SED LUX Permanet transit umbra
Sed lux Permanet
Verklärte Nacht
Requiem
Arnold Schönberg
DANSE
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GAbriel Fauré
Passion et partage La fondation de bienfaisance de la banque Pictet est fière de soutenir le projet «Les jeunes au cœur du Grand Théâtre». En participant à ce programme de formation, nous prenons un engagement en faveur de la génération à venir. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir offrir aux talents de demain l’opportunité de découvrir les joies de l’opéra et du ballet, et peut-être même de susciter des vocations. Les Associés de Pictet & Cie vous souhaitent une très belle saison 2010-2011.
Fondation subventionnée par la Ville de Genève avec le soutien du Cercle du Grand Théâtre Partenaire des récitals Fondation Valeria Rossi di Montelera Partenaires de productions Cercle du Grand Théâtre Fondation Leenaards Fondation Neva Partenaire du programme pédagogique Fondation de bienfaisance de la banque Pictet Partenaire fondateur de la troupe des jeunes solistes en résidence Fondation BNP Paribas Partenaires de projets Geneva Opera Pool Opéra et Cité
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© Bridgeman berlin
L’hymne à la joie : Ce baiser au monde entier... Détail du panneau de droite de la Frise Beethoven Gustav Klimt, 1902 Pavillon de la Sécession, Vienne, Autriche Peinture murale
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Deux Créations mondiales
SED LUX Permanet
Ballet du Grand Théâtre Orchestre de la Suisse Romande Direction Karl Anton Rickenbacher 5, 7, 8, 9 octobre 2010 à 20 h 10 octobre 2010 à 17 h
Transit Umbra Sed Lux Permanet Musique d’Arnold Schönberg Verklärte Nacht (La Nuit transfigurée)
Chorégraphie, scénographie et costumes Francesco Ventriglia Assistante chorégraphie Mariapia Di Mauro Lumières Rémi Nicolas
Musique de Gabriel Fauré Requiem Chorégraphie Ken Ossola Assistante chorégraphie Tamara Bacci Scénographie et costumes Jean-Marc Puissant Lumières Kees Tjebbes
Solistes Polina Pasztircsak - Soprano Markus Werba - Baryton Chœur du Grand Théâtre Direction : Ching-Lien Wu
Clair-obscur l’abîme solaire par Philippe Cohen
La Nuit transfigurée de Schönberg et le Requiem de Fauré sont deux œuvres musicales que je porte en moi depuis mon adolescence. Lorsque j’ai envisagé d’en faire le socle d’un spectacle et, avant d’en faire la proposition à des chorégraphes, le critère de choix dont je disposais alors était fort simple : suisje ému par ce qu’ont écrit ces compositeurs, il y a cent ans environ ou suis-je intéressé personnellement par la lecture sensible que je peux en faire ? Mais, une fois ces questions posées, était-il nécessaire d’y apporter des réponses ? Car une réponse peut paraître définitive alors que la question, elle, contient un mouvement, une recherche de vérité et d’harmonie. J’ai donc décidé de mettre des points de suspension à mes questions et je me suis alors appuyé
tout simplement sur le rapport musique–danse. Sans être une réponse en soi, il me semblait intéressant de voir comment l’une s’enracine dans l’autre, donnant cet effet d’élévation jusqu’au spirituel côté danse alors que la musique travaille le corps par un étrange pouvoir physique... Ascension et incarnation. Il n’est pas difficile de repérer dans des œuvres aussi puissantes et évocatrices l’expression d’une ascension fondée sur d’infimes et multiples résonances. Reste donc aux danseurs d’incarner le ton, les rythmes et l’harmonie d’un langage dramatique original comme une sorte de parenthèse énigmatique entre la naissance et la mort, entre l’œil qui s’ouvre et l’œil qui se ferme.
Sommaire Les chemins de Francesco Ventriglia... Transfigurer la nuit par Daniel Dollé Verklärte Nacht / La Nuit transfigurée par Daniel Dollé Ombres et lumières de l’inconscient de Carl-Gustav Jung Le Ballet du Grand Théâtre en images par Vincent Lepresle La mort transfigurée par Daniel Dollé La berceuse des morts par Daniel Dollé
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Production Biographies
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Informations pratiques
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Les chemins de Francesco Ventriglia
Transf igurer la nuit... par Daniel Dollé
Au cœur du mois de septembre, au cours des répétitions à Genève, le chorégraphe, en compagnie de sa fidèle collaboratrice Mariapia Di Mauro, évoque avec enthousiasme son approche de Transit Umbra. Habitués à s’exprimer avec le corps et à le faire parler, ils nous livrent quelques clefs que nous allons essayer de transcrire.
À peine vient-il de finir sa dernière création, Immemoria, à La Scala de Milan, son « chez lui », que Philippe Cohen, le directeur de la compagnie, le guette et l’attend dans les coulisses afin de lui proposer un nouveau projet. Le regard de Francesco s’illumine lorsque Philippe Cohen lui parle d’une chorégraphie sur La Nuit transfigurée d’Arnold Schönberg, le novateur viennois. Il connaît bien l’ouvrage et le poème de Richard Dehmel qui a inspiré le compositeur. Sans hésiter, il accepte l’aventure et s’embarque dans ce projet où il est question d’ombre et de lumière, de vie et de mort, mais également d’amour, des mots-clefs qui accompagnent chacun de nous de la naissance à la mort, avec des passages de la lumière aux ténèbres, et inversement. Tantôt à la recherche de l’ombre ou de la lumière, à la quête de qui nous sommes à travers l’introspection, nos corps se meuvent pour chorégraphier la vie complexe et riche, et cependant limitée pour ceux qui acceptent de garder les yeux ouverts. Lorsque Francesco parle de La Nuit transfigurée, son regard s’allume, il connaît la partition dans ses moindres détails. Il semble que chaque note, chaque rythme soit gravé dans sa tête. Pour lui, la musique n’est pas illustrative, décorative ou
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un prétexte à la chorégraphie, elle en est la base, le point de départ qui génère le mouvement des corps. Le poème de Dehmel avait stimulé Schönberg, alors amoureux ; à présent, l’œuvre de celui qui allait ouvrir et écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la musique inspire le chorégraphe qui, grâce à son langage, fait parler les corps des vingt-deux danseurs de la compagnie. En effet, Francesco fait appel à l’ensemble de la compagnie afin de nous inviter à un voyage introspectif, initiatique : le verbe inspire la musique, et la musique fait parler les corps au cours d’un voyage extrême, qui aboutit sur un duo, toujours à la recherche de l’équilibre et de l’amour partout. En somme une réaction en cascade libératrice qui permet de transcender et de sublimer les valeurs essentielles à une meilleure connaissance et ce, malgré le difficile passage des zones d’ombre à la lumière. Pour commencer, le chorégraphe, qui collabore étroitement avec son assistante Mariapia, s’imprègne de la musique et prépare des paroles, des mots catalyseurs, avec lesquels il veut inspirer les artistes. Il ne vient jamais avec un concept rigide et ficelé, il sait ce qu’il veut, il connaît la direction qu’il souhaite donner à son travail, mais il a besoin du contact avec les danseuses et les danseurs pour écrire, grâce à son langage hérité d’une solide formation classique, une chorégraphie personnelle qui fait la part belle aux personnalités si riches et si différentes qui composent le Ballet du Grand Théâtre. Il est ravi de travailler avec cette compagnie qui vient de recruter trois nouvelles danseuses et quatre nouveaux danseurs. Il espère contribuer à la cohésion du groupe grâce à son approche et à son travail. À l’image de Schönberg et de l’école viennoise, il affirme haut et fort qu’il faut connaître le passé pour créer. Danseur dans le haut lieu lyrique de l’Italie, La Scala de Milan, Francesco dirige une petite compagnie qui regroupe dix danseurs. À présent, il consacre son temps à la création. Hier plongé dans la musique de Chostakovitch, la septième symphonie, pour sa création Immemoria à La Scala,
afin de ne pas oublier ; aujourd’hui aux prises avec une œuvre emblématique du XXème dans sa forme orchestrale. Afin d’assurer la cohérence du concept et du spectacle, le chorégraphe est également le scénographe et le costumier de Transit Umbra. Il s’est inspiré de la Frise Beethoven [ Voir pages 2-3 ] qui se trouve dans le pavillon de la Sécession à Vienne. Cette œuvre picturale a été réalisée par Gustav Klimt suite à l’écoute de la neuvième symphonie de Beethoven. Gustav Klimt qui aura marqué le début du XXème siècle, tout comme Sigmund Freud, et qui mettra un terme à « Vienne au crépuscule » en allumant des feux nouveaux. Sous le regard blafard de la lune, Francesco nous raconte, à sa manière, l’histoire d’une femme et d’un homme qui surmontent leurs peurs, leur angoisse, leur souffrance pour parvenir à un amour vrai, pour quitter l’ombre et transfigurer la nuit. Il nous invite à suivre ce parcours initiatique sans illustrer le poème, sans commenter la musique sublime de Schönberg. Il ouvre tout simplement les portes qui mènent vers les profondeurs, là où se trouvent la grandeur, la vraie vie et le véritable amour, une sorte de quête du Graal permettant d’accéder au presque inatteignable équilibre où les masques sont tombés et les ombres dissipées. Cependant existe-til une vie sans ombre ? Richard Strauss n’a-t-il pas conté l’histoire de La Femme sans ombre, un thème récurrent dans toutes les civilisations et à travers les âges. Ombre inquiétante, ombre vivifiante et rassurante, lorsque tu apparais, la lumière n’est plus très éloignée, car sans elle tu n’existes pas. Gageons que Francesco Ventriglia saura nous entraîner dans son monde et nous faire partager sa passion pour une œuvre unique, heureusement sortie de l’ombre aujourd’hui. Il fait parler les corps des vingt-deux danseurs du Ballet du Grand Théâtre pour nous conduire sur les chemins de l’amour, là où veillent Tristan et Iseut.
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La Nuit Verklärte
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Zwei Menschen gehn durch kahlen, kalten Hain; der Mond läuft mit, sie schaun hinein. Der Mond läuft über hohe Eichen; kein Wölkchen trübt das Himmelslicht, in das die schwarzen Zacken reichen. Die Stimme eines Weibes spricht:
Deux êtres vont par le bois nu et froid; la lune les suit, ils la regardent. La lune saute les chênes hauts. Pas un nuage ne trouble la clarté où montent les flèches noires. La voix d’une femme parle:
Ich trag ein Kind, und nit von Dir, ich geh in Sünde neben Dir. Ich hab mich schwer an mir vergangen. Ich glaubte nicht mehr an ein Glück und hatte doch ein schwer Verlangen nach Lebensinhalt, nach Mutterglück und Pflicht; da hab ich mich erfrecht, da ließ ich schaudernd mein Geschlecht von einem fremden Mann umfangen, und hab mich noch dafür gesegnet. Nun hat das Leben sich gerächt: nun bin ich Dir, o Dir, begegnet.
Je porte un enfant, et pas de toi, je marche dans le péché à côté de toi. J’ai fauté gravement contre moi. Je ne croyais plus au bonheur et pourtant je désirais ardemment un vie remplie, le bonheur d’être mère et le devoir: alors j’ai osé, j’ai laissé frissonnante mon sexe à l’étreinte d’un homme étranger et m’en suis encore félicitée. Voilà que la vie s’est vengée: voilà que je t’ai rencontré, toi.
Sie geht mit ungelenkem Schritt. Sie schaut empor; der Mond läuft mit. Ihr dunkler Blick ertrinkt in Licht. Die Stimme eines Mannes spricht:
Elle va d’un pas maladroit. Elle lève les yeux; la lune suit. Son regard sombre se noie dans la lumière. La voix d’un homme parle:
Das Kind, das Du empfangen hast, sei Deiner Seele keine Last, o sieh, wie klar das Weltall schimmert! Es ist ein Glanz um alles her; Du treibst mit mir auf kaltem Meer, doch eine eigne Wärme flimmert von Dir in mich, von mir in Dich. Die wird das fremde Kind verklären, Du wirst es mir, von mir gebären; Du hast den Glanz in mich gebracht, Du hast mich selbst zum Kind gemacht.
L’enfant que tu as conçu, qu’il ne pèse pas sur ton âme, vois comme l’espace brille clair! Il y a un halo autour de toute chose, tu vogues avec moi sur une mer froide, mais une chaleur particulière vacille de toi en moi, de moi en toi. C’est elle qui transfigurera l’enfant étranger, tu l’enfanteras pour moi, de moi: tu as mis en moi cet éclat, c’est moi-même que tu as rendu enfant.
Er faßt sie um die starken Hüften. Ihr Atem küßt sich in den Lüften. Zwei Menschen gehn durch hohe, helle Nacht.
Il la saisit par ses fortes hanches. Leur souffle s’embrasse dans les airs. Deux êtres vont par la nuit haute et claire.
Richard Dehmel, Verklärte Nacht
Richard Dehmel, La Nuit Transfigurée
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transfigurée Nacht par Daniel Dollé
La Nuit transfigurée est une œuvre pour sextuor à cordes composée en 1899 par Arnold Schönberg, et créée à Vienne le 18 mars 1902, après avoir été refusée par le comité artistique du Tonkünstverein de Vienne qui estimait qu’il s’agissait d’une pâle copie wagnérienne, et ce, malgré l’intervention de Zemlinsky. Depuis, elle est devenue une des œuvres les plus jouées et les plus applaudies du novateur viennois. Il s’agit vraiment d’un chefd’œuvre précoce que Schönberg arrange pour orchestre à cordes en 1917, et qu’il révise en 1943. L’amour reste toujours un élément important pour tout créateur. À l’été 1899, Schönberg passe ses vacances à Payerbach, dans la résidence d’Alexander von Zemlinsky. Il fait connaissance de Mathilde, la jeune sœur de son ami et professeur. Pour elle, en moins de trois semaines, il compose un sextuor sous-titré Verklärte Nacht. Comme souvent, les liens entre la musique et la poésie sont intimes. Il trouve l’inspiration à la lecture d’un recueil de poésie, Weib und Welt (La femme et le monde) de Richard Dehmel, un ami, un écrivain de tendance nietzschéenne, socialisante et mystique. Le thème est ancré dans le romantisme : lors d’une promenade nocturne, une femme annonce à son amant qu’elle attend un enfant d’un autre homme. L’amant calme ses remords et lui demande de mettre l’enfant au monde pour lui, séduit à la pensée qu’il pourra partager cette maternité. Heureux sous la lune, les amants avancent vers leur destin. Il épouse Mathilde en 1901. Nous sommes encore loin du dodécaphonisme, l’œuvre reste fortement ancrée dans le romantisme et on perçoit nettement les influences de Wagner (Wesendonck-lieder). La musique suit les méandres du poème, ainsi que sa structure en cinq parties enchaînées. La traduction érotique des vers est immédiatement perceptible à travers l’utilisation d’un chromatisme hérité de l’écriture wagnérienne.
Le poème musical est d’une structure cyclique, basé sur le principe du leitmotiv si cher à l’auteur du Ring ou de Parsifal. Le matériau thématique subit de multiples transformations contrapuntiques et harmoniques, restant en permanence dans un équilibre instable, entre les sonorités du romantisme finissant et la recherche d’un langage nouveau. Lors de la création, on assista à un scandale dans la petite salle du Musikverein de Vienne. À quoi était-il dû ? À la forme ou au fond ? L’expression de l’adultère et l’amour naissant entre un homme et une femme avaient-ils choqué le public viennois ? La première partie du poème évolue dans la tonalité de ré mineur, puis à l’amour naissant, vers ré majeur. Les cinq épisodes fascinants sont facilement identifiables, et aboutissent non pas vers un drame wagnérien, mais au repentir et au sursaut de la vie. La musique de Schönberg se concentre essentiellement sur les sentiments : peur, doute, angoisse, pardon, passion et extase. Trois passages de « musique de marche » encadrent les dialogues. Les violoncelles sont les témoins de l’histoire. Les aigus des violons évoquent l’inquiétude et les alti semblent dissociés de l’émotion. À l’écoute de l’œuvre, Richard Dehmel, le poète, succomba à son charme et fut totalement envoûté.
« Ma Nuit transfigurée se réclame de Wagner dans son traitement, partant d’une cellule thématique qui se développe au-dessus d’une harmonie en perpétuelle évolution, mais aussi de Brahms par sa technique de développement par variation continue. » Arnold Schönberg, 1949
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Ombres et lumières de l’inconscient in Carl Gustav Jung*, L’homme à la découverte de son âme, éditions du Mont-Blanc, coll. Action et pensée, Genève, 1944. Traduction R. Cahen-Salabelle
Le héros ou l’âme exilée, tel Gilgamesh, doit affronter l’obscurité du monde souterrain, pour sortir de l’autre côté de la montagne dans la lumière de l’aurore. Que ce soit l’Orphisme, le poème de Parménide, la gnose valentinienne, les récits visionnaires de Sohrawardi, Avicenne ou Âttar, il s’agit toujours d’un voyage vers la lumière de la connaissance, par la distinction initiale entre la droite, lumineuse, aurorale, et la gauche, obscure, crépusculaire. Ces deux directions se révèlent être l’Orient et l’Occident de l’âme. Si l’aurore symbolise la sortie de la nuit de l’inconscient, selon Carl Gustav Jung, c’est en plein midi qu’a lieu la délivrance de l’inconnaissance.
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Le champ de votre vision introspective représenté, si vous le voulez bien, par ce schéma III est comme un vaste espace dont certaines parcelles se trouvent éclairées, à côté desquelles figure encore un monde d’obscurité, le monde intérieur obscur, dont nous n’avons pas une image claire, mais dont nous ne happons jamais que des fragments. C’est un peu comme si dans cette salle je voyais tantôt cette dame et tantôt cette autre mais jamais l’auditoire tout entier. Par suite, j’aurais l’impression, à un moment donné, qu’il n’y a ici personne hormis cette dame, ou que la première a été remplacée par la seconde, que je verrais seule à son tour. Ainsi en est-il dans notre espace intérieur. En réalité nous avons en outre une certaine prescience globale de l’ensemble, qui n’en demeure pas moins recouvert par une ombre profonde. Il semble que le faisceau lumineux de notre conscience soit, limité, et que cette limitation nous mette hors d’état d’appréhender normalement plus d’un état psychique à la fois; cela est particulièrement vrai
lorsque nous sommes sous l’emprise d’un affect qui capte toute notre attention, toutes nos pensées et durant lequel nous ne saurions songer à autre chose. Si vous êtes violemment irrité vous ne vivez que votre colère et ne parvenez pas au cours de celle-ci à détourner votre esprit fasciné des pensées qu’elle vous a inspirées.
Schéma III
Toute la partie inférieure au diamètre AA’ est le monde obscur. Il nous faut situer tout d’abord dans celui-ci, comme à sa périphérie, les irruptions de l’inconscient que l’on peut comparer à des exclamations qui viendraient, par exemple, interrompre maintenant le fil de ma conférence. Puis, déjà plus proches du moi, viennent les affects; puis, encore plus rapprochées, les contributions subjectives des fonctions, qui sont à la portée du moi, qui ne possèdent plus d’autonomie, ce qui les différencie des affects, et que l’on peut, dans une certaine mesure, accommoder à sa guise : je puis par exemple dire: «Bonjour cher monsieur, je suis enchanté de vous rencontrer », n’en pensant pas moins par devers moi : « Que le diable l’emporte ! » Cette dernière pensée est mise de côté, demeure secrète grâce à un imperceptible effort de volonté, les contributions subjectives n’exerçant pas sur le moi l’emprise qui caractérise les affects et les irruptions de l’inconscient. Si c’était un affect qui m’inspirait ce : « Qu’il aille se faire pendre ailleurs ! » je ne pourrais plus, à moins d’être un virtuose du refoulement, m’empêcher de proférer cette imprécation, si ce n’est au prix d’un grand effort sur moi-même. Enfin, dans le voisinage immédiat du moi, figurons les souvenirs. Dans leur zone, notre activité intentionnelle est dans une certaine mesure
souveraine ; mais dans une certaine mesure seulement, car les souvenirs, eux aussi, peuvent se comporter de façon spontanée, émergeant à l’improviste sans que l’on sache ni comment, ni pourquoi, excitant notre joie ou notre tristesse, parfois même atteignant à l’obsession. Cette dernière se produit lorsque les couches inférieures de notre psyché sont le siège d’une sorte de poussée volcanique qui impose à la conscience des matériaux déterminés. Les inspirations créatrices, elles aussi, émergent souvent ainsi du monde psychique obscur, dont les contenus inconscients cheminent et finissent par pénétrer jusqu’à la conscience où ils déterminent en même temps les affects. Souvent nous ignorons ce qui tend à percer et constatons seulement que ce quelque chose crée un affect, qui est ce que notre nature sait tout d’abord en accueillir. Nous nous mettons de mauvaise humeur ou devenons irritables. « Qu’as-tu ? – « Rien, je suis en colère ! » Cela est quotidien. Les affects perturbent de la sorte le jeu des contributions subjectives des fonctions; je n’arrive plus à me concentrer, je dis des sottises ou le contraire de ce que je voudrais dire, je félicite au lieu de présenter des condoléances, j’amoncelle les bévues mondaines, pour le seul motif que je suis en désaccord profond avec moi-même.
* Carl Gustav Jung
J’ai déjà dit plus haut que le côté du moi qui est en lumière, que le versant de la conscience détient le privilège de la volonté ; le moi conscient est en état de vouloir et de disposer à un certain degré – celui de leur différenciation – des fonctions de la conscience ; celles-ci sont comparables à quatre corps d’armée que l’on dirige où il importe. Mais ce qui figure au-dessous du diamètre AA’ ne se laisse pas enrégimenter avec cette docilité. L’émotionnel est rétif aux injonctions du moi, et sa domination, toujours remise en question et jamais très efficace, exige d’immenses efforts. Les facultés de commandement ici sont interverties et le moi est un peu comme l’invalide d’une comédie de Nestroy où se produit la scène suivante : on
langues, il
est un médecin, psychiatre, psychologue et essayiste suisse. Il fut l’un des premiers collaborateurs de Freud dont il se sépara par la suite en raison de divergences théoriques, ainsi que pour des raisons personnelles. Il fut l’un des pionniers de la psychologie des profondeurs. Il a consacré sa vie à la pratique clinique, mais a également exploré d’autres domaines des humanités. Auteur prolifique, traduit en de nombreuses aura marqué les sciences humaines du XXe siècle. Il est, entre autres, l’auteur de L’homme à la découverte de son âme, Les racines de la conscience, Psychologie de la démence précoce, Métamorphose et symboles de la libido…
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aperçoit seulement le commandant; dehors, au delà des décors, retentit une détonation et l’on entend l’invalide crier : « Mon commandant, j’ai fait un prisonnier ! » – « Amène-le ici ! », et l’invalide de répondre : « Il ne me lâche pas ! » Nous sommes en face de nos émotions comme l’invalide avec son prisonnier ; elles nous cantonnent dans une passivité de souffre-douleur et ce sont elles les acteurs agissants. La volonté n’a d’efficacité sur les couches profondes de la psyché que dans une très faible mesure ; en général sa portée efficace ne va pas au delà du souvenir. [ La mémoire ellemême, nous l’avons vu, n’est que jusqu’à un certain point une fonction volontaire et contrôlée. Très souvent elle nous joue des tours ; elle ressemble à un cheval vicieux qu’on ne peut dompter et elle résiste souvent de la façon la plus embarrassante.] 1 Lorsque je recherche un souvenir qui m’échappe avec obstination, un entêtement de ma part serait vain, car le souvenir recherché, en dépit de tous mes efforts, ne se présentera pas à mon esprit. Nous dépendons d’un bon fonctionnement de notre mémoire ; nous ne pouvons pas vouloir absolument nous souvenir de quelque chose ; lorsqu’un souvenir est réfractaire, le mieux est de ne pas trop nous y arrêter ; peut-être nous viendra-t-il à l’esprit au cours de la nuit ou le lendemain, alors que nous n’y pensons plus et le laissons en paix. Cela est encore plus vrai des contributions subjectives qui échappent au contrôle personnel et qu’une tierce personne remarque peut-être mieux que nous-mêmes. Elles se produisent en nous sans que nous puissions les refréner. « On ne peut assigner de frontières aux pensées », on ne peut s’empêcher de penser une sottise, on ne peut interdire à une futilité ridicule d’envahir notre esprit ; lorsqu’un grand sérieux serait précisément de rigueur, un fou rire nous empoigne. C’est d’ailleurs pourquoi les repas d’en1.
D’après les conférences de Londres données par C.G. Jung en 1935.
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terrement en honneur dans certaines régions dégénèrent souvent en ripailles bien arrosées, d’une gaieté débordante, pour le simple motif que l’inconscient compensateur réagit de façon accusée à ces occasions de tristesse, et que, le vin aidant, gagné par la contagion, on ne parvient pas à en réprimer les effets. Si l’on passe enfin aux affects, on constate que dans leur zone, la volonté n’a plus son mot à dire. Vous pouvez tout au plus nier l’existence d’un affect et prétendre contre toute évidence « qu’il n’y a personne dans la maison ». Pour refouler un affect vous n’avez que la ressource de vous effacer en prenant en quelque sorte la fuite à son approche.
Ce texte est extrait de la deuxième d’une série de conférences faites à Bâle en 1934 intitulée Introduction à la psychologie analytique / première partie : psychologie générale.
Le Ballet du Grand Théâtre Les vingt-deux danseuses et danseurs photographiés par Vincent Lepresle
Sarawanee Tanatanit
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Fernanda BArbosa
Yu Otagaki 14
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Isabelle Schramm
Daniela Zaghini
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Virginie Nopper
Hélène Bourbeillon
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Sara Shigenari
Madeline Wong
Gabriela Gomez
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Yanni Yin
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Paul Girard
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Pierre-Antoine Brunet
Nathanaël Marie
Loris Bonani
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Prince Credell
Clément Haenen
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Armando Gonzalez
Damiano Artale
Grégory Deltenre
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Joseph Aitken
André Hamelin
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Au verbe, Ken Ossola préfère l’action et faire parler les corps, il a cependant accepté, sans se faire prier, de nous parler de son approche et de son travail entre deux répétitions de sa nouvelle chorégraphie. Au cours d’un entretien détendu, le chorégraphe évoque son appropriation de ce chef-d’œuvre intemporel qu’est le Requiem de Gabriel Fauré. Ken Ossola n’est pas un inconnu à Genève. Il a grandi dans la cité de Calvin, de Rousseau et de Voltaire, et Philippe Cohen, directeur du Ballet, a rapidement reconnu son talent. Avec le Ballet junior de Genève, Ken Ossola s’était rendu à La Baule où il dansait un pas de deux qu’il venait de créer, c’est là qu’ils se rencontrent. Ce sera le point de départ d’une belle et longue complicité. Il lui demande d’écrire une pièce pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève, Ombre fragile était né. Sans devenir redondant avec les biographies, remarquons qu’il a collaboré avec Jiří Kylián dont le travail l’a fortement marqué, comme celui de John Cranko aura marqué celui de Kylián, le chorégraphe de Blackbird que Ken a remonté la saison passée au Bâtiment des Forces Motrices. Influence, certes, mais qui n’empêche nullement de développer une forte identité et une écriture personnelle qu’il devient aisé de reconnaître. Le jour de la première d’Ombre fragile, Philippe Cohen lui propose d’imaginer un projet basé sur le Requiem de Fauré. À la fois honoré et surpris, il demande un temps de réflexion que Philippe Cohen interprète comme d’excellents prémices à l’acceptation. Ken Ossola avoue très humblement qu’à ce moment précis, il ne connaissait pas l’œuvre, il a entendu d’autres requiems comme celui de Mozart, de Berlioz ou de Verdi. Il ne cache pas sa peur et se demande comment approcher une telle musique. Très rapidement, il se documente, écoute et réécoute des enregistrements de l’œuvre. Aujourd’hui
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lorsqu’il en parle, il se l’est complètement appropriée, il en en parle comme un spécialiste, comme un musicologue. Ses mots vont à l’essentiel, il a saisi le message que voulait donner le compositeur. Dans son approche de quasi néophyte, Ken a essayé de ressentir et de comprendre l’œuvre par rapport à son propre intellect. En écoutant le Deutsches Requiem de Johannes Brahms, il lui semble que Fauré s’en est inspiré. Pour lui le Requiem de Mozart est explosif et laisse ressentir la souffrance. L’ouvrage de Fauré n’est pas pour les morts, il s’adresse aux gens qui restent en vie. Ce n’est pas un passage à la douleur, à la souffrance pour mourir, mais c’est l’expression de la vie. Le sourire aux lèvres, le regard serein et lumineux, le chorégraphe affirme, sans aucune hésitation : « Si la mort que décrit Fauré est aussi belle, je n’ai pas peur de mou-
La mort par Daniel Dollé
rir, je peux partir en paix. » Le climat qui se dégage de l’œuvre inclut la joie, la souffrance, la paix et l’amour. Il s’agit en fait d’un résumé, en 30 à 40 minutes, de tout ce qui fait une vie, c’est simplement un concentré de vie humaine. La musique s’éloigne des climax sataniques et lugubres des requiems de Berlioz ou de Verdi, elle ne célèbre pas la souffrance, elle fait la part belle à la vie. Il n’est pas étonnant alors que le Dies irae ait disparu et ne soit que mentionné dans le Libera me. Pour traduire cette musique lumineuse, le chorégraphe fait appel aux 22 artistes de la compagnie, tout comme Francesco Ventriglia. Auparavant son plus grand projet, il l’avait écrit avec 13 danseurs, il songe alors à 16 danseurs pour Lux quand Philippe Cohen lui en suggère 18. Lorsqu’il revient à Genève pour commencer les répétitions, il songe au groupe et décide de faire appel à toute la com-
pagnie, en offrant aux danseuses et aux danseurs nouvellement arrivés une occasion supplémentaire de s’intégrer et d’apporter une nouvelle énergie, une nouvelle ampleur, juste reflet de la dimension de l’œuvre. Pour le chorégraphe, il s’agit d’une nouvelle compagnie avec laquelle il part à l’aventure, dans l’inconnu, avec la ferme conviction de pouvoir traduire cette partition lumineuse, tout en restant, comme tout créateur, chez qui le doute s’installe parfois pour ne pas dire souvent, prudent à la veille d’une nouvelle production. Son travail, Ken le construit à partir d’une idée globale, d’une vision globale. Avec son équipe, il a tiré le fil rouge, mais il n’oublie jamais la chose fondamentale, ses interprètes qui l’inspirent. Il définit une ligne qui donne du sens à la pièce et qui va du début à la fin. Avec Jean-Marc Puissant, son scéno-
transfigurée graphe et costumier, ils sont allés tous azimuts, ils ont également exploré l’inconnu et peu à peu ils sont venus à l’essentiel. Aussi, lorsqu’il commence à répéter, les décors et les costumes sont prêts, ce qui va énormément influencer son travail. Parmi les nombreuses questions qui ont jalonné sa réflexion et sa préparation, Ken s’est demandé comment transposer le requiem dans l’actualité, dans notre temps, dans notre manière de voir la vie aujourd’hui. Il se rend rapidement compte qu’il s’agit d’un descriptif de notre vie, on naît, on vit, on meurt, on n’a pas le choix, et de surcroît, on a peur de souffrir. Il est fortement persuadé que c’est un ouvrage bien plus spirituel que religieux, et se trouve conforté dans son analyse en entendant que Gabriel Fauré n’était pas religieux. Le chorégraphe est convaincu que cette musique sublime n’accompagne nullement la mort que nous avons tous du mal à accepter en essayant de faire reculer
ses limites, mais que grâce à elle, la mort devient une chose qui s’intègre dans la vie et perd son caractère exceptionnel. Le groupe est une chose primordiale pour Ken, mais ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas de créer des effets de masse desquels les individualités des danseurs seraient absentes. Bien au contraire, du groupe sortent des individus pour donner naissance à des solos, des duos, des ensembles qui répondent à la grammaire de la danse. Le chorégraphe affirme la nécessité de faire passer la tradition dans son travail grâce à un échange entre lui et les danseurs. Ils lui donnent ce qu’ils connaissent et lui leur transmet ce qu’il connaît. Dans ce dialogue fondamental pour construire avec eux, il ne va jamais contre ce qu’il a appris, bien au contraire, ce qui ne l’empêche pas de développer sa propre écriture. Grâce au dialogue, il accède à un enrichissement qui donne la liberté de communiquer dans le mouvement. Dans le studio, il n’est jamais dirigiste, il ouvre des pistes, donne des lignes et tire le fil rouge. Le groupe est comparable à une famille où chaque personne apporte une identité et où chacun apprend pour résonner, pour vibrer ensemble et être sur une même longueur d’onde. C’est la diversité qui crée la famille d’où émerge la tradition, c’est-à-dire, ce que chacun y a appris. La tradition est primordiale pour le Requiem de Fauré. Il est certain que dans ce dialogue entre la vie et la mort, entre la lumière et les ténèbres, la vie et la lumière triomphent et mènent vers un horizon de sérénité et de clarté grâce à une musique qui vient des tripes et parle aux tripes et ne laisse jamais indifférent. Avec les corps des danseurs du Ballet, avec leur individualité et leur personnalité, Ken Ossola nous fait partager son bonheur et son enthousiasme en écrivant dans l’espace une chorégraphie, qui tout en respectant la musique et les intentions qu’il en a perçues, apporte une nouvelle dimension, un nouvel éclairage d’un chef-d’œuvre de l’histoire de la musique.
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« Plus claire la lumière, plus sombre l’obscurité, il est impossible d’apprécier correctement la Lumière sans connaître les Ténèbres. » Jean-PAul Sartre
par Daniel Dollé
La berceuse des morts...
Bien que totalement incroyant et formé à la célèbre école Niedermeyer où il étudie le plainchant et la modalité grégorienne, Gabriel Fauré livre une pièce aussi admirable que ses mélodies pour chant et piano. La genèse de l’œuvre est complexe, et malgré cela le style est resté très homogène. Elle fut composée après le décès successif de ses parents. L’essentiel de l’ouvrage date de l’automne 1887 et du tout début de 1888. Le Pie Jesu, l’Introït et Kyrie, In paradisum, Agnus Dei et Sanctus furent composés dans cet ordre et exécutés le 16 janvier 1888 à la Madeleine sous la direction du compositeur, alors maître de chapelle de la paroisse. L’Offertoire et le Libera furent ajoutés par la suite. L’ouvrage est achevé pour un concert le 17 mai 1894. À l’époque les femmes étaient exclues des chœurs d’église selon la tradition romaine, les parties de soprano et d’alto étaient chantées par une maîtrise d’enfants. Loin de l’éclat et des tumultes d’un Verdi ou d’un Berlioz, loin des trompettes effrayantes du jugement dernier, l’œuvre de Fauré s’apparente à une berceuse élégiaque avec un chœur en apesanteur. « Un Requiem doux comme moi-même. » disait le compositeur. Les lumières de la Méditerranée, celles qui ensoleillaient déjà le Requiem de Campra, baignent de leurs couleurs automnales les interventions du chœur. Nous sommes bien loin des fastes liturgiques du théâtre lyrique des Gounod et autres Massenet. Cependant l’harmonie raffinée de ces deux maîtres, leur pratique avé-
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Grand Théâtre de Genève • Sed Lux Permanet
rée de la musique religieuse catholique ont probablement influencé l’art développé par Fauré. Cette berceuse des morts se tourne plus vers l’angélisme que vers le satanisme. La musique est celle d’une délivrance heureuse d’où se dégagent volupté et sensualité. Ici la mort n’est plus un passage douloureux, mais devient plutôt une aspiration au bonheur d’au-delà. La beauté grave de l’œuvre et son profond recueillement relèvent des ténèbres.
Il s’agit d’une œuvre intimiste, sans effets, sans flamboyance et sans romantisme exacerbé : à aucun moment Fauré n’adopte le modèle utilisé par ses prédécesseurs, il a une conception très personnelle, et peu académique, de la messe des morts. Il est en rupture avec la tradition du requiem romantique. L’ouvrage reste atypique dans le corpus des requiem qui ne comporte ni Graduel, ni Prose, ni Benedictus, mais inclut le Pie Jesu et In paradisum chanté après l’Absoute. Tous les textes sont en latin, mais il ne s’agit pas du requiem liturgique complet. Il omet la Séquence qui renferme le Dies irae que l’on retrouve dans le Libera me. La soprano et le baryton ne sortent ni de Bayreuth, ni d’un péplum de Meyerbeer, ils sont d’obédience française, proche des délices de l’opéra-comique et de Messager. Le baryton chante la prière d’offrande O Domine, ainsi que le Libera me, le seul moment de l’œuvre où s’exprime une forme d’angoisse devant les conséquences redoutées de la mort. Pie Jesu, à l’origine confié à une voce bianca, une voix
d’enfant, est chantée par la soprano, un moment particulièrement émouvant de la partition, tout comme le chœur final interprété par le Chœur. Du silence vient le chœur, doucement, retenu à l’extrême, et quelques cordes profondes au développement ralenti et inexorable enfoncent le clou de la noirceur… l’Introït de Fauré n’a rien d’une délivrance, bien au contraire, il assure l’emprisonnement immédiat de l’auditeur, au cœur des ombres à venir. Une alternance de couleurs où le pianissimo précède le forte qui traduit le doute et la frayeur, et qui sera bientôt suivit par un diminuendo. Des mélodies lentes et tempérées, mais aux harmonies intenses, chœur qui se déploie, se dédouble, des cuivres soudains, en lignes tendues, et un ensemble de cordes qui démarrent au crépuscule des altos, jusqu’à la nuit des contrebasses. L’ouverture de l’Offertoire retrouve dans son dépouillement et son rythme lâche et ambigu une dissonance et une étrangeté qui préfigurent la nuit schönbergienne. Il s’agit d’une musique toute en voiles et tissus, hors solistes aucune saillie ne la précise ; elle se constitue et se consolide par le jeu des plans instrumentaux et vocaux ; les cordes, vagues lentes et sombres, les cuivres (cors et trombones…) qui incisent le propos par accès décalés, les strates du chœur dont les lignes se croisent, se mêlent et se poussent vers une clarté voulue, mais seulement esquissée. Cette partition n’est rien d’autre qu’un jeu d’ombres et de lueurs. Ombres et lueurs, encore une fois… avec ses gouffres noirs, et ses longues vagues tranquilles qui respirent sous la lune. Fauré l’a bien compris : il n’est pas besoin d’une horde de faucheuses pour voir la mort de près. Il en suffit d’une seule. Gabriel Fauré à l’aube du vingtième siècle nous livre une partition touchante et originale. Gageons qu’elle soit le fidèle reflet de cette soirée qui réunit le Ballet du Grand Théâtre, des solistes, le Chœur et l’Orchestre de la Suisse Romande, en résumé une soirée émouvante et unique.
Requiem en ré mineur, op.48 I II III IV V VI VII
Introït et Kyrie (Ré mineur) Offertoire (Si mineur) Sanctus (Mi bémol majeur) Pie Jesu (Si bémol majeur) Agnus Dei et Lux aeterna (Fa majeur) Libera me (Ré mineur) In paradisum (Ré majeur)
Pie Jesu, Domine, dona eis requiem, sempiternam requiem. Jésus plein de pitié, Seigneur donnez-leur le repos donnez-leur le repos éternel
In paradisum deducan te Angeli in tua adventu, suscipiant te Martyres, et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem. Chorus Angelorum te suscipiat, et cum Lazaro quondam paupere æternam habeas requiem. Que les Anges te conduisent au Paradis ; que les Martyrs t’accueillent à ton arrivée, et t’introduisent dans la cité sainte de Jérusalem. Que les Anges, en chœur, te reçoivent, et avec celui qui fut jadis le pauvre Lazare, que tu jouisses du repos éternel.
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Production
Orchestre de la Suisse Romande Premiers violons Sergey Ostrovsky (1er VS) Bogdan Zvoristeanu (1er VS) Abdel-Hamid El Shwekh (1er VSR) Jean Piguet (1er VSR) Sachiko Nakamura (VS) Medhat Abdel-Salam Caroline Baeriswyl Theodora Christova Cristina Draganescu Yumi Kubo Dorin Matea Florin Moldoveanu Bénédicte Moreau Muriel Noble Hisayuki Ono Hans Reichenbach Yin Shen Gaubert Marie Sirot Seconds violons Sidonie Bougamont (1er S) François Payet-Labonne (1er S) Hans Walter Hirzel (1er S) Jonas Erni (SR) Linda Bärlund Kerry Benson Florence Berdat Gabrielle Doret Véronique Kümin Ines Ladewig Claire Marcuard Eleonora Ryndina François Siron Claire Temperville Rosnei Tuon David Vallez Cristian Vasile Altos Frédéric Kirch (1er S) Elçim Ozdemir (1er S) Emmanuel Morel (SR) Barry Shapiro (SR) Hannah Franke Hubert Geiser Stéphane Gonties Denis Martin Stella Rusu Tsubasa Sakaguchi Verena Schweizer Catherine Soris-Orban Yan-Wei Wang
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Grand Théâtre de Genève • Sed Lux Permanet
Violoncelles François Guye (1er S) Stephan Rieckhoff (1er S) Cheryl House (SR) Hilmar Schweizer (SR) Jakob Clasen Laurent Issartel Olivier Morel Caroline Siméand-Morel Silvia Tobler Son Lam Tran Willard White Contrebasses Bo Yuan (1er S) Steven Zlomke (1er S) Jonathan Haskell (SR) Alain Ruaux (SR) Mihai Faur Adrien Gaubert Daniel Gobet Gergana Kusheva Cléna Stein Flûtes Sarah Rumer (1er S) Loïc Schneider (1er S) Robert Thuillier (SR) Bernard Demottaz Jane Elliott-Maillard Flûtes piccolos Bernard Demottaz Jane Elliott-Maillard Hautbois Jérôme Capeille (1er S) Roland Perrenoud (1er S) Vincent Gay-Balmaz (SR) Alexandre Emard Sylvain Lombard Cors anglais Alexandre Emard Sylvain Lombard Clarinettes Dmitry Rasul-Kareyev (1er S) Michel Westphal (1er S) Benoît Willmann (SR) Guillaume Le Corre Petite clarinette Benoît Willmann Clarinette basse Guillaume Le Corre
(1er VS) 1er violon solo
(1er VSR) 1er violon solo remplaçant
(VS) violon solo
(1er S) 1er soliste
(SR) soliste remplaçant
Bassons Céleste-Marie Roy (1er S) Afonso Venturieri (1er S) Raynal Malsan (SR) Katrin Herda Norio Kato Contrebassons Katrin Herda Norio Kato Cors Jean-Pierre Berry (1er S) Julia Heirich (1er S) Isabelle Bourgeois (SR) Brian Mihleder (SR) Pierre Briand Jacques Robellaz Klaus Uhlemann Trompettes Olivier Bombrun (1er S) Stephen Jeandheur (1er S) Gérard Metrailler (SR) Claude-Alain Barmaz Laurent Fabre Trombones ténors Andrea Bandini (1er S) Alexandre Faure (1er S) Edouard Chappot Yves Guigou Trombone basse Laurent Fouqueray Tuba Pierre Pilloud (1er S) Timbales Yves Brustaux (1er S) Olivier Perrenoud (1er S) Percussions Christophe Delannoy (SR) Michel Maillard Michael Tschamper Harpe Notburga Puskas (1er S) Régisseur général Guillaume Bachellier Régisseur d’orchestre Grégory Cassar Régisseur de scène Marc Sapin Garçons d’orchestre David Gonzalez y Costas Aurélien Sevin
Ballet du Grand Théâtre Directeur Philippe Cohen Adjoint du directeur du ballet Vitorio Casarin Coordinatrice administrative Emilie Schaffter Maîtres de ballet Grant Aris Susanna Campo Pianiste Serafima Demianova Directeur technique Philippe Duvauchelle Régisseur lumières Alexandre Bryand Régisseur plateau Yves Fröhle
Danseuses Fernanda Barbosa Hélène Bourbeillon Gabriela Gomez Virginie Nopper Yu Otagaki Isabelle Schramm Sara Shigenari Sarawanee Tanatanit Madeline Wong Yanni Yin Daniela Zaghini Danseurs Joseph Aitken Damiano Artale Loris Bonani Pierre-Antoine Brunet Prince Credell Grégory Deltenre Paul Girard Armando Gonzalez Clément Haenen André Hamelin Nathanaël Marie
Chœur du Grand Théâtre Soprani Fosca Aquaro Floriane Coulier* Magali Duceau Györgyi Garreau Elisabeth Gillming* Victoria Martynenko Martina Möller Gosoge Cristiana Presutti Daniela Stoytcheva Gyslaine Waelchli* Alti Rosale Bérenger Audrey Burgener Dominique Cherpillod Lubka Favarger Varduhi Khachatryan Mi-Young Kim Tania Ristanovic Véronique Rossier* Mariana Vassileva * Chœur complémentaire
Ténors Jaime Caicompai Yong-Ping Gao Rémi Garin Omar Garrido Lyonel Grelaz Vladimir Iliev Sanghun Lee José Pazos Georgi Sredkov Terige Sirolli Bisser Terziyski Basses Krassimir Avramov Wolfgang Barta Romaric Braun Nicolas Carré Phillip Casperd Aleksandar Chaveev Peter Baekeun Cho Christophe Coulier Harry Draganov Seong-Ho Han Slobodan Stankovic Dimitri Tikhonov
Service médical Dr Jacques Menetrey HUG Physiothérapeutes François Fiaux Cécile Rouge Ostéopathe Bruno Soussan Partenaires d’échanges Generali Assurances Kieser Training Genève
Personnel technique auxiliaire Atelier de décors Fanny Colomb-Bianchi Marlène Huissoud (stage)
électriciens Arnaud Viala William Ballerio
Costumes émilie Boutin (stage)
Machinerie Mansour Walter
Sed Lux Permanet • Grand Théâtre de Genève
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Biographies
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Chorégraphie, scénographie & costumes • Transit Umbra
Né à Bâle, il termine ses études musicales au Conservatoire de Berlin et se perfectionne auprès d’Herbert von Karajan et Pierre Boulez. Il commence sa carrière d’abord comme répétiteur à l’Opéra de Zurich, puis devient premier chef et directeur musical adjoint à l’Opéra de Fribourg-en-Brisgau (1969-1976). Son mentor, Otto Klemperer, a alors une influence décisive sur le cours de sa carrière. Il devient directeur musical du Westfälisches Sinfonieorchester (1976-1985) puis est nommé chef titulaire du BBC Scottish Symphony Orchestra. Son large répertoire s’étend des œuvres de Beethoven, Wagner, Bruckner en passant par Liszt, Mahler et Messiaen, qu’il dirige, entre autres, avec le London Philharmonic, le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, les Bamberger Symphoniker, l’Orchestre symphonique de Budapest et l’Orchestre de la radio bavaroise. Sous sa direction paraissent des albums consacrés à des compositeurs comme Hindemith, Humperdinck, Zemlinsky et Milhaud. Il dirige également l’intégrale des œuvres orchestrales de Brahms. Entre 1997 et 2000, il enregistre à Berlin, Bamberg et Munich une série de 14 CD des « Œuvres méconnues de Richard Strauss » et en 2001 des œuvres orchestrales de Moussorgski ainsi que l’intégrale du ballet Die Geschöpfe des Prometheus de Beethoven. Karl Anton Rickenbacher a été à plusieurs reprises lauréat du Prix Echo Klassik (la série Richard Strauss et La Transfiguration de Messiaen), aainsi que le Grand Prix du Disque (Les Petites Symphonies de Milhaud ) et le Cannes Classical Award (Sinfonia tragica de K.A. Hartmann). Au Grand Théâtre de Genève : Images 60/70 (Alfonso Cata) 70-71, Lac des Cygnes (Marius Petipa) 70-71, Les Saisons (Alfonso Cata), Pas de deux du Cygne noir (Lev Ivanovitch Ivanov) 70-71.
Formé à l’école de ballet de La Scala de Milan, il intègre le corps de ballet en 1997. Dès 1998, il y débute comme soliste dans In the Middle Somewhat Elevated de William Forsythe et, en 1999, Natalia Makarova le choisit pour danser l’Idole de bronze dans sa production de La Bayadère. En plus du répertoire classique, il interprète des ballets de Balanchine, Ailey, Neumeier, Cranko, Preljocaj, Kylián, Béjart, Petit... Sylvie Guillem le choisit pour danser Hilarion à ses côtés à Los Angeles, New York et Londres. Il crée ses premières chorégraphies pour l’école de ballet de La Scala. En 2006, il crée trois chorégraphies pour Roberto Bolle. En 2007, il fonde la compagnie Eliopoli pour laquelle il crée le ballet Il Mare in catene pour le Lion d’Or au 5e Festival de danse contemporaine à la Biennale de Venise. Il crée pour les Arènes de Vérone A Midsummer Night’s Dream pour Eleonora Abbagnato et Jago, l’onesta poesia di un inganno. En 2008, Svetlana Zakharova et Andrei Merkuriev interprètent son duo Black au Bolchoï et il crée Contraddizioni, pour Ulyana Lopatkina au Mariinski à Saint-Pétersbourg. Pour la même occasion, il interprète sa propre chorégraphie sur le Stabat Mater de Pergolèse. En juillet, il réalise, avec Eliopoli, Normale sur le thème de la folie. En 2009, il est invité par le Bolchoï pour créer un ballet pour Svetlana Zakharova. En août, il crée une autre version de Black pour Irina Dvorovenko et Maxim Beloserkovsky de l’American Ballet Theater de New York. En mai 2010, il fait ses débuts à La Scala avec sa nouvelle création Immemoria sur la 7ème symphonie de Chostakovitch. Il remporte le prix Gino Tani du meilleur jeune chorégraphe et le prix Léonide Massine du chorégraphe italien le plus prometteur. Débuts au Grand Théâtre de Genève.
Grand Théâtre de Genève • Sed Lux Permanet
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Direction musicale
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Karl Anton Rickenbacher Francesco Ventriglia
Rémi Nicolas
Ken Ossola
Il collabore avec Josef Nadj depuis plus de 15 ans. Il a travaillé avec Dominique Bagouet de 1976 à 1984, François Verret de 1982 à 1993. Il œuvre auprès de nombreux artistes de renommée internationale tels que Carolyn Carlson, Brigitte Lefèvre, Peter Goss, Susanne Linke, Régine Chopinot, Bernardo Montet, Joëlle Bouvier, Kader Belarbi et bien d’autres encore. Parmi ses créations récentes on a pu admirer du chorégraphe Joseph Nadj, Journal d’un inconnu, Il n’y a plus de firmament, Poussière de soleils, Asobu et Entracte ainsi que Paso Doble (Josef Nadj et Miquel Barceló, 2006), Entrelacs et Le Mandarin Merveilleux (Kader Belarbi, 2007), Inana (2005) et Hidden (Carolyn Carlson, 2007), Que ma joie demeure, Voyage d’Hiver et Songes de Béatrice Massin, Oni (Shiro Daïmon 2008), Fra Diavolo (Jérôme Deschamps, 2009) et Roméo et Juliette (Joëlle Bouvier, 2009). Rémi Nicolas collabore également avec des agences d’architectes : Abax, P. Jouin, B. Moinard (4BI), Scène, Ponctuelle, MC2. Enfin il travaille pour des projets de muséographie, scénographie, d’architecture privée et publique, d’événementiel.
Ken Ossola a débuté ses études de danse à l’Ecole de danse de Genève dirigée par Beatriz Consuelo. En 1989, il se joint au Nederland Dans Teater II, dirigé alors par Gerald Tibbs. En 1992, il est engagé au Nederland Dans Teater I, dirigé par Jiří Kylián. Comme danseur, il participe à de nombreuses chorégraphies, parmi lesquelles One of a Kind, Blackbird, Wings of Wax et Bella Figura. En 1999, il quitte la compagnie pour se lancer dans sa propre carrière de danseur-chorégraphe. Entre 2001 et 2002, il devient maître de ballet à Göteborg sous la direction artistique de Anders Hellström. Entre 2000 et 2004 il chorégraphie notamment between+and – à Genève, Morning Calm. 2 et Corps – données pour le Ballet Junior de Genève et Zero Degrees à La Haye en 2004. Pendant la saison 2004-2005 il devient répétiteur au Nederland Dans Teater I. De 2005 à 2009, il crée : Zero Degrees 2 (Ballet Junior à Genève), Off Light, In-Ten-Sive (Rotterdam Dance Academy), She is the one (Ballet Junior de Genève), Phases (Association de Danse Contemporaine, Genève), Ombre fragile (Ballet du Grand Théâtre de Genève) Piroska (Ballet de Kiel) et White Lies (Ballet de Lucerne). Parallèlement à sa carrière de chorégraphe, il remonte régulièrement les œuvres de Jiří Kylián dans de nombreuses compagnies à travers le monde.
Au Grand Théâtre de Genève : Grand Corridor (Dominique Bagouet) 98-99, Selon Désir (Andonis Foniadakis) 03-04 et 04-05, Sozinho, Sozinha (Malou Airaudo), Casse-Noisette (Benjamin Millepied) 05-06, Le Mandarin merveilleux (Kader Belarbi), Casse-Noisette (Benjamin Millepied) 07-08, Le Sacre du printemps (Andonis Foniadakis) 07-08, Roméo et Juliette (Joëlle Bouvier) 08-09.
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Chorégraphe • Sed Lux Permanet © dr
Lumières • Transit Umbra
Au Grand Théâtre de Genève : Blackbird (Jiří Kylián) 07-08 et 09-10, Ombre fragile 08-09.
Sed Lux Permanet • Grand Théâtre de Genève
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Biographies
Jean-Marc Puissant
Kees Tjebbes
Résidant à Londres, JeanMarc Puissant a réalisé des décors ainsi que des costumes pour l’opéra, le théâtre et la danse en Europe et aux états-Unis Il a étudié l’histoire de l’art à la Sorbonne et a participé au Motley Theatre Design Course. Auparavant il a également étudié la danse à l’école de Ballet de l’Opéra de Paris. Il a réalisé de nombreux décors pour l’opéra : Madama Butterfly (Santa Fe Opera), Aida (Royal Opera House) et A Night at the Chinese Opera pour le Scottish Opera. Parmi ses décors pour le ballet et la danse on trouve : Jewels (Royal Ballet, Olivier Award 2007, meilleure nouvelle production de danse, Tryst (Royal Ballet) et DGV (co-vainqueur du South Bank Show Award), Electric Counterpoint (Critics’ Circle Award), God’s Garden (Linbury Studio and Ipswich) Nopalitos (co-vainqueur Critics’ Circle Award), Chansons (Théâtre National de Mannheim), Le Lac des cygnes (Badisches Staatstheater, Karlsruhe). Il a réalisé les décors pour de nombreuses compagnies de ballet telles que : Birmingham Royal Ballet, New York City Ballet, American Ballet Theatre, San Francisco Ballet, Dutch National Ballet, Nederlands Dans Theater 2, Rambert Dance Company, Phoenix Dance Theatre, ballet de l’Opéra national du Rhin. Il a donné des conférences sur son travail au Victoria and Albert Museum ainsi qu’au Musée Guggenheim. Il est membre du comité directorial de la compagnie Dance Umbrella à Londres. Parmi ses prochaines productions : Aida (Valence) et une nouvelle pièce pour le West End de Londres.
Après des études à l’Académie des arts de Bruxelles, Kees Tjebbes travaille avec de nombreux théâtres et troupes de danse : Toneelgroep Theater, Introdans, Scapino Ballet Rotterdam. Il commence à collaborer avec des chorégraphes comme Ed Wubbe, Nils Christe et Itzik Galili. Il travaille également avec Mats Ek, William Forsythe, Ohad Naharin, Maurice Béjart et les designers de scène et lumières Jennifer Tipton, Joop Caboort, John Macfarlane et Michael Simon entre autres. À partir de 2000, il collabore régulièrement avec Jiří Kylián. Il a créé notamment les lumières pour Click-Pause-Silence, et pour la plupart des productions de danse : 27’52 (Nederlands Dans Teater II, 2002), Claude Pascal (NDT I, 2002), When Time Takes Time (NDT III, 2002), Last Touch (NDT I, 2003), Sleepless (NDT II, 2004), Toss of a Dice pour le Ballet de l’Opéra de Paris, Il faut qu’une porte (2004), Vanishing Twin (NDT I, 2008), Gods and Dogs (NDT II, 2008), Last Touch First (Paradox, 2008), Mémoire d’Oubliettes (NDT I, 2009). Il a également supervisé, adapté ou recréé la technique et les lumières pour toutes les productions de Kylián dans le monde entier. Il travaille avec Ken Ossola depuis de nombreuses années, alors que ce dernier était encore danseur au Nederland Dans Teater et par la suite chorégraphe. ils collaborent aussi ensemble pour les remontages des ballets de Jiří Kylián partout dans le monde.
Débuts au Grand Théâtre de Genève.
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Grand Théâtre de Genève • Sed Lux Permanet
Au Grand Théâtre de Genève : Blackbird (Jiří Kylián) 07-08, Sechs Tänze (Jiří Kylián) 07-08, Ombre fragile 08-09, Blackbird 09-10.
© Joris-Jan Bos
Lumières • Sed Lux Permanet © dr
Scénographie & costumes • Sed Lux Permanet
Polina Pasztircsak
Markus Werba
Lauréate du concours de Genève 2009, Polina Pasztircsak est originaire de Budapest. Elle commence par étudier le chant auprès de Julia Bikfalvy tout en obtenant un diplôme universitaire de management culturel en Hongrie. Elle suit les cours de Mirella Freni à Vignola et au Conservatoire Frescobaldi de Ferrare (elle vient alors de terminer son cursus et d’obtenir son diplôme) ainsi que de nombreuses classes de maître avec, entre autres, Adrienne Csengery, Bernadette Wiedemann, Evgenij Nesterenko, Carol Richardson-Smith, Edda Moser. En 2004, elle remporte le Concours de chant Jozsef Simandy à Szeged en Hongrie et, en 2007, elle est demi-finaliste du Concours international Renata Tebaldi de Saint-Marin. En 2009, à 27 ans, elle remporte au Concours international de chant de Genève : le 1er Prix, le Prix du public, le Prix du Cercle du Grand Théâtre, le Prix « Coup de cœur Breguet », le Prix « Mandarin Oriental ». Elle fait ses débuts au Théâtre de Modène en 2007 dans un nouvel opéra de Lorenzo Ferrero et tient le rôle de Micaëla (Carmen), en 2009, sous la direction de Juraj Valcuha. Elle fait ses débuts au Théâtre national de Szeged en Hongrie dans le rôle de Mimì (La Bohème). La saison dernière, elle a également chanté dans la Symphonie n° 14 de Chostakovitch, donné plusieurs concerts en Suisse, Italie et en Hongrie et participé à plusieurs enregistrements avec la radio hongroise : des airs de Moussorgski, Tchaïkovski, Haydn, Kodaly, Schubert. Durant la saison 2010-2011, elle fera ses débuts dans le rôle-titre de Partenope au Festival Haendel 2011 à Karlsruhe, donnera des concerts un peu partout en Europe, et enregistrera un CD « portrait ».
Markus Werba, d’origine autrichienne, débute ses études de chant au conservatoire de Klagenfurt ainsi qu’à l’université de musique de Vienne avec Ralf Doring. Il prend également des leçons avec Robert Holl et Walter Berry. Très rapidement il est primé en Autriche, Italie, Slovaquie, Espagne et au Japon. On a pu l’apprécier dans de nombreuses œuvres du répertoire lyrique telles que Il Barbiere di Siviglia, Hans Heiling, Don Giovanni, Szenen aus Goethes Faust de Schumann, Così fan tutte et Le Nozze di Figaro. Il se produit dans des salles renommées : La Scala, Royal Opera House, Bayerische Staatsoper, Festival de Salzbourg, Opéra de Lyon, Festival Gergiev, Met, Mozarteum et Suntory Hall entre autres. Sa carrière l’amène à chanter sous la baguette de chefs tels que Claudio Abbado, Jeffrey Tate et James Conlon. Il interprète de nombreux rôles tels Nardo (La Finta Giardiniera), Papageno et Giorgino (Il Matrimonio inaspettato de Paisiello), Des Knaben Wunderhorn, Don Giovanni (rôle-titre), Harlequin (Ariadne auf Naxos), Guglielmo (Così fan tutte), le Comte (Le Nozze di Figaro). Cette saison 2010-2011, il chantera notamment dans Die Fledermaus, Die Zauberflöte, Il Barbiere di Siviglia, Des Knaben Wunderhorn, Don Giovanni et I due Figaro de Mercadante. Parmi ses projets : Le Nozze di Figaro et Don Giovanni à La Fenice, Die Zauberflöte au Théâtre des Champs-Elysées et à l’Opéra de Nice, une soirée au Festival Mahler de Budapest, un concert de gala au Suntory Hall à Tokyo, Marcello (La Bohème) et Harlequin (Ariadne auf Naxos).
Débuts au Grand Théâtre de Genève.
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Baryton • Sed Lux Permanet © dr
Soprano • Sed Lux Permanet
Débuts au Grand Théâtre de Genève.
Sed Lux Permanet • Grand Théâtre de Genève
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saison
Les chorégraphes de la saison 2010-2011 : Emanuel Gat, Francesco Ventriglia, Ken Ossola, Pina Bausch, Mats Ek
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Sed Lux Permanet et Préludes & Fugues
1
et un spectacle invité de la compagnie de Pina Bausch
Néfes
2
En option, l’opéra mis en scène par le célébre chorégraphe Mats Ek avec le Ballet du Grand Théâtre.
Orphée & Eurydice
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3
*
Abonnement 3 ballets (de Fr. 38.- à Fr. 257.-) ; abonnement 3 ballets + opéra (de Fr. 53.- à Fr. 476.-)
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du 21 mai au 29 mai 2011
Grand Théâtre de Genève • Sed Lux Permanet
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du 3 au 6 février 2011
3
du 9 au 19 mars 2011
Informations pratiques
Adresse postale, administration Grand Théâtre de Genève 11, boulevard du Théâtre CP 5126 CH-1211 Genève 11 T +41 22 418 30 00 F +41 22 418 30 01 grandtheatre@geneveopera.ch
Enregistrements Il est interdit de photographier, de filmer ou d’enregistrer les spectacles.
Renseignements sur place, dans le hall du Grand Théâtre du mardi au samedi de 10h à 18h. par téléphone T +41 22 418 31 30 du mardi au samedi de 10h à 18h.
Etudiants / Chômeurs Des places à tarif préférentiel sont proposées juste avant le début des spectacles aux étudiants et aux chômeurs dans la limite des places disponibles, sur présentation d’une pièce justificative.
Location au guichet 5, place Neuve par courrier postal Grand Théâtre de Genève Billetterie 11, boulevard du Théâtre CP 5126 CH-1211 Genève 11 par téléphone T +41 22 418 31 30 du mardi au samedi de 10 h à 18 h. Les lundis de représentation, un accueil téléphonique est assuré à partir de 12 h. par fax F +41 22 418 31 31 par courriel billetterie@geneveopera.ch depuis notre site internet www.geneveopera.ch
Billets jeunes Les jeunes de moins de 26 ans et les étudiants bénéficient d’une réduction de 25% sur les places des spectacles dès la catégorie C.
Titulaires du chéquier culture Réduction de Fr. 10.- par chèque (2 chèques cumulables au maximum) sur l’achat de billets de spectacle au guichet du Grand Théâtre. 20 ans / 20 francs Billets à Fr. 20.– pour les spectacles d’opéra et de danse en vente exclusivement au Grand Théâtre. Une pièce d’identité doit être présentée à l’entrée des spectacles. Publicité et soirées d’entreprises Les entreprises souhaitant organiser une soirée au Grand Théâtre peuvent prendre contact avec Johanna Lachenmann T +41 22 418 30 58 j.lachenmann@geneveopera.ch
Programmes et affiches Les programmes et les affiches des spectacles passés ou en cours sont en vente à la billetterie du Grand Théâtre.
Sed Lux Permanet • Grand Théâtre de Genève
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Prochainement opéra
opéra
Elektra
Die Lustige Witwe La Veuve joyeuse
Opéra en un acte de Richard Strauss 10, 13, 16, 19, 22 et 25 novembre 2010 à 20 h Direction musicale Stefan Soltesz Mise en scène Christof Nel Scénographie Roland Aeschlimann Costumes Bettina Walter Lumières Susanne Rheinhardt Analyse scénique Martina Jochem Avec Eva Marton, Jeanne-Michèle Charbonnet, Erika Sunnegårdh, Jan Vacik, Egils Silins, Ludwig Grabmeier, Cristiana Presutti, Slobodan Stankovic, Isabelle Henriquez, Olga Privalova, Carine Séchaye, Sophie Graf et Bénédicte Tauran Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Conférence de présentation par Pierre Michot En collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet. 9 novembre 2010 à 18 h 15 au Grand Théâtre
Opérette en 3 actes de Franz Lehár 14, 16, 18, 21, 23, 28, 29 et 31 décembre 2010 à 20 h 19 et 26 décembre 2010 à 17 h Direction musicale Rainer Mühlbach Mise en scène Christof Loy Décors Christian Schmidt Costumes Ursula Renzenbrink Lumières Olaf Winter Chorégraphe Thomas Wilhem Avec José Van Dam, Jennifer Larmore, Johannes Martin Kränzle, Annette Dasch, Bernard Richter, Fabrice Farina et Silvia Fenz Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre Récitals
Jennifer LArmore Mezzo-soprano 14 novembre 2010 à 20 h Piano Antoine Palloc
José Van Dam Baryton-basse 5 décembre 2010 à 20 h Piano Maciej Pikulski
Directeur de la publication : Tobias Richter Rédacteur : Daniel Dollé Responsable de l’édition : Aimery Chaigne Ont collaboré à ce programme : André Couturier, Isabelle Jornod, Christopher Park Impression : m+h genève Achevé d’imprimer en septembre 2010
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Grand Théâtre de Genève • Sed Lux Permanet
MILLENARY QUINCY JONES AUTOMATIQUE GENÈVE: BOUTIQUE AUDEMARS PIGUET, PLACE DE LA FUSTERIE 12, TÉL. +41 22 319 06 80 MONTRES PRESTIGE, GRAND HÔTEL KEMPINSKI, QUAI DU MONT-BLANC 19, TÉL. +41 22 732 83 00 www.audemarspiguet.com