1213 - Programme ballet N°1 - Giselle - 10/12

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Giselle Ballet en 2 actes

Adolphe Adam chorégraphie Pontus Lidberg

Ballet du Grand Théâtre de Genève

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Passion et partage La Fondation de bienfaisance de la banque Pictet est fière de soutenir le projet «Les jeunes au cœur du Grand Théâtre». En participant à ce programme de formation, nous nous engageons en faveur de la génération à venir. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir offrir aux talents de demain l’opportunité de découvrir les joies de l’opéra et du ballet, et peut-être même de susciter des vocations. Les associés de Pictet & Cie vous souhaitent une très belle saison 2012-2013.

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PARTENAIRES DU Grand Théâtre de Genève Ville de Genève

Partenaire de saison

Association des communes genevoises

Partenaire fondateur de la troupe des jeunes solistes en résidence

Département de l’instruction Publique, de la culture et du sport

Partenaire de production

cercle du Grand Théâtre de Genève

Partenaire de production

comme conseiller d’un généreux mécène

PARTENAIRES DU GENEVA OPERA POOL Banque Pictet & Cie Bory & Cie Agence immobilière SA Cargill International SA Credit Suisse Gazprombank (Suisse) SA Mirelis InvesTrust SA Totsa Total Oil Trading Union Bancaire Privée SA

Partenaire du ballet du Grand Théâtre

Partenaire du programme pédagogique

Partenaire de production

PARTENAIRES media

Partenaires de production

PARTENAIRES d’échanges

M. Trifon Natsis

Exersuisse Fleuriot Fleurs Generali Assurance Perrier Jouët Unireso Visilab

Fondation Valeria Rossi di Montelera

Partenaire des récitals

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Backdrop Lily Zaria Forman, 2012 Décors peint pour la production de Giselle au Grand Théâtre de Genève. Huile sur toile

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Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse, Au fond d’un monument construit en marbre noir, Et lorsque tu n’auras pour alcôve et manoir Qu’un caveau pluvieux et qu’une fosse creuse ; Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse Et tes flancs qu’assouplit un charmant nonchaloir, Empêchera ton coeur de battre et de vouloir, Et tes pieds de courir leur course aventureuse, Le tombeau, confident de mon rêve infini (Car le tombeau toujours comprendra le poète), Durant ces grandes nuits d’où le somme est banni, Te dira : « Que vous sert, courtisane imparfaite, De n’avoir pas connu ce que pleurent les morts ? » – Et le ver rongera ta peau comme un remords. Charles Baudelaire remords posthume

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Gabriela Gomez et Armando Gonzalez

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Little broken hearts of the night Slowly picking up their knives On the way to the fight Tonight they want revenge Beautiful soldiers in their beds Making love inside their hands With no chance to defend Tonight could be their end With the weapons in their hands And their eyes closed as they stand Can they end it all tonight so easily? Did the darkness of their days Make them let go of their light? Will they want to find a way To make it all right? When the beautiful awake See the sadness in their eyes Will they want to find a way To make it all right, To make it all right? Only the fallen need to rise What if lightning strikes them twice? Will they give up on their lives And finally divide? Did the darkness of their days Make them let go of their light? Can they ever find a way To sleep side by side? When the beautiful awake See the sadness in their eyes Will they ever find a way To sleep side by side, To sleep side by side, To sleep side by side? Norah Jones/Brian Burton Little Broken Hearts, 2012

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Encourager les arts et la culture L’excellence du Ballet du Grand Théâtre de Genève, sa création sans cesse renouvelée et la diversité de ses 22 danseuses et danseurs, en font une compagnie unique, que JTI est fier de soutenir.

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JTI est porté par la créativité de ses 25 000 collaborateurs de 90 nationalités différentes.

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© Mikki Kunttude Genève • Giselle Grand Théâtre

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au Grand Théâtre de Genève nouvelle production création mondiale 2 | 4 | 5 | 6 octobre 2012 à 19 h 30 7 octobre 2012 à 15 h

Giselle Ballet en deux actes

Adolphe Adam

Librement inspiré du livret de Théophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges. Créé à Paris le 28 juin 1841 à l’Académie royale de musique (Opéra de Paris). Durée du spectacle : approx. 1 h 45, incluant un entracte Avec le soutien de

Partition éditée par Lars Payne, Londres, 2010

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avec la participation de l’Orchestre de la Suisse Romande

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En harmonie avec la culture depuis 1831.

GENERALI Assurances Générales SA Avenue Perdtemps 23, Case postale 3000, 1260 Nyon 1 Tél. 058 471 01 01, Fax 058 471 01 02

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Chorégraphie originale

Pontus Lidberg

Scénographie et lumières Costumes Visuels scéniques

Patrik Bogårdh Rachel Quarmby-Spadaccini Zaria Forman

Giselle Sarawanee Tanatanit Albrecht Damiano Artale Mère de Giselle | Myrtha Madeline Wong Hilarion Nathanaël Marie Armando Gonzalez (4 et 5/09/2012) Bathilde Hélène Bourbeillon Danseuses Fernanda Barbosa, Hélène Bourbeillon, Gabriela Gomez, Virginie Nopper, Yu Otagaki, Isabelle Schramm, Sara Shigenari, Yanni Yin, Daniela Zaghini Danseurs Joseph Aitken, Loris Bonani, Natan Bouzy, Pierre-Antoine Brunet, Aurélien Dougé, Grégory Deltenre, Paul Girard, Armando Gonzalez, Nathanaël Marie, Vladimir Ippolitov

Orchestre de la Suisse Romande Direction

Philippe Béran Ballet du Grand Théâtre de Genève Direction

Philippe Cohen

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ABONNEMENT NUMÉRIQUE

PARIS NEW YORK SHANGHAI

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SWISS / Airbus A330-300

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Argument

Hier, aujourd’hui, demain, Giselle et Albrecht tombent amoureux fou. Ils appartiennent à des univers différents et se jurent un amour sans faille. Nul ne saurait remettre en cause leur honnêteté, ni leur sincérité. Ils tiennent leur histoire secrète pour des raisons qui relèvent de leur vécu. Giselle n’ose pas l’avouer à sa famille, et Albrecht oublie qu’il a une petite amie. Lorsque Giselle découvre la vérité, tout espoir s’écroule, sa vie est détruite. L’unique réponse semble être la mort, Giselle se tue. Que reste-t-il à Albrecht, si ce n’est des remords qui le poursuivent, comme des fantômes qui viendraient hanter et tourmenter la mémoire.

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Sarawanee Tanatanit (Giselle) et Damiano Artale (Albrecht)

Le regard de Pontus Lidberg

Giselle, la rencontre impossible

par Daniel Dollé

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uel plaisir et quel enrichissement de pouvoir dialoguer avec Pontus Lidberg, le chorégraphe suédois, également danseur et cinéaste ! Malgré son jeune âge, il a déjà créé plus de trente chorégraphies pour de grandes compagnies internationales et son film The Rain, en 2007 a été couronné par un prix. Lorsque nous aurons ajouté qu’on peut lire régulièrement dans la presse qu’il fait partie des chorégraphes les plus talentueux de son époque, vous aurez compris que c’est un grand bonheur pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève de pouvoir compter sur son regard et sur son analyse de l’un des archétypes du ballet romantique, Giselle. Sous une apparente « zénitude », son imaginaire, ses pensées et sa créativité sont en permanente

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effervescence. Il interroge le vécu et les rapports humains. Jeune danseur, il rêvait déjà de réaliser ses propres créations, ce qu’il fit à partir de 25 ans. Pour exprimer ses idées, il a besoin d’interprètes sensibles et charismatiques qui savent traduire un travail minutieux et structuré. Gageons qu’il les aura trouvés au sein de la compagnie genevoise qui, une nouvelle fois, fait preuve de son engagement et de ses talents, à présent reconnus bien au-delà des frontières helvétiques. Après avoir chorégraphié Petrouchka et L’Après-midi d’un faune, Pontus revisite Giselle, une autre œuvre mythique de la danse. Philippe Cohen, directeur du Ballet, en lui proposant cet ouvrage du répertoire chorégraphique, avait l’intuition qu’elle pouvait correspondre à sa sensibilité et qu’il allait pouvoir interroger les dilemmes des rencontres humaines

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marquées par le vécu. Il allait pouvoir nous conter une histoire, comment devenir adulte, une histoire d’amour, une féerie qui malgré sa véracité et toute l’honnêteté tourne au tragique. Le cœur est brisé et réclame la mort. C’est une histoire d’amour qui inspira Giselle. Théophile Gautier tomba amoureux d’une danseuse italienne, Caronne Adèle Joséphine Marie Grise, Carlotta Grisi, née en 1819 en Istrie et décédée à Genève en 1899. Elle repose au cimetière de Châtelaine à proximité de St-Jean, en ville de Genève. Pour elle, il écrit l’argument de Giselle qui va marquer une longue relation d’amour et d’amitié, un amour non réalisé, un amour platonique, bien que Théo, comme l’appelaient ses amis, confessa qu’elle fut le seul amour de sa vie. Carlotta Grisi fut engagée à l’Opéra de Paris en 1840. Sa sœur Ernesta était la compagne de Théophile Gautier, et la cantatrice Giulia Grisi, sa cousine. À l’âge de cinq ans, elle dansait déjà sur la scène de La Scala de Milan. Son succès légendaire auprès de la gent masculine est indéniable. Elle vit en couple avec Jules Perrot et se fait appeler Madame Perrot. Lorsqu’elle quitte Londres pour rentrer à Paris, en laissant Perrot, elle se fait de nouveau appeler par son nom. Les rumeurs d’un mariage avec Petipa vont bon train. Théophile Gautier est déjà amoureux d’elle. Leurs entrevues sont fréquentes, mais clandestines. Finalement, Théo reporte son amour sur la sœur cadette, Ernesta, mais Carlotta restera sa muse. Lorsqu’il rompt avec Ernesta, il a tout loisir de renouer avec son ancienne maîtresse qui a renoncé à la scène, et qui s’est retirée à Genève où elle s’occupe de sa fille Léontine qu’elle a eu avec le prince de Radziwill, ainsi que de sa petite-fille, Rose Perrot. Elle devient pour lui une tendre amie qui lui apporte réconfort et soutien. Le 28 juin 1841, elle triomphe à l’Opéra de Paris en créant le rôle de Giselle dans une chorégraphie de Jean Coralli et Jules Perrot, son partenaire, était Lucien Petipa, le frère ainé de Marius Petipa. De la musique d’Adolphe Adam, composée pour le ballet, Théophile Gautier dira : « La musique de Monsieur Adam est supérieure à la musique ordinaire des ballets ; elle abonde en motifs, en effets d’or-

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chestre ; elle contient même, attention touchante pour les amateurs de musique difficile, une fugue très bien conduite. Le second acte résout heureusement ce problème musical du fantastique gracieux et plein de mélodie. » Une nouvelle fois ce conte, cette féerie convoque les idées et les forces créatrices. Quelle que soit l’excellence de la lecture au premier degré, elle ne saurait suffire, voire satisfaire. Dès 1910, Michel Fokine crée une nouvelle version pour les Ballets russes de Serge Diaghilev. Il sera suivi par Serge Lifar, Alicia Alonso, Patrice Bart, Marcia Haydée ou encore Mats Ek. Nous pourrions également évoquer les versions décalées, telles que Creole Giselle du Dance Theatre of Harlem qui raconte l’opposition de deux classes sociales de Noirs, les « nobles » et les affranchis, ou G de Garry Stewart, présenté lors du Adelaide Bank Festival of Arts. Nous terminerons par l’évocation du film de Herbert Ross, Dancers, paru en 1987 et qui se déroule dans le Sud de l’Italie où une équipe de cinéma vient filmer une représentation de Giselle. Dans la troupe, une jeune danseuse tombe sous le charme du grand danseur Tony Sergueiev qui n’est autre que Mikhaïl Baryshnikov. 2012, Pontus Lidberg nous offre sa vision de cet ouvrage indétrônable du répertoire, une vision empreinte de vécu et d’une grand sensibilité. Elles étaient belles, les elfes qui volaient accrochées aux cintres du théâtre. Pour faire rêver, les machines les plus sophistiquées du théâtre étaient convoquées. Mais qu’en était-il des personnages ? Que pouvait cacher un tel divertissement ? Lorsqu’on prend le temps d’aller à la rencontre de l’œuvre et d’interroger ses entrailles, ses mystères, sa profondeur, deviennent rapidement accessibles. Sous une apparente simplicité se cachent des vérités, des messages intemporels, comme dans ces histoires qu’on raconte depuis des lustres aux enfants pour les accompagner dans leur sommeil et qui contiennent tant de signaux subliminaux, à la fois simples et complexes qui dérivent de pulsions qui nous animent et souvent nous dépassent. L’histoire commence : « Il était une fois… », et de ce fait devient intemporelle et probablement uni-

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verselle. Où sommes-nous ? Dans la réalité dans la première partie et dans le monde de la pensée dans la seconde. Giselle et Albrecht n’appartiennent pas au même monde, à la même classe sociale. Ils n’ont pas le même vécu, le même passé. Lorsqu’ils se rencontrent, leur regard s’illumine, leur cœur s’emballe, c’est le grand frisson, c’est le coup de foudre que chacune et chacun espère. Il n’est garant de rien et pourtant, il occupe une place de choix. L’amour au premier regard, l’idéalisation immédiate de l’autre, cela n’arrive pas souvent. Cet amour tant désiré échappe à la raison et altère l’esprit critique. Pour le faire durer, il faut savoir dépasser les peurs et les interrogations. Il questionne les scientifiques qui pensent l’avoir démystifié grâce à l’IRM fonctionnelle. Le coup de foudre serait ressenti par le cerveau et non par le cœur, comme pourrait le laisser croire l’accélération du pouls, et pourtant, il est à l’origine de bien des cœurs brisés. C’est vers la fin du XVIIIème siècle que le coup de foudre en tant qu’émotion soudaine est apparu, cependant Cupidon, depuis belle lurette bandait son arc et décochait des flèches sans prendre garde à l’appartenance sociale de ses cibles. Giselle et Albrecht vivent une profonde histoire d’amour qu’ils tiennent secrètes, chacun pour ses propres raisons. Ils sont empêtrés dans leurs sentiments mutuels et agissent en fonction de cela, c’est la raison qui les conduira au désastre malgré leur honnêteté qui ne prend pas le même sens chez les deux protagonistes. Giselle a l’honnêteté de la jeunesse, elle a l’innocence et fonce sans se poser de question. La situation pour Albrecht est différente, il a un vécu et doit faire face à des conflits que Giselle n’a pas et ne connaît pas, il est son unique amour. Albrecht s’est entiché d’elle, mais il est fiancé et devrait se marier. Il est placé devant un dilemme et préfère le silence sans pour autant que ses intentions soient mauvaises. Lorsque Giselle découvre ce qu’Albrecht voulait lui cacher, ou n’avait pas le courage de lui dire, tout s’écroule pour elle, l’idylle est anéantie, elle est désappointée, désespérée. La seule issue, pour elle,

sera la mort, le suicide. Le cœur brisé, elle se tue. Mais si l’histoire s’arrêtait là, nous aurions oublié qu’il faut faire le deuil de celle qu’on a aimée, ce serait oublier les regrets et les remords qui envahissent l’esprit comme un trouble obsessionnel incurable. Le souvenir, la mémoire peuvent tourmenter de longues années. Dans la tête d’Albrecht tout se bouscule : souvenirs, regrets, culpabilité et remords. Ne dit-on pas que les souvenirs restent, même lorsqu’ils sont traités par notre subjectivité, la mémoire ne saurait être objective. Giselle est devenu un fantôme dans la tête d’Albrecht, qui, par manque d’honnêteté absolue, doit, pour faire le deuil et apaiser son esprit, chercher le pardon. Cœur brisé n’est pas une vaine expression, chacune et chacun d’entre nous y trouvera probablement des résonnances dans sa propre vie. Et, peut-être, est-il des actes commis sans méchanceté délibérée qui ont des conséquences fatales ? Faut-il absolument tricher ou recourir au mensonge pour se simplifier la vie, ou par manque de courage. Au cours d’une soirée qui s’annonce riche et captivante où la mère de Giselle et Myrtha, la reine des Wilis, ne font qu’une et même personne, Pontus Lidberg nous délivre quelques messages qu’il met en lumière dans Giselle et où franchise et honnêteté sont des mots clés. Il nous invite à partager les émotions et les sentiments de deux jeunes gens qui apprennent à devenir adulte à travers leurs expériences et leurs maladresses, et ce loin de la perversité. En somme, une leçon de vie comme toute fable ou tout conte qui se termine par une morale. Pontus Lidberg ne se veut nullement moralisateur, il évoque simplement l’amour parfois dévastateur, mais également salvateur. Non, le cœur brisé n’est pas une vue de l’esprit, c’est une réalité sans âge qui revêt les couleurs de l’époque, sans perdre son sens profond. N’oublions jamais que le regard de Pontus Lidberg sur une des grands ouvrages chorégraphiques du passé, devrait être le nôtre face à chaque chefd’œuvre conçu pour nous interroger, afin que nous soyons des acteurs capables de découvrir ce qui se cache derrière le divertissement qui nous est proposé. DD

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Les Orie I Hélas ! que j’en ai vu mourir de jeunes filles ! C’est le destin. Il faut une proie au trépas. Il faut que l’herbe tombe au tranchant des faucilles ; Il faut que dans le bal les folâtres quadrilles Foulent des roses sous leurs pas.

Mon âme est une sœur pour ces ombres si belles. La vie et le tombeau pour nous n’ont plus de loi. Tantôt j’aide leurs pas, tantôt je prends leurs ailes. Vision ineffable où je suis mort comme elles, Elles, vivantes comme moi !

Il faut que l’eau s’épuise à courir les vallées ; Il faut que l’éclair brille, et brille peu d’instants, Il faut qu’avril jaloux brûle de ses gelées Le beau pommier, trop fier de ses fleurs étoilées, Neige odorante du printemps.

Elles prêtent leur forme à toutes mes pensées. Je les vois ! je les vois ! Elles me disent : Viens ! Puis autour d’un tombeau dansent entrelacées ; Puis s’en vont lentement, par degrés éclipsées. Alors je songe et me souviens…

Oui, c’est la vie. Après le jour, la nuit livide. Après tout, le réveil, infernal ou divin. Autour du grand banquet siège une foule avide ; Mais bien des conviés laissent leur place vide. Et se lèvent avant la fin. II Que j’en ai vu mourir ! – L’une était rose et blanche ; L’autre semblait ouïr de célestes accords ; L’autre, faible, appuyait d’un bras son front qui penche, Et, comme en s’envolant l’oiseau courbe la branche, Son âme avait brisé son corps.

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III Une surtout. – Un ange, une jeune Espagnole ! Blanches mains, sein gonflé de soupirs innocents, Un œil noir, où luisaient des regards de créole, Et ce charme inconnu, cette fraîche auréole Qui couronne un front de quinze ans ! Non, ce n’est point d’amour qu’elle est morte : pour elle, L’amour n’avait encor ni plaisirs ni combats ; Rien ne faisait encor battre son cœur rebelle ; Quand tous en la voyant s’écriaient : Qu’elle est belle ! Nul ne le lui disait tout bas.

Une, pâle, égarée, en proie au noir délire, Disait tout bas un nom dont nul ne se souvient ; Une s’évanouit, comme un chant sur la lyre ; Une autre en expirant avait le doux sourire D’un jeune ange qui s’en revient.

Elle aimait trop le bal, c’est ce qui l’a tuée. Le bal éblouissant ! le bal délicieux ! Sa cendre encor frémit, doucement remuée, Quand, dans la nuit sereine, une blanche nuée Danse autour du croissant des cieux.

Toutes fragiles fleurs, sitôt mortes que nées ! Alcyons engloutis avec leurs nids flottants ! Colombes, que le ciel au monde avait données ! Qui, de grâce, et d’enfance, et d’amour couronnées, Comptaient leurs ans par les printemps !

Elle aimait trop le bal. – Quand venait une fête, Elle y pensait trois jours, trois nuits elle en rêvait, Et femmes, musiciens, danseurs que rien n’arrête, Venaient, dans son sommeil, troublant sa jeune tête, Rire et bruire à son chevet.

Quoi, mortes ! quoi, déjà, sous la pierre couchées ! Quoi ! tant d’êtres charmants sans regard et sans voix ! Tant de flambeaux éteints ! tant de fleurs arrachées !... Oh ! laissez-moi fouler les feuilles desséchées, Et m’égarer au fond des bois !

Puis c’étaient des bijoux, des colliers, des merveilles ! Des ceintures de moire aux ondoyants reflets ; Des tissus plus légers que des ailes d’abeilles ; Des festons, des rubans, à remplir des corbeilles ; Des fleurs, à payer un palais !

Deux fantômes ! c’est là, quand je rêve dans l’ombre, Qu’ils viennent tour à tour m’entendre et me parler. Un jour douteux me montre et me cache leur nombre. À travers les rameaux et le feuillage sombre Je vois leurs yeux étinceler.

La fête commencée, avec ses sœurs rieuses Elle accourait, froissant l’éventail sous ses doigts, Puis s’asseyait parmi les écharpes soyeuses, Et son cœur éclatait en fanfares joyeuses, Avec l’orchestre aux mille voix.

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entales C’était plaisir de voir danser la jeune fille ! Sa basquine agitait ses paillettes d’azur ; Ses grands yeux noirs brillaient sous la noire mantille. Telle une double étoile au front des nuits scintille Sous les plis d’un nuage obscur.

V Sa pauvre mère ! – hélas ! de son sort ignorante, Avoir mis tant d’amour sur ce frêle roseau, Et si longtemps veillé son enfance souffrante, Et passé tant de nuits à l’endormir pleurante Toute petite en son berceau !

Tout en elle était danse, et rire, et folle joie. Enfant ! – Nous l’admirions dans nos tristes loisirs ; Car ce n’est point au bal que le cœur se déploie, La centre y vole autour des tuniques de soie, L’ennui sombre autour des plaisirs.

À quoi bon ? – Maintenant la jeune trépassée, Sous le plomb du cercueil, livide, en proie au ver, Dort ; et si, dans la tombe où nous l’avons laissée, Quelque fête des morts la réveille glacée, Par une belle nuit d’hiver,

Mais elle, par la valse ou la ronde emportée, Volait, et revenait, et ne respirait pas, Et s’enivrait des sons de la flûte vantée, Des fleurs, des lustres d’or, de la fête enchantée, Du bruit des vois, du bruit des pas.

Un spectre au rire affreux à sa morne toilette Préside au lieu de mère, et lui dit : Il est temps ! Et, glaçant d’un baiser sa lèvre violette, Passe les doigts noueux de sa main de squelette Sous ses cheveux longs et flottants.

Quel bonheur de bondir, éperdue, en la foule, De sentir par le bal ses sens multipliés, Et de ne pas savoir si dans la nue on roule, Si l’on chasse en fuyant la terre, ou si l’on foule Un flot tournoyant sous ses pieds !

Puis, tremblante, il la mène à la danse fatale, Au chœur aérien dans l’ombre voltigeant ; Et sur l’horizon gris la lune est large et pâle, Et l’arc-en-ciel des nuits teint d’un reflet d’opale Le nuage aux franges d’argent.

Mais hélas ! il fallait, quand l’aube était venue, Partir, attendre au seuil le manteau de satin. C’est alors que souvent la danseuse ingénue Sentit en frissonnant sur son épaule nue Glisser le souffle du matin. Quels tristes lendemains laisse le bal folâtre ! Adieu parure, et danse, et rires enfantins ! Aux chansons succédait la toux opiniâtre, Au plaisir rose et frais la fièvre au teint bleuâtre, Aux yeux brillants les yeux éteints. IV Elle est morte. – À quinze ans, belle, heureuse, adorée ! Morte au sortir d’un bal qui nous mit tous en deuil. Morte, hélas ! et des bras d’une mère égarée La mort aux froides mains la prit toute parée, Pour l’endormir dans le cercueil.

VI Vous toutes qu’à ses jeux le bal riant convie, Pensez à l’Espagnole éteinte sans retour, Jeunes filles ! Joyeuse, et d’une main ravie, Elle allait moissonnant les roses de la vie, Beauté, plaisir, jeunesse, amour ! La pauvre enfant, de fête en fête promenée, De ce bouquet charmant arrangeait les couleurs ; Mais qu’elle a passé vite, hélas ! l’infortunée ! Ainsi qu’Ophélia par le fleuve entraînée, Elle est morte en cueillant des fleurs ! Victor Hugo, Les Orientales, avril 1828

Pour danser d’autres bals elle était encor prête, Tant la mort fut pressée à prendre un corps si beau ! Et ces roses d’un jour qui couronnaient sa tête, Qui s’épanouissaient la veille en une fête, Se fanèrent dans un tombeau.

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Yanni Yin et Joseph Aitken

Virginie Nopper et Vladimir Ippolitov

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Yu Otagaki et Paul Girard

Isabelle Schramm et Pierre-Antoine Brunet

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[en haut]

Fernanda Barbosa et Nathanaël Marie [en bas]

Daniela Zaghini et Grégory Deltenre

Les Willis par Alphonse Karr*, 1856

À

la fin d’une journée d’automne, devant la maison du garde général Wilhem Gulf, des filles et des garçons valsaient joyeusement ; des jeunes gens jouaient, l’un du violon, l’autre du cor. La forêt devenait encore plus silencieuse ; un vent léger, qui faisait de temps en temps frissonner le feuillage, avait cessé d’agiter les arbres ; le soleil ne laissait plus à l’horizon qu’un reflet de pourpre, qui éclairait encore obliquement la clairière dans laquelle on dansait, et colorait d’une vive teinte rose les visages des danseurs. Après une valse finie, Anna Gulf prit la parole : « Il n’est pas juste, dit-elle, que le pauvre Henry passe toute la soirée à souffler dans son cor, sans valser au moins une fois. Conrad va jouer seul quelque temps, et Henry pourra prendre part à la danse. – Et pour le récompenser de la fatigue qu’il a prise à nous faire valser, ajouta la jolie Geneviève, nous déclarons qu’au mépris de tous les engagements pris d’avance, il a le droit de choisir celle de nous qui lui paraîtra la plus belle, et de valser avec elle deux fois de suite. » Anna Gulf devint toute tremblante ; elle devait

épouser Henry ; c’était un projet dès longtemps formé entre les deux familles ; mais Henry, jusque-là, n’avait presque jamais paru distinguer la fille du garde général. Anna Gulf aimait Henry. Qui ne l’eût aimé ? C’était le plus beau et le meilleur garçon du pays ; pas un chasseur n’était plus adroit ni plus audacieux, et le prince avait promis de l’élever au grade de garde général, que son beau-père lui devait résigner lors de son mariage. De son côté, Anna était une bonne et jolie fille, qui depuis la mort de sa mère était à la tête de la maison du garde général, resté veuf avec deux enfants, Anna et Conrad. Pas une seule maison ne paraissait si propre et si bien tenue ; pas une, avec un revenu borné, n’offrait un tel aspect d’aisance et de bonheur. Anna était l’idole de son père et de son frère ; ils l’appelaient leur bon ange, et elle avait en effet quelque chose des anges : son corps élancé et flexible, sa jolie tête un peu pâle, ses longs cheveux noirs appliqués en bandeaux sur son front, et ses yeux d’un bleu sombre pleins de tendresse et de mélancolie, semblaient, par un instinct secret, faire pressentir qu’Anna Gulf, ange

* Romancier et journaliste du XIXème siècle. Il était spécialiste des bons mots, tantôt acerbes, tantôt moralistes, parfois misogynes. Dans une émission radio, Patrice Delbourg dit de lui, qu’il était une sorte de prince de l’esprit, d’Aristophane du trottoir. Il sera le rédacteur en chef du Figaro.

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du ciel, n’avait été que prêtée à la terre, et qu’après avoir, comme une bienfaisante rosée, donné à tout ce qui l’entourait de la vie et du bonheur, elle déploierait ses ailes et retournerait dans sa céleste patrie ; laissant au cœur de ceux qui l’avaient aimée cette amertume qui semble être une condition nécessaire de tout bonheur humain. Henry, sans hésiter, vint prendre la main d’Anna, dont le cœur battait à peine tant elle était oppressée de crainte et de plaisir, Conrad fit résonner l’archet, joua une valse composée par Henry, et les valseurs partirent. Mais la lune commençait à monter derrière les arbres, et sa lueur blanche paraissait au-dessus de leurs cimes. Il y avait à cette heure tant de calme, tant de solennité dans le recueillement de la nature, que l’on cessa de valser, et que, rapprochés devant la porte de la maison, où le vieux Gulf fumait tranquillement en regardant les jeunes gens, tous les danseurs se laissèrent aller à une conversation plus grave et plus intime. Tout à coup, Henry et Anna, qui étaient restés en arrière s’approchèrent du vieillard, et Henry lui dit : « Mon père, nous nous aimons, donne-nous ta bénédiction. » Tous deux s’agenouillèrent. Wilhem Gulf les bénit et demanda pour eux au ciel de plus puissantes bénédictions. Conrad vint serrer la main de Henry ; Henry donna à Anna Gulf un bouquet de bruyères qu’il avait à la main ; Anna entra brusquement dans la maison et se réfugia dans sa chambre, où elle put donner un libre cours aux larmes de bonheur qui l’étouffaient. De ce jour ils furent promis, et l’on s’occupa des préparatifs du mariage. Mais un jour Henry arriva sombre et triste chez le garde général et lui montra une lettre qu’il avait toute froissée ; un oncle mourant à Mayence le priait de venir lui fermer les yeux. Anna lui dit : « Ne m’oubliez pas et revenez bien vite. » Elle ne dit pas un mot de plus, car elle l’eût prié de ne pas partir ; cette nouvelle lui avait serré le cœur ; les plus funestes pensées se présentaient en foule à son imagination ; le bonheur est une chose si fragile, il y en a si peu de réservé à l’homme, que ce qu’il en peut avoir lui semble toujours pris sur la part des autres, qu’il se cache

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comme un voleur pour en jouir, et n’ose être heureux que tout bas. Le père Gulf reçut la nouvelle sans s’émouvoir ; il dit à Henry : « Bon voyage, mon fils, et reviens auprès de moi aussitôt que tu te seras convenablement acquitté des devoirs que t’impose la nature. Quand pars-tu ? – Je partirai cette nuit, dit Henry, pour joindre la voiture qui passe sur la route à huit lieues d’ici demain matin. – Prends ta carabine, » ajouta le vieillard. Vers minuit, en effet, Henry se mit en route, le sac sur le dos et le fusil sous le bras ; il fit un détour, car, ayant de quitter le pays, il voulait voir encore une fois la maison d’Anna et la lueur de la veilleuse qui brûlait dans sa chambre. Comme il approchait, il cueillit quelques brins de bruyères blanches et en tressa une couronne pour l’appendre à la fenêtre de sa bien-aimée. Il écarta doucement les branches des coudriers qui entouraient la maison, et plaça sa couronne ; la veilleuse, à travers les rideaux, éclairait la petite chambre d’une lueur mystérieuse ; Henry rompit la branche de coudrier qui touchait de plus près la fenêtre, et l’emporta. Puis il partit lentement, se retourna quelquefois, s’arrêta longtemps à l’endroit où le détour du sentier allait lui cacher la maison éclairée par la lune, et disparut. Le lendemain matin, dès que le soleil glissa ses premiers rayons roses dans la petite chambre, Anna ouvrit sa fenêtre ; ses cheveux étaient en désordre et sa robe froissée ; elle avait pleuré tout le soir, et s’était endormie de lassitude sans se déshabiller ; elle trouva la couronne blanche, la porta à ses lèvres et la serra sur son cœur. À chaque relais, Henry envoyait une lettre ; mais quel que fût son chagrin, c’est pour celui qui reste que l’absence a le plus d’amertume ; et en peu de temps la pauvre Anna perdit la teinte rose de son visage ; il arriva un moment où les lettres devinrent plus rares, puis on n’en reçut plus du tout. Anna ne se plaignait pas, mais ses joues et ses yeux se creusaient, et elle pleurait en silence dans sa chambre ; elle devenait sombre et

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farouche, et fuyait même la société de son père et de son frère Conrad. Enfin elle devint tout à fait malade ; Conrad avait écrit quatre fois à Henry sans en recevoir de réponse. Un matin il partit pour Mayence ; deux mois après, il revint sur un chariot, blessé, pâle ; au bout de quelques jours il mourut, tué par Henry. Voici ce qui était survenu. En arrivant à Mayence, l’oncle s’était trouvé moins malade que Henry ne s’y attendait ; sa ressemblance avec son père avait comblé de joie ce parent, qui attribua sa prochaine convalescence à l’arrivée de son neveu. Cet oncle était fort riche, et, de ses nombreux enfants, n’avait plus qu’une fille très-belle qu’il imagina de faire épouser à Henry. Celui-ci n’osa refuser tout d’abord, prit du temps pour demander le consentement de sa mère, et lui écrivit de le refuser ; mais, dans le temps que la réponse mit à venir, il s’était habitué à sa cousine et à la fortune, et il ne fut pas médiocrement enchanté, au lieu de la lettre qu’il avait demandée à sa mère, d’en recevoir une où elle lui peignait tous les avantages de l’union qu’il était à même de contracter. Il en vint, au milieu des plaisirs d’une grande ville, à oublier Anna, et à regarder les engagements sacrés qu’il avait pris avec elle comme un jeu d’enfants auquel devait renoncer l’homme raisonnable. Conrad était arrivé le jour du mariage de Henry avec sa cousine ; il avait fait de vifs reproches à son ancien ami, et, exaspéré de ne pouvoir le fléchir par la peinture de la tristesse et des souffrances de sa sœur, il l’avait insulté et provoqué en public ; ils s’étaient battus, et Henry lui avait donné un coup d’épée. Anna ne pleura pas, mais ses larmes retombèrent sur son cœur et le brûlèrent. De ce moment, elle se consacra entièrement à soigner le père Gulf, bien abattu de la mort de son fils, et à prier. La prière est le refuge du malheureux ; c’est un dernier appui quand tous les appuis sont brisés ; c’est un lien sacré entre l’homme et la divinité. Henry se trouva maître d’une grande fortune et époux de la plus jolie femme de la ville de

Le lendemain matin, dès que le soleil glissa ses premiers rayons roses dans la petite chambre, Anna ouvrit sa fenêtre ; ses cheveux étaient en désordre et sa robe froissée ; elle avait pleuré tout le soir, et s’était endormie de lassitude sans se déshabiller ; elle trouva la couronne blanche, la porta à ses lèvres et la serra sur son cœur. Giselle • Grand Théâtre de Genève

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Il se débattait et le fantôme l’étreignait dans ses bras et l’entraînait dans un mouvement de valse d’une rapidité dont rien ne peut donner l’idée... Mayence ; tout était nouveau pour lui dans la vie de luxe et de plaisir qui se menait à la ville. Un an après son mariage, cependant, son beau-père mourut, et sa femme, nouvellement mère, désira se retirer quelque temps à la campagne. Henry acheta un château à quelques lieues du séjour du père Gulf, et y passa toute la belle saison ; pendant ce temps, Anna acheva de s’éteindre et mourut sans douleurs apparentes ; on l’enterra avec la couronne blanche que Henry avait attachée à sa fenêtre la nuit de son départ. Comme un soir Henry revenait d’une longue partie de chasse, il s’égara dans la forêt et n’imagina pas de meilleur moyen de retrouver sa route que de gagner la maison de sa mère ; de là il lui devenait facile de s’orienter : la première moitié de sa vie s’était écoulée dans cette partie de la forêt, et pas un sentier, quelque petit qu’il pût être, ne lui en était inconnu. Il fallut passer devant la maison où le père Gulf restait seul avec une vieille servante. C’était encore une belle soirée d’automne, la lueur du soleil couchant éclairait encore obliquement la clairière. Henry soupira et doubla le

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pas ; il eût marché bien vite, s’il eût pu entendre dans la maison le pauvre vieillard qui veillait la nuit, priait pour son fils et pour sa fille, et disait : « Henry, Henry, toi qui as tué mes deux enfants, sois maudit, sois maudit ! » La forêt était plus silencieuse et plus mystérieuse que jamais ; dans le sentier que suivait Henry, elle devenait à chaque instant plus touffue et plus sombre ; la lune avait peine à glisser de temps en temps un pâle et furtif rayon à travers les branches ; en vain Henry voulait chasser les impressions pénibles qui se réveillaient dans son esprit, en vain il se rappelait sa femme, son enfant, tous les plaisirs qui l’entouraient : le souvenir d’Anna et des jours si heureux, si purs, de son amour, jetait un crêpe funèbre sur toutes ses autres pensées. Par moments un vent léger apportait de loin le parfum des chèvrefeuilles fleuris dans la forêt ; en marchant toujours, il lui sembla que ce vent apportait aussi par bouffées quelques mesures vagues et singulières d’un chant qui ne lui était pas inconnu. Il s’avança, et s’arrêta tout à coup en frissonnant. Il fallait quelque danger extraordinaire pour faire ainsi trembler Henry, le plus brave des chasseurs de cette forêt ; et cependant il n’arma pas son fusil, car ce qui l’effrayait n’avait rien d’humain : c’étaient quelques mesures bien distinctes de la valse qu’il avait autrefois composée et que jouait Conrad, le jour où le vieux Gulf avait béni Henry et sa fille ; il fit le signe de la croix et avança. Puis il ne perdit plus rien des chants : c’étaient des voix de femmes, des voix pures, suaves, fugitives ; il s’arrêta et retint son haleine pour écouter. C’était toujours la valse qu’on chantait, et on entendait aussi un frôlement de pieds sur la mesure, mais si faible, si léger, qu’aucun pied humain n’en aurait pu produire un semblable. Ses cheveux se dressaient, sur sa tête, ses jambes fléchissaient sous lui ; cependant, il avança et écouta encore ; on chantait des paroles : c’étaient des paroles qu’il se rappelait avoir faites lui-même sur cet air, dans la nuit où il s’était éloigné d’Anna ; il ne les avait jamais dites à personne, et cependant on les chantait :

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Quelques instants, et la forêt déserte Va pour moi seul être un palais riche et pompeux ; Le chêne épais forme une tente verte ; Et sous ce toit frais, parfumé, nous serons deux. Signe orgueilleux de grandeur souveraine, Rouge turban plissé sur la tête des rois, Non, tu n’as pas l’éclat de ces tresses d’ébène Qui couronnent son front et que nattent mes doigts. J’ai vu souvent, à des fêtes moins belles, Briller dans les cheveux d’une femme à l’œil noir Des diamants aux vives étincelles, Comme l’étoile bleue au ciel sombre le soir. Et j’aime mieux l’églantine séchée Dont ses cheveux tout un grand jour furent liés, Et j’aime mieux la mousse encor penchée Qui garde empreints, sur son velours, ses petits pieds.

Ces paroles, composées dans la forêt par Henry pendant sa route, n’avaient jamais été écrites ; luimême les avait presque oubliées, et il les entendait sans que la chanteuse se trompât d’un seul mot ; il fit encore quelques pas, et, au détour du sentier, il trouva une clairière tout entourée de hauts châtaigniers et mystérieusement éclairée par la lune. Il se tapit dans un buisson, et put contempler un étrange spectacle. Des jeunes filles, vêtues de robes blanches et couronnées de fleurs, valsaient en chantant sur la mousse ; mais leurs robes blanches étaient plus blanches qu’aucune étoffe qu’on eût jamais vue, leurs couronnes de fleurs semblaient lumineuses ; leurs pas étaient si légers qu’on ne savait s’ils touchaient réellement la terre ; leurs voix suaves et mystérieuses ne paraissaient nullement gênées par le mouvement de la valse ; leurs visages surtout étaient d’une effrayante pâleur. Henry alors se rappela la tradition de la ronde des Willis, jeunes filles abandonnées par leurs promis et mortes sans époux, qui, la nuit, dans les bois, dansent entre elles au clair de la lune ; la valse s’arrêta un moment, et Henry entendait le bruit des battements de son cœur. Quelques instants se

passèrent à rajuster les couronnes de fleurs ; puis on reprit les chants, et c’était encore la valse de Henry que l’on chantait. Les blanches filles s’enlacèrent deux à deux pour la valse une resta seule et jeta autour d’elle un long regard pour chercher une compagne ; sa taille était souple et élancée ; ses cheveux noirs étaient appliqués en bandeau sur son front ; ses yeux d’un bleu sombre avaient un regard tendre et mélancolique ; elle était couronnée de bruyères blanches : C’était Anna ! Henry crut qu’il allait mourir. Anna s’avança vers le buisson qui cachait Henry, et le prit par la main ; la main d’Anna était froide comme un marbre. Henry n’avait pas la force de la suivre ; mais une puissance surnaturelle le portait. On chanta ; la valse recommença, et Henry, toujours entraîné malgré lui, valsa avec sa fiancée. Puis un autre fantôme vint prendre Henry, et valsa avec lui à son tour ; à celui-ci succéda un troisième, puis un quatrième. Henry était exténué ; une sueur froide coulait sur son front, et il était aussi pâle que les morts. Une cinquième morte le vint prendre, puis une sixième, et, l’on pressait toujours le mouvement de la valse. Henry, épuisé, demi-mort de fatigue autant que d’effroi, voulait se laisser tomber sur l’herbe et ne le pouvait : une force invincible l’entraînait, et il valsait toujours. L’air ne pouvait plus entrer dans sa poitrine ni en sortir : il étouffait, il voulait crier et il n’avait pas de voix ; alors Anna le reprit à son tour, et l’on pressa encore le mouvement de la valse ; mais Henry sentit que la robe blanche n’était plus remplie que des os d’un squelette ; la main d’Anna, placée sur son épaule, entrait dans sa chair ; il la regarda : elle n’avait plus ses cheveux noirs en bandeau ; il ne vit plus qu’une hideuse tête de mort toujours couronnée de bruyères blanches. Il se débattait et le fantôme l’étreignait dans ses bras et l’entraînait dans un mouvement de valse d’une rapidité dont rien ne peut donner l’idée... Le lendemain, on retrouva dans la forêt le cadavre de Henry. AK

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Chère Carlotta...

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Deux lettres extraites de la Correspondance générale de Théophile Gautier, éditée par Claudine Lacoste-Veysseyre, avec la collaboration d’Andrew Gann, Marie-Hélène Girard, Jean Rose, Jean-Claude Fizaine, sous la direction de Pierre Laubriet. Éditions Droz, Genève et Paris.

La Villa Saint-Jean à Genève, aujourd’hui disparue, où vécut Carlotta Grisi à partir de 1856.

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Théophile Gautier venait de faire un long séjour (du 23 juillet au 12 novembre) à Saint-Jean, chez Carlotta Grisi, séjour pendant lequel il écrivit Spirite. À Carlotta Grisi 17 novembre 1865 Ma chère Carlotta, Me voilà hélas ! bien loin de vous dans ce grand Paris où j’ai beaucoup de peine à me réinstaller. Plus de Salève ni de Jura, le matin devant mes yeux, rien que la brume qui enveloppe, au fond du jardin, les grêles peupliers. Je me consolerais bien vite de ne plus voir les montagnes avec leurs couronnes de neige si vous étiez là. Votre présence dissiperait le brouillard et ferait briller le soleil du printemps à travers cette bruine qui éteint le jour. Quelque effort que je fasse, je me sens envahir par une invincible mélancolie. Il pleut dans mon âme comme dans la rue. J’avais pris une si douce habitude de vivre près de vous qu’il me semblait que cela ne devait jamais finir. Mon départ, tant de fois différé après un séjour plus long que je n’aurais osé l’espérer, m’a surpris comme une catastrophe inattendue. Je ne pouvais y croire et quand les roues du waggon ont commencé à tourner, elles

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m’ont fait le même mal que si elles me passaient sur le cœur. Voilà déjà six grands jours que je ne vous ai vue, six grands jours éternels, et qu’est-ce que six jours à côté des mois qui vont s’écouler, oh ! combien lentement, avant que je puisse vous revoir ! Je me suis déjà ennuyé pour une année au moins. Mon âme est restée à St-Jean près de vous, et je ne sais que faire de mon corps. Je le mène tous les jours au Moniteur pour corriger les épreuves de Spirite dont la publication a commencé ce matin. Lisez, ou plutôt relisez, car vous le connaissez déjà, ce pauvre roman qui n’a d’autre mérite que de refléter votre gracieuse image, d’avoir été rêvé sous vos grands marronniers et peut-être écrit avec une plume qu’avait touchée votre main chérie. L’idée que vos yeux adorés se fixeront quelque temps sur ces lignes, où palpite sous le voile d’une fiction le vrai, le seul amour de mon cœur, sera la plus douce récompense de mon travail. En parcourant ces feuilletons, vous penserez peut-être à celui qui pense toujours à vous à travers les occupations, les ennuis et les tristesses de la vie et dont l’âme ne vous abandonne pas un instant. N’est-ce pas, cher ange, que vous ne m’oublierez pas, que vous me garderez la petite place que vous m’avez faite dans votre cœur et que vous ne m’ôterez pas l’espérance qui me soutient et me fait vivre ? Je suis plein de doute et de trouble ; malgré vos douces paroles et les marques irrécusables de votre tendresse, je n’ose croire que j’aie fait quelque progrès dans votre affection. Les difficultés de nos rares et courtes entrevues, presque toujours dérangées par des gêneurs (ce mot de la charade que vous ne compreniez pas), la froideur apparente dont vous vous armiez pour détourner le soupçon d’un amour trop transparent de mon côté, ont ôté aux dernières semaines de mon séjour la charmante intimité des premiers mois. La journée qui, disiez-vous en souriant, n’était pas finie, lorsque je réclamais un baiser, quelquefois ne commençait pas, vers la fin. Il me semblait à de certains moments que vous ne m’aimiez plus ou que vous m’aimiez moins. Pourtant, le matin du départ, dans le petit salon, lorsque je vous faisais d’une main tremblante les

petits dessins que vous m’aviez demandés, j’ai cru voir vos yeux fixés sur moi se troubler et devenir humides. Cela vous faisait donc un peu de chagrin de voir celui qui vous aime tant s’éloigner pour bien longtemps peut-être ? Pour moi, j’étais navré, mais au milieu de tout ce monde, je n’ai pu vous exprimer ma douleur profonde. Oh ! pourquoi n’ai-je pas eu une demi-heure à moi pour vous serrer contre mon cœur, pleurer dans votre sein, et laisser mon âme entre vos douces lèvres, avec un long et suprême baiser ? Sempre vostrissimo Théophile Gautier (Tome IX, p. 134-135)

Le siège de Paris par les Prussiens était sur le point de commencer. À Carlotta Grisi Ce 17 septembre 1870 Chère Carlotta, Je n’ai reçu de vous aucune réponse. Je vous ai écrit deux fois, une de Genève, une de Paris et un mot de vous dans la triste situation où je me trouve m’eût fait un bien vif plaisir. Une lettre de vous c’est un jour de bonheur et pour moi ils sont rares dans les temps où nous vivons. Hâtez-vous. Nous allons être enfermés dans un cercle de fer et de feu et rien ne nous parviendra. Peut-être estil déjà trop tard. Ce témoignage de votre affection me serait bien précieux. Pensez quelquefois à moi qui pense toujours à vous. Je vous embrasse de tout mon cœur avec un chagrin profond mais avec la même tendresse. Mille cordialités à Auguste et aux amis. Vostrissimo Théophile Gautier Rue de Beaune no 12 Paris (Tome XI, p. 126)

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petit lexique Adolphe Charles Adam Compositeur français né le 24 juillet 1803 à Paris où il est mort le 3 mai 1856. Après avoir commencé d’étudier la musique en cachette de son père, il entra au Conservatoire de Paris en 1817 et fut élève de Boieldieu mais n’hésita pas à user de subterfuges pour se faire connaître : il travaillait le soir à l’orchestre du Gymnase, allant jusqu’à reverser ses cachets à ceux qui acceptaient de se faire remplacer et écrivait des chansons et musiques de circonstances pour autrui. Malgré ces facéties, il acquit assez de métier pour devenir lauréat du second prix de Rome en 1825. Son maître, Boieldieu, l’orienta vers l’opéra-comique, genre alors en pleine mutation. Peu à peu, sa renommée s’accrut. Les critiques élogieuses du Brasseur de Preston parvinrent aux oreilles du tsar et Adam gagna Saint-Pétersbourg en 1839, où il fut accueilli par son propre ballet La Fille du Danube. Il composa pour la cavalerie L’Écumeur des mers (Morskoï Rasbonick). Adam est considéré comme le digne successeur de Boieldieu, qui fut maître de chapelle à Saint-Pétersbourg. Il compose une Marche funèbre pour le retour des cendres de l’empereur Napoléon Ier et leur inhumation aux Invalides le 15 décembre 1840. En 1844, il fut nommé membre de l’Académie des beaux-arts en composition musicale. Adam connut le succès grâce à plus de 70 compositions lyriques, dont 40 opéras, 14 ballets et de nombreuses opérettes et vaudevilles. Ses opéras les plus fameux sont Le Roi d’Yvetot, Giralda ou la Nouvelle Psyché, Si j’étais roi, Le Chalet – son œuvre la plus popu-

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laire en France et à propos de laquelle Boieldieu écrivit « Je voudrais que cette musique fût de moi » – et Le Postillon de Longjumeau, encore plus populaire à l’étranger. Parmi ses 14 ballets, les plus connus sont Le Diable à quatre, La Jolie Fille de Gand, La Filleule des fées, Le Corsaire et surtout Giselle, ou les Wilis (1841). Musicalement, Giselle introduit le principe, encore léger mais bien réel cependant, du leitmotiv. C’est le premier ballet à établir et maintenir une ambiance, une atmosphère, dégageant la partition de son rôle unique jusqu’alors de « fournisseuse de rythmes ». Par leurs qualités, les ballets d’Adam amorcent le renouveau de la musique de ballet où brilleront plus tard Delibes, Lalo, Messager et tant d’autres. Tchaïkovski luimême relisait toujours la partition de Giselle avant d’écrire un nouveau ballet et disait de cette œuvre : « C’est un bijou, poétique, musical et chorégraphique. » Présent lors de la création de Giselle, Richard Wagner, jeune critique encore inconnu, correspondant d’un journal de Dresde, se borna à railler la frivolité française, sans rien repérer d’autre…

Ballet romantique Il apparaît au début du XIXème siècle et succède au ballet d’action. Le romantisme est apparu à la fin du XVIIIème en Allemagne et en Angleterre, et s’est répandu peu à peu dans toute l’Europe. Le ballet romantique abandonne les mythes grecs et se tourne vers la mythologie nordique peuplée d’elfes et d’ondines. C’est le règne de la danseuse pâle et éthérée qui incarne la nostalgie et le spleen. Le

danseur est le plus souvent réduit au rôle de « porteur » qui met en valeur la grâce de sa partenaire. Le premier grand ballet romantique est La Sylphide, créée le 12 mars 1832 à l’Opéra de Paris. Giselle est un autre archétype du ballet romantique.

Remords Malaise psychologique dû à la mauvaise conscience. Vive douleur morale causée par la conscience d’avoir mal agi : Les remords le harcèlent. Tes remords te suivront comme a u t a n t d e f u r i e s . ( Racine, Britannicus)

Wili Créatures fantastiques de la mythologie slave, les wilis (ou willis, ou plus correctement vily 1 ) représentent à peu près la version slave des nymphes grecques. Les wilis sont indissolublement liées au ballet romantique Giselle, créé à Paris en 1841, avec ses wilis spectrales, jeunes filles mortes le jour de leur mariage, qui saisissent presque le dernier soupir du héros, mais doivent disparaître à l’aube. En Serbie, les wilis sont des vierges qui sont mortes damnées. En Bulgarie, où on les nomme samovily, ce sont de jeunes filles mortes sans baptême. En Pologne, les wilis sont de belles jeunes filles qui, en châtiment de leur légèreté dans leur vie passée, sont condamnées à errer dans les airs. Leur légende a inspiré : le ballet romantique Giselle d’Adolphe Adam, sur un livret de Théophile Gautier (1841) ; la nouvelle Les Wilis d’Alphonse Karr (1856) ; l’opéra Le Villi de Giacomo Puccini (1884) et le film Les Noces funèbres (Corpse Bride, 2005), film d’animation

américain réalisé par Tim Burton et Mike Johnson, inspiré du conte traditionnel russe La Mariée morte. En voici l’argument : au XIXe siècle, dans un petit village, Victor Van Dort, fils de nouveaux riches, et Victoria Everglot, fille de petite noblesse dont les parents sont ruinés, sont promis l’un à l’autre. Le coup de foudre est immédiat entre ces deux personnages touchants de gaucherie pour lui et de douceur pour elle. Par mégarde et dans des conditions fantasmagoriques, Victor se retrouve marié au cadavre d’Emily, une mystérieuse mariée qui l’entraine de force dans le monde des morts. Même si la « vie » dans ce monde paraît bien plus joyeuse que dans celui des vivants, Victor ne peut oublier Victoria.

[en haut]

Hélène Bourbeillon et Aurélien Dougé [en bas]

Sara Shigenari et Natan Bouzy

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Livret original de

Giselle ou les Wilis

par Théophile Gautier, en collaboration avec Jean Coralli et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges

Acte I Le théâtre représente une riante vallée de l’Allemagne. Au fond, des collines couvertes de vigne, une route élevée conduisant dans la vallée. Scène 1 Un tableau des vendanges sur les coteaux de la Thuringe ; il fait à peine jour. Les vignerons s’éloignent pour continuer leur récolte. Scène 2 Hilarion paraît, regarde autour de lui, comme pour chercher quelqu’un ; puis il indique la chaumière de Giselle avec amour, et celle de Loys avec colère. Cest là qu’habite son rival. S’il peut jamais s’en venger, il le fera avec bonheur. La porte de la chaumière de Loys s’ouvre mystérieusement. Hilarion se cache pour voir ce qui va se passer. Scène 3 Le jeune duc Albert de Silésie, sous les habits et le nom de Loys, sort de sa maisonnette, accompagné de son écuyer Wilfrid. Wilfrid semble conjurer le duc de renoncer à un projet secret ; mais Loys persiste, il montre la demeure de Giselle. Ce simple toit couvre celle qu’il aime, l’objet de son unique tendresse. Il ordonne à Wilfrid de le laisser seul. Wilfrid hésite encore, mais sur un geste de son maître, Wilfrid le salue respectueusement, puis s’éloigne. Hilarion est resté stupéfait en voyant un beau seigneur comme Wilfrid témoigner tant d’égards à un simple paysan, son rival. Il paraît concevoir des soupçons qu’il éclaircira plus tard. Scène 4 Loys, ou plutôt le duc Albert, s’approche de la chau-

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mière de Giselle, et frappe doucement à la porte. Hilarion est toujours caché. Giselle sort aussitôt et court dans les bras de son amant. Transports, bonheur des deux jeunes gens. Giselle raconte son rêve à Loys ; elle était jalouse d’une belle dame que Loys aimait, qu’il lui préférait. Loys, troublé, la rassure ; il n’aime, il n’aimera jamais qu’elle. « C’est que si tu me trompais, lui dit la jeune fille, je le sens, j’en mourrais. » Elle porte la main à son cœur comme pour lui dire qu’elle en souffre souvent. Loys la rassure par de vives caresses. Elle cueille des marguerites et les effeuille pour s’assurer de l’amour de Loys. – L’épreuve lui réussit et elle tombe dans les bras de son amant. Hilarion n’y résistant plus, accourt près de Giselle et lui reproche sa conduite. Il était là : il a tout vu. « Eh ! que m’importe ? répond gaiement Giselle, je n’en rougis pas, je l’aime, et je n’aimerai jamais que lui… » Puis elle tourne brusquement le dos à Hilarion, en lui riant au nez, tandis que Loys le repousse et le menace de sa colère, s’il ne cesse pas ses poursuites amoureuses près de Giselle. « C’est bon, dit Hilarion, avec un geste de menace, plus tard on verra. » Scène 5 Une troupe de jeunes vigneronnes viennent chercher Giselle pour les vendanges. Le jour paraît, c’est le moment de s’y rendre ; mais Giselle, folle de danse et de plaisir, retient ses compagnes. La danse est après Loys ce qu elle aime le mieux au monde. Elle propose aux jeunes filles de se divertir au lieu d’aller au travail. Elle danse seule d’abord pour les décider. Sa gaieté, sa joyeuse ardeur, ses pas pleins de verve et d’entraînement, qu’elle entremêle de témoignages d’amour pour Loys, sont bientôt imités par les vendangeuses. On jette au loin les paniers, les hottes, les instruments de travail, et grâce à Giselle, la danse devient bientôt un

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délire bruyant et général. Berthe, la mère de Giselle, sort alors de sa chaumière.

À ce moment, les fanfares se rapprochent, et l’on voit des piqueurs et des valets de chasse sur la colline.

Scène 6 « Tu danseras donc toujours ? dit-elle à Giselle, le soir… le matin… c’est une véritable passion… et cela, au lieu de travailler, de soigner le ménage. – Elle danse si bien, dit Loys à Berthe. –C’est mon seul plaisir, répond Giselle, comme lui, ajoute-t-elle en montrant Loys, c’est mon seul bonheur ! ! ! –Bah ! dit Berthe. Je suis sûre que si cette petite folle mourait, elle deviendrait Wili et danserait même après sa mort, comme toutes les filles qui ont trop aimé le bal ! – Que voulez-vous dire ? » s’écrient les jeunes vendangeuses avec effroi, en se serrant les unes contre les autres. Berthe alors, sur une musique lugubre, semble dépeindre une apparition des morts revenant au monde et dansant ensemble. La terreur des villageoises est à son comble. Giselle seule en rit, et répond gaiement à sa mère qu’elle est incorrigible, et que, morte ou vivante, elle dansera toujours. « Et pourtant, ajoute Berthe, cela ne te vaut rien… Il s’agit de ta santé, de ta vie peut-être !… – Elle est bien délicate, dit-elle à Loys, la fatigue, les émotions lui seront funestes ; le médecin l’a dit, cela peut te porter malheur. » Loys, troublé par cette confidence, rassure la bonne mère, et Giselle, prenant la main de Loys, la presse sur son cœur, et semble dire qu’avec lui, elle n’a jamais de dangers à craindre. Des fanfares de chasse se font entendre au loin. Loys, inquiet à ce bruit, donne vivement le signal du départ pour les vendanges, et entraîne les paysannes, tandis que Giselle, forcée de rentrer dans la chaumière avec sa mère, envoie un baiser d’adieu à Loys, qui s’éloigne suivi de tout le monde.

Scène 8 Le prince et Bathilde, sa fille, paraissent bientôt, à cheval, accompagnés d’une nombreuse suite de seigneurs, de dames, de fauconniers le faucon au poing. La chaleur du jour les accable ; ils viennent chercher un endroit favorable pour se reposer : un piqueur indique au prince la chaumière de Berthe ; il frappe à la porte, et Giselle parait sur le seuil, suivie de sa mère. Le prince demande gaiement l’hospitalité à la vigneronne ; celleci lui offre d’entrer dans sa chaumière, quoique bien pauvre pour recevoir un si grand seigneur ! Pendant ce temps, Bathilde fait approcher Giselle ; elle l’examine et la trouve charmante. Giselle lui fait de son mieux les honneurs de sa modeste demeure ; elle engage Bathilde à s’asseoir et lui offre du laitage et des fruits ; Bathilde, ravie des grâces de Giselle, détache de son cou une chaîne d’or, et la passe à celui de la jeune fille, toute fière et toute honteuse de ce présent. Bathilde interroge Giselle sur ses travaux, sur ses plaisirs. « Elle est heureuse ! elle n’a ni chagrins, ni soucis ; le matin, le travail ; le soir, la danse ! Oui, dit Berthe à Bathilde, la danse surtout… c’est là sa folie. » Bathilde sourit et demande à Giselle si son cœur a parlé, si elle aime quelqu’un !… « Oh ! oui ! s’écrie la jeune fille en montrant la chaumière de Loys, celui qui demeure là ! mon amoureux, mon fiancé !… je mourrais s’il ne m’aimait plus ! » Bathilde semble s’intéresser vivement à la jeune fille… leur position est la même, car elle aussi va se marier à un jeune et beau seigneur !… Elle dotera Giselle, qui semble lui plaire de plus en plus… Bathilde veut voir le fiancé de Giselle et elle rentre dans la chaumière, suivie de son père et de Berthe, tandis que Giselle va chercher Loys. Le prince fait signe à sa suite de continuer la chasse ; il est fatigué et désire se reposer quelques instants. Il sonnera du cor quand il voudra les rappeler. Hilarion, qui paraît à la porte de la chaumière de Loys, voit le prince et entend les ordres qu’il donne. Le prince entre avec sa fille dans la chaumière de Berthe.

Scène 7 À peine Hilarion se voit-il seul, qu’il explique son projet ; il veut à tout prix pénétrer le secret de son rival, savoir ce qu’il est… S’assurant que personne ne peut le découvrir, il entre furtivement dans la chaumière de Loys…

Scène 9 Tandis que Giselle va regarder sur la route si elle

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n’aperçoit pas son amant, Hilarion ressort de la chaumière de Loys, tenant une épée et un manteau de chevalier ; il connaît enfin son rival ! c’est un grand seigneur ! Il en est sûr à présent… c’est un séducteur déguisé ! il tient sa vengeance et veut le confondre en présence de Giselle et de tout le village. Il cache l’épée de Loys dans un buisson, en attendant que tous les vignerons soient rassemblés pour la fête. Scène 10 Loys parait au fond… il regarde autour de lui avec inquiétude, et s’assure que la chasse est éloignée. Giselle l’aperçoit et vole dans ses bras ! En ce moment, une joyeuse musique se fait entendre. Scène 11 Une marche commence. La vendange est faite. Un char, orné de pampres et de fleurs, arrive lentement, suivi de tous les paysans et paysannes de la vallée avec leurs paniers pleins de raisins. Un petit Bacchus est porté triomphalement à cheval sur un tonneau, selon la vieille tradition du pays. On entoure Giselle. On la déclare reine des vendanges… On la couronne de fleurs et de pampres. Loys est plus amoureux que jamais de la jolie vigneronne. La plus folle joie s’empare bientôt de tous les paysans. On célèbre la fête des vendanges !… Giselle peut maintenant se livrer à son goût favori ; elle entraîne Loys au milieu de la troupe des vendangeurs, et danse avec lui, entourée de tout le village, qui se joint bientôt aux jeunes amants, dont le pas se termine par un baiser que Loys donne à Giselle… À cette vue, la fureur, la jalousie de l’envieux Hilarion n’ont plus de bornes… Il s’élance au milieu de la foule et déclare à Giselle que Loys est un trompeur, un suborneur, un seigneur deguisé !… Giselle, émue d’abord, répond à Hilarion qu’il ne sait ce qu’il dit, qu’il a rêvé cela… « Ah ! je l’ai rêvé, continue le garde-chasse… Eh bien, voyez vous-même, s’écriet-il en découvrant aux yeux des villageois l’épée et le manteau de Loys. Voilà ce que j’ai trouvé dans sa chaumière… Ce sont là des preuves, j’espère ? » Albert, furieux, s’élance sur Hilarion, qui se cache derrière les villageois. Giselle, frappée de surprise et de douleur à cette révélation, semble recevoir un coup terrible et s’appuie contre un arbre, chancelante et

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prête à tomber. Tous les paysans s’arrêtent consternés ! Loys, ou plutôt Albert, court à Giselle, et, croyant encore pouvoir nier son rang, cherche à la rassurer, à la calmer par les protestations de sa tendresse. « On la trompe, lui dit-il, il n’est pour elle que Loys, un simple paysan, son amant, son fiancé ! ! ! » La pauvre fille ne demande pas mieux que de le croire. Déjà même l’espoir semble lui revenir au cœur ; elle se laisse aller, heureuse et confiante, dans les bras du perfide Albert, lorsque Hilarion, poursuivant sa vengeance, et se rappelant l’ordre du prince à sa suite, de revenir au son du cor, saisit celui d’un des seigneurs, appendu à un arbre, et en sonne avec force… À ce signal, on voit accourir toute la chasse, et le prince sort de la chaumière de Berthe. Hilarion désigne, à la suite du prince, Albert aux genoux de Giselle, et chacun, en reconnaissant le jeune duc, l’accable de saluts et de respect. Giselle, en voyant le prince, ne peut plus douter de son malheur et du rang élevé de l’adorateur qu’elle croyait son égal. Scène 12 Le prince s’approche à son tour, reconnaît Albert, et, se découvrant aussitôt, lui demande l’explication de son étrange conduite et du costume qu’il porte. Albert se relève, stupéfait et confondu de cette rencontre. Giselle a tout vu ! Elle est sûre alors de la nouvelle trahison de celui qu’elle aime, sa douleur est sans bornes ; elle semble faire un effort sur elle-même et s’éloigne d’Albert avec un sentiment de crainte et de terreur. Puis, comme atterrée par ce nouveau coup qui la frappe, elle court vers la chaumière et tombe dans les bras de sa mère, qui sort en ce moment accompagnée de la jeune Bathilde. Bathilde s’avance vivement vers Giselle, et l’interroge avec un touchant intérêt sur l’agitation qu’elle éprouve. Celle-ci, pour toute réponse, lui montre Albert accablé et confondu. – Que vois-je ?… dit Bathilde… le duc sous ce costume… Mais c’est lui que je dois épouser… C’est mon fiancé ! ajoute-t-elle en désignant l’anneau des fiançailles qu’elle porte à son doigt. Albert s’approche de Bathilde et veut en vain l’empêcher d’achever ce terrible aveu ; mais Giselle a tout entendu, tout compris ! La plus profonde horreur se

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peint sur les traits de la malheureuse enfant ; sa tête se trouble, un horrible et sombre délire s’empare d’elle en se voyant trahie, perdue, déshonorée !… Sa raison s’égare, ses larmes coulent… puis elle rit d’un rire nerveux. Elle prend la main d’Albert, la pose sur son cœur et la repousse bientôt avec effroi. Elle saisit l’épée de Loys, restée à terre, joue d’abord machinalement avec cette arme, puis va se laisser tomber sur sa pointe aiguë, quand sa mère se précipite sur elle et la lui arrache. L’amour de la danse revient à la mémoire de la pauvre enfant : elle croit entendre l’air de son pas avec Albert… Elle s’élance et se met à danser avec ardeur, avec passion. Tant de douleurs subites, tant de cruelles secousses, jointes à ce dernier effort, ont enfin épuisé ses forces mourantes. La vie semble l’abandonner… sa mère la reçoit dans ses bras… Un dernier soupir s’échappe du cœur de la pauvre Giselle, elle jette un triste regard sur Albert au désespoir, et ses yeux se ferment pour toujours ! Bathilde, bonne et généreuse, fond en larmes. Albert, oubliant tout, cherche à ranimer Giselle sous ses brûlantes caresses… Il met la main sur le cœur de la jeune fille, et s’assure avec horreur qu’il a cessé de battre. Il saisit son épée pour s’en frapper ; le prince l’arrête et le désarme. Berthe soutient le corps de sa malheureuse fille. On entraîne Albert, fou de désespoir et d’amour. Les paysans, les seigneurs, toute la chasse, entourent et complètent ce triste tableau.

Acte II Le théâtre représente une forêt sur le bord d’un étang. Un site humide et frais où croissent des joncs, des roseaux, des touffes de fleurs sauvages et de plantes aquatiques. Des bouleaux, des trembles et des saules pleureurs inclinent jusqu’à terre leurs pâles feuillages. À gauche, sous un cyprès, se dresse une croix de marbre blanc où est gravé le nom de Giselle. La tombe est comme enfouie dans une végétation épaisse d’herbes et de fleurs des champs. La lueur bleue d’une lune très-vive éclaire cette décoration d’un aspect froid et vaporeux. Scène 1 Quelques gardes-chasse arrivent par les avenues de la forêt ; ils semblent chercher un endroit favorable pour se mettre à l’affût, et vont s’établir sur le bord de

l’étang, lorsque Hilarion accourt. Scène 2 Hilarion témoigne la plus vive terreur en devinant les projets de ses camarades. « C’est un endroit maudit, leur dit-il, c’est le cercle de danse des Wilis ! » Il leur montra la tombe de Giselle… de Giselle qui dansait toujours. Il la désigne par la couronne de pampres qu’on lui mit sur le front pendant la fête, et qui est appendue à la croix de marbre. À cet instant, on entend sonner minuit dans le lointain : c’est l’heure lugubre où, selon la chronique du pays, les Wilis se rendent à leur salle de bal. Hilarion et ses compagnons écoutent l’horloge avec terreur ; ils regardent en tremblant autour d’eux, s’attendant à l’apparition des légers fantômes. « Fuyons, dit Hilarion, les Wilis sont impitoyables ; elles s’emparent des voyageurs et les font danser avec elles jusqu’à ce qu’ils meurent de fatigue ou soient engloutis dans le lac que vous voyez d’ici. » Une musique fantastique commence alors ; les gardeschasse pâlissent, chancellent et s’enfuient de tous côtés, avec les signes du plus grand effroi, poursuivis par des feux follets qui apparaissent de toutes parts. Scène 3 Une gerbe de jonc marin s’entr’ouvre alors lentement, et du sein de l’humide feuillage on voit s’élancer la légère Myrtha, ombre transparente et pâle, la reine des Wilis. Elle apporte avec elle un jour mystérieux qui éclaire subitement la forêt, en perçant les ombres de la nuit. Il en est ainsi toutes les fois que les Wilis paraissent. Sur les blanches épaules de Myrtha, palpitent et frémissent des ailes diaphanes dans lesquelles la Wili peut s’envelopper comme avec un voile de gaze. Cette apparition insaisissable ne peut rester en place, et s’élançant tantôt sur une touffe de fleurs, tantôt sur une branche de saule, voltige çà et là, parcourant et semblant reconnaître son petit empire, dont elle vient chaque nuit prendre de nouveau possession. Elle se baigne dans les eaux du lac, puis se suspend aux branches des saules et s’y balance. Après un pas dansé par elle seule, elle cueille une branche de romarin, et en touche alternativement chaque plante, chaque buisson, chaque touffe de feuillage.

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Scène 4 À mesure que le sceptre fleuri de la reine des Wilis s’arrête sur un objet, la plante, la fleur, le buisson s’entr’ouvrent, et il s’en échappe une nouvelle Wili qui vient, à son tour, se grouper gracieusement autour de Myrtha, comme les abeilles autour de leur reine. Celleci, étendant alors ses ailes azurées sur ses sujettes, leur donne ainsi le signal de la danse. Plusieurs Wilis se présentent alors alternativement devant la souveraine. C’est Moyna, l’odalisque, exécutant un pas oriental ; puis Zulmé, la Bayadère, qui vient développer ses poses indiennes ; puis deux Françaises, figurant une sorte de menuet bizarre ; puis des Allemandes, valsant entre elles… Puis enfin la troupe entière des Wilis, toutes mortes pour avoir trop aimé la danse, ou mortes trop tôt, sans avoir satisfait cette folle passion, à laquelle elles semblent se livrer encore avec fureur sous leur gracieuse métamorphose. Bientôt, sur un signe de la reine, le bal fantastique s’arrête… Elle annonce une nouvelle soeur à ses sujettes. Toutes se rangent autour d’elle. Scène 5 Un rayon de lune vif et clair se projette alors sur la tombe de Giselle, les fleurs qui la couvrent se relèvent et se dressent sur leurs tiges, comme pour former un passage à la blanche créature qu’elles recouvrent. Giselle paraît enveloppée de son léger suaire. Elle s’avance vers Myrtha, qui la touche de sa branche de romarin ; le suaire tombe… Giselle est changée en Wili. Ses ailes naissent et se développent… Ses pieds rasent le sol ; elle danse, ou plutôt elle voltige dans l’air, comme ses gracieuses sœurs, se rappelant et indiquant avec joie les pas qu’elle a dansés, au premier acte, avant sa mort. Un bruit lointain se fait entendre. Toutes les Wilis se dispersent et se cachent dans les roseaux. Scène 6 De jeunes villageois revenant de la fête du hameau voisin traversent gaiement la scène, conduits par un vieillard ; ils vont s’éloigner, lorsqu’une musique bizarre, l’air de la danse des Wilis se fait entendre ; les paysans semblent éprouver, malgré eux, une étrange

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envie de danser. Les Wilis les entourent aussitôt, les enlacent et les fascinent par leurs poses voluptueuses. Chacune d’elles, cherchant à les retenir, à leur plaire, avec les figures de leur danse native… Les villageois, émus, vont se laisser séduire, danser et mourir, lorsque le vieillard se jette au milieu d’eux, leur dit avee effroi le danger qu’ils courent, et ils se sauvent tous, poursuivis par les Wilis furieuses de voir cette proie leur échapper. Scène 7 Albert parait suivi de Wilfrid, son fidèle écuyer. Le duc est triste, pâle ; ses vêtements sont en désordre ; sa raison s’est presque égarée à la suite de la mort de Giselle. Il s’approche lentement de la croix, semble chercher un souvenir et vouloir rappeler ses idées confuses. Wilfrid supplie Albert de le suivre, de ne pas s’arrêter près de ce fatal tombeau, qui lui retrace tant de chagrins. Albert l’engage à s’éloigner… Wilfrid insiste encore ; mais Albert lui ordonne avec tant de fermeté de le quitter, que Wilfrid est forcé d’obéir, et sort en se promettant bien de faire une dernière tentative pour éloigner son maître de ce lieu funeste. Scène 8 À peine resté seul, Albert donne un libre cours à sa douleur ; son cœur se déchire, il fond en larmes. Tout à coup, il pâlit, ses regards se fixent sur un objet étrange qui se dessine devant ses yeux… Il reste frappé de surprise et presque de terreur en reconnnissant Giselle, qui le regarde avec amour. Scène 9 En proie au plus violent délire, à la plus vive anxiété, il doute encore, il n’ose croire à ce qu’il voit ; car ce n’est plus la jolie Giselle, telle qu’il l’adorait, mais Giselle la Wili, dans sa nouvelle et bizarre métamorphose, toujours immobile devant lui. La Wili semble seulement l’appeler du regard. Albert, se croyant sous l’empire d’une douce illusion, s’approche d’elle à pas lents et avec précaution, comme un enfant qui veut saisir un papillon sur une fleur. Mais au moment où il étend la main vers Giselle, plus prompte que l’éclair, celle-ci s’élance loin de lui, et s’envole en traversant les airs comme une colombe craintive, pour se poser à une autre place, d’où

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elle lui jette des regards pleins d’amour. Ce pas, ou plutôt ce vol, se répète plusieurs fois, au grand désespoir d’Albert, qui cherche vainement à joindre la Wili, fuyant quelquefois au-dessus de lui comme une légère vapeur. Parfois, pourtant, elle lui fait un geste d’amour, lui jette une fleur, qu’elle enlève sur sa tige, lui adresse un baiser ; mais, impalpable comme un nuage, elle disparaît dès qu’il croit pouvoir la saisir. Il y renonce enfin ! s’agenouille près de la croix, et joint les mains devant elle d’un air suppliant. La Wili, comme attirée par cette muette douleur si pleine d’amour, s’élance légèrement près de son amant ; il la touche ; déjà, ivre d’amour, de bonheur, il va s’en emparer, lorsque, glissant doucement entre ses bras, elle s’évanouit au milieu des roses, et Albert, en fermant les bras, n’embrasse plus que la croix du tombeau. Le désespoir le plus profond s’empare de lui, il se relève et va s’éloigner de ce lieu de douleur, lorsque le plus étrange spectacle s’offre à ses yeux et le fascine au point qu’il est en quelque sorte arrêté, fixe, et forcé d’être témoin de l’étrange scène qui se déroule devant lui. Scène 10 Caché derrière un saule pleureur, Albert voit paraître le misérable Hilarion, poursuivi par la troupe entière des Wilis. Pâle, tremblant, presque mort de peur, le garde-chasse vient tomber au pied d’un arbre, et semble implorer la pitié de ses folles ennemies ! Mais la reine des Wilis, le touchant de son sceptre, le force à se lever et à imiter le mouvement de danse qu’elle commence elle-même autour de lui… Hilarion, mû par une force magique, danse malgré lui avec la belle Wili, jusqu’à ce que celleci le cède à une de ses compagnes, qui le cède, à son tour, à une autre, et ainsi de suite jusqu’à la dernière ! Dès que le malheureux croit son supplice terminé avec sa partenaire fatiguée, une autre la remplace avec une nouvelle vigueur, et lui, s’épuisant en efforts inouïs, sur des rhythmes de musique toujours plus rapides, finit par chanceler et se sentir accablé de lassitude et de douleur. Prenant enfin un parti désespéré, il cherche à s’enfuir ; mais les Wilis l’entourent d’un vaste cercle, qui se rétrécit peu à peu, l’enferme et se convertit en une

valse rapide, à laquelle une puissance surnaturelle l’oblige à se mêler. Un vertige alors s’empare du gardechasse, qui sort des bras d’une valseuse pour tomber dans ceux d’une autre. La victime, enveloppée de toutes parts dans ce gracieux et mortel réseau, sent bientôt ses genoux plier sous lui. Ses yeux se ferment, il n’y voit plus… et danse pourtant encore avec une ardente frénésie. La reine des Wilis s’en empare alors et le fait tourner et valser une dernière fois avec elle jusqu’à ce que le pauvre diable, arrivé sur le bord du lac, au dernier anneau de la chaîne des valseuses, ouvre les bras, croyant en saisir une nouvelle et va rouler dans l’abîme ! Les Wilis commencent alors une bacchanale joyeuse, dirigée par leur reine triomphante, lorsque l’une d’elles vient à découvrir Albert, et l’amène au milieu de leur cercle magique, encore tout étourdi de ce qu’il vient de voir. Scène 11 Les Wilis semblent s’applaudir de trouver une autre victime : leur troupe cruelle s’agite déjà autour de cette nouvelle proie ; mais au moment où Myrtha va toucher Albert de son sceptre enchanté, Giselle s’élance et retient le bras de la reine levé sur son amant. Scène 12 « Fuis, dit Giselle à celui qu’elle aime, fuis, ou tu es mort, mort comme Hilarion, ajoute-t-elle en désignant le lac. » Albert reste un instant frappé de terreur à l’idée de partager le sort affreux du garde-chasse. Giselle profite de ce moment d’indécision pour s’emparer de la main d’Albert ; ils glissent tous deux par la force d’un pouvoir magique vers la croix de marbre ; elle lui indique ce signe sacré comme son égide, comme son seul salut ! La reine et toutes les Wilis le poursuivent jusqu’au tombeau ; mais Albert, toujours protégé par Giselle, arrive ainsi jusqu’à la croix, qu’il saisit ; et au moment où Myrtha va le toucher de son sceptre, la branche enchantée se brise entre les mains de la reine, qui arrête, ainsi que toutes les Wilis, frappées de surprise et d’épouvante. Furieuses d’être ainsi trahies dans leurs cruelles espérances, les Wilis tournent autour d’Albert, et s’élancent plusieurs fois vers lui, toujours repoussées par une puissance au-dessus de la leur. La reine, alors, voulant

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se venger sur celle qui lui ravit sa proie, étend la main sur Giselle, dont les ailes s’ouvrent aussitôt, et qui se met à danser avec la plus gracieuse et la plus étrange ardeur, et comme emportée par un délire involontaire. Albert, immobile, la regarde, accablé, confondu de cette scène bizarre ! ! ! mais bientôt les grâces et les poses ravissantes de la Wili l’attirent malgré lui ; c’est ce que voulait la reine : il quitte la croix sainte qui le préserve de la mort et s’approche de Giselle, qui s’arrête alors avec épouvante, et le supplie de regagner son talisman sacré ; mais la reine, la touchant de nouveau, la force à continuer sa danse séductrice. Cette scène se renouvelle plusieurs fois, jusqu’à ce qu’enfin, cédant à la passion qui l’entraîne, Albert abandonne la croix et s’élance vers Giselle… Il saisit la branche enchantée, et veut mourir pour rejoindre la Wili, pour n’en plus être séparé ! ! ! Albert semble avoir des ailes, il rase le sol et voltige autour de la Wili, qui parfois essaye encore de le retenir. Mais bientôt, entraînée par sa nouvelle nature, Giselle est forcée de se joindre à son amant. Un pas rapide, aérien, frénétique, commence entre eux. Ils semblent tous deux lutter de grâce et d’agilité : parfois ils s’arrêtent pour tomber dans les bras l’un de l’autre, puis la musique fantastique leur rend de nouvelles forces et une nouvelle ardeur ! ! ! Le corps entier des Wilis se mêle aux deux amants, en les encadrant dans des poses voluptueuses. Une mortelle fatigue s’empare alors d’Albert. On voit qu’il lutte encore, mais que ses forces commencent à l’abandonner. Giselle s’approche de lui, s’arrête un instant, les yeux voilés de pleurs ; mais un signé de la reine l’oblige à s’envoler de nouveau. Encore quelques secondes, et Albert va périr de lassitude et d’épuisement, lorsque le jour commence à paraître… Les premiers rayons du soleil éclairent les ondes argentées du lac. La ronde fantastique et tumultueuse des Wilis se ralentit à mesure que la nuit se dissipe. Giselle semble renaître à l’espoir en voyant s’évanouir le prestige terrible qui entraînait Albert à sa perte. Peu à peu, et sous les vifs rayons du soleil, la troupe entière des Wilis se courbe, s’affaisse, et tour à tour on les voit chanceler, s’éteindre et tomber sur la touffe de fleurs ou sur la tige qui les a vues naître, comme les fleurs de la nuit qui meurent aux approches du jour. Pendant ce gracieux tableau, Giselle, subissant, comme

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ses légères sœurs, l’influence du jour, se laisse aller lentement dans les bras affaiblis d’Albert ; elle se rapproche de la tombe, comme entraînée vers elle par sa destinée. Albert, devinant le sort qui menacé Giselle, l’emporte dans ses bras loin du tombeau, et la dépose sur un tertre au milieu d’une touffe de fleurs. Albert s’agenouille près d’elle, et lui donne un baiser, comme pour lui communiquer son âme et la rappeler à la vie. Mais Giselle, lui montrant le soleil qui brille alors de tous ses feux, semble lui dire qu’elle doit obéir à son sort et le quitter pour jamais. En ce moment des fanfares bruyantes retentissent au sein des bois. Albert les écoute avec crainte, et Giselle avec une douce joie. Scène 13 Wilfrid accourt. Le fidèle écuyer précède le prince, Bathilde et une suite nombreuse ; il les ramène près d’Albert, espérant que leurs efforts seront plus puissants que les siens pour l’arracher à ce lieu de douleur. Tous s’arrêtent en l’apercevant. Albert s’élance vers son écuyer pour le retenir. Pendant ce temps la Wili touche à ses derniers instants : déjà les fleurs et les herbes qui l’entourent se relèvent sur elle, et la couvrent de leurs tiges légères… une partie de la gracieuse apparition est déjà cachée par elles. Albert revient, et reste frappé de surprise et de douleur eu voyant Giselle s’affaisser peu à peu et lentement au milieu de ce vert tombeau ; puis, du bras qu’elle conserve libre encore, elle indique à Albert la tremblante Bathilde, à genoux à quelques pas de lui, et lui tendant la main d’un air suppliant. Giselle semble dire à son amant de donner son amour et sa foi à la douce jeune fille… c’est là son seul vœu, sa dernière prière, à elle qui ne peut plus aimer en ce monde ; puis, lui adressant un triste et éternel adieu, elle disparaît au milieu des herbes fleuries qui l’engloutissent alors entièrement. Albert se relève avec une vive douleur ; mais l’ordre de la Wili lui semble sacré… Il arrache quelques-unes des fleurs qui recouvrent Giselle, les presse sur son coeur, sur ses lèvres, avec amour ; et faible et chancelant, il tombe dans les bras de ceux qui l’entourent en tendant la main à Bathilde ! ! ! Fin

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cette année là... genève en 1841

par Prohistoire *

Éloge de l’immobilisme Au moment où s’ouvre l’année 1841, l’ancien premier syndic Rieu prononce un discours public emprunt de cette immuable certitude face à l’éternité de toute chose établie, propre à nombre de magistrats de la Restauration genevoise. Ironisant sur ses paroles, le Journal de Genève retranscrit en ces termes l’esprit qui anime les autorités cantonales en ce début d’année : « […] tout va pour le mieux ; pendant l’année écoulée on a rejeté des réformes dangereuses ; on a su conserver intact le patrimoine que nos ancêtres nous ont transmis ; l’instruction publique a atteint une perfection surhumaine ; la Chambre Municipale a fait de magnifiques choses ; ah ! prions Dieu que l’année qui va s’écouler lui ressemble ! […] » (5.01.41). La révolution immobile Ailleurs en Suisse, la stabilité ne paraît pas de mise. Soumis en janvier à une insurrection réactionnaire, le canton d’Argovie à constitution libérale décide d’interdire les couvents sur son territoire, les accusant d’être le siège de toutes les intrigues. Au bout du lac, les tensions provoquées par l’affaire des couvents est palpable. Les deux députés du canton à la diète partent pour Berne, munis d’instructions de modération qui ne peuvent satisfaire les plus acharnés des anticléricaux. En février, l’affaire des couvents a pourtant été momentanément éclipsée par la décision du Conseil représentatif d’ajourner pour cinq ans la réforme de l’organisation municipale de la ville de Genève. Cette décision entérine ce qui est considéré par nombre de citadins comme une flagrante injustice. L’opinion publique s’empare de cette question : les semaines suivantes, une pétition exige l’établissement d’un Conseil Municipal électif pour la ville de Genève ; début mars, une association politique – qui prend le nom d’association du Trois-Mars, date de sa fondation – est initiée dans le même but. Refus d’accéder aux exigences de fondation d’une municipalité pour la ville et prise de position timorée face à l’affaire des couvents provoquent une effervescence populaire qui va gonfler en mouvement révolutionnaire et forcer les autorités

genevoises à accepter, en novembre, le principe de l’élection d’une assemblée constituante. Face aux prétentions des plus radicaux des membres du Trois-Mars réunis autour de James Fazy, le mouvement s’essouffle et la constitution votée en 1842 ne remplit guère leurs attentes. Elle entérine toutefois la création d’une Municipalité de Genève.

* Prohistoire est

Les États-Unis vus de Genève : un marché émergent prometteur L’instabilité politique est la pire ennemie de la finance. Face aux soubresauts révolutionnaires qui menacent d’abolir les privilèges de classe, le banquier Alexandre Lombard, par ailleurs gendre du syndic Rieu, préconise, dans une brochure datée de février 1841, d’investir aux États-Unis. Cette brochure connaît une large publicité en Suisse et en France et inaugure les investissements genevois en direction du Nouveau Monde.

indépendants

L’Arve, le Rhône et le commerce En 1841, ces deux cours d’eau sont plus que jamais au centre des enjeux commerciaux. La construction battant son plein, Genève a plus que jamais besoin de bois. Fin février, une barrière destinée à recueillir les bois que l’on fait flotter sur l’Arve depuis les forêts savoyardes est inaugurée sous le Pont-Neuf à Carouge. Les derniers mois de l’hiver, on fait parvenir à Genève d’énormes quantités de bois par cette voie naturelle. Un autre projet, qui deviendra les décennies suivantes un véritable serpent de mer, concerne le Rhône, que l’on désire rendre navigable entre Lyon et Genève. En juillet, des ingénieurs étudient la possibilité d’installer des écluses et un canal de dérivation entre Bellegarde et le Rhône déjà navigable, en aval. L’Orient, en passe d’être pacifié grâce à l’autonomie gagnée par l’Egypte sur l’Empire ottoman, promet de mettre à nouveau ses détroits des Dardanelles et du Bosphore au service du commerce. Le bassin méditerranéen et Marseille seront, prévoit-on, à nouveau au centre du commerce en provenance des Indes et Genève a tout à gagner à établir une voie navigable directe depuis la cité phocéenne.

un cabinet d’études historiques créé en 2006 par Gérard Duc et Olivier Perroux, deux historiens issus du milieu académique. Prohistoire a participé à l’élaboration d’expositions (centenaire du tunnel du Simplon ; transports dans la zone Salève), et à la rédaction d’ouvrages historiques, dont une histoire des énergies à Genève parue fin 2008. Prohistoire collabore à divers projets privés de mise en valeur du patrimoine historique industriel, commercial et familial. www.prohistoire.ch

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production Ballet du Grand Théâtre Orchestre de la Suisse Romande Directeur Philippe Cohen Adjoint du directeur du ballet Vitorio Casarin Coordinatrice administrative Emilie Schaffter Maîtres de ballet Grant Aris Robyn Ross Pianiste Serafima Demianova Directeur technique Philippe Duvauchelle Régisseur lumières Alexandre Bryand Régisseur plateau Yves Fröhle Service médical Dr Jacques Menetrey HUG Physiothérapeutes François Fiaux Florence Nguyen Huu Ostéopathe Bruno Soussan Partenaires d’échanges Generali Assurances Exersuisse Partenaire de saison JTI

Figuration Enfant Maël Nguyen Tang

Premiers violons Sergey Ostrovsky (1er VS) Bogdan Zvoristeanu (1er VS) Abdel-Hamid El Shwekh (1er VSR) Sachiko Nakamura (VS) Medhat Abdel-Salam Yumiko Awano Caroline Baeriswyl Elodie Bugni Theodora Christova Cristina Draganescu Yumi Kubo Dorin Matea Florin Moldoveanu Bénédicte Moreau Muriel Noble Hisayuki Ono Hans Reichenbach Yin Shen Gaubert Marie Sirot

Ateliers costumes Couture Fabienne Poutchkar, Xavier Randrianarison, Dominique Chauvin Cuir Coline Jud Technique de scène Régie lumière Arnaud Viala, William Ballerio Régie plateau Mansour Walter

Violoncelles François Guye (1er S) Stephan Rieckhoff (1er S) Cheryl House (SR) Hilmar Schweizer (SR) Jakob Clasen Laurent Issartel Olivier Morel Caroline Siméand-Morel Silvia Tobler Son Lam Tran Willard White

Seconds violons Sidonie Bougamont (1er S) François Payet-Labonne (1er S) Jonas Erni (SR) Rosnei Tuon (SR) Linda Bärlund Kerry Benson Florence Berdat Gabrielle Doret Véronique Kümin Ines Ladewig Claire Marcuard Eleonora Ryndina François Siron Claire Temperville Clasen David Vallez Cristian Vasile

Contrebasses Bo Yuan (1er S) Steven Zlomke (1er S) Jonathan Haskell (SR) Alain Ruaux (SR) Mihai Faur Adrien Gaubert Daniel Gobet Gergana Kusheva Cléna Stein

Altos Frédéric Kirch (1er S) Elçim Özdemir (1er S) Emmanuel Morel (SR) Barry Shapiro (SR) Hannah Franke

Flûtes piccolos Jane Elliott-Maillard Jerica Pavli

Personnel technique auxiliaire Electricité Tiphany Lecoultre, Louis Riondel, Sarha Simpson Machinerie Chann Bastard, David Dubromel, Thierry Ferrari, Christian Fiechter, Luis Enrique Pisconte Cunas, Olivier Sidore, Damián Villalba, Gala Zackyr Accessoires Stéphanie Mérat Pédagogie Élisabeth Laurent

Clarinette basse Camillo Battistello Guillaume Le Corre

Hubert Geiser Stéphane Gonties Denis Martin Stella Rusu Tsubasa Sakaguchi Verena Schweizer Catherine Soris-Orban Yan-Wei Wang

Cors Jean-Pierre Berry (1er S) Julia Heirich (1er S) Isabelle Bourgeois (SR) Brian Mihleder (SR) Pierre Briand Jacques Robellaz Klaus Uhlemann

Trombones ténors Matteo De Luca (1er S) Alexandre Faure (1er S) Andrea Bandini (SR) Edouard Chappot Trombone basse Laurent Fouqueray Tuba Pierre Pilloud (1er S)

Hautbois Jérôme Capeille (1er S) Roland Perrenoud (1er S) Vincent Gay-Balmaz (SR) Alexandre Emard Sylvain Lombard Cors anglais Alexandre Emard Sylvain Lombard Clarinettes Dmitry Rasul-Kareyev (1er S) Michel Westphal (1er S) Benoît Willmann (SR) Camillo Battistello Guillaume Le Corre

(1er VS) 1er violon solo

Contrebassons Katrin Herda Norio Kato

Trompettes Olivier Bombrun (1er S) Stephen Jeandheur (1er S) Gérard Metrailler (SR) Claude-Alain Barmaz Laurent Fabre

Flûtes Sarah Rumer (1er S) Loïc Schneider (1er S) Robert Thuillier (SR) Jane Elliott-Maillard Jerica Pavli

Petite clarinette Benoît Willmann

Bassons Céleste-Marie Roy (1er S) Afonso Venturieri (1er S) Raynal Malsan (SR) Katrin Herda Norio Kato

Timbales Yves Brustaux (1er S) Olivier Perrenoud (1er S) Percussions Christophe Delannoy (SR) Michel Maillard Michael Tschamper Harpe Notburga Puskas (1er S) Régisseur général Guillaume Bachellier Régisseur d’orchestre Grégory Cassar Régisseur de scène Marc Sapin Garçons d’orchestre David Gonzalez y Costas Aurélien Sevin

(1er VSR) 1er violon solo remplaçant

(VS) violon solo (1er S) 1er soliste (SR) soliste remplaçant

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biographies Pontus Lidberg

Philippe Béran

Chorégraphe, mais aussi danseur, réalisateur de films, il effectue sa formation à l’école du Ballet royal à Stockholm. Comme danseur, il travaille au Ballet royal de Suède bien sûr, mais aussi aux ballets de Göteborg, royal de Norvège et du Grand Théâtre de Genève. Il est artiste en résidence au Headlands Center for the Arts (2008), Joyce Soho (2010) et Baryshnikov Arts Center (2010). À la scène, il crée plus de 30 chorégraphies pour des compagnies telles que les ballets royal du Danemark (Exit pursued by a Bear), de Pékin (Luminous), Vanemuine d’Estonie (Afternoon of Petrushka), national de Norvège (Light in a Night’s Coat), royal de Suède (The Little Match Girl Passion), 59o North de Stockholm (Tactile Affinity, notamment) et pour sa propre compagnie la Pontus Lidberg Dance, avec laquelle il fait récemment des débuts new-yorkais avec Faune au New York City Center pour le Fall for Dance Festival (2011). En 2010, le NorrlandsOperan de Suède l’invite pour la création de Warriors (meilleure chorégraphie de l’année en Suède). Il a été désigné directeur artistique en résidence de la compagnie Morphoses. Il y crée Metamorphose au Vail International Dance Festival 2008, Vespertine en 2010 au Guggenheim Museum de New York et, en 2012, au festival Jacob’s Pillow. En 2003, la télévision nationale suédoise lui commande sa première réalisation de film : Mirror – projeté notamment au Dance on Camera Festival de New York. Son film de danse The Rain en 2007, lui vaut de nombreuses nominations internationales, puis en 2011 avec Labyrinth Within sur une partition de David Lang, avec Wendy Whelan du New York City Ballet (prix du court-métrage au Festival de Rennes et prix du meilleur cameraman du Dance Camera Festival au Lincoln Center). Au Grand Théâtre de Genève : La Púrpura de la rosa (Adonis) 99-00.

Né à Genève en 1962, Philippe Béran mène conjointement des études musicales et scientifiques avant de se consacrer à la direction d’orchestre. Chef d’orchestre associé de l’Opéra de Bordeaux de 1997 à 2000, il dirige l’Orchestre national Bordeaux / Aquitaine lors des représentations d’opéras, de ballets, de concerts symphoniques et de spectacles pour jeune public. Il est, depuis septembre 2002, responsable de l’action pédagogique de l’Orchestre de la Suisse Romande et de l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Le Festival de Lucerne en 2003 au KKL ainsi que le Festival de Montreux en 2008 et 2009 l’ont invité à diriger pour jeune public. Il accompagne régulièrement les ballets de l’opéra de Bordeaux, de Nancy, du Grand Théâtre de Genève, de l’opéra de Nice et, en décembre 2007, le New York City Ballet pour une série de représentations de CasseNoisette de George Balanchine au Lincoln Center de New York. Pour le Ballet de l’Opéra de Paris, il dirige les représentations de Paquita lors de la dernière tournée de la compagnie en Chine en mai 2008 ainsi que Giselle à Monte-Carlo en octobre 2008. Il est aussi régulièrement invité par le Ballet royal de Suède depuis 2009. Il fait récemment ses débuts à l’Opéra national de Finlande. Philippe Béran est professeur de direction d’orchestre à la Haute école de musique de Lausanne depuis septembre 2009.

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Direction musicale © Gregory Batardon

Chorégraphie

Au Grand Théâtre de Genève : Concerto Barocco (0102), Les Enfants du Levant (04-05), Casse- Noisette (05- 06) et (06-07), Coppélia (06-07), Giselle (08-09), Roméo et Juliette (08-09), Cendrillon (09-10), La Petite Zauberflöte (10-11 et 11-12).

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biographies

Patrik Bogårdh

Rachel Quarmby-Spadaccini

Patrik Bogårdh travaille depuis plus de 15 ans pour le théâtre, l’opéra et le ballet. Au Théâtre municipal de Stockholm, il est engagé pour plus de 50 productions, il y crée notamment les lumières de Mademoiselle Julie de Strindberg, mis en scène par Helena Bergström et Cabaret mis en scène par Colin Nutley. En 2012, il signe la scénographie et les lumières de Carmen du chorégraphe Ruslan Stefanov au théâtre Vanemuine en Estonie. Il collabore avec Pontus Lidberg notamment pour The Little Match Girl Passion à l’Opéra royal de Suède, Warriors au NorrlandsOperan en 2011, Shakespeare in Motion au Théâtre royal de Copenhague en 2010 et Afternoon of Petrushka au théâtre Vanemuine en 2010. Il est aussi en charge des lumières de Come, Take my Hand de Birgitta Egerbladh au Folkteatern de Gävle et l’opéra Birgitta mis en scène par Karl Dunér à l’académie Vadstena en 2003.

Rachel QuarmbySpadaccini, d’origine anglaise, vit actuellement en France où elle travaille comme créatrice de costumes pour la danse et le cinéma. Elle collabore avec Pontus Lidberg depuis 2004. Ensemble, ils élaborent des ailes lumineuses à base de fibres optiques pour Light in a Night’s Coat, à l’Opéra national de Norvège en 2005, elle collabore aussi à Exit, Pursued by a Bear, chorégraphie dans laquelle danse un ours brun, au Ballet royal du Danemark en 2010. Pour Forvandlingar en 2008 au ballet national NorrDans, elle crée des robes entièrement faites de rubans et pour The Little Match Girl au ballet royal de Suède en 2012, des costumes qui grossissent sur scène jusqu’à devenir énormes. Pour la danse contemporaine, elle travaille aussi avec Anu Sistonen, Jo Strømgren, Tero Saarinen, Joëlle Bouvier, Yann Bridard, Carolyn Carlson et Larrio Ekson. On a pu voir ses créations de costumes pour le cinéma dans Eden Log de Franck Vestiel (2007), Adieu Berthe de Bruno Podalydès (2012) et Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais (2012).

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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Costumes © dr

Scénographie et lumières

Débuts au Grand Théâtre de Genève

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biographies

Zaria Forman Zaria Forman se passionne pour le dessin dès son enfance, lors des voyages avec ses parents dans des contrées reculées, que photographiait sa mère, l’artiste renommée Rena Bass Forman. Celle-ci influença le travail de Zaria, tout comme John Constable, Thomas Cole et Robert Longo. Zaria Forman réussit brillamment ses études artistiques au Skidmore College à Saratoga Springs, NY. Ses œuvres sont exposées dans de nombreuses galeries de renommée internationale. Dix de ses dessins seront utilisés pour les décors de House of Cards, une série de télévision diffusée en 2013, réalisée par David Fincher avec Kevin Spacey.

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Visuels scéniques

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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informations pratiques Horaires des représentations Les représentations ont lieu généralement à 19 h 30 en semaine et à 15 h le dimanche. Pour certains spectacles, ces horaires peuvent être différents. Les horaires sont toujours indiqués sur les billets. Ouverture des portes Le Grand Théâtre ouvre ses portes une heure avant le début de la représentation et l’accès à la salle est possible trente minutes avant le spectacle. Retardataires Par respect pour le public et les artistes, après le début du spectacle l’accès à la salle se fait à la première interruption et aux places accessibles. Un circuit vidéo permet généralement de suivre le début du spectacle. Aucun remboursement ou échange de billet ne sera effectué en cas de retard. Vestiaires Des vestiaires payants sont à la disposition du public aux différents niveaux du Grand Théâtre (Fr. 2.-). Jumelles Des jumelles peuvent être louées dans tous les vestiaires (Fr. 5.-). Rehausseurs Disponibles aux vestiaires (service gratuit).

Conférence de présentation

Trente minutes avant chaque opéra, un musicologue vous donne quelques clés pour mieux apprécier le spectacle.

sur l’œuvre

Pour chaque opéra* et création chorégraphique de la saison 12-13, une conférence très complète sur l’œuvre est organisée quelques jours avant la première représentation, toujours à la même heure, 18 h 15, par l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet www.amisdelopera.ch * sauf pour Il Barbiere di Siviglia

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Bars 1 heure avant le spectacle Les bars du hall et du sous-sol vous proposent boissons et petite restauration. Dès 30 minutes avant le spectacle Le bar des foyers vous propose boissons et petite restauration. À l’entracte Les bars du hall, des foyers, du sous-sol et de l’amphithéâtre vous proposent boissons et petite restauration.

Restaurant Avant le spectacle et durant l’entracte Le restaurant du sous-sol propose, lors de certains spectacles, une assiette composée servie directement à la table qui vous a été préalablement réservée (Fr. 35.- avec une boisson). Menu sur www.geneveopera.ch, réservation obligatoire à la billetterie.

Enregistrements Il est interdit de photographier, de filmer ou d’enregistrer les spectacles. Surtitrage Les ouvrages font généralement l’objet d’un surtitrage. Au Grand Théâtre, il est désormais bilingue français-anglais. Le Grand Théâtre remercie vivement la Fondation Hans Wilsdorf grâce à laquelle ce surtitrage vous est proposé. Programmes et affiches Les programmes et les affiches des spectacles passés ou en cours sont en vente à la billetterie du Grand Théâtre. Boutique du Grand Théâtre de Genève Avant chaque représentation, Le Ménestrel – magasin de musique classique connu à Genève depuis 1952 – vous propose notamment des articles en lien avec le spectacle en cours.

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Billetterie du Grand Théâtre Au Grand Théâtre de Genève 5, place de Neuve. Du lundi au samedi de 10 h à 18 h et jusqu’à 19 h 30 les jours de spectacle. Le dimanche dès 1 h 30 avant le début de la représentation. Par téléphone T + 41 22 418 31 30. Du lundi au samedi de 10 h à 18 h Par courriel, fax ou courrier Billetterie du Grand Théâtre CP 5126 - CH 1211 Genève 11 billetterie@geneveopera.ch F + 41 22 418 31 31 En ligne sur le site www.geneveopera.ch Réservez vos places et collectez-les à la billetterie du Grand Théâtre ou imprimez-les directement à votre domicile. Les places réservées sont à régler dans les 48 h. Selon les délais, les billets réservés et payés peuvent être envoyés à domicile (Fr. 4.- / frais de port). Modes de paiement acceptés : Mastercard et Visa

Soirées entreprises Les entreprises souhaitant organiser une soirée au Grand Théâtre peuvent prendre contact avec Johanna Lachenmann  T +41 22 418 30 58 F + 41 22 418 30 98 j.lachenmann@geneveopera.ch

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Formulaire d’inscription sur www.geneveopera.ch

Tarif spéciaux

Dans le réseau FNAC en Suisse et en France

Billets jeunes 25 % de réduction sur le plein tarif billetterie à partir de la catégorie C pour les jeunes de moins de 26 ans.

Tarifs réduits Un justificatif doit être présenté ou envoyé pour tout achat de billet à tarif réduit.

Carte 20 ans/20 francs Réduction de Fr 2.- sur l’achat de billet au tarif jeune et un programme de spectacle offert (Une pièce d’identité sera demandée pour accéder à la salle).

Remboursement / échange Les billets sont remboursés ou échangés seulement lors d’annulation de spectacle et non en cas de modifications de programmation ou de distribution en cours de saison. Les abonnés du Grand Théâtre ainsi que les détenteurs de la carte fidélité du Grand Théâtre de Genève peuvent changer leurs dates de spectacles jusqu’à la veille de la représentions avant midi (1 er échange gratuit, puis Fr. 5.- par commande sauf pour les détenteurs du Grand abonnement Carré d’or). Réservation de groupe Les associations et groupements à but non lucratif peuvent réserver des places de spectacle à tarifs préférentiels durant toute la saison. Dossier spécial et réservation T +41 22 418 31 30 F + 41 22 418 31 31 c.druelle@geneveopera.ch

Titulaires du chéquier culture Réduction de Fr. 10.- par chèque sur l’achat de places de spectacle à la billetterie du Grand Théâtre (chèques cumulables) Passedanse Avec le Passedanse (valeur de Fr. 20.-), vous obtenez des réductions tarifaires sur les spectales chorégraphiques du Grand Théâtre de Genève et des partenaires du Passedanse. Tarifs personnes en situation de handicap Gratuité pour l’accompagnant d’une personne malvoyante ou aveugle ; surclassement pour les personnes à mobilité réduite, malentendantes ou sourdes. Billets Last minute Dans la limite des places disponibles, des places à Fr. 30.ou Fr. 50.- sont proposées dès une heure avant le début des spectacles aux jeunes jusqu’à 26 ans, aux étudiants et aux adhérents Labo-M sur présentation d’une pièce justificative.

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cercle du grand Théâtre Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement. Bureau (août 2012) Mme Françoise de Mestral, présidente M. David Lachat, vice-président M. Gabriel Safdié, trésorier Mme Véronique Walter, secrétaire Autres membres du Comité (août 2012) Mme Diane d’Arcis S. A. S. la Princesse Andrienne d’Arenberg M. Luc Argand M. Friedrich B. Busse Mme Muriel Chaponnière Rochat M. Gerson Waechter M. Pierre-Alain Wavre Membres Bienfaiteurs M. et Mme Luc Argand Mme René Augereau M. et Mme Guy Demole Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Fondation Hans Wilsdorf M. et Mme Pierre Keller MM. Lombard Odier Darier Hentsch et Cie M. et Mme Trifon Natsis M. et Mme Yves Oltramare Mrs Laurel Polleys-Camus Union Bancaire Privée – UBP SA M. Pierre-Alain Wavre M. et Mme Gérard Wertheimer Membres individuels S.A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’Arcis S.A.S. La Princesse Etienne d’Arenberg Mme Dominique Arpels Mme Véronique Barbey Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn

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M. et Mme Gérard Bauer M. et Mme Pierre Benhamou Mme Maria Pilar de la Béraudière M. et Mme Philippe Bertherat Mme Antoine Best Mme Saskia van Beuningen Mme Françoise Bodmer M. Jean Bonna Prof. et Mme Julien Bogousslavsky Comtesse Brandolini d’Adda Mme Robert Briner M. Friedrich B. Busse Mme Caroline Caffin Mme Maria Livanos Cattaui Mme Muriel Chaponnière-Rochat Mme Anne Chevalley M. et Mme Neville Cook M. Jean-Pierre Cubizolle M. et Mme Claude Demole Mme Virginia Drabbe-Seemann M. et Mme Olivier Dunant Mme Denise Elfen-Laniado Mme Maria Embiricos Mme Diane Etter-Soutter Mme Catherine Fauchier-Magnan Mme Clarina Firmenich Mme Pierre Folliet Mme Pierre-Claude Fournet M. et Mme Eric Freymond Mme Elka Gouzer-Waechter M. et Mme Alexey Gribkov Mme Claudia Groothaert M. et Mme Philippe Gudin de La Sablonnière Mme Bernard Haccius M. et Mme Alex Hoffmann M. et Mme Philippe Jabre M. et Mme éric Jacquet M. et Mme Jean Kohler M. David Lachat M. Marko Lacin Me Jean-Flavien Lalive d’Epinay † M. et Mme Pierre Lardy Mme Michèle Laraki Mme Guy Lefort Mme Eric Lescure

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Mme Eva Lundin M. Ian Lundin M. Bernard Mach Mme France Majoie Le Lous M. et Mme Colin Maltby M. Thierry de Marignac Mme Mark Mathysen-Gerst M. Bertrand Maus Mme Anne Maus M. Olivier Maus M. et Mme Charles de Mestral M. et Mme Francis Minkoff M. et Mme Bernard Momméja M. et Mme Christopher Mouravieff-Apostol Mme Pierre-Yves Mourgue d’Algue Mme Laurence Naville M. et Mme Philippe Nordmann M. et Mme Alan Parker M. et Mme Shelby du Pasquier Mme Sibylle Pastré M. Jacques Perrot M. et Mme Gilles Petitpierre M. et Mme Charles Pictet M. et Mme Guillaume Pictet M. et Mme Ivan Pictet M. et Mme Jean-François Pissettaz Mme Françoise Propper Mme Ruth Rappaport Mme Karin Reza M. et Mme Andreas Rötheli M. Jean-Louis du Roy de Blicquy M. et Mme Gabriel Safdié Comte et Comtesse de Saint-Pierre M. Vincenzo Salina Amorini M. et Mme René V. Sanchez M. et Mme Paul Saurel M. Julien Schoenlaub Baron et Baronne Seillière M. Thierry Servant Mme Hans-Rudi Spillmann Marquis et Marquise Enrico Spinola Mme Christiane Steck M. André-Pierre Tardy M. et Mme Riccardo Tattoni M. et Mme Kamen Troller

M. Richard de Tscharner M. et Mme Gérard Turpin Mme Emily Turrettini M. et Mme Jean-Luc Vermeulen M. Pierre Vernes M. et Mme Olivier Vodoz M. Gerson Waechter Mme Véronique Walter M. et Mme Lionel de Weck Mme Paul-Annik Weiller Membres institutionnels 1875 Finance SA Activgest SA Christie’s (International) SA Credit Suisse SA Fondation BNP Paribas Suisse Fondation Bru Fondation de la Haute Horlogerie Givaudan SA Gonet & Cie, Banquiers Privés H de P (Holding de Picciotto) SA JT International SA Lenz & Staehelin Mandarin Oriental, Genève MKB Conseil & Coaching La Réserve, Genève SGS SA Vacheron Constantin Inscriptions Cercle du Grand Théâtre de Genève Mme Gwénola Trutat 11, boulevard du Théâtre • CH-1211 Genève 11 T +41 22 321 85 77 F +41 22 321 85 79 du lundi au vendredi de 8 h à 12 h cercle@geneveopera.ch

Compte bancaire N° 530 290 MM. Pictet & Cie Organe de révision Plafida SA

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Le ballet du Grand Théâtre Tournées 2012/2013 Roméo et Juliette

Glory

Chorégraphie Joëlle Bouvier

Chorégraphie Andonis Foniadakis

Le Fanal, Saint Nazaire, Suisse 3 et 4 décembre 2012 Teatro Grande, Breccia, Italie 12 janvier 2013 Teatro Ponchielli, Crémone, Italie 3 mars 2013

Festival Cervantino, Guanajuato, Mexique 18, 20 et 21 octobre 2012 Culiacàn, Mexique 24 octobre 2012 Théâtre du Passage, Neuchâtel, Suisse 31 octobre et 1er novembre 2012

Sed Lux Permanet

Préludes & Fugues

Chorégraphie Ken Ossola

Chorégraphie Emanuel Gat

Glory

Le Parvis, Tarbes, France 27 novembre 2012 L’Equinoxe, Châteauroux, France 29 novembre 2012 Les Gémeaux, Sceaux, France 6, 7 et 8 décembre 2012 Kaserne, Bâle, Suisse 6 février 2013 Opéra de Rouen, France 6 et 7 avril 2013 La Passerelle, Saint Brieuc, France 9 avril 2013

Chorégraphie Andonis Foniadakis La Rampe, Échirolles, France 12 mars 2013 Le Théâtre, Narbonne, France 16 avril 2013 Théâtre du Vellein, Villefontaine, France 18 et 19 avril 2013

Le Sacre du printemps

Chorégraphie Andonis Foniadakis

Sed Lux Permanet

Chorégraphie Ken Ossola

Amoveo Le Spectre de la Rose Les Sylphides

Palazzo dei Congressi, Lugano, Suisse 1er mars 2013

Amoveo

Chorégraphies Benjamin Millepied

Le Moulin du Roc, Niort, France 1er décembre 2012 Espace culturel de la Fleuriaye, Carquefou, France 11 décembre 2012 Théâtre impérial, Compiègne, France 15 et 16 décembre 2012 Maison de la Danse, Lyon, France 27, 28, 29 mars, 2 et 3 avril 2013 Espace Malraux, Joué-les-Tours, France 12 avril 2013

Chorégraphie Benjamin Millepied

Glory

Chorégraphie Andonis Foniadakis ou

Giselle

Chorégraphie Pontus Lidberg Teatro communale, Bolzano, Italie 5 ou 6 mars 2013 (à confirmer)

Toutes les photographies des danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève sont de Gregory Batardon. Elles ont été réalisées en septembre 2012 au Grand Théâtre de Genève

Directeur de la publication : Tobias Richter Responsable de la rédaction : Daniel Dollé Responsable de l’édition : Aimery Chaigne Coordination : Albert Garnier, Frédéric Leyat Ont collaboré à ce programme : Sandra Gonzalez, Isabelle Jornod Révision : Christopher Park Impression : m+h genève Achevé d’imprimer en septembre 2012

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Grand Théâtre de Genève • Giselle

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La Fondation BNP Paribas soutient la troupe des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre de Genève

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