussi de la part des personnes qui vivent dans l’un des nombreux centres de pouvoir dispersés de la postmodernité évoluée. [...] La question de l’eurocentrisme, en termes de « nationalisme méthodologique » et de son association historique avec l’humanisme se pose. Les sujets de connaissance européens actuels doivent donc être en mesure de faire face à l’obligation éthique de leur responsabilité vis-àvis de leur histoire et de l’ombre immense qu’elle jette sur la politique contemporaine. La nouvelle mission qui incombe à l’Europe d’assumer implique une critique de ses intérêts particuliers égoïstes, de l’intolérance et du rejet
« La non-violence est un engagement total à la voie de l’amour. L’amour, ce n’est pas une foire aux émotions, ce n’est pas un sentimentalisme futile. C’est verser activement tout son être dans l’être d’autrui. »
Martin Luther King, Jr. (1929-1968)
« Peu importe la taille d’une nation, elle ne sera pas plus puissante que ses plus faibles, et tant que vous chercherez à opprimer quelqu’un, il y aura une partie de vous qui devra se rabaisser pour le tenir à sa place, et vous ne pourrez donc pas vous élever comme vous l’auriez pu autrement. »
Marian Anderson, contralto (1897-1993)
xénophobe de l’altérité. Le destin des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile qui font les frais du racisme de l’Europe d’aujourd’hui est symbolique de la fermeture d’esprit européenne.
Il faut définir un nouvel ordre du jour politique qui ne soit plus européen ou basé sur une subjectivité rationnelle, universelle et eurocentrique, mais plutôt une transformation radicale de cela, qui fasse rupture avec les tendances impérialistes, fascistes et non démocratiques de l’Europe. Depuis la deuxième moitié du XX e siècle, la crise de l’humanisme philosophique – aussi connue comme la mort de « l’Homme » – a simultanément reflété et agrandi les préoccupations à plus large échelle quant au déclin du statut géopolitique de l’Europe en tant que puissance mondiale impérialiste. La théorie et les phénomènes géo-historiques travaillent main dans la main lorsqu’il s’agit de mettre en question l’humanisme européen. Au vu des résonances qui existent entre ces deux dimensions, la théorie critique offre une contribution unique au débat sur l’Europe. [...] Cela nous permet de déjouer un certain nombre des pièges de la binarité, par exemple de poser d’un côté une Europe mondialisée et culturellement diverse et de l’autre, des définitions égoïstes et xénophobes de l’identité européenne. La nomadisation de l’Europe implique une résistance contre les nationalismes, la xénophobie et le racisme, ces vices de pensée de l’Europe impérialiste d’autrefois. En cela, cette nomadisation est à l’opposé de l’universalisme grandiloquent et agressif du passé et le remplace par une perspective contextualisée et transparente. Il adopte aussi un nouveau projet politique et éthique en se positionnant fortement contre le syndrome de la « Forteresse Europe » et en ravivant la tolérance comme outil de justice sociale.
Représentation d’un guerrier amérindien, détail d’une gravure de Théodore de Bry (1528-1598) dans Collectiones peregrinatiorum in Indiam orientalem et Indiam occidentalem (1590)
Voyage nouveau et curieux parmi les sauvages de l’Amérique septentrionale, par C. le Beau, avocat au Parlement, publié à Amsterdam. Gravure d’Allain Malesson Mallet (1630 - 1706), ingénieur, mathématicien et géographe.