LIBRETTO
Le posthumain Fragment extrait The Posthuman de Rosi Braidotti, (Cambridge : Polity Press, 2013)
La théorie environnementaliste met l’accent sur le lien entre l’emphase humaniste de l’Être humain comme la mesure de toute chose, ainsi que la domination et l’exploitation de la Nature, et condamne les abus de la science et de la technologie. Ces deux points de vue impliquent une violence épistémique et physique sur l’« autrui » structurel et sont associés à l’idéal européen de la « raison » issu des Lumières. La vision du monde qui fait équivaloir la Maîtrise avec un contrôle scientifique rationnel sur « autrui » a également milité pour le respect de la diversité des êtres vivants et des cultures humaines. L’alternative environnementaliste est une nouvelle approche holistique qui associe la cosmoloie avec l’anthropologie et une spiritualité post-laïque, principalement d’inspiration féministe, pour affirmer le besoin d’un respect affectueux pour la diversité dans ses incarnations à la fois humaines et
non-humaines [...] Un post-humanisme écologique nouveau problématise ainsi les questions de pouvoir et de sentiment de supériorité à l’ère de la globalisation et appelle à une autoréflexion de la part des sujets qui occupent la position centrale humaniste d’autrefois, mais aussi de la part des personnes qui vivent dans l’un des nombreux centres de pouvoir dispersés de la postmodernité évoluée. [...] La question de l’eurocentrisme, en termes de « nationalisme méthodologique » et de son association historique avec l’humanisme se pose. Les sujets de connaissance européens actuels doivent donc être en mesure de faire face à l’obligation éthique de leur responsabilité vis-àvis de leur histoire et de l’ombre immense qu’elle jette sur la politique contemporaine. La nouvelle mission qui incombe à l’Europe d’assumer implique une critique de ses intérêts particuliers égoïstes, de l’intolérance et du rejet 41